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REPUBLIQUE FRANCAISE

AUTORITÉ
SURETÉ -

'•ILICLÉAIRE

RAPPORT DE L'AUTORITE DE SURETE NUCLEAIRE

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la


radioactivité naturelle renforcée

20 juillet 2009

TABLE DES MATIERES

1. Contexte de l'établissement du bilan 5

2. Caractéristiques et origine des déchets A radioactivité naturelle renforcée 6


2.1. Les cendres produites par la combustion de charbon et de biomasse 7
2.1.1. Les cendres issues de la. combustion de charbon 7
2.1.2. Les cendres issues de la combustion de biomasse 8
2.2. Les déchets issus du traitement de minerais d'étain, d'aluminium, de cuivre, de titane, de niobium, de
bismuth et de thorium 9
2.2.1. Les déchets issus du traitement de la bauxite 9
2.2.2. Les déchets issus du traitement du kaolin 10
2.3. Les déchets de l'industrie du #rconium 10
2.3.1. Fabrication d'éponges de zirconium 11
2.3.2. L'industrie de la fonderie 12
2.3.3. L'industrie de la verrerie 13
2.3.4. La fabrication de briques réfractaires 14
2.3.5. Le recyclage de briques réfractaires 14
2.4. Les déchets issus de la production ou de l'utilisation de composés contenant du thorium 15
2.5. Les déchets des industries du phoiphate 15
2.6. Les déchets de la production du titane 16
2.7. Les déchets de l'industrie des terres rares 18
2.8. Les déchets du traitement des eaux, notamment des eaux minérales et des stations thermales 20
2.9. Les déchets issus de la proipection et de l'exploitation des hydrocarbures 21
2.10. Les déchets issus de l'exploitation de la géothermie 22
2.11. Les déchets issus de l'industrie papetière 22
2.12. Conclusion sur les dO'érents types de déchets d radioactivité naturelle renforcée 23

3. L'impact radiologique des déchets A radioactivité naturelle renforcée 23

4. Les filières de gestion actuellement mises en œuvre pour les déchets A radioactivité
naturelle renforcée 25
4.1. Les dépôts de phoiphogypses et de cendres de charbon 25
4.1.1. Les dépôts de phosphogypses 25
4.1.2. Les dépôts de cendres 26
4.2. L'élimination dans les centres de stockages autorisés par arrêté petoral 27
4.2.1. Les pratiques du passé 27
4.2.2. Les pratiques actuelles 28
4.2.3. L'exemple du centre de stockage de déchets dangereux de Bellegarde 30
4.2.4. Les centres de stockage de déchets non dangereux et les centres de stockage de
déchets inertes provenant d'ICPE 33
4.3. Le Centre de stockage de déchets de très faible activité de l'Andra (6S1FA) 33
4.4. Les deences entre le CY_IFA et un centre de stockage de déchets dangereux 34

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 1


4.5. La gestion sur les sites de production 33


4.6. Le Centre de stockage pour les déchets de faible activité à vie longue (FA VL) 33

5. Les pratiques à l'international 36


5.1. Les recommandations sur la libération 36
5.2. Les pratiques reglementaires et industrielles ti l'étranger 37

6. Les améliorations à apporter aux pratiques industrielles et réglementaires 38


6.1. La connaissance de l'inventaire des déchets produits 38
6.2. La traçabilité des déchets à radioactivité naturelle renforcée 40
6.3. Le stockage des déchets d radioactivité naturelle renforcée 41
. 6.4. La gestion des dépôts de cendres et de phohoeses
6.5. La valorisation des résidus contenant de la radioactivité naturelle renforcée 44
6.5.1. Les résidus de très faible activité 44
6.5.2. Les matières valorisables de Rhodia 45
6.6. La décontamination des ferrailles contaminées 45
6.7. L'entreposage des déchets à radioactivité naturelle renforcée de faible activité 46
6.8. Le financement pour la gestion de ces déchets 46

7. Conclusion 47

Glossaire 48

Annexe 1: Classi fi cation des déchets radioactifs 49

Annexe 2 Familles radioactives 50

Annexe 3 : Références 51

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 2


Résumé

Dans le cadre du décret n°2008-357 du 16 avril 2008 fixant les prescriptions relatives au Plan
national de gestion des matières et des déchets radioactifs (PNGIVIDR), l'ASN a réalisé un bilan
des solutions de gestion â court et â long terme des déchets â radioactivité naturelle renforcée. Ce
a
bilan vise â faire un état des lieux de l'impact radiologique à court et long terme des différentes
solutions de gestion des déchets â radioactivité naturelle renforcée existantes et de proposer des
mesures réglementaires visant â améliorer, en termes de radioprotection, la gestion de ces
déchets.

L'ASN a dans un premier temps dressé un inventaire des caractéristiques et de l'origine des
déchets â radioactivité naturelle renforcée â partir de différentes sources disponibles : études de
l'association Robin des Bois, réponses des industriels â l'arrêté du 25 mai 2005 relatif aux activités
professionnelles mettant en oeuvre des matières premières contenant naturellement des
radionucléides non utilisés en raison de leurs propriétés radioactives, inventaire national de
l'Andra. L'inventaire réalisé par l'ASN montre que les secteurs d'activité concernés sont très
variés et le nombre d'industriels important ce qui rend difficile la réalisation d'un inventaire
exhaustif, les données n'étant pas forcément disponibles. Par ailleurs, la qualité des données
disponibles est très hétérogène. Néanmoins, quelques conclusions peuvent en être tirées. Les
déchets â radioactivité naturelle renforcée relèvent de deux catégories de la classification des
déchets radioactifs : les déchets de très faible activité â vie longue qui en représentent les plus
gros volumes et les déchets de faible activité â vie longue. Les activités qui ont conduit â la
production des déchets à radioactivité naturelle renforcée de faible activité â vie longue sont pour
certaines arrêtées. Seul un nombre limité d'entreprises continue â en produire. Néanmoins, de
nombreux procédés conduisent â la formation de tartres contenant de la radioactivité naturelle
renforcée et qui peuvent présenter un niveau d'activité important (plusieurs dizaines de Bq/g)
relevant de la catégorie des déchets de faible activité.

L'ASN a ensuite réalisé un inventaire des solutions mises en œuvre pour la gestion des déchets
radioactivité naturelle renforcée. Les déchets de très faible activité sont soit éliminés dans des
centres de stockage de déchets dangereux, non dangereux ou inertes, soit éliminés au centre de
stockage de déchets de très faible activité exploité par l'Andra, soit éliminés en décharge interne.
Par le passé, des dépôts de cendres et de phosphogypses qui sont des déchets â radioactivité
naturelle renforcée de très faible activité ont été constitués. Ces dépôts représentent chacun au
moins plusieurs centaines de milliers de tonnes.
Les déchets â radioactivité naturelle renforcée de faible activité sont en général entreposés chez
les industriels car aucune filière d'élimination n'est opérationnelle. Cet entreposage se fait soit
dans des bâtiments soit en extérieur. Pour certains des entreposages en extérieur, des mesures ont
ou vont être prises afin de protéger les fats de déchets des eaux de pluie. Par le passé, quelques
milliers de tonnes de déchets â radioactivité naturelle renforcée de faible activité ont été stockées
dans des centres de stockage de déchets dangereux et non dangereux.

De façon générale, l'ASN considère que le choix de la filière d'élimination pour les déchets â
radioactivité naturelle renforcée doit être cohérent avec l'activité radiologique des déchets â
éliminer.
L'analyse de l'inventaire des caractéristiques et de l'origine des déchets â radioactivité naturelle
renforcée ainsi que des solutions de gestion mises en œuvre pour la gestion de ces déchets
conduit l'ASN â émettre une di7aine de recommandations dont :
Un renforcement de l'inventaire et de la traçabilité des déchets à radioactivité naturelle
renforcée afin d'améliorer la maîtrise de la gestion de ces déchets ;

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• Une analyse du retour d'expérience de l'application de la circulaire du 25 juillet 2006 avec
l'ensemble des acteurs afin de sécuriser et d'optimiser le stockage des déchets à
radioactivité naturelle renforcée dans les centres de stockage de déchets dangereux, non
dangereux et inertes et d'assurer la cohérence avec le centre de stockage de déchets de
très faible activité exploité par l'Andra ;
• Une prise en compte du risque radiologique dans le cadre de la gestion des dépôts de
cendres et de phosphogypses ;
• La réalisation d'un inventaire des filières de valorisation des résidus contenant de la
radioactivité naturelle renforcée ainsi que d'études d'impact radiologique pour les
travailleurs mettant en œuvre ces résidus et la population, sur la base d'une caractérisation
radiologique des résidus en question ;
• La mise en place d'une réflexion par les industriels concernés afin de décontaminer les
ferrailles contaminées par des dépôts/tartres contenant de la radioactivité naturelle
renforcée avant tout projet de valorisation ;
• L'étude de la mise à disposition par l'Andra de solutions d'entreposage pour les
industriels produisant ponctuellement des déchets à radioactivité naturelle renforcée
destinés à être stockés dans le futur centre de stockage de déchets FAVL afin d'améliorer
les conditions d'entreposage de ces déchets et d'éviter la dispersion de ce type de déchets
sur le territoire ;
• La mise en place de dispositions visant à sécuriser le financement de la gestion des
déchets à radioactivité naturelle renforcée, en particulier pour les déchets présentant des
niveaux de radioactivité élevés justifiant leur stockage dans le futur centre de stockage de
déchets FAVL, et pour les décharges internes pouvant justifier la mise en place de
dispositions de surveillance à long terme.

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1. Contexte de l'établissement du bilan

La prise en compte de la radioactivité naturelle renforcée, et des effets qu'elle peut avoir du point
de vue sanitaire, est assez récente au niveau des autorités de radioprotection. La radioactivité
naturelle ambiante a longtemps été considérée comme suffisamment faible par rapport aux
niveaux d'activité susceptibles d'avoir un effet sanitaire significatif sur les êtres humains. On
constate cependant depuis un siècle une baisse constante des limites considérées comme
acceptables en termes de détriment pour les travailleurs ou les personnes du public.

La directive 96/29 Euratom de 1996 [Réf. 1 1 établissant les normes de base en radioprotection
demande à ce qu'un recensement des activités professionnelles « au cours desquelles la présence de
sources naturelles de reyonnement entraîne une augmentation notable de PeNposition des travailleurs ou des
personnes da public, non ne'gligeable du point de vue de la protection contre les rayonnements » soit réalisé. Tin
certain nombre d'activités sont visées à titre d'exemple. Elle demande également que pour les
activités professionnelles déclarées concernées par les Etats membres, les Etats membres exigent
la mise en place de dispositifs appropriés pour la surveillance de l'exposition et si besoin la mise
en oeuvre d'actions correctives et de mesures de protection.

Ces exigences ont été transposées en droit français dans le code de la santé publique, à. son article
R 1333.13 et son arrêté ministériel d'application du 25 mai 2005 [Réf. 2] relatif aux activités
professionnelles rneuant en œuvre des matières premières contenant naturellement des
radionucléides non utilisés en raison de leurs propriétés radioactives. Cet arrêté précise la liste des
catégories d'activités professionnelles concernées et indique que l'impact radiologique de ces
activités sur les travailleurs et la population doit être 'évalué. L'arrêté demande à ce que soient
précisés les formes physiques et chimiques et les caractéristiques radiologiques des déchets
produits, les exutoires retenus pour l'élimination des déchets et effluents produits.

La situation précise de ces déchets reste encore assez méconnue. C'est notamment la raison pour
laquelle l'article 4 de la loi n° 2006-739 du 28 juin 2006 [Réf. 3] de programme relative à. la gestion
durable des matières et déchets radioactifs prévoit l'établissement d'un bilan en 2009 des
solutions de gestion a court et a long terme des déchets à radioactivité naturelle renforcée,
proposant, s'il y a lieu, de nouvelles solutions. L'article 12 du décret n°2008-357 du 16 avril 2008
fixant les prescriptions relatives au Plan national de gestion des matières et des déchets radioactifs
(PNGNIDR) [Réf. 4] précise les points a traiter dans ce bilan et en confie l'élaboration a l'ASN.
L'objectif de ce bilan est de faire un état des lieux de l'impact radiologique à court et à long terme
des différentes solutions de gestion des déchets à radioactivité naturelle renforcée existantes et de
proposer des mesures réglementaires visant a améliorer, en termes de radioprotection, la gestion
de ces déchets. C'est l'objet du présent rapport.

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2. Caractéristiques et origine des déchets A radioactivité naturelle renforcée

Les déchets à radioactivité naturelle renforcée sont d'origines diverses et présentent des volumes
significatifs. Ce sont des déchets à vie longue. Ils présentent des niveaux de radioactivité assez
différents. On peut néanmoins, en première approche, classer la majorité d'entre eux dans les
catégories de déchets de très faible activité ou de faible activité a vie longue, selon la classification
des déchets radioactifs utilisée en France [Réf. 5]. Cette classification est présentée en annexe 1.
Pour fixer des ordres de grandeur, les déchets de très faible activité sont ceux dont l'activité
massique est en général inférieure à 100 Bq/g alors que les déchets de faible activité sont ceux
dont l'activité est comprise entre quelques divaines de Bq/g et quelques milliers de Bq/g.
Leur radioactivité est due à la présence de radionucléides naturels : potassium 40, radionucléides
de la famille de l'uranium 238, radionucléides de la famille de l'uranium 235, radionucléides de la
famille du thorium 232. Les chaînes de décroissance de l'uranium 238, de l'uranium 235 et du
thorium 232 figurent en annexe 2.

Les origines et les caractéristiques des déchets à radioactivité naturelle renforcée ont été dressées
à partir de plusieurs sources d'informations dont les principales sont les suivantes :

m L'association Robin des Bois a effectué en 2005 une étude sur les déchets à radioactivité
naturelle renforcée en France [Réf. 6] . Cette étude fait un point exhaustif des secteurs
industriels mettant ou ayant mis en œuvre des matières naturellement radioactives.

▪ Les industriels mettant en œuvre des matières premières contenant naturellement des
radionucléides devaient remettre à l'ASN dans un délai maximal de deux ans, à compter
de la publication de l'arrêté du 25 mai 2005, des études sur les conséquences de leur
activité du point de vue de la radioprotection. Ces études devaient comprendre un volet
sur la gestion des effluents et des déchets. Au ler mars 2009, l'ASN a reçu 81 dossiers,
dont un certain nombre mentionne la détermination des caractéristiques radiologiques des
déchets produits. Des inspections conjointes ASN/DRIRE ont par ailleurs été réalisées
chez certains industriels à la suite des études reçues.

• L'ASN a commandé à l'association Robin des Bois une étude sur les dépôts de cendres de
charbon et de phosphogypses. Cette étude a été finalisée par l'association en janvier 2009
[Réf. 7]. Elle dresse un bilan, à partir de la bibliographie existante, de la situation de ces
dépôts (volumes, encadrement réglementaire, suivi environnemental, impact sur
l'environnement, ...).

▪ L'inventaire de l'Andra fournit des informations sur des entreposages de déchets présents
sur certains sites industriels [Réf. 8], [Réf. 9].

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2.1. Les cendres produites par la combustion de charbon et de biomasse
2.1.1. Les cendres issues de la combustion de charbon

La combustion de charbon est utilisée dans les centrales thermiques pour produire de l'électricité
mais également comme source de chaleur pour la déshydratation du fourrage vert ou dans les
installations papetières.
La teneur en radioactivité des différents minerais de charbon est très hétérogène et varie en
fonction de leur origine. L'activité des cendres obtenues par combustion est environ 7 fois plus
élevée que l'activité du charbon utilisé. La combustion génère 2 types de cendres : les cendres de
foyer (ou mkhefers), récupérées sous forme de scories, et les cendres volantes, piégées (au moins
en partie) au niveau de la cheminée de la centrale.

Les cendres peuvent présenter des activités radiologiques de l'ordre du Bq/g en émetteur alpha et
en émetteur bêta gamma. Ces teneurs, variables, dépendent elles-mêmes de l'origine du charbon
brûlé ainsi que du type de chaudière mis en œuvre dans l'installation. D'autre part, la composition
radiologique des cendres de foyer diffère de celle des cendres volantes [Réf. 10].

Tableau 1 : Activité massique des cendres volantes de centrales au charbon d'EDF


(moyenne intersites portant sur 20 échantillons) [Réf. 6]

Activité massique (Bq/kg) minimum-maximum


hialffl 226 Ra 210pb BEME 40K
210PO
228Th 228Ra

60-240 50-240 30-270 70-180 200-2000 30-270 70-190 70-180

On peut estimer la quantité de cendres, qu'il s'agisse de cendres volantes ou de cendres de foyer,
15 % de la quantité de charbon incinéré dans les centrales. Une estimation des deux principaux
producteurs (EDF et la SNET) conduit A une estimation d'une quantité de 2 millions de tonnes
de cendres produites par an.
Ces cendres étaient par le passé au moins en partie stockées sous forme de terrils. Elles sont de
nos jours commercialisées, en majorité utilisées pour des travaux routiers, la fabrication de béton,
de liants et de ciments. Une partie des cendres des terrils anciens est reprise en vue de sa
valorisation. Néanmoins, des quantités très importantes (au moins 40 millions de tonnes) de
cendres de centrales 'à charbon sont encore stockées en France [Réf. 6]. L'association Robin des
Bois fait état de 46 sites sur lesquels sont présents des dépôts de cendres de charbon [Réf. 7] .
Aucune surveillance des paramètres radiologiques n'est réalisée autour de ces dépôts. Une
surveillance des paramètres chimiques dans l'environnement n'est réalisée qu'autour de certains
dépôts.

Les études d'impact réalisées par EDF dans le cadre de l'arrêté du 25 mai 2005 présentent une
évaluation de dose pour les travailleurs des centrales thermiques et pour la population vivant a
proximité de ces centrales [Réf. 111, [Réf. 12]. Les doses évaluées atteignent 200 i_tSv/an pour le
chauffeur s'occupant du chargement et du nivellement du parc it cendres. Elles sont inférieures
21.tSv/an pour la population.
Dans une étude du CEPN antérieure, le CEPN a évalué l'exposition radiologique associée aux
cendres volantes produites par les centrales thermiques à charbon et donc l'exposition des
travailleurs des installations de valorisation de ces cendres [Réf. 13]. Le CEPN a considéré une
teneur en cendres volantes de 10% (en masse) dans les matériaux de construction. Cette étude
montre que les scénarios conduisant aux expositions les plus élevées concernent la manipulation
des cendres depuis la centrale thermique et leur valorisation. Des doses de 0,3 mSv/an ont été

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estimées pour le chargement et nivellement sur le terril et de 0,2 mSv/an pour les travaux routiers
(remblais).

L'activité radiologique des cendres retenue pour l'ensemble de ces évaluations est basée sur
l'analyse d'une vingtaine d'échantillons (cf. tableau 1).

Malgré la dilution de radioactivité induite par ces processus de valorisation, certains produits issus
de la valorisation peuvent présenter une radioactivité supérieure à plusieurs fois le bruit de bond
et donc induire une exposition de la population non négligeable. A titre d'exemple, de nombreux
déclenchements de portiques sont signalés à l'entrée du centre CEA de Cadarache, liés â l'entrée
sur le site de matériaux de construction en béton pour les nombreux chantiers en cours sut le
centre. Les matériaux présentent un débit de dose pouvant aller jusqu'à 10 fois le bruit de fond.
Ces déclenchements de portiques pourraient être liés â une incorporation de cendres dans le
béton.

Par ailleurs, la présence de tartres radioactifs dans les installations a été mise en évidence
récemment aux Pays-Bas [Réf. 6]. La présence de tartres (caractère radioactif non confirmé) a
également été signalée par EDF sur les bas de tubes de chaudières [Réf. 6]. Enfin, l'IRSN signale
que certains radionucléides comme le plomb 210 et le polonium 210 peuvent se volatiliser et
condenser notamment sur les tubes des générateurs de vapeur et que ces dépôts peuvent contenir
jusqu'à plusieurs centaines de Bq/g de plomb 210 [Réf. 10].

Dans le cas des industries de déshydratation du fourrage vert, la source de chaleur est fournie par
la combustion de charbon ou de lignite. Une étude du CEPN a été réalisée afin d'évaluer les
doses reçues pat les travailleurs exposées aux cendres produites dans les installations de
déshydratation [Réf. 14]. Les volumes annuels de mâchefers produits par les industriels adhérents
de COOP de France Déshydratation (18 sites) ont été estimés à environ 40 000 tonnes. Ces
mâchefers produits dans les installations de déshydratation sont en totalité valorisés en B1P
(réfection de voirie, terrassement, remblayage, ...). Les activités des mâchefers utilisées pour
l'estimation des doses reçues pour les travailleurs sont celles mesurées par EDF et la SNET, pour
les cendres volantes produites dans leurs propres installations. Parmi les scénarios étudiés,
l'impact radiologique le plus élevé est obtenu pour les travailleurs procédant à la valorisation des
mâchefers (constitution de remblais à partir de mâchefers ayant des niveaux de radioactivité
moyens). Cet impact a été estimé à 0,3 mSv/an. Un seul scénario de valorisation a été étudié.

La combustion de charbon est également utilisée dans certaines chaufferies dont sont équipées
les installations papetières. Les cendres de charbon produites sont valorisées en cimenterie on en
remblai routier. Aucune mesure d'activité radiologique n'est réalisée sur ces cendres [Réf. 6].

2.1.2. Les cendres issues de la combustion de biomasse

La France est le premier consommateur de bois de chauffe en Europe. Il est utilisé par les
particuliers mais également dans des chaufferies à bois dans le secteur industriel, agricole, collectif
et tertiaire Les déchets sont constitués par des cendres qui sont dans leur grande majorité
valorisées : destinations domestiques, agricoles, horticoles, forestières, .... Aucune campagne de
mesure de l'activité radiologique de ces cendres n'a été réalisée. Deux mesures sont reportées
dans l'étude de l'Association Robin des Bois de 2005 [Réf. 6]. Elles ont été réalisées suite au
déclenchement d'un portique à l'entrée de deux centres de stockage de déchets dangereux. Elles
mettent en évidence une activité massique totale des cendres comprise entre 3 et 5 Bq/g [Réf. 6].

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 8


La combustion de biomasse est également utilisée dans certaines chaufferies dont sont équipées
les installations papetières. Les cendres produites sont valorisées en cimenterie ou pour les
travaux publics. Les cendres sont également dans certains cas épandues ou enfouies dans des
décharges. Aucune mesure d'activité radiologique n'est réalisée sut ces cendres [Réf. 6].

2.2. Les déchets issus du traitement de minerais d'étain, d'aluminium, de cuivre, de


titane, de niobium, de bismuth et de thorium
2.2.1. Les déchets issus du traitement de la bauxite

La bauxite est une roche sédimentaire naturellement riche en alumine. Elle est broyée puis
attaquée à la soude à haute température et sous pression afin de dissoudre l'alumine. Cette
alumine subit ensuite une calcination. Le produit fini, l'alumine calcinée, a de multiples
applications : réfractaires, verres et émaux, carrelages et porcelaines, céramiques mécaniques,
électriques et électroniques, tubes de lampes à vapeur de sodium haute pression, électrolytes
solides pour accumulateurs sodium-soufre,

L'extraction de l'alumine génère des boues (1 â 6 tonnes pour 1 tonne d'alumine produite). Ces
boues sont constituées â 80% d'oxyde de fer d'où leur appellation de « boues rouges ». Elles ont
une affinité pour les métaux lourds et la radioactivité. Ces boues sont :
• soit rejetées en mer. Le volume total rejeté est estimé â 20 millions de tonnes pour l'usine
Péchiney de Gardanne dans [Réf. 6]. Les volumes rejetés depuis 1986 sont estimés â
environ 9 millions de tonnes, avec environ 700 000 tonnes rejetées en mer entre 2006 et
2008 et l'activité des boues rejetées en met mesurée par la société Algade en novembre
2007 est inférieure â 0,07 Bq/g pour l'uranium 238 et de 0,05 pour le thorium 232
[Réf. 15] ;
• soit stockées sous forme de terrils au lieu dit « Mange-Garri » â proximité de l'usine
Péchiney. Ce stockage est exploité depuis 1950 et a reçu environ 130 000 tonnes de boues
en 2008 [Réf. 15]. L'activité des boues stockées mesurée par la société Algade en mars
2005 est inférieure à 0,2 Bq/g pour l'uranium 238 et comprise entre 0,3 et 0,5 Bq/g pour
le thorium 232 [Réf. 161;
soit valorisées.

Il est mentionné dans le rapport réalisé par la société Algade pour le site de Péchiney â Gardanne
dans le cadre de l'application de l'arrêté du 25 mai 2005 qu'une évaluation de l'impact
environnemental des rejets en mer est pilotée par un comité scientifique de suivi, que le projet de
valorisation des boues sous la forme de « Bauxaline » a été approuvé par ce comité scientifique de
suivi et que le stockage sous forme de terrils a fait l'objet d'un dossier d'étude d'impact qui a
a
conclu que l'impact radiologique sur la population était inférieur 1 niSv/an [Réf. 16]. Pour les
deux premières filières d'élimination, il n'est cependant pas mentionné si la radioactivité des
boues a été prise en compte.
Les modalités de surveillance de l'environnement ne sont pas non plus précisées. Seule est
mentionnée l'existence d'un arrêté préfectoral de surveillance de l'environnement. Un contrôle
radiologique de l'atmosphère autour du site de stockage de Mange-Gain d'avril à novembre 2005
est mentionné avec des résultats comparables au brait de fond naturel [Réf. 15].

La présence de tartres a également été signalée dans le process. L'activité des tartres mesurée par
la société Algade en mars 2005 est de l'ordre de 0,4 Bq/g pour l'uranium 238 et le thorium 232 et
de 0,1 Bq/g pour le radium 226 [Réf. 16]. Cette activité est environ 4 fois supérieure â l'activité de
la matière première entrant dans le process, k bauxite.

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 9


D'autres terrils de boues rouges que celui de Péchiney â Gardanne sont identifiés dans le rapport
de l'association Robin des Bois [Réf. 6]: un terril â Vitrolles dans les Bouches-du-Rhône et un â
Rousson dans le Gard. Aucune surveillance de l'environnement autour de ces deux terrils n'est
mentionnée dans le rapport de l'association Robin des Bois [Réf. 6].

2.2.2. Les déchets issus du traitement du kaolin

Le kaolin est une argile réfractaire et friable, généralement de couleur blanche, utilisée en
particulier dans la fabrication de la porcelaine.
La Société Kaolinière armoricaine extrait le kaolin brut pour le transformer en poudre qui sera
utilisée par ses clients pour la fabrication de céramiques ou comme charge minérale dans les
industries des plastiques, des caoutchoucs, des colles et mastics, ...) [Réf. 17]. C'est au cours des
opérations de filtration de la barbotine de kaolin que les radionucléides se fixent sur les toiles et
sous-toiles des presses. Les toiles ont une durée de vie trop courte (6 mois) pour que les
radioéléments ne s'y fixent. Ils se fixent par contre sur les sous-toiles qui ont une durée de vie de
3 â 5 ans. Une activité de 21 Bq/g en radium 226 a été mesurée sur ces sous-toiles. Les quantités
de déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée (sous-toiles) sont faibles : en moyenne
1 big bag par an, ce qui représente 1 ra3 et une centaine de kg [Réf. 18].

2.3. Les déchets de l'industrie du zirconium

Le zirconium est un élément naturel commun de l'écorce terrestre présent sous forme de silicate
ZrSiO4 (le zircon) ou d'oxyde Zr02 (la baddaleyite ou zircone). C'est un élément constitutif
majeur d'une vingtaine de minéraux qui contiennent également des matières radioactives
(uranium, thorium et radium). La baddaleyite contient de 59% â 99% d'oxyde de zirconium tandis
que le zircon contient de 34% â 67% de silicate de zirconium. C'est sous ces deux formes que le
zirconium est commercialement exploité.

Les applications de zirconium sont très nombreuses (fabrication de briques réfractaires pour les
fours des industries de la céramique, la métallurgie, la pétrochimie, la cimenterie, les centrales
thermiques â flamme, les incinérateurs de déchets, fabrication d'abrasifs, fabrication de grenailles,
fabrication de céramiques, fabrication de moules dans les industries de fonderie). Elles utilisent
en général les propriétés réfractaires du zirconium, sa capacité de résistance à de très fortes
chaleurs, et sa dureté exceptionnelle. La farine de zircon a ainsi longtemps été utilisée pour la
fabrication de pièces moulées pour l'aéronautique ou l'automobile. Le zirconium est également
très résistant à la corrosion chimique. Une autre de ses propriétés est sa transparence aux
neutrons, il entre donc dans la composition des matériaux de gainage des combustibles des
centrales nucléaires.

L'utilisation de fours dont les parois internes sont constituées de matériaux réfractaires génère
deux types de déchets :
E des céramiques réfractaires usagées issues de la maintenance du four, dont la
concentration en radioéléments est de l'ordre de celle des céramiques réfractaires neuves,
▪ des fumées et résidus de combustion qui peuvent concentrer le plomb 210 du fait du
traitement thermique.

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 10


2.3.1. Fabrication d'éponges de zirconium

En France, la société Cézus, filiale d'Areva, située a _farde dans l'Isère, est inventoriée comme
producteur de déchets radifères du fait du traitement de la zircone. Elle gère toutes les étapes de
la métallurgie du zirconium, de Li conversion du zircon, jusqu'a la production d'une grande
variété de produits a base de zirconium. Cézus fabrique des tubes en alliage de zirconium, des
barres et des feuillards pour tous types de réacteurs : réacteurs a eau sous pression (REP), à eau
boiiillante (REB) et a eau lourde (GAND U).

Le procédé de fabrication de l'éponge de zirconium génère différents types de déchets :

• les résidus solides de carbo-chloration issus de la vidange des fours « chloreurs »; ils
proviennent de l'attaque du minerai, mélangé a du carbone, par du chlore a haute
température pour obtenir du tétrachlorure de zirconium ; ils représentent 2/3 des déchets
radifères ;
• les résidus solides de sublimation issus de la vidange des fours « sublimateurs » ; ils
proviennent des opérations de purification du tétrachlorure de zirconium issu de la carbo -
ch l oration; ils représentent 1/3 des déchets radifères ;
• les boues de la station de traitement des effluents ;
les tubes en graphite de chloradon et les ferrailles diverses issues de l'atelier de carbo-
chloration.

Les déchets raderes _produits par le traitement du _zircon


Ces déchets ne possèdent pas de filière d'élimination. Ils sont inclus dans l'inventaire du projet de
centre de stockage pour les déchets de faible activité a vie longue (FAVL).

En l'attente d'une filière d'élimination, ces déchets sont entreposés sur le site de Jarrie, dans un
bâtiment dédié situé dans une zone d'accès limité. Les déchets sont ensachés puis conditionnés
dans des fias métalliques de 220 litres entreposés sur des palettes plastiques sur trois niveaux. Le
bâtiment permet d'assurer un entreposage jusqu'en 2015. Compte tenu du fait que le futur centre
de stockage pour les déchets FAVL ne sera opérationnel qu'a partir de 2019, la gestion par
entreposage de ces déchets produits après 2015 devra être prévue.
Le stock total entreposé au 31 décembre 2007 était d'environ 2 000 tonnes. 150 tonnes sont
produites chaque année sur le site de jarrie.

Jusqu'en 1991, ces déchets (2 100 tonnes au total) ont été stockés sur le centre de stockage de
déchets non dangereux de Vif dans l'Isère. Les alvéoles dans lesquelles ont été stockés ces
déchets sont bien identifiées. Une surveillance du site a été mise en place : les mesures (radium
dans l'eau et radon) ne montrent pas d'impact du stockage.

Ces déchets sont caractérisés 2 fois par an depuis 1993. Les activités massiques moyennes ainsi
évaluées sont les suivantes
m résidus solides de vidange des fours « chloreurs » U: 37Bq/g, 235 U : 1,7 Bq/g,
232Th : 16 Bq/g, 226 Ra : 133 Bq/g, Ra : 20 Bq/g

résidus solides de vidange des fours « sublirnateurs »: 238 U: 271Bq/g, 235 U: 13 Bq/g,
232Tla : 12 Bq/g, 226 Ra : 70 Bq/g, 225 Ra : 10 Bq/g

L'Ancira avait établi en 2000 des projets de spécification des déchets en vue de la conception du
centre de stockage de déchets FAVL. Les déchets de carbo-chloration présentaient une solubilité
trop élevée, c'est pourquoi l'exploitant a construit une station de stabilisation de ces déchets.

Bilan sur la gestion des déchets contenant de h radioactivité naturelle renforcée 11


Cette station vise à reprendre les déchets radifères entreposés afin d'insolubiliser le radium. Pour
cette stabilisation, les 2 types de déchets radifères seront mélangés. En fin de traitement, les
déchets seront séchés mais contiendront au fi nal 10 à 15% d'humidité, ce qui conduit à un
volume de déchets sortant de la station supérieur au volume entrant. L'exploitation de cette
station est suspendue en attente des spécifications de l'Andra pour le futur centre de stockage de
déchets FAVL.
Par ailleurs des études sont menées sur les traitements possibles de ces déchets afin de réduire la
quantité de déchets radifères. La stabilisation des déchets aurait lieu en aval de ce traitement.

Les boues de la station de traitement des effiuents


Cézus génère 800 à 900 tonnes de boues par an. Ces boues sont issues de la station de traitement
des effluents du secteur chimie construite en 1999/2000. Cette station qui est dédiée aux
effluents susceptibles de contenir des radionucléides comprend une unité de stabilisation du
radium.
Ces boues sont très faiblement radioactives. Elles sont entreposées, depuis la mise en exploitation
de la station de traitement, en vrac dans un hangar dédie, puis envoyées dans le centre de
stockage de déchets dangereux de Bellegarde.

Tableau 2 : Activité massique des boues de la station de traitement des effluents — Cézus

Activité massique (Bq/g)


228 Ra 23211 235U
238u 226Ra 23orh 214Bi 214 pb
0.139 0.192 0.170 3.712 0.730 3.609 0.498 0.489
210 n 23ipa 227Th 223Ra 4
0K 'Ac 'Pb 'Ti
6.203 0.473 0.041 0.028 0.023 0.139 0.191 0.183

Les tubes de graphite de chloration et les tubes inox du sublimateur


Les tubes de chloration graphite (production d'environ 10 t/an) ne peuvent pas être
décontaminés car ils sont poreux. Une partie (86 ni.3) a été éliminée au centre de stockage de
Morvilliers exploité par l'Andra (CSTFA) en 2007 (correspondant à plusieurs années de
production). Le stock restant devrait être éliminé en 2009 au CSTFA.

Tableau 3 : Activité massique des tubes graphites — Cézus

Activité massique (Bq/g)


U 210pb 232Th 228Ra 228Th 40K
1i
238 234 "Th "Ra
0,15 0,15 5,6 0,94 1,11 0,50 0,55 0,58 0,87

L'industriel envisage de décontaminer les tubes inox du sublimateur (production d'environ 10


t/an). En fonction de leur activité radiologique à l'issue de la décontamination, ils seront soit
recyclés chez un ferrailleur soit éliminés comme déchets dans un centre de stockage de déchets
dangereux ou au CSTFA. Les effluents générés par la décontamination seront traités au niveau de
la station de traitement des effluents du secteur chimie.

2.3.2. L'industrie de la fonderie

La plupart des fonderies utilise indirectement du sable de zircon au travers des réfractaires utilisés
pour isoler les appareils de fusion ou encore des disques de meulage qui peuvent contenir du
corindon, seul ou en mélange avec du zircon. L'industrie de la fonderie de précision à modèle

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 12


perdu utilise également des sables de zircon, notamment pour les propriétés thermiques du
matériau, pour la fabrication de moules en céramique réfractaire. Le secteur de la fonderie, â
travers le Groupement Professionnel des Fondeurs de France, a commandé une étude â l'Institut
de protection et de sûreté nucléaire (IPSN) en 1999 concernant le devenir des déchets présentant
une très faible radioactivité produits par l'industrie de fonderie de précision à modèle perdu.

L'étude de l'IPSN [Réf. 19], finalisée en 2001, concluait que la présence de radionucléides naturels
dans les matériaux réfractaires était un fait constaté et bien identifié dont l'impact radiologique
sur la population et sur les travailleurs pouvait être considéré comme négligeable si des
précautions de bon sens étaient appliquées pour ces matériaux (par exemple, entreposage des
déchets réfractaires dans une zone â faible fréquentation). Ce point est confirmé par les études
reçues dans le cadre de l'arrêté du 25 mai 2005.

L'analyse des échantillons montrait que l'activité massique totale des déchets produits par
l'activité de fonderie était inférieure â 13 Bq/g. Elle varie de quelques becquerels â une dizaine de
becquerels par gramme [Réf. 19]. L'activité massique des cendres de combustion de la société
Rockwool [Réf. 20] montre que les cendres présentent un déséquilibre de la chaîne de l'uranium
238 avec une activité massique en uranium 238 de l'ordre de 0,05 Bq/g et une activité massique
en plomb 210 variant de 5 â 18 Bq/g. Une petite partie de ces cendres est éliminée dans un centre
de stockage de déchets dangereux. L'autre partie est recyclée dans le process.

Les études reçues dans le cadre de l'arrêté du 25 mai 2005 tendent â montrer que les déchets â
radioactivité naturelle renforcée sont éliminés soit dans des centres de stockage autorisés par
arrêté préfectoral (pour déchets dangereux ou non dangereux), soit dans des décharges internes
au site industriel.

A noter que certaines sociétés ont substitué les matières premières contenant du zircon par des
matières qui ne contiennent pas de radioactivité naturelle. C'est le cas par exemple de la société
Fonderies el Ateliers du Bélier à Vérac en Gironde [Réf. 21].

2.3.3. L'industrie de la verrerie

Un document réalisé par l'IPSN en 1998 [Réf. 6] précisait que l'industrie du verre en France
produit une quantité annuelle de 1 400 t de déchets réfractaires. Les sites échantillonnés ont été
choisis par le syndicat des verriers. Sur une série de 15 échantillons de réfractaires, les activités
(uranium 238, uranium 235 et thorium 232) varient entre 3,8 et 16 Bq/g. La teneur maximale en
radium 226 est de 3,5 Bq/g.

Une autre étude issue d'un groupe de travail constitué d'experts de l'Institut de radioprotection et
de sûreté nucléaire et d'industriels des produits réfractaires de 2002 'Réf. 22] fournit des
informations sur la production de déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée par
l'industrie du verre. Elle traite des déchets produits par l'utilisation de fours â régénérateurs qui
constituent la majorité des fours utilisés par cette industrie. Ces déchets sont principalement
• des poussières qui se déposent dans le bas des chambres ou les carneaux' ou qui sont
récupérées dans les électrofiltres. La production de poussières en bas de chambre est
estimée â 2 000 t/an. Cependant, cette étude prévoit un accroissement du volume de
poussières dans les années à venir du fait de l'accroissement de la capacité de filtration
des rejets atmosphériques. Les activités totales ont été mesurées sur 7 échantillons. Les

Conduit fixe (de maçonnerie ou de métal) par lequel la fumée, l'air et les produits de la combustion d'un foyer
s'échappent dans la cheminée.

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 13


valeurs mesurées sont comprises entre 1 et 7 Bq/g. L'étude réalisée par Algade pour la
Fédération des chambres syndicales de l'industrie du verre [Réf. 23] fournit des activités
du même ordre de grandeur. Les poussières sont éliminées dans des centres de stockage
de classe 1
• des déchets réfractaires issus de la démolition des fours en fin de vie. Ces déchets sont
un mélange de débris et de blocs de réfractaires éventuellement soufflés par les produits
de la volatilisation du verre en fusion, les volages de composition et/ou les produits de
décomposition du combustible utilisé. Leur volume produit annuellement est estimé A
20 000 t/an dont environ la moitié est valorisée. Le reste (10 000 t/an) est éliminé dans
des centres de stockage de déchets dangereux (1 000 t/an), non dangereux (3 000 t/an)
ou inertes (6 000 t/an). Le choix du centre de stockage se fait selon des critères de
proximité Les activités totales ont été mesurées sur 6 échantillons. Les valeurs
maximales sont obtenues pour les 2 échantillons de réfractaires électrofondus usagés
composés d'alumine, de zircone et de silice (de l'ordre de 3 Bq/g et 5 Bq/g).

D'autres industries utilisent des réfractaires, comme les cimenteries, les aciéries, la pétrochimie,
les incinérateurs de déchets.

2.3.4. La fabrication de briques réfractaires

Certains industriels sont fournisseurs de produits réfractaires contenant du zirconium pour les
fours de verrerie ou des aciéries, comme REFRACOL A. Marly (Nord), SEPR (Société
Européenne des Produits Réfractaires) dans le Vaucluse.
a
La société SEPR par exemple produit 2 types de déchets radioactivité naturelle renforcée
[Réf. 24]
• 180 t/an de boues issues du façonnage et de l'usinage des blocs réfractaires, d'activité
massique moyenne de 0,2 Bq/g en thorium 232 et comprise entre 0,4 et 1 Bq/g en
uranium 238 sur les échantillons mesurés
• 1 000 t/an de fines de dépoussiérage d'activité massique moyenne comprise entre 0,05 et
0,4 Bq/g en thorium 232 et comprise entre 0,4 et 2,3 Bq/g en uranium 238 sur les
échantillons mesurés. Certaines silices thermiques ont une activité massique moyenne en
plomb 210 de 70 Bq/g.

Ces déchets sont éliminés au centre de stockage de déchets dangereux de Bellegarde dans le
Gard.
Une partie des silices thermiques dont l'activité massique moyenne est de 10 13q/g en plomb 210
est recyclée dans le B1P.

2.3.5. Le recyclage de briques réfractaires

La société Valoref, filiale du groupe Saint-Gobain, à Bollène (Vaucluse), recycle les briques
réfractaires usagées des fours verriers. Valoref reçoit environ 5 000 t/an de matériaux contenant
de la radioactivité naturelle renforcée. Deux filières d'élimination ont été mises en place pout
gérer les déchets A radioactivité naturelle renforcée produits dans le cadre de cette activité de
recyclage. Le choix de la filière est fait en fonction des caractéristiques des déchets [Réf. 25]
• le centre de stockage de déchets dangereux de SARP industrie A Lirnay (Yvelines) pour
500 t/an,
• le centre de stockage de déchets non dangereux de SITA MOS è Donzère (Drôme) pour
2 000 t/an.

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 14


Ces déchets sont soit des briques réfractaires qui n'ont pas les caractéristiques nécessaires pour
pouvoir être recyclées, soit des résidus produits par l'activité de recyclage elle-même.

Tableau 4 : Activité massique des déchets de réfractaires de Valoref, mesurée par Algade
[Réf. 26]

Types de déchets Activité massique maximale en Bq/g


Uranium 238 Radium 226 Uranium 235 Thorium 232
Cruciforme B1 1,2 1,2 0,06 0,280
broyé brut
Cruciforme B1 0,7 0,9 0,02 0,2
broyé fraction 1
Cruciforme B2 1,4 1,16 0,07 0,3
broyé brut

2.4. Les déchets issus de la production ou de l'utilisation de composés contenant du


thorium

Le thorium est utilisé dans certains alliages afin de renforcer les capacités de résistance thermique
et la résilience de pièces mécaniques des avions civils ou militaires (carters, trains d'atterrissage,
boucliers thermiques). Les alliages métalliques au magnésium-thorium présentent des teneurs en
thorium de 2 4 %.
L'étude remise par la société SATORI dans le cadre de l'arrêté du 25 mai 2005 [Réf. 27] concerne
l'impact radiologique lié â la maintenance réalisée sur des carters d'avions militaires. Ces activités
de maintenance génèrent des poussières. La société SATORI procède â l'aspiration de ces
poussières afin de réduire l'exposition des travailleurs et envisage d'éliminer les sacs d'aspiration
au CSTFA. L'activité massique des poussières n'est pas fournie dans l'étude de la société
SATORI.
La société SATORI est la seule entreprise utilisant des composés à. base de thorium â avoir
répondu â l'arrêté du 25 mai 2005.

2.5. Les déchets des industries du phosphate

L'industrie des phosphates a produit des quantités massives de déchets â radioactivité naturelle
renforcée. La production de ces déchets est liée â la richesse naturelle des minerais de phosphate
en uranium, et en ses descendants. Certains minerais peuvent atteindre 10 Bq/g aux Etats-Unis
par exemple [Réf. 6). La fabrication d'engrais phosphaté passe par la fabrication d'acide
phosphorique. L'acide phosphorique est obtenu par l'attaque du minerai de phosphate par de
l'acide sulfurique. Cette attaque conduit â la production d'un sous-produit, le phosphogypse.
fabrication d'une tonne d'acide phosphorique génère 5 tonnes de phosphogypses.

Les phosphogypses présentent des activités massiques totales assez variables qui dépendent
notamment de la teneur initiale du minerai.

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 1.5
Tableau 5 : Activité massique (min — max) des phosphogypses

Types de Activité massique maximale en Bq/g


déchets Uranium 238 Radium 226 Uranium 235 Thorium 232
[Réf. 28] <0,1 0,6 — 1,1 0,04
[Réf. 6] 0,09 — 1,9

Dans le procédé de fabrication de l'acide phosphorique, des tartres correspondant â


précipitation du radium sous forme de sulfate se forment dans les canalisations, filtres,
godets, .... Ces tartres concentrent la radioactivité et leur activité massique peut atteindre
plusieurs centaines de Bq/g. Il semblerait à cet égard que les procédés thermiques mis en œuvre
aux Pays Bas ont conduit à la production de poussières particulièrement chargées (1 600 Bq/g)
[Réf. 6].

Il n'y a plus à ce jour d'usine de production d'acide phosphorique en France. Les producteurs
d'engrais aujourd'hui en activité en France importent l'acide phosphorique qui est ensuite utilisé
pour fabriquer des engrais complexes. Ils ne produisent pas de déchets contenant de la
radioactivité naturelle renforcée. Néanmoins, l'absence de tartres susceptibles de se déposer dans
les équipements (installation d'entreposage d'acide phosphorique par exemple) n'est pas
démontrée.

Les déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée issus des industries du phosphate
sont des déchets d'activités passées : phosphogypses stockés sous forme de terrils de plusieurs
millions de tonnes [Réf. 7] et déchets issus du démantèlement des installations (présence de
tartres dans les canalisations). Les déchets de démantèlement contenant de la radioactivité
naturelle renforcée sont entreposés sur les sites industriels en attente du futur centre de stockage
de déchets FAVL. Une partie des déchets de démantèlement de l'usine de fabrication d'acide
phosphorique de Grand-Couronne a été éliminée au CSTFA (gravats, tuyauteries, tartres, pour un
volume de 223 rn3) [Réf. 29]. Néanmoins, plusieurs ateliers de fabrication d'acide phosphorique
ont été démantelés sans contrôles radiologiques [Réf. 7].

Tableau 6 : Activité massique des gravats, tartres et tuyauteries provenant de l'usine de


Grand-Couronne et stockés au CSTFA

Activité massique (Bq/g)


Gravats et tartres stockés en Gravats et tuyauteries stockés en
2003 (185 m 3) 2007 (38 m 3)
226Ra 210pb
'Ra "Th 210 Pb 230Th 225Th 230Th

7,46 7,46 7,46 0 5,83 0,57 2,48 0,05

2.6. Les déchets de la production du titane

Le titane est extrait du minerai d'ilménite, et éventuellement du rutile. Le dioxyde de titane est
utilisé en pigment et opacifiant dans le secteur des peintures, des laques et des émaux, mais aussi
des encres, des cosmétiques, des produits alimentaires ou des textiles.

Le procédé d'extraction du dioxyde de titane consiste en une attaque du minerai d'ilménite, une
décantation, puis une évaporation, une précipitation et une calcina don. Il existe au moins 2 usines
-

de production de dioxyde de titane en France. Il s'agit de Millenium Chemicals à Thann (l'usine

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 16


du Havre exploitée par Millénium Chemicals a été fermée en mars 2008) et Tioxide Europe
Calais.

Dans l'étude réalisée pat la société Tioxide dans le cadre de l'arrêté du 25 mai 2005 [Réf. 30], il est
indiqué que la société utilise comme matière première un minerai de type slag dont l'activité peut
être jusqu'à 40 fois inférieure à celle des minerais d'ilménite. Les déchets générés lors de la
fabrication du dioxyde de titane ont donc une activité faible (inférieure â 0,1 Bq/g) et sont en
partie valorisés (industrie de la terre cuite). Le reste est stocké dans une décharge interne autorisée
par arrêté préfectoral.

Concernant l'usine de Millénium Chemicals à Thann, les déchets à radioactivité naturelle


renforcée sont classés par la société en 6 catégories [Réf. 31]
• les déchets des toiles de filtration (stock actuel de 24 tonnes),
• les déchets issus de la Partie Noire hase du procédé consistant à mélanger le minerai
l'acide sulfurique concentré pour obtenir une liqueur noire) (stock actuel de 345 tonnes),
• les déchets issus de la Partie Blanche (phase du procédé à partir de l'hydrolyse de la
liqueur noire) (stock actuel de 293 tonnes),
• déchets plastiques (stock actuel de 345 tonnes),
• déchets issus du chloturateur (stock actuel de 507 tonnes),
• déchets divers (stock actuel de 18 tonnes).

Ces déchets sont produits sur le site de Thann, conditionnés dans des fûts plastique et entreposés
sur ce site dans une zone tampon puis dans une déchèterie. Il sont transférés vers le site de
l'Ochsenfeld, situé" à quelques kilomètres du site de l'usine lorsque leur nombre est suffisant.
L'entreposage sur les sites de Thann et de l'Ochsenfeld n'étant pas jugé satisfaisant (pas de
délimitation de la zone réservée au déchets à radioactivité naturelle renforcée sur le site de Thann,
étiquetage des fûts pas systématique au niveau de la déchèterie, entreposage des fûts à ciel ouvert,
...) [Réf. 32], deux arrêtés préfectoraux parus le 13 août 2008 [Réf. 33] [Réf. 34] imposent la mise
en place de nouvelles dispositions. Ces dispositions visent en particulier à améliorer les conditions
d'entreposage sur le site de Thann (zone d'entreposage unique pour les déchets à radioactivité
naturelle renforcée, entreposage des fûts dans un conteneur étanche, accès à cette zone limitée),
améliorer les conditions d'entreposage sur le site de l'Ochsenfeld (entreposage des déchets dans
un bâtiment sur une surface imperméabilisée à partir du 1" janvier 2010), à améliorer la traçabilité
des déchets et à mettre en place un programme de suivi annuel de la radioactivité dans les eaux
superficielles sur le site de l'Ochsenfeld. Des mesures de la radioactivité des eaux souterraines et
des sols vont être demandées par la DRIRE à l'exploitant.
Environ 200 tonnes des déchets à radioactivité naturelle renforcée sont produits chaque année
[Réf. 35]. Sur le site de l'Ochsenfeld, la construction du bâtiment de stockage a été terminée au let
trimestre 2009. Les fûts vont y être transférés. Ce transfert qui sera accompagné d'une
actualisation de l'inventaire des déchets prendra plusieurs mois et devrait pouvoir être finalisé à la
fm de l'année 2009.

Une étude d'acceptabilité a été réalisée par Millénium Chemicals poux pouvoir stocker dans un
centre de stockage de déchets dangereux environ 50% des déchets à radioactivité naturelle
renforcée actuellement entreposés sur le site de l'Ochsenfeld [Réf. 31]. Cette étude d'acceptabilité
montre que l'impact radiologique de ce stockage est négligeable d'un point de vue de la
radioprotection. Des contacts sont en cours entre Millénium Chemicals et l'exploitant du centre
de stockage.
Les déchets qui ne pourront pas être stockés dans un centre de stockage autorisé par arrêté
préfectoral (50% des déchets à radioactivité naturelle renforcée actuellement entreposés sur le site

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 17


de l'Ochsenfeld) devront être stockés dans le futur centre de stockage pour les déchets F_AVL.
Leurs caractéristiques ne permettent pas de les stocker au CSTFA.

Pour ce qui est de l'usine de Millénium Chemicals au Havre récemment fermée, des déchets y
sont toujours entreposés. Par ailleurs, comme pour d'autres usines, des tartres présentant des
activités significatives ont été mis en évidence au niveau de divers équipements ce qui nécessitera
de mettre en place des mesures de radioprotection au moment du démantèlement et d'orienter
une partie des déchets vers des centres de stockage de déchets radioactifs [Réf. 36].

Tableau 7 : Activité massique des déchets de l'usine Millenium Chemicals au Havre


[Réf. 36]

Types Activité massique en Bq/g


de déchets Chaîne de Chaîne de Chaîne du Potassium 40
l'uranium 238 l'uranium 235 thorium 232
(ex : radium 226) (ex : radium 228)
Produits 4,32 <0,05 12,46 <1,38
solides en fûts
Tartres 251,2 <0,30 543,4 <2,04
tuyauterie
Toiles 35,6 <0,17 103 <1,88

2.7. Les déchets de l'industrie des terres rares

Le traitement de la monazite en France

La monazite est un minerai particulièrement riche en terres rares, notamment en cérium, terbium
et europium. Les usages des terres rares sont assez divers : industrie du verre et de la céramique,
aimants, catalyseurs pétrochimiques, métallurgie, tubes cathodiques, cristaux liquides. Le cérium
est ainsi un des matériaux nécessaires à la fabrication des filtres à particules des pots
d'échappement des véhicules à moteur diesel.

Le minerai de monazite est naturellement riche en thorium et en radium. La monazite est elle-
même extraite de sables contenant d'autres types de minéraux (ilménite — riche en titane,
zirconite, et rutile).

En France, ce minerai a été exploité par Rhône Poulenc à La Rochelle, mais aussi de façon
industrielle sur trois autres sites à Serquigny, dans l'Eure, où il subsiste quelques dizaines de
tonnes de déchets contaminés par du thorium, à Thann, dans le Haut-Rhin et à Pargny-sur-SauLx,
dans la Marne.

A Serquigny, la Société des Terres Rares a fabriqué du nitrate de thorium dans les années 1910
1950 à partir de la monazite. La société ARKEMA, spécialisée dans la fabrication de matière
plastique, occupe l'ancien site de production industrielle de la Société des Terres Rares. Des
bâtiments industriels sont en exploitation sur l'ancien dépôt des rejets de l'usine. Ce dépôt est
estimé à environ 2 000 m3 avec des déchets d'activité massique inférieure à 500 Bq/g [Réf. 9].
D'après des contacts avec la DRIRE Haute-Normandie, des travaux de fondation et
d'assainissement ont conduit à l'excavation de terres contaminées. Ces terres sont entreposées
dans 1 020 big bags de 1 m 3, sur le site, dans des alvéoles. Ces alvéoles sont constituées d'un bac

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 18


de béton et bâchées de manière a limiter les transferts de radioactivité par la voie eau et la voie
air. L'activité massique totale de ces terres contaminées est estimée a environ 300 Bq/g. Compte
tenu de ce niveau d'activité, ces terres nécessiteront probablement d'être éliminées dans le futur
centre de stockage pour les déchets FAVL.
En 2006, un arrêté préfectoral a prescrit entre autres la réalisation d'une évaluation des risques
sanitaires pour le public et les travailleurs liés a la présence de ces déchets sur le site de Serquigny
et issus de l'ancienne activité exercée sur ce site par la société des Terres Rares, l'établissement
d'un plan d'action proposant des solutions de type servitudes, la mise en place de toutes les
mesures nécessaires pour éviter la dissémination dans l'environnement de contamination, la
réalisation d'un contrôle radiologique annuel sur les eaux souterraines (activité alpha globale,
activité bêta globale, 238u, 228R
a, 226,-,_1(.2, 232 Th, Tritium, Potassium, Radon) [Réf. 37]. Ces différentes
études réalisées par Algade ont été transmises à la DRIRE. Elles mettent en évidence une absence
a
de marquage de l'environnement l'exception des sédiments a l'aval de l'ancienne canalisation de
rejets du site. Ces études ont fait l'objet d'une tierce expertise par PIRSN [Réf. 38]. L'IRSN
confirme les propositions d'Algade, a savoir pax exemple le traitement des tâches de
contamination en bordure de rivière et la mise en place de servitudes pour les activités de fouille.

A Thann, l'ancienne usine aujourd'hui propriété de la société Millenium Chemicals produit de


l'oxyde de titane a partir d'un sable naturel contenant des minéraux d'ilménite (cf. § 2.6). Divers
ateliers ont été assainis, des équipements ont été renouvelés. Des déchets conditionnés bâchés
sont actuellement entreposés sut site, â l'intérieur d'une enceinte fermée [Réf. 9]. Il s'agit
d'environ 1 000 n-).3 de déchets de très faible activité (TFA) issus de l'assainissement et du
démantèlement des anciens ateliers. Le devenir des déchets issus du traitement de la monazite
Thann n'est pas tracé.

A Pargny-sur-Saulx, la société UTM (Unité de Traitement de la Monazite) puis Orflam-Plast a


a
fabriqué entre 1934 et 1982 des pierres briquets par extraction du cérium contenu dans des
ruinerais de monazite. A partir de ces minerais, la société a également produit jusqu'en 1959 du
nitrate de thorium pur utilisé pour la fabrication d'écrans de télévision. Le traitement direct des
minerais a cessé en 1967 au profit de matières préalablement traitées avant importation et
exemptes de thorium et d'uranium. Orflarn-Plast a cessé ses activités et a été placée en liquidation
judiciaire en février 1997. Le site est devenu propriété de l'Etat en novembre 2008 (site a
responsable défaillant). Des pollutions radioactives ont été mises en évidence sur l'ancien site
industriel. Par ailleurs, la présence de déchets radioactifs a été découverte en dehors du site. Les
volumes de déchets radioactifs qui seront générés par les actions d'assainissement ne sont pas
connus. Par ailleurs, les filières de gestion pour ces déchets ne sont pas encore définies.

Rhodia a repris en 1998 les activités chimiques de Rhône Poulenc. La monazite n'est plus
directement traitée a la Rochelle depuis le 15 août 1994. Rhodia reçoit désormais a la Rochelle
des concentrés qui ont déjà été débarrassés d'une grande partie des radionucléides â l'issue d'un
*traitement en Chine. L'activité menée depuis plus de 60 ans sur le site de la Rochelle a
néanmoins conduit â la production de grandes quantités de matières et de déchets fortement
contaminés au radium.

Les matières valorisables


Rhodia entrepose, essentiellement sur le site de la Rochelle, environ 20 000 t d'hydroxyde brut de
thorium et 11 000 t de nitrate de thorium. Leur activité en thorium 232 est respectivement
d'environ 720 Bq/g et 1650 Bq/g [Réf. 9]. Ces produits ne sont plus générés par Rhodia depuis
l'arrêt du traitement de la monazite a La Rochelle en 1994. Rhodia envisage de les valoriser
notamment pour en extraire le thorium, dans l'éventualité du développement de filières
surgénératrices à base de thorium. D'autres matières entreposées par Rhodia a la Rochelle

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 19


(matières en suspension), constituant un inventaire de 23 000 t, présentent des activités
radiologiques de 2 Bq/g en thorium 232 et 3,6 Bq/g en uranium 238 [Réf. 9]. Les madères en
suspension (MES) contiennent encore 25 0/0 de terres rares que Rhodia envisage de recycler en
fonction du prix des concentrés et du coût d'élimination en stockage. Environ 800 t/an de MES
sont produites par Rhodia.
Ces matières sont visées par l'article 13 du décret n ° 2008-357 du 16 avril 2008 [Réf. 4] qui
demande â ce que les propriétaires de matières radioactives valorisables pour lesquelles les
procédés de valorisation n'ont jamais été mis en œuvre remettent au plus tard le 31 décembre
2008, aux ministres et à. l'Andra, un bilan des études sut les procédés de valorisation qu'ils
envisagent. Le dossier transmis par Rhodia est en cours d'instruction par l'ASN et son appui
technique.

Les déchets radioactifS


Rhodia possède environ 13 300 t de déchets [Réf. 9], sous forme de :
° résidus radifères dits RRA : 5 120 t sont entreposées â Cadarache (activité de
340 MBq/fût), et 161 t sont entreposées ä la Rochelle (activité massique moyenne totale
d'enviion 1 582 Bq/g);
" résidus solides banalisés dits RSB : 8 400 t sont entreposées â la Rochelle (activité massique
moyenne totale d'environ 75 Bq/g) .

Ces déchets font partie du modèle d'inventaire provisoire des déchets qui doivent être stockés
dans le futur centre de stockage pout les déchets FAVL. Ils ne sont plus produits par Rhodia
depuis l'arrêt du traitement de la monazite â La Rochelle en 1994.

Des bâtiments pour l'entreposage de l'hydroxyde brut de thorium ont été construits par Rhodia
en 2006. Cela a permis de réduire le débit de dose lié â cet entreposage.
L'exposition maximale de la population estimée par Rhodia est de 0,34 mSv/an pour 2008
[Réf. 39].

2.8. Les déchets du traitement des eaux, notamment des eaux minérales et des stations
thermales

La directive européenne 98/93/CE du 3 novembre 1998 [Réf. 40] relative ä la qualité des eaux
destinées â la consommation humaine a été transposée par le décret du 20 décembre 2001 qui a
été codifié à l'article R. 1321-20 du code de la santé publique. Les modalités de contrôle ont été
précisées dans un arrêté du 12 mai 2004 [Réf. 41]. Cet arrêté fixe des valeurs guides de 1 Bq/1 en
émetteurs bêta et 0,1 Bq/1 en émetteurs alpha, au-delà desquelles des investigations
complémentaires doivent être réalisées, pour connaître la composition radiologique des eaux et
calculer la dose totale indicative (DTI) dont la référence de qualité est de 0,1 mSv/an. Par ailleurs,
si la référence de qualité du tritium est dépassée (100 Bq/1), la présence éventuelle d'autres
radionucléides artificiels doit 'être recherchée, conformément â l'arrêté du 12 mai 2004. La gestion
des dépassements des valeurs guides ou des références de qualité par les DDASS s'appuie sur les
recommandations émises dans la circulaire de la DGS du 13 juin 2007 relative au contrôle et â la
gestion du risque sanitaire liés â la présence de radionucléides dans les eaux destinées ä la
consommation humaine [Réf. 42].

Un bilan sur la qualité radiologique de l'eau mise en distribution en France (2005-2007) a été
établi [Réf. 43]. Tl s'appuie notamment sur les résultats du contrôle sanitaire de la qualité
radiologique des eaux destinées â la consommation humaine, pour les années 2005 ä 2007, réalisé

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 20


à la ressource en eau et/ou au point de mise en distribution par les DDASS au titre de l'article
R. 1321-15 du code de la santé publique. Le contrôle sanitaire de la qualité radiologique des eaux
destinées à la consommation humaine a été mis en place à partir du ler janvier 2005: 51 866
prélèvement ont été réalisés au cours des 3 années 2005-2007. Plus de 95 Vo des échantillons
prélevés ont présenté une activité alpha globale inférieure ou égale à la valeur repère de 0,1 Bq/1;
plus de 99,9 Vo des échantillons prélevés ont présenté une activité béta globale résiduelle
inférieure ou égale à la valeur repère de 1 Bq/1 et près de 85 % des échantillons pour lesquels
l'activité alpha et/ou l'activité bêta globale résiduelle était Supérieure à. la valeur repère et pour
lesquels la DTI a été calculée ont présenté une DTI inférieure ou égale à la référence de quilité
fixée à 0,1 mSv/an. Les dépassements des valeurs guides ou des références de qualité
radiologique de l'eau observés entre 2005 et 2007 dans les eaux distribuées par le réseau d'eau
potable sont tous dus à la présence de radionucléides naturels, liée à. la nature géologique du sous-
sol.

Le traitement des eaux souterraines génère des boues qui contiennent potentiellement de la
radioactivité naturelle renforcée en fonction de la nature géologique du sous-sol. Les quantités de
boues produites et leur activité radiologique ne sont pas connues.
Seule l'Européenne d'Embouteillage a transmis des résultats de contrôle radiologique de ses
déchets dans le cadre de sa réponse à l'arrêté du 25 mai 2005 [Réf. 44]. L'activité massique
mesurée pour les résines utilisées pour la filtration des eaux atteint 12 Bq/g en radium 226. Elle
est de 2 Bq/g en radium 226 pour les boues. La filière d'élimination envisagée par l'Européenne
d'Embouteillage pour ces déchets est le CSTFA.

Il ne semble pas que d'autres analyses radiologiques sur les filtres et les boues aient été réalisées
en France. Par ailleurs, les données concernant les volumes de déchets produits et leur devenir
sont très imprécises ou manquantes. Pour les boues qui sont valorisées (valorisation agricole) ou
rejetées dans le milieu naturel, aucune étude d'impact n'est mentionnée [Réf. 6 ].

La présence de tartres dans des équipements de stockage et de distribution d'eau a été signalée
dans certaines stations thermales et certains centres de traitement des eaux du robinet ou
minérales. L'activité massique totale de ces tartres peut atteindre plusieurs dizaines de Bq/g
[Réf. 6] mais peu de mesures sont disponibles.

2.9. Les déchets issus de la prospection et de l'exploitation des hydrocarbures

Une synthèse bibliographique a été réalisée par l'Institut français du pétrole en septembre 2005
sur les expositions aux rayonnements naturels renforcés pour l'activité pétrolière en France
[Réf. 45]. Cette synthèse, commandée par l'Union Française des Industries Pétrolières (UFIP),
concerne les activités d'exploration-production ainsi que les activités de raffinage. Elle a été
soumise à l'expertise de l'IRSN pax l'ASN.
Dans son avis [Réf. 46], l'IRSN indique qu'il ne partage par les conclusions de l'UFIP selon
lesquelles la synthèse bibliographique permet d'affirmer le caractère marginal des problèmes de
radioprotection envisageables et que cette synthèse ne pettnet pas d'écarter les activités
pétrolières d'une éventuelle révision du champ d'application de l'arrêté du 25 mai 2005.
L'IRSN estime que des investigations doivent être conduites sur les installations françaises les
plus sensibles (installations d'extraction-production aux abords des Pyrénées et raffinerie utilisant
des bruts de l'ex-URSS, d'Afrique du Nord et d'Amérique du Nord). L'IRSN précise que ces
investigations doivent explorer les risques d'exposition radiologique externe et interne des
travailleurs, en particulier lors des opérations de maintenance ou de manipulation des déchets

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 21


solides. Elles doivent également préciser le devenir des déchets solides pouvant contenir de la
radioactivité naturelle renforcée.

L'extraction gazière dans la région de Lacq a pu conduire â des phénomènes identiques à ceux
répertories dans la littérature internationale [Ref. 6]. A la suite d'une inspection conjointe de la
DRIRE et de l'ASN en 2008 de la société Total E&P France, il s'est avéré que les conduites
d'extraction du gaz, nécessitant des changements du fait de phénomènes de corrosion externe,
peuvent être affectées par une précipitation de tartres contaminés par du radium. Par ailleurs, les
boues produites dans les installations finales de traitement du gaz, ont des concentrations en
radium 226 se situant entre 2 â 40 Bq/g [Réf. 47]. Ces déchets sont pour l'instant entreposés sur
place dans l'attente d'une filière d'élimination. Il est fort probable que le démantèlement des
installations d'extraction dont l'arrêt est programmé en 2013 conduira à. la production de
quantités non négligeables de déchets â radioactivité naturelle renforcée.

Par ailleurs, Gaz de France a mis en évidence une accumulation des descendants du radon,
notamment le plomb 210 dans les effluents solides et liquides prélevés dans les canalisations de
transport du gaz naturel. L'activité radiologique en plomb 210 peut atteindre 7 Bq/g [Réf. 6] . Le
mode de gestion de ces déchets n'est pas précisé.

2.10. Les déchets issus de l'exploitation de la géothermie

La géothermie ne fait pas partie des secteurs d'activité visés par l'arrêté du 25 mai 2005.
Dans ce secteur, les principales sources de radioactivité naturelle renforcée proviennent de la
formation de tartres (carbonates de radium co-précipités avec du calcium ou du baryum
l'intérieur des canalisations, des pompes, des têtes de puits des réservoirs â vapeur) ainsi que des
résidus de filtration. Aucune information précise n'existe sur les volumes générés et les activités
radiologiques correspondantes [Réf. 6]. En Californie, des mesures d'activité radiologiques ont
été réalisées sur des déchets d'exploitation. Les valeurs mentionnées dans l'étude de l'association
a
Robin des Bois [Réf. 6] vont de 3,5 5 Bq/g en plomb 210, polonium 210, radium 226 ou
radium 228. Une activité massique totale de 16 Bq/g est également citée.

Une inspection de l'ASN a été réalisée le 2 décernbre 2008 dans une nouvelle unité de géothermie
â Kutzenhausen dans le Bas-Rhin [Réf. 48]. Les inspecteurs ont constaté que certaines parties de
l'installation présentaient un débit de dose de l'ordre du pSv/h alors que l'installation n'était en
fonctionnement que depuis quelques semaines. L'ASN a demandé â l'exploitant de réaliser des
mesures périodiques de débit de dose afin de pouvoir évaluer l'exposition des travailleurs lots des
phases d'exploitation et de maintenance ainsi que de lui indiquer les résultats de ses démarches
pour la prise en charge de ses déchets par l'ANDRA.

2.11. Les déchets issus de l'industrie papetière

Les papeteries ne font pas partie des secteurs d'activité visés par l'arrêté du 25 mai 2005.
Néanmoins, les installations papetières ont été identifiées par l'association Robin des Bois [Réf. 6]
a
comme productrices de déchets radioactivité naturelle renforcée du fait de la production
potentielle de tartres dans les équipements observée â l'étranger et de la production de cendres
dans les chaufferies à bois ou à charbon dont elles sont équipées (cf. 2.1 pour les cendres). Peu
de papeteries ont répondu au questionnaire qui leur a été adressé par l'association dans le cadre
de cette étude (une soixantaine de papeteries a été répertoriée).

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 22


Suite au déclenchement d'un portique à l'entrée d'un centre de stockage du fait de la présence
dans le chargement d'une toile de fil tre provenant de la papeterie TEMBEC dans les Bouches-du-
Rhône, et contenant de la radioactivité naturelle renforcée, des investigations ont été menées dans
cette société. Les mesures réalisées dans le cadre de l'inspection réalisé sur le site industriel par
l'ASN [Réf. 49] montrent que la radioactivité naturelle se concentre également sous forme de
dépôts radioactifs dans certaines canalisations. Le débit de dose maximal mesuré est de
4,5 1,tSv/h. Nous ne disposons pas de mesure d'activité radiologique pour ces dépôts détectés à la
papeterie lEIVIBEC. Des dépôts d'activité massique totale de plusieurs dizaines de Bq/g ont été
mis en évidence dans les équipements de certaines papeteries étrangères [Réf. 6].

2.12. Conclusion sur les différents types de déchets A radioactivité naturelle renforcée

Il ressort de cet état des lieux que les déchets à radioactivité naturelle renforcée relèvent de deux
catégories de la classification des déchets radioactifs :
m les déchets de très faible activité à vie longue qui représentent les plus gros volumes de
déchets a radioactivité naturelle renforcée (par exemple, stockages historiques de
phosphogypses et de cendres de charbon, déchets de sables de fonderie, déchets de
réfractaires à base de zirconium utilisé notamment dans l'industrie verrière...) ;
les déchets de faible activité à vie longue (par exemple, certains déchets issus du
traitement de la monazite, certains déchets issus de la fabrication d'éponges de zirconium,
certains déchets issus du démantèlement déjà produits ou à venir, provenant par exemple
des installations de production d'acide phosphorique, de traitement de dioxyde de titane,
de traitement de la farine de zircon, des anciennes activités de traitement de la monazite).

Néanmoins, il subsiste encore des incertitudes sur les volumes de déchets produits ainsi que sur
l'activité radiologique de certains déchets.

Les activités qui ont conduit à la production des déchets à radioactivité naturelle renforcée dont
l'activité massique est la plus élevée sont pour certaines arrêtées. Seul un nombre limité
d'entreprises continuent à en produire. Néanmoins, un certain nombre de procédés conduisent à
la foimation de tartres qui peuvent présenter un niveau d'activité important (plusieurs dizaines de
Bq/g) relevant de la catégorie des déchets de faible activité.

3. L'impact radiologique des déchets A radioactivité naturelle renforcée

L'impact radiologique des déchets à radioactivité naturelle renforcée est dû à la présence de


radionucléides d'origine naturelle. Certains de ces radionucléides ont une période radioactive de
plusieurs millions d'années et vont donc avoir le temps de migrer vers les sols, vers les eaux
superficielles, vers les eaux souterraines. Des transferts sont également possibles à plus court
terme vers l'air.
Cette migration dans le milieu naturel peut conduire à une contamination de l'environnement et à
un impact radiologique sur la population.
Ces déchets ont également un impact radiologique sur les travailleurs qui les manipulent ou
travaillent à proximité. Cet impact dépend principalement de l'activité de ces déchets, de la durée
d'exposition à ces déchets et des transferts vers l'air observés pour certains de ces déchets
(envols, mises en suspension).
Une spécificité de ces déchets est l'émission de radon, gaz radioactif issu de la décroissance
radioactive du radium, lui-même généré par la décroissance de l'uranium et du thorium (cf.

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 23


annexe 2). Si la période du radon 222 est courte (3,82 jours), il pose des problèmes de
radioprotection en cas d'accumulation dans les bâtiments, parce qu'il laisse en décroissant des
particules solides qui peuvent être inhalées.

L'impact radiologique est évalué sur la base de calculs de dose établis à partir de scénarios
d'exposition. Ces scénarios prennent en compte l'exposition externe aux rayonnements ionisants
ainsi que l'exposition interne (ingestion, inhalation).

L'impact radiologique de la plupart des déchets à radioactivité naturelle renforcée reste a priori
limité en raison d'un niveau d'activité relativement faible des déchets (activité du niveau des
déchets TFA de la classification des déchets radioactifs (annexe 1)). Il est cependant nécessaire de
s'en assurer, ce niveau d'activité étant supérieur au bruit de fond ambiant. Dans certains cas,
même si l'activité de certains déchets est faible, des phénomènes de lixiviation pourraient
conduire à la mobilisation de quantités importantes de radionucléides du fait de l'importance des
volumes de déchets en jeu, et donc à un impact sur l'Homme et l'environnement.
Pat ailleurs, l'activité radiologique d'une partie des déchets à radioactivité naturelle renforcée est
du niveau des déchets de faible activité de la classi fi cation des déchets radioactifs (annexe 1). La
manipulation de ces déchets nécessite la mise en place de mesures de radioprotection pour les
travailleurs. Par ailleurs, l'entreposage de ces déchets pour lesquels aucune solution de stockage
n'est opérationnelle pour l'instant doit être réalisé dans des conditions satisfaisantes vis-a-vis de la
radioprotection des travailleurs et de la population.

Les évaluations de dose réalisées dans le cadre de l'arrêté du 25 mai 2005 concernent à la fois les
populations et les travailleurs. Seuls 24% des dossiers reçus présentent une évaluation de dose
pour la population, contre 86% pour les travailleurs.
Les doses estimées pour la population la plus exposée sont supérieures à 0,25 mSv/an pour trois
entreprises. Ces doses sont pour certaines dues aux déchets. Elles restent inférieures à la limite
réglementaire de I mSv/an pour la population mais sont supérieures aux doses à la population
dues aux INB. Cependant elles sont parfois estimées de façon assez imprécise et majorante, pour
des groupes de population parfois fictifs.
Les doses estimées pour les travailleurs les plus exposés sont supérieures à 1 mSv/an pour au
moins huit entreprises qui ont répondu à l'arrêté du 25 mai 2005. Ces doses sont pour certaines
liées à l'exposition aux déchets à radioactivité naturelle renforcée. Des inspections conjointes
ASN/DRIRE ont eu lieu dans la plupart de ces entreprises pour contrôler l'application de la
réglementation relative aux travailleurs exposés aux rayonnements ionisants.
Un bilan plus fin de l'exposition des travailleurs et de la population à la radioactivité naturelle
renforcée est en cours de finalisation par l'ASN/DIS [Réf. 50].

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 24


4. Les filières de gestion actuellement mises en oeuvre pour les déchets â. radioactivité
naturelle renforcée
4.1. Les dépôts de phosphogypses et de cendres de charbon
4.1.1. Les dépôts de phosphogypses

Pat le passé, une quantité significative de la radioactivité contenue dans les déchets a été rejetée
sous forme d'effluents, soit dans les rivières, soit dans la mer. C'est notamment le cas pour les
phosphogypses produits par les usines de fabrication d'acide phosphorique, servant lui-même à la
production d'engrais ou pour les boues contaminées issues de la prospection et de l'exploitation
des forages pétroliers. Le rapport de l'association Robin des Bois [Réf. 6] mentionne ainsi qu'en
1993, l'industrie européenne du phosphate a rejeté dans la mer 0,04 TBq d'uranium 238 et
0,5 TBq de polonium 210. C'est à la suite de plaintes de pêcheurs que cette pratique a été arrêtée
dans les années 80, conduisant les industriels à. trouver d'autres solutions.
Il a ainsi été décidé de stocker sur place les phosphogypses, sous forme de terrils L'association
Robin des Bois a recensé 5 dépôts de phosphogypses. Ces dépôts sont situés à Douvrin dans le
Pas de Calais (dépôt de 2 millions de tonnes), Wattrelos dans le Nord (dépôt de 5 millions de
tonnes), Anneville (dépôt de 17 millions de tonnes), Saint-Etienne du Rouvray (dépôt de 5
millions de tonnes) et Rogerville (dépôt de 2 millions de tonnes) en Seine-Maritime [Réf. 7]. Le
dépôt d'Anneville est équipé d'une membrane d'étanchéité à sa base.

Seuls les dépôts d'Anne ville, Saint-Etienne-du-Rouvray et Rogerville bénéficient d'un


-

encadrement réglementaire au titre des installations classées pour la protection de


l'environnement (ICPE). Une surveillance a été mise en place autour de ces trois dépôts. Elle ne
concerne que les paramètres chimiques. Les résultats de cette surveillance concluent pour le
dépôt d'Anneville à un marquage en sulfates des eaux souterraines dans le périmètre rapproché
du dépôt supérieur au seuil de potabilité, à des teneurs en sulfates dans les eaux du robinet à la
limite du seuil de potabilité et à une hausse des paramètres chimiques dans les eaux souterraines.
Pour le dépôt de Rogerville, la surveillance montre qu'il a un impact sur les teneurs en sulfates,
phosphore et cadmium des eaux souterraines sans que des valeurs ne soient indiquées. Les
résultatS de la surveillance autour du dépôt de Saint-Etienne-du-Rouvray ne sont pas connus.
Des diagnostics et études d'impact ont été réalisés pour les trois sites qui ont fait ou font l'objet
de projets d'aménagement : à Douvrin, projet d'aménagement d'une aire pour l'accueil des gens
du voyage, à Wattrelos, projet de création d'une base de loisirs, à Saint-Etienne du Rouvray,
construction de bâtiments pour une école d'ingénieurs.
Dans le cas de Douvrin, l'étude a montré un marquage radiologique au niveau d'un piézornètre et
des teneurs en éléments chimiques dont les sulfates dans les eaux souterraines supérieures aux
concentrations maximales autorisées pour la consommation humaine. Elle a conclu à la nécessité
de mettre en place des servitudes imposant une interdiction ou une restriction des usages de l'eau
souterraine dans un certain périmètre autour du site.
Dans le cas de Wattrelos, la dernière étude réalisée par l'IRSN aboutissait à des recommandations
sur la réalisation de l'aménagement du dépôt : par exemple, protection des travailleurs pendant le
remaniement, tri radiologique des matériaux excavés dans le cadre du remaniement de la zone,
mise en place de matériaux de couverture, balisage ultérieur du parc de loisirs, interdiction des
sports mécaniques, nécessité de suivre à long terme l'évolution radiologique des eaux souterraines
et de surface et le rayonnement gamma ambiant, mentionner dans une servitude d'utilité publique
la présence de matériaux contaminés sur le site [Réf. 28]. Par ailleurs, des analyses par
spectrométrie gamma sur des prélèvements d'eau réalisés au niveau du terril de phosphogypses et
dans un égout de la zone industrielle dans le cadre de l'étude de l'IRSN [Réf. 28] semblent
indiquer un transfert de contamination dans les eaux superficielles.

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 25


Dans le cas du dépôt de Saint-Etienne-du-Rouvray, des bâtiments (Ecole d'ingénieurs) ont été
construits sur l'emprise du stockage alors que l'Office de protection contre les rayonnements
ionisants (OPRI) avait recommandé le principe d'inconstrucdbilité sur le site en 1997. Un arrêté
préfectoral est en projet afin de modifier l'emprise du stockage pour céder la parcelle bâtie it la
Chambre de Commerce et de l'Industrie de Rouen [Réf. 7].

Des déchets technologiques de l'activité de production des acides phosphoriques, notamment les
filtres du procédé qui concentraient beaucoup la radioactivité, ont pu être enterrés dans des
décharges internes aux sites industriels. Il est assez difficile de connaître leurs localisations
précises aujourd'hui [Réf. 51]. Par ailleurs, dans certains cas, la démolition des ateliers de
production d'acide phosphorique a été réalisée sans contrôle radiologique et sans traçabilité des
matériaux contaminés. C'est le cas a minima des ateliers de Douvrin et de Wattrelos. A Wattrelos,
des activités en radium 226 jusqu'à 720 Bq/g ont été mises en évidence sur le dépôt de Leers â
proximité du dépôt de phosphogypses. Elle pourrait être due â la présence de déchets de
démolition de l'atelier de production d'acide phosphorique (débris de tuyauteries) [Réf. 7]. Dans
son étude [Réf. 28], l'IRSN recommande que le dépôt de Leers soit assaini et qu'une couverture
soit mise en place. Une partie des déchets issus du tri radiologique relèvera de la filière FAVL.

Une valorisation des phosph.ogypses a été pratiquée en France, jusque dans les années 1980 pour
la fabrication de plâtre. Cette activité a été arrêtée. Du fait de la présence en Europe de gisements
importants de gypse naturel, cette valorisation n'était pas économiquement intéressante.

4.1.2. Les dépôts de cendres

Les gestions du passé ont également conduit â la constitution de dépôts de cendres de centrales â
charbon. Une quarantaine de dépôts ont été identifiés par l'association Robin des Bois [Réf. 7].
Aucun n'est équipé d'une membrane d'étanchéité â. sa base. Ils se situent pour un tiers dans la
région Nord-Pas-de-Calais, mais sont présents au total dans 14 régions. Certains de ces dépôts
sont exploités pour la valorisation des cendres. Certains ont été en totalité « déstockés »
(Porcheville, Vaires-sur-Marne) [Réf. 7]. Les cendres actuellement produites par les centrales
charbon sont toutes valorisées.
La situation de ces dépôts est très hétérogène. Environ 25 % de ces dépôts sont la propriété
d'EDF, 25% la propriété de communes, 12% la propriété de l'Etablissernent Public Foncier du
Nord-Pas-de-Calais. Les autres propriétaires sont variés : industriels privés, ministère de
l'Agriculture, port Autonome de Nantes/Saint-Nazaire, Conseil Général des Landes, Bureau de
recherches géologiques et minières (BRGM), Office National des Forêts, .... La totalité de ces
dépôts est située à proximité de zones d'activités agricoles ou industrielles et d'habitations. Dans
certains cas, des envols de cendres ont été signalés. Certains sites ne sont pas clôturés ou
disposent d'une clôture endommagée.

Seule la moitié de ces dépôts bénéficie d'un classement au titre de la nomenclature des ICPE:
classement au titre de la rubrique 167a (déchets industriels provenant d'installations classées,
stations de transit) ou 167b (déchets industriels provenant d'installations classées, décharge) des
ICPE, dépôt dans le périmètre Seveso d'une usine, classement au titre de l'exploitation pour
valorisation des cendres du dépôt, .... Pour la majorité des dépôts classés ICPE ou inscrits dans
un périmètre ICPE, un suivi de la qualité des eaux souterraines a été mis en place pour les
paramètres chimiques. La périodicité de ce suivi est variable en fonction des sites : trimestrielle,
semestrielle ou annuelle. Les résultats de ces contrôles n'ont pas été transmis â l'association
Robin des Bois dans un tiers des cas environ. Pour les réponses qui ont été transmises
l'association, elles montrent systématiquement un marquage des eaux souterraines, avec des

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 26


dépassement des valeurs de constat d'impact 2 (VCI) ou des limites de potabilité pour 7 sites. Pour
2 sites autour desquels aucune surveillance n'a été mise en place mais qui ont fait l'objet d'un
diagnostic de la qualité des eaux et des sols et d'une évaluation simplifiée des risques, des
dépassements de valeurs de constat d'impact ont également été constatés.
Aucune surveillance de Penvironnement n'a été mise en place autour des dépôts qui ne
bénéficient pas d'un classement au titre de la nomenclature des ICPE. Des évaluations de risque
ont été réalisées pour quelques sites pour lesquels un changement d'usage était envisagé.

Aucun dépôt ne fait l'objet d'une surveillance de son impact radiologique.

Le devenir de ces dépôts est également hétérogène. Certains des sites ont d'ores et déjà été
réaménagés en totalité ou en partie, par exemple en zone de loisirs ou en golf (par exemple,
dépôts de Déchy, de Rouhling/Sarreguernines). Un lotissement a même été construit sur le dépôt
de Rouhling/Sarreguernines. Certains dépôts doivent être totalement « déstockés » d'ici les
prochaines années (par exemple, dépôts de Bouchain, de Gonfreville-l'Orcher). D'autres sont en
cours d'exploitation pour la valorisation des cendres (par exemple, dépôts d'Albi, de Vermelles),
ou font ou ont fait l'objet de projets d'aménagement (par exemple, dépôts de Coquelles, Givors,
Flagnac).

Pour faire l'objet d'une valorisation, les cendres doivent répondre à certaines caractéristiques
physicochitniques. Si ce n'est pas le cas, elles doivent être éliminées dans des installations
autorisées au titre de la rubrique 167 [Réf. 52].

4.2. L'élimination dans les centres de stockages autorisés par arrêté préfectoral

Dans ce document, les centres de stockage autorisés par arrêtés préfectoraux désignent les
centres de stockage de déchets dangereux, les centres de stockage de déchets non dangereux et
les centres de stockages de déchets inertes.

4.2.1. Les pratiques du passé

Certains centres de stockages de déchets autorisés par arrêtés préfectoraux ont reçu par le passé
des déchets présentant des activités massiques totales de quelques centaines de Bq/g.

C'est le cas par exemple du centre de stockage de déchets dangereux de Menneville, dans le Pas
de Calais, qui a reçu entre 1985 et 1987 environ 7 200 t de résidus de calcination provenant de la
société Hoechst en Hollande, dont l'activité massique totale est estimée à 300 Bq/g [Réf. 8]. Une
surveillance radiologique a été mise en place autour du stockage entre 1991 et 2005. Les mesures
étaient réalisées par la Commission de Recherche et d'Information indépendantes sur hi
Radioactivité (CRIIRAD), tous les 2 ans puis tous les 3 ans à partir de 1994, date de fermeture du
site. Elles concernaient le réseau de drainage des lixiviats ainsi que les eaux souterraines. L'activité

2La Valeur de Constat d'Impact (VCI) est une valeur guide française générique, utilisée dans le cadre de la méthode
nationale d'évaluation simplifiée des risques, permettant de constater l'impact de la pollution d'un milieu, en fonction
de son usage. Dans le cas des sols, les Valeurs de Constat d'Impact (VCI) sont développées pas le groupe de travail
"santé et environnement", sur une hase méthodologique d'évaluation des risques pour la santé humaine (études
génériques). Ces valeurs prennent en compte les risques chroniques pour la santé des populations liés à. l'usage actuel
des sites. Elles intègrent les différentes voies d'exposition des populations (inhalation, ingestion, contact cutané) et
sont définies pout deux types d'usage, l'un sensible (résidentiel avec potager), l'autre industriel. Elles sont définies
.

selon les critères français ou à. défaut par des valeurs guides allemandes, hollandaises ou américaines (Soil Steening
Levels). éfinition du dictionnaire de l'environnement sur www.dictionnaire-environnernent.corn)

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 27


du radium 226, radon 222, et plomb 210 était mesurée. En 2005, les indices d'activité alpha et
bêta globale ont été mesurés dans les eaux de la nappe pour comparaison avec les seuils fixés pat
l'OMS pour les eaux destinées à la consommation humaine. Toutes ces mesures n'ont révélé
aucune anomalie et l'exploitant envisage de faire une demande auprès de la préfecture pour
demander l'arrêt de la surveillance.

On peut également citer le centre de stockage de déchets non dangereux de Vif, en Isère, où ont
été stockés entre 1977 et 1992 environ 2 000 tonnes de résidus de procédé de fabrication
provenant de l'usine Cézus â jarrie, dont l'activité massique totale est estimée â 200 Bq/g [Réf. 8].
L'alvéole de stockage concernée a été fermée en 1998. L'arrêté préfectoral n°94-5069 impose un
contrôle radiologique semestriel des percolats de 3 piézomètres situés sur le site ainsi que sur l'eau
de la source Yvetot située en aval hydraulique du site. Ce contrôle est également réalisé par la
CRITRAD. Les résultats du dernier contrôle transmis par Areva [Réf. 53] montrent des activités
en radon 222 fluctuantes dans les percolats et l'eau souterraine, ce qui d'après la CRIIRAD
justifie la poursuite de la surveillance. En ce qui concerne les radionucléides naturels non gazeux,
la CRIIRAD a détecté le plomb 210 dans les fractions insolubles d'un piézomètre (0,24 Bq/1) du
fait de la présence de matières en suspension (très faible niveau d'eau en fond de piézomètre) et
des traces de plomb 212 (environ 0,05 Bq/1) dans les fractions insolubles de 2 piézométres.

4.2.2. Les pratiques actuelles

Les déchets de faible activité issus des secteurs manipulant des matières radioactives naturelles
ont été longtemps stockés dans des décharges destinées aux déchets industriels, ou aux déchets
ménagers, voire aux déchets du bâtiment.

A partir du début des années 90, les installations d'élimination ou de valorisation de déchets se
sont équipées de portiques de détection de la radioactivité, notamment du fait des évolutions
réglementaires. Ainsi, les arrêtés ministériels du 30 décembre 2002 [Réf. 54] (stockage de déchets
dangereux), du 9 septembre 1997 [Réf. 55] (stockage de déchets non dangereux), du 31 décembre
2004 [Réf. 56] (stockage de déchets inertes provenant d'installations classées) interdisent le
stockage de déchets radioactifs et imposent la mise en place d'un contrôle de non radioactivité ou
d'une procédure de détection de la radioactivité des chargements â l'entrée des centres de
stockage. Ces arrêtés expliquent qu'est considéré comme déchet radioactif tout déchet contenant
un ou plusieurs radionucléides dont l'activité ou la concentration ne peut être négligée du point
de vue de la radioprotection. Pour répondre â la réglementation, certains exploitants se sont
équipés de portiques de détection de la radioactivité et ont alors refusé de prendre en charge les
déchets ayant conduit â un déclenchement du portique.

Confrontée â la. double préoccupation de faire respecter l'interdiction de réception de déchets


radioactifs dans les centres de stockage de déchets dangereux ou non dangereux, tout en évitant
de bloquer l'élimination de déchets naturellement radioactifs, la direction générale de la
prévention des risques (DGPR) du ministère chargé de l'environnement a transmis aux préfets
différentes circulaires en vue de clarifier les règles d'acceptation des déchets â radioactivité
naturelle renforcée dans les centres de stockage.
La dernière circul ire en date du 25 juillet 2006 [Réf. 57] précise que l'acceptation de tels déchets
est possible s'il est démontré que leur impact est négligeable du point de vue de la
radioprotection. L'appréciation de ce caractère négligeable doit être réalisée par l'exploitant du
centre de stockage, sur la base des déclarations faites par le producteur de déchets et, si
nécessaire, avec l'aide d'experts compétents. Cette appréciation est basée sur une étude
d'acceptabilité présentant l'impact radiologique associe â l'élimination des déchets. Pour aider à la
réalisation de l'étude d'acceptabilité, un guide méthodologique a été mis en ligne sur les sites

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 28


Internet de l'IRSN et du Ministère de l'Ecologie, de l'Energie, du Développement durable et de
l'Aménagement du territoire (MEEDDAT) [Réf. 58]. Cette circulaire du 25 juillet 2006 ne fixe
pas de limite d'activité radiologique aux déchets reçus. Bien qu'elle mentionne comme critère
d'acceptabilité la limite de 1 mSv par an en valeur ajoutée au rayonnement naturel pour le groupe
de population le plus exposé, elle fait mention d'une autre dose, devant constituer un objectif, qui
est de l'ordre de quelques di7aines de gieverts par an. Il n'est pas demandé une évaluation de la
capacité de rétention des radionucléides sur le long tenue, mais l'exploitant doit justi fi er que les
dispositions limitant toute possibilité de transfert de radioactivité dans l'environnement existent
sur l'installation. Dans le cas où une installation reçoit des déchets â radioactivité naturelle
renforcée, les analyses de la composition des eaux souterraines doivent être adaptées aux risques
susceptibles d'être engendrés par ces déchets. Le guide rédigé par l'IRSN précise quant è lui que
les mesures de surveillance, comprenant notamment un point zéro de la connaissance de l'état
radiologique du centre, doivent montrer qu'il n'y a pas d'évolution constatée de l'état radiologique
du centre, du fait de la prise en charge des déchets à radioactivité naturelle renforcée.
A l'issue de l'exploitation de l'installation et au vu des résultats des mesures effectuées lors de la
période d'activité, des prescriptions spécifiques â la surveillance radiologique du site pourront être
prévues dans l'arrêté préfectoral post-exploitation. En outre, le stockage de déchets à radioactivité
naturelle renforcée devra être mentionné dans les servitudes d'utilité publique.
Cette circulaire ne limite pas la réception de déchets â radioactivité naturelle renforcée aux centres
de stockage de déchets dangereux. Ainsi, certains déchets â radioactivité naturelle renforcée,
considérés comme non dangereux du fait de leurs caractéristiques chimiques peuvent être
éliminés dans des centres de stockage de déchets non dangereux ou des centres de stockages de
déchets inertes provenant d'ICPE afin d' « économiser » les capacités de stockages de déchets
dangereux.
Enfin, cette circulaire précise qu'elle ne vise pas â permettre un apport régulier et prépondérant
de déchets à radioactivité naturelle renforcée dans les centres de stockage autorisés par arrêtés
préfectoraux car il relèverait dans ce cas d'un processus de modification notable des conditions
d'exploitation.

Compte tenu des activités massiques des déchets stockés, les centres de stockage autorisés par
arrêté préfectoral ne sont pas susceptibles d'entrer sous le régime INB. En effet, le décret
n.°2007-830 du 11 mai 2007 relatif â la nomenclature des instillations nucléaires de base [Réf. 59]
maintient l'exclusion qui préexistait concernant les substances radioactives dont l'activité
massique est inférieure â 100 Bq/g. Ces substances ne sont pas comptabilisées dans le calcul du
coefficient Q dont la valeur détermine si une installation doit entrer ou pas sous le régime INB (la
valeur du coefficient Q doit être supérieure â 10' pour qu'un centre de stockage soit une INB).
L'activité massique totale des déchets â radioactivité naturelle renforcée qui sont et seront stockés
dans les centres de stockage autorisés par arrêté préfectoral est inférieure â 100 Bq/g. La valeur
du coefficient Q pour ces installations est donc égale â zéro.

Il ressort des entretiens menés dans le cadre de l'étude citée [Réf. 51] que la méthode utilisée pour
décider de l'acceptation de déchets â radioactivité naturelle renforcée est relativement complexe.
Elle nécessite la réalisation d'études d'impact par des spécialistes de la radioprotection. Elle peut
conduire de fait â ce que seuls quelques centres de stockage mettent réellement en œuvre cette
pratique, et â ce que les producteurs de déchets à radioactivité naturelle renforcée se trouvent
confrontés â des difficultés pour l'élimination de leurs déchets (refus de prise en charge par
exemple).

Tin courrier conjoint ASN/DGPR a été adressé aux Préfets de départements le 19 novembre
2008 [Réf. 60] afin qu'ils transmettent à. l'ASN et à la DGPR une synthèse des centres de
stockage o ù a été mise en œuvre la circulaire du 25 juillet 2006. Au 12 mai 2009, 72% des

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 29


départements avaient répondu. Les réponses à ce courrier font apparaître que seuls les centres de
stockage de déchets dangereux de Bellegarde (Gard) [Réf. 61 ] et de Villeparisis (Seine-et-Marne)
[Réf. 62] ont mis en œuvre la circulaire du 25 juillet 2006 et acceptent des déchets à radioactivité
naturelle renforcée. Ces centres ont pris en charge sur la période 2000-2008 respectivement
65 000 t et 20 000 t de déchets à radioactivité naturelle renforcée ce qui représente
respectivement 4,8 % et 1,3% de la totalité des déchets pris en charge sur cette même période.
Une surveillance radiologique de l'environnement a été mise en place (eaux souterraines et
lixiviats).

D'après les précisions obtenues par contact téléphonique avec la DRIRE Basse-Normandie, le
centre de stockage de déchets non dangereux de Livry (Calvados) en a accepté de faibles volumes
jusqu'en 2007 (1% de sa capacité totale de stockage). Les déchets qui y était envoyés sont
maintenant dirigés vers le centre de stockage de Villeparisis (Seine-et-Marne).
Le centre de stockage de déchets non dangereux de Pagny-sur-Meuse a accepté récemment de
faibles quantités (moins de 100 kg) de déchets à radioactivité naturelle renforcée à la suite d'un
déclenchement de portique. C'est la cas également du centre de stockage de déchets non
dangereux de Brive la Gaillarde où ont été pris en charge récemment un lot de plaques de plâtre
BA13 issues de l'école d'infirmières du CHU de Limoges.

4.2.3. L'exemple du centre de stockage de déchets dangereux de Bellegarde

La société SITA, filiale du groupe Suez, stocke sur son site de Bellegarde, dans le Gard, des
déchets à radioactivité naturelle renforcée depuis les années 90. Le centre de Bellegarde constitue
une traduction concrète de la doctrine développée par le ministère en charge de l'environnement
depuis la fm des années 90.

Le centre de Bellegarde a reçu environ 65 000 tonnes de déchets à radioactivité naturelle


renforcée sur la période 2000-2008. Le centre de Bellegarde 1 en contient 21 600 t, celui de
Bellegarde 2 en contient 37 900 t.

Le centre de stockage de déchets de Bellegarde est exploité depuis 1979. Il s'agit d'une ancienne
carrière d'argile, située à environ une quinzaine de kilomètres de Nîmes. L'ancienne carrière est
toujours exploitée par la société Calcia, mais 6,5 ha ont été dédiés aux activités de stockage de la
SITA, pour le premier centre de stockage appelé également Bellegarde 1. SITA a cessé
l'exploitation de ce premier centre en 2000. Environ 2 millions de ni de déchets y sont stockés,
notamment des déchets industriels spéciaux.

SITA a demandé l'extension des capacités de stockage, pour le centre Bellegarde 2, qui n'a cette
fois-ci plus de lien avec Calcia. SITA est autorisée à exploiter ce centre de stockage sur 18 ha, ce
qui donne une capacité de stockage de 3 millions de m ' de matériaux. Compte tenu du rythme
.

annuel de remplissage, le stockage devrait continuer son activité jusqu'en 2029. A l'activité de
stockage de déchets dangereux s'est ajouté le stockage de déchets non dangereux.

Le site de Bellegarde est implanté sur une couche de 300 m d'argile. La carrière d'argile sur
laquelle a été bâti le premier centre de stockage faisait environ 70 mètres de profondeur.

La limite annuelle de déchets stockés s'élève à 180 000 in 3 par an. Les deux tiers des déchets
stockés sont stabilisés (limitation de la lixiviabilité des déchets par injection dans un coulis) dans
une usine implantée sur le site du stockage.

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 30


SITA a demandé â la société Algade [Réf. 63] de réaliser une étude d'acceptation générique pour
les déchets ä radioactivité naturelle renforcée. Cette étude d'acceptation a été effectuée pour des
lots de déchets de 500 tonnes maximum par an et d'activité massique (produit sec) inférieure â. 5
Bq/g pour chaque radionucléide de la chaîne de l'uranium 238 et inférieure ä 1 Bq/g pour chaque
radionucléide de la chaîne du thorium 232. Les doses estimées pour les travailleurs et pour ces
lots de déchets sont inférieures a. 1 mSv ce qui permet de considérer que la radioactivité de ces
lots de déchets est négligeable du point de vue de la radioprotection et de pouvoir les accepter sur
le centre de stockage. Pour les lots de déchets de volume supérieur à 500 tonnes ou d'activité
massique supérieure, il est alors nécessaire de réaliser une étude d'impact spécifique.
Les déchets â radioactivité naturelle renforcée stockés par SITA à Bellegarde sont uranifères avec
des activités en uranium 238 comprises entre 0,1 et 7,7 Bq/g. Les activités en thorium 232 sont
toutes inférieures à. 0,65 Bq/g [Réf. 61]. Environ 6 000 tonnes de déchets d'activité en uranium
238 de 7,7 Bq/g ont été acceptés sur le centre de stockage sur la base des conclusions d'une étude
d'acceptation spécifique.

Concernant l'origine des producteurs, sur la période 2000-2007, 16 producteurs ont livré 28 types
de déchets ä radioactivité naturelle renforcée différents, dont 9 produits par la SEPR, filiale du
groupe Saint-Gobain produisant des réfractaires pour les fours verriers, ce qui représente les trois
quarts du tonnage. Les s ilicates de soude représentent ä eux seuls 43% du tonnage réceptionné.

La part des déchets ä radioactivité naturelle renforcée devant faire l'objet d'une stabilisation est de
80% (46 206 tonnes sur 59 900 tonnes). En cela, l'usine de stabilisation est une zone stratégique
pour les contrôles radiologiques (radon, poussières et débit de dose).
Les déchets reçus sont principalement sous forme de boues et de fines/poussières denses (sables,
silices acides...).

Comme tous les déchets entrant dans les centres de stockages de déchets dangereux ultimes, le
déchet fait l'objet d'une caractérisation de base :
• un test de lixiviation sut 24 heures selon la norme X30-402-2 [Réf. 64] ;
• une vérification du respect des seuils d'acceptation de l'arrêté ministériel du 30 décembre
2002 [Réf. 54].

SITA effectue également un suivi mensuel des débits de dose induits, en fonction du tonnage
réceptionné. Ce suivi montre que les doses restent faibles, puisque la dose efficace, tous
opérateurs confondus, ne dépasse pas 165 microSieverts sur une année glissante.

En matière de contrôle de la radioactivité dans l'environnement, les deux stockages de Bellegarde


1 et Bellegarde 2 ont fait l'objet de l'établissement d'états des lieux radiologiques en 1993 et en
2001 par la CRIIRAD. Ces états des lieux ont permis de connaître les activités radiologiques
naturellement présentes dans les sols et les eaux des nappes phréatiques du site. La CRIIRAD
continue depuis à effectuer annuellement des mesures de radioactivité dans l'environnement du
centre. Des analyses annuelles par spectrométrie gamma sont effectuées sur les eaux souterraines
(eaux brutes et filtrat concentré). De plus, des analyses par spectrométrie gamma sont effectuées
sur les lixiviats du centre de stockage de déchets dangereux (eaux brutes, filtre et filtrats).
Ponctuellement, d'autres analyses sont réalisées en sus du programme de suivi (indice alpha, bêta,
dosage au tritium).

En plus du suivi réalisé depuis 1993 par la CRIIRAD, la DRIRE a demandé en 2000 des
contrôles supplémentaires au niveau des postes de travail, qui ont été confiés à la société Algade.
D'autres paramètres font donc l'objet d'une surveillance radiologique. Algade réalise ainsi le
contrôle radiologique annuel des parois des fosses de l'usine de stabilisation, le contrôle de

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 31


l'énergie alpha potentielle des isotopes du radon et le contrôle des émetteurs alpha â vie longue
dans l'ambiance de travail, le contrôle les débits de doses aux postes les plus exposés et le
contrôle de l'empoussièrement en zone de déchargement.

Pour ce qui concerne le suivi radiologique des eaux souterraines, le seul radionucléide détecté est
le radon 222, dont l'activité maximale mesurée est de 40 Bq/P. L'ensemble des valeurs mesurées
en radon 222 est de l'ordre de grandeur du bruit de fond local en radon 222 dans les eaux
souterraines qui est compris entre 1 et 20 Bq/1.

Pour ce qui concerne la mesure des indices alpha et bêta des eaux souterraines, les valeurs
relevées restent inférieures aux valeurs guide présentées dans la circulaire DGS/EA4/2007/232
du 13 juin 2007 relative au contrôle et â la gestion du risque sanitaire liés â la présence de
radionucléides dans les eaux destinées à la consommation humaine, â l'exception des eaux
conditionnées et des eaux minérales naturelles (< 0,1 Bq/1 pour les émetteurs alpha et < 1 Bq/1
pour les émetteurs bêta) [Réf. 42].

Les analyses de la CRIIRAD montrent que les niveaux de tritium dans les eaux de la nappe sont
stables et du même ordre de grandeur que ceux qu'on observe, en général, dans les eaux
souterraines peu profondes.

Pour ce qui concerne les eaux des lixiviats, des analyses ont été réalisées sur 3 puits de Bellegarde
I. Les seals radionucléides détectés ont été le potassium 40, avec des activités comprises entre 2
Bq/kg et 400 Bq/kg, le radon 222 avec des activités comparables aux eaux souterraines (de 1 à 20
Bq/kg) et le césium 137 (0,1 Bq/kg â 6 Bq/kg), dont l'activité correspond au bruit de fond dià
aux essais nucléaires et aux retombées de Tchernobyl. Compte tenu des résultats, à partir de
2002, le suivi a été recentré sur les lixiviats du bassin collectant l'ensemble des lixiviats du site.
L'activité en radon est restée négligeable depuis 2002, hormis en 2004 où SITA a constaté un pic
â 80 Bq/g, sans que l'on soit réellement capable d'en tirer des conclusions sur un possible lien
entre l'activité des déchets reçus et l'augmentation du radon 222 dans les lixiviats.

Les contrôles de débit de dose par irradiation montrent que les débits de dose restent inférieurs
aux valeurs donnant lieu â la nécessité d'établir une zone surveillée du point de vue de la
radioprotection (<0,5 j..tSievert par heure). Les mesures effectuées sur l'empoussièrenient
zones de travail montrent des valeurs légèrement inférieures aux valeurs prises en compte dans
les calculs de dose par incorporation. Enfin, le contrôle de l'énergie alpha potentielle de
l'atmosphère de travail pour évaluer le risque d'inhalation de radon, ne montre pas d'exposition
significative ou d'évolution sur les années écoulées. Les valeurs sont cohérentes avec les niveaux
d'exposition d'origine naturelle mesurés lors de l'état radiologique initial.

On retient de cet état des lieux que la pratique consistant â recevoir des quantités significatives de
déchets â radioactivité naturelle renforcée peut, sous certaines conditions, être réalisée sans
conséquence majeure du point de vue de la radioprotection et sur l'environnement. Toutefois,
elle se pratique dans un centre de stockage de déchets dangereux implanté sur une couche de 300
tu d'argile (la réglementation impose une épaisseur de 5 m) et 80% des déchets font l'objet d'une
stabilisation, ce qui renforce la robustesse du confinement des radionucléides. Enfin, les déchets
reçus ne dépassent pas certaines limites d'activité radiologique (10 Bq/g en émetteurs alpha).

3Les "Directives de qualité pout l'eau de boisson" de l'OMS et la Commission Européenne recommandent de mettre
en place des contrôles, dosages répétés par exemple, si le radon dépasse 100 Bq/I dans le système public
d'approvisionnement.

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 32


4.2.4. Les centres de stocka .e de déchets non dan creux et les centres de stocka 'e de
déchets inertes provenant d'ICPE

Selon les études reçues dans le cadre de l'arrêté du 25 mai 2005, une partie des déchets â
radioactivité naturelle renforcée est éliminée dans des centres de stockage de déchets non
dangereux ou dans des centres de stockage de déchets inertes provenant d'ICPE. C'est le cas par
exemple de certains déchets réfractaires ou de boues issues du traitement de l'eau destinée â la
consommation humaine. En réponse au courrier conjoint ASN/DGPR [Réf. 60], seul le
département du Calvados a répondu avoir stocké des déchets â, radioactivité naturelle renforcée
dans le centre de stockage de déchets non dangereux de Livry entre 1995 et 2007 [Réf. 65] ; les
centres de stockage de Pagny-sur-Meuse (Meuse) et Brive la Gaillarde (Corrèze) n'en ont pris en
charge que très ponctuellement. Aucune surveillance particulière n'a été mise en place autour du
centre de stockage de Livry et le seul contrôle â l'arrivée sur le centre du chargement consistait en
une mesure du débit de dose qui devait rester inférieur à. 1,5 I.LSv/h.
L'étude remise par la société Valoref dans le cadre de l'arrêté du 25 mai 2005 [Réf. 25] précise que
pour les déchets â radioactivité naturelle renforcée qui sont éliminés en centre de stockage de
déchets non dangereux, le contrôle des déchets consiste également en une mesure du débit de
dose.

Les informations collectées dans le cadre de l'arrêté du 25 mai 2005 et les réponses au courrier
conjoint ASN/DGPR ne sont donc pas cohérentes. Soit les centres de stockage concernés n'ont
pas répondu au courrier conjoint ASN/DGPR, soit certains déchets à radioactivité naturelle
renforcée pris en charge dans les centres de stockage de déchets non dangereux ou dans les
centres de stockage de déchets inertes provenant d'ICPE ne font pas l'objet d'une étude
d'acceptabilité.

4.3. Le Centre de stockage de déchets de très faible activité de l'Andra (CSTFA)

Répondant au besoin identifié â la fin des années 90 de disposer de filières de gestion spécifiques
pour les déchets produits dans les zones à déchets nucléaires des INB, l'Andra a mis en service â
Morvilliers en 2003, â quelques km de Soulaines, un centre de stockage des déchets de très faible
activité (CSTFA). Le CSTFA est destiné â accueillir au cours des trente prochaines années
650 000 m 3 de déchets provenant pour l'essentiel du démantèlement des installations nucléaires
françaises arrêtées au moment de l'autorisation du centre. Il est construit sur un environnement
géologique favorable : une couche argileuse très homogène de 15 â 25 mètres d'épaisseur
constitue la roche d'accueil du centre. Ses propriétés, son impeintéabilité en particulier, sont
essentielles à la sareté du stockage. Les circulations d'eau sont très faibles dans la formation sur
laquelle repose la couche d'argile exploitée. La présence d'une nappe captive sous le site de
stockage a été prise en compte afin de s'assurer que les alvéoles de stockage soient toujours au
dessus du niveau supérieur que pourrait atteindre cette nappe.

Les critères d'acceptation pour l'uranium sont exprimés dans les spécifications publiées par
l'ANDRA en 2003 (10 Bq pour un lot de déchets, avec un maximum de 100 Bq/g dans un fat).
Ainsi, depuis l'ouverture du CSTFA, 310 rn3 de déchets à radioactivité naturelle renforcée ont été
admis, sur un total d'environ 115 000m 3 de déchets admis [Réf. 29].

La surveillance environnementale est décrite dans le plan de surveillance de l'environnement de


l'installation. La surveillance radiologique concerne les rejets liquides, les sédiments du réseau
pluvial et de ruisseau, les eaux de lixiviation collectées dans les alvéoles de stockage, la dosimétrie

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 33


de clôture, les eaux collectées dans les installations, les eaux souterraines, les eaux de ruisseau, l'air
atmosphérique, la chaîne alimentaire et les végétaux non cultivés.

4.4. Les différences entre le CSTFA et un centre de stockage de déchets dangereux

Le concept de stockage du CSTFA est assez similaire a celui d'un centre de stockage de déchets
dangereux, il reprend notamment les principes fondamentaux d'un confinement principalement
apporté par une argile suffisamment imperméable et par une barrière de type membrane
géotextile qui participe au drainage et a la collecte des lixiviats.

Il est possible d'identifier quelques différences, notamment sur le type de déchets reçus du point
de vue physico-chimique. Bien que le CSTFA reprenne des critères d'admissibilité des déchets
replis par la réglementation des stockages de déchets dangereux, et notamment la norme X30-
402-2 [Réf. 64] sur la lixiviation des déchets, sa sûreté est appréhendée par une méthodologie
propre aux centres de stockage de déchets radioactifs.

Tout d'abord la circulaire du 10 juin 2003 relative aux installations de stockage de déchets
dangereux [Réf. 66] précise la liste des paramètres a contrôler retenue dans l'arrêté du 30
décembre 2002 [Réf. 54] : le chrome, l'arsenic, le baryum, le cuivre, le molybdène, l'antimoine, le
sélénium, le Carbone organique total (COT), les fluorures. Les éléments radioactifs comme
l'uranium, le thorium ou lc radium ne font pas partie de la liste.

Ensuite, la conception et les modalités d'exploitation des centres de stockage de déchets stabilisés
ultimes respectent les obligations de moyens imposées par la réglementation applicable. C'est
l'application de cette réglementation qui est censée garantir la sureté de ces stockages. Pour les
stockages des déchets radioactifs, il s'agit, a partit des dispositions de conception et d'exploitation
proposées, de démontrer la sûreté pendant l'exploitation, pendant la phase de surveillance du
stockage ainsi qu'a long terme. C'est une approche par obligation de résultat.
Ce résultat s'apprécie par le niveau d'exposition radiologique des travailleurs et du public
comparé a une contrainte de dose correspondant a une fraction de la limite d'exposition
réglementaire. Pour ses stockages, l'Andra adopte une contrainte de dose de 5 mSv par an pour
les travailleurs et de 0,25 mSv par an pour le public, soit le quart de la limite réglementaire. Pour
les aspects chimique, l'Andra a dressé une liste de toxiques chimiques et en "évalue l'impact traduit
en fraction de la limite de concentration acceptable pour les toxiques à effet systémique ou en
probabilité additionnelle de risque pout les toxiques a risque stochastique. Les relâchements de
polluants s'évaluent en tenant compte de la chimie du stockage et des eaux infiltrées.

Il est a noter que pour les centres de stockage de déchets autorisés par arrêté préfectoral,
l'acceptabilité de déchets à radioactivité naturelle renforcée s'examine également par une étude
d'impact en utilisant une contrainte de dose de 1 mSv par an pour les travailleurs, ceux-ci n'étant
pas habilités à travailler en milieu ionisant.

La durée de la phase de surveillance est de 30 ans pour les centres de stockage de déchets
dangereux, tout comme pour le CSTFA.

Les différences de méthodologie peuvent expliquer les raisons pour lesquelles l'acceptation des
déchets émetteurs alpha a vie longue est différente entre un centre de stockage de déchets
autorisé par arrêté préfectoral et le CSTFA. Des déchets contaminés par du thorium, issus de la
réhabilitation d'un site pollué a Pargny-sur-Saulx, n'ont pas été acceptés par l'Andra au CSTFA,
compte tenu de la limite extrêmement basse en thorium dans les critères d'acceptation du

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 34


CSTFA, or, ils seraient potentiellement acceptés dans un centre de stockage de déchets autorisé
par arrêté préfectoral, car aucune limite en activité ne leur est a priori applicable et les critères
d'acceptation sont globalement fixés par rapport A la dose en exploitation normale ou
accidentelle, mais ne prennent pas en compte certains phénomènes susceptibles de se produire A
long ternie.

4.5. La gestion sur les sites de production

Une partie des déchets à radioactivité naturelle renforcée reste entreposée provisoirement sur les
sites industriels. Cet entreposage sur site peut s'expliquer par le fait que la filière d'élimination
identifiée pour les déchets n'est pas encore en exploitation. C'est le cas pour les déchets en
attente de stockage dans le futur centre de stockage pour les déchets FAVL (cas des déchets de
Rhodia et de Cézus, mais également par exemple déchets entreposés en extérieur, bâchés, A.
Serquigny ou déchets de démantèlement d'un atelier de fabrication d'acide phosphorique
entreposés sur le site de Rogerville dans un bunker).
Il s'explique également pas le fait que certains déchets ont été refusés dans les centres de stockage
de déchets autorisés par arrêté préfectoral parce qu'ils ont fait déclencher des portiques de
détection de la radioactivité. Ces déchets ont donc été retournés chez les producteurs des déchets
et sont alors en attente d'une nouvelle solution de gestion (attente des résultats d'une étude
d'acceptabilité chms un centre de stockage de déchets autorisé par arrêté préfectoral ou attente
d'acceptation au CSTFA). Néanmoins, l'absence de filière clairement identifiée pour les déchets â
radioactivité naturelle renforcée ne facilite pas la gestion de ces déchets par les industriels.

Une partie des déchets A radioactivité naturelle renforcée est gérée sur les sites industriels dans
des décharges internes autorisées par arrêtés préfectoraux. Les mesures de surveillance de
l'environnement autour de ces décharges ne sont pas connues sauf dans le cas de la décharge
interne de la société Aluminium Péchiney autour de laquelle des mesures de radon sont réalisées
[Réf. 151.

4.6. Le Centre de stockage pour les déchets de faible activité à vie longue (FAVL)

Conformément à la loi du 28 juin 2006, l'Andra développe un projet de stockage pour les déchets
de faible activité è vie longue (FAVL) prioritairement pour disposer d'une solution d'élimination
définitive pour les déchets de graphite qui seront produits par le démantèlement des réacteurs
uranium-naturel-graphite-gaz. Ce centre de stockage qui sera exploité par l'Andra doit aussi
permettre de stocket de façon définitive lés déchets radiféres, qu'ils proviennent d'activités
historiques telles que la mise au point de procédés de concentration de minerai d'uranium ainsi
que de la réhabilitation de sites industriels contaminés par du radium ou du thorium, ou du
traitement de minerais contenant des terres rares utilisés pour la fabrication de composants
électroniques (résidus radifères ou les résidus solides banalisés de Rhodia) ou encore du
traitement de la zircone (déchets de carbo-chloration de Cézus). La possibilité de prendre en
charge d'autres déchets (déchets bitumeux, sources scellées, ...) dans ce centre est également à
l'étude. Le processus de choix de site pour le centre de stockage de déchets FAVL est en cours.
L'Andra envisage deux concepts de stockage pour les déchets FAVL : le stockage en couverture
remaniée et le stockage en couverture intacte. Pour les déchets de graphite, l'ASN considère que
seule l'option d'un stockage à couverture intacte peut être envisagée. Pour les déchets radifères,
l'ASN considère qu'il pourrait être intéressant de conserver ouverte l'option de création d'un

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 35


centre de stockage ä couverture remaniée, mais que cette option ne doit être envisagée que si elle
ne fragilise pas le processus en ce qui concerne les déchets de graphite.
Ce centre de stockage FAVL devrait être exploité it partir de 2019.

5. Les pratiques A l'international


5.1. Les recommandations sur la libération

Sachant qu'il n'est pas à l'ordre du jour de revenir sur les pratiques de libération ou de gestion par
concentration-con finement pour les déchets radioactifs, le problème qui se pose est de définir,
pour certaines activités, des pratiques acceptables de gestion des déchets à radioactivité naturelle
renforcée. Or il apparaît que tous les déchets des secteurs définis par l'arrêté du 25 mai 2005
[Réf. 2] ne poseront pas les mêmes problèmes de radioprotection, qui seront en réalité limités
certains déchets de certains types d'activités.
Le document RS-G-1.7 de l'AIEA [Réf. 67] donne comme valeur en activité massique pouvant
être utilisée comme seuil d'exemption ou de libération la valeur de I Bq/g pour chaque
radionucléide d'origine naturelle autre que le potassium 40, pour lequel le seuil est établi à
10 Bq/g. Or, les déchets stockés au centre de stockage de déchets dangereux de Bellegarde ont
des activités comprises entre 0,1 et 8 Bq/g en uranium 238. Une application stricte des seuils de
libération préconisés par l'AIEA ne permettrait pas de conclure que les déchets stockés
Bellegarde ou dans d'autres centres de stockage autorisés par arrêtés préfectoraux ne nécessitent
pas de précaution du point de vue de la radioprotection.

La Commission européenne a publié en 2001 un guide sur l'utilisation des concepts de libération
et d'exemption aux sources de rayonnements naturels. Le guide RP 122 [Réf. 68] établit, à partir
d'un critère maximal d'exposition du public et des travailleurs, fixé â 0,3 mSv par an, des seuils
d'exemption et de libération pour les déchets à radioactivité naturelle renforcée, en fonction des
différentes filières de gestion envisageables, qu'il s'agisse d'un stockage en surface des résidus ou
d'une réutilisation dans les matériaux de construction.

Cela conduit â fixer des seuils pour différents types de matériaux. Les valeurs figurant dans le
tableau ci-dessous s'appliquent à l'uranium 238, à l'uranium 235 et au thorium 232 en considérant
que leurs produits de filiation (radium 226...) sont à l'équilibre séculaire, c'est-à-dire qu'ils
présentent individuellement le même niveau d'activité que leur père (ils n'en ont pas été séparés
chimiquement).

Tableau 8 : Exemples de seuils de libération possibles établis par le guide RP122 de la


Commission Européenne [Réf. 68]

Cendres (Bq/g) Résidus solides Boues Scories


(Bq/g) (Bq/g) (Bq/g)
Uranium 238 0,68 0,43 5,6 0,43
séculaire
Uranium 235 0,73 0,73 9,2 0,73
séculaire
Thorium 232 0,49 0,3 3,9 5,4
séculaire
Potassium 40 9,9 4,2 78 4,2


Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 36
Ainsi, la stricte application des recommandations internationales sur la libération des déchets sur
la base de seuils fie saurait à elle seule résoudre le problème. Néanmoins, il devrait être possible
de définir des niveaux d'activité de référence, pour lesquels il n'est pas craint a priori des effets
sur l'homme du fait de la valorisation de déchets a. radioactivité naturelle renforcée ou de leur
stockage en centre de stockage de déchets autorisé par arrêté préfectoral, dangereux ou non
dangereux.

5.2. Les pratiques réglementaires et industrielles à l'étranger

On constate des disparités sur la manière dont les différents pays ont pu réglementer la gestion
des déchets à radioactivité naturelle renforcée. On notera toutefois globalement une tendance
identique à privilégier &saunais des solutions de type « concentration-confinement » dans des
stockages pout les déchets les plus actifs, plutôt qu'une dilution via les effluents liquides, et la
volonté de libérer des contraintes de radioprotection des déchets de moindre activité, ce qui
permet la valorisation de quantités importantes de matériaux très faiblement contaminés.

Les pays dont les industriels exploitent les gisements pétroliers de la mer du Nord apparaissent en
avance pour gérer ce type de situation ; la Norvège prévoit ainsi de créer une installation de
stockage dédiée pour les déchets a radioactivité naturelle renforcée les plus actifs. D'autres pays,
comme la Suède ou la Belgique, sont dans des situations assez comparables a la France, avec un
questionnement d'ordre général sur le devenir de ces substances.

On note à cet égard un renforcement des préoccupations de l'Agence Internationale de l'Energie


Atomique dans le domaine, qui travaille depuis plusieurs années sur un guide de sûreté DS421
« La protection du public contre les expositions aux sources de radioactivité naturelle, incluant les
résidus de matériaux contenant de la radioactivité naturelle ». Les différents projets de guide de
l'AIEA sur le sujet, qui étaient au départ séparés en fonction des différents enjeux
(radioprotection des travailleurs dans les industries manipulant des substances radioactives
naturelles, impact de ces activités pour le public, gestion des déchets à radioactivité naturelle
renforcée) ont été refondus en un seul. Les autorités de sûreté et de radioprotection des pays
miniers de la planète, pays qui concentrent la majorité des activités de traitement donnant lieu à la
production de déchets à radioactivité naturelle renforcée (Australie, Canada et Afrique du Sud),
sont particulièrement attentifs aux nouvelles contraintes qui pourraient ressortir des nouvelles
recommandations de l'AIEA dans le domaine.

Au niveau européen, la nécessité de mieux connaître les doses reçues globalement du fait de la
radioactivité naturelle (qu'elle soit renforcée ou pas, incluant toutes les pratiques et pas seulement
la gestion des déchets), fait l'objet d'un chapitre de la directive 96/29 sur la radioprotection. Les
discussions se poursuivent entre autorités de radioprotection et Commission européenne au sein
de groupes de travail en vue d'harmoniser les points de vue.

Les seuils de libération (permettant è un déchet de ne plus faire l'objet de contraintes de


radioprotection) qui ont pu être fixés dans certains pays, par exemple aux Pays-Bas (100 Bq/g
pour le polonium 210), apparaissent relativement élevés par rapport aux seuils de libération
génétiques établis dans le guide RP 122 [Réf. 68] (5 Bq/g pour le polonium 210). Les autorités
néerlandaises ont tenu compte d'un principe de réalité, en établissant des seuils sur la base de
scénarios d'exposition spécifiques aux déchets produits par leurs industriels. Au contraire, les
seuils permettant de libérer un site contaminé par des substances radioactives naturelles fixé par
l'Agence de protection de l'environnement des Etats Unis sont très bas (0,185 Bq/g pour les

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 37


émetteurs alpha). Il n'apparaît pas aisé d'harmoniser les réglementations sur le sujet, compte tenu
des enjeux très différents que peut revêtir la gestion de ces déchets à l'échelle de la planète.

6. Les améliorations à apporter aux pratiques industrielles et réglementaires


6.1. La connaissance de l'inventaire des déchets produits

La maîtrise de la gestion des déchets passe d'abord par une meilleure connaissance de l'inventaire
des déchets produits, afin de les orienter vers la filière La mieux adaptée.
Un des problèmes posés lors de l'élaboration du Plan national de gestion des matières et des
déchets radioactifs entre 2003 et 2006 était la relative méconnaissance des déchets à radioactivité
naturelle renforcée produits, tant en termes de volume que d'activité radiologique. Sur ce point,
les études remises par les industriels conformément aux dispositions de l'arrêté du 25 mai 2005
[Réf. 2] et les études réalisées par l'association Robin de Bois [Réf. 6], [Réf. 7] ont été utiles pour
identifier, parmi les catégories d'activités visées, quelles étaient celles qui étaient susceptibles de
produire des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée.
Les annexes 2 et 3 de l'arrêté du 25 mai 2005 précisent la méthodologie à suivre par les chefs
d'établissement pour réaliser les études d'impact sur la population et sur les travailleurs. Cette
méthodologie inclut la description de l'origine et de la quantité des substances susceptibles de
contenir des radionucléides naturels, des caractéristiques radiologiques des déchets produits ainsi
que des exutoires retenus pour l'élimination des déchets. Il apparaît que l'ensemble de ces
informations n'a pas été systématiquement communiqué dans les études remises par industriels
dans le cadre de l'arrêté du 25 mai 2005 (cas par exemple des industriels du traitement des eaux
souterraines, des établissements thermaux). Par ailleurs, certaines catégories d'activités
professionnelles susceptibles de produire des déchets contenant de la radioactivité naturelle
renforcée identifiées par l'association Robin des Bois [Réf. 6] ne sont pas visées par l'arrêté du 25
mai 2005. Nous ne disposons donc pas d'informations sur les déchets à radioactivité naturelle
renforcée générés par ces activités (cas pat exemple de la géothermie, de la papeterie et de la
filière pétrole et gaz). Par ailleurs, tous les industriels concernés par l'arrêté du 25 mai 2005 n'ont
pas transmis d'étude d'impact.

Afin d'améliorer la maîtrise de la gestion des déchets a. radioactivité naturelle renforcée,


l'inventaire doit être renforcé sur deux aspects
Il est nécessaire d'identifier les déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée
qui nécessitent ou nécessiteront une élimination dans un centre de stockage de l'Andra
(CSTFA et centre de stockage pour les déchets FAVL). L'arrêté ministériel du 9 octobre
2008 va permettre de consolider la connaissance de l'inventaire des déchets à.
radioactivité naturelle renforcée qui sont ou seront pris en charge par l'Andra puisqu'il
demande à ce que les entreprises mentionnées à l'article L 1333-10 du code de la santé
publique, à savoir les entreprises utilisant des matériaux contenant des radionucléides
naturels non utilisés pour leurs propriétés radioactives, fissiles ou fertiles, établissent,
mettent à jour et transmettent périodiquement à l'Andra un inventaire précisant la nature
des déchets radioactifs et les radionucléides détenus, le volume des déchets radioactifs
présents sur le site et la filière de gestion utilisée. Néanmoins, cet inventaire est basé sur
une démarche déclarative. Les événements récents (déclenchement de portique provoqué
par un filtre de la papeterie TENIBEC) ont montré que les industriels n'avaient pas
toujours conscience de la présence potentielle de radioactivité naturelle renforcée dans
leurs équipements ou déchets et n'avaient donc pas nécessairement engagé de démarches
afin d'identifier la présence de cette radioactivité. Cette identification doit être basée sur
des mesures radiologiques réalisées sut les déchets issus du process de fabrication mais

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 38


également sur l'ensemble des équipements de production afin de détecter des dépôts
éventuels de radioactivité naturelle renforcée. Les appareils de mesure utilisés doivent
être adaptés aux radionucléides potentiellement en présence (émetteurs alpha, bêta et
gamma).
Il Il est nécessaire d'identifier les déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée

qui peuvent être éliminés vers des centres de stockage autorisés par arrêtés préfectoraux.
Cela perinettra en outre d'identifier des déchets qui seraient entreposés sur les sites
industriels du fait de situations bloquantes (refus de prise en charge dans un centre de
stockage autorisé par arrêté préfectoral par exemple).

Recommandation n°1 : Inventaire

L'ASN recommande que dans le cadre de la révision de l'arrêté du 25 mai 2005:


g la liste des catégories professionnelles visées soit élargie, pour ce qui concerne les
déchets : en l'état actuel des connaissances, cette extension vise l'industrie
papetière, la géothermie et la filière pétrole et gaz,
• pour que les informations sur les déchets soient systématiquement transmises, un
article spécifique soit introduit afin de demander qu'un inventaire des déchets
contenant de la radioactivité naturelle renforcée produits soit réalisé par les
industriels, y compris les industriels qui ont déjà répondu à l'arrêté du 25 mai
2005. Cet inventaire devra mentionner les caractéristiques radiologiques des
déchets, les volumes produits, les volumes entreposés, les conditions
d'entreposage et de stockage (décharges internes) sur site, les filières
d'élimination mises en œuvre ou envisagées par type de déchets entreposés ou
produire. Cet inventaire devra inclure les équipements sur lesquels des dépôts ou
tartres contenant de la radioactivité naturelle renforcée se sont formés afin
d'orienter les équipements qui auront été démontés dans le cadre d'opérations de
maintenance ou de démantèlement vers les filières d'élimination adéquates.

Par ailleurs, PASN recommande qu'une disposition impose aux industriels qui mettront
en évidence la présence de tartres ou de dépôts contenant de la radioactivité naturelle
renforcée, de réaliser des études pour évaluer l'impact radiologique lié aux activités de
maintenance et de démantèlement des équipements potentiellement contaminés. Ces
études pourront être utilisées pour la mise en place, le cas échéant, de dispositions de
radioprotection permettant de réduire l'impact sur les travailleurs.

L'inventaire des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée issus d'activités passées,
est fourni dans l'inventaire national des déchets radioactifs et de matières valorisables édité par
l'Andra [Réf. 8], [Réf. 9]. Ces déchets sont pour l'essentiel des déchets d'assainissement. Ils sont
soit déclarés par les propriétaires ou exploitants du site soit par l'Andra dans le cas de
l'assainissement de sites orphelins dont l'assainissement doit être réalisé pat l'Andra
conformément à sa mission de service public.

Recommandation n°2 : Recensement BASOL et BASIAS

L'ASN recommande de s'assurer que les sites sur lesquels des industriels ont mis en
œuvre des matières premières contenant naturellement des radionucléides ont bien été
recensés dans les bases de données BASOL et BASIAS si les activités radiologiques
résiduelles présentes sur le site le justifient et que la spécificité de l'activité industrielle
ayant conduit à ce recensement soit identifiée dans la base de données.

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 39


6.2. La traçabilité des déchets â radioactivité naturelle renforcée

Les dispositions relatives a la traçabilité des déchets sont relativement anciennes en France. Elles
ont été modifiées par le décret n°2005-635 du 30 mai 2005 relatif au contrôle des circuits de
traitement des déchets [Réf. 69], notamment pour transposer deux directives européennes, la
directive 91/689/CEE relative aux déchets dangereux [Réf. 70] et la directive 1999/31 CEE du
26 avril 1999 concernant la mise en décharge des déchets [Réf. 71].
L'arrêté du 29 juillet 2005 [Réf. 72] pris en application du décret du 30 mai 2005 fixe le formulaire
du bordereau de suivi des déchets dangereux qui doit être émis par les producteurs de ce type de
déchets. L'arrêté du 30 octobre 2006 [Réf. 73] pris en application du décret du 30 mai 2005 fixe
quant a lui le formulaire du bordereau de suivi des déchets radioactifs qui doit être émis par les
producteurs de ce type de déchets.

Le décret du 30 mai 2005 mentionne que les déchets radioactifs qui doivent faire l'objet d'un
suivi sont « ceux qui, soit contiennent des matières radioactives telles que définies a l'article
2.2.7.1 de l'accord européen relatif au transport international des marchandises dangereuses par
route en date du 30 septembre 1957 et proviennent d'installations relevant du titre Ter du livre V
du code de l'environnement, soit proviennent des zones â déchets nucléaires des installations
nucléaires de base ou des installations individuelles ou des systèmes nucléaires militaires définis
par le décret du 5 juillet 2001 susvisé. Les dispositions du présent décret ne s'appliquent aux
déchets radioactifs ainsi définis que s'ils sont destines a être traités dans des installations relevant
du titre ler du livre V du code de l'environnement. »
Cette définition fait une distinction entre les dispositions applicables pour les INB, où le fait que
les déchets aient été produits dans une zone à déchets nucléaires suffit â les classer en déchets de
très faible activité et les déchets provenant d'ICPE qui sont concernés par cette disposition
uniquement si leur activité dépasse les seuils d'exemption de la réglementation sur le transport.
Dans cette réglementation, si les matières naturelles ne sont pas utilisées pour leurs propriétés
radioactives, les seuils d'exemption pour l'uranium 238 et le thorium 232 sont de 10 Bq/g en
activité massique et 10 000 Bq en activité totale et pour le radium 226 de 100 Bq/g et 100 000
Bq. Cette définition permet d'assurer la traçabilité des déchets contenant de la radioactivité
naturelle renforcée qui sont les plus radioactifs et pris en charge par le CSTFA. Par ailleurs, les
exigences concernant la traçabilité des déchets pris en charge au CSTFA sont précisées au
paragraphe 9.5 de l'arrêté préfectoral n°03-2176 A autorisant l'Andra à exploiter un centre de
stockage de déchets de très faible activité.

Cette définition permet d'exempter des dispositions réglementaires sur la traçabilité certains
déchets a radioactivité naturelle renforcée pris en charge dans des centres de stockage de déchets
autorisés par arrêtés préfectoraux si leur activité radiologique est inférieure aux seuils cités
précédemment et s'ils ne sont pas par ailleurs classés comme déchets dangereux. Par ailleurs, les
bordereaux de suivi fixés par l'arrête du 29 juillet 2005 ne permettent pas d'identifier les déchets
dangereux qui contiennent de la radioactivité naturelle renforcée.
Si l'on compare les réponses reçues suite au courrier conjoint ASN/DGPR [Réf. 60] et les
informations reçues dans le cadre de l'arrêté du 25 mai 2005, il apparaît que certains déchets â
radioactivité naturelle renforcée sont probablement éliminés dans des centres de stockage de
déchets autorisés par arrêtés préfectoraux sans qu'ils soient identifiés comme tels (les portiques
de détection de la radioactivité ne permettent pas de détecter systématiquement ces déchets, par
exemple s'ils se trouvent au milieu du chargement et en petite quantité) et qu'une étude
d'acceptabilité ne soit réalisée. Il parait donc important d'améliorer la traçabilité de ces déchets
afin de s'assurer que leur mode d'élimination est adapté.

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 40


Recommandation n°3 : traçabilité

L'ASN recommande que la réglementation, par exemple le décret du 30 mai 2005, soit
révisée pour permettre une traçabilité des déchets à radioactivité naturelle renforcée dés
leur production.

6.3. Le stockage des déchets A radioactivité naturelle renforcée

Le retour d'expérience de l'application de la circulaire du 25 juillet 2006 concernant l'acceptation


de déchets à. radioactivité naturelle renforcée dans les centres de stockage autorisés par arrêtés
préfectoraux fait apparaître que seuls deux centres de stockage acceptent régulièrement ce type de
déchets. Ces centres de stockage sont tous les deux des centres de stockage de déchets dangereux.

Même si les centres de stockage de déchets dangereux sont a priori mieux équipés que les centres
de stockage de déchets non dangereux pour éliminer certains déchets à radioactivité naturelle
renforcée, ne serait-ce que parce qu'ils disposent de moyens de contrôle plus conséquents que les
centres de stockage de déchets non dangereux, l'élimination de déchets non dangereux dans ces
centres de stockage est parfois contestée dans une logique d'optimisation des filières.
L'élimination de déchets non dangereux à radioactivité naturelle renforcée dans ces centres est
néanmoins acceptée par certaines DRIRE, dès lors qu'il a été démontré que leur impact en terme
de radioprotection était négligeable (déchets présentant des niveaux d'activité très faibles, absence
d'impact du transfert des radionucléides vers l'environnement ...).

La méthode utilisée pour décider de l'acceptation de déchets à radioactivité naturelle renforcée est
relativement complexe. Elle nécessite la réalisation d'études d'impact par des spécialistes de la
radioprotection et n'est pas basée directement sur des critères opérationnels. L'acceptation de
déchets à radioactivité naturelle renforcée dans un centre de stockage nécessite également de faire
un point « zéro » radiologique et de mettre en place des moyens de surveillance afin de démontrer
l'absence de transfert de radioactivité dans l'environnement. Compte tenu de ces exigences,
nombre d'exploitants de centres de stockage refusent de prendre en charge des déchets
radioactivité naturelle renforcée parce que cette prise en charge induit beaucoup de contraintes
pour de faibles quantités de déchets et donc un marché restreint. SITA qui accepte de les prendre
en charge, limite leur acceptation sur deux centres de stockage afin de limiter les contrôles
radiologiques dans l'environnement A ces deux sites.

Par ailleurs, se pose pour les exploitants de centres de stockage la difficulté de communiquer
auprès du public s'ils prennent en charge ce type de déchets qui sont toujours perçus comme des
déchets radioactifs.

L'ensemble de ces éléments fait que les exploitants des centres de stockages autorisés par arrêtés
préfectoraux sont réticents à prendre en charge des déchets à radioactivité naturelle renforcée et
que cette solution d'élimination est extrêmement fragile. Les industriels rencontrent ainsi parfois
des difficultés pour trouver une solution d'élimination pour les déchets a radioactivité naturelle
renforcée qu'ils produisent. Certains industriels se voient par exemple obligés d'éliminer leurs
déchets â radioactivité naturelle renforcée au centre de stockage de déchets dangereux de
Villeparisis situé à plusieurs centaines de kilomètres de leur lieu de production parce que le centre
de stockage de déchets non dangereux situé à quelques kilomètres de leur lieu de production n'a
pas accepté de les prendre en charge.

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 41


Il ressort de ces constatations qu'une réflexion sur l'élimination des déchets ii radioactivité
naturelle renforcée dans les centres de stockage autorisés par arrêtés préfectoraux doit être menée
pour sécuriser l'élimination de ces déchets et optimiser les filières.

Recommandation n°4 : élimination dans les centres de stockage autorisés par arrêtés
préfectoraux

L'ASN recommande que les différents acteurs impliqués dans l'élimination des déchets a
radioactivité naturelle renforcée dans les centres de stockage autorisés par arrêtés
préfectoraux (autorités administratives, industriels, spécialistes de la radioprotection, ...)
analysent le retour d'expérience de l'application de la circulaire du 25 juillet 2006 et
proposent des solutions pour sécuriser le stockage de ces déchets, optimiser les filières et
assurer la cohérence avec le CSTFA. L'inventaire des déchets à radioactivité naturelle
renforcée pourrait servir d'outil à cette analyse.

Par ailleurs, il a été identifié qu'une partie des déchets à radioactivité naturelle renforcée était
éliminée dans des décharges internes aux sites de production.

Recommandation n°5 : gestion des décharges internes

L'ASN recommande de veiller à l'harmonisation des pratiques (acceptation des déchets,


traçabilité, surveillance, ...) entre les solutions de stockage dans des centres de stockage
de déchets dangereux et non dangereux et les solutions de stockage en décharge interne,
pour des déchets qui présentent des risques identiques.

Recommandation n°6 : gestion des pratiques passées

L'ASN recommande de veiller â. l'harmonisation de la surveillance radiologique des


quelques centres de stockage autorisés par arrêtés préfectoraux dans lesquels des déchets
ä radioactivité naturelle renforcée d'activité massique totale de plusieurs centaines de
Bq/g ont été stockés par le passé. Le niveau de surveillance exigé doit être proportionné
aux activités et aux volumes stockés. La mémoire de la présence de ces déchets doit être
conservée.

6.4. La gestion des dépôts de cendres et de phosphogypses

Compte tenu des volumes de déchets en jeu, il n'est pas réaliste de déplacer ces dépôts. Leur
gestion doit donc être réalisée sur place.

Il convient de noter que la situation des dépôts de déchets à radioactivité naturelle renforcée,
comme les dépôts de phospb.ogypses, ou de cendres de combustion de charbon, n'est pas tout à
fait comparable aux stockages de résidus de traitement de minerai d'uranium, car les activités
massiques des déchets ne sont pas du même ordre de grandeur (voir tableau ci-dessous).

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 42


Tableau 9 : Comparaison des activités radiologiques des déchets miniers d'uranium et
des déchets A radioactivité naturelle renforcée

Radionucléides Niveaux d'activités massiques moyens (Bq/g)


Résidus de Stériles miniers Cendres de Phosphogypses
traitement de d'uranium combustion de
minerai charbon
d'uranium
[Réf. 74]
Uranium 238 1,5 a 3,8 0,4 0,06 à 0,24 < 0,1
Thorium 232 - <1 0,07 à 0,18 <0,04
Radium 226 4 à 31 <1 0,05 à 0,24 <1,9
Total 44 à 312

En cela, la situation des phosphogypses ou des cendres de combustion de charbon se rapproche


plus de celle des stériles miniers d'uranium. Néanmoins, l'activité massique n'est pas le seul
paramètre a prendre en compte, la lixiviabilité des déchets est aussi un paramètre important qui a
une influence sur la capacité de mobilisation des radionucléides.

Compte tenu des différents éléments décrits au paragraphe 4.1, les recommandations suivantes
sont émises.

Recommandation n°7 : gestion des dépôts de cendres ou de phosphogypses

L'ASN recommande
B d'étudier la nécessité de mettre en place un plan de surveillance et si nécessaire
ses modalités sur la base d'un état des lieux radiologique et d'une analyse des
voies de transfert dans l'environnement ;
• que ces dépôts soient clôturés afin d'en empêcher le libre accès ;
d'examiner la nécessité d'harmoniser les conditions de surveillance des dépôts de
cendres et de phosphogypses en bénéficiant des réflexions en cours sur le devenir
A long terme des stockages de résidus miniers ;
▪ que des servitudes et/ou des aménagements soient mis en œuvre le cas échéant
afin de réduire l'impact chimique et radiologique de ces dépôts sur
l'environnement et la population jusqu'à un niveau acceptable. Le choix de ces
aménagements pourrait se faire sur la base d'études d'impact A long ternie visant
A évaluer la migration des éléments chimiques et des radionucléides hors du
dépôt.

Pour permettre la mise en place de ces différentes recommandations, les dépôts de


cendres et de phosphogypses pourraient être systématiquement classés au titre des ICPE

Bilan sut la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 43


Recommandation n°8: réaménagement des dépôts de cendres ou de phosphogypses

Dans le cadre des projets de réaménagement des dépôts de cendres ou de


phosphogypses, l'ASN recommande que
• des études préliminaires d'impact y compris radiologique, pour les travailleurs et
pour le public soient systématiquement réalisées ;
• les plans de surveillance de l'impact chimique et radiologique des dépôts soient
mis à jour car la modification de l'usage du site peut induire de nouvelles voies de
transfert (par exemple, vérification de la bonne tenue de la couverture du dépôt en
cas de fréquentation du public).

Recommandation n°9 : déchets issus de la démolition des ateliers d'acide phosphorique

Pour les friches de Douvrin et de Wattrelos, l'ASN recommande que les déchets issus de
la démolition des ateliers d'acide phosphorique qui ont été gérés sans aucun contrôle
radiologique soient recherchés, notamment dans le dépôt de Leers pour la friche de
Wattrelos, en vue de leur élimination dans des filières adaptées.

6.5. La valorisation des résidus contenant de la radioactivité naturelle renforcée


6.5.1. Les résidus de très faible activité

Une partie des résidus de procédé contenant de la radioactivité naturelle renforcée n'est pas
éliminée en tant que déchets mais valorisée.
A titre d'exemple, les cendres de combustion de centrales i charbon produites actuellement sont
valorisées. Certains anciens dépôts sont même repris en vue de valorisation. Les cendres volantes
sont valorisées en cimenterie, dans les centrales a béton, pour des travaux routiers, .... Les
cendres de foyer, plus grossières et plus sableuses sont incorporées dans certains types de béton
et parpaings. Du fait de leurs propriétés drainantes, elles sont fréquemment utilisées sous les
terrains de sport. Elles ont été également utilisées pour le comblement de cavités (mines de fer de
Tyl en Lorraine, carrière de craie près de Meaux) [Réf. 6]. Certaines cendres sont utilisées en tant
que sable abrasif ou comme amendement agricole [Réf. 6]. Il semble assez difficile de tenir une
liste exhaustive de l'ensemble des pratiques existantes ou ayant existé.
Un autre exemple concerne les boues issues du traitement des eaux destinées a. la consommation
humaine. Même si le devenir de ces boues est relativement méconnu du fait que peu d'entreprises
de ce secteur d'activité ont répondu à l'arrêté du 25 mai 2005 et que cette question a été très
rarement renseignée par les entreprises qui ont répondu il l'association Robin des Bois [Ref. 6], il
apparaît qu'au moins une partie de ces boues est utilisée pour l'épandage ou la valorisation
agricole.

Compte tenu des très faibles activités généralement mises en jeu, ces pratiques ne paraissent pas a
priori poser un risque élevé pour la santé.
Néanmoins, l'impact radiologique de la valorisation des résidus contenant de la radioactivité
naturelle renforcée sur les travailleurs mettant en œuvre ces résidus n'a quasiment jamais été
évalué, hormis pour quelques scénarios de valorisation de cendres de charbon. Par ailleurs,
l'impact radiologique sur la population de la valorisation des résidus contenant de la radioactivité
naturelle renforcée n'a pas été estimé.

Bilan SUI la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 44


Recommandation n°10: valorisation des résidus contenant de la radioactivité naturelle
renforcée

L'ASN recommande qu'un inventaire des filières de valorisation des résidus contenant de
la radioactivité naturelle renforcée soit réalisé et que des études d'impact radiologique
soient menées pour les travailleurs mettant en œuvre ces résidus ainsi que pour la
population, sur la base d'une caractérisation radiologique des résidus en question.

6.5.2. Les matières valorisables de Rhodia

L'article 13 du décret n ° 2008-357 du 16 avril 2008 [Réf. 4] établit que les ministres pourront
requalifier ces matières en déchets dans la prochaine mise à jour du Plan national des gestion des
matières et des déchets radioactifs, après avis de l'Andra et de l'ASN sur le bilan remis par Rhodia
concernant les études sur les procédés de valorisation envisagés. Si ces matières sont requalifiées
en déchets, Rhodia aura la responsabilité d'en assurer la gestion conformément à l'article 3 du
décret n°2008-357 du 16 avril 2008 [Réf. 4]. Ce sujet est traité dans le cadre du PNGMDR.

6.6. La décontamination des ferrailles contaminées

Il existe une aciérie en Allemagne autorisée à refondre des aciers provenant de l'industrie
nucléaire, et depuis peu, de l'industrie gazière et pétrolière (Siempelkamp à Krefeld). Les études
menées jusqu'à présent ont montré que la radioactivité a tendance à se concentrer dans le laitier
et donc les scories des aciéries. Cette aciérie aurait la possibilité de valoriser 100 t de scories en
sous couche routière, à condition que leur activité soit inférieure à 100 Bq/g, avec un facteur de
dilution d'un facteur 5 (1 volume de scories mélangé à 4 volumes de matériaux non radioactifs).
Les autorités allemandes ont précisé que les industriels allemands de l'industrie pétrolière
préféraient décontaminer les ferrailles par des procédés du type jet d'eau avant de les valoriser
dans des aciéries conventionnelles. La possibilité de refondre à Krefeld des aciers contaminés par
des substances radioactives naturelles est par contre utilisée par les industriels néerlandais
(Shell...) qui én produisent des quantités bien supérieures. Les scories sont alors récupérées par
les industriels néerlandais, puis entreposés dans l'installation COVRA à Borsele. Par ailleurs,
certaines entreprises aux Pays-Bas sont spécialisées dans la décontamination mécanique des
ferrailles contaminées issues de l'industrie gazière et pétrolière. Il existe donc bel et bien un
exutoire pour une partie des ferrailles contaminées du secteur pétrolier.

Recommandation n°11: réduction des volumes de ferrailles contaminées par des


tartres/dépôts contenant de la radioactivité naturelle renforcée

L'ASN recommande que les industriels concernés étudient l'opportunité de


décontaminer les ferrailles contaminées par des tartres/dépôts contenant de la
radioactivité naturelle renforcée et issues de leurs installations françaises avant tout projet
de valorisation. Les résidus radioactifs en résultant devront être pris en charge dans les
filières appropriées.

Bilan sur h gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 45


6.7. L'entreposage des déchets à radioactivité naturelle renforcée de faible activité

Ces déchets destinés à. être stockés dans le futur centre de stockage de déchets FAVL
disposent pas à l'heure actuelle de filière d'élimination opérationnelle. Ils sont donc entreposés
sur les sites industriels dans des conditions plus ou moins satisfaisantes. Lorsqu'il s'agit de
déchets produits en continu du fait de l'activité industrielle, les industriels ont mis en place des
solutions d'entreposage (Rhodia et Cézus par exemple).
Par contre, si ces déchets sont produits de façon ponctuelle, en petite quantité (déchets
d'équipement issus d'activités de maintenance présentant des dépôts ou tartres contenant de la
radioactivité naturelle renforcée), ou de façon fortuite (cas de Serquigny, avec l'excavation de
terres contaminées suite à des travaux de fondation), les industriels ne disposent pas de solutions
d'entreposage adaptées pour ces déchets. Des déchets à radioactivité naturelle renforcée destinés
à être stockés dans le futur centre de stockage de déchets FAVL sont donc entreposés de façon
dispersée sur le territoire français pour plusieurs années dans des conditions qui ne sont pas
forcément adaptées.

Recommandation n°12 : entreposage des déchets FAVL

L'ASN recommande que l'Andra étudie la possibilité de mettre à la disposition des


industriels produisant ponctuellement des déchets à, radioactivité naturelle renforcée
destinés à être stockés dans le futur centre de stockage de déchets FAVL des solutions
d'entreposage, en attendant la construction de ce centre de stockage. Cela permettra
d'améliorer les conditions d'entreposage de ces déchets et d'éviter leur dispersion sur
l'ensemble du territoire.

6.8. Le financement pour la gestion de ces déchets

Selon le principe «pollueur-payeur », il convient que le producteur du déchet assume le coût


d'élimination de son déchet. Le coût des installations de stockage de déchets FAVL n'est pas
encore déterminé avec précision, néanmoins, les évaluations de 3 650 euros la tonne annoncées
pat l'ANDRA en 2005 pourraient être dépassées, surtout en cas de stockage en galerie des
déchets radifères. Ces coûts sont à comparer aux coûts de prise en charge en centre de stockage
de déchets dangereux qui s'élèvent en général à environ 150 euros la tonne.

Il convient que les exploitants d'ICPE provisionnent les coûts à venir selon les dispositions des
articles L 512-1, L 516-1 et L 516-2 du code de l'environnement. Ainsi, la mise en activité, tant
après l'autorisation initiale qu'après une autorisation de changement d'exploitant, des installations
définies par décret en Conseil d'Etat présentant des risques importants de pollution ou d'accident,
des carrières et des installations de stockage de déchets est subordonnée à la constitution de
garanties financières. Ces garanties sont destinées à assurer, suivant la nature des dangers ou
inconvénients de chaque catégorie d'installations, la surveillance du site et le maintien en sécurité
de l'installation., les interventions éventuelles en cas d'accident avant ou après la fermeture, et la
remise en état après fermeture.

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 46


Recommandation n°13: financement

L'ASN recommande de mettre en place des dispositions visant A sécuriser le financement


de la gestion des déchets A radioactivité naturelle renforcée, en particulier pour les
déchets présentant des niveaux de radioactivité élevés justifiant leur stockage dans le
futur centre de stockage de déchets FAVL, et pour les décharges internes pouvant
justifier la mise en place de dispositions de surveillance A long terme.

7. Conclusion

De façon générale, l'ASN considère que le choix de la filière d'élimination pour les déchets à
radioactivité naturelle renforcée doit être cohérent avec l'activité radiologique des déchets à
éliminer.
L'analyse des caractéristiques et de l'origine des déchets a radioactivité naturelle renforcée ainsi
que des solutions de gestion existantes conduit l'ASN a émettre une dizaine de recommandations
dont
• Un renforcement de l'inventaire et de la traçabilité des déchets à radioactivité naturelle
renforcée afin d'améliorer la maîtrise de la gestion de ces déchets ;
▪ Une analyse du retour d'expérience de l'application de la circulaire du 25 juillet 2006 avec
l'ensemble des acteurs afin de sécuriser et d'optimiser le stockage des déchets à
radioactivité naturelle renforcée dans les centres de stockage de déchets dangereux, non
dangereux et inertes et d'assurer la cohérence avec le centre de stockage de déchets de
très faible activité exploité par l'Andra ;
Une prise en compte du risque radiologique dans le cadre de la gestion des dépôts de
cendres et de phosphogypses ;
• La réalisation d'un inventaire des filières de valorisation des résidus contenant de la
radioactivité naturelle renforcée ainsi que d'études d'impact radiologique pour les
travailleurs mettant en œuvre ces résidus et la population, sur la base d'une caractérisation
radiologique des résidus en question ;
▪ La mise en place d'une réflexion par les industriels concernés afin de décontaminer les
ferrailles contaminées par des dépôts/tartres contenant de la radioactivité naturelle
renforcée avant tout projet de valorisation ;
• L'étude de la mise à disposition par l'Andra de solutions d'entreposage pour les
industriels produisant ponctuellement des déchets à radioactivité naturelle renforcée
destinés à être stockés dans le futur centre de stockage de déchets FAVL afin d'améliorer
les conditions d'entreposage de ces déchets et d'éviter la dispersion de ce type de déchets
sur le territoire ;
La mise en place de dispositions visant à sécuriser le financement de la gestion des
déchets à radioactivité naturelle renforcée, en particulier pour les déchets présentant des
niveaux de radioactivité élevés justifiant leur stockage dans le futur centre de stockage de
déchets FAVL, et pour les décharges internes pouvant justifier la mise en place de
dispositions de surveillance a long terme.

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 47


GLOSSAIRE

AIEA : Agence internationale de l'Energie Atomique


Andra : Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs
ASN : Autorité de sûreté nucléaire
BRGM : Bureau de recherches géologiques et minières
CEA: Commissariat à l'énergie atomique
CRITRAD : Commission de Recherche et d'Information Indépendantes sur la Radioactivité
CSTFA Centre de stockage des déchets de très faible activité
DDASS : Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales
DGPR : Direction générale de la prévention des risques
DRIRE : Direction régionale de l'industrie, de la recherche et de l'environnement
DTI : Dose totale indicative
FAVL : faible activité a. vie longue
ICPE : Installation classée pour la protection de l'environnement
INB : Installation nucléaire de base
IPSN : Institut de protection et de sûreté nucléaire
IRSN : Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire
MEEDDAT : Ministère de l'Ecologie, de l'Energie, du Développement durable et de
l'Aménagement du territoire
OMS: Organisation mondiale de la santé
OPRI: Office de protection contre les rayonnements ionisants
PNGMDR : Plan national de gestion des matières et des déchets radioactifs
RRA : Résidus tadifères Rhodia
RSB : Résidus solides banalisés - Rho dia
TFA : très faible activité

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 48


ANNEXE 1: CLASSIFICATION DES DECHETS RADIOACTIFS

Période Très courte durée de Courte durée de vie Longue durée de vie
Activité vie <30 ans > 30 ans
<100 jours
Très faible activité Stockage dédié en surface
Filières de recyclage
Faible activité Stockage dédié
Gestion par Stockage de surface en subsurface
décroissance (Centre de stockage de à l'étude
Moyenne activité radioactive l'Aube) Filières a l'étude dans
sauf certains déchets le cadre de l'article
tritiés, et certaines L.542-12 1 0 du code
sources scellées de l'environnement
Haute activité Filières à l'étude dans le cadre de l'article L.542-
12 1 0 du code de l'environnement

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 49


ANNEXE 2: FAMILLES RADIOACTIVES

Famille dis 23s U Famille du 232 Th Famille du 231U

124E7
2,411131
SM

6,1.3
7( Ileum
raR, xuR:
3.056
jour z

=Izazeux

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 50


ANNEXE 3: REFERENCES
[Réf. 1] : Directive 96/29/Euratom du Conseil, du 13 mai 1996, fixant les normes de base
relatives à la protection sanitaire de la population et des travailleurs contre les dangers des
rayonnements ionisants

[Réf. 2] : Arrêté du 25 mai 2005 relatif aux activités professionnelles mettant en œuvre des
matières premières contenant naturellement des radionucléides non utilisés en raison de leurs
propriétés radioactives

[Réf. 3] : Loi n° 2006-739 du 28 juin 2006 de programme relative à la gestion durable des matières
et des déchets radioactifs

[Réf. 4] : Décret n° 2008-357 du 16 avril 2008 pris pour application de l'article L.542-1-2 du code
de l'environnement et fixant les prescriptions relatives au Plan national de gestion des matières et
des déchets radioactifs

[Réf. 5] : Plan national de gestion des matières et des déchets radioactifs 2007 — 2009. De
l'inventaire national des déchets radioactifs et des matières valorisables d un bilan et d une vision proOective des
filières de gestion à long terme des déchets radioactifs en .France — janvier 2007

[Réf. 6] : La radioactivité naturelle technologiquement renforcée — Robin des Bois — décembre


2005

[Réf. 7] : Etude de l'association Robin des Bois, Radioactivité Naturelle technologiquement


Renforcée, Les cendres de charbon et les phosphogypses, janvier 2009

[Réf. 8] : Où sont les déchets radioactifs en France, inventaire géographique des déchets
radioactifs en France — ANDRA — édition 2006

[Réf. 9] : Inventaire géographique des déchets radioactifs et des matières valorisables en France —
ANDRA — édition 2006

[Réf. 10] : Avis IRSN/D1R/2008-225 du 24 avril 2008

[Réf. 11] : Radioactivité naturelle des cendres de charbon, Etude d'évaluation des doses reçues
par les travailleurs des centrales thermiques charbon, EDF, mai 2007

[Réf. 12] : Radioactivité naturelle des cendres de charbon, Etude de l'exposition de la population
aux rayonnements ionisants d'origine naturelle, EDF, septembre 2007

[Réf. 13] : Evaluation des expositions radiologiques associées aux cendres volantes produites par
les centrales thermiques à charbon en France, Etude CEPN, mai 2003

[Réf. 14] : Evaluation des expositions aux rayonnements ionisants liées à l'exploitation
d'installations de déshydratation, Etude CEPN, avril 2007

[Réf. 15] : Courrier du 30 janvier 2009 de la DR1RE Provence Alpes Côte d'Azur, Groupe de
Subdivisions des Bouches-du-Rhône, Bilan des solutions de gestion des déchets contenant de la
radioactivité naturelle renforcée

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 51


[Réf. 16] : ALC_AN site de Gardanne (13) — production d'alumine, Etude des problèmes de
radioprotection liés à l'utilisation de produits contenant des radionucléides naturels, rapport
ALGADE d'août 2007

17] : Assistance technique en vue d'assurer la surveillance de la radioactivité naturelle,


[Réf.
SOKA, Carrière et usine, rapport Norisko n'A3877620/0601, octobre 2006

[Réf. 18] : Rapport d'inspection radioprotection de la Société Kaolinière Armoricaine (SOKA) du


6 avril 2007

[Réf. 19] : Etude relative au devenir des déchets présentant une très faible radioactivité produits
par l'industrie de fonderie de précision à modèle perdu — Compte rendu technique n°01/0017 -
Institut de protection et de sûreté nucléaire — 31 janvier 2001

[Réf. 20] : Courtier Rockwool France du 15 avril 2008, Réf. PFo/JMV, Arrêté du 25 mai 2005 —
Radioactivité naturelle, Etude des risques d'exposition des travailleurs et de la population
environnante au site Rockwool

[Réf. 21] : Exposition aux rayonnements ionisants d'origine naturelle — Site de Fonderies et
Ateliers du Bélier à Vérac, Centre de développement des industries de mise en forme des
matériaux, mai 2007

[Réf. 22] : Elimination des déchets minéraux résultant du fonctionnement et de la démolition des
fours verriers en France — La problématique des déchets très faiblement actifs — Christophe Bert,
Saint Gobain CREE, Patrice Charbonneau, Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire,
Georges Delhopital, BSN Glasspack, Marc Faverjon, Valoref, François Hébrard, Saint Gobain
Industrial Ceramics, Guy Tackels, Saint Gobain Conception Verrière

[Réf. 23] : Fédération des chambres syndicales de l'industrie du verre, Etude générique des
problèmes de radioprotection liés à l'utilisation de produits contenant des radionucléides naturels
dans les activités de verrerie, étude Algade, juin 2007

[Réf. 24] : SEPR Le Pontet, Impact environnemental associé à l'utilisation du zircon à la SEPR,
août 2008

[Réf. 25] : Valoref — Impact de l'utilisation des déchets réfractaires sur les travailleurs et sur
l'environnement (milieu naturel et population) — août 2007

[Réf. 26] : Société Valoref — Rapport d'analyses spectrométriques effectuées sur des échantillons
de matériaux réfractaires — Algade - Octobre 1996

[Réf. 27] : Exposition professionnelle liée à la radioactivité naturelle, évaluation des doses reçues
dans l'atelier carters ATAR, Note technique ITFP n°0810/060 du 10 octobre 2008

[Réf. 28] : Projet de requalification de la friche industrielle PCUK à Wattrelos (59), rapport de
synthèse IRSN/DEI/SIAR n°06/0869, novembre 2006

[Réf. 29] : Courrier du 20 février 2009 de la Préfecture de l'Aube, Bilan des solutions de gestion à.
court et à long terme des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 52


[Réf. 30] : TIOXIDE Europe SAS, Etude réalisée conformément a l'article 2 de l'arrêté
préfectoral complémentaire DA ECS/PE/BIC-CT N°2007-57 du 27 février 2007, (mai 2007)

[Réf. 31] : Millenium Chemicals Thann, Etude sur l'élimination des déchets a radioactivité naturell
renforcée, 17 février 2009

[Réf. 32] : Millenium Chemicals Thann SAS, Prescriptions complémentaires relatives au


conditionnement et a l'entreposage des déchets faiblement radioactifs, Rapport de l'inspection
des installations classées pour la protection de l'environnement, 8 janvier 2007

[Réf. 33] : Millenium Chemicals Thann SAS, site d'A spach-le-Haut et de Vieux-Thann, arrêté
préfectoral n°2008-226-16 du 13 août 2008

[Réf. 34] : Millenium Chemicals Thann SAS, installations exploitées a Thann, arrêté préfectoral
n°2008-226-18 du 13 août 2008

[Réf. 35] : Millenium Chemicals Thann SAS, Suites bilan de fonctionnement et dossier de
modification, Rapport de l'inspection des installations classées pour la protection de
l'environnement, 16 juin 2008

[Réf. 36] : Millenium Chemicals — Usine du Havre - Etude des problèmes de radioprotection liés
l'utilisation de produits contenant des radionucléides des chaînes naturelles de l'uranium et du
thorium — Algade — Mai 2005

[Réf. 37] : Société ARKEMA à Serquigny, Arrêté Préfectoral du 2 juin 2006 prescrivant la
réalisation d'une étude et l'élaboration d'une stratégie de réhabilitation, de gestion et de suivi du
site du fait de la présence de radioéléments

[Réf. 38] : Usine ARKEMA de Serquigny — Tierce expertise de l'étude d'évaluation des risques
sanitaires, Note IRSN/DEI/SARG/2007-038, 2007

[Réf. 39] : Bilan 2008, courrier Rhodia HSE/REC/JLR/LE 007-09 du 10 avril 2009

[Réf. 40] : Directive 98/93/CE du 3 novembre 1998 relative a la qualité des eaux destinée a la
consommation humaine

[Réf. 41] : Arrêté du 12 mai 2004 fixant les modalités de contrôle de la qualité radiologique des
eaux destinées a la consommation humaine

[Réf. 42] : Circulaire DGS/EA4/2007/232 du 13 juin 2007 relative au contrôle et a la gestion du


risque sanitaire liés a la présence de radionucléides dans les eaux destinées a la consommation
humaine

[Réf. 43]: La qualité radiologique de l'eau mise en distribution en France (2005-2007), bilan
réalisé par l'ASN, le Ministère de la Santé et des Sports, l'IRSN, juin 2009

[Réf. 44] : Européenne d'embouteillage — Etude d'impact sur les travailleurs de la mise en œuvre
de matières premières contenant naturellement des radionucléides non utilisées en raison de leur
propriété, Note technique Onectra, juillet 2007

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 53


[Réf. 45] : Radioactivité naturelle liée a_ l'activité pétrolière en France — Etude bibliographique-
Institut français du pétrole — réf. IFP : 580953 — Septembre 2005

[Réf. 46] : Note IRSN/DIR/2007-454, Exposition aux rayonnements naturels renforcés,


Synthèse bibliographique de l'UFIP

[Réf. 47] : Rapport de visite d'une installation de production de gaz (puits) — Total exploration
production France (TEPF) — Division de Bordeaux — Autorité de sûreté nucléaire — Juin 2008

[Réf. 48] : Géothermie GEIE, Contrôle en matière de radioprotection, inspection de l'Autorité de


Sûreté Nucléaire, Courrier Dép-Strasbourg-n° 1592-2008

[Réf. 49] : Lettre de suite de l'ASN concernant l'inspection en radioprotection réalisée le 28


octobre 2008 a la papeterie TEMBEC, Courrier ASN Marseille 1106 — 2008

[Réf. 50] • Bilan de l'application de l'arrêté du 25 mai 2005, note ASN/DIS, projet de mai 2009

[Réf. 51 1 : Quelles solutions pour gérer les déchets a_ radioactivité naturelle renforcée ?, Mémoire
Professionnel, Philippe Bodénez, octobre 2008

[Réf. 52] : Circulaire n°96-85 du 11/10/96 relative aux cendres issues de la filtration des gaz de
combustion de combustibles d'origine fissile dans des installations classées pour la protection de
l'environnement

[Réf. 53] : Rapport d'étude de la CRIIRAD n°08-03, Contrôles radiologiques de percolats et eau
souterraine sur le site du Serf de Vif, mai 2008

[Réf. 54] : Arrêté Ministériel du 30 décembre 2002 relatif an stockage de déchets dangereux

[Réf. 55] : Arrêté Ministériel du 9 septembre 1997 relatif aux installations de stockage de « déchets
non dangereux »

[Réf. 56] : Arrêté Ministériel du 31 décembre 2004 relatif aux installations de stockage de déchets
industriels inertes provenant d'installations classées

[Réf. 57] : Circulaire du 25 juillet 2006 relative a l'acceptation de déchets a radioactivité naturelle
renforcée dans les centres de stockages de déchets — Ministère de l'écologie et du développement
durable

[Réf. 58] : Guide méthodologique pour l'acceptation de déchets présentant une radioactivité
naturelle dans les installations classées d'élimination. DEI/SARG/2006 -009. Institut de
radioprotection et de sûreté nucléaire

[Réf. 59] : Décret n°2007-830 du 11 mai 2007 relatif a. la nomenclature des installations nucléaires
.

de base

[Réf. 60] : Courrier du 19 novembre 2008 du Ministère de l'écologie, de l'énergie, du


développement durable et de l'aménagement du territoire et de l'Autorité de sûreté nucléaire,
DGPR/SRT/MSNR/2008-114, ASN Dép-DRD-N°0537-2008

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 54


[Réf. 61] : Courrier du 26 janvier 2009 de la Préfecture du Gard, Bilan des solutions de gestion ä
court et à long terme des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée, réf. B-
Env/NA-CC/2009-091

[Réf. 62] : Courrier de la DRIRE Ile-de-France 946/08 du 13 février 2009

[Réf. 63] : SITA FD, Etude théorique des risques d'exposition aux rayonnements ionisants des
travoilleuts dans le cas de la prise en charge de produits solides contenant des radionucléides
naturels sur les CET gérés par la société, étude /livide du 28 novembre 2007

[Réf. 64] : Norme NF X 30— 402 —2, test de lixiviation des déchets granulaires, AFNOR

[Réf. 65] : Courrier du 2 février 2009 de la DRIRE Basse Normandie, Bilan des solutions de
gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée

[Réf. 66] : Circulaire du 10 juin 2003 relative aux installations de stockage de déchets dangereux —
Ministère de l'écologie et du développement durable

[Réf. 67] : Application of the Concepts of Exclusion, Exemption and Clearance — Safety Guide
N° RS-G-1.7 — Agence internationale de l'énergie atomique — Vienne 2004

[Réf. 68] : Radiation protection 122 — Practical use of the concepts of clearance and exemption
Part II Application of the concepts of exemption and clearance to natural radiation sources,
European Commission, Directorate General Environment, 2001

[Réf. (59]: Décret n°2005-635 du 30 mai 2005 relatif au contrôle des circuits de traitement de
déchets dangereux

[Réf. 70] : Directive 91/689/CEE du Conseil des communautés européennes du 12 décembre


1991 relative aux déchets dangereux

[Réf. 71] : Directive n°1999/31/CEE du 26 avril 1999 concernant la mise en décharge de déchets

[Réf. 72] : Arrêté du 29 juillet 2005 fixant le formulaire du bordereau de suivi des déchets
dangereux mentionné à l'article 4 du décret n°2005-635 du 30 mai 2005

[Réf. 73] : Arrêté du 30 octobre 2006 fi xant le contenu des registres mentionnés à l'article 2 du
décret n°2005-635 du 30 mai 2005 relatif au contrôle des circuits de traitement des déchets et le
fommlaire du bordereau de suivi des déchets radioactifs mentionné à l'article 4

[Réf. 74] : Courrier Dép-DRD 0220-2009 du 30 mars 2009, Compte rendu du GT PNGMDR du
18 février 2009

Bilan sur la gestion des déchets contenant de la radioactivité naturelle renforcée 55

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