Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Bien que la violence et la souffrance puisse être inspiré des textes sacrés (I), il n’en reste pas moins
qu’elles puissent servir à représenter également la réalité (II), et que différents mécanismes existent et
ont été mis en œuvre pour les représenter à travers l’art Moderne (III).
Une grande partie de l’art moderne va être dominé par l’iconographie religieuse et l’obsession du
corps souffrant à l’image du Christ et des saints martyrs
Cette violence et cette souffrance se transmet aussi, en filigrane aux saints martyrs.
Au sein de l’art moderne, on retrouve la violence et de la souffrance avec les saints martyrs. En effet
comme leurs noms l’indique, les saints martyrs ont souffert ou été mis à mort pour avoir refusé
d’abjurer leur religion. Ils ont donc connu des châtiments qui implique la violence et la souffrance. Ce
fut le cas dans le saint Sébastien d’Aigueperse d’Andréa Mantegna peint en 1480 et aujourd’hui
exposé au musée du Louve à Paris. En effet, dans cette œuvre, la violence est présente. Le saint
protecteur contre la Peste est attaché à un arc antique et se fait transpercer par de nombreuses flèches
sur l’ensemble de son corps par deux archers. Le fait qu’il soit attaché signifie qu’il ne peut s’enfuir et
donc par conséquent et contraint ne recevoir ce châtiment douloureux. En outre, la tête du saint
martyr romain est penchée sur le côté gauche et ses yeux sont tournés vers le ciel. Ces deux éléments
accentuent nettement la souffrance du martyre dans cette peinture. Un autre exemple flagrant de
souffrance par un saint martyr est celle de saint Laurent. Titien, peintre italien de la renaissance à
retranscrit son martyr au sein du tableau « le martyre de saint Laurent » dont il a produit deux versions
l’une en 11558 conservé à l’église Santa Maria Assunta à Venise et l’autre en 1567 conservé sur
l’autel de l’iglesia vieja du monastère de l’Escurial en Espagne. Dans ces deux tableaux, Saint Laurent
subi son martyre en priant Dieu jusqu'à son dernier soupir. Il est représenté étendu sur un gril de façon
à ce que les charbons placés au-dessous et à demi allumés ne devaient consumer sa chair que peu à
peu. L’impact de l’anatomie dans la représentation du saint Martyr est donc important pour représenter
la souffrance. Cette peinture représente donc une grande violence pour saint Laurent qui est représenté
dans une longue et atroce agonie. Enfin, Saint Denis est un bon exemple pour représenter la violence
et la souffrance dans l’art. en effet, comme on peut l’observer au musée du Louvre, « le retable de
saint Denis » d’Henri Bellechose traite de son martyre. Dans le bas du retable est peinte la scène où il
se fait décapiter la tête ; qu’il tient après l’avoir ramassée après sa décollation, à Montmartre pour
avoir tenté d’évangéliser les Gaules. Cette scène est également d’une grande violence.
L’art profane dans l’art moderne à de nombreuse fois représenter la violence. Dans certains cas,
certaines œuvres d’art traitant de ce sujet sont d’un tel réalisme que la cruauté qui en résulte peut
déstabiliser le spectateur. Dans le diptyque le « Jugement de Cambyse » de Gérard David, est
représenté l’écorchement à vif du juge Sisamnès, sous le règne de Cambyse II. Cette représentation
est d’une cruauté extrême. De plus, sur la partie gauche du diptyque est représenté le juge fils du juge
Sisamnès, Otanès. Le roi Cambyse II exigera de sa part que la peau de son père serve à recouvrir le
siège où s’assiéra lorsqu’il devra rendre justice. L’atrocité de ce détail montre que la violence peut être
physique mais dans ce cas-ci aussi psychologique.
De plus, dans le « triomphe de la mort » de Pieter Bruegel l’Ancien conservée au musée du Prado à
Madrid, diverses thème liés à la souffrance et la violence sont évoqués. Ce tableau est d’un grand
pessimisme car La mort y est omnipotente et inéluctable et laisse place au triomphe de la mort. Le
détail de la charrette remplie de crane fait penser au spectateur que la ville qui est représenté est
foudroyé par une épidémie. La mort est omniprésente toute classe sociale confondue ce qui se
remarque grâce aux vêtements. En effet on aperçoit des paysans, des soldats mais aussi des nobles.
Cela montre que quelle que soit leur appartenance économique et sociale, leur destinée sera pour
autant la même, une fin proche et certaine les attendent tous.
Le second plan est également d’une effroyable violence. En effet, le spectateur peut apercevoir un
squelette en train de décapiter un Homme ou également des corps pendues.
Ce tableau comporte donc de nombreuses scènes traitant du crime, d’exécution, du suicide ou encore
de maladie qui ramène à la fatalité inexorable de la mort.
La maladie en art permet également de représenter les grands maux de la période Moderne.
B) Art et maladie :
L’art a témoigné des grandes épidémies qui se sont produites dans l’histoire. Cela a commencé avec
l’épidémie de la peste noire des 1347 à l’origine d’œuvre représentant les épidémies. Parmi elle, on
peut retrouver dans l’abbaye de La Chaise-Dieu une fresque représentant une danse macabre ou la
représentation de mort attrape les malades au seuil de la mort. Plus tard, quand l’épidémie de la peste
gagnera toute l’Europe, ce thème sera rependu sous plusieurs forme artistique. Il va se produire un
glissement sémantique sur ce thème ou les épidémies à répétitions sur toute l’Europe vont être
interprétées comme une punition divine. Dans la sculpture, on retrouve par exemple dans un retable
attribué au Maitre de la Sainte Parenté à Biberach en Souabe, l’idée que la peste est une justice divine
en réponse aux péchés des hommes la peste étant une allégorie de l’enfer. De plus, « La peste
d’Asdod » peinte par Nicolas Poussin en 1630-1631 durant la renaissance en Italie reprend le même
thème mais y ajoute comme dans beaucoup d’œuvres de la renaissance sur ce thème des références
Bibliques. La souffrance est au cœur du tableau car de nombreux Hommes souffrent de la peste et sont
en train d’en mourir. La peste y est toujours décrite comme une punition divine comme celle qui a
frappé les Philistins à Ashdod en punition du vol de l’arche d’alliance. Le thème de la peste a donc été
beaucoup représenté dans l’art Moderne mais beaucoup d’autre représentation de la maladie ou de la
souffrance liée au actes médicaux ont été réalisés.
En revanche, on peut voir une représentation de la souffrance réaliste et totalement profane dans
L’Atelier de l’arracheur de dents » du peintre flamand Theodore Rombouts qui illustre un des thèmes
favoris des peintres de genre hollandais et flamands dont l’art consistait à représenter la vie de tous les
jours avec ce qu’elle pouvait avoir de cruel et d’immoral. Sur la table, on peut apercevoir les
instruments de torture du charlatan qui vont servir à arracher les dents du patient. A l’époque on ne
savait pas soigner les dents, beaucoup en mourraient même, on se contentait alors de les arracher. Le
patient est accroché à son siège et semble effectuer un cri de douleur tellement celle-ci semble
insupportable.
La représentation des passions fut un grand enjeu au sein de l’art Moderne. En effet, des règles doivent
les régir afin que les artistes s’accordent. L’Expression des passions suppose qu’on puisse à travers
l’art donner à la figure humaine des traits et des gestes expressifs. A parti de la Renaissance, on va
vouloir mettre en place une sorte de nomenclature théorique regroupant tous les passions dont la
souffrance fait partie. À partir du 17ème siècle, un des objectifs fondamentaux dans l’art va être de
codifier strictement les règles qui régissent la représentation des passions. Cet objectif va aboutir à la
conférence de Charles Le Brun. Lors de cette conférence devant l’académie royale de peinture et de
sculpture prononcé le 6 et le 8 octobre 1668 et publié en 1698, Charles Le Brun en s’inspirant du
« traité des passions de l’âme » de René Descartes, annonce son projet de rationaliser le dessin des
passions de l’âme. Ainsi l’artiste veut montrer que les passions qui affectent l’âme comme la
souffrance, la colère, la tristesse par exemple peuvent non seulement être ressentis et éprouvés mais ;
qu’il procède d’un mécanisme physiologique, que l’artiste peut saisir objectivement. Ainsi Lebrun,
rationalise le dessin de chaque passion humaine et en décrivant, par le texte et l’image, les moindres
effets sur le visage et le corps. Il effectue une sorte de nomenclature des passions en les associant à des
expressions faciales ou des gestes corporels. Selon lui par exemple, la frayeur « fait que celui qui la
ressent au sourcil fort élevé par le milieu ». ; « et les yeux doivent paraitre extrêmement ouverts ».,
« le blanc de l’œil doit être environné de rouge » et « les muscles du nez et les narines aussi enflées ».
Charles Le brun ajoute à ces gestes expressifs du visage des gestes corporels appropriés : « les bras se
raidissent en avant, les jambes seront dans l’action de fuir de toutes leurs forces, toutes les parties du
corps paraitront dans le désordre. ». Un an après son discours devant l’académie royale de la peinture
et de la sculpture, Charles Le Brun peint pour Louis XIV la victoire d’Alexandre le Grand face à
Darius à la bataille d’Arbelles au IVème siècle avant Jésus christ. Pour représenter la défaite de ce
dernier, Charles Le brun figure au premier plan un soldat perse en fuite touché par le Sentiment de
« frayeur », reconnaissable par les gestes expressifs de son visage ainsi que par ses mouvements
corporels décrits dans son discours.
Pour conclure, la souffrance et la violence sont une réelle source d’inspiration dans l’art Moderne. En
effet, la violence intimement liée à la souffrance, dévoile au spectateur les manquements des hommes
à travers des lois qui régissaient la société à l’époque moderne. Quelle que soit la forme de violence ou
de souffrance, cela apporte parfois un certain dynamise à l’œuvre d’art interpellant le spectateur qui
l’observe. En revanche contrepartie la violence et la souffrance peuvent aussi déstabiliser celui qui
l’observe du fait de sa réalité qui peut parfois déranger car ne correspond pas aux normes de
convenance artistique. La violence et la souffrance peut révéler les problématiques de l’époque. Elles
sont souvent instrumentalisées par la religion pour ramener les hommes vers le droit chemin mais
aussi de fixer dans le temps des faits historiques douloureux.