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L’Algérie est un grand pays de la région méditerranéenne, elle dispose de sites naturels,
archéologiques et patrimoniaux inestimables. Son histoire a été façonnée par le
croisement de diverses cultures, berbère d’abord, ensuite romaine, puis ottomane, arabo-
musulmane et enfin française.
L’évolution de la notion du patrimoine en Algérie est en décalage par rapport aux deux pays
voisins le Maroc et la Tunisie, dont les médinas ont connu depuis plus longtemps des
opérations de restauration, de réhabilitation et de mise en valeur.
Depuis l’indépendance, l’Algérie n’a produit que très peu de textes se rapportant à
la sauvegarde de son patrimoine. Les seuls textes pouvant être cités comme repères sont 1
:
·le décret législatif n° 94/07 du 18 mai 1994, relatif aux conditions de la production
architecturale et à l’exercice de la profession d’architecte, mais qui n’a fait qu’évoquer
le patrimoine architectural sans propositions concrètes.
·la loi 98/04 du 15 juin 1998, relative à la protection du patrimoine culturel, elle
comprend elle aussi certaines faiblesses.
L’ordonnance N° 67/281 est restait seule pendant 30 ans, celle de 1998 était un avènement
révolutionnaire d’une loi qui a jeté les bases d’une véritable politique du patrimoine
en Algérie. Entre 2003 et 2009, le Ministère de la culture a produit 23 textes
d’application et a procédé aux classements de 390 sites et monuments historiques122.
Enfin, ce qui ressort de ce bref rappel c’est qu’il reste beaucoup de travail à faire
sur la législation qui s’est intéressée plus particulièrement à la protection et à la
sauvegarde qu’à la mise en valeur. L’intérêt économique du patrimoine est laissé
au second plan, ce qui ne va pas dans le sens de l’amélioration de l’offre
touristique et son élargissement au tourisme culturel.
1 121
Djamel DEKOUMI et Ouahib Tarek BOUZNADA, LEGISLATION ALGERIENNE ET GESTION DU PATRIMOINE, Université
Mentouri, Constantine. Communication, Mai 2009
DD) qui fixe des orientations stratégiques à l’horizon de cinq ans pour le
développement durable du pays2.
Néanmoins, le patrimoine en tant que volet spécifique n’est pas nominativement cité
dans les différents rapports, notes et lois émis par le gouvernement algérien 3-4. Il figure
par contre à travers des thèmes qui lui sont directement liés. Ainsi, on notera que
parmi les objectifs de la stratégie du plan national de l’environnement et du plan
national pour l’environnement et le développement durable figure la lutte contre la
dégradation de l’environnement et l’amélioration du cadre de vie de la population.
Les principales lois relatives au développement durable ayant un rapport avec le
patrimoine sont :
Le fait d’avoir des potentialités touristiques n’a pas conduit l’Algérie à disposer d'une
culture touristique.
Deux objectifs ont été fixés, dans le cadre du SDAT 2025, concernant le patrimoine
culturel, en particulier : sa protection et sa valorisation, ainsi que son utilisation
en tant que facteur de développement durable des territoires.
Aout 2002
compétitif dans l’espace méditerranéen, doit prendre pour fondements des
valeurs écologiques et environnementales.5
5
133 Samir GRIMES et Mmes Hafida LAMRI et Radia FODIL ; Destinations Développement de stratégies pour un
tourisme durable dans les nations méditerranéennes Algérie: Stratégie de développement du tourisme durable,
L’Agence Nationale de Développement du Tourisme (ANDT), le Ministère de l'Aménagement du Territoire, de
l'Environnement et du Tourisme (MATET) et le Centre d'Activités Régionales pour le Programme d'Actions
Prioritaires (CAR/PAP) du PNUE/PAM., 2006
6
Le Schéma Directeur des Zones Archéologiques et Historiques, Ministère de la culture, Août 2007
5. Favoriser les actions de reconnaissance de l’espace archéologique et historique
algérien à travers un renouveau méthodologique et une orientation des sciences de
l’archéologie et du patrimoine culturel, vers des préoccupations essentiellement
historiques.
6. Fixer les perspectives de renforcement des systèmes de contrôle et de surveillance des
espaces archéologiques.
7. Prévoir la conciliation des impératifs de la préservation des biens culturels protégés et les
exigences du développement économique.
8. Veiller au respect de l’adaptation des valeurs culturelles, économiques et sociales au
contexte authentique du lieu.
9. Prévoir la mobilisation des ressources financières pour la prise en charge des opérations
d’inventaire ; de restauration et de valorisation des zones archéologiques et
historiques. Le schéma cité ci-dessus vise donc à permettre une prise en charge
du patrimoine archéologique et culturel à travers un ensemble d’actions dont les plus
importantes sont l’inventaire, la préservation et la mise en valeur par l’introduction de
ce patrimoine dans un circuit économique.
En résumé, le schéma directeur des zones archéologiques et historiques n’est pas
édicté uniquement pour le secteur du tourisme. Néanmoins, les deux secteurs ont
un intérêt mutuel.
Ainsi, la nouvelle stratégie de relance du tourisme culturel dans les sites historiques consiste
à7 :
·Mettre en valeur et en lumière des sites antiques et des sites archéologiques.
·Une nouvelle politique de préservation.
·La création de circuits.
L’Algérie avec son potentiel touristique et culturel considérable peut se positionner dans un
contexte concurrentiel et prétendre à un développement touristique culturel durable à
7
Schéma Directeur d’Aménagement Touristique "SDAT 2025", Ministère De L’aménagement du Territoire, de
138
La loi n° 98/04 est venue rappeler que l’État a pris conscience de l’importance du
patrimoine bâti et de la nécessité de le préserver. Mais, ces efforts consentis semblent être
insuffisants dans la mesure où il parait que les lois produites restent inadéquates,
voire même, insuffisantes dans certains de leurs aspects.
Ce que nous pouvons constater aussi c’est que l’Algérie dans sa stratégie de
développement du tourisme a ciblé beaucoup plus le tourisme durable. Le SDAT, par
exemple, se présente comme un support théorique très enrichi en matière de
programmation et de planification en tourisme durable. Malheureusement, le terrain est
pauvre en action. Ainsi, des sites comme celui de la Casbah d’Alger qui est très adapté
pour être proposé pour des circuits culturels touristiques a vu défiler des opérations
d’entretien et de restauration alors qu’il est toujours dans un état très dégradé.
Ce que nous pouvons remarquer aussi, c’est que l’Algérie a pris du retard par rapport à
ses pays voisins dans le secteur du tourisme. Néanmoins, ce retard peut être
exploité positivement. C’est ce qu’a confirmé Tidjani Haddad, président du conseil
exécutif de l’OMT, et secrétaire général adjoint de l’organisation en disant que : "le
retard dans le secteur du tourisme accusé par l’Algérie peut lui être bénéfique. Les
expériences d’autres pays, notamment voisins, peuvent lui éviter de refaire les
mêmes erreurs. Ainsi, l’Algérie aura une vision plus claire sur le marché
touristique"8.
Face à ce que nous avons vu dans ce chapitre, nous pouvons dire que l’Algérie est en
retard en matière de tourisme et précisément de type culturel. Se mettre au niveau de ses
voisins nécessite de grands efforts. Néanmoins, pour développer un tourisme culturel
durable, économiquement rentable et qui ne sera pas rejeté par la population, le pays doit
profiter des expériences d’autrui mais aussi de ses propres échecs.
8
158 Radia DJOUZI ; Tourisme : L’Algérie, quatrième destination en Afrique ; Op cite