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Recentrer

Peu après avoir


la conditionnalité du FMI
pris ses fonctions Masood Ahmed, Timothy Lane
de Directeur et Marianne Schulze-Ghattas
général du FMI
en mai 2000,
Horst Köhler a
engagé une ré-

L
E PROGRAMME économique que des déséquilibres. Par exemple, si un pays re-
forme des condi- l’Indonésie a appliqué en 1997–98, court à la création de crédit intérieur pour fi-
tions dont le FMI avec l’aide du FMI, a dû faire face nancer un déficit budgétaire, et finit ainsi par
aux faiblesses profondément an- épuiser ses réserves de change, l’objectif du fi-
assortit ses prêts. crées du secteur financier et des entreprises du nancement accordé par le FMI est de donner
Quelle est l’origine pays. En conséquence, le FMI a fait dépendre au pays un répit pour opérer les changements
de ce changement son financement de l’exécution de réformes nécessaires — tels qu’une compression budgé-
dans un large éventail de domaines, notam- taire ou un resserrement du crédit — en vue
et comment va-t-il ment le démantèlement du monopole du clou de s’attaquer aux sources des problèmes de
permettre de ren- de girofle et du contreplaqué. Certains obser- la balance des paiements et d’éviter un ajus-
vateurs sont d’avis que l’inclusion de cette tement désordonné.
forcer l’exécution condition est un exemple de l’élargissement ex- Cependant, le FMI n’accorde ses concours
des réformes dans cessif du champ d’application de la condition- que si les autorités du pays membre s’en-
les pays membres? nalité. D’autres jugent que cette mesure non gagent à opérer les changements et les ré-
seulement a démontré clairement la détermi- formes requises, et exécutent leurs politiques
nation des autorités à s’attaquer aux causes et leurs réformes comme prévu, en les ajus-
fondamentales de la crise, mais aussi a profité tant si nécessaire. C’est ce qu’on appelle la
directement à des groupes défavorisés de la so- conditionnalité du FMI. Elle implique des en-
ciété indonésienne — par exemple les produc- gagements de part et d’autre. D’une part, la
teurs de clous de girofle qui auparavant de- conditionnalité assure le pays que, aussi long-
vaient vendre leurs récoltes à un organisme lié temps qu’il applique les politiques arrêtées, il
au pouvoir politique. Comment le FMI doit-il continuera de recevoir le financement promis
équilibrer ces vues opposées? Cet exemple in- par le FMI. D’autre part, la conditionnalité
donésien illustre un plus large débat qui est en assure le FMI que l’argent prêté est utilisé aux
cours sur le niveau approprié de couverture et fins prévues — à savoir faciliter le processus
de détail de la conditionnalité du FMI, surtout d’ajustement — et que le pays membre sera
en rapport avec les réformes structurelles pré- en mesure de rembourser les ressources du
vues dans les programmes qu’il appuie. FMI qu’il a empruntées (et auxquelles tous les
pays membres ont contribué).
Pourquoi une conditionnalité?
L’octroi de concours aux pays qui font face à Élargissement du champ
de graves déséquilibres des paiements exté- de la conditionnalité
rieurs est l’une des fonctions importantes du Jusqu’aux années 80, la conditionnalité du
FMI. Mais il est évident que ces concours ne FMI était limitée dans une large mesure aux
suffisent pas; le pays lui-même doit aussi dé- politiques influant sur les agrégats macroéco-
ployer des efforts pour s’attaquer aux sources nomiques, par exemple la maîtrise de l’ex-

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pansion du crédit intérieur ou la réduction de capitaux sans guère les freiner. Les ré-
des déficits publics. Ces vingt dernières an- formes structurelles visant à assainir les sys-
nées, toutefois, la complexité et le champ tèmes bancaires ont donc été un élément cen-
d’application des conditions structurelles
«Le fait que le tral des programmes de ces pays.
dont les prêts du FMI sont assortis ont aug-
menté notablement.
nombre moyen de Prise en main par les pays
Deux facteurs expliquent cet élargissement conditions ait été et conditionnalité
du champ de la conditionnalité. Première- L’expansion de la conditionnalité structurelle
ment, les critiques des années 80, selon les- réduit d’un tiers, ne s’est pas faite sans problème. Bien des
quelles, face aux crises de la balance des aspects des réformes structurelles sont com-
paiements, le FMI n’accordait pas suffisam-
qu’elles soient mieux plexes, et il est souvent nécessaire d’énoncer
ment d’attention au rétablissement d’une ciblées sur les prin- une série d’étapes intermédiaires vers un ob-
croissance soutenue. L’idée était qu’une accé- jectif général. Par exemple, en Mauritanie, la
lération de la croissance à l’aide de réformes cipaux domaines de mise en place d’une taxe sur la valeur ajoutée
structurelles pouvait contribuer à corriger la — un seul objectif structurel certes, mais
balance des paiements et à élever le niveau de compétence du FMI dont la réalisation prend du temps — est
vie. Cet accent mis sur la croissance a poussé
le FMI à inclure des mesures structurelles —
et que la répartition passée par une série de 19 repères structurels
(qui sont des objectifs spécifiques et souvent
telles que la libération des prix, la libéralisa-des responsabilités très ciblés). De la même manière, un grand
tion des échanges, la privatisation et une série nombre de repères structurels ont été établis
de mesures relatives à la gestion économique entre le FMI et la pour guider le processus de restructuration
— dans les programmes qu’il appuie. de la dette des entreprises en Indonésie.
Deuxièmement, de plus en plus, le FMI a Banque mondiale Comment la plus grande complexité de la
accordé ses concours à des pays — parmi
lesquels des pays à faible revenu, des pays en
soit plus claire té- conditionnalité influe-t-elle sur la prise en
main de la politique économique par les pays
transition et des pays en crise financière — moigne de l’impact membres? D’après certains indices, sans en-
qui faisaient face à des problèmes très dif- gagement suffisant de la part des autorités, la
férents de ceux rencontrés par la plupart des du recentrage de politique économique est souvent mal exé-
pays membres. Si le traditionnel ajustement cutée et elle a peu de chances d’être main-
monétaire et budgétaire était souvent un élé- la conditionnalité.» tenue. Le fait d’assortir les emprunts de
ment essentiel du dosage de mesures, les dif- conditions n’est pas nécessairement en con-
ficultés de ces pays ne traduisaient pas seule- tradiction avec l’appui à des programmes qui
ment des déséquilibres macroéconomiques, sont le fruit d’une collaboration nationale. Il
mais bien aussi des problèmes structurels qui rendaient difficile semble bien que la résolution des pouvoirs publics à opérer les
toute correction rapide des déséquilibres. Il fallait donc opérer réformes nécessaires dépend essentiellement de l’appui poli-
des réformes structurelles pour stabiliser l’économie et accé- tique dont ils disposent à l’intérieur du pays. Néanmoins, il se
lérer la croissance. peut que le sentiment de «paternité» du pays soit influencé par
En conséquence, les programmes appuyés par le FMI ont la manière dont la conditionnalité est conçue et appliquée. En
fini par couvrir un large éventail de mesures, certaines ayant établissant des conditions couvrant un large éventail de poli-
pour but de renforcer les fondements structurels de la politique tiques et en énonçant en détail les étapes intermédiaires de
macroéconomique et d’autres de consolider les principaux sec- chaque réforme, on court-circuite peut-être en fait le processus
teurs de l’économie. Par exemple, dans de nombreux pays, le décisionnel national tout en ébranlant les institutions poli-
déficit budgétaire s’explique en partie par le manque de capa- tiques du pays. Une autre conséquence non voulue serait de
cités administratives pour recouvrer les impôts dans de nom- galvaniser l’opposition aux réformes nécessaires. En outre, une
breux secteurs de l’économie. En conséquence, le FMI prête conditionnalité invraisemblablement ambitieuse, étant donné
souvent à condition que les autorités renforcent leur capacité les contraintes institutionnelles et politiques du pays concerné,
de recouvrement ou établissent mieux leurs priorités en ma- pourrait conduire à une incapacité répétée à réaliser les objec-
tière de dépenses. Dans d’autres pays, la gestion inefficiente tifs convenus et entretenir une culture de l’échec.
d’entreprises publiques grève le budget : il faut donc s’attaquer Il se peut aussi qu’une conditionnalité qui couvre un large
aux causes de cette inefficience pour rétablir la viabilité budgé- éventail de mesures pèse lourdement sur les capacités adminis-
taire du pays à long terme. tratives limitées des pays emprunteurs et qu’il soit ainsi plus
Dans d’autres cas encore, notamment pendant la crise asia- difficile de cibler l’action sur le plus important. Par ailleurs,
tique en 1997–98, certains pays ont eu besoin de l’aide du FMI lorsque la conditionnalité du FMI porte sur des domaines qui
parce que de graves problèmes dans leur système bancaire ne font pas partie de ses compétences, comme la privatisation
avaient provoqué des sorties de capitaux massives et une crise de et certains aspects de la réforme du secteur financier, cela pose
la balance des paiements. Si ces problèmes n’avaient pas été ré- des questions importantes de coordination avec les autres insti-
solus, les concours du FMI n’auraient fait que financer ces flux tutions internationales, telles que la Banque mondiale.

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Enfin, comme les lettres d’inten- Le FMI se doit aussi d’être clair et
tion, dans lesquelles les pouvoirs Le FMI sollicite l’opinion publique cohérent dans l’application des ou-
publics énoncent leur action à venir, Un élément fondamental de la revue de la condi- tils spécifiques de la conditionnalité.
couvrent un champ plus large et tionnalité est la communication à double sens Par exemple, il examine l’utilisation
sont plus détaillées, les limites de la avec l’opinion publique. Le FMI a invité celle-ci des mesures préalables, c’est-à-dire
conditionnalité deviennent floues. à faire ses commentaires sur une série de docu- les mesures que les pays membres
Nombre de lettres d’intention in- ments de ses services sur la conditionnalité (qui acceptent de prendre avant de passer
cluent de longues listes de mesures ont inspiré le présent article). Les commentaires un accord formel avec le FMI au titre
sans indiquer clairement comment reçus sur la première série de documents ont été duquel celui-ci leur accordera un fi-
elles seront prises en compte lorsque transmis au Conseil d’administration et ont été nancement. Il réévalue aussi sa poli-
le FMI décidera si les ajustements affichés sur le site Web du FMI (www.imf.org). tique en matière de dérogation pour
convenus sont en bonne voie et s’il En outre, plusieurs séminaires sur la condition- les critères de réalisation (le Conseil
nalité et la prise en main des programmes par les
va continuer d’accorder ses con- d’administration décide parfois de
pays ont été organisés à Berlin, à Tokyo et à
cours, d’où l’impression générale- continuer d’accorder des concours
Londres, avec une large participation des pays
ment inexacte que toutes les mesures à un pays même si celui-ci n’a pas
débiteurs et créanciers. Les services du FMI ont
ont la même importance. satisfait à des conditions spécifiques
ainsi recueilli des informations utiles sur de
Ces préoccupations — tant à l’in- nombreuses questions qui font partie de la revue qu’il avait acceptées précédemment).
térieur qu’à l’extérieur du FMI — ont de la conditionnalité et ils en tiendront compte Le FMI examine aussi d’autres pro-
conduit à l’effort actuel de recentrage dans la poursuite de leurs travaux sur la con- positions, par exemple recourir da-
et d’allégement de la conditionnalité. ditionnalité. Les documents disponibles sur le vantage à une conditionnalité fon-
site Web sont : «Conditionality in Fund-Suppor- dée sur les résultats, c’est-à-dire qu’il
Mieux cibler fait dépendre ses concours financiers
ted Programs: An Overview», «Conditionality
la conditionnalité de la réalisation de résultats plutôt
in Fund-Supported Programs: Policy Issues»,
Il s’agit de donner aux pays une plus «Structural Conditionalities in Fund-Supported que des étapes aboutissant à ces ré-
grande marge de manœuvre pour Programs», «Strengthening IMF–World Bank sultats. En outre, il étudie plus avant
établir leurs propres priorités et d’ac- Collaboration on Country Programs and Con- la nature et la complexité du concept
croître la transparence en clarifiant ditionality», «Streamlining Conditionality: Review de prise en main des programmes
les instruments de la conditionnalité. of Initial Experience» et «Conditionality in Fund- par les pays et cherche à savoir com-
• Premièrement, en distinguant les Supported Programs: External Consultations». ment ses programmes peuvent le
mesures qui sont essentielles à la réa- mieux renforcer cette prise en main.
lisation des objectifs macroécono-
miques d’un programme et celles qui sont utiles mais non es- Premiers résultats
sentielles à leur réalisation, le FMI pourra séparer les mesures Le FMI fait le bilan des résultats de cette nouvelle stratégie
auxquelles la conditionnalité doit s’appliquer et celles aux- après quelques mois d’application et évalue comment la con-
quelles elle doit s’appliquer avec bien plus de parcimonie. ditionnalité est traitée dans chaque cas. Pour décider de la
• Deuxièmement, une meilleure répartition des responsabi- forme et du champ d’application appropriés de la condition-
lités entre le FMI, la Banque mondiale et les autres institutions nalité, les pays membres et le FMI devront porter des juge-
internationales permettra au FMI d’éviter d’établir des condi- ments difficiles au cas par cas. Chaque programme soumis au
tions en dehors de ses principaux domaines de compétence, tout Conseil d’administration du FMI offre une occasion d’exa-
en assurant que les pays membres reçoivent une aide interna- miner le champ d’application de la conditionnalité, son effet
tionale adéquate à l’appui de leur vaste programme de réformes. sur la prise en main des programmes par les pays et les pers-
Il ne s’agit pas simplement de transférer les conditions à d’autres pectives de succès de ceux-ci, ainsi que la répartition des res-
institutions, mais bien d’assurer qu’elles ne concernent que les ponsabilités entre le FMI et la Banque mondiale. Jusqu’à pré-
éléments cruciaux à la réalisation des objectifs du programme et sent, cette nouvelle stratégie entraîne certains changements
qu’elles sont établies avec la pleine participation de ceux qui dis- dans la manière dont le FMI applique sa conditionnalité.
posent des meilleures compétences dans chaque domaine. Pays à faible revenu. Des mesures importantes ont déjà
En ce qui concerne l’application de la conditionnalité, le FMI été prises pour orienter la négociation et la définition du
cherche à savoir dans quelle mesure la conditionnalité devrait contenu de la conditionnalité de manière à renforcer la prise
être détaillée et comment clarifier ses limites. Les lettres d’inten- en main des programmes par les pays à faible revenu. Dans
tion établissent plus clairement aujourd’hui ce qui est essentiel ces pays, les concours sont accordés sur la base d’un docu-
pour que le FMI puisse déterminer si le programme est en ment de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP),
bonne voie et donc ce qui est couvert par la conditionnalité; qu’un pays formule après avoir consulté les groupes con-
le champ des revues de programmes — une revue est une éva- cernés. Il s’agit certes d’un processus en cours, mais il pro-
luation générale des résultats obtenus dans le cadre d’un met d’aider à assurer que les politiques appuyées par le FMI
programme — est délimité plus clairement, et les repères struc- sont celles qui récolteront un large appui au sein même du
turels sont appliqués avec plus de parcimonie aux étapes re- pays. En particulier, de récents programmes établis au titre
présentatives importantes d’un programme de réformes. de la facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la

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croissance (FRPC) font état d’un meilleur ordre de priorité
dans les conditions et détaillent moins ces dernières.
Le fait que le nombre moyen de conditions ait été réduit
d’un tiers, qu’elles soient mieux ciblées sur les principaux do-
maines de compétence du FMI et que la répartition des respon-
sabilités entre le FMI et la Banque mondiale soit plus claire
témoigne de l’impact du recentrage de la conditionnalité. Par
exemple, le précédent programme du FMI au Mozambique
comportait un repère structurel relatif à la protection du
secteur du raffinage de sucre qui servait de taxe sur la produc-
tion de sucre brut, réduisait les revenus des agriculteurs et des
travailleurs agricoles et pesait sur les exportations de sucre. Le
programme actuel n’inclut pas de conditions relatives au sucre.
Bien que la réforme de ce secteur reste souhaitable pour des
raisons d’efficience et d’équité, elle n’a pas été jugée essentielle à
la réalisation des objectifs macroéconomiques du programme.
De même, à Madagascar, les programmes antérieurs conte-
naient des mesures préalables sur la privatisation d’une banque
publique, d’une compagnie pétrolière publique, ainsi que des Masood Ahmed (à droite) est Directeur adjoint du
compagnies nationales d’aviation et de télécommunication. Département de l’élaboration et de l’examen des poli-
Ces conditions ne figurent plus dans le nouveau programme tiques du FMI; Timothy Lane (à gauche) est Chef de la
conclu avec le FMI en mars 2001, et c’est la Banque mondiale Division de l’examen des politiques, et Marianne Schulze-
qui se charge aujourd’hui de fournir des conseils sur la privati- Ghattas (au centre) est Chef de la Division de la surveil-
sation des compagnies d’aviation et de télécommunication. lance des politiques dans le même département.
Pays à revenu intermédiaire. Pour les quelques programmes
approuvés en faveur de pays à revenu intermédiaire (générale- malement pas de conditionnalité en dehors de ses principaux
ment au titre d’accords de confirmation ou du mécanisme élargi domaines de compétence, sauf si l’établissement de conditions
de crédit) depuis la mise en application de la stratégie de recen- particulières est essentiel à la réalisation des objectifs extérieurs
trage de la conditionnalité, l’expérience du FMI est mitigée, le et budgétaires du programme. Les politiques structurelles et
champ d’application et le niveau de détail de la conditionnalité sociales seront couvertes par des programmes complémen-
variant considérablement, en fonction des circonstances propres taires appuyés par l’Association internationale du développe-
à chaque pays. Il est parfois difficile d’alléger la conditionnalité ment, une filiale de la Banque mondiale qui octroie des prêts
dans ces pays, en particulier dans les pays en crise, où un plus concessionnels aux pays à faible revenu.
large éventail de mesures, y compris des conditions structurelles, Les problèmes traités par les programmes appuyés par le
sont parfois nécessaires pour rétablir la confiance des marchés; FMI et la Banque mondiale dans les pays à revenu intermé-
dans les pays où les problèmes sont essentiellement des désé- diaire sont plus variés et exigent une approche plus différenciée
quilibres budgétaires et monétaires, il est peut-être possible et plus flexible. Cependant, les deux institutions cherchent
d’utiliser la conditionnalité avec beaucoup de parcimonie. aussi à mieux coordonner leurs opérations dans ces pays, no-
Collaboration Banque mondiale–FMI. Ces dernières années, tamment en assurant que leurs services examinent les priorités
les opérations du FMI et de la Banque mondiale ont évolué de de chaque pays et répartissent les responsabilités entre les deux
telle manière qu’il est de plus en plus nécessaire que ces deux institutions au plus tôt.
institutions collaborent dans la conception de l’aide aux pro-
grammes des pays, ainsi que dans l’établissement et le suivi des Conclusion
conditions y afférentes. Dans la mesure du possible, les services La revue de la conditionnalité est un processus en cours et le
du FMI et de la Banque mondiale devraient travailler dans un FMI tire à cet effet les enseignements de ses vastes consultations
cadre commun dont le pays bénéficiaire a la maîtrise. Un autre avec les représentants des pays, d’autres organisations interna-
élément de cette coopération est l’application du concept de tionales et la société civile (voir encadré). L’objectif est de per-
l’institution «chef de file» : dans chaque domaine, l’une des mettre davantage aux pays d’effectuer leurs propres choix, tout
institutions doit être chargée de mener le dialogue avec le pays en ciblant la conditionnalité sur des mesures qui sont essen-
membre et son évaluation de l’exécution de la politique en tielles au succès des programmes appuyés par le FMI. Mais il
question doit être incluse, le cas échéant, dans les rapports de faudra du temps pour parvenir au juste milieu dans chaque
l’autre institution et dans une évaluation globale de l’économie pays et des enseignements devront être tirés au fil du processus.
du pays concerné. Le résultat devrait être une conditionnalité qui remplit mieux
Ces deux dernières années, la mise en place du processus des son rôle, à savoir assurer que les concours du FMI aident les
DSRP a fourni un cadre opérationnel commun aux deux insti- pays qui prennent des mesures à s’attaquer à leurs problèmes,
tutions dans les pays à faible revenu et a permis de mieux coor- tout en leur laissant une latitude maximale pour choisir le type
donner leur action. Dans ce cadre, le FMI n’appliquera nor- de mesures à prendre. F&D

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