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Analyse de la séquence de Rebecca, d’Alfred Hitchcock (Directeur de la photographie : Roger Barnes)

Rebecca, film de 1942 d’Alfred Hitchcock, est ici filmé d’une manière très classique. Il s’agit en effet
d’un des premiers films américains du réalisateur, et toute l’ambiance du cinéma hollywoodien
classique se ressent dans les lumières.

On n’échappe ainsi pas aux lumières typiques sur les stars : Joan Fontaine, filmé en gros plan, est
toujours éclairée par une lumière diffuse qui illumine son visage et ne lui laisse aucune ombre. De plus,
les décors sont filmés de manière très fonctionnelle : le but est de les identifier un maximum, et ce par
des lumières diffuses et sans trop d’ombres.

Néanmoins, on peut remarquer plusieurs éléments intéressants dans la composition et dans


l’utilisation des lumières lors de cette séquence.

En effet, on peut remarquer le jeu de lumière sur les murs provoqués par les fenêtres, et qui
emprisonne la jeune femme. Cela sert peut-être d’avertissement pour la suite des évènements. De
plus, elle garde son chapeau, ce qui lui coupe souvent son visage avec l’ombre. Il y a donc peut-être
une certaine part d’ombre autour du personnage et qui ne se dévoilera que plus tard.

D’un autre côté, on peut remarquer l’immense présence des végétaux, mais uniquement dans les
ombres. Or, dans la suite de l’histoire, on apprendra l’existence d’un manoir en Cornouaille, que
possède le lord joué par Laurence Olivier.

Ces végétaux peuvent donc représenter eux aussi la menace planant sur les personnages à travers le
lien entre la verdure et les éléments organiques et la campagne de Cornouaille.

On note ensuite simplement une lumière très douce, qui symbolise aussi l’amour naissant entre les 2
jeunes premiers. Ils sont toujours éclairés par un halo de lumière et en deviennent presque surexposés.

On remarque de plus que Joan Fontaine quitte la « prison » faite par l’ombre de la fenêtre lors de son
hésitation et de sa volonté de revenir vers sa maîtresse, mais elle y retourne poussée d’une part par
Laurence Olivier et d’autre part par le cadre qui la fait retourner dans la prison lors de la demande en
mariage.

On peut noter de plus que Laurence Olivier est lui toujours emprisonné par l’ombre qu’il ne quitte
jamais.

On note aussi lors de se mettre à table, qu’Olivier dispose derrière lui d’ombres de feuillages bien plus
nettes que celles de Fontaine, ce qui est peut-être une référence au fait qu’il sache plus ce qui l’attend
au manoir.

On peut noter aussi le travail sur l’amorce de Fontaine qui est plus grand une fois sa déclaration faite
à Olivier, comme si elle prenait enfin de l’espace dans celui du Lord.

Ainsi, même si la lumière reste celle d’un film classique hollywoodien, on peut noter que Barnes et
Hitchcock cherchent à lui donner un sens, celle d’un avertissement pour le personnages et les
spectateurs sur la suite de l’histoire.

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