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Sidi Ahmed Benyoucef ‫منشور‬ 󰟚


Sidi Ahmed Benyoucef
٠٣/١١/٢٠٢٠󰟡󰞋

Association des amis de miliana


art et culture
٠٦/٠٦/٢٠١٨󰟡󰞋

le quotidien la nouvelle république


(dimanche 3 juin 2018)

Une «Ziara au Maqam» de Sidi Ahmed Ben


Youcef
Patron de Miliana

Par Kamel Bouchama


Auteur

En marge du «Café littéraire»


organisé par les amis de Miliana et ayant
pour thème principal la valeureuse
écrivaine Assia Djebar, cette manifestation
qui a eu un succès éclatant, au cours du
mois d’avril – sous la férule du jeune
dynamique et sympathique, le Dr. Lotfi
Racim, entouré d’un groupe de volontaires,
aussi entreprenants qu’engagés – a créée
en nous le besoin d’entreprendre une
«Ziara» au Maqam de Sid Ahmed Ben
Youcef. En fait, on ne pouvait faire
l’impasse sur cette visite qui fait partie de
la Culture de nos parents, de nos aïeuls.
Alors cet article, pour marquer l’événement,
que je devais publier bien avant ce jour,
pour dire aux jeunes ce qu’était ce «Waliyou
Allah Es-çalih», j’ai préféré le différer à plus
tard et, pourquoi pas, le programmer pour
ces journées pieuses de Ramadhan. Et
ainsi, Sid Ahmed Ben Youcef participera au
programme de ce mois sacré, et les jeunes,
en lisant ma contribution, sauront les
valeurs de ce Saint Homme, le patron de
Miliana. Oui, ils comprendront, en ce mois
de piété et de rapprochement, ces valeurs
qui nous éloignent de ce mercantilisme
effronté, où s’installe en bonne place, la
‫الدخول‬ ‫تسجيل‬spéculation avec son rush, au
sempiternelle
quotidien, sur les produits de
consommation qui contentent le tube
Sidi Ahmed Benyoucef ‫منشور‬ 󰟚
digestif et consument les bourses de
familles algériennes, déjà affectées par la
cherté de la vie.
C’est pour cela que pour atténuer ces
folies ramadhanesques, nous avons préféré
aller vers le Spirituel, la Science et la
Culture, ces trois domaines essentielles
qu’appréciait le vénéré Sidi Ahmed Ben
Youcef et pour lesquelles il a vécu son
temps…

L’auteur

«La raison cherche à percevoir les choses à


partir de leurs causes, tandis que
l’imagination les conçoit à partir de leur
apparence et la sensibilité, à partir de leur
environnement. Or, la Réalité d’Allah n’a
pas de cause pour être perçue par
l’imagination, ni d’environnement pour être
perçue par la sensibilité. D’ailleurs, pour
l’esprit humain, l’incapacité de percevoir
vaut perception ».
« El ‘adjz ‘ani il idrak idrak », enseignait Sidi
Ahmed Ben Youcef...

Qui est Sidi Ahmed Ben Youcef ?


Il n’était ni un religieux contemplatif, ni un
ascète, mais un homme de combat,
d’action comme le veut l’orthodoxie
musulmane qui prescrit : «Agis pour ta vie
ici-bas, comme si tu devais vivre
éternellement, et agis pour ta vie future
comme si tu devais mourir demain»
Cet homme dont le nom est devenu
inséparable de celui de Miliana alors que
seule sa dépouille fut ramenée de Kherba, à
côté de Aïn-Defla, pour y être enterré, cet
homme qui a ravalé à un niveau très
modeste le prestige des nombreux «Walis»
de la région et d’ailleurs, cet homme enfin,
dont les Beni Farh et Beni Menaceur,
avaient oublié l’hospitalité de leur Wali Sidi
Semiane pour devenir ses serviteurs, n’avait
que deux préoccupations, servir Dieu et
dispenser un enseignement moral et
p g
théologique et contribuer à l’amélioration
‫الدخول‬
du sort ‫تسجيل‬
du Maghreb musulman où la
désagrégation du pouvoir politique
encourageait Benyoucef ‫منشور‬
les ambitions
Sidi Ahmed 󰟚
expansionnistes des Portugais et des
Espagnols qui prenaient pied sur nos
rivages.
Effectivement, de Miliana, il n’y a que son
nom qu’on retient, alors qu’il n’est pas
originaire de cette luxuriante Cité. Avant lui,
d’éminents érudits de cette même ville ont
eu à se distinguer dans les domaines de
l’ascétisme, du droit musulman (le fiqh), de
la philosophie et de la langue arabe. Nous
citons quelques uns parmi eux, à titre
d’exemple et, on ne le dira jamais assez,
pour confirmer que Miliana fut une grande
aire de civilisation, que nombre de villes
jalousaient.
Abou el Abbas Ahmed Othmane Ibn
Abdeldjebbar El Miliani – décédé en 644 H,
1246 ap. J.-C – a visité le Moyen-Orient et
pris des contacts avec tous les savants de
cette région. À son retour, il a enseigné la
jurisprudence islamique, la langue arabe et
les fondements de l’ascétisme à Bejaïa, en
prenant le relais du maître incontesté dans
cette matière, le Pôle de l’Islam Abou
Mediène Choaïb. Il a été ensuite convié par
Abou Zakaria Yahia, fondateur de la
dynastie des Hafçides, pour être membre de
son cabinet à Tunis. Il est enterré à Miliana.
Ali Ibn Amrane Ibn Moussa El Miliani –
décédé en 670 H, 1271 ap. J.-C. Il excellait
en matière de droit musulman et en
philosophie. Il fut, non sans modestie,
comparé à Aristote. À Bejaïa, il se
spécialisa dans le notariat et devint un
juriste émérite. Ainsi, ces deux premiers
érudits ont eu la faveur d’être cités, en
bonne place, par El Ghobrini, le grand
savant de Kabylie dans l’une de ses œuvres
– ne pas confondre avec celui de Cherchell
qui est de sa descendance et qui a vécu
deux siècles après (*).
Il y en a eu d’autres, natifs de ce joyau du
Zaccar. L’érudit Abou El Abbas Ahmed El
Miliani (715 H/1324 ap. J.-C). Mais le plus
grand, incontestablement, fut Abou Zakaria
Yahia Mohamed Ec-Chaoui El Miliani
Yahia Mohamed Ec Chaoui El Miliani,
décédé en 1095 H/ 1685 ap. J.-C au Caire. Il
‫تسجيل الدخول‬
fit ses études primaires à Miliana, ensuite
à Médjadja à la Zaouia de Cheikh
Mohamed SidiIbnAhmed Ibn Ali ‫منشور‬
Benyoucef
Mohamed Abehloul, 󰟚
ensuite à Tlemcen chez le vénéré Cheikh El
Makri. À Alger, il devint maître de
conférences. Il enseigna au Caire, à
l’Université d’El Azhar, et fut nommé cadi
de l’École malékite. Il donna des
conférences à Damas et à Istanbul où il fut
l’un des proches du Sultan de l’époque qui
admirait en lui son érudition et sa loyauté.
Ec-Chaoui et l’on se demande pourquoi il
fut appelé ainsi, alors que c’est un pur
produit de la Ville de Miliana, a laissé de
nombreux ouvrages dont certains se
trouvent actuellement dans les archives à
Rabat, Tetouan, Tunis, Istanbul, Le Caire et
Boston aux USA.
Quant à Sidi Ahmed Ben Youcef, le patron
de Miliana, un Arabo-berbère, un des saints
les plus populaires et les plus vénérés
d’Algérie, il se réclamait, comme beaucoup
de Maghrébins, d’un lien avec notre
Prophète Mohamed (QSSSL), selon l’arbre
généalogique que lui confirme Mohamed
Ibn Ali Et-Tarâbulsi, cet auteur qui a écrit
sur la Tariqa Chadeliya.
Cependant M’hamed Hadj Sadok qui dit
que son père était prénommé Mohamed,
s’interroge : «Pourquoi n’est-il connu lui-
même que sous l’appellatif d’Ahmed Ben
Youcef ?». Alors, pour l’expliquer, devait-il
continuer, on a avancé deux légendes :
- Dès sa naissance, il aurait été accueilli par
un certain Youcef qui l’éleva avec le lait de
sa vache et le traita comme son fils.
- Il serait le fils du Mansûr du Gourara dont
le tombeau à Tabalkûza est encore de nos
jours vénéré. On insinue, également, que
Mansûr, à la naissance de l’enfant, était
assez vieux, ce qui suscitait des
plaisanteries dans son entourage. Par
réaction, le vieux papa jeta le bébé dans un
brasier. Ouf !.., disons-nous avec un soupir
de satisfaction, car c’est bien d’ajouter que
les gens d’alors ont avancé deux...
légendes.
Premier miracle : les langes brûlèrent, mais
l bébé f t ti é i d E it l i
le bébé fut retiré indemne. Ensuite, le vieux
‫الدخول‬
le lança‫تسجيل‬
en l’air...
Deuxième miracle : le bébé retomba loin
dans le Nord, au foyer de Youcef Rachedi
SidiToujours,
qui l’éleva. selon Hadj ‫منشور‬
Ahmed Benyoucef Sadok, «on󰟚
dit qu’il est le frère utérin de Ben Gadamma
dont la qûbba (coupole) est bien connue au
cimetière de Ghardaïa». Par contre, la mère
est connue, elle s’appelle Amina bent Yahia
bent Ahmed Ben Ali Ei Gharissi. Il est donc
l’arrière petit-fils d’un «thaumaturge», plutôt
d’un autre saint, bien connu aujourd’hui
sous le nom de Sidi Ahmed Ben Ali dont le
tombeau se trouve près de Mascara.
On ne connait pas exactement la date et le
lieu de naissance de Sid Ahmed Ben
Youcef, mais il est supposé né entre l’année
1432 et 1440 ap. J.-C. Cependant, les
historiens affirment qu’il avait 12 ans
quand les Ottomans ont occupé
Constantinople sous la conduite de
Mehmet II et la soixantaine à la chute de
Grenade le 2 janvier 1492. Ce n’est peut-être
pas précis comme date, mais le «rappel de
ces événements aide à comprendre don
comportement et sa carrière». Certains
disent qu’il vit le jour à Tabalkûza, dans la
région d’Adrar, d’autres à Qal’ât Beni
Rached, près de Mascara. Toutefois, on
devine à travers les informations données
par Corneille Trumelet (1817-1892), officier
colonial et historien militaire français, dans
son livre : «L’Algérie légendaire», que Sidi
Ahmed Ben Youcef serait originaire de
l’Andalousie. On peut lire le paragraphe
suivant :
«Sidi Ahmed Ben Youcef fut un de ces
Mores andalous qui, chassés d’Espagne
par les premiers décrets d’expulsion, vinrent
se réfugier dans cette grande pépinière de
Saints de Saguiet-El-Hamra que nous
connaissons. Il quitta cet établissement
religieux vers la fin du XVème siècle de
notre ère et prit la direction de l’Est avec
quelques uns de ses compagnons, envoyés
également en mission dans cette région.»
Par contre, on sait qu’il a rejoint le Seigneur
le mercredi du 10 Ramadhan de l’an 1527
ap. J.-C à Kherba, dans la commune des
Braz, à 16 km de Aïn-Defla. Il aurait
cependant vécu 91 ans et est enterré à
‫الدخول‬
«Miliana,‫تسجيل‬
cette Cité fortifiée, située au flanc
d’une montagne couverte de myrte (rayhan)
et qui s’appelait Zaccar», d’après la
Sidi Ahmed Benyoucef ‫منشور‬ 󰟚
description de l’un des premiers secrétaires
de palais et des rédacteurs d’épitres ou
d’écrits politiques, Abou el-Fadl Ibn
Mahchara (1191 ap. J.-C), de l’époque
almohade. Ainsi, le destin a choisi pour lui
cette ville, «où l’eau courante est partout ;
des canaux irriguent les vergers qui
produisent toutes espèces de fruits», ce
destin qui fait transporter sa dépouille sur
une mule pour s’arrêter là à Miliana, «dans
un terrain vague utilisé comme décharge
publique et qu’à cet endroit insolite il a été
inhumé, conformément à ses dernières
volontés.»
Il a eu quatre épouses dont Setti Bent Amer
Ben Ahmed El Mesrati El Tabâri, ensuite
Kalila Bent Mohammed El Dardji, Aïcha
surnommée Zaghla Bent Kada Ben
Merzûga et Khadidja Bent Mohammed El
Marini. De ces unions Sidi Ahmed Ben
Youcef a eu plusieurs enfants, garçons et
filles, quatre garçons – disait-on – et deux
filles. Selon El Ouertilani, le voyageur (1740
ap. J.-C) qui faisait partie de la caravane
des pèlerins que dirigeait Ahmed Ben
Tayeb, du lignage de Sidi Ahmed Ben
Youcef et qui prit contact avec lui à
Khenguet Sidi Nadji, «les descendants
d’Ahmed Ben Youcef jouissaient de
l’estime des habitants de leur région et que
tous se distinguaient par le savoir et la
baraka». Ces mêmes descendants, d’après
ce qui reste des archives, existaient encore
au XIXe siècle à Fès, Tlemcen, Mascara,
dans la région de Médéa et même à
Gdamès.
Eribh dans son ‘Iqd (collier) nous informe
que Sidi Ahmed Ben Youcef aurait dit,
concernant ses descendants : «Ils sont six –
faisant allusion à ses enfants – ils seront
six cents». Cela infime, bien sûr, d’après
Hadj Sadok, cette assertion qu’il n’est pas
rare d’entendre à Miliana, selon laquelle
Sidi Ahmed Ben Youcef ne se serait jamais
marié et, par conséquent, n’aurait pas
laissé de descendants. Les gens de Miliana
g
vont jusqu’à lui faire dire : «Les affaires de
‫الدخول‬
femmes‫تسجيل‬sont entortillées et Ahmed n’est
pas pour se marier»
Cependant,Siditout cela,Benyoucef
Ahmed ‫منشور‬
continue l’auteur, 󰟚
c’est parce qu’il y a une volonté de dénier à
leurs nombreux concitoyens qui se
réclament de son lignage le droit à ce titre
honorifique et aux avantages qu’ils en
retirent. Cela s’est passé dans plusieurs
régions du pays où il y a eu des imposteurs
qui ont su profiter de certaines situations et
surtout de la crédulité des populations, en
se partageant la cagnotte alimentée par les
offrandes et les dons de visiteurs.

Ses études, ses écrits et ses voyages

Sa formation reste quelque peu méconnue


et les archives n’existent presque pas
concernant ce volet. Néanmoins, ce qui est
sûr, c’est qu’il a appris le Saint Coran à
Qal’ât Beni Rached, là où il est supposé être
né, ensuite à Ras El Mâ. Plus tard, il a été
pris en charge par une dizaine de maîtres
dont Badr Eddine Ibn El Hadjib, Ibn ‘Ousfour
et d’autres non moins célèbres, qui seraient
originaires de Syrie, d’Égypte, d’Andalousie
et d’Iran. Mais incontestablement, le plus
connu de ses maîtres fut Ahmed Zarrûq El
Bernûssi qui devait exercer sur lui une
grande influence.
On raconte que très jeune, Ahmed ben
Youcef faisait preuve d’une extraordinaire
perception imaginative. Un jour à Bejaïa,
son maître Zarrûq demanda à ses élèves :
-Qui peut me dire quelque chose de mon fils
qui est à Fès ?
-Moi, répondit le jeune Ahmed. Il est devant
sa chambre avec sa maman qui le coiffe.
-Et encore ?
-Elle lui a tressé les cheveux et elle lui a mis
sur la nuque un ruban en soie qui se
termine par un gland en soie (sharrâba)
-Dieu te bénisse, dit Zarrûq.
Un voyageur arrivé, peu après de Fès,
confirma tous ces détails, rapporte Ibn
Mériem dans «El Bûstan»
Ahmed Ben Youcef a été formé à travers les
«Sept lectures», c’est-à-dire les sept
méthodes de récitation du Coran «La vie du
méthodes de récitation du Coran, «La vie du
Prophète», d’après Ash Shifâ du cadi Ayyad
‫تسجيل الدخول‬
et «Le mysticisme musulman», d’après le
traité d’In ‘Atâ Allah Tadj Eddine. Il a été
imprégné Sidi
parAhmed Benyoucef
les idées ‫منشور‬
des grands 󰟚
mystiques de l’Orient musulman. Ces idées
venant de Malek Ibn Dinar, appelé aussi
Abû Yahia Es-Shâmi (VIIIe siècle), d’Ibrahim
Ibn ‘Adham du Khorassan (également du
même siècle) et de Dhû El Nûn d’Égypte
(IXe siècle) ont conditionné son
comportement et réglé sa conduite. Toutes
«ces idées l’amenèrent à s’affilier à la
confrérie (tariqa) des Chadiliya et ce fut son
maître – en même temps compagnon,
parce qu’en même temps ils avaient
pratiquement le même âge –, en qualité de
parrain qui le revêtit de la bure (el khirqa)
pour sa confirmation et qui l’introduisit
dans la cellule (el khalwa) pour la retraite
périodique et pour le grand combat qu’il
doit mener contre ses propres pulsions
physiques»
Sidi Ahmed Ben Youcef devait également
voyager beaucoup, et pendant plus de
quinze ans. Il n’a fait que se déplacer de
ville en ville et de pays en pays, car l’ordre
auquel il était affilié exigeait de ses adeptes
l’errance (es siyaha), selon le précepte du
Prophète Mohamed (QSSSL) : «Voyagez,
vous aurez santé et richesse». Il passa des
années au Maroc, au Rif plus exactement,
ensuite à Fès, à Taza, à Oujda et à
l’intérieur du pays, Tlemcen, Oran, Chellala,
Tiaret, l’Ouarsenis, Béjaïa et dans d’autres
pays arabes, Kairouan, Tripoli, Alexandrie,
Le Caire, Djeddah, la Mecque et Médine. De
plus, pendants ses voyages, il se réfugiait
dans les montagnes et prêchait la paix et la
réconciliation des tribus en guerre, en
même temps qu’il recherchait les contacts
avec les érudits pour la concertation.
À Oran, précisément, il fit une entrée
triomphale, de par sa popularité. Destaing
la relate en ces termes :
«Les habitants d’Oran, avertis que le Saint
arrivait dans leur ville, s’étaient portés en
masse à sa rencontre, en dehors de leurs
murs. Le gouverneur de la place, lui-même,
était sorti avec ses administrés.
L’enthousiasme de la foule qui pressée
Lenthousiasme de la foule qui, pressée
‫الدخول‬
autour de‫تسجيل‬
l’illustre visiteur, lui prodiguait les
marques d’amour et de respect que seul un
souverain peut inspirer à des sujets fidèles,
Sidi l’âme
éveilla dans Ahmed gouverneur‫منشور‬
duBenyoucef un 󰟚
sentiment de malaise. Jamais, l’Émir
Abdallah, alors régnant, n’aurait pu se
flatter de recevoir un accueil aussi
triomphal»
Inutile de dire, bien sûr, quelles furent les
répercussions de cette entrée triomphale et
du succès du maître Sidi Ahmed Ben
Youcef qui, quelque temps après, fut
contraint de quitter cette belle ville. Le caïd
d’Oran envoya une dépêche à l’Émir de
Tlemcen, lui disant : «Il existe chez les
Houara un homme dangereux pour votre
pouvoir.»
La réponse de l’Émir fut la suivante :
«Envoyez-le moi ou tuez-le !»
De par sa solide formation, l’autorité de Sidi
Ahmed Ben Youcef a été très grande sur
l’en- semble des ses disciples et de ses
adeptes qui se groupaient, sous sa
conduite, en des séances de «dhikr»
collectif, appuyées de chant et de musique.
Ainsi, il a beaucoup apporté à la Tariqa
Chadiliya qui s’appelait, bien avant, «Tariqa
mayaniya», du nom d’Abou Mediène
Choaïb, le patron de Tlemcen qui a été le
14ème Qotb (Pôle mystique), selon le
classement, tandis que Chadli a été le
16ème et pourtant – expliquent quelques
écrits épars – la Tariqa lui a emprunté son
nom, après sa mort, parce que sans doute
le rayonnement de sa personne, ses
pérégrinations et son inlassable activité au
service de cet ordre, reconnus par ses
disciples, ont fait oublier le prestige de ses
prédécesseurs. Effectivement, Sidi Ahmed
Benyoucef, avait une conception plus
souple de la Tariqa. À la différence des
autres adeptes, il ne se privait ni de beaux
vêtements, ni de beaux tapis, ni de mets
délicats. Il permettait à ses disciples
d’invoquer Dieu en s’accompagnant
d’instruments de musique. Il disait :
«Notre doctrine consiste à adorer Dieu en
vue de bien faire et sans motifs intéressés.
Celui qui pratique la dévotion par crainte
des flammes infernales ou par le désir de
‫الدخول‬
posséder‫تسجيل‬
des houris est comparable à un
esclave et à un salarié.»
Ne rejoignait-il pas la sainte mystique du
Sidi Ahmed Benyoucef ‫منشور‬ 󰟚
VIIIe siècle, Rabiâ Al dawiyya, dont la
légende raconte qu’elle a été vue dans les
rues de Bagdad, portant un sceau dans une
main et une torche dans l’autre et «criant
qu’elle part éteindre les feux de l’enfer et
incendier le paradis» ? A la question d’un
passant, elle répond : «Que les personnes
d’aujourd’hui n’adorent Dieu que par intérêt,
alors que la vraie dévotion consiste à ne
l’adorer que pour Lui, par pure aspiration à
contempler Sa Face.»
Ainsi, après la disparition de Sidi Ahmed
Ben Youcef et par décision de ses disciples,
il en est devenu le 20ème Qotb. Ces mêmes
disciples et par respect et reconnaissance à
leur maître, l’ont honoré à titre posthume en
fondant six nouvelles chaînes de «Tariqa
secondaires», au sud du pays, et en
inscrivant son nom en tête de celles-ci. Il
s’agit de la Tariq a El Ghâziya, fondée par
Abû El Hassen Ali Ibn El Qâssim El Ghâzi en
1526 ap. J.-C, la Tariqa Nâciriya fondée
par M’Hamed Ibn Nâcir El Dar’i
(1606-1678), la Tariqa Es Sûhayli, originaire
de la péninsule Arabique, de Yambo (1540),
la Tariqa El Karzaziya, fondée dans le
Gourara par Ahmed Ibn Moussa El Hassani,
la Tariqa Shaykhiya, fondée par Ibn
Mohamed, plus connu sous le nom de Sidi
Cheikh, éponyme de la grande tribu des «
Ouled Sidi Cheikh », en 1544 et 1615 ap. J.-
C, et enfin la Tariqa Ez Zayyaniya, fondée
par Moulay Bû Zayyan (Bouziane) qui se
fixa chez les Qanadissa dans la région de
Béchar.
Voila ce qu’était Ahmed Ben Youcef. Mais
se demande n’importe quel intellectuel ou
n’importe quel profane : a-t-il laissé des
œuvres qui puissent rehausser encore son
prestige, celui du saint mystique, du grand
érudit qui contribua au renouveau religieux
dans la 2ème moitié du XVe et au début du
XVIe siècle ?
«Mes livres sont mes compagnons et mes
disciples», disait Abû El Hassen Chadli, tout
comme Cheikh Bayodh, savant réformiste
y
de Wadi Mizab, qui disait à ses élèves :
‫الدخول‬ ‫تسجيل‬
«Mes leçons sont notées dans les têtes de
mes auditeurs, non pas sur du papier.»
Doit-on comprendre ‫منشور‬
à travers cela
Sidi Ahmed Benyoucef que le 󰟚
«Patron de Miliana» n’a laissé aucun écrit
important, même si la postérité lui attribue
les fameux «Dictions satiriques sur les
villes et les tribus» ? On lui attribue, non
sans fondement, des chansons en arabe
dialectal, dont plusieurs sur le Prophète
(QSSSL) et une, particulièrement, sur
l’Ascension, et d’autres qui chantent
l’amour dans toute sa pureté. Il y a des
historiens qui lui attribuent une compilation
renfermant des lettres qu’il avait envoyées
aux habitants de Fès, de Marrakech, aux
habitants du Touat, dans le Sud algérien,
aux habitants de Bagdad et du Caire.
Cependant, Hadj Sadok nous informe qu’un
seul écrit intégral lui est attribué et qui a été
conservé parce qu’il existe en manuscrit à
la Bibliothèque générale de Ribât El Feth,
sous le n° 2792 et ayant comme titre :
«Risâla fi er-raqs wa t-tasfiq wa dh-dhikr wa
l’ashwaq»
Les occidentaux, et plus particulièrement
ceux qui avaient la charge de mener ànes
bien l’occupation de notre pays, disaient,
non sans ce profond désir de mépriser les
populations de villes et régions
accueillantes où la culture rayonnait, que
Sidi Ahmed Ben Youcef joignait à ses dons
un esprit de causticité qui allait quelquefois
jusqu’au sang et dont il se servait pour
cingler les vices de ses contemporains.
C’est ainsi qu’ils lui attribuaient «des
distiques qui sont devenus des dictons
populaires».
Vertueux, comme on ne l’était guère de son
temps, avait-il vraiment prononcé ces
sentences impitoyables contre les
habitants de Mostaganem, Mazouna,
Ténès, Blida et Cherchell, entre autres ? Il
n’y a que les Occidentaux qui excellent
dans ce genre de littérature, pleines de
critiques vindicatives et de formules
assassines. Ces histoires de Ténès et son
«chat», de Mascara et Cherchell les
inhospitalières, et le comble, de Miliana,
celle où il voulut que soient déposés ses
celle où il voulut que soient déposés ses
restes mortels et qu’il fouaille comme les
‫تسجيل الدخول‬
autres, ne sont-elles pas de pures légendes,
inventées et enrobées d’un style pervers
par des gens stérilesBenyoucef
Sidi Ahmed ‫منشور‬
qui passaient leur 󰟚
temps à radoter ou par d’autres qui
faisaient dans la division pour propager
l’obscurantisme ?
Les réponses se trouvent dans nos
consciences. À nous de croire ou de ne pas
croire ces balivernes, surtout quand nous
savons que les populations soi-disant
houspillées par le saint homme, cet homme
de culture, ont vécu à l’ombre de grands
savants et ont acquis cette magnifique
éducation dans le cadre du respect et de la
vénération.

Sidi Ahmed Ben Youcef, l’éducateur

Selon lui : «El Iman (la foi) a son siège dans


le cœur tandis que El Islam (la résignation)
s’exprime par la langue. L’homme doit
adorer Allah de façon totalement
désintéressée, sans motivation, car celui
qui l’adore par crainte du feu de l’enfer u de
l’espoir de mériter les faveurs d’une hûriyya
dans l’au-delà est habité par une âme de
prisonnier (asir) ou de simple s alarié
(adjir). De même, celui qui agit en vue des
biens matériels de la vie ici-bas est un
captif ; celui qui le fait pour la Réalité divine
est un prince (amir).»
Sidi Ahmed Ben Youcef ne s’est pas arrêté
uniquement à ces constats. Il a développé
avec ses élèves de nombreux concepts et a
parcouru avec eux, de par ses larges
connaissances, plusieurs étendues du
savoir, même celles relevant du domaine
des sciences physiques et de la nature. Ne
disait-il pas ceci pour confirmer ce que
nous avançons : «Allah m’a fait connaître
la nature humaine dans sa totalité ; elle est
composée de plusieurs éléments : terrestre,
céleste, aérien, chaud, froid, camelin, bovin,
ovin.»
Cet élève de Masrâta, de Yellal et surtout de
la Zaouia de Kal’ât Beni Rached a su, après
la mort de son père, donner à ce sanctuaire
du savoir, à cet établissement scolaire de
caractère religieux ressemblant au
caractère religieux, ressemblant au
‫الدخول‬
monastère‫تسجيل‬
médiéval, ses fonctions
d’éducation après qu’on s’adonnait, dans
ces lieux, à des exercices de renoncement
Sidi Ahmed
et d’élévation Benyoucef
spirituelle ‫منشور‬ 󰟚
pour l’amélioration
de l’individu et, par la suite, de la
collectivité. Il comparait cette Zaouia à
l’arche de Noé et d’aucuns, en son temps,
disaien t non sans une pointe de respect et
peut-être même de vénération : «Tout
malade qui est entré sous sa coupole a
retrouvé la santé ; que tout être inquiété y a
retrouvé la sécurité ; aux abois y a trouvé du
secours ; dans la peine y a retrouvé la
sérénité», lisait-on dans El Bûstan.
L’éducation de Sidi Ahmed Ben Youcef, ses
contacts, ses voyages ont contribué à sa
formation et ont fortifié sa personnalité. il
est vrai qu’il vivait dans un entourage
composé essentiellement de paysans qui le
regardaient d’un œil admiratif, même plus
d’un œil fanatique, car ils voyaient en lui
cet homme aux dons surnaturels. Sidi
Ahmed Ben Youcef ressentait cela et disait,
à juste titre, un vers de poésie dont nous
donnons ici la traduction :
Avant tout je recherche la pensée, là où elle
se trouve
Et peu me chaut que les «bovidés» ne
comprennent rien...
Il est vrai aussi qu’il souffrait de cette
crédulité et de cette docilité d’une
population qui croyait dur comme fer à
certaines légendes, non sans les raconter,
les entretenir dans l’espoir de les perpétuer
au niveau de leur descendance. Nous
rapportons quelques unes citées dans El
Bûstan, et qui n’ont rien de comparable
avec les histoires extravagantes (celle du
chat de Ténès par exemple) que nous
venons de dénoncer et que nous doutons
fort qu’elles aient été le fruit de
l’imagination d’un savant de la trempe de
Sidi Ahmed Ben Youcef. Ainsi, on raconte
parmi ses légendes – du reste, il en existe
dans tous les pays du monde – :
«Que les palmiers d’Abou Bekr, sur
invocation du Prophète, avaient eu des
ailes et qu’ils s’étaient envolés de la
Mecque à Médine pour mettre leurs troncs
àl d d d l
à la disposition des constructeurs de la
‫الدخول‬
mosquée»,‫تسجيل‬ou encore «qu’Abou El Abbas
Ibn Boumaza Er Rachedi entrait dans le
four d’un boulanger à Tlemcen et là, sans
Sidi Ahmed Benyoucef ‫منشور‬
être le moindre incommodé par la chaleur,󰟚 il
séparait le pain des musulmans de celui
des juifs» et que le même Boumaza
«possédait une chèvre qu’il égorgeait
chaque fois qu’il y avait des invités et, cent
fois, elle s’est relevée vivante après les
festins successifs.»
C’est dire que nous n’avions rien à envier à
d’autres peuples du monde qui se
délectaient, eux aussi, de leurs contes et
légendes du terroir. Nous avions les nôtres
et, à travers l’ensemble du territoire national
et du Maghreb, les régions se les
racontaient avec plus ou moins de plaisir,
en les amplifiant chaque fois et en leur
donnant des intonations particulières pour
les faire passer comme des histoires
réelles.
Cependant, à côté de toutes ces légendes,
Sidi Ahmed Ben Youcef qui, comme
certains hommes pieux ou «Awliya Allah es
-çalihine» avait ses «Karamètes», ses
grâces probatoires, et rebutait cette
ignorance qui régnait autour de lui. C’est
pour cela qu’il mit tout son poids dans ce
microcosme pour éduquer, sensibiliser et
former des adeptes qui devaient répandre à
leur tour les bonnes vertus enseignées par
leur maître. Ses élèves étaient nombreux.
Nous retenons Mohamed Ibn Ahmed Ibn Ali
Abderrahmane Es Sabbagh qui n’est autre
que le père de l’auteur d’El Bûstan, un jeune
invétéré disait-on, un prieur infatigable et un
poète émérite, Mohamed-Chérif Zahar,
célèbre pour ses frasques mais qui «était
tellement convaincu de l’unicité salvatrice
d’Allah» qu’on lui prêtait une force hors du
commun. Il est enterré dans la mosquée qui
porte son nom et qui est parmi d’autres
mosquées à la Casbah d’Alger.
Il y a également, parmi ses élèves,
Mohamed Ibn Abdeldjabar El Fadjidji El
Mas’oudi Et Tilimçani, un poète mystique
qui composa de superbes poèmes sur le
Prophète (QSSSL) et dont la renommée se
répandit dans tout le Maghreb. Il mourut
l’année de la prise de Tlemcen par les
‫الدخول‬
Espagnols‫تسجيل‬en 1547. Il a eu également
comme élève Abû El Hassen Ali Ibn
AbdallahSidiEl Filâli
Ahmed qui Benyoucef ‫منشور‬
fut son héritier
󰟚
spirituel et son représentant au Maghreb
occidental. Il a eu tant d’autres que nous ne
pouvons énumérer au risque d’en oublier
plusieurs parmi eux.
Voilà ce qu’était Sidi Ahmed Ben Youcef, un
religieux, le vingtième de la Chadeliya, un
«homme qui a renforcé son crédit sur les
masses populaires et, du même coup, attiré
sur lui l’attention et la méfiance des tenants
du pouvoir», un homme politique qui a eu
des démêlés avec les Beni Abdel Wad de
Tlemcen et de bons rapports avec Kheir
Eddine Barberousse. Ce dernier lui accorda
une pension de «huit sâ» – on ne sait de
quoi –, précisait Hadj Sadok, prélevés sur la
recette de la capitation (el-djiziya) qui lui
était versés chaque année, à l’occasion du
départ des pèlerins pour les Lieux Saints.
Ces largesses, signes d’alliance et ‘aucuns
disaient à l’époque de grande confiance, ne
laissaient pas Sidi Ahmed Ben Youcef vivre
comme un inféodé avec le corsaire turc ; la
preuve, la lettre, pleine de réserves, qu’il
devait lui envoyer :
«Ton pouvoir ne s’exercera ni sur nous, ni
sur nos descendants, ni sur nos adeptes, si
sur les descendants de nos adeptes. Tu
auras la sagesse de tenir compte de ceci,
sinon tu seras sanctionné comme il se
doit» (Extraits de ‘Iqd el Ribh)
La réponse à ce message plein de force et
de caractère fut une lettre de remerciements
qui lui a été envoyée, alors qu’il était dans
la région de Mazaghran.
Effectivement, Sidi Ahmed Ben Youcef a
fait de la politique. Et comment ne devait-il
pas en faire quand on savait que c’était un
homme d’action, vivant dans un monde
musulman, partout en déclin et où «l’incurie
de ses dirigeants, pour qui le pouvoir était
une fin en soi, leur permettait de se disputer
entre frères et à pactiser même avec
l’ennemi.»
Quant aux populations, elles étaient très
mal défendues par les tenants du régime.
Elles se réfugiaient auprès de religieux qui,
Elles se réfugiaient auprès de religieux qui,
comme Sidi Ahmed Ben Youcef,
‫تسجيل الدخول‬
déployaient d’énormes efforts pour les
aider et, de ce fait, devenaient des
résistants etAhmed
Sidi leurs zaouias ‫منشور‬
servaient
Benyoucef de 󰟚
refuges aux opprimés, aux combattants et
aux Turcs qui étaient venus porter secours
aux musulmans.
Arrêté deux fois pour ses activités politique,
il s’en est sorti indemne – même s’il avait
frôlé la mort – et continua son œuvre dans
le dévouement et l’altruisme pour reposer
enfin, de son sommeil éternel à Miliana,
cette agréable Cité, au pied du Zaccar qui
surplombe de vastes campagnes, de
nombreux villages populeux et qui accueille
à bras ouverts, dans une hospitalité
remarquable, tous ceux qui la visitent.
Le meilleur témoignage de cette ancestrale
hospitalité se trouve dans les louanges du
traditionnel accueil de nombreux érudits,
savants, combattants de la foi et de la
liberté, écrivains et poètes. Ibn Khaldoun en
parlait avec beaucoup d’amour et de
respect, l’Émir Abdelkader en a été séduit,
Alphonse Daudet faisait, chaque matin, en
ouvrant ses yeux sur Miliana, sa moisson
quotidienne de bonnes impressions et de
sensations neuves.

Lotfi Kb ‫ من األشخاص اآلخرين‬٣‫و‬

󰤧 󰤦٢ 󰤥٤
‫تسجيل الدخول‬
Dey Hussein
Un grand merci. Hommages à tous
ceux, de Sidi
jadisAhmed
et de nos jours qui‫منشور‬
Benyoucef 󰟚
transmirent, se dévouèrent à noter, à
rapporter l'histoire passionnante avec
ses zones d'ombres de SABY. La
sagesse doit dicter à tous ses fidèles
de se vouer un respect mutuel de
générations en générations. SABY est
un personnage du Maghreb dont la
mémoire doit nous réunir... Merci aux
Milianais de toujours bien recevoir les
zouars.
٢ ‫ع‬٢

Association des amis de miliana art et culture


Lotfi khouatmi et non pas lotfi racim
١ ‫ شهًرا‬١٢

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