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RADIOLOGIE

12 Dental Tribune Édition Française | Mars 2014

Qualité d’image et artéfacts en cone beam


Une image de qualité conjugue à la fois une bonne résolution spatiale et une bonne résolution en densité.
Le bruit et les artéfacts déterminent, quant à eux, les facteurs susceptibles de nuire à la qualité de l’image.

Caractéristiques de • augmenter la tension (kV) ; Bruit et artefacts


• diminuer l’épaisseur des reconstructions. Si la qualité des images du cone beam est
l’image cone beam le plus souvent satisfaisante, la présence de
! Champ de vue et matrice de recons- Toutefois, cela reste un problème de bruit et d’artéfacts peut toutefois altérer
truction compromis car la réduction du pixel en- leur lisibilité.
• Le champ de vue est défini dans un pre- traîne une diminution du rapport S/B et
mier temps lors de l’acquisition pour augmenter la tension « durcit » le faisceau ! Le bruit
correspondre à l’étude envisagée (petits incident de rayons X, ce qui provoque, dans Rapport signal sur bruit (rapport S/B)
champs, de 4 à 8 cm, champs moyens de les deux cas, une diminution de la résolu- Plus le signal d’une image est supérieur au
9 à 14 cm ou grands champs de 15 à tion en contraste (ou en densité). bruit qui le compose, meilleurs sont le rap-
port S/B et la qualité de l’image résultante,
aussi bien en contraste qu’en résolution
spatiale.
125 µm 80 µm
Le bruit global d’une image radiologique Fig. 2 : « Bruit » accru sur reconstructions très fi-
est la somme des différents bruits créés nes, à voxels de 80 μm, montrant plus de détails
cependant que sur les reconstructions à 125 μm.
lors des étapes de la formation de l’image.
On distingue deux types de bruit d’origine
distincte :
• le bruit photonique ou quantique, qui cor-
respond au phénomène de fluctuation
quantique du faisceau de rayons X;
• le bruit du système qui correspond à l’en-
semble des bruits prenant naissance dans
la chaîne de détection, de transmission et
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de numérisation du signal.
Fig. 3 : Stries radiaires dues au durcissement du
Afin d’optimiser le rapport signal sur faisceau. – Fig. 4 : Effet de bord autour d’un im-
plant de 36 bien ostéo-intégré, sans alvéolyse
bruit, on peut :
péri-implantaire, contrairement à ce que pour-
• augmenter l’intensité du signal et donc la rait faire croire cette reconstruction panora-
dose d’irradiation; mique.
• réduire le bruit du système en améliorant
la qualité des capteurs et la qualité de la
chaîne de transmission du signal. En cas Les artéfacts métalliques
d’image en haute résolution, à voxels de Ils seraient moins importants sur les ap-
70 à 125 μm, il est souvent utile d’épaissir pareils cone beam bien calibrés. Cepen-
simplement les coupes axiales, à taille de dant, certains cone beam, surtout si leur
voxel constante, pour obtenir d’emblée capteur est mal calibré, peuvent présenter
une amélioration du rapport signal sur des artéfacts encore plus importants et
bruit. (Fig. 2) plus gênants qu’au scanner.
Les artéfacts métalliques apparaissent
! Les artéfacts lorsque le faisceau de rayons X rencontre
Les artéfacts, d’origine cinétique et/ou des transitions trop abruptes de densité
Fig.1. : Champs de vue proposés par le cone beam Scanora 3Dx*, couvrant l’ensemble des besoins en ex-
ploration 3D. métallique notamment, sont responsables dans le volume exploré. Le faisceau de
de fausses images qui peuvent nuire à l’in- rayons X est polyénergétique à la sortie du
terprétation. Il est donc primordial de les tube radiogène. Ses rayons de plus basse
repérer pour éviter toute erreur ou piège énergie sont atténués en priorité lors de la
30 cm). Il peut être reconsidéré à l’occa- ! Résolution en densité (ou en diagnostiques. traversée d’un objet de forte densité: on dit
sion de reconstructions secondaires contraste).
pour préciser par exemple une structure C’est la capacité d’un système à distinguer
à l’aide de voxels de plus petite taille. deux structures de densités proches. Pour
(Fig. 1) augmenter « potentiellement » la résolu-
• La matrice de reconstruction, d’autant tion en contraste, en augmentant le rap-
plus grande que le champ et les pixels port S/B, on peut:
sont plus petits, est en règle aujourd’hui • augmenter l’intensité du signal (mA) et
de 512 x 512 pixels. Elle pouvait être plus donc la dose d’irradiation ;
petite sur les appareils de premières géné- • augmenter la taille du voxel en augmen-
rations à grand champ et pixels de 300 ou tant le champ de vue et/ou diminuant la
500 μm et a plutôt tendance à grandir taille de la matrice;
avec les appareils plus récents, tendant • augmenter l’épaisseur des reconstruc-
vers 1024 x 1024 pixels avec des pixels de tions.
plus petite taille.
La résolution en contraste du cone beam
! Résolution spatiale est inférieure à celle du scanner car l’inten-
C’est la capacité d’un système à discer- sité du signal est plus faible et les voxels
ner deux petites structures proches. Elle généralement plus petits, ce qui diminue
est supérieure à celle du scanner, surtout le rapport S/B. Le Cone Beam permet donc
en cas d’utilisation de voxels isotropes de l’étude des tissus durs (os et dent) et l’é-
petite taille (70 à 160 μm) (Newtom 5G*, tude des tissus mous reste réservée au
Morita Accuitomo*…). Elle peut être moins scanner (TDM ou tomodensitomètre). Ce-
bonne si les voxels dépassent 250 μm. pendant un constructeur (Actéon*) a tenté
Ainsi, pour améliorer la résolution spa- récemment de calibrer les « radiodensités
tiale, on peut: CBCT » en échelle de « Densités Houns-
• diminuer la taille du champ de vue et/ou field » utilisée en TDM, ce qui ouvre peut- Fig. 5 : Artéfacts métalliques de couronne (région de 16) peu ou pas gênants car à distance de la crête
augmenter la taille de la matrice pour des être des horizons nouveaux à l’usage du édentée.
voxels de taille réduite ; cone beam.
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Scanner Cone beam (même patient) a b


Fig. 6 : Artéfacts métalliques radiculaires en Fig. 7 : Pseudo-fracture (a) et vraie fracture (b),
scanner (crête alvéolaire non vue) très atténués de diagnostic difficile.
en cone beam (crête alvéolaire visualisée).

que ce faisceau de rayons X filtré est à distance de la crête osseuse et des procès
« durci ». Ces artéfacts métalliques sont le édentés. (Fig. 5)
plus souvent causés par ce phénomène de
durcissement du faisceau ainsi que par le Artéfacts métalliques radiculaires
rayonnement diffusé. On note alors la pré- Les artéfacts radiculaires sont dus prin-
sence de plages de perturbations hypoden- cipalement aux tenons intra-radiculaires,
ses, plus ou moins intenses (zones d’ombre, aux inlaycores et aux piliers implantaires.
Fig. 9 : Peu d’artéfacts autour de cet implant-lame gauche, mais une péri-implantite, caractérisée par
bandes sombres), de stries radiaires noires Contrairement au scanner où ce type d’ar- une alvéolyse péri-implantaire.
ou blanches, qui sont centrées sur les struc- téfacts entraîne une barre noire gênant la
tures métalliques. (Fig. 3) visibilité de la crête osseuse et du procès al-
En scanner, les logiciels de reconstruc- véolaire, le phénomène est atténué voire
tions itératives permettent de réduire si- absent en cone Beam. (Fig. 6)
gnificativement ces artéfacts métalliques A part sont les pseudo-traits de fracture
et/ou de réduire les doses d’exposition. horizontale d’une racine à hauteur de l’a-
L’application de tels algorithmes en cone pex d’un tenon. Le diagnostic différentiel
beam est à l’étude. avec un trait de fracture se fait par la posi-
En pratique, pour limiter ces artéfacts, il tion en hauteur du « trait », par son prolon-
est nécessaire de retirer tout objet métal- gement au-delà du bord radiculaire et enfin
lique amovible susceptible de se retrouver par l’absence d’élargissement de l’espace
dans le champ exploré (prothèses adjoin- desmodontal. (Fig. 7)
tes, bijoux, piercing….).
Artéfacts implantaires
Effet « mach » ou effet de bord • Implant cylindrique
L’effet de bord se traduit par la présence L’effet mach ou « effet de bord » est clas-
d’un liseré noir autour ou à proximité sique, (Fig. 4), surtout en cas de fortes do-
d’une structure dense (implant, prothèse, ses (images en haute définition). L’« écho
tenon, inlaycore..) en fort contraste avec l’os de bord » s’observe sur les reconstruc-
alvéolaire. Une simple diminution de tions « dentascanner » (Curved MPR) di-
contraste l’atténue ou l’annule, le différen- tes « coronales » ou orthogonales
ciant d’une alvéolyse péri-implantaire par (« cross-sectionals ») et se caractérise par
exemple. (Fig. 4) la répétition de l’effet de bord sur des re-
constructions orthogonales adjacentes,
Artefacts métalliques de couronne même à distance de l’implant. Afin de li-
Ces artéfacts métalliques, essentielle- miter ou d’éviter ces artéfacts, il faut di- Fig. 10 : Peu d’artéfacts autour de ce « diskimplant » droit, mais une alvéolyse péri-implantaire avec
ment dus au durcissement du faisceau, minuer les constantes de dose (kV et mA). communication bucco-sinusienne et sinusite.
s’expriment par des bandes blanches ou (Fig. 8)
noires ou mixtes, parfois en « feu d’herbe » • Implants lame et «diskimplants» sont Autres artéfacts métalliques
situées strictement à la hauteur des cou- moins sujets à ces artéfacts. (Figs. 9 et 10)) • Objets métalliques se situant dans le
ronnes du fait du caractère horizontal du • Implants aiguille champ du faisceau de rayons X : essentiel-
centre du faisceau, parallèle en général au Devenus rares, ils rendent impossible l’in- lement les piercings et les boucles d’o-
plan occlusal. Ces artéfacts de couronne terprétation en scanner et apparaissent reilles, à ôter si possible avant l’examen.
sont cependant peu ou pas gênants en im- moins susceptibles aux artéfacts en cone (Fig. 12)
plantologie car ils se situent généralement beam. (Fig. 11)
• Fausses images lacunaires, pouvant mi-
mer une carie ou une résorption coro-
naire ou radiculaire, souvent à proximité
a b
d’un amalgame ou d’une prothèse métal-
lique. Le diagnostic n’est parfois possible Fig. 11 : Scanner (a: crête invisible) et cone beam
Suite page 14 $ (b: crête bien dessinée).

Fig. 8 : « Echo de bord » : effet de bord implantaire (implants en 14 et 16) répétés sur les reconstructions
adjacentes de la région de 15.
Fig. 12 : Boucles d’oreilles : artéfacts sur tous les plans et même en 3D.
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Fig. 13 : Pseudo-carie due à une fausse image lacunaire artéfactuelle. Fig. 14 : Artéfacts cinétiques : flou et double contours. Interprétation impossible.

#Suite de la page 13
qu’en confrontant les différents plans de
reconstruction, sur lesquels l’image pa-
thologique peut sembler très différente
voire absente. (Fig. 13)

Artéfacts cinétiques
Ces artéfacts sont dus aux mouvements
a b
du patient et s’expriment sur l’image par
un dédoublement des contours des diffé- Fig. 15 : Artéfacts de cible sur coupes axiale (a) et
rentes structures. La définition de l’image orthogonale (b).
est alors dégradée par un flou cinétique im-
portant qui peut parfois être responsable
de mesures erronées. Ces artéfacts ciné- (jusqu’à 30 secondes pour le Morita Accui- Fig. 16 : Artéfact de contraste dû à un capteur mal calibré.
tiques sont plus fréquents qu’au scanner tomo F17* et le Newtom 5G*). Pour réduire
du fait des temps de pose plus longs les artéfacts cinétiques, il faut :

• des moyens de contention efficaces afin Les solutions pour atténuer ces artéfacts
de limiter les mouvements de la tête du sont la bonne calibration du couple tube-
patient: appuis ou « scratch » frontaux et détecteurs et, en cas d’échec, une mainte-
occipitaux, éventuellement pièce à mor- nance technique voire le remplacement
dre pour limiter les mouvements de la d’un capteur défectueux.
mandibule ; noter que l’immobilité du On distingue surtout les artéfacts de ci-
patient est nettement meilleure quand ble et les artéfacts de contraste.
celui-ci est allongé (95 % des images avec • Les artéfacts de cibles naissent d’un vide
des artéfacts imperceptibles), plutôt que d’informations au niveau des projections.
debout ou assis (68 % des images avec des Ils se voient essentiellement dans les par-
artéfacts imperceptibles) ; ties molles, sous forme de cercles d’inten-
• un temps d’acquisition le plus court pos- sité variable sur les coupes axiales, cen-
sible ; trés par l’axe de rotation et des lignes ver-
• une coopération du patient pour limiter ticales hypo ou hyperdenses sur les re-
les mouvements physiologiques (ainsi constructions verticales. (Fig. 15)
que la déglutition voire la respiration
quand le temps de pose est court). Pour • Les artéfacts de contraste s’observent en
des patients très jeunes ou atteints de cas de contraste important, par exemple
troubles neurologiques comme la mal- si un implant est exploré par un cone
adie de Parkinson et dans les cas où des ar- beam au capteur mal calibré : on note une
téfacts cinétiques rendent la lecture de différence de contraste accrue et brutale
l’examen cone beam délicate ou impossi- entre la bande d’image comprenant l’im-
ble, il est souvent préférable de prescrire plant et les bandes sus ou sous-jacentes.
en seconde intention un examen scano- (Fig. 16)
graphique à temps de pose ultra-court (1 à
4 secondes pour les scanners 64 barrettes
actuels).

Par ailleurs, les artéfacts cinétiques peu-


vent être parfois localisés seulement à une DOCTEUR
portion d’arcade : hémi maxillaire droit ou NORBERT BELLAÏCHE
gauche ou bien région antérieure. Si l’ex-
ploration porte sur une partie exempte Médecin Radiologue,
d’artéfacts, l’examen peut être validé. Diplômé de Radiologie
Enfin, les artéfacts cinétiques amplifient Maxillo-Faciale et d’IRM,
les artéfacts métalliques et inversement : Chargé de cours des Univer-
sités Paris VI, Paris XII,
les deux types d’artéfact se potentialisent.
d’Evry et d’Angers.
(Fig. 14) Ancien Attaché des
Hôpitaux de Paris.
Artéfacts de capteur Centre de Radiologie Dentaire Numérisée,
Les artéfacts de capteurs représentent 9 rue de Montalembert, 75007 Paris.
une faille au niveau de la détection: Site web : www.conebeamparis.com
• capteurs défectueux ; email:
• mauvais centrage du faisceau X par rap- norbertbellaiche@conebeamparis.com
port aux détecteurs : artéfacts de calibra-
tion.

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