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• Texte : Arrêt du Parlement de Paris, 28 juin 1593 : « Arrêt Lemaistre »
La
cour,
sur
la
remontrance
ci-‐devant
faite
à
la
cour
par
le
procureur
général
du
roi
et
la
matière
mise
en
délibération,
ladite
cour,
toutes
les
chambres
assemblées,
n'ayant,
comme
elle
n'a
jamais
eu,
autre
intention
que
de
maintenir
la
religion
catholique,
apostolique
et
romaine
et
l'Etat
et
couronne
de
France,
sous
la
protection
d'un
bon
roi
le
très
chrétien,
catholique
et
Français,
A
ordonné
et
ordonne
que
remontrances
seront
faites
cet
après-‐midi
par
maître
Jean
Lemaistre
président,
assisté
d'un
bon
nombre
de
conseillers
en
ladite
cour,
à
M.
le
duc
de
Mayenne,
lieutenant
général
de
l'Etat
et
couronne
de
France,
en
la
présence
des
princes
et
ofXiciers
de
la
couronne,
étant
à
présent
en
cette
ville,
à
ce
qu’aucun
traité
ne
se
fasse
pour
transférer
la
couronne
en
la
main
de
prince
ou
princesse
étrangers;
Que
la
loi
fondamentale
de
ce
royaume
soit
gardée
et
les
arrêts
donnés
par
ladite
cour
pour
la
déclaration
d'un
roi
catholique
et
français
exécutés;
et
qu'il
y
ait
à
employer
l'autorité
qui
lui
a
été
commise
pour
empêcher
que
sous
prétexte
de
la
religion,
ne
soit
transférée
en
mains
étrangères
contre
les
lois
du
royaume;
et
pourvoir
le
plus
promptement
que
faire
se
pourra
au
repos
ou
soulagement
du
peuple,
pour
l'extrême
nécessité
en
laquelle
il
est
réduit;
et
néanmoins
dès
à
présent
ladite
cour
declare
que
tous
traités
faits
et
à
faire
ci-‐après
pour
l'établissement
de
prince
ou
princesse
étrangers
nuls
et
de
nul
effet
et
valeur,
comme
fait
au
préjudice
de
la
loi
salique
et
autres
lois
fondamentales
de
l'Etat.
• Commentaire
Le
document
que
nous
avons
à
étudier
est
un
arrêt
du
Parlement
de
Paris
daté
du
28
juin
1593,
plus
connu
sous
le
nom
d’arrêt
Lemaistre,
du
nom
de
son
Premier
Président,
Jean
Le
Maistre,
en
fonction
de
1591
à
1594.
Cet
arrêt
est
ce
que
l’on
appelle
un
arrêt
de
règlement,
à
travers
lequel
le
Parlement
intervient
de
manière
législative,
mais
toujours
dans
le
cadre
de
ses
fonctions
judiciaire.
Un
arrêt
de
règlement
est
un
arrêt
de
justice,
adopté
par
le
Parlement
dans
le
cadre
d’une
affaire
particulière.
En
l’occurrence,
l’affaire
que
le
Parlement
entend
traiter
est
la
question
de
la
succession
d’Henri
IV
au
trône
de
France.
Toutefois,
on
peut
dire
que
la
portée
de
l’arrêt
Lemaistre
dépasse
le
cadre
de
la
résolution
d’un
simple
litige,
d’ordre
purement
factuel
et
temporel.
En
effet,
à
travers
cet
arrêt,
il
va
s’agir
pour
le
Parlement
de
Paris
de
défendre
et
d’imposer
le
respect
des
règles
de
dévolution
de
la
Couronne
de
France,
contenues
dans
les
lois
fondamentales
du
Royaume.
Cet
arrêt
prend
d’ailleurs
la
forme
de
remontrances
adressées
au
duc
de
Mayenne,
chef
de
la
Seconde
Ligue
catholique.
En
effet,
la
Xin
du
XVIe
siècle
est
marquée
en
France
par
une
période
de
troubles
et
de
transitions,
peut-‐être
même
de
ruptures.
La
succession
au
trône
est
également
une
question
centrale
de
la
période.
Les
difXicultés
apparaissent
avec
la
Réforme.
En
effet,
avec
la
Réforme,
c’est
à
une
rupture
de
l’unité
religieuse
de
l’occident
que
l’on
assiste.
Commencée
par
Martin
Luther
en
Allemagne,
poursuivie
par
Jean
Calvin
à
Paris
et
Genève,
la
Réforme
protestante
touche
la
majeure
partie
de
l'occident
chrétien.
Les
tentatives
de
conciliation
ayant
échoué,
elle
aboutit
à
une
scission
entre
l'Église
catholique
et
les
Églises
protestantes.
La
contre-‐réforme
engagée
par
l’Eglise
catholique
à
l'issue
du
concile
de
Trente
ne
permet
qu'une
reconquête
partielle
des
populations
passées
au
protestantisme.
La
Réforme
se
traduit
donc
au
XVIe
siècle
par
de
nombreux
conXlits,
dans
le
Saint
Empire
Romain
Germanique
entre
l’Empereur
Habsbourg
et
les
Princes
allemands,
mais
également
en
France,
en
particulier
à
la
mort
du
roi
Henri
III.
La
question
religieuse
commence
à
faire
débat
en
1584.
En
effet,
le
successeur
à
la
couronne
est
le
prince
de
sang
Henri
de
Bourbon,
roi
de
Navarre,
successeur
légitime
selon
les
lois
fondamentales
du
royaume.
Cependant,
Henri
de
Bourbon
est
également
le
chef
du
parti
réformé.
Cela
provoque
de
véritables
difXicultés
politiques,
avec
notamment
la
création
d’une
Seconde
Ligue
catholique
en
1585.
Henri
IV
n’est
d’ailleurs
pas
reconnu
par
la
majorité
des
français,
en
raison
de
sa
religion
protestante.
C’est
à
ces
troubles
que
le
Parlement
de
Paris
va
tenter
de
donner
une
réponse
à
travers
l’arrêt
Lemaistre.
Cet
arrêt
peut
donc
nous
éclairer
sur
la
politique
du
Parlement
de
Paris
face
à
la
nouvelle
religion
et
aux
difXicultés
de
la
monarchie
qui
en
découlent.
En
1589,
lorsque
la
rupture
est
consommée
entre
le
roi
et
une
partie
de
la
France,
le
Parlement
de
Paris
se
trouve
face
à
un
véritable
dilemme
:
comment
continuer
à
être
le
garant
de
l’ordre
et
des
lois
fondamentales
du
royaume,
et
ne
pas
reconnaître
le
roi
légitime
?
C’est
à
cette
question
que
nous
nous
efforcerons
de
répondre.
Dans
une
première
partie,
nous
nous
intéresserons
aux
deux
grands
principes
afXirmés
par
le
Parlement
de
Paris
dans
cet
arrêt
(I),
un
arrêt
révélateur
de
l’afXirmation
du
rôle
du
Parlement
en
France
à
cette
époque
(II).
I. Les règles de dévolution de la couronne afXirmées par le Parlement
Dans
un
premier
temps,
nous
verrons
que
le
Parlement
afXirme
un
principe
nouveau,
le
principe
de
catholicité
(A),
puis
nous
verrons
dans
un
deuxième
temps
qu’il
réafXirme
le
principe
d’indisponibilité
de
la
couronne
et
de
nationalité
(B).
L’arrêt
Lemaistre
signe
l’arrivée
d’un
nouveau
principe
dans
les
règles
de
dévolution
de
la
couronne
de
France
:
c’est
le
principe
de
catholicité.
Ce
principe
est
exprimé
dans
l’arrêt
à
deux
instants.
Tout
d’abord,
de
la
ligne
3
à
la
ligne
5,
le
Parlement
de
Paris
réafXirme
son
«
intention
de
maintenir
la
religion
catholique,
apostolique
et
romaine
de
l’Etat
et
couronne
de
France,
sous
la
protection
d’un
bon
roi
le
très
chrétien,
catholique
et
français
».
Ensuite,
aux
lignes
11
et
12,
le
Parlement
souhaite
«
Que
la
loi
fondamentale
de
ce
royaume
soit
gardée
et
les
arrêts
donnés
par
ladite
cour
pour
la
déclaration
d’un
roi
catholique
et
français
exécutés
».
Si
le
principe
de
catholicité
est
hissé
au
rang
de
loi
fondamentale
du
Royaume
par
le
Parlement
de
Paris,
c’est
bien
entendu
en
raison
des
tensions
autour
de
l’accession
d’Henri
IV
au
trône
de
France.
En
effet,
jusqu’au
XVIe
siècle,
il
n’existe
pas
de
difXicultés
sur
la
question
religieuse,
pour
la
simple
et
bonne
raison
que
le
roi
règne
sur
un
royaume
chrétien.
Son
pouvoir
emprunte
d’ailleurs
beaucoup
à
la
religion
catholique,
notamment
par
le
sacre
qui
transforme
le
roi
en
vicaire
de
Dieu
sur
terre.
Les
difXicultés
apparaissent
avec
la
réforme,
et
la
rupture
nette
entre
catholiques
et
protestants
qui
en
résulte.
En
France,
la
religion
catholique
est
la
religion
traditionnelle
des
souverains.
Or,
la
question
religieuse
commence
à
faire
débat
en
1584,
lorsque
le
successeur
légitime
à
la
couronne
selon
les
lois
fondamentales
du
Royaume,
Henri
IV,
est
également
le
chef
du
parti
réformé.
Le
Parlement
de
Paris,
à
travers
l’arrêt
Lemaistre,
pose
donc
le
principe
selon
lequel
le
roi
de
France
doit
nécessairement
être
catholique.
Pour
le
Parlement
de
Paris,
les
lois
fondamentales
du
Royaume
doivent
être
respectées.
Henri
IV
doit
donc
monter
sur
le
trône.
Cette
loi
fondamentale
de
catholicité
incite
donc
fortement
ce
dernier
à
se
convertir
au
catholicisme,
ce
qu’il
fera
le
25
juillet
1593,
prononçant
le
célèbre
«
Paris
vaut
bien
une
messe
».
Dans
cette
même
démarche,
le
Parlement
de
Paris
réafXirme
dans
l’arrêt
Lemaistre
deux
autres
grands
principes
:
celui
d’indisponibilité
de
la
couronne
et
celui
de
nationalité
(B).
B. La réafXirmation du principe d’indisponibilité de la couronne et de nationalité
Le
principe
d’indisponibilité
de
la
couronne
signiXie
que
personne
ne
peut
disposer
de
la
couronne
comme
il
l’entend.
La
couronne
se
détache
de
la
personne
du
souverain,
va
symboliser
la
continuité
du
pouvoir
et
de
l’Etat.
C’est
justement
parce
que
la
couronne
représente
la
continuité
du
pouvoir
et
de
l’Etat
que
personne
ne
va
pouvoir
spéculer
sur
cette
couronne,
que
ce
soit
pour
lui-‐même
ou
pour
ses
successeurs.
Dans
le
deuxième
paragraphe,
on
peut
lire
que
le
Parlement
de
Paris
«
a
ordonné
et
ordonne
que
remontrances
seront
faites
cet
après-‐midi
par
maître
Jean
Lemaître
président,
[…]
à
M.
le
duc
de
Mayenne,
lieutenant
général
de
l’Etat
et
couronne
de
France,
en
la
présence
des
princes
et
ofXiciers
de
la
couronne,
[…]
à
ce
qu’aucun
traité
ne
se
fasse
pour
transférer
la
couronne
en
la
main
de
prince
et
princesse
étrangers
».
Cet
arrêt
consiste
donc
en
des
remontrances
adressées
au
duc
de
Mayenne.
Ce
dernier
n’est
autre
que
le
chef
de
la
Seconde
Ligue
catholique.
Ensuite,
aux
lignes
11
et
12,
on
a
«
Que
la
loi
fondamentale
de
ce
Royaume
soit
gardée
et
les
arrêts
donnés
par
ladite
cour
pour
la
déclaration
d’un
roi
catholique
et
français
exécutés
[…],
pour
empêcher
que
sous
prétexte
de
la
religion,
ne
soit
transférée
en
des
mains
étrangères
contre
les
lois
du
Royaume
».
EnXin,
aux
lignes
16
et
17,
on
voit
que
le
Parlement
de
Paris
déclare
que
«
tous
traités
faits
et
à
faire
ci-‐après
pour
l’établissement
de
prince
ou
princesse
étrangers
nuls
et
de
nul
effet
et
valeur
».
Ces
trois
passages
sont
sans
aucun
doute
une
réponse
aux
Etats
généraux
organisés
à
Paris
en
1593,
dits
«
Etats
de
la
Ligue
».
Ces
Etats
généraux
sont
convoqués
en
décembre
1592
à
l'initiative
du
duc
de
Mayenne
aXin
de
résoudre
la
crise
de
succession
ouverte
à
la
mort
d’Henri
III.
De
nombreux
sujets,
réunis
au
sein
de
la
Ligue
catholique,
refusent
un
roi
hérétique.
Le
but
pour
Charles
de
Mayenne
est
de
se
faire
élire
roi.
Mais
plusieurs
autres
prétendants
se
proposent
au
trône.
Parmi
eux,
le
cardinal
de
Bourbon
et
Isabelle,
Xille
de
Philippe
II
d'Espagne.
Dans
l’arrêt
Lemaistre,
le
Parlement
de
Paris
interdit
donc
aux
Etats
généraux
du
royaume,
dominés
par
la
Ligue
catholique,
de
tenter
de
disposer
de
la
couronne
de
France
en
permettant
l’accession
au
trône
d’un
catholique
au
détriment
d’Henri
IV.
Le
Parlement,
à
travers
l’arrêt
Lemaistre,
afXirme
donc
son
autorité
et
son
rôle
de
gardien
des
lois
fondamentales
du
Royaume
(II).
II. Le développement et l’afXirmation de l’autorité du Parlement de Paris
Dans
un
premier
temps,
nous
verrons
que
l’arrêt
Lemaistre
constitue
un
«
arrêt
de
principe
»
dans
la
mesure
où
le
Parlement
souhaite
que
l’autorité
de
cet
arrêt
soit
indéniable
(A).
Ensuite,
nous
verrons
que
le
Parlement
souhaite
réafXirmer
son
rôle
de
garant
des
lois
fondamentales
du
Royaume
(B).
A
travers
l’arrêt
Lemaistre,
le
Parlement
se
pose
donc
en
véritable
défenseur
des
lois
fondamentales
du
Royaume
de
France.
Cet
arrêt
est
fondamental,
et
fait
autorité
puisque
Henri
IV
se
convertit
au
catholicisme
moins
d’un
mois
plus
tard.
On
peut
donc
parler
de
lui
comme
d’un
équivalent
aux
arrêts
de
principe
rendus
par
la
Cour
de
Cassation
ou
le
Conseil
d’Etat
en
France
à
l’heure
actuelle.
Dans
le
texte,
à
la
ligne
2,
on
peut
lire
que
«
ladite
cour,
toutes
les
chambres
assemblées
».
Au
Parlement,
les
magistrats
s’organisent
en
plusieurs
chambres,
plusieurs
formations.
On
va
ainsi
retrouver
la
Grande
Chambre,
qui
constitue
la
formation
principale,
la
Chambre
des
Enquêtes,
qui
s’occupe
des
procès
qui
se
jugent
sur
pièce
écrite,
la
Chambre
des
Requêtes,
qui
statue
sur
les
requêtes
adressées
au
roi
au
cours
des
cessions
du
Parlement,
ainsi
que
la
Chambre
de
la
Tournelle,
qui
va
juger
l’ensemble
des
affaires
criminelles
de
droit
commun.
L’arrêt
Lemaistre
est
donc
pris
par
l’ensemble
de
ces
chambres
réunies
en
un
même
instant,
ce
qui
montre
bien
l’ampleur
que
le
Parlement
a
souhaité
donner
à
cet
arrêt.
On
a
donc
une
sorte
d’
«
assemblée
plénière
»
du
Parlement
de
Paris
qui
se
réunit,
et
ce
aXin
de
prendre
un
arrêt
plus
important
que
les
autres,
un
«
arrêt
de
principe
».
Ensuite,
dans
le
texte,
on
peut
voir
qu’un
grand
nombre
de
personnes
sont
réunies,
ce
qui
ne
fait
que
peser
un
peu
plus
sur
la
décision.
Ainsi,
à
la
ligne
7,
on
peut
lire
que
les
remontrances
sont
ordonnées
«
en
la
présence
des
princes
et
ofXiciers
de
la
couronne,
étant
à
présent
en
cette
ville
».
Puis,
à
la
ligne
7,
on
peut
lire
que
le
Premier
Président
est
«
assisté
d’un
bon
nombre
de
conseillers
».
On
retrouve
donc
dans
l’arrêt
la
composition
du
Parlement.
Tout
d’abord,
on
parle
des
«
conseillers
»
à
la
ligne
7.
Puis,
à
la
ligne
6,
on
parle
de
«
Jean
Lemaître
»,
Premier
Président
du
Parlement.
On
retrouve
enXin
ce
que
l’on
appelle
les
gens
du
roi,
qui
ont
pour
rôle
de
défendre
la
couronne
et
ses
intérêts,
à
la
ligne
1
avec
«
procureur
général
du
roi
».
EnXin,
on
peut
dire
que
cet
arrêt
constitue
un
véritable
«
arrêt
de
principe
»
car
on
peut
deviner,
à
travers
les
mots
du
Parlement,
l’urgence
dans
laquelle
il
a
été
pris.
Ainsi,
à
la
ligne
15,
on
a
«
l’extrême
nécessité
en
laquelle
il
est
réduit
».
Cette
extrême
nécessité
est,
nous
l’avons
vu,
en
grande
partie
due
aux
Etats
généraux
de
Paris,
qui
tentaient
d’élire
un
nouveau
roi
catholique
à
la
tête
de
la
couronne.
Le
Parlement,
à
travers
l’arrêt
Lemaistre,
entend
donc
prendre
une
décision
qui
fera
acte,
autorité,
une
décision
qui
devra
être
respectée,
et
ce
pour
mettre
un
terme
aux
tensions
présentes
en
cette
Xin
de
XVIe
siècle.
Cet
arrêt
est
révélateur
de
l’expansion
du
rôle
du
Parlement.
De
simple
cour
souveraine
de
justice,
le
Parlement
va
progressivement
s’imposer
comme
le
gardien
des
lois
fondamentales
du
Royaume
(B).
Le
Parlement
de
Paris
est
directement
issu
de
la
curia
regis
(cour
du
roi),
à
savoir
l’entourage
proche
du
souverain.
C’est
un
petit
groupe
de
personnes
qui
entoure
le
souverain,
qui
le
conseille
lorsque
ce
dernier
doit
prendre
des
décisions
dans
le
domaine
judiciaire.
A
partir
du
règne
de
Saint
Louis
(XIIIe
siècle),
la
cour
du
roi
se
réunit
en
Parlement,
formule
utilisée
pour
montrer
le
caractère
judiciaire
de
la
réunion.
Petit
à
petit
va
donc
se
créer
un
véritable
tribunal,
destiné
à
juger
les
affaires
les
plus
importantes,
notamment
toutes
les
affaires
en
appel
qui
remontent
des
juridictions
inférieures.
Mais
outre
sa
fonction
de
cour
souveraine
de
justice,
le
Parlement
va,
durant
l’Ancien
Régime,
se
poser
en
véritable
gardien
de
«
la
loi
salique
et
autres
lois
fondamentales
de
l’Etat
»
(ligne
18).
Comme
nous
avons
pu
le
voir,
ces
lois
fondamentales
vont
contenir
les
principes
de
dévolution
de
la
couronne
:
primogéniture
masculine,
catholicité,
indisponibilité,
nationalité,
etc.
Les
lois
fondamentales
peuvent
être
considérées
comme
une
limite
efXicace
à
l’absolutisme
monarchique,
puisque
grâce
à
elles,
l’Etat
n’appartient
pas
au
roi.
L’Etat
est
simplement
conXié
au
souverain
pendant
son
règne.
Toutefois,
ces
lois
fondamentales
ne
seraient
rien
s’il
n’existait
rien
ni
personne
pour
contrôler
leur
respect.
Ainsi,
aux
lignes
11
et
12,
on
a
«
que
la
loi
fondamentale
de
ce
royaume
soit
gardée
et
les
arrêts
donnés
par
ladite
cour
pour
la
déclaration
d’un
roi
catholique
et
français
exécuté
».
Aussi,
à
la
ligne
12,
on
peut
lire
«
qu’il
y
ait
à
employer
l’autorité
qui
lui
a
été
commise
pour
empêcher
[…]
que
ne
soit
transférée
en
mains
étrangères
contre
les
lois
du
Royaume
».
Cette
phrase
montre
bien
le
fait
que
le
Parlement
se
considère
comme
le
gardien
des
lois
fondamentales
du
Royaume,
puisqu’il
parle
d’une
autorité
qui
lui
qui
lui
a
été
commise
pour
protéger
les
lois
du
Royaume.
Le
Parlement
se
pose
également
en
véritable
garant
de
la
continuité
de
l’Etat
monarchique.
Le
terme
d’Etat
est
d’ailleurs
employé
à
deux
reprises,
à
la
ligne
4
et
à
la
ligne
18.
Aux
lignes
14
et
15,
on
a
«
et
pourvoir
le
plus
promptement
que
faire
se
pourra
au
repos
ou
soulagement
du
peuple
».
A
travers
cette
phrase,
on
peut
donc
voir
que
le
Parlement
de
Paris
se
fait
le
porte-‐parole
du
peuple
français,
s’inquiète
de
son
soulagement,
eu
égard
aux
multiples
tensions
qui
le
traversent.
Bibliographie :
• Saint-‐Bonnet Fr. et Sassier Y., Histoire des institutions avant 1789, Paris, 2004.
• Alland D. et Rials St. (dir.), Dictionnaire de la culture juridique, Paris, 2003.