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:
état des
lieux
Adolfo Barajas et Ralph Chami
L
E PRINTEMPS arabe a été le prélude au changement
dans un grand nombre de pays du monde arabe. Le
mécontentement s’est d’abord manifesté dans la rue, puis
dans le débat. Un nouveau monde est en train de voir
le jour dans plusieurs pays qui se trouvent encore à des stades
divers de transition. Les pays arabes ont
Bien qu’il soit encore trop tôt pour tirer des conclusions défi- besoin de sources
nitives sur ce qui a déclenché le réveil du monde arabe, il est clair de financement
que pendant plusieurs décennies, le rythme et la qualité de la
croissance économique des pays du Moyen-Orient et d’Afrique stables et d’un
du Nord (MOAN) ont été très inférieurs à ceux d’autres pays en meilleur accès au
développement (graphique 1) et n’ont pas permis de remédier aux
inégalités socioéconomiques qui ont nourri les tensions sociales.
crédit pour doper
Malgré le redressement observé depuis 2000, la croissance leur croissance
économique régionale continue de manquer de tonus et donc économique
d’être un motif de préoccupation majeur pour les dirigeants.
Plusieurs études ont mis en lumière des causes diverses, notam- Distributeur automatique de billets à Beyrouth, Liban.
ment la qualité insuffisante des institutions, les difficultés dans
la pratique des affaires, le niveau élevé des dépenses publiques même temps, une très forte expansion du crédit était observée
et l’ouverture insuffisante aux échanges commerciaux. à l’échelle de toute la région ainsi qu’en Afrique subsaharienne
L’efficacité limitée du secteur financier a été plus récemment et en Europe centrale et orientale.
pointée comme un autre frein à la croissance à long terme. Compte Cependant, la série d’événements déclenchés par la faillite de
tenu de l’état actuel du secteur financier au sortir de la Grande Lehman Brothers en septembre 2008 a entraîné un tarissement
Récession et de sa contribution à la croissance, on entrevoit les des sources de financement, tant intérieures qu’extérieures, qui
défis que la région MOAN va devoir relever pour promouvoir a freiné l’essor du crédit de façon tout aussi spectaculaire. À
le développement financier. Bahreïn, par exemple, après avoir culminé à plus de 26 % à la
mi-2008, l’expansion du crédit est revenue à un peu plus de 4 %
Sortir de l’alternance d’expansions et de contractions au premier trimestre 2010. En Jordanie, à une hausse de 14 % a
Comme beaucoup d’autres dans le monde, les pays de la région succédé une contraction de 2 %. Cette tendance générale a été
MOAN ont enregistré une nette accélération de l’activité de prêt observée dans la majorité des pays de la région, et plus particu-
bancaire à partir du milieu des années 2000. Jusqu’en 2008, la lièrement parmi les exportateurs de pétrole et les pays à revenu
plupart des systèmes bancaires ont augmenté les prêts au secteur élevé du Conseil de coopération du Golfe (CCG).
privé à un rythme très soutenu et souvent bien supérieur au taux de Même si la croissance du crédit s’est accélérée il y a peu par
croissance de l’économie réelle. Les analyses publiées récemment rapport aux creux enregistrés après la crise, le rétablissement au
ont établi que huit pays avaient connu une envolée du crédit à un sortir de cette alternance d’expansions et de contractions n’est
moment ou un autre de l’année 2008, avec un ratio crédit/PIB pas encore complet. D’après l’étude précitée, qui s’appuie sur les
pulvérisant les records historiques (Barajas et al., 2011). Dans le comportements généralement observés ces 25 dernières années
au cours des alternances précédentes, il faudrait au moins trois contre de 22 % à 23 % pour l’ensemble du monde, et pour les pays
ans pour que les taux de croissance redeviennent «normaux», de émergents et en développement, respectivement (graphique 3). En
l’ordre de 5 % par an. En effet, en 2011 et début 2012 (date des outre, ces 12 dernières années, les crises se sont multipliées à un
dernières observations disponibles pour divers pays), l’expansion rythme sans précédent dans les pays membres de l’Organisation
régionale du crédit a diminué d’en moyenne 10 points par rap- de coopération et de développement économiques : plus de 60 %
port aux quatre années ayant précédé 2008 et le dernier taux de d’entre eux ont connu une crise durant cette période, tandis que la
(moyenne de la croissance réelle par habitant; par région et en pourcentage) Assèchement du crédit
8 Après la faillite de Lehman Brothers, l’expansion du crédit a
1975–2008
7 décéléré de façon spectaculaire dans la région.
2000–08
6 (taux de croissance annuels moyens du crédit réel)
5 25
Avant Lehman (sept. 2004–sept. 2008)
4 Après Lehman (sept. 2008–taux le plus récent)
3 20 12 mois les plus récents
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Graphique 3 60
Les crises évitées 60
40
Durant les quatre dernières décennies, la région MOAN a connu 40
moins de crises bancaires systémiques que les autres régions. 20 20
(pourcentage de pays ayant traversé une crise; par période)
0 0
70 Crédit Volume Crédit Crédit Volume Crédit
2000–10 privé/PIB négociation privé/ privé/PIB négociation privé/
60 boursière dépôts boursière dépôts
Moyenne 1970–2010
50 100 100 Pays émergents et
Pays hors CCG
en développement
40 80 80
30
60 60
20
40 40
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