Vous êtes sur la page 1sur 6

Carbonate de sodium

Procédé Solvay à l’ammoniac


par Claude BRETON
Chef du Centre d’études et de recherche Solvay Carbonate France (Dombasle)

1. Procédé de fabrication ........................................................................... J 6 195 - 2


1.1 Principe du procédé Solvay ........................................................................ — 2
1.2 Consommation de matières premières et d’utilités ................................. — 2
1.3 Description de l’installation. Conditions opératoires ............................... — 3
1.4 Traitement des effluents.............................................................................. — 3
1.5 Autres procédés de fabrication .................................................................. — 3
2. Fiche produit ............................................................................................. — 5
2.1 Propriétés physico-chimiques du carbonate de sodium .......................... — 5
2.2 Caractéristiques des formes commerciales .............................................. — 5
2.3 Hygiène et sécurité ...................................................................................... — 5
2.4 Principales utilisations ................................................................................ — 6
2.5 Aspects économiques ................................................................................. — 6
Références bibliographiques ......................................................................... — 6

onnu depuis la plus haute Antiquité, le « natron », carbonate de sodium


C naturel, appelé également « soude », était extrait des cendres de roseaux
qui poussaient dans le Bas-Euphrate. À une époque plus récente, les Espagnols
produisaient la « soude » par incinération de la salsola ou barilia, plante cultivée
sur les terrains salins d’Andalousie.
En Bretagne, la « soude » était extraite des cendres d’algues. Cette activité, qui
s’est prolongée jusqu’au milieu du XIXe siècle, est à l’origine de la dénomination
courante du carbonate de sodium en anglais : « soda ash ».
À partir de 1797, le procédé Leblanc a permis la fabrication industrielle du car-
bonate de sodium et, pendant plus d’un demi-siècle, la « soude Leblanc » n’eut
pas de concurrente.
En 1863 apparut le procédé Solvay, plus économique, qui entraîna la dispari-
tion progressive du procédé Leblanc.
La production industrielle du carbonate de sodium par le procédé Solvay a
contribué au formidable développement des industries qui font appel à ce
produit : verrerie, détergence, métallurgie, chimie.

Pour de plus amples renseignements, le lecteur pourra consulter les références bibliogra-
phiques [1] [2] [3] [4].

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie des procédés J 6 195 − 1
CARBONATE DE SODIUM ________________________________________________________________________________________________________________

1. Procédé de fabrication Calacire Coke Saumure épurée

Gaz à 40 % de CO2
1.1 Principe du procédé Solvay Fours à chaux
(5)

Le procédé Solvay utilise comme matières premières le sel ordi- Absorption


naire, NaCl, et le calcaire, CaCO3. L’ammoniac NH3 intervient dans la CaO (1)
fabrication du carbonate de sodium, mais ne peut être considéré
comme une matière première puisqu’il est totalement régénéré et
recyclé. Hydratation Saumure
Saumure
de la chaux Cycle ammoniacale
Le procédé peut être résumé par l’équation globale : (6) NH3
2 NaCl + CaCO3 → Na2CO3 + CaCl2 Carbonatation
Lait de chaux
(2)
qui ne représente toutefois pas une réaction chimique réalisable en NH3
pratique.
En partant de l’observation que, lors de la mise en contact d’une Slurry de

Gaz à 90 % de CO2
solution aqueuse saturée en NaCl et préalablement rendue basique bicarbonate
avec du gaz carbonique (CO2), on pouvait obtenir de l’hydrogéno-
carbonate de sodium, le procédé de production du carbonate de
Vapeur Distillation Filtration
soude a été développé selon les 7 étapes qui suivent. (7) (3)
1 – Absorption d’ammoniac
Une saumure de NaCl est saturée par de l’ammoniac NH3 [prove- Liquide Bicarbonate
nant de l’opération (7) décrite plus loin], afin de la rendre basique. résiduaire brut
On forme ainsi une saumure ammoniacale :
NaCl + H2O + NH3 Calcination
(4) Vapeur
2 – Carbonatation de la saumure ammoniacale
La saumure ammoniacale est envoyée dans l’installation de car-
bonatation où elle est mise en contact avec le dioxyde de carbone Carbonate
de sodium
CO2 issu des opérations (4) et (5).
Le dioxyde de carbone et l’ammoniac, en présence d’eau, don- Figure 1 – Les grandes étapes du procédé Solvay
nent de l’hydrogénocarbonate d’ammonium :
NH3 + H2O + CO2 → (NH4)HCO3
7 – Régénération de l’ammoniac
L’hydrogénocarbonate d’ammonium et le chlorure de sodium
entrent ensuite en double décomposition pour donner du chlorure On fait réagir le chlorure d’ammonium recyclé de l’opération (3)
d’ammonium et de l’hydrogénocarbonate de sodium, traditionnelle- avec le lait de chaux résultant de l’opération (6). Cette réaction
ment connu sous le nom de bicarbonate de sodium : donne de l’ammoniaque et du chlorure de calcium :

(NH4)HCO3 + NaCl → NH4Cl + NaHCO3 2 NH 4 Cl + Ca ( OH ) 2 → 2 NH 4 OH + CaCl 2


Le bicarbonate de sodium, peu soluble dans ces conditions, est L’ammoniac est distillé et renvoyé dans l’absorbeur dans lequel
obtenu à l’état solide. est réalisée l’opération (1).
3 – Filtration
L’ensemble de ces opérations est décrit sur le schéma de principe
Le bicarbonate de sodium est séparé du liquide par filtration. figure 1.
4 – Transformation du bicarbonate en carbonate de sodium
Le bicarbonate (NaHCO3), chauffé dans un sécheur, se décompose
en carbonate de sodium, en dégageant de l’eau et du dioxyde de 1.2 Consommation de matières premières
carbone : et d’utilités
2 NaHCO3 → Na2CO3 + H2O + CO2
Le CO2 qui se dégage est renvoyé à l’étape de carbonatation [opé- La production d’une tonne de carbonate de sodium de type soude
ration (2)]. dense (§ 2.2) nécessite :
5 – Cuisson du calcaire 1 ,6 t de sel NaCl 
1 ,1 à 1 ,3 t de calcaire CaCO 3 
Le calcaire est décomposé thermiquement dans un four à chaux matières premières
et donne du dioxyde de carbone (CO2) et de la chaux vive (CaO)
selon l’équation : 9 à 12 GJ de charbon, coke, mazout ou gaz naturel, utilisés comme
CaCO3 → CaO + CO2 combustibles pour le four à chaux [opération (5)] et pour générer la
vapeur nécessaire à la distillation de l’ammoniac [opération (7)] et à
Le CO2 est envoyé à l’installation de carbonatation [opération (2)]. la calcination du bicarbonate [opération (4)], ainsi que l’énergie élec-
6 – Préparation du lait de chaux trique nécessaire à la force motrice (compression du gaz, pompes,
agitateurs...).
La chaux vive produite lors de l’opération (5) est hydratée en
chaux éteinte et délayée dans un excès d’eau : La consommation de combustibles est liée au degré d’intégration
de l’atelier de fabrication du carbonate de sodium, appelé aussi
CaO + H2O → Ca(OH)2 soudière, avec d’autres fabrications sur le même site.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
J 6 195 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie des procédés
________________________________________________________________________________________________________________ CARBONATE DE SODIUM

Le traitement des eaux mères, pour la récupération de l’ammo- Les calcinateurs (T) sont des sécheurs à tambour tournant, chauf-
niac [opération (7)], nécessite de la vapeur basse pression (0,1 à fés par des tubes de vapeur noyés dans la masse à calciner. La tem-
0,2 MPa) à raison de 1 200 à 1 500 kg par tonne de carbonate de pérature de calcination est de l’ordre de 150 à 200 ˚C.
sodium. Les chaudières nécessaires sont généralement prévues
Le carbonate de sodium obtenu est stocké dans des silos et livré
pour travailler à pression élevée de façon à permettre la coproduc-
ensuite à la clientèle, soit en sacs, soit en containeurs souples, soit
tion d’énergie électrique dans des turboalternateurs à contre-pres-
en vrac (camions ou wagons).
sion. L’énergie électrique fournie par les turboalternateurs peut,
avec des chaudières à pression limitée, couvrir largement les Les eaux mères de la filtration sont traitées pour en récupérer
besoins propres de la soudière. Les compresseurs à gaz pour la car- l’ammoniac. Un entraînement à la vapeur du CO2 en excès précède
bonatation peuvent être entraînés par des machines à vapeur à un traitement à la chaux dans le réacteur (D) puis un entraînement à
contre-pression. la vapeur de l’ammoniac ainsi libéré dans la colonne de distillation
(E). Ce sont les gaz de ce dernier appareil qui sont utilisés pour
Les sites disposent de plus en plus souvent d’installations de
l’entraînement du CO2.
cogénération gaz, la vapeur étant utilisée dans le procédé et l’élec-
tricité revendue. Le traitement du liquide résiduaire est fonction des
réglementations locales en matière d’environnement. Ce liquide
La réfrigération des appareils nécessaire, suite aux réactions exo-
peut, par ailleurs, servir à la fabrication de chlorure de calcium.
thermiques mises en jeu (absorbeurs, carbonateurs...), nécessite
des quantités d’eau importantes, allant de 20 à 50 m3 par tonne de ■ Investissements
carbonate de sodium suivant la température de l’eau de refroidisse-
ment. L’implantation en site vierge d’une soudière à l’ammoniac
nécessite un investissement très important que l’on chiffre, pour
une production de 1 000 kt/an, à environ 600 millions d’euros en
2000, pour la totalité des installations (soudière, carrière de calcaire,
1.3 Description de l’installation. sondages de sel, traitement des effluents), hors production
Conditions opératoires d’énergie.

■ Matériaux
1.4 Traitement des effluents
À l’origine, les appareils de soudière étaient fabriqués en fonte et
leurs parois comportaient une importante surépaisseur pour
résister à la corrosion. L’effluent de la soudière est une solution contenant le chlorure de
Actuellement, des matériaux plus nobles sont utilisés, tels que calcium formé par la réaction globale et du chlorure de sodium
l’acier inoxydable pour les colonnes de carbonatation et les filtres, n’ayant pas réagi, avec, en suspension, des matières solides consti-
ainsi que le titane pour certaines parties de l’unité de distillation. tuées par les impuretés contenues dans les matières premières uti-
lisées (sel et calcaire). Il s’agit donc de matières minérales non
■ Installation toxiques n’ayant pas d’influence défavorable sur l’environnement.
On se référera au schéma de fabrication représenté figure 2. La solution résiduaire est évacuée (vers la mer ou les rivières)
Le calcaire est calciné dans un four à chaux (A) généralement dans les conditions prescrites par les réglementations locales en
chauffé au coke et de type vertical. La chaux produite est transfor- matière d’environnement. Dans certains cas, une partie de la solu-
mée en lait de chaux dans un dissolveur (B). Le CO2 produit est tion est évaporée pour récupérer le sel et produire du chlorure de
envoyé dans les colonnes de bicarbonatation (P). calcium.
Le sel est employé sous forme de saumure obtenue soit directe- Il n’y a pas de rejets gazeux autres que l’azote de l’air introduit aux
ment par sondages, soit par dissolution de sel solide (sel gemme ou fours à chaux, l’ammoniac étant entièrement récupéré par le lavage
sel marin). Cette saumure est épurée dans les appareils (H), (I) et (J), de l’azote rejeté, au moyen de la saumure fraîche.
pour éliminer ses sels de magnésium et de calcium (généralement
par addition simultanée de lait de chaux et de carbonate de sodium).
Puis, la saumure traverse ensuite des laveurs de gaz (L) et les absor-
beurs (M), refroidis à l’eau, où elle se charge de l’ammoniac 1.5 Autres procédés de fabrication
récupéré des eaux mères de filtration.
La carbonatation se fait à contre-courant dans des colonnes (P) ■ Trona
recevant :
Du minerai de trona (sel mixte de carbonate et bicarbonate de
— d’une part, à la base, un mélange de CO2 pur (recyclé de la cal- sodium) est disponible dans le sous-sol (par exemple dans le Wyo-
cination) et de gaz des fours à chaux (à 40 % de CO2 environ) ; ming aux USA) ou dans des lacs asséchés [Searles Lake (Californie),
— d’autre part, à mi-hauteur, du gaz des fours à chaux seul. Magadi Lake (Kenya), Sua Pan (Bostwana)].
Cette séparation permet de disposer d’un débit de gaz minimal ● Trona du sous-sol
pour maintenir le bicarbonate solide en suspension.
Le trona extrait des mines est traité selon les opérations
Cette carbonatation est poussée jusqu’à la précipitation du bicar- suivantes :
bonate de sodium, le déplacement de la réaction exothermique
dans le sens souhaité étant obtenu par réfrigération de la partie infé- — extraction mécanique du minerai ;
rieure des colonnes. — calcination du trona (sesquicarbonate) pour obtenir un carbo-
nate de calcium impur ;
Pratiquement, la suspension de bicarbonate de sodium est souti-
rée vers 25 ˚C et le rendement de transformation de NaCl est de — dissolution du trona calciné avec décantation et filtration de la
l’ordre de 70 à 75 %. solution (épuration en insolubles et organiques) ;
— envoi de la solution purifiée dans des évaporateurs où l’on
La cristallisation s’accompagne d’incrustations des parois et des
cristallise du monohydrate de carbonate de sodium.
surfaces réfrigérantes, nécessitant un lavage périodique de ces
appareils. Le bicarbonate, séparé de la suspension soit par filtration Ce slurry de monohydrate est concentré par centrifugation avant
sous vide soit par essorage, est lavé, puis ensuite calciné. d’être séché pour obtenir le carbonate de sodium vendable.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie des procédés J 6 195 − 3
CARBONATE DE SODIUM ________________________________________________________________________________________________________________

Calcaire
Saumure vierge (NaCl)

Na2CO3 , Ca (OH)2
Coke (*)

CO2
Incuits (**)
D H I J
F
Eau A four à chaux
A
Eau B dissolveur à chaux
CaO
B G C réservoir à lait de chaux
E D réacteur à lait de chaux
Vapeur
E colonne de distillation
Air
F condenseur
C Effluents
G réfrigérant (gaz NH3)
NH3 , CO2 H réacteur de l'épuration
Purge de saumure
Saumure épurée
I digesteur
Air
J décanteur
X L laveurs de gaz
W M colonne d'absorption
N réfrigérant (saumure
Air ammoniacale)
X Eaux mères O colonne de carbonatation
P colonne de bicarbonatation
(précipitation du bicarbonate
de sodium)
L L L R filtre (ou essoreuse)
S réservoir à eaux mères
T sécheur (calcination)
W
U dépoussiéreur
Eau
CO2 V réfrigérant (gaz CO2)
V
W pompes à vide
X compresseurs
CO2
M O P U

Eau Vapeur

Carbonate
Eau R T de sodium
N léger
NaHCO3
Eau Eau

(*) Le coke (ou autre combustible) introduit dans A ne constitue qu'une (**) Les incuits sont constitués par les particules de calcaire qui n'ont pas
partie du combustible consommé. Le reste sert à générer la vapeur été décomposées en chaux au passage dans le four. Il n'y a pas de
introduite dans E et dans T. Le combustible introduit dans le four à chaux cendres séparées à la sortie du four à chaux ; les impuretés du calcaire et
assure la formation d'un supplément de CO2 en plus de celui généré par du combustible se retrouvent mélangées à la chaux vive.
la décomposition du calcaire. Ce supplément permet de boucler le bilan
en CO2 de la soudière en compensant les pertes de gaz.

Figure 2 – Schéma de fabrication du carbonate de sodium

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
J 6 195 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie des procédés
________________________________________________________________________________________________________________ CARBONATE DE SODIUM

● Trona d’origine lacustre une poudre blanche de diamètre médian voisin de 300 à 400 µm et
Le trona provenant des lacs est traité de la façon suivante : de masse volumique apparente voisine de 1 000 kg/m3. La « soude
dense » a été spécialement mise au point pour l’industrie verrière et
— dissolution du trona ; la métallurgie et représente aujourd’hui la qualité la plus demandée
— carbonatation de la solution pour obtenir un précipité de bicar- sur le marché.
bonate de sodium ;
— filtration du slurry ; ■ Analyse type
— calcination du bicarbonate en carbonate de sodium avec recy-
clage du CO2 à l’étape de carbonatation. Ces deux produits ne différent que par leur morphologie, mais
sont identiques du point de vue chimique. Une analyse type des
■ Nahcolite deux variétés de carbonate de sodium est donnée tableau 2.
Un dépôt de nahcolite (bicarbonate) a été trouvé à Piceance Creek (0)

au Colorado (USA) et une installation industrielle de production de


carbonate de sodium a été construite sur ce gisement. Tableau 2 – Composition du carbonate de sodium
Les étapes du procédé sont les suivantes : commercial
— dissolution par injection d’eau chaude ou d’eaux mères dans le
gisement ; Teneur
Composition
— débicarbonatation de la solution par chauffage ; (% en masse)
— cristallisation dans des évaporateurs de monohydrate de car- Na2CO3 99,5
bonate de sodium ;
— concentration du slurry par centrifugation et transformation du NaCl 0,1 à 0,3
monohydrate en carbonate de sodium par séchage. Na2SO4 0,03
Fe2O3 0,001
CaO 0,02
2. Fiche produit MgO 0,008
H2O résiduel 0,2
2.1 Propriétés physico-chimiques Insoluble dans l’eau 0,02
du carbonate de sodium

Le carbonate de sodium se présente sous la forme d’une poudre 2.3 Hygiène et sécurité
blanche, cristalline et inodore.
Masse moléculaire : 105,994.
■ Précautions d’emploi
Température de fusion : 851 ˚C (1 124 K).
Le carbonate de sodium n’est ni toxique, ni corrosif. Cependant,
Masse volumique intrinsèque à 20 ˚C : 2 532 kg/m3. ses poussières peuvent provoquer une irritation passagère de la
Capacité thermique massique à 25 ˚C : 1,042 kJ · kg−1 · K− 1. peau et des muqueuses du nez, de la gorge ou des yeux. Le port de
Enthalpie de fusion : 316,1 kJ/kg. masques légers à tampons filtrants et de lunettes permet d’éviter
ces inconvénients.
Enthalpie de formation à 25 ˚C : 10,47 × 103 kJ/kg.
Le carbonate de sodium est très soluble dans l’eau (solubilité En cas de projection de carbonate de sodium dans les yeux, on
maximale : 332,1 g de Na2CO3 par kilogramme de solution à procédera à un lavage à grande eau et on recourra aux soins d’un
35,37 ˚C soit 448 g par litre de solution). ophtalmologue.
On trouvera dans le tableau 1 quelques valeurs caractéristiques En milieu humide, la présence simultanée de poussières de carbo-
de la solubilité du carbonate de sodium dans l’eau. nate de sodium et de chaux peut favoriser la formation de soude
(0)
caustique susceptible de causer des brûlures : le personnel exposé
à ce risque devra porter des lunettes étanches, des vêtements pro-
Tableau 1 – Solubilité du carbonate de sodium dans l’eau tecteurs et des masques filtrants.
Phrases de sécurité : S22 (ne pas respirer les poussières), S26 (en
Température ........................... (˚C) 10 32 35,3 90
cas de contact avec les yeux, laver immédiatement et abondam-
Solubilité ...........(g/kg de solution) 108 315 332 308 ment avec de l’eau et consulter un spécialiste).
Phrase de risque : R36 (irritant pour les yeux).

2.2 Caractéristiques des formes ■ Risques d’inflammation et d’explosion


commerciales Le carbonate de sodium n’est ni inflammable, ni explosif. Il ne
présente donc aucun risque d’incendie ou d’explosion.
■ Carbonate de sodium léger de type « soude légère » ■ Stockage et manutention
Cette dénomination s’applique au produit obtenu directement à la
Le carbonate de sodium peut être stocké en sacs de 25 kg, en con-
sortie de la soudière sous forme d’une poudre blanche de diamètre
teneurs souples de 1 000 kg ou, mieux, en vrac.
médian voisin de 100 µm et de masse volumique apparente voisine
de 500 kg/m3. Le stockage en vrac doit s’effectuer à l’abri de l’air humide dans
des silos métalliques ou en béton, à fond conique métallique équipé
■ Carbonate de sodium dense de type « soude dense » d’extracteurs pneumatiques ou mécaniques. Dans ce cas, la manu-
Il s’agit de la variété obtenue par recristallisation en carbonate de tention s’effectue par convoyeurs à courroie ou à palettes, ou par
sodium monohydraté, puis calcination dans un four tournant. C’est transport pneumatique.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie des procédés J 6 195 − 5
CARBONATE DE SODIUM ________________________________________________________________________________________________________________

2.4 Principales utilisations botage de dioxyde de soufre SO2 dans une solution de carbonate de
sodium, selon les réactions suivantes :
Na2CO3 + SO2 → Na2SO3 + CO2
Avant de citer ses multiples usages, il convient de rappeler que le
carbonate de sodium fabriqué par le procédé Solvay à l’ammoniac CO2 + Na2CO3 + H2O → 2 NaHCO3
est d’une pureté particulièrement élevée pour un produit industriel
de grande consommation. Par ailleurs, il est très soluble (cf. § 2.1), ● Électrolyte à action fluidifiante
ce qui, dans bien des cas, facilite sa mise en œuvre et simplifie les Le carbonate de sodium a un effet fluidifiant sur certaines suspen-
processus chimiques où il intervient. sions minérales, propriété mise à profit notamment dans l’industrie
céramique et en cimenterie.
■ Caractéristiques chimiques
■ Secteurs d’application
Les applications du carbonate de sodium dérivent du fait que l’on
peut faire appel à lui comme réactif alcalin, comme source d’oxyde Les différents secteurs d’application sont :
de sodium Na2O et de dioxyde de carbone CO2, ou comme simple — l’industrie du verre : verre à vitres, dit verre plat, actuellement
électrolyte. obtenu par le procédé float Glass, et verre à bouteilles, flacons et
● Source d’oxyde de sodium pots industriels, dit verre d’emballage, ainsi que gobeleterie, verres
spéciaux (TV, lampes...) et fibres de renfort et d’isolation ;
Le carbonate de sodium est utilisé pour sa teneur en Na2O et pour — la fabrication de produits chimiques : bicarbonate de sodium
les propriétés de fondant qui en découlent, dans la fabrication du raffiné et pharmaceutique, silicates de sodium, phosphates sodi-
verre et des silicates, ainsi qu’en métallurgie. En effet, Na2O permet ques, percarbonate de sodium utilisé comme agent de blanchiment
la formation du verre en diminuant considérablement la tempéra- dans les poudres à laver, bichromate de sodium, sulfite et méta-
ture de fusion du mélange vitrifiable à base de silice. bisulfite de sodium, engrais à base de nitrate de soude synthétique,
● Réactif alcalin bentonites sodiques artificielles utilisées en fonderie et en génie
civil, etc. ;
Le carbonate de sodium est employé pour la neutralisation des — la détergence : le carbonate de sodium est un constituant des
acides et des sels d’acides minéraux et organiques, cette neutralisa- poudres à laver sans phosphate ;
tion pouvant avoir pour but : — les industries des savons, des colorants, des graisses et du
— le maintien du pH à une valeur bien déterminée au cours d’un ciment ;
processus libérant des acides, comme dans certains cas de fabrica- — la sidérurgie : pour la désulfuration de la fonte au
tion des pâtes de bois, par exemple ; convertisseur ;
— la préparation des sels sodiques des acides : phosphates, — la métallurgie des non-ferreux : traitement des minerais d’ura-
nitrates, chromates et bichromates, citrates, tartrates, sels d’acides nium et de chrome, métallurgie du cobalt, du tungstène, du vana-
gras, etc. dium et du nickel ;
— la fabrication de l’alumine à partir de la bauxite : le carbonate
● Source d’oxyde de sodium et de dioxyde de carbone de sodium peut, dans certains cas, être utilisé à la place de la soude
Dans les usages précédemment cités, le carbonate de sodium est caustique ;
décomposé avec dégagement de CO2. Dans d’autres cas, cepen- — la fabrication de la pâte à papier ;
dant, le CO2 libéré (ou l’anion CO 32– ) est utilisé directement. Citons — l’adoucissement de l’eau ;
notamment : — les industries alimentaires.
— les réactions de double décomposition, par exemple pour l’éli-
mination de la dureté permanente des eaux :
CaSO4 + Na2CO2 → CaCO3 + Na2SO4 2.5 Aspects économiques
— des réactions plus complexes, par exemple la préparation de la
liqueur de cuisson du bois selon le procédé au sulfite neutre : cette
liqueur, consistant généralement en une solution de sulfite neutre Le lecteur se reportera aux pages [J 6 690] dans ce même
de sodium et de bicarbonate de sodium, peut être fabriquée par bar- volume.

Références bibliographiques

[1] BRAUNE (G.) et SCHNEIDER (H.). – Kali-Che- [2] RANT (Z.). – Die Erzeugung von Soda. Ferdi- [4] MIKULIN (G.) et POLJAKOV (I.K). – Die Dis-
mie AG. Natriumcarbonat und Natriumhy- nand Enke Verlag, Stuttgart (1968). tillation in der Sodaerzeugung. Leningrad
drogenocarbonat. Ullman Enzyclopädie, [3] HOU (T.P.). – Manufacture of soda. Rheinhold (1956).
Band 17, p. 159-165. Publishing Corp., New York (1969).

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
J 6 195 − 6 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie des procédés

Vous aimerez peut-être aussi