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LE VÉRITABLE AUTEUR DU « DISCOURS DE LA SERVITUDE VOLONTAIRE » 127
LE VÉRITABLE AUTEUR
DU « DISCOURS DE LA SERVITUDE VOLONTAIRE »
MONTAIGNE OU LA BOÉTIE?
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728 REVUE D'HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE.
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LE VÉRITABLE AUTEUR OU « DISCOURS DE LA SERVITUDE VOLONTAIRE » 729
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730 REVUE D'HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE.
p. 2 et suiv.
1. La Boétie,éd. Bonnefon,
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AUTEURDU c DISCOURSDE LA SERVITUDE
LE VÉRITABLE » 731
VOLONTAIRE
ceux du tyrantraditionnel.Le derniersurtout,cette incapacitéde c servir
vilementà la moindrefemmelette» ne lui convientà aucun degré: c'est par
le caractère contraire que les tyransse sont signalés. Cetteinfirmité est en
revanche notoirechez HenriIII. C'est évidemmentà lui qu'il est faitallusion.
Oui, sans nul doute, l'auteur a raison : un pareil traitn'a rien à voir dans
le portraitdu tyran en général. Mais est-il effectivement dans la phrase?
Est-ce bien là le sens qu'il faut donnerà c toutempeschéde servirvilement
à la moindrefemmelette» *. Non, certainement: « toutempeschéde » signi-
fie ici « toutoccu** à, tout absorbépar le soin de servirvilement à la moindre
femmelette ». C'estjuste ridée contraire;celle qui convientau tyranen général,
et pourraitexclurel'hypothèsed'HenriIII, loinde la fonder,c Ce sens,réplique
M. Armaingaud,ne se justifieni par le sens généralde la phraseentièreni par
l'examen des différents emplois du mot empeschéau xvi*siècle. » Pour ce qui
est du sens généralde la phrase il me sembletoutau contraireque cette gra-
dation : incapablede commanderaux hommes...toutasservià une femmelette,
est toutà faitintelligibleet qu'elle est bien expriméedans le goût antithétique
du morceau.Quant aux différents emploisdu mot« empesché> au xvi*siècle,je
vois bien que M. Armaingaudtire des exemplesallégués par Nicotune règle
d'aprèslaquelleempêchése seraitconstruitavec à lorsqu'ilsignifie occupé,tandis
qu'il auraitdemandé la prépositionde lorsqu'ila le sensde embarrassé de; mais
qu'on se reportecommeje l'ai faità l'articlede Nicot,on verraqu'il est malaisé
d'en conclure cet usage. Y fût-ilmême expressémentformulé,le diction-
naire de Nicot est de 1606, ses arrêts ne sont pas décisifspour un textequi
a pu être écrit plus d'un demi-siècle auparavant.A consulterles écrivains
nous constatonsune extrême variété dans les nuances de sens exprimées
par le mot empesché y et dans l'emploi des prépositionsdont on l'accom-
pagne. Je D'ai pas relevé, je le confesse, d'exemple de empeschéde au
sens de occupé à qu'il me parait avoir ici : l'insuffisancedes lexiques
pour la langue du xvie siècle en est cause. En revanche s'empescherde
au sens de s'occuper à se rencontretrès bien; empeschéde est le participe
de ce verbe pronominal.Et puis, si je n'ai pas d'exempleabsolumentdécisif,
j'ai la preuve que les premierséditeursdu Contreun entendaientbien « tout
occupé à servirvilementà la moindre femmelette>. La phrase en effetest
contenuedans le fragmentqui futpublié dans le Réveille-matin des François;
or le Réveille-matin des Françoisavait d'abordparu en latin,et voici comment
l'édition latine traduitle membrede phrase en litige: « non qui vi et annis
hommes ad imperium cogère possit, sed qui iropudicaemulierculaeservitio
totus addictus sit ». Le sens n'est plus douteux,HenriIII n'a rien à voir ici
par conséquent. Aussi bien, une preuve encore, surabondante,celle-là :
M. Armaingaudme le rappelle lui-même, n'est-cepas au retourde Pologne
seulementque le roi contractason infirmité, quelques mois après la publica-
tionde cettephrase dans le Réveille-matint
J'ai insistélonguement,trop longuementpeut-être,sur le premiertrait de
la peinturedu tyran.C'est que là, je crois, estle nœud de la question.Tenant
pour incontestableune ressemblance aussi frappante entre le tyran du
Contreun et HenriIII, l'auteur a été toutnaturellement conduità rechercher
dans le roi de France les autres traitsde l'esquisse.Tout le monde aurait eu
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732 REVUE D'HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE.
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LE VÉRITABLE ACTEUR DU « DISCOURS DE LA SERVITUDE VOLONTAIRE » 733
maisons, pour vous fournirà ses piiIeries, vous nourrissezvos fillesafín qu'il
ait de quoi saoùicr sa luxure : vous nourrissezvos enfantsafin que pour le
mieux qu'il fasse, il les mène en ses guerres,qu'il les conduiseà la boucherie,
qu'il les fasseles ministresde ses convoitises,les exécuteursde ses vengeances:
vous rompez à la peine vos personnes afin qu'il se puisse mignarder en ses
délices et se vautrerdans les sales et vilains plaisirs. » L'expressiondu mor-
ceau est certainementoriginale et neuve, mais l'idée n'a rien que de très
ordinaire: elle nous parait attendue dans une diatribe contre la tyrannie,
car violerles propriétéset violenterles personnesont toujoursété les attributs
les plus constantsdes tyrans.Ce sont eux qui définissentle tyrandans la
consciencepopulaire. Dans une dissertationquelconque contrela tyrannie,à
quelque époque qu'elle ait été écrite,nous serions presque surprisde ne pas
trouvercetteidée expriméesous une formeou sous une autre. L'auteurcepen-
dant y voitune preuve que le Contreun a été écrit au plus tôten 1573.C'est
que, persuadé que le portraitd'Henri 111était dans les premièrespages du
discours,il était portétout naturellementà rattachertoutesles idées à des
événementscontemporainset à les expliquer par eux. Là encore tout le
monde aurait faitcomme lui. Les protestantscontaientqu'Henri III, en com-
pagnie de Charles IX et d'Henri de Navarre,pour se vengerde Nantouillet,
prévôt «le Paris, s'était une nuit fait offrirpar forcela collation chez lui,
puis avait pillé sa vaisselleet ses coffres,que dans d'autresorgies il s'était
fait servirpar des femmesnues, et avait abusé de filleshonnêtespour ses
plaisirs. « Peut-on se refuser,conclut l'auteur, à voir dans cette page du
Contreun, si justementadmirée, une véhémenteallusion aux scandaleuses
orgiesdes troisrois que les protestantsvenaientde raconterdans leursécrits
satiriques?»
De fait,si pour nous commepourl'auteur,il était établique le Discoursde la
servitudevolontairea été dirigécontreHenri IH, il serait intéressant de rappro-
cher de cetteinvectivel'aventurede Nantouillet;tantque cettepreuvemanque,
je pourraisavec autant et plus de vraisemblancey voir une allusion directe
à telle des exactions ou telle des orgies de Néronpar exemple.J'auraistort
d'ailleurs,autantque l'auteur,car la sentence est toute générale.Que prouve
ce rapprochement?Simplementque l'histoireJaumainese répète incessam-
ment,qu'à toutesles pages ce sont des anecdotes semblablesque nousretrou-
vons. Commeles portraitsdes tyransse ressemblententreeux, leurs actesont
aussi quelque parenté.Grâceà cela nous formonsdes conceptsgénérauxqui, nés
du passé, trouverontleur application dans l'avenir. C'estce quia permisaux
protestantsde 4573de s'approprierle discours de La Boétie,et, bien qu'il soit
né d'autrescirconstances,de le sentiren conformitéavec leur situationpré-
sente; c'estce qui peut permettreen tout temps à ceux qui se jugeronttyran-
nisés de le regardercomme-leur. Mais de ce qu'il s'applique à une époque, il
ne fautpas déduireque ce sont les événementsde cette époque qui l'ont t'ait
naître.
H est vraique le Discoursde la servitudevolontairereprocheaux tyransd'en-
tourerleur pouvoirde pratiquessuperstitieusesafinde tromperle peupleet de
le tenirplus sûrementen laisse, et il est vraiaussi que les "libellesprotestants
éclos de la Saint-Barthélémy s'indignentde ce que les roisde Francese fontd'une
fausse religionle moyende maintenir'leur peuple en sujétion; il ne s'ensuit
cependantpas que le Discoursde la servitudevolontairesoit contemporainde
ces libelleset né des mêmescirconstances.Sans doute, après avoirparlé des
rois de Perse, de Mèdie,de Pyrrhus,de Vespasien, et de toutesces « bourdes
que les peuples anciens prindrentpour argentcomptant», le Contreun vientà
mentionner« les crapaus,l'ampoule,l'oriflambe» que « les nôtressemèrenten
France », mais il me sembleque ce n'est là qu'un rapprochement faiten pas-
sant,et que, ici comme partout,ce sont bien les historiensanciens,Hérodote,
Plutarque,Tacite et Suétone,qui ont fourniles élémentsde l'analyse psycho-
Rev. d'hist. littkr. ne la France (13e Ana.). - XIII. 47
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734 REVUK D'HISTOIRE* LITTÉRAIRE DE LA FRANCK*.
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LE VÉRITABLE AUTEUR DU « DISCOURS DE LA SERVITUDE VOLONTAIRE * 735
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736 REVUE D'HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE.
Pierre Villev.
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