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ÉCONOMIE

Stanislas Zézé, le visage ouest-africain de la notation financière


En quinze ans, l’entrepreneur ivoirien a su faire de Bloomfield Investment Corporation une référence dans la sous-région. Sa
stratégie fondée sur l’appréciation des risques en monnaies locales est l’une des raisons de sa réussite. Portrait.

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17 mai 2023 à 11:12

Par Nadoun Coulibaly - À Abidjan


Mis à jour le 17 mai 2023 à 11:12

Il court, il court… Au rythme de la croissance des activités de son agence, Bloomfield Investment Corporation (BIC). Après avoir inauguré la
septième édition de la « Conférence risque pays Côte d’Ivoire » devant un parterre de personnalités politiques et du monde des affaires, le 4
mai, à Abidjan, Stanislas Zézé, fondateur de la première agence de notation d’Afrique de l’Ouest s’est envolé dans la foulée pour Lomé, la
capitale togolaise, avant de rallier Conakry, en Guinée, avec le même objectif : dénicher des opportunités.

Au centre de toutes les attentions lors de la conférence risque pays, un événement « important pour la Côte d’ivoire », selon les termes
d’Adama Coulibaly, le ministre ivoirien de l’Économie, Stanislas Zézé est un pionnier. Il incarne désormais le visage africain de la notation
financière, à l’image de l’Ivoirien Jean-Luc Konan, patron de Cofina, dans la mésofinance ou du Burkinabè Idrissa Nassa, PCA de Coris Bank,
dans la finance.

Mieux, « Stanislas Zézé s’est rendu incontournable dans la notation financière en Afrique de l’Ouest, mais également en Afrique centrale.
Mon homologue congolais m’a confirmé que Bloomfield fera prochainement une évaluation du risque pays de la RD Congo », confie Adama
Coulibaly.

À l’écoute des réalités africaines


« Battant », « combatif », « intrépide », « audacieux »… L’appréciation des patrons de la sous-région est d’ailleurs assez unanime lorsqu’il
s’agit de qualifier le PDG de Bloomfield. « Il a su convaincre les décideurs politiques et économiques, et a su innover avec, par exemple, ces
conférences annuelles de notation risque pays, ce qui lui a permis de conquérir un marché qui était jusqu’alors la chasse gardée des agences
internationales comme Standard and Poor’s, Moody’s et Fitch Ratings, souligne l’homme d’affaires burkinabè Abdoulaye Kouafilann Sory,
patron de Fidelis Finances. Pour y arriver, Stanislas Zézé a adapté et contextualisé la pratique de la notation financière aux réalités africaines,
en restant dans les standards de qualité d’une note financière. Il abat un travail remarquable, basé sur la pédagogie. C’est le style
d’entrepreneur dont nous avons besoin ! »

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Pour le banquier camerounais Olivier Dadjeu Kengne, patron de Smart-Link Capital, une banque d’affaires spécialisée dans
l’accompagnement des investisseurs immobiliers, « Stanislas Zézé a réussi à se frayer un chemin dans un secteur initialement dominé par les
grandes firmes occidentales ».

Depuis sa création en 2007, BIC a permis une meilleure appréciation des risques des économies africaines grâce à son approche basée sur la
notation en monnaies locales. À l’écoute des réalités du continent et des attentes des décideurs africains, Stanislas Zézé n’en défend pas
moins son indépendance et la rigueur de ses travaux, ce qui a permis à l’agence de devenir une référence. Comme le soulignait déjà le
patron de Bloomfield dans une interview à Jeune Afrique en 2014, « l’actif le plus précieux d’une agence de notation, c’est sa crédibilité ».

Un duo inséparable
Le pari n’était pourtant pas gagné au départ. « Quand j’ai voulu lancer le projet Bloomfield, la seule personne qui a cru en moi, c’est mon
épouse, Jeanne. Elle m’a encouragé à foncer », confie le financier dans son autobiographie, L’Homme aux chaussettes rouges, parue en août
2022, co-écrite avec son compatriote, le journaliste et écrivain Pacôme Christian Kipré. Signe extérieur de son côté battant et dynamique, le
PDG de BIC est en effet célèbre pour toujours porter des chaussettes d’un rouge flamboyant.

Complices en famille comme dans les affaires, « Stan » Zézé et son épouse, Jeanne, coach en développement personnel, forment un duo
inséparable et partagent la même vision du business. « Bloomfield m’a permis de comprendre que je suis capable de faire ce que je veux
faire et, surtout, que nous sommes capables de créer nous-mêmes un écosystème. Pour moi, c’est la réussite d’un projet de vie », assure
l’entrepreneur.

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Alors que les États de l’Uemoa recourent de plus en plus aux marchés financiers, la question du risque de crédit en Afrique de l’Ouest est plus
que jamais au cœur de l’actualité. BIC est désormais sollicitée par une vingtaine d’États et une centaine d’entreprises, afin d’évaluer leur
capacité de remboursement dans leur propre devise.

Ainsi, l’agence compte parmi ses clients des pays comme la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Sénégal, le Niger, le Togo, et des groupes régionaux et
panafricains, tels Ecobank, Bank of Africa (BOA), Société générale Côte d’Ivoire et Palmci.

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