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flagellation »
Introduction
Cette théorie des classes ainsi que la volonté des parlements d'affirmer des
origines remontant aux plaids franques et de la Curia regis, développée dans la
deuxième moitié du XVIIIème siècle, sous-entend que les membres des divers
parlements ont des devoirs à accomplir et que ces prérogatives ne dépendent en
aucun cas d'une concession du pouvoir royal et qu'elles ne sauraient par conséquent
leur être retirées. En effet, par ces affirmations, les parlementaires entendent
participer à l'élaboration des lois, comme il se faisait lors des plaids, et suivre la
genèse des textes normatifs comme étaient appelés à le faire leurs ancêtres de la
Curia regis.
Ainsi, le rôle des parlements ne saurait être réduit à une simple fonction
d'enregistrement des actes royaux, mais impliquerait une large participation au
processus législatif, laissant simplement le soin au roi de proposer les lois. Depuis la
mort de Louis XIV en 1715, le Parlement n'avait de cesse de retrouver sa prérogative
principale : le droit de remontrance. Ainsi, progressivement, le Parlement a imaginé
une condition préalable à l'enregistrement des lois. Avant d'être enregistrés, les
parlementaires procédaient à un véritable contrôle de conformité de la loi. Sans pour
autant enlever toute prérogative législative au roi, cette atteinte que souhaitaient
porter les parlementaires, notamment ceux du Parlement de Paris, au pouvoir
législatif du roi ne pouvait laisser le roi indifférent. Lorsque le roi parvient à faire
enregistrer les lois qu'il souhaite voir appliquer, en usant au besoin du lit de justice,
l'obstacle parlementaire n'est pas pour autant franchir. En effet, l'opposition des
parlementaires au lit de justice, si elle ne peut s'exprimer pendant cette séance
solennelle, peut prendre la forme d'une suspension du service de la justice ou encore
d'une démission collective.
C'est pourquoi Louis XV rappelle aux parlementaires présents lors de cette
séance, qu'il n'est pas question « que les parlements coopèrent avec la puissance
souveraine dans l'établissement des lois » et qu'en aucun cas les parlementaires ne
sauraient « par leur seul effort s'affranchir d'une loi enregistrée et la regarder à juste
titre comme non existante ».
Transition
Ainsi, depuis le milieu du XVIII ème siècle, le pouvoir royal est fortement
ébranlé par les revendications des parlements et leurs atteintes aux prérogatives
royales, essentiellement en matière législative. On comprend donc les raisons qui
ont poussé Louis XV à tenir un lit de justice aussi sévère. Cette séance n'est pas
seulement une occasion de condamner l'attitude des parlements, c'est également
pour le roi une opportunité pour réaffirmer l'absolutisme monarchique.
Dans cette deuxième partie, il convient tout d'abord de s'interroger sur la façon
dont Louis XV met en avant la toute-puissance royale (A) pour ensuite envisager
l'avenir et l'influence de ce solennel rappel à l'ordre (B).
Le rappel à l'ordre des parlementaires par Louis XV dans cette séance dite de
flagellation en raison de la fermeté du ton du discours, semblait annoncer une
période d'adoucissement dans les relations entre le roi et ses cours, malgré cela la
condamnation de l'attitude des parlementaires resta sans appel. En effet, l'opposition
parlementaire ne sembla pas en tenir compte, à tel point que Louis XV usa encore
du lit de justice pour faire enregistrer, le 7 décembre 1770, un édit prohibant
l'utilisation par les parlements de leurs armes traditionnelles, à savoir, cessation de
fonction, démission collective ou encore, référence à la théorie des classes, sous
peine de forfaiture et de confiscation des offices. A cela, les parlementaires
répondirent par une suspension de la justice, imaginant qu'ils seraient rappelés après
avoir était exilés, comme il se faisait d'habitude.
C'était sans compter la réforme par coup de majesté organisée par Maupeou,
ancien premier Président du Parlement de Paris, nommé chancelier en 1768. Avec
l'accord de Louis XV, il met les parlementaires en garde. Cependant les membres du
Parlement refusent de céder, ce qui pousse Maupeou à agir. De nuit, un conseiller
d'Etat accompagné de deux mousquetaires se rend au domicile de chaque
parlementaire, qui se voit proposer de retourner au Parlement et de ne plus jamais
s'opposer au monarque. En cas de refus, les parlementaires sont exilés loin et seuls
pour éviter qu'une opposition s'organise. Au mois d'avril 1771, le Parlement
enregistre de nouveau les textes royaux.