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Histoire des arts 

:
Arts du langage et du visuel : La mort de César en mots et en images.

Problématique : comment les peintres et les réalisateurs présentent-ils l’événement historique ?


Quelle dimension lui donnent-ils ?
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I. Partons de la mort de César en mots, chez les Historiens…

1. Extrait du De viris illustribus (= «au sujet des hommes célèbres  », les hommes célèbres) qui est
un manuel de latin à l’usage des classes de 6ème, rédigé en 1775 par l’abbé Lhomond, resté en
usage en France jusqu’à la fin des années 1960.

Après avoir terminé la guerre civile, César, nommé dictateur à vie, commença à se comporter de
façon plus insolente. C’est pourquoi plus de 60 conjurés préparèrent une conspiration contre lui,
sous la conduite de Brutus et Cassius.
Donc, comme César était venu au Sénat le jour des Ides de mars, alors qu’il était en train de
s’asseoir, ils vinrent l’entourer comme pour rendre leurs devoirs, et aussitôt l’un d’eux s’approcha
de lui comme pour lui demander quelque chose, et, tandis qu’il (César) faisait un signe négatif, il
saisit sa toge aux deux épaules. Puis, alors que César s’écrie : « Ah ! Tu me fais violence ! »

Cassius vulnerat (Cassius le blesse) paulo infra jugulum (un peu en-dessous de la gorge). Caesar
(César) Cassii brachium (transperça le bras de Cassius) graphio (avec un stylet), conatusque
prosilire (et ayant tenté de se jeter en avant) aliud vulnus accepit (il reçut une nouvelle blessure).
Cum vidisset (alors qu’il avait vu) Marcum Brutum (Marcus Brutus) quem loco filii habebat (qu’il
considérait comme son fils) in se irruentem (se jeter sur lui= sur César), dixit (il dit) : « Tu quoque
fili mi ! (Toi aussi mon fils!) ». Dein (puis) ubi animadvertit (quand il remarqua) undique se peti
(que de tous côtés on l’attaquait) strictis pugionibus (avec des poignards dégainés), toga caput
obvolovit (il couvrit sa tête de sa toge), atque ita confossus est (et fut ainsi criblé) tribus et viginti
plagis (de 23 coups de couteau).

Que retenir de cette mort en « mots » ?


- le lieu, la date : le Sénat ; les ides de Mars = le 15 (les ides sont une date repère dans le mois.
Elles tombent le 13 sauf en mars, mai, juillet et octobre où elles tombent le 15)
- comment César est assassiné : technique de l’encerclement, la violence et l’acharnement avec les
23 coups de couteau, la dignité de César
- le passage émotion : « toi aussi mon fils » (Kai su teknon » en vérité) : Brutus serait le fils adoptif
de César et cette parole montre combien il se sent trahi

2. Extrait de La vie de César (66) de Plutarque, biographe et moraliste.

« Lorsqu’il vit Brutus se précipitant sur lui, l’épée à la main, il se couvrit la tête de sa toge et
s’abandonna aux coups. Soit hasard, soit volonté des conjurés, il fut poussé jusqu’au pied de la
statue de Pompée. »

On retrouve ici la dignité de César et une information importante : César meurt aux pieds de son
ennemi politique. Ironie du sort ? Vengeance ?

II. Passons désormais à la mort de César en images :

1. Tout d’abord en peinture, en analysant le tableau de Vincenzo Camuccini La mort de César.


Ce tableau est une huile sur toile, qui date du début du XIXème siècle, appartient au mouvement du
néoclacissisme qui s’inspire de l’Antiquité. Il est conservé dans la galerie nationale d’art moderne à
Rome.

Le lieu : le Sénat (marbre, statues, siège de César à droite)


Les personnages :
- à gauche : César/ un groupe autour de lui avec les bras levés prêts à l’attaquer et celui que César
montre de la main est sûrement Brutus (fameux « Tu quoque mi fili ») Ce groupe est sous la statue
de Pompée. On retrouve l’ironie soulevée par Plutarque.
- à droite : les sénateurs apeurés
Les couleurs : le rouge synonyme de violence, assassinat et le blanc par contraste qui ressort bien.
La convergence des regards : tous tournés vers César.
Les lignes de force : deux verticales (statue et mur) et une horizontale qui passe au-dessus des têtes
et des épées et une diagonale tracée par la lumière permettent d’isoler le duel principal
« César/Brutus »
Le mouvement du tableau : opposition entre les assassins à gauche qui se penchent en avant et les
« surpris » à droite qui se penchent en arrière.

CONCLUSION : l’image, qui s’inspire ici à la fois du texte de Lhomond (attroupement, poignards
dégainés, Brutus) et de Plutarque (Pompée), apporte donc une dimension très théâtralisée (plusieurs
groupes, des mouvements opposés, un Pompée spectateur hautain de la scène), qui met bien en
valeur le duel César/Brutus.

2. Tournons-nous désormais vers le cinéma : extrait du film Jules César, Veni, vidi, vici d’Uli
Edel (2002)

Disponible en intégralité sur youtube. Il dure 2H15. L’extrait démarre à 2H06.

- On sent le complot : de nombreux gros plans montrent les regards hésitants, complices
- Approche progressive de César par les autres personnages : violence extrême et caméra
subjective (le spectateur est à la place de César) pour nous faire ressentir la violence.
- Bande son : musique angoissante, stressante, avec rythme qui s’accélère : quelque chose de grave
est en train de se passer
- Duel César/Brutus mais on sent une sorte de remord chez Brutus qui n’ « achève pas » César
- Mort aux pieds de César : gros plan sur la statue et contre-plongée qui montre que César est
« battu », Pompée est vengé.
- Moment émotion avec sa maîtresse qui court pour le retrouver et chant en fond sonore (chœur de
voix de femmes qui n’est pas sans rappeler le chant à la fin du film Troie, où Troie est en flammes,
c’est toujours la désolation, le chant des pleureuses face à la mort)

CONCLUSION : le cinéma joue donc sur les émotions du spectateur, il veut provoquer la pitié du
spectateur. Il reste une ambiguïté avec le personnage de Brutus, par arpport aux textes et au tableau.
Cet extrait de peplum (= film dont le sujet s’inspire de l’Antiquité, du nom du manteau de
cérémonie) donne donc une dimension émotive à l’événement. Il dramatise l’événement, la mort
de César, grâce aux gros plans, aux angles de vue et à la bande son poignante.

Si l’on dresse donc un bilan, on peut donc constater que les textes, le tableau et l’extrait
cinématographique insistent sur l’acharnement des conjurés (23 coups de couteau), comme une
meute de chiens sur leur proie mais aussi sur l’émoi qu’a provoqué cet assassinat au sein même du
Sénat. Ils insistent aussi sur l’ironie du sort avec la mort de César aux pieds de Pompée.
Le cinéma, pour gagner des spectateurs, joue davantage sur l’émotion, l’intensité dramatique grâce
à la bande son et à la présence de la maîtresse de César.

Possible de finir en donnant votre avis : préférez-vous découvrir l’Histoire par les textes, la peintre,
el cinéma ? Aimez-vous les films historiques (dernier en date Simone...)

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