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Semestre 2

Cours de l’organisation
administrative
S2 : B

Droit français

Fadma Toufik : Professeur en droit public

2020-2021

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Section deuxième : Les agents d’autorités :
Les agents d’autorité appartiennent à un corps de fonctionnaires
doté d’un statut particulier contenu dans le Dahir du premier mars
1963 relatif aux administrateurs du Ministère de l’intérieur, modifié
par le Dahir du 16 février 1977.
Mais, ils ont été dotés d’un statut spécifique depuis le Dahir du
31 juillet 2008. En effet, les modifications apportées par ce statut se
justifiaient par les soucis de conforter la situation statutaire des agents
d’autorités en normalisant les conditions de leur recrutement, en
améliorant leurs perspectives de carrières.
Désormais, les agents d’autorités comportent quatre cadres : à
savoir, le gouverneur, le pacha, le caïd et le Khalifa du caïd :
Le cadre des gouverneurs comporte deux grades : gouverneur
principal et gouverneur.
Il en est de même pour les pachas : pacha principal et pacha.
Le caïd a aussi le même grade : caïd principal et caïd.
Le Khalifa comporte trois grades : Khalifa du caïd principal,
Khalifa du premier grade et Khalifa du deuxième grade.
Les trois premières catégories d’agents ont vocation à occuper
les fonctions du gouverneur, du secrétaire général de la province ou de
la préfecture, du pacha, du chef de cercle, du chef de district ou du
caïd auprès de l’administration centrale ou locale du Ministère de
l’intérieur.

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Les nominations sont décidées par le Roi sur proposition par
décision du Ministre de l’intérieur.
Tous ces agents peuvent être détachés dans des fonctions dans
d’autres départements ministériels ou des Etablissements et
Entreprises Publiques.

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Deuxième partie : Les collectivités territoriales
(les régions, les provinces et les préfectures) :
Au Maroc, les collectivités territoriales sont de trois sortes. Il en
est des régions, des provinces et des préfectures (chapitre premier),
et des communes.
Plusieurs techniques d’organisation administrative correspondent
à chaque échelon, en plus du système centralisation où il n’y a pas de
vie administrative en dehors des organes centraux. Ceux-ci sont seuls
habilités à prendre des décisions (chapitre deuxième).
Chapitre premier : Les régions, les provinces et
les préfectures :
La constitution de 2011 affirme dans son article premier
que « L’organisation territoriale du Royaume est décentralisée, elle est
fondée sur une régionalisation avancée ».
La région peut être considérée comme étant une collectivité
pilote dans cette organisation territoriale, car le titre 9 de la
constitution est intitulé : « des régions et des autres collectivités
territoriales ». Celles-ci sont les préfectures, les provinces et les
communes.
Dans ce sens, l’article 139 de la constitution précitée de 2011
précise que « les régions et les autres collectivités territoriales
participent à la mie en œuvre de la politique générale de l’Etat et à
l’élaboration des politiques publiques territoriales à travers leurs
représentants à la chambre des conseillers ».
Il convient de voir respectivement les régions (section
première), les provinces et les préfectures (section deuxième).
Section première : Les régions :
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Les régions sont des collectivités décentralisées dotées de la
personnalité morale et de l’autonomie financière (la personnalité
juridique).
Les régions gèrent démocratiquement leurs affaires. En effet, les
conseils des régions et des communes sont élus au suffrage universel
direct.
Les premières élections organisées selon ce régime électoral
datent du 4 septembre 2015. Quant aux conseils préfectoraux et
provinciaux, ils demeurent élus au suffrage indirect.
L’article 136 de la constitution de 2011 précise
que : « L’organisation territoriale repose sur les principes de la libre
administration, la coopération, la solidarité ».
Toutes ces collectivités doivent également mettre en place des
mécanismes favorisant la participation, le dialogue et la concertation
avec les citoyens.
Un droit de pétition est même reconnu aux citoyens et
citoyennes ainsi qu’aux associations afin qu’elles puissent demander
l’inscription à l’ordre du jour des assemblées locales des questions
relevant de leurs compétences.
Le principe de répartition des compétences est mentionné par
l’article 140 de la constitution. Il s’agit du principe de subsidiarité qui
signifie que la collectivité la plus proche des problèmes à résoudre qui
reçoive la compétence pour le faire.
Ce principe se traduit par l’abandon de la compétence générale
pour la gestion des affaires de la collectivité au profit de l’attribution
des compétences spécifiques aux diverses collectivités, réparties en

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trois catégories : des compétences propres, des compétences partagées
avec l’Etat et des compétences que celui-ci peut leur transférer.
Certes, aucune collectivité ne peut exercer de tutelle sur une
autre, car leur autonomie est préservée par la constitution.
L’organisation de la région (§1) et les attributions du conseil régional
ainsi que sa composition (§2) sont régies par les dernières lois
relatives à la décentralisation.

(§1)- L’organisation de la région :


Dans le Maroc précolonial, il existait une circonscription
régionale limitée géographiquement. Au lendemain de
l’indépendance, sept régions ont été créées pour permettre la
déconcentration du pouvoir central et le transfert d’un certain nombre
de compétences aux chefs de régions.
Les lois organiques 111-14 relatives aux régions du 7 juillet
2015 définissent le régime juridique, administratif et financier des
régions, qui sont en nombre de 12.
Le conseil régional est élu pour six ans, sa composition et ses
compétences comme ses conditions de fonctionnement résultent de la
loi organique 111-14 relative à la région précitée.
Pour l’application de cette loi organique, des décrets sont pris
notamment le décret du 29 juin 2016 fixant la procédure du
Programme de Développement Régional, son suivi, son actualisation,
son évolution et les mécanismes de dialogue et de concertation pour sa
préparation.

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Et le décret du 29 juin 2016 fixant la procédure et le délai de
préparation de la programmation budgétaire sur trois ans du budget de
la région.
(§2)- La composition du conseil régional :
Le conseil régional se compose différemment dans la loi
régionale du 1997.
En effet, la loi organique 111-14 précitée précise que le conseil
régional se compose de 33 membres pour la région dont la population
est inférieure ou égale à 250000 habitants, à 75 membres pour les
régions dont la population dépasse 4450000 habitants.
Le cas est différent s’agissant des provinces et des préfectures.

Section deuxième : Les provinces et les préfectures :


La mise sur pied des provinces résultait de la nécessité de
disposer d’un échelon intermédiaire entre le pouvoir central et les
circonscriptions de base (la commune).
C’est ainsi qu’a été créé par le Dahir du 13 octobre 1956, 19
provinces et 5 préfectures. Par la suite, le Dahir du 2 décembre 1959
sur la division administrative du Royaume avait créé 16 provinces et 2
préfectures.
Mais, ces circonscriptions ne constituaient que de simples cadres
territoriaux d’une déconcentration administrative.

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Ces nouvelles collectivités ont été organisées par la constitution
de 1962 et par le Dahir du 12 septembre 1963 relatif à l’organisation
des provinces et des préfectures et de leurs assemblées.
De nombreuses modifications ont été apportées à la carte
administrative provinciale et préfectorale.
Au terme du décret du 31 décembre 1998, le Royaume
comportait 17 wilayas, 45 provinces et 26 préfectures. Actuellement,
il existe 12 wilayas, 13 préfectures et 62 provinces.
En effet, la wilaya est une unité territoriale urbanistique,
économique et urbaine qui peut rassembler les préfectures et les
provinces. C’est une circonscription déconcentrée de l’Etat, qui
coïncide avec la collectivité régionale.
L’adoption de la constitution de 2011 a modernisé l’ensemble du
régime juridique des collectivités territoriales dont la province et la
préfecture.
C’est la loi organique112-14 du 7 juillet 2015 qui constitue la
charte de la préfecture et de province. Ce texte comporte de très
nombreuses analogies avec le texte de la région. Qu’en est-il alors du
conseil provincial et préfectoral ? (§1) et des compétences des
provinces et des préfectures ? (§2).

(§1)- Le conseil préfectoral et provincial :


Les membres du conseil provincial et préfectoral sont élus pour
six ans par un collège électoral composé des membres des conseils
communaux, des provinces et des préfectures au scrutin de liste à la
représentation proportionnelle, sauf le cas où un seul membre à élire.

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Dans ce cas, l’élection se fait au scrutin majoritaire uninominal à un
tour à la majorité relative.
Le nombre des membres à élire est fixé par la dite loi organique
112-14 en fonction de la population de la province et de la préfecture
selon un barème qui va de 11 membres pour une population de
150000 habitants à 31 membres pour une population égale ou
supérieure à 1000000 d’habitants.
Ces membres ou ces candidats peuvent être accrédités par
plusieurs partis politiques, mais aussi peuvent être des personnes sans
appartenance politique. Dans les 10 jours de son élection, le conseil se
réunit pour procéder à l’élection du président et du vice président.
Le nombre des vices présidents est de deux pour des conseils
comprenant 11 à 13 membres, de 3 pour les conseils de 15 à 23
membres, de 4 pour les conseils de 25 à 27 membres et de 5 pour les
conseils de 29 à 31 membres.
Pour respecter le principe de la parité, chaque liste doit
comporter un nombre de femmes candidates au moins égal au tiers des
postes de vices présidents.
Dès l’élaboration de son règlement intérieur, le conseil doit
constituer au moins trois commissions permanentes consacrées au
budget, aux affaires financières et programmation au développement
urbain et rural….
(§2) : Les compétences de la province et de la
préfecture :
Les provinces et les préfectures ont pour mission fondamentale
de favoriser le développement social tant au milieu urbain ou rural.

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Pour cela, elles disposent de compétences propres, des compétences
partagés avec l’Etat et des compétences transférés par celui-ci.
Les compétences propres concernent divers domaines tels
que les transports scolaires en milieu rural, la réalisation et l’entretien
des pistes rurales, les programmes de la réduction de la pauvreté et la
précarité, le diagnostic des besoins en matière de santé, de logement,
d’enseignement, de prévention et d’hygiène.
Dans la première année de son mandat, le conseil doit élaborer,
sous la supervision du président un programme de développement qui
doit intégrer l’approche genre en coordination avec le gouverneur.
De leur part, les compétences partagées avec l’Etat peuvent être
exercées en partage avec l’Etat dans certains domaines énumérés par
l’article 86 de la loi organique 112-14.
Il s’agit de la mise à niveau du monde rural dans le domaine de
la santé, de la formation, des équipements et des infrastructures, le
développement des zones montagneuses et oasiennes, de
l’alimentation du monde rural en eau potable et en électricité, des
désenclavements du milieu rural , de l’entretien et de la réalisation des
routes provinciales, de la mise à niveau en matière d’éducation, de la
santé, du social et du sport.
Ces compétences s’exercent dans des conditions déterminées par
convention, soit à l’initiative de l’Etat, soit à celle de la préfecture et
de la province.
Cette opération se déroule dans un cadre contractuel avec l’Etat.
Par ailleurs, l’Etat peut transférer à la préfecture ou à la province
des compétences dans le développement social, la réalisation et
l’entretien des petits ou moyens ouvrages hydrauliques notamment au

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milieu rural. Ces compétences ont vocation à devenir des compétences
propres.

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