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L'économie des idées

Les idées contribuent à améliorer la production.

Une idée nouvelle permet à un ensemble donné de facteurs de produire plus ou mieux.

Exemple de Romer [1990] : l'homme de Neandertal utilisait l'oxyde de fer pour peindre.
Aujourd'hui l'oxyde de fer sert à graver les films sur les vidéo-cassettes.

Un autre exemple est celui du pétrole qui pendant longtemps a été considéré comme
un liquide fossile sans intérêt.

Un même facteur de production est utilisé de façon beaucoup plus productive.


Comment les idées agissent sur la croissance
économique ?

C'est Romer qui formalise la façon dont les idées agissent sur la croissance :

Rendements Concurrence
Idées Non-rivalité
Croissants imparfaite
L'excluabilité partielle ou totale des idées

L'excluabilité d'un bien détermine la mesure dans laquelle son propriétaire peut faire
payer un droit pour son utilisation.

Biens rivaux Biens non rivaux


Avocat, disquette chaînes cryptées
Élevé
Lecteur CD
logiciels

Degré d’excluabilité Manuel d'un manager


de Mc Donald

Défense nationale
Bas Pesticides Mathématiques
Non rivalité et rendements croissants

Les biens rivaux doivent être produits à chaque fois qu'ils sont vendus, alors que
les biens non rivaux (tels les idées) ont un coût fixe de production et un coût
marginal très faible.

Coût moyen
Coût marginal

Unités produites

L'économie des idées est étroitement liée aux rendement croissants et à la


concurrence imparfaite.
Rendements croissants et coût marginal
Lorsque les rendements sont croissants, le coût moyen est toujours supérieur au
coût marginal et l'égalité des prix au coût marginal (CPP) engendre un profit
négatif.

Aucune firme n'est prête à subir un coût fixe très élevé si elle n'a pas la garantie
de vendre à un prix supérieur au coût marginal.

La perspective de profit conditionne donc la création de nouvelles idées.


Une question souvent posée ?

Pourquoi un logiciel, un CD, les produits pharmaceutiques coûtent ils si cher alors que
leur duplication se fait à un coût si faible (coût marginal) ? N'est-ce pas signe d'une
inefficience de marché ?

En effet, l'efficience d'un marché implique l'égalité du coût marginal au prix en


concurrence pure et parfaite.

Cependant pour générer de la croissance il s'agit d'une inefficience nécessaire !

Plus la production augmente plus le coût fixe s'amortit de sorte que le coût moyen se
réduit avec l'échelle de production.
Les droits de propriété intellectuelle

Les inventeurs n'ont aucune incitation à supporter de grands coûts fixes s'ils n'ont pas
l'espoir de les récupérer grâce à l'exclusivité de leur idée.

C'est la raison d'existence des brevets.

Un brevet protège une idée un certain temps.

Grace à cette protection, il devient intéressant de passer du temps à la recherche de


nouvelles idées productives.
Selon Douglas North, c’est le développement des droits de propriété
intellectuelle qui, après plusieurs siècles de maturation, a permis la croissance
économique moderne.

C’est à partir du moment où les l’on espérer que sa découverte soit


financièrement récompensée que le processus d’innovation a grande échelle a
pu se développer.
Qu'en est-il des facteurs de production des idées ?

En 40 ans aux Etats-Unis, le nombre de chercheurs est passé de moins de 200 000 en
1950 à plus de 1 million en 1990.

Ce n'est pas seulement le niveau des ressources consacrées à la R&D qui a augmenté,
mais également la part :

Le nombre de scientifiques et d'ingénieurs américains employés dan la R&D est passé


de 0,25% de la population active en 1950 à 0,80% en 1990 !
Lien entre dépenses de R&D et nombre de brevets déposés en 2003
Le modèle de ROMER

Le progrès technique est endogène et il résulte de la production d'idées par des


chercheurs motivés par le profit qu'ils espèrent tirer de leurs inventions.

Ce modèle cherche à expliquer pourquoi les pays les plus avancés de la planète
connaissent une croissance soutenue.
Les hypothèses du modèle

Hypothèse #1 : La population L[t] croît au taux n. Cette population est utilisée soit
à la production direct LY soit à la production d'idées nouvelles LA.

L[t ]  LY [t ]  LA [t ]
Hypothèse #2 : Le processus de production indique comment le capital K, le
travail LY e t le stock d'idées A sont combinés pour obtenir la production Y

Y [t ]  K [t ]  A[t ].LY [t ]
1
La description du progrès technique

Hypothèse #3 : le nombre d'idées nouvelles dépend du stock d'idées qui ont été
inventées au cours de l'histoire ainsi que des ressources humaines affectées à
cette activité :

DA[t ]   .LA [t ] A[t ]   0, 0    1


Interprétation du paramètre φ
 
DA[t ]   .LA [t ] A[t ]

DA[t ]  x. A[t ] DA

Si φ >0 la productivité de la recherche croît avec le nombre


d'idées déjà découvertes,
A
DA

Si φ =0 la productivité de la recherche est indépendante du


stock d'idées déjà découvertes,
A
DA
Si φ <0 les idées deviennent de plus en plus difficile à
découvrir.

A
Quelle valeur retenir pour φ ?

Newton a profiter des travaux de Kepler et a pu découvrir la théorie de la gravité.

"Si j'ai vu plus loin que les autres c'est parce que j'étais assis sur les épaules de
géants"

Nous retiendrons que le stock de connaissance acquises est favorable à la


création d'idées nouvelles donc φ >0 et sans doute inférieur à 1.
Interprétation du paramètre 

DA[t ]   . A[t ] .LA [t ]



DA[t ]  y.LA [t ]
DA
Si  >1 la productivité de la recherche croît avec le nombre
de chercheurs et plus que proportionnellement.

L
DA
Si  =0 la productivité de la recherche est indépendante du
nombre de chercheurs

L
Si 0<  <1 la productivité de la recherche croît avec le DA
nombre de chercheurs et reflète la possibilité de retrouver
une idée déjà inventée.

L
Quelle valeur retenir pour  ?

Lorsque le nombre de chercheurs augmente le nombre de découvertes


augmente également donc  >0.

Mais doubler le nombre de chercheurs ne double pas le nombre de


découvertes ! Donc  <1.
La croissance dans le modèle de Romer
Il suffit de reprendre le modèle de Solow où le progrès technique est déterminé
par l'hypothèse #3. Ainsi on sait que les variables par tête croissent au même taux,
celui du progrès technique :

DA[t ]   .LA [t ] A[t ]

DA[t ]  .LA [t ]
k   y  c   A  
A[t ] A[t ]1
À l'état régulier :

À l'état régulier, le taux de croissance du progrès technique doit être constant, ainsi
le numérateur et le dénominateur doivent croître au même rythme :

 1   
DLA [t ] DA[t ]

LA [t ] A[t ]

À l'état régulier, le taux de croissance du nombre de chercheur est


nécessairement égal au taux de croissance de la population. Donc on peut écrire
:

DA[t ] .n

A[t ] 1   
Interprétation du taux de croissance

DA[t ] .n

A[t ] 1   

1- Le taux de croissance de l'économie dépend positivement du taux de croissance de la


population.

2- Le taux de croissance de l'économie dépend positivement du paramètre . Ainsi, le


taux de croissance dépend de la qualité des chercheurs … d'où l'intérêt d'évaluer la
recherche.

3- Le taux de croissance dépend négativement de φ. Ainsi le taux de croissance est


d'autant plus élevé que la recherche est cohérente c-à-d qu'elle dépend des idées déjà
découvertes.
L’équation du taux de croissance du progrès technique appelle 3 remarques :

Première remarque :
Que signifie intuitivement l’expression du taux de croissance ?

Pour le voir posons =1 et φ=0, ce qui implique que la productivité des chercheurs
est égale à:
DA[t ]   .LA [t ] A[t ]   LA [t ]

Supposons également que le nombre de chercheurs soit constant. Ainsi le nombre


d’idées créées à chaque période est constant.

Pour être concret supposons que DA[t]=100. Comme l’économie débute avec un
certain stock d’idées disons A0 il augmente à chaque période 100 unités.

t 0 t 1 t2 t 3
DA 100 100 100 100

A A0 A0  100 A0  200 A0  300
On constate que le taux de croissance des idées tend vers 0 lorsque t augmente.

La croissance n’est possible que si le nombre d’idées nouvelles augmentent avec le temps

Cela dit avec nos paramètres cela est possible si le nombre de chercheurs augmente, ce
qui est le cas si la population mondiale augmente. Le taux de croissance est égal au taux
de croissance de la population.

DA[t ] .n
 n
A[t ] 1   
Comparaison avec le modèle de Solow :

Dans le modèle de Solow, l’augmentation de la population nécessite d’investir pour


maintenir le capital par tête constant. Mais l’accumulation du capital bute sur les
rendement décroissants.

Dans le modèle de Romer, lorsque la population s’accroît, le nombre d’idées


augmente également, or comme les idées sont non rivales, elles bénéficient à toute
l’économie.

La preuve empirique de cette affirmation est difficile à montrer. Mais on doit


reconnaitre que ce n’est qu’à partir de la Révolution industrielle que la croissance de la
population s’est élevé au dessus du taux très lent qu’elle connaissait jusque là.
Un résultat corolaire est que si la population cesse de croître la croissance à long
terme va s’arrêter.

Comment faut-il interpréter cette prévision ?

Reformulée de façon différente, elle indique que si l’effort de recherche mondial


cessait d’augmenter, la croissance finirait par s’arrêter.

Cette paramétrisation implique qu’un effort constant de recherche ne peut pas


accroître le d’idées nécessaires pour soutenir la croissance de long terme.
Deuxième remarque :

La fonction de production initialement considérée par Romer postule : =1 et φ=1 soit :

DA[t ]   .LA [t ] A[t ]   LA [t ]. A t 

DA[t ]
Donc :   LA [t ]
A t 

Dans cette version de paramètres, le modèle engendre une croissance continue


même lorsque l’effort de recherche reste constant. Mais cela voudrait dire que la
croissance des pays développés aurait dû augmenter considérablement au cours
des 40 dernières années. En effet, le nombre de chercheurs à considérablement
augmenté.
Troisième remarque :

DA[t ] .n

A[t ] 1   

Ni le taux d’investissement , ni la part du nombre de chercheurs dans


la population active n’influence le taux de croissance d’état régulier.
Dans le long terme cela ne sert à rien de subventionner la R&D !

Pourquoi alors subventionner la R&D ?


Ln(A[t])

DA[t ] .n

A[t ] 1   

Temps Temps
Subventionner la R&D permet d’augmenter le revenu de l’économie mais pas son
taux de croissance. Tout comme dans le modèle de Solow, les économies les plus
riches sont celle qui investissement le plus mais le taux de croissance de long
terme reste toujours le même.

Ln(y[t])

Temps

Donc l’investissement en R&D a un effet de niveau mais pas d’effet de croissance.


Figure C11 : taux de croissance du PIB par tête - Figure C12 : PIB par tête - technologie
niveau de technologie
20000
0,08

15000
0,06

0,04 10000

0,02
5000

0,00
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
-0,02

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