LA REGLEMENTATION NATIONALE ET INTERNATIONALE SUR LES

NUISANCES SONORES ET OLFACTIVES

Au Cameroun, bien que le Droit à un environnement sain soit proclamé au préambule de la

Constitution, on observe un dispositif législatif (lois) et réglementaire (décrets et arrêtés) très
embryonnaire pour la prévention contre le bruit et la protection de l'environnement. Quelques
textes tiennent lieu de fondement juridique à la lutte contre les nuisances sonores, encore que
les dispositions y attenantes ne le sont que d'une manière bien indirecte. Le législateur
camerounais traite la question des nuisances sonores de façon sous-jacente.

On peut déduire de la proclamation du droit à un environnement sain tel qu'inscrit dans le

préambule de la Constitution camerounaise du 2 juin 1972 révisée par la loi N° 06 du 18 Janvier
1996, le droit de toute personne à un environnement qui ne nuise pas à sa santé et partant d'un
environnement non pollué par le bruit. Ainsi, la base d'une protection contre le bruit est posée
dans le texte fondamental du Cameroun.

La Loi N° 96/12 du 05 août 1996 portant loi - cadre relative à la gestion de l'environnement au
Cameroun consacre tout un paragraphe dessus dans sa section IV sur les nuisances sonores et
olfactives. Confère article 60 alinéas 1, 2 et 3

Article 60 (1) Sont interdites les émissions de bruits et d’odeurs susceptibles de nuire à la santé
de l’homme, de constituer une gêne excessive pour le voisinage ou de porter atteinte à
l’environnement.

(2) Les personnes à l’origine de ces émissions doivent prendre toutes les dispositions
nécessaires pour les supprimer, les prévenir ou en limiter la propagation sans nécessité ou par
manque de précaution.

(3) Lorsque l’urgence le justifie, les communes doivent prendre toutes mesures exécutoires
destinées, d’office, à faire cesser le trouble. En cas de nécessité, elles peuvent requérir le
concours de la force publique.
Un régime d'interdiction est alors fixé dans cette loi, interdiction d'émission de bruits nuisibles
pour la santé, de nature à constituer un trouble de voisinage et de porter atteinte à
l'environnement. Cependant, il n'est pas précisé dans cette loi ni défini le bruit qui est
susceptible de nuire à la santé ou pouvant constituer une gêne excessive.

1
La loi N° 2004/003 du 21 avril. 2004 régissant l'urbanisme au Cameroun aborde de façon
superficielle la question des nuisances sonores. En effet, à l'alinéa 2 de l'article 9 on peut
lire : « Sont impropres à l'habitat les terrains exposés à un risque industriel ou à des nuisances
graves (pollutions industrielles, acoustiques etc.) et ceux de nature à porter atteinte à la santé
publique ou aux valeurs culturelles locales ».

D'autres textes, mais cette fois de nature réglementaire servent aussi de fondement juridique à
la lutte cette pollution par le bruit.

Le décret n° 2011/2583/pm du 23 aout 2011 fixant la réglementation des nuisances sonores et

olfactives vient compléter cette loi.

Selon son article 3 (1) les dispositions du présent décret s’appliquent à tous types de bruits, y
compris les activités ou les travaux bruyants et gênant le voisinage, les établissements classés
dangereux, insalubres ou incommodes, les bruits produits à l’intérieur des mines et carrières,
les chantiers de travaux publics et privés ainsi que les sources mobiles.

(2). Les valeurs limites exprimées en décibels des émergences sont définies par l’organisme
chargé de la normalisation et de la qualité.

Ce décret qui ne donne aucune indication sur la valeur limite de bruit au voisinage d'un poste
de travail, précise en son article 3(2) que "Les valeurs limites exprimés en décibels des
émergences sont définies par l’organisme chargé de la normalisation et de la qualité". C'est dire
que c'est l'ANOR qui devrait définir les valeurs limites de bruits. L'ANOR a produit cette norme
en 2014. C'est la norme NC1590:2014.

Le décret n 90/1483 du 09 Novembre 1990 fixant les conditions et modalités d'exploitation des
débits de boisson interdit au terme de son article 14, l'ouverture ou le transfert à moins de 200
mètres à vol d'oiseau d'un hospice, d'un hôpital, d'un dispensaire, d'un établissement
d'enseignement ou d'un édifice consacré au culte. A première vue, cette disposition vise à
éloigner la consommation des boissons alcoolisées de ces lieux mais peut aussi être interprétée
comme mesure de prévention contre le bruit. En effet, au Cameroun peut être pas comme
partout ailleurs, les débits de boisson sont toujours des lieux particulièrement bruyants. On
pourrait aussi déduire de la réglementation des horaires d'ouverture et de fermeture de ces
commerces de boissons, les ventes à emporter ouvrent de 6 heures à 21 heures, et les ventes à
consommer sur place de 6 heures à 0 heures, la prévention contre le bruit.
2
Par ailleurs, l'esprit du Décret N° 77/220 du 01 juillet 1977 qui à son article 27 a institué la Taxe
sur la publicité est la lutte contre les pollutions sonores par une politique de Pollueur-Payeur.

L'Arrêté N° 0001540 du Ministère des Transports du 15 Novembre 2006 relatif à la certification

acoustique et des émissions de gaz des aéronefs, soumet l'utilisation de tout aéronef sur le
territoire camerounais à la détention d'un document de limitation de nuisances.

On peut lire à l'article 3 alinéa 1 que : « Pour pouvoir être utilisé sur le territoire camerounais,
tout aéronef doit être muni d'un document de limitation de nuisances délivré ou validé par l'Etat
d'immatriculation de cet aéronef attestant la conformité à des normes de sa catégorie au moins
égales à celles contenues dans la dernière édition du Volume 1 de l'annexe 16 à la convention
relative à l'aviation civile susvisée »

L'article 4 du même texte poursuit : « Le Document de limitation de nuisances délivré par

l'autorité aéronautique aux aéronefs immatriculés camerounais ou au titre de l'article 83 bis de
la Convention relative à l'aviation civile peut être un certificat de limitation de nuisance, un
certificat de limitation de nuisance spécial ou un permis de vol de limitation de nuisance. »

La validité de ces certificats pouvant être annulée ou suspendue par l'autorité aéronautique dans
certains cas comme le précise l'alinéa 1 de l'article 7 du texte susmentionné : « La validité d'un
certificat ou d'un certificat spécial peut être annulée ou suspendue par l'autorité aéronautique
notamment si :

a) L'aéronef n'a pas été entretenu dans le cadre des règlements en vigueur en matière de
limitation de nuisances

b) Toutes les modifications nuisances telles que définies à l'article 2 du présent arrêté et
apportées à l'aéronef n'ont pas été approuvées en vertu de la réglementation applicable ou les
modifications nuisances impératives n'ont pas été appliquées. »

Les normes de limitation de nuisance sont définies conformément aux directives de l'OACI.
(Article 11) ce qui marque l'influence de cette convention internationale dans le domaine.

Les autres moyens de transport ne disposent pas encore véritablement de réglementation de

nature préventive contre le bruit.

3
Dans le cadre des évaluations environnementales et des études des dangers, la plupart des
consultants recours encore à l'arrêté n°039/MTPS/IMT du 26 Novembre 1984 fixant les
mesures générales d'hygiène et de sécurité sur les lieux de travail.

Cet arrêté qui date de 36 ans, fixe une valeur limite de bruit au voisinage d'un poste de travail,
Confère Section IV Ambiance sonore (Bruits et vibrations). L'article 41 (2) indique l'intensité
sonore au voisinage d'un poste de travail inférieur ou égale à 85 décibels (DB).

L'OMS a proposé de fixer à 55 dB (A), le niveau moyen au-delà duquel le bruit extérieur devient
perturbateur pour les activités normales des groupes humains.

I. Valeurs limites des niveaux de bruits

1. Valeurs limites générales des niveaux de bruits applicables à une installation

Tableau 1. Valeurs limites générales des niveaux de bruits applicables à une installation
nouvelle (Guidelines for community noise, OMS, 1999).

Zone d’immissions dans laquelle Valeurs limites dB (A)

les mesures sont effectuées
Jour : 7h-19h Transition : Nuit :

6h-7h ; 22h-6h

19h-22h

I Toutes zones, lorsque le 55 50 45

point de mesure est situé à
500 m de la zone
d’extraction, d’activités
économiques, industrielles,
ou d’activités économiques
spécifiques ou à moins de
200 m de la zone d’activité
économique dans laquelle
est situé l’établissement

4
 II Zone d’habitat et d’habitat à 50 45 40
caractère rural sauf I

III Zones agricoles, forestières, 50 45 40

d’espaces verts, naturelles,
de parc, sauf I

IV Zones de loisirs, de services 55 50 45

publics et d’équipements
communautaires

2. Valeurs limites de niveaux de bruit pouvant être appliquées dans les conditions
particulières relatives à une installation existante, ayant fait l’objet d’une
autorisation d’exploitation

Tableau 2. Valeurs limites de niveaux de bruit applicable dans une installation existante
(Guidelines for community noise, OMS, 1999).

Zone d’immissions dans laquelle Valeurs limites dB (A)

les mesures sont effectuées
Jour : 7h-19h Transition : Nuit :

6h-7h ; 22h-6h

19h-22h

I Toutes zones, lorsque le 60 55 50

point de mesure est situé à
500 m de la zone
d’extraction, d’activités
économiques, industrielles,
ou d’activités économiques
spécifiques ou à moins de
200 m de la zone d’activité
économique dans laquelle
est situé l’établissement

5
 II Zone d’habitat et d’habitat à 55 50 45
caractère rural sauf I

III Zones agricoles, forestières, 55 50 45

d’espaces verts, naturelles,
de parc, sauf I

IV Zones de loisirs, de services 60 55 50

publics et d’équipements
communautaires

3. Valeurs limites des niveaux de bruits applicables à un véhicule à moteur et au

bateau

Tableau 3. Valeurs limites des niveaux de bruits applicables à un véhicule à moteur et au

bateau

Catégorie d’engin Point de mesure à partir du tuyau

d’échappement

7,5 m 0,5 m

1 Véhicule à moteur 85 100

2 Bateaux 85 100

4. Limite niveau de bruit au poste de travail

Le niveau d’exposition quotidienne au bruit au voisinage d’un poste de travail doit être inférieur
à 85 dB (A) (valeur limite d’exposition). Au-delà de cette valeur, des mesures de protection
contre le bruit doivent être prises.

NB : au moment de prendre les mesures, le moteur ne doit pas être en marche et il doit remplir
les conditions suivantes :

- Pour les moteurs diesels, 2/3 de la vitesse maximale de rotation et sans chargement
- Pour les moteurs à essence, 2/3 de la vitesse de rotation et à vide

6
 - Pour les motos, 2/3 de la vitesse maximale de rotation, si elle est à plus de 5000
révolutions par minutes (rpm) ou 3/4 lorsqu’elle est moins de 5000 rpm.
5. Valeurs limites des nuisances olfactives

Tableau 4. Valeurs limites des nuisances olfactives

Paramètre (produit) Valeurs limites (mg/m3)

Acétaldéhyde 0.38

Ammoniac 33

Sulfure d’Hydrogène 0.00066

Disulfide de Méthyle 0.026

Diméthylsulfide 0.0059

Styrène 0.2

Tryméthhylamine 0.046

Le taux d’émission des gaz pour les tuyaux d’échappement des gaz ayant plus de 5 mètres de
hauteur (hauteur réglementaire) est calculé comme suit : Q = 0.108 x He2

Q représente le taux d’émission des gaz en Nm3 /heure

He représente la différence de hauteur de la conduite d’échappement en cm située au-dessus de

la hauteur réglementaire (5 m).