Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Dilexit : Comme il avait aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima
jusqu'au bout.
Au jour de la fête du Sacré-Cœur, l'Eglise nous offre les textes de l'Ecriture Sainte qui
dévoilent le mieux les richesses de l'amour divin. Celui-ci trouve son expression parfaite dans le
Cœur du Verbe Incarné mort pour nous sur la croix.
Jérémie avait annoncé : "Voici l'alliance que je vais contracter avec la Maison d'Israël, dit
le Seigneur : Je mettrai ma loi dans leurs entrailles, je l'écrirai sur leur cœur. Je serai leur Dieu
et ils seront mon peuple" (Jer. XXXI, 32-33)
"Votre charité a voulu que vous fussiez blessé par un coup visible afin que nous puissions
vénérer les blessures de l'amour invisible" (hymne de Laudes).
Nous honorons le Cœur de Jésus, son cœur de chair, comme le symbole de son
amour.
Le cœur est le signe de la vie physique : quand il cesse de battre, la vie cesse aussi. Le
cœur est le signe de la vie affective et morale : les sentiments et les émotions s'y répercutent, il
est le centre de résonance où l'amour, les vertus et les principes d'action se manifestent
sensiblement.
La religion chrétienne, religion d'amour - amour de Dieu pour les hommes, amour des
hommes pour Dieu - trouve sa plus haute et sa plus touchante réalisation dans l'Incarnation du
Verbe. Dieu, par amour, donne son Fils aux hommes. Le Fils unique, Verbe Incarné, mène sur
terre une vie d'amour. Son cœur de chair en est le symbole naturel.
C'est parce qu'il était devenu véritablement homme qu'il a pu faire monter vers le Père
l'offrande de toute sa vie et consommer son oblation dans le sacrifice de la Croix. C'est parce
qu'il était l'un des nôtres, notre Chef et notre Tête, qu'il a pu faire descendre sur nous les grâces
de pardon dont nous avions besoin, nous enseigner la vérité, nous ouvrir la voie du salut, nous
communiquer la vie divine, nous manifester son amour. Autant de motifs qui nous attirent à
l’humanité du Christ et nous conduisent à vénérer en elle ce qui nous rappelle sa mission et son
rôle de Sauveur. "Cœur de Jésus uni substantiellement au Verbe de Dieu".
La dévotion au Sacré-Cœur est une dévotion humaine et divine, en harmonie parfaite avec
notre nature corporelle et spirituelle. Mieux que toute autre, elle nous fait comprendre, voir et
goûter les sentiments qui soulèvent le Cœur divin et disent son incompréhensible charité. Elle
répond à notre besoin de signe sensible. Nous n'aurions aucune raison de rendre un culte spécial
au Cœur de Jésus si celui-ci n'était le symbole de son amour. "Cœur de Jésus fournaise ardente
de charité".
Si le Christ a aimé les hommes, c'est parce qu'il aimait d'abord son Père.
Le sacrifice qu'Il consomme sur la Croix est offert à Dieu dont la Sainteté, offensée par le
péché, réclame justice. Pour réparer cette offense, Jésus s'immole dans l'amour. Par le fait même,
il nous manifeste son amour en expiant nos péchés, en nous sauvant, en nous rendant la vie de la
grâce. Mais dans l'ordre de la Charité, l'amour du Christ pour les hommes puise sa valeur
surnaturelle et sa force dans l'amour premier de Jésus pour son Père.
Pour que notre dévotion évite de s'affadir en transposant l'amitié de Jésus pour nous sur le
plan d'une simple tendresse humaine, il lui faut de toute nécessité garder sous son regard de foi
cette hiérarchie des valeurs surnaturelles sans laquelle il n'est pas de vraie piété.
- 124 -
Association Notre Dame de Chrétienté
Les dons de Jésus révèlent son immense amour pour les hommes.
Tout en gardant bien en vue cet ordre dans la charité dont l'amour de Jésus a été l'exemple
parfait, ce qui frappe, quand nous vantons les qualités de cœur d'une personne, ce sont les
sentiments de bonté et de dévouement qu'elle manifeste à l'égard de son prochain. Nous ne
découvrirons que plus tard, par la réflexion, la source cachée qui est à l'origine de son
désintéressement. Il n'y a pas lieu de s'étonner que la dévotion au Sacré-Cœur se soit orientée
vers la mise en valeur des actes et des dons de Jésus, révélant son immense amour pour les
hommes. "Cœur de Jésus dont la plénitude se répand sur chacun de nous".
Sa passion :
- Cet amour se manifeste tout au long de l'Evangile mais éclate dans la Passion du
Seigneur. "Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis"
disait Jésus, et saint Paul renchérit : "Il m'a aimé et s'est livré lui-même pour moi".
Marie :
- Marie est aussi un don très précieux du Cœur Sacré que Jésus nous remet du haut
la Croix : "Voici ta Mère".
- "Elle est la Mère des membres du Sauveur parce qu'elle a coopéré par sa charité
à ce que naissent à l'Eglise des fidèles qui sont membres de cette Tête" dit saint
Augustin.
L’Eglise :
- C'est du Cœur blessé de notre Rédempteur qu'est née l’Eglise. "Le Christ a aimé
l'Eglise et s'est livré lui-même pour elle afin de la sanctifier après l'avoir purifiée
dans l'eau baptismale" (Eph. V, 25). C'est du Cœur que coule aussi avec abondance
la grâce des sacrements où les fils de l'Eglise puisent la vie surnaturelle. "Du côté
du Christ a coulé l'eau du baptême pour nous laver et le sang de l'Eucharistie
pour nous racheter". (Saint Thomas).
La Sainte Eucharistie :
- En effet y a-t-il don plus précieux que la Sainte Eucharistie où le Christ se donne
lui-même aux hommes dans le sacrement et où il s'immole perpétuellement pour
les hommes par le sacrifice ?
Le Saint-Esprit :
- Enfin le don du Saint-Esprit, envoyé aux Apôtres, a été la première
manifestation de la charité du Christ après sa triomphale Ascension à la droite du
Père. Cette infusion de l'amour divin est née du Cœur de notre Sauveur "dans
lequel sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science". (Rom. XI,33). C’est
lui qui a donné, aux Apôtres et aux martyrs, ce courage qui leur a permis de lutter
jusqu'à leur mort héroïque afin de prêcher la vérité de l'Evangile et d'en témoigner
par leur sang.
Pour célébrer cet Amour divin qui coule du Cœur du Verbe incarné et qui est infusé
par le Saint-Esprit dans les âmes des croyants, l'Apôtre saint Paul a écrit cet hymne
victorieux : "Qui nous séparera de l'amour du Christ ? la tribulation, l'angoisse, la
persécution, la faim, la nudité, les périls, le glaive ? Mais dans toutes ces épreuves,
nous sommes plus que vainqueurs, par Celui qui nous a aimés. Car j'ai l'assurance
que ni la vie ni la mort, ni les anges, ni les principautés, ni les choses présentes, ni
les choses à venir, ni la hauteur ni la profondeur ni aucune créature ne pourra
nous séparer de l'amour de Dieu dans le Christ Jésus Notre Seigneur". (Rom. VIII,
35-38)
- 125 -
Association Notre Dame de Chrétienté
Dilexit : Il nous a aimés et a révélé son cœur aimant tout au long de
l'Histoire de l'Eglise.
Dès les premiers siècles,
sans parler encore explicitement de Sacré-Cœur, les Pères de l'Eglise honoraient la plaie du côté
du Christ et y ont vu la naissance de l'Eglise-Epouse selon la belle expression de l'hymne des
vêpres de la Fête du Sacré-Cœur. Ils ont aussi exploité le symbolisme du cœur pour exhorter les
chrétiens à rendre au Sauveur amour pour amour.
Au moyen âge,
la dévotion au Cœur de Jésus était très vive, comme en témoigne cette belle prière de Guillaume
de Saint Thierry (mort en 1150) :
"Les ineffables richesses de votre gloire, ô Seigneur, étaient restées cachées jusqu'à ce que la
lance du soldat ayant ouvert, sur la croix, le côté de votre Fils, notre Seigneur et Rédempteur, il
s'en écoule le sacrement de notre rédemption de façon que nous ne mettions pas seulement dans
son côté notre doigt et notre main comme l'apôtre Thomas, mais que par la porte ouverte, nous
entrions tout entiers jusqu'à votre Cœur, ce domaine assuré de la miséricorde. Ô Jésus, ouvrez
la porte latérale de votre arche, ouvrez-nous le côté de votre Corps afin qu'y entrent tous vos
élus, qu'ils reçoivent les flots mystérieux de grâce qui en découlent et le prix de leur
Rédemption".
Au XIIIè siècle,
deux mystiques bénédictines, sainte Mechtilde et sainte Gertrude, reçoivent des grâces d'amitié
et de douce familiarité avec Notre-Seigneur et, bénéficiant des révélations de son Sacré-Cœur
elles eurent pour mission de "révéler le rôle et l'action du Cœur divin dans l'économie de la
gloire divine et de la sanctification des âmes".
L'apôtre saint Jean apparaît un jour à sainte Gertrude, et lui montrant la poitrine de Jésus sur
laquelle il avait reposé, il lui dit :
"Voici le Saint des Saints qui attire à soi tout le bien du Ciel et de la terre. Je te place à
l'ouverture du Cœur divin afin que tu puisses en tirer plus aisément la douceur et la consolation
que l'amour divin répand avec impétuosité sur tous ceux qui le désirent".
Quant à saint Bonaventure, le grand docteur franciscain, il nous a laissé l'un des textes les
plus expressifs et les plus pieux envers le Cœur de Jésus, et l'Eglise l'a adopté pour les lectures
de Matines de la Fête de Sacré-Cœur.
Au XVIIème siècle
Mais c’est surtout au XVIIè, quand le Jansénisme dessèche et terrorise les âmes en les
montrant chargées par un Dieu sans pitié, de fardeaux écrasants, que le Cœur de Jésus se révèle
comme une fournaise d'amour où l'âme se purifie, s'illumine, s'unit au rédempteur et se
transforme en lui. La Providence a suscité deux grands saints : saint Jean Eudes et sainte
Marguerite-Marie pour répondre aux besoins de l'Eglise.
Saint Jean Eudes remet en vigueur le culte public du Cœur de Jésus et de Marie, il en a
écrit la première messe et obtient de son évêque la première fête du Sacré-Cœur, le 20 octobre
1672. Il propage partout des confréries du Sacré-Cœur qui répandent l'amour du Cœur de Jésus.
Sainte Marguerite-Marie, la visitandine de Paray-le-Monial reçoit les visites du Sacré-
Cœur qui lui donne l'ordre d'en diffuser la dévotion par l'intermédiaire de son confesseur, le
bienheureux Claude de la Colombière, jésuite, :
"Jésus me fit voir l'ardent désir qu'il avait d'être aimé des hommes et de les retirer de la
voie de la perdition où Satan les précipite en foule. Il avait formé le dessein de manifester son
- 126 -
Association Notre Dame de Chrétienté
Cœur aux hommes avec tous les trésors d'amour, de miséricorde de grâce, de sanctification et
de salut qu'il contenait".
En 1675, pendant l'adoration du Saint Sacrement, Jésus lui apparaît et lui découvre son
Cœur en lui disant :
"Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes et qui n'a rien épargné jusqu'à s'épuiser et se
consommer pour leur témoigner son amour. Et pour reconnaissance, je ne reçois, de la plupart,
que des ingratitudes par leurs irrévérences et leurs sacrilèges et par les froideurs et les mépris
qu'ils ont pour moi dans ce sacrement d'amour. Mais ce qui m'est le plus sensible est que ce sont
des cœurs qui me sont consacrés qui en usent ainsi".
Jésus demande qu'une fête soit célébrée le vendredi après l'octave du Saint-Sacrement
pour honorer le Sacré-Cœur avec la communion réparatrice et l'amende honorable pour réparer
les sacrilèges. Il fait en outre une promesse :
"Mon Cœur se dilatera pour répandre avec abondance les influences de son divin amour sur
ceux qui lui rendent cet honneur et propageront ce culte".
Le bienheureux Claude de la Colombière et les Jésuites protégèrent cette dévotion contre la
fureur des Jansénistes.
Au XIXème siècle
Quant au XIXè siècle, il verra le triomphe du Sacré-Cœur, avec l'institution de sa fête dans
l'Eglise universelle, en 1856, par le bienheureux Pie IX, et la consécration du genre humain au
Sacré-Cœur, en 1899, par Léon XIII. Tout au long du siècle, un nombre considérable de
congrégations religieuses se placeront sous le vocable du Sacré-Cœur.
- 127 -
Association Notre Dame de Chrétienté
L'admirable progression de la dévotion au Sacré-Cœur tient à ce qu'elle convient
admirablement à la nature de la religion chrétienne qui est une religion d'amour. Ainsi le culte au
Sacré-Cœur, comme un fleuve débordant, renverse tous les obstacles et se répand dans le monde.
Si Jésus a fait "comprendre aux saints quelle est la largeur, la longueur, la hauteur , la
profondeur et connaître la charité du Christ qui surpasse toute connaissance" (Eph., III, 18-19),
c'est pour que l'homme sorte de son égoïsme et mette Dieu à la première place dans toute sa
vie. C'est, là, le premier et grand commandement. Rude et long travail que seul l'amour peut
entreprendre et mener à terme. Nous n'aimons que là où nous sentons l'amour. Nous aimons qui
nous aime. Dieu par amour nous a donné son Fils ; Jésus par amour nous a donné son Cœur. Il
ne veut plus nous considérer comme des serviteurs mais comme des amis. Les bras ouverts, le
Cœur ouvert sur la Croix, Jésus accueille, oublie, pardonne, aime hier, aujourd'hui, demain,
toujours. Quand nous doutons, il découvre sa poitrine et nous dit :
"Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes"
et il veut qu'à son exemple nous les aimions :
"celui qui aime Dieu doit aimer son frère" (1 Jean, IV, 20).
- 128 -
Association Notre Dame de Chrétienté
"Depuis que son Corps, revêtu de l'état de gloire éternelle s'est réuni à l'âme du divin
Rédempteur, vainqueur de la mort, son Cœur très saint n'a jamais cessé et ne cessera de battre
d'un mouvement paisible et imperturbable" (Pie XII, Haurietis aquas").
L'âme chrétienne tente d'entrer dans les mêmes sentiments qui animaient le Cœur du Christ
à l'égard de son Père, quand, au moment de l'oblation au Calvaire, il faisait monter vers lui, dans
la souffrance et l'immolation, l'ardeur de sa charité.
La dévotion au Sacré-Cœur va comme d'instinct à Jésus souffrant, par délicatesse d'amour
- quand l'ami souffre on se tient près de lui pour compatir à ses peines -, mais aussi pour
chercher les traces de l'amour - où l'amour s'est-il mieux manifesté que dans la Passion ? "Cœur
de Jésus propitiation pour nos péchés, brisé de douleurs à cause de nos péchés, rassasié
d'opprobres".
Jésus sur la Croix nous montre son Cœur, mais c'est un cœur blessé. La lance du soldat l'a
outragé. L'amour qu'Il nous a prouvé est passé par la souffrance et la mort à cause de nos péchés.
Un amour de réparation
Notre amour en retour va ainsi prendre la coloration de la réparation : "La part
d'expiation et de réparation a toujours eu la part principale dans la dévotion au Sacré-Cœur "
(Pie XI, Miserentissimus Redemptor).
La réparation, c'est la forme concrète que prend la réponse d'amour du chrétien dès lors
que l'amour rédempteur se heurte au refus ou à l'indifférence de l'humanité. "Voici ce Cœur qui a
tant aimé les hommes…et pour reconnaissance je ne reçois que des ingratitudes par leurs
irrévérences et leurs sacrilèges, et par les froideurs et les mépris qu'ils ont pour moi dans ce
sacrement d'amour" disait Jésus à sainte Marguerite-Marie.
Mais une question se pose. Pourquoi réparer, puisque le sacrifice du Sauveur sur la croix
est parfait et définitif et que la Rédemption qu'il nous procure est totale et surabondante ?
Quoique les crimes qui se commettent de nos jours aient été présents à la pensée de Notre-
Seigneur dès le temps de sa Passion, ces crimes n'avaient pourtant aucune existence en dehors de
l'infaillible prévision du Sauveur. Ils ne deviennent effectivement un outrage à la majesté divine
qu'à l'instant où l'acte du pécheur les réalise. Ils sont donc à notre charge. A chaque génération
chrétienne incombe le soin de panser la blessure du Cœur du Christ au moment où on le
frappe.
La Rédemption, une fois pour toutes acquise dans le Chef, reste à achever, à réaliser dans
les membres de son Corps, personnellement et solidairement. Nous devons tous apporter notre
irremplaçable collaboration à cette victoire sur les forces du péché. "J'achève en mon corps ce
qui manque à la Passion du Christ pour son Corps qui est l'Eglise" dit saint Paul.
Seul, parmi tous les êtres, l'homme est capable de souffrir et de mourir par amour. C'est
cette valeur d'amour et de don qui a comme enthousiasmé le Verbe de Dieu lui-même. Dans
l'élan de son amour filial pour son Père, il a comme embrassé, dès son "ecce venio", cette vie
terrestre vouée à la souffrance et à la croix, et il a lui-même puissamment inculqué la loi et la
nécessité du sacrifice à ceux qui veulent le suivre.
Mais la dévotion au Sacré-Cœur nous présente la réparation moins comme une œuvre de
justice que comme une œuvre d'amour. Et cela au sein de l’Eglise, dans la Communion des
Saints.
Léon XIII a désigné le Sacré-Cœur comme le labarum des temps nouveaux. Non que la
Croix doive s'effacer devant le Cœur mais le Cœur nous fera mieux comprendre et connaître la
Croix.
- 129 -
Association Notre Dame de Chrétienté
Notre-Seigneur a précisé, à sainte Marguerite-Marie, quelques pratiques de dévotion
portant à réparer par amour : la communion réparatrice (c'est à dire avec l'intention spéciale de
réparer les péchés et les sacrilèges contre le Saint Sacrement) et l’heure sainte qui consiste à
prier durant une heure de la nuit du jeudi au vendredi en union avec Jésus souffrant à
Gethsémani. L'acte de réparation au Sacré-Cœur, lu publiquement le jour de la fête du Sacré-
Cœur, peut faire bénéficier les chrétiens d'une indulgence plénière selon les conditions
habituelles.
Conclusion
"La Bienheureuse Vierge Marie a été indissolublement unie au Christ dans l'œuvre de la
rédemption humaine afin que notre salut vienne de l'âme de Jésus-Christ et de ses souffrances
intimement unis à l'amour et aux douleurs de sa Mère" (Pie XII Haurietis aquas).
"Cœur de Jésus, formé dans le sein de la Vierge Marie par le Saint-Esprit, ayez pitié de
nous" disent les litanies.
Cœur de Jésus battant près de celui de sa Mère pendant le bel Avent de Notre-Dame,
Cœur immaculé de Marie, percé du glaive au pied de la Croix, "fons amoris fac ut ardeat
cor meum in amando Christum Deum". Source d'amour, faites que mon cœur s'embrase dans
l'amour du Christ notre Dieu.
v v v
v
- 130 -
Association Notre Dame de Chrétienté
Homélie de Saint Bonaventure
(Livre de l’arbre de vie, num.(30).
Afin que l'Eglise fût formée du côté du Christ mourant sur la croix et que s'accomplît cette
parole de l'Écriture : Ils ont vu celui qu'ils ont transpercé, une divine ordonnance permit qu’un
des soldats ouvre ce côté sacré en le perçant de sa lance. C'est ainsi que, par l'effusion du sang et
de l'eau, fut versé le prix de notre salut, qui, s'écoulant de la source cachée de ce Cœur, devait
donner aux sacrements de l'Eglise la vertu de conférer la vie de la grâce, et de devenir dès lors,
pour ceux qui vivent dans le Christ, le breuvage d'eau vive jaillissant pour la vie éternelle. Lève-
toi donc, âme amie du Christ, ne cesse pas de veiller, et approche ici ta bouche afin de puiser les
eaux, sources du Sauveur.
Puisque nous sommes venus une fois au Cœur du très doux Seigneur Jésus et qu'il nous est
bon d'y demeurer, ne nous en séparons pas facilement. Oh qu'il est bon et joyeux d'habiter dans
ce Cœur ! Riche trésor, précieuse perle est votre Cœur , très bon Jésus ; nous les trouvons dans le
champ labouré de votre Corps. Qui rejetterait cette Perle? Que ne donnerais-je plutôt toutes les
perles, que n'échangerais-je toutes mes pensées et toutes mes affections pour acquérir celle-ci, en
confiant toute ma sollicitude au Cœur du bon Jésus, et sans tromperie il me nourrira. Aussi,
après avoir trouvé ce Cœur qui est vôtre et mien très doux Jésus, je vous prierai comme mon
Dieu. Recevez mes prières dans le sanctuaire où vous exaucez, que dis-je ? attirez-moi tout
entier dans votre Cœur.
Car votre Côté a été percé pour que l'entrée nous en fût ouverte. Votre Cœur a été blessé
pour que nous puissions y habiter, à l'abri des troubles du dehors. Quoi qu'il en soit, voilà
pourquoi il a été blessé : c'est pour que, par la blessure visible, nous voyions la blessure invisible
de l'amour. Comment cet amour ardent pouvait-il mieux se révéler qu'en permettant à la lance de
blesser non seulement 1e corps, mais le Cœur lui-même ? La blessure de la chair révèle donc la
blessure de l'âme. Qui n'aimerait ce Cœur ainsi blessé ? Qui n'aimerait en retour ce Cœur si
aimant ? Qui n'embrasserait un Cœur si pur? Donc, pendant que nous demeurons encore dans la
chair, autant que nous le pouvons, aimons en retour celui qui nous aime, étreignons celui qui est
blessé pour nous, celui dont des laboureurs impies ont creusé les mains et les pieds, le côté et le
Cœur ; prions aussi afin qu'il daigne enchaîner du lien de son amour notre cœur, jusqu'ici dur et
impénitent, et le blesser de ses traits.
- 131 -
Association Notre Dame de Chrétienté
Consécration des familles au Sacré-Cœur de Jésus.
"Ô Jésus, agenouillés à vos pieds,
Nous renouvelons la Consécration de notre famille à votre Divin Cœur .
Soyez toujours le Roi et le Chef de notre foyer.
Bénissez notre famille, notre maison, nos entreprises.
Aidez-nous à accomplir tous nos devoirs.
Prenez part à nos joies, à nos épreuves, à nos travaux.
Gardez entre nous la paix et la confiance.
Accordez-nous de mieux vous connaître,
De vous aimer davantage,
De vous servir sans défaillance.
Pour ceux qui ne vous connaissent pas,
Nous vous aimons, nous vous adorons.
Radio message du Pape Pie XII aux familles de France réunies dans la
basilique de Montmartre (17 juin 1945)
Nous sommes de cœur au milieu de vous, familles de France qui venez de renouveler votre
consécration au Cœur de Jésus. Un million de familles consacrées au Cœur du Christ qui aime
les Francs. Quelle splendeur, quelle puissance ! Quelle responsabilité aussi, car les destinées de
votre patrie sont entre vos mains, mais à la double condition que, fiers de votre appartenance au
Christ et conscients de la force qu'elle vous confère, vous vous montriez imperturbablement
fidèles à cette appartenance et que vous usiez vaillamment de cette force.
La valeur et la prospérité d'un peuple résident non pas dans l'action aveugle d'une
multitude confuse, mais dans l'organisation normale des familles saines et nombreuses, sous
l'autorité respectée du père, sous la sage et vigilante providence de la mère, dans l'union intime
et coopérante des enfants. Chaque famille s'étend, se dilate dans la parenté qu'unissent les liens
du sang. Et les alliances entre familles viennent encore, par leurs harmonieux enchevêtrements,
constituer de maille en maille tout un réseau dont la souplesse et la solidité assurent l'unité vitale
d'une nation, grande famille au grand foyer qu'est la patrie.
Réseau tellement parfait et délicat que chaque maille qui viendrait à se rompre ou à se
relâcher risquerait de compromettre, avec l'intégrité du réseau, tout l'organisme de la société. Or,
cette rupture ou ce relâchement, cet affaiblissement ou cette dégénérescence de la famille se
produisent avec leurs funestes conséquences toutes les fois qu'une atteinte est portée à la sainteté
ou à l'indissolubilité du mariage, à la fidélité ou à la fécondité conjugale, toutes les fois que
l'autorité paternelle, par abdication des parents, ou par insubordination des enfants, se trouve
- 132 -
Association Notre Dame de Chrétienté
mise en échec. Des fragments de familles brisées ou désagrégées ne sont guère plus propres à
constituer une société saine et stable que le conglomérat amorphe d'individus dont Nous parlions
récemment
Grande certes, et noble et pure est la félicité d'un foyer patriarcal, intact dans son intégrité
comme dans sa dignité. Mais - qui oserait le nier ? - cette félicité est le prix de l'attachement à
des devoirs austères, de la victoire sur des obstacles ou des attraits, sur les passions déréglées ou
les tentations de la chair ou du cœur. Or, il y faut du courage, un courage généreux et, surtout,
permanent, continu, à longueur d'année, à longueur de vie. A moins d'ignorer étrangement la
faiblesse humaine, de fermer obstinément les yeux devant l'évidence, force est de reconnaître
qu'un tel courage ne peut surgir, moins encore se soutenir, par le seul effet des arguments de la
simple et froide raison.
Quand une famille vit ainsi du Christ , que par sa consécration au Cœur du Christ elle a
ratifié son union avec Celui qui a vaincu le monde et s'est vouée à l'amour, au service, au règne
de ce Cœur divin, qu'elle a fait de son règne l'idéal qui la fascine et auquel visent toutes ses
aspirations ; quand plusieurs familles, animées du même esprit, tendues vers le même idéal, sont
unies dans la compacte intégrité du Corps mystique de l'Homme-Dieu ; quand ces familles sont
des milliers, des centaines de milliers, quand un million de pères, de mères, des millions et des
millions d'enfants consacrent avec une ardeur passionnée toutes leurs énergies à promouvoir la
cause et le règne de Jésus, qui mesurera la puissance d'une telle armée sous un tel chef ?
Votre consécration au Cœur de Jésus scelle un pacte entre lui et vos familles. Il en a pris
l'initiative par sa promesse : « je les bénirai », disait-il à sainte Marguerite Marie. De votre côté,
avec toute la solennité que vos moyens vous permettaient, sous la bénédiction du prêtre, son
représentant, vous avez mis son image à la place d'honneur de votre foyer dont vous le
proclamiez le souverain, vous engageant officiellement à le regarder et à le traiter comme tel.
Lui, ne manquera jamais à sa parole : Il est le Dieu fidèle. Ne manquez pas à la vôtre. Faites-le
régner chez vous et autour de vous.
- 133 -
Association Notre Dame de Chrétienté
Consacrée, votre demeure est donc par définition, une demeure désormais sacrée : rien n'y
doit offenser les yeux, les oreilles, le Cœur de Jésus. Il en est le Roi : il doit y recevoir de votre
fidélité un hommage permanent de respect, de dévotion, d'amour. Chef très aimant de votre
foyer, il est associé intimement à toute sa vie et l'on n'y conçoit aucune peine, aucune joie,
aucune inquiétude, aucun espérance, à laquelle vous le laisseriez étranger. C'est le royaume du
Christ : il est sacré !
Il n'y aurait qu'une vaine et stérile complaisance d'amour-propre ou plutôt qu'une
humiliante contradiction à prendre conscience de votre force, si vous n'en deviez user pour le
maintien, la défense, la conquête des droits du Cœur de Jésus, qui sont aussi vos droits, les droits
de votre famille et de votre patrie. Pères de familles chrétiennes, qui êtes l'honneur et la vitalité
de la France, il vous appartient et vous avez le devoir de parler et d'agir au nom de vos familles,
au nom de la France, de cette France qui, au lendemain de douloureux désastres, a gravé sur le
fronton de votre basilique de Montmartre l'émouvante humilité de son repentir, l'ardeur de son
amour et de sa dévotion. Poenitens et devota !
Vous venez de proclamer, une fois de plus, que vous croyez à la vocation chrétienne de la
France. Il est fidèle, l'Auteur de cette sublime vocation : Fidelis Deus, per quem vocati estis
(I Cor.,I, 9). Que par vous, familles chrétiennes consacrées au Cœur de Jésus, la France, de son
côté, soit fidèle à y répondre !
C'est dans cette confiance que Nous vous donnons à vous tous, à tout votre bien-aimé
peuple, à la jeunesse surtout, espoir de la patrie, avec toute l'effusion de Notre cœur, Notre
Bénédiction apostolique.
- 134 -
Association Notre Dame de Chrétienté
Prière de madame Elisabeth au Sacré-Cœur
Cœur adorable de Jésus, sanctuaire de cet Amour qui a porté un Dieu à sacrifier sa vie
pour notre salut et à faire de son Corps la nourriture de nos âmes, en reconnaissance de cette
charité infinie, je vous donne mon cœur et, avec lui, tout ce que je possède au monde et tout ce
que je suis, tout ce que je ferai, tout ce que je souffrirai.
Mais enfin, ô mon Dieu ! pour que ce cœur, je vous en supplie, ne soit plus indigne de
vous, rendez-le semblable à vous-même, entourez-le de vos épines pour en fermer l'entrée à
toutes les affections déréglées ; établissez-y votre Croix, qu'il en sente le prix, qu'il en prenne le
goût ; embrasez-le de vos divines flammes, qu'il se consume pour votre gloire, qu'il soit tout à
vous, après que vous avez voulu être tout à lui. Vous êtes sa consolation dans ses peines, le
remède à ses maux, sa force et son refuge dans les tentations, son espérance pendant la vie, son
asile à la mort. Amen.
DOMINICAINES DU SAINT-ESPRIT
- 135 -
Association Notre Dame de Chrétienté
L’annonce aux bergers
Guido Reni
- 136 -
Association Notre Dame de Chrétienté