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Introduction

Selon M. Abdellatif JOUAHRI, le gouverneur de Bank Al-Maghrib, le Maroc, durant


ces dix dernières années, n’a cessé de renforcer son ouverture économique sur l’extérieur et
son positionnement géoéconomique par la conclusion des différents accords de libre échange
et puis par l’obtention du statut avancé avec l’Union européenne(UE). Cette ouverture devrai
se consolider avec l’extension des accords avec l’UE aux secteurs agricoles et des services
pour permettre la synchronisation du cycle économique du pays avec celui de l’UE, et enfin
offrir un potentiel de développement des exportations et des investissements étrangers.

Le Maroc a mis en place un cadre économique sain avec des équilibres fondamentaux
renforcés, et il a également réalisé des avancés macroéconomiques substantielles. Certes, ces
réalisations ont atténué sensiblement les effets de la crise internationale, mais, le fait de
concentrer les échanges nationaux sur la zone euro, ainsi que la diversification insuffisante
des moteurs d ‘exportation, rend l’économie marocaine très sensible aux fluctuations de la
conjoncture économique internationale, et ne lui permet de profiter de l’expansion
économique des autres régions.

Alors, au niveau de cette présentation, on va voir dans une première partie la situation
de l’économie mondiale à travers la conjoncture économique dans les principaux pays
partenaires du Maroc ainsi que les répercussions des révolutions arabes sur l’économie
nationale. Et dans une seconde partie, on va voir l’impact de la crise économique
internationale sur l’économie nationale sur les plans macroéconomique et sectoriel ainsi que
les risques et défis entourant les perspectives court et moyen termes.
I. Environnement international : de la crise financière internationale à la
crise de la dette souveraine et mécanisme de transmission de la crise

Apparue aux Etats-Unis au cours de l’été 2007, la crise, appelée initialement crise des
« subprimes », trouve son origine dans le retournement du marché immobilier et l’envolée
des taux d’intérêt aux Etats-Unis. Sous l’effet de ces deux facteurs, les défauts de paiements
des emprunteurs s’étaient multipliés et les sociétés de crédits immobiliers ont été confrontées
à de graves difficultés financières malgré l’intervention massive des pouvoirs publics,
déclenchant dans le secteur une crise aigue. Les effets de la crise des « subprimes » se sont
rapidement étendus au-delà du marché immobilier américain et ont perturbé par la suite les
marchés financiers mondiaux.

A. Situation au niveau des pays partenaires, aux Etats Unis et dans les pays émergents

Au niveau international, et au cours de la période 2000-2007, la croissance mondiale


tirée par les pays émergents est passée de 4% en moyenne à 0.7% durant la période 2008-
2009. En ce qui concerne le rythme de croissance économique dans les pays émergents, les
Etats Unis et la zone euro ont atteint respectivement 6.4%, 2.6% et 2.2% sur la période 2000-
2007.

En 2011, l‘économie mondiale a été touchée par un ensemble de chocs survenus dans
un contexte de fragilités structurelles persistantes, par exemple, le Japon a été affecté par les
effets dévastateurs du tsunami, les pays producteurs de pétrole ont été touchés par des troubles
géopolitiques et la zone euro a été elle aussi exposée à des troubles financières.

La crise a revêtu très vite une dimension internationale, puisque après avoir affecté
l’ensemble des pays développés, les économies émergentes ont été à leur tour rattrapées par la
crise à partir de l’été 2008, soit un an plus tard après son déclenchement sur le marché
américain. Un tel degré de contagion internationale laisse penser que la crise actuelle peut être
qualifiée de première crise de la mondialisation.

B. Le printemps arabe et implications économique

En 2011, le printemps arabe ou les événements de contestation ayant touchés plusieurs


pays arabe, ont eu un impact économique important sur ces pays ainsi que les pays de la
région. Cela par les prix du pétrole qui se sont maintenus à des niveaux élevés.

Pour le Maroc, le printemps arabe avait des effets limités vue la faiblesse de nos
échanges avec les pays arabes. Les répercussions se sont manifestées principalement sur la
performance du secteur du tourisme, les exportations et les investissements étrangers.

La hausse des cours des produits énergétiques se traduit par un creusement du déficit
commercial et un alourdissement de la charge de compensation qui a atteint 3.6% du PIB en
2010. Pour le tourisme, en 2011, le rythme des flux touristiques à destination du Maroc a
ralenti revenant de 13% à 6.3%.

II. L’impact sur l’économie marocaine

A. Evolution récentes et caractéristiques de l’économie marocaine

Selon M. JOUAHRI, l’économie nationale est tributaire du secteur agricole. En effet,


l’évolution à long terme des performances de ce secteur montre une croissance relativement
faible par rapport à l’évolution globale de l’économie et aussi par rapport à la demande
intérieure.

Quant au secteur secondaire, ce dernier a connu un léger recul des activités


industrielles mais une amélioration considérable de la branche bâtiments et travaux publics à
travers la réalisation des programmes de construction de logements et des grands chantiers
d’infrastructure.
Pour le secteur tertiaire, il a connu une amélioration de sa contribution à la croissance
avec une plus grande diversification de ses composantes et branches.

Ceci montre la volonté et les efforts déployés pour renforcer et diversifier les moteurs
de la croissance économique marocaine à travers la mise en place de plusieurs stratégies et
politiques sectorielles qui visent à leur tour, l’amélioration du potentiel d’exportation et de
l’effort d’investissement en accélérant le développement des secteurs stratégiques
traditionnels et promouvant de nouveaux métiers pour lesquels le Maroc dispose d’avantages
compétitifs.

En plus la croissance nationale reste principalement portée par la demande intérieure


et plus particulièrement, la consommation finale des ménages et l’investissement. En effet,
après une phase de forte volatilité, la consommation finale des ménages a entamé un cycle de
redressement marqué par une légère tendance haussière et un renforcement de son rythme de
progression.
L’investissement, avec une progression passant de 2.9% à 8.3% en moyenne, a connu
une nette amélioration de sa contribution au PIB. Le ratio de l’investissement, évalué par le
rapport entre l’investissement et le PIB à prix courants, est passé de 25% en moyenne au
cours de la décennie 1990 à 30.3% durant la décennie 2000, avec une valeur de 35% en 2010,
ce qui constitue au niveau très élevé en comparaison avec les performances de croissance du
pays.

En ce qui concerne le niveau de l’évolution des prix, les deux dernières décennies ont
été caractérisées par l’atténuation des tensions inflationnistes tant sur le plan externe
qu’interne En effet, l’inflation sous jacente qui retrace l’évolution fondamentale des prix en
excluant les produits alimentaires volatils et les produits réglementés, est passée en moyenne
de 4% sur la période 1991-2000 à 1,8% pendant 2001-2010. Cette évolution reflète à la fois le
processus déflationniste mondial et la faiblesse des tensions inflationnistes d’origine interne.
Durant les dix dernières années, les échanges de biens ont fait preuve d’un certain
dynamisme, aussi bien des importations que des exportations. Profitant notamment de la
reprise de la demande mondiale adressée au Maroc, les exportations ont connu une relance
pour atteindre 147,9 milliards de dirhams en 2010, soit une progression moyenne de 8,2% sur
la période.

Parallèlement, les importations se sont accrues à un rythme annuel moyen de 10,9%,


plus soutenu que celui des exportations, en liaison avec la dynamisme de la demande
intérieure. Dans ce contexte, le déficit commercial s’est fortement creusé. Néanmoins, les
recettes touristiques et les transferts des MRE ont fortement contribué à atténuer l’impact
négatif du solde commercial sur la balance courante jusqu’en 2007 avec la réalisation
d’excédents du compte courant entre 2001 et 2006.

S’agissant des recettes de voyages, elles ont connu des croissances importantes ses
dernières années suite au dynamisme soutenu du secteur touristique.

La répartition des recettes par pays montre que notre principal marché est l’Union
Européenne.

Parts des principaux pays partenaires dans le total


des recettes de voyages 2003-2010
Italie Grande bretagne Allemagne
Espagne France Reste
6% 6%
6%
31% 8%
43%
En matière d’investissements étrangers, le Maroc a drainé un flux d’investissements
directs étrangers important, en progression de 41,3% en moyenne au courant de la période
2001-2010. En provenance principalement des pays de l’UE.

S’agissant des finances publiques, les différents indicateurs ont marqué des bonnes
performances ces dernières années. En effet, les recettes fiscales ont été en amélioration, en
liaison avec l’amélioration de l’activité économique, leur taux de croissance est passé de 1,7%
en 2003 à 3,9% en 2010, leur ration par rapport au PIB est de 21,6% en moyenne sur les dix
dernières années. Les autres catégories des recettes se sont globalement améliorées durant les
dix dernières années. Concernant les dépenses, leur ratio par rapport au PIB est de 27% en
moyenne.

B. Impact de la crise au plan macroéconomique

Le secteur financier national demeure relativement à l’abri des turbulences observées


sur le plan international. Toutefois, les effets de la crise se sont fait ressentir à travers les
canaux de transmission macroéconomiques. En effet, le ralentissement de l’activité
économique chez nos principaux partenaires a eu des incidences notables sur le secteur réel.
La propagation des facteurs de récession vers le secteur réel a impacté l’économie marocaine
à travers quatre principaux canaux de transmission, à savoir :

 Les exportations de biens ;


 Les transferts de fonds des MRE ;
 Les recettes voyages ;
 Les flux des investissements directs étrangers.

S’agissant de la demande étrangère adressée au Maroc, elle s’est inscrite en baisse,


depuis le début de 2008, suite au ralentissement du commerce mondial, l’évolution
exceptionnelle des échanges extérieurs observée durant l’année 2008 étant attribuable pour
l’essentiel à la flambée des prix sur les marchés internationaux.

Les rapatriements des marocains résidants à l’étranger ont marqué une baisse en 2008
pour revenir de 55 milliards en 2007 à 53 milliards de dirhams.
Concernant l’activité touristique, son dynamisme soutenu au cours des dernières
années a été interrompu en 2008, suite notamment au ralentissement de la croissance dans la
zone euro, principal marché émetteur de touristes.

C. Impact de la crise sur les secteurs exportateurs

Les principales branches orientées vers l’export ont subi les effets directs de la
contraction de la demande étrangère adressée au Maroc. Il s’agit notamment du secteur du:

 Textile et l’habillement ;
 L’automobile.

S’agissant du textile qui présente l’un des secteurs clés et majeur de l’économie
marocaine, il a été l’une des industries de l’export les plus touchées par la crise.

Parallèlement, le secteur a assisté à un mouvement de licenciement au niveau de


plusieurs unités de production, pour la plupart installées dans la région de Rabat et Salé.

Pour sa part, le secteur automobile, considéré l’un des secteurs stratégiques de


l’économie, n’a pas été épargné des effets de la crise. Il a connu un ralentissement de sa
production essentiellement chez les sous-traitants et équipementiers à l’export.

D. Perspectives de croissance, risques potentiels et défis

Les perspectives à moyen terme demeurent globalement favorables, en dépit d’un


environnement international marqué par la faiblesse de la croissance, par un taux élevé de
chômage ainsi que par l’accroissement des turbulences sur les marchés financiers
internationaux.

Toutefois, l’économie marocaine demeure fragilisée par un certain nombre de facteurs


structurels qui freinent son processus de développement. Parmi lesquelles figurent :

 l’impact des conditions climatiques sur le niveau de croissance


 la faible compétitivité
 la détérioration du solde du compte courant de la balance de paiement
 les risques pesant sur la maitrise du déficit budgétaire
 les déficits sociaux

Au niveau de la politique monétaire, il s’agit notamment de maintenir la stabilité des


prix à travers l’adoption du régime de ciblage d’inflation, qui consiste à fixer un objectif
chiffré de l’inflation avec un engagement clair de l’atteindre sur un horizon préétabli.

S’agissant de l’aspect financier, il sera question de suivre de près le secteur et de


renforcer la supervision bancaire, car un système financier sain et solide donnera encore plus
de crédibilité aux décisions et aux actions menées par les politiques économiques. A cet
égard, l’accent sera mis sur les réformes visant à :

 Aligner le secteur bancaire marocain sur les standards internationnaux ;


 Etablir les normes d’organisation, de suivi et de contrôle du marché des instruments
financiers ;
 Renforcer la supervision bancaire ;
 Poursuivre le processus de libéralisation graduelle du compte capital ;
 Promouvoir l’accès aux services financiers et le développement rapide de la
bancarisation.

Concernant la politique budgétaire, l’une des préoccupations majeures du


gouvernement est de réduire davantage la dette publique et de mieux rationaliser les dépenses
au service d’une croissance économique soutenue et durable.

La réflexion est menée également sur la question de la caisse de compensation dont la


reconstruction demeure complexe et longue à mettre en œuvre, afin d’en faire un outil
performant de soutien aux couches les plus démunies.

Sur le plan sectoriel, le défi consiste à renforcer la cohérence des réformes en les
intégrant dans une vision macroéconomique globale susceptible de maximiser les effets de ces
réformes sur le niveau de la croissance et la réduction de la pauvreté.

Il conviendra également de soutenir les domaines portant sur la santé, l’éducation et


l’enseignement qui restent au cœur de tout processus efficace de développement.

Conclusion

La crise financière internationale a surpris les gouvernements par son ampleur, son
caractère brutal et sa propagation rapide. Malgré les plans de relance économique mis en
place et l’injection massive de capitaux pour soutenir les systèmes financiers, la perte de
confiance des acteurs économiques a persisté et un climat d’incertitude a dominé la
conjoncture mondiale.

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