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1 Les précurseurs de l’analyse de la croissance 2
1.1 Les analyses des classiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.1.1 Les facteurs de la croissance : division du travail et accumulation du capital . . . . . . 2
1.1.2 Une croissance vouée à s’éteindre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 La croissance chez J. A. Schumpeter . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.3 La théorie d’Allyn Young . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
3 Le modèle de Solow 4
3.1 Le modèle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
3.1.1 Les hypothèses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
3.1.2 Accumuler du capital pour croître . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
3.1.3 La règle d’or . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
3.1.4 Quel impact de la croissance démographique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
3.1.5 Le progrès technique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
3.2 Un modèle qui permet de comprendre certains situations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
3.2.1 La croissance des pays dévastés par la Seconde Guerre Mondiale après 1945 . . . . . . 6
3.2.2 L’essoufflement soviétique à partir des années 1960 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
3.2.3 La convergence « conditionnelle » des niveaux de vie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
3.3 Des limites empiriques et théoriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
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4.5.1 Le modèle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
4.5.2 Est-ce que le modèle de Lucas se vérifie empiriquement ? . . . . . . . . . . . . . . . . 8
4.5.3 Capital humain ou théorie du signal ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
4.6 Le modèle Aghion-Howitt : plus de connaissance et de concurrence . . . . . . . . . . . . . . . 9
Pour A. Smith (La richesse des nations, 1776), la division du travail permet la croissance de la productivité,
et donc la croissance du PIB.
Pour D. Ricardo (Principes d’économie politique et de l’impôt, 1817), c’est l’accumulation d’épargne par les
agents, qui vont permettre de financer les investissements nécessaires à la croissance, par les banques.
Chez ces deux auteurs, la concurrence est le mécanisme qui pousse les entreprises à effectuer des gains de
productivité, et à utiliser efficacement les ressources.
Pour Ricardo, l’accumulation de capital conduit à la croissance, et aussi la croissance de la population par la
hausse de la demande de main d’œuvre. Ainsi, on cultive des terres de moins en moins productives, donc le
prix devient plus rare et coûte plus cher, ce qui conduit à augmenter les salaires pour permettre aux salariés
de se nourrir et donc baisser les profits, tout en augmentant la rente foncière des propriétaires terriens. La
baisse structurelle du taux de profit conduit à la fin de la croissance.
Pour Marx (Le capital, 1867), l’accumulation de capital fait baisser la plus-value des entreprises, et donc
le profit à long terme. C’est la baisse tendancielle du taux de profit. Lorsque les profits deviennent trop
faibles, les entreprises font faillite et l’économie connaît une crise. Le capitalisme est voué à connaître une
crise finale due à cette baisse tendancielle du taux de profit.
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1.3 La théorie d’Allyn Young
Son modèle, explicité dans « Increasing returns and economic progress » (1928), prend en compte la possibilité
de rendements croissants, et donc une croissance perpétuellement entretenue. Pour lui, la division du travail
au sein des différents secteurs, permise notamment par la mécanisation et les investissements associés, ainsi
que la spécialisation croissante des entreprises dans des tâches spécifiques, permet d’avoir des économies
d’échelles dans ces mêmes tâches, et produire davantage. Cette augmentation de la productivité permet
d’augmenter la production, ainsi que la variété des produits ce qui conduit à la croissance.
Il identifie une dynamique cumulative entre taille de marché et progrès technique. En effet, la hausse de
la taille du marché permet d’utiliser davantage les machines, qui permettent des rendements croissants, un
accroissement des revenus qui conduit à augmenter la taille du marché.
Pour lui, la croissance n’est pas que le fruit de changements quantitatifs, mais aussi qualitatifs comme
l’apparition de nouveaux produits ou de nouveaux secteurs.
L’adhésion des économistes classiques et néoclassiques à la loi des débouchés formulée par J-B. Say entraîne
l’idée que l’étude de la seule augmentation des capacités productives d’une économie est suffisante pour
comprendre la croissance.
L’offre globale suscite une demande globale à son niveau : toute création de biens et services supplémentaires
entraîne une création de revenus nouveaux d’une valeur équivalente, revenus qui sont tous dépensés, soit en
consommation, soit parce que la part épargnée est investie. En effet, la conservation d’une épargne monétaire
importante est considérée comme irrationnelle puisque pour les classiques et les néoclassiques la monnaie
est demandée pour constituer des encaisses utiles aux transactions habituelles. Dès lors, l’épargne est pour
l’essentiel placée et sert donc à financer les investissements. En cas d’écart entre les niveaux de l’épargne et
de l’investissement, la variation du taux d’intérêt, prix des fonds prêtables, rétablit l’équilibre.
Or, la théorie keynésienne renverse cette conception, et fait de l’épargne la différence entre le revenu et la
consommation. Dans la vision keynésienne, c’est la demande qui stimule la production.
2.2 Le modèle
A la suite de la grande critique macroéconomique de Keynes, Harrod et Domar ont produit un modèle pour
expliquer l’évolution de la croissance. Ce modèle n’est plus réellement utilisé en économie. Il est surtout
intéressant pour parler de la difficulté à modéliser la croissance économique (Peut-on modéliser la croissance
économique ?). Et il est une bonne modélisation de la théorie keynésienne. En effet, il sert davantage à
expliquer la durée de la croissance que ses causes.
L’investissement a deux effets potentiels dans l’économie : un effet de capacité et un effet de revenu. L’effet de
capacité correspond à l’accroissement des capacités de production permises par l’investissement (acquisition
de machines pour produire). L’effet de revenu correspond aux revenus que génère les investissements (pour
les fournisseurs et leurs salariés par exemple). Cette hausse des revenus permet aussi de stimuler la demande
pour d’autres producteurs : c’est ce qu’on appelle un effet multiplicateur.
Pour Domar, ces deux effets n’ont pas la même magnitude. Si l’effet de revenu est supérieur à l’effet de
capacité, l’offre ne pourra suivre la demande et cela générera des tensions inflationnistes. Si l’effet de capacité
est supérieur à l’effet de revenu, alors il y aura une surproduction et des tensions déflationnistes. Ce cas est
le plus probable pour Domar, dans la mesure où l’épargne peut croître plus vite que le revenu.
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Pour Harrod, une croissance économique régulière est comme sur le fil du rasoir. On suppose que l’épargne,
qui est une proportion du revenu des agents économiques, finance les investissements (S=I). Les variations
de l’investissement des entreprises résultent essentiellement des variations des débouchés, puisque ceux-ci
affectent les profits qu’elles peuvent espérer.
Le taux de croissance nécessaire (épargne/capital) est le taux pour lequel le montant de l’investissement
désiré par les entreprises est égal au montant de l’investissement finalement réalisé, car les débouchés ont été
bien estimés, et car la progression du revenu assure une épargne d’un même montant que l’investissement
désiré. La croissance peut être régulière si le taux de croissance effectif (observé dans les données) est égal
au taux de croissance nécessaire.
Cependant, cette situation n’arrive presque jamais en pratique. En effet, l’investissement désiré par les
entreprises, c’est à dire tels qu’ils anticipent leurs débouchés, ne correspond pas aux comportements d’épargne
des agents. La croissance sera alors déséquilibré : soit de plus en plus forte, soit de plus en plus faible.
Si les entreprises sous-estiment leurs débouchés, il y aura un excès de demande qui conduit les entreprises
à produire de plus en plus dans les périodes suivantes. L’effet multiplicateur amplifie la progression des
revenus et de la demande, et l’économie s’emballe.
Si les entreprise surestiment la progression des débouchés, il y a un manque de demande qui conduit les
entreprises à produire de moins en moins. L’effet multiplicateur conduit à une baisse amplifiée de la demande
et des revenus, pouvant faire plonger l’économie dans la dépression.
Par ailleurs, la croissance économique peut s’accompagner d’un chômage persistant. D’une part, le taux de
croissance de la population active est indépendant du taux de croissance nécessaire. Ainsi, la croissance de
l’économie peut éventuellement ne pas assurer d’emplois à tous. Par ailleurs, si les entreprises sous-estiment
la progression des débouchés, il y aura moins mécaniquement moins d’embauches.
Le modèle accorde une place importante à l’État pour stimuler la demande globale par les dépenses budgé-
taires, et éviter que les investisseurs sous-estiment leurs débouchés.
3 Le modèle de Solow
R. Solow, A contribution to the theory of growth, 1956
3.1 Le modèle
3.1.1 Les hypothèses
Le modèle de Solow repose sur des hypothèses microéconomique néoclassiques : - L’offre de biens et de
services, c’est à dire la production, peut être exprimée par une fonction telle que Y = f(K,L) avec Y la
production, K le capital et L le travail. - La production Y signifie aussi le revenu des agents (travailleurs,
capitalistes). - On suppose que les rendements d’échelles sont constants, c’est à dire que la production
augmente dans les mêmes proportion que les facteurs. - Les rendements factoriels décroissants, autrement
dit une productivité marginale du capital décroissante. - L’investissement (I) se définition comme l’acquisition
de capital (K) - L’investissement est toujours égal à l’épargne. I = S*Y, où S est le taux d’épargne et Y le
revenu - L’équilibre sur le marché du travail est garanti car toute l’offre de travail est supposée utilisée.
On peut diviser la production par la population (L). On a : y = f(k, 1) = f(k), avec y = Y/L et k =K/L.
On peut aussi diviser l’investissement et l’épargne par la population. On a : i = sy, avec i = I/L et s = S/L.
L’évolution du stock de capital (δK) dépend : - de l’investissement, qui fait augmenter le stock de capital car
les entreprises peuvent acheter - de l’amortissement, c’est à dire le remplacement du capital devenu obsolète
(anciennes machines, machines cassées), qui fait diminuer le capital
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Dès lors, les variations du stock de capital par travailleur sont égales à l’investissement net moins
l’amortissement : δK = sf (k) − δ prime , où δ prime correspond aux dépenses d’amortissement.
Plus le stock de capital augmente, plus cela favorise une hausse de la production et du revenu, et donc de
l’épargne et de l’investissement. Cependant, un stock de capital plus important est associé à un volume
de capital qui se déprécie plus élevé. En effet, lorsqu’on augmente le stock de capital par travailleur, les
revenus, l’épargne et l’investissement l’emportent sur l’amortissement. Mais, le capital supplémentaire est
victime des rendements factoriels décroissants et ne produit plus une hausse suffisante de la production, des
revenus, de l’épargne, et donc de l’investissement pour que ce dernier ne se fasse pas rattraper et dépasser
par la hausse de l’amortissement. Ainsi, lorsque l’investissement est supérieur à l’amortissement, le stock
de capital augmente. Lorsque l’amortissement est supérieur à l’investissement, le stock de capital diminue.
On converge vers un état stationnaire où l’investissement et l’amortissement sont égaux : sf (k) = δ prime k
Il existe donc un niveau de capital par travailleur stationnaire qui vérifie la condition investissement =
amortissement. L’accumulation de capital est ce qui permet d’augmenter le plus rapidement la croissance
dans les phases initiales d’accumulation.
Figure 1: Sur le graphique k* correspond à l’état stationnaire atteint quand l’investissement devient égal à
l’amortissement
Si la croissance de la production par tête permise par l’accumulation de capital est importante pour la
croissance (δY ), il n’en reste que ce n’est pas en objectif en soit. L’objectif est de maximiser la consommation
par tête pour améliorer le bien être de la population. Il faut donc atteindre un état stationnaire qui permet
l’accumulation du capital tout en assurant un haut niveau de consommation par tête. Dans le modèle de
Solow, la règle d’or consiste à déterminer le taux d’épargne associé au capital par tête k qui permet la plus
grande consommation par tête à chaque instant. Après résolution d’un système d’équations, il est montré
qu’il faut que le taux de productivité du capital soit égal au taux d’investissement.
Une fois cet état stationnaire atteint, la croissance économique peut se poursuivre grâce à l’accroissement
démographique, qui permet une augmentation du facteur travail. Cependant, la hausse de la population
tend à faire diminuer le stock de capital par travailleur, il faut donc pour maintenir ce stock un effort
supplémentaire d’épargne qui permette, non seulement de remplacer le capital usagé, mais aussi de fournir
du capital aux nouveaux travailleurs. Si la croissance peut alors se poursuivre, par contre, le niveau de vie
par travailleur ne progresse pas puisque le revenu par travailleur reste inchangé.
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3.1.5 Le progrès technique
Le progrès technologique permet d’augmenter la productivité du travail. Ainsi, la production par tête
augmente, donc le revenu par tête, avec un taux d’épargne inchangé. Le progrès technique permet d’expliquer
la hausse à long terme des niveaux de vie. Cependant, le progrès technique n’est pas expliqué par Solow :
c’est un phénomène exogène.
3.2.1 La croissance des pays dévastés par la Seconde Guerre Mondiale après 1945
La guerre a conduit à de nombreuses destructions de capital. Donc, la croissance post guerre est liée à
une accumulation rapide de capital, des forts taux d’épargnes, ainsi qu’un rattrapage technologique. On
peut donc expliquer la croissance du Japon et de la RFA pendant les Trente Glorieuses, souvent qualifiée de
miraculeuse, par ce modèle.
La croissance soviétique ne s’est appuyée que sur la croissance du capital (stratégie d’industrie industrial-
isante). Arrivé à l’état stationnaire, la consommation par tête n’était pas du tout favorisé, ce qui ne favorisait
donc pas la croissance. La seule possibilité de croître pour l’économie était le progrès technique, qui n’était
pas très présent dans les pays communistes.
Les pays de l’OCDE ont tendance à la convergence des niveaux de vie depuis la fin du XIXème siècle. Cette
convergence a été suivie par les pays asiatiques à partir des années 1970-1980. Le modèle de Solow prédit en
effet que les pays qui partent avec un stock de capital plus faible croissent plus vite, et rattrape leur retard
technologique pour atteindre l’état stationnaire. Ainsi, les pays plus avancés ont une croissance plus faible
à cause de leur faibles marges de manœuvre en termes d’innovation.
Pour Solow, la convergence est en réalité conditionnelle c’est-à-dire qu’elle n’a lieu que si les pays ont les
mêmes caractéristiques structurelles. Barro et Sala-i-martin (1992) parlent de « clubs de convergence ». Les
pays qui convergent sont ceux qui présentent les mêmes caractéristiques structurelles.
Les hypothèses du marché néoclassique ne sont pas vérifiée aujourd’hui, et l’ont rarement été. De plus, une
partie importante de la croissance demeure inexpliquée. En effet, le déterminant majeur au fond du modèle
de Solow est le progrès technique. Or, quels sont les déterminants du progrès technique ? Cela n’est pas
expliqué par le modèle. Carré, Dubois, et Malinvaud (La croissance française, 1973) essaient d’expliquer la
croissance française des Trente Glorieuses à partir du modèle. La moitié de la croissance peut être expliquée
par l’accumulation de facteurs de productions (donc de l’accroissement de l’épargne, de l’investissement, et
du capital).
Cependant, il y a un résidu inexpliqué par le modèle. Ce résidu correspond à l’augmentation de la productivité
globale des facteurs de production. Abramovitz qualifie le résidu du modèle de Solow comme « la mesure de
notre ignorance ».
En fait, l’absence de théorisation du progrès technique conduit Barro et Sala-i-martin (1996) à dire : « On
se retrouve avec un modèle de croissance qui explique tout sauf la croissance ».
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Empiriquement, pourquoi n’assiste-t-on pas à la convergence des pays entre eux grâce à l’accumulation de
capital ? Pour Lucas (« On the mechanics of economics developpement », 1988), l’accumulation du capital
n’est pas possible dans les pays pauvres car les capitaux étrangers n’y sont pas attirés à cause de raisons
institutionnelles notamment, ce qui empêche l’accumulation et donc la convergence. C’est le fameux paradoxe
de Lucas.
P. Romer (Increasing returns and long run growth, 1986) considère la croissance comme un phénomène
auto-entretenue par l’accumulation du capital-connaissance dans l’économie. Le capital connaissance est
le fruit de (i) l’activité productive des entreprises, et (ii) des efforts d’innovations de ces dernières. (i) K.
Arrow, en 1962, constate que les entreprises améliorent leur processus de production au cours du temps.
Romer formalise ce constat en considérant que plus une entreprise produit, plus elle devient productive. (ii)
Les innovations économiques de certaines entreprises se diffusent dans le système économique des nouvelles
bonnes idées, qui sont disponible pour toute l’économie. Il y a une externalité positive de la connaissance.
Les rendements marginaux du capital sont décroissants au niveau privé, mais sont croissants au niveau public
précisément grâce aux externalités positives. L’État doit jouer un rôle dans l’investissement pour que les
efforts d’innovations deviennent rentables pour les entreprises.
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Le capital public se définit comme l’ensemble des infrastructures possédées par les pouvoirs publics, et les
biens et services fournis par les collectivités (sécurité, éducation par exemple).
L’hypothèse principale du modèle est de dire qu’il y a un phénomène d’externalité et l’investissement en
capital public augmente la productivité du capital privé. Par exemple, la productivité d’un transporteur
routier est plus élevé avec des routes bien entretenues.
La baisse de la productivité marginale du capital privé (tel que conçu dans le modèle de Solow) est compensée
par l’accumulation du capital public. Au niveau agrégé, on aboutit à une situation de rendements constants.
Cependant, il y a un arbitrage à faire. En effet, si les dépenses publiques sont trop élevées, la faible épargne
(car les dépenses publiques ponctionne les revenus des agents, et donc l’épargne) va limiter l’investissement
privé, qui à son tour minimise les retombées sociales des investissements. Pour Barro, il existe une taille
optimale de l’État telle qu’elle maximise la croissance.
Pour Azariadis et Drazen (1990), les externalités positives du capital humain se manifestent seulement si un
niveau minimum d’éducation est atteint dans l’économie. Tant que ce niveau minimum n’est pas atteint, les
rendements sont plus faibles, et il y a un risque de s’enfermer dans une trappe à sous-développement. Les
différences de taux d’alphabétisation peut être un élément d’explication.
Barro et Sala-I-Martin (1995) ont testé les différentes relations mises au jour par les théories de la croissance
endogène. Le nombre moyen d’années de scolarisation corrélé avec la croissance future, et les dépenses
publiques d’éducation sont aussi positivement corrélées avec la croissance économique. Cependant, il est
possible que ce soit la croissance qui permette de financer l’éducation, et les dépenses publiques éducatives.
L’implication politique est de favoriser la formation des individus au sein d’un pays pour stimuler la crois-
sance. Cependant, il y a un débat sur l’impact réel de l’éducation. Est-ce que l’éducation favorise réellement
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la productivité des travailleurs, et donc la productivité moyenne de l’économie ?
Meghir et Palme (2005) évaluent à 10 % l’impact sur le salaire moyen de la population d’une augmentation
d’une année des durées moyennes de scolarité dans le secondaire. Moretti et al. (2004) considèrent que les
effets collectifs des politiques d’expansion éducative se sont également manifestés sous la forme d’une baisse
de la criminalité et d’une hausse de la productivité des entreprises.
Enfin, pour J. Grenet (2011), l’allongement de la scolarité des élèves doit s’accompagner d’examens diplô-
mants car les examens incitent plus à l’apprentissage durable des connaissances.
Cependant, des différences de salaires ou de productivité entre les diplômés et les non-diplômés ne permettent
pas nécessairement la mise en évidence d’un impact réel de l’éducation sur la productivité.
Pour M. Spence (Job market signaling, 1973), les études sont une façon pour les agents les plus productifs de
signaler sa productivité aux employeurs. De fait, les formations sélectives ont plus pour objectif de réveler ces
capacités qu’élever réellement les qualifications. Par ailleurs, pour R. Freeman (The over-educated America,
2006), le surinvestissement éducatif dans l’enseignement supérieur conduit à une baisse de la valorisation des
diplômes car l’offre est trop importante dans l’emploi qualifié. L’investissement collectif dans l’éducation ne
conduit pas dès lors à une augmentation du capital humain, mais au déplacement du seuil auquel on repère
les travailleurs productifs.
Ce dernier constat est à nuancer. Toutes les filières ne sont pas valorisées de la même façon (les lettres sont
moins rentables que les sciences sur le marché du travail). De plus, le diagnostic est plutôt inverse : la pop-
ulation est en moyenne sous-éduquée et insuffisamment compétente par rapport aux besoins des entreprises,
notamment dans les métiers liés aux NTIC. Les investissements en capital humain sont donc insuffisants, et
cela pose la question de l’efficacité du système éducatif, et du système de formation professionnel.
(i) La croissance de long-terme repose sur l’innovation sans quoi l’économie est stationnaire.
(ii). L’innovation s’explique par les décisions d’investissement (en R&D, formation, capital physique, etc.) de
la part d’entrepreneurs, vu comme les piliers du capitalisme. La réussite d’une innovation est un phénomène
aléatoire en soi, mais leur réussite est toujours dépendante d’un contexte favorable à leur apparition (in-
vestissements, protection des droits de propriété par exemple). Le taux de croissance de l’économie va
dépendre de l’accumulation de connaissances, comme des autres formes de capital. Cependant, par le car-
actère aléatoire de l’innovation, qui suscite le progrès technique et donc la productivité, la croissance n’est
pas un phénomène régulier.
(iii). Les nouvelles innovations rendent obsolètes les anciennes : c’est la destruction créatrice
(iv). La croissance de la productivité peut être engendrée soit par l’innovation « à la frontière » soit
par l’imitation de technologies plus avancées. Plus un pays se développe (c’est-à-dire se rapproche de la
frontière technologique), plus c’est l’innovation qui devient le moteur de la croissance et prend le relais de
l’accumulation du capital et du rattrapage technologique (de l’imitation). Lorsqu’un pays est à la frontière
technologique, il est essentiel de pouvoir stimuler la concurrence entre les entreprises afi de générer de
l’innovation.
Pour ces auteurs, il existe un niveau optimal de R&D (afin d’accroître le stock de connaissance). Cependant,
il est possible qu’il ne soit pas atteint en raison de la présence d’externalités.
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(i) Les externalités positives (diffusion de la connaissance) font que le gain social est supérieur au gain
privé, et conduit à un sous-investissement des entreprises
(ii) Les externalités négatives (effet destructeur de l’innovation conduit simplement à remplacer l’innovation
d’un entrepreneur par un autre, ce qui conduit à un simple transfert, et non un gain réel pour toute
l’économie) conduit à un surinvestissement en R&D, car le gain privé devient supérieur au gain social.
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