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ISSN: 2658-8455

Volume 3, Issue 5-1 (2022), pp. 223-234.


© Authors: CC BY-NC-ND

Contribution théorique aux transactions intragroupe : Postulat de


la planification fiscale par le biais du prix de transfert
Theoretical contribution to intragroup transactions: Postulate of
tax planning through transfer pricing

Marouane BAKHIR, (Doctorant)


Laboratoire de Recherche en Innovation, Responsabilité et
Développement Durable (INREDD)
FSJES Marrakech
Université Cadi Ayyad de Marrakech, Maroc

El Houssain ATTAK, (Enseignan-Chercheurt)


Laboratoire de Recherche en Innovation, Responsabilité et
Développement Durable (INREDD)
ENCG Marrakech
Université Cadi Ayyad de Marrakech, Maroc

Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales


Adresse : Daoudiate B.P. 2380, 40000 Marrakech Cadi Ayyad Maroc,
Correspondence address : Marrakech
Maroc (Marrakech) 40000
Tél : +212 (0) 5 24 30 30 32 / +212 (0) 5 24 30 33 95
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Disclosure Statement :
the objectivity of this study
Conflict of Interest : The authors report no conflicts of interest.
BAKHIR, M., & ATTAK, E. H. (2022). Contribution théorique aux
transactions intragroupe : Postulat de la planification fiscale par le biais du
Cite this article :
prix de transfert. International Journal of Accounting, Finance, Auditing,
Management and Economics, 3(5-1), 223-234.
https://doi.org/10.5281/zenodo.7121432

License This is an open access article under the CC BY-NC-ND license

Received: September 04, 2022 Published online: September 30, 2022

International Journal of Accounting, Finance, Auditing, Management and Economics - IJAFAME


ISSN: 2658-8455
Volume 3, Issue 5- (2022)
ISSN: 2658-8455
Volume 3, Issue 5-1 (2022), pp. 223-234.
© Authors: CC BY-NC-ND

Contribution théorique aux transactions intragroupe : Postulat de la


planification fiscale par le biais du prix de transfert

Résumé
La planification fiscale par le biais des prix de transfert est une conséquence du phénomène de concentration
d’entreprises. En effet, les transactions opérées entre les sociétés mères et leurs filiales ont donné naissance à des
transferts de bénéfices vers des pays où la fiscalité est plus avantageuse. La quête de minoration des charges
fiscales par les multinationales est devenue à notre ère une fatalité.
L’objet de cet article est d’analyser les différents aspects liés à l’usage des prix de transfert comme moyen de
planification fiscale par une revue de littérature théorique. Plusieurs auteurs se sont intéressés au comportement
des multinationales à l’égard de l’impôt. En 1883, Henry Sidgwick émet une hypothèse définissant les prix de
transfert sans leur donner de nom, il suppose que certains biens sont consommés lors du processus de production
au sein de l’entreprise. Par la suite, les multinationales ont chiffré le prix desdits biens pour valoriser leurs
transactions intra-groupes et en faire un moyen de planification fiscale par excellence. En 1961, Hoffman donne
une première définition à la planification fiscale comme étant la capacité du contribuable à arranger et organiser
ses activités de manière à minorer sa charge d’impôt. L’ère post-Hoffman a connu l’essor de la volonté délibérée
des multinationales à minorer leur charge d’impôt par l’usage de moyens légaux, illégaux ou immoraux.
Les aboutissements de la présente revue de littérature théorique confirment que l’usage des prix de transfert à des
fins de planification fiscale est une réalité qui pourrait être accostée par l’incitation des multinationales au respect
du principe de pleine concurrence et l’incitation des États à l’harmonisation des systèmes fiscaux internationaux.

Mots clés : Prix de transfert, planification fiscale internationale, transactions intragroupes, transfert de bénéfices.
Classification JEL : H26, H3.
Type de l’article : Article théorique.

Abstract
Tax planning through transfer pricing is a consequence of the phenomenon of corporate concentration. Indeed,
transactions between parent companies and their subsidiaries have given rise to profit shifting to countries where
taxation is more advantageous. The quest by multinationals to reduce tax burdens has become an inevitability in
our era.
The purpose of this article is to analyze the various aspects related to the use of transfer pricing as a means of tax
planning through a review of the theoretical literature. Several authors have focused on tax behavior of
multinational companies. In 1883, Henry Sidgwick put forward a hypothesis defining transfer pricing without
giving it a name, assuming that certain goods are consumed during the production process within the company.
Subsequently, multinationals have quantified the price of these goods in order to value their intragroup transactions
and make it a tax-planning tool. In 1961, Hoffman first defined tax planning as the ability of a taxpayer to arrange
and organize his activities in such a way as to minimize his tax burden. The post-Hoffman era has seen the rise of
the deliberate attempt by multinational corporations to minimize their tax liability through legal, illegal or immoral
means.
The results of this review of the theoretical literature confirm that the use of transfer pricing for tax planning
purposes is a reality that could be avoided by encouraging multinationals to respect the arm's length principle and
encouraging States to harmonize international tax systems.

Keywords : Transfer pricing, international tax planning, intragroup transactions, profit shifting.
JEL Classification : H26, H3.
Paper type : Theoretical Research

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1. Introduction
Suite au développement des phénomènes de concentration d’entreprises et à l’essor du
commerce international durant le 20ème siècle. Des groupes d’entreprises ont vu le jour pour
opérer dans divers secteurs d’activité sous des relations de mères-filiales. Beebeejaun (2019)
estime que les multinationales et leurs filiales s’évaluent à 10% du PIB mondial et que leurs
chiffres d’affaires confondus représentent la moitié du PIB mondial. Il ajoute dans ce sens que
leur rythme de croissance est plus rapide que la croissance du PIB mondial et qu’environ 60%
de leurs échanges commerciaux se font par le biais de transactions intragroupe.
Mackie-Mason et Gordon (1997) ont pu quantifier les transactions intragroupes effectuées par
les firmes américaines et sont parvenus à la réalité que lesdites transactions sont significatives
en valeur et en volume. Ensuite, ils ont étudié la corrélation entre lesdites transactions et les
niveaux des taux d’imposition et conclu que l’augmentation des taux d’imposition crée ce qu’ils
ont qualifié de « sociétés rentables déficitaires ». Ainsi, le niveau élevé des taux d’imposition
entraîne le transfert des revenus des firmes américaines vers d’autres pays où la fiscalité est
plus avantageuse par le biais des divers mécanismes existants pour cette fin.
Les transactions intragroupes à leur tour soulèvent la problématique des prix pratiqués dans le
cadre de leur exécution. Bhat (2009) qualifie ladite problématique par « l’ironie du marché
libre » et avance qu’une partie significative des transactions intragroupes n’obéit pas aux prix
du marché libre.
Les multinationales utilisent de ce fait différentes pratiques afin de diminuer leurs charges
fiscales. Ces pratiques sont, selon les auteurs, citées par différentes appellations. Lietz (2013)
unifie les appellations en l’occurrence l’évasion fiscale, l’évitement fiscal, la fraude fiscale et
l’agressivité fiscale en les liant à la notion de planification fiscale.
La planification fiscale a été citée pour la première fois au niveau des travaux de Hoffman
(1961) qui la considère comme la capacité du contribuable à organiser et arranger ses activités
de manière à payer le minimum d’impôt possible. Dans la même perspective, Wahab et al
(2017) définissent la planification fiscale comme étant la gestion à la baisse du revenu fiscal
imposable par les divers moyens légaux et illégaux et d’autres moyens se situant entre les deux.
Les transactions effectuées entre entités liées doivent donc obéir au prix de marché pour ne pas
entrer dans le champ de la planification fiscale. Ils doivent par conséquent obéir au « principe
de pleine concurrence » défini par L’OCDE (2017) comme étant le prix pratiqué pour une
transaction entre deux sociétés indépendantes sur le marché libre.
Les multinationales s’organisent désormais dans des schémas de participations de plus en plus
complexes, augmentant par conséquent le volume et la complexité des transactions effectuées
par le biais des prix de transfert. La planification fiscale est devenue donc au centre des débats
traitant de la fiscalité internationale et au centre des stratégies d’entreprises. Les entreprises
dans leur quête de diminution de la charge imposable utilisent les prix de transfert pour cette
fin. Sur la base de ces constats, cet article tente de répondre à la problématique : « Dans quelle
mesure les prix de transfert constituent-ils un moyen de planification fiscale ?».
Dans l’objectif de palier à la problématique précitée, l’article traitera des axes suivants : nous
allons en premier faire appel à une revue de littérature pour définir les principaux pivots du
sujet en l’occurrence les prix de transfert et la planification fiscale, ensuite nous allons présenter
les principales théories traitant de la planification fiscale. Finalement, nous allons traiter la
relation supposée entre les prix de transfert et la planification fiscale et exposer les modèles
théoriques qui ont essayé d’expliquer la relation. Cet enchainement nous permettra d’avancer
nos hypothèses de recherche et construire notre modèle.

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2. Définition de la planification fiscale et des prix de transfert


Suivant un rapport publié par le cabinet international Ernst & Young (2006) les prix de transfert
sont devenus un des sujets les plus discutés en matière de planification fiscale internationale de
par leurs usages comme moyens de transfert des bénéfices par les multinationales.
Sidgwick (1883) émet l’hypothèse que certains biens sont consommés lors du processus de
production au sein de l’entreprise. Ensuite, il considère ces transactions comme étant à caractère
négligeable et les évalue au prix de marché. Or de nos jours et considérant le volume et les prix
pratiqués dans le cadre des transactions intragroupes, les prix de transfert ne suivent pas
automatiquement le prix de marché et ne sont plus négligeables. Mais Sidgwick (1883) reste
un des premiers économistes de son temps à considérer l’existence de transactions intragroupe,
à considérer leur impact même négligeable et à mener une réflexion sur l’évaluation de leur
prix.
Selont Tila (2015) le prix de transfert est le prix par lequel transite les biens et les services entre
les différentes entités d’un groupe par majoration ou pas minoration des prix. Il ajoute dans ce
sens que le chiffrage dudit prix a des conséquences directes sur le transfert des bénéfices et sur
la fiscalité conséquente. En revanche, les prix de transfert pourraient revêtir un impact neutre
s’ils sont évalués dans le respect du principe de pleine concurrence.
La première apparition du principe de pleine concurrence fut en 1961 avec l’avènement de
l’OCDE qui dans la publication de son « Modèle de Convention fiscale concernant le revenu et
la fortune » cite le principe de pleine concurrence au niveau du neuvième article. La première
publication effective du modèle fut en 1966 avant d’être révisée en 1977 pour subir par la suite
diverses légères révisions. Ensuite, l’OCDE procède à une publication qui constituera une
référence incontournable pour toute problématique sur les prix de transfert, il s’agit en
l’occurrence des « Principes de l’OCDE applicables en matière de prix de transfert à l’intention
des entreprises multinationales et des administrations fiscales » publiés pour la première fois
en 1979 et révisés au fil des années par la suite.
Le principe de pleine concurrence est défini selon l’OCDE (2022) comme étant l’existence,
entre les entités liées par des liens de dépendance (juridique, commerciale ou de fait), de
conditions dans le cadre de leurs transactions commerciales et financières qui auraient existé
entre deux entités indépendantes dans le marché libre. Le prix pratiqué dans ce cas s’intitule le
« le prix de pleine concurrence ».
L’enjeu majeur pour la définition du prix de pleine concurrence est la recherche de comparables
n’ayant pas entre eux des liens de dépendance. De plus, lesdits comparables doivent, pour être
retenus comme références, vérifier les cinq facteurs de comparabilité définis par l’OCDE
(2022). Ils doivent alors en l’occurrence avoir en commun avec les entités liées :
- Des particularités de services ou de biens échangés identiques ;
- Des fonctions identiques ;
- Des contrats identiques dans le cadre de leurs transactions ;
- Un environnement économique identique ;
- Des stratégies similaires en industrie et dans leur politique commerciale.
Suivant le point de vue de l’OCDE (2022), c’est en prenant en considération les critères précités
qu’on pourrait parler d’une comparaison permettant d’aboutir à des conclusions sur le respect
du principe de pleine concurrence. Ainsi, l’inobservation desdits principes ne permettrait ni à
l’entreprise ni à l’administration de parler de prix de pleine concurrence.
Selon Garbarino (2011) les charges fiscales sont des charges opérationnelles pouvant être
maitrisées et optimisées comme n’importe quelle autre charge au sein de l’entreprise.
On parle de ce fait de planification fiscale. Hoffman (1961) lui donne la définition d’être la
capacité du contribuable à organiser son activité financière de manière à décaisser le minimum
de charges fiscales. Ensuite, la littérature s’est aussi concentrée sur le comportement des

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contribuables et leurs pratiques afin d’atteindre l’objectif de réduction de la charge d’impôt.


C’est ainsi que Pniowsky (2010) l’a définie comme étant un processus consistant à structurer
des transactions de façon à différer, éliminer ou réduire la charge d’impôt redevable à
l’administration fiscale.
La planification fiscale conduit donc l’entreprise, selon les cas et les objectifs visés, vers
l’optimisation ou l’optimisation fiscale ou l’évasion fiscale. Selon Abdul Wahab (2010) la
frontière entre l’optimisation et l’évasion fiscale se trouve dans la nature légale et illégale de la
pratique de planification opérée.
3. Revue de la littérature
Différentes techniques peuvent être utilisées dont le but ultime serait la planification fiscale. À
travers notre revue de littérature, nous avons choisi d’en citer les plus récurrentes et répandues.
Nous en listons alors quatre aspects :
- L’implantation dans les paradis fiscaux ;
- L’exploitation des lacunes existantes dans les législations fiscales ;
- Le transfert des bénéfices entre différents pays ;
- La restructuration de groupe.
3.1. L’implantation dans des paradis fiscaux
L’OCDE (1998) a proposé dans un article intitulé « Harmful Tax Competition » 4 critères pour
considérer un pays en tant que paradis fiscal. Par la suite, lesdits critères ont été repris par
plusieurs auteurs comme Winner (2005), Tobin et Walsh (2013). Est alors considéré comme un
paradis fiscal au sens de l’OCDE :
− Tout pays où les taxes sont inexistantes, non significatives ou tout pays pouvant constituer
un refuge permettant aux non-résidents d’échapper aux taxes collectées dans leur pays de
résidence ;
− Tout pays où le manque de transparence dans la diffusion de l’information financière
existe ;
− Tout pays refusant catégoriquement tout échange d’information avec les administrations
fiscales des pays membres de l’OCDE ;
− Tout pays qui n’exige pas aux entreprises l’exercice d’une activité réelle et substantielle et
les autorise à enregistrer dans leurs comptes des opérations même en l’absence d’activité
palpable.
Zucman (2015) a mené une étude sur la richesse cachée des pays. Il s’est intéressé à la
conformité fiscale des multinationales américaines et à l’ampleur du transfert des bénéfices
effectué vers les paradis fiscaux. Parmi ses constats, 55% des bénéfices réalisés par les
multinationales américaines à l’étranger sont situés dans les paradis fiscaux ou transférés vers
les paradis fiscaux.
L’implantation par les multinationales dans les paradis fiscaux n’est pas systématique. En
revanche, les multinationales peuvent déployer les moyens humains et matériels nécessaires
afin d’exploiter tout vide existant dans la législation fiscale d’un pays où elle est déjà implantée
ou souhaiterait s’implanter.
3.2. L’exploitation des lacunes existantes dans les législations fiscales
Les multinationales profitent des lacunes et des vides juridiques existants dans la législation
fiscale afin de créer des montages complexes leur permettant de mener à bien leur planification
fiscale. Hoffman (1961) a mis en évidence dans son article sur la planification fiscale
l’importance de l’existence de lacunes dans la juridiction fiscale pour l’exercice de ladite
planification et a ajouté que les lacunes juridiques témoignent de la complexité de la loi laissant
libre cours aux interprétations.

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Saad (2014) a souligné l’importance de la maitrise par les contribuables des textes fiscaux afin
d’éveiller leur conscience par rapport au risque fiscal encouru et assurer par conséquent le
respect des législations fiscales. D’où l’importance de l’existence d’administrations fiscales
flexibles utilisant différents canaux de communication et mobilisant leur ressource pour
l’explication des textes.
Selon Cox, Eger et Richardson (2006) la simplification du système fiscal et des législations y
afférent encourage la conformité fiscale des contribuables. Le raisonnement inverse les mène à
conclure que la complication du système fiscal ou l’existence de lois sophistiquées dans ce sens
sont des facteurs qui poussent le contribuable à la non-conformité même en l’absence de sa
volonté d’éluder l’impôt.
L’exploitation des lacunes existantes dans les législations fiscales se fait à l’échelle
internationale par le biais des transferts de bénéfices entre différents pays.
3.3. Le transfert des bénéfices entre différents pays
Avec l’augmentation de la cadence de transformation des grandes sociétés en multinationales, leur
capacité à transférer les bénéfices à travers les frontières a aussi augmenté. Les études menées
par Eldenburg, Pickering et Wayne (2003) ont montré que les distorsions de taux d’imposition
entre les pays ont donné aux multinationales l’opportunité d’utiliser les prix de transfert comme
moyen de transfert et d’accumulation des bénéfices dans les juridictions à faibles taux
d’imposition.
En effet, les multinationales étudient généralement la fiscalité du pays dans lequel elles décident
potentiellement de s’implanter. Le choix du pays d’implantation dépend donc largement de la
compétitivité de son système fiscal. Koenigsberg (1999) considère que le système fiscal d’un
pays est un facteur clé dans le choix d’un pays pour l’investissement. Selon le même auteur, les
multinationales ont tendance à choisir les pays où les législations relatives aux prix de transfert
sont transparentes, bien expliquées et bien déterminées. La multinationale effectue, selon lui,
un arbitrage de coût d’opportunité et compare entre la charge relative au contrôle fiscal et la
charge d’imposition en temps normal et choisit par conséquent le pays où la fiscalité ne donnera
pas libre cours aux interprétations des textes fiscaux augmentant systématiquement le risque
fiscal.
En l’absence du respect du principe de pleine concurrence, les prix pratiqués au sein des
multinationales échappent aux règles de pleine concurrence. Selon Lall (1973), les transactions
intragroupes tendent à maximiser le profit du groupe et n’individualisent pas les filiales dans le
calcul du profit global. C’est ainsi qu’elles échappent, selon lui, aux règles de pleine
concurrence. Une transaction effectuée sur un marché libre poussera le vendeur et l’acheteur à
maximiser leurs profits respectifs. Les filiales d’un groupe vont essayer de maximiser le profit
du groupe au détriment du profit de chacun d’eux isolé du reste du groupe. Le risque fiscal est
transféré par conséquent vers les filiales où la fiscalité est plus avantageuse.
3.4. La restructuration de groupe
Un autre aspect de planification fiscale consiste à opérer des restructurations de groupes. Les
multinationales peuvent se réorganiser par des fusions ou scissions à des fins de planification
fiscale. Selon Barrios, Huizinga, Laeven et Nicodème (2012) les facteurs de choix d’un pays
d’implantation dans le cadre des mouvements de restructuration reposent sur des caractères non
fiscaux tels que la taille du pays choisi et des opportunités de croissance du marché qu’il
présente, sa législation et sa proximité par rapport au pays d’implantation de la maison mère.
Mais les mêmes auteurs considèrent la variable fiscale comme étant un élément capital dans le
choix du pays d’implantation lors d’une restructuration d’entreprise. Les mêmes auteurs ont
démontré empiriquement que le choix des pays d’implantation des filiales dépend largement du
régime fiscal existant dans le pays d’implantation de la maison mère.

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D’après une étude empirique réalisée par Desai et Hines (2002) sur les multinationales
américaines, les actionnaires et les gestionnaires des multinationales réorganisent la structure
du groupe en prenant la variable fiscale comme pivot central lors du choix des pays
d’expatriation. La pratique montre que le bénéfice après impôt est progressivement transféré
vers des pays où la fiscalité est plus molle jusqu’à ce que la branche américaine du groupe ait
le plus faible résultat avant impôt.
L’agrégation des quatre aspects de planification fiscale précités est faite par les multinationales
dans la pratique. En d’autres termes, les quatre aspects précités dans le cadre de cette partie ne
se pratiquent pas séparément, mais conjointement par les multinationales ayant pour objectif la
planification fiscale.
4. La planification fiscale par le biais des prix de transfert
4.1. L’absence d’une harmonisation internationale de taux
Dans leur quête de transfert de bénéfices vers un pays où la fiscalité est plus avantageuse en
comparaison avec leur pays d’origine, le choix des multinationales tend souvent vers un paradis
fiscal. Dans leurs travaux, Dharmapala et Hines (2009) ont pu définir 41 pays comme étant des
paradis fiscaux. Ils ont décrit ces pays comme étant des pays de petite superficie, à faible
croissance démographique et offrant un cadre institutionnel à très bonne gouvernance.
L’objectif des multinationales à ce stade n’est pas de réduire la charge d’impôt pour chaque
entreprise prise séparément dans le groupe, mais de réduire la charge d’impôt du groupe dans
son ensemble. La compensation des charges fiscales interentreprises doit conduire à un taux
d’imposition optimal conséquent.
Fuest, Spengel et al (2013) ont étudié les avantages comparatifs entre les pays et les traits
rendant certains pays plus compétitifs que d’autres pour en faire des destinations attractives aux
multinationales. Le panel des pays du globe présente des ressources disponibles à des quantités
et prix différents. Mais de par leur étude empirique, ils ont démontré que la variable fiscale
revêt la même importance que les autres variables déterminantes du choix du pays
d’implantation.
Barrios, Huizinga et al (2012) ont pu de par leur étude empirique conclure que le choix du lieu
d’implantation lors de l’extension par une multinationale de son activité à l’étranger est une
conséquence directe de l’arbitrage effectué entre les taxes pratiquées dans le pays d’origine et
celles pratiquées dans le pays d’accueil.
La rigidification des législations relatives aux prix de transfert et à l’application draconienne du
principe de pleine concurrence peut dissuader les multinationales à faire usage des prix de
transfert à des fins de planification fiscale. C’est ainsi que Marques et Pinho (2016) ont pu à
travers une étude statistique menée sur les multinationales européennes démontrer qu’il existe
un arbitrage effectué entre coûts générés par une législation rigide relative aux prix de transfert
et le gain encaissé dans des pratiques de planification fiscale. Les multinationales, selon leur
étude, sont dissuadées à transférer leurs bénéfices par les coûts engendrés suite à l’instauration
d’une législation fiscale rigide relative aux prix de transfert.
À travers cet exposé théorique et empirique, nous avons pu déduire que le principe de pleine
concurrence est un moyen efficace permettant de limiter l’érosion de la base imposable et de
ressortir l’élément neutre du prix de transfert qui devient de par l’usage du principe de pleine
concurrence un simple moyen de transaction.
Ainsi, notre hypothèse de recherche de départ serait :
H1 : L’usage des prix de transfert dans le respect du principe de pleine concurrence constitue
un moyen de lutte contre la planification fiscale internationale.
L’Organisation de Coopération et de développement économique (OCDE) a lancé en 2012 un
projet proposé par le G20 pour faire face aux stratégies de planification fiscale utilisées par les
multinationales. Ledit projet s’intitule le projet BEPS (Base Erosion and Profit Shifting) et a

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été dédié à la lutte contre les pratiques causant l’érosion de la base imposable et le transfert de
bénéfices. En 2015, lors du sommet du G20 à Antalya le projet se concrétise par l’adoption de
15 actions pour la lutte contre les stratégies de planification fiscale internationale. Le cadre
inclusif du BEPS s’est élargi au fil du temps et compte en 2022 environ 141 pays membres.
Au niveau de l’action 11 du BEPS (2014) dont l’objet porte sur la mesure et le suivi des données
relatives à l’érosion de la base imposable et au transfert des bénéfices. Il est avancé que le taux
d’imposition effectif d’une multinationale est souvent minoré de 4 à 8,5 points de base au taux
auquel sont imposées les entreprises dont l’activité est concentrée uniquement sur le territoire
national. Il est également avancé que ce genre de pratiques fausse l’atmosphère de concurrence
régnant entre les multinationales qui utilisent ce genre de pratiques et les entreprises nationales
ou les multinationales qui n’utilisent pas ce genre de pratiques.
Dans ce sens, l’OCDE (2021) a lancé une réforme historique visant à imposer aux
multinationales le paiement d’un impôt minimum de 15% à partir de l’année 2023. Il s’agit
pour la multinationale de calculer son taux d’impôt effectif et régler à la juridiction de la société
mère la différence entre ledit taux et le minimum de 15%.
Ainsi, il est impératif à ce niveau de s’intéresser aux taux d’imposition. Dans un monde où les
taux d’imposition sont harmonisés, les multinationales ne retiendront plus la variable fiscale
comme critère de choix d’implantation. Les critères seront plus tournés vers les incitations
économiques et financières comme la disponibilité de la matière première, la facilité d’accès au
financement…
De ce fait, notre deuxième hypothèse de recherche sera la suivante :
H2 : L’usage des prix de transfert comme moyen de planification fiscale est conditionné par
l’absence d’harmonisation des systèmes fiscaux internationaux.
Nous aboutissons ensuite, à la troisième hypothèse de recherche qui suppose qu’on ne pourrait
éviter la planification fiscale internationale par l’usage des prix de transfert qu’en présence de
deux conditions :
- Le respect du principe de pleine concurrence dans la détermination des prix de transfert ;
- L’harmonisation des taux fiscaux entre les juridictions fiscales internationales.
Ainsi, notre troisième hypothèse se présentera comme suit :
H3 : Le respect du principe de pleine concurrence dans l’usage des prix de transfert n’est
pertinent comme moyen de lutte contre la planification fiscale internationale que si le
transfert de bénéfices s’effectue entre deux pays où les systèmes fiscaux sont harmonisés.
4.2. Modèle et hypothèses de recherche
L’exposé des éléments précités traitant du rapport entre les prix de transfert et la planification
fiscale internationale nous mènent à proposer le modèle de recherche suivant :
Figure 1 : Modèle de recherche

Planification fiscale H1 Principe de pleine


internationale concurrence

H3

H2 Harmonisation des
systèmes fiscaux
Source : Auteurs

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Nous avons retenu pour les variables du modèle théorique les définitions suivantes :
Tableau 1 : Définition des variables

Variables Définitions retenues Références


« Le prix pratiqué pour une
transaction entre deux sociétés
Principe de pleine concurrence OCDE (2017)
indépendantes sur le marché
libre »
« La gestion à la baisse du revenu
fiscal imposable par les divers
Planification fiscale
moyens légaux et illégaux et Wahab et al (2017)
internationale
d’autres moyens se situant entre
les deux »
« L’harmonisation fiscale
consiste à calculer les assiettes
Harmonisation des systèmes
fiscales de manière uniforme Bénassy-Quéré et al (2014)
fiscaux
et/ou à égaliser les taux
d’imposition »
Source : Auteurs
Les hypothèses de recherche se présentent de ce fait comme suit :
Tableau 2 : Hypothèses de recherche

Variable explicative
Hypothèse de recherche Variable à expliquer
modératrice
H1 : L’usage des prix de
transfert dans le respect du
principe de pleine concurrence
Principe de pleine concurrence
constitue un moyen de lutte
contre la planification fiscale
internationale.
H2 : L’usage des prix de
transfert comme moyen de
Harmonisation des systèmes planification fiscale est
fiscaux internationaux conditionné par l’absence
Planification fiscale
d’harmonisation des systèmes
internationale
fiscaux internationaux.
H3 : Le respect du principe de
pleine concurrence dans l’usage
des prix de transfert n’est
pertinent comme moyen de lutte
Combinaison des deux
contre la planification fiscale
variables
internationale que si le transfert
de bénéfices s’effectue entre deux
pays où les systèmes fiscaux sont
harmonisés.
Source : Auteurs

5. Conclusion
L’impôt est dans son essence un moyen de redistribution des revenus. L’analyse de la
planification fiscale internationale doit prendre une dimension au-delà du clivage entre le légal
et l’illégal. Même en présence de légalité d’une pratique de planification fiscale, elle reste par
principe immorale privant l’Etat d’une recette essentielle permettant d’assurer la justice

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économique et sociale aux citoyens et aux entreprises n’ayant pas recours à ce genre de
pratiques.
En arrivant à terme de cette étude tentant de montrer jusqu’à quel point les prix de transfert
constituent un moyen de planification fiscale, nous avons pu recenser les principaux aspects et
auteurs concrétisant cette relation. Afin de pallier à notre problématique de recherche, nous
considérons que les prix de transfert constituent en réalité bel et bien un moyen de planification
fiscale par excellence tels que confirmer précédemment par une panoplie de recherches. Ainsi,
nous considérons l’importance de l’existence de deux moyens pouvant limiter le rôle des prix
de transfert en tant qu’outil de planification fiscale, lesdits moyens doivent exister
conjointement et non séparément, en l’occurrence le principe de pleine concurrence et
l’harmonisation des systèmes fiscaux internationaux.
Le choix de la planification fiscale est généralement fait par des entreprises ayant des actifs
mobiles. La fiscalité ne constitue pas le seul critère incitant les multinationales à délocaliser
leurs filiales. Ledit critère fait partie d’un panel d’incitations tel que la disponibilité de la
matière première, la facilité d’accès au financement, l’absence d’institutions corrompues…
S’ajoute à ces déterminants ce qu’on pourrait appeler la légèreté des actifs. Il est plus facile
pour une multinationale de délocaliser ses activités immatérielles et ses actifs immatériels à des
fins de planification fiscale que de délocaliser une activité industrielle à des niveaux d’actifs
fixes très élevés. Ainsi, la profitabilité et la compétitivité d’une activité pour une entreprise
peuvent dépendre de son lieu d’implantation et la variable fiscale pourrait être sacrifiée.
A ce stade nous nous demandons si l’existence des paradis fiscaux ne présente que des
inconvénients sans avoir d’avantages. Comme l’ont montré Dharmapala et Hines (2009) les
paradis fiscaux sont caractérisés par la gouvernance exemplaire de leurs institutions. Nous ne
pouvons que nous demander si la fiscalité dans certains pays du tiers monde ne constitue pas
un coût supplémentaire à rajouter aux nombreux coûts misérables causés par la mauvaise
gouvernance.

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Marouane BAKHIR & El Houssain ATTAK. Contribution théorique aux transactions intragroupe : Postulat de la
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