Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
La Sibylle
Contact : Sylvie Reteuna ~ 06 64 54 69 76
Administration de production : Mélanie Hanscotte (Filage) ~ 08 73 833 155 / 03 20 47 81 7
Création et diffusion à partir d’octobre 2007
Une première étape de ce projet, Ce serait un samedi soir au commencement de juin, a été
présentée du 24 juillet au 04 août 2007 dans le cadre de « on n’arrête pas le théâtre! »,
manifestation artistique d’été à L’étoile du nord, Paris 18ème. Il s’agit de « l’épisode de la
prostituée », ajouté par l’auteur au manuscrit en cours de publication et qui décrit la rencontre
entre le jeune homme schizophrénique et une prostituée. Cette forme « courte » sera reprise
dans la forme « longue ». Les deux formes sont d’après Le Schizo et les langues de Louis
Wolfson.
2
Equipe de réalisation
certaines règles.
d'apprendre des langues (le français, l'allemand, l'hébreu, le russe) pour convertir le
phrases - étrangers qui leur ressemblent quant au sens mais aussi par le son. Le combat ne
se limite pas à ce procédé — tout un arsenal défensif doit être disponible en permanence
(radio portative, doigts prêts à boucher les oreilles, livre étranger sous les yeux) — et il ne
porte pas non plus seulement sur les mots, mais notamment sur la nourriture.
entre les mots maternels, dits avec un accent de « triomphe», et les aliments «
Tout un monde nous est livré dans ce que déclenche une série de renc ontres : avec
le père « fluidique » sur un banc public, avec des maçons francophones dans la cour, avec une
prostituée, avec les Bibliothèques et les frigidaires.
4
Il arrive que la folie,
telle un Sphinx toujours renaissant,
se dresse au carrefour du savoir pour lui poser son énigme.
Piera Aulagnier
Je suis « tombée » sur Le Schizo et les langues il y a plusieurs années alors que je
cherchais dans l’écriture l’équivalent des œuvres picturales ou autres, présentées dans les
collections « d’art brut ». Je venais de découvrir celle du musée de Lausanne et j’en étais sortie
bouleversée : la singularité qui se dégageait des pièces exposées, leur étrange beauté, le
sentiment surtout d’être devant des œuvres nées de la plus absolue nécessité ,
provoquaient une émotion d’autant plus grande que leurs auteurs avaient tous connu
l’exclusion, la solitude et bien souvent l’enfermement. Il me semblait trouver là, dans son
expression parfois la plus ténue, la plus modeste, mais peut-être aussi la plus profonde,
l’essence - le secret ? - de toute création.
De l’empêchement naissait une incroyable liberté.
Le Schizo et les langues n’est pas un « écrit brut », ce n’est pas non plus l’exposé d’un
délire, Wolfson ne délire pas, mais on retrouve dans ce texte cette « impuissance à se
conformer » dont parle Michaux et qui fait de ces œuvres, parfois même au-delà de la
volonté de leur auteur (mais parfois non…), des machines de guerre contre l’ordre
établi, le pouvoir, qu’il soit politique, familial ou linguistique, autant que l’écho – souvent
tragique, mais parfois aussi plein d’une jubilante ironie - d’une angoisse universelle.
Je n’ai jamais cessé depuis de m’intéresser au rapport entre « folie » et création, d’essayer d’en
approcher l’énigme.
Et l’acteur, enfin celui que j’aime, un errant, un exclu, un ex-excommunié, un fou, un mystère.
Au théâtre, chaque spectateur vient affronter cette part en lui qu’il ne savait pas de rêve ou de
cauchemar, de terreur enfantine, de désirs très secrets. Dans le noir de la salle, seul à seul
avec l’acteur, l’Humain, en passeur, il peut enfin en rire. Ou en pleurer.
Sylvie Reteuna
5
Notes sur l’adaptation
Le texte de Louis Wolfson se présente sous forme de chapitres qui développent chacun un
aspect, ou un moment, de la vie du narrateur : présentation du « personnage », de sa
« tragédie » et de son entourage familial ; rencontre avec le père dans un jardin public ; orgie
dans la cuisine ; épisode de la prostituée ; errance dans les bibliothèques ; rencontre avec les
maçons francophones ; etc.…
Il est donc assez facile d’opérer un découpage tout en respectant la narration à
l’intérieur de chaque chapitre et plus généralement à l’intérieur du texte dans son ensemble.
Nous veillerons à ce que le montage rende compte au mieux de la totalité de l’œuvre, de son
ironie mordante et de son tragique, tout en privilégiant les passages où s’exprime avec
le plus de force une sorte de « théâtralité » de l’écriture, en particulier les nombreux
passages dialogués. Enfin, nous ne rajouterons rien aux mots de Wolfson.
… sur l’acteur
Il faut pour cela un acteur capable d’exprimer dans le même temps le tragique des situations
décrites par Wolfson et le regard plein d’ironie mordante que ce dernier porte sur elles.
Une sorte de clown donc, grave et drôle à la fois…mais dont l’humour acéré ne devient
jamais cynisme ou mise en dérision.
Michel Jurowicz, jeune comédien belge rencontré récemment, me paraît à même de faire
entendre ce que ce texte porte de profondément humain. Acteur très singulier, il me paraît
pouvoir incarner cette déraison pleine de raison qui traverse l’œuvre d’un bout à
l’autre.
6
L’homme ne fait que fuir.
Mais la vraie fuite est de se montrer.
Choisir la scène où paraître.
Louis Aragon
Quand je me suis replongée dernièrement dans Le Schizo et les langues, sa théâtralité m’a
paru évidente.
Et cette œuvre paraît bien être chair de la chair de l’auteur, morceau arraché à soi-même et offert sur
l’autel d’une communication enfin redevenue possible.
Ce regard profondément humain, à la fois tragique et drôle, que Wolfson porte sur les
êtres et les choses du fond de sa « folie », cette quête hallucinée du sens de nos actes
les plus anodins comme les plus intimes, cette tentative – désespérée ? - de rétablir
un lien entre soi et le monde, fut-ce au prix de sa folie - ou de sa raison – me touchent
profondément. Je crois que le théâtre est là pour accueillir cette humanité en quête d’elle-
même et tenter de renouer ce lien du je au nous sans lequel nous irons peu à peu mais
inéluctablement à notre perte.
Les passages en italique sont tirés de Un interprète en quête de sens de Piera Aulagnier.
7
Cette puissance du simulacre ou de l’ironie fait du livre de Wolfson un
maladie.
Comme dit l’étudiant, « qu’il était agréable d’étudier les langues, même
8
Extrait
Le jeune homme psychotique se trouvait fort gêné parce que son hôtesse, sa
mère, pouvait éclater à n'importe quel moment dans le cabinet de travail où il se
tenait la plupart du temps, et que peut-être elle dirait alors plusieurs mots en
anglais, langue parfois si horrible à lui, et encore pis ! les dirait, le lui semblerait-
il, sur un ton de triomphe, des mots qui lui poseraient de terribles problèmes
émotifs, vraiment l'emportant sur ses processus intellectuels déjà bien ralentis,
et il ne saurait pas, hélas ! comment convertir ces mots de sa plus proche
parente en mots étrangers et ainsi le s détru ire en quelque sorte : du moins, c'était
la voix qui semblait, pour une raison quelconque, le bouleverser plus qu'aucune
autre !
Et même quand, après s'être approchée à pas de loup, elle entrait en éclair et
tonnerre, même ces fois-ci, le psychotique réussissait parfois à se boucher les oreilles
avant que sa mère ne parvînt à jeter la tête à travers l'entrée pour, pensait-il, le regarder
comme désespéré essayant de vite se boucher les oreilles tandis qu'elle continuait à
débiter rapidement et à tue-tête des vocables de la fameuse langue anglaise et pour donc
voir de son propre œil sa victoire sur lui, la connaissance de laquelle elle manifesterait
immédiatement par une expression de triomphe, semblait-il (ceci aussi) à son fils
schizophrénique, qui en général trouvait ceci bien plus vexatoire que quand il avait
parfaitement écouté les propos de sa maman (car, hélas! il n'avait pu se boucher les
oreilles suffisamment vite), mais sans que, bonté divine! elle en eût rien vu.
Et sa mère réussissait le plus souvent, malgré lui et tous ces efforts de sa part, à
faire pénétrer à la conscience schizophrénique quelques mots : peut-être croyait-elle
pouvoir ainsi ramener son fils à la réalité.
Pourtant, probablement pire était lorsque sa mère le faisait rire et qu'elle l'avait
bien vu !
9
A travers quelques lecteurs de Wolfson
Toute pensée est déjà une tribu, le contraire d’un Etat. G. Deleuze, Mille Plateaux, 1980.
« Ce ne sont pas les deux premières personnes qui servent de condition à l’énonciation
littéraire ; la littérature ne commence que lorsque naît en nous une troisième personne
qui nous dessaisit du pouvoir de dire « Je ».
Gilles Deleuze, « La littérature et la vie », in Critique et clinique, Ed. de Minuit, 1993
« Le schizophrène n’est pas dans les catégories familiales, il erre dans des catégories
mondiales, cosmiques, ce pourquoi il étudie toujours quelque chose. (…)
C’est là [dans le monde] que se pose le problème de l’existence, de ma propre
existence. L’étudiant est malade du monde, et non pas de son père-mère. Il est malade
du réel, et non de symboles. La seule « justification » de la vie, ce serait que tous les
atomes une fois pour toute bombardent la Terre-cancer, et la rende au grand vide :
résolution de toutes les équations, l’explosion atomique. (…)
On dirait que Wolfson suit les traces d’Artaud, qui avait dépassé la question du père-
mère, puis celle de la bombe et de la tumeur, et voulait en finir avec l’univers du
« jugement », découvrir un nouveau continent. »
Gilles Deleuze, « Louis Wolfson, ou le procédé », in Critique et clinique, Ed. de Minuit, 1993
« Nous ne pensons pas que ce savoir et ces dons viennent habiter la main qui écrit ou
la bouche qui parle, à son insu - ce qui arrive dans certains discours délirants où (…) si
la poésie habite le discours, elle est là à l’état brut, tel un arbre fleuri dans le désert qui
se proposerait à aucun regard.
Chez Wolfson, l’écrit vise un « créé », une œuvre qui n’ignore pas, ou alors l’ignore au
même titre que toute œuvre, son destin de livre, qui actualise ce destin et l’impose au
lecteur.»
Piera Aulagnier, « Le sens perdu », in Un interprète en quête de sens, Payot, 1971.
« Nous avons aussi à nous demander quel est ce peuple que réclament avec tant de
constance tous les Wolfson, Roussel et Brisset de la terre – cette tribu vaguante qui ne
défait l’ordre dont elle naît que pour s’inventer un ailleurs toujours recommencé – car
même si le voyage est immobile, même s’il se fait sur place, imperceptible, inattendu, souverain,
nous devons nous demander quels sont nos nomades aujourd’hui *. »
Judith Revel, Deleuze, lecteur de Wolfson, 1995 . [* G. Deleuze, « Pensée nomade », in Nietzsche aujourd’hui.]
« But ultime de la littérature, dégager dans le délire cette création d’une santé, ou cette
invention d’un peuple, c'est-à-dire une possibilité de vie. »
Gilles Deleuze, « La littérature et la vie », in Critique et clinique, Ed. de Minuit, 1993
10
Louis Wolfson
11
Sylvie Reteuna
Mises en scène :
12
Assistanats à la mise en scène :
Jeu :
Ateliers / Stages :
Elle a animé plusieurs stages et ateliers, notamment à La rose des vents - Scène
nationale Lille Métropole, à Equinoxe - Scène nationale de Châteauroux et à l’école des
Teintureries de Lausanne.
13
Michel Jurowicz
Théâtre :
Mises en scène :
Cinéma :
14
REVUE DE PRESSE
(extraits)
Le Roi Lear
Phèdre et Hippolyte
Le Labyrinthe
15
www.froggydelight.com
Le 21 août 2007
16
Rue89
Mardi 26 juin 2007
17
LIBERATION
Lundi 2 juillet 2007
18
Télérama Sortir
Du 20 au 26 juin 2007
19
Le point
Semaine du jeudi 28 juin 2007
20
LES INROCKUPTIBLES
Du 4 au 10 juillet 2006
21
L’HUMANITÉ
26 juin 2006
22
NORD ÉCLAIR
10 mars 2006
23
24
25
26
27
28
29
30