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THE NATAN FOUNDATION 1
for the RESTORATION
of THE TEMPLE of JERUSALEM on its AUTHENTIC SITE
The Temple of Solomon Could not Stand
On its Water Tower
Préface 1
‐A‐ De la Mort dʹAlexandre en 323 av EC 15
a la Destruction de Jérusalem (Folder 1)
et du Temple des Juifs
par Titus en 70 EC
1/ Introduction 17
2/ Les Thèses Idéologiques du Monde Antique 21
favorables aux Juifs (Folder 1)
3/ Les Thèses Idéologiques du Monde Antique 37
hostiles aux Juifs (Folder 1)
4/ LʹEssence de la Confrontation Idéologique 49
entre les Païens et les Juifs (Folder 1)
‐ Polythéisme et Monothéisme ‐
5/ La Spécificité Idéologique des Juifs 55
‐ Avantages et Problématiques ‐ (Folder 1)
6/ Le Paradigme Idéologique Antique 65
de la nécessaire Expulsion (Folder 1)
ou de la nécessaire Élimination des Juifs
7/ La Confrontation Idéologique 73
entre les Païens et les Juifs (Folder 1)
sous la Domination des Lagides
‐ Les Ptolémées dʹÉgypte et la Septante ‐
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8/ La Confrontation Idéologique 79
entre les Païens et les Juifs (Folder 2)
sous la Domination des Séleucides
‐ La Tentative dʹÉlimination de la Religion Juive
par Antiochus Epiphane ‐
9/ LʹAvènement de la Dynastie des Hasmonéens en 164 85
‐ Alliance des Juifs avec les Romains ‐ (Folder 2)
10/ LʹIdéologie Juive en Question et en Reformation 93
‐ LʹAffrontement entre les Sadducéens et les Pharisiens ‐ (Folders 2‐3)
11/ La Dynastie Royale des Hasmonéens 141
du règne de Jean Hyrcan 135‐104 av. EC (Folder 3)
à la Conquête de Jérusalem par Pompée en 63 av. EC
12/ La Fin de la Puissance Hasmonéenne 159
‐ La Prise de Jérusalem par Pompée en 63 av. EC ‐ (Folder 4)
13/ L’Avènement de la Dynastie Hérodienne 171
‐ La Conquête du Pouvoir par Antipater, Père dʹHérode ‐ (Folder 4)
14/ La Prise du Pouvoir par Hérode, 185
fils de lʹIduméen Antipater (Folder 4)
15/ Le Règne dʹHérode (40 ‐ 4 av.EC) 201
(Folder 4)
16/ La Décision dʹHérode de construire 225
le nouveau Temple des Juifs a Jérusalem (Folder 5)
___________________________________________________________________________________
17/ Histoire du Temple de Jérusalem 235
‐ La Tente de la Rencontre de Moise ‐ (Folder 5)
18/ Histoire du Temple de Jérusalem 243
‐ Le Temple de Salomon ‐ (Folder 5)
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19/ Histoire du Temple de Jérusalem 265
‐ Le second Temple de Zorobabel et Yechoua ‐ (Folder 5)
20/ Histoire du Temple de Jérusalem 275
‐ Le troisième Temple dʹHérode ‐ (Folder 6)
21/ Histoire du Temple de Jérusalem 289
‐ Le troisième Temple dʹHérode ‐ (Folder 6)
‐ La Plate‐Forme du Sanctuaire ‐
22/ Histoire du Temple de Jérusalem 299
‐ Le troisième Temple dʹHérode ‐ (Folder 6)
‐ Les Parvis du Temple ‐
23/ Histoire du Temple de Jérusalem 305
‐ Le troisième Temple dʹHérode ‐ (Folder 6)
‐ Le Bassin des Purifications et lʹAutel des Sacrifices ‐
24/ Histoire du Temple de Jérusalem 309
‐ Le troisième Temple dʹHérode ‐ (Folder 6)
‐ Le Porche du Temple ‐
25/ Histoire du Temple de Jérusalem 317
‐ Le troisième Temple dʹHérode ‐ (Folder 6)
‐ Le Temple ‐
___________________________________________________________________________________
26/ Après la Mort dʹHérode le Grand en 4 av. EC (Folder 7 ) 341
27/ De la Mort dʹHérode le Grand en 4 av. EC 345
a la Mise sous Tutelle Romaine Directe de la Judée en 6 EC (Folder 7)
28/ La Judée placée directement sous la Tutelle Romaine en 6 EC (Folder 7) 359
29/ La Judée sous le Procurateur Ponce‐Pilate de 27 a 37 EC (Folder 7) 377
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30/ Jésus (Folder 8) 393
31/ Caligula, Empereur Romain, de 37 a 41 EC 417
‐ Agrippa, Roi des Juifs, de 41 à 44 EC ‐ (Folder 9)
‐ Claude, Empereur Romain, de 41 a 54 EC ‐
32/ Les Romains, les Païens, les Juifs et les Chrétiens 465
avant la Guerre des Juifs contre les Romains (Folder 10)
33/ Les Procurateurs Romains en Judée 481
de la Mort dʹAgrippa I (Folder 10)
aux débuts de la Guerre des Juifs contre les Romains
34/ La Guerre des Juifs contre les Romains 519
66‐70 EC (Folder 11)
35/ Triomphe et Mort de Titus 70‐81 EC 583
(Folder 12)
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‐ B ‐ De la Destruction 605
de Jérusalem et du Temple des Juifs (Folder 13)
par Titus, en 70 EC,
a la Disparition du Site du Temple,
et a la Création dʹAelia Capitolina
par Hadrien, en 135 EC.
1/ Disparition de la Classe Sacerdotale et des Sadducéens 607
‐ La Prise du Pouvoir par les Pharisiens (Folder 13)
et le Sauvetage de la Religion Juive
par Yohanan ben Zaccai (20‐95 EC) ‐
2/ La Prise du Pouvoir par Rabban Gamaliel II 637
et lʹÉtablissement du Régime du Patriarcat Juif (Folder 14)
‐ LʹOeuvre de lʹAcadémie de Yabneh de 70 a 135 EC ‐
3/ Le Règne de Domitien de 81 a 96 EC 671
‐ Rabbi Akiba (45‐135 EC) ‐ (Folder 15)
‐La Révolte des Juifs contre Trajan,
Empereur Romain de 98 a 117 EC ‐
4/ LʹEmpereur Hadrien (76‐138) (Folders 16‐17‐18) 727
5/ La dernière grande Révolte des Juifs contre les Romains
menée par Bar Kokhba (132‐135) (Folders 19‐20‐21) 825
‐ LʹArasement de la Colline du Temple ‐
‐ La Création dʹAelia Capitolina par Hadrien,
et lʹExpulsion Définitive des Juifs de Jérusalem en 135 ‐
6/ La Grande Persécution des Juifs lancée par Hadrien 925
en Judée (Folder 21)
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‐ C ‐ De la Disparition du Site du Temple, 935
et de la Fondation dʹAelia Capitolina (Folder 22)
par Hadrien, en 135,
jusquʹa la veille de la Conquête de Jérusalem
par les Musulmans, en 638.
1/ Aelia Capitolina, Colonie Païenne 937
sous la Dynastie des Antonins (Folder 22)
de 135 a la mort de Commode en 192
2/ Aelia Capitolina Colonie Païenne 973
sous la Dynastie des Sévères (Folders 23‐24‐25)
‐ de lʹAvènement de Septime Sévère en 193
à la mort dʹAlexandre Sévère en 235 ‐
3/ Les Rapports entre les Juifs de Palestine et les Romains 1.035
sous les Antonins et les Severes de 135 à 235 (Folder 26)
4/ LʹÉtablissement du Corpus de la Mishnah 1.087
sous lʹImpulsion et/ou sous la Direction (Folders 27‐28)
du Patriarche Juda Ha‐Nassi (135 ? ‐ 220 ?)
5/ Les Juifs et le Site du Temple de Jérusalem 1.129
sous le règne des Antonins et des Sévères de 135 a 235 (Folder 29)
6/ LʹAvènement du Christianisme 1.145
et son Influence déterminante sur la Localisation (Folder 29)
du Site Présumé de lʹAntique Temple des Juifs
7/ Avènement du Christianisme 1.179
et son Influence déterminante sur la Localisation (Folder 30)
du Site Présumé de lʹAntique Temple des Juifs
‐ La Transmutation Christique ‐
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8/ Avènement du Christianisme 1.223
et son Influence déterminante sur la Localisation (Folder 31)
du Site Présumé de lʹAntique Temple des Juifs
‐ Jésus et le Temple ‐
9/ Avènement du Christianisme 1.237
et son Influence déterminante sur la Localisation (Folder 31)
du Site Présumé de lʹAntique Temple des Juifs
‐ Les Juifs et les Judéo‐Chrétiens des premiers Temps ‐
10/ Les Premiers Affrontements 1.245
entre le Christianisme et le Pouvoir Romain Païen (Folder 31)
11/ Les Secousses Anarchiques de lʹEmpire Romain 1.261
au 3ème siècle, (Folder 32)
Avec la poussée contraire de deux Plaques Tectoniques
dʹIdéologies inconciliables :
Le Polythéisme Païen et le Monothéisme Chrétien
12/ Les Conséquences de la Crise de lʹEmpire Romain 1.281
au 3ème siècle (Folder 33)
sur les Juifs de lʹOrient Romain, sur les Juifs de Palestine,
sur Jérusalem, et sur le Site Présumé du Temple
13/ Débuts du Talmud de Jérusalem 1.297
‐ Tosefta et Fonds des Midrashim Anciens ‐ (Folder 33)
14/ Les Juifs et le Site du Temple de Jérusalem 1.313
au 3ème siècle (Folder 34)
15/ Le dernier grand Sursaut Païen 1.329
avec Dioclétien (245‐313) Empereur de 284 a 305 (Folder 35)
16/ Les Débuts de la Victoire du Christianisme 1.353
avec Constantin, Empereur Romain de 306 a 337 (Folders 36‐37)
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17/ La Création par Constantin 1.403
de la nouvelle Capitale Pagano‐Chretienne (Folder 37)
de lʹEmpire Romain : Constantinople (a partir de 326 ?)
18/ Constantin et le Saint‐Sépulcre de Jérusalem 1.423
(Folder 38)
19/ Constantin et les Juifs 1.441
(Folder 38)
20/ La Dernière réaction Païenne de lʹEmpire Romain 1.461
avec Julien, Empereur de 360 a 363 (Folder 39)
‐ Le Combat Idéologique de Julien ‐
21/ La dernière Tentative de Reconstruction du Temple 1.491
par Julien et par les Juifs en 363 (Folder 40)
22/ La Mort de Julien en 363 1.533
Prélude a lʹAgonie du Paganisme (Folder 41)
23/ LʹInvention de la Croix de la Crucifixion du Christ 1.553
‐ La Germination de la Démocratie ‐ (Folder 41)
24/ De la Mort de Julien en 363 1.571
a la Conquête de Jérusalem par les Perses et les Juifs, en 614 (Folders 42‐43)
25/ LʹÉphémère Conquête de Jérusalem 1.623
par les Perses et les Juifs, en 614 (Folder 43)
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‐ D ‐ ‐ De la Prise de Jérusalem 1.635
par le Calife Omar, en 638, (Folder 44)
et de la Décision des Musulmans,
de sʹapproprier le Site présumé
du Temple des Juifs
pour y bâtir la Mosquée Al‐Aqsa,
‐ jusquʹaux Croisades (1096‐1291)
1/ ‐ Mahomet (Muhamad) et lʹIslam 1.637
‐ Les Sources Premières ‐ (Folder 44)
2/ ‐ Mahomet et lʹIslam ‐ 1.665
LʹEnvironnement Païen du Temps de Mahomet (Folder 45)
et des Débuts de lʹIslam en Arabie
3/ ‐ Mahomet et lʹIslam ‐ 1.679
LʹEnvironnement Juif et Chrétien (Folder 45)
de Mahomet et des Débuts de lʹIslam en Arabie
4/ ‐ Mahomet et lʹIslam ‐ 1.687
‐ Les Moyens de la Prédication de Mahomet ‐ (Folders 45‐46)
5/ ‐ Mahomet et lʹIslam ‐ 1.743
‐ Les Lignes de Force de la Prédication de Mahomet ‐ (Folder 47)
‐ La Fin du Monde, La Résurrection des Morts,
et le Jugement Dernier ‐
6/ ‐ Mahomet et lʹIslam ‐ 1.757
‐ Les Lignes de Force de la Prédication de Mahomet ‐ (Folder 47)
‐ LʹEnfer et le Paradis ‐
7/ ‐ Mahomet et lʹIslam ‐ 1.779
‐ Les Lignes de Force de la Prédication de Mahomet ‐ (Folder 48)
‐ La Toute Puissance des Prophètes Juifs : Moise ‐
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8/ ‐ Mahomet et lʹIslam ‐ 1.803
‐ Les Lignes de Force de la Prédication de Mahomet ‐ (Folder 48)
‐ La Toute Puissance des Prophètes Juifs : Abraham ‐
9/ ‐ Mahomet et lʹIslam ‐ 1.817
Lʹéchec de la Prédication de Mahomet a La Mecque (Folder 49)
(de 610 a 622)
10/ ‐ Mahomet et lʹIslam ‐ 1.839
La Fuite vers Médine : Hégire : 622 (Folder 50)
11/ ‐ Mahomet et lʹIslam ‐ 1.849
‐ Mahomet et les Rabbins de Médine ‐ (Folder 50)
Le Changement de la Direction de la Prière Musulmane
du Temple de Jérusalem vers la Kaaba de La Mecque
12/ ‐ Mahomet et lʹIslam ‐ 1.883
Les Conquêtes de Mahomet (Folder 51)
jusquʹà la Liquidation des Rabbins et des Juifs de Médine
et lʹAsservissement des Juifs dʹArabie
de 622 a 628
13/ ‐ Mahomet et lʹIslam ‐ 1.907
‐ La Conquête dʹArabie par Mahomet : 628‐632 ‐ (Folders 51‐52)
‐ Mahomet, Jésus et Marie ‐
14/ ‐ Mahomet et lʹIslam ‐ 1.935
La Victoire Complète de Mahomet en Arabie (Folder 52)
628‐632
15/ ‐ Mahomet et lʹIslam ‐ 1.951
‐ Mahomet et les Femmes ‐ (Folder 53)
16/ ‐ Mahomet et lʹIslam : Conclusion ‐ 1.983
‐ La Guerre Sainte : DJihad – (Folder 54)
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17/ Les deux Premiers Califes : 1.995
Abu Bekr (632‐634) (Folder 55)
Omar ben Khattab (634‐644)
18/ La Prise de Jérusalem par Omar en 638 2.011
‐ LʹAppropriation par les Musulmans (Folders 55‐56)
du Site Présumé du Temple des Juifs ‐
19/ La Dynastie des Califes Omayades 660‐750 2.063
et La Transformation de Jérusalem (Folders 56‐57)
en Sanctuaire de lʹIslam
20/ La Dynastie des Califes Abbassides 2.105
‐ avec Pouvoir réel : 750‐861 ‐ (Folders 57‐58)
‐ avec Pouvoir amoindri : 861‐945 ‐
(Par la suite : Pouvoir Religieux Honorifique)
‐ La Dynastie des Califes Fatimides 909‐1171
21/ ‐ Les Sources Juives ‐ 2.123
‐ La Situation des Juifs a Jérusalem (Folder 58)
depuis la Conquête Musulmane
jusquʹaux Croisades ‐
22/ La Situation des Chrétiens a Jérusalem 2.149
après la Conquête Musulmane : (Folder 59)
‐ Les Prolégomènes des Croisades ‐
23/ Le Barrage Chrétien 2.175
a lʹagression du DJihad Mahométan, universel et perpétuel : (Folder 60)
‐ La Définition de la Guerre Sainte Chrétienne :
La Première Croisade : 1095‐1099 ‐
24/ ‐ Les Royaumes Latins d’Orient de 1099 a 1291 ‐ 2.217
‐ La Reconquête de Jérusalem par Saladin, en 1187 ‐ (Folders 61‐62)
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‐ E ‐ De la Reconnaissance Unanime 2.261
de lʹancien Site présumé du Temple des Juifs, (Folder 63)
par les trois Religions Monothéistes,
et par les Archéologues du 19ème siècle
De la Démonstration de cette Erreur,
dont les Preuves ont été préservées
par les Musulmans, gravées
dans la Roche du sous‐sol du Haram
1/ Historique du Mur Occidental des Lamentations : 2.263
de 638 à 1517 (Folder 63)
2/ LʹInvention du Mur Occidental des Lamentations 2.289
au 16ème et 17ème siècle (Folder 63)
‐ Jérusalem sous la Domination des Ottomans
de 1517 a 1917 ‐
3/ Le Site Présumé du Temple 2.301
Et les Archéologues du 19ème siècle (Folder 64)
4/ ‐ Le Fonctionnement du Temple des Juifs ‐ 2.325
‐ Les Principes Généraux des Rites de Purification (Folder 65)
par les Eaux Vivantes ‐
5/ ‐ Le Fonctionnement du Temple des Juifs ‐ 2.341
‐ Les Rites de Purification par Immersion dans les Eaux Vivantes (Folder 65‐66)
pour la Classe Sacerdotale et le Grand‐Prêtre ‐
6/ ‐ Le Fonctionnement du Temple des Juifs ‐ 2.381
‐ Les Rites des Sacrifices dʹAnimaux ‐ (Folder 66)
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7/ Les Témoignages extra‐Rabbiniques 2.393
sur lʹApprovisionnement du Temple de Jérusalem (Folder 66)
en Eaux de Lavage sous Pression
et en Eaux Vivantes issues de Sources
8/ ‐ Les Principes du Système dʹAdduction dʹEau 2.405
du Temple de Jérusalem ‐ (Folder 67)
‐ Premières Explorations Archéologiques et Relevés
dans le Sous‐sol Rocheux du Haram
9/ ‐ Le Système dʹAdduction dʹEau 2.435
du Temple de Jérusalem ‐ (Folder 68)
‐ en Eaux Vivantes issues de Sources ‐
‐ et en Eaux de Lavage sous Pression ‐
‐ Les Aqueducs ‐
10/ ‐ Le Système dʹAdduction dʹEau 2.473
du Temple de Jérusalem (Folder 69)
‐ en Eaux Vivantes issues de Sources ‐
‐ et en Eaux de Lavage sous Pression ‐
‐ Le Réseau des Citernes Souterraines du Haram
‐ Présentation dʹEnsemble ‐
11/ ‐ Le Système dʹAdduction dʹEau 2.493
du Temple de Jérusalem (Folder 70‐71)
‐ en Eaux Vivantes issues de Sources ‐
‐ et en Eaux de Lavage sous Pression ‐
‐ Le Réseau des Citernes Souterraines du Haram ‐
‐ Étude Détaillée et Chronologique ‐
Postface 2.555
(Folder 71)
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Le Temple de Salomon
ne pouvait pas se dresser
sur son Château dʹEau
Préface
Sʹil sʹavère relativement « aisé » de découvrir que, en réalité, le Temple des Juifs à Jérusalem
ne pouvait, en aucun cas, sʹêtre dressé sur le ʺHaram esh‐Cherifʺ des Musulmans (Esplanade
des Mosquées = ʺDôme du Rocherʺ et Mosquée ʺAl‐Aqsaʺ) par contre, il est extrêmement
ardu de décrire et dʹexpliquer comment une telle erreur a pu se mettre en place, sʹenraciner,
se développer et se fortifier jusquʹau point de réunir un Consensus général, y compris dans
la Communauté Scientifique et Archéologique.
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‐I‐
Il sʹavère, en effet, relativement « aisé » de démontrer que le Temple des Juifs à Jérusalem
(cʹest à dire, successivement, le premier Temple de Salomon, le second Temple de Josué et de
Zorobabel, le troisième Temple dʹHérode) ne pouvait pas sʹêtre dressé sur le ʺHaramʺ,
Esplanade actuelle des Mosquées = ʺDôme du Rocherʺ et Al‐Aqsaʹ, une fois que lʹon recourt
à une nouvelle Méthodologie Archéologique, que nous proposons dans le présent Ouvrage,
et qui est constituée par deux Vecteurs de reconstitution essentiels :
Ces deux Vecteurs fondamentaux de recherche, pour diverses raisons complexes, ne furent
pas utilisés par les Archéologues du 19ème siècle, alors quʹils ont été les seuls Archéologues
de lʹHistoire qui furent jamais autorisés, et ce, durant une brève période dʹune cinquantaine
dʹannées, à explorer le Sous‐sol rocheux du ʺHaramʺ, et à y procéder à des Relevés précis.
Ces deux Vecteurs essentiels de recherche, qui furent, ainsi, totalement négligés par ces
Archéologues du 19ème siècle, sont :
(A)‐ dʹordre Religieux, et découlent des Prescriptions de la Torah (Pentateuque),
(B)‐ dʹordre Géologique, et leurs empreintes quasi génétiques en ont été, intégralement et
fidèlement, préservées dans la Roche vive du Sous‐sol du Haram :
Ces deux Vecteurs de la Méthodologie, mise en oeuvre dans le présent Ouvrage, se
présentent de la façon suivante :
‐ Vecteur (A) d’ordre Religieux ‐
LʹObligation Religieuse impérative de faire circuler, à la surface‐même du Sanctuaire Juif,
des Eaux rituellement validées par le Flux essentiel des Eaux Vivantes, issues de Source, ce
Flux permanent ne pouvant être ni stocké dans un récipient, ni manipulé par un récipient
pour ce qui concerne les Eaux du Bassin Purificatoire (ʺMikwehʺ).
Cet indispensable Flux permanent des Eaux Vivantes provenait des Sources dites dʹEtam,
situées dans la Région entre Hebron et Bethléem. Ces Eaux de Sources en étaient
transportées par Aqueduc jusquʹà Jérusalem, et constituaient le seul moyen de Purification
suprême, qui était exigée comme condition préalable à tout déroulement du Culte dans le
Temple.
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Pour ce qui concerne cette Purification, qui était exigée au sein‐même du Sanctuaire, ce Flux
des Eaux Vivantes issues de Source était destiné aux principales catégories suivantes :
‐a/‐ Ce Flux des Eaux Vivantes était destiné, en premier lieu, et avant toute chose, à la
Purification du Grand‐Prêtre, qui se déroulait dans deux Bassins (ʺMikwehʺ), situés à
lʹintérieur du Sanctuaire Hérodien, à savoir :
‐ un Bassin (ʺMikwehʺ), à lʹétage supérieur de la Salle Parvah, au nord,
‐ un autre Bassin (ʺMikwehʺ), à lʹétage supérieur de la Porte des Eaux, au sud (une ʺPorteʺ
étant, également, un Édifice).
Cette Purification du Grand‐Prêtre, par Immersion dans des Eaux qui devaient
impérativement être validées par un Flux, ininterrompu, des Eaux Vivantes, issues de
Source et non stockées, devait sʹaccomplir au sein même du Territoire Sacré du Sanctuaire,
car cette Purification absolue constituait la condition essentielle pour la Validité de tout le
Culte dans le Temple.
Ainsi, par exemple, une fois lʹan, le Jour de Kippour, le Grand Pardon qui serait
éventuellement accordé par lʹÉternel à tout Israël, dépendait de lʹexacte Conformité du
Grand‐Prêtre aux Lois de la Purification, appliquées en leur degré suprême.
‐b/ ‐ Ce Flux des Eaux Vivantes était destiné, en second lieu, à la Purification des Prêtres
(parfois des milliers), durant le déroulement du Culte, grâce aux Eaux rituellement validées,
qui étaient amenées par un Canal, qui passait à lʹintérieur des murs du Temple Hérodien
jusquʹau vaste Bassin dʹAirain, situé vers le sud, entre le Temple et lʹAutel des Sacrifices.
(Sur ce sujet particulier du Bassin dʹAirain, ainsi alimenté par des Eaux sacralisées par leur
passage dans le Temple, et afin de tenter de mettre en conformité les Préceptes Bibliques et
lʹimplacable réalité du Haram, une Légende Aggadique, extrêmement laborieuse et
irréaliste, fut échafaudée, par certains Rabbins de Babylone en contradiction avec les Rabbins
de Palestine, en expliquant que ce monumental récipient, appelé ʺLa Mer dʹAirainʺ, et qui
pesait une centaine de tonnes, aurait été immergé, chaque soir, à une quinzaine de mètres de
profondeur, dans une nappe dʹeau stagnante et non validée par le Flux des Eaux de Source,
cʹest à dire non valable pour la Purification des Prêtres, et que, chaque matin, cette centaine
de tonnes dʹeaux, impropres au Culte, aurait été remontée, à lʹaide dʹun treuil, par un ou
quelques Prêtres, doués, vraisemblablement, dʹune force plus quʹherculéenne.)
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‐c/ ‐ Ce Flux des Eaux Vivantes était destiné, en troisième lieu, à la Purification de divers
Pèlerins, dans des Mikwehs (Mikwaoth) qui étaient situés à lʹintérieur‐même du Sanctuaire
Hérodien, comme, par exemple, dans la Salle dite des Lépreux.
‐d/ ‐ Ce Flux des Eaux Vivantes était destiné, en quatrième lieu, à la Purification des divers
Objets du Culte, ainsi quʹà la Purification de lʹAutel des Sacrifices.
‐e/ ‐ Ce Flux des Eaux Vivantes était finalement destiné au Lavage Purificatoire des carcasses
et des morceaux découpés des Animaux sacrifiés, au Lavage Purificatoire des étals et des
ustensiles de la grande ʺBoucherieʺ sacrificielle du Temple, pouvant impliquer lʹimmolation
rituelle de dizaines de milliers dʹanimaux à l’occasion de grandes Solennités.
Par ailleurs, un Texte Judéo‐Égyptien, intitulé ʺLettre dʹAristée à Philocrateʺ, qui décrit, entre
autres, le Fonctionnement du Temple de Jérusalem, indique que les Prêtres faisaient jaillir, à
volonté, des Eaux sous forte pression, à la surface‐même du Parvis du Temple, afin dʹen
évacuer le sang et immondices des innombrables animaux sacrifiés.
‐ Vecteur (B) d’ordre Géologique ‐
LʹÉtude Géologique des Nivaux dʹAltitude des Radiers (= surface du sol) des gigantesques
Citernes souterraines du Haram, ainsi que ceux des Canaux et Conduits souterrains qui
interconnectaient toutes ces Citernes, en un vaste Réseau Hydraulique Unifié au sein de la
roche imperméable du sous‐sol du Haram, n’a pas été entreprise par les Archéologues du
19ème siècle qui furent les seuls scientifiques ayant eu l’opportunité unique de pouvoir la
réaliser :
Le vaste Dispositif Hydraulique, installé en Amont du Temple dans le Sous‐sol rocheux de
lʹAntique Citadelle Juive (Haram) qui surplombait et protégeait le Temple, était constitué
par une Cascade de gigantesques Citernes‐réservoirs souterraines, pouvant contenir une
cinquantaines de millions de Litres dʹEau.
Ces Citernes géantes, dʹune part, recueillaient et stockaient les Eaux de pluies, et dʹautre
part, établissaient, entre elles; un courant ininterrompu dʹEaux qui devait sʹécouler en
permanence vers lʹAval, cʹest à dire vers le Sanctuaire :
En effet, durant cette course incessante vers le Sanctuaire Juif, toutes les Eaux devaient,
progressivement, être, IMPÉRATIVEMENT ʺvalidées et fécondéesʺ par le Flux des Eaux
Purificatrices des Sources, apportées par lʹAqueduc dʹEtam, afin dʹêtre, en permanence,
valables pour le Culte.
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Les Archéologues du 19ème siècle, pour diverses raisons, furent tellement hypnotisés par la
Plate‐forme interne du Dôme du Rocher, comme constituant le Site évident et irréfutable du
Temple des Juifs, que pas un seul de ces Archéologues nʹeut le très simple réflexe
scientifique de relever les niveaux dʹaltitude des Radiers des Citernes géantes et
Canalisations souterraines du Haram, quʹils avaient lʹopportunité de pouvoir explorer, ni
nʹeut le réflexe de placer le niveau dʹAltitude de ces Radiers en regard du niveau dʹAltitude
de lʹAqueduc dʹEtam, et en regard de lʹEmplacement qui en résultait forcément et
mathématiquement pour la Plate‐Forme du Sanctuaire des Juifs.
Or, dans la Technologie Hydraulique de lʹAntiquité, qui ne disposait dʹaucune source
dʹénergie domestiquée, cʹétait toujours lʹAltitude du Radier de tout Aqueduc, ou de tout
réseau dʹAqueducs, ainsi que des Citernes Réceptrices qui déterminait la pente obligée
permettant la course des Eaux par simple gravitation.
Et cette pente recherchée, ou autorisée par la roche vive, permettait aux Ingénieurs
Hydrauliciens de l’Antiquité de spécifier avec précision les caractéristiques de tous les
éléments qui allaient être mis en place, par les techniciens et ouvriers, pour constituer le
Dispositif Hydraulique recherché.
Cʹest ainsi que, se trouvant totalement inhibés par le Dogme, devenu Postulat quasi‐
scientifique, qui stipulait que le Temple des Juifs sʹétait naguère dressé sur la Plate‐forme
interne du Dôme du Rocher, les Archéologues du 19ème siècle ne considérèrent même pas la
possibilité dʹenvisager que le Dispositif Hydraulique extrêmement sophistiqué, quʹils
découvraient, aménagé en cascades dans le Sous‐sol rocheux du Haram, pourrait avoir été,
délibérément et scientifiquement, conçu de la sorte, afin justement de pouvoir stocker les
Eaux en Amont du Temple, puis de les y faire couler, ces Eaux étant ainsi constamment
grâce à cet ingénieux système, religieusement, ʺvalidéesʺ.
Cʹest à dire dʹenvisager, simplement, que le Sanctuaire des Juifs se serait dressé, non pas sur
le Haram (Esplanade des Mosquées = ʺDôme du Rocherʺ et ʺAl‐Aqsaʺ, mais sur une Plate‐
forme, située en Aval du Haram, et qui fut totalement arasée par lʹEmpereur Hadrien, en
135.
En quelque sorte, les Archéologues du 19ème siècle sous‐estimèrent, pour ce qui concerne
spécifiquement le Temple des Juifs, le niveau général dʹInnovation incessante de la
Technologie Hydraulique dans lʹAntiquité, alors que lʹArchéologie, par ailleurs, en livre des
exemples étonnants, répartis dans la plupart des lieux dʹéclosion des Civilisations.
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Le Dispositif Hydraulique du Sous‐sol du Haram fut, donc, considéré dʹemblée par les
Archéologues du 19ème siècle, comme un Dispositif Statique, composé de divers Puits de
ʺpuisageʺ, alors, que, en réalité, le Système Hydraulique du Temple des Juifs ne pouvait
avoir été conçu, de par les Impératifs incontournables des Prescriptions Bibliques, que
comme un Système Hydraulique Dynamique.
De surcroît, les Archéologues du 19ème siècle, en admirant le très vaste espace du Haram,
sʹempressèrent dʹoublier, en quelque sorte, que Flavius Josèphe, lʹHistorien Juif, issu d’une
famille de Prêtres, qui avait assisté personnellement à la Destruction du Temple en 70, et qui
avait décrit, en les magnifiant sans cesse, toutes ses splendeurs détruites, avait, néanmoins,
spécifié avec la plus grande précision, que la Plate‐forme carrée qui soutenait le Temple, ne
mesurait, très modestement, que 180 mètres de côté (comparée au rectangle de l’Esplanade
des Mosquées (Haram) qui mesure 500 mètres de longueur approximativement, et 280
mètres de largeur précisément au rempart sud qui, de par sa nature compacte originelle, est
incompressible rétroactivement.
Néanmoins, et heureusement, ces mêmes Archéologues du 19ème siècle étaient, dans
lʹensemble, tellement méticuleux et tellement talentueux, que leurs Relevés et leurs Mesures
permettent, dans le cadre du présent Ouvrage, de calculer, et de reconstituer, avec une assez
grande précision, les niveaux dʹAltitude de tous les Radiers de la grandiose Installation
Hydraulique du Sous‐sol rocheux du Haram.
Et cʹest, donc, grâce à leurs Relevés irremplaçables, que lʹon peut, finalement, constater que
ce vaste et complexe Dispositif Hydraulique souterrain, constituant une Réserve,
permanente et sans cesse renouvelée, dʹune cinquantaine de millions de litres dʹEau, fut, en
réalité, spécifiquement conçu pour alimenter, dʹun Flux perpétuel, et en Aval du Haram, la
Plate‐Forme disparue du Temple Juif, avec, dʹune part, les nécessaires eaux de lavage sous
pression, permettant dʹévacuer le sang et les déjections des dizaines de milliers dʹanimaux
sacrifiés, et dʹautre part, et surtout, les indispensables et perpétuelles Eaux Vivantes de
Purification, issues de Sources, sans lesquelles le Culte Juif dans le Temple nʹaurait pu se
dérouler devant lʹÉternel.
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‐II‐
Mais avant de pouvoir conduire cette Démonstration, de type Religieux, Archéologique,
Géologique et Hydraulique, force est de reconnaître quʹil sʹavère nécessaire, et en préalable
absolu, dʹexaminer les composantes de la Certitude unanime qui sʹest durablement cimentée
dans lʹInconscient Collectif, à travers les siècles, et qui a établi, sans aucune sorte de doute
possible, la Conviction, intime et visuelle, que le Temple des Juifs sʹétait, jadis, dressé sur le
Haram des Musulmans.
Cʹest à dire que, face à un mur compact et cimenté de Conviction inébranlable, il nous faut
re‐examiner chacune des pierres constituant ses Fondations.
Ainsi, nous sommes comme contraints de reprendre lʹEnchaînement Historique des
Événements, afin de tenter de discerner, et de mettre à jour, les successives Stratégies
secrètes ou concertées, les Concours de circonstance ou les Consensus opportuns, qui
jouèrent un rôle décisif, pour assigner, au Temple de Jérusalem disparu, un Emplacement
erroné.
En dʹautres termes, il nous faut présenter une nouvelle Histoire des Événements, illustrée,
révélée; et guidée par lʹHistoire méconnue des Idéologies, sans lʹinterprétation de laquelle, le
cours des Événements apparaît, parfois, comme un chaos de fureurs, quasi‐inexplicables.
Cʹest à dire que nous allons devoir traquer, dans lʹHistoire établie, les pans qui sont restés
dans lʹombre, soit, par volonté délibérée de certains Gouvernants, qui, de tout temps, sont
amenés, parfois, à privilégier des Actions secrètes ou clandestines, soit, par récupération
collective de Consensus, infondés mais appropriés, lorsque ces Consensus permettent à
certains groupes de pression de satisfaire leurs Attentes et dʹasseoir leur Pouvoir, soit,
encore, par des simples Concours de circonstances qui, pour des raisons, parfois inconnues,
laissent des Événements déterminants dans une complète obscurité.
Aussi, cette nouvelle Histoire du Peuple Juif et de son Temple, que nous allons présenter,
comportera de nombreux Éclairages, radicalement inédits, comme par exemple, sur certains
Personnages qui ont joué un rôle‐clé, dans son Déroulement et dans son Destin, tels, entre
autres, Hérode, Hadrien, Constantin, Julien, Cyrille de Jérusalem, Mahomet, Abd el‐Malik,
etc.
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En effet, cette nécessaire Reconstitution de certains Épisodes dʹune Histoire, restée, par
endroits, tapie dans lʹobscurité de ses Fondations, cachées, ou dissimulées, ou ignorées, nous
amène, souvent, en réalité, à devoir re‐examiner la Confrontation Idéologique permanente,
dans laquelle le Judaïsme, et par voie de conséquence, son Temple et son Site, se trouva,
constamment et violemment, plongé, de par la nature et de par lʹinspiration de son Livre
Sacré.
Cette Confrontation Idéologique, qui allait déterminer le Destin du Peuple dʹIsraël, de son
Temple, et de son Site, se déroula en trois Étapes capitales, qui, chacune, à sa manière,
renforça davantage lʹisolement du Judaïsme, et aggrava une Judéophobie constante et
croissante :
‐A‐ La Confrontation Idéologique avec le Paganisme :
La Proclamation dʹun Dieu Unique, et le Refus marqué des Dieux qui reflétaient,
intuitivement, la richesse dʹun Ecosystème primitif, placèrent, dʹemblée, la Nation Juive à
lʹécart de la Civilisation Antique, sur le plan Idéologique.
De surcroît, le Refus et le Mépris des Idoles, exprimés par les Juifs, furent ressentis par les
Païens, comme une Agression permanente, implicite ou explicite, contre les Valeurs qui
fondaient leurs Civilisations, et qui constituaient le ciment de leurs Sociétés.
Cette Divergence fondamentale sʹaggrava jusquʹà prendre une tournure sanglante, lorsque
les Juifs refusèrent de reconnaître les Souverains Païens, comme les Dieux, qui auraient été
délégués par lʹensemble des Divinités Polythéistes pour diriger les Sociétés Antiques.
Cʹest à dire que, en refusant de reconnaître les Souverains Païens comme des Dieux, la petite
Nation Juive défiait, non seulement les ancestrales Valeurs Religieuses des Sociétés
Antiques, mais mettaient, également, en danger les Assises de leur Pouvoir Militaire et
Politique.
Ce fut le cas, en particulier, avec les Pharaons, avec les Empereurs Perses, avec les Rois
Séleucides, et avec les Empereurs Romains.
Les Dirigeants Romains, Titus, puis Hadrien, mirent, finalement, un terme définitif, à cette
obstinée Opposition Idéologique des Juifs, en faisant radicalement disparaître de Jérusalem,
leur Temple (Titus en 70) et sa Plate‐Forme (Hadrien en 135).
LʹEmpereur Hadrien fit araser complètement cette Plate‐Forme qui soutenait jadis le Temple
des Juifs, après avoir maté dans le sang la dernière Révolte des Juifs contre les Romains,
menée par Bar Kokhba en 135.
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Et, pour que nul ne puisse jamais témoigner de lʹEmplacement de cette Disparition, tous les
Juifs furent chassés de de Jérusalem, et Défense dut faite à tout Juif de sʹapprocher de la
Région de Jérusalem, sous peine de mise à mort immédiate.
Cette mesure fut appliquée avec la plus grande rigueur, durant un siècle et demi, la
vérification visuelle de la circoncision permettant de détecter facilement lʹintrusion
éventuelle de tout Juif.
Par ailleurs, Hadrien fit entièrement repeupler Jérusalem de Colons Païens.
Quant à la Plate‐Forme de la Citadelle Juive, qui jadis surplombait et protégeait le Temple,
elle devint le Champ de Manoeuvres, ʺCampusʺ, de lʹimportante Garnison Romaine,
installée à Jérusalem depuis Titus, à savoir, initialement, la ʺXème Légion Fretensisʺ.
‐B‐ La Confrontation Idéologique avec le Christianisme :
La Prédication du Juif, Jésus, qui était un Érudit en Écritures, se déroula dans le droit fil des
Prédications Prophétiques ancestrales, en donnant, toutefois, une forme populaire à
lʹutilisation des traditionnelles Paraboles incantatoires.
Et, également, de la même façon que les Prophètes, mais avec une insistance plus prononcée
et plus tournée vers la vie quotidienne des faibles et des démunis, Jésus réclama quʹune
place centrale et essentielle soit réservée au sein de la Société Juive à la Morale découlant du
des Tables de la Loi et du Livre Sacré.
Après la mort de Jésus, devenu Christ, lʹimpulsion prépondérante de quelques uns de ses
Apôtres et Disciples, dont en particulier, celle du Rabbin Paul, se mua en une volonté de
Captation, pleine et entière, de lʹHéritage Juif thésaurisé dans le Livre Sacré.
Cʹest à dire que, progressivement, dans chaque mot de ce Livre Sacré, le Sens propre fut
éclipsé par les Chrétiens, pour en extraire, avant tout, le Sens Spirituel, qui avait annoncé et
proclamé lʹAvènement du Christ et sa Prédication.
Comme cette Démarche de Spiritualisation du Livre Sacré en une Interprétation
exclusivement tournée vers la Proclamation du Christianisme; sʹavérait, au départ, et de
façon générale, plutôt vouée à lʹéchec auprès des Juifs, Paul décida, dès le début de son
Apostolat, dʹétendre la Prédication et la Conversion au monde Païen, dont de nombreuses
franges, comme celles défavorisées ou intellectuelles, se trouvaient, alors, à la recherche de
nouvelles Valeurs Morales, plus généreuses et plus fraternelles.
Le succès de lʹExpansion du Christianisme impliqua, dès lors, la Conversion croissante de
personnes qui ne connaissaient pas lʹHébreu, et qui firent, donc, la connaissance du Livre
Sacré des Juifs, au travers de Traductions, principalement Grecques dʹabord, Latines,
ensuite.
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De cette Expansion Chrétienne chez les Païens, résulta une situation paradoxale pour les
Juifs et pour leur Héritage Textuel :
Si les Chrétiens reconnaissaient aux Juifs lʹAuthenticité de leur conservation du Texte Sacré
originel, et se servaient, même, et entre autres, de la très haute Antiquité de ce Texte Sacré,
pour proclamer la Supériorité du Christianisme sur le Paganisme, dans le même temps, les
Chrétiens avançaient que, eux seuls, étaient capables dʹexploiter cet Héritage Sacré, car celui‐
ci avait été, certes, fidèlement préservé par les Juifs, mais dans le même temps, cet Héritage
était complètement dénaturé par un attachement, obstiné et uniquement charnel, de ces Juifs
à leur Texte Sacré :
En effet, selon les Chrétiens, eux, seuls, détenaient les véritables clés de déchiffrage de
lʹHéritage Spirituel qui avait été légué aux Juifs, aux seules fins, en réalité, dʹannoncer
lʹAvènement du Christianisme.
Ainsi, sans répit, dʹâges en âges durant lesquels se forgeait le Christianisme, se déroulait une
sourde et implacable guerre théologique, pour la Captation, ou pour lʹExploitation exclusive,
de lʹHéritage Juif :
Et, au cours de ces batailles incessantes, les Juifs refusaient, obstinément, de se ranger aux
arguments des Chrétiens, et leur opposaient la force incontournable de lʹExpression brute du
Texte, en sa Langue dʹorigine, qui, selon les Juifs, ne pouvait être que trahie par des
Traductions y recherchant des Sens figurés qui relevaient dʹInterprétations visant à se les
approprier.
A cette animosité théologique incessante, sʹajoutait le Reproche vivace des Chrétiens,
accusant les Juifs dʹavoir fait mourir leur Messie à Jérusalem.
Aussi, lorsque le Christianisme triompha définitivement du Paganisme avec Constantin, le
Site du Temple des Juifs disparu, brusquement, reprit toute sa vigueur, non pas comme le
Sanctuaire à venir, mais comme la marque, incontestable et spectaculaire, de lʹErreur des
Juifs qui rejetaient le Christ, et de la Punition Divine qui en découlait sur terre.
‐C‐ La Confrontation Idéologique avec lʹIslam :
Cʹest également à une Captation de lʹHéritage des Textes Sacrés des Juifs que Mahomet
voulut procéder.
Mais, comme il nʹen avait connaissance quʹau travers du Fonds légendaire, cʹest à dire au
travers des Récits Aggadiques transmis par les Rabbins, Mahomet se heurta rapidement à
une double Difficulté :
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En effet, grâce à lʹInfluence des Juifs de Médine, qui en formaient plus de la moitié de la
population, Mahomet avait pu trouver dans cette Ville, des partisans, déjà sensibilisés à une
Prédication monothéiste :
Ces Médinois lui avaient permis dʹéchapper à la mise à mort à La Mecque, et ils lui avaient
proposé de venir se réfugier à Médine (Hégire 622).
Là, les récits que Mahomet pouvait y entendre de la bouche des Rabbins, venant après les
récits quʹil avaient déjà pu écouter auparavant, lʹincitèrent, davantage encore, à souhaiter se
faire reconnaître par les Juifs, comme étant le nouveau Prophète, désigné pour les Arabes.
Or, Jésus, sʹil nʹécrivait pas, était néanmoins un Juif extrêmement érudit, ayant étudié les
Écritures Juives dès son enfance, et il maîtrisait si parfaitement les Textes Sacrés, quʹil
pouvait plonger dans lʹembarras les Prêtres, les Rabbins ou les Docteurs de la Loi, les plus
érudits.
Par contre, Mahomet, qui ne pratiquait ni la Lecture ni lʹÉcriture, ne pouvait avoir accès au
Texte authentique des Juifs dont il souhaitait, néanmoins, sʹapproprier les vertus.
Aussi, Mahomet, qui était doué dʹune excellente mémoire, et qui était un orateur incantatoire
de talent, déclarait‐il connaître les Textes Sacrés des Juifs au travers de ses seules Révélations
directes.
Celles‐ci, appelées, Sourates, et qui furent dʹabord, à La Mecque, extrêmement laconiques et
incandescentes, furent, très tôt, fidèlement enregistrées par écrit par certains Fidèles lettrés,
et ces Sourates prirent, progressivement, en particulier à Médine, une forme récitative de
plus grande ampleur.
Mais comme les Connaissances Prophétiques de Mahomet reposaient, en fait, sur les seuls
récits légendaires (Aggadiques), et non sur les Textes Sacrés des Juifs, Mahomet se trouvait,
complètement démuni et déstabilisé, face à la Dialectique des Rabbins :
En effet, lors de leurs Discussions à Médine, les Rabbins ne se privaient pas dʹopposer à
toutes les Proclamations de Mahomet, la force incontournable dʹun Texte authentique, dont
Mahomet nʹavait entendu que des bribes mythifiés par la Tradition Aggadique.
Aussi, après avoir vainement tenté de subjuguer, par la seule force de son Verbe
incandescent, les Rabbins de Médine, Mahomet en vint, après deux ou trois années dʹefforts
avortés, à la conclusion que, non seulement, il ne pourrait jamais convaincre les Rabbins de
sa nature Prophétique, mais que de surcroît, ces Rabbins représentaient, désormais, un
danger mettant en péril la réussite de sa Prédication.
Sʹétant constitué une troupe de Fidèles inconditionnels, et ayant amassé un trésor de guerre
par des razzias et pillages systématiques érigés en Dogmes Religieux, Mahomet décida,
alors, de se débarrasser définitivement des Juifs de Médine et de leurs Rabbins.
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Cʹest ainsi que, successivement, tous les membres de deux Tribus Juives, dont la plus
importante Tribu Juive de Médine, furent, spectaculairement égorgés, en Place Publique,
devant Mahomet, assis sur un siège placé au bord dʹune grande fosse quʹil avait fait creuser
à cet effet.
Les autres Tribus Juives de Médine saisirent assez rapidement le message, et tous les Juifs
finirent par fuir la Ville, en abandonnant leurs biens aux Musulmans.
Durant douze années, dont les quelques années où Mahomet avait, vainement, tenté de
rallier ces Juifs de Médine, la Prière des Mahométans était dirigée, à lʹinstar de celle de tous
les Juifs, vers le Temple disparu de Jérusalem.
Après sa Rupture décisive avec les Rabbins de Médine, Mahomet décréta que la Direction de
la Prière serait désormais la Kaaba Païenne de la Mecque, quʹil proclama, alors, avoir été
construite par Abraham et son fils illégitime, Ismaël.
Et, pour confirmer son Envergure Prophétique, Mahomet déclara, dans une Révélation
appropriée, quʹil avait fait un ʺVoyage Nocturneʺ, qui lui avait permis, en une nuit, de voler
jusquʹà Jérusalem, dʹy bénir lʹEnceinte du Temple, puis de revenir à Médine.
Par cette Proclamation Coranique en forme de prise de possession, le Site du Temple des
Juifs, devenait, implicitement, pour les Fidèles de Mahomet, la propriété des Musulmans.
Et cette Captation territoriale, plus efficace que lʹégorgement des Rabbins de Médine, allait
permettre dʹattester, davantage encore, de la Supériorité de la Révélation Orale Mahométane
sur le Texte Sacré Originel des Juifs.
Cʹest, en particulier, ce dont allait se rappeler, lʹun des fidèles Compagnons de Mahomet, un
personnage fruste mais efficace, le second Calife, Omar, lorsquʹil sʹempara de Jérusalem, et
quʹil pria, pour se conformer au souhait de Mahomet, sur ce quʹil pensait être le Site du
Temple disparu.
Et, à cet emplacement où le Calife Omar avait prié, en raison de la Sourate ʺLe Voyage
Nocturneʺ ou ʺLes Fils dʹIsraëlʺ, fut érigée la Mosquée, appelée ʺAl‐Aqsaʺ, en reprenant le
terme employé dans la‐dite Sourate fondatrice.
Par la suite, le Calife Omayade de Damas, Abd‐el‐Malik (685‐705) résolut de détourner les
Musulmans du Culte de la Kaaba à La Mecque, qui était contrôlée, alors, par un Calife
ʺrebelleʺ.
Abd‐el‐Malik fit édifier, à côté de la ʺMosquée Al Aqsaʺ, le ʺDôme du Rocherʺ, pour y
instaurer un Culte circumambulatoire, qui supplanterait le Culte ancestral, rendu à la Kaaba
de la Mecque.
Le Calife ʺrebelleʺ de La Mecque fut éliminé, après que la Kaaba ait été bombardé et détruite.
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‐III‐
Cʹest ainsi que le Temple des Juifs, dʹabord, et son Site, ensuite, sont toujours apparus, à des
étapes essentielles, comme le Symbole absolu de la Victoire décisive, qui résultait de
successifs Affrontements majeurs pour la Conquête du Pouvoir Idéologique ;
Et dans cette Lutte perpétuelle, le Livre Sacré des Juifs a, bon gré mal gré, toujours constitué,
à la fois la Cible et la Source première.
Cʹest la raison pour laquelle, préalablement à la mise en oeuvre, que nous proposons, dans le
présent Ouvrage, dʹune nouvelle Méthodologie Archéologique concernant lʹÉtude du Site du
Temple, il nous faut absolument sortir de lʹombre, qui les dissimulait, les diverses Péripéties
qui ont progressivement façonné lʹirréaliste Certitude qui entoure ce Site fantasmé.
Nous nous trouvons, pour ainsi dire, dans lʹobligation dʹesquisser une Histoire réactive, qui
permettra de mettre en lumière, à la fois, les aspects décisifs de lʹÉvolution de lʹIdéologie
Juive, et les aspects décisifs de lʹÉvolution des diverses Idéologies qui lʹont successivement
combattue, soit pour pouvoir survivre, comme ce fut le cas pour lʹIdéologie Païenne, soit
pour pouvoir revendiquer une exclusive Domination, lorsque ces nouvelles Idéologies
sʹétaient, auparavant, entièrement appropriées lʹHéritage Juif, comme ce fut le cas, pour le
Christianisme et pour lʹIslam.
Car ce sont les Circonstances, non décryptées, de ces successives Confrontations pour la
Prise du Pouvoir Idéologique, qui expliquent toute lʹampleur et toute la force de lʹErreur
topographique, qui, sʹest durablement mise en place, à Jérusalem, tel un Mirage, échafaudant
un hypnotique Emplacement pour le Temple disparu.
En outre, ce nouvel examen attentif des Conflagrations Idéologiques, au travers du Lieu de
leur Source dʹInspiration, nʹest pas anodin pour lʹHistoire de la Planète :
En effet, cet Examen permet, en quelque sorte, de dévoiler, dans une lumière réajustée,
comment la Germination de la Démocratie résulta de la Fécondation Judéo‐Chrétienne,
tandis que le Verrouillage irréversible de la Société Musulmane résultait du carcan définitif
et irréversible, mis en place par Mahomet.
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‐ A ‐
De la Mort dʹAlexandre en 323 av.EC
A la Destruction de Jérusalem
Et du Temple des Juifs
par Titus, en 70 EC
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1/ Introduction
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‐1‐ Lʹimmense Empire, forgé par les conquêtes dʹAlexandre (356‐323 av. EC), allait
constituer le vecteur privilégié de la culture et de la langue Grecques qui sʹétendirent sur
tout le pourtour du bassin méditerranéen.
Cette culture et cette langue Hellénistes allaient, par la suite, être perpétuées par lʹEmpire
Romain, et tout particulièrement par lʹEmpire Romain dʹOrient.
Cette culture Hellénique était caractérisée, à la fois, par des croyances polythéistes, et par
une recherche philosophique, faisant appel à des raisonnements tendus vers lʹexploration de
lʹUnivers et de la nature humaine.
Ces raisonnements, basés sur une logique dʹétude, sʹaccompagnaient, par ailleurs, de
recherches mathématiques et de tâtonnements scientifiques, menés en harmonie avec cette
démarche intellectuelle dʹun nouveau type.
A cette culture, tout à la fois polythéiste, philosophique, scientifique et Hellénisante, qui se
répandait avec succès dans tout le Bassin Méditerranéen, la culture Monothéiste du Peuple
Juif, axée essentiellement sur des Commandements Religieux découlant de la seule exigence
Divine, apparaissait en un contraste extrêmement marqué, et souvent antagoniste ou
provocateur.
De la mort dʹAlexandre à la destruction du Temple de Jérusalem, cette confrontation
permanente entre ces deux Idéologies antinomiques, allait passer par plusieurs phases
essentielles, qui parfois sʹentremêlèrent ou se chevauchèrent :
‐2‐ On assiste dʹabord à une interpénétration de certaines franges mouvantes de ces
deux cultures antinomiques, avec quelques manifestations de tolérances bienveillantes,
intéressées, ou curieuses, de la part des Païens vis à vis de lʹexception Juive.
Cet intérêt positif fut, initialement, le fait dʹune certaine partie des élites intellectuelles et
dirigeantes de Culture Grecque dʹOrient.
Dans cette mouvance de considération assez positive de la part des Païens vis à vis de
lʹIdéologie Juive, les Gouvernants de lʹEgypte des Ptolémées, par exemple, nouèrent des
alliances assez privilégiées avec les Dirigeants Juifs.
Par la suite, et à leur tour, lorsquʹils furent devenus maîtres du Bassin Méditerranéen, Jules
César et ses premiers successeurs, les Empereurs Romains de la dynastie Julio‐Claudienne,
accordèrent leur protection politique, dʹabord, à Antipater, le fondateur de la dynastie
Hérodienne, puis à Hérode son fils, qui sera nommé Roi des Juifs par les Romains : cette
protection se prolongera, par la suite, à lʹégard de quelques descendants Hérodiens jusquʹà
la destruction du Temple de Jérusalem par les Romains.
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‐3‐ Parallèlement, à cette mouvance aux aspects positifs, un courant Idéologique
contraire, fortement anti‐Judaïque et majoritaire, dénigre et condamne avec virulence la
spécificité Idéologique Juive, dont le Monothéisme intransigeant menace les fondements de
lʹordre établi, Païen et Polythéiste.
Pour ce qui concerne la Diaspora Juive du Bassin Méditerranéen, ce courant négatif gagna
progressivement du terrain, alimentant, le ressentiment et la haine des populations où cette
Diaspora Juive était disséminée, et où elle jouait, assez souvent un rôle économique assez
apparent, de par sa spécificité et sa cohésion particulière.
Dans ce contexte, les effets du courant intellectuel négatif à lʹencontre des Juifs, attisaient
facilement les préventions et les haines populaires.
Pour ce qui concerne plus particulièrement la Judée et ses régions avoisinantes peuplées
majoritairement de Juifs, les préventions hostiles des Païens qui cohabitent, en certains
endroits, avec les Juifs (Grecs, Syriens, Arabes, Égyptiens, etc.) vont se transformer en
mépris, puis en haine, chez certains dirigeants Séleucides, dont le pouvoir sʹest
progressivement concentré principalement en Syrie, ainsi que chez les soldats de leurs
armées et de leurs alliés.
Par la suite, lorsque les Romains succéderont aux Séleucides, ce même mépris et cette même
haine animeront la plupart des Procurateurs et les soldats des armées Romaines, qui
occupent et contrôlent la terre Juive, de la même manière quʹils occupent, entre autres, tout
le Bassin méditerranéen sans, toutefois, irradier une haine équivalente.
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2/ Les Thèses Idéologiques
du Monde Antique
Favorables aux Juifs
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‐1‐ Les quelques thèses Idéologiques du monde Païen favorables aux Juifs nous
sont connues à partir dʹoeuvres ressortant, principalement, de lʹApologétique Juive.
Mais certaines de ces thèses furent reprises par des Auteurs Païens, notamment en Egypte,
puis, plus tard, par des Auteurs Romains, conférant ainsi à ces traditions, probablement
confirmées par ailleurs, une certaine dose dʹauthenticité.
Dans lʹensemble, on doit la survie de la plupart des extraits dʹAuteurs Antiques, ayant
développé ces thèses, à la Littérature Chrétienne, qui tenait à en utiliser certains thèmes
pouvant servir à établir une tradition de la supériorité de la Culture Monothéiste sur la
Culture Polythéiste.
En effet, les Rabbins ne se préoccupaient que de la transmission des Livres sacrés et des
Écrits Rabbiniques, et ils excluaient, totalement, de leur champ dʹintérêt, et donc de
transmission, toute autre Littérature Juive.
A cet égard, par exemple, on peut noter que lʹon doit, aux seuls Chrétiens, la survie de la
Septante (traduction en Grec de la Torah = Ancien Testament), ainsi que la survie des oeuvres
du plus grand Historien Juif, Flavius Josephe.
Or, la Septante, dans le domaine spécifiquement documentaire, a lʹintérêt dʹoffrir, parfois, des
états antérieurs au Texte Hébreu tel quʹil nous est parvenu.
Quant à lʹoeuvre de Flavius Josephe, nous ne saurions pratiquement rien de quelques siècles
déterminants de lʹHistoire Juive, dont le siècle de la fin du Temple, si ses oeuvres
fondamentales ne nous étaient pas parvenues, grâce aux Chrétiens.
‐2‐ Dans lʹAntiquité Gréco‐Romaine, un certain courant intellectuel semble avoir
circulé chez les Païens, qui dégageait, non sans quelque ambiguïté, les aspects exemplaires
de la ʺPhilosophieʺ Juive, et perpétuait, ainsi une tradition dʹune réflexion, qui concédait aux
Juifs une place assez privilégiée dans la naissance de la Culture Antique.
Ces aspects considérés comme ʺpositifsʺ étaient, en particulier, ceux qui sʹinséraient dans
une recherche du Mythe dʹune Sagesse primitive, recherche qui était, dʹailleurs, attribuée,
également, aux Brahmanes de lʹInde et aux Prêtres Égyptiens.
Et cette recherche des Sources Originelles sʹinscrivait également dans la quête globale menée
par les Maîtres de la Sagesse Grecque.
Nous présentons, ci‐après, quelques unes de ces thèses positives concernant lʹIdéologie
Juive, telle quʹelle se trouvait placée dans le cadre Païen :
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‐3‐ Au 4ème siècle av. EC, selon un fragment, rapporté par Porphyre, et qui est cité
par Eusèbe de Césarée dans sa Préparation Évangélique, Théophraste, le successeur dʹAristote
à la tête de son École Péripatétique, déclarait, dans un texte très contrasté et comportant des
aspects négatifs, que les Juifs sont un peuple de ʺPhilosophesʺ, qui, à longueur de journée,
sʹentretiennent de la Divinité, et passent leurs nuits à contempler les étoiles :
Théophraste : De la Piété : cité par Porphyre dans : De lʹAbstinence : 2.26 :
Transmis par Eusèbe de Césarée : Préparation Évangélique : 9‐ 2 :
Ils (Les Juifs) font cela (leur Culte), en jeûnant durant les jours dʹintervalle entre
les sacrifices dʹanimaux. Et, pendant ce temps, comme ils sont dʹune race de
Philosophes, les Juifs sʹentretiennent de la Divinité, et, toutes les nuits, ils
observent les Étoiles, en les contemplant, et en invoquant Dieu avec leurs
prières.
A ce sujet, on peut noter que, par exemple, Aristote déclare à propos de Xénophane que cʹest
en regardant le Ciel quʹil pensa que Dieu est Un. (Aristote : Métaphysique : A 5‐ 986 b).
On retrouve, dʹailleurs, ce thème du Juif, Philosophe et Astronome, qui trouve confirmation
de son Monothéisme en observant le ciel, dans certains Écrits Rabbiniques, comme, par
exemple, dans le Talmud de Babylone (Berakhot : 58 b ‐ Shabbat : 75a).
Toutefois, la Loi Juive établit une stricte différence entre lʹobservation des Astres et des
Étoiles, comme révélant lʹUnicité de Dieu aux Juifs, et cette même observation devenant, au
contraire, lʹinspiration du Polythéisme chez les Païens.
En effet, cette dernière pratique est formellement interdite par la Loi Juive :
Deutéronome : 4/ 19‐20 :
Ne levez pas les yeux vers le ciel pour contempler le soleil, la lune, les étoiles,
toute la multitude des astres, et vous laisser entraîner à les adorer et à les servir.
Le Seigneur votre Dieu a laissé ces pratiques aux autres peuples du monde.
‐4‐ Toujours sur le thème de lʹétude du Ciel par les Fondateurs de la Nation Juive,
le Pseudo‐Eupolemus est cité par Eusèbe de Césarée, dʹaprès un Auteur Païen dʹAsie
Mineure, Alexandre Polyhistor, qui écrivit en Grec, au 1er siècle EC, un vaste Ouvrage de
références et de compilations concernant lʹHistoire et lʹIdéologie Juive, et qui était intitulé:
Des Juifs.
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Ce Pseudo‐Eupolemus était assez probablement un Samaritain du 2ème siècle av. EC. et ses
vues expriment une culture érudite, où sont fortement amalgamés des éléments Païens et
des éléments Juifs, en un syncrétisme Helléno‐Judaïque.
Dans ce Texte, transmis par Eusèbe de Césarée, Abraham aurait été lʹinitiateur des
Phéniciens et des Égyptiens dans le domaine de lʹastrologie et de lʹastronomie :
Pseudo‐Eupolemus : Les Juifs dʹAssyrie :
Cité par Alexandre Polyhistor dans son oeuvre : Des Juifs
Transmis par Eusèbe de Césarée : Préparation Évangélique : 9 : 17 : 1‐4 et 8‐9 :
Et sur ce point, (concernant Abraham) Alexandre Polyhistor est également
dʹaccord. Or, cʹest un auteur dʹune grande intelligence et dʹune grande érudition
qui sʹest fait connaître des Grecs qui ont, ainsi, pu acquérir une solide culture
grâce à lui. Dans son ouvrage intitulé Des Juifs, Polyhistor rapporte lʹhistoire
dʹAbraham, mot pour mot, de la façon suivante :
ʺ Eupolemus, dans son oeuvre Les Juifs dʹAssyrie, écrit que la ville de Babylone
fut fondée par ceux qui furent sauvés du déluge. Il écrit également que cʹétaient
des géants et quʹils construisirent la Tour bien connue (de Babel). Lorsque cette
tour sʹécroula, par suite de lʹintervention divine, les géants furent dispersés sur
toute la terre. A leur dixième génération, à Camarine, une ville de Babylonie,
que certains appellent Ur (également appelée cité des Chaldéens) naquit
Abraham. Il dépassait tous les hommes en noblesse et en sagesse. En fait, il
découvrit lʹastrologie et la science Chaldéenne. Comme il recherchait la piété, il
plaisait à Dieu. Conformément à un Commandement formulé par Dieu, il alla
en Phénicie et il sʹy installa. Cʹest en enseignant aux Phéniciens les mouvements
du soleil et de la lune, ainsi que toutes ses autres connaissances (astronomiques)
quʹAbraham entra dans la faveur du Prince...
Lorsque survint une famine, Abraham se rendit en Égypte avec tout son clan et
il sʹy installa...
Tandis quʹil vivait à Héliopolis avec les Prêtres Égyptiens, Abraham leur
enseigna de nombreuses connaissances nouvelles. Il les initia à lʹastrologie et à
dʹautres sciences, en leur expliquant que cʹétait lui et les Babyloniens qui
avaient découvert lʹastrologie les premiers. Et la toute première découverte
astronomique, il lʹattribuait à Enoch, en disant que cʹétait cet homme qui avait
découvert le premier cette science et non pas les Égyptiens...
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‐5‐ Le thème des relations privilégiées entre les Prêtres dʹHéliopolis, où se déroulait
le culte du Dieu‐Soleil, et les Fondateurs de la Religion Juive, forme une tradition constante
dans la Littérature Antique.
Or, référence en est faite, également à plusieurs reprises, dans les Textes Sacrés des Juifs,
comme, par exemple :
‐ La Septante indique que Héliopolis fut construite par les Juifs.
‐ Joseph, fils de Jacob, devenu, grâce à ses connaissances, premier ministre du Pharaon,
épouse la fille du Prêtre dʹHéliopolis :
Genèse : 41 : 44‐45 :
Le Pharaon dit encore à Joseph :
‐ Je suis et je reste le Pharaon. Mais dans toute lʹÉgypte personne ne bougera le
petit doigt sans ton autorisation.
Enfin, il donna à Joseph le nom égyptien de Safnat‐Panéa, et lui accorda comme
femme Asnat, fille du Prêtre Potiféra, de la ville dʹOn (Héliopolis en Grec).
‐ Et le Prophète Isaïe se fait lʹécho dʹun souvenir Juif particulier qui serait attaché à cette
même ville dʹHéliopolis :
Isaïe : 19/18 :
Un jour il y aura en Egypte cinq villes où lʹon parlera lʹHébreu, où lʹon aura fait
serment dʹappartenir au seul Dieu de lʹunivers. Le nom de lʹune dʹelles sera
Héliopolis.
‐6‐ Dans la même ligne de pensée, concernant les contributions décisives des Juifs à
la naissance des Civilisations Méditerranéennes, contributions qui semblaient admises par
un certain courant de pensée Païen, Artapanus, un Historien Égyptien, probablement
dʹorigine Juive, et écrivant en Grec au milieu du 2ème siècle av. EC, est cité également par
Eusèbe de Césarée, à partir des textes qui avaient été préservés dans lʹouvrage dʹAlexandre
Polyhistor, Des Juifs.
Artapanus, qui avait une vision particulièrement syncrétiste des origines de lʹHistoire Juive,
indique quʹAbraham enseigna lʹastrologie au Pharaon, et que, par ailleurs, Joseph découvrit
des méthodes de mesures mathématiques, et quʹil organisa la culture des terres dʹÉgypte, ce
qui lʹaurait fait grandement apprécier des Égyptiens.
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Artapanus : Judaica : préservé par Polyhistor dans : Des Juifs :
Transmis par Eusèbe de Césarée : Préparation Évangélique :
9 : 18 : 1 :
Artapanus écrit dans son ouvrage ʺJudaicaʺ... que Abraham vint avec tout son
clan en Égypte chez Pharethotes, le Pharaon dʹÉgypte, et quʹil lui enseigna
lʹastrologie.
9 : 23 : 1‐3 :
Après quʹil soit venu en Égypte, Joseph fut nommé ministre par le Pharaon et
gouverna tout le pays. Avant Joseph, les Égyptiens cultivaient la terre dʹune
façon anarchique, car le territoire nʹétait pas divisé en lotissements ; à cause de
cela, les faibles étaient traités injustement par les forts. Joseph fut le premier à
procéder au partage des terres, à marquer avec précision les limites des divers
lotissements, et à rendre exploitables beaucoup de lots desséchés. Joseph
attribua également des champs aux Prêtres. En outre, ce fut Joseph qui, le
premier, inventa les mesures, il fut grandement aimé des Égyptiens pour toutes
ces raisons. Il épousa Asenath, la fille dʹun Prêtre dʹHéliopolis dont il eut des
enfants. Plus tard, son père Jacob et ses frères le rejoignirent avec tous leurs
biens. Ils sʹinstallèrent à Héliopolis et à Sais et les Syriens (les Juifs) se
multiplièrent en Égypte....
‐7‐ Une autre qualité est attribuée à ce même Joseph par Pompeius Trogus qui est
lʹAuteur, au 1er siècle av. EC, dʹune Histoire Philippique, dont lʹoeuvre est perdue, mais qui a
été préservée au travers des Prologues et Épitomé, composés par lʹHistorien Justin au 4ème
siècle EC.
Selon Pompeius Trogus, le Patriarche Joseph était un prodige qui exerçait la magie et qui fut
le premier à établir la science des rêves.
Or, cet art du décryptage des rêves était assimilé dans lʹAntiquité à la science de la
Divination et de lʹOracle, dont la Prophétie Juive représentait ainsi, en quelque sorte, pour
les Intellectuels païens, lʹéquivalent religieux.
Tous les dons, considérés comme magiques, tels que lʹastrologie, lʹinterprétation des rêves et
les prophéties, apparentaient, ainsi, les Juifs, aux yeux de certains Intellectuels Païens, aux
grands Sages des origines légendaires, comme étaient censés lʹêtre, les Prêtres Égyptiens des
âges des premiers Pharaons ou tels les Brahmanes Hindous.
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Cʹest ainsi que, par exemple, Megasthène, un Grec qui a fait de longs séjours aux Indes
comme Ambassadeur, entre le 4ème et le 3ème siècle av. EC, compare les Juifs aux
Brahmanes comme étant des Concepteurs de la Réflexion Antique : (Cité par Clément
dʹAlexandrie : ʺStromatesʺ : 1‐15‐72 et par Eusèbe de Césarée) :
Megasthène : Indica :
Transmis par Clément dʹAlexandrie : Stromates : 1‐15‐72 :
Transmis par Eusèbe de Césarée : Préparation Évangélique : 9 : 6 :
Cʹest très clairement que lʹécrivain Megasthène, contemporain de Seleucus
Nicanor, écrivit dans son 3ème Livre de Indica ce qui suit :
Vraiment tout ce que nos Anciens (Grecs) ont dit de la Nature a été disserté par
les Philosophes étrangers à la Grèce, soit en Inde par les Brahmanes, soit en
Syrie par ceux que lʹon appelle les Juifs.
Allant plus loin, Cléarque de Soloi, natif de Chypre, et élève dʹAristote, également entre le
4ème et 3ème siècle av. EC, rapporte, dans un ouvrage appelé Traité sur le Songe, des propos
dʹAristote, et il nʹhésite pas à affirmer que les Juifs et les Brahmanes ont des ancêtres
communs :
Cléarque de Soloï : Traité sur le Songe :
Cité par Flavius Josèphe : Contre Apion : I :
‐ Et bien, répondit Aristote, cet homme (quʹAristote avait rencontré lors dʹun
voyage en Asie) était un Juif de Coele‐Syria (Judée). Ces gens descendent des
Philosophes Hindous. Les Philosophes sont, dit‐on, appelés Calani aux Indes
(Calanus était un Sage hindou qui sʹétait immolé par le feu face à lʹarmée
dʹAlexandre) et ces Sages sont appelés Juifs en Syrie. Leur capitale a un nom
remarquablement étrange : ils lʹappellent Jérusalem. Donc, ce Juif qui était
accompagné dʹun grand nombre dʹamis et qui se rendait de lʹintérieur des terres
vers la côte, non seulement parlait Grec, mais il avait lʹâme même dʹun Grec.
Durant tout mon séjour en Asie, il visita les mêmes lieux que moi, et il vint
converser avec moi et dʹautres érudits afin de tester nos connaissances. Et, de
fait, comme une personne ayant été intime avec de nombreuses personnes
cultivées, cʹest bien lui qui nous fit profiter de ses connaissances.
Ce furent les paroles mêmes dʹAristote et il continua à parler ainsi de
lʹétonnante endurance et sobriété de ce Juif.
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Cette généalogie commune aux Brahmanes et aux Juifs est également affirmée, au 2ème
siècle EC, par Diogène Laërce, qui fut le compilateur de 82 biographies dʹéminents
Philosophes (ʺVies des Philosophesʺ : I‐9).
‐8‐ Après, entre autres, lʹastrologie, lʹinvention des mesures, le partage rationnel
des terres, les Historiens Judéo‐Helléniques, à partir de données Païennes, puis repris eux‐
mêmes par des Auteurs Païens, attribuent aux Fondateurs de la religion Juive, lʹinvention de
lʹalphabet, et surtout, lʹinvention des Lois, et surtout des Lois à caractère Moral.
En conséquence, un personnage important de la Religion et de lʹHistoire Juive a droit, tout
particulièrement, aux commentaires élogieux de certains intellectuels Païens, et de
lʹensemble des Auteurs Chrétiens, qui rapportent les éloges de ces Auteurs Païens, ou de ces
Juifs Héllenisants :
Ce personnage est Moïse, le principal Fondateur des Lois Juives :
LʹHistorien Eupolemus vécut au deuxième siècle av. EC en terre Juive, où il écrivit, en Grec,
une Histoire des Rois de Judée.
Eusèbe de Césarée et Jérôme déclarent quʹil était Juif.
Par contre, Flavius Josèphe, Démétrios de Phalère et Philon lʹancien estiment quʹil était
Païen.
Il était, peut‐être, un Juif du parti Hellénisant, au temps des Macchabées.
Des extraits de son oeuvre ont, là encore, été préservés par Polyhistor, et transmis par
Eusèbe de Césarée :
Eupolemus : Histoire des Rois de Judée :
Préservé par Polyhistor dans Des Juifs
Transmis par Eusèbe de Césarée : Préparation Évangélique : 9 : 26 :
Eupolemus écrit que Moïse fut le premier homme sage et quʹil donna lʹalphabet
aux Juifs. Puis les Phéniciens le reçurent des Juifs et les Grecs le reçurent à leur
tour des Phéniciens. Également, Moïse fut le premier à établir un ensemble de
Lois quʹil rédigea pour les Juifs.
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‐9‐ Toujours dans ce cadre de ce courant intellectuel favorable aux Juifs, et repris
par certains Auteurs Païens ainsi que par les Auteurs Chrétiens, Aristobule, Philosophe
Judéo‐Égyptien du 2ème siècle av. EC, et Numenius, Philosophe Pythagoricien, du 4ème
siècle av. EC, affirmaient que Platon et Pythagore avaient pu lire les Livres de la Loi Juive
dans une traduction antérieure, et que ces deux Philosophes sʹen étaient amplement inspirés:
Aristobule : A Philometor ::
Transmis par Clément dʹAlexandrie : Stromates : 1 : 23 :
Transmis par Eusèbe de Césarée : Préparation Évangélique : 9 : 6 : 5‐9 :
De plus Clément fait mention du péripatéticien (Disciple dʹAristote) Aristobule
et du Pythagoricien Numenius quand il dit :
Aristobule, au 1er Livre de son A Philometor, écrit textuellement :
Platon, lui‐même a suivi notre Législation (Juive), et lʹon peut voir ce quʹil y a
scruté. En effet, nos Textes avaient été traduits par dʹautres, avant Demetrius,
avant la domination dʹAlexandre et des Perses, ces Textes rapportant lʹExode
dʹÉgypte des Hébreux nos compatriotes, la Révélation quʹils eurent de tous les
événements, leur conquête de la Terre Promise, et la présentation de toutes nos
Lois. En sorte que, manifestement, Platon y a fait de nombreux emprunts ;
étant, en effet, aussi érudit que Pythagore, il a pu transférer beaucoup de nos
Dogmes dans sa propre Doctrine.
Numenius, lui qui était un Philosophe Pythagoricien, écrivait sans ambages :
ʺQuʹest‐ce, en effet, que Platon, sinon un Moïse qui parle Attique (Grec).ʺ
Ces affirmations dʹAristobule et de Numenius semblent confirmées, par exemple, par
Hermippe de Smyrne au 3ème siècle av. EC.
Cet Auteur Grec de lʹÉcole Aristotélicienne a rédigé une série de Biographies des Philosophes.
Il déclare ainsi, dans la Biographie consacrée à Pythagore, que ce fameux Mathématicien et
Philosophe Grec du 6ème siècle av. EC, qui fut lʹun des fondateurs de la Philosophie et de la
Science Grecques (et qui était, peut‐être, dʹorigine Syrienne ou Tyrienne) sʹétait grandement
inspiré des Lois Juives :
Hermippe de Smyrne : De Pythagore :
Cité par Flavius Josèphe dans Contre Apion : I : 162‐5 :
En fait, il est dit que ce grand homme (Pythagore), en réalité, emprunta
beaucoup de points de la Loi Juive pour lʹintégrer dans sa Philosophie.
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Au 3ème siècle EC, lʹérudit Père de lʹÉglise, Origène, dans son ouvrage polémique à propos
du Judaïsme et de la Chrétienté, intitulé Contre Celsus, confirme également cette déclaration
dʹHermippe de Smyrne, selon laquelle, Pythagore aurait élaboré sa Philosophie, en
sʹinspirant de la Loi Juive.
‐10‐ Hécatée dʹAbdère, Auteur Païen, au 3ème siècle av. EC, dʹune Histoire de
lʹÉgypte, rédigée en Grec, fait, dans lʹensemble, lʹéloge de lʹoeuvre du Législateur Moïse, en
mélangeant quelques réflexions judicieuses avec plusieurs erreurs historiques.
Toutefois, la présentation dʹHécatée dʹAbdère reste assez précieuse car elle rend compte de
la façon dont lʹHistoire Juive était appréhendée, dans sa différence fondamentale, par
certains intellectuels Païens de culture Grecque qui sʹefforçaient à une certaine objectivité, à
lʹépoque des débuts du deuxième Temple de Jérusalem :
Hécatée dʹAbdère : Histoire dʹÉgypte :
Cité par Diodore de Sicile : Bibliothèque Historique : 40 : 3 :
Lorsque dans les temps anciens la peste survint en Égypte, le peuple attribua
cette malédiction aux mauvaises intentions de Divinités contraires. En effet,
avec de nombreux étrangers vivant au milieu dʹeux et pratiquant des rites et
des sacrifices différents, leurs propres observations traditionnelles étaient
tombées en désuétude. Aussi les Égyptiens en vinrent à penser quʹà moins de
chasser les étrangers, leurs malheurs ne cesseraient jamais. Ainsi, les étrangers
furent chassés du territoire Égyptien...
(Les plus actifs et les plus éminents sont envoyés en Grèce)
Le plus grand nombre (les Juifs) fut conduit dans la région que nous appelons
maintenant la Judée, qui ne se trouve pas très loin de Égypte, et qui était à cette
époque complètement inhabitée.
Cette colonie dʹétrangers était conduite par un homme appelé Moïse, tout à fait
remarquable par sa sagesse et par son courage. En prenant possession de ce
territoire, Moïse fonda, parmi dʹautres cités, celle qui est maintenant la plus
renommée de toutes, et appelée Jérusalem. De plus, Moïse construisit le Temple
pour lequel les Juifs ont la plus grande vénération, décréta le rituel et le
déroulement des cérémonies religieuses, fixa leurs lois, et mit en place toutes
leurs institutions politiques. Il les répartit également en douze tribus car ce
nombre est considéré comme parfait et correspond au nombre de mois qui
composent lʹannée. Mais Moïse interdit que lʹon ne fit aucune image des dieux,
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considérant que la Divinité ne saurait avoir une forme humaine et que, seuls,
les cieux qui entourent la terre sont dʹessence divine et régissent lʹunivers.
Les sacrifices quʹil instaura diffèrent de ceux des autres nations, et de même, le
mode de vie des Juifs diffère des autres modes de vie, car comme effet de leur
expulsion Égypte Moïse instaura un mode de vie, asocial et intolérant par
rapport à celui des autre peuples...
Moïse choisit les hommes les plus raffinés et les plus capables pour guider toute
la nation Juive, et il les ordonna Prêtres. Et il leur enjoignit de prendre soin du
Temple, de ses rites et des divers sacrifices à offrir à leur Dieu. Ces mêmes
Prêtres, Moïse leur confia le rôle de juger les moindres litiges ainsi que dʹêtre le
garant des lois et des coutumes. Pour cette raison, les Juifs nʹont pas de Roi...
(texte écrit durant la période du deuxième Temple, mais avant lʹavènement des
rois Hasmonéens et Hérodiens) Mais lʹautorité suprême est confiée au Prêtre
qui est considéré comme supérieur à ses collègues par sa sagesse et sa vertu.
Les Juifs lʹappellent le Grand‐Prêtre et croient quʹil agit en tant quʹEnvoyé de
Dieu. Cʹest ce Grand‐Prêtre, dit‐on, qui dans les assemblées publiques annonce
les Commandements de Dieu, et les Juifs sont si dociles dans ces matières
quʹimmédiatement ils sʹinclinent en sʹallongeant à terre pour écouter ces
Commandements de Dieu que leur expose ainsi le Grand‐Prêtre. Et à la fin de
chacune de ses interventions, le Grand‐Prêtre proclame ʹ Telles sont les Paroles
que Moïse a entendues de Dieu et quʹil a transmises aux Juifsʺ...
‐11‐ Parmi les différents arguments qui concourent à établir, chez certains Païens, un
courant intellectuel assez favorable aux Juifs, est le sentiment puissant que le Peuple Juif a
une Antiquité incontestable, et, surtout, que cette haute Antiquité est, non seulement
pleinement assumée, mais constamment revendiquée par les Juifs, avec une fidélité
minutieuse, et ce, quels que puissent être les aléas de leur Histoire.
En effet, la haute Antiquité dʹun Peuple est, alors, le signe dʹune noblesse dʹorigine qui
rattache, en quelque sorte par une filiation directe, ce Peuple aux Dieux créateurs de
lʹUnivers.
Par exemple, Platon rapporte, dans Timée : 22b et 23c, quʹau 6ème siècle av. EC, un vieux
Prêtre Égyptien indiqua à Solon que les Grecs resteraient toujours des enfants, leur race
nʹayant pas dʹAncêtres suffisamment anciens, et que, de surcroît, ils ignoraient lʹÉcriture
dans les premiers temps.
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Et, de la même façon, Cicéron, au 1er siècle av. EC, fera également état de cette nécessaire
Généalogie fondatrice :
Cicéron : Des Lois : 2: 10 : 27 :
La préservation des rites de la famille et de nos ancêtres signifie la préservation
de rites religieux qui, pourrait‐on dire, nous ont été transmis directement par
les Dieux eux‐mêmes, car les temps anciens étaient les plus proches des
Divinités.
Cette course à la revendication de la plus haute Antiquité des Civilisations fournira lʹun des
éléments majeurs de la polémique qui opposera les Juifs et les premiers Chrétiens.
Et les Judéo‐Chrétiens des premiers temps, tout comme les Chrétiens convertis parmi les
Païens, résoudront cette polémique, en revendiquant globalement, et à leur propre compte,
toute la haute Antiquité des Juifs.
‐12‐ Cette haute Antiquité des Juifs leur est donc reconnue, sans contestation, par la
plupart des Auteurs anciens :
Au 1er siècle av. EC, Alexandre Polyhistor, dans des fragments cités par Eusèbe de Césarée
et par Stéphane de Byzance, fait descendre le nom de Judée, entre autres, de celui des
enfants de Sémiramis, fille de la Déesse Atargatis, fondatrice de Babylone.
Mais, surtout, cette haute Antiquité des Juifs leur est reconnue, même par leurs adversaires
les plus redoutables et efficaces, tels que, par exemple, Apion ou Tacite.
Apion, un Grec dʹorigine égyptienne du 1er siècle av. EC, fut un grammairien et un érudit
spécialisé dans lʹoeuvre dʹHomère. Directeur de la Bibliothèque dʹAlexandrie, il avait écrit
une Histoire de l’Égypte, dont le troisième ou quatrième livre était intitulé Contre les Juifs. Il
était réputé pour son antisémitisme : en particulier, il fit partie de la Délégation des Grecs
dʹAlexandrie qui vinrent plaider la cause anti‐Juive devant Caligula, la Délégation Juive
étant menée par Philon dʹAlexandrie.
Or, Apion, cité par Eusèbe de Césarée dans sa Préparation Évangélique : 10 : 10 : 16, admettait,
lui‐même, que lʹexode des Juifs Égypte avait eu lieu du temps dʹInachos, le premier roi
dʹArgos, contemporain du Roi Égypte Amosis.
Si lʹon considère, dʹune part, que le Roi Inachos était le fils des Titans, Oceanus et Thethys
(cʹest à dire de la troisième génération des Dieux de la mythologie grecque) et si lʹon
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considère, dʹautre part, que la fille dʹInachos, Io, après avoir été fécondée par le Dieu Zeus,
devint lʹaïeule du Dieu Dyonisos, on peut mesurer lʹAntiquité concédée aux Juifs, par lʹun de
leur plus redoutables adversaires Idéologiques de lʹAntiquité.
Et Eusèbe de Césarée conduit, lui‐même cette démonstration Chronologique, extrêmement
documentée et soigneusement datée, en la ponctuant de la façon suivante :
Eusèbe de Césarée : Préparation Évangélique : 10 : 10 : 18‐19 :
Ptolémée de Mendés, qui écrivit lʹHistoire d’Égypte depuis les temps les plus
reculés sʹaccorde avec tous ces témoignages (concernant lʹantériorité de la
Civilisation Juive) de sorte quʹon ne trouve entre les différentes dates indiquées
aucune différence notable. Or, il faut le noter, tout ce quʹon peut relever qui
remonte à une haute antiquité dans les Mythes Grecs est postérieur à lʹHistoire
de Moïse : les déluges et embrasements, Prométhée, Io, Europe, les Spartes,
lʹEnlèvement de Coré, les Mystères, les Législations (Grecques), les Exploits de
Dionysos, Persée, les Travaux dʹHéraclès, les Argonautes, les Centaures, le
Minotaure, la Geste dʹIlion, le Retour des Héraclides, la Migration des Ioniens,
les Olympiades.
‐13‐ Chez les Auteurs Romains, au premier siècle EC, Pline lʹAncien parle de
lʹancienneté incroyable de la Secte Juive des Ésséniens qui remonterait à des milliers
dʹannées.
Et, à la même époque, Plutarque situe la naissance des Juifs à lʹépoque du Dieu Dionysos
(Questions Conviviales : 4 : 6 : 2 : 671).
Mais cʹest incontestablement Tacite, au 1er siècle EC, qui, bien quʹil soit, idéologiquement et
politiquement, hostile aux Juifs (il est, par ailleurs, contemporain de la destruction du
Temple par Titus) leur accorde la plus élogieuse et la plus haute Antiquité.
Tacite était un éminent juriste Romain, il fut Consul, et finalement un Historien.
Dans son ouvrage, Histoires, il étudie, avec un soin extrême et avec de nombreux détails,
différentes théories concernant les origines des Juifs.
Tacite présente, dans cet ouvrage, pas moins de six différentes théories concernant les
origines des Juifs, théories qui ont, presque toutes, en commun de partager, sur le plan de
leur haute Antiquité, une analyse particulièrement flatteuse :
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‐ Ainsi, lʹune de ces théories présentées par Tacite, affirme que les Juifs furent exilés de Crète
(haut lieu dʹorigine de la Mythologie Grecque) en Lybie, à lʹépoque de la destitution de
Saturne par Zeus (Jupiter).
‐ Dans une autre version, Tacite indique que, sous le règne de la soeur‐épouse dʹOsiris, Isis,
une des plus anciennes Divinités Égyptiennes (cʹest à dire, dans lʹesprit de Tacite, lʹune des
plus anciennes Divinités de lʹHistoire de la Terre) les Juifs, qui étaient constitués dʹun
surcroît de population Égypte, émigrèrent vers des territoires voisins, sous la direction de
Hyerosolymus (Jérusalem) et de Juda (Judée).
‐ Une autre des théories présentées par Tacite, assimile les origines des Juifs à un épisode
relaté par Homère (référence historique suprême pour un Païen cultivé) et qui fait état du
Peuple des Solymi :
Tacite : Histoires : 5 : 2 :
Les Juifs, dit‐on, bannis de lʹîle de Crète, sʹétablirent aux extrémités de la Lybie à
lʹépoque où Saturne, vaincu et chassé par Jupiter, abandonna son royaume. La
preuve, on la tire de leur nom : il y a en effet en Crète, une montagne célèbre,
lʹIda, dont les habitants voisins, les Idai, ont été appelés du nom de Judai par
lʹaddition grossière dʹune syllabe.
Dʹautres prétendent que, sous le règne dʹIsis, la population surabondante en
Égypte fut transférée sous la conduite de Hierosolymus et de Juda vers des
terres voisines.
Beaucoup affirment que cʹest une race dʹÉthiopiens que la crainte et la haine
forcèrent, sous le Roi Céphée, à changer de patrie.
Dʹautres, encore, rapportent que cʹétaient des aventuriers Assyriens qui
manquant de terres cultivables, sʹemparèrent dʹune partie de Égypte, puis
habitèrent des villes construites par eux, et cultivèrent les terres des Hébreux,
ainsi que les contrées proches de la Syrie.
Enfin, selon dʹautres, ils descendent des Solymes, nation chantée par Homère,
qui fondèrent une ville, et, de leur nom, lʹappelèrent Hierosolyma (Jérusalem).
Toutes ces théories, concernant la haute antiquité des Juifs, confèrent, aux yeux de Tacite,
une légitimité indubitable à leurs rites, ou plutôt, à lʹinstar de lʹopinion de lʹhistorien‐
géographe Strabon, au 1er siècle av. EC, à leurs croyances et à leurs rites pour ce qui
concernait leurs manifestations dʹorigine.
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‐14‐ En effet, même selon les Auteurs Païens les plus bienveillants à lʹégard des Juifs,
la pensée et les rites hérités de Moïse sont considérés comme sʹétant progressivement
dégradés et corrompus pour déboucher sur des rites abjects ou ridicules.
Strabon : Géographie : 35 et 38 :
Car un certain Moïse, qui était un Prêtre égyptien... nʹétant plus satisfait par son
mode de vie, quitta Égypte pour sʹétablir à Jérusalem, suivi par de nombreuses
personnes qui révéraient la Divinité. Car Moïse disait et enseignait que les
Égyptiens comme les Lybiens se trompaient en assimilant la Divinité aux
animaux sauvages et domestiques. Et que les Grecs se trompaient également en
façonnant des Divinités avec des formes humaines. Car, disait Moïse, ce qui
nous enveloppe et nous dépasse tous, y compris la terre, la mer, les cieux,
lʹunivers, et lʹessence même de toutes choses, cela, seul, est Dieu...
Quelle que puisse être la vérité dans ces sujets, ils étaient crus et conçus par des
êtres humains. Aussi leurs Prophètes étaient honorés comme des Rois car ils
communiquaient les Lois et les Règles directement de la Divinité...
De même pour Moïse et pour ses successeurs, qui partirent du Bien, mais
évoluèrent ensuite vers le Pire...
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3/ Les Thèses Idéologiques
du Monde Antique
Hostiles aux Juifs
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‐1‐ En farouche opposition à ces quelques thèses favorables aux Juifs, dans
lʹAntiquité Gréco‐Romaine, un courant intellectuel extrêmement hostile aux Juifs,
contrebalançait, avec force, ces prises de position positives, et, sous la pression populaire que
nous évoquerons, dominait progressivement lʹIdéologie des Peuples Païens, dans leur
réflexion et leur attitude concernant les Juifs.
‐2‐ La première de ces oppositions intellectuelles présentait les Juifs comme un
peuple nocif et cruel, qui avait été chassé Égypte parce quʹil était chargé de maladies
contagieuses causant des déformations du corps, à lʹinstar de la lèpre.
La circoncision, considérée également, dans lʹAntiquité Greco‐Romaine, comme une
mutilation et une disgrâce corporelles, était, parfois également, intégrée dans cette
présentation des événements.
Et, pour ce qui concerne les Lois Religieuses qui avaient été données par Moïse au Peuple
Juif, et qui en faisait une Nation différente de toutes les autres, ces Lois distinctives auraient
été conçues par Moïse, en raison de sa haine pour les Égyptiens :
En effet, avec ces Lois Juives, Moïse aurait souhaité annihiler les Lois Religieuses des
Égyptiens, en particulier, en faisant immoler, dʹune façon sacrilège et provocatrice, tous les
animaux qui étaient considérés comme Sacrés par les Égyptiens, comme, en par exemple, le
Dieu‐Taureau, Apis, ou le Dieu‐Bélier, Ammon.
‐3‐ Le Prêtre Égyptien dʹHéliopolis, Manéthon, au 3ème siècle av. EC, a écrit une
Histoire de l’Égypte, en Grec, dans laquelle il a donné ce qui semble constituer la première
version Païenne connue de lʹExode Juif :
Manethon présente cet Exode comme un exil qui sʹopéra en deux temps, et ce récit rend
compte, vraisemblablement, dʹun amalgame de traditions convergentes :
Dans un premier temps, les Juifs, qui sont assimilés aux Hyksos, sont décrits comme des
envahisseurs cruels et barbares qui furent chassés Égypte, et créèrent alors Jérusalem.
Dans un deuxième temps, un groupe de lépreux fut à son tour chassé Égypte :
Moïse, un Prêtre Égyptien dʹHéliopolis, en prit la tête, et leur imposa des Lois barbares, mais
surtout hostiles aux rites Égyptiens, que Moïse pratiquait pourtant antérieurement.
Ce deuxième groupe de lépreux, conduit par Moïse, rejoignit alors le premier groupe des
envahisseurs qui sʹétaient déjà installés en Judée.
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Manethon : Histoire de l’Égypte :
Cité par Flavius Josèphe dans Contre Apion :
1 : 75‐76, 82, 85‐90 :
Sous le règne de Titumaus, une malédiction divine, je ne sais pourquoi sʹabattit
sur nous (les Égyptiens). Un peuple dʹorigine ignoble, venu dʹOrient et dont
lʹarrivée fut imprévisible, eut lʹaudace dʹenvahir notre contrée (Égypte) dont ils
prirent possession sans coup férir et sans même une seule bataille. Ayant vaincu
nos chefs, ils mirent sauvagement le feu à nos cités, rasèrent nos temples divins
jusquʹau sol et traitèrent toute la population indigène avec la plus grande
cruauté, les massacrant ou les transformant en esclaves, eux, leurs femmes et
leurs enfants. Leur race portait le nom dʹHyksos qui signifie bergers du Roi....
Alors les souverains de Thèbes et toute Égypte se soulevèrent dans une révolte
contre ces bergers et il sʹensuivit une longue guerre...
Sous le règne de Misphragmouthosis, ces bergers furent vaincus et se
réfugièrent dans une place appelée Auaris...
(Finalement un Traité de compromis est signé entre les Égyptiens et les Juifs:)
...Conformément aux termes de ce Traité, pas moins de 240.000 familles avec
toutes leurs possessions quittèrent Égypte et traversèrent le désert pour aller en
Syrie. Là, terrifiés par la puissance des Assyriens, qui étaient alors les maîtres
de lʹAsie, ils construisirent, dans la contrée appelée maintenant Judée, une ville
qui serait capable dʹaccueillir leur très grand nombre, et ils lʹappelèrent
Jérusalem.
I : 232‐243, 248‐250 :
Le Pharaon Amenophis souhaitant accéder à une vision des Dieux comme celle
dont avait bénéficié lʹun de ses prédécesseurs, communiqua son désir à son
homonyme, Amenophis, fils de Paapis, dont la sagesse et la connaissance de
lʹavenir étaient considérées comme des dons divins. Cet homonyme lui
répondit que le Pharaon pourrait à son tour, contempler lʹAssemblée des Dieux,
seulement sʹil purgeait tout son pays des lépreux et personnes contaminées par
dʹautres maladies. Heureux de cette réponse, le Pharaon fit rassembler en
Égypte toutes les personnes contagieuses au nombre de 80.000 et les envoya
travailler dans les carrières de pierre, à lʹest du Nil, les séparant ainsi du reste
de la population Égyptienne. Ces déportés comprenaient quelques Prêtres
érudits qui étaient également atteints de la lèpre....
Quand ces gens dans les carrières de pierre eurent peiné longtemps dans un
état misérable, le Pharaon accéda à leur requête et leur accorda comme lieu de
résidence la cité abandonnée par les bergers, appelée Auatis, et, selon une
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tradition rituelle, dédicacée à Typhon (cʹest à dire le Dieu Set qui a assassiné son
frère Osiris, et qui est, en conséquence, le Dieu du Mal). Ils sʹy rendirent donc, et
ayant ainsi un endroit pouvant leur servir de base à une révolte, ils désignèrent
pour être leur chef lʹun des prêtres dʹHéliopolis, appelé Osarsiph (Joseph
probablement, qui sera assimilé à Moïse) et jurèrent de lui obéir en tout point.
Une de ses premières Lois quʹOsarsiph leur ordonna fut quʹils ne devraient pas
révérer les Dieux, ni sʹabstenir de manger la chair des animaux tenus comme
sacrés en Égypte ; mais, bien au contraire, quʹils devraient les tuer et les
consommer entièrement ; également, quʹils ne devraient avoir aucune sorte de
relation avec des personnes qui seraient saines au sein de leur collectivité.
Après avoir mis en place ces Lois, ainsi quʹune multitude dʹautres Lois en totale
contradiction avec les Lois Égyptiennes, Osarsiph ordonna à tous de réparer les
murs de la ville et de se préparer à faire la guerre au Roi Aménophis. Ensuite,
de concert avec dʹautres Prêtres et personnes contaminés comme lui‐même, il
envoya une ambassade aux bergers qui avaient été expulsés par Tethmosis dans
la ville appelée Jérusalem. Il leur exposait sa situation et celle de ses
compagnons, et les invitait à se joindre à eux dans une expédition militaire
contre Égypte....
Les Solomytes (ravis de cette proposition) attaquèrent en sʹalliant avec les
Égyptiens lépreux, et ils traitèrent la population conquise dʹune manière si
sacrilège quʹen comparaison, les fléaux infligés jadis par les bergers apparurent
comme un âge dʹor à ceux qui, maintenant, contemplaient les impiétés de leur
nouveaux ennemis. Non seulement ils mettaient à feu et à sang les cités et les
villages, non seulement ils pillaient tous les Temples et mutilaient les images
des Dieux, mais non contents de cela, ils utilisaient les Sanctuaires même
comme des cuisines pour y faire rôtir les vénérables animaux Sacrés, et ils
forçaient les Prêtres et les devins à sacrifier ces animaux Sacrés en les égorgeant;
Puis ils chassaient les Prêtres après les avoir dénudés.
On dit que le Prêtre Osarsiph, qui leur donna leur Constitution et leur Code de
Lois était natif dʹHéliopolis, et que, lorsquʹil se joignit à ces gens, il changea son
nom, et fut appelé Moïse.
‐4‐ Lysimaque, Auteur Égyptien du 2ème siècle av. EC, écrivit également une
Histoire de l’Égypte en Grec.
Lysimaque présente une version de lʹExode qui est encore plus hostile aux Juifs :
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Lysimaque : Histoire de Égypte :
Cité par Flavius Josèphe dans Contre Apion : 1 : 305‐311 :
Durant le règne de Bocchoris, Pharaon Égypte, le peuple Juif, infecté de lèpre,
de scorbut et dʹautres maladies contagieuses, se réfugia dans les Sanctuaires
Égypte, et là, ils vécurent en mendiant. Comme beaucoup de gens avaient été
contaminés par ces maladies, la mort et la désolation sʹabattirent sur l’Égypte.
Boccoris, le Pharaon, envoya des hommes consulter lʹOracle dʹAmmon sur ces
événements. Le Dieu répondit en donnant comme instruction de purifier les
Temples en chassant les contaminés et impies dans le désert, et de noyer tous
ceux qui étaient déjà attaqués par la lèpre et le scorbut. Car, déclara lʹOracle, le
Soleil était mécontent que de telles personnes pussent continuer à vivre, et il
fallait en purifier les Sanctuaires si lʹon voulait que la terre fournisse de
nouveau des récoltes. En entendant ses oracles, Boccoris convoqua les Prêtres et
leurs aides sacrificiels; le Pharaon leur ordonna dʹencercler toutes les personnes
contaminées et de les livrer aux soldats afin quʹils soient conduits dans le désert.
Quant aux lépreux et à ceux atteints du scorbut, il ordonna quʹils fussent
enveloppés dans des feuilles de plomb et jetés à la mer pour y être noyés.
Après avoir noyé les lépreux et les scorbuteux, les autres furent rassemblés et
exposés dans le désert pour y périr à leur tour.
Lorsquʹils furent ainsi rassemblés, ils délibérèrent entre eux. A la nuit tombante,
ayant allumé un grand feu et des torches, ils montèrent la garde ; et, la nuit
suivante, ils jeûnèrent et prièrent les Dieux de les sauver. Le jour suivant, un
certain Moïse leur conseilla de prendre le risque de sʹaventurer droit devant
eux, jusquʹà ce quʹils trouvent des régions habitables. Et il leur donna comme
instruction de ne montrer de bienveillance envers quiconque, de ne jamais
donner aux autres le meilleur conseil, mais le pire, et de détruire tous les
Temples et tous les Autels consacrés aux Dieux quʹils pourraient trouver sur
leur chemin. Tous acquiescèrent, et ils firent ce qui avait été ainsi décidé. Ils
réussirent à traverser le désert, et, après de nombreuses souffrances, ils
parvinrent dans des régions habitées. Là, ils maltraitèrent les gens qui y
vivaient, et pillèrent et brûlèrent leurs Temples. Ils parvinrent ainsi dans le pays
appelé maintenant Judée où ils fondèrent une ville et sʹy installèrent. La ville fut
appelée Hyerosila (la ville des pilleurs de Temples) à cause de leurs
dispositions. Plus tard, lorsquʹils eurent acquis de la puissance, ils changèrent
son nom pour éviter la réprobation et les soupçons, et ils appelèrent leur cité
Hiérosolyma (Jérusalem), et eux‐mêmes sʹappelèrent alors les Hiérosolymites.
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‐5‐ On retrouve les mêmes thèmes dans des fragments de lʹHistoire d’Égypte, écrite
en Grec, par Charémon, un autre Prêtre Égyptien du 1er siècle EC.
Charémon succéda à Apion comme Directeur de la Bibliothèque dʹAlexandrie, et devait être
lʹun des professeurs de Néron. Il fit très probablement partie, avec Apion, de la Délégation
dʹAlexandrins qui alla plaider devant Caligula la cause anti‐Juive.
Il convient de noter que Charémon et Apion, qui étaient des érudits renommés, auxquels
leur fonction de Directeur successif de la Bibliothèque dʹAlexandrie conférait une réputation
prestigieuse, eurent une influence certaine sur les Intellectuels et les Dirigeants Romains : et,
cela, tout particulièrement, en ce qui concerne leur jugement porté sur les Juifs, de par la
connaissance et lʹexpertise supposées dʹApion et de Charémon, dans le domaine culturel et
historique de la ʺQuestion Juiveʺ.
Flavius Josèphe, après la destruction du Temple par Titus, avait pu prendre, à Rome, toute la
mesure de lʹinfluence qui y était exercée par le courant Idéologique représenté, par Apion,
Charémon et autres représentants dʹune ligue de pensée farouchement anti‐Juive.
Aussi, Flavius Josephe jugea nécessaire de répondre, point par point, aux critiques qui
avaient été formulées dans lʹOuvrage dʹApion, Histoire de l’Égypte, édité en plusieurs
volumes : En effet, un livre entier, intitulé Contre les Juifs, y recensait, systématiquement, les
nombreux thèmes Païens traditionnels, qui attaquaient la spécificité Idéologique Juive et en
dénonçait les fondations.
Flavius Josephe reprit donc les termes du sous‐titre dʹApion, Contre les Juifs, pour publier un
livre polémique quʹil intitula : Contre Apion :
Flavius Josèphe : Contre Apion : 2 : 10,15,17, 20‐21, 25 :
Dans le troisième livre de son Histoire d’Égypte, Apion fait la déclaration
suivante:
ʺMoïse, ainsi que je lʹai entendu des anciens en Égypte, était un natif
dʹHéliopolis qui, étant assermenté aux rites de son pays, érigea des Temples en
plein air, en des endroits variés de la ville, tous orientés vers lʹest, ce qui était la
règle de lʹorientation en vigueur à Héliopolis...ʺ
Sur la question de la date quʹil assigne à lʹexode des lépreux, des aveugles et des
mutilés, sous la conduite de Moïse, nous constaterons que le précis
Grammairien quʹest Apion, se retrouve en parfait accord avec les Écrivains
précédents...
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Après avoir déclaré que ces exilés se montaient à 110.000, nombre imaginaire
avec lequel il se trouve en accord avec Lysimaque, Apion nous donne une
étonnante explication de lʹétymologie du mot ʺSabbathʺ :
Après une marche de six jours, nous dit Apion, les Juifs développèrent des
tumeurs à lʹaine. Cʹest pour cette raison quʹaprès être parvenus dans la région
appelée maintenant Judée, ils se reposèrent le 7ème jour, et appelèrent ce jour
ʺSabbatonʺ, préservant, de la sorte, lʹétymologie Égyptienne puisque la tumeur
de lʹaine, en Égyptien, est appelée ʺsabbatosisʺ...
Cet incroyable Apion, après nʹavoir pas craint dʹaffirmer que les Juifs
atteignirent la Judée en six jours, nous déclare tranquillement, par ailleurs dans
son même ouvrage, que Moïse monta dans la montagne appelée Sinaï qui se
trouve entre Égypte et lʹArabie, et quʹil y resta caché durant quarante jours, puis
quʹil en redescendit pour donner aux Juifs leurs Lois....
‐6‐ Flavius Josephe ne se trompait pas sur lʹimportante influence des Historiens
Égyptiens de langue Grecque sur les élites Romaines, car on peut constater que toutes les
versions Païennes issues de cette tradition, concernant lʹExode des Juifs et le personnage de
Moïse, ont connu une très large et persistante diffusion dans le monde Antique Gréco‐
Romain.
On peut en trouver un exemple, avec lʹHistorien Romain, Tacite (55‐120 EC), qui apporte son
approbation et sa caution à ces récits à thèse anti‐Juive qui lui sont, ainsi, parvenus:
Tacite : Histoires :
5 : 3‐4 :
La plupart des auteurs sʹaccordent pour dire quʹen Égypte, lors dʹune épidémie
qui causa des difformités corporelles, le Pharaon Bocchoris sʹenquit auprès de
lʹoracle dʹAmmon et sollicita son aide : il lui fut répondu quʹil devait purger son
royaume et procéder à lʹexpulsion de cette race vers dʹautres contrées,
puisquʹelle était haïe des Dieux.
Aussi leur foule fut rassemblée et fut conduite dans le désert où elle fut
abandonnée. Alors que tous ces gens demeuraient passivement à pleurer et se
lamenter, lʹun dʹentre eux, appelé Moïse, les avertit quʹils ne devraient attendre
aucune aide des Dieux ou de quiconque, car tous les désertaient ; quʹils
devraient donc ne compter que sur eux‐mêmes, et regarder comme leur guide,
envoyé du Ciel, celui qui leur permettrait dʹéchapper à leur sort désespéré.
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Ils lui donnèrent leur accord et ils se mirent en marche dans la plus parfaite
ignorance,mais confiant en la chance qui leur était offerte.
Pour Tacite la lèpre originelle des Juifs semble une certitude tellement établie quʹil lui
attribue leur horreur du porc :
5 : 4 :
Les Juifs sʹabstiennent rigoureusement de manger du porc, en souvenir de
lʹépidémie de lèpre qui les avait frappés, car le porc est également sujet à cette
maladie.
‐7‐ Pour ce qui concerne ce courant de pensée qui faisait des Juifs un Peuple de
lépreux, on peut constater quʹil traversa les siècles avec succès, puisque, par exemple, au
18ème siècle, Voltaire, avec son talent caustique, en rend compte comme dʹun fait
historiquement établi, dans un Article sur la Judée et les Juifs du Dictionnaire Philosophique :
Voltaire : Dictionnaire Philosophique : Judée : Extrait :
Mais si Dieu qui conduisait les Juifs voulait leur donner une bonne terre, si ces
malheureux avaient, en effet, habité Égypte, que ne les laissait‐il en Égypte ?
(qui, selon Voltaire, est une bonne terre par rapport à la Judée qui est exécrable)
La Judée, dit‐on était la Terre Promise. Dieu dit à Abraham : ʺJe vous donnerai
tout ce pays depuis le Fleuve Égypte jusquʹà lʹEuphrate.ʺ (Genèse 15 : 18).
Hélas ! mes amis, vous nʹavez jamais eu ces rivages fertiles de lʹEuphrate et du
Nil. On sʹest moqué de vous. Les maîtres du Nil et de lʹEuphrate ont été tour à
tour vos maîtres. Vous avez été presque toujours esclaves. Promettre et tenir
sont deux, mes pauvres Juifs. Vous avez un vieux Rabbin qui, en lisant vos
sages prophéties qui vous annoncent une terre de miel et de lait, sʹécria quʹon
vous avait promis plus que du beurre et du pain. Savez vous que si le Grand
Turc mʹoffrait aujourdʹhui la Seigneurie de Jérusalem, je nʹen voudrais pas ?
Frédéric II (un temps, protecteur et ami de Voltaire), en voyant ce détestable
pays déclara publiquement que Moïse était bien malavisé dʹy mener sa
compagnie de lépreux : ʺQue nʹallait‐il à Naples ?ʺ disait Frédéric.
Adieu mes chers Juifs ; je suis fâché que terre promise soit terre perdue.
‐8‐ Finalement, sur les origines éventuelles de cette antique croyance, qui faisait
des Juifs un peuple de lépreux qui aurait été déporté d’Égypte : on peut noter deux
remarques :
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‐ Un certain nombre de Règles, édictées par Moïse, concerne la surveillance que les Prêtres
doivent exercer sur les maladies de la peau, la façon de les diagnostiquer, et la manière de
constater leur guérison, qui est entérinée par la Purification définitive du malade.
‐ Et pour ce qui concerne la lèpre, à proprement parler, et tant qu’elle n’est pas guérie, le
Précepte approprié de Moïse est implacable et sans appel :
Le lépreux, demeurant impur, ne peut plus faire partie de la Communauté :
Lévitique : 15 : 45‐46 :
Il faut que lʹhomme atteint de lèpre porte des vêtements déchirés, ne se coiffe
pas, et se couvre le bas du visage. Il doit crier : ʺImpur ! Impur !ʺ
Il demeure impur aussi longtemps quʹil est atteint de la lèpre ; cʹest pourquoi il
doit avoir sa tente à lʹécart des autres gens, et en dehors du camp.
‐9‐ Parmi les diverses croyances, répandues dans lʹAntiquité par les Idéologues
Païens, sur la Religion des Juifs, Flavius Josèphe se sent obligé de réfuter, également,
lʹaffirmation que les Juifs vénéraient un âne, ou la tête dʹun âne, dans leur Temple de
Jérusalem, car cette croyance sʹétait assez fermement installée.
A ce propos, Flavius Josephe cite, dans Contre Apion, Mnaseas de Patara, qui était un
Géographe dʹAsie Mineure, écrivant en Grec, au 2ème siècle av. EC, et il cite également
Apion :
Flavius Josèphe : Contre Apion : 2 : 80 :
Apion a lʹeffronterie dʹaffirmer quʹà lʹintérieur du Temple les Juifs gardaient
une tête dʹâne car ils vénèrent cet animal et le jugent digne dʹun culte. Ce fait a
été révélé, démontre‐t‐il, à lʹoccasion de lʹintrusion faite dans le Temple de
Jérusalem par Antiochus Épiphane, où celui‐ci découvrit une tête dʹâne faite
dʹor et de grande valeur.
Cette idée du Culte dʹun âne par les Juifs dans leur Temple fut également présentée, entre
autres, par Diodore de Sicile, dans son Ouvrage en Grec, écrit au 1er siècle av. EC, et intitulé
Bibliothèque Historique. :
En 34 : 1‐3 de cette Oeuvre de compilation historique, Diodore de Sicile écrit, également,
quʹAntiochus Épiphane (245‐164 av. EC) aurait trouvé dans le Temple de Jérusalem une
Statue représentant Moïse tenant un livre, et monté sur un âne.
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Et la généralisation de cette croyance antique du Culte de lʹâne par les Juifs dans leur Temple
est confirmée, en outre, par les deux grands Historiens Romains de la fin du premier siècle et
du début du deuxième siècle EC : Tacite et Plutarque :
Plutarque, auteur en Grec de nombreuses Biographies et dʹEssais sur quantité de sujets,
implique la filiation de la Religion Juive à la Mythologie Égyptienne, se rapportant à
Typhon, qui était le Dieu du Mal, Seth, et, par là, le meurtrier dʹOsiris.
Plutarque décrypte le Culte de lʹâne, et lʹinstitution de la semaine des sept jours par les Juifs,
de la façon suivante :
Plutarque : Sur Isis et Osiris : 31 :
Mais ceux qui affirment que la fuite de Typhon, après son combat, eut lieu sur
le dos dʹun âne, que cette fuite dura sept jours, et quʹil devint ensuite le père des
deux fils, Hyrosolymus (Jérusalem) et Judaeus (Judée), essaient, de toute
évidence, de transformer les traditions Juives en légendes.
Tacite : Histoires : 5 : 4 :
Les Juifs ont dédicacé dans leur Sanctuaire une statue de cet âne qui les avait
guidés dans le désert et leur avait permis, après leur exode dʹÉgypte, de mettre
fin à leur errance et à leur soif.
Cette remarque de Tacite, dans ce cas précis, met particulièrement en relief la force
irréductible dans certains cas de lʹIdéologie sur la Réalité, car il semble assez probable que
Tacite ait pu sʹentretenir avec des Officiers Romains de lʹÉtat‐Major de Titus, qui avaient
conquis Jérusalem en 70, et détruit son Temple, et qui, par conséquent avaient pu constater,
eux‐mêmes, quʹil nʹy avait aucune statue dʹâne dans le Temple des Juifs.
‐10‐ Une dernière critique circonstancielle, qui constitue, néanmoins, une accusation,
lourde de conséquences, est relevée par Flavius Josèphe dans Contre Apion :
Cʹest lʹaffirmation que les Juifs procèdent toujours à des sacrifices humains :
Apion : Cité par Flavius Josèphe : Contre Apion : 2 : 91‐96 :
Antiochus (Épiphane) trouva dans le Temple (de Jérusalem) un lit sur lequel un
homme était étendu avec une table à côté de lui chargée dʹun véritable banquet
de poissons, de viandes, de volailles, que le malheureux contemplait avec
stupéfaction. Lʹentrée du Roi fut saluée par lui avec adoration, comme si cette
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apparition devait le sauver. Lʹhomme se jeta aux pieds du Roi, leva sa main vers
lui, et lʹimplora de le libérer. Le Roi le rassura et lui demanda de lui dire qui il
était, la raison pour laquelle il se trouvait là et que signifiait le somptueux buffet
dressé. Lʹhomme, avec des gémissements et des larmes, et dʹune voix plaintive
lui raconta son histoire pitoyable :
Il expliqua au Roi quʹil était Grec et quʹau cours dʹun voyage, il avait été
kidnappé par des hommes dʹune race étrangère qui lʹavaient emmené dans ce
Temple. Là, il avait été enfermé, ne voyait personne et il était engraissé au cours
de festins prodigieux. Au début, ce traitement lʹavait rassuré et lui causait
même du plaisir. Puis sa suspicion grandit et finalement vint la consternation.
En interrogeant les serviteurs qui étaient affectés à son service, il avait appris la
Loi des Juifs, inimaginable, pour laquelle il était ainsi engraissé. Cette pratique
avait lieu chaque année à date fixe. Les Juifs kidnappaient un étranger, Grec,
lʹengraissaient durant une année, puis lʹemmenaient dans une forêt, où ils
lʹégorgeaient, sacrifiaient son corps selon leur rituel, et consommaient sa chair
quʹils partageaient, Et durant cette immolation, les Juifs prononçaient un
serment de haine contre les Grecs...
Ce genre dʹaccusation se perpétua, également, à travers les siècles, et, au Moyen‐Age, en
certaines régions et en certaines époques, des Communautés Juives furent accusées de
procéder à des sacrifices humains au cours de cérémonies secrètes.
Les ʺcoupablesʺ étaient livrés aux flammes et leurs biens saisis.
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4/ LʹEssence de la Confrontation Idéologique
entre les Païens et les Juifs
Polythéisme et Monothéisme
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‐1‐ Lʹabîme Idéologique qui sépare les Juifs des non‐Juifs dans lʹAntiquité est
constitué, en sa substance essentielle, par lʹantinomie qui oppose le Monothéisme et le
Polythéisme.
Ce Monothéisme, qui sépare les Juifs de lʹensemble du monde Païen, de par les
manifestations exigeantes et exclusives de cette Religion, constitue, aux yeux des Païens, non
seulement un sujet de réprobation, de mépris, et de dérision, mais, aussi, apparaît comme
une véritable agression contre lʹOrdre Idéologique des Dieux, établi de toute Antiquité.
De plus, ce Monothéisme des Juifs exclut absolument tout Culte rendu à un Souverain
Déifié, et représente, de la sorte, une menace politique pour lʹéquilibre social de la plupart
des sociétés Antiques.
Et, effectivement, cette menace Monothéiste, ressentie intimement par les Païens comme une
menace mortelle, et qui provoquera, finalement, la destruction du Temple de Jérusalem,
nʹétait pas sans fondement, puisquʹelle se révélera, dans toute son ampleur dévastatrice,
quelques siècles plus tard, lorsque le Monothéisme fera, définitivement et totalement,
disparaître le Polythéisme, au travers de lʹAvènement du Christianisme, avec la conversion
apparente de lʹEmpereur Constantin, qui lʹétablira comme Religion du nouvel Empire
Romain.
‐2‐ Ce Monothéisme intransigeant des Juifs, qui les sépare de tous les autres
Peuples de lʹAntiquité, est, en effet, inscrit, avec une force inflexible, répétitive, et impérative,
dans leurs Livres Sacrés et dans les Commandements :
Par exemple et entre autres, lʹÉternel déclare à Moïse :
Exode : 19 : 5 :
Si vous respectez Mon Alliance vous serez pour Moi un Peuple
particulièrement précieux parmi tous les Peuples. En effet, toute la Terre
mʹappartient mais vous serez pour Moi un Royaume de Prêtres, une Nation
consacrée à Mon service.
Exode : 20 : 3‐4 :
Tu ne fabriqueras aucune idole, aucun objet qui représente ce qui est dans le
ciel, sur la terre ou dans lʹeau, sous la terre ;
Tu ne tʹinclineras pas devant les statues de ce genre, tu ne les adoreras pas.
En effet, Je suis le Seigneur ton Dieu et Jʹexige dʹêtre ton Seul Dieu.
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‐3‐ Cette exigence absolue de lʹÉternel sʹaccompagne du refus et du rejet, sans
aucune compromission ni tolérance, de toute forme de Polythéisme avec lequel les Juifs
pourraient se trouver en contact.
Et ce refus, intransigeant et quasi‐vindicatif, proclamé par Moïse avant même lʹentrée en
Terre Promise, ne sera évidemment pas sans conséquence sur le comportement des Juifs,
chaque fois quʹils se trouveront, par la suite, en contact avec des Populations Païennes :
Exode : 34/ 12‐15 :
Vous vous garderez bien de conclure une alliance avec les habitants du pays
dans lequel vous pénétrerez ; ce serait un piège pour vous. Au contraire, vous
détruirez leurs autels, vous briserez leurs pierres dressées, et vous abattrez
leurs poteaux sacrés. Vous ne devez adopter aucun Dieu étranger, car moi, le
Seigneur, je mʹappelle ʺLʹExigeantʺ, et Jʹexige dʹêtre votre seul Dieu. Ne
concluez donc aucune alliance avec les habitants de ce pays. Lorsquʹils célèbrent
leurs cultes idolâtres, ils vous inviteraient à y participer et vous mangeriez de ce
quʹils offrent à leurs Dieux.
‐4‐ Cette volontaire mise à lʹécart de la Religion Juive était tout à lʹopposé du
Syncrétisme spontané et vivace du Polythéisme :
En effet, les Dieux de lʹAntiquité, de toutes natures et de toutes inspirations, fussent‐ils
étrangers, et où puissent‐ils se trouver, étaient toujours, respectés et honorés, au gré des rites
locaux, et ce, dans un climat de respect fervent, réciproque et universel.
Aussi, assez souvent, les plus fameux dʹentre ces Dieux étaient importés de leur Lieu de
Culte originel, pour être adoptés ou assimilés en un autre Lieu.
‐5‐ A lʹintransigeance Monothéiste Juive, correspondent des pratiques rituelles et
religieuses qui renforcent lʹunicité et la cohésion Juives, mais qui, dans le même temps,
aggravent considérablement les frontières abyssales qui séparent les Juifs des Païens.
‐ Par exemple, les interdits et rituels alimentaires constituent lʹun des aspects les plus
voyants et les plus quotidiens de cette différence qui empêche, de fait, une réelle
cohabitation et interpénétration des moeurs des Juifs et de ceux des Païens dans la vie
quotidienne.
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‐ Le repos et le respect absolu des règles rituelles du Septième Jour, le Shabbat, se
manifestent également dʹune façon très voyante dans la vie sociale, et apparaissent comme
une exception étrange, voire paresseuse et provocatrice, aux yeux des Païens, dans les
rythmes qui ponctuent lʹexistence quotidienne des Civilisations Antiques.
‐ Quant à lʹannée de repos Sabbatique, en particulier des terres, qui revient tous les sept ans,
elle apparaît, également, aux Païens comme un raffinement, extrême et inexplicable, de la
paresse des Juifs.
‐ Quant à la libération obligatoire de l’esclave au bout de sept années de servage, cette
prescription révolutionnaire apparaît comme une sédition scandaleuse qui est de nature à
détruire la société Païenne.
Ainsi, dans un contexte Idéologique hostile, tous les Rites Religieux ou les Règles de vie
quotidienne des Juifs sont perçus par les Païens, soit comme des agressions ou des
provocations à lʹencontre des autres Cultes, soit comme la manifestation de vices, qui font
des Juifs une collectivité totalement asociale, voire parasitaire, et destructrice des valeurs
Païennes :
Tacite, par exemple, exprime pleinement le point de vue de lʹIdéologie Païenne, en mesurant
lʹabîme qui sépare les Juifs des Païens, et en décrivant le danger que les Juifs représentent
pour la société Antique traditionnelle :
Tacite : Histoires : 5 : 4‐5 :
Moïse voulant assurer pour lʹavenir son autorité sur cette Nation institua des
rites nouveaux et contraires à ceux des autres mortels. Là‐bas est profane tout ce
qui chez nous est sacré ; en revanche est permis chez eux ce qui pour nous est
abominable. Lʹeffigie de lʹanimal (lʹâne) dont le comportement avait permis de
mettre fin à leur marche errante et à leur soif fut sanctifié dans leur Sanctuaire,
et ils sacrifièrent un bélier afin dʹoutrager le Dieu Amon‐Ré (le Dieu‐Soleil
Égyptien à tête de bélier) ; De la même façon, ils immolent le boeuf parce que
les Égyptiens honorent Apis (taureau divin qui est lʹincarnation, à la fois, des
Divinités Isis et Osiris).
Ils ne mangent pas de porc, en souvenir de leur malheur parce quʹeux‐mêmes,
autrefois, avaient été atteints dʹune sorte de lèpre à laquelle cet animal est
sujet...
Ils ont voué le septième jour au repos, parce que, disent‐ils, ce septième jour
leur apporta la fin de leurs épreuves. Ensuite, séduits, ainsi, par la paresse, ils
consacrèrent également la septième année à lʹinaction...
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Ces rites, de quelque manière quʹils ont été introduits, pourraient se justifier par
leur haute Antiquité ; mais les autres pratiques, sinistres, honteuses, ont prévalu
en raison de leur immoralité. Car tous les scélérats qui reniaient le culte de leurs
pères (les prosélytes, cʹest à dire des Païens Romains convertis au Judaïsme)
apportaient aux Juifs leurs biens et leur argent ce qui accroissait la richesse des
Juifs.
Et cela, dʹautant plus, quʹentre eux règne une loyauté obstinée, une compassion
toujours secourable, tandis quʹà lʹégard des autres peuples ils manifestent une
hostilité haineuse. Ils mangent à part, font lit à part, et ce peuple, dʹune liberté
de moeurs effrénés, sʹabstiennent cependant de coucher avec les femmes
étrangères. Mais entre eux, tout est permis. Ils ont institué la circoncision pour
se faire reconnaître par ce signe distinctif. Leurs prosélytes adoptent la même
pratique, et les premiers principes quʹon leur inculque sont le mépris des Dieux,
le reniement de leur patrie, lʹidée que leurs parents, leurs enfants, leurs frères ne
comptent pour rien.
Cependant lʹaccroissement de leur population est un de leurs soucis ; en effet,
ils pensent que cʹest un sacrilège de tuer tout enfant qui vient en surnombre. ; et
ils croient en lʹimmortalité des âmes qui ont été tués sur le champ de bataille ou
suppliciés, (croyance des Pharisiens du temps de Tacite) de là leur passion pour
la procréation et leur mépris pour la mort.
Les Égyptiens vénèrent presque tous les animaux et des effigies formés dʹun
mélange dʹêtres humains et dʹanimaux. Les Juifs ne conçoivent la Divinité que
par la pensée et nʹen reconnaissent quʹune seule. Ils considèrent comme des
impies ceux qui fabriquent des images des Dieux avec des matériaux
périssables et avec des formes humaines. Leur Être Suprême, prétendent‐ils, est
éternel, inimitable et indestructible: Aussi, ils ne dressent aucune Statue dans
leurs villes, ni, à plus forte raison, dans leurs Temples. Cette révérence est
refusée à leurs Rois, et ce devoir dʹhonneur est même refusé à nos Césars.
Comme leurs Prêtres chantaient au son de la flûte et des tambourins, quʹils
ceignaient leurs fronts de guirlandes de lierre, et comme une vigne dʹor a été
trouvée dans leur Temple, certains ont pensé quʹils adoraient Dionysos, bien
que leurs rites nʹaient vraiment aucun rapport. En effet, Dionysos a institué des
rites joyeux et allègres, alors que les pratiques des Juifs sont ineptes et sordides.
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5/ La Spécificité Idéologique des Juifs
Avantages et Problématiques
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‐1‐ Sur un autre plan, Tacite remarque donc, à juste titre, quʹune solidarité et une
cohésion très particulières sʹétablissent entre tous les Juifs, et ce au dépens des Païens.
Cette cohésion véritable et remarquée, en dépit dʹune dispersion géographique, découlait de
plusieurs facteurs, dont, en particulier, les impératives réglementations religieuses et les rites
communs, ainsi que la reconnaissance, par tous les Juifs, dʹun seul Dieu et dʹun seul Temple,
situé à Jérusalem :
De ce Temple, en effet, émanaient les Directives rituelles importantes, telles que, par
exemple, lʹétablissement du Calendrier Religieux annuel.
De plus, tous les Juifs, sans exception, y envoyaient, chaque année, une contribution
financière, la dîme fixée par Moïse (Deutéronome 14/25) et qui était devenue, dans lʹAntiquité
Gréco‐Romaine, un montant de un demi‐drachme par an, pour chaque homme Juif.
Tous ces divers éléments dʹun Culte Juif, unitaire et exigeant, avaient contribué à tisser,
autour de Jérusalem, un immense réseau qui rassemblait toutes les communautés Juives, au
delà des frontières des Royaumes ou Empires Païens, et en dehors de toutes alliances
politiques ou de tous antagonismes nationaux.
‐2‐ Renforçant en chaque individu cette spécificité rituelle, une empreinte
corporelle, la circoncision demandé par Dieu à Abraham et à sa descendance, comme le
Signe dʹAlliance avec lʹÉternel, marque dʹun sceau indélébile chaque individu mâle de la
société Juive et le distingue, à vie, du Païen.
Or, cette circoncision est considérée, le plus souvent, avec réprobation et mépris par les
Païens qui lʹassimilent à une mutilation, qui serait comparable à une castration.
Et, à tout le moins, la circoncision constitue, aux yeux du monde Gréco‐Romain, une atteinte
rédhibitoire à la recherche Antique de la beauté de la perfection de la nudité masculine, telle
quʹelle est représentée par la statuaire Grecque, puis Romaine, et telle quʹelle est préservée,
reconnue et développée, collectivement, dans les gymnases dʹabord, dans les thermes,
ensuite.
Aussi, la circoncision était considérée, par les Païens, comme une sorte de difformité
corporelle intolérable, et, par exemple, à cause de cela, les Juifs ne pouvaient pas, en général,
concourir aux Jeux Olympiques.
Cette atteinte à lʹintégrité idéale du corps masculin constituera lʹune des composantes
fondamentales de la confrontation finale qui se jouera, ainsi que nous le verrons infra, entre
Juifs et Romains, sous lʹEmpereur Hadrien.
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‐3‐ Il sʹensuit, que, très souvent, dans lʹAntiquité, la circoncision est considérée avec
la plus grande dérision, quʹon lʹassimile souvent à une lubricité anormale, et quʹelle suscite,
pour ces raisons, de la part des Païens, sarcasmes et moqueries.
Il nʹest que dʹobserver, par exemple, lʹoeuvre des peintres de certains vases Grecs qui nous
sont parvenus, pour constater quʹà leurs yeux, le pénis décalotté et lʹexposition du gland
constituent un motif obscène, lubrique et vulgaire, motif que ces Artistes réservaient, avec
jubilation, à lʹévocation de satyres, dʹhorribles vieillards lubriques, ou encore à des
burlesques ridicules.
Par la suite, les Auteurs satiriques Romains, tels que Horace, Pétrone, Persius, Martial,
Juvénal, exploiteront, à leur tour, cette veine grotesque de la circoncision qui leur permettra
de ridiculiser, scatologiquement, certains personnages quʹils souhaitent atteindre de leurs
épigrammes.
Et Philon dʹAlexandrie, Auteur‐Philosophe Juif dʹEgypte, au 1er siècle EC, lorsquʹil veut
justifier la circoncision dans son ouvrage Des Lois : I : 1, commence son sujet en déclarant :
ʺ ...la circoncision, objet des railleries de la foule...ʺ
On peut mesurer la force de répulsion quʹexerçait, de fait, la circoncision sur certaines
Populations païennes Antiques, par exemple, au travers dʹune anecdote, rapportée par
Flavius Josèphe dans son ouvrage : Antiquités Bibliques : 16 : 225 :
Hérode le Grand, le Roi des Juifs de 40 à 4 av. EC, était dʹorigine iduméenne, cʹest à dire, issu
dʹune région dont les habitants avaient été circoncis de force par les Juifs Hasmonéens. De
plus, la mère dʹHérode était dʹorigine non Juive.
Or, malgré cela, et bien quʹil ne fut pas, lui‐même, intimement attaché aux Règles de la
Religion Juive, Hérode le Grand, pour des raisons politiques et médiatiques, essentiellement
destinées à préserver, sans contestation possible, le Royaume Juif au sein de sa famille,
voulut imposer la circoncision à Sylla lʹArabe, qui demandait à épouser la soeur dʹHérode,
Salomé.
Cette exigence dʹHérode fit que Sylla, finalement, préféra retirer sa demande, pour la raison
quʹune Alliance faite dans ces conditions aurait été, selon lui, tellement odieuse aux sujets
Arabes de son temps, qui lʹauraient lapidé jusquʹà ce que mort sʹensuive.
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‐4‐ Lʹensemble des singularités religieuses et rituelles de la Collectivité Juive,
marquée, de surcroît, dans sa chair par la circoncision, fait des Juifs une caste à part, avec
tous les avantages, mais aussi tous les inconvénients quʹune telle mise à lʹécart peut entraîner
dans la vie sociale et internationale.
De plus, les exils successifs, volontaires ou forcés, ont fait de ce Peuple une Collectivité très
disséminée sur tout le Bassin Méditerranéen, mais, dans le même temps, et de par son
originalité religieuse, une Communauté dont lʹunité profonde dépasse les frontières des
différentes Nations.
Il est certain que le réseau, ainsi constitué par les Juifs pour des motifs religieux, leur offrait,
dʹemblée, des facilités incontestables et une cohésion extrêmement efficace, tout
particulièrement, dans le domaine des échanges commerciaux.
Cette cohésion économique internationale était dʹautant plus solide que, dʹune part, le taux
usuraire était strictement interdit par la Loi Juive à lʹintérieur de leur propre Collectivité, et
que, dʹautre part, lʹhonnêteté la plus scrupuleuse, les uns envers les autres, leur était
prescrite par cette même Loi.
Deutéronome :
23 : 20‐21 :
Si vous prêtez quelque chose à un coreligionnaire, argent, nourriture et autres,
nʹexigez de lui aucun intérêt. Vous pouvez exiger des intérêts dʹun étranger
mais pas dʹun coreligionnaire.
25 : 13‐15 :
Vous nʹaurez pas dans votre sac des poids inexacts, certains plus lourds et
dʹautre plus légers. Vous nʹaurez pas non plus chez vous des mesures falsifiées,
certaines plus grandes et dʹautres plus petites. Vous ne devez avoir que des
poids exacts et des mesures justes.
‐5‐ Les Juifs dans leur ensemble, et particulièrement les Notables Juifs, étaient
réputés, à tort ou à raison, de disposer de grandes richesses.
Pour ce qui concerne la Judée et les provinces Juives avoisinantes, elles étaient réputées
fertiles, et étaient renommées, en particulier, pour le blé, le froment, les vignobles, et les
oliviers ; lʹélevage y était également très important.
Il faut à cet égard rappeler que toutes ces régions, dont certaines sont aujourdʹhui quasi
désertiques, étaient, alors, extrêmement boisées, et que, par conséquent, lʹhumus fixé sur les
rochers y était important, et permettait des récoltes abondantes et un élevage prospère.
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Le contenu des sujets traités dans les Écrits Rabbiniques, comme, par exemple, ceux figurant
dans la Mishnah et les deux Talmuds, rend compte de lʹimportance que lʹAgriculture et
lʹÉlevage avaient dans lʹéconomie de la Judée et des régions avoisinantes.
En complément de ses richesses agricoles, et par conséquent de ses exportations de denrées
alimentaires, le commerce extérieur des provinces Juives disposait dʹautres atouts non
négligeables. La Judée, en particulier, avait le monopole quasi‐mondial de la production des
plantes balsamiques. Or, dans lʹAntiquité, ces plantes étaient considérées comme constituant
la base des meilleurs remèdes, et se négociaient, par conséquent, à prix dʹor.
Une autre ressource était constituée par les palmiers et ses divers produits dérivés ; ces
palmiers étaient, en particulier, lʹune des richesses de lʹIdumée, et contribueront à la fortune
qui permettra à la famille dʹHérode de sʹemparer du pouvoir Juif, en achetant, avec
munificence et subtilité, lʹappui des Empereurs Romains.
Une autre source de profit de la nation Juive, entre autres, était constituée par la production
du lin et de la pourpre, dont la réputation était grande, et dont la consommation ne cessait
de croître dans tout lʹEmpire Romain.
‐6‐ Pour ce qui concerne la Diaspora Juive, et tout particulièrement les Juifs
dʹAlexandrie qui constituaient la colonie à la fois, la plus puissante, la plus nombreuse, et la
plus prestigieuse sur le plan intellectuel, le système international, tissé par les spécificités de
la Religion Juive, leur permettaient dʹorganiser un puissant réseau de relations économiques
privilégiés.
Alexandrie, créée par Alexandre, était devenue, avec la domination Grecque dʹabord, puis
avec la domination Romaine, une capitale économique et culturelle de lʹAntiquité.
LʹÉgypte, entre autres, était, en effet, à cette époque, un véritable grenier :
Aussi, très rapidement, lʹalimentation des Romains et de leurs nombreuses Légions, va en
dépendre en grande partie.
Et, progressivement, les Juifs, profitant des dispositions favorables des premiers Empereurs
Romains à leur égard, prirent une part importante à ce négoce international, qui était,
naturellement, facilité et renforcé par des ʺcomptoirsʺ Juifs, disséminés sur tout le pourtour
du bassin méditerranéen.
Philon dʹAlexandrie, le Philosophe Juif, issu dʹune famille aisée, lorsquʹil relate, par exemple,
dans son oeuvre polémique Contre Flaccus la dévastation causée par une émeute sanglante
menée par la population dʹAlexandrie contre la collectivité Juive, en lʹan 38 EC, fait mention
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de lʹénormité des pertes causées aux négociants, aux exploitants de terres, aux propriétaires
de navires, aux marins, aux marchands et aux artisans, impliquant, dans sa liste descriptive,
une aisance sociale et un large niveau de ressources tout à fait importants.
Flavius Josèphe fait également référence à ce pouvoir capitaliste et à sa remarquable
organisation, lorsquʹil indique dans Antiquités Bibliques : 18 : 159, que le frère de ce Philon
dʹAlexandrie, lʹAlabarque Alexandre, sorte de Directeur du Trésor Romain, fut capable de
prêter au Roi Juif, Agrippa I, qui devait se rendre à Rome pour essayer de reconquérir un
Trône, la somme colossale de 200.000 drachmes, dont une partie lui fut versée en espèces,
tandis que lʹautre partie devait lui être remise sous forme dʹune ʺLettre de Créditʺ chez son
correspondant en Italie.
Il est évident quʹune telle prospérité et réussite apparentes, étayées par une entraide efficace,
pouvaient nourrir une animosité particulière dans la masse dʹune population environnante,
vivant, elle, assez souvent, dans un niveau économique inférieur. Et ce, dʹautant que, assez
souvent et de surcroît, les Juifs pouvaient devenir les créanciers dʹun grand nombre des
citoyens des villes où ils étaient installés.
Finalement, on peut faire remarquer que la pauvreté éventuelle dʹune certaine catégorie de
Juifs, dont, par exemple, des mendiants dans la Rome Impériale, était souvent éclipsée, aux
yeux de la Population Païenne, par la réputation que pouvait avoir une certaine catégorie de
Juifs aisés.
‐7‐ Aussi, le jugement négatif porté par les Païens sur les Juifs, était renforcé par ces
considérations économiques, quʹelles fussent justifiées ou non :
Cʹest ainsi que, par exemple, lʹAstronome Ptolémée, Alexandrin du 2ème siècle EC, résume
ce courant de pensée, à la fois Idéologique et Économique, lorsquʹil décrit les caractéristiques
des Juifs, en partant de lʹanalyse Astrologique régissant leur contrée.
En effet, selon sa méthode Horoscopique, la situation de chaque pays par rapport aux
Astres, détermine les spécificités et les aptitudes de ses habitants.
Dans son ouvrage, Apotelesmatica : 2/3/65‐66/29‐31, Ptolémée détaille, donc, les
caractéristiques des Juifs, de la façon suivante :
‐ Les pays les plus doués pour le commerce sont lʹIdumée, la Coelia‐Syria et la Judée, cʹest à
dire, selon le contexte de lʹouvrage de Ptolémée, les pays habités par les Juifs.
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‐ Partant de là, leur analyse Astrologique révèle que les Juifs nʹont aucun scrupule, quʹils
sont des fripons, prêts à tout, des méprisables pleutres, des perfides, quʹils sont serviles,
inconstants, quʹils penchent dʹabord dʹun côté, puis dʹun autre.
‐ Cet Horoscope de Ptolémée se fonde principalement sur le fait que la Contrée des Juifs se
trouve sous lʹinfluence particulière du ʺBélierʺ, et il en conclut, en conséquence, et sans
hésiter à se répéter, que ses habitants sont, à la fois, effrontés et perfides, et, ajoute‐t‐il, quʹils
ne respectent pas les Dieux.
‐8‐ La mise, ou la tenue, à lʹécart des Juifs par suite de la spécificité de leurs moeurs
et de leur Religion, leur apparente et supposée réussite sociale ou financière, qui
apparaissent comme particulièrement provocatrices lorsque les Juifs cohabitent avec des
Païens, les nombreux jugements défavorables formulés à lʹencontre des Juifs, tous ces
éléments réunis provoquent une envie et une hostilité sourdes, que la moindre péripétie,
porteuse dʹinimitié, peut, telle une étincelle, transformer en brasier dʹune haine populaire,
violente et meurtrière. En procédant à une synthèse de tous les griefs, recensés en termes
Idéologiques, on constate que les Païens reprochent aux Juifs, tant à ceux de la Diaspora quʹà
ceux des régions de Judée, leur séparatisme dʹavec la civilisation ambiante, cʹest à dire leur
ʺamixiaʺ (non mixité) qui les rendent comme insolubles dans la Culture de la Société Païenne
environnante, quʹelle soit Égyptienne, Syrienne, Grecque, et ensuite Romaine, alors que les
Juifs vivent au contact de ces populations, quʹils en soient géographiquement proches ou
lointains. Aussi la population Païenne, dans son ensemble, reproche aux Juifs de se tenir
délibérément en marge dʹune Civilisation universelle, dont ils profitent, néanmoins.
Or, cette Civilisation Païenne est parrainée par les Dieux, que les Juifs méprisent, comme ils
méprisent, également, leurs représentants sur terre, à savoir les Souverains Divins.
Aussi, cette ʺmisanthropiaʺ des Juifs, savamment diagnostiquée par les Idéologues Païens, et
découlant de ʺlʹamixiaʺ des Juifs, et, tout particulièrement, leur ʺathéothésʺ, cʹest à dire leur
refus absolu de tous les autres Dieux, annihilent pratiquement, lʹimage idéalisante du Juif de
très haute Antiquité, Philosophe et Créateur de Lois, qui était lʹun des reflets favorables de
lʹimage Juive, présentée, ou relayée, par quelques rares courants Idéologiques Païens.
‐9‐ Philostrate, Auteur sophiste, entre le 2éme et 3ème siècle EC, qui écrivit en grec
une Biographie dʹApollonius de Tyane, reproche, après Tacite, aux Juifs, surtout à ceux de la
Diaspora, de ne partager avec les Païens, ni la table, ni les libations, ni les sacrifices, bref
aucun des rites qui, aux yeux des intellectuels Hellénisants, constituent les fondements‐
mêmes de toute Civilisation conviviale :
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Philostrate : Vie dʹAppolonius de Tyane : 5 : 33 :
Car ces gens (les Juifs) se sont toujours rebellés non seulement contre les
Romains mais contre tous les autres peuples. Par leur mode de vie totalement
asocial, et par leur refus obstiné dʹavoir quoique ce soit en commun avec les
autres, que ce soit la nourriture, les libations, les prières, ou les sacrifices, les
Juifs nous sont radicalement plus étrangers que les gens de Suse, de Bactrie, ou
même, plus loin encore, des habitants des Indes.
En fait, cet important courant de Pensée Antique reproche, plus profondément, aux Juifs de
refuser de partager et dʹassumer tous les devoirs ʺCitoyensʺ des autres habitants de la ʺCitéʺ,
dont les Juifs tirent, néanmoins, profit dʹune façon quasi‐parasitaire.
Cʹest ainsi également que, par exemple, et dʹune façon générale, les Juifs de la Diaspora ne
sont presque jamais enrôlés comme militaires auxiliaires, car leurs Rites Religieux, dont, en
particulier, le respect absolu du Sabbat et les interdits alimentaires, ne leur permettent pas de
sʹamalgamer au sein de quelque armée que ce soit.
‐10‐ Le plus grave, pour le Destin de la Communauté Juive, et qui lui sera fatal, est
le fait que, lorsque les Juifs se trouvent en position dʹêtre des vassaux, ce qui constitue la
plupart des cas dans lʹhistoire de lʹAntiquité Perse, puis Gréco‐Romaine, les Juifs refusent
obstinément de sʹassocier à la Déification (ou à la quasi‐Déification) du Souverain.
Or cette Déification, qui était, le plus souvent, la Règle absolue, constituait, en réalité, le
Rituel qui permettait, alors, dʹunifier durablement les mosaïques des Sociétés Antiques,
rassemblées, de gré ou de force, dans un même Empire.
Il sʹensuivit quʹil fut souvent aisé, à des entourages hostiles, dʹinsinuer aux Souverains
Païens, que les Juifs constituaient des ferments incontrôlables de troubles, et quʹils étaient
des rebelles dangereux, dont il conviendrait, tôt ou tard, de se débarrasser définitivement,
sous peine de voir lʹAutorité du Souverain Déifié mise en péril, et, par là‐même, lʹéquilibre
social de la société Antique toute entière, réduite à néant.
Cʹest à dire quʹun argumentaire Idéologique dʹune nécessaire Solution Finale et définitive, se
mettait, ainsi en place, dʹâge en âge, sournoisement, ou ouvertement :
Et le dernier avatar, dans lʹAntiquité, des assauts menés par cet argumentaire Idéologique
Païen récurrent, débouchera effectivement, en 70, sur la destruction définitive par les armées
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Romaines Polythéistes de Titus, du Temple Millénaire des Juifs à Jérusalem, où sʹétait
incarné jusquʹalors le Monothéisme, puis, en 135, au travers dʹune magistrale manipulation
mise en oeuvre par Hadrien, sur la disparition du Site du Temple, et la dispersion quasi‐
définitive des Juifs hors de Judée.
Pour conclure sur ce Paradigme de la nécessaire élimination des Juifs, on pourra noter que
cet antique courant Idéologique aura, soudainement, ressurgi, avec une extrême violence, au
20ème siècle EC.
Et lʹon pourra, également, noter que cette menace de totale annihilation engendra la
résurrection de lʹIsraël des Juifs, autour de leur Temple disparu.
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6/ Le Paradigme Idéologique Antique
de la nécessaire Expulsion
ou de la nécessaire Élimination
des Juifs
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‐1‐ Dans le cadre de ce constat général, il nʹest pas étonnant que lʹExode des Juifs
dʹÉgypte avec Moïse, présentée par les Intellectuels Païens de lʹAntiquité, comme ayant été,
en réalité, lʹexpulsion dʹune race nocive et dégénérée de lépreux, soit, progressivement,
devenu comme le paradigme de lʹInconscient Collectif Païen, qui fixait la ligne de conduite
idéale à tenir, à lʹégard des Juifs, par les détenteurs des Pouvoirs politiques et militaires, et
par les Populations Païennes.
En effet, cette expulsion dʹÉgypte dʹune race nocive constitue le modèle qui sera, souvent,
fidèlement emprunté, et même dépassé, lors des délibérations ou des décisions
gouvernementales Païennes, qui auront à décider du sort des Juifs, dans la Diaspora, comme
en Judée même.
Ce paradigme de la nécessaire élimination de la Judéité nocive et de la nécessaire dispersion
des Juifs, sera étayé, et relayé, par la suite, sous une autre forme, par la Théologie des
premiers Chrétiens, qui accuseront les Juifs de Déicide, cʹest à dire méritant, par là, le juste
châtiment qui les atteint.
‐2‐ Après lʹExode d’Égypte, la première déclinaison majeure, dans lʹAntiquité, de
ce paradigme de la nécessaire exclusion des Juifs, fut la destruction à Jérusalem, du 1er
Temple des Juifs, par les armées de Nabuchodonosor, en 587 av. EC, et la (2ème) déportation
de la plus grande partie des élites Juives à Babylone.
La deuxième déclinaison majeure de ce même paradigme est relaté par le Livre dʹEsther.
Le Livre Esther, qui est à lʹorigine de la célébration de la Fête Juive de Pourim, a été composé
entre le 4ème et le 2ème siècle av. EC, cʹest à dire dans le contexte de la Domination Grecque.
Ce Livre raconte comment une Communauté Juive dʹOrient échappa à la menace
dʹextermination que faisait peser sur elle, des intrigues à la Cour du Roi Perse.
Par ailleurs, le Livre dʹEsther permet, entre autres, de donner un éclairage parallèle à la
Traduction Grecque de certains passages de lʹAncien Testament, appelée Septante, par rapport
au Texte Hébreu original.
En effet, le Texte Grec du Livre dʹEsther est plus fourni que le Texte Hébreu qui nous est
parvenu, et, surtout, le Texte Grec comporte 6 compléments importants, par rapport au
Texte Hébreu équivalent.
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Comme ce Livre dʹEsther nʹest pas un Livre Prophétique, et quʹil relève plutôt (pour anticiper
une dénomination qui trouvera sa formulation écrite à partir du 3ème siècle EC) de la
Littérature Aggadique, cʹest à dire dʹun mélange de récits historiques et/ou légendaires, et
non pas de la Littérature Halakhique, cʹest à dire de Textes explicitant la Loi, il est, à priori,
difficile de déterminer si ces compléments, qui se trouvent dans le Livre Grec dʹEsther, ont
été ajoutés, ou bien sʹils existaient dans une version Hébraïque originale, qui ne nous serait
pas parvenue, et dont ils auraient, dans ce cas, été retranchés
Toutefois, le texte Grec dʹEsther prend bien soin dʹauthentifier sa traduction comme étant
absolument fidèle à lʹoriginal :
Livre dʹEsther (Grec) : 10 : 11 :
Pendant la quatrième année du règne de Ptolémée et de Cléopâtre
((probablement, Ptolémée VIII vers 115 av. EC) Dosite qui disait être Prêtre‐
Lévite et Ptolémée son fils apportèrent (en Égypte) ce récit concernant la Fête de
Pourim. Ils garantirent que cʹétait le Texte authentique, traduit (de lʹHébreu en
Grec) par Lysimaque, fils de Ptolémée, habitant de Jérusalem.
‐3‐ En tout état de cause, la comparaison détaillée des deux Textes, Hébraïque et
Grec dʹEsther, permet dʹavancer que le rajout éventuel, ou bien le retranchement éventuel, de
certains chapitres, ont été déterminés, par les seules considérations de recherche, par les
Juifs, de la meilleure (ou plus prudente) communication Idéologique à mettre en place, afin
de combattre les menaces Païennes dʹextermination, qui pesaient, en permanence, sur
certaines Collectivités Juives.
Dans le Livre dʹEsther, Haman, le Ministre Grec du Roi Xerxés (pour la version Hébraïque)
connu sous le nom dʹAssuérus, ou Ministre du Roi Artaxerxés (pour la version Grecque)
conseille à lʹEmpereur Perse dʹexterminer les Communautés Juives qui vivent sous sa
souveraineté.
Cette Communauté est, alors, majoritairement constituée en Orient par les descendants des
Juifs qui furent déportés par Nabuchodonosor, lors de la destruction du premier Temple de
Jérusalem.
Mardochée, un Juif, fonctionnaire important de la Cour, a persuadé sa fille adoptive Esther,
qui est une très belle vierge, (et quʹil sʹétait réservé comme femme selon la version Grecque)
de se faire remarquer par le Roi ; elle réussit effectivement à se faire épouser par le
Souverain, sans lui révéler toutefois son origine Juive.
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Ensuite, grâce à lʹintervention dʹEsther, la Communauté Juive de lʹEmpire Perse sera sauvée,
Mardochée sera comblé dʹhonneurs et lʹancien Ministre Grec Haman sera pendu.
Le plaidoyer du Ministre Haman en faveur de lʹextermination de la Communauté Juive est
quasiment identique dans la version Hébraïque et dans la version Grecque dʹEsther.
En voici la version commune qui reprend les thèmes habituels de lʹargumentaire
Idéologique Païen, concernant la nécessité dʹune telle extermination des Juifs :
(‐Les variantes de la version Grecque sont mises entre parenthèses, précédées de la lettre G‐
‐Les variantes de la version Hébraïque sont mises entre parenthèses, précédées de la lettre
H‐ ):
Esther : 3 : 8‐9 (versions Hébraïque et Grecque) :
Haman dit au Roi :
Majesté, il existe un Peuple dont les membres sont dispersés dans toutes les
provinces de ton Empire (G : partout dans ton Empire). (H :Ils vivent à part.) Ils
suivent des coutumes qui ne ressemblent à celles dʹaucun autre Peuple, et ils
nʹobéissent pas aux Lois Royales ( G : et ils refusent dʹobéir aux Lois Royales).
Tu nʹas pas intérêt à laisser ces gens là tranquilles. Si tu le juges bon, veuille
donner lʹordre (H : par écrit) de les exterminer.
Il y a donc très peu de différences entre les deux versions de ce plaidoyer.
On peut, néanmoins, noter que la version Grecque insiste plus sur le refus dʹobéissance et le
caractère rebelle de la Communauté Juive.
‐4‐ Par contre, alors que la version Hébraïque rend seulement compte de la
Décision dʹextermination, la version Grecque donne, elle, le Texte intégral du Décret officiel
dʹextermination, qui fut paraphé par le sceau de lʹEmpereur Perse.
Cette version Grecque, de la sorte, rend compte dʹune sorte de modèle Juridique, dans lequel
sont contenus les divers reproches faits aux Juifs.
Et la seule conclusion Judiciaire proposée est lʹextermination totale des Juifs, ce qui
permettrait dʹéradiquer, définitivement, le danger social endémique que cette race fait peser
sur l’ensemble de la Société Païenne.
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Esther (Grec) : 3: 13 :
Voici le Texte du Décret Royal :
Artaxerxés, le Grand Roi, écrit ce qui suit aux Gouverneurs des cent vingt sept
Provinces de lʹEmpire, de lʹInde à lʹÉthiopie, ainsi quʹaux fonctionnaires qui leur
sont subordonnés.
Je suis à la tête de nombreuses Nations et ma puissance sʹétend sur la Terre
entière. Pourtant je ne veux pas me laisser emporter par lʹorgueil du Pouvoir
mais je veux gouverner toujours avec modération et bonté. De cette façon, je
pourrai offrir en tout temps à mes sujets une vie à lʹabri des bouleversements,
établir dans mon Empire les bienfaits de la Civilisation, y assurer la libre
circulation des gens dʹune frontière à lʹautre, et y entretenir la paix à laquelle
tous les êtres humains aspirent.
Jʹai demandé à mes Conseillers comment je pourrais atteindre ce but.
Lʹun dʹeux, Haman, qui occupe après moi, le poste le plus élevé de lʹEmpire,
sʹest toujours montré supérieur à tous par sa sagesse et il a constamment fait
preuve de son dévouement et de sa fidélité à mon égard.
Il mʹa informé quʹil existe un Peuple malfaisant, disséminé parmi les autres
Peuples du monde. Ces gens ont des Lois contraires à celles des autres Nations.
Ils refusent continuellement dʹobéir aux Décisions Royales, et ils menacent ainsi
lʹunité du Pouvoir que jʹexerce avec rectitude, à la satisfaction générale. Jʹai donc
appris que ce Peuple, unique en son genre, sʹoppose sans cesse au reste de
lʹhumanité : il se singularise en suivant des Lois inconnues des autres Nations.
Il est hostile à tout ce que jʹentreprends, il commet les pires méfaits, et, de cette
manière, il compromet la stabilité de lʹEmpire.
Cʹest pourquoi jʹordonne dʹexterminer, sans exception, tous ceux que vous
indique par écrit Haman, qui dirige les affaires de lʹEmpire, et qui est, après
moi, le Père du Peuple. Ce sont nos ennemis.
On les tuera tous, y compris les femmes et les enfants, sans pitié ni
ménagement.
LʹOrdre devra être exécuté cette année même, au quarantième jour du
douzième mois, ou mois dʹAdar.
De cette façon, ces gens, qui ont toujours été hostiles aux autres, seront
violemment jetés dans le monde des morts en une seule journée, et, à lʹavenir,
ils nʹempêcheront plus les affaires de lʹEmpire de fonctionner parfaitement dans
la stabilité et la paix.
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‐5‐ Une autre déclinaison du paradigme antique de cette nécessaire extermination
de la Nation Juive nous est rapportée par Diodore de Sicile, qui écrivit en Grec, au 1er siècle
av. EC, lʹOuvrage intitulé Bibliothèque Historique :
Cet Ouvrage avait comme ambition de raconter lʹHistoire universelle en 40 volumes.
Seuls, une quinzaine de volumes, entiers ou en fragments, nous sont parvenus.
Un passage, en particulier, raconte le siège de Jérusalem, en 135 av. EC, par le Souverain
Séleucide, Antiochus VII Sidete.
Les Conseillers du Roi sʹy emploient, là encore, à persuader le Souverain de la nécessité
dʹexterminer le Peuple Juif :
Diodore de Sicile : Bibliothèque Historique : 34 : 35 :
(Transmis par Photius, Patriarche de Constantinople au 9ème siècle EC, dans
son ouvrage de compilations intitulé : Bibliothèque)
Les Conseillers du Roi lui recommandèrent de prendre dʹassaut la Ville
(Jérusalem) sans faire de quartier, et dʹexterminer définitivement la Nation des
Juifs, car, disaient‐ils, ce sont les seuls, dʹentre toutes les Nations, qui évitent
tout contact avec les autres Peuples et qui considèrent tous ceux qui ne sont pas
Juifs comme leurs ennemis.
Les Conseillers firent aussi remarquer au Roi que les ancêtres des Juifs avaient
déjà été précédemment chassés de toute lʹÉgypte comme des hommes impies et
haïs des Dieux. Et, pour purger le pays de toutes ces personnes qui avaient des
marques blanches et lépreuses sur leur corps, on les avait rassemblées et
rejetées en dehors des frontières de Égypte car tout ce Peuple était maudit. Ces
gens avaient alors occupé le territoire de Jérusalem, et, sʹétant organisés en
Nation Juive, ils avaient fait de la haine de lʹhumanité toute entière la règle de
leurs traditions : et, dans cet esprit, ils avaient instauré des Lois dʹexclusion
complète, interdisant de rompre le pain avec quiconque était étranger à leur
communauté, et commandant de ne lui témoigner que de lʹhostilité.
‐6‐ En fait, le paradigme de la nécessaire extermination de tous les Juifs ne sera pas
repris comme principe de gouvernement, ou, du moins, ne sera pas officiellement appliqué
par des Dirigeants, dans lʹAntiquité Gréco‐Romaine.
Néanmoins, ce paradigme de leur nécessaire extermination figurera toujours, comme en une
sorte de filigrane indélébile, lorsque ces Gouvernants, ainsi que les Populations ou les
Armées Païennes, donneront libre cours à des accès de haine, qui éclatent, spontanément, en
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des circonstances particulières, telles que lors dʹémeutes, ou de guerres, avec mises à sac des
régions et des villes conquises, accompagnées dʹexterminations ou de mise en esclavage des
Populations vaincues.
‐7‐ Par contre, le paradigme de la nécessaire éradication du Fondement même de la
Religion Juive, à savoir lʹéradication de son Temple, va, lui, progressivement, sʹimposer
comme la seule solution finale à lʹentêtement ʺmonothéiste et révolutionnaireʺ de lʹIdéologie
Juive, qui menace gravement lʹOrdre Social, et défie la toute Puissance, temporelle et
Religieuse, du Souverain Païen.
Et cʹest ainsi que sʹimposera, finalement, à lʹesprit de lʹEmpereur Romain, Hadrien, la
nécessité inéluctable de rayer de la carte du monde le Temple de Jérusalem, de désacraliser
totalement la Ville, dʹen écarter définitivement les Juifs, et de faire secrètement en sorte que
leur Temple ne puisse plus jamais être reconstruit par ce Peuple arriéré et entêté.
Et, jusquʹà ce jour, cette Décision du Dieu‐Empereur Hadrien a, effectivement, été appliquée,
pour ce qui concerne le Temple de Jérusalem.
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7/ La Confrontation Idéologique
entre les Païens et les Juifs
sous la Domination des Lagides
Les Ptolémées dʹÉgypte et la Septante
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‐1‐ Après la mort dʹAlexandre qui disparaissait sans laisser dʹhéritiers, en 323 av.
EC, ses principaux Généraux, notamment, Lagos et Séleucos, sʹétaient partagés sa succession:
Les ʺPtoléméesʺ (Lagos) héritèrent de la partie comportant, entre autres, lʹÉgypte, tandis que
les ʺSéleucidesʺ (Séleucos) sʹattribuèrent la partie comportant, entre autres, la Mésopotamie,
lʹIran, et, progressivement, toute la Syrie.
La Judée sera constamment disputée par ces deux branches rivales, et passera
successivement sous la domination des Ptolémées, puis des Séleucides.
‐2‐ La domination des Ptolémées sʹexerça relativement de façon paisible pour les
Juifs, tandis que la culture Hellénique était, assez souvent, adoptée, de plein gré, par une
partie de la Collectivité Juive nationale, et plus particulièrement encore par une partie de la
Diaspora Égyptienne.
Le Grec était devenu, en effet, la langue prédominante des échanges gouvernementaux,
administratifs, diplomatiques, commerciaux et culturels.
‐3‐ Cʹest dans ce climat favorable dʹinterpénétration culturelle que fut traduit en
Grec, la Torah Hébraïque, à savoir, le Pentateuque, puis lʹensemble de lʹAncien Testament, à
lʹintention de la Bibliothèque dʹAlexandrie et des Intellectuels Égyptiens, ainsi que,
également, à lʹintention des Juifs Hellénisants d’Égypte et du Bassin Méditerranéen.
Lʹoeuvre intellectuelle la plus grandiose des Ptolémées fut la création de la fameuse et très
grande Bibliothèque dʹAlexandrie, fondée, sous les règnes de Ptolémée Soter, puis de
Ptolémée Philadelphe, par Démétrios de Phalère qui fut le premier Bibliothécaire de cette
institution, unique dans le Monde Antique :
On peut indiquer, à ce sujet, par exemple, que cette Bibliothèque compta, lors de son apogée,
plus de 500.000 ouvrages, soit en en langue originale Grecque, soit ayant été traduits en
Grec, à partir de toutes les langues connues à cette époque, y compris celles des Indes.
La traduction de la Bible Hébraïque en Grec, du temps des Lagides, constitua un moment
exceptionnel dans lʹHistoire de la Confrontation des Idéologies Juives et Païennes dans
lʹAntiquité Gréco‐Romaine.
Cet événement nous est principalement connu, par lʹoeuvre dʹun Juif Égyptien, Aristée, ou le
Pseudo‐Aristée.
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‐4‐ Il sʹagit dʹune oeuvre semi‐romancée, intitulée Lettre dʹAristée à Philocrate et qui
fut écrite, probablement, vers les années 200‐50 av. EC environ, par Aristée (ou le pseudo
Aristée) un Juif dʹAlexandrie.
Celui ci rend compte des circonstances dans lesquelles aurait été décidée et exécutée (en 270
av. EC environ) cette traduction Grecque de la Bible Hébraïque.
La Lettre dʹAristée comprend quatre parties :
‐ Une première partie romancée, mais sʹinspirant de sources dʹAlexandrie, expose la façon
dont la décision aurait été prise de procéder à la première traduction en Grec des Textes
Sacrés Hébraïques.
‐ Une deuxième partie romancée, mais sʹinspirant, comme un journal de voyage, dʹun
Pèlerinage authentique fait à Jérusalem, à lʹépoque du deuxième Temple, vraisemblablement
par Aristée lui‐même (ou le pseudo Aristée) expose le récit de lʹAmbassade qui fut envoyée,
par le Souverain dʹÉgypte, à Jérusalem, pour demander au Grand‐Prêtre des Juifs de lui
envoyer une copie des Textes Sacrés, ainsi que des traducteurs.
‐ Une troisième partie romancée décrit le Banquet, comme une sorte de Symposium Antique,
au cours duquel le Roi Ptolémée accueillit les traducteurs envoyés par le Grand Prêtre des
Juifs. Ce Banquet permet à Aristée, à lʹoccasion dʹéchanges de discours et de dialogues,
dʹexprimer des vues syncrétiques rapprochant les conceptions de la Philosophie Grecque et
les Lois de la Religion Juive.
‐ Une quatrième partie romancée, et qui sʹinspire de sources dʹAlexandrie, raconte comment
aurait été traduite en Grec, à Alexandrie, sur lʹîle de Pharos, la Bible Hébraïque, par soixante
douze Sages représentant les douze tribus dʹIsraël, à raison de six Sages par tribu.
Toutefois, une analyse stylistique de cette traduction, appelée Septante, semblerait indiquer
que ces traducteurs auraient plutôt été des Juifs dʹAlexandrie.
‐5‐ En tout état de cause, les traditions concernant la rédaction de la Septante,
témoignent dʹune certaine osmose entre la Culture Grecque et la Culture Juive sous les
Lagides, ou, à tout le moins, dʹun degré certain de curiosité intellectuelle :
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Lettre dʹAristée à Philocrate : 2 : 9‐11 :
Chargé de la Bibliothèque du Roi, Démétrios de Phalère reçut des sommes
importantes pour réunir, au complet, si possible, tous les ouvrages parus dans
le monde entier. En procédant à des achats et à des transcriptions, il réussit à
mener à bien, dʹautant quʹil dépendait de lui, le projet du Roi.
Jʹétais là (Aristée) quand lui fut posée la question : « Combien de dizaines de
milliers de volumes y a‐t‐il déjà, au juste ?ʺ ‐ Il répondit: ʺPlus de vingt, O Roi,
mais je vais mʹoccuper dʹurgence de ce qui reste à faire pour atteindre les cinq
cent mille. Or, on mʹa fait savoir quʹil y aurait aussi des Lois des Juifs qui
mériteraient dʹêtre transcrites et de faire partie de ta Bibliothèque.ʺ ‐ ʺAlors, dit
le Roi, quʹest‐ce qui tʹen empêche, puisque tu disposes de tout le nécessaire ?ʺ
Démétrios répondit : ʺCʹest quʹil faut en outre les traduire, car on emploie en
Judée des caractères spéciaux, comme cʹest le cas des Égyptiens pour lʹécriture,
de même quʹils ont aussi une langue dʹun type particulier. On croit quʹils
emploient le Syriaque mais il nʹen est rien, et cʹest un type de langue très
différent.ʺ
Quand le Roi eut été mis au courant de toute la question, il donna lʹordre de
préparer une Lettre qui serait adressée au Grand Prêtre des Juifs afin de
permettre la mise en exécution de ce projet.
‐6‐ La traduction en Grec de lʹAncien Testament Hébraïque est appelée Septante (70),
car elle est dite, selon la Lettre dʹAristée (et confirmée, entre autres, par Aristobule et Philon
dʹAlexandrie ainsi que par le Talmud ‐Traité Megilah 9a) avoir été effectuée par 72 Sages (à
raison de 6 représentants pour chacune des 12 tribus dʹIsraël).
Une autre interprétation, en plein accord avec le titre donné à cette traduction, parle de 70
Sages, probablement, à lʹinstar des 70 Anciens qui accompagnèrent Moïse, et purent
contempler lʹÉternel sur une plate‐forme de Saphir (Exode : 24/9‐11) ou, à lʹinstar des 70
Anciens, rassemblés autour de la Tente de la Rencontre, et auxquels lʹÉternel accorde un peu
de lʹesprit quʹIl prodigue à Moïse (Nombres : 11/24‐25).
Flavius Josèphe indique 70 Sages (dans Antiquités Juives : XII ‐ 57) mais, il indique, par
ailleurs, 6 x 12 = 72 Sages (dans ces mêmes Antiquités Juives : XII ‐ 56).
Et le Talmud ‐ Traité Seferim indique, selon les recensions, tantôt 72, et tantôt 70 Sages.
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‐7‐ En ce qui concerne la forme littéraire de la Lettre dʹAristée, on peut sʹinterroger
sur le parti pris de romancer un Récit qui tendait, ainsi, à donner à la traduction de la
Septante une portée Politique et Religieuse dʹune tonalité légendaire.
On peut, à cet égard, replacer cet écrit dans le contexte dʹun débat intellectuel et dʹune
polémique Idéologique qui se développaient dans les Populations non‐Juives autour de la
Question Juive.
Et lʹAuteur de la Lettre dʹAristée a probablement voulu, de la sorte, en partant du récit
dʹévénements authentiques, conférer une dimension mythique à une Traduction qui avait
été conçue, à la fois, pour enrichir la Bibliothèque dʹAlexandrie, pour aider les Juifs
Hellénisés à retrouver leurs racines, et pour permettre aux intellectuels Païens Hellénisants
de prendre connaissance de la richesse dʹinspiration des Textes Sacrés des Juifs.
‐8‐ A côté de cette forme légendaire (Aggadique avant la lettre) délibérément
donnée à la Lettre dʹAristée, on peut noter quʹune lignée considérable dʹérudits, comprenant,
entre autres, Aristobule, Philon dʹAlexandrie, Flavius Josèphe, Tertullien, Eusèbe de Césarée,
Épiphane, confirment que les faits, relatés par Aristée, ou le pseudo‐Aristée, sont
authentiques, ou, du moins, basés sur une documentation authentique, dont tous ces
Auteurs auraient, peut‐être, pu avoir recueilli des bribes disparues.
Il va de soi que, lorsque la Septante devint lʹun des véhicules privilégiés des premiers
Chrétiens Hellénisants ne connaissant pas lʹHébreu, car cette traduction Grecque leur
donnait accès à la connaissance de lʹAncien Testament, les Intellectuels Chrétiens eurent à
coeur de valider pleinement lʹauthenticité de cette tradition dʹune inspiration, quasi‐Divine,
qui aurait présidé à cette Traduction.
Même Jérôme, bien que très critique, par ailleurs, à lʹégard de la traduction Grecque de la
Septante, à laquelle il préfère évidemment sa propre traduction en Latin des Textes
Hébraïques Sacrés (traduction appelée Vulgate) reconnaît, néanmoins, lʹauthenticité de
lʹinspiration dʹAristée, du moins pour ce qui concerne sa documentation de base.
Et comme, également, des Juifs Hellénisants, tels Flavius Josephe ou Philon dʹAlexandrie,
confirment cette authenticité, lʹon pourrait supposer, là encore, par exemple, que cette
certitude, aussi unanime, reposait sur dʹautres sources disparues, et ce, à tout le moins, pour
ce qui concernait une part importante de la documentation qui fut transmise par Aristée.
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32/ Les Romains, les Païens,
les Juifs et les Chrétiens
avant la Guerre des Juifs contre les Romains
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‐1‐ Les Juifs qui se rallient au Christianisme, avant la destruction du Temple, sont
des personnes qui, entre autres motivations, dans leur inconscient, sentent confusément que
le Temple a perdu son caractère Sacré.
Quant au Sacerdoce du Temple, il sʹest progressivement décrédibilisé à leurs yeux, sous la
domination de la famille dʹHérode, dont Agrippa I est, pour eux, lʹavatar le plus étrange :
Car ce Roi, qui était Pharisien à Jérusalem, et Dieu Impérial à Césarée, ne pouvait
quʹaccroître le sentiment de malaise des Juifs, nostalgiques dʹune Religion pure et
authentique.
Aussi ces Juifs, qui se rallient au Christianisme, accueillent avec un certain soulagement
mystique, la notion dʹun Messie qui serait mort pour expier les fautes commises et ressenties
comme culpabilisantes, par les générations soumises aux Hérodiens et aux Romains.
Et, de plus, ce Messie aurait ressuscité pour se substituer, lui‐même, au Culte du Temple,
dépouillé de son caractère Sacré.
Dans ce même élan, ces Judéo‐Chrétiens de la première heure accepteront, progressivement,
que tous les Textes Sacrés de la Religion Juive soient relus, et ré‐interprétés, dʹune façon
allégorique et mystique, non pas, à la manière des Pharisiens, pour établir et renforcer les
chaînes de la Tradition Orale, non pas, à la manière dʹun Philon dʹAlexandrie, pour être
confrontés aux Philosophies Grecques, mais pour être transformés en une Annonce
Prophétique de la Prédication et de la Passion de Jésus, et en une Proclamation de la
Résurrection du Messie.
Cette Dissidence Judéo‐Chrétienne minoritaire va entraîner des réactions de la Hiérarchie
Juive : Aussi, chaque fois que les Dirigeants Juifs seront politiquement en mesure de faire
appliquer leurs Lois, des punitions seront infligées aux Judéo‐Chrétiens, accusés de
corrompre, de détourner et de profaner la Religion Juive.
Cette réaction des Juifs prendra, alors, parfois, les aspects dʹune persécution contre des
représentants de cette dissidence Judéo‐Chrétienne, mais ne revêtira que, rarement, les
aspects dʹune persécution collective.
‐2‐ Cette persécution de Personnalités dirigeantes de la Secte naissante des Judéo‐
Chrétiens sʹétait installée progressivement, face au succès populaire que rencontrait la
Prédication des Disciples de Jésus.
En particulier, des vacances du Pouvoir à Jérusalem, après le départ de Ponce Pilate, et avant
lʹaccession dʹAgrippa I au Trône de Judée, avaient, alors, amené le Sanhédrin, sous la
pression dʹune partie de lʹopinion publique Juive orthodoxe, à procéder à quelques
arrestations et exécutions, sans avoir à en référer au Pouvoir Romain.
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Cʹest ainsi que, par exemple, Etienne fut lapidé, et que le Rabbin Saul devint un agent
acharné de la lutte contre la Secte dissidente Chrétienne, avant de se convertir sur le chemin
de Damas, et de devenir Paul, celui qui permettra au Christianisme de triompher dans le
monde Païen.
Dans lʹargumentation quʹEtienne présente lors de son procès devant le Sanhédrin, on
discerne des échos du doute que le Temple dʹHérode a semé dans la conscience collective
Juive, pour laquelle le Sanctuaire ancestral ne peut plus accomplir sa Mission.
Et ce doute fondamental est apaisé, guéri, transfiguré par la Prédication de Jésus, par sa
Passion et par sa Résurrection :
Luc : Actes des Apôtres : 6 : 7‐15 ; 7 : 1 ; 7 : 44‐60 ; 8 : 1‐3 :
La Parole du Seigneur se répandait de plus en plus. Le nombre des Disciples
augmentait beaucoup à Jérusalem, et de très nombreux Prêtres (du Temple)
acceptaient la Foi.
Etienne, qui était rempli de force par la Bénédiction de Dieu, accomplissait des
prodiges et des miracles dans le Peuple. Quelques hommes sʹopposèrent alors à
lui : cʹétaient dʹune part des membres de la Synagogue, dite des ʺAffranchisʺ,
qui comprenait des Juifs de Cyrène et dʹAlexandrie, et dʹautre part, des Juifs de
Cilicie et de la Province dʹAsie. Ils se mirent à discuter avec Etienne mais ne
pouvaient pas lui résister, car il parlait avec la sagesse que lui donnait lʹEsprit
Saint. Ils payèrent alors des hommes pour quʹils soient témoins (au Tribunal) et
déclarent :
ʺNous lʹavons entendu parler contre Moïse et contre Dieu !ʺ.
Ils excitèrent ainsi le Peuple, les Anciens et les Maîtres de la Loi.
Puis ils sʹapprochèrent dʹEtienne, sʹemparèrent de lui, et le conduisirent devant
le Conseil Supérieur (Sanhédrin). Ils amenèrent des gens qui portaient des
fausses accusations contre lui :
‐ Cet homme, disaient‐ils, ne cesse pas de parler contre Moïse. Nous lʹavons
entendu dire que ce Jésus de Nazareth détruira le Temple et changera les
coutumes que nous avons reçues de Moïse.
Le Grand‐Prêtre demanda à Etienne : ʺEst‐ce vrai ?ʺ
(En réponse, Etienne fait un discours en résumant lʹHistoire des Juifs depuis Abraham
jusquʹà ce que lʹÉternel confie aux Juifs le Document de lʹAlliance (Tables de la Loi) qui doit
être abrité dans la Tente de la Rencontre :)
ʺ... Dans le désert, nos Ancêtres avait la Tente qui renfermait le Document de
lʹAlliance. La Tente était faite comme Dieu lʹavait prescrit à Moïse : en effet, il
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avait dit à Moïse de reproduire le modèle quʹIl lui avait montré. Cette Tente fut
transmise à ceux de nos Ancêtres qui vinrent ensuite ; ils lʹemportèrent avec
eux, lorsque, sous la conduite de Josué, ils conquirent le Pays des Nations que
Dieu chassa devant eux. La Tente y resta jusquʹà lʹépoque de David. Celui‐ci
obtint la Faveur de Dieu et lui demanda la permission de donner une Demeure
au Dieu de Jacob. Toutefois, ce fut Salomon qui lui bâtit cette Demeure.
Mais le Dieu Très Haut nʹhabite pas dans des maisons construites par les
hommes. Comme le déclare le Prophète (Isaïe : 66 : 1‐2) :
ʺ Le Ciel est mon Trône, dit le Seigneur,
Et la Terre un escabeau sous mes pieds,
Quel genre de maison pourriez‐vous me bâtir ?
En quel endroit pourrais‐je mʹinstaller ?
Nʹest‐ce pas moi‐même qui ai fait tout cela ?ʺ
‐ O vous, hommes rebelles, dont le coeur et les oreilles sont fermés aux appels
de Dieu, vous résistez toujours au Saint Esprit ! Vous êtes comme vos Ancêtres !
Lequel des Prophètes, vos Ancêtres nʹont‐ils pas persécuté ? Ils ont tué ceux qui
ont annoncé la venue du seul Juste, et maintenant cʹest lui que vous avez trahi
et tué. Vous, qui avez reçu la Loi de Dieu par lʹintermédiaire des Anges, vous
nʹavez pas obéi à cette Loi.ʺ
Les membres du Sanhédrin devinrent furieux en entendant ces paroles et ils
grinçaient de dents de colère contre Etienne.
Mais lui, rempli du Saint Esprit, regarda vers le Ciel ; il vit alors la Gloire de
Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu. Il dit :
« Écoutez, je vois les Cieux ouverts et le Fils de lʹHomme debout à la droite de
Dieu. » Ils poussèrent alors de grands cris et se bouchèrent les oreilles.
Ils se précipitèrent tous ensemble sur lui, lʹentraînèrent hors de la Ville, et se
mirent à lui jeter des pierres pour le tuer. Les participants laissèrent leurs
vêtements à la garde dʹun jeune homme appelé Saül (Paul).
Tandis quʹon lui jetait des pierres, Etienne priait ainsi :
‐ Seigneur Jésus, reçois mon esprit !
Puis il tomba à genoux et cria dʹune voix forte :
‐ Seigneur ne les tiens pas pour coupables de ce péché !
Après avoir dit ces mots, il mourut. Et Saül approuvait le meurtre dʹEtienne.
Le même jour commença une grande persécution contre lʹÉglise de Jérusalem.
Tous les croyants, excepté les Apôtres, se dispersèrent dans les régions de Judée
et de Samarie.
Des hommes pieux enterrèrent Etienne et pleurèrent beaucoup sur sa mort.
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Saül (Paul), lui, sʹefforçait de détruire lʹÉglise ; il allait de maison en maison, en
arrachait les Croyants, hommes et femmes, et les jetait en prison.
‐3‐ Sous le règne dʹAgrippa I, quelques membres de cette Église naissante seront
également persécutés, et Jacques, le frère de Jean, sera exécuté :
Luc : Actes des Apôtres : 12 : 1‐5 :
En ce temps‐là le Roi Hérode (Agrippa I) se mit à persécuter quelques‐uns des
membres de lʹÉglise. Il fit mourir par lʹépée, Jacques, le frère de Jean. Puis
quand il vit que cela plaisait aux Juifs il fit encore arrêter Pierre.
Selon Luc, Pierre sera délivré de la prison par un miracle, et il quittera la Judée.
‐4‐ Le Personnage, qui va permettre de transformer la petite Secte Judéo‐
Chrétienne en Religion mondiale, est Saul, Juif Pharisien, qui se convertit au Christianisme, à
la suite dʹune illumination, lorsquʹil se rend à Damas où il a été envoyé par le Sanhedrin,
pour réprimer les Judéo‐Chrétiens dissidents.
Comme pour tout Juif à la foi ardente qui passe au Christianisme, la conversion de Paul est
la solution trouvée à lʹinsatisfaction que lui procure, inconsciemment, lʹirradiation disparue
dʹun Temple bafoué, irradiation que Paul va, pour ainsi dire, retrouver sur le Chemin de
Damas, avec lʹillumination que lui procure la solution compensatoire apportée par
lʹAvènement du Messie, Jésus‐Christ.
Mais Paul, à la différence des Apôtres Judéo‐Chrétiens, ira jusquʹau bout de cette délivrance,
en rejetant non seulement le Temple, comme Fondement essentiel de la Religion Juive, mais
en allant, délibérément, vers les non‐Juifs, comme à la recherche dʹune catharsis, qui le
libérerait des sacrilèges subis au sein de sa propre Nation, en lui permettant de retrouver
une pureté créative universelle qui lui semble perdue.
On dispose de plusieurs Textes racontant lʹévolution de Saul, le Juif Pharisien à la foi
exigeante, parlant Grec et Araméen, en Paul, le Chrétien, devenu lʹÉvangélisateur du Christ
pour les non‐Juifs.
En effet, Paul se servait souvent de sa propre expérience vécue pour convaincre ses
interlocuteurs, lors de ses multiples controverses, et lors de ses activités de Missionnaire :
Ainsi, par exemple, dans la Lettre de Paul aux Philippiens :
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Paul : Lettre aux Philippiens : 3 : 5 :
Jʹai été circoncis quand jʹavais une semaine. Je suis Juif de naissance, de la Tribu
de Benjamin. Hébreu de pure race. En ce qui concerne la pratique de la Loi
Juive, jʹétais Pharisien, et jʹétais si zélé que je persécutais lʹÉglise.
Par exemple, également, Paul présente son autobiographie, lors de lʹun de ses retours de
voyage dʹÉvangélisation, lorsquʹil est arrêté, à Jérusalem, dans le Temple.
En effet, les Juifs orthodoxes lui reprochent, entre autres, de faire entrer des Païens non
circoncis dans le Temple, tout comme il les fait entrer, par son Évangélisation, dans la
Religion de Moïse, quʹil pervertit, de la sorte, par ces transgressions :
Paul se présente, alors, lui‐même, successivement, lors de plusieurs discours : le premier
étant adressé au Peuple Juif devant le Commandant Romain, puis devant le Sanhédrin, puis
devant le Procurateur Félix, et finalement, devant le Roi de Chalcis, Agrippa II et sa soeur‐
concubine, Bérénice :
Luc : Actes des Apôtres : 21 : 17‐40 ; 22 : 1‐3 :
Lorsque nous (Luc et Paul) sommes arrivés à Jérusalem, les frères nous reçurent
avec joie. Le lendemain, Paul se rendit avec nous chez Jacques (le frère de Jésus)
où tous les Anciens de lʹÉglise se réunirent. Paul les salua et leur raconta en
détail tout ce que Dieu avait accompli au travers de son travail, au milieu de
ceux qui nʹétaient pas Juifs. Après lʹavoir entendu, ils louèrent Dieu, puis ils
dirent à Paul :
‐ « Tu peux voir, frère, combien de milliers de Juifs sont devenus des Croyants ;
or ils sont très attachés à la Loi (Juive). On leur a dit que tu enseignes à tous les
Juifs qui vivent au milieu dʹautres Peuples de se détourner de la Loi de Moïse,
et que tu leur dis de ne pas circoncire leurs enfants et de ne pas suivre les
Coutumes Juives. Aussi, que faire ? Car ils vont certainement apprendre que tu
es arrivé. Et bien voici ce que nous te proposons de faire : Nous avons ici quatre
hommes qui ont fait un voeu (de se consacrer à Dieu durant un temps donné).
Emmène‐les, participe avec eux à la Cérémonie de Purification et paie leurs
dépenses pour quʹils puissent se faire raser la tête. (durant toute la durée du
voeu le Juif ne doit pas couper ses cheveux) Ainsi, tout le monde saura quʹil nʹy
a rien de vrai dans ce que lʹon dit à ton sujet, mais que, au contraire, tu respectes
bien tous les Préceptes de la Loi de Moïse. Quant aux non‐Juifs qui sont
devenus Chrétiens (les Païens convertis par Paul) nous leur avons écrit pour
leur dire ce que nous avons décidé : ils ne doivent manger ni viandes provenant
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des sacrifices offerts aux Idoles Païennes, ni du sang, ni la chair dʹanimaux
étouffés, et ils doivent se garder de lʹimmoralité. (Mais ils ne sont pas obligés de
se faire circoncire.) »
Paul emmena ces quatre hommes (Juifs devenus Judéo‐Chrétiens) et, le
lendemain, participa avec eux à la Cérémonie de Purification (par immersion
du corps dans les Eaux vives).
Paul se rendit ensuite dans le Temple et annonça à quel moment les jours de la
Purification seraient accomplis, cʹest à dire à quel moment on pourrait offrir le
Sacrifice pour chacun dʹeux. Les sept jours (de Purification préalable au
Sacrifice) allaient sʹachever quand des Juifs de la Province dʹAsie virent Paul
dans le Temple. Ils excitèrent toute la foule et se saisirent de lui en criant :
‐ Gens dʹIsraël, au secours ! Voici lʹhomme qui prêche partout, et à tous, contre
le Peuple dʹIsraël, contre la Loi de Moïse et contre ce Temple. Et maintenant, il a
même introduit des non‐Juifs dans le Temple, et ainsi rendu impur ce Saint
Lieu!
Ils disaient cela parce quʹils avaient vu Trophime dʹÉphèse avec Paul dans la
Ville, et ils pensaient que Paul lʹavait également introduit dans le Temple.
Lʹagitation se répandit dans la Ville entière et le Peuple accourut de toutes
parts. Ils se saisirent de Paul et le traînèrent hors du Temple dont ils fermèrent
aussitôt les Portes. Ils se préparaient à tuer Paul quand on vint annoncer au
Commandant de la Garnison Romaine que tout Jérusalem sʹagitait.
Immédiatement, le Commandant prit avec lui des Officiers et des Soldats et ils
coururent vers la foule. Quand ils virent le Commandant et les Soldats, ils
cessèrent de frapper Paul.
Alors le Commandant sʹapprocha de Paul, le fit arrêter et ordonna de
lʹenchaîner ; puis il demanda qui il était et ce quʹil avait fait. Mais dans la foule
les uns criaient une chose, et les autres une chose différente. Le Commandant
ne pouvait rien comprendre dans tout ce désordre et il ordonna donc que lʹon
conduise Paul dans la Citadelle (Antonia).
Lorsque Paul arriva avec eux à lʹescalier, les Soldats durent le porter, à cause de
la violence de la foule, car tous le suivaient en criant : ʺA mort !ʺ
Au moment où on allait faire entrer Paul dans la Citadelle, il dit au
Commandant Romain : ‐ Mʹest‐il permis de dire quelque chose ?
Le Commandant lui demanda :
‐ Tu sais parler Grec ? Tu nʹes donc pas cet Égyptien qui récemment a provoqué
une sédition et emmené dans le désert quatre mille terroristes ?
Paul répondit :
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‐ Je suis Juif, né à Tarse, en Cilicie (sud de la Turquie) Citoyen dʹune Ville
importante. Permets‐moi, je tʹen prie, de parler au Peuple.
Le Commandant le lui permit. Paul se tint alors en haut de lʹescalier et fit au
Peuple un signe de la main.
Quand ils furent silencieux, Paul leur adressa la parole en Araméen :
‐ Frères et pères, écoutez ce que jʹai maintenant à vous dire pour ma défense.
Lorsquʹils entendirent quʹil leur parlait en Araméen, ils se tinrent encore plus
tranquilles. Alors Paul déclara :
‐ Je suis Juif né à Tarse, en Cilicie, mais jʹai été élevé ici à Jérusalem, et jʹai eu
comme maître Gamaliel (Président du Sanhédrin et petit‐fils de Hillel) qui mʹa
appris à connaître exactement la Loi de nos Ancêtres...
(Après son discours au Peuple, Paul comparaît devant le Sanhédrin : )
Luc : Actes des Apôtres : 23 : 6‐8 :
Paul savait que les membres du Sanhédrin étaient en partie des Sadducéens et
en partie des Pharisiens ; cʹest pourquoi il sʹécria devant eux :
‐ Frères, je suis Pharisien, fils de Pharisien. Cʹest parce que je crois en la
Résurrection des morts que lʹon me met en jugement !
Quand il eut dit ces mots, les Pharisiens et les Sadducéens se mirent à se
disputer et lʹAssemblée se divisa. ‐ Les Sadducéens disent en effet que les morts
ne reviendront pas à la vie et quʹil nʹy a ni Anges ni Esprits, tandis que les
Pharisiens croient en tout cela. ‐..
(Paul, ensuite, est présenté au Roi Agrippa II et à sa soeur Bérénice, auxquels il raconte, de
nouveau, sa conversion sur le chemin de Damas, où il se rendait pour persécuter les Judéo‐
Chrétiens : )
Luc : Actes des Apôtres : 26 : 9‐8 :
Moi‐même jʹavais pensé devoir combattre par tous les moyens le nom de Jésus
de Nazareth. Cʹest ce que jʹai fait à Jérusalem. Jʹai reçu un Pouvoir spécial des
Chefs des Prêtres et jʹai jeté en prison beaucoup de Croyants Chrétiens ; et
quand on les condamnait à mort, je donnais mon approbation. Souvent je les
faisais punir dans les Synagogues, et voulais les obliger à renier leur foi. Ma
fureur contre eux était telle que jʹallais les persécuter jusque dans les Villes
étrangères. Cʹest ainsi que je me rendis à Damas avec le Pouvoir et la Mission
que mʹavaient confiés les Chefs des Prêtres. Jʹétais en route, à midi, Roi
Agrippa, lorsque je vis une lumière qui venait du ciel, plus éclatante que celle
du soleil, et qui brillait autour de moi et de mes compagnons de voyage. Nous
sommes tous tombés à terre et jʹentendis une voix qui me disait en Araméen :
ʺSaül, Saül, pourquoi me persécutes‐tu ? Cʹest en vain que tu résistes, comme
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lʹanimal qui rue contre le bâton de son maître.ʺ Je demandai : ʺQui es‐tu,
Seigneur ?ʺ Et le Seigneur répondit : ʺJe suis Jésus que tu persécutes. Mais
relève‐toi et tiens‐toi debout. Je suis apparu pour faire de toi mon serviteur ; tu
seras mon témoin pour dire aux autres comment tu mʹas vu aujourdʹhui, et leur
annoncer ce que je te ferai voir encore. Je te délivrerai du Peuple Juif et des
autres Peuples vers lesquels je vais tʹenvoyer.ʺ
Paul a donc entrepris, de son propre chef, et sans en référer à quiconque, dʹapporter la Bonne
Nouvelle Chrétienne aux non‐Juifs :
Paul : Lettre aux Galates : 1 : 13‐19 :
Vous avez entendu parler de la façon dont je me conduisais quand jʹétais
attaché à la Religion Juive. Vous savez comment je persécutais avec violence
lʹÉglise de Dieu et mʹefforçais de la détruire. Je surpassais bien des compatriotes
Juifs de mon âge dans la pratique de la Religion Juive ; jʹétais beaucoup plus
zélé quʹeux pour les Traditions de nos Ancêtres.
Mais Dieu, dans sa Grâce, mʹa choisi, avant même que je naisse, et mʹa appelé à
le servir. Et quand Il décida de me révéler son Fils, pour que jʹannonce aux non‐
Juifs la Bonne Nouvelle qui le concerne, je ne suis allé demander conseil à
personne, et je ne me suis pas non plus rendu à Jérusalem pour voir ceux qui
furent Apôtres avant moi : mais je suis parti aussitôt pour lʹArabie, puis je suis
retourné à Damas. Cʹest trois ans plus tard que je me suis rendu à Jérusalem
pour faire la connaissance de Pierre, et je suis resté deux semaines avec lui. Je
nʹai vu aucun Apôtre, mais seulement Jacques, le frère du Seigneur.
Et cʹest seulement après quatorze années dʹÉvangélisation, que Paul, revenu à Jérusalem, se
voit, finalement, confirmer dans sa fonction dʹApôtre pour les non‐Juifs.
Paul : Lettre aux Galates : 2 : 13‐19 :
Les Dirigeants de la nouvelle Église virent que Dieu mʹavait confié la tâche
dʹannoncer la Bonne Nouvelle aux non‐Juifs, tout comme il avait confié à Pierre
la tâche de lʹannoncer aux Juifs.
Car Dieu a fait de moi lʹApôtre destiné aux non‐Juifs, tout comme il a fait de
Pierre lʹApôtre destiné aux Juifs.
Jacques (frère de Jésus) Pierre et Jean, qui étaient considérés comme les Chefs,
reconnurent que Dieu mʹavait confié cette tâche particulière.
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‐5‐ Paul estime ainsi quʹil a reçu comme mission particulière dʹêtre lʹApôtre envoyé
vers les non‐Juifs, afin de les greffer sur lʹarbre Juif originel.
Paul : Lettre aux Romains : 11 : 17‐18 :
Le Peuple dʹIsraël est comme un olivier cultivé dont quelques branches ont été
coupées (les branches qui nʹont pas reconnu Jésus comme le Messie).
Toi, qui nʹes pas Juif, tu es comme une branche dʹolivier sauvage greffée à leur
place ; ainsi, tu peux, maintenant, profiter, toi aussi, de la racine qui nourrit
lʹolivier cultivé. Cʹest pourquoi tu ne dois pas mépriser les branches coupées.
Comment pourrais‐tu tʹen vanter. Ce nʹest pas toi qui portes la racine, mais la
racine qui te porte.
Toute la dialectique de Paul consiste ainsi à greffer sur lʹarbre aux racines Judaïques, les
branches des convertis Païens, mais en remplaçant, au cours de la greffe, les Prescriptions
Mosaïques par la Foi en la Parole apportée par le Messie.
Or, pour mener son Évangélisation, Paul a pris, de son propre chef, une Décision
révolutionnaire : celle de ne pas forcer les Païens convertis au Christianisme à se faire
circoncire.
Cette Décision va résolument à lʹencontre de lʹEnseignement de Jésus qui avait proclamé,
avec force, que la Loi Juive ne devrait jamais être modifiée, jusque dans ses moindres détails:
Évangile selon Matthieu : 5 : 18 : (Rappel)
Je vous le déclare, cʹest la Vérité : aussi longtemps que le Ciel et la Terre
dureront, ni la plus petite Lettre ni la plus petit Détail de la Torah (Loi Juive) ne
seront supprimés, et cela jusquʹà la Fin des Temps.
‐6‐ Aussi, la Décision capitale, prise par Paul, de ne pas forcer les Païens convertis à
se faire circoncire, se heurte aux convictions de la plupart des Judéo‐Chrétiens, et déclenche
de violentes polémiques.
Et cette controverse décisive sera la première dʹune longue série incessante des discussions
fondatrices de lʹÉglise naissante des premiers siècles, avant que la Chrétienté ne réussisse,
progressivement, à échafauder, un ensemble Théologique, cohérent et spécifique.
Une première Assemblée se réunit donc, à Jérusalem, pour examiner ce problème crucial,
soulevé par lʹaction de Paul, concernant la non‐circoncision des Païens convertis.
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Paul, selon Actes des Apôtres, trouve, alors, un allié en la personne de Pierre qui, bien
quʹétant, selon Paul, lʹApôtre désigné pour évangéliser les Juifs, a néanmoins converti
également des non‐Juifs sans les circoncire, à la suite dʹune illumination.
Le Chef de la Communauté Judéo‐Chrétienne qui préside, alors, la première Assemblée de
Jérusalem, selon les règles Dynastiques Juives, est Jacques, le frère de Jésus, réputé, par
ailleurs, comme étant de famille Sacerdotale, ce qui semblerait corroborer le fait que Jésus
également était de Famille Sacerdotale par sa mère.
Jacques arbitre cette polémique capitale de la Secte naissante en faveur des thèses de Paul,
concernant la non‐circoncision des Païens convertis, tout en demandant, cependant, dans un
geste dʹapaisement envers les tenants rigoureux de la Loi Juive, que, au moins, les
principaux Préceptes alimentaires de la Loi de Moïse soient respectés par les Païens ainsi
convertis.
Luc : Actes des Apôtres : 15 : 1‐21 :
Quelques hommes étaient venus de Judée à Antioche, et ils se mirent à donner
aux Frères (les Païens nouvellement convertis par Paul) cet Enseignement :
‐ Vous ne pouvez pas être sauvés si vous ne vous faites pas circoncire, comme
la Loi de Moïse lʹordonne.
Paul et Barnabas les désapprouvèrent et eurent une violente discussion avec
eux à ce sujet. On décida alors que Paul, Barnabas et quelques autres personnes
dʹAntioche iraient à Jérusalem pour discuter de cette affaire avec les Apôtres et
les Anciens. LʹÉglise (dʹAntioche) leur accorda donc lʹaide nécessaire pour ce
voyage. Ils traversèrent la Phénicie et la Samarie en racontant comment les non‐
Juifs se convertissaient : cette nouvelle causait une grande joie à tous les frères.
Quand ils arrivèrent à Jérusalem, ils furent accueillis par lʹÉglise, les Apôtres et
les Anciens, et ils leur racontèrent tout ce que Dieu avait fait par eux.
Mais quelques membres du Parti des Pharisiens qui sʹétaient convertis au
Christianisme se levèrent et dirent : « Il faut circoncire les Croyants non‐Juifs, et
leur commander dʹobéir à la Loi de Moïse. »
Les Apôtres et les Anciens se réunirent alors pour examiner cette question ....
Quand ils eurent fini de discuter, Jacques (le frère de Jésus) prit la parole et dit :
Frères écoutez‐moi ! Simon (Pierre) a raconté comment Dieu a pris soin de ceux
qui ne sont pas Juifs, pour choisir parmi eux un Peuple qui Lui appartienne.
Et la Parole des Prophètes sʹaccorde avec cela, car lʹÉcriture déclare:
ʺAprès cela, Je reviendrai, dit le Seigneur,
Et Je reconstruirai la Maison de David qui sʹétait écroulée
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Je relèverai ses ruines
Et Je la redresserai.
Alors tous les autres hommes chercheront le Seigneur,
Oui, toutes les Nations que Jʹai appelées à être miennes.
Voici ce que déclare le Seigneur qui a fait connaître ces choses depuis longtemps.ʺ
(Amos 9 : 11‐12, dans une ancienne version Grecque, différente de la version
Hébraïque) Cʹest pourquoi, ajouta Jacques, jʹestime quʹon ne doit pas créer de
difficultés à ceux non‐Juifs qui se tournent vers Dieu (et ne pas exiger la
circoncision). Mais écrivons‐leur pour leur demander de ne pas manger de
viandes impures provenant de sacrifices offerts aux Idoles Païennes, de se
garder de lʹimmoralité, et de ne pas manger de la chair dʹanimaux étouffés, ni
de sang. Car depuis les temps anciens, des hommes prêchent la Loi de Moïse
dans chaque Ville, et on la lit dans les Synagogues, tous les jours de Sabbat (et il
faut donc se conformer à ses Règles).
La Décision de Jacques, ayant été ratifiée par ce premier Concile de la nouvelle Église
Chrétienne à Jérusalem, une lettre est envoyée, alors, par des Représentants de lʹAssemblée
aux convertis dʹAntioche, afin de leur faire connaître la nouvelle Règle qui a été adoptée.
La mutation Chrétienne peut, alors, commencer sur une grande échelle.
‐7‐ Lorsque Agrippa I mourut, son fils Agrippa II, qui était élevé à la Cour de
Claude avait 17 ans.
Claude pensa le nommer à la succession de son père. Mais les Affranchis de lʹentourage de
Claude, tels que Narcisse, Pallas, Félix, étaient devenus très influents. Cette Camarilla
persuada Claude de nommer un Procurateur Romain, en attendant que le jeune Agrippa II
soit jugé en âge de pouvoir assumer la Royauté de son père.
En fait, Agrippa II ne devait jamais monter sur le Trône de Judée, et les Procurateurs
Romains allaient, désormais, y régner en Maîtres absolus jusquʹà la confrontation finale entre
les Juifs et les Romains, qui se termina avec la disparition du Temple et la destruction de
Jérusalem.
En effet, les Affranchis de lʹentourage de Claude, comme ceux de son successeur Néron,
considéraient la Judée comme un Territoire particulièrement attractif que les Romains
auraient intérêt à exploiter directement, car les largesses de la famille Hérodienne à la Cour
Impériale avaient conféré à ce Royaume oriental une réputation exagérée de richesses quasi
inépuisables.
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De la même façon, le Trésor du Temple de Jérusalem, qui était alimenté par la contribution
annuelle de toute la Diaspora Juive, attisait les convoitises secrètes des clans qui se
partageaient le Pouvoir à Rome.
Suétone, par exemple, rend compte de ces clans Romains, formés principalement des
Affranchis de lʹentourage de Claude, qui mettaient lʹEmpire Romain en coupes réglées aux
fins dʹenrichissement personnel :
Suétone : Vies des douze Césars : Claude : 28 :
Parmi ses Affranchis, ceux que Claude aima le plus furent lʹeunuque Posidès
quʹil honora même dʹune lance sans fer (récompense militaire réservée aux
Officiers), distinction quʹil accorda aussi à ses Soldats, dans son Triomphe sur la
Bretagne ; Félix, à qui il donna le Commandement de Cohortes et dʹailes de
Cavalerie, le Gouvernement de la Judée, et qui fut le mari de trois Reines (dont
la soeur de Bérénice et dʹAgrippa II) ; Arpocras, à qui il accorda le droit de se
faire porter en litière dans la Ville et de donner des Spectacles au Peuple ; et,
plus que ceux‐là encore, Polybe, Secrétaire Impérial à la Documentation, et que
lʹon pouvait voir souvent marcher entre les deux Consuls.
Mais Claude aima par dessus tout Narcisse, son Secrétaire, et Pallas (frère de
Félix) son Intendant, à qui le Sénat, sur la suggestion de lʹEmpereur, accorda les
plus magnifiques récompenses, même les ornements de la Questure et de la
Prêture. Les exactions et les rapines de ces deux Affranchis furent telles que
Claude se plaignant, un jour, de ne rien avoir dans son Trésor, on lui répondit
assez plaisamment ʺque ses caisses regorgeraient si ses deux Affranchis
voulaient bien lʹadmettre dans leur entreprise financière.ʺ
‐8‐ Cʹest, donc, de cette façon que Félix, frère du tout puissant Pallas, obtient de
Claude, le poste convoité de Procurateur de Judée.
En effet, le statut si particulier des Juifs, dont les spécificités étaient assez connues et
généralement méprisées à Rome, offrait à des Gouverneurs Romains peu scrupuleux et
ambitieux, dans un contexte de confrontation exacerbée, la possibilité, en toute impunité, de
procéder aux pires exactions leur permettant de sʹapproprier les richesses quʹils convoitaient,
sous le couvert officiel de nécessaires répressions à lʹencontre de révoltes intolérables contre
lʹOrdre Romain : et cela, sans trop de risques, désormais, de se voir désavoué par le Pouvoir
central à Rome.
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Cʹest ainsi que le comportement des Procurateurs successifs de Judée devait aller, en
empirant, tout particulièrement avec lʹavènement de Néron, dont les débordements allaient,
pour ainsi dire, immanquablement, trouver leur pendant en Judée.
Et cette cupidité toujours accrue des Procurateurs Romains était amplement facilitée par la
haine obstinée et quasi‐viscérale que les Militaires Romains et leurs Alliés Païens en garnison
en Judée ainsi que les diverses Communautés Païennes vouaient aux Juifs.
‐9‐ Pour ce qui concerne les Juifs, à côté de ceux qui sʹefforçaient toujours de
trouver, à tout prix, un modus vivendi avec les Occupants Romains, des factions diverses
aspiraient, au contraire, à entreprendre la lutte pour reconquérir une véritable indépendance
Politique et Religieuse.
Nombre de ces groupes cherchaient à retrouver les racines authentiques de leur Religion,
dont certains de ces Juifs ressentaient confusément quʹelle avait été pervertie par le Temple
dʹHérode.
En tout cas, la plupart de ces groupes de Contestataires pensaient avec rage que la Religion,
vénérée de leurs Ancêtres, était mise en danger, non seulement par les Occupants Romains,
mais également par les Hérodiens alliés de la Cour Impériale, ainsi que par la Hiérarchie
Juive Sacerdotale et Pharisienne, dont les membres étaient le plus souvent, par réalisme,
enclins à des formules de compromis avec la Puissance occupante.
En outre, les classes pauvres des Juifs sʹopposaient aux classes favorisées, plutôt favorables à
des compromis pragmatiques et économiques avec les Autorités Romaines.
Et, finalement, des bandes, dirigées par des Chefs sans scrupules ou exaltés, profitaient des
tensions persistantes pour effectuer des rapines à leur propre profit, et/ou pour tenter de
sʹemparer du Pouvoir par nʹimporte quel moyen.
Toutes ces composantes tourmentées dʹune Société Juive, en pleine crise et de plus en plus
déstabilisée, entraient, ainsi, en conflit permanent avec les Composantes autoritaires, avides,
et souvent haineuses, des Procurateurs, des Militaires Romains et de leurs Alliés Païens,
dont la morgue se faisait de plus en plus agressive.
‐10‐ Flavius Josèphe, qui est le témoin privilégié de ces événements, écrivait pour la
Cour Impériale des Flaviens, dont il avait pris le nom selon la coutume Romaine.
Il vivait dans lʹancienne maison de lʹEmpereur Vespasien, touchait une pension Romaine, et
profitait des revenus de ses terres en Judée que lʹEmpereur lui avait accordées.
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Aussi, Josèphe, dans son oeuvre, prend‐il soin dʹattribuer à la rage irréaliste de ʺforcenésʺ et
de ʺbrigandsʺ Juifs, la responsabilité de la catastrophe finale de Jérusalem, en contrepoint
avec les exactions commises par des Procurateurs Romains, incapables et cupides.
Il est probable que, si Flavius Josèphe avait écrit en toute indépendance du Pouvoir Impérial
Romain, sa présentation eût emprunté une autre forme, et que certains des ʺBrigandsʺ Juifs
dont il parle, seraient devenus dʹhéroïques ʺCombattants de la Liberté Juiveʺ.
Néanmoins, le talent et lʹhabileté de Flavius Josèphe sont tels, et lʹabondance des faits dont il
témoigne est si percutante, quʹil est possible, au delà de certains de ses qualificatifs et
commentaires convenus, de reconstituer une vérité événementielle, à travers laquelle, tout
lecteur peut rétablir, en une perspective assez authentique, la vision haletante des dernières
convulsions de la Jérusalem agonisante :
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33/ Les Procurateurs Romains en Judée
de la Mort dʹAgrippa I
aux débuts de la Guerre des Juifs
contre les Romains
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‐1‐ Après la mort dʹAgrippa I, qui fut le dernier Roi de lʹHistoire Juive, le premier
Procurateur, nommé par Claude, en 44 EC, fut Cuspius Fadus.
Celui‐ci crut bien interpréter les désirs de lʹEmpereur en réclamant que les Vêtements du
Grand‐Prêtre soient remis, de nouveau, à la garde de la Garnison Romaine.
Les Juifs envoyèrent aussitôt une Ambassade à lʹEmpereur, et, grâce à lʹintervention du
jeune Agrippa II, Claude décida que les vêtements du Grand‐Prêtre, ainsi que la nomination
de celui‐ci seraient désormais de la responsabilité dʹHérode de Chalcis (au Liban), le frère
dʹAgrippa I. A la mort de cet Hérode de Chalcis, son neveu Agrippa II héritera de son
Royaume, de cette responsabilité des Vêtements du Grand‐Prêtre, ainsi que de celle du
Trésor du Temple, et de la nomination du Grand‐Prêtre.
Agrippa II devait, dʹailleurs, conserver toutes ces prérogatives, jusquʹà la chute de Jérusalem,
grâce à ses liens privilégiées avec la Famille Impériale de la Dynastie Julio‐Claudienne, et,
par la suite, grâce à dʹexcellents rapports avec Vespasien, et grâce à une amitié particulière
avec Titus, due, entre autres, à la passion déclarée entre sa soeur, Bérénice, et Titus.
‐2‐ Sous ce nouveau régime du Procurateur Romain Fadus, apparaît en Judée,
comme en quelque sorte dʹune façon inévitable, un nouveau personnage de type
Messianique et Eschatologique.
Mais, peut‐être échaudé par lʹexpérience de Jésus et de ses Disciples, le nouveau Procurateur
ne voulut pas, cette fois, se laisser développer un mouvement, fût‐il dʹapparence inoffensive,
car il préférait ne pas prendre le risque dʹavoir à en affronter des conséquences inattendues.
Aussi, Fadus décida de tuer immédiatement dans lʹoeuf cette nouvelle émergence
messianique:
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 20 : 2 :
Pendant que Fadus était Procurateur de Judée, un enchanteur, nommé Theudas
persuada une grande multitude du Peuple de prendre tous leurs biens et de le
suivre jusquʹau Jourdain, en prétendant quʹil était Prophète et quʹil arrêterait
dʹune seule parole le cours du fleuve afin quʹils puissent tous passer à pied sec.
Il en trompa ainsi de nombreux.
Mais Fadius châtia cet imposteur, et punit de leur folie ceux qui sʹétaient laissé
tromper par lui : En effet, il envoya contre tout ce Peuple des troupes de
Cavalerie qui, après les avoir surpris, en tuèrent une partie et firent les autres
prisonniers. Parmi ceux‐ci était Theudas à qui lʹon coupa la tête que lʹon porta à
Jérusalem.
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Luc, dans les Actes des Apôtres, fait également référence à cette équipée de Theudas, lorsque
Gamaliel, le petit‐fils de Hillel, intervient au Sanhédrin, au cours du procès contre lʹactivité
de Pierre et des Apôtres, après la mort de Jésus.
Cette intervention est une occasion pour Luc de mettre en valeur la vérité du Messie‐Christ,
par rapport aux autres imposteurs qui apparaissaient à la même époque ; ce faisant, Luc
malmène toutefois quelque peu la Chronologie des événements :
Luc : Actes des Apôtres : 5 : 33‐ 42 :
Les membres du Sanhédrin devinrent furieux en entendant ces paroles (de
Pierre et des Apôtres au sujet du Christ‐Messie) et ils voulaient faire mourir les
Apôtres. Mais il y avait parmi eux un Pharisien, nommé Gamaliel, un Maître de
la Loi que tout le Peuple respectait. Il se leva au milieu du Conseil et demanda
de faire sortir un instant les Apôtres. Puis il dit à lʹAssemblée :
‐ Gens dʹIsraël, prenez garde à ce que vous allez faire à ces hommes. Il nʹy a pas
longtemps est apparu Theudas, qui prétendait être un personnage important ;
environ quatre cents hommes se sont joints à lui. Mais il fut tué : tous ceux qui
lʹavaient suivi se dispersèrent, et il ne resta rien de son mouvement. Après lui
(en fait, avant lui) à lʹépoque du recensement est apparu Judas le Galiléen : il
entraîna une foule de gens à sa suite. Mais il fut tué, lui aussi, et tous ceux qui
lʹavaient suivi furent dispersés. Maintenant donc, je vous le dis, ne vous
occupez plus de ces hommes et laissez‐les aller. Car si leur entreprise et leur
oeuvre viennent des hommes, elles disparaîtront. Mais si elles viennent de
Dieu, vous ne pourrez pas les détruire. Prenez garde à ne pas vous mettre à
combattre Dieu !
Les membres du Sanhédrin acceptèrent lʹavis de Gamaliel. Ils rappelèrent les
Apôtres, les firent battre, et leur ordonnèrent de ne plus parler au nom de Jésus,
puis ils les relâchèrent. Les Apôtres quittèrent le Sanhédrin, tout heureux de ce
que Dieu les ait jugés dignes dʹêtre traités avec mépris pour le nom de Jésus. Et
chaque jour, dans le Temple et dans les maisons, ils continuaient sans répit à
enseigner et à annoncer la Bonne Nouvelle concernant Jésus, le Messie.
‐3‐ En 46 EC, peut‐être pour être agréable à Agrippa, mais surtout par
reconnaissance envers la famille de lʹAlabarque dʹAlexandrie qui avait préservé avec fidélité
et efficacité les intérêts de sa mère, Antonia, en Égypte, Claude nomme comme nouveau
Procurateur Romain, le fils de lʹAlabarque dʹAlexandrie et neveu de Philon, Tibère
Alexandre, qui a renié la religion Juive pour se faire Païen.
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Ce choix peut être estimé comme judicieux, ou comme une provocation, selon que lʹon
considère quʹayant été Juif, le nouveau Procurateur connaissait bien les us et coutumes de
ses futurs Administrés, ou, selon que lʹon considère, au contraire, que les Juifs ne pourraient
que mépriser un apostat, qui ne faisait même pas semblant, comme les Hérodiens, dʹêtre
également Juif.
‐ Toujours est‐il que ce Tibère Alexandre se signala, durant ses deux années de règne, en
faisant crucifier les chefs Zélotes, Simon et Jacob, qui étaient tous deux fils de Judas le
Galiléen, le fondateur de la quatrième Secte, selon Flavius Josèphe.
Cette quatrième Secte, proche du mouvement des Pharisiens sur le plan Religieux, refusait
toutefois, à la différence des Pharisiens, tout compromis avec la Puissance Romaine et
prônait la résistance armée à lʹoccupation.
En particulier, dans cette famille de Judas le Galiléen, cʹétait une tradition de lutte pour
lʹindépendance, de génération en génération :
‐ Ainsi, le père de Judas le Galiléen sʹétait déjà révolté contre la Tyrannie dʹHérode.
‐ Puis, Judas le Galiléen avait fomenté une révolte, lorsque Auguste avait ordonné quʹun
recensement soit opéré, lors de la nomination du premier Procurateur en Judée : Judas le
Galiléen avait soulevé les Juifs en leur prêchant que lʹacceptation de ce recensement (aux fins
fiscales) équivaudrait à leur soumission à la servitude.
‐ Et, après ses fils Simon et Jacob, qui furent exécutés par le Procurateur Tibère Alexandre, le
troisième fils de ce même Judas le Galiléen, Menahem, allait, lui aussi, jouer un rôle
important à Jérusalem lors de la Guerre contre Titus.
‐ Finalement, le petit‐fils de ce même Judas le Galiléen, Éléazar, devait faire entrer
définitivement cette Dynastie familiale de Résistants dans lʹHistoire Juive, en commandant,
après la destruction de Jérusalem par les Romains, la dernière poche rebelle, la Citadelle de
Massada, où tous les Juifs préférèrent se suicider plutôt que de se rendre aux Romains.
‐4‐ Deux années plus tard, en 48 EC, le Procurateur Tibère Alexandre fut remplacé
par Ventidius Cumanus.
Et, suivant le même rythme accéléré que celui des nominations de Procurateurs successifs,
les choses allèrent en empirant.
Les faits relatés par Flavius Josèphe, sous le Procurateur Cumanus, au delà de leur
apparence anecdotique, mettent surtout en évidence lʹétat dʹesprit de lʹArmée dʹOccupation
Romaine et de leurs Alliés, et révèlent toute lʹétendue de la haine et du mépris que les
Militaires Païens éprouvent pour les Juifs :
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Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : 2 : 20 :
Cumanus succéda à Tibère Alexandre au Gouvernement de la Judée.
Durant son administration, commencèrent de nouveaux troubles qui attirèrent
sur les Juifs tant de malheurs.
Une grande multitude de Peuple sʹétait rassemblée à Jérusalem pour célébrer la
Fête de Pâque, et la Cohorte Romaine habituelle avait pris position sur les toits
des Portiques du Temple : car un Corps de Troupe en armes monte
invariablement la garde autour du Sanctuaire, lors des Fêtes Religieuses, afin de
prévenir toute émeute éventuelle quʹun tel rassemblement de foule pourrait
susciter. Cʹest alors quʹun Soldat soulevant son uniforme sʹaccroupit, ainsi
dénudé, pour offrir son postérieur à la vue des Juifs, et lâcha un bruit indécent,
en gardant cette posture. Enragés par cette insulte blasphématoire la foule
réclama à grands cris que Cumanus punisse immédiatement le coupable. Dans
la multitude, certains des jeunes Juifs les plus enflammés ainsi que des séditieux
jetèrent des pierres aux Soldats. Cumanus, craignant une attaque généralisée, fit
immédiatement accourir des renforts. Ces nouvelles Troupes sʹélancèrent le
long des portiques, et les Juifs, saisis dʹune panique irrésistible, se sauvèrent en
direction des Portes du Temple pour courir se réfugier dans la Ville. Mais les
passages étaient si étroits, et la panique était telle que les Juifs se piétinèrent à
mort, les uns les autres. Près de trente mille périrent ainsi étouffés ou défoncés ;
la Fête sʹétait transformée en un Deuil pour toute la Nation, et les lamentations
funèbres retentissaient dans chaque foyer.
Cet événement tragique eut une influence capitale sur lʹInconscient Collectif Juif :
En effet, le Temple avait, cette fois, été profané par les Troupes Romaines, et les cadavres des
victimes avaient rendu le Sanctuaire totalement impur. La dégradation implacable du Lieu
Saint, initiée par Hérode, continuait donc, comme une malédiction inexorable.
Dʹautres incidents, relatés, également, par Flavius Josèphe, devaient finalement provoquer le
rappel de Cumanus à Rome, et un Affranchi de Claude, Félix, fut nommé à sa place, en 52
EC, marquant ainsi la promotion politique considérable que les Affranchis avaient su
acquérir dans lʹEmpire Romain.
‐5‐ Félix, soutenu par son frère, le tout puissant Pallas, Intendant de Claude, puis
Conseiller de Néron, put mener ses exactions en Judée à loisir, tant les troubles y étaient
désormais considérables, et tant les Juifs désemparés ne savaient plus comment se sortir
dʹun piège devenu inextricable :
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Tacite : Histoires : 5 : 9 :
Claude voyant les Rois (Hérodiens) morts, ou réduits à peu de chose, fit de la
Judée une Province quʹil donna à des Chevaliers Romains ou à des Affranchis.
Lʹun de ceux‐ci, Antoine Félix, donna libre cours à sa cruauté et à ses caprices,
et il exerça le Pouvoir avec lʹesprit dʹun esclave.
Félix inaugura, en particulier, un système qui consista à sʹallier avec des brigands Juifs (selon
la terminologie de Josèphe) pour atteindre ses objectifs, et, sous ce Procurateur, lʹanarchie
sʹinstalla, ainsi, durablement en Judée :
Flavius Josèphe : Antiquité Juives : 20 : 6 :
Les affaires de Judée continuaient de se dégrader. La Contrée était pleine de
voleurs et de magiciens qui trompaient le Peuple, et il ne se passait pas de jour
que Félix nʹen fit exécuter quelques uns... Comme ce Procurateur haïssait
extrêmement Jonathas, qui était le Grand Prêtre, pour la raison que celui‐ci lui
faisait des remontrances incessantes,... Félix résolut de sʹen défaire
secrètement... Pour venir à bout de son dessein, Félix promit une forte
récompense à un nommé Dora, de Jérusalem, que Jonathas croyait être son
meilleur ami. Et cet homme vil exécuta son plan en faisant appel à des brigands.
Ceux‐ci vinrent dans Jérusalem, sous prétexte dʹy accomplir leur dévotion, avec
des poignards cachés sous leurs vêtements. Ils purent ainsi se mêler aux
serviteurs de Jonathas, et poignardèrent le Grand Prêtre.
Ces assassins (appelés Sicaires) nʹayant pas été punis dʹun tel crime, ils
continuèrent à venir à Jérusalem, de la même façon, aux Jours de Fête, et, se
mêlant à la foule, ils tuaient ainsi ceux quʹils haïssaient, ou quʹils avaient décidé
de tuer pour de lʹargent. Ils ne se contentaient pas dʹaccomplir ces meurtres
dans la Ville, mais, au comble de lʹimpiété et du sacrilège, ils allaient jusquʹà
commettre leurs forfaits dans lʹEnceinte même du Temple.
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : 2 : 18 :
Ainsi tout Jérusalem se trouva rempli dʹune telle frayeur que lʹon ne sʹy croyait
pas en moindre péril quʹau milieu de la guerre la plus sanglante. Chacun
attendait la mort à toute heure; on ne voyait approcher personne sans trembler :
on nʹosait même plus se fier à ses amis. Et quoique lʹon fût continuellement sur
ses gardes, toutes ces défiances et tous ces soupçons, néanmoins, nʹétaient pas
capables de protéger ceux à qui ces scélérats avaient décidé dʹôter la vie, tant les
Sicaires étaient rusés et adroits dans leur activité criminelle.
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A ce mal, sʹajouta un autre qui ne troubla pas moins cette grande Ville : Ceux
qui le causèrent nʹétaient pas, comme les Sicaires, des meurtriers qui
répandaient le sang humain ; mais cʹétaient des impies et des perturbateurs de
lʹOrdre Public, qui, trompant le Peuple sous couvert de Religion, lʹentraînaient
vers des endroits déserts avec la promesse que Dieu leur ferait voir, par des
Signes manifestes quʹIl voulait les libérer de leur servitude. Félix, considérant
ces assemblées comme des commencements de révoltes, envoya contre eux des
gens de cavalerie et dʹinfanterie qui en tuèrent un très grand nombre.
Un autre mal infligea encore la Judée. Un faux Prophète Égyptien, qui était un
grand imposteur, séduisit tellement le Peuple quʹil réussit à rassembler trente
mille hommes. Il les mena sur le Mont des Oliviers et, accompagnés dʹalliés de
toutes sortes, il marcha sur Jérusalem dans le dessein de chasser les Romains, de
sʹen rendre maître et dʹen faire le Siège de sa prétendue Domination.
Mais Félix alla à sa rencontre avec les Troupes Romaines et un assez grand
nombre de Juifs. La bataille eut lieu : la plupart de ceux qui suivaient cet
Égyptien furent taillés en pièces, et il se sauva avec le reste.
(Le Commandant Romain parle de cet Égyptien à Paul dans Actes des Apôtres: 21 : 38)
Après tant de soulèvements réprimés, on aurait pu penser que la Judée pourrait
jouir de quelque repos. Mais, comme il arrive dans un organisme dont
lʹensemble est corrompu, une partie semblant guérie que déjà le mal sʹest jeté
sur une autre partie, toutes sortes de faux Prophètes et de voleurs, réunis,
exhortèrent le Peuple à secouer le joug des Romains, et ils menaçaient de tuer
tous ceux qui continueraient à supporter une telle servitude. Ils se répandirent
bientôt dans tout le Pays, pillèrent les maisons des riches, les tuèrent,
incendièrent les villages : Et ce mal augmentant sans cesse, ils remplirent toute
la Judée de désolation et de troubles.
Le chaos qui sʹinstalle, ainsi, progressivement, dans une Nation privée de son magnétisme
Religieux fondamental contenu dans le Temple, qui, seul, avait pu, à travers les âges, lui
préserver une cohésion efficace, prend, désormais, la forme dʹune Révolte sociale et dʹune
Lutte pour lʹindépendance, dans un climat dʹanarchie, où tous les excès collatéraux vont,
désormais, foisonner en une sorte de surenchère permanente.
Les ʺZélotesʺ deviennent, alors, les représentants les plus actifs de cette Lutte, aux côtés des
ʺBrigandsʺ, selon la terminologie employée, en particulier, par Flavius Josephe.
Et la Hiérarchie Sacerdotale du Temple, rendue également déliquescente par un Sanctuaire
devenu dirimant, se livre à la même surenchère absurde :
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Flavius Josèphe : Antiquité Juives : 20 : 6 :
En ce temps‐là, le Roi Agrippa II nomma Grand‐Prêtre, Ismaël, fils de Phabi
(Ismaël ben Phabi), et les Chefs des Prêtres entrèrent alors en contestation avec
les Prêtres ordinaires et avec les Dignitaires de Jérusalem :
Le Grand‐Prêtre et les Chefs des Prêtres se faisaient maintenant accompagner
par des gens armés quʹils choisissaient parmi les plus séditieux et les plus
déterminés. Ils commençaient par se dire des injures, et en venaient ensuite aux
jets de pierres sans que personne n’intervint pour les séparer. Et il semblait quʹil
nʹy avait plus de Magistrats dans la Ville qui aient le pouvoir de les empêcher
de faire tout ce qui leur plairait : Lʹimpudence et lʹaudace du Grand‐Prêtre et
des Chefs des Prêtres étaient telles quʹils envoyaient leurs gens dans les granges
sʹapproprier, pour leur seul compte, la Dîme due à lʹensemble des Prêtres dont
certains étaient désormais si démunis quʹils mouraient de faim.
Ainsi la Justice était foulée aux pieds par ceux‐là même qui auraient dû la
défendre.
La Littérature Rabbinique, qui rejette sur les Sadducéens la responsabilité des malheurs de la
Judée, rend également compte de cette déliquescence de la Classe Sacerdotale du Temple, au
travers dʹune Tradition, rapportant les imprécations et les invectives lancées par les
Pharisiens à lʹencontre des familles des Grands‐Prêtres et des Chefs des Prêtres, qui en
étaient arrivés à opprimer et maltraiter le Peuple, avant la disparition fatale du Temple :
Talmud de Babylone : Ordre Moed : Traité Pesahim : 57a :
Abu Saul rapporte, au nom dʹAbba Joseph ben Honein (habitant de Jérusalem)
lʹanathème suivant sur les Grands‐Prêtres de son temps :
ʺ Quel malheur que la famille de Boethos, malheur à leurs lances !
‐ Quel malheur que la famille de Hanan : malheur à leurs sifflements de vipères!
‐ Quel malheur que la famille de Kanthéra : malheur à leurs plumes !
‐ Quel malheur que la famille dʹIsmaël ben Phabi : malheur à leurs poings !
Ils sont Grands‐Prêtres, leurs fils sont Trésoriers (du Temple), leurs gendres
Commandants (du Temple) et leurs Serviteurs frappent le Peuple de leurs
bâtons !ʺ... Le Parvis du Sanctuaire poussa quatre cris : dʹabord :
‐ Sortez dʹici, descendants dʹHeli vous souilliez le Temple de lʹÉternel !
(Heli avait été le Prêtre du Sanctuaire de Silo, avant la construction du Temple de Salomon,
et ses fils avaient été des Prêtres corrompus et débauchés (Samuel : 2 : 12 : ʺLes fils dʹHeli
étaient des vauriens qui ne se préoccupaient pas de lʹÉternelʺ)
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Un second cri retentit du Parvis :
‐ Sortez dʹici Issachar de Kefar Barkaï, qui ne respectez que vous même et
profanez les victimes consacrées à lʹÉternel ! Car il sʹenveloppait les mains de
soie en faisant son service !
(Issachar fut Grand‐Prêtre, probablement, sous le Roi Agrippa I, qui lui fit, peut‐être, couper
les mains.)
Un troisième cri (ironique) retentit du Parvis :
‐ Élargissez‐vous Portes (du Temple), laissez entrer ben Phabi, le Disciple de
Pinehas pour quʹil remplisse ses fonctions de Grand‐Prêtre...
On entendit encore un cri du Parvis :
‐ Élargissez‐vous, ô Portes, laissez entrer Yohanan, fils de Nedebai, le Disciple
des goinfres, pour quʹil se gorge à son aise des victimes sacrifiées !
Le luxe et lʹimpudeur de ces Grands‐Prêtres, à cette époque de décomposition du Sanctuaire,
était telle quʹils rivalisaient de luxe, même dans leurs Vêtements Sacerdotaux :
Talmud de Babylone : Ordre Moed : Traité Yoma : 35b :
La mère du Grand‐Prêtre Eliezer ben Harsom fit fabriquer pour son fils une
tunique (pour la somme considérable) de 20.000 mines (dont le tissu était dʹune
telle finesse) que les autres Prêtres ne lui permirent pas de la mettre parce quʹil
paraissait comme nu.
‐6‐ Un autre problème crucial, qui va avoir des répercussions sur le sort du
Temple, ré‐apparaît, à Césarée, sous le Procurateur Félix :
Ce grand Port, par lequel transite une grande partie du trafic maritime et des exportations de
la Judée, est également la principale Ville dʹAdministration et de Garnison de la Région.
Or, à lʹoccasion de la mort dʹAgrippa I, la Population Païenne et la Garnison de Césarée ont
révélé, dans toute son ampleur, leur haine viscérale des Juifs, et cette haine sʹamplifie
davantage encore, sous le règne des Procurateurs Romains :
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : 2 : 23 :
Il arriva une très grande contestation dans Césarée entre les Juifs et les Syriens
qui y demeuraient (vraisemblablement, soutenus par les autres Païens et les
Romains).
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Les Juifs déclaraient que cette Ville leur appartenait parce quʹHérode, qui était
leur Roi, lʹavait bâtie. Et les Syriens affirmaient, au contraire, que le Roi Hérode
en était effectivement, comme le Fondateur, mais quʹelle était cependant
totalement une Ville Hellénique, car, si lʹintention dʹHérode avait été que ce soit
une Ville Juive, il se serait bien évidemment abstenu dʹy faire bâtir des Temples
Païens et dʹy ériger des Statues (Religieuses).
Ce différend en vint à un tel point que les deux factions prirent les armes, et il
ne se passait plus de jours sans que les éléments les plus vindicatifs des deux
Partis nʹen viennent aux mains : En effet, les conseils de prudence des Anciens
parmi les Juifs nʹavaient plus dʹeffet, et les Syriens, de leur côté, se seraient
sentis humiliés sʹils avaient dû céder. Les Juifs étaient plus riches et plus
valeureux que les Syriens. Mais ceux‐ci bénéficiaient de lʹappui des Gens de
Guerre parce que certaines des Troupes Romaines (en garnison à Césarée)
étaient composées, en partie, dʹhommes qui avaient été enrôlés en Syrie, et dont
certains étaient même apparentés aux Syriens de Césarée.
Les Officiers qui les commandaient sʹemployèrent de tout leur pouvoir pour
apaiser ces tensions, et ils firent même fouetter de verges et mettre en prison les
plus séditieux. Mais ces châtiments au lieu dʹimpressionner les autres les
irritèrent davantage.
Le Procurateur Félix, ayant assisté à lʹune de ces rixes, alors quʹil traversait le
grand marché, ordonna immédiatement aux Juifs, qui étaient en train dʹavoir
lʹavantage dans cet affrontement, de se retirer. Comme ils refusaient
dʹobtempérer, Félix fit venir les Gens de Guerre qui en tuèrent un grand
nombre et pillèrent leurs biens. Le Procurateur, voyant que les combats
reprenaient malgré cela, envoya finalement à Néron des Délégués des deux
partis, afin que lʹEmpereur prenne une Décision dans ce conflit opposant les
deux camps.
‐7‐ Agrippine, la nouvelle femme de lʹEmpereur Claude, le fit, probablement
assassiner, en 54, afin de permettre à son fils, Néron, né dʹun précédent mariage, dʹaccéder
au Trône Impérial.
Comme cʹest sous le règne de Néron que le Général Vespasien, relayé ensuite par son fils
Titus, commença la guerre qui devait se terminer par la destruction du Temple de Jérusalem,
il peut être utile de sʹefforcer de démêler, dans les renseignements transmis par les
Historiens, la véritable personnalité de lʹEmpereur Néron, et lʹinfluence éventuelle que ce
Personnage a pu avoir sur les événements décisifs de Judée et sur le Destin des Juifs.
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Lors de ses débuts, assez appliqués, il semblerait que Néron ait tout fait pour se rendre
populaire auprès du Peuple et de lʹArmée.
Mais, assez rapidement, par la suite, il semble quʹil ait persécuté dʹune façon sanguinaire les
membres de sa famille, y compris sa mère et ses femmes successives.
De la même façon, il persécuta les membres de son entourage et les principaux Personnages
du Sénat qui pouvaient sʹopposer à lui, ou lʹempêcher de se livrer à ses fantasmes, ou dont il
voulait, comme Caligula en son temps, sʹapproprier la fortune.
Et les Historiens ont surtout mis en relief lʹétendue de ses caprices de cabotin et sa lubricité
effrénée. En conséquence, Néron semble, dans lʹensemble, sʹêtre assez peu préoccupé des
affaires de lʹEmpire Romain :
Cela expliquerait, probablement, que les Procurateurs de Judée, sous son Règne, aient mis la
Judée systématiquement en coupe réglée, et ne se soient plus embarrassés dʹaucun scrupule,
en se sentant assurés, pour ainsi dire, quʹils avaient peu de chances dʹavoir, un jour, à rendre
des comptes à Rome.
Cela expliquerait, également, pourquoi les Historiens Païens ne mentionnent pratiquement
pas, sous Néron, les troubles de la Judée, qui devaient, pourtant, déboucher sur
lʹintervention de Vespasien contre les Juifs.
Et tous les troubles et conflits qui préludèrent à cette Guerre, seraient restés totalement
inconnus, si Flavius Josèphe ne les avaient pas décrits en détail.
En réalité, la personnalité complexe et étrange de Néron a eu un effet extrêmement
important sur la comportement des divers Gouverneurs et Procurateurs, sur lʹattitude de la
Classe Militaire Romaine et de leurs Alliés Auxiliaires, comme sur le comportement de
lʹensemble de la Population Païenne de lʹEmpire.
‐8‐ Néron présente lʹoriginalité inédite de vouloir être considéré, à la fois, comme
un Dieu, et comme le plus talentueux des Hommes :
Et cette obsession vertigineuse, faite dʹun mélange Mystique et Artistique, donne lieu à un
nouveau genre de Célébration Impériale, lors des Jeux Sacrés :
Suétone : Vies des Douze Césars : Néron :
21 :
Comme cʹétait à Rome quʹil tenait surtout à chanter, Néron y fit célébrer les Jeux
Néroniens avant la date fixée ; et tout le monde ayant demandé avec instance à
entendre sa ʺvoix célesteʺ, il répondit ʺquʹil céderait à ce voeu dans ses jardins.ʺ
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Mais les Soldats, qui étaient alors de garde (autour de lʹEmpereur), joignant
leurs prières à celles de la multitude, il promit (et cʹétait là son désir le plus
ardent) de chanter ce même jour au Théâtre. Il ordonna aussitôt dʹinscrire son
nom sur la liste des candidats du Concours des joueurs de lyre, le fit jeter dans
lʹurne pour être tiré au sort comme les autres candidats, et il entra en scène à
son tour : Les Préfets du Prétoire portaient sa lyre ; après eux venaient les
Tribuns des Soldats ; autour de lui étaient ses amis les plus intimes. Quand il
eut assuré son attitude et posé sa voix, il fit annoncer par le Consulaire Cluvius
Rufus quʹil allait chanter Niobé, et il resta en scène jusquʹà la dixième heure...
23‐24 :
On le vit désormais prendre part à tous les Concours et Compétitions des
Artistes. Néron réunit, à cet effet, dans une même année, les Spectacles
ordinairement donnés à plusieurs années dʹintervalle : il exigea même quʹon
donna les mêmes Jeux plusieurs fois, et, contrairement à lʹusage, il fit organiser
à Olympie un Concours de Chant. Rien ne pouvait le détourner ni le distraire
de ce genre dʹoccupation ; et son affranchi Helius lui ayant écrit que les Affaires
de Rome y exigeaient sa présence, il lui répondit : ʺVous me donnez conseil de
revenir promptement à Rome : vous devriez plutôt souhaiter que je ne revienne
que quand je serai digne de Néron.ʺ
Il nʹétait pas permis, lorsquʹil chantait de sortir du Théâtre, même pour les
motifs les plus impérieux. Aussi dit‐on que plusieurs femmes accouchèrent au
Spectacle, et que de nombreux spectateurs, las de lʹentendre et de lʹapplaudir,
sautèrent furtivement par dessus les murs de la Cité, dont on avait fermé les
portes, ou même, feignirent dʹêtre morts, afin de pouvoir se faire emporter hors
de la Ville. On ne peut même pas imaginer quelle terreur et quelle anxiété il
montrait dans les Concours, quelle jalousie il nourrissait contre ses rivaux,
quelle crainte il éprouvait pour ses Juges. Ses rivaux, il les épiait sans cesse et
les décriait en secret, comme sʹils eussent été de la même condition que lui.
Quelquefois même il leur disait des injures quand il les rencontrait ; et, sʹil y en
avait dont il trouvait que le talent était supérieur au sien, il décidait de les
corrompre. Quant aux Juges, il leur adressait avant de commencer une
respectueuse et humble allocution : ʺIl avait fait, disait‐il, de son mieux, mais le
résultat dépendant de la fortune, cʹétait maintenant à eux, hommes sages et
instruits, dʹécarter les aléas du hasard.ʺ Les Juges lʹexhortaient, alors, à avoir
bon courage, et il se retirait un peu plus tranquille ; mais ne pouvant bannir
toute inquiétude, il attribuait à la malveillance et à lʹenvie le silence que certains
dʹentre les Juges avaient gardé par pudeur, et Néron les déclarait alors suspects.
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Il se soumettait pendant le Concours à toutes les lois du Théâtre, au point de ne
pas oser cracher, ni dʹessuyer avec son bras la sueur de son front. Ayant, dans
une tragédie, laissé tomber son sceptre, il le ramassa aussitôt dʹune main
inquiète et tremblante, tant il craignait que pour cette faute, on le déclara
disqualifié du Concours. Il fallut, pour le rassurer, que son pantomime (un
acteur muet qui mime la déclamation ou le chant de lʹacteur vocal ou du
chanteur) lui protestât que ce mouvement nʹavait pas été remarqué, au milieu
de la joie et des acclamations du Peuple.
Cʹest lui‐même qui se proclamait vainqueur des Jeux...
A côté de ces fantasmes théâtraux de représentation publique qui envahissait tout son
espace mental, cohabitait chez Néron, une luxure quasi‐pathologique, et qui le dévorait avec
une même intensité, à en croire les Historiens :
Suétone : Vies des Douze Césars : Néron : 28‐29 :
Sans parler de son commerce de débauche avec des hommes libres et de ses
adultères avec des femmes mariées, il viola la Vestale Rubria. Peu sʹen fallut
quʹil nʹépousât en légitime mariage lʹaffranchie Acté ; il suborna même, à cet
effet, des Consulaires qui affirmèrent sous serment que cette ancienne esclave
était dʹorigine Royale. Il fit couper les testicules à un enfant nommé Sporus,
essaya de le transformer en fille, lʹorna, un jour, du voile nuptial, lui constitua
une dot, et se lʹétant fait amener, avec toute la pompe dʹun mariage au milieu
dʹun nombreux cortège, il le traita comme son épouse ; ce qui fit dire assez
plaisamment à quelquʹun ʺquʹil aurait été heureux pour le genre humain si le
père de Néron avait épousé une femme de ce genre.ʺ Il revêtit ce Sporus du
costume des Impératrices, le fit porter en litière, et se fit accompagner de lui,
lors des Cours de Justice et dans les différents marchés de Rome, lui donnant de
temps en temps des baisers.
Il est avéré quʹil voulut posséder sa mère ; les ennemis dʹAgrippine essayèrent
de lʹen détourner, dans la crainte que cette femme impérieuse et cruelle ne prit
sur Néron, par ce genre de faveur, un empire absolu. Mais il reçut bientôt parmi
ses concubines une courtisane qui ressemblait beaucoup à Agrippine. On
assure, aussi, quʹavant ce temps‐là, toutes les fois quʹil se promenait en litière
avec sa mère, il satisfaisait sa passion incestueuse, ce que prouvaient assez les
taches sur ses vêtements.
Après avoir prostitué, au cours de monstrueuse débauches, presque toutes les
parties de son corps, il imagina pour finir, en guise de jeu, de se couvrir de
peaux de bêtes et de sʹélancer dʹune cage sur les parties sexuelles dʹhommes et
de femmes attachés à des poteaux. Puis, quand il avait assouvi ses désirs, il se
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livrait à son affranchi Doryphore ; il se fit même épouser par ce dernier, de la
même manière quʹil avait lui‐même épousé le jeune Sporus ; et alors, il
contrefaisait la voix et les cris des jeunes filles auxquelles on fait violence.
‐9‐ A côté de cette Biographie détaillée, au vitriol, dʹune pathologie, peut‐être un
peu outrancière, rédigée par Suétone, et, également, par Tacite, Biographie dont les
principaux traits furent ensuite repris par les Historiens ultérieurs, on ne trouve, chez
Suétone, quʹune très brève allusion aux événements, tragiques, convulsifs et déterminants
pour le Destin des Juifs, qui se déroulent, alors, en Judée, Territoire dépendant de la Syrie,
avant lʹentrée en scène de Vespasien :
Suétone : Vies des Douze Césars : Néron : 39 :
Aux outrages et aux maux qui venaient de lʹEmpereur, la fortune ajouta
dʹautres désastres : une peste qui, dans un seul automne, fit inscrire trente mille
funérailles sur les registres de Libitine (Déesse des funérailles) ; une défaite
sanglante en Bretagne, suivie du pillage de deux importantes forteresses et du
massacre dʹun grand nombre de citoyens Romains et dʹAlliés ; en Orient, des
échecs honteux, des Légions qui passèrent sous le joug en Arménie, et la Syrie
(dont la Judée) maintenue à grand peine sous la Domination Romaine.
Que Néron se soit considéré comme un Dieu, ou comme un futur Dieu, découlait
implicitement des croyances de son époque : et, par exemple, son prédécesseur, Claude, fut
divinisé à sa mort.
De la même façon, Néron fit diviniser la petite fille quʹil eut de sa seconde femme, Poppée, et
qui mourut en bas âge : Cette enfant divinisée eut son Temple et son Prêtre.
Néron fit également diviniser sa femme, Poppée, quʹil avait tuée dʹun coup de pied, alors
quʹelle était enceinte de lui pour la deuxième fois.
Mais, en contrepoint et en complément amplificateur de cette Divinisation de sa personne, et
au delà de ses obsessions sexuelles, Néron voulait se sentir un Artiste adulé par la foule, et
toute son ambition tendait à recueillir sans cesse les applaudissements du Public.
Étant, ainsi, sans cesse accaparé par ses rêves et par ses fantasmes, Néron laissait, en réalité,
aux gens de son entourage qui avaient su gagner la faveur de lʹEmpereur, le soin de le
conseiller, ou de décider des arbitrages des conflits, qui lui étaient soumis, très
éventuellement, sʹils ne concernaient pas, directement, ses intérêts ou ses passions.
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‐10‐ Cʹest de cette façon que le différend, qui opposait les Juifs et les Païens à
Césarée, va être tranché, par Néron, en faveur des Païens, grâce à lʹinfluence à la Cour
Impériale, du frère de Félix, Pallas, avant que celui‐ci ne tombe en disgrâce et soit mis à
mort.
En effet, le Procurateur Félix a, selon toute vraisemblance, demandé à rentrer à Rome,
probablement après sʹêtre suffisamment enrichi en Judée, et afin de profiter des relations
privilégiées de son frère avec Néron, le successeur de Claude.
Or, les Juifs de Césarée, assez maladroitement dans ce contexte, ajoutent à leur réclamation
concernant leur statut dans Césarée, une mise en accusation de Félix, pour ses malversations
et les mauvais traitements quʹil a fait subir aux Juifs durant sa Procurature.
Quasi‐inéluctablement, alors, cette Ambassade des Juifs à Rome va se transformer en
catastrophe pour la Judée :
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 20 : 7 :
Porcius Festus ayant été envoyé par lʹEmpereur Néron pour succéder à Félix au
Gouvernement de la Judée, les Juifs de Césarée envoyèrent une Ambassade à
Rome pour accuser Félix ; et il aurait sans doute été puni des mauvais
traitements quʹil avait fait subir aux Juifs, si Néron ne lui eût pardonné à la
prière de Pallas, son frère, qui était alors en grand crédit auprès de lʹEmpereur.
Deux des Notables Syriens (Hellénistes) de Césarée gagnèrent, grâce au
versement dʹune grande somme dʹargent, Berylle, qui avait été Précepteur de
Néron, et était maintenant son Secrétaire pour les Lettres Grecques. Ils
obtinrent, ainsi, une Ordonnance par laquelle Néron déniait aux Juifs le statut
de Citoyens, que les Juifs prétendaient comme étant le leur à Césarée.
On peut dire que cette Ordonnance a été la cause de nos malheurs : car les Juifs
de Césarée en furent si irrités quʹils sʹaigrirent encore davantage, et cette colère
ne cessa pas tant que lʹon en fut venu à la Guerre.
Comme assez souvent, Flavius Josèphe, sur cette affaire, a un diagnostic plutôt perspicace,
même sʹil ne dispose pas du recul nécessaire :
En effet, dʹune part, les Païens, et surtout les éléments Militaires de Judée, voyaient ainsi,
confirmé, dʹune façon éclatante par lʹEmpereur Romain, le statut inférieur des Juifs quʹils
haïssaient.
Et, dʹautre part, les Juifs, après lʹaffaire dʹAlexandrie, réglé à leur détriment par Claude,
constataient, avec ce nouvel exemple, quʹils seraient toujours considérés, par Rome et par les
Païens, comme une minorité de seconde zone, jusques y compris, dans leur propre Pays.
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Quant au Roi de Chalcis, Agrippa II, qui était, trop ostensiblement, le Client des Romains, il
ne pourrait plus, de ce fait, avoir quelque influence que ce soit dans le déroulement fatal du
mécanisme, qui venait de se mettre en place, avec cette Officialisation par Néron, du Statut
des Juifs, comme constituant une Collectivité de seconde zone, en Judée.
Et ce mécanisme, ainsi enclenché, allait, désormais, broyer les Juifs, et faire, finalement,
disparaître la Source‐même de leur Légitimité Ancestrale.
‐11‐ Deux derniers Procurateurs vont succéder à Festus et contribuer à sceller
davantage ce Destin des Juifs.
Tout particulièrement, le dernier Procurateur Romain, Florus, poussera le cynisme à son
paroxysme, afin de, délibérément, plonger la Judée dans une confusion de fureur, qui lui
offrira les prétextes pour pouvoir piller la Région à son aise.
Mais, entre temps, un autre événement radical a surgi à Rome : la Persécution des Chrétiens.
‐12‐ Parmi les initiateurs des débuts de la présence Chrétienne à Rome, figure, en
première place, Paul.
Les Actes des Apôtres et la Lettre de Paul aux Romains décrivent, avec assez de précision, le
processus par lequel Paul fut amené à élargir systématiquement, de la Synagogue à
lʹensemble du Monde Païen, sa Mission Évangélique :
Son champ dʹaction avait été tracé sur deux voies parallèles : lʹune, dans la mouvance Juive,
demeura très confinée, tandis que lʹautre, dans le monde Païen, allait sʹamplifiant sans cesse.
Après son arrestation en Judée, Paul, avait, dʹabord, comparu devant le Procurateur Félix, et
il en avait, alors, appelé à lʹEmpereur, en usant de son privilège de Citoyen Romain, statut
quʹil avait probablement hérité de son père.
Aussi, Félix envoya Paul à Rome, pour y être présenté à la Cour de Justice de lʹEmpereur.
A Rome, Paul est placé sous la surveillance dʹun Soldat Romain, mais il peut loger comme il
lʹentend. Paul prend, alors, aussitôt, contact avec la petite Communauté Juive qui a pu
revenir sʹinstaller à Rome, après sa précédente Expulsion.
Luc : Actes des Apôtres : 28 : 17‐31 :
Trois jours plus tard, Paul invita chez lui les Chefs des Juifs de Rome.
Quand ils furent réunis, il leur dit :
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« Frères, je nʹai rien fait contre notre Peuple, ni contre les coutumes de nos
Ancêtres, et pourtant jʹai été arrêté à Jérusalem et livré aux Romains.
Ceux‐ci mʹont interrogé et voulaient me relâcher, car ils nʹavaient trouvé aucune
raison de me condamner à mort. Mais les Juifs sʹy sont opposés, et jʹai alors été
obligé dʹen appeler à lʹEmpereur, sans avoir néanmoins à porter la moindre
accusation contre les gens de ma Nation. Voilà pourquoi jʹai demandé à vous
voir et à vous parler : En effet, je suis actuellement gardé à cause de Celui
quʹespérait le Peuple dʹIsraël. » Les Juifs lui répondirent :
‐ Nous nʹavons reçu aucune lettre de Judée à ton sujet, et aucun de nos frères
nʹest venu de là‐bas pour nous faire un rapport ou nous dire du mal de toi. Mais
nous voudrions bien tʹentendre exposer tes idées, car nous savons que, partout,
on sʹoppose à ce mouvement auquel tu appartiens.
Ils décidèrent donc dʹun jour avec Paul, et ils vinrent ce jour‐là en plus grand
nombre à lʹendroit où il logeait. Du matin jusquʹau soir, Paul leur donna des
explications : il leur annonçait le Royaume de Dieu, et cherchait à les convaincre
au sujet de Jésus, en utilisant des citations de la Loi de Moïse et des Livres des
Prophètes. Les uns furent convaincus par ce quʹil disait, mais les autres
refusaient de croire. Comme ils sʹen allaient sans tomber dʹaccord, Paul leur dit
simplement ceci : « Le Saint Esprit avait bien raison lorsquʹil sʹadressait à vos
Ancêtres par lʹintermédiaire du Prophète Isaïe. Il déclarait en effet :
Va dire à ce Peuple :
Vous entendrez bien mais vous ne comprendrez pas ;
Vous regarderez bien mais vous ne verrez pas.
Car ce Peuple est devenu insensible ;
Ils se sont bouché les oreilles,
Ils ont fermé les yeux,
Afin que leurs yeux ne voient pas,
Que leurs oreilles nʹentendent pas,
Que leur intelligence ne comprenne pas et quʹils ne se tournent pas vers moi,
Pour que je les guérisse, dit Dieu.ʺ (Isaïe : 6 : 9‐10, dʹaprès la Version
Grecque)
‐ En conséquence, sachez, ajouta Paul, que le Message du Salut de Dieu a été
envoyé à ceux qui ne sont pas Juifs : ils lʹécouteront, eux ! »
Paul demeura deux années entières dans le logement quʹil avait loué.
Il y recevait tous ceux qui venaient le voir. Il prêchait le Royaume de Dieu et
enseignait ce qui concerne le Seigneur Jésus Christ, avec une pleine assurance et
librement.
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Cʹest ainsi que sʹétait renforcé, grâce à Paul, et également grâce à Pierre selon les Auteurs
Chrétiens, le premier cercle des Chrétiens à Rome, qui va connaître sa première Persécution,
avec Néron, après lʹincendie de la Capitale.
‐13‐ Cette première Persécution anti‐Chrétienne dʹenvergure se déroule après
lʹincendie de Rome, dont certains Historiens avancent quʹil a été allumé par Néron, afin
dʹavoir sous ses yeux un Spectacle digne de lʹincendie de Troie chanté par Homère ; dʹautres
Historiens avancent que lʹincendie nʹaurait pas été pas le fait de Néron, mais que,
effectivement, il aurait profité de ce Spectacle pour se mettre en scène, dans une évocation
dramaturgique de lʹincendie de la Cité Troyenne.
En tout cas, le vertige de Néron aboutit, finalement, à ce que les Chrétiens seront accusés de
ce crime, et ils deviennent, ainsi, les boucs émissaires de la vindicte populaire, et les
premiers Martyrs de lʹHistoire naissante du Christianisme :
Suétone : Vies des Douze Césars : Néron : 38 :
Néron nʹépargna pas même le Peuple de Rome ni les murs de sa Patrie.
Un de ses familiers ayant cité dans la conversation ce vers Grec :ʺQue tout
sʹembrase et périsse après moi !ʺ‐ ʺNon, répondit‐il, que ce soit de mon vivant !ʺ
Et il accomplit sa menace. Choqué, à ce quʹil disait, du mauvais goût des
anciens édifices, du peu de largeur et de lʹirrégularité des rues, il fit mettre le
feu à la Ville, et si ouvertement, que plusieurs Consulaires, surprenant dans
leurs propriétés des esclaves de sa Cour, avec des étoupes et des flambeaux
nʹosèrent pas les arrêter. Des greniers voisins du Palais dʹor, et dont le terrain
lui faisait envie, furent incendiés et renversés par des machines de guerre parce
quʹils étaient construits en pierres de taille. Ces ravages durèrent six jours et
sept nuits, et le Peuple nʹeut dʹautre refuge que les monuments et les
cimetières... Néron contempla cet incendie du haut de la tour de Mécène
ʺcharmé, disait‐il, de la beauté de la flammeʺ, et il chanta, en costume de
théâtre, ʺLa Prise de Troieʺ.
Il ne laissa pas même échapper cette occasion de pouvoir piller et voler : Il
sʹétait engagé à faire enlever gratuitement les cadavres et les décombres, mais il
ne permit à personne dʹapprocher de ces restes devenus les siens. Il exigea et
reçut des contributions pour les réparations de Rome et il faillit ruiner ainsi les
particuliers et les Provinces.
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Tacite : Histoires : 39 et 44 :
A ce moment, Néron, qui se trouvait à Antium, ne revint pas à Rome avant le
moment où lʹincendie sʹapprocha de son Palais quʹil avait construit pour mettre
en communication le Palatin et les Jardins de Mécène. On ne put cependant pas
arrêter le feu ni lʹempêcher de dévorer le Palatium, les maisons et tout ce quʹil y
avait autour. Mais, en guise de consolation pour le Peuple, chassé de ses
demeures et sans domicile, Néron ouvrit le Champ de Mars et les monuments
dʹAgrippa, et même ses propres jardins, pour accueillir la foule sans ressources.
On fit venir le nécessaire dʹOstie et des villes voisines, et le prix du blé fut
diminué jusquʹà trois sesterces le boisseau. Ces mesures, bien quʹelles aient eu
pour but de flatter le Peuple, restaient sans effet, parce que le bruit sʹétait
répandu quʹau moment où la Ville était en flammes, Néron était monté sur la
scène de son théâtre personnel et quʹil avait chanté la ruine de Troie, assimilant
les maux actuels aux catastrophes du Passé...
Mais aucun moyen humain, aucune largesse de lʹEmpereur ne pouvaient
éloigner la rumeur infamante selon laquelle lʹincendie avait été allumé sur son
ordre.
Aussi, pour étouffer ce bruit, Néron désigna des accusés, et frappa des peines
les plus raffinées les gens détestés à cause de leur moeurs criminelles, que la
foule appelait ʺChrétiensʺ. Celui qui est à lʹorigine de ce nom est Christ, qui,
sous le règne de Tibère, avait été condamné à mort par le Procurateur Pilate.
Réprimée sur le moment, cette exécrable superstition faisait sa réapparition,
non seulement en Judée, où se trouvait lʹorigine de ce fléau, mais aussi à Rome,
où tout ce qui est, partout, abominable et infâme vient aboutir et se répand.
Donc, on arrêta dʹabord ceux qui avouaient (sous la torture) puis, sur leur
dénonciation, une foule immense fut condamnée, moins pour crime dʹincendie
que pour sa haine du genre humain. Leur exécution fut transformée en jeu : on
les revêtit de peaux de bêtes, et ils périrent sous la morsure des chiens ; ou bien
ils furent cloués à des croix, enduits de matières inflammables, et on y mit le feu
pour que, lorsque le jour baissait, ils brûlent et servent dʹéclairage nocturne.
Néron avait prêté ses Jardins pour ce spectacle, et il donnait des Jeux de cirque
en habit dʹaurige, mêlé à la Plèbe, ou debout sur un char.
Aussi, à lʹégard de ces hommes coupables, et qui méritaient les derniers
supplices, montait, néanmoins, une sorte de pitié, à la pensée que ce nʹétait pas
pour lʹintérêt de tous, mais pour satisfaire la cruauté dʹun seul, quʹils
périssaient.
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Orose, Historien Chrétien du 4ème siècle, élargit cette première Persécution des Chrétiens
par Néron, à lʹensemble de lʹEmpire :
Orose : Histoires : 7 : 10 :
La téméraire impiété de Néron envers Dieu accrut la masse de ses crimes : le
premier, à Rome, en effet, il livra les Chrétiens au supplice et à la mort, et il
ordonna de les poursuivre et de les torturer de la même manière à travers
toutes les Provinces, et sʹefforçant de faire disparaître leurs germes, il fit tuer les
très saints Apôtres du Christ, Pierre par la croix, et Paul par le glaive.
‐14‐ Afin de mieux dégager lʹévolution des lignes de forces Idéologiques, Païennes,
Juives et Chrétiennes, qui sʹentrechoquèrent, avec fureur et passion, pour finalement
déterminer le Destin du Temple de Jérusalem et de son Site, il peut apparaître opportun de
rechercher les diverses raisons pour lesquelles ce furent les Chrétiens qui, sous Néron,
furent, pour la première fois, ainsi persécutés.
En effet, les Chrétiens se substituaient, en quelque sorte, aux Juifs qui, par le passé, avaient
toujours été considérés, jusquʹalors, comme les germes spécifiques du fléau parasitaire à
combattre, et à exclure, de façon récurrente, à Rome.
‐A‐ Les principales raisons, entre autres, qui firent que les Juifs furent remplacés par les
Chrétiens, dans le rôle de boucs émissaires, tiennent, dʹabord et dʹune façon générale, à
lʹÉvangélisation dynamique des Chrétiens qui souhaitaient convertir les Païens, et, à cet
effet, nʹimposaient pas, entre autres, la circoncision et les règles Judaïques comme conditions
préliminaires à toute conversion. A Rome cette Évangélisation est entreprise, en particulier,
par Paul, et, également, par Pierre, selon les Auteurs Chrétiens.
‐B‐ Ces raisons tiennent, également, au fait que ce mouvement Chrétien était considéré
comme celui dʹune Secte Juive déviationniste, qui rompait délibérément avec les quelques
tolérances implicites, par lesquelles le Monde Païen avait, plus ou moins, accepté la
Spécificité Juive.
En effet, les Chrétiens, comme les Juifs, rejetaient les Dieux Païens et la Divinité de
lʹEmpereur, mais, au lieu de rester confinés dans un ghetto exotique et méprisé, ils
prétendaient sʹintégrer à la masse Païenne, où ils recrutaient délibérément et activement.
Or, dʹune part, les Chrétiens rejetaient toutes les particularités différenciatrices des Juifs, et
dʹautre part, ils affichaient, de surcroît, lʹambition de transformer radicalement les structures
Idéologiques de la Société Païenne.
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Aussi, la réaction Païenne allait en être dʹautant plus violente.
Or, en contrepoint, les Chrétiens de ces temps, hantés et exaltés par la mémoire, vivante et
magnifiée, du Supplice de Jésus, allaient, à la surprise générale, endosser, avec extase, leur
mission de Martyr.
‐C‐ Finalement, parmi les raisons de la substitution des Juifs par les Chrétiens dans la
Persécution collective dʹenvergure qui fut menée dans Rome à leur encontre, on peut
mentionner, également, lʹentourage intime de Néron et la personnalité de lʹEmpereur :
En effet, lʹEmpereur subissait lʹemprise, bénéfique pour les Juifs, de sa seconde femme,
Poppée, en accord avec lʹinfluence de lʹun des mimes qui accompagnait Néron sur scène
comme son double, et qui était Juif : Alitur.
Cette double influence fit vraisemblablement que les Juifs, à Rome, furent épargnés par la
Persécution qui sʹabattit alors, exclusivement, sur la Secte déviationniste Chrétienne.
‐15‐ Cette inattendue double influence, bénéfique aux Juifs de Rome, nous est
connue, en particulier, au travers de lʹAutobiographie de Flavius Josèphe :
En effet, Flavius Josèphe, dans sa jeunesse, se rend en Ambassade à Rome, au sujet de
quelques Prêtres Juifs qui avaient été envoyés en Italie, également, par le Procurateur Félix,
pour être y jugés par la Cour de Justice de lʹEmpereur (probablement pour des points de
litige dʹordre Rituel).
Flavius Josèphe : Autobiographie :
A lʹâge de vingt‐six ans, je fis un voyage à Rome pour la raison suivante : Félix,
Gouverneur de Judée, y avait envoyé comparaître devant la Cour de Justice de
lʹEmpereur, pour des raisons minimes, des Prêtres Juifs qui étaient des gens de
bien et de mes amis. Jʹétais dʹautant plus désireux de tenter de les aider que
jʹavais appris que leurs malheurs nʹavaient en rien diminué leur piété, et quʹils
se contentaient, pour vivre, de ne manger que des noix et des figues. Ainsi, je
mʹembarquai, et courus le plus grand risque imaginable, car le vaisseau sur
lequel nous étions six cents personnes, fit naufrage dans la mer Adriatique.
Mais, après avoir nagé toute la nuit, Dieu permit quʹau point du jour, un bateau
de Cyrène croisa notre route, et put recueillir quatre vingt personnes qui
avaient réussi à survivre en nageant aussi longtemps, tous les autres ayant péri
noyés. Nous débarquâmes à Dicearche, que les Italiens appellent Putéoles, et où
je fis connaissance dʹun mime Juif, appelé Alitur, que lʹEmpereur Néron aimait
beaucoup. Cet homme mʹintroduisit auprès de lʹImpératrice Poppée, et jʹobtins,
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aussitôt et sans peine, lʹabsolution et la mise en liberté des Prêtres Juifs accusés.
LʹImpératrice me fit également de grands présents avec lesquels je mʹen
retournai dans mon pays.
Il semble ainsi que ce mime, Alitur, intime de lʹEmpereur et très proche de ses fantasmes
théâtraux, ait fait partie du même clan que lʹImpératrice Poppée, et que leurs intérêts
pouvaient avoir été convergents et réciproques. En effet, il est probable que Poppée ait eu
besoin dʹAlitur pour conserver toute son emprise sur Néron.
Finalement on ne pourrait absolument exclure une possible ascendance Juive de Poppée.
En tout cas, cʹest en récapitulant toutes ces diverses raisons, que lʹon peut, éventuellement,
expliquer que la minorité Juive ait été épargnée après lʹincendie de Rome, alors que la
minorité Chrétienne, en tant quʹentité, y était suppliciée, pour la première fois, au cours dʹun
autodafé à grand spectacle, qui préfigurait les sanglants Jeux du Cirque des siècles à venir,
avec ses cohortes de Martyrs Chrétiens.
‐16‐ En contrepoint de cette Persécution collective des Chrétiens à Rome, un Grand‐
Prêtre Sadducéen à Jérusalem, profite dʹune vacance du Pouvoir Romain, entre deux
Procurateurs, pour faire juger et condamner Jacques, le frère de Jésus, qui était devenu le
Chef de la Communauté des Judéo‐Chrétiens à Jérusalem, après la mort du Christ.
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 20 : 8 :
Ananus, le Grand‐Prêtre, était un homme entreprenant et audacieux, de la Secte
des Sadducéens, qui, comme nous lʹavons dit, sont les plus sévères de tous les
Juifs et les plus rigoureux dans leurs Jugements.
Il profita du moment, entre la mort du Procurateur Festus et lʹarrivée du
nouveau Procurateur Albinus, pour convoquer un Conseil devant lequel il fit
comparaître Jacques, le frère de Jésus, appelé le Christ, ainsi que quelques
autres (Judéo‐Chrétiens).
Il les accusa dʹavoir contrevenu à la Loi et il les fit condamner à être lapidés.
Cette action déplut extrêmement à tous les gens pieux de Jérusalem qui avaient
un véritable amour pour lʹobservation de nos Lois. Ils firent demander
secrètement au Roi Agrippa II (qui, bien que nʹétant pas Roi de Judée, a
néanmoins conservé le droit de nommer le Grand‐Prêtre du Temple de
Jérusalem) quʹil fasse savoir au Grand‐Prêtre, Ananus, quʹil devrait sʹabstenir de
telles actions inexcusables.
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Dʹautres Juifs se rendirent au devant du nouveau Procurateur Albinus, qui
arrivait dʹAlexandrie, afin de lʹinformer de ce qui sʹétait passé, et ils lui firent
remarquer que le Grand‐Prêtre nʹaurait pas dû convoquer ce Conseil pour un
tel Jugement, sans avoir lʹautorisation du Procurateur. Le nouveau Procurateur
entra dans leurs vues, et il écrivit à Ananus en lui exprimant sa colère et en le
menaçant de le châtier. Le Roi Agrippa II, voyant le Procurateur si irrité contre
le Grand‐Prêtre, le destitua aussitôt, alors quʹil nʹétait Grand‐Prêtre que depuis
quatre mois, et il nomma, à sa place, Jésus fils de Damnéus.
Cette action du Grand‐Prêtre Ananus contre le frère de Jésus sera la dernière tentative
connue des Sadducéens pour préserver au Temple, et au Temple seul, le Centre absolu du
Sens Divin de la Religion Juive.
Et la réaction, en faveur de Jacques, des Juifs pieux de Jérusalem, de par sa vivacité et sa
pugnacité extrême, contraste étrangement avec la condamnation à mort de Jésus par ces
mêmes Juifs, telle quʹelle est rapportée par les Évangiles :
Outre un attachement aux vertus de tolérance et de respect de la vie, outre le désir de
marquer des limites fermes au Pouvoir Sadducéen, outre des rivalités de clans, cette réaction
énergique des Juifs pieux de la Ville, avec intervention auprès du Procurateur, semblerait
indiquer que, dans leur for intérieur, ces Juifs pieux sentaient que le Temple avait perdu son
caractère exclusif du Sacré, et quʹils comprenaient, confusément, sans sʹy rallier cependant,
que dʹautres Juifs soient tentés de rechercher, en dehors dʹun Pharisianisme de compromis,
des issues Idéologiques à une situation qui avait été irrémédiablement dégradée dans
lʹEssence‐même de son Fondement Architectural et Mystique.
‐17‐ Le dernier Procurateur de Judée sous Néron, Florus, comme pratiquement tous
les Procurateurs précédents, va poursuivre le même but précis : sʹenrichir le plus rapidement
possible, sous couvert de faire entrer les impôts, et semer le plus grand trouble, afin de
pouvoir justifier vis à vis de Rome une répression qui lui permettra de mieux dissimuler ses
exactions et prévarications.
A cette fin, et avec une violence accrue, Florus, le Procurateur Néronien, va se servir, avec un
cynisme délibéré, de la haine des Païens et de lʹArmée Romaine à lʹencontre des Juifs.
Par ailleurs, le Gouverneur de Syrie, Cestius Gallus, qui dispose de lʹAutorité Militaire sur
toute la Région, va se révéler un incapable, tant sur le plan Politique que sur le plan
Militaire, et il offrira, de la sorte, quelques succès illusoires aux Juifs « résistants », qui vont,
alors, entrer en guerre ouverte contre Rome.
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Tout commence, dʹune façon significative et quasiment‐inéluctable, à Césarée, où les Païens,
après la décision de Néron qui avait privilégié leur Statut et dénié aux Juifs la Citoyenneté
de la Ville, ajoutent, alors, provocations sur provocations, afin de débarrasser définitivement
Césarée de ses éléments Juifs :
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : 2 : 24‐25 :
Les rapines de Florus nʹavaient pas de bornes, pas plus que ses autres violences:
il était cruel envers les humbles et nʹavait aucune honte des actions les plus
viles et les plus infâmes. Personne nʹa jamais trahi plus outrageusement la
vérité, ni trouvé des moyens plus démoniaques pour faire le mal. Il ne lui
suffisait pas de sʹenrichir au dépens des particuliers : il pillait des villes entières,
ruinait toute la Province, et peu sʹen fallut quʹil ne fit proclamer, à son de
trompes, quʹil permettait à chacun de voler, à la seule condition quʹil lui soit
remis sa part du butin. Ainsi, son insatiable avarice réduisit presque en déserts
toutes les régions de son Gouvernement, tant il y eut de personnes qui se virent
contraintes dʹabandonner leur pays natal pour sʹenfuir à lʹétranger.
Cestius Gallus était en ce temps Gouverneur de Syrie, et aucun Juif nʹosait aller
le trouver pour se plaindre de Florus. Mais, comme il était venu à Jérusalem,
lors de la Fête de la Pâque, tout le Peuple Juif, dont le nombre se montait à trois
millions de personnes, le conjura dʹavoir compassion des malheurs de la
Nation, et de chasser Florus, car on pouvait dire quʹil était comme une peste
publique qui sʹacharnait à la destruction du Peuple Juif.
Florus, qui était présent, au lieu de sʹétonner de voir une si grande multitude
lʹaccuser de la sorte, ne fit au contraire que sʹen moquer, et Cestius, pour tâcher
dʹapaiser le Peuple, se contenta de lui promettre que Florus agirait dans lʹavenir
avec plus de modération. Puis Cestius Gallus repartit pour Antioche. Florus
lʹaccompagna jusquʹà Césarée et se justifia dans son esprit par des impostures.
Mais, comme il avait compris que, en temps de paix, les Juifs pourraient aller
jusquʹà lʹaccuser devant lʹEmpereur, tandis que la guerre lui permettrait de
dissimuler ses crimes, car la recherche de petits malheurs est facilement
étouffée par de plus grands, Florus accabla de plus en plus les Juifs par ses
violences et ses injustices, afin de les pousser à se révolter ouvertement...
Ce qui arriva à Césarée fut alors comme lʹétincelle qui alluma la Guerre :
Les Juifs de cette Ville avaient demandé plusieurs fois à un Grec, qui possédait
un terrain proche de leur Synagogue, de le leur vendre, en lui faisant une offre
bien supérieure à la valeur du terrain. Ce Grec, non seulement leur refusa cette
vente, mais résolut dʹy faire bâtir davantage, afin de bloquer lʹaccès des Juifs à
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leur Synagogue, en ne leur laissant quʹun passage extrêmement étroit. Quelques
jeunes Juifs, exaspérés, tentèrent dʹempêcher ces travaux ; mais Florus intervint
et il leur interdit de sʹopposer aux travaux des ouvriers de ces constructions.
Alors les Dignitaires des Juifs, parmi lesquels était Jean qui avait affermé les
revenus de lʹEmpereur, proposèrent la somme de huit talents à Florus, pour
quʹil fasse cesser ces constructions. Florus accepta leur offre et leur promit
dʹintervenir ; mais au lieu de tenir parole, il nʹeut pas plutôt reçu cet argent quʹil
quitta Césarée pour se rendre à Sébaste, comme si, en quelque sorte, il leur avait
vendu, pour ce prix, lʹautorisation dʹen découdre, eux‐mêmes, avec les autres
habitants de la Ville.
Le lendemain, qui était un jour de Sabbat, alors que les Juifs étaient en train de
prier à lʹintérieur de leur Synagogue, un séditieux de ces Grecs de Césarée plaça
à côté de lʹentrée de la Synagogue une cruche en terre, au dessus de laquelle il
immola ostensiblement des oiseaux en sacrifice.
(Cette parodie de Sacrifice rituel est une allusion sournoise, mais limpide pour les Juifs, à la
Croyance des Païens que les Juifs étaient un Peuple de lépreux qui avaient été chassés
dʹÉgypte. En effet, le Livre Lévitique indique en 14 : 1‐7, le rite de Purification du lépreux, par
le sacrifice dʹun oiseau sur une cruche en terre.)
Il nʹest pas croyable jusquʹà quel point cette action mit les Juifs hors dʹeux‐
mêmes, parce quʹils la considéraient comme une insulte faite à leurs Lois et à
leur Synagogue, et aussi, parce quʹils se sentaient souillés et ravalés par cette
parodie.
Les plus modérés et les plus sages étaient dʹavis de sʹadresser aux Magistrats
pour en demander Justice. Mais les plus jeunes et les plus impétueux, ne
pouvant réprimer leur rage, voulaient en venir aux mains, et les Grecs, qui
étaient les auteurs de cette action, et qui ne leur cédaient pas en audace, ne
désiraient également rien davantage.
Ainsi le combat sʹengagea bientôt. Jucundus, Capitaine de Cavalerie qui avait
été laissé à Césarée pour empêcher quʹil nʹarrivât trop de désordre, fit enlever
cette cruche, et sʹefforça dʹapaiser ce tumulte ; mais il ne put résister au nombre
grandissant des Grecs. Alors, les Juifs prirent leurs Livres de la Loi et se
retirèrent à Narbata, qui nʹest éloigné de Césarée que de soixante stades.
Cet affrontement à Césarée, qui reste encore symbolique, mais qui marque profondément la
Conscience Juive, est bientôt suivi par des événements plus sanglants :
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‐18‐ En effet, Florus vise, maintenant, le Trésor du Temple, duquel il ordonne que
soient prélevés dix‐sept talents pour le compte de lʹEmpereur.
Ce Sacrilège met en émoi toute la Population de Jérusalem.
Florus décide alors de marcher sur Jérusalem avec Troupes de cavalerie et dʹinfanterie.
Devant le Palais Royal, Florus convoque les Notables de la Ville, et leur ordonne que lui
soient livrés les Juifs qui ont osé critiquer son action. Les Notables tentent vainement de
plaider quʹil est bien évidemment impossible de déterminer, dans un tel cas, quelles sont les
personnes qui ont pu sʹinsurger contre les Décisions du Procurateur.
Florus donne alors le signal de la répression quʹil souhaitait, et que ses hommes attendent
dʹailleurs avec impatience :
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : 2 : 25 :
Florus, plus irrité que jamais par ces paroles (des Notables) ordonna à ses
Soldats dʹaller piller le haut marché et de tuer tous ceux quʹils y trouveraient.
Leur avidité de sʹenrichir se trouvant autorisée par ce commandement de leur
Chef, les Soldats lʹétendirent à toutes les maisons, et ils coupèrent la gorge à
tous les habitants quʹils y rencontrèrent. Les rues détournées, où quelques uns
sʹengouffrèrent pour tenter de sʹéchapper, ne les sauvèrent pas de la mort. Le
massacre fut général et la Soldatesque se livra aux pires violences et à tous les
pillages. Les Militaires amenèrent à Florus quelques Notables que le
Procurateur fit déchirer à coups de fouet, et crucifier ensuite. On nʹépargna ni
les femmes ni les enfants, même ceux à la mamelle, et le nombre de ceux qui
périrent ainsi se monta à trois mille six cents personnes.
A partir de cet instant les troubles ne cesseront plus de sʹétendre, et les Juifs occupent, alors,
par la force, la plupart des emplacements stratégiques de Jérusalem, et refusent de payer le
Tribut exigé par les Romains.
Florus essaie de mettre la main sur le Trésor du Temple, mais le Peuple Juif prévient ses
efforts, et détruit la passerelle‐portique qui relie la Citadelle Antonia à lʹEnceinte du Temple.
Le Sanctuaire est désormais dʹaccès difficile, et Florus doit renoncer à sa proie.
Lʹaffrontement est désormais figé en un face à face menaçant.
‐19‐ Les Notables de Jérusalem, les Pharisiens, les Sadducéens, la Hiérarchie
Sacerdotale du Temple, et le Roi Agrippa II, ainsi que sa soeur Bérénice, vont, tous,
sʹefforcer, sans relâche, de calmer le Peuple, et de le convaincre de ne pas provoquer une
Guerre totale avec la redoutable et invincible Puissance Romaine :
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En effet, tous jugent, en regard des forces en présence, quʹune telle confrontation serait
mortelle à terme pour la Nation Juive.
Flavius Josèphe rassemble, dans un Discours, qui aurait été prononcé par Agrippa II au
Peuple Juif, tous les arguments en faveur dʹune conciliation qui éviterait à Jérusalem et au
Temple dʹêtre, immanquablement, détruits par les Romains, en cas de conflit généralisé.
Le thème primordial de ce Discours est, dʹune part, que la supériorité technologique des
Armées Romaines ne peut pas être surpassée, et quʹelle provoquerait le pire désastre en cas
de confrontation ; et, dʹautre part, que cʹest Dieu, lui‐même, qui a accordé cette supériorité à
lʹEmpire Romain, et quʹil faut donc sʹincliner devant cette Décision Divine.
Et le Roi Agrippa II termine son Discours de la sorte :
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : 2 : 28 :
ʺSi vous avez perdu tout sentiment dʹhumanité pour vos femmes et vos enfants,
ayez au moins pitié de cette Capitale de la Judée. Ne soyez pas cruels et impies
au point dʹarmer vos mains pour abattre vos Remparts, pour détruire votre
Temple Sacré, pour dévaster votre Sanctuaire et pour abolir toutes vos Lois. Car
pouvez‐vous espérer que les Romains, se voyant si mal récompensés de les
avoir autrefois épargnés, les respecteraient, encore une fois, après vous avoir de
nouveau vaincus ! Je prends à témoin ces Choses Saintes, les Saints Anges de
Dieu, et notre Patrie commune, que jʹai fait tout ce qui était en mon Pouvoir
pour assurer votre Salut. Si vous suivez mon conseil, nous jouirons tous de la
paix. Mais si vous vous laissez emporter par la rage qui vous anime, je ne suis
pas résolu de mʹengager avec vous dans ces périls quʹil vous serait facile
dʹéviter.ʺ Le Roi Agrippa II ayant ainsi terminé son discours, et la Reine
Bérénice (sa soeur‐concubine) lʹayant accompagné de larmes, tant de bonnes
raisons et tant de témoignages dʹaffection touchèrent (momentanément) le
coeur du Peuple des Juifs.
Ils modérèrent leur fureur et sʹécrièrent :
‐ Ce nʹest pas contre les Romains que nous voulons prendre les armes: cʹest
contre le Procurateur Florus, dont la tyrannie est insupportable.
‐ Mais vos actions ne montrent‐elles pas, répondit Agrippa II, que cʹest aux
Romains que vous en voulez, puisque désormais vous refusez de payer votre
Tribut à César et que vous avez abattu la Passerelle‐galerie qui reliait le Temple
à la Citadelle Antonia ? Si vous voulez, vraiment, montrer que votre intention
nʹest pas de vous révolter contre la Puissance Romaine, hâtez‐vous de satisfaire
lʹEmpereur, et de rétablir cette passerelle‐portique.
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Car cʹest à lʹEmpereur, et non pas à Florus, que lʹargent des impôts est dû, et
cʹest à lʹEmpereur Romain que cette Citadelle Antonia appartient.
Agrippa, en déclarant que la Citadelle Antonia appartient aux Romains, et quʹil est légitime
que la galerie‐portique leur permette dʹexercer un Contrôle direct sur le Sanctuaire, ne
pouvait quʹéchouer dans sa démonstration, face à une foule exaltée et révoltée :
Les déchaînements furieux des passions, des haines, des rancoeurs, des espérances frustrées,
des rêves dʹindépendance, des soifs de puissance, vont désormais tout balayer :
Chez les Juifs, ce sont, dorénavant, les clans les plus extrémistes qui vont sʹemparer,
progressivement, du Pouvoir, quittes à devoir sʹentretuer pour cela, et quittes à sacrifier le
Peuple tout entier, et le Temple‐même, à leur ambition, et/ou à leur idéal.
‐20‐ Dès lors, les événements se précipitent avec frénésie, et des actes décisifs, par
leur signification politique, sont, successivement, accomplis par les Juifs contre lʹOccupation
Romaine et contre la sujétion à lʹEmpereur :
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : 2 : 30 :
Peu de temps après, ceux, qui voulaient à toutes forces la guerre, sʹemparèrent
par surprise de la Forteresse de Massada, coupèrent la gorge à toute la garnison
Romaine et y installèrent une garnison Juive.
Et, par ailleurs, Eléazar, fils du Grand‐Prêtre Ananias, qui était encore jeune,
mais très audacieux, et qui était le Commandant du Temple, persuada les
Prêtres, qui sʹoccupaient des Sacrifices, de ne plus accepter de présents ou de
victimes qui ne seraient pas offerts par des Juifs.
Cette Décision constitua le fondement de la Guerre avec les Romains, car la
conséquence dʹune telle interdiction fut que lʹon refusa désormais les victimes
qui étaient traditionnellement offertes à Dieu, au nom de lʹEmpereur Romain.
(Ces Sacrifices, depuis Auguste, avaient toujours lieu au Temple de Jérusalem,
deux fois par jour.)
‐21‐ Les Notables et les Dignitaires Juifs tentent de sʹopposer à cette Décision
Idéologique, lourde de conséquences, car elle vise lʹEmpereur lui‐même, et constitue,
immanquablement, un ʺcasus belliʺ.
Aussi, à la demande des Notables, le Roi Agrippa II envoie des Troupes à Jérusalem pour
essayer dʹenrayer la Révolte Idéologique qui est en train de prendre une tournure guerrière.
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Cʹest ainsi que les Notables, les Soldats du Roi Agrippa II et la petite Garnison Romaine
occupent la Ville Haute tandis que les Rebelles occupent, désormais, le Temple et la Ville
Basse.
Le Récit de Flavius Josèphe devient alors, extrêmement précis et détaillé, mais également, de
plus en plus haletant :
Toutefois, il faut toujours veiller à décrypter le vocabulaire de Flavius Josèphe, dont la
rédaction finale à Rome fut soumise à la Censure Impériale :
Ainsi, lʹHistorien Juif assimile, la plupart du temps, les révoltés Juifs à des brigands ou à des
assassins, alors que les Notables de Jérusalem sont, le plus souvent, crédités dʹun réalisme
patriotique. Le Peuple étant, pour sa part, le plus souvent, pris en otage entre les différentes
factions, selon Flavius Josephe :
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : 2 : 31 :
La guerre commençait à se faire entre eux (les Notables et les Troupes du Roi
Agrippa II dʹune part, et les Rebelles, dirigés par Éléazar dʹautre part) à coups
de pierres et de flèches, et ils en venaient de plus en plus souvent à combattre
corps à corps...
Cependant la Fête que lʹon nomme Xilophonie arriva, durant laquelle il est
coutume de porter au Temple une très grande quantité de bois afin dʹy
entretenir un Feu qui ne soit jamais sʹéteindre : Les Rebelles empêchèrent leurs
adversaires de sʹacquitter de leur Devoir de Piété auquel leur Religion les
obligeait. Les Rebelles étant renforcés par un grand nombre de ces assassins,
que lʹon appelle Sicaires à cause de leurs poignards quʹils portent cachés sous
leurs habits, ils se jetèrent sur le petit peuple, et ceux qui étaient partisans du
Roi Agrippa II furent contraints de céder à leur audace et à leur grand nombre,
et de leur abandonner la Ville Haute.
Les Rebelles sʹen emparèrent, mirent le feu à la maison du Grand‐Prêtre
Ananias et au Palais du Roi Agrippa II et de la Reine Bérénice.
Les Rebelles assiégèrent ensuite le Greffe des Actes Publics pour brûler tous les
Contrats et les Obligations qui y étaient enregistrés, afin dʹattirer à leur Parti
tous les débiteurs qui ne craindraient plus désormais dʹattaquer leurs
créanciers, assurés quʹils étaient de ne plus pouvoir être poursuivis en Justice.
Et de la sorte les Rebelles dressaient les pauvres contre les riches.
Dans cet horrible désordre, le Grand‐Prêtre Ananias, Ezéchias, son frère, et
quelques autres Chefs des Prêtres, ainsi que les Notables de Jérusalem, allèrent
se cacher dans les égouts, et les Partisans du Roi Agrippa se réfugièrent auprès
des Gens de Guerre du Roi, dans le Haut Palais dont ils barricadèrent les portes.
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Mais rien ne peut désormais arrêter lʹimpétuosité de la Foule, dans les combats incessants
qui ont pris des allures de Révolution.
Et le Temple va progressivement devenir le lieu de toutes les caricatures, de toutes les
outrances, et de tous les massacres, comme si son magnétisme détraqué avait communiqué
ses errances aux hommes hagards qui le hantent, désormais, avec furie, et à la recherche
vaine dʹun Principe disparu.
‐22‐ Un nouveau Chef rebelle apparaît, fugitivement, dans cette tourmente:
Menahem, fils de Judas le Galiléen, qui vient concurrencer lʹautre Chef rebelle Éléazar.
Les Juifs, désormais, vont, ou bien sʹentretuer, ou bien tuer les Romains et leurs Alliés.
Dans les deux cas, ils courent à leur perte :
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : 2 : 32 :
Cependant Menahem, fils de Judas, le Galiléen, ce grand sophiste (pris dans le
sens ironique) qui du temps de Cirenius avait reproché aux Juifs dʹêtre assez
lâches pour se soumettre aux Romains au lieu de nʹobéir quʹà Dieu seul, ayant
regroupé autour de lui quelques personnages importants, sʹétait emparé de
Massada, où se trouvait lʹarsenal du Roi Hérode.
Après avoir ainsi armé des gens qui nʹavaient rien à perdre, ainsi que des
brigands qui se joignirent à lui, et dont il se servait comme de sa garde, il
retourna à Jérusalem, en faisant le Roi, et se proclama Chef de la Révolte...
(Les Troupes du Roi Agrippa se retirent alors.)
Ainsi les Romains restèrent seuls dans une grande consternation...
Dans cette extrémité, les Romains prirent le parti dʹabandonner le lieu où ils se
trouvaient, nommé Stratopédon, qui offrait peu de défenses, et ils se retirèrent
dans les Tours Royales, dont lʹune portait le nom dʹHippicos, lʹautre de Phazaël,
et la troisième de Mariamne (Tours construites par Hérode le Grand.)
Les Rebelles occupèrent aussitôt tous les lieux abandonnés par les Romains,
tuèrent ceux quʹils y rencontrèrent, pillèrent tout ce quʹils y trouvèrent, et
mirent finalement le feu au Stratopédon...
Le jour suivant, le Grand‐Prêtre qui sʹétait caché dans les égouts du Palais fut
pris et tué par ces Rebelles, avec Ezéchias, son frère, et, ensuite, les Rebelles
assiégèrent les Tours afin que nul Romain ne puisse sʹen échapper.
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La mort de ce grand‐Prêtre, ainsi que toutes les places conquises par la force,
rendirent Menahem si orgueilleux et si impudent, que, considérant que
personne nʹétait plus capable que lui de gouverner, il devint un Tyran
insupportable.
Alors Éléazar et quelques autres, sʹétant réunis, dirent quʹaprès sʹêtre révoltés
contre les Romains, il leur serait honteux de recevoir pour Maître un homme de
leur propre Nation qui, même sʹil nʹavait pas été aussi tyrannique que
Menahem, leur était, de toutes façons, bien inférieur ; et que sʹils devaient, un
jour, obéir à quelquʹun, Menahem serait certainement le dernier quʹils se
choisiraient pour les commander. Ils résolurent, aussitôt, de secouer le joug de
cette nouvelle tyrannie, et se rendirent sur le champ au Temple, où Menahem,
vêtu à la royale, et accompagné de plusieurs gens armés, était entré en grande
pompe pour adorer Dieu. Ils se jetèrent aussitôt sur lui, et le Peuple prit des
pierres pour le lapider, en pensant que sa mort ramènerait la paix dans la Ville.
Ceux qui accompagnaient Menahem offrirent dʹabord quelque résistance, mais
lorsquʹils virent tout le Peuple sʹélever contre lui, ils prirent la fuite. On tua tous
ceux que lʹon put prendre et lʹon chercha ceux qui se cachaient.
Quelques uns se sauvèrent à Massada, parmi lesquels était Éléazar (homonyme
de lʹautre Chef rebelle) parent de Menahem, qui en cette Place‐forte exerça
ensuite sa tyrannie.
Quant à Menahem, ayant été trouvé dans un lieu appelé Ophlas, où il sʹétait
caché, on lʹen retira, et on lʹexécuta en public, après lʹavoir longtemps torturé.
On traita de la même façon ses aides en tyrannie et tout particulièrement
Absalon.
‐23‐ Éléazar, demeuré seul Chef des Rebelles, sʹattaque alors directement à la petite
garnison Romaine de Jérusalem, qui sera massacrée, tout comme lʹavait été celle de Massada.
Ces massacres des Romains par les Juifs déclencheront des tueries généralisées dans toute la
Région, dont les Juifs vont faire, principalement, les frais, car, désormais, la haine des Païens
va se donner libre cours, sans avoir à redouter une intervention Romaine éventuelle, qui,
auparavant, protégeait quelque peu les Juifs, et rétablissait, plus ou moins, lʹordre en cas de
débordements trop importants.
Par ailleurs, ces massacres des Soldats Romains vont déchaîner, lors du Siège de Jérusalem
par les Armées Romaines de Titus, la haine et la soif de vengeance de tous les Militaires
Romains et de leurs Alliés.
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Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : 2 : 32‐33‐34‐35 :
Le Peuple favorisait le parti qui avait fait périr Menahem dans lʹespoir, comme
je lʹai dit, de voir la Révolte sʹapaiser. Mais ceux qui avaient formé ce parti des
Rebelles (dirigé par Éléazar) nʹavaient, au contraire, dʹautre dessein que
dʹallumer de plus en plus le feu de la Guerre, afin dʹavoir le loisir dʹexercer
leurs violences et de sʹemparer du Pouvoir.
Aussi, quelques prières que le Peuple leur fit de ne pas combattre les Romains,
ils continuèrent à les assiéger avec encore plus dʹimpétuosité.
Aussi, Metilius, le Chef de la Garnison Romaine, fut réduit à solliciter une
capitulation, en échange de la vie sauve pour les Soldats Romains. Éléazar la
leur accorda, et il envoya Gorion, fils de Nicodème, Ananias fils de Saducé, et
Judas fils de Jonathas pour la garantir sous serment au Commandant Romain.
Tant que les troupes Romaines eurent leurs armes, les Rebelles nʹentreprirent
rien contre elles ; mais lorsque, conformément aux termes de la capitulation, les
Soldats Romains eurent remis leurs armes, les Juifs les massacrèrent. Les
Romains ne résistèrent pas, nʹimplorèrent pas : ils se contentèrent de crier que
lʹon avait violé la parole donnée par un infâme parjure.
Et Metilius fut le seul qui ne fut pas tué, parce que, non seulement, il implora
pour avoir la vie sauve, mais quʹil alla même jusquʹà promettre de se faire
circoncire...
Ce carnage fut dʹautant plus horrible quʹil arriva un Jour de Sabbat, pendant
lequel notre Religion nous oblige à nous abstenir de toute activité, même Sainte.
Il arriva, comme par un effet du Destin, quʹen ce même jour et à la même heure,
les habitants de Césarée (principalement Syriens) coupèrent la gorge aux Juifs
sans que, des vingt mille qui demeuraient dans cette Ville, il nʹen puisse
sʹéchapper un seul. En effet, le Procurateur Florus fit arrêter ceux qui
sʹenfuyaient et les envoya aux galères.
Un si grand carnage mit en telle fureur toute la Nation des Juifs quʹils
ravagèrent toutes les villes frontières des Syriens...
Les Syriens de leur côté ne faisaient pas moins de ravages sur les Terres des
Juifs, ni nʹen tuaient pas moins ; et ils massacraient tous ceux quʹils trouvaient
dans leurs Villes, tant par lʹancienne haine quʹils leur avaient toujours portée
que pour rendre leur péril moindre en affaiblissant leurs ennemis...
A la suite du carnage fait par les habitants de Scythopolis (au cours duquel
treize mille Juifs ont été massacrés) les habitants des autres Villes sʹattaquèrent
également aux Juifs qui vivaient parmi eux. Les habitants dʹAscalon en tuèrent
deux mille cinq cents, et ceux de Ptolemais en massacrèrent deux mille.
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Ceux de Tyr en tuèrent et en mirent en prison un nombre encore plus grand.
Quant aux autres Villes de Syrie, elles agirent à lʹencontre des Juifs, selon que
leur haine ou la crainte de représailles prédominait. Celles dʹAntioche, de Sidon
et dʹApamée furent les seules qui épargnèrent les Juifs...
‐24‐ Cette vague intense de troubles et de massacres de Juifs se propage à la vitesse
dʹun ouragan, et Alexandrie, par exemple, les mêmes causes produisant les mêmes effets,
connait, également, sous Néron, un nouveau pogrome.
La fatalité veut que ce massacre des Juifs Alexandrins soit ordonné par Tiberius Alexandre,
qui avait abjuré la Religion Juive, et qui, après avoir été Procurateur de Judée, était devenu
Préfet dʹÉgypte, grâce à la faveur Impériale dont jouissait son père, lʹAlabarque Alexandre,
frère de Philon dʹAlexandrie.
A Alexandrie, tout commença avec une émeute à propos dʹune Ambassade que les
Alexandrins devaient envoyer à Néron, et à laquelle les Juifs voulaient participer :
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : 2 : 36 :
Alors voyant que les développements dʹune telle émeute pourraient être
dangereux, si lʹon ne lʹarrêtait pas immédiatement, Tiberius Alexandre décida
de faire charger par deux Légions Romaines et cinq mille soldats Libyens qui,
pour le malheur de ces manifestants Juifs, se trouvaient alors à Alexandrie par
hasard. Tibère Alexandre ne se contenta pas dʹordonner de tuer les Juifs, mais
de piller tous leurs biens, et de mettre le feu à leurs habitations. Aussitôt, les
Troupes marchèrent sur le quartier de la Ville nommé Delta, qui est occupé par
les Juifs. Mais ce ne fut pas sans connaître beaucoup de pertes quʹils exécutèrent
lʹordre quʹils avaient reçu, car les Juifs, ayant mis à leur tête ceux dʹentre eux qui
étaient les mieux armés, résistèrent fort longtemps.
Mais, finalement, il furent mis en déroute, et ils périrent de toutes les manières :
les uns par le fer, les autres par le feu que les Romains mirent à leurs maisons.
Les vainqueurs ne mirent, alors, aucune borne à leurs cruautés : ils nʹeurent ni
respect pour les vieillards, ni pitié pour les enfants: ils tuaient tout dans la ville
et dans les campagnes sans faire distinction dʹâge. La mort de cinquante mille
personnes inonde dʹun déluge de sang cette malheureuse Région. Et il nʹen
serait pas échappé un seul à leur haine, si Alexandre, finalement touché de pitié
dʹune si horrible boucherie, nʹavait ordonné de ne pas continuer davantage ; et
comme les Soldats étaient entraînés à lʹobéissance, ils sʹarrêtèrent aussitôt quʹils
en reçurent lʹordre.
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Mais les habitants dʹAlexandrie ne lʹentendirent pas de même : leur haine
extrême pour les Juifs les poussait à sʹacharner de telle sorte à ce carnage, que
lʹon ne put quʹà grand peine les arrêter, et arracher dʹentre leurs mains des
corps mutilés et détruits quʹils continuaient dʹinsulter.
‐25‐ En Judée, le Gouverneur de Syrie, Cestius Gallus, se rend finalement compte
quʹil est temps de réagir contre les Rebelles Juifs, sur une grande échelle, avec tous les
moyens militaires quʹil peut réunir :
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : 2 : 37 :
Cestius Gallus, Gouverneur de Syrie, voyant que les Juifs étaient si
extrêmement haïs partout, pensa quʹil lui fallait intervenir, afin de mater leur
Rébellion. Aussi, il prit la douzième Légion, dont il disposait à Antioche, deux
mille hommes choisis parmi les autres Légions, quatre régiments de cavalerie et
les Troupes auxiliaires des Rois alliés de la Région, à savoir, deux mille chevaux
et trois mille hommes de pied armés dʹarcs et de flèches du Roi Antiochus, mille
chevaux et trois mille hommes de pied du Roi Agrippa, et quatre mille hommes
du Roi Sohéme, dont le tiers de cavalerie.
Il rassembla toutes ces forces à Ptolemais, où plusieurs Villes (Païennes) lui
envoyèrent, de surcroît, des Troupes qui nʹégalaient pas les premières dans
lʹexercice de la guerre, mais qui suppléaient à ce défaut par la haine quʹelles
portaient aux Juifs, et par la fureur destructrice avec laquelle elles marchaient
contre eux.
Mais Cestius Gallus se révèle un piètre Stratège et un très mauvais Général.
Il vient mettre le siège devant Jérusalem, puis, après quelques combats, grâce auxquels il
aurait pu finir par sʹemparer de la Ville, et sans raison apparente, il abandonne son siège.
Les Juifs, enfiévrés par cette victoire inattendue, se lancent alors à la poursuite de lʹArmée
Romaine qui se retire, et ils transforment cette retraite en véritable déroute des Romains.
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : 2 : 40 :
La retraite de lʹArmée Romaine continua de la sorte jusquʹà ce que les Romains,
après avoir perdu, outre de nombreux Soldats, ainsi que Priscus qui
commandait la sixième Légion, Longinus, Tribun, Emilius Jucundus, Général
dʹun Régiment de cavalerie, et après avoir dû abandonner de nombreux
bagages, arrivèrent à Gabaon, où ils avaient campé auparavant.
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Cestius y passa deux jours sans savoir à quoi se résoudre. Mais, voyant le
troisième jour que le nombre des ennemis Juifs grandissait sans cesse, et que
tous les lieux avoisinants en étaient désormais remplis, il pensa que de
demeurer davantage en cet endroit lui serait préjudiciable, et que, sʹil différait
davantage à partir, il aurait encore plus dʹennemis à affronter.
Aussi, pour faciliter la fuite de lʹarmée, il ordonna dʹabandonner tous les
bagages susceptibles de retarder la retraite, de tuer les ânes, mulets et autres
bêtes de somme, à lʹexception de celles qui étaient nécessaires pour transporter
les javelots et les machines, car il craignait que celles‐ci ne tombassent aux
mains des ennemis. Ses troupes marchèrent, ainsi, vers Béthoron, sans que les
Juifs les attaquent, tant quʹelles furent dans des espaces dégagés. Mais dès que
les Juifs les voyaient sʹengager dans des ravins étroits et dans des pentes
difficiles, ils les attaquaient, en tête afin de stopper leur avance, et en queue
pour les enfoncer davantage dans les ravins. Et comme les Juifs recouvraient de
leur multitude tous les sommets alentour, ils accablaient les Romains dʹune
pluie de flèches. LʹInfanterie Romaine se trouvait, ainsi, en péril et la Cavalerie
en danger encore plus grand. Car cette nuée de flèches les empêchait de garder
leurs rangs dans leur marche, et les versants escarpés des ravins ne leur
permettaient pas de monter à lʹassaut de leurs ennemis. Et, de plus, comme la
multitude des Juifs occupait tous les rochers et les vallons avoisinants, ceux des
Romains qui tentaient de sʹy sauver ne pouvaient leur échapper.
Lorsque les Romains se virent, ainsi, réduits à ne pouvoir ni combattre, ni
sʹenfuir, leur désespoir fut si grand quʹils se laissèrent emporter jusquʹaux
hurlements et aux pleurs. Les Juifs au contraire poussaient des cris de joie en
continuant toujours de tuer sans cesse, et tout lʹair retentissait ainsi des cris de
réjouissance mêlés aux gémissements de douleur.
Si la nuit, qui permit finalement aux Romains de sʹéchapper vers Béthoron,
nʹétait pas survenue, lʹarmée de Cestius aurait été massacrée jusquʹau dernier
Soldat. Les Juifs encerclèrent alors Bethoron, et ils gardaient toutes les issues
pour empêcher les Romains dʹen repartir. Cestius, constatant quʹil ne pourrait
quitter Bethoron ouvertement, décida de dissimuler sa retraite. Il désigna parmi
ses Troupes quatre cents soldats des plus résolus quʹil fit monter sur le toit des
maisons de lʹagglomération avec ordre de crier sans arrêt très fort ʺQui va là ?ʺ
comme cʹest lʹusage des sentinelles afin de faire croire aux ennemis que lʹArmée
était toujours là. Cestius Gallus sʹéchappa ensuite avec tout le reste de lʹArmée,
et il put faire sans bruit, dans la nuit, trente stades de chemin. Lorsque les Juifs
constatèrent au petit matin que les Romains sʹétaient retirés, ils se jetèrent sur
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ces quatre cents hommes, les tuèrent à coups de flèches, et se mirent à la
poursuite de Cestius. Mais celui‐ci avait déjà parcouru rapidement une distance
considérable durant la nuit, et il accéléra encore sa fuite dans la journée. Et la
hâte des soldats était si grande quʹils abandonnèrent toutes les machines qui
servaient à faire le siège des places‐fortes.
Les Juifs allaient sʹen servir contre les Romains par la suite (lors du siège de
Jérusalem par Titus). Après avoir poursuivi lʹArmée Romaine jusque
Antipatride, et voyant quʹils ne pourraient plus les rattraper, ils sʹen
retournèrent en emportant ces machines de guerre, dépouillèrent les morts,
rassemblèrent tout leur butin, et retournèrent à Jérusalem avec des cris de
victoire, et en ayant subi très peu de pertes. Du côté des Romains, au contraire,
le nombre des morts, tant des Troupes Romaines que des Troupes auxiliaires,
fut de quatre mille hommes de pied et trois cent quatre vingt cavaliers.
Cela arriva le huitième jour de novembre en la douzième année du règne de
Néron.
Cette victoire Juive retentissante aura pour effet de déterminer les futurs malheurs de
Jérusalem, en suscitant de fausses espérances, et en faisant vraiment croire à lʹOpinion
Publique, dans son ensemble, que les Juifs peuvent désormais lutter victorieusement contre
la Puissance Romaine :
‐26‐ La réaction Païenne à cette défaite Romaine est, comme à lʹaccoutumée, un
massacre concerté des Juifs, perpétré, officiellement, comme une vengeance de lʹaffront fait
aux Romains, mais effectué, en réalité, pour profiter de cette opportunité offerte aux Païens,
de pouvoir donner libre cours à leur haine ancestrale des Juifs et aux pillages concomitants :
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : 2 : 41 :
Les habitants de Damas, ayant appris la nouvelle de la défaite de lʹArmée
Romaine, décidèrent de massacrer les Juifs qui demeuraient dans leur Ville.
Mais, comme, parmi leurs femmes, nombreuses étaient celles qui étaient de
Religion Juive (par mariage de captives ou dʹesclaves Juives) ils prirent grand
soin de dissimuler leur dessein. Ils choisirent pour lʹexécuter le moment où tous
les Juifs étaient rassemblés dans leurs lieux de rencontre, et ces lieux étant fort
étroits, ils en tuèrent dix mille sans peine.
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‐27‐ Lʹéclatante victoire des Juifs avait fait basculer lʹopinion publique de Jérusalem,
et, désormais, plus personne nʹosait prétendre quʹil serait vain et suicidaire de sʹopposer à la
Puissance Romaine.
Même Flavius Josèphe, qui, pourtant, avait pu mesurer, lors de son voyage de jeunesse à
Rome, lʹampleur de la supériorité technologique de la Civilisation Romaine, se rallia à
lʹIdéologie de ceux quʹil appelle communément, dans son oeuvre, ʺBrigandsʺ, même lorsque
ceux‐ci étaient dʹauthentiques révolutionnaires, déterminés à employer la force pour faire
triompher lʹindépendance des Juifs.
En effet, à la suite de cette écrasante victoire contre les Romains, les Juifs avaient décidé de
sʹorganiser massivement pour redevenir un État souverain et indépendant, et Flavius
Josèphe, personnage talentueux dʹune grande famille Sacerdotale, se vit confier le
Gouvernement de la Galilée, ce quʹil accepta avec fierté.
Ainsi, après des années incessantes dʹémeutes, de rebellions, de coups de main, et de
guérillas, la Nation Juive, dans son ensemble se dirigeait, délibérément, vers une Guerre,
totale et frontale, contre les Romains, car cette Révolte, généralisée et organisée, dʹune petite
Peuplade ʺsuperstitieuseʺ, mettait, désormais, en péril, la Suprématie de la plus grande
Puissance du Monde.
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34/ La Guerre des Juifs
contre les Romains
66‐70 EC
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‐1‐ Après le désastre subi par lʹArmée Romaine en Judée, Néron et ses Conseillers
savaient désormais que le Gouverneur de Syrie, Cestius Gallus, et le Procurateur Florus
étaient deux incompétents.
Et, contrairement à lʹimage dʹun incapable que les Historiens ont voulu donner de Néron à
propos de sa politique intérieure et extérieure, lʹEmpereur fait un choix extrêmement
judicieux, sur le plan militaire, car il désigne Vespasien pour rétablir lʹordre dans cette partie
de lʹOrient ; par ailleurs, Néron nomme Mucien, Légat de Syrie.
Ces deux Personnages rétabliront effectivement lʹordre dans cette partie de lʹOrient :
La Rébellion Juive sera noyée dans le sang, le Temple des Juifs sera détruit, Jérusalem sera
rasée, et la Judée deviendra définitivement une partie dʹune Province Romaine.
Mais, ce que Néron ne pouvait prévoir est que ces deux Personnages compétents, nommés
par lui pour rétablir lʹordre en Orient, sʹallieraient, par la suite, pour faire de Vespasien le
nouvel Empereur, après lʹassassinat de Néron, et après la guerre de succession qui allait
sʹensuivre.
En effet, après la disparition de ce dernier descendant de la Dynastie Julio‐Claudienne, qui
avait été fondée par Jules César, Auguste, et Marc‐Antoine, ce sera, avec Vespasien proclamé
Empereur par lʹArmée, une nouvelle Dynastie qui sʹinstallera à la tête de lʹEmpire Romain :
les Flaviens.
En effet, ce sont les deux fils de Vespasien, Titus et Domitien, qui lui succéderont.
Et ce sont ces Flaviens qui vont détruire le Temple des Juifs de Jérusalem.
‐2‐ Vespasien se révèle comme le meilleur des choix pour rétablir lʹordre en Judée,
et les Historiens unanimes louent ses vertus :
Tacite : Histoires : 2 : 5 :
Vespasien, infatigable guerrier, était toujours le premier dans les marches,
choisissait lui‐même lʹemplacement dʹun camp, opposait à lʹennemi, nuit et jour,
une science avisée, et, lorsque nécessaire, un bras redoutable, se contentait de la
nourriture la plus fruste, et dans ses vêtements comme dans son extérieur, se
distinguait à peine dʹun simple soldat ; bref, nʹeût été son avarice, il eût été
lʹégal des Généraux dʹantan.
Vespasien, au début de sa carrière, sʹétait efforcé de plaire à lʹEmpereur Caligula en flattant
ses ambitions et ses prétentions.
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Puis, bénéficiant de la protection de Narcisse, Vespasien eut lʹoccasion, sous lʹEmpereur
Claude, de faire preuve de ses talents militaires, lors de campagnes victorieuses en Germanie
et en Bretagne. Il démontra également des talents dʹOrganisateur et dʹAdministrateur
lorsquʹil se vit confier le Gouvernement dʹAfrique.
Mais, outre ses talents Militaires et Administratifs, ce qui valut à Vespasien dʹêtre nommé
par Néron à la tête des Troupes Romaines pour réduire la Judée, est le fait que Néron
éprouvait un certain mépris pour le caractère fruste de Vespasien. Aussi, Néron et son
entourage pensèrent quʹil nʹy avait aucune sédition à redouter de la part dʹun Général aussi
peu ambitieux et aussi dénué dʹesprit courtisan.
En effet, Vespasien fait partie de ceux qui sont incapables de feindre lʹenthousiasme lors des
obligatoires Représentations Théâtrales de Néron, auxquelles sont astreints tous les
Dignitaires de lʹEmpire, car Vespasien sʹendort durant ces spectacles interminables.
Suétone : Vies des Douze Césars : Vespasien :
Vespasien accompagna Néron dans son voyage en Achaïe (en Grèce) ; et
comme il lui arriva souvent de sortir du Théâtre ou de sʹy endormir, lorsque
lʹEmpereur chantait, il encourut la plus dure des disgrâces : il fut non seulement
exclu de la Cour de Néron, mais on lui interdit également de venir lui présenter
ses hommages en public. Vespasien se retira donc dans un petite ville à lʹécart
de tout, et cʹest dans cette retraite forcée, et au moment où il craignait même
pour sa vie, quʹon vint lui offrir un Gouvernement (de la Judée) et une Armée.
‐3‐ Pour mater la Rébellion Juive, Vespasien va disposer de forces militaires
considérables en Orient :
En Judée même, il a sous ses ordres la XVème Légion Apollinaris, la Vème Légion
Macédonica et la Xème Légion Fretensis, qui deviendra, par la suite, la Légion permanente
de Garnison à Jérusalem après la prise de la Ville et la destruction du Temple.
A ces trois Légions sʹajoutent des restes de la Légion XIIème Fulminata.
Sous les ordres de Vespasien, sont, également, regroupées de nombreuses Troupes
dʹAuxiliaires, fournies par des Rois vassaux ou des Cités vassales de la Région, y compris les
Troupes du Roi Agrippa II, le Souverain qui détient, toujours, le Pouvoir théorique de
nommer les Grands‐Prêtres au Temple de Jérusalem.
Vespasien peut, en outre, disposer, en cas de nécessité, des quatre Légions de Syrie et de
leurs Troupes dʹAuxiliaires qui dépendent du Légat de Syrie, Mucien, ainsi que des deux
Légions dʹÉgypte et de leurs Troupes dʹAuxiliaires, qui dépendent du fils de lʹAlabarque
dʹAlexandrie, le Juif apostat, Tibère Alexandre, devenu Préfet d’Égypte
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Dans la mise en oeuvre stratégique opérée par Vespasien, certaines Légions, qui constituent
des entités caractéristiques, sont déplacées en leur ensemble, mais, assez souvent, également,
ce sont des effectifs divers qui sont prélevés parmi différentes Légions, selon les tactiques
adoptées, ou les besoins de la Guerre contre les Juifs.
Cʹest ainsi que Vespasien peut rassembler plus de soixante mille Soldats, auxquels il faut
ajouter les innombrables servants et aides, qui suivent, tout comme les Soldats, un
entraînement spécifique pour les combats.
‐4‐ LʹArmée Romaine doit sa supériorité incontestée à plusieurs facteurs, dont
entre autres :
‐ à son organisation méticuleuse, jusques y compris lʹintendance ;
‐ à une discipline hiérarchique intraitable ;
‐ à un entraînement incessant et minutieux où aucun détail des manœuvres possibles nʹest
jamais laissé au hasard ;
‐ à des principes de stratégie faisant appel à une cohésion sans faille ;
‐ à des recherches permanentes de technologies dʹarmements offensifs et défensifs,
extrêmement sophistiquées et créatives, par rapport à celles des autres Armées, et dont
lʹusage nécessite une formation permanente et appropriée ;
‐ à une recherche scientifique incessante dans lʹart de la guerre, tant pour lʹoffensive et la
défensive, que pour le siège des Places‐fortes.
Et la Base Idéologique qui constitue le ciment de la nécessaire cohésion vivace, pour garantir
lʹefficacité et la supériorité de lʹArmée, est constituée par le Culte de tous les Dieux Païens, le
Culte de Dieux particuliers à chaque Légion, le Culte de lʹAigle Romaine, entité fédératrice
qui est, à la fois, la Divinité propre des Armées Romaines et celle des Empereurs, et
finalement le Culte de lʹEmpereur Divin.
Plusieurs Auteurs Antiques ont procédé à la description du fonctionnement de ces Armées
Romaines, dont Flavius Josèphe lui‐même, qui était fasciné par la supériorité de cette
irrésistible organisation, conçue pour dominer le Monde.
Un exemple, parmi dʹautres, donne une idée du degré de stricte discipline, dʹentraînement
incessant, et de méticuleuse maîtrise collective, auquel était parvenu cette Armée Romaine :
En lʹoccurrence, il sʹagit de la manoeuvre appelée ʺtortueʺ :
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Dion Cassius : Histoire Romaine : Livre : 49 : 30 :
Voici à peu près comment est la ʺtortueʺ et comment elle se forme :
Les chariots des bagages, lʹinfanterie légère et les cavaliers sont placés au centre
de lʹArmée ; parmi les soldats de lʹinfanterie lourde, ceux qui sont armés de
boucliers allongés, concaves, en formes de tuile faîtière, se placent aux
extrémités, formant comme un carré, et tournés vers lʹextérieur, leurs armes
pointant hors du mur ainsi constitué. Les autres soldats qui ont des boucliers
larges et plats se massent au centre et lèvent ces boucliers au dessus dʹeux et de
tous les autres, de telle sorte que lʹon ne peut voir quʹune surface homogène de
boucliers recouvrant parfaitement lʹensemble, et que tous se trouvent ainsi à
lʹabri de tout projectile, du fait du resserrement sans faille de lʹensemble.
Cette construction est en effet dʹune solidité si extraordinaire quʹon peut
marcher par dessus, et que même les chevaux et les chariots peuvent circuler
sur cette voûte improvisée, si par exemple, lʹArmée se trouve dans un lieu trop
resserré et étroit. Telle est la forme de cette configuration, et elle a reçu le nom
de ʺtortueʺ, à cause précisément de sa solidité et de lʹexcellent abri quʹelle
constitue. Les militaires Romains sʹen servent, en particulier, dans deux types
de circonstance : soit pour sʹapprocher dʹune Citadelle quʹils attaquent et
souvent faire monter ainsi des soldats jusque sur les remparts ; soit,
quelquefois, lorsquʹils sont entourés dʹarchers, ils se baissent alors tous en
même temps (en effet même les chevaux sont entraînés à sʹagenouiller et à se
coucher), et ils donnent ainsi aux ennemis lʹimpression quʹils sont fatigués et
résignés ; et lorsque les adversaires ainsi trompés approchent, les Romains, sur
un ordre, se lèvent tous ensemble soudainement, et plongent lʹennemi dans
lʹeffroi.
‐5‐ Une Armée aussi puissamment organisée devait, progressivement, jouer un
rôle Politique de plus en plus déterminant dans lʹEmpire Romain :
Tant que les Empereurs furent choisis dans la Descendance du Dieu Auguste, ce furent les
Légions, en cas de crise ou de lutte pour la succession, qui décidèrent de la Proclamation du
nouvel Empereur. Ce fut le cas, par exemple, pour Caligula, et surtout pour Claude.
Mais à la fin du règne de Néron, les Légions dʹEspagne décidèrent de proclamer comme
Empereur, Galba, qui ne faisait pas partie de la Dynastie du Dieu Auguste, et certains
Militaires décidèrent, alors, dʹéliminer Néron.
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La lutte pour le Pouvoir, après lʹassassinat de ce dernier descendant du Dieu Auguste, et
avant lʹavènement de Vespasien et de sa nouvelle Dynastie, allait être convulsive et
sanglante entre les différentes Légions de tout lʹEmpire Romain :
En effet, chaque groupe de Légions proclama, alors, un Empereur différent, Galba dʹabord,
puis Othon, puis Vitellius ; et, finalement, les Légions dʹOrient, pour leur part, proclamèrent
leur Chef, Vespasien, Empereur :
Celui ci allait finir par lʹemporter sur tous ses rivaux, et fonder la Dynastie des Flaviens.
‐6‐ Arrivé en Judée, Vespasien, en stratège avisé, ne sʹattaqua pas immédiatement à
Jérusalem.
Mais, systématiquement et méthodiquement, il réduisit toutes les poches de résistance dans
les Régions avoisinantes, enfermant ainsi, peu à peu, Jérusalem dans un vaste cercle
infranchissable et soumis à lʹAutorité Romaine.
Flavius Josèphe décrit lʹordre de marche de cette Armée conquérante que rien nʹallait
pouvoir arrêter dans lʹécrasement définitif de la Révolte Juive :
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : 3 : 8 :
Vespasien, ayant décidé de soumettre en personne la Galilée, partit de
Ptolémée, après avoir décidé de lʹordre de marche, selon la stratégie Romaine :
Ses troupes dʹAuxiliaires, étant les plus légèrement armées, marchaient les
premières pour contrer les escarmouches des ennemis, et reconnaître les bois et
autres lieux où pouvaient avoir été mises en place des embuscades.
Une partie de lʹInfanterie et de la Cavalerie Romaine suivait, ainsi que dix
Soldats par compagnie, avec armes et bagages, dont la mission spécifique était
de préparer le prochain Camp.
Les éléments du Génie suivaient, chargés dʹaplanir les chemins et de couper les
arbres qui pouvaient gêner la marche de lʹArmée. Les bagages des officiers
suivaient, escortés par de la Cavalerie.
Ensuite marchait Vespasien, avec des Troupes dʹélite dʹInfanterie et de
Cavalerie ainsi que des Lanciers, et, pour constituer ce Peloton, on prélevait
cent vingt Maîtres dans chaque corps de Cavalerie.
Ensuite venaient les machines spécialisées pour assiéger les Places‐fortes, puis
les Tribuns et les Capitaines entourés de Soldats dʹélite.
On voyait venir ensuite lʹAigle Impériale, cette illustre Enseigne des Romains
qui ont tenu à mettre ce Symbole à la tête de leurs Armées pour faire connaître
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que, comme lʹAigle règne dans les airs sur tous les oiseaux, les Romains règnent
à terre sur tous les hommes, et que, en tout lieu, cette Aigle leur sert de présage
quʹils seront toujours victorieux. Les autres Enseignes, qui représentent les
Images que les Romains considèrent comme Sacrées, sont groupées tout autour
de cette Aigle.
Les trompettes et les clairons suivaient les Enseignes, et, après, il y avait, à
douze de front, le Corps principal de bataille, encadré par les Officiers qui
veillent à ce que lʹordre de marche soit respecté, et à ce quʹil nʹy ait pas de
manquement à la discipline.
Les valets de chaque Légion suivaient les soldats en faisant porter les bagages
sur des chevaux et des mulets. Et la dernière Troupe était constituée par les
vivandiers, les artisans et autre mercenaires, escortés par un grand nombre de
Cavalerie et dʹInfanterie.
‐7‐ La campagne de reconquête systématique, menée par Vespasien, qui est
secondé, entre autres, par son fils aîné Titus, apporte des victoires successives aux Romains,
et un grand carnage est fait dans différentes Villes Juives qui sont conquises.
Cʹest ainsi, par exemple, que Vespasien vainquit Flavius Josèphe qui sʹétait vu confier le
Commandement de la Galilée, et où il avait mené, selon ses dires, une résistance acharnée et
intelligente.
Mais cette défense opiniâtre se révéla impuissante face à la supériorité Romaine, et la Ville
principale, Jopata, que commandait Josèphe, fut prise par Vespasien et par son fils Titus : les
Juifs y furent massacrés ou réduits en esclavage.
Flavius Josèphe, fait prisonnier, ne dut la vie sauve quʹen prophétisant à Vespasien quʹil
deviendrait Empereur, ce qui lui valut la bienveillance de Vespasien et de Titus, lorsque sa
prophétie se réalisa ; et Flavius Josèphe se rallia alors aux Romains :
Cʹest ainsi que Josèphe allait devenir le Plénipotentiaire de Titus auprès des Juifs, lors du
Siège de Jérusalem.
‐8‐ Les biographies des Personnages Illustres, rédigées par les Historiens Païens,
comportent, presque toujours, une liste impressionnante de présages, augures et prophéties
qui annonçaient leur Règne, et indiquaient également si celui‐ci allait être bénéfique ou
maléfique.
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Les futurs Souverains éventuels, en particulier dans les temps troublés et incertains,
recherchaient, eux‐mêmes, ces Signes leur permettant dʹentrevoir leur avenir, et de vérifier si
ces Signes correspondaient à leurs voeux et à leurs ambitions, en leur révélant leur Destinée.
Vespasien et son fils Titus, qui devaient, tous deux, devenir Empereurs, nʹéchappèrent pas à
cette règle, et les Historiens rendent compte, à leur sujet, des Prédictions des Devins, et de
diverses manifestations qui annoncèrent leurs Règnes :
Alors que Vespasien mène avec succès sa campagne progressive dʹencerclement autour de
Jérusalem, et, alors que, après lʹassassinat de Galba, Othon et Vitellius se disputent, à leur
tour, lʹEmpire, Vespasien hésite à se lancer, également, dans cette course au Pouvoir.
Mais les amis et les alliés de Vespasien, qui se sentent déjà assurés de lʹappui et de la
supériorité militaire de toutes les Légions dʹOrient, le pressent vivement de se laisser
proclamer Empereur.
Il se trouve que le cours de lʹHistoire de lʹEmpire Romain, avec le changement de Dynastie
qui verra les Flaviens succéder aux Julio‐Claudiens, et le Temple de Jérusalem disparaître, se
déroulera sous le Signe de la Judée et du Judaïsme :
Les convictions et espoirs de Vespasien, de Titus, et de leurs amis, étaient renforcés par une
Croyance générale, répandue, à lʹépoque, en Orient, qui voulait que les prochains Maîtres du
Monde viendraient précisément de Judée.
Cʹest probablement par une conjonction de Déclarations de type Prophétique, issues de
milieux Juifs, et particulièrement Zélotes, comme de milieux Chrétiens évangélistes, quʹune
telle Croyance sʹétait constituée :
Suétone : Vies des douze Césars : Vespasien : 4 :
A cette époque, une antique et ferme Croyance était répandue dans tout lʹOrient
et affirmait que lʹEmpire du Monde appartiendrait à des hommes partis de
Judée. Cet Oracle, qui annonçait, en réalité, lʹavènement dʹun Général Romain,
comme devaient finalement le montrer les événements, les Juifs se
lʹappliquèrent à eux‐mêmes : ils se révoltèrent, et après avoir tué leur
Gouverneur (erreur de Suétone), ils mirent en fuite le Légat de Syrie qui était
venu à son secours, et les Juifs sʹemparèrent de son Aigle....
(Flavius) Josephe, l’un des plus illustres prisonniers (Juifs), ne cessa dʹaffirmer
tandis quʹon lʹenchaînait, quʹil serait bientôt délivré de ses chaînes, par
Vespasien lui‐même, (parce quʹil pouvait lui prédire) quʹil serait bientôt
Empereur.
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Tacite : Histoires : Livre : II : 78 :
Après le discours de Mucien (le Gouverneur de Syrie qui sʹest spontanément
rallié à Vespasien) les autres amis de Vespasien, enhardis, lʹentouraient,
lʹencourageaient, lui rappelaient les réponses des Devins et les mouvements des
Astres. Or, il nʹétait pas lui‐même indifférent à ces Croyances, lui qui devait
plus tard, une fois devenu Maître du Monde, attacher officiellement à sa
personne un Astrologue, un certain Séleucus, en qualité de Conseiller et de
Devin. Vespasien voyait repasser en sa mémoire dʹanciens Présages...
Entre la Judée et la Syrie, se trouve le Carmel : cʹest le nom quʹon donne à la
montagne et à son Dieu. Ce Dieu nʹa ni représentation, ni Temple (telle est la
tradition des Ancêtres) mais seulement un Autel et des adorateurs.
Un jour que Vespasien lui offrait un Sacrifice, et roulait en son âme des secrets
espoirs, le Prêtre Basilidès, après avoir examiné à plusieurs reprises les
entrailles, lui déclara : ʺVespasien, quelque projet que tu formes, soit dʹélever
une maison, soit dʹétendre tes domaines, soit dʹaugmenter le nombre de tes
esclaves, les Dieux te donneront une grande Demeure, une vaste Propriété, et
de nombreux Sujets.ʺ
Et, finalement, il se trouve que ce sera lʹapostat Juif, Alexandre Tibère, Préfet dʹÉgypte, qui
fera proclamer Vespasien, Empereur, par les Légions.
‐9‐ Titus, dans ce domaine de la Croyance Religieuse, sʹétait comporté exactement
de la même façon que son père, lorsque celui‐ci lʹavait chargé dʹaller à Rome, pour saluer
Galba, le nouvel Empereur qui avait succédé à Néron :
En effet, sur le trajet, ayant appris que Galba avait été assassiné à son tour, Titus, après avoir
hésité, avait décidé de ne pas continuer son voyage vers Rome, pour y saluer le nouvel
homme fort, Vitellius, mais de retourner en Judée auprès de son père.
Et, en chemin, à Chypre, Titus avait décidé de consulter la Vénus de Paphos, afin de
discerner son avenir, et dans lʹespoir de se voir conforter dans sa décision de revenir en
Judée :
Tacite : Histoires : II : 2‐4 :
A Chypre, Titus fut pris du désir de se rendre au Temple de la Vénus de
Paphos, célèbre par lʹaffluence considérable des pèlerins, tant Chypriotes
quʹétrangers...
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Le seul Prêtre que lʹon y consulte, dorénavant, est un descendant de Cinyras.
Les victimes sont celles que lʹon a fait le voeu dʹoffrir, mais ce sont les mâles qui
sont choisis. Et la préférence du Culte va surtout aux entrailles des chevreaux.
Verser le sang sur la Table des Sacrifices est interdit : cʹest par des Prières et par
un feu pur que lʹon honore les Autels, et ceux‐ci, bien quʹils se trouvent en plein
air, ne sont jamais mouillés par la pluie. La Déesse nʹest pas représentée sous
une forme humaine, mais cʹest un bloc qui repose sur une base circulaire, assez
large, et qui va en sʹamincissant vers le sommet ; quelque chose comme une
borne : pourquoi sous cette forme ? Cette question nʹest pas éclaircie.
Après avoir contemplé les trésors de ce Temple, toutes les offrandes des Rois, et
tous les objets que, dans sa passion pour les antiquités, la race des Grecs fait
remonter à la nuit des temps, Titus consulta la Déesse, dʹabord sur son voyage.
Lorsquʹil se vit répondre que la mer sʹouvrait devant lui et que la mer lui serait
propice, Titus posa sur sa destinée des questions ambiguës, après avoir immolé
un très grand nombre de victimes. Sostratus (tel était le nom du Prêtre officiant)
voyant que les entrailles offraient des signes heureux et concordants et que la
Déesse était favorable aux grands desseins de Titus, se contenta dʹabord de
répondre, pour le présent, en termes banals, puis il demanda à sʹentretenir en
secret avec Titus. Il lui dévoila son avenir, et Titus, plein dʹune confiance accrue,
retourna en Judée, et, alors que les Provinces et les Armées de lʹEmpire
attendaient la décision de Vespasien, Titus apporta à son père la conviction de
sa foi totale en leur réussite.
‐10‐ Alors que les Troupes Romaines de Vespasien resserrent sans cesse leur vaste
cercle implacable autour de la Région de Jérusalem, une tragédie sanglante se déroule à
Jérusalem‐même, où les affrontements entre les différentes tendances Juives tournent à une
sauvage guerre civile, cauchemardesque et suicidaire, telle que la Nation Juive nʹen a jamais
connue.
La source la plus détaillée de ces événements est fournie par Flavius Josèphe : mais les
épisodes que lʹHistorien Juif et Citoyen Romain relate, ont un sens parfois si incohérent, quʹil
est souvent nécessaire de procéder à un examen de la façon dont les faits sont présentés,
avant de pouvoir répertorier ces enchaînements souvent absurdes, qui, eux, ne semblent pas
contestables :
Dans son Autobiographie, Flavius Josèphe explique que, bien que né dans une famille
Sacerdotale, et par conséquent plutôt Sadducéenne, il avait, étant jeune homme, voulu
connaître la vie des Ésséniens en se retirant dans le désert auprès dʹun Ermite.
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Par la suite, Flavius Josèphe serait, finalement, devenu Pharisien.
A la lecture des événements relatés dans la Guerre des Juifs, il semble bien que ces trois
branches de la société Juive, étaient plutôt en faveur dʹun règlement pacifique et négocié
avec les Romains, quitte à se soumettre à la Puissance Dominante, dans un souci réaliste
dʹépargner la vie des Juifs.
Flavius Josèphe, dans son ralliement spectaculaire à ces thèses de Politique réaliste, et en
devenant le protégé de Vespasien et le Plénipotentiaire de Titus, est tout à fait dans la
tradition dʹun Jérémie, par exemple, pour lequel les Juifs devaient se résigner à se soumettre
à la puissance temporelle, en lʹoccurrence la Babylonie de Nabuchodonosor, qui avait été
choisi par Dieu, à cette époque, pour gouverner la Terre.
Cʹest également cette même position de conciliation avec les Romains, prise par la majorité
des Pharisiens, qui sera, par la suite, relatée dans la Littérature Rabbinique : le principal
initiateur de celle‐ci, Yohanan ben Zaccaï, ayant réussi à sʹéchapper de Jérusalem encerclée,
et ayant obtenu de Vespasien, à qui il aurait également prophétisé lʹEmpire, lʹautorisation de
sʹinstaller dans le Domaine Impérial de Yabneh (Jamnia).
De même la Secte des Judéo‐Chrétiens, dès le début des hostilités, avait décidé de quitter
Jérusalem, et sʹétait réfugiée à Pella, ainsi que le rapporte Eusèbe de Césarée, dans son
Histoire de lʹÉglise (3 : 5).
Face à ces toutes ces prises de position, modérées et réalistes, Flavius Josèphe est, ainsi
amené, comme à lʹaccoutumée, à traiter de ʺBrigandsʺ et ʺdʹAssassinsʺ, les Zélotes, ou
Tenants dʹune ʺquatrième Philosophieʺ, qui revendiquent, eux, la résistance armée à
outrance contre lʹOccupation Romaine, afin dʹamener les Juifs à reconquérir leur
Indépendance.
Les Sicaires sont également traités, à juste titre, par Flavius Josèphe dʹassassins terroristes,
cruels, malfaisants, qui égorgent le peuple innocent pris en otage.
Il est probable que certains ʺBrigandsʺ se soient effectivement ralliés à la Lutte Juive contre
les Romains, à des fins dʹenrichissement personnel, ou afin dʹéchapper à un esclavage
économique insupportable.
Il est, également, assez vraisemblable que, parmi les motivations des Révoltés, aient prévalu
des revendications des classes défavorisées, ayant décidé de renverser lʹordre établi, en se
libérant dʹune servitude, imposée par les Romains et par une Classe Juive, dominante, aisée,
et alliée objective des Hérodiens et des Romains.
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Et, comme dans toute Révolte ou Révolution, il apparaît que des débordements
sanguinaires, que Flavius Josèphe a décrits sans complaisance, ont eu des conséquences
horribles pour le Peuple Juif, dans son ensemble.
Mais, dans le même temps, il semble assez incontestable que ces ʺBrigandsʺ Juifs, qui mirent
à feu et à sang la Judée en ces temps de révolte, ont eu, ensuite, à Jérusalem, comme à
Massada, un comportement héroïque, digne du comportement de leurs Ancêtres sous les
Macchabées, lorsque ceux‐ci avaient combattu les Occupants Séleucides afin de faire
retrouver à la Nation et à la Religion Juives leur Indépendance.
Mais ce qui est, surtout, frappant, dans le récit, fait par Flavius Josèphe, des événements
tragiques, qui précédèrent et entraînèrent la destruction, par les Romains, de la Spécificité
Juive, à Jérusalem pour deux Millénaires, cʹest le rapport troublant et contradictoire qui lia le
Temple aux Combattants Juifs.
En effet, tout allait se passer comme si le Temple de Jérusalem avait vraiment perdu sa
Signification Sacrée, et comme si les Juifs, déboussolés, étaient complètement égarés :
Avant‐même lʹattaque Romaine sur la Ville, et en une sorte de prélude en forme de Sacrifices
de victimes humaines, les massacres les plus sauvages, des Juifs entre eux, se succédèrent,
sans interruption, aux abords immédiats, et à lʹintérieur‐même du Sanctuaire.
Mais, paradoxalement, et à lʹinverse, lors de lʹAssaut final des Romains, ces mêmes Juifs
défendirent ce Temple avec un acharnement mystique, en y sacrifiant violemment leur
propre vie, marquant par là‐même, quʹils défendaient, non pas le Temple Hérodien, pour
lequel, devenus comme fous, ils avaient montré le plus grand mépris en souillant sans
vergogne son Sol Sacré de flots de sang Juif, mais quʹils se battaient, désormais, pour le
Temple originel perdu, à la pureté rêvée duquel ces ʺBrigandsʺ Juifs offrirent, tous, leur
propre mort, en une exaltation sauvage et désespérée.
‐11‐ La campagne dʹencerclement progressif de la Région de Jérusalem par les
Romains y provoquait un grand afflux de Juifs, aux motivations diverses dont les
contradictions allaient déboucher, dʹabord, sur une Guerre civile à lʹintérieur‐même de
Jérusalem.
Et, comme dans un navire en perdition, sentant inconsciemment que lʹarmature du Temple
unificateur avait été déstructurée, les Habitants de la Ville menacée tentaient,
désespérément, de redonner sa raison dʹêtre à un Temple, dont lʹessence arrachée ne pouvait
plus, ni les réunifier, ni les sauver du naufrage amorcé.
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Cʹest ainsi que les Zélotes, par exemple, essayèrent de redonner à la Grande‐Prêtrise sa
Pureté originelle, défiant, de la sorte, les privilèges de la Classe Sacerdotale établie :
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : 4 : 12 :
Les Zélotes (car cʹest le nom que ces impies se donnaient) pour se défendre
contre la haine que le Peuple leur portait sʹenfuirent dans le Temple, et en firent
leur Citadelle afin dʹy établir le siège de leur tyrannie. Entre tant de maux dont
ils se rendaient coupables, rien nʹétait aussi insupportable que leur mépris pour
les choses les plus Saintes. Pour éprouver jusquʹoù pourrait aller leur volonté à
lʹencontre du Peuple, ils tentèrent de se servir du tirage au sort pour désigner le
Grand‐Prêtre et les Chefs des Prêtres (désignés, jusquʹalors, par les Souverains
Hérodiens ou par les Romains). Les Zélotes prétendirent que cʹest ainsi que lʹon
procédait autrefois, alors que, en vérité, ces Dignités sont héréditaires. En fait,
ils voulaient substituer à la Loi leur propre Autorité.
Plus vraisemblablement, les Zélotes ont du préférer recourir à un tirage au sort parmi les
familles des Prêtres héréditaires que de continuer à laisser des Souverains non‐Juifs, ou non
complètement Juifs, désigner le Grand‐Prêtre.
Mais ils furent confondus dans leur entreprise : en effet, le Sort pour la
désignation du Grand‐Prêtre tomba sur lʹune des familles des Tribus consacrées
à Dieu (descendantes dʹAaron) et désigna Phanias, fils de Samuel, du bourg
dʹAphtasi. Or, celui‐ci, non seulement nʹétait pas digne dʹune telle Charge, mais
il était si fruste et si ignorant quʹil nʹavait aucune idée du Sacerdoce de la
Grande‐Prêtrise. Lorsquʹils lʹeurent ainsi tiré, malgré lui, de ses occupations
rurales, et revêtu de lʹHabit Sacré, qui lui convenait si peu, comme ils en
auraient revêtu un acteur de théâtre, ils lʹinstruisirent de ce quʹil devait faire: car
une telle impiété nʹétait quʹun jeu dans leur esprit.
Le véritable Grand Prêtre et les Chefs des Prêtres qui regardaient de loin cette
comédie, et de quelle manière on foulait aux pieds le respect dû aux Choses
Saintes, ne purent retenir leurs larmes.
La Littérature Rabbinique, peu attachée à la véracité Historique, fait allusion à cette initiative
révolutionnaire des Zélotes, en faisant abstraction toutefois de son sens revendicateur et en
lui conférant des couleurs de légende, propres à maintenir intacte la Chaîne des Traditions.
On trouve trace de cet événement, entre autres, dans divers compléments à la Mishnah
(Tossefta), dans des citations Aggadiques de Midrach (Commentaires de la Bible) et du Sifra
sur le Lévitique (également Commentaire Midrachique sur le Lévitique).
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Tossefta : Traité Yoma : 1 ; Tanhouma : 48a ; Sifra Lévitique : 21 :
On raconte de Pinehas de Habta, quʹil fut nommé Grand‐Prêtre par tirage au
sort, et quʹil fut recherché par les Trésoriers et les Commandants du Temple. Ils
le trouvèrent occupé à tailler des pierres, et, désormais, ils remplirent sa carrière
de pièces dʹor.
Dans la réalité historique, selon Flavius Josèphe, le Grand‐Prêtre, Ananus, et les Chefs des
Prêtres en titre ne reconnurent pas ce Grand‐Prêtre qui avait été tiré au sort, et ils réussirent
à persuader le Peuple de prendre les armes contre les Zélotes et de les assiéger.
Ceux‐ci se retirèrent, alors, des abords du Temple, et se retranchèrent à lʹintérieur‐même de
son Enceinte.
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : 4 : 14 :
Le premier combat se fit, ainsi, près du Temple à coups de pierres. Et ceux qui
sʹenfuyaient été tués à coups dʹépée par leurs ennemis. Plusieurs corps, de part
et dʹautre, restèrent sur place. Les blessés parmi les habitants étaient transportés
dans des maisons, tandis que les Zélotes portaient les leurs dans le Temple, sans
craindre de violer ainsi la Sainteté de notre Religion, en le souillant de leur
sang.
‐12‐ Cʹest alors quʹintervient un nouveau Personnage rusé (ou habile) qui
ambitionne de sʹemparer du Pouvoir : Jean, de la ville de Giscala, bourg de Galilée qui a été
conquis et détruit par les Romains.
Jouant un double jeu, et se faisant nommer négociateur par le Grand‐Prêtre, Jean de Giscala
réussit à persuader les Zélotes de faire appel aux Iduméens contre la Population de
Jérusalem, et il se charge de leur faire parvenir un message leur demandant dʹintervenir.
Les milices Iduméennes accourent en armes, et les Zélotes parviennent à leur ouvrir les
Portes de Jérusalem, dont lʹaccès avait été refusé à ces Iduméens par le Grand‐Prêtre
Ananus. Les Iduméens, en faisant irruption dans la ville, brisent ainsi lʹencerclement qui
maintenait les Zélotes prisonniers dans le Temple, et un massacre général sʹensuit :
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : 4 : 17‐18 :
Le sang coulait de tous côtés à lʹentour du Temple : et lorsque le jour commença
à paraître, on vit mille huit cents corps morts étendus sur la place.
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Tant de sang répandu ne suffit pas pour assouvir la fureur des Iduméens : ils
continuèrent dʹen faire sentir les effets dans toute la Ville, ils pillèrent les
maisons et tuèrent tous ceux quʹils rencontrèrent. Ils nʹépargnèrent que les
démunis parce quʹils ne les jugeaient pas dignes de leur colère, et cʹétaient
principalement les Prêtres qui étaient lʹobjet de leur vengeance.
Le Grand‐Prêtre Ananus est tué et, à travers lui, cʹest le Sacerdoce aux ordres des Hérodiens
qui est, dans lʹesprit des Zélotes, de cette façon, justement puni.
En effet, certains des Juifs à la recherche dʹune Foi Ancestrale, ressentent confusément avec
rage, et sans en avoir clairement conscience, que la Hiérarchie Sacerdotale a été, dès le
départ, la complice passive du détournement du Temple par Hérode.
Après ce meurtre du Grand‐Prêtre Ananus, le massacre continue :
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : 4 : 19 :
Après que le Grand‐Prêtre Ananus et Jésus (lʹun des Chefs des Prêtres) eurent
été si cruellement massacrés, les Zélotes et les Iduméens exercèrent leur rage
contre le Peuple et en firent une horrible boucherie. Quant aux Personnes de
qualité, ils les mettaient en prison dans lʹespoir quʹils se rallieraient à leur cause.
Mais il nʹy en eut pas un seul qui nʹaimât mieux endurer la mort que de sʹunir
avec des Brigands voués à la ruine de leur Patrie.
‐13‐ En fait, en ces époques de tension extrêmes, le désordre et le désarroi avaient
également gagné le Sanhédrin et les Écoles Rabbiniques, comme si la corrosion organique,
engendrée au sein du Temple par Hérode, sʹétait attaquée à tous les acteurs de la Pensée
Religieuse. En effet, sans que lʹon puisse toutefois déterminer des Chronologies exactes, on
trouve dans la Littérature Rabbinique, des échos dʹun climat diffus dʹagitations dʹune
violence exceptionnelle en ces périodes troubles :
Par exemple, le Talmud de Jérusalem se fait, lʹécho de confrontations Théologiques entre
Rabbins qui auraient été sanglantes, à lʹoccasion de séances durant lesquelles les Docteurs de
la Loi ratifièrent, à cette époque, dix‐huit mesures qui étaient destinées à renforcer les Règles
tendant à séparer les Juifs des Païens.
Lʹaggravation de ces lignes de démarcation était, vraisemblablement, destinée, dʹune part, à
tenter de sʹopposer à la menace de contamination que faisaient peser les attaques Païennes
sur les Populations Juives de Judée, et, dʹautre part, probablement aussi, de résister à
certaines initiatives Judéo‐Chrétiennes, visant à établir une souplesse dʹinter‐pénétration
entre les moeurs des Païens et celles des Juifs.
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LʹÉcole dʹHillel était, alors, pour sa part, plus favorable à une souplesse et à une tolérance
pragmatiques dans ces relations inter‐ethniques, que lʹÉcole de Shammaï, qui était, elle, plus
rigide dans ses conceptions : Celles‐ci avaient, dʹailleurs, fini par lʹemporter.
La Littérature Rabbinique, qui est largement issue de lʹÉcole dʹHillel, rend compte du climat
de ces violentes confrontations Religieuses, par exemple, en prenant partie contre les
Décisions qui furent prises en faveur de la majorité de lʹÉcole de Shammai :
Talmud de Jérusalem : Ordre Moed : Traité Shabbath : 1 : 7 : 3 :
On décida de voter (sur les Halakhot proposées, cʹest à dire les Décisions
devant faire Loi).
LʹÉcole de Shammaï lʹemporta sur celle dʹHillel et dix huit Mesures furent
ordonnées ce jour là... Ce jour fut funeste aux Israélites, tout comme celui où ils
construisirent un Veau dʹor.
En effet, Rabbi Eliezer (Shammaite) déclara : ʺEn ce jour on remplit la mesure.ʺ
(la Décision trouve sa parfaite expression) ;
Rabbi Josué (Hillélite) répliqua : ʺEn ce jour on la fit déborder.ʺ
Rabbi Eliezer dit alors à Rabbi Josué : ʺLa mesure était incomplète et on a bien
fait de la remplir : un tonneau même sʹil est plein de noix peut encore être
rempli par de lʹhuile de sésame, tant que lʹon peut en verser.ʺ
Mais Rabbi Josué répondit : ʺNon. La mesure était pleine, il aurait fallu au
contraire la diminuer. Cʹest comme pour un vase rempli dʹhuile : si lʹon y verse
de lʹeau, cela fait partir lʹhuile !ʺ
On peut lire dans une Baraïta (Loi Halakhique ou Commentaire Aggadique,
complémentaire) au nom de Rabbi Josué ben Unia :
Les disciples de lʹÉcole de Shammaï guettaient en bas (de la Salle de Réunion)
les disciples de lʹÉcole de Hillel, et ils en tuèrent quelques uns.
Dans un autre Baraïta on peut lire : Six dʹentre les Hillélistes montèrent dans la
Salle, et les opposants furent attaqués avec des épées et des lances.
Sur le plan séculier, grâce à lʹaide des Troupes Iduméennes, les Zélotes ont pu prendre le
contrôle de Jérusalem et y imposer leur ordre.
Mais, très étrangement, après cette victoire, le gros de la Troupe des Iduméens quitte
Jérusalem soudainement.
Peut‐être ce départ fut‐il dû au souci de nombre dʹentre eux, de ne pas se trouver piégés à
Jérusalem, lors de la confrontation devenue inévitable avec les Romains.
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‐14‐ Dans le camp des Romains, par contre, on apprenait, naturellement avec
satisfaction, les nouvelles de la Guerre Civile qui enflammait Jérusalem, et certains
Conseillers de Vespasien étaient dʹavis dʹattaquer immédiatement la Ville.
Mais Vespasien, parfaitement informé par de nombreux transfuges Juifs, et en Stratège avisé,
pensait, au contraire, quʹil fallait laisser la situation empirer davantage encore, car cela aurait
pour effet dʹaffaiblir dʹautant lʹadversaire : le pourrissement par une guerre intestine étant la
meilleure alliée possible des Romains en de telles circonstances :
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : 4 : 22 :
On vit bientôt les effets de cette prudente stratégie de Vespasien, car de
nombreux Juifs venaient, jour après jour, se rendre à lui, pour éviter la fureur
des Zélotes, et cela au péril de leur vie, parce que toutes les Portes de la Ville et
toutes les avenues y conduisant étaient soigneusement gardées ; et les Zélotes
tuaient tous ceux qui, sous quelque prétexte que ce soit, tentaient de sortir de
Jérusalem.
Les événements devaient dʹautant plus donner entièrement raison à Vespasien que cette
Guerre civile Juive allait considérablement sʹenvenimer avec lʹarrivée à Jérusalem de
nouveaux éléments ʺRévolutionnairesʺ.
Progressivement et méthodiquement, Vespasien accroît lʹencerclement hermétique de la
Région de Jérusalem :
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : 4 : 28 :
Vespasien, voulant investir Jérusalem de tous côtés, fit bâtir des Forteresses à
Jéricho et à Abida, où il installa des Garnisons composées de Troupes Romaines
et dʹAuxiliaires, et il envoya Lucius Annus à Gerasa avec un corps dʹInfanterie
et de Cavalerie.
Celui‐ci sʹempara dʹemblée de cette Place, y tua mille hommes qui la
défendaient et qui ne purent sʹenfuir. Lucius Annus réduisit toute la Ville en
esclavage, et lʹabandonna pour être pillée par les Soldats avant dʹy mettre le feu.
De là, il sʹavança davantage. Les riches sʹenfuyaient, mais la mort attendait tous
ceux qui nʹavaient pas le moyen ou la force de sʹenfuir devant lʹavancée des
Soldats Romains qui mettaient le feu dans tous les lieux dont ils se rendaient
maîtres. Les montagnes, comme les plaines, étaient accablées par lʹorage de
cette Guerre.
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‐15‐ Les nouveaux éléments, qui vont faire irruption dans Jérusalem, déjà soumise à
ce vaste encerclement Romain, sont menés par Simon, fils de Gioras, autre Révolutionnaire,
ambitieux et impitoyable, qui a rassemblé autour de lui une troupe redoutable.
Simon bar Gioras a commencé son ascension en sʹalliant avec les Sicaires qui se sont emparés
de la Place‐forte de Massada. Ensuite, Simon bar Gioras a proclamé quʹil donnera la liberté
aux esclaves et quʹil récompensera tous ceux qui se joindront à lui. Disposant, ainsi, de
troupes de plus en plus nombreuses, Simon bar Gioras pille lʹIdumée et la région proche de
Jérusalem, et il entasse son butin dans les grottes du Wadi Fara, situé entre Jérusalem et
Jéricho. A la faveur de ces razzias incessantes, et grâce à un certain charisme, Simon bar
Gioras dispose, ainsi, de troupes suffisantes pour pouvoir encercler la Ville de Jérusalem.
En défiant ouvertement Jean de Giscala, Simon bar Gioras affiche lʹambition de prendre, lui‐
même, la tête de la lutte contre les Romains, et devenir, ainsi, après la victoire espérée des
Juifs, le prochain Souverain de Judée.
Or, dʹune part, les excès de Jean de Giscala, où transparaît une redoutable déliquescence de
moeurs en temps de crise, et, dʹautre part, la maladresse des Juifs modérés vont faciliter la
besogne de Simon bar Gioras, et lui ouvrir les Portes de Jérusalem.
En effet, les hommes de Jean de Giscala, qui contrôlent le Temple, font régner, dans
Jérusalem, une étrange terreur dominée par le dérèglement des sens, selon le récit de Flavius
Josèphe, avec des probables réminiscences des turpitudes de Sodome et Gomorrhe :
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : 4 : 34 :
Tout ce qui pouvait se trouver de plus précieux dans les maisons des riches
habitants de Jérusalem ne suffisait pas pour satisfaire lʹinsatiable avidité des
hommes de Jean de Giscala. Ils considéraient comme un simple divertissement
et un jeu de tuer les hommes et de violer les femmes. Ils arrosaient leur proie de
sang et ne trouvaient du plaisir que dans la multiplicité de leurs crimes. Après
sʹêtre abandonnés aux vices que pratiquent couramment les meurtriers, ils sʹen
lassaient comme étant trop ordinaires et trop communs à leur goût ; aussi, pour
satisfaire leur abominable sauvagerie, ils nʹavaient pas honte de rechercher des
actes contraires à la nature. Ils sʹhabillaient en femmes, se frisaient et se
fardaient comme des femmes, et ils nʹimitaient pas seulement par leur coiffure
la provocation et lʹimpudence des filles les plus dévergondées mais les
surpassaient par des comportements dʹune lascivité débauchée. Ainsi, ils
remplirent Jérusalem de tant de crimes exécrables que cette grande Ville ne
semblait plus quʹun immense lupanar où se déroulaient les infamies les plus
horribles et les plus détestables. Mais quoique ces monstres dʹimpudicité, de
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cruauté et dʹavarice sʹétaient composés des visages efféminés, leurs mains nʹen
étaient pas moins promptes à commettre les pires crimes. Dans le même temps
quʹils marchaient dʹun pas alangui et lubrique, on les voyait tirer leurs épées de
dessous leurs robes de diverses couleurs et assassiner ceux quʹils rencontraient.
Persécutés ainsi par les hommes de Jean de Giscala, les Juifs modérés et la Classe Dirigeante
décident dʹappeler à leur secours, les hommes de Simon bar Gioras, qui campent aux Portes
de Jérusalem, et qui peuvent, ainsi, sʹengouffrer, enfin, dans la Ville quʹon leur offre, sans
même avoir à combattre.
Les hommes de Simon bar Gioras sont dʹabord accueillis avec enthousiasme, mais les
Habitants de Jérusalem déchantent rapidement, lorsquʹils constatent que, désormais, ils
nʹont plus un Tyran extrémiste, mais deux Tyrans, qui, de plus, sʹaffrontent
sanguinairement: Simon bar Gioras tient la Ville, et Jean de Giscala tient la zone du Temple.
‐16‐ Durant ce temps, la Guerre de Succession, qui se déroule à Rome et dans tout
lʹEmpire Romain, apporte aux Juifs encerclés un répit, quʹils auraient pu, éventuellement,
mettre à profit pour organiser la défense de Jérusalem.
En effet, après lʹassassinat de Néron, puis lʹélimination de Galba qui sʹétait emparé du
Pouvoir, Vespasien apprend la lutte implacable qui oppose désormais Othon à Vitellius,
tous deux prétendant à lʹEmpire.
Cʹest finalement Vitellius, qui a été successivement favori de Caligula et de Néron, qui sort
vainqueur de cette confrontation.
Vespasien, qui a su se forger une réputation flatteuse au cours de sa carrière, se voit alors
soumis à une très forte pression de la part de ses amis, de ses alliés, et de ses Légions, pour
quʹil accepte de se faire nommer Empereur, afin de contrebalancer le Pouvoir de Vitellius
que de nombreuses Légions refusent de reconnaître.
En effet, la même pression en faveur de la nomination de Vespasien se fait jour dans
certaines Armées à travers tout lʹEmpire Romain, pour diverses raisons :
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : 4 : 36 :
Les Officiers et les Soldats de lʹArmée de Vespasien commençaient à sʹentretenir
avec liberté des Affaires Romaines, et à témoigner hautement de leur colère de
ce que les Troupes (de Vitellius) qui étaient entrées dans Rome, se plongeaient
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dans les délices quʹils prenaient dans la Ville, sans même avoir à combattre, et
quʹils se permettaient de disposer à leur guise de lʹEmpire, et lʹavaient donné à
celui (Vitellius) dont ils espéraient pouvoir tirer le plus dʹargent. Et, pendant ce
temps, eux (Soldats de Judée), qui, par contre, avaient souffert de tant de
travaux et vieilli sous les armes, devaient se résoudre à leur abandonner ce
Pouvoir, alors quʹils avaient comme Chef, un homme digne de commander tout
le monde...
En effet, soit que lʹon considérât lʹexpérience acquise par lʹâge mûr, ou la
vigueur de la jeunesse, on ne pouvait manquer de choisir comme nouvel
Empereur, Vespasien ou Titus, et lʹon ne pouvait trouver que des avantages à
leur différence dʹâge ; Que si cet admirable père de cet excellent fils, était appelé
à lʹEmpire, il ne bénéficierait pas seulement de lʹappui de ces trois Légions et
des Troupes dʹAuxiliaires des Rois alliés, mais également de toutes les Forces
dʹOrient, ainsi que de la partie des Armées en Europe qui ne sʹétaient pas
ralliées à Vitellius, et, plus généralement, de tous ceux qui, en Italie,
adhéreraient immédiatement au parti de Vespasien si celui‐ci se déclarait...
Ce sont, ainsi, les Légions dʹOrient qui vont faire, définitivement, basculer le rapport de
forces en faveur de Vespasien, et le faire succéder à la Dynastie du Dieu Auguste.
Et cʹest le Juif apostat, Tibère Alexandre, devenu Préfet dʹÉgypte, qui offrira à Vespasien les
clés dʹaccès au Trône Impérial.
Par voie de conséquence, cette nomination de Vespasien à lʹEmpire laissera la voie
entièrement libre, en Judée, à Titus, devenu Prince héritier.
En effet, Titus, dont le père est devenu Empereur, pourra, désormais, disposer,
souverainement, et sans devoir en référer à quiconque, du sort de Jérusalem.
Tacite : Histoires : II : 79 :
Le mouvement qui transféra le Pouvoir à Vespasien partit dʹAlexandrie, et ce
fut Tibère Alexandre qui en déclencha le signal en faisant reconnaître et
proclamer Vespasien, Empereur, par les Légions dʹÉgypte, aux calendes de
juillet (1er juillet 69).
LʹUsage Religieux a consacré ce Jour comme le premier Jour du Règne de
Vespasien, bien que, en fait, lʹArmée de Judée ne lui ait prêté serment quʹaprès,
au cinquième jour avant les nones de juillet (11 juillet 69).
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‐17‐ La nouvelle de cette Proclamation de Vespasien comme Empereur se répand
dans tout lʹEmpire comme une traînée de poudre, et les Partisans de Vespasien, les Flaviens,
attaquent avec une vigueur accrue les Armées de Vitellius. Vespasien ayant envoyé ses
Lieutenants combattre en Italie, décide, pour sa part, de se rendre à Alexandrie, où il sait
pouvoir disposer de lʹappui inconditionnel du Préfet dʹÉgypte.
En effet, le prudent et pragmatique Vespasien sait que la clé du succès se trouve dans ce
grenier, dont dépend lʹapprovisionnement alimentaire de lʹEmpire et des Armées ; or, une
famine se profile à Rome, en raison des pillages incessants provoqués par les Guerres civiles
ininterrompues, depuis lʹassassinat de Néron.
Suétone : Vies des douze Césars : Vespasien : 7 :
Vespasien se résolut donc à entrer dans la guerre civile. Ayant envoyé ses
lieutenants et alliés en Italie avec des Troupes, Vespasien se rendit à Alexandrie
pour sʹemparer de la clé de l’Égypte. Là, voulant consulter les Oracles sur la
durée de son Règne, Vespasien entra seul dans le Temple de Sérapis dont il fit
sortir tout le monde. (Sérapis est un Dieu Égyptien dʹorigine Grecque,
extrêmement important aux yeux de tous les Soldats Païens dʹOrient, car il
rassemble, tout à la fois, les attributs de Jupiter, dʹEsculape et dʹOsiris).
Après avoir offert de nombreux Sacrifices au Dieu, Vespasien se retourna et
crut même voir le Dignitaire Basileus qui lui présentait, comme cʹest lʹusage
dans ce Temple, des rameaux sacrés, des couronnes et des gâteaux…
Pourtant ce Basilides ne pouvait en aucun cas se trouver dans le Temple, car
une maladie lʹempêchait, alors, de se déplacer, et on savait quʹil était très loin
dʹAlexandrie. (Lʹapparition de Basilidés est un présage favorable pour
Vespasien car le mot Basilidés est dérivé du grec Basileus qui signifie Roi.)
Vitellius est finalement défait par les Flaviens, et il est mis à mort ; ses Partisans seront
ensuite progressivement vaincus.
‐18‐ Le Capitole de Rome ayant été détruit et profané, lors de la Guerre civile entre
les différents Prétendants au Trône Impérial, Vespasien confie à Vestius Festinus le soin de
reconstruire et de resacraliser le Coeur Religieux de la Capitale de lʹEmpire :
Tacite : Histoires : IV : 53 :
Le soin de rebâtir le Capitole fut confié par Vespasien à Lucius Festinus qui
appartenait à lʹOrdre Équestre, mais que son autorité et sa réputation plaçaient
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parmi les plus grands.
Les Aruspices (Devins) réunis par Vestinus lui recommandèrent de faire
transporter dans les marais les décombres de lʹancien Sanctuaire et de faire
rebâtir le nouveau Temple sur le même Emplacement : en effet, les Dieux ne
voulaient pas que lʹon modifiât lʹancien plan.
Le onzième jour avant les calendes de juillet, par un ciel serein, tout lʹEspace
consacré au Temple fut ceint de bandelettes et de couronnes ; on y fit pénétrer
les Soldats, dont les noms étaient de bon augure, et qui portaient des branches
dʹarbres agréables aux Dieux. Puis les Vierges de Vesta, accompagnées de
jeunes garçons et de jeunes filles dont les pères et les mères appartenaient à
lʹOrdre Sénatorial, firent des aspersions dʹeau, directement puisée à des sources
vives et à des fleuves. Alors, le Préteur Helvidius Priscus, après que le Pontife
Plautius Aelanius eut prononcé la Formule Sacramentelle, offrit, pour purifier la
Place, le Sacrifice dʹun sanglier, dʹun bélier et dʹun taureau.
Les entrailles des victimes ayant été exposées sur un Autel de gazon, le Pontife
pria Jupiter, Junon, Minerve et tous les Dieux Tutélaires de lʹEmpire dʹêtre
favorables à cette Dédicace et dʹélever jusquʹau faîte, par leur Divine Assistance,
cette Demeure qui était la leur, et qui avait été entreprise par la Piété des
hommes. Il toucha ensuite les bandelettes dont on avait entrelacé la pierre de
base de lʹÉdifice quʹon avait attaché avec des cordages.
Aussitôt, les autres Magistrats, les Pontifes, le Sénat, lʹOrdre Équestre et une
partie du Peuple, unissant leurs efforts dans un même élan de piété et de joie,
tirèrent lʹénorme pierre. Et, par monceaux, on jeta dans les Fondations du
Temple des pièces de monnaie dʹargent, de lʹor, et des métaux vierges que nul
feu nʹavait transformé encore, et qui étaient restés à lʹétat brut. En effet, les
Aruspices défendirent de profaner lʹÉdifice avec de la pierre ou de lʹor qui
auraient été façonnés pour quelque autre usage que ce soit.
La hauteur du Temple fut augmentée : cʹétait, croyait‐on, la seule modification
que la Religion autorisait, car étant la seule parure qui avait manqué à lʹancien
Temple.
‐19‐ Vespasien a laissé à son fils aîné, Titus, le soin de soumettre définitivement
Jérusalem.
Titus nomme, comme Chef dʹétat‐major de son Armée, Tibère Alexandre, le Préfet dʹÉgypte.
Cette nomination est probablement due, entre autres raisons, à la fidélité sans faille que
Tibère Alexandre a toujours témoigné à la famille des Flaviens, à la proclamation quʹil a
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organisée de Vespasien comme Empereur, à la recommandation personnelle de Vespasien à
son fils, Titus, à la répression impitoyable que le Préfet d’Égypte avait su mener efficacement
en Alexandrie contre les Juifs, et, finalement, à sa connaissance supposée des moeurs de ses
anciens coreligionnaires.
‐20‐ Au lieu de profiter du répit inespéré, qui avait été ainsi offert par la Guerre
civile entre Romains, pour préparer la défense de Jérusalem, les Juifs, emportés par une sorte
de vertige suicidaire, sʹétaient livrés, eux aussi, à une guerre intestine, impitoyable et
barbare.
Et il sʹest déroulé, alors, dans le cercle du Temple, transformé en abattoir de lʹabsurde, des
scènes surréalistes, comme sʹil fallait absolument que la désacralisation du Sanctuaire
unificateur soit, dʹabord, entièrement baigné du sang des Juifs et répandu par des Juifs,
avant que le Temple Hérodien de tous les Sacrilèges soit définitivement jeté à bas :
En effet, une révolte sʹest produite au sein‐même des troupes de Jean de Giscala : aussi,
Éléazar, le Chef de ces dissidents, sʹempare du Temple.
Ainsi se trouvent installés, autour de lʹÉdifice Sacré, de façon aberrante, trois cercles
concentriques et antagonistes, en forme de gradins superposés :
Simon tient la Ville, Jean occupe les abords du Temple, et Éléazar sʹest retranché à lʹintérieur
du Temple‐même.
Paradoxalement, les Juifs, mus par une Directive Ancestrale, continuent, imperturbablement,
de façon quasi‐irréaliste, et à lʹimage des Prêtres figés dans un autre univers, à venir offrir
des Sacrifices à lʹAutel, en traversant ces strates antagonistes, au milieu‐même des combats
incessants et des massacres fratricides :
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : V : 1 :
Éléazar, fils de Simon (un autre Simon) qui, dès le début, avait fait partie de
ceux qui dans lʹespace du Sanctuaire animaient lʹaction des Zélotes contre le
Peuple, ne prenait pas moins de plaisir que Jean à tremper ses mains dans le
sang.
Et, comme il supportait avec impatience la tyrannie de Jean, parce que lui‐
même y ambitionnait, il fit sécession en clamant quʹil ne pourrait souffrir plus
longtemps lʹimpudence et lʹinsolence de Jean :
Judas, fils de Chelsias, et Simon, fils dʹEsron, tous deux de grande famille et
Ezéchias, fils de Chobare, qui était dʹune naissance illustre, se joignirent à lui.
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Et chacun dʹeux étant suivis de nombreux Zélotes, ils occupèrent ensemble la
partie intérieure du Temple, et ils mirent leurs armes au dessus des Portes
Sacrées, avec lʹassurance de ne manquer de rien grâce aux Offrandes
perpétuelles (de nourriture) qui sʹy déroulaient, et que leur impiété ne craignait
pas de détourner à des fins profanes. Leur seul regret était quʹils nʹétaient pas
assez nombreux pour pouvoir entreprendre des actions dʹenvergure.
Jean de Giscala, par contre, disposait de troupes nombreuses ; mais ses ennemis
du Temple avaient sur lui un tel avantage de lʹéminence du Lieu qui les
surplombait, que Jean nʹosait se laisser emporter par son désir de les attaquer
massivement.
Jean entreprenait toutefois des tentatives qui se soldaient toujours, pour lui, en
de lourdes pertes dʹhommes, et le Temple était, ainsi, incessamment souillé de
meurtres.
De son côté, Simon, fils de Gioras, que le Peuple, dans son désespoir, avait
appelé au secours sans se rendre compte quʹil se livrait ainsi à sa tyrannie, après
avoir occupé la Ville haute et la plus grande partie de la Ville basse, attaquait
Jean, dʹautant plus hardiment quʹil le voyait engagé à devoir résister sans cesse
aux attaques dʹÉléazar.
Mais, comme Jean avait le même avantage de surplomb sur Simon, quʹÉléazar
avait sur lui‐même, parce que, de la même façon que la partie extérieure du
Temple était commandée par la partie supérieure du Temple, cette partie
extérieure du Temple dominait la Ville, Jean nʹavait, de ce fait, aucune peine à
repousser les assauts de Simon.
Et, contre Éléazar, Jean employait ses machines de guerre car il disposait dʹune
grande quantité de scorpions, catapultes et balistes qui lançaient de nombreux
projectiles meurtriers. Par ce moyen, Jean tuait non seulement des partisans
dʹÉléazar, mais également des personnes qui venaient offrir des Sacrifices au
Temple. En effet, bien quʹil nʹy eut pas dʹimpiété que ces enragés hésitassent à
commettre, toutefois ils nʹinterdisaient pas lʹEntrée du Sanctuaire à ceux qui
désiraient offrir des Sacrifices ; mais ils les faisaient fouiller par des hommes
désignés à cet effet, quʹils fussent Juifs de Jérusalem ou de lʹétranger.
Et ceux‐ci, après avoir été autorisés à passer, alors quʹils se croyaient enfin en
sécurité au milieu de cette furie, étaient tués par les projectiles que lançaient les
machines de Jean, dont les coups portaient jusque sur lʹAutel même, et qui
massacraient indistinctement les Prêtres et ceux qui venaient pour offrir leurs
Sacrifices. Ainsi lʹon voyait des gens, qui étaient venus des extrémités du
monde pour adorer Dieu dans ce Lieu Saint, tomber morts avec les victimes
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quʹils venaient offrir, et arroser également de leur sang cet Autel considéré avec
respect, même par les Grecs civilisés, et même par les Peuples les plus barbares.
Et lʹon pouvait voir le sang couler en larges rigoles des corps des Prêtres,
comme des corps des Juifs de Judée, ou des Juifs de la Diaspora, qui, tous,
sʹétaient rassemblés dans le Temple pour y accomplir leurs Devoirs.
‐21‐ Ce qui va, véritablement, sceller le Destin fatal de Jérusalem, et assurer la
victoire finale de Titus, est, outre ce carnage fratricide incessant, la destruction systématique
et suicidaire, par les Révolutionnaires, de toutes les réserves de vivres de la Ville, ce qui aura
pour effet de provoquer la famine de la Population, lorsque le siège de Jérusalem sera
totalement et hermétiquement bouclé par les Romains :
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : V : 3 :
Dès que Jean de Giscala était libéré de la pression des assaillants situés au
dessus de lui dans le Temple, car, fréquemment, lʹivresse et la fatigue
obligeaient les partisans dʹÉléazar à sʹarrêter de combattre, Jean faisait des
sorties dans la Ville contre les Troupes de Simon avec de gros effectifs et à
moindre risque. Régulièrement, et quel que fût le quartier quʹil avait choisi
dʹattaquer, Jean faisait mettre le feu aux maisons pleines de blé et de toutes
sortes de vivres. Dès que Jean se retirait, les troupes de Simon survenaient et en
faisaient autant, comme si, délibérément, en voulant se nuire réciproquement,
les deux Chefs avaient décidé, dʹun commun accord, de détruire tout ce que la
Cité avait réussi à entreposer et qui lui aurait permis soutenir un long Siège.
En fait, ils se préparèrent, pour ainsi dire, au suicide de la Ville.
Ainsi, il arriva que les alentours du Temple furent entièrement réduits en
cendres, et que toute la Cité devint un champ de bataille désertique où les
adversaires sʹentretuaient, en brûlant tout le blé qui aurait pu leur permettre de
soutenir un Siège de plusieurs années. Et il est certain que Jérusalem fut vaincue
par la famine, ce qui aurait été impossible si les Rebelles ne lʹavaient pas, eux‐
mêmes, organisée.
Tandis que cette Guerre civile faisait rage de tous côtés, du fait de ces
conspirateurs et du ramassis qui les entouraient, le Peuple, pris en otage, était
dépecé par ces Brigands comme une grande proie sans défense. Les vieillards et
les femmes, dans leur désespoir priaient pour que les ennemis Romains
viennent les délivrer de cette Guerre intestine. Les Citoyens paisibles étaient
frappés de stupeur et dʹangoisse car ils ne voyaient pas de solution à leur
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situation, ni de possibilité de parvenir à un accord avec les Romains, ni de
sʹenfuir, car toutes les issues de la Ville étaient gardées. En effet, bien quʹils
fussent en désaccord sur tout, les Chefs des Brigands faisaient exécuter tous
ceux qui étaient partisans dʹune négociation de Paix avec les Romains, ou tous
ceux quʹils soupçonnaient de vouloir déserter leurs rangs.
‐22‐ Revenu dʹAlexandrie où il avait accompagné son père, Titus a fait converger
vers Jérusalem toutes les Troupes disponibles, et qui ont pu se reposer, à lʹoccasion de la
pause, provoquée par les problèmes de succession de lʹEmpire.
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : V : 6 :
Après avoir rassemblé une partie de ses Troupes auprès de lui, et donné lʹordre
aux autres de converger sur Jérusalem, Titus avait quitté Césarée.
Il disposait des trois Légions qui, sous le commandement de son père, avait
précédemment ravagé la Judée, ainsi que la XIIème Légion qui avait essuyé un
échec contre les Juifs, sous Cestius. Cette Légion était composée de soldats
aguerris, si emplis de haine au souvenir de leur défaite quʹils brûlaient de rage à
sʹen venger. Titus ordonna à la Vème Légion de le rejoindre en passant par
Emmaus, et à la Xème Légion de monter sur Jérusalem par Jéricho. Quant à lui,
il se mit en marche avec les deux autres Légions, un corps dʹAuxiliaires, fournis
par les Rois alliés, encore plus important quʹauparavant, et un grand nombre de
Soldats Syriens. Pour remplacer les hommes que Vespasien avait prélevés dans
ces quatre Légions, afin quʹils se rendent en Italie sous les ordres de Mucien,
Titus se servit des hommes quʹil avait amenés dʹÉgypte. Car deux mille Soldats
dʹélite lʹavaient accompagné dʹAlexandrie ainsi que trois mille Gardes de
lʹEuphrate. Titus avait également avec lui un homme de très grande qualité quʹil
appréciait particulièrement pour son mérite et son talent, Tibère Alexandre.
Celui‐ci avait été Gouverneur d’Égypte, et le premier qui avait soutenu les
Flaviens, sans que jamais les diverses vicissitudes de la fortune ne fassent varier
sa fidélité à Vespasien et à Titus. Il avait dʹailleurs une telle science de la Guerre
et il avait acquis une telle expérience que Titus lʹavait choisi comme Chef dʹÉtat‐
Major, vu la prééminence incontestée que lui conféraient toutes ses qualités.
Cʹest ainsi que plus de soixante mille Soldats, aguerris, disciplinés, entraînés, et, le plus
souvent, emplis de haine et de convoitise, convergent vers Jérusalem, pour lʹencercler,
assurer son blocus, et sʹen emparer en espérant pouvoir en piller les Trésors réputés.
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‐23‐ La Littérature Rabbinique rend compte, dʹune façon assez dérisoire, de la
Guerre des Juifs contre les Romains, qui allait se terminer par le massacre des Juifs et la
disparition du Temple de Jérusalem.
La Littérature Rabbinique, contrairement à la Littérature Biblique, nʹest pas attachée à la
véracité éventuelle des récits de lʹHistoire.
La Littérature Rabbinique sʹattache essentiellement à composer un Tissu Mystique et
Religieux, dont la trame permet dʹétablir la Chaîne de la Tradition Orale, à laquelle les
Rabbins appliquent leur recherche, et qui est destinée à constituer le réseau de sauvegarde
Idéologique des Juifs dans leur vie quotidienne.
Cette volonté explique le bouleversement causé par cette Littérature à la hiérarchie des
vérités : les authenticités Historiques éventuelles y devenant très secondaires, pour ne pas
dire négligeables, par rapport à lʹEnsemble qui est édifié pour encadrer et protéger la Loi,
lʹexpliciter et la perpétuer.
En particulier, par exemple, les Rabbins ont transformé en anecdotes, presque futiles, la
Guerre sanglante entre Juifs qui ravagea Jérusalem avant que les Romains ne lʹattaquent.
Ainsi, les Rabbins Pharisiens, refusant toute perspective historique, y compris celle qui
aurait été transcendée par une vision Eschatologique ou Apocalyptique, ont ignoré les
combats fratricides et implacables qui opposèrent les Juifs dans leur Sanctuaire‐même,
comme si lʹÉdifice Sacré, tel quʹil apparaissait, alors, aux initiateurs dʹune nouvelle Tradition,
avait, dʹores et déjà, perdu, depuis Hérode, une importance que, seule, sa disparition
pourrait, enfin, lui restituer.
Plus inexplicable encore, en apparence, on ne trouve, dans cette même Littérature
Rabbinique, quʹune description assez mineure des diverses confrontations avec lʹOccupant
qui allaient déboucher sur la Guerre des Juifs contre les Romains.
Mais on peut, sur ce point, remarquer que cette Littérature Rabbinique a commencé à se
constituer par écrit, plus dʹun siècle après la destruction du Temple :
Aussi, la Hiérarchie Pharisienne, qui était, avant la destruction du Temple, plutôt alliée avec
la Hiérarchie Sadducéenne, ou qui lʹavait supplantée, désirait sauvegarder, alors, des
rapports pragmatiques et conciliants avec la Puissance Romaine occupante :
Aussi, cette Hiérarchie Pharisienne avait veillé, soigneusement, tout comme les Sadducéens,
auparavant, à ne rien faire qui puisse attiser des tensions propres à déclencher des réactions
violentes de la part de la Puissance Romaine Occupante.
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Finalement, avant dʹexaminer les quelques récits de la Fin de Jérusalem, qui ont été transmis
par la Littérature Rabbinique, on peut noter que les débuts de lʹhistoire de Yohanan ben
Zaccaï sont intimement liés à cette Fin de Jérusalem.
Or, Yohanan ben Zaccaï fut le Rabbin Pharisien qui établit à Jamnia (Yabneh) le premier
Centre Religieux pour remplacer le Sanhédrin disparu de Jérusalem.
Ce Centre de Yabneh allait devenir le germe créateur du Canon définitif de la Bible
Hébraïque Écrite, ainsi que celui des premiers Ordonnancements de la Tradition Orale.
Et ces premiers Ordonnancements mnémotechniques constituèrent les fondations préalables
à la mise par Écrit de la Littérature Rabbinique, qui allait être entreprise, un siècle et demi
plus tard, avec la première rédaction de la Mishnah.
Tous ces éléments rendent compte, dʹune certaine manière, des raisons de la constitution
progressive, dans la Littérature Rabbinique, dʹun Récit totalement édulcoré, décalé, légendé,
et sans aucun lien événementiel avec la redoutable Vérité Historique de la Destruction du
Temple, de la Ruine de Jérusalem, du massacre de ses Habitants et de la Dispersion des Juifs
survivants, pour deux Millénaires.
‐24‐ Voici un exemple du Récit Rabbinique des événements quasi‐dérisoires qui
auraient provoqué la Destruction du Temple, tel quʹil est rapporté, sous la forme dʹune
fiction (Aggada légendaire), entre autres, dans le Talmud de Babylone :
Talmud de Babylone : Ordre Nachim : Traité Gittin : 56b :
Rabbi Yohanan dit : ‐ Le Verset (Proverbes 28 : 14) ʺHeureux qui craint toujours !
Mais celui qui endurcit son coeur tombe dans le malheur !ʺ sʹapplique à Komza et
Bar‐Komza qui sont la cause de la Destruction de Jérusalem...
Voici comment Jérusalem a été détruite par Komza et Bar‐Komza :
Un homme, qui avait Komza pour ami et Bar‐Komza pour ennemi, organisa un
festin et il ordonna à son domestique dʹinviter Komza ; mais le domestique se
trompa et invita Bar‐Komza. Lorsque le maître entra (dans la salle du festin) il
trouva Bar‐Komza déjà assis. Il sʹécria : ʺCet homme est mon ennemi ! Que fais‐
tu ici ? Lève‐toi et va‐t‐en ! ‐ Puisque je suis là, répondit Bar‐Komza, laisse‐moi
et je te paierai le prix de ce que je bois et de ce que je mange. ‐ Non, dit le
maître. ‐ Je paierai la moitié du festin. ‐ Pas davantage ! ‐ Eh bien, je me charge
des frais de tout le festin. ‐ Non, fut encore la réponse du maître de maison ; et,
dans le même temps, il se saisit de la main de Bar‐Komza, le força à se lever et
le jeta dehors.
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Puisque les Sages qui étaient assis ici (autour de la table du festin) ne se sont
pas opposés (à mon expulsion) cela signifie quʹils lʹont approuvée, pensa Bar‐
Komza. Eh bien, jʹirai les dénoncer chez lʹEmpereur. Ainsi, Bar‐Komza alla dire
à César : Les Juifs se sont révoltés contre toi. ‐ Qui le dit ? demanda lʹEmpereur.
‐ Envoie‐leur une victime et tu verras sʹils accepteront de lʹimmoler (à lʹAutel du
Temple). César le chargea dʹune génisse de choix, à laquelle Bar‐Komza,
pendant le trajet, fit une lésion à la lèvre, ou, selon dʹautres, à lʹoeil. Or cette
lésion constitue un défaut (pour une victime à immoler) chez les Juifs, bien que
ce ne soit pas un défaut pour les Sacrifices des Païens. Toutefois, les Sages
voulurent quand même lʹoffrir en Sacrifice, afin de sauvegarder la Paix avec
lʹEmpereur. Mais Rabbi Zacharia ben Abkoulos leur fit observer que si lʹon
acceptait la génisse (avec un défaut), on en déduirait la règle que les animaux
défectueux peuvent être sacrifiés sur lʹAutel (du Temple). On voulut alors
mettre à mort Bar‐Komza pour être sûr quʹil nʹirait pas dénoncer les Sages à
lʹEmpereur (pour avoir refusé la victime impériale). Mais Rabbi Zacharia dit
encore quʹon pourrait ensuite en déduire la Règle que lʹon peut tuer quiconque
fait une lésion à une victime destinée au Temple. Rabbi Yohanan conclut (le
récit) en déclarant : La prudence extrême de Rabbi Zacharia ben Abkoulos fut la
cause que notre Temple fut détruit, notre Sanctuaire consumé par les flammes,
et que nous sommes exilés loin de notre Pays (à Babylone).
Dans ces récits Aggadiques, le thème de la rencontre du Personnage central Juif avec
lʹEmpereur Romain, César, est un thème récurrent qui, le plus souvent, était conçu pour
mettre en valeur lʹinfluence du Personnage dont on relatait lʹaction. Cʹest ainsi que, dans la
Littérature Rabbinique, toute rencontre supposée avec lʹEmpereur Romain était la
transposition; obligée et flatteuse, dʹune probable rencontre réelle dʹun Responsable Juif avec
un simple Fonctionnaire ou Chef militaire Romain.
En tout état de cause, il ressort de ce Récit Rabbinique, une interprétation assez dérisoire de
lʹHistoire concernant les causes de la destruction du Temple, ce qui intéresse les Rabbins,
dans cette discussion, ce sont les Règles qui sʹappliquent à la présentation dʹanimaux sains
pour être offerts à lʹAutel des Sacrifices du Temple disparu.
‐25‐ Yohanan ben Zaccaï était un Docteur de la Loi de lʹÉcole dʹHillel, et lʹun des
Chefs du Parti des Pharisiens. Certains Récits de la Littérature Rabbinique le présentent
comme lʹun des Disciples les plus brillants dʹHillel lʹAncien, ce qui, sur le plan de la
Chronologie historique, paraît peu vraisemblable.
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En tout cas, ce Rabbin est crédité dʹune mémoire phénoménale, qui faisait de lui un garant
particulièrement doué de la Tradition Orale, en un temps où celle‐ci ne pouvait pas encore
être mise par Écrit :
Talmud de Babylone : Ordre Nachim : Traité Soucca : 28a :
Les Docteurs de la Loi racontent : Hillel lʹAncien eut quatre vingt Disciples...
Le plus grand dʹentre eux tous était Jonathan ben Ouziel, le plus petit de tous
était Rabban Yohanan ben Zaccaï.
On dit de Rabban Yohanan ben Zaccaï quʹil nʹignorait ni un Verset, ni une
Mishnah, et quʹil savait également, par coeur, la Gemara (!) (Commentaires de la
Mishnah dans les Talmuds), tant dans sa partie Halakhique (les Lois) que dans sa
partie Aggadique (les récits)....
Et si le plus petit des disciples dʹHillel était aussi instruit, que devait‐il en être
du plus grand ! Aussi, on raconte de Jonathan ben Ouziel que, tandis quʹil était
assis à étudier la Loi, il brûlait dʹune telle ardeur quʹun oiseau qui vint à voleter
au dessus de sa tête fut immédiatement consumé.
Devenu le Chef du Sanhedrin, établi à Yabneh après la chute de Jérusalem, et lʹinitiateur
dʹun nouvel Ordre Religieux, dont le parti des Pharisiens constituait désormais la seule
Autorité pouvant légiférer, Yohanan ben Zaccaï est crédité dʹune vision quasi‐Prophétique,
par laquelle il aurait saisi, dʹune part, lʹimminence de la chute du Temple, et, dʹautre part,
lʹimportance quʹallaient, désormais, prendre les Rabbins pour préserver et perpétuer la
Religion Juive :
Talmud de Jérusalem : Ordre Moed : Traité Yoma : 39b :
Les Portes du Temple sʹétant ouvertes toutes seules, Rabban Yohanan ben
Zaccaï les réprimanda :
‐ Sanctuaire, Sanctuaire, dit‐il, simules‐tu la frayeur ? Je le sais tu seras détruit,
Zacharie, petit‐fils dʹIddo lʹa en effet prédit : ʺLiban, ouvre tes portes, et quʹun
incendie ravage tes cèdres !ʺ (transposition libre de Zacharie : 11 : 1)
On trouve, chez lʹHistorien, Flavius Josèphe, le même genre de Symbole Prophétique à
propos de la prochaine Destruction du Temple :
Aussi cette similitude semble indiquer que des légendes populaires sʹétaient, alors,
spontanément formées, par lesquelles lʹInconscient Collectif affirmait que la fin du Temple
était inscrite dans sa structure‐même :
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Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : VI : 31 :
Environ à la sixième heure de la nuit, la Porte du Temple qui regardait lʹorient,
et qui était dʹairain et si pesante que vingt hommes suffisaient à peine à la
pousser, sʹouvrit dʹelle‐même, bien quʹelle fut fermée avec de grosses serrures,
des barres de fer et des verrous qui entraient profondément dans lʹencadrement,
fait dʹune seule pierre. Les Gardes du Temple prévinrent aussitôt le Magistrat
de garde. Il y alla et ils eurent beaucoup de difficultés à refermer la Porte. Les
ignorants attribuèrent cet événement à un Signe favorable, expliquant que
cʹétait une marque que Dieu ouvrait généreusement en leur faveur ses mains
pour les combler de toutes sortes de bienfaits. Mais les plus Sages jurèrent au
contraire que le Temple se détruirait par lui‐même, et que lʹouverture de ses
propres Portes était le présage le plus favorable que les Romains pouvaient
espérer.
On retrouve ce même thème de lʹauto‐dénigrement de lʹÂme du Temple dans un autre
présage, que rapporte également Flavius Josèphe, et qui sera repris, tant par des Auteurs
Païens, que par les Auteurs dʹÉcrits Apocalyptiques, mêlant souvent, dʹailleurs, en un même
récit amalgamé, la fin du 1er Temple de Salomon et la fin du 3ème Temple d’Hérode :
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : VI : 31 :
Le Jour de la Fête de la Pentecôte, les Prêtres, étant la nuit à lʹintérieur du
Temple pour célébrer le Service Divin, entendirent un bruit, et, sitôt, après une
Voix qui clama plusieurs fois : ʺPartons dʹici !ʺ
‐26‐ Tacite (55‐120 EC) qui a pu sʹentretenir avec des Officiers Romains ayant
participé au siège de Jérusalem, et qui a, peut‐être, lu des passages de lʹoeuvre de Flavius
Josèphe, rapporte également ce même présage.
Par ailleurs, Tacite donne des précisions sur lʹétat dʹesprit des assiégés, tel quʹil fut perçu par
les Romains :
Cette description dʹun Historien Païen corrige un peu le récit de Flavius Josèphe, ou plus
exactement, nʹen raconte que la dernière phase : celle où tous les ʺBrigandsʺ et Rebelles Juifs,
après sʹêtre entre‐tués et démunis réciproquement de tous moyens de résister, sʹunirent,
enfin, mais trop tard, contre les Romains :
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Tacite : Histoires : V : 13 :
Il était survenu des Prodiges que cette Nation (Juive) considère comme un
crime de conjurer par des sacrifices et des voeux : en effet, étant adonnée à la
Superstition, la Nation Juive est ennemie des Pratiques Religieuses.
On vit dans le Ciel des armées sʹentrechoquer, des armes dʹun rouge éclatant et
tout à coup une lueur flamboyante qui sortant des nuées illuminait le Temple
des Juifs. Les Portes du Sanctuaire sʹouvrirent tout à coup et on entendit une
voix surhumaine clamer : ʺLes Dieux sʹen vont !ʺ et en même temps il y eut un
grand mouvement comme celui dʹun départ. Peu de Juifs cependant
interprétaient ces Prodiges dans un sens défavorable : la plupart étaient
convaincus quʹil fallait croire à ce que contenaient les Livres anciens de leurs
Prêtres : il y était écrit, en effet, que, précisément en ce temps là, lʹOrient
prévaudrait, et que des Gens, partis de Judée, deviendraient les Maîtres du
Monde. Ce Texte ambigu annonçait, en fait, Vespasien et Titus. Mais le vulgaire
(Juif), comme il arrive dʹordinaire avec les passions populaires, interprétait en
sa faveur cette Prédiction fatale, et les pires malheurs mêmes ne parvenaient
pas à lʹen dissuader. Le nombre des assiégés, Juifs de tout âge, hommes et
femmes, était, nous a‐t‐on dit, de six cent mille. On avait donné des armes à
tous ceux qui pouvaient en porter; et il sʹavéra que les Combattants téméraires
furent bien plus nombreux quʹon nʹaurait pu le penser. La résistance farouche
était égale chez les hommes et chez les femmes, car ils partageaient le sentiment
que, sʹils devaient être réduits à changer de Patrie, ils redouteraient plus de
devoir vivre que de mourir.
Cʹest contre cette Ville et contre ce Peuple que le César Titus, voyant que tout
assaut était impossible, en raison de la solidité des fortifications, résolut dʹen
entreprendre le siège systématique, en lʹencerclant, et en construisant des
rampes dʹaccès, et des terrasses permettant à son Armée de se hisser au niveau
du sommet des Remparts. On partagea cette tache entre les différentes Légions ;
et les combats cessèrent jusquʹà ce que puissent être mis en place tous les
moyens imaginés par les Anciens pour conquérir les Villes fortes, combinés
avec toutes les inventions du Génie Militaire moderne.
‐27‐ A lʺintérieur de cette Ville assiégée, la Littérature Rabbinique ne sʹintéresse
quʹau seul destin de Yohanan ben Zaccaï, dont lʹaction allait permettre à la Tradition de se
perpétuer, après la destruction du Temple, et, donc, permettre à la Littérature Rabbinique de
se développer, par la suite, en mettant en forme la Tradition Orale par Écrit.
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Les Récits du début du Destin de Yohanan ben Zaccaï prennent dʹemblée une tournure
légendaire ou allégorique, amplifiée par le fait que le propre neveu de Yohanan ben Zaccaï
était, semble‐t‐il, lʹun des redoutables et cruels Chefs Zélotes qui faisaient régner la terreur
dans la Ville. Par conséquent, Yohanan ben Zaccaï, Pharisien modéré et partisan dʹun accord
avec les Romains, dut ruser avec son neveu, à la fois, pour garder la vie sauve, et pour
pouvoir sʹéchapper de Jérusalem.
Les Récits, rapportés par la Littérature Rabbinique, confirment également, dʹune façon
allusive, la destruction criminelle des réserves de blé par les Zélotes, destruction qui allait
provoquer une atroce famine dans Jérusalem, encerclée par les Romains.
On trouve ces récits Aggadiques, par exemple, dans le Talmud, au Traité Gittin de lʹOrdre
Nachim, ainsi que dans des Midrach Rabba, qui sont des Commentaires, souvent légendées, de
la Bible :
Midrach Rabba : Ecclésiaste : VII : 11 :
Les Rabbins racontent quʹà Jérusalem vivaient trois Notables importants, Ben
Tsitsit Haccassat, Nakdimon ben Gorion et Ben Galba Schebouʹa. Chacun dʹeux
aurait pu entretenir et nourrir la Ville pendant dix ans. Mais Ben Batiah, fils
dʹune des soeurs de Yohanan ben Zaccaï, était le Responsable des greniers de la
Ville, et il était également le Chef des Sicaires de Jérusalem. Il mit le feu à toutes
les réserves de nourriture. Rabban Yohanan ben Zaccaï, lʹayant appris, poussa
un profond gémissement. Cela fut rapporté à Ben Batiah : ʺTon oncle, lui dit‐on,
sʹest fortement plaint.ʺ Ben Batiah convoqua son oncle et lui demanda de quoi il
avait osé se plaindre. ʺJe nʹai pas poussé une exclamation de douleur, répondit
Rabban Yohanan, mais un cri de joie ; car aussi longtemps que les provisions
seront en abondance, mʹétais‐je dit, on ne sacrifiera pas pour faire la guerre.ʺ...
Sur ces entrefaites, Rabban Yohanan ben Zaccaï décida de prendre la fuite.
Midrach Rabba : Lamentations : VII : 11 :
Les Rabbins racontent : Trois jours après, Rabban Yohanan ben Zaccaï, en se
promenant (à Jérusalem) sur la place publique, vit les Juifs faire bouillir de la
paille dans de lʹeau quʹils buvaient ensuite. Des hommes, dit‐il qui sont réduits
à faire bouillir de la paille pour en boire le jus, comment pourront‐ils résister
aux Armées de Vespasien ?
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Soit, il y a, dans ce Récit, comme très souvent dans la Littérature Rabbinique, assimilation ou
confusion de noms, Vespasien, par exemple, pouvant désigner également Titus ; soit, plus
vraisemblablement, il y a télescopage chronologique tendant à rassembler dans une même
histoire, des événements différents, regroupés à des fins édificatrices.
Cela est également le cas du Récit de la Prédiction, quʹaurait faite Yohanan ben Zaccaï à
Vespasien, par laquelle il lui annonçait quʹil deviendrait Empereur.
Cette même Prédiction figure, avec beaucoup plus de vraisemblance chronologique, dans le
texte de Flavius Josèphe, où celui‐ci raconte dans quelles circonstances il fut amené, lui‐
même, à formuler cette Prophétie à Vespasien.
Or, la protection flatteuse dont Flavius Josèphe put jouir, par la suite, de la part des
Empereurs Flaviens, accréditent plutôt son récit, qui est confirmé par des Historiens Païens
comme Suétone.
Par contre, les Textes Rabbiniques concernant Yohanan ben Zaccaï ont une coloration
légendaire, à travers laquelle est difficile de discerner lʹauthentique réalité historique, dont la
chronologie, concernant le siège de Jérusalem par Titus, est assez peu respectée.
Midrach Rabba : Lamentations : VII : 11 :
ʺ... Jʹen conclus, ajouta Rabban Yohanan ben Zaccaï, que je dois quitter
Jérusalem.ʺ
Il fit donc demander à Ben Batiah de lʹautoriser à quitter la Ville. Mais celui‐ci
lui fit répondre : ʺNous avons décidé entre nous que personne ne pourrait
quitter la Ville, à moins dʹêtre mort. ‐ Eh bien, déclara Rabban Yohanan, faites
moi passer pour mort !ʺ
Alors, on le plaça dans un linceul. (Ses élèves) Rabbi Eliezer le prit par la tête, et
Rabbi Josué par les pieds. Ben Batiah, lui, marchait devant.
Arrivés à la Porte (de la Ville) les Gardes voulurent se servir de leurs épées
(pour vérifier si le corps transporté était bien mort). Mais Ben Batiah leur fit
cette observation : ʺVous voulez que les Romains puissent dire : Un de leurs
Rabbins est mort, transpercé par les épées des Juifs !ʺ Alors on les laissa sortir.
Une fois sortis, Rabbi Eliezer et Rabbi Josué le portèrent plus loin, le déposèrent
dans un cimetière, puis rentrèrent à Jérusalem. Rabban Yohanan alla alors se
promener au milieu du Camp de Vespasien en demandant où était le Roi.
On vint prévenir Vespasien quʹun Juif désirait venir le saluer. ʺQuʹon lʹamène !ʺ
ordonna Vespasien. Dès que Rabban Yohanan fut en sa présence, il lui dit :
ʺVive Domine Imperator ! ‐ Tu me salues Empereur, répondit Vespasien,
cependant je ne le suis pas ; si lʹEmpereur apprenait que jʹaccepte un tel Salut, il
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me ferait mettre à mort. ‐ Si tu ne règnes pas encore, répondit le Rabbin, tu
régneras forcément un jour, car ce Temple ne peut être détruit que par la main
dʹun Roi. « En effet, Le Liban, a dit le Prophète (Isaïe 10 : 34) sera abattu par un
Souverain puissant. »
Trois jours après, la nouvelle arriva que, Néron étant mort, les Romains avaient
élevé Vespasien à la dignité de lʹEmpereur...
Vespasien dit alors à Yohanan ben Zaccaï quʹil lui accorderait toute demande
quʹil lui adresserait. ʺAbandonne alors cette Ville que tu assièges et pars ! lui dit
le Docteur de la Loi. ‐ Les Romains mʹauraient‐ils nommé Empereur pour que je
quitte Jérusalem, répliqua Vespasien. Demande‐moi autre chose et je te
lʹaccorderai.
‐ Je te prie, dans ce cas, de dégager la Porte occidentale de la Ville qui permet de
se rendre à Lydda (et donc vers Jamnia) afin que tous ceux qui voudront quitter
la Ville avant dix heures puissent se sauver.ʺ
Dans dʹautres Textes Rabbiniques, encore plus allégoriques, Yohanan ben Zaccaï demande
spécifiquement à Vespasien quʹil lui accorde la permission dʹinstaller (ou plus exactement de
développer) lʹAcadémie des Maîtres de la Loi, à Yabneh, Territoire appartenant directement
à la Famille Impériale.
Talmud de Babylone : Ordre Nachim : Traité Gittin : 56/b :
Vespasien (ayant appris quʹil était nommé Empereur) déclara (à Yohanan ben
Zaccaï) : ‐ Maintenant je pars (à Rome) et je vais envoyer quelquʹun pour
prendre ma place (Titus pour achever la reconquête de la Judée). Tu peux
néanmoins me demander une grâce et elle te sera accordée. Yohanan ben Zaccaï
répondit : «Accorde‐moi Yabneh et ses Sages ainsi que la famille de Rabban
Gamaliel (la Dynastie Rabbinique issue dʹHillel) ainsi que des médecins pour
guérir Rabbi Zadok (devenu anorexique par désespoir de sentir le Temple
condamné). »
Rabbi Joseph, dʹautres disent Rabbi Akiba, appliqua à Yohanan ben Zaccaï le
Verset ʺDieu fait régresser des hommes sages et transforme leur science en folie.ʺ
(Isaïe 44 : 25) En effet, Yohanan ben Zaccaï aurait dû répondre à Vespasien :
ʺLaisse les Juifs en paix pour cette fois !ʺ Mais Yohanan ben Zaccaï pensa, à
juste titre, quʹil nʹobtiendrait certainement pas autant, et que, de toutes façons,
même un petit nombre de Juifs ne pourrait plus, désormais, être sauvé.
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‐28‐ La situation dans la Ville assiégée était effectivement devenue atroce, par suite
de la Guerre civile, et de la terreur que font régner les deux partis Zélotes qui nʹhésitaient
pas à affamer la Population, afin que leurs Soldats respectifs trouvent des forces pour
combattre. Le troisième parti dʹÉléazar, qui occupait le Temple, avait été finalement vaincu,
et il ne restait donc plus en présence que deux partis Zélotes, celui de Jean, qui occupait les
espaces du Temple, la Citadelle Antonia et leurs environs, et le parti de Simon qui occupait
la plus grande partie de la Ville haute et basse.
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs :
V : 27 :
A Jérusalem, seuls ceux qui avaient les armes à la main pouvaient lutter contre
la famine, en dépouillant ceux qui avaient encore de la nourriture. Tous les
autres se lamentaient en vain ; et, comme il nʹy a pas de limites aux effets que la
faim peut produire, il y avait des femmes qui arrachaient la nourriture des
mains de leur maris, des enfants des mains de leurs pères, et, ce qui dépasse
lʹentendement, il se trouvait aussi des mères qui arrachaient la nourriture des
mains de leurs enfants. Ceux qui agissaient ainsi ne pouvaient dʹailleurs pas en
profiter longtemps, même en se cachant. Car aussitôt quʹon voyait une maison
fermée, le soupçon que lʹon avait que ceux qui sʹy étaient enfermés, avaient
quelque chose à manger, faisait quʹon enfonçait immédiatement les portes pour
y pénétrer et ôter la nourriture de la bouche de ses habitants. On frappait les
vieillards qui ne voulaient pas la lâcher, on prenait à la gorge les femmes qui
essayaient de cacher ce quʹelles dissimulaient dans leurs mains, et, sans avoir
compassion des enfants qui tétaient encore, on les jetait à terre, après les avoir
arrachés de la mamelle de leurs mères... On pendait les hommes par les parties
les plus sensibles, on leur enfonçait dans la chair des bâtons acérés, on leur
faisait souffrir des tourments inouïs, rien que pour leur faire avouer où ils
avaient caché un pain ou de la farine. Ces bourreaux Zélotes pensaient, en effet,
que de telles situations justifiaient des actes aussi inhumains, et ils réussirent
par cette opération à rassembler assez de nourriture pour leur permettre de
tenir six jours. Ils ôtèrent même aux pauvres les herbes que ceux‐ci allaient, la
nuit, cueillir hors de la Ville, au péril de leur vie. Et ils ne se donnèrent même
pas la peine de prêter la moindre attention, lorsque les pauvres les imploraient
de leur en laisser au moins une petite partie ; en effet, les Zélotes pensaient faire
une grâce suffisante à ces miséreux en ne les tuant pas après les avoir
dépouillés...
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Durant ce temps, la tenaille de lʹArmée Romaine, animée dʹune rage haineuse, se resserre
inexorablement :
V : 28 :
Cependant Titus faisait inlassablement progresser ses plate‐formes dʹassaut,
malgré la résistance acharnée que les Juifs, sur les remparts, opposaient aux
Romains qui les actionnaient.
Par ailleurs, Titus envoya des groupes de Cavalerie se mettre en embuscade
dans les ravins qui entourent Jérusalem, afin de sʹemparer des Juifs qui se
hasardaient hors de la ville pour chercher de la nourriture. Parmi ces gens, il y
avait même des soldats Zélotes, à qui ce quʹils volaient dans la Ville ne suffisait
pas pour apaiser leur faim. Mais la plupart de ces malheureux étaient des gens
du Peuple, que la crainte de laisser leurs femmes et enfants exposés à la rage de
ces furieux Zélotes empêchait de sʹenfuir, et que la faim néanmoins chassait
hors de la Ville. La nécessité de se défendre et la crainte des supplices les
poussaient à combattre, lorsquʹils étaient surpris et attaqués par les Romains. Et,
comme ils ne pouvaient espérer nulle miséricorde après sʹêtre ainsi défendus,
ils ne la sollicitaient même pas, et on les crucifiait, bien en vue des assiégés.
Titus estimait quʹil y avait en cela quelque cruauté, dʹautant quʹil ne se passait
point de jour sans que lʹon en crucifiât cinq cents, et même davantage. Mais
Titus ne voyait pas comment il pourrait renvoyer libres des hommes qui
avaient combattu des Romains, et, dʹautre part, il ne pouvait faire garder un
aussi grand nombre de prisonniers. Par ailleurs, il espérait que le spectacle
dʹépouvantables supplices pourrait ébranler la résolution des assiégés par la
crainte de devoir bientôt subir le même traitement : car la haine et la rage dont
les Soldats Romains étaient animés à lʹencontre des Juifs leur faisaient inventer
les pires tortures quʹils infligeaient aux crucifiés. On trouvait à grand peine
suffisamment de bois pour construire les croix et lʹon finissait par manquer de
place pour les planter tant les suppliciés étaient innombrables...
Les deux partis Zélotes rivaux ne sʹunissent que lorsquʹil sʹagit de combattre les Romains, et
ils opposent, alors, à leurs adversaires, une résistance acharnée, fanatique et dʹun héroïsme
hors du commun. Cet héroïsme incandescent repose sur le sentiment que Dieu et son
Temple idéalisé constituent un bouclier absolument invincible :
V : 29 :
Cependant les Zélotes (en réponse à ces atrocités des Romains) lançaient du
haut de leurs remparts mille imprécations contre Vespasien et contre Titus,
criaient quʹils méprisaient la mort, parce quʹil leur apparaissait plus glorieux de
mourir que de supporter une honteuse servitude, et que, jusquʹà leur dernier
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soupir, ils feraient sentir aux Romains quʹil nʹy aurait pas de limites à leur
résistance... Et que, pour ce qui concerne leur Temple, Dieu en avait un autre
infiniment plus grand et plus admirable, parce que le Monde entier était son
Temple. Ce qui, néanmoins, ne Lʹempêcherait pas de conserver de la même
façon Celui dans lequel Il habitait à Jérusalem, et que, ayant ainsi Dieu comme
Allié, ils se moquaient éperdument des menaces Romaines qui ne pourraient
jamais être suivies dʹeffet, sans que Dieu le permette.
‐29‐ Pour accentuer la famine, et acculer au désespoir les Habitants de Jérusalem,
Titus décide de faire construire un immense mur hermétique, qui encerclera tout le pourtour
de la Ville, et qui rendra tout à fait impossible de sʹen échapper, ou dʹy faire pénétrer des
vivres.
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs :
V : 31 :
Tout le circuit (de ce mur qui encerclait la ville) était de 39 stades (7 kilomètres
environ) et il y avait treize Forts (intégrés à ce mur) dont le pourtour (pour
lʹensemble des Forts) était de 10 stades. Mais ce qui parait incroyable, et qui est
digne du savoir‐faire Romain, cʹest que ce grand ouvrage, qui aurait nécessité
normalement au moins trois mois pour être achevé, fut construit en seulement
trois jours :
Jérusalem étant désormais ainsi complètement enfermée dans cette deuxième
enceinte, on disposa des Troupes dans les différents Forts où elles montaient la
garde toutes les nuits.
Lʹeffet de cet enfermement infranchissable ne tarde pas à se faire sentir sur la Population :
V : 32 :
Les Juifs se voyant alors complètement enfermés dans la Ville, désespérèrent de
leur salut. La famine qui croissait toujours, dévorait des familles entières. Les
maisons étaient pleines de corps morts de femmes et dʹenfants, et les rues
étaient pleines de cadavres de vieillards. Les jeunes, tout enflés et tout
languissants, allaient dans les places publiques, en chancelant à chaque pas : on
les aurait plutôt pris pour des spectres que pour des êtres humains, et le
moindre obstacle quʹils rencontraient les faisaient tomber. Aussi, ils nʹavaient
pas la force dʹenterrer les morts, et quand même ils leur en serait resté un peu,
ils nʹauraient pu les enterrer, tellement il y en avait, et aussi parce quʹeux‐
mêmes ne savaient pas combien de temps il leur restait encore à vivre.
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Et lorsque quelques uns, malgré tout, essayaient de remplir cette dernière
obligation, ils expiraient presque tous en accomplissant ce devoir de Piété.
Et, quant à ceux qui nʹen mouraient pas immédiatement, une fois quʹils étaient
arrivés au lieu de sépulture, ils étaient si exténués quʹils ne pouvaient plus
bouger, et attendaient, sur place, leur propre mort si proche.
Au milieu dʹune si affreuse misère, on ne voyait pas de pleurs, on nʹentendait
pas de gémissements, parce que cette faim monstrueuse accaparait toute lʹâme
et étouffait tous les autres sentiments. Ceux qui vivaient encore regardaient les
cadavres avec des yeux secs, et leurs lèvres tout enflées et livides faisaient voir
la mort peinte sur leurs visages. Le silence était aussi grand par toute la Ville,
comme si elle eut été ensevelie dans une nuit profonde, ou quʹelle eut été
désertée de tous ses Habitants. Dans une telle détresse, les Zélotes scélérats, qui
étaient les principaux responsables de cette misère, et qui étaient plus cruels
encore que la faim ou que les bêtes les plus sauvages, pénétraient dans ces
maisons devenues des sépulcres, y dépouillaient les morts, leur ôtaient jusquʹà
leur chemise, et, ajoutant le cynisme à une aussi épouvantable inhumanité, ils
perçaient de coups dʹépée les agonisants pour vérifier si leurs épées étaient bien
tranchantes. Et, dans le même temps, avec une cruauté toute contraire, ils
refusaient avec mépris de tuer ceux qui les en priaient, ou de leur prêter leurs
épées pour se tuer eux‐mêmes afin quʹils puissent enfin être délivrés des
souffrances que la faim leur faisait endurer.
Les mourants, en rendant lʹâme tournaient leur regard vers le Temple, le coeur
outré de douleur de voir que tous ces scélérats, qui profanaient le Sanctuaire
dʹune façon aussi abominable, pouvaient continuer à vivre, malgré leurs
sacrilèges.
‐30‐ Pendant que la famine sʹaccroît à un degré poussant à une démence telle que
Flavius Josèphe rapporte lʹanecdote dʹune mère qui fait rôtir son propre enfant pour sʹen
rassasier, lʹArmée de Titus, méthodiquement, met en place toutes les machines ainsi que des
plate‐formes dʹassaut, dont les constructions, sʹajoutant aux travaux des divers Sièges
précédents de Jérusalem, provoquent un désastre écologique irrémédiable dans toute la
Région :
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : VI : 1 :
Cependant, les Romains avaient achevé, en vingt et un jours, leurs nouvelles
plate‐formes dʹassaut, malgré la difficulté quʹil y avait désormais à trouver le
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bois nécessaire à la construction de tels ouvrages. En effet, les Romains avaient
déboisé toute la Région dans un cercle de quatre‐vingt dix stades autour de
Jérusalem (16 kilomètres à la ronde, environ) et jamais une terre ne fut plus
défigurée. Car, au lieu que ce nʹétait auparavant que bois et jardins les plus
agréables du monde, il nʹy restait désormais plus un seul arbre. Et, non
seulement les Juifs, mais même les étrangers, qui avaient pu admirer
auparavant cette si belle partie de la Judée, nʹauraient pu maintenant la
reconnaître, en voyant ces collines pelées qui avaient remplacé les merveilleux
environs verdoyants de cette grande Ville : et la vue de cette désolation
déplorable faisait venir les larmes aux yeux.
‐31‐ Titus, après avoir percé, successivement, la défense du troisième Rempart de la
Ville, puis celle du deuxième Rempart, décide dʹattaquer le Temple, qui représente aux yeux
des Romains le Centre névralgique de la Résistance des Juifs.
Le Temple étant protégé, au nord, par la Citadelle Antonia, cʹest par cette Citadelle que Titus
décide que se fera la conquête du Temple.
Le récit de Flavius Josèphe est très détaillé, mais, dans le même temps, ce récit comporte des
descriptions successives parfois contradictoires.
Aussi, en lʹabsence de croquis ou dʹimages, il est souvent difficile de reconstituer la
topographie précise des reliefs et des lieux où se sont déroulés les différents affrontements
que Flavius Josèphe raconte avec beaucoup de vivacité :
La bataille pour la conquête de la Citadelle Antonia fut très acharnée.
Une fois cette Citadelle conquise, lʹattaque du Temple à partir de cette Citadelle qui le
surplombe, constitua le tournant décisif de cette Guerre.
Chaque pouce de terrain séparant la Citadelle Antonia du Temple fut âprement disputé par
les deux Armées, souvent entremêlées, et luttant, jour et nuit, en un corps à corps, sanglant
et incessant.
Incidemment, à cet égard, si lʹon admettait comme exacte la topographie actuelle des Lieux
qui situe, selon les Archéologues du 19ème siècle, la Citadelle Antonia, en un emplacement
extrêmement réduit, à lʹangle nord‐ouest du Haram‐al‐Sharif, aucun Stratège, qui examine le
déroulement de la Bataille, telle quʹelle est rapporté par Flavius Josèphe, ne pourrait
comprendre pourquoi Titus aurait eu lʹidée, absurde, dʹengager toutes ses forces pour
sʹacharner à conquérir, sous une pluie de projectiles, une minuscule Forteresse, extrêmement
difficile à réduire, et sans aucun intérêt stratégique.
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En effet, entre lʹemplacement ridiculement minuscule, attribué à la Forteresse Antonia par
les Archéologues du 19ème siècle et lʹangle nord‐est du Temple, il y a une vaste étendue où
Titus aurait pu, aisément, faire installer ses plate‐formes dʹassaut, et faire accéder, ainsi
directement, ses Troupes aux Parvis du Temple, sans avoir à affronter la redoutable défense
de la Citadelle Antonia que relate Flavius Josephe.
Aussi, sur le seul plan de la stratégie militaire, on peut, donc, commencer, accessoirement, à
avancer lʹidée que, ni la Citadelle Antonia, ni lʹEnceinte du Temple, ni le Temple lui‐même,
ne pouvaient se trouver aux emplacements, et dans les configurations respectives, que leur
ont assignés, entre autres, les Archéologues du 19ème siècle.
‐32‐ Les Romains, sʹétant finalement rendus maîtres de la Citadelle Antonia qui
surplombe le Temple, la dernière bataille, décisive pour le moral des Habitants de Jérusalem,
ainsi que pour le Destin de la Nation Juive, va sʹengager : la lutte pour le Temple.
Un assaut de nuit est décidé par les Romains, et une bataille confuse sʹengage dans lʹétroit
fossé dʹune centaine de mètres qui sépare la Citadelle Antonia de lʹEnceinte du Temple :
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : VI : 12 :
Les Romains ne trouvèrent pas les ennemis endormis comme ils lʹespéraient :
En effet, les Soldats Juifs du premier corps de garde se lancèrent
immédiatement dans un combat au corps à corps. A leur cri, les Soldats Juifs
qui veillaient à lʹintérieur se précipitèrent également en masse dans la bataille.
Les Romains soutinrent courageusement lʹassaut des premiers rangs et les
nouveaux assaillants Juifs attaquaient indifféremment amis et ennemis.
En effet, lʹidentification par la voix était rendue impossible à cause de la
clameur générale qui noyait tous les sons, et lʹobscurité de la nuit empêchait
dʹidentifier par la vue. De plus, la rage ou la peur conduisaient certains à un tel
aveuglement quʹils frappaient sans distinction tous ceux qui se trouvaient sur
leur chemin. Mais cette impossibilité de se reconnaître causait beaucoup moins
de dommages dans les rangs des Romains, parce quʹils combattaient en groupes
organisés, les boucliers resserrés les uns contre les autres, et, en outre, ils se
servaient du mot de passe qui leur avait été donné pour cet assaut.
Au contraire, les Juifs nʹobservaient aucun ordre dans la bataille, ni en
chargeant, ni en faisant retraite.
Aussi, très souvent, ils se prenaient les uns les autres pour des ennemis, et cʹest
ce qui arrivait, en particulier, à ceux des Juifs qui revenaient vers les leurs après
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avoir attaqué des Romains : ces confusions firent que les Juifs tuèrent eux‐
mêmes plus de Juifs que les Romains dans cette bataille.
Finalement le jour se leva, et la bataille sʹéclaira : chacun se reconnaissant, on
commença à combattre avec ordre, et on put se servir des flèches et des lances.
Ni lʹun ni lʹautre camp ne reculait ni nʹaccusait la fatigue des luttes sanglantes
de la nuit. Les Romains savaient que Titus les observait dʹen haut (de la
Citadelle Antonia) et ils rivalisaient dʹardeur entre eux, dʹhomme à homme,
dʹunité à unité, car chacun savait que cette journée déciderait de leur fortune et
de leur promotion future. Les Juifs étaient animés par lʹimminence du péril où
ils se trouvaient, par lʹappréhension de voir détruire le Temple, et par la
présence de Jean qui exhortait les uns, frappait les autres, et les menaçait tous
sʹils ne se surpassaient pas en combattant.
Ce combat important se fit en grande partie au corps à corps, et son résultat
fluctuait à tous moments car il nʹy avait pas assez dʹespace pour que puisse se
déployer un mouvement décisif ou sʹorganiser un assaut définitif.
La Citadelle Antonia était comme une loge dʹun amphithéâtre, dʹoù Titus et
ceux qui étaient avec lui, observant tout ce qui se passait dans lʹarène,
encourageaient, par des acclamations, le courage des Romains lorsquʹils avaient
lʹavantage, et les exhortaient par des cris à résister ferme lorsquʹils étaient
poussés à la retraite. Enfin la cinquième heure du jour vint terminer ce combat
sans que lʹon pût dire de quel côté avait tourné la victoire.
Les combats deviennent, dès lors, de plus en plus âpres.
Lʹétau Romain se resserre progressivement, et le feu est finalement mis aux Portes et aux
Galeries‐portiques qui protègent les Parvis du Temple : on approche de la Fin.
‐33‐ Selon Flavius Josèphe, lʹHistorien courtisan qui veut présenter une image
flatteuse des Empereurs Flaviens, ou bien selon Flavius Josephe, lʹHistorien Juif authentique,
qui doit ruser avec la censure Impériale pour pouvoir être publié, Titus réunit, alors, un
dernier Conseil de guerre pour décider du Sort du Temple :
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : VI : 23‐24 :
Les Romains avaient déjà mis le feu aux Portes des Parvis du Temple, et cet
embrasement nʹavait pas seulement consumé le bois et fait fondre les lames
dʹargent dont elles étaient recouvertes, mais il sʹétait étendu plus avant et avait
gagné jusquʹaux Galeries‐portiques.
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Les Juifs furent si surpris de se voir ainsi environnés de flammes quʹils
demeurèrent pétrifiés, sans coeur et sans force. Pas un ne sʹavança pour
repousser les Romains ou pour éteindre le feu. Mais, comme si le Temple eut
déjà été réduit en cendres, leur stupéfaction était telle quʹau lieu de sʹactiver à
empêcher le reste de brûler, ils se contentaient dʹadresser des malédictions aux
Romains...
Le lendemain, Titus ordonna dʹéteindre le feu et de dégager un accès le long des
Portiques qui brûlaient encore, afin que lʹArmée puisse sʹavancer avec facilité.
Titus convoqua ensuite un Conseil de Guerre, afin de discuter du sort du
Temple avec ses principaux Chefs, à savoir : Tibère Alexandre qui était son
Chef dʹÉtat‐Major, Sextus Céréalis qui commandait la cinquième Légion,
Largius Lepidus qui commandait la dixième, Titus Frigius qui commandait la
quinzième, Eternius Fronto qui commandait les deux Légions venues
dʹAlexandrie, et Marc‐Antoine Julien, Gouverneur de Judée, ainsi que quelques
autres Responsables.
Les uns furent dʹavis dʹappliquer la Loi de la Guerre, car, disaient‐ils, tant que
ce Temple subsistera, les Juifs sʹy rassembleront toujours de tous les coins du
monde et ne cesseront jamais de se révolter.
Dʹautres émirent lʹavis de ne pas fixer comme objectif de le détruire, si les Juifs
se rendaient et déposaient les armes, mais que, par contre, il faudrait le détruire,
si des Juifs sʹy réfugiaient comme dans une Forteresse pour continuer à résister.
Après quʹil ait écouté chaque opinion, Titus déclara que bien que les Juifs se
servaient effectivement du Temple comme dʹune Place de Guerre, il ne serait
pas juste de se venger sur des choses inanimées des fautes commises par les
hommes, et de détruire un Ouvrage qui constituerait un digne et bel ornement
pour lʹEmpire Romain.
Personne ne pouvant plus alors douter de ses intentions, Alexandre Tibère,
Céréalis et Fronto abondèrent dans son sens. Le Conseil de Guerre fut levé et
Titus ordonna que lʹon fît reposer toutes les Troupes, afin quʹelles soient prêtes
pour lʹAssaut final...
‐34‐ La version de ce Conseil de Guerre, extrêmement flatteuse pour lʹEmpereur
Titus, sur le plan de sa tolérance Religieuse et de son souci de préserver les Oeuvres dʹart,
nʹest pas corroborée par dʹautres renseignements dont lʹon dispose sur cette Décision
capitale et sur son arrière‐plan Historique.
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Selon cette version, présentée par Flavius Josèphe, Titus, aurait, ainsi, voulu, en dépit des
risques de la Guerre, respecter la Religion Juive au travers de son Temple :
Mais, malgré cette Décision bienveillante prise par Titus en faveur de la sauvegarde du
Temple, un accident provoqué par lʹinitiative isolée dʹun soldat Romain aurait, seul,
provoqué lʹincendie du Temple et sa destruction finale.
Cette version des faits ne résiste pas à un examen approfondi, et elle est contredite par
plusieurs séries de Constatations :
‐A‐/ Celles qui ressortent des renseignements donnés par Flavius Josèphe lui‐même dans ses
différents ouvrages.
‐B‐/ Le sort qui fut réservé aux Reliques Religieuses du Temple, à la Nation Juive et à la
Diaspora, par les Empereurs Flaviens, après la destruction du Temple.
‐C‐/ Lʹattachement des Empereurs Flaviens au Culte Païen et à la Divinisation de lʹEmpereur,
ce qui exclut, assez radicalement, la tolérance éventuelle dʹun foyer du Culte Monothéiste
dans lʹEmpire.
‐D‐/ Les témoignages dʹautres Historiens, dont, en particulier et par exemple, pour les
Païens, ceux de Tacite, de Dion Cassius, de Philostrate, et, pour les Chrétiens, ceux dʹOrose
et de Sulpice Sévère.
Pour ce qui concerne les témoignages des Historiens Chrétiens, même si lʹon ne peut les
abstraire dʹune inspiration Apologétique, ils pourraient, néanmoins, avoir été basés, par
exemple, sur la partie de lʹoeuvre de Tacite qui a disparu, ou sur dʹautres Documents qui
nʹont pas subsisté.
‐E‐/ Les témoignages de la Littérature Rabbinique.
Pour ce qui concerne ces derniers témoignages, on peut, évidemment, contester, avec raison,
que les Juifs nʹavaient pas assisté à ce Conseil de Guerre, présidé par Titus.
On peut, néanmoins, remarquer, sur ce sujet, que le Chef dʹÉtat‐Major, Alexandre Tibère,
était, certes, un Juif Apostat, mais quʹil avait, probablement, conservé quelques attaches avec
des membres de sa famille dʹAlexandrie, restés Juifs.
Par ailleurs, le roi Agrippa II, et surtout sa soeur‐concubine, Bérénice, cultivaient des liens
privilégiés avec Titus, celui‐ci étant lʹamant de Bérénice.
Agrippa II et Bérénice furent totalement pro‐Romains, et Bérénice a même rêvé dʹépouser
Titus, et de devenir, ainsi, Impératrice de Rome.
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Par ailleurs, le frère et la soeur ont assisté, tous deux, à la destruction de Jérusalem, au
massacre de centaines de milliers de Juifs, à la disparition du Temple, et à la transformation
de centaines de milliers de Juifs en esclaves, ou en bêtes de cirque sacrifiées, sous leurs
propres yeux, au cours de Jeux Sacrés sanguinolents.
Mais, malgré tout cela, il est, éventuellement, possible quʹune partie de leur sang
Hasmonéen, venue des premiers Macchabées, les ait incités, plus tard, à faire quelques
confidences à des Rabbins, qui auraient, ainsi, pu initier une Tradition Rabbinique, assez
authentique, attribuant à Titus la volonté délibérée et préméditée de faire disparaître le
Temple.
Et cela, contrairement à la Version officielle de la Cour Impériale des Flaviens, en quête
dʹune réputation de tolérance, de pondération et de recherche de la Paix.
Finalement, les Rabbins Pharisiens, rescapés de Jérusalem, tels Yohanan ben Zaccaï,
demandaient à leurs compatriotes, avant la capture de la Ville, de cesser leur résistance sous
peine de voir le Temple incendié par les Romains (Avot de Rabbi Nathan I : 4 ou II : 6).
Cet avertissement dénote que les Juifs modérés étaient conscients que la confrontation était
arrivée à un tel paroxysme de haine réciproque que la Prise de Jérusalem déboucherait
fatalement sur la Disparition du Temple.
‐35‐ La Décision, ou la non‐Décision, de faire disparaître le Temple des Juifs,
constitue un élément suffisamment important dans lʹHistoire des relations entre lʹIdéologie
Païenne et lʹIdéologie Juive, pour qu’il puisse permettre dʹen révéler les motivations
profondes et dʹen démonter les mécanismes dʹintervention.
Aussi, un examen approfondi de ces différents arguments, peut aider à mieux plonger dans
la Réalité de ce Conflit essentiel, et à restituer, une certaine Vérité, débarrassée de ses faux‐
semblants de propagande et de ses ambiguïtés de compromission.
De la sorte, il est plus aisé de mettre à nu, un Événement capital, qui allait affecter pour deux
Millénaires, le Destin du Peuple Juif et le Destin du Site de son Temple.
‐36‐ ‐ Les témoignages de Flavius Josephe ‐ :
Flavius Josèphe était un Historien reconnu à la Cour Impériale des Flaviens. Il se doit de
véhiculer une image de marque qui, dʹune part, convienne aux Empereurs Flaviens
successifs, Vespasien, Titus et Domitien, et, dʹautre part, ne nuise pas à la Politique Romaine,
visant à sauvegarder lʹOrdre et la Paix à travers lʹEmpire.
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Flavius Josèphe : Autobiographie: : 363 :
LʹEmpereur Titus voulut quʹon ne répande, dans le Public, les récits de ces
événements (ʺGuerre des Juifs contre les Romainsʺ) que dʹaprès mes seuls Livres, à
tel point que lʹEmpereur les parapha de sa propre main, et en ordonna le
Publication.
Mais, malgré les interdits dʹune Censure aussi explicite, Flavius Josèphe a su transmettre
dans son oeuvre, certains messages, irrépressibles en quelque sorte, de la Vérité Historique.
Les moyens privilégiés, que Flavius Josèphe utilise pour parvenir à transmettre lʹexpression
de cette Vérité, sont, par exemple, certains Discours, au travers desquels lʹHistorien annonce,
ou commente, les véritables versions des Événements, alors que ceux‐ci sont présentés, par
ailleurs, dʹune façon baisée, ou officielle, aux fins de construire et de consolider lʹimage que
les Empereurs Flaviens souhaitaient voir diffuser.
Les moyens de contourner cette Censure Impériale peuvent, également, se trouver dans
certaines descriptions précises dʹÉvénements, dont la force évocatrice contredit,
radicalement, le récit dʹépisodes antérieurs, au travers desquels une image extrêmement
glorifiante avait été conférée à la Personnalité de lʹEmpereur Titus.
Pour ce qui concerne les Discours, il sʹagit, en grande partie, de Discours prononcés par des
Juifs, partisans dʹune solution négociée avec les Romains, tels ceux prononcés par Titus, par
le Roi Agrippa II, par des Grands‐Prêtres ou Présidents du Sanhédrin, ou par Flavius
Josèphe lui‐même, Plénipotentiaire de Titus, lorsquʹil sʹadresse dʹun lieu élevé en criant aux
Juifs rassemblés sur les remparts de Jérusalem. Or, la plupart de ces Discours laissent
entendre, ou annoncent clairement que les Romains feront disparaître le Temple, si la
résistance opiniâtre et irréaliste des Zélotes Juifs perdure. Voici, entre de nombreux
exemples, un extrait dʹune Harangue de Flavius Josèphe, qui adjure les Juifs de se soumettre
aux Romains, afin dʹéviter le pire, et dʹépargner leur Ville et le Temple :
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : V : 26 :
Quittez les armes ! Ayez le coeur atteint de douleur de voir votre Patrie réduite
à une si horrible extrémité : Ouvrez les yeux pour contempler la beauté de votre
Ville, la magnificence de ce Temple, la richesse incomparable de tous les dons
qui y furent offerts à Dieu, et qui proviennent de tous les coins de la terre, et
concevez enfin lʹhorreur que sera leur pillage !
Considérez que la ruine inéluctable de ce Temple ne pourra être attribuée quʹà
vous seuls, puisque ce sera votre seule résistance qui, tel un flambeau
incendiaire, aura mis le feu au Sanctuaire, et réduit en cendres lʹEndroit au
Monde qui était le plus digne dʹêtre préservé.
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Lorsque les Romains apprennent que dans Jérusalem affamée une mère a mangé son propre
enfant, Titus y voit une justification, quasi‐Divine, de sa mission devant conduire à
lʹanéantissement futur de Jérusalem et de son Temple :
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : VI : 21 :
Les Romains apprirent bientôt lʹhistoire de cet enfant sacrifié par sa propre
mère à son désir de survivre. Quelques‐uns ne pouvaient la croire, certains
furent touchés de pitié, mais, pour le plus grand nombre des Romains, elle
attisa davantage la haine farouche quʹils nourrissaient à lʹencontre des Juifs.
Titus, pour se justifier devant les Dieux à cet égard, proclama hautement quʹil
avait offert aux Juifs une amnistie de leurs fautes passées sʹils acceptaient de se
soumettre. Mais comme ils avaient préféré la révolte à lʹobéissance, la guerre à
la paix, la famine à lʹabondance, et quʹils avaient été les premiers à allumer, de
leurs propres mains, les flammes qui allaient incendier le Temple, quʹil sʹétait
efforcé, quant à lui jusquʹalors, de préserver de la destruction, les Juifs sʹétaient
attirés, de la sorte, le châtiment de manger une nourriture aussi infâme.
Aussi, ajouta Titus, il veillerait soigneusement à ensevelir cet horrible crime
sous les ruines de toute la Ville, afin que le Soleil, en faisant le tour de la Terre,
ne soit pas obligé de dissimuler ses rayons à la vue de lʹhorreur dʹune Cité, où
les mères osaient se nourrir de la chair de leurs propres enfants.
‐37‐ Sur les intentions réelles de Vespasien, et de ses fils, Titus et Domitien, à lʹégard
des Juifs, on dispose de plusieurs sortes dʹindications assez nettes :
‐A‐/ Philostrate, un Auteur Sophiste, qui écrivit au début du troisième siècle EC, une
biographie de Apollonius de Tyane, Philosophe mystique et Pythagoricien du premier siècle
EC, rapporte que celui‐ci eut des conversations avec Vespasien à Alexandrie, après que le
Général Romain ait été proclamé Empereur par les Légions, et avant quʹil parte à Rome,
pour y être consacré Empereur. Titus se trouvait également à Alexandrie à cette période.
Lors dʹun entretien avec Vespasien, un collègue dʹApollonius de Tyane, Euphrate, met en
valeur le Paradigme antique, cultivé par les Païens à lʹencontre des Juifs :
Philostrate : Vie dʹAppolonius de Tyane : 5 : 33 :
ʺLes Juifs sont depuis longtemps en révolte non seulement contre les Romains
mais contre lʹHumanité toute entière.
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Aussi cette Race, qui a construit une existence à lʹécart de tous les autres
Peuples, totalement inconciliable avec leurs modes de vie, ne peut partager,
avec lʹensemble de lʹHumanité, ni les plaisirs de la table, ni les libations, ni les
Prières, ni les Sacrifices. Aussi, les Juifs forment un Peuple qui est séparé de
nous par un abîme plus grand que celui qui nous sépare des Peuples de Suse,
de Bactra ou des Indes lointaines...
‐B‐/ Il semble assez évident que, si Titus avait eu le respect du Sanctuaire Juif, que lui
attribue Flavius Josèphe, il nʹaurait pas ordonné sa destruction totale, après un incendie
prétendument accidentel.
Il nʹen aurait pas non plus fait massacrer tous les Prêtres, comme il lʹa ordonné.
Et il nʹaurait pas, non plus, commis le sacrilège de rapporter à Rome, pour les placer dans le
Temple Païen, lors de la Cérémonie de son Triomphe, les Objets les plus Sacrés du Culte Juif
qui avaient été saisis par les Romains dans le Temple de Jérusalem, tels que le Chandelier à
sept branches, ou la Table des propositions, qui furent, par exemple, représentés dans un
bas‐relief célébrant lʹévénement sur son Arc de Triomphe.
‐C‐/ Par ailleurs, pour restituer pleinement le climat dans lequel se fit la destruction du
Temple, il faut noter que toute lʹArmée Romaine, ainsi que les différents corps des
Auxiliaires Païens, Égyptiens, Syriens, Grecs, etc. attendaient, avec convoitise et impatience,
de pouvoir, enfin, piller Jérusalem et son Temple, célèbres, dans lʹAntiquité, pour les
richesses que lʹon disait y avoir été accumulées et cachées.
Et Titus, en Général Romain efficace, savait que, après la discipline et la combativité sans
faille quʹil avait su maintenir tout au long du Siège de Jérusalem, il lui faudrait offrir aux
Guerriers valeureux les prix de leur Victoire : à savoir principalement, le partage des
richesses de la Ville conquise, lʹappropriation dʹune partie des vaincus transformés en
esclaves, et le viol des femmes de la Cité.
‐D‐/ Pour quʹil nʹy ait pas de doute sur le malheur de la Nation Juive, Vespasien fit frapper
une Pièce de monnaie montrant une captive Juive, prostrée et pleurant devant un
Légionnaire Romain en armes et triomphant, avec comme inscription ʺJudea Captaʺ, cʹest à
dire, Judée Captive (ou Soumise).
‐E‐/ Lʹune des marques les plus évidentes du mépris réel que Titus et Vespasien eurent pour
la Religion Juive et son Temple, ainsi que leur ferme détermination à réduire définitivement
cette ʺSuperstition barbareʺ, est le Décret Impérial qui abolit lʹannuelle contribution
Millénaire que tout Homme Juif dans le monde devait offrir au Sanctuaire depuis Moïse.
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En effet, ce Décret Impérial obligea, désormais, chaque Juif à verser cette même contribution
annuelle, non plus au Temple de Jérusalem disparu, mais au Temple Sacré de Jupiter
Capitolin à Rome.
Et, de plus, ce nouvel impôt, exigible dans tout lʹEmpire, appelé ʺFiscus Judaicusʺ, concernait
tous les Juifs sans exception, de tout âge, et des deux sexes, ainsi quʹen attestent, des
Inscriptions préservées, tel que, par exemple, le Papyrus Arsinoë.
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : VII : 27 :
LʹEmpereur ordonna que tous les Juifs, en quelque lieu quʹils habitent dans
lʹEmpire, paieraient désormais chacun, annuellement deux Drachmes au
Temple du Capitole, exactement de la même façon quʹils les payaient
auparavant au Temple de Jérusalem.
Cette Contribution annuelle au Sanctuaire des Juifs, qui avait été édictée par Moïse, en
Deutéronome 14 : 25, sʹétait, en effet, antérieurement, transformée, au fil du temps, pour ceux
qui ne pouvaient se rendre au Temple de Jérusalem, en un versement unitaire de deux
Drachmes par an, pour chaque Juif, en quelque endroit quʹil réside.
Et lʹon peut prendre toute la mesure sarcastique de lʹimpact Sacrilège qui fut délibérément
imposé aux Juifs, avec cet impôt qui était un acte Religieux, destiné à leur Temple détruit, et
quʹil leur fallait, désormais, verser au Temple de Jupiter à Rome.
‐38‐ La nouvelle Dynastie des Empereurs Flaviens, fondée par Vespasien, ne
disposait pas de la légitimité Héréditaire Julio‐Augustienne, comme les Empereurs
précédents.
Aussi, Vespasien et ses fils avaient dʹautant plus besoin du Culte Païen et de son Concept
fondateur et unificateurde la Divinisation de lʹEmpereur, pour consolider et perpétuer leur
Pouvoir.
Cette adhésion intime des Flaviens au Culte Païen est, par exemple et entre autres, illustrée
par les différentes démarches entreprises par Vespasien dans les Temples Païens, par son
soin apporté à la reconstruction et à la Déification du Capitole, par son attachement aux
Rites Païens qui lui fit, entre autres, construire le gigantesque Colisée, destiné aux Jeux
Sacrés, et par son souci constant de préserver, et de conférer, au Centre Religieux Polythéiste
de Rome toute son intégrité et toute sa suprématie.
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De la même façon, lorsque après la destruction du Temple de Jérusalem, le Temple de la
Paix fut dédié à Rome, dans lequel furent placés les Trophées du Culte Juif, dont le
Chandelier à sept branches, Vespasien fit construire, sur la Voie Sacrée, un Colosse dʹune
trentaine de mètres de haut, représentant, très vraisemblablement, son fils Titus, dont les
Oracles et lui‐même affirmaient, sans cesse, quʹil serait son Successeur.
Dion Cassius : Histoire Romaine : (Épitomé) : 65 : 15 :
Sous le sixième consulat de Vespasien et le quatrième consulat de Titus, le
Temple de la Paix fut dédié, et le Colosse fut érigé sur la Voie Sacrée. Certains
disent que cette Statue monumentale représentait Néron, mais les autres disent
que la Statue représentait Titus.
A cet égard, il convient de rappeler quʹune Statue ou Image dʹun Empereur comportait
toujours une connotation Religieuse et Rituelle.
Cʹest, entre autres, cette constante Dévotion de Vespasien au Culte Polythéiste qui lui valut,
à sa mort, dʹêtre divinisé, alors que, jusquʹà son accession au Trône, cette Divinisation
Impériale avait été réservée aux seuls Descendants des Dieux César et Auguste.
Et, en cultivant cette même Dévotion au Culte et aux Rites Païens, Titus fut, également,
divinisé à sa mort, après avoir succédé à son père.
Aussi, lʹon peut concevoir quʹune telle ambition, secrète mais démesurée, ne fut pas
entièrement étrangère à la décision prise par Titus, ou par Titus et par Vespasien, de détruire
le Temple des Juifs qui, seuls, dans tout lʹEmpire Romain, niaient, avec obstination, la
Nature Divine de lʹEmpereur Romain.
Finalement, on peut ajouter, dans ce même registre, que le fils cadet de Vespasien, et frère de
Titus, Domitien, qui devait leur succéder, poussa à son extrême limite lʹIdéologie Religieuse
de la famille des Flaviens, puisque, lorsquʹil fut devenu Empereur à son tour, il voulut être
Divinisé, de son vivant‐même, tout comme Caligula lʹavait exigé, en son temps.
‐39‐ Les témoignages des divers Historiens, Païens et Chrétiens, rendent également
compte, sans ambiguïté, de cette volonté, implicite ou explicite, de Titus de détruire
complètement le Temple des Juifs, et vont, unanimement, à lʹencontre de la thèse peu
convaincante, exposée seulement par lʹHistorien de Cour, Flavius Josèphe, et tendant à
disculper Titus sur ce point capital.
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‐A‐ Pour ce qui concerne la partie conservée de lʹoeuvre de Tacite, la volonté de Titus de
détruire le Temple ne peut être que déduite du fait que Tacite semble, par exemple, regretter
que Pompée nʹait pas procédé à une telle destruction, lors de sa Prise de Jérusalem, cent
cinquante ans auparavant.
‐B‐ Dion Cassius est plus explicite, et présente une version selon laquelle Titus aurait dû
user de toute son autorité pour que les Soldats Romains, effrayés dʹabord à lʹidée dʹun tel
Sacrilège, décident finalement de lui obéir, et attaquent et incendient le Temple.
Cette version est toutefois fort peu vraisemblable car les Soldats Romains et leurs Auxiliaires
étaient de toute évidence extrêmement avides de se ruer dans le Temple afin dʹy rechercher
les trésors quʹils y supposaient cachés. Et, par ailleurs, leur haine des Juifs et leur mépris, de
ce qui leur apparaissait comme une superstition anti‐Païenne, nʹétaient tempérés par aucune
sorte de considération Politique ou Religieuse, éventuelle.
Aussi, la version, présentée par Dion Cassius, relève plutôt dʹun parti de Théâtralisation de
lʹHistoire. Néanmoins, cette dramatisation rend compte, avec une vigueur amplifiée, de
réalités historiques, telle que, par exemple, celle de la réelle Décision prise par Titus de
détruire le Temple, ainsi que du sentiment, apparemment étrange, des Juifs, quʹune page se
tournait par laquelle le Temple devrait être détruit.
Dion Cassius : Histoire Romaine : (Epitomé ): 65 : 6 :
Les Juifs, de cette façon, non seulement endommagèrent les murs de lʹEnceinte
du Temple mais incendièrent également les défenses qui entouraient le
Sanctuaire, si bien quʹun accès dégagé se trouva désormais ouvert aux Troupes
Romaines.
Néanmoins, les Soldats, retenus par une crainte superstitieuse, nʹosèrent pas sʹy
précipiter immédiatement. Mais, finalement, sur les injonctions impératives de
Titus, ils finirent par pénétrer dans le Sanctuaire. Alors, les Juifs se défendirent
avec encore plus de vigueur quʹauparavant, comme sʹils étaient heureux dʹavoir
trouvé lʹoccasion de se battre pour défendre le Temple et de mourir pour Lui.
La Population Juive se tenait en dessous, les membres du Sanhédrin sur les
marches, et les Prêtres dans le Sanctuaire lui‐même. Et, bien quʹils ne fussent
désormais quʹune poignée à combattre un ennemi de très loin supérieur en
nombre, les Juifs ne purent être vaincus que lorsque le Temple commença à
brûler. Alors, ils se précipitèrent pour rechercher la mort, certains se jetant sur
les épées des Romains, dʹautres se poignardant les uns les autres, dʹautres se
tuant eux‐mêmes, et dʹautres encore sautant dans les flammes du brasier.
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Et il apparut à tout le monde, et spécialement aux Juifs, que bien loin dʹêtre une
destruction, cʹétait pour eux, une véritable victoire, une délivrance, un bonheur
suprême de pouvoir disparaître corps et âme avec leur Temple.
‐C‐ On dispose également, peut‐être, dʹun renseignement de première main, avec la
Citation, datant de 180 EC environ, faite par un Apologiste Chrétien, Minucius Felix, dʹune
oeuvre dʹAntonius Julianus, qui semble avoir été le Procurateur de Judée, désigné par
Vespasien.
Aussi, à ce titre, Antonius Julianus aurait vraisemblablement participé au Conseil de Guerre,
présidé par Titus, pour décider du sort de Jérusalem et de son Temple.
Par ailleurs, il se pourrait que lʹoeuvre de cet Antonius Julianus, Officier de Titus, aurait
constitué lʹune des sources disparues du récit de la Guerre de Judée, qui fut rédigé par
Tacite, et dont une partie seulement nous est parvenue.
Selon ce témoignage dʹAntonius Julianus, les Juifs auraient été avertis que leur Temple serait
détruit sʹils persistaient à résister à Titus :
Minucius Felix : Octavius 33 : 4 :
(Si vous voulez avoir la preuve que les Juifs, par leur mauvaise conduite, ont été
les véritables auteurs des maux quʹils ont soufferts) relisez leurs Écrits, ou, si
vous préférez, les Auteurs Romains, sans parler des Auteurs anciens,
recherchez (les Livres de Flavius Josèphe : texte incertain) ou les Livres
dʹAntonius Julianus sur les Juifs :
Vous y verrez que cʹest par leur perversité quʹils se sont attirés cette Destinée et
quʹil ne leur est rien arrivé, qui ne leur ait été prédit et annoncé dʹavance, sʹils
persévéraient dans leur obstination.
‐D‐ Les Historiens Chrétiens des premiers siècles furent des Érudits dont les Sources sont
tant Païennes que Chrétiennes. Leurs intentions Apologétiques sont évidentes et
revendiquées. Mais, il se pourrait, également que, outre le recours à diverses Sources
inconnues, certains Historiens Chrétiens aient pu disposer de la partie du récit de Tacite qui
a disparu.
En tout cas, les oeuvres de certains Historiens Chrétiens rendent compte, dʹune façon
détournée, du sentiment populaire inconscient, qui sʹétait répandu chez les Juifs, avant la
Prise de Jérusalem par Titus, dans certaines couches sensibles de la Population de Jérusalem
qui sentaient que le Temple, construit par Hérode, avait perdu son caractère Sacré et était
donc condamné à être détruit.
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En effet, les Chrétiens, pour leur part, avaient pu remplacer le vide ressenti devant ce
Temple factice, grâce au Christ, qui incarnait désormais, par lui‐même, le Temple de
Jérusalem, dʹabord désacralisé, puis condamné, et finalement disparu.
Parmi ces Historiens Chrétiens, Sulpice Sévère et Orose, au 4ème siècle EC, furent, tous
deux, contemporains de Jérôme et dʹAugustin, dont ils furent les amis et/ou les disciples.
Leur récit fournit quelques renseignements complémentaires sur la façon dont fut prise, par
Titus, la Décision de détruire le Temple :
Orose : Histoires contre les Païens : Livre 7 : 4‐7 :
Titus, pour sa part, encerclant les Juifs dans Jérusalem, réussit enfin à faire une
brèche dans les murs de la Cité, grâce à des engins de siège et à des machines
de guerre de toutes sortes, mais non sans avoir subi de lourdes pertes.
Et, pour pouvoir pénétrer dans la fortification intérieure du Temple que
défendait une foule de Prêtres et dʹhommes de premier rang qui sʹy étaient
retranchés, il lui fallut encore plus de force et de temps. Néanmoins, après avoir
conquis le Temple, Titus en admira lʹouvrage et lʹancienneté et se demanda
longuement sʹil le brûlerait, parce quʹil constituait une menace permanente de
sédition, ou sʹil le conserverait pour témoigner de sa victoire.
Mais, au moment où lʹÉglise de Dieu germait déjà de manière féconde à travers
le Monde entier, ce Temple, épuisé par lʹenfantement, pour ainsi dire, et vide, et
qui ne pouvait servir à rien de bon, devait disparaître, en vertu dʹune Décision
Divine. Cʹest pourquoi, Titus, proclamé Empereur par lʹArmée, incendia et
détruisit le Temple de Jérusalem, qui, depuis le jour de sa première Fondation
jusquʹau jour de son ultime Destruction, avait duré deux mille cent deux ans.
Titus rasa jusquʹau niveau du sol tous les remparts de la ville.
Cornelius (Tacite) et Suétone rapportent que six cent mille Juifs périrent dans
cette Guerre. Quant au Juif, Josèphe, qui avait été lʹun des Chefs de cette Guerre
et qui avait bénéficié du pardon et de la faveur de Vespasien pour lui avoir
prédit quʹil deviendrait Empereur, il écrit que un million cent mille Juifs
périrent par les armes ou par la faim. Quant aux survivants, soumis à des sorts
variés, ils furent dispersés dans le monde entier : leur nombre était environ de
quatre vingt dix mille, dit‐on.
Aux fins Apologétiques également, Sulpice Sévère applique une certaine distorsion à
lʹHistoire, en mettant en scène, dans la Chute de Jérusalem, les Pharisiens à la place des
Zélotes :
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En effet, à lʹépoque de Sulpice Sévère, dʹâpres polémiques opposent encore les Théologiens
de lʹÉglise Chrétienne naissante aux Docteurs et Rabbins de la Loi Juive, héritiers des
Pharisiens et de leurs Écoles.
Sulpice Sévère : Chroniques : II : 30 : 3‐4 :
Les Pharisiens résistèrent (contre lʹassaut des Romains) quelque temps, avec
tout lʹacharnement possible pour défendre le Temple, jusquʹà ce que, sʹétant
résolus dans leur coeur à mourir, ils allèrent se jeter dans le brasier allumé sous
eux. Le nombre des victimes Juives, à ce que lʹon rapporte, atteignit un million
cent mille, et il y eut cent mille prisonniers réduits en esclavage.
On rapporte que Titus, ayant réuni son Conseil, sʹétait dʹabord demandé sʹil
fallait détruire un Temple dʹune telle grandeur. Certains émirent lʹavis quʹil ne
fallait pas raser un Édifice Sacré dont lʹéclat surpassait toutes les réalisations
humaines et dont la conservation porterait témoignage de la modération des
Romains, alors que sa destruction porterait témoignage de leur cruauté.
Mais dʹautres, au contraire, et Titus lui‐même, étaient dʹavis quʹil fallait
absolument faire disparaître ce Temple, pour que fut définitivement anéantie la
Religion des Juifs et des Chrétiens. Car ces deux Religions, bien que
antagonistes, ont les mêmes racines, les Chrétiens étant issus des Juifs. Aussi,
disaient‐ils, une fois la racine arrachée, son rejeton périra également. Ainsi, de
par la Volonté de Dieu, les esprits sʹenflammèrent, et le Temple fut démoli, il y a
de cela trois cent trente et un ans.
‐40‐ Pour ce qui concerne les témoignages de la Littérature Rabbinique, il ne fait
aucun doute, pour les Sages, que Titus (appelé souvent Vespasien) a délibérément détruit le
Temple.
Et, de surcroît, cette destruction volontaire est accompagnée dʹune profanation sacrilège et
provocatrice : Titus, fils dʹun Empereur qui sera Divinisé, et lui‐même futur Empereur Divin,
sʹest attaqué, dans la certitude de sa Supériorité, à un soi‐disant Dieu Unique issu dʹune
ʺsuperstition barbareʺ, quʹil entend éradiquer définitivement.
La version du Conseil de Guerre qui décida de la Destruction du Temple, telle quʹelle est
présentée par la Littérature Rabbinique, repose, peut‐être, sur des conversations ultérieures
tenues, par exemple, entre le Chef dʹÉtat‐Major de Titus, lʹapostat Tibère Alexandre, et des
membres de sa famille, restés Juifs.
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Dans la Littérature Rabbinique, Tibère Alexandre est appelé Amgar, Duc dʹÉgypte :
Ce Chef dʹÉtat‐Major de Titus, Juif dʹorigine, en accord avec les Romains et leurs Auxiliaires
Grecs, Arabes et Syriens, préconise, lui aussi, la Destruction du Temple, paradoxalement
pour le bien des Juifs, car, argumente‐t‐il avec Yohanan ben Zaccaï qui, dans cette version
légendaire, assiste également à ce Conseil de Guerre, tant que le Temple subsistera, les Juifs
seront toujours persécutés par les autres Nations.
Cette argumentation, formulée explicitement par le Duc dʹÉgypte, constituera, entre autres,
lʹune des raisons implicites du désintérêt des Rabbins Pharisiens, concernant le Site du
Temple, lors des premiers siècles de formation de la Littérature Rabbinique.
On trouve cette Discussion, par exemple, dans Lamentations Rabba qui est un Midrach
Aggadique commentant le Livre des Lamentations (attribué à Jérémie).
Ce Midrach, dans ses considérations allégoriques, associe, comme la plupart des Récits
Aggadiques ou Pseudépigraphiques, et selon la loi des maillons indissociables de la Chaîne
des Traditions Orales, la Destruction du premier Temple par Nabuchodonosor à la
Destruction du troisième Temple par Titus :
Lamentations Rabba : 1 : 5 :
Vespasien (Titus) avait avec lui quatre Ducs :
le Duc dʹArabie (les Auxiliaires Arabes) le Duc de Phénicie (les Auxiliaires
Grecs et Syriens) le Duc de Palestine (lʹArmée Romaine) et le Duc dʹÉgypte (le
Chef dʹÉtat‐Major, Tibère Alexandre)...
Les Ducs sʹexprimèrent par paraboles :
ʺ Si lʹon a une Tour (le Temple) où est logé un Serpent (les Juifs rebelles), que
faut‐il faire ? ‐ On prend une épée et on tue le serpent.ʺ
Amgar (Duc dʹÉgypte) déclara :
ʺPas du tout ! On détruit la Tour, et on tue le Serpent.ʺ
ʺSi lʹon a un Pot (le Temple) où est logé le Serpent (les Rebelles Juifs) que faut‐il
faire ? ‐ On prend une épée, on tue le Serpent, et on préserve le Pot.ʺ
Amgar déclara :
ʺOn tue le Serpent, et on brise aussi le Pot.ʺ
Rabban Yohanan ben Zaccaï dit : ʺAu lieu de plaider notre Cause (comme
devrait le faire un Juif dʹorigine) tu te dresses contre nous !ʺ
Amgar répondit alors :
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ʺSur ma vie, cʹest pour votre bien, car tant que ce Temple existera, tous les
Royaumes viendront vous attaquer !ʺ
Rabban Yohanan ben Zaccaï répondit :
ʺTon coeur seul sait si tu es sincère ou hypocrite...ʺ
‐41‐ Cʹest particulièrement dans les développements Aggadiques des Midrachim
(Commentaires Rabbiniques de Textes de la Bible) que lʹon trouve des Récits mettant en
scène la Destruction du Temple par Titus.
Ces Récits légendaires ont, pour la plupart, été consignés par écrit à partir du quatrième
siècle EC, par les Amoraïm, (Rabbins ayant commenté les Règles de la Tradition Orale, mises
par Écrit par les Tannaïm).
Néanmoins, quelques uns de ces Textes Aggadiques ont vraisemblablement été rédigés,
auparavant, par les Tannaïm (Docteurs de la Loi ayant codifié puis rédigé les Règles
transmises par la Tradition Orale).
LʹAvot de Rabbi Nathan est un Commentaire Aggadique spécifique du Traité Avot de la
Mishnah. Il a vraisemblablement été rédigé entre le troisième et le quatrième siècle EC, et il
contient quelques passages légendaires concernant la Destruction du Temple par Titus.
Dans la présentation de ces événements funestes, les Romains raisonnent comme le feraient
des Juifs, mais Titus ne redoute aucun interdit et sʹarroge un comportement blasphématoire
et provocateur.
LʹAvot de Rabbi Nathan a été transmis sous la forme de deux Versions, lʹune figurant en
annexe du Talmud de Babylone, et lʹautre étant éditée comme un Ouvrage indépendant.
Nous présentons les extraits de ces deux Versions, qui illustrent, plus particulièrement, une
certaine forme de rapports entre la Littérature Aggadique et lʹHistoire :
Avot de Rabbi Nathan : 7 :
Les Romains détruisirent tout Jérusalem jusquʹà ce quʹils parviennent au
Temple. Lorsquʹils arrivèrent en vue du Temple, ils se dirent les uns les autres :
ʺQui peut oser affronter la présence du Lion dans son repaire ? Nʹy a t‐il pas là,
Celui qui a tué le Pharaon et ses Guerriers ? Nʹy a‐t‐il pas là, Celui qui tua Sisera
et Sennacherib (Général et Roi qui furent ennemis des Juifs et qui moururent
ignominieusement) ainsi que toutes leurs Armées ? Nʹy a‐t‐il pas là, Celui dʹoù
jaillissent étincelles et flammes qui consument les corps après les avoir
dénudés? Qui osera y entrer le premier ?ʺ
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Il y avait avec les Romains un homme malfaisant, Titus, fils de la femme de
Vespasien, qui y pénétra avec défi, illustrant, de la sorte, le texte : ʺLʹhomme
malfaisant prend un air sûr de lui.ʺ (Proverbes 21 : 29).
Bien plus, Titus tira son épée et fendit, en le déchirant, le Rideau (Sacré du
Temple qui sépare le Lieu Saint du Lieu Très Saint) confirmant ainsi ce que dit
lʹÉcriture : ʺTête baissée, il part à lʹassaut contre Dieu, Protégé par son seul bouclier.ʺ
(Job : 15 : 26).
Bien pire encore, il traîna une prostituée jusque dans le Lieu Très Saint, et là, il
se mit à blasphémer, maudire, injurier dʹune façon abominable et à cracher sur
LʹÉternel, en jurant : ʺAlors le voilà, Celui dont on dit quʹil a tué Sisera et
Sennacherib. Et bien me voilà, moi, dans Sa Demeure ! Et sʹIl a quelque Pouvoir
que ce soit quʹIl ose venir pour mʹaffronter !ʺ
Cela advint pour accomplir les Écritures qui disent : ‐ Alors il leur demandera :
ʺOù sont les Dieux auprès desquels vous cherchiez refuge et que vous nourrissiez de
sacrifices dʹanimaux...?ʺ (Deutéronome : 32 : 37‐38).
Rabbi Hanan sʹexclame : ʺSeigneur Dieu de lʹUnivers, qui peut être aussi Puissant
que Toi, lʹÉternel ?ʺ (Psaumes 89 : 9) Tu es tout Puissant parce que Tu as entendu
ces blasphèmes, ces injures, ces malédictions et ces abominations de cet homme
malfaisant, et Tu es resté impassible et silencieux. Mais dans le futur, lorsque sa
mesure sera à son comble, Tu lui feras subir son juste châtiment afin que
sʹaccomplissent les Écritures : ʺAu milieu de sa surabondance il est soudain saisi
dʹangoisse...ʺ (Job : 20 : 22).ʺ
Titus confectionna (avec le Voile du Temple) un paquet, et il y plaça le
Candélabre à sept branches ; il ramassa tous les Objets Sacrés du Temple ; il
remplit trois vaisseaux dʹhommes, de femmes et dʹenfants Juifs, afin quʹil puisse
les emmener au delà des mers pour tenir son Triomphe...
Le Midrach Pessikta Rabbati, bien que rédigé dans son ensemble à lʹépoque médiévale, semble,
pour quelques parties, avoir été écrit en Palestine au cinquième siècle EC, à partir dʹune
Tradition antérieure, soit écrite soit orale.
Dans lʹun de ces Textes anciens, la Décision de Titus, rappelant celle de Nabuchodonosor, est
le résultat dʹun châtiment de Dieu, qui a décidé de détruire le Temple construit par Hérode.
La topographie des Lieux y reprend la Tradition Religieuse constante, selon laquelle la
Colline du Temple, en son aire sacrée, inclut une Citadelle qui domine le Temple :
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Pessikta Rabbati :
Vinrent les ennemis !
Ils installèrent leur estrade sur la Montagne du Temple,
Ils montèrent sur cette estrade en son milieu,
Là où sʹasseyait le Roi Salomon,
Et où il présidait lʹAssemblée des Anciens.
De cet endroit dʹoù lʹon dominait le Temple,
Les ennemis siégeaient,
Tenant conseil sur la manière dʹincendier le Temple.
Ils nʹavaient pas fini de délibérer
Que, levant les yeux,
Ils virent quatre Anges qui descendaient du Ciel :
Ils tenaient en main quatre torches enflammées ;
Ils se posèrent aux quatre angles du Temple,
Et ils y mirent le feu.
‐42‐ Si lʹon sʹen tient à la version, peu crédible, relatée par Flavius Josèphe, le Temple
fut détruit à cause de la seule initiative dʹun Soldat Romain, indiscipliné, ou enivré par la
rage et la haine du combat, et qui désobéit aux ordres de Titus.
Par ailleurs, Flavius Josèphe prend soin, également, dʹindiquer que la responsabilité de ce
désastre est imputable aux Juifs et non à Titus :
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : VI : 26 :
Après sʹêtre retiré dans la Citadelle Antonia, Titus décida dʹattaquer le Temple
avec toute son Armée, le lendemain au matin du dixième jour dʹaoût.
Et ainsi, on était à la veille du Jour fatal auquel Dieu avait, depuis si longtemps,
condamné ce Lieu Saint à être brûlé, après un grand nombre dʹannées, de la
même façon que le premier Temple avait été incendié autrefois, exactement le
même jour, par Nabuchodonosor, Roi de Babylone.
Mais ce ne furent pas des étrangers, ce furent les Juifs eux‐mêmes qui furent la
cause principale dʹun si funeste embrasement :
Cependant les Zélotes ne restaient pas inactifs et ils firent encore une sortie sur
les assiégeants, et en vinrent aux mains avec ceux qui éteignaient le feu (des
Portiques et des Portes du Temple) allumé sur lʹordre de Titus (pour ouvrir des
accès).
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Alors, un Soldat Romain, sans avoir reçu aucun ordre et sans témoigner aucune
émotion devant un tel sacrilège, mais comme poussé par une impulsion
surnaturelle, se fit soulever par lʹun de ses camarades dʹarmes, et jeta par une
petite fenêtre dʹor, située au nord, une pièce de bois en flammes à lʹintérieur des
bâtiments qui sont adossés tout autour du Temple. Le feu sʹy prit
instantanément :
Aussitôt, dans un malheur aussi extrême, les Juifs jetèrent des cris effroyables.
Ils se précipitèrent pour essayer de circonscrire lʹincendie, car, insouciants de
leur propre existence, seul, ce Temple, quʹils voyaient brûler, pouvait leur
insuffler la volonté de se battre. Quelquʹun courut en porter la nouvelle à Titus.
Il se trouvait dans sa tente en train de prendre un peu de repos après un combat
précédent. Titus se précipita aussitôt pour aller faire cesser lʹincendie.
Tous les Chefs de lʹArmée le suivirent, ainsi que tous les Légionnaires, dans un
état de grande excitation, au milieu dʹun tumulte indescriptible, et dans une
confusion et un vacarme que seule peut produire une Armée entière en
ébullition. Titus criait de toutes ses forces quʹil fallait éteindre lʹincendie, et il
faisait signe de la main pour ordonner quʹon sʹy applique immédiatement.
Mais les Soldats nʹentendaient pas ses ordres, ayant les oreilles remplies dʹune
clameur bien plus impérieuse, et quant aux gestes de Titus, les Soldats ne les
voyaient même pas, étant soit engagés dans des corps à corps implacables, soit
aveuglés par un trop plein de haine. Ainsi, ni exhortations ni menaces ne
pouvaient retenir lʹimpétuosité des Légionnaires en train de se ruer à lʹassaut, et
seule leur rage haineuse les conduisait désormais. Les Romains se pressaient de
telle sorte que plusieurs furent renversés et foulés aux pieds de la multitude,
tandis que dʹautres Soldats victorieux, éjectés dans les ruines des Portiques en
feu, éprouvèrent le même sort que les vaincus. Lorsque tous les Gens de guerre
furent parvenus jusquʹau Temple, ils feignirent tous de ne point entendre les
ordres que criait leur Empereur, et ceux qui étaient derrière exhortaient ceux
qui étaient devant à ravager complètement le Sanctuaire par le feu.
Il ne restait plus alors aux Zélotes aucune espérance de pouvoir empêcher la
destruction du Temple. De toutes parts, on ne voyait que des Rebelles Juifs mis
en déroute et massacrés. Des civils également, sans force et sans armes, étaient
égorgés, là où ils se faisaient prendre.
Tout autour de lʹAutel sʹamoncelaient des monceaux de corps de Juifs que les
Soldats jetaient, après les avoir égorgés sur le Parvis Saint, destiné auparavant à
accueillir les victimes animales immolées à Dieu par les Prêtres ; et, de là, sans
cesse, des ruisseaux de sang coulaient le long des degrés de lʹAutel.
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Titus, voyant quʹil lui était impossible dʹarrêter la fureur de ses Soldats et que le
feu commençait à sʹamplifier de toutes parts, entra avec ses principaux Chefs
dans le Sanctuaire, et après lʹavoir contemplé, il trouva que sa magnificence et
sa richesse surpassaient encore de beaucoup la renommée que le Sanctuaire
sʹétait acquis, tant auprès des Païens, quʹauprès des Juifs. A ce moment, les
flammes nʹavaient pas encore pénétré à lʹintérieur du Temple mais consumaient
les bâtiments qui enserraient le Sanctuaire.
Titus, estimant que cette Oeuvre dʹart pouvait encore être sauvée, ce qui était
vrai, se précipita au dehors du Temple et sʹefforça personnellement de
convaincre les Soldats dʹéteindre lʹincendie. Il commanda à lʹun de ses Gardes,
un Centurion nommé Liberalis, de contraindre à coups de bâton ceux qui
refuseraient dʹobéir.
Mais leur respect pour César (Titus) et la crainte que leur inspirait le Centurion
étaient moins forts que la haine des Romains à lʹencontre des Juifs, et leur rage
meurtrière était totalement incoercible. De plus, la majorité des Soldats étaient
poussés par lʹavidité du pillage, car, voyant que les revêtements extérieurs du
Temple étaient en or, ils pensaient que lʹintérieur devait regorger de richesses.
Lʹun des Soldats ayant pénétré à lʹintérieur avait jeté un brandon sur le bois de
la Porte. Une flamme vive jaillit alors brusquement de lʹintérieur. Titus dut se
retirer avec ses Généraux, et il ne resta personne pour empêcher les Soldats de
détruire définitivement le Temple...
Flavius Josèphe, avec cette présentation des faits, opère un récit destiné à absoudre Titus de
la Destruction du Temple.
Mais, après cette concession faite pour complaire à la réputation de tolérance cultivée par
Titus, le Récit de Flavius Josèphe reprend son récit, cette fois, en des termes dʹune logique
totalement, réaliste et cohérente, de Guerre et de Haine, et, comme pour faire une sorte de
contrepoids à lʹexercice obligé de la Censure Impériale :
La suite de sa Narration sʹapparente, alors, à une Littérature plutôt Apocalyptique, qui aurait
puisé son inspiration aux Sources les plus authentiques, ou, plutôt, qui serait issue dʹune
vision, réelle et désespérée :
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : VI: 28 :
Tandis que le feu dévorait ainsi ce superbe Temple, les Soldats avides de
pillages commençaient par tuer tous ceux quʹils rencontraient. Ils nʹépargnaient,
ni en raison de lʹâge, ni en raison de la qualité : les vieillards comme les enfants,
les Prêtres comme les civils, étaient indistinctement passés au fil de lʹépée.
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Tous étaient pris dans un massacre général ; et ceux qui avaient recours aux
supplications étaient traités aussi sauvagement que ceux qui résistaient jusquʹà
la dernière extrémité. Les gémissements des mourants se mêlaient au souffle du
brasier qui allait en sʹamplifiant. Et lʹincendie dʹun si grand Édifice, situé sur
une haute colline, faisait croire à ceux qui lʹobservaient de loin que toute la Ville
était en feu. On ne peut rien imaginer de plus épouvantable que la clameur dont
lʹair retentissait de toutes parts : Il y avait les cris de fureur poussés par les
Légions Romaines, les hurlements des victimes encerclées par le fer et le feu, les
gémissements du Peuple affolé qui assistait à cette Apocalypse, et dont certains,
ayant perdu tout repère, couraient parfois vers les ennemis, et hurlaient,
soudain transpercés, puis expiraient à leur tour.
Et, dans la Ville, sur la colline en face du Temple, ceux‐là, mêmes, que la faim
avait réduits à une telle extrémité que la mort déjà commençait à fermer leurs
yeux, apercevant cet embrasement de leur Temple, rassemblaient alors le
restant de leurs forces, pour exhaler leur désespoir dans leur dernier souffle.
Et les montagnes alentour faisaient retentir lʹécho de cette immense clameur
jusquʹau delà du Jourdain. Mais les souffrances étaient bien plus terrifiantes que
le bruit : On aurait dit que toute la Colline du Temple était en ébullition depuis
sa base et toute recouverte de flammes, mais que le sang qui en coulait était
encore plus abondant que le brasier. Le nombre des tués surpassait le nombre
de ceux qui tuaient. A aucun endroit la terre nʹapparaissait entre les cadavres, et
les Soldats, pour pouvoir poursuivre ceux qui tentaient de fuir, devaient
escalader les corps amoncelés...
‐43‐ Une fois lʹEspace du Temple conquis, la Ville basse puis la Ville haute sont, à
leur tour, livrées au massacre et au pillage, durant plusieurs jours, ʺjusquʹà plus soifʺ.
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : VI : 44‐45 :
Comme les Soldats étaient las de tuer et quʹil restait malgré tout encore de
nombreux Juifs vivants, Titus ordonna dʹépargner les survivants et de ne passer
au fil de lʹépée, désormais, que ceux qui tenteraient encore de se rebeller, et de
faire prisonniers tous les autres.
Mais, malgré lʹordre de Titus, les Soldats nʹen continuèrent pas moins à se
débarrasser des vieillards et des plus faibles. En effet, ils ne gardèrent vivants
que ceux qui étaient encore suffisamment vigoureux pour devenir esclaves, et
ils les enfermèrent dans le Parvis réservé aux femmes.
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Titus en confia la garde à son affranchi, Fronton, en qui il avait grande
confiance, avec Pouvoir de décider du sort de chacun.
Fronton fit exécuter tous les Rebelles et les Brigands qui se dénonçaient les uns
les autres. Et, parmi les jeunes gens, il sélectionna les plus grands et les plus
beaux, afin de les réserver pour le Triomphe de Titus.
Parmi ceux qui avaient plus de dix‐sept ans, Fronton en envoya enchaînés en
Égypte, pour y exécuter des travaux publics.
Mais Titus en distribua le plus grand nombre par les Provinces, pour paraître
au cours de Célébrations dans les Théâtres, en des combats de gladiateurs, ou
pour y affronter des bêtes féroces. Ceux de moins de dix‐sept ans furent vendus
(pour servir généralement de mignons).
Pendant que lʹon disposait ainsi de ces pitoyables captifs, onze mille moururent;
les uns parce que les Gardes qui les haïssaient ne leur donnaient pas à manger,
les autres à cause quʹils refusaient, par dégoût, de se nourrir, et, également,
parce que lʹon avait de la difficulté à trouver suffisamment de blé pour tant de
prisonniers.
Le nombre de ceux qui furent faits prisonniers durant cette Guerre se montait à
quatre vingt dix sept mille, et le nombre de Juifs ayant péri durant le siège de la
Ville fut de un million cent mille, dont une grande partie nʹétaient pas des natifs
de Jérusalem, mais des Juifs qui étaient venus pour célébrer la Pâque au
Temple: Aussi, ils sʹétaient tous trouvés pris au piège par le Siège de la Ville, et
leur entassement provoqua la peste et accéléra la famine.
La preuve que Jérusalem contenait effectivement ce chiffre si élevé de gens est
le résultat du Recensement opéré du temps de Cestius :
En effet, ce Gouverneur (de Syrie) voulant faire connaître à Néron, qui
méprisait tant les Juifs, quelle était lʹimportance exacte de la Nation Juive,
demanda aux Prêtres de trouver un moyen de recenser la Population qui se
rassemblait à Jérusalem.
Les Prêtres choisirent, pour effectuer ce Recensement, la Fête de Pâque, durant
laquelle les Juifs offrent des Sacrifices au Temple, de la neuvième heure à la
onzième heure :
Comme, autour de chaque victime immolée, se constituait une famille ne
comprenant pas moins de dix personnes, et allant parfois jusquʹà vingt
personnes, qui consommaient ensemble la chair de lʹanimal sacrifié, et comme
les Prêtres comptèrent quʹil y avait eu 255.600 bêtes immolées, à raison de dix
personnes au minimum par animal, cela donnait un total de 2.255.600 Juifs,
chiffre quʹon peut facilement majorer en un nombre de 2.700.000 personnes :
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En effet, tous ces Juifs sʹétaient purifiés (par immersion dans les Eaux Vivantes),
selon la Règle, mais il est strictement interdit à toute personne impure, ou
atteinte de lèpre ou de gonorrhée, ou aux femmes dans leur période
menstruelle, de participer à ces Sacrifices au Temple, ainsi dʹailleurs quʹaux
non‐Juifs, venus assez nombreux, pour adorer également le Dieu des Juifs.
‐44‐ Cʹest ainsi que la Jérusalem Juive et son Temple, qui avaient été détruits par
Nabuchodonosor, en 587 av. EC mais reconstruits après une courte période de 70 années,
sont détruits à nouveau, mille années après leur création par David et Salomon, et cela, pour
deux mille nouvelles années, en qui concerne la Jérusalem Juive :
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : VII : 1 :
Lorsque lʹArmée Romaine, qui ne se serait jamais lassée de tuer et de piller, ne
trouva plus sur quoi continuer à exercer sa haine, Titus ordonna de ruiner
entièrement toute la Ville de Jérusalem, jusque dans ses fondations, à
lʹexception dʹun pan de rempart situé à lʹoccident, où il avait décidé dʹinstaller
une Citadelle, et à lʹexception des Tours dʹHyppicos, de Phazaële et de
Mariamne, parce que ces Tours surpassaient toutes les autres en hauteur et en
magnificence :
Titus voulait les conserver pour faire connaître, de cette façon, à la Postérité à
quel point la Science et le Valeur des Romains dans lʹArt de la Guerre étaient
grandes, puisquʹils avaient su se rendre maîtres dʹune Ville si puissamment
fortifiée, et qui sʹétait élevée à un tel comble de Gloire.
Cet Ordre fut exécuté avec tant dʹexactitude que toute trace disparut quʹune
Ville se soit jamais dressée à cet endroit...
(Cette dernière remarque de Flavius Josephe confrontée à la vision de lʹimplantation de
lʹEnceinte Hérodienne du Haram, permettent de mesurer lʹampleur des difficultés de
Reconstitution Topographique dʹune Époque disparue, en se référant uniquement à des
Textes, fussent‐ceux qui résonnent avec le plus dʹauthenticité.)
Titus décida de laisser en Garnison permanente, dans cette Ville détruite, la
dixième Légion (X Fretensis) avec un corps de Cavalerie et un autre
dʹInfanterie.
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35/ Triomphe et Mort de Titus
70‐81 EC
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‐1‐ Titus, après avoir gagné la Guerre de Judée, se plonge dans les délices de la
Victoire, durant lʹhiver qui suit la Prise de Jérusalem.
En effet, pendant la mauvaise saison, il est peu recommandé dʹentreprendre la traversée de
la Méditerranée pour rejoindre Rome, et Titus a envie de jouir, tout à la fois, de son Pouvoir
absolu en Orient, de sa Victoire sur les Juifs, et de la Reine Bérénice, son amante.
Aussi, Titus parcourt toute la Région et organise partout sur son passage des Jeux, qui dans
lʹAntiquité sont toujours inséparables dʹune connotation Religieuse Païenne.
Cʹest le cas des Villes telles que Césarée, Philippe‐Césarée, Beryte, Antioche, où la mise à
mort des Prisonniers Juifs constitue, chaque fois, la partie principale des divertissements,
offerts à la foule.
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : VII : 1 :
Ce grand Prince (Titus) fit organiser des Solennités, en cette Ville de Césarée, le
jour de la naissance de Domitien, son frère, avec de grandes magnificences et au
dépens de la vie de plus de deux mille cinq cents des Juifs rebelles qui avaient
été condamnés à mort. Certains dʹentre ces Juifs furent brûlés, et la plupart de
ces prisonniers furent forcés de combattre, ou bien contre les bêtes sauvages, ou
bien les uns contre les autres comme des gladiateurs.
Et, quelque grande que parût lʹinhumanité qui faisait périr ce Peuple dʹune
façon aussi féroce, les Romains étaient persuadés que les crimes des Juifs
auraient mérité un châtiment encore plus implacable.
Titus alla de Césarée à Beryte qui est une Ville de Phénicie et une Colonie des
Romains. Comme il y demeura longtemps, il y célébra avec encore plus de
magnificence le jour de la naissance de lʹEmpereur, son père Vespasien. Parmi
tant de divertissements et de spectacles quʹil donna au Peuple, on y vit aussi
périr de nombreux prisonniers Juifs de la même manière que je viens de
rapporter.
En contrepoint à ces Sacrifices Païens de Juifs durant les Jeux organisés par Titus, on peut
indiquer que la véritable Guerre de Religion des Romains contre les Juifs revêtit également
toute son ampleur, en dehors de la Destruction du Temple de Jérusalem, par la persécution
sauvage et lʹextermination systématique des Juifs Esséniens.
En effet, ceux‐ci, bien que menant une vie monastique tournée vers lʹÉtude et la Purification
incessante, représentaient aux yeux des Romains et de leurs Alliés Païens, le fanatisme
exacerbé de la Superstition Juive, dont il fallait extirper définitivement les racines qui
nourrissaient sans relâche une Secte nocive pour le Monde Païen, et susceptible « dʹinfecter
tout lʹEmpire Romain. »
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Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : II : 12 :
Les Ésséniens méprisent les souffrances de la terre, triomphent des tourments
par leur vertu, et préfèrent la mort à la vie lorsquʹils la jugent plus digne.
La Guerre des Juifs contre les Romains révéla toute leur grandeur dʹâme que
rien ne put fléchir. Lorsque leurs chairs étaient arrachées sur la roue et leurs
membres disloqués, lorsquʹils étaient brûlés vifs et leurs os fracassés ; quand, de
la sorte, toutes sortes de tortures inimaginables leur étaient appliquées, et
lorsque leurs bourreaux leur enjoignaient de maudire le nom du Législateur de
leur Religion, et de souiller leurs corps en acceptant de transgresser leurs Règles
de Pureté, ils refusaient obstinément de renoncer à leur Foi. Et, ni ils
imploraient la pitié de leurs bourreaux, ni ils gémissaient de leurs souffrances.
Au contraire, ils supportaient leur martyre en échangeant des sourires
bienveillants et riaient dédaigneusement de leurs tortionnaires ; puis ils
rendaient lʹâme avec joie, parce quʹils espéraient passer de cette vie à une
meilleure, car ils croient fermement que, comme nos corps sont mortels et
corruptibles, nos âmes sont immortelles et incorruptibles, et quʹelles sont pour
ainsi dire dʹune substance aérienne mais enfermées dans nos corps ainsi que
dans une prison, où une certaine inclination naturelle les attire et les arrête;
mais dès quʹelles sont affranchies de ces liens charnels qui les retiennent ainsi
en esclavage, nos âmes sʹélèvent dans lʹair et sʹenvolent avec joie.
‐2‐ Finalement Titus quitte lʹOrient et rentre à Rome, avec une sélection des
prisonniers, qui sont corporellement les mieux constitués, et un immense Butin de Guerre.
Titus laisse à Bassus, puis à Flavius Sylva, le soin de réduire les dernières poches de
résistance en Judée, comme Machéron ou Massada.
Là, en particulier, les Juifs préféreront, tous également, se donner la mort plutôt que de subir
la servitude, et laisser leurs familles connaître le sort des vaincus.
Le Triomphe que Titus va tenir à Rome, avec son père, lʹEmpereur Vespasien, va permettre
de montrer, avec somptuosité, toute lʹampleur de cette confrontation Idéologique, qui voit
enfin le Polythéisme Païen triompher, sans contestation possible, et dʹune façon définitive
semble‐t‐il, du Monothéisme Juif, et, par voie de conséquence, de son petit rejeton Chrétien,
encore balbutiant.
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Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : VII : 16‐17 :
Alors quʹil faisait encore nuit, les Troupes Romaines, rassemblées par Centuries
et par Cohortes, sous le commandement de leurs Officiers, allèrent se ranger,
non pas au Palatin, mais à proximité du Temple dʹIsis, où les Empereurs avaient
dormi cette nuit‐là.
Au point du jour, Vespasien et Titus, sortirent, couronnés de lauriers et vêtus
du traditionnel vêtement de pourpre, pour se rendre aux cours dʹOctavie :
cʹétait là, en effet, que le Sénat, les Magistrats de haut rang et les Chevaliers
Romains attendaient leur arrivée.
Devant les portiques, on avait élevé une Tribune sur laquelle on avait disposé
deux Trônes en ivoire : Vespasien et Titus, sans armes, couronnés de lauriers et
vêtus de soie, montèrent sʹy asseoir, et aussitôt les acclamations sʹélevèrent de
toute lʹArmée, rendant amplement témoignage de leur valeur.
Vespasien, voyant quʹils ne cessaient de les acclamer, se leva, réclama le silence,
et, se couvrant la tête en partie avec un pan de sa robe, récita les Prières dʹusage.
Titus pria de la même manière. Vespasien prononça ensuite un bref Discours,
puis il renvoya les Soldats afin quʹils puissent se rendre au Festin quʹil est
dʹusage que les Empereurs offrent à la Troupe avant un Triomphe.
De là, Vespasien, accompagné de Titus, se rendit à la Porte Triomphale, ainsi
nommée, parce que les Triomphes partent de là. Les Empereurs sʹy restaurèrent
dʹabord, puis vêtirent leurs habits de Cérémonie du Triomphe.
Ensuite, ayant préalablement sacrifié aux Dieux dont les Statues se dressent
près de la Porte Triomphale, ils prirent la tête du Cortège du Triomphe, en le
faisant passer à travers toutes les Places de Rome, conçues pour les Spectacles,
afin que le Peuple entier ait le loisir de le contempler facilement.
Il est impossible de rapporter quelle fut la magnificence de ce Triomphe.
Il surpassait tout ce quʹon peut imaginer, tant en oeuvres dʹart représentées,
quʹen raretés naturelles, ou en expositions de richesses. Car tout ce que les
Nations les plus heureuses avaient pu, au cours des siècles, amasser en
richesses les plus merveilleuses et les plus rares, semblait avoir été rassemblé,
en ce jour‐là, pour faire resplendir à quel degré de Grandeur, lʹEmpire Romain
sʹétait élevé. Lʹor, lʹargent, lʹivoire y éclataient en telle abondance et dans un
nombre si incroyable dʹouvrages sublimes que ceux‐ci semblaient, non pas
portés dans une Procession, mais, si lʹon peut dire, sʹécouler comme un fleuve.
On pouvait voir toutes sortes dʹétoffes, les unes de la pourpre la plus rare, les
autres admirablement brodées à la manière Babylonienne, des quantités
incroyables de pierres précieuses, les unes enchâssées dans des couronnes dʹor,
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et dʹautres incrustées dans des joailleries dont lʹéclat et la beauté surprenaient
tant, que lʹon nʹaurait même pas imaginé quʹelles puissent exister.
On voyait également dans la Procession, les Statues des Dieux, dʹune taille
imposante, dʹun travail raffiné, et il nʹy en avait pas une seule qui ne fut
sculptée dans le matériau le plus précieux.
On pouvait voir également toutes sortes dʹanimaux de toutes les espèces et
chacun de ces animaux étaient parés dʹornements appropriés. Leurs
conducteurs étaient costumés de pourpre brodée dʹor, tout comme les porteurs
de tout le Triomphe qui portaient des habits si riches que rien ne semblait
pouvoir être plus somptueux.
Les captifs Juifs, quant à eux, étaient si bien habillés, et portaient tant de
costumes riches et variés, que lʹon ne remarquait même plus la tristesse que le
malheur avait inscrite sur leurs visages.
Mais ce qui, dans ce Défilé, émerveillait le plus cʹétait le passage de décors
peints, comme au théâtre, qui étaient installés sur de si grands chars que
quelques uns atteignaient la hauteur de trois ou quatre étages. Ces décors
étaient enrichis de tant dʹornements dʹor et dʹivoire que lʹon se demandait
comment un poids aussi considérable ne risquait pas de sʹeffondrer lors de son
déplacement. Tous ces décors montraient aux spectateurs les événements les
plus remarquables de la Guerre des Juifs, tous représentés avec une telle
précision quʹils en paraissaient réels :
On y voyait des contrées plantureuses ravagées, des Troupes Juives massacrées,
dʹautres réduites en esclavage, dʹautres prenant la fuite ; des remparts
imposants, éventrés par de puissantes machines de guerre ; ailleurs, cʹétait la
conquête de Citadelles quʹon aurait pensé inexpugnables ; des Cités dont les
remparts étaient couverts dʹune multitude de Défenseurs mais qui étaient,
néanmoins, complètement submergés par les flots des Assaillants Romains,
déferlant ensuite à lʹintérieur des Villes pour y passer les Populations au fil de
lʹépée, sans épargner même les suppliants ; cʹétait la destruction des Édifices
Publics au milieu du carnage général, les maisons que lʹon faisait sʹécrouler sur
leurs occupants, et, finalement, des atrocités tellement abominables quʹau lieu
des eaux favorables qui désaltèrent la soif des hommes et des animaux, on
pouvait voir de véritables fleuves de sang qui éteignaient une partie de
lʹincendie général des Villes, vidées de leurs occupants et réduites
complètement en cendres.
Ainsi étaient montrés tous les sévices que les Juifs encoururent, lorsquʹils
osèrent se livrer à la Guerre ; et lʹart et la magnificence de ces tableaux
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monumentaux étaient si vivaces que ceux qui nʹavaient pas vu cette Guerre
avaient, malgré tout, lʹimpression dʹassister à tous ces événements.
De plus, sur chacun de ces grands décors mobiles, étaient également
représentés le Chef Juif de chaque Ville conquise, et on voyait dépeint, dʹune
façon réaliste, la façon dont il avait été vaincu.
On voyait ensuite défiler plusieurs immenses navires.
Puis, étaient présentés, en une immense quantité, le Butin et les dépouilles des
Juifs: Les plus remarquables étaient celles qui avaient été prises dans le Temple
de Jérusalem : la Table dʹOffrandes en or qui pesait plusieurs talents (plusieurs
fois 25 kilos, environ), un Chandelier en or, également, façonné dʹune façon tout
à fait particulière : en effet, il comportait une colonne centrale, reposant sur un
piédestal, et se terminant en sept branches, dont trois disposées de part et
dʹautre de la colonne centrale en forme de deux tridents, et au bout desquelles
étaient aménagés les logements pour accueillir les cierges : lʹensemble formait
ainsi un total de sept lampes ; et ce nombre de sept marquait les sept jours se
terminant avec le Jour Sacré du Sabbat pour les Juifs.
Et, finalement, on pouvait voir leur Loi (Rouleau de la Torah), qui est la chose
au monde pour laquelle les Juifs ont le plus de vénération. Cette Loi était
montrée au milieu du somptueux butin, arraché au Temple par les Romains, et
exhibé durant ce Triomphe.
Après les dépouilles Juives, venaient les nombreuses Statues des Déesses de la
Victoire, et, ensuite, sʹavançait Vespasien suivi de Titus, et Domitien les
accompagnait, superbement vêtu, et monté sur un si beau cheval quʹon ne
pouvait se lasser de lʹadmirer.
Le point dʹaboutissement de ce Triomphe était le Temple de Jupiter Capitolin.
Une fois arrivés là, les Empereurs sʹarrêtèrent : cʹétait, en effet, une coutume
ancestrale dʹy attendre lʹannonce de lʹexécution du Général ennemi vaincu :
En lʹoccurrence cʹétait Simon, fils de Gioras, qui, après avoir paru dans le
Triomphe au milieu des autres captifs, fut traîné, avec une corde au cou, fouetté
de verges, et exécuté dans le grand marché qui est le lieu prévu pour le supplice
des criminels. Quand fut annoncé quʹil avait cessé de vivre, et après les
acclamations universelles de joie occasionnées par cette nouvelle, les Empereurs
offrirent les Sacrifices Rituels, accompagnés des Prières.
Après avoir terminé cette Célébration du Culte, les Empereurs se retirèrent
dans le Palais où ils tinrent un banquet.
Il y eut alors des Festins dans toute la Ville, car Rome fêtait les Dieux pour
rendre grâces de la Victoire remportée sur les ennemis, et aussi parce que lʹon
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considérait que ce Triomphe célébrait également la fin des guerres civiles, et
quʹil marquait, pour ainsi dire, le commencement dʹune Ère de Félicité.
Après ce Triomphe, voyant lʹétat de lʹEmpire aussi affermi quʹil pouvait le
souhaiter, Vespasien résolut de faire bâtir le Temple de la Paix, et il lʹexécuta
plus promptement que lʹon nʹaurait pu le croire :
Ce Temple surpassa tous les Édifices de son temps car Vespasien dépensa sans
compter pour lʹachever, Et quand le Temple fut construit, Vespasien lʹorna de
tant de chefs dʹoeuvre de la peinture et de la sculpture, et de tant dʹobjets
précieux rassemblés de tous les coins du monde, que ceux, qui avaient la
passion de parcourir le monde pour contempler ces choses, nʹavaient plus
besoin de sortir de Rome pour satisfaire leur intérêt.
Vespasien plaça également, dans ce Temple, la Table dʹOffrandes, le Chandelier
dʹor, et dʹautres luxueuses dépouilles du Temple de Jérusalem, dont Vespasien
était particulièrement fier.
Mais, quant à la Loi des Juifs (Rouleau de la Torah) et au Rideau de pourpre du
Temple de Jérusalem, il les fit déposer et garder soigneusement dans son propre
Palais.
‐3‐ La Littérature Intertestamentaire Juive, Pseudépigraphique et Apocalyptique,
écrite après la Destruction du Temple, révèle lʹampleur du traumatisme qui fut infligé à la
Nation Juive, en contrepoint des réjouissances Païennes qui célébraient, à Rome, le même
événement.
Si une fraction, particulièrement sensible, de la Population Juive avait pu ressentir,
inconsciemment, que le Temple dʹHérode avait perdu son sens sacré, ce qui fut le cas, par
exemple, de membres de certaines Sectes comme les Judéo‐Chrétiens ou les Esséniens tels
que ceux de la Secte de Qumran, et si ce sentiment avait été partagé par certains Pharisiens,
qui privilégiaient la Loi et lʹÉtude de la Loi, par rapport au Rituel du Temple exclusivement
exercé par les Sadducéens, il nʹen demeure pas moins que, pour la masse de la Population
Juive à travers le Monde, le Temple de Jérusalem représentait lʹaimant, idéal et perpétuel, de
toute perspective et prospective Religieuse.
Pour cette masse Juive, à laquelle il fallait donner une explication au désastre immanent de
la Destruction du Temple, Rome représentait dorénavant le Royaume du Mal Absolu.
Aussi, Rome sera désormais appelée dans la Littérature Religieuse Juive, Esaü, Edom ou
Amalek, cʹest à dire que Rome est, ainsi, assimilée, à des Personnages Bibliques qui
personnifient le Mal.
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Et, selon lʹEschatologie Juive, les Personnages Païens qui incarnent ce Mal, comme Titus,
sont fatalement châtiés, même sʹils nʹont été, en fin de compte, que les instruments dʹune
Volonté Divine, ayant décidé de punir les Juifs, pour les fautes dont ceux‐ci se sont rendus
coupables.
Parmi ces fautes diverses commises par les Juifs et ayant causé la destruction du Temple,
celles évoquées par ces Littératures, relevaient, le plus souvent, de la perte dʹune Rigueur
Morale et Religieuse, la désacralisation du Temple par Hérode étant parfois sous‐jacente à
leur condamnation et à leur châtiment.
La Hiérarchie Sacerdotale, en particulier, est souvent blâmée pour ne pas avoir su défendre
lʹIntégrité Mystique du Temple.
‐4‐ Après la destruction du troisième Temple, cette Littérature Juive, insufflée par
le désespoir, évoque la destruction du Sanctuaire en établissant un lien entre la destruction
du premier Temple, construit par Salomon, et celle du 3ème Temple construit par Hérode.
Certains de ces récits, généralement rédigés au 1er siècle EC, sont supposés avoir été écrits,
par exemple, par des Personnages ayant assisté à la destruction du premier Temple, tels que
Jérémie ou son secrétaire Baruch.
Et il est probable que, dans ces rédactions récentes, des éléments dʹune ancienne tradition se
rapportant à la destruction du premier Temple y aient été rapportés et amalgamés aux
événements récents.
Aussi, les sentiments, éprouvés par les spectateurs de la Destruction du premier Temple,
sont ravivés par le choc émotionnel causé par la Destruction du dernier Temple, et ces récits
fusionnés rendent, ainsi, compte dʹune nouvelle méditation sur les causes du cataclysme qui
se superposent aux réflexions héritées, par exemple, de Jérémie ou de Baruch.
Cʹest ainsi que dans cette Littérature Pseudépigraphique, après la Destruction du premier
Temple, Jérémie et Baruch confessent les fautes et les faiblesses de la Classe Sacerdotale, qui
nʹa pas su préserver lʹexigence stricte du Sacré :
Aussi, ce ne sont pas les ennemis, Babyloniens puis Romains, qui ont détruit le premier
Temple puis le troisième, mais lʹÉternel, lui‐même, car Il considère que les Juifs ont laissé
Son Sanctuaire se vider de son Sens et de sa Substance.
Paralipomènes de Jérémie : 4 : 3‐4 :
Je te le dis, ô Soleil, prends les clés du Temple, et garde‐les jusquʹau Jour où
lʹÉternel te les réclamera. Car nous nʹavons pas été dignes de les garder : nous
avons été des Gardiens infidèles.
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II Baruch : 10 : 18 :
Vous, Prêtres, prenez les clés du Temple,
Jetez‐les vers les hauteurs du Ciel,
Remettez‐les à lʹÉternel et dites :
ʺProtège, Toi‐même, Ta Demeure,
Car, voici, nous nʹavons pas su nous montrer des Gardiens fidèles.
Ce thème de la culpabilité Juive en général, et Sacerdotale en particulier, est repris, ensuite,
dans la Littérature Rabbinique Aggadique, en plusieurs passages tels que, par exemple, dans
les deux versions de Avot Rabbi Nathan :
Avot de Rabbi Natan : A : 4 :
Ce sont les Grands‐Prêtres qui se trouvaient dans le Temple : ils prirent les clés
(du Temple) dans la main et les lancèrent vers le Ciel en disant au Saint, béni
soit‐il : ʺMaître du Monde, voici les clés que Tu nous a confiées, puisque nous
nʹavons pas su rester des Gardiens assez loyaux pour accomplir le travail du
Roi (Dieu) et manger à sa table.ʺ
Avot de Rabbi Natan : B : 7 :
Les Prêtres se tinrent les uns les autres et se jetèrent dans les flammes (de
lʹincendie du Temple) où ils brûlèrent.
Dans la Pessiqta Rabbati, cʹest le Chef des Anges, assistant à la Destruction du Temple, et non
plus Jérémie ou Baruch, qui sʹécrie, en faisant référence à une Propriété mal entretenue que
son Propriétaire décide dʹabandonner :
Pessiqta Rabbati :
Que les ennemis viennent et entrent dans le Sanctuaire, car le Maître de la
Demeure lʹa quittée ; quʹils dépouillent et détruisent cette Demeure, quʹils
entrent dans la vigne et en coupent les ceps, car le Propriétaire sʹen est allé et lʹa
abandonnée.
‐5‐ Après la Destruction du Temple des Juifs, célébrée par le Triomphe éclatant à
Rome, la suite du Règne de Vespasien se révèle sereine et prospère.
Vespasien, avant sa mort, murmure, à la fois interrogateur et malicieux, face à sa propre
vérification ultime de lʹIdéologie Païenne :
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Dion Cassius : Histoire Romaine : (Épitomé ) : 66 : 17 :
Je sens que je suis déjà en train de devenir Dieu !
Effectivement, Vespasien est divinisé après sa mort, et Titus, qui exerçait déjà une partie du
Pouvoir, lui succède.
‐6‐ Les Récits concernant la Biographie de Titus par les Historiens Païens, sont
extrêmement contrastés, car il est souvent dépeint comme ayant été, au départ, un vil
débauché, qui se serait rangé, lorsquʹil accéda au Pouvoir, et qui serait, alors, devenu un
Souverain exemplaire : cette évolution positive lui aurait acquis une popularité inaltérable.
Mais, par ailleurs, certains Historiens insinuent quʹil aurait fait périr son père, Vespasien,
pour pouvoir lui succéder plus rapidement.
Suétone : Vies des douze Césars : Titus : 7 :
Outre sa cruauté, on accusait son intempérance ; car il prolongeait jusquʹau
milieu de la nuit ses orgies de table avec les plus dissolus de ses familiers. On
redoutait son avidité du plaisir, à cause des troupeaux dʹeunuques et de
débauchés qui lʹentouraient, et de sa passion bien connue pour la Reine
Bérénice, à qui disait‐on, il avait même promis de lʹépouser. Enfin, on lʹaccusait
de rapacité car on savait que dans les affaires portées devant le Tribunal de son
père, il vendait à prix dʹargent la Justice. En un mot, on murmurait, puis on
disait ouvertement que ce serait un nouveau Néron. Mais, finalement, cette
réputation se transforma et tourna à son avantage. En effet, on le combla des
plus grands éloges lorsquʹon le vit renoncer à tous ses vices pour pratiquer
toutes les vertus... Titus renvoya de Rome, sur le champ, Bérénice (lorsquʹil se
prépare à régner) malgré lui, malgré elle...
Dion Cassius : Histoire Romaine : (Epitomé ) 66 : 17 :
Après ces événements (le règne de Vespasien) lʹEmpereur tomba malade, non
pas de sa goutte habituelle, si lʹon peut toutefois connaître la vérité, mais dʹune
fièvre, et Vespasien en mourut à Cutilies dans la région Sabine.
Cependant, certains, dont lʹEmpereur Hadrien, dans une tentative dʹen attribuer
la faute à Titus, firent répandre le bruit que Vespasien avait été empoisonné lors
dʹun banquet.
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On retrouve, dans un épisode du Récit de Suétone, des indications sur ce même genre de
soupçons, quant à un double jeu hypocrite quʹaurait effectivement mené Titus, et que semble
illustrer, par exemple, le contraste entre sa conduite débauchée et rapace, avant son
avènement, et sa vertu ostentatoire, à partir du moment où il accède au Trône impérial :
Cet épisode fait suite à la conquête de Jérusalem, durant le temps où Titus sʹattarde en
Orient, pour jouir, à la fois, de sa maîtresse Bérénice, des plaisirs orientaux, et du Pouvoir
que lui a conféré sa Victoire, étant, de surcroît, adulé par ses Soldats, que le pillage de
Jérusalem a considérablement enrichis :
Suétone : Vies des douze Césars : Titus : 5 :
Ensuite (après la destruction de Jérusalem) lorsquʹil lui fallut quitter la Judée,
les Soldats Romains employèrent, pour tenter de retenir Titus parmi eux, les
supplications et jusquʹaux menaces, le conjurant ʺou de rester avec eux ou de les
emmener tous avec luiʺ. Ces manifestations firent soupçonner quʹil voulait
abandonner le parti de son père et se créer un Empire en Orient. Il est vrai quʹil
fortifia ces soupçons en se montrant avec un diadème sur la tête, pendant la
Cérémonie Religieuse de la Consécration du Taureau Apis, à Memphis, par où
il passait en se rendant à Alexandrie. Cʹétait, il faut le remarquer, un Rite
emprunté au Culte de lʹAncienne Religion (dʹÉgypte). Mais on ne manqua pas
dʹinterpréter de toute autre manière sa conduite. Aussi, Titus se hâta de rentrer
en Italie, et il aborda à Rhégium, puis à Pouzzoles, sur un navire de fret.
Aussitôt, il se précipita à Rome, en devançant sa suite. Et, voyant son père tout
surpris par cette arrivée soudaine, il sʹécria, comme pour démontrer la fausseté
des bruits répandus sur son compte : ʺMe voilà, mon père, me voilà !ʺ
‐7‐ Le Règne de Titus est extrémement court : deux ans.
Durant ce temps, il inaugure, avec des Jeux mettant aux prises un nombre considérable de
bêtes sauvages et de gladiateurs, le Colisée, entrepris sous le Règne de son père Vespasien,
dʹaprès des plans laissés par Auguste.
Durant son Règne également a lieu la grande éruption du Vésuve qui détruit Herculaneum
et Pompeï.
Titus meurt dans la même maison que celle où son père est décédé.
Et, comme pour la mort de Vespasien, mais avec beaucoup plus de présomptions, Domitien,
le fils cadet de Vespasien, est accusé, par la plupart des Historiens, dʹavoir fait empoisonner
son frère, Titus. La dépravation constante de Domitien et son ambition effrénée étayent assez
fortement cette version des faits.
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Par ailleurs, selon certains Historiens, Titus aurait eu une liaison avec la femme de Domitien,
Domitia. Par la suite, d’ailleurs, celle‐ci allait participer au complot devant mener à
lʹassassinat de Domitien.
Dion Cassius : Histoire Romaine : (Epitomé) : 66: 26 :
Après la Dédicace de tous les Édifices (que Vespasien et Titus avaient fait
construire) Titus mourut dans la même Station thermale où son père était mort.
Lʹopinion généralement répandue est quʹil fut assassiné par son frère, car
Domitien avait déjà tramé, auparavant, une conspiration contre lui.
Mais certains Historiens déclarent quʹil décéda dʹune mort naturelle.
On raconte que, alors que Titus respirait encore, et quʹil avait même toutes les
chances de guérir, Domitien, en vue de déclencher sa fin, plaça son frère malade
dans un bain rempli de neige, en prétextant que la maladie de son frère
nécessitait un traitement énergique par le froid.
Dans tous les cas, Domitien se précipita à Rome, alors que Titus était encore
vivant, et il se rendit dans le Camp des Légionnaires pour sʹy faire proclamer
Empereur, après avoir donné aux Soldats autant de présents que son frère leur
en avait faits.
En expirant, Titus dit : ʺJe nʹai fait quʹune seule erreur.ʺ Mais il nʹexpliqua pas ce
quʹétait cette erreur. Certains ont conjecturé une explication, et certains en ont
conjecturé une autre. Lʹopinion la plus répandue est celle de ceux qui pensent
que Titus se référait au fait quʹil avait séduit la femme de son frère, Domitia.
Dʹautres, et je partage leur avis, pensent que la faute que Titus se reprochait
était de ne pas avoir fait assassiner Domitien, lorsquʹil avait découvert que son
frère cadet conspirait ouvertement contre lui. En effet, par ce geste, il avait
abandonné son propre Destin aux mains de son rival, et il avait, de la sorte,
livré lʹEmpire à un homme tel que Domitien, dont le caractère allait se révéler
pleinement dans le Récit que je vais en faire maintenant.
‐8‐ Dans les Biographies de Titus, rédigée par les Auteurs Païens, le sort réservé
aux Juifs, après la prise de Jérusalem, nʹoccupe pas une place importante.
La situation faite à Jérusalem y est indiquée en quelques lignes, et la Destruction du Temple
est ignorée ou traitée comme un détail sans importance :
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Suétone : Vies des douze Césars : Titus : 5 :
Au siège de Jérusalem, Titus tua de douze coups de flèches douze défenseurs
de cette Ville, dont il se rendit maître, le jour anniversaire de la naissance de sa
fille. La joie des Soldats fut si grande et leurs dispositions si favorables, que
dans leurs acclamations, ils le saluèrent dʹune seule voix comme Imperator.
Dion Cassius : Histoire Romaine : (Épitomé) : 65 : 12 :
Après que Jérusalem ait été prise, Titus revint en Italie et, se tenant avec son
père sur un Char, il célébra son Triomphe. Domitien, qui était alors Consul, prit
également part au Triomphe, monté sur un destrier. Après cela, Vespasien
établit en Italie des professeurs de Latin et de Grec qui furent payés par le
Trésor Public.
Dans la partie perdue de lʹoeuvre de Tacite, qui est le seul Historien Païen à avoir accordé
une place assez conséquente à la Guerre en Judée, et à avoir décrit avec certains détails le
Temple de Jérusalem, il est fortement probable que Tacite ait relaté le Destin des Juifs après
la Destruction du Temple, comme entièrement mérité, à cause de leur insolence envers les
Maîtres du Monde, et à cause de leurs stupide ʺSuperstitionʺ monothéiste et barbare.
‐9‐ Ce qui nʹapparaît donc, aux yeux des Romains, que comme une péripétie,
exotique et ʺcolonialeʺ, constitue, au contraire, pour les Juifs, lʹun des traumatismes, majeurs
et irréversibles, de toute leur Histoire et Destinée.
Dans une perspective Eschatologique, la Destruction du Temple ne pouvait rester impunie,
même si, Théologiquement, lʹaction de Titus était interprétée comme lʹexécution de la
Volonté Divine.
Aussi, la Littérature Rabbinique dans ses aspects Aggadiques, et la Littérature
Intertestamentaire Juive, rendent compte du juste châtiment qui fut infligé aux Romains et à
Titus, après la Destruction du Temple.
Pour les Romains, cʹest singulièrement le Vésuve qui se charge de punir lʹItalie, en
ensevelissant, entre autres, Pompéi.
Pour Titus, sa mort subite, après seulement deux années de règne, est perçue également
comme son châtiment inéluctable et mérité.
A propos de cette mort prématurée, la Littérature Aggadique donne libre cours à un
imaginaire débridé, en nʹhésitant pas à mettre en avant des témoignages précis de Rabbins,
qui auraient même constaté, de leurs propres yeux, la terrifiante mise en oeuvre de la
Punition Divine.
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En effet, dans cette perspective Rabbinique de type légendaire, lʹHomme le plus puissant de
la Planète est puni par Dieu, à lʹaide dʹune créature minuscule, mais capable de générer une
souffrance infernale : un simple moustique :
En voici, les versions présentées dans le Talmud de Babylone et dans lʹAvot de Rabbi Natan :
Après la Destruction du Temple de Jérusalem, Titus a pris place dans un navire qui
lʹemporte vers lʹItalie :
Talmud de Babylone : Ordre Nachim : Traité Gittin : 56b :
Une tempête sʹéleva en mer qui faillit causer le naufrage de Titus. Il dit :
ʺApparemment le Pouvoir du Dieu de ces gens‐là (les Juifs) ne sʹexerce que sur
lʹeau. Quand Pharaon les a poursuivis, le Dieu des Juifs lʹa noyé dans lʹeau.
Quand Sisra est venu, Il lʹa également noyé dans lʹeau. (lʹArmée de Sisra, un
général Cananéen, fut défaite au torrent de Qichon). Et maintenant, Il essaie de
me noyer moi aussi. SʹIl est vraiment puissant quʹIl vienne donc se mesurer à
moi sur la terre ferme.ʺ Alors une Voix Céleste se fit entendre :
ʺImpie, fils dʹImpie, descendant dʹEsaü, lʹImpie ! Jʹai, dans mon Univers, une
infime créature, nommée moustique... Viens donc sur la terre ferme, et fais‐lui
la guerre.ʺ
Quand Titus accosta sur la terre ferme, un moustique entra dans sa narine et il
lui fora le cerveau pendant sept ans. Un jour, tandis que Titus passait devant un
forgeron, le moustique sʹarrêta de forer, en entendant le bruit du marteau.
ʺVoilà donc le remède.ʺ dit Titus. Aussi, chaque jour on amenait un forgeron
qui martelait devant lui. Si cʹétait un Païen on lui donnait quatre zuz, mais si
cʹétait un Juif, on lui disait: ʺTu es assez payé de pouvoir contempler la
souffrance de ton ennemi.ʺ On fit ainsi pendant trente jours mais ensuite
lʹinsecte sʹy accoutuma.
Avot de Rabbi Natan : B : 7 :
A sa descente de bateau à Rome, les Romains vinrent à la rencontre de Titus et
commencèrent à lʹacclamer en lʹappelant : ʺVainqueur des Barbares !ʺ
Arrivé chez lui, il prit un bain, et quand il en sortit on lui tendit une double
coupe de vin. Tandis quʹil buvait, un moustique entra dans sa narine et se mit à
lui forer le visage jusquʹà ce quʹil parvienne à son cerveau. On appela les
médecins qui lui firent une incision au crâne, et en sortirent un moustique de la
grosseur dʹun oisillon de deux livres.
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Cette invention Aggadique du moustique, qui sʹintroduit dans le cerveau de Titus et y
devient énorme, a, dʹemblée, un tel succès populaire quʹon nʹhésite pas à faire authentifier ce
récit par les témoignages personnels de Rabbins Tannaïques (des premières générations qui
ont rédigé la Mishnah) tels que Rabbi Eliezer, dit Rabbi Eliezer le grand, ou bien Rabbi
Pinhas ben Aruba :
Avot de Rabbi Natan : B : 7 :
Rabbi Eliezer déclare : ʺJe me trouvais à Rome et jʹai vu un poids de deux livres
sur un plateau dʹune balance et le moustique sur lʹautre plateau. On a mis le
moustique (extrait par les médecins du cerveau de Titus) dans un récipient :
tant quʹil y demeura, lʹâme de Titus subsista. Dès que le moustique sʹenvola,
lʹâme de Titus sʹenvola également. Cela, pour accomplir le Verset (Psaume 34 :
22) : Le méchant mourra de sa méchanceté.
Talmud de Babylone : Ordre Nachim : Traité Gittin : 56b :
Les Sages ont enseigné : Rabbi Pinhas ben Aruba dit : ʺJe me trouvais en
compagnie de Dignitaires Romains lorsque Titus est mort. Et quand lʹon a
ouvert son crâne, on y a trouvé quelque chose de semblable à une hirondelle
pesant deux sela.ʺ Un Tanna a enseigné : ʺCʹétait comme un pigeonneau dʹun
an, pesant deux livres.ʺ Rabbi Abaye a déclaré : ʺIl a été enregistré que son bec
était de cuivre et ses serres de fer. Lorsque Titus mourut, il dit : ʺBrûlez‐moi et
dispersez mes cendres sur les sept mers, afin que le Dieu des Juifs ne puisse pas
me trouver et me faire passer en Jugement.ʺ
‐10‐ Pour rendre compte de lʹabîme qui sépare Monothéisme des Juifs du
Polythéisme des Païens, il suffit de mettre en exergue de ces Récits Rabbiniques, les
Commentaires que les Historiens Païens ont transmis à propos du Règne de Titus :
Suétone : Vies des douze Césars : Titus : 1 :
Titus, qui se nommait Vespasien comme son père, fut appelé ʺlʹAmour et les
Délices du Genre Humainʺ, grâce à ses qualités, à son adresse ou à son bonheur,
qui lui concilièrent lʹaffection universelle...
Tout comme son père, Vespasien, Titus est immédiatement divinisé après sa mort :
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Aurelius Victor : Histoire Abrégée des Empereurs Romains : 10 :
Ainsi, au bout de deux ans et neuf mois de règne environ, et après avoir achevé
le Colisée, au sortir du bain, Titus fut empoisonné (par son frère Domitien). Il
avait quarante ans, alors que son père était mort à soixante dix ans, après un
règne de dix ans.
Sa mort fut vraiment pour lʹEmpire une telle cause de chagrin que, en appelant
Titus ʺles Délices du Genre Humainʺ, tout lʹEmpire Romain pleurait sur le
Monde devenu orphelin.
Eutrope : Bréviaire (Histoire des Empereurs Romains) : 7 : 22 :
Le chagrin des gens à la mort de Titus fut si grand que chacun sʹaffligeait
comme sʹil avait perdu son propre père. Le Sénat, à qui lʹon annonça sa mort
vers le soir, se précipita de nuit à la Curie, et le couvrit, après sa mort, de plus
dʹéloges et de louanges quʹil ne lui en avait jamais décerné de son vivant en sa
présence. Titus fut divinisé.
‐11‐ De lʹautre côté de lʹabîme séparant le Polythéisme du Monothéisme, les Juifs
survivants, décimés ou réduits en esclavage, sont livrés au désespoir : car le Temple, même
corrompu, même désincarné, donnait, néanmoins, un Sens à toute leur Destinée et à tous
leurs Espoirs. Or, ce Sanctuaire séculaire a disparu, détruit par les Romains, consumé par les
flammes, et noyé dans le sang des Juifs.
La Littérature Rabbinique rend compte du Désespoir suicidaire vécu, alors, par les
Survivants de cette époque :
Talmud de Babylone : Ordre Neziquin : Baba Bathra : 60b :
Les Sages ont appris : Après que le Temple ait été détruit pour la seconde fois, il
y avait beaucoup dʹhommes pieux en Israël qui ne voulaient plus ni manger de
la viande ni boire du vin. Rabbi Joshua vint discuter avec eux et leur dit :
ʺMes enfants, à quoi vous sert de ne plus manger de viande et de ne plus boire
de vin ?ʺ. Ils répondirent : ʺComment pourrions‐nous consommer de la chair
qui était destinée aux Sacrifices que lʹon célébrait sur lʹAutel du Temple détruit
aujourdʹhui ? Et nous boirions le vin qui était destiné aux Libations que lʹon
versait sur cet Autel disparu ?ʺ Le Rabbi leur répondit alors :
ʺSʹil en est ainsi, nous ne devrions pas, non plus, manger du pain qui était
destiné aux Offrandes sur lʹAutel des Propositions.ʺ Ils dirent alors : ʺTu as
raison, aussi nous ne mangerons plus désormais que des fruits.ʺ
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Le Rabbi répliqua : ʺNous ne devrions pas non plus manger de fruits puisque
nous ne pouvons plus procéder à la Cérémonie des Offrandes des prémices de
fruits au Temple.ʺ Ils répondirent : ʺEn effet ! Et bien, nous nous arrangerons
désormais pour ne plus manger de fruits.ʺ Alors le Rabbi insista et déclara :
ʺEt nous ne devrions pas non plus boire de lʹeau, car nous ne pouvons plus
procéder à la Cérémonie de la Libation de lʹEau de Source au Temple.ʺ
A cela, ils ne purent plus, enfin, répliquer, et le Rabbi leur déclara alors :
ʺMes enfants, écoutez‐moi : ne pas porter le Deuil de la Perte du Temple est
impossible, car, effectivement, le coup fatal a été porté. Mais vivre un Deuil trop
intransigeant est également impossible car nous ne pouvons pas imposer à la
Communauté Juive un fardeau trop éprouvant, et quʹen sa grande majorité, elle
ne pourrait supporterʺ...
De la même façon, la Littérature Pseudépigraphique infuse le Désespoir provoqué par la
Destruction du troisième Temple par Titus, dans lʹévocation de la Destruction du premier
Temple par Nabuchodonosor.
Il en est ainsi, par exemple, du Livre Syriaque de Baruch, écrit très vraisemblablement en
Hébreu, entre 90 et 110 EC, puis traduit en Syriaque :
Dans ce passage, Baruch, le Secrétaire de Jérémie, se lamente sur la Disparition du Temple :
Livre (ou Apocalypse) Syriaque de Baruch (II Baruch) : X :
Bienheureux celui qui nʹest pas né,
Ou qui, ayant été mis au monde, est mort !
Quant à nous, qui vivons, malheur à nous,
Car nous avons assisté à la misère de Sion
Et à ce qui est arrivé à Jérusalem.
Jʹappelle les Sirènes de la mer,
Vous Démons de la Nuit, accourez du désert,
Satyres et chacals des forêts !
Et vous tous, éveillez‐vous et ceignez vos reins pour le Deuil !
Entonnez avec moi le Chant lugubre ! Pleurez avec moi !
Et toi, Terre, pourquoi continuer à offrir les fruits de tes moissons !
Garde en toi désormais la douceur de tes produits !
Et toi, Vigne, pourquoi donner encore ton vin ?
Car on nʹen offrira plus à Sion,
On nʹoffrira plus les prémices des fruits.
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Et vous, Cieux, gardez dorénavant la rosée
Et nʹoffrez plus les trésors de la pluie !
Et toi, Soleil, retiens la lumière de tes rayons,
Et toi, Lune, éteins lʹabondance de ton éclat !
Pourquoi la Clarté se lèverait‐elle encore,
Puisque la Lumière de Sion sʹest éteinte !
Et vous, époux, nʹentrez plus (dans la chambre nuptiale),
Que les vierges ne sʹornent plus de couronnes !
Vous, femmes, ne priez plus pour enfanter !
Que plutôt se réjouissent les stériles,
Que soient heureuses celles qui nʹont pas de fils,
Que celles qui ont des fils soient dans la tristesse !
Pourquoi donc enfanteraient‐elles dans les douleurs,
Pour devoir ensuite ensevelir dans les gémissements ?
Pourquoi les hommes auraient‐ils encore des fils,
Et la semence de leur espèce existerait‐elle encore,
Alors que la Mère Sacrée est livrée au Désespoir,
Et que ses fils sont emmenés en captivité.
Les mêmes thèmes sont développés, par exemple, dans Esdras IV, ouvrage
Pseudépigraphique composé également, en Hébreu, à la même époque que Baruch II :
Esdras IV : 9 : 22 :
Nos Dignitaires sont déshonorés,
Nos Prêtres brûlés,
Nos Lévites emmenés en captivité,
Nos vierges déflorées,
Nos femmes violées,
Nos Sages emprisonnés,
Nos enfants déportés,
Et nos jeunes gens réduits en esclavage...
A ce Désespoir mystique et charnel sʹajoute une misère absolue :
De nombreux récits de la Littérature Rabbinique en portent témoignage :
Une anecdote, entre autres, dans la Mekhilta de Rabbi Ishmaël, est rapportée par Yohanan ben
Zaccaï, le Rabbin qui va permettre à la Religion Juive de ne pas périr avec le Temple :
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La Mekhilta de Rabbi Ishmaël est un Midrach Tannaïque qui contient aussi un grand nombre
de passages Aggadiques, comme celui‐ci :
Yohanan ben Zaccaï, devenu le Rabban (Chef des Rabbins) de Yabneh, après la disparition
du Temple, se rend à Emmaus :
Mekhilta de Rabbi Ishmaël : Bahodesh : 1 :
Rabban Yohanan ben Zaccaï (venant de Yabneh‐Jamnia) montait vers Emmaus
en Judée, lorsquʹil aperçut une jeune fille qui recherchait des grains dʹavoine
dans les excréments laissés par un cheval. Le Rabbi demanda à ses Disciples :
ʺQui est cette fille ?ʺ Ils lui répondirent : ʺUne Juive.ʺ Le Rabbi demanda : ʺEt à
qui appartient ce cheval ?ʺ Ils répondirent : ʺCʹest le cheval dʹun bédouin...ʺ
‐12‐ En effet, non seulement les Juifs avaient perdu leur Temple, leurs propriétés,
leurs biens, non seulement les combattants avaient été massacrés, et la Population réduite en
esclavage, mais, de plus, les survivants se trouvaient désormais dépossédés de leur terre,
ainsi que de toute autonomie politique, par les Romains triomphants.
Flavius Josèphe, entre autres, donne, en particulier, une indication Juridique sur la Propriété
des Terres de Judée, après la Prise de Jérusalem :
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : 7 : 27 :
A peu près à la même époque (vers 71 EC, soit une année après la Prise de
Jérusalem) César (Vespasien) envoya des instructions au Légat Bassus (Legatus
Augusti Provinciae Judae) et au Procurateur de Judée, Laberius Maximus,
dʹaffermer toutes les Terres des Territoires des Juifs.
En effet, lʹEmpereur ne fonda aucune Ville, se réservant la propriété de tous ces
Territoires, à lʹexception des terres situées à Emmaus (Motza, située près de
Jérusalem) quʹil attribua à huit cents Vétérans des Armées Romaines (et
Auxiliaires).
LʹEmpereur ordonna également que tous les Juifs de lʹEmpire, en quelque lieu
quʹils résideraient dans lʹEmpire, devraient, désormais, payer, chaque année, au
Temple de Jupiter Capitolin, les deux drachmes quʹils versaient, jusquʹalors,
pour le Temple de Jérusalem.
Lʹassociation des deux mesures décidées par Vespasien indique le niveau de dépendance
économico‐idéologique, dans laquelle vont, désormais, se trouver les Juifs, dans leur propre
Pays.
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En réalité, les Terres des Juifs ne deviennent pas la propriété de lʹEmpereur, comme lʹétaient,
par exemple, celles du Territoire de Jamnia, Propriété personnelle de la Famille Impériale,
depuis que Salomé, la soeur dʹHérode, lʹavait léguée à la femme dʹAuguste.
Les Terres de Judée deviennent, en fait, la Propriété de lʹEmpire, cʹest à dire de lʹÉtat.
Vespasien, très avide dʹargent, ne sʹappropriera que les célèbres plantations de baumiers qui
font la richesse et la réputation de Jéricho.
Mais lorsque lʹÉtat Romain est propriétaire de Terres, son intérêt est, bien évidemment, que
celles‐ci soient cultivées. Aussi lʹÉtat Romain loue ces terres à des paysans afin que les
terrains ne soient pas livrés à lʹabandon, quʹils soient cultivés, quʹils fournissent des vivres et
rapportent des revenus. Cʹest ainsi que lʹon peut voir des anciens propriétaires devenir les
fermiers de leurs anciennes possessions.
Par ailleurs, certaines de ces Terres sont vendues ou données à des Serviteurs méritants de
lʹEmpire ou à des Collaborateurs dévoués.
Mais, dʹune façon générale, les Terres appartenant à lʹÉtat sont affermées sur une grande
échelle à des Fonctionnaires (appelés plus tard ʺConductoresʺ) qui, à leur tour, louent ces
Terres, qui sont alors morcelées entre différents locataires. Ces opérations sont hautement
profitables pour les ʺConductoresʺ, qui, au passage, prélèvent des gains substantiels. Aussi,
ces Conductores sont choisis avec soin parmi les ʺamisʺ du Peuple Romain, et les rivalités
sont nombreuses pour obtenir ces ʺadjudicationsʺ. Ces Conductores, pour obtenir ces
attributions, doivent, en retour, rendre des services conséquents à la Puissance occupante.
Cʹest ce Système économique qui va, entre autres, permettre à la Dynastie dʹHillel dʹamasser
une fortune considérable, et les représentants de cette Dynastie, sur la base dʹaccords
réciproques, explicites et implicites, avec le Pouvoir Romain, deviendront, en particulier à
partir de Gamaliel II, les Patriarches Officiels des Juifs, durant plusieurs siècles dʹOccupation
Romaine.
‐13‐ Les Juifs survivants, après la Destruction de Jérusalem, sont devenus des
citoyens de seconde zone (des ʺdediticiiʺ).
Le Temple ayant disparu, le Culte Sacrificiel cesse.
Cela veut dire que le Grand‐Prêtre, les Prêtres, les Lévites, et la classe des Sadducéens, dans
son ensemble, disparaissent, laissant la voie libre aux seuls Pharisiens, dont la Théologie va,
progressivement, sʹimposer, avec lʹÉtude de la Loi, comme unique nouveau moteur de la
Religion Juive.
Les Sadducéens ont disparu avec le Temple.
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Mais la Roue de lʹHistoire fera réapparaître, spécifiquement, leur Courant de Pensée, avec le
mouvement Juif Karaïte, attaché uniquement aux Textes Sacrés, et à ces Textes seuls.
Et, dʹune certaine manière, le Mouvement de Pensée Sadducéen réapparaîtra également avec
lʹavènement du Protestantisme.
En effet, le Protestantisme bien que basé, comme le Catholicisme, sur lʹInterprétation des
Textes Sacrés Juifs par le Christ et ses Apôtres, prônera, néanmoins, un retour aux seuls
Textes Sacrés des Canons.
Ce faisant, les Protestants écarteront lʹensemble monumental de lʹAppareil Critique et
Exégètique, dont la démarche et lʹétude, conduite par les Pères de la Doctrine Chrétienne,
équivalaient, en quelque sorte, à la démarche et à lʹétude conduites par les Rabbins
Pharisiens autour de la Tradition Orale, qui, finalement, sera transmise par Écrit, comme les
Textes Chrétiens.
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8/ La Confrontation Idéologique
Entre les Païens et les Juifs
sous la Domination des Séleucides
La Tentative dʹÉlimination
de la Religion Juive
par Antiochus Épiphane
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‐1‐ A lʹinverse de la Domination relativement pacifique des Lagides sur les Juifs, la
domination voulue par les Séleucides, dont le Royaume se réduisit progressivement à une
grande Syrie avec comme capitale Antioche, fut conflictuelle, souvent sanglante, et cette
hostilité culmina avec la prise de Jérusalem par Antiochus Épiphane, en 167, et la
profanation du Temple des Juifs, où le monarque Séleucide fit instaurer le Culte Païen.
En effet, Antiochus Épiphane (215‐164 av. EC) avait décidé, avec, dʹabord, lʹappui, tacite ou
actif, dʹun parti assez important de Juifs séduits par la Civilisation Grecque, dʹhelléniser
complètement la Judée.
Puis, devant les résistances farouches opposées par les Religieux Juifs, Antiochus Épiphane
décida dʹéliminer, définitivement, la Religion Juive :
Cʹest ainsi que la circoncision fut interdite sous peine de mort, que lʹon obligea les Juifs à
sacrifier le porc sur lʹAutel du Temple et dʹen manger.
Les Juifs sʹentêtant à observer leur Loi furent recherchés, suppliciés et égorgés.
Les Livres de la Loi furent déchirés et brûlés.
‐2‐ Les Livres des Macchabées tiennent leur titre du surnom qui fut donné à Judas,
puis à ses frères Jonathan et Simon, fils du Prêtre Mathatias, de la famille Sacerdotale
dʹAshmon, (Hasmonéens) qui se révoltèrent, dʹabord, contre la tyrannie dʹAntiochus
Épiphane, et, par la suite, luttèrent sans répit contre les Souverains Séleucides pour
préserver lʹindépendance de la Judée.
Les Macchabées (Hasmonéens) devaient finir par obtenir, grâce à leurs victoires et grâce aux
rivalités incessantes au sein du clan des Séleucides, une assez large autonomie pour le
Peuple Juif.
Cʹest ainsi quʹils donnèrent naissance à la Dynastie des Hasmonéens, qui devait être
remplacée plus tard, par la Dynastie issue dʹHérode le Grand.
‐3‐ Le 1er Livre des Macchabées est la traduction Grecque dʹun original Hébreu qui
est perdu.
Le 2ème Livre des Macchabées, par contre, a été écrit directement en Grec par un Auteur
identifié comme un Juif de langue Grecque, ayant résumé une oeuvre antérieure, rédigée par
un Historien inconnu, Jason de Cyrène.
Les Livres des Macchabées constituent la première source la plus complète sur la tentative
dʹAntiochus Épiphane dʹéradiquer la Spécificité Juive :
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Livre 1 Macchabées : 1 : 41‐64 :
Alors le Roi Antiochus (IV Épiphane) ordonna par écrit à tous les gens de son
Royaume de former un seul peuple et dʹabandonner leurs coutumes
particulières. Les populations Païennes se conformèrent à lʹordre du Roi et
beaucoup de Juifs acceptèrent de changer de Religion. Ils offrirent des sacrifices
aux idoles et cessèrent de respecter le Shabbat.
De plus, le Roi envoya à Jérusalem et aux villes de Judée des lettres portées par
des messagers. Il y ordonnait aux Juifs de se soumettre à des coutumes
étrangères à leur pays. Il interdisait aux Juifs dʹoffrir dans leur Temple des
sacrifices ordinaires ou des sacrifices complets, et dʹy présenter des offrandes de
farine ou de vin. Il leur ordonnait de ne plus respecter le Shabbat, ni les jours de
Fête Religieuse, et également de profaner le Temple et les choses Saintes. De
plus, les Juifs devaient dresser partout des Autels pour y consacrer des idoles
ainsi que des Sanctuaires et des Temples pour les Dieux. Les Juifs devaient y
offrir en sacrifice des porcs et autres animaux impurs. Il leur était interdit de
circoncire leurs fils. Il fallait quʹils soient souillés par toutes sortes de pratiques
abominables. En effet, le Roi voulait ainsi quʹils en arrivent à oublier
complètement la Loi de Moïse et à changer toutes leurs coutumes. Ceux qui
désobéiraient à la volonté du Roi seraient immédiatement mis à mort. Le Roi
adressa ses ordres par écrit à tous les habitants de son Royaume et il nomma
des Inspecteurs pour surveiller le peuple Juif. Il ordonna également à chaque
ville de Judée dʹoffrir des sacrifices Païens. Beaucoup de Juifs, qui
abandonnèrent la Loi de Moïse, collaborèrent avec les Inspecteurs du Roi et
firent un grand mal dans le pays. Ils forcèrent les Juifs, fidèles à leur Loi, à se
réfugier partout où il était possible de se cacher.
Le quinzième jour du mois de Kisleu, en 145 (167 av. EC) le Roi fit construire
ʺlʹHorreur abominableʺ sur lʹAutel du Temple (remplacé par lʹAutel de Zeus
Olympien) et lʹon construisit des Autels Païens dans les autres villes de Judée.
On faisait brûler de lʹencens (réservé au seul Emplacement Très Saint du
Temple) devant les portes des maisons et sur les places. On déchirait tous les
Livres de la Loi quʹon trouvait, et on les jetait au feu. Toute personne qui était
trouvée en possession dʹun Livre Sacré et qui obéissait à la Loi de Moïse était
immédiatement mise à mort, par ordre du Roi. Les partisans du Roi avaient le
pouvoir de traiter de la sorte, mois après mois, les Juifs fidèles quʹils
découvraient dans les villes. Le vingt‐cinquième jour de chaque mois (jour
anniversaire de la naissance du Roi Antiochus) ils offraient des sacrifices sur
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lʹAutel Païen, construit sur lʹancien Autel du Temple de Jérusalem. Ils mirent à
mort, selon lʹordre du Roi, les femmes qui avaient fait circoncire leurs fils, avec
les bébés suspendus à leurs seins ; et ils exécutaient toute leur famille ainsi que
tous ceux qui avaient pratiqué la circoncision.
Cependant beaucoup dʹhabitants de Judée eurent le courage de résister, et de
refuser de manger des aliments impurs. Ces Juifs préférèrent mourir plutôt que
de manger de la nourriture impure et de trahir ainsi la Sainte Alliance...
LʹHistorien Juif, Flavius Josèphe, puisant vraisemblablement à dʹautres sources, complète le
récit de ces événements, dans son ouvrage Historique, Antiquités Juives, qui relate toute
lʹHistoire de la Nation Juive, jusquʹà la prise de Jérusalem par Titus en 70 EC et la
destruction du Temple :
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 12 : 7:
Le Roi (Antiochus Épiphane) monta à Jérusalem, et, prétendant être venu pour
offrir la paix, il put sʹemparer de la ville par traîtrise. Mais, en cette occasion, il
nʹépargna même pas ses partisans (Juifs Hellénisants) en raison de la richesse
du Temple quʹil convoitait : En effet, le spectacle de tout son or et de toutes ses
précieuses dédicaces, excita son avidité, au point de lui faire violer le traité quʹil
avait conclu avec ses partisans (Juifs) et quʹil nʹhésita pas à les exterminer, alors
quʹils lui avaient ouvert les portes de la ville. Et donc, Antiochus dépouilla le
Temple, emportant les vases sacrés, le chandelier en or, ainsi que lʹAutel et les
Tables sacrés, en or également, et ne négligeant même pas à sʹemparer des
rideaux du Temple qui étaient faits du lin le plus délicat et de pourpre.
Et Antiochus vida également le Temple de tous ses trésors, en ne laissant rien
derrière lui, si ce nʹest un deuil inconsolable pour tous les Juifs.
De plus, le Roi leur interdit dʹoffrir les sacrifices quotidiens quʹils y rendaient à
leur Dieu conformément à leurs Lois Sacrées ; et, après avoir livré la ville au
pillage, le Roi extermina une partie de la population, et, une autre partie qui
sʹélevait à plusieurs dizaines de milliers, il lʹemmena en esclavage, avec femmes
et enfants. Il brûla les plus belles parties de la ville, et, après avoir jeté à bas ses
murailles, il édifia la citadelle dans la ville basse, car elle était située à un
emplacement qui dominait et contrôlait le Temple. Cʹest pourquoi il la pourvut
de hautes murailles et de tours afin dʹy installer une garnison macédonienne.
En plus, dans cette Citadelle, devaient être cantonnés une faction de Juifs
impies et mauvais, et, à cause dʹeux, leurs concitoyens allaient être amenés à
souffrir les pires maux.
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Le Roi, également, érigea un Autel Païen sur lʹAutel du Temple, et il y fit
égorger des porcs, pratiquant, de la sorte, une forme de sacrifice qui montrait
tout son mépris pour les Croyances des Juifs et pour leurs Rites.
Et le Roi Antiochus força les Juifs dʹabandonner le Culte de leur Dieu, et il les
obligea à révérer les Dieux auxquels, lui, le Roi, croyait. Il leur ordonna de bâtir
des emplacements qui seraient consacrés à ces Dieux, dans chaque ville et dans
chaque village, et où seraient érigés des Autels sur lesquels les Juifs devraient
sacrifier des porcs.
Le Roi interdit également aux Juifs de circoncire leurs enfants, en les menaçant
de punir tous ceux qui agiraient contrairement à ses ordres, et il nomma des
Inspecteurs chargés de sʹassurer que ses ordres étaient fidèlement appliqués.
Aussi, beaucoup de Juifs, certains de leur plein gré, les autres par peur du
châtiment, se conformèrent aux pratiques ordonnées par le Roi ; mais les
meilleurs, et tous ceux qui avaient lʹâme noble, méprisèrent ces ordres, et
tinrent pour supérieurs les Croyances de leur Nation à la crainte des châtiments
dont ils étaient menacés.
Alors, ces Juifs endurèrent, jour après jour, les pires tourments avant de devoir
affronter, finalement, leur mise à mort. En effet, ils étaient dʹabord fouettés, puis
leur corps était mutilé, et, alors quʹils respiraient encore, ils étaient crucifiés,
tandis que leurs femmes, ainsi que leurs fils quʹils avaient fait circoncire malgré
lʹinterdiction du Roi, étaient mis à mort par étranglement, et les cadavres des
enfants circoncis étaient ensuite suspendus au cou de leur père crucifié.
Et partout où un Livre Sacré, ou bien une copie de la Loi, était trouvé, on
procédait à sa destruction. Quant à ceux chez qui on les avait trouvés, eux
également, les malheureux, étaient atrocement mis à mort.
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9/ LʹAvènement
de la Dynastie des Hasmonéens
en 164 av. EC
Alliance des Juifs avec les Romains
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‐1‐ Les sacrilèges ʺabominablesʺ accomplis dans le Temple de Jérusalem par
Antiochus Épiphane, les interdictions religieuses punies de mort, les persécutions et les
massacres commis par les armées Séleucides, entraînèrent, en 166 av. EC, la Révolte
nationale des Juifs, menés par le père et les cinq frères de la famille Sacerdotale, la famille
Hashmon (les Hasmonéens).
Après une série de campagnes victorieuses, dirigées par Judas Macchabée et ses frères, le
Culte ancestral put être rétabli à Jérusalem en 164 av. EC, et le Temple fut purifié.
Cet événement est célébré chaque année par les Juifs, lors de la Fête Hannoukha, bien que le
Livre 1 Macchabées en particulier, nʹait pas été retenu dans le Canon Hébraïque, pour les
raisons que nous exposerons infra.
‐2‐ Cʹétait, dans un tel contexte politique de confrontations incessantes et de
rapports de force avec les Monarques Séleucides, que Judas Macchabée, aussi fin diplomate
que brillant stratège, avait conçu le dessein de contracter une Alliance avec la Puissance
montante, les Romains, dont la domination sur le monde Antique remplaçait,
progressivement, mais inexorablement, lʹancienne hégémonie Grecque, qui avait été forgée,
en particulier, par Alexandre et ses successeurs.
Les rapports des Juifs avec les Romains commencèrent, comme une véritable lune de miel :
En dépit de quelques légers anachronismes, le Livre des Macchabées nous rend compte de
cette alliance privilégiée des Juifs avec les Romains, et tout particulièrement de lʹesprit dans
lequel cette alliance se noua, ainsi que de la façon dont les Juifs considéraient, dans ces
premiers temps, la Puissance Romaine.
Livre 1 Macchabées : 8 :
Judas (Macchabée) avait entendu parler des Romains. On les disait
particulièrement puissants, bienveillants pour ceux qui devenaient leurs alliés
et prêts à accorder leur amitié à ceux qui sʹadressaient à eux. On lui avait
raconté les guerres quʹils avaient faites et leurs exploits chez les Gaulois, que les
Romains avaient soumis et avaient obligés à payer un lourd tribut. On lui avait
raconté que les Romains avaient également combattu en Espagne pour
sʹemparer des mines dʹor et dʹargent qui sʹy trouvaient : grâce à leur talent et à
leur persévérance, ils avaient conquis tout ce pays quoiquʹil fut très éloigné de
Rome. Quʹils avaient également vaincu des Rois qui venaient des pays les plus
lointains pour les attaquer : les Romains avaient réussi à les battre en leur
faisant subir de grands désastres et ceux qui survivaient devaient payer un
tribut annuel. Quʹils avaient aussi vaincu et soumis les rois de Macédoine,
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Philippe (V, et son fils,) Persée, ainsi que tous ceux qui se rebellaient contre eux.
Quʹils avaient même écrasé Antiochus le Grand, Roi de lʹAsie, qui les avait
attaqués avec 120 éléphants de combat, de la cavalerie, des chars et une armée
puissante. Et les Romains lʹavaient pris vivant : ils avaient exigé que lui et ses
descendants leur paient désormais un impôt considérable, quʹils leur livrent des
prisonniers en otages, et leur abandonnent définitivement lʹInde, la Médie, la
Lydie et quelques autres des plus belles provinces de son royaume...
Les Grecs, aussi, avaient formé le projet de faire la guerre aux Romains pour se
débarrasser dʹeux. Lorsque les Romains lʹavaient appris, ils avaient envoyé un
seul Général pour les combattre. Beaucoup de Grecs avaient été tués au cours
de cette guerre, et leurs femmes et leurs enfants avaient été capturés. Les
Romains avaient pillé leurs biens, occupé leur pays, détruit leurs forteresses, et
ils les avaient traités en esclaves, de la même manière quʹils le font toujours
lorsquʹon leur résiste dans les autres contrées ou dans les îles : les Romains
dévastent, alors, ces territoires et leurs habitants deviennent des esclaves. Mais,
par contre, les Romains demeurent de fidèles amis pour leurs alliés et pour ceux
en qui ils ont fait confiance. Ils ont soumis tous les Rois des pays voisins comme
ceux des pays lointains. Tous ceux qui entendaient parler des Romains les
craignaient. Ils faisaient Rois ceux à qui ils voulaient bien donner le Pouvoir et
ils déposaient les Rois dont ils ne voulaient pas. Ils avaient atteint le sommet de
la puissance.
Malgré cela (en 162 av. EC) aucun Romain ne portait de couronne ni de
vêtements royaux pour en tirer un avantage personnel. Ils avaient créé un Sénat
de 320 membres : chaque jour, les Sénateurs se réunissaient et discutaient des
problèmes du Peuple pour le bien de tous. Chaque année, ils confiaient à un
seul dʹentre eux le pouvoir de gouverner et de commander sur tout leur
Empire. Et tous obéissaient à ce seul homme et aucun nʹen était envieux ou
jaloux.
Judas (Macchabée) choisit Eupolème... ainsi que Jason... et les envoya à Rome.
Ils avaient pour mission de conclure un Traité dʹamitié et dʹalliance avec les
Romains...
Après un très long voyage, Eupolème et Jason se présentèrent devant le Sénat et
ils sʹadressèrent à lʹAssemblée en ces termes :
ʺJudas Macchabée, ses frères et le Peuple Juif nous ont envoyés ici pour
conclure un Traité dʹalliance et de paix. Nous voulons, de façon officielle, être
comptés parmi vos alliés et amis.ʺ
Les Sénateurs acceptèrent cette proposition.
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Le Texte qui suit est la copie du Texte, gravé sur les tablettes de bronze, que les
Sénateurs adressèrent à Jérusalem pour quʹil atteste aux Juifs de leur Traité
dʹAmitié et dʹAlliance.‐‐ Nous souhaitons que les Romains et le Peuple Juif
soient heureux pour toujours, sur terre comme sur mer. Quʹils soient à lʹabri de
leurs ennemis et de la guerre ! Mais si, nʹimporte où dans lʹEmpire Romain une
guerre éclate contre Rome elle‐même, ou lʹun de ses alliés, le peuple Juif
sʹengage à combattre de tout coeur à ses côtés en se conformant aux
circonstances. Rome demande aux Juifs de ne donner ou de prêter à ses
ennemis, ni blé, ni armes, ni argent, ni navires. Les Juifs doivent respecter leurs
engagements sans rien exiger en retour. De la même façon, si une guerre est
déclarée contre le Peuple Juif lui‐même, les Romains sʹengagent à combattre de
tout coeur à ses côtés, en se conformant aux circonstances. Rome promet aux
Juifs de ne donner à leurs ennemis ni blé, ni armes, ni argent, ni navires; Les
Romains doivent respecter scrupuleusement leurs engagements... De plus nous
avons adressé au Roi Démétrius (fils de Séleucus et Roi de Syrie) ce message
écrit au sujet des torts quʹil cause aux Juifs : ʺPourquoi agresses‐tu si durement
nos alliés et amis les Juifs ? Sʹils se plaignent encore de toi, nous défendrons
leurs droits et nous te ferons la guerre, sur mer et sur terre.ʺ
‐3‐ Effectivement, les Romains sʹengagèrent progressivement dans cette région du
Moyen Orient, comme dans tout le Bassin Méditerranéen, mais les beaux sentiments,
affichés dans ce premier Traité, qui fut renouvelé successivement par les frères et
successeurs de Judas Macchabée, devaient, progressivement, faire place, en dépit des efforts
de conciliation de la plupart des Dirigeants Juifs et de certains Dirigeants Romains, à une
confrontation croissante, alimentée, dʹun côté, par lʹesprit hégémonique des Romains dû à
leur écrasante supériorité militaire, et, dʹun autre côté, par la volonté dʹindépendance
absolue de certains milieux Juifs. Et cette confrontation de base se nourrissait
souterrainement de conceptions Religieuses et Idéologiques, inconciliables.
‐4‐ Néanmoins, jusquʹà la conquête de la Syrie par les Romains, et jusquʹà lʹarrivée,
dans cette région, de Pompée, en 63 av. EC, les descendants des Macchabées, à savoir les
différents Rois Hasmonéens, se servirent, en fait, de leurs premiers Traités dʹAlliance avec
les Romains comme dʹune arme psychologique dans leurs luttes contre les différents clans de
la Dynastie Séleucide, afin de préserver lʹindépendance de la Judée reconquise par les
Macchabées, et afin, même, dʹélargir leur Royaume.
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Mais cette confrontation permanente, qui se manifestait, parfois, sous forme dʹintrigues
multilatérales, avec les divers prétendants à la Souveraineté Séleucide, sʹinscrivait dans un
contexte national Juif, où sʹinstaurait, progressivement, un nouveau redéploiement des
diverses facettes de son Identité Nationale et Religieuse :
‐5‐ Les rapports de force entre les armées Séleucides et les armées Juives, les
relations diplomatiques et administratives entre les différents pouvoirs, les activités
commerciales développées avec lʹensemble du monde Grec du Bassin Méditerranéen, et
finalement la fascination exercée sur certains milieux Juifs par la Culture Grecque, par les
moeurs séductrices et joyeuses dʹun mode de vie, Grec et Païen, avaient eu comme effet une
Hellénisation grandissante de certains Cercles dirigeants de Jérusalem.
Et, paradoxalement, cette Hellénisation sʹétait accrue après que les mesures dʹéradication de
la Religion Juive qui avaient été décidées par Antiochus Épiphane, aient été annulées par ses
successeurs, soucieux dʹapaiser les tensions avec leurs théoriques vassaux, les Grands‐
Prêtres et Rois Hasmonéens de Jérusalem.
Lʹune des expressions les plus ambiguës de cette Hellénisation, ouverte ou rampante, fut
lʹétonnante nomination diplomatique par Alexandre Épiphane, le fils dʹAntiochus IV, de
Jonathan, le frère et successeur de Judas le Macchabée, comme Grand‐Prêtre des Juifs (règne
de 161 à 143 av. EC), après que le Souverain Séleucide eut pris la mesure des forces
représentées par les Macchabées.
1 Macchabées : 10 :18‐21 :
Le Roi Alexandre (Épiphane) salue son frère Jonathan. Jʹai entendu parler de toi:
tu es un homme de grand courage et tu mérites dʹêtre de nos amis.
Cʹest pourquoi je te nomme aujourdʹhui Grand‐Prêtre de ton Peuple et je te
donne le titre ʺdʹAllié du Roiʺ. Tu devras désormais prendre notre parti et rester
notre ami.
Le Souverain (Séleucide) lui envoyait, avec cette Lettre, un vêtement pourpre de
cérémonie et une couronne dʹor :
Jonathan revêtit les habits du Grand‐Prêtre à lʹoccasion de la fête des Huttes, le
7ème mois de lʹannée 160 (octobre 152 av. EC).
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‐6‐ Cette nomination par Épiphane dʹun Hasmonéen comme Grand‐Prêtre sera
ratifiée de nouveau, par les Souverains Séleucides et par le Peuple Juif lui‐même, dʹabord,
pour le successeur de Jonathan, cʹest à dire son frère Siméon (règne de 143 à 135 av. EC).
Et cette désignation deviendra ensuite un droit successoral, pour tous les descendants de la
famille Hasmonéenne, qui sʹarrogeront, ainsi, définitivement le Pouvoir, en fondant une
Dynastie Royale.
Le Livre 1 Macchabées donne le Texte de la Proclamation qui fut inscrite sur des tablettes de
bronze dans le Temple de Jérusalem, et qui confirmait Siméon, frère de Jonathan, comme
Grand‐Prêtre et Chef de la Nation Juive, au cours dʹune Cérémonie se déroulant, en 140 av.
EC, en présence dʹune Grande Assemblée comprenant les Prêtres, des Représentants du
Peuple, les Chefs de la Nation et les Anciens.
1 Macchabées : 10 : 18‐21 :
Le Peuple Juif sʹest rendu compte de la fidélité de Siméon et a vu comment il
voulait donner de la gloire à sa Nation. Alors ils lʹont choisi comme Chef et
Grand‐Prêtre pour le remercier de tout ce quʹil avait fait, de son sens de la
justice, et de sa loyauté quʹil avait montrés envers sa Patrie. Siméon a toujours
cherché par tous les moyens à assurer la grandeur de son Peuple. Il a réussi à
chasser de Judée les Païens et ceux qui à Jérusalem occupaient la Cité de David :
ces gens sʹy étaient consolidés dans la Citadelle dʹoù ils sortaient pour souiller
les abords du Temple et porter gravement atteinte à la Sainteté du Lieu. Siméon
a installé des soldats Juifs dans la Citadelle et lʹa renforcée pour assurer la
sécurité du Pays et de Jérusalem. Il a aussi surélevé les remparts de la Ville.
A la suite de ces événements, le roi Démétrius II (Souverain Séleucide) a
confirmé Siméon dans sa fonction de Grand‐Prêtre : il lui a donné le titre dʺAllié
du Roiʺ et accordé de grands honneurs. Demetrius avait appris en effet que les
Romains traitaient les Juifs dʹamis, dʹalliés et de frères, et quʹils avaient reçu
solennellement les Ambassadeurs envoyés par Siméon. On avait rapporté aussi
à Démétrius que les Juifs et leurs Prêtres avaient accepté dʹavoir Siméon et ses
descendants comme Chefs et Grands‐Prêtres, jusquʹau moment où apparaîtrait
un vrai Prophète.
Siméon était leur Général ; il devait sʹoccuper du Temple, et, de plus, nommer
les Chefs de travaux, les Fonctionnaires pour lʹadministration du Pays, les
Responsables des armées et des forteresses.
Siméon était donc le Responsable des affaires du Temple. Tout le monde devait
lui obéir, tous les documents du Pays devaient être rédigés en son nom et il
avait le droit de porter le vêtement écarlate de cérémonie, de même que les
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insignes dʹor. Personne, parmi le Peuple et les Prêtres nʹavait le droit dʹannuler
lʹune de ses dispositions, ni de contredire les ordres de Siméon, ni de convoquer
une Assemblée en Judée sans son autorisation, ni de porter un vêtement
écarlate ou une agrafe en or. Toute personne qui nʹobéirait pas à ces directives
ou qui passerait outre à lʹune dʹentre elles serait jugée.
Tout le Peuple a approuvé que Siméon ait le droit dʹagir selon ces règles.
Siméon a jugé quʹil était de son devoir dʹaccepter dʹêtre Grand‐Prêtre,
Commandant et Chef Suprême du Peuple Juif et des Prêtres, et de se trouver,
ainsi, à la tête de toute la Nation.
Les Juifs décidèrent de graver ce Texte sur les tablettes de bronze et de les
placer dans la Cour du Temple, à un endroit bien visible. Des copies de ce Texte
furent aussi déposées au Sanctuaire, dans la Salle du Trésor, pour que Siméon
et ses fils puissent les consulter.
‐7‐ Un successeur des Macchabées, Aristobule Ier (ou plus probablement son frère,
Alexandre Jannée) ajoutera officiellement le Titre de Roi à ce Titre héréditaire de Grand‐
Prêtre.
Ces deux Titres, réunis et revendiqués par le même Souverain de cette dynastie
Hasmonéenne, ne pouvaient manquer de soulever des problèmes fondamentaux, malgré les
origines héroïques des Macchabées, et malgré toute la reconnaissance que le Peuple Juif
pouvait nourrir à lʹégard de cette illustre famille.
En effet, le Titre de Roi, institutionnellement, ne pouvait revenir quʹà la Dynastie du Roi
David, et le Titre de Grand‐Prêtre, ne pouvait, lui, revenir quʹà la lignée issue dʹAaron, frère
de Moïse, ces deux lignées étant censées être nettement séparées, car elles représentaient la
distinction entre, dʹune part, le Pouvoir Temporel, et, dʹautre part, le Pouvoir Religieux.
Incidemment, on peut noter que ce problème se trouve, dʹailleurs, déjà impliqué, dés la
Proclamation officielle de Siméon, comme Grand‐Prêtre et Chef du Peuple Juif, avec la
formule restrictive ʺjusquʹau moment où apparaîtrait un vrai Prophèteʺ.
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10/ LʹIdéologie Juive
en Question et en Reformation
Historique de lʹAffrontement
entre les Sadducéens et les Pharisiens
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‐1‐ LʹAffrontement permanent entre les Sadducéens et les Pharisiens eut une
importance considérable sur le Destin du Site du Temple, car la victoire finale des Pharisiens
et des Rabbins sur les Sadducéens et sur la classe Sacerdotale, après la dernière Destruction
du Temple dʹHérode, eut comme conséquence importante, entre autres, que le Site réel du
Temple de Jérusalem put disparaître de la Mémoire topographique Juive.
Aussi, il sʹavère utile de procéder à un examen de cet affrontement séculaire.
‐2‐ Les différents problèmes dʹordre institutionnel, que le cours des événements,
sous la Dynastie Hasmonéenne, posa à la Nation Juive, problèmes qui, par la suite,
sʹaggraveront avec la Dynastie Hérodienne, puis avec lʹoccupation Romaine, se traduisaient
par des tensions entre les lignes de force représentées par divers courants Religieux,
Intellectuels et Politiques.
Ces tensions internes à la Société Juive sont attisées par lʹHellénisation, et le seront, ensuite,
par la Romanisation, de certains Cercles dirigeants de Jérusalem.
Cette Hellénisation, puis Romanisation, croissantes se manifestent, par exemple, par le fait
que les successeurs des Macchabées, les Rois Hasmonéens prennent des noms Grecs, et
battent une monnaie, libellée dʹun côté en Hébreu, mais de lʹautre côté en Grec.
Des Amphithéâtres, des Hippodromes, des Gymnases, des Thermes, avec les considérables
changements de moeurs que ces institutions impliquent, connaissent une vogue croissante
dans les villes de tout le Royaume Juif, et dans Jérusalem‐même.
Face à cette Hellénisation (puis Romanisation) accélérée des moeurs, divers mouvements,
dʹabord exclusivement Religieux, puis nationalistes, rivalisèrent pour sʹadresser au Peuple
Juif, afin de lui rappeler, avec passion, ses Devoirs Ancestraux.
Les deux principaux mouvements Religieux, qui étaient antagonistes, étaient celui des
ʺSadducéensʺ et celui des ʺPharisiensʺ :
‐ Les Sadducéens étaient dʹune part, les membres de la classe Sacerdotale, exclusivement
Héréditaire, qui avait été instituée par Moïse, et dʹautre part, leurs affiliés et partisans.
‐ Les Pharisiens étaient, dʹune part, les Docteurs de la Loi et les Scribes Religieux, dont leur
seul talent et leur seule sagesse leur avaient permis dʹaccéder à la Connaissance approfondie
de la Loi Juive, et dʹautre part, leurs affiliés, partisans et élèves.
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Flavius Josèphe, entre divers Auteurs, joint à ces deux composantes majeures de la Pensée
Religieuse Juive, le mouvement des Ésséniens dont une branche annexe était installée, en
particulier, sur les bords de la Mer Morte, à Quoumran.
Cette Communauté des Ésseniens, en quête dʹune exigence authentique de la Loi Sacrée, par
exemple, nʹaccepte pas que le Grand‐Prêtre du Temple ne soit pas un authentique
descendant dʹAaron avec une généalogie clairement établie et incontestable, et nʹaccepte pas,
non plus, que le Grand‐Prêtre puisse prétendre à la Royauté dʹessence Davidique, ce qui sera
le cas des Hasmonéens qui prendront, également, le Titre de Roi.
A ces trois mouvements Religieux, Intellectuels et Politiques, composant la Société Juive
durant lʹAntiquité Gréco‐Romaine, Flavius Josèphe, dans son ouvrage La Guerre des Juifs
contre les Romains, présente, à lʹépoque Romaine, un quatrième mouvement Juif majeur, qui
regroupait les tenants actifs dʹune ʺpensée révolutionnaireʺ, que Flavius Josephe appelle ʺla
4ème Philosophieʺ :
Ce mouvement nationaliste, assez protéiforme, de la 4ème Philosophie, prit
vraisemblablement naissance sous les Hasmonéens, en réaction à lʹHellénisation dʹune partie
de la Société Juive, mais ce mouvement révolutionnaire prendra, véritablement, tout son
essor, après la mort dʹHérode, et il jouera un rôle considérable dans la Guerre des Juifs
contre les Romains, qui se terminera avec la destruction du Temple de Jérusalem en 70 EC :
Ce quatrième mouvement multiforme était composé, à la fois, par des révoltés contre toute
soumission à lʹAutorité Païenne et étrangère, par des Religieux militants restés au contact de
la Population, mais dont les exigences Spirituelles refusaient toute forme de compromis
temporel, et, finalement aussi, par des brigands qui empruntaient des thèses nationalistes
pour justifier leurs exactions et tenter de sʹemparer du Pouvoir.
‐3‐ Sous les Hasmonéens, ce sont, particulièrement, les deux mouvements,
exclusivement Religieux, ʺles Sadducéensʺ et ʺles Pharisiensʺ, qui vont sʹopposer, avec force
et même virulence :
Le mouvement des Sadducéens et le mouvement des Pharisiens vont, ainsi, focaliser et
mettre en relief des antagonismes Religieux au sein de la Communauté Juive.
Et cette confrontation Idéologique, qui se terminera par la victoire des Pharisiens, cʹest à dire
principalement des Rabbins, déterminera, en réalité, le Destin du Peuple Juif pour les
millénaires suivants, assurera le sauvetage de la Religion Juive malgré le naufrage du
Temple, et, dans le même temps, exercera une influence décisive sur la disparition du Site
authentique du Temple, qui fait lʹobjet du présent Ouvrage.
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En effet, alors que le Pouvoir Cultuel, dans le Temple, appartenait, de droit exclusif, aux
seuls Prêtres Héréditaires, les Pharisiens sʹefforçaient néanmoins, inlassablement, de
sʹemparer du Pouvoir Idéologique.
Mais, malgré tous leurs efforts, et le plus souvent, malgré leur supériorité intellectuelle, les
Pharisiens (dont les Rabbins) ne pouvaient jamais espérer pouvoir conquérir le véritable
Pouvoir absolu dans le Temple, car ce Pouvoir est, par essence, réservé aux seuls Prêtres
Héréditaires.
Aussi, en quelque sorte, lorsque le Temple disparut, et avec lui la fonction des Prêtres, une
large avenue sʹoffrit brusquement aux Rabbins, qui leur permettait, enfin, dʹaccéder à un
Pouvoir Idéologique sans partage, alors quʹils avaient, jusquʹalors, vainement et sans
véritable espoir, tenté de le conquérir durant des siècles.
Cʹest à dire que, avec la disparition du Culte du Temple, les Rabbins pouvaient, désormais,
tout à la fois, au travers de la Littérature Rabbinique, effectuer un travail intellectuel,
minutieux et omnipotent, sur le ʺCulte du Templeʺ, et exercer, en toute hégémonie, un
Pouvoir Idéologique sans partage, la classe Sacerdotale Héréditaire ayant perdu toute raison
dʹêtre, et ayant été, pratiquement, éliminée.
Et si, après la destruction du Temple, on pourra voir les premières générations de Rabbins
venir encore contempler le Site du Temple détruit par Titus, en revanche, après lʹécrasement
du soulèvement de Bar Kokhba par les armées dʹHadrien, en 135, et après que celui‐ci ait fait
secrètement araser le Site du Temple, on ne verra plus les Rabbins de la Mishnah et des
Talmuds venir à Jérusalem se préoccuper de la trace terrestre du Temple disparu, car tous
leurs efforts seront, désormais assignés à la tache ardente de ressusciter, intégralement et
avec la plus grande minutie, le Sanctuaire et son Culte, dans leurs seuls Écrits, où les
Rabbins pourront, désormais, régner sans partage.
‐4‐ Le premier mouvement de la Pensée Religieuse Juive était, donc, celui des
ʺSadducéensʺ, dont lʹétymologie la plus vraisemblable est ʺSadoqʺ, cʹest à dire le nom du
Grand‐Prêtre du Roi David et du Roi Salomon.
Sadoq était un descendant direct de la famille de Moïse et de son frère Aaron, par le fils de
celui‐ci, Éléazar.
Les Sadducéens étaient ainsi, essentiellement au départ, composés des membres des Familles
Sacerdotales Héréditaires, cʹest à dire, les familles des Grand‐Prêtres et des Prêtres.
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Par extension, les Lévites, et tous les hommes participant au Culte du Temple, comme les
chanteurs, les musiciens, les portiers, les gardiens, et autres professions tournant autour du
fonctionnement du Sanctuaire, firent, également, partie de ce mouvement des Sadducéens.
Et, finalement, tous les Juifs, qui étaient attachés à la stricte application des Lois Héréditaires
dans le domaine Religieux, faisaient aussi partie du mouvement, dit ʺdes Sadducéensʺ.
Pour ce qui concerne tout particulièrement les Grand‐Prêtres, les Prêtres et les Lévites, leur
filiation Héréditaire était absolument imposée par la Loi de Moïse.
Cʹest ainsi que, même lorsque des événements, dans lʹHistoire Juive, firent que le Grand‐
Prêtre avait été désigné par le fait du Prince, ou bien quʹil sʹétait auto‐proclamé, il nʹavait de
cesse de démontrer quʹil appartenait bien, de par sa Généalogie à une lignée en pleine
conformité avec la Règle Héréditaire instituée par Moïse, lors des Fondations Scripturaires
de la Torah (Pentateuque).
‐5‐ LʹÉternel avait conclu une Alliance Écrite, par lʹintermédiaire de Moïse avec le
Peuple dʹIsraël :
Cet Accord Moral était gravé dans la Pierre, sous la forme de Dix Commandements
concernant les Devoirs de lʹHomme, et appelés Tables de la Loi.
Afin que cet Accord Moral soit respecté et perpétué à travers les Générations, un Culte
spécifique avait été organisé autour de ces Tables de la Loi, préservées dans lʹArche de
lʹAlliance.
Ce Culte de lʹArche de lʹAlliance comportait un grand nombre de Rituels précis, destinés à
commémorer, quotidiennement et au rythme des saisons, ce Pacte Moral Sacré, ainsi que les
divers Événements majeurs de lʹHistoire du Peuple dʹIsraël.
Autour de cette Formulation fondatrice du Noyau central des Tables de la Loi, lʹÉternel avait
rappelé, et détaillé point par point, à Moïse les différents Devoirs qui sʹimposeraient à
lʹHomme, tant vis à vis de Dieu, que vis‐à‐vis de la Collectivité Humaine, Juive comme
Païenne, que vis‐à‐vis de tous les Êtres vivants, et, dʹune façon générale, que vis‐à‐vis de la
Nature créée par lʹÉternel, et offerte à lʹHomme pour la durée de sa Vie.
Les exposés de ces Devoirs étaient ainsi inscrits par Écrit, et disséminés au travers des récits
des débuts du Peuple Juif, dans les cinq Livres Sacrés, appelés Torah, et comportant Genèse,
Exode, Lévitique, Nombres, et Deutéronome.
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Le frère de Moïse, Aaron, avait été nommé premier Grand‐Prêtre de ce Culte, et les membres
de la Tribu de Moïse, les Lévites, lui avaient été adjoints, soit comme Prêtres‐Lévites, soit
comme Assistants du Culte.
Il avait, alors, été institué que les Fonctions de Grand‐Prêtre ainsi que celles des Prêtres‐
Lévites et des Lévites, seraient héréditaires : cʹest à dire que les Descendants de la Famille
dʹAaron étaient destinés à être Grands‐Prêtres ou Prêtres‐Lévites, et les Descendants des
autres Familles de la Tribu de Lévi, lʹun des douze fils de Jacob, étaient destinés à être des
Prêtres‐Lévites ou des Lévites du Culte dʹIsraël.
Exode : 28 : 1 :
(LʹÉternel dit à Moïse :)
Moïse, fais venir auprès de toi, ton frère Aaron et ses fils Nadab, Abihou,
Éléazar et Itamar. Tu les sépareras des autres Israélites pour quʹils me servent
en tant que Prêtres.
Nombres :
1 : 49‐53 :
Ne recense pas les descendants de Lévi en même temps que les autres Israélites.
Tu leur confieras la responsabilité de la Demeure Sainte où est déposé lʹArche
contenant le Document de lʹAlliance (Tables de la Loi), et tu leur confieras
également la responsabilité de tous les matériels et accessoires du Culte qui sʹy
trouvent.
Ils transporteront lʹArche de lʹAlliance, la Tente de la Rencontre, et tous ses
accessoires, et ils assureront le Service Sacré à lʹintérieur du Sanctuaire, et ils
camperont tout autour.
Lorsque vous lèverez le camp, ce sont eux qui la démonteront ; ils la
remonteront lorsque vous installerez de nouveau votre camp.
Si quelquʹun dʹautre sʹapproche de la Tente Sacrée, il devra être mis à mort.
3 : 5‐7 :
LʹÉternel dit à Moïse :
Fais venir les descendants de Lévi, et mets‐les à la disposition du Prêtre Aaron
pour quʹils le secondent. Ils exerceront leur ministère devant la Tente de la
Rencontre, au service dʹAaron et de toute la Communauté dʹIsraël, et ils
accompliront toutes les tâches relatives à la Demeure Sainte.
3: 9‐10 :
Tu décréteras que les Lévites sont à la disposition dʹAaron et de ses fils pour
lʹentretien du Sanctuaire, en tant que Délégués des autres Israélites.
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Tu veilleras à ce que seuls, Aaron et ses fils, exercent le ministère de Prêtres.
Si quelquʹun y prend part, sans être Prêtre, il devra être mis à mort.
Et lʹÉternel dit encore à Moïse :
Cʹest moi‐même qui ai choisi les Lévites parmi les autres Israélites.
Ils sont à Mon service pour remplacer les premiers‐nés du Peuple dʹIsraël.
En effet, le jour où jʹai fait mourir tous les premiers‐nés des Égyptiens, Je me
suis réservé les fils aînés des Israélites et les premiers petits des animaux.
Ils Mʹappartiennent. Je suis le Seigneur.
‐6‐ Un Recensement particulier est alors ordonné par lʹÉternel à Moïse pour les
Lévites :
Le nombre dʹhommes et de garçons de plus dʹun mois, ainsi compté, se monte alors à 22.000.
Ces 22.000 Lévites appartiennent au Seigneur, et permettent de racheter les 22.273 fils aînés
qui ont été recensés pour lʹensemble de la Nation Juive, et qui sont, initialement, dus
également au Seigneur.
(Les 273 fils aînés excédant sont rachetés au prix de cinq pièces dʹargent chacun, qui sont
remis au Trésor de la Demeure Sainte.)
Cʹest donc à partir de la Famille dʹAaron, pour les Grands‐Prêtres et Prêtres principaux, et à
partir de la Tribu des 22.000 Lévites, que les lignées généalogiques, soigneusement
conservées, permettront de déterminer, à travers les siècles, la validité de toute Fonction
Sacerdotale.
Et, en application de cette Loi de Moïse, seuls, les hommes sains, issus dʹAaron, peuvent
prétendre à exercer le Ministère Sacré dans la Demeure Sainte, de même que, seuls, les
Lévites sains, peuvent les aider dans leur Ministère, et, eux, seuls, sont autorisés à
sʹapprocher de la Demeure Sainte.
‐7‐ Ainsi, une Hiérarchie héréditaire, très stricte, se mit, progressivement, en place,
au sein de la Tribu Lévi, selon le rattachement plus ou moins proche à la Famille dʹAaron, et
selon que les membres de la Tribu servaient au Culte du Sanctuaire central de lʹArche de
lʹAlliance, ou en étaient éloignés.
En effet, il avait été décidé que la Tribu de Lévi, serait, dorénavant, exclusivement, chargée
de perpétuer à travers les âges, et pour le compte de tout le Peuple dʹIsraël, le Culte
fondamental, ainsi que le Respect, lʹApplication et lʹEnseignement de la Loi, résultant de
cette Alliance :
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Aussi, outre le Service Cultuel assuré dans le Sanctuaire central, les fonctions des Lévites,
dans tout Israël en général, comprenaient, entre autres, la Conservation et la Reproduction
des Textes Sacrés, avec lʹaide de Scribes, leur Interprétation Juridique, et lʹEnseignement de
la Loi à tout le Peuple Juif.
Deutéronome :
17 : 18‐19 :
Quand le Roi aura été intronisé, il fera copier pour lui, dans un Livre, la
présente Loi qui aura été conservée par les Prêtres‐Lévites. Le Roi gardera cette
Loi auprès de lui, et la lira tous les jours de sa vie afin dʹapprendre à respecter le
Seigneur son Dieu, en veillant à toujours mettre en pratique les Règles et les
Obligations que la Loi contient.
21 : 5 :
(Procédure en cas de découverte du corps dʹun homme assassiné :)
A ce moment sʹavanceront les Prêtres, Descendants de Lévi, que lʹÉternel votre
Dieu a choisis pour Le servir et prononcer les Bénédictions en Son nom.
Ce sont eux, en effet, qui doivent régler les disputes et les affaires de coups et
blessures.
Deutéronome : 33 : 10 :
Ce sont les Lévites qui enseignent aux Israélites
Les Commandements de la Loi
Et qui présentent sur Ton autel
Les Offrandes de parfum et les Sacrifices complets.
‐8‐ A côté de cette caste Sacerdotale Héréditaire, Moïse institue plusieurs
ʺOrganismesʺ, destinés à réguler la vie collective de la Nation Juive.
Il y a dʹabord lʹAssemblée des 70 Anciens :
Nombres : 11 : 24‐25 :
Ensuite Moïse rassembla 70 Anciens dʹIsraël et les plaça autour de la Tente de la
Rencontre. LʹÉternel descendit dans la colonne de fumée et sʹentretint avec
Moïse. Il préleva un peu de lʹEsprit quʹIl avait donné à Moïse pour en répandre
sur les 70 Anciens. Dès que lʹEsprit fut sur eux, ils commencèrent à parler
comme des Prophètes mais ils ne continuèrent pas.
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La Sagesse de ces Anciens dépend donc, uniquement, de lʹInspiration Divine, mais elle nʹest
pas héréditaire, et peut, même, leur être retirée, à tout instant, par lʹÉternel.
Par ailleurs, sur le conseil de son beau‐père Jethro, Moïse a institué une Hiérarchie de Chefs
du Peuple Juif, qui seront chargés de trancher les litiges et de faire respecter toutes les Lois
édictées par Moïse :
Exode : 11 : 18‐26 :
Moïse choisit parmi les Israélites des hommes de valeur et les désigna comme
Responsables du Peuple à la tête de groupes de mille, de cent, de cinquante, ou
de dix hommes. Ils devaient siéger chaque jour pour juger les querelles du
Peuple et ils soumettaient à Moïse les affaires difficiles, mais réglaient eux‐
mêmes les causes mineures.
Mais ces Tribunaux locaux, composés initialement de laïcs, demeurent très strictement
subordonnés à la classe Sacerdotale Héréditaire :
Deutéronome : 17 : 8‐13 :
Si un Tribunal local ne parvient pas à rendre un jugement dans une affaire de
meurtre, de coups et blessures, ou dans tout autre litige, vous pourrez vous
rendre au Sanctuaire que lʹÉternel aura choisi.
Vous irez y consulter les Prêtres‐Lévites et le Juge (Prêtre) en fonction à ce
moment‐là et ils vous indiqueront comment juger lʹaffaire.
Vous appliquerez la sentence quʹils vous communiqueront au Sanctuaire de
lʹÉternel, en veillant à suivre exactement les directives reçues. Vous ne vous
écarterez, en aucune façon des directives et des instructions qui vous seront
transmises.
Si quelquʹun, dans son orgueil, agit sans tenir compte des Directives du Prêtre
qui exerce son Ministère au Sanctuaire de lʹÉternel, ou de celles du Juge en
fonction au Sanctuaire, cet homme doit être mis à mort.
Vous ferez ainsi disparaître le mal du milieu dʹIsraël.
De même, celui qui sera placé à la tête de la Nation Juive, devra toujours se soumettre aux
Directives du Grand‐Prêtre Héréditaire.
Cʹest ainsi que Josué, le fidèle collaborateur de Moïse, est désigné pour succéder à Moïse,
lorsque celui‐ci est à la fin de sa vie :
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Nombres : 27 : 18‐21 :
LʹÉternel dit à Moïse :
Josué, fils de Noun, est un homme animé de mon Esprit. Appelle‐le auprès de
toi, et pose la main sur lui. Tu le conduiras devant le Grand‐Prêtre Éléazar (fils
dʹAaron), en face de toute la Communauté, et tu en feras ton successeur sous
leurs yeux. Tu lui communiqueras une partie de ton Autorité afin que tous les
Israélites lui obéissent. Mais lui‐même devra sʹen référer au Grand‐Prêtre,
Éléazar :
Cʹest le Grand‐Prêtre qui Me consultera, pour lui, à lʹaide de lʹOurim et
Toummim (instruments dʹaugure).
Josué et la communauté dʹIsraël devront se conformer en toutes circonstances
aux ordres du Grand‐Prêtre.
‐9‐ Le Temple de Salomon est construit en 960 av. EC environ, et lʹon y installe
lʹArche de lʹAlliance contenant les Tables de la Loi, qui ont scellé le Contrat Moral passé
entre lʹÉternel et le Peuple Juif.
Le Service Sacerdotal se déroule dans le Temple de Salomon, selon les Règles prescrites par
Moïse, et le Roi y participe, comme Josué auparavant.
Tant que le premier Temple contenant lʹArche de lʹAlliance demeura en place les Fonctions
et Privilèges des Prêtres‐Lévites restèrent inchangés.
Néanmoins, les Prêtres‐Lévites étaient assistés de Scribes pour copier la Loi, ainsi que les
Décrets que prenaient les Sanhédrins (Assemblées) en cas de litiges.
Et il semblerait que le Texte de ces Décrets étaient conservés dans le Livre des Décrets des
Sadducéens, auquel se reportaient les membres des Sanhédrins lorsquʹils devaient rendre un
Jugement.
Par ailleurs, conformément aux Textes Bibliques, les Prêtres‐Lévites étaient assistés des
Anciens, ou Représentants des différentes Tribus, ou des différents Clans, pour siéger avec
eux dans les Sanhédrins.
Mais la Loi Héréditaire de transmission de la Prêtrise et de toutes ses prérogatives restait
immuable.
Cʹest autour de ce courant strictement Héréditaire que sʹétait, ainsi, progressivement et
naturellement, constitué le premier mouvement conservateur des Sadducéens.
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‐10‐ Ce premier Temple de Salomon est détruit par les armées de Nabuchodonosor,
en 587 av. EC, et une grande partie de la Population Juive de Jérusalem est déportée en
Babylonie.
Cette déportation massive, entre autres, des cercles Dirigeants et instruits de la Nation Juive
va radicalement bouleverser lʹévolution du Culte Juif.
En effet, pour les déportés, le Temple nʹest plus quʹun souvenir déchirant, et, seule, la Loi
des Textes Sacrés peut, dorénavant, maintenir la cohésion du Peuple exilé, et lʹempêcher de
se détourner de son Dieu Unique.
Cʹest, probablement, dans ces circonstances quʹapparurent les précurseurs des Pharisiens, en
tant quʹentité définie.
En effet, le Temple et lʹArche de lʹAlliance ayant disparu, seuls les Textes Sacrés, peuvent
désormais maintenir la cohésion du Peuple Juif.
Or, lʹobligation Héréditaire, imposée par lʹÉternel à Moïse, ne sʹapplique pas aux Scribes et à
ceux qui désirent se consacrer pleinement à lʹÉtude de la Loi.
Aussi, aux descendants des Grands‐Prêtres, des Prêtres et des Lévites, peuvent désormais,
sʹajouter tous ceux dont le quotient intellectuel, les facultés de mémoire, la foi, les conditions
économiques, et lʹenvironnement familial, leur permettent de se consacrer, quasi‐
exclusivement, à lʹÉtude de la Torah.
Cette amplification de lʹÉtude approfondie de la Loi Sacrée, à lʹensemble de la Population
Juive, vivifie et renouvelle, considérablement, son Exégèse, ce qui a pour effet dʹenrichir
considérablement son champ dʹaction et lʹexploitation de son héritage.
En particulier, les Scribes Religieux, dont lʹéventuelle légitimité Héréditaire était,
auparavant, confirmée par leur appartenance au Service du Temple, peuvent désormais être
issus de nʹimporte quel milieu, et, par conséquent, ne plus devoir leur réputation et leur
influence à leur lignage familial, mais à leur seule force intellectuelle.
Ces Scribes‐là renforcent, généralement, les rangs des Pharisiens.
Les Scribes, qui sont privés du Temple détruit par Nabuchodonosor, copient, lisent et
interprètent, désormais, en toute indépendance des Prêtres, les Textes Sacrés, ce qui peut
déboucher, en lʹabsence des limites précises constituées auparavant par le Culte du
Sanctuaire, sur de nouvelles interprétations de Textes, sur des Homélies dʹun genre
nouveau, et sur des nouvelles Prières collectives inventées, principalement, pour glorifier le
Temple disparu, et pour invoquer sa restauration.
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Et, en attendant cette restauration espérée, il faut gérer la vie au quotidien, en veillant à ce
que lʹexistence des Communautés Juives, déracinées du sol natal, et autrefois vivifiées par le
Temple, demeure, néanmoins, le plus fidèlement possible, en conformité avec les Préceptes
et à lʹEnseignement de Moïse.
Aussi, les Scribes religieux, non héréditaires peuvent, dorénavant, contribuer, entre autres, à
la mise en oeuvre dʹun nouveau Culte collectif, quʹil est nécessaire dʹorganiser en lʹabsence
du Temple.
Et, également, ces mêmes Scribes peuvent, entre autres, assumer, désormais, la
responsabilité Juridictionnelle des Communautés Juives exilées, au même titre que les
Représentants des familles Héréditaires, qui se trouvent, pour ainsi dire, privés de leur
Justification exclusive, de par la disparition du Temple et de son Culte.
En contrecoup de cette soudaine irruption de toute une nouvelle frange de Spécialistes de la
Loi, à la fois compétents et non hiérarchisés par des Lois Héréditaires, et qui seront
progressivement appelés Pharisiens, les germes de controverses incessantes vont,
durablement, sʹinstaller au sein de la Communauté Juive, et déboucheront sur des
affrontements, parfois fratricides, entre les Sadducéens traditionnels et les nouveaux venus,
Pharisiens, et ce, en particulier, lorsque le second Temple aura été reconstruit.
‐11‐ En effet, à rebours dʹune tradition Païenne, généralement plutôt intolérante à
lʹégard des Juifs, lʹEmpereur Perse, Cyrus, proclame, en 538 av. EC, un Édit autorisant les
déportés Juifs, qui le désirent, à rentrer à Jérusalem, et à y reconstruire leur Temple.
Et, de plus, cet Édit sera successivement confirmé par les Empereurs Perses, Darius, Xerxés
et Artaxerxés.
Ainsi, le second Temple est reconstruit entre 520 et 515 av. EC, et les murailles de la ville de
Jérusalem sont rebâties également.
Les Livres dʹEsdras et de Néhémie, entre autres, rendent compte des conditions Religieuses et
Rituelles qui accompagnèrent le retour dʹexil des Juifs de Babylonie, en vue de la
restauration du Culte au Temple de Jérusalem.
Mais, la restauration de ce Culte impliquait, dʹabord, la restauration des Règles Héréditaires,
imposées par Moïse, pour ce qui concerne les Officiants du Temple.
Les Livres dʹEsdras et de Néhémie, rendent compte, avec une précision méticuleuse et même
pointilleuse, de la remise en place de la Hiérarchie Sacerdotale Héréditaire, qui devait
accompagner la reconstruction du Temple, et la restauration des structures de lʹÉtat‐Temple :
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Esdras : 1 : 5 :
Les Chefs de famille des Tribus de Juda et de Benjamin, les Prêtres et les
Lévites, et tous ceux à qui lʹÉternel avait inspiré le désir dʹaller reconstruire son
Temple à Jérusalem se préparèrent à partir.
Esdras : 2 : 1 à 63 ainsi que : Néhémie 7 : 6 à 65 : Extraits :
Parmi les familles que le Roi de Babylone, Nabuchodonosor, avait emmenées en
exil en Babylonie, nombreux furent ceux qui regagnèrent Jérusalem et le Pays
de Juda....
En voici la liste avec le nombre des Israélites formant chaque groupe...
Les groupes des Prêtres comprenaient :
‐ 973 hommes du clan de Jedahia, descendants de Yechouia,
‐ 1.052 hommes du clan dʹImmer,
‐ 1.247 hommes du clan de Pachehour,
‐ 1017 hommes du clan de Harim.
Le groupe des Lévites comprenait :
‐ 74 hommes des clans de Yechoua et Cadmiel, descendants de Hodavia.
Le groupe des Chanteurs du Temple comprenait :
‐ 128 hommes du clan dʹAssaf.
Le groupe des Portiers du Temple comprenait :
‐ 139 hommes des clans Challoum, Ater, Talmon, Accoub, Hatita Chaobaï.
Le groupe des Préposés au Temple comprenait les descendants de Siha,
Hassoufa...
Les hommes qui revinrent dʹexil de Tel‐Mela, Tel‐Harcha, Keroub, Addan, et
Immer, ne réussirent pas à fournir les renseignements nécessaires sur les
familles de leurs ancêtres pour prouver quʹils étaient Israélites : ils étaient en
tout 652, et descendaient de Delaya, Tobia et Necoda.
Or, certains Prêtres se trouvèrent dans une situation analogue : cʹétaient les
descendants de Hiobaya, Haccos, et Barzillaï. (Ce dernier était appelé ainsi
parce quʹil avait épousé une des filles de Barzillaï de Gaad.) Ces Prêtres avaient
recherché, sans succès, les registres où leurs ancêtres étaient inscrits. On les
considéra donc comme impurs et on leur interdit dʹexercer le ministère de
Prêtre.
Le Gouverneur (Néhémie) lui‐même, leur ordonna de ne pas consommer les
Offrandes sacrificielles jusquʹà ce quʹun Grand‐Prêtre soit habilité à prendre une
décision définitive à leur sujet, au moyen de lʹOurim et du Toummim (Objets
sacrés permettant de déterminer la Décision de Dieu, comme pour les Augures).
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Esdras : 6 : 15‐18 :
Le Temple fut terminé le troisième jour du mois dʹAdar, durant la sixième
année du Roi Darius (février‐mars 515 av. EC).
Les Juifs, Prêtres, Lévites et autres gens revenus dʹexil célébrèrent dans la joie la
Dédicace du nouveau Temple. A cette occasion on offrit, en sacrifice, cent
taureaux, deux cents béliers et quatre cents agneaux ainsi que douze boucs, un
par Tribu, pour obtenir le Pardon de lʹÉternel, en faveur de tout le Peuple
dʹIsraël.
On répartit aussi les Prêtres et les Lévites en groupes, selon leurs tâches
respectives au service de lʹÉternel à Jérusalem, conformément à ce qui est
prescrit dans le Livre de Moïse.
Ces Livres dʹEsdras et de Néhémie rendent compte, également, des Décisions prises par la
ʺGrande Assembléeʺ, ou par son Comité Directeur, inspiré par lʹAssemblée des 70 Anciens
de Moïse, et qui préludait au futur Sanhédrin, ou, très éventuellement, qui le reconstituait.
Firent, en particulier, partie de ce Comité Directeur de la ʺGrande Assembléeʺ du second
Temple restauré, le Gouverneur, les Grands‐Prêtres, les Lévites, et les Chefs du peuple.
Ce sont, en effet, ces Personnages, par exemple, qui signent le Document par lequel les Juifs,
revenus dʹexil, sʹengagent à respecter scrupuleusement la Loi de Moïse, comme le rapporte
Néhémie : 10.
‐12‐ On a confirmation que le principe du Statut privilégié des Prêtres‐Lévites,
reposant sur la stricte application des Lois Héréditaires, resta ainsi inchangé après le retour
dʹexil de Babylone, et après la construction du second Temple, avec, par exemple, le Livre de
Néhémie et celui dʹun des derniers Prophètes canoniques, Malachie :
Après la reconstruction du second Temple, Esdras, descendant du Grand‐Prêtre Aaron, fait
réunir le Peuple Juif, ou du moins les Chefs de famille, afin de leur faire une Lecture
commentée de la Torah :
Néhémie : 8 : 4‐13 :
Esdras était debout sur une estrade en bois dressée pour la circonstance... Il était
donc placé plus haut que lʹassemblée ; lorsquʹil ouvrit (déroula) le Livre tout le
monde le vit et se tint debout. Esdras remercia lʹÉternel, le Grand Dieu, et tous
répondirent : ʺAmen ! Amen !ʺ en levant les mains vers le ciel. Puis ils
sʹinclinèrent jusquʹà terre pour adorer lʹÉternel. Ils se redressèrent :
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Aussi, ces Docteurs de la Loi et ces Sages, avec lʹappui de la Population, sʹefforcèrent,
progressivement, dʹexercer une influence de plus en plus grande auprès du Comité
Directeur de la ʺGrande Assembléeʺ, qui allait progressivement se transformer en Sanhedrin,
cʹest à dire en Gouvernement central pour les Affaires Religieuses et Juridiques des Juifs.
‐14‐ Ces Sages ou Docteurs de la Loi, qui, pour la plupart, nʹappartenaient pas à une
classe Sacerdotale Héréditaire, furent appelés ʺPharisiensʺ.
Lʹétymologie semblerait provenir du mot Hébreu Perouchim (séparé) qui donne en grec
Pharisaioi.
Cette étymologie semblerait, alors, rendre compte du fait quʹil sʹagissait, à lʹorigine, dʹune
classe Religieuse, ʺséparéeʺ de la classe Religieuse Héréditaire qui avait été instaurée par
Moïse.
De cette situation dʹorigine découle probablement lʹune des différences fondamentales entre
les Sadducéens et les Pharisiens :
Les Sadducéens ne reconnaissaient que la seule Loi Écrite de Moïse, telle quʹelle est inscrite
dans la Torah (Pentateuque), alors que les Pharisiens accordaient autant dʹimportance à la
Tradition Orale, remontant également, selon eux, à lʹEnseignement Oral de Moïse.
De surcroît, les Pharisiens affirmaient être les seuls capables de transmettre cet
Enseignement Oral avec authenticité, de par leur science, de par leur labeur, et de par leur
travail constant de mémoire.
Il sʹensuivit, entre ces deux factions rivales, une lutte acharnée pour, en quelque sorte, la
Prise du Pouvoir Idéologique et ʺMédiatiqueʺ, et cette lutte incessante se prolongera jusquʹà
la Destruction du Temple par Titus, en 70 EC.
Dʹune façon générale, les Pharisiens étaient plus proches du Peuple, tandis que les
Sadducéens étaient plus proches du Pouvoir Politique, dont leur nomination, ou leur
situation, pouvait, assez souvent, dépendre.
A lʹissue de leur confrontation permanente, et parfois sanglante, les Pharisiens finiront par
lʹemporter définitivement sur les Sadducéens, avec lʹanéantissement du troisième Temple,
construit par Hérode.
En effet, cette dernière destruction du Temple, par les Romains, entraînera, de facto,
lʹélimination du rôle prédominant des familles Sacerdotales Héréditaires en charge du Culte
du Sanctuaire, et le Pouvoir de ces familles disparaîtra avec le Temple.
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‐15‐ Les positions respectives de ces deux courants antagonistes, Sadducéens et
Pharisiens, avant la destruction du Temple par les Romains, sont principalement connues
par quelques extraits de lʹoeuvre de Flavius Josèphe, par quelques allusions des Évangiles
Synoptiques du Nouveau Testament, et des Actes, par quelques Textes Intertestamentaires (cʹest
à dire non inclus dans les différents Canons des Religions du Livre) par quelques éléments
dans la Littérature Patristique (des Pères de lʹÉglise Chrétienne) et, également, par des
anecdotes et jugements, disséminés dans la Tradition Orale Rabbinique.
En effet, cette Tradition Orale Rabbinique allait, finalement, être, dans son ensemble, fixée
par Écrit, à partir du 3ème siècle EC.
Pour ce qui concerne, plus particulièrement, les éléments rapportés par cette Tradition Orale
Rabbinique, son inspiration initiale était essentiellement Pharisienne.
Aussi, les quelques renseignements que lʹon peut y découvrir sont, pratiquement toujours,
résolument anti‐Sadducéens.
Finalement, il convient de noter, préalablement à lʹexamen de cette Confrontation
Idéologique majeure, qui se révélera décisive, entre autres, pour le Destin de la Religion
Juive et pour le Destin du Site authentique du Temple, que lʹappellation ʺSadducéenʺ est
parfois remplacée par des termes voisins, dont, en particulier, le terme ʺBoéthusienʺ.
Ces Boéthusiens doivent leur nom à un Prêtre dʹAlexandrie, Boéthos, qui eut des fils et petit‐
fils Grand‐Prêtres, sous la Dynastie Hérodienne, pour des raisons que les Pharisiens ne
pouvaient manquer dʹexploiter avec malice :
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 15 : 18‐26 :
Simon, fils de Boéthos dʹAlexandrie qui était Prêtre de naissance et dʹune noble
généalogie, avait une fille dʹune beauté si extraordinaire que lʹon ne parlait
dʹautre chose à Jérusalem. Le bruit en vint jusquʹà Hérode. Il voulut la voir, et
jamais amour ne fut plus grand que celle quʹil conçut pour elle dès la première
vue. Il jugea ne pas devoir user de sa puissance en lʹenlevant de force comme il
lʹaurait pu, de peur de passer pour un tyran ; aussi, Hérode pensa quʹil devrait
lʹépouser (Hérode a épousé neuf femmes). Mais comme Simon nʹétait pas dʹune
qualité assez élevée pour une telle union, et comme, non plus, Simon nʹétait pas
dʹune extraction trop basse, Hérode décida dʹélever Simon au faite des
honneurs, afin de rendre son statut estimable. Ainsi, Hérode ôta la charge de
Grand‐Prêtre à Josué, fils de Phabet, et la conféra à Simon. Et Hérode put, ainsi,
épouser sa fille.
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A ce propos des nominations arbitraires des Grands‐Prêtres par Hérode, on pourrait,
également, penser que le Roi des Juifs avait estimé judicieux de sʹarroger le droit de choisir le
Grand‐Prêtre du Temple de Jérusalem dans une famille dʹAlexandrie, afin de pouvoir
développer, plus facilement, sa politique de Romanisation de la Nation Juive et du Temple.
‐16‐ Flavius Josèphe, dans plusieurs passages de son oeuvre, expose les principes
qui opposaient les Sadducéens et les Pharisiens de façon irréductible.
En premier lieu, un passage des Antiquités Bibliques confirme bien que les Sadducéens ne
reconnaissent que la Loi Écrite de Moïse, alors que les Pharisiens, au contraire, veulent y
ajouter la Tradition Orale, qui selon eux, remonte, également, à Moïse.
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 18 : 297‐298 :
Je veux maintenant dire simplement que les Pharisiens qui ont reçu leurs
Doctrines par tradition de leurs Ancêtres, les ont enseignées au Peuple ; mais les
Sadducéens les rejettent, parce quʹelles ne sont pas prescrites dans les Lois
données par Moïse, qui sont les seules Lois que lʹon est obligé de suivre.
Cette question provoqua des controverses acharnées et fit naître des partis
radicalement antagonistes. Les personnes de condition ont embrassé le parti des
Sadducéens, tandis que le peuple sʹest rangé du côté des Pharisiens.
Les Sadducéens ne reconnaissaient donc que la Loi Écrite, et celle‐ci prise dans son sens le
plus littéral.
Et bien quʹils connussent les Prophètes et les Autres Écrits (selon le classement du Canon
Judaïque qui sera fixé vers 90 EC) les Sadducéens ne reconnaissaient, en fait, pour
lʹapplication stricte des Lois Religieuses et Juridiques, que la seule Torah (Pentateuque) cʹest à
dire, uniquement les Lois édictées par Moïse.
Le Précepte fondamental des Sadducéens était, en somme, résumé par la Déclaration de
Moïse, prise à la lettre :
Deutéronome : 4 : 2 :
Nʹajoutez rien aux Commandements que je vous transmets de la part de
lʹÉternel, votre Dieu ; Nʹen retranchez rien non plus : Mettez les tous en
pratique.
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On retrouve, peut‐être, un écho de cette position Sadducéenne, par exemple, dans un Texte
Rabbinique, un Commentaire du Traité Avot de lʹOrdre Neziquin de la Mishnah qui explique
que la Tradition de la Loi Orale, pour les Pharisiens, remonte aux jours de Moïse, et que les
Prophètes et Autres Écrits en font également partie.
Mais ce Commentaire ajoute, nettement, que la Torah (Pentateuque) est supérieure à tous les
autres Écrits, ce qui était, en quelque sorte, et de façon plus exclusive et tranchée, la position
des Sadducéens :
Mishnah : Ordre Neziqin : Traité Avot :
Et donc je dis que les Prophètes et Autres Écrits (Hagiographes) sont appelés
Paroles de la Quabbala (tradition et obéissance) car celles‐ci ont été reçues par
Diadoché (successions de traditions orales) et elles ont débuté aux jours de
Moïse.
Mais elles ne sont pas égales aux Cinq Livres (de la Torah) qui contiennent, eux,
les Commandements et les Ordonnances (fixés par écrit).
Les Sadducéens ne fondaient leurs actions et leurs décisions, dans le domaine Religieux et
Juridique, que sur cette seule Torah, prise au sens littéral, et sans se servir des Prophètes ou
des Autres Écrits, sauf pour ce qui concernait un sujet dʹillustrations dans des polémiques
éventuelles, ou une formulation de Prières.
Quant à la Tradition Orale, mise en avant par les Pharisiens, les Sadducéens la réfutaient et
la rejetaient catégoriquement.
‐17‐ Les différentes Décisions que les Sadducéens étaient appelés à prendre, dans le
cours de leurs fonctions Juridiques, en se conformant, à la lettre, aux Lois de Moïse, étaient
inscrites dans un Livre, appelé Le Livre des Décrets.
Cʹest à dire que les Jugements prononcés par les Sadducéens étaient, semble‐t‐il, référencés,
tels quels, dans un Recueil qui ne comportait, en outre, ni le Texte dʹaucune Loi, ni aucun
commentaire, ni aucune sorte dʹexégèse.
Un Texte Rabbinique, Megillat Taanit, fait état, à propos de ce Livre des Décrets des
Sadducéens, des violentes controverses qui opposaient les Sadducéens et les Pharisiens dans
le domaine spécifique de la Justice.
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Ce Texte Rabbinique est naturellement en faveur des Pharisiens, et constitue un plaidoyer
ambigu pour la Tradition Orale, comme étant dʹun usage supérieur à lʹÉcrit
Le Megillat Taanit est un Texte Araméen ancien, qui indique très brièvement les jours où il
nʹest pas permis de jeûner, car ce sont des jours où se sont produits des événements heureux
quʹil faut, au contraire, célébrer joyeusement.
Et un commentaire Rabbinique tardif, rédigé en Hébreu, interprète la plupart des jours cités
dans ce Rouleau, initialement Araméen, comme autant de victoires des Pharisiens sur les
Sadducéens :
Megillat Taanit 12 (en Araméen) :
Le 4 Tammuz, le Livre des Décrets fut abrogé.
Commentaire de Megillat Taanit 12 (en Hébreu) :
En effet, il avait été écrit, et déposé chez les Sadducéens, un Livre des Décrets
dans lequel il était indiqué :
ʺVoici ceux qui seront lapidés, voici ceux qui seront brûlés, voici ceux qui seront
décapités, et voici ceux qui seront étranglés.ʺ Ce sont les quatre genres de mort
que les Pharisiens pratiquaient également. Et quand les Sadducéens étaient
rassemblés pour juger, et lorsquʹon leur demandait quel était leur verdict, ils
regardaient dans le Livre des Décrets. Et si on leur demandait de préciser : ʺDʹoù
déduisez‐vous quʹun tel mérite la lapidation, un tel la combustion, un tel la
décapitation, ou un tel la strangulation ?ʺ, les Sadducéens nʹétaient même plus
capables de le déduire de la Torah. Aussi, les Docteurs Pharisiens leur dirent :
ʺNʹest‐il pas écrit ʺSelon la Torah qui vous aura été enseignée, etc. (Deutéronome 17 :
10) ?ʺ
Cela veut donc dire que lʹon ne doit pas mettre les Halakhot (Lois) par écrit
dans un Livre (mais que lʹon doit être capable de les déduire, mentalement, de
la Torah mémorisée).
Le Texte originel Araméen du Megillat Taanit qui fait de lʹabolition du Livre des Décrets un
jour de Fête, exprime, sans conteste, la satisfaction générale de voir lʹévolution de la Justice
se faire vers une interprétation moins dure et moins rigide des Lois de Moïse, même si, sur
les Principes de base, les Pharisiens semblent avoir, initialement, partagé les convictions des
Sadducéens.
Par contre, la conclusion du commentaire Hébreu de ce passage de Megillat Taanit, qui
interdit de mettre par écrit la Tradition et la Jurisprudence, met en lumière toute lʹambiguïté
de lʹopposition que les Pharisiens nourrissaient à lʹencontre des Sadducéens.
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Cʹest, dʹailleurs, sous le signe de cette même ambiguïté, que les Pharisiens triompheront
finalement des Sadducéens, lorsque ceux‐ci seront éliminés après la destruction du Temple :
En effet, à partir de cet instant, les Pharisiens, paradoxalement, adopteront et
revendiqueront, pour leur propre compte, les méthodes Sadducéennes, car la Tradition
Orale sera, progressivement, mise par Écrit, et elle constituera, au fil du temps, lʹimmense
Littérature Rabbinique.
‐18‐ Les Pharisiens ajoutaient donc tout le poids de la Tradition Orale aux Lois
Écrites de la Torah, et ce, toutefois, en sʹefforçant de respecter fidèlement la Torah.
Ce faisant, les Pharisiens étaient confrontés, entre autres, à quatre problèmes importants :
‐A‐/ Premier problème : La conservation scrupuleuse de la Tradition Orale.
Comme cette Tradition, par définition, nʹest pas écrite, et ne peut être écrite, elle nʹest
préservée que par lʹexercice ininterrompu de la mémoire, avec tous les aléas que la chaîne de
transmission, purement mnémotechnique, peut subir à travers des siècles, souvent
tumultueux, et parfois dévastateurs.
‐B‐/ Deuxième problème : La Célébration ou la mise en place de nouveaux événements
inattendus, que les Pharisiens désirent néanmoins intégrer dans le Culte traditionnel prescrit
par Moïse.
On trouve un écho de ce genre de problème, par exemple, dans le Talmud de Jérusalem,
lorsquʹil sʹagit de justifier le caractère sacré de la Fête de Pourim, qui, bien évidemment, ne
pouvait avoir été prévue dans les différentes Fêtes prescrites, avec une extrême précision,
par Moïse, puisque cette Fête de Pourim célèbre un épisode (Histoire dʹEsther) postérieur de
nombreux siècles aux Lois de Moïse.
Par exemple, une Baraïta de Rabbi Yonathan (220 EC environ) rapportée par Rabbi Shemuel
ben Nahman (260 EC environ) rend compte de ce problème :
Talmud de Jérusalem : Ordre Moed : Traité Megillah : I : 7 :
85 Anciens et parmi eux plus de 30 Prophètes se donnent beaucoup de mal
pour justifier lʹinstitution de la Fête de Pourim, car Moïse a précisément prescrit
de ne rien innover. Or Mardochée et Esther constituent bien une nouveauté
pour nous.
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Et, seul, un exercice intellectuel de décryptage mystique, qui préfigure, dʹune certaine façon,
les démonstrations théologiques Chrétiennes, pouvait finalement amener à la conclusion que
le Livre dʹEsther avait été ʺprévuʺ et « annoncé » par la Torah.
Aussi, il est assez probable, par exemple, que, malgré leur soumission habituelle aux
décisions des Pharisiens qui étaient toujours soutenus par le Peuple, les Sadducéens en
exercice dans le Temple, se soient obstinément refusés à la Célébration de cette Fête de
Pourim, qui nʹavait pas été explicitement ordonnée par Moïse.
Et il est probable, également, que ces mêmes Sadducéens, membres de la haute société, se
soient soumis plus docilement, par contre, aux décisions des Pouvoirs régnants, pour ce
même genre de problème, ce qui semble avoir été le cas, par exemple, pour la Fête
dʹHannoucah (Purification du Temple après la victoire des Macchabées).
Mais il est vrai que la Purification du Temple pouvait, effectivement, se déduire plus
aisément des Lois de Moïse, que lʹaventure dʹEsther.
‐C‐/ Troisième problème : Le souci parfois contradictoire des Pharisiens, dʹune part,
dʹadapter constamment la Tradition Orale à lʹévolution du Monde et aux transformations de
la Société afin de faire, en permanence, de cette Tradition comme un guide approprié à la vie
quotidienne des Juifs, et, dʹautre part, à lʹinstar des Sadducéens avec lesquels ils étaient en
concurrence, le désir des Pharisiens dʹapparaître comme les plus fidèles à la Torah.
Or, cette contradiction majeure posait, constamment, des problèmes dʹanachronisme entre
les données de lʹAntique Société Mosaïque et les données de la Société Juive dans laquelle les
Pharisiens évoluaient.
Ce dilemme fondamental ne sera, en fait, principalement résolu quʹaprès la destruction du
Temple dʹHérode, lorsque les Rabbins Pharisiens pourront spiritualiser à loisir le Culte du
Temple disparu, ouvrant, là aussi, la voie aux futures spéculations des Pères de la Doctrine
Chrétienne.
‐D‐/ Quatrième problème : La légitimité des Pharisiens face à la légitimité Héréditaire des
Sadducéens, inscrite dans la Loi.
Cette querelle, concernant la légitimité des Pharisiens, fut probablement celle qui fut attisée
avec le plus dʹardeur et dʹacharnement, et là encore, seule la disparition du Temple y mit
réellement fin, en éliminant radicalement lʹune des deux parties en conflit.
Sur ce point particulier, Hillel, originaire de Babylone, et qui devint Président (Nassi) du
Sanhédrin, sous Hérode, formulait un axiome, en vue de battre subtilement en brèche les
Sadducéens qui revendiquaient, leur souche Héréditaire et exclusive à partir dʹAaron et de
Moïse, et qui, par conséquent, se considéraient comme les seuls détenteurs de la véritable
mise en oeuvre de la Torah.
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En effet, à la notion Sadducéenne de ʺDescendant dʹAaronʺ, Hillel substitue la notion
Pharisienne de ʺDisciple dʹAaronʺ :
Hillel lʹAncien :
Sois un Disciple dʹAaron, aimant la paix et recherchant la paix ; Aime tes
semblables, et incite‐les à étudier la Torah.
‐19‐ Cette opposition entre les Sadducéens et les Pharisiens, sur le plan des
Principes, était, en apparence, tout aussi irréductible sur le plan de certains Concepts,
concernant la Nature Humaine, le Destin de lʹHomme, le Problème de lʹAu‐Delà, et la
Liberté éventuelle accordée par lʹÉternel à lʹÊtre Humain :
Flavius Josephe, entre autres, fait état de certaines de ces oppositions ʺPhilosophiquesʺ, qui
auraient été irréductibles :
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : 2 : 164‐165 :
Quant au mouvement des Sadducéens, ils nient absolument le Destin et
prétendent que Dieu ne peut ni faire ni prévoir le mal : ils disent que lʹHomme a
le libre choix entre le Bien et le Mal, et que chacun, suivant sa volonté, se porte
dʹun côté ou de lʹautre.
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 13 : 173 :
Les Sadducéens ignorent le Destin, estimant quʹil nʹexiste pas, et quʹil ne joue
aucun rôle dans les affaires humaines. Ils pensent que tout dépend uniquement
de nous‐mêmes, en sorte que nous sommes les seuls Auteurs du Bien qui nous
arrive, et que, pour le Mal, nous en portons, également, lʹentière responsabilité.
En dehors des quelques données, présentées par Flavius Josèphe, nous disposons de très peu
dʹéléments pour apprécier la réelle étendue des divergences entre Pharisiens et Sadducéens,
sur le thème, par exemple, de la Liberté de lʹHomme ou de sa Prédestination voulue par
Dieu. En réalité, des tendances contradictoires sur ces sujets, semblent avoir coexisté, de la
même façon complexe et souvent non élaborée, tant au sein du mouvement des Pharisiens
quʹau sein du mouvement des Sadducéens.
En effet, ce genre de réflexion Philosophique, de type Hellénisant, sur, par exemple, la
Nature et la Liberté de lʹHomme, ne constituait pas, alors, le souci premier des Prêtres
Sadducéens ou des Docteurs de la Loi, tournés, assez exclusivement, vers lʹapplication, ou
vers lʹétude, des Prescriptions Religieuses et Rituelles de la Loi Juive.
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A cet égard,
‐ Pour les Sadducéens, tout devait être mis en oeuvre par rapport au Temple et à son Culte,
en conformité avec la seule Torah.
‐ Pour les Pharisiens, il en était de même, avec, néanmoins, une plus grande et plus souple
préoccupation à lʹégard des Règles de la Vie Juive au quotidien, qui se déroulait à lʹextérieur
du Temple.
On peut, néanmoins, trouver un exemple de la coexistence, assez confuse et contradictoire,
de divers Concepts Philosophiques dans le Sìracide (anciennement appelé Ecclésiastique).
Ce Livre était lʹoeuvre en Hébreu dʹun certain Josué (Jésus), fils de Sirac (ben Sira) qui vivait
à Jérusalem, avant la révolte des Macchabées, et lʹintégralité de son Livre a été traduit en
Grec par son petit‐fils.
Ce Livre a donc été écrit, en quelque sorte, en réaction à lʹinfluence croissante de la Culture
Grecque, ainsi quʹà celle de ses conceptions Philosophiques.
En Siracide 15 : 11‐20, on peut trouver, par exemple, lʹaffirmation de la Liberté absolue de
lʹHomme, et, un peu plus loin, en 33 : 10‐13, lʹaffirmation, exactement contraire, de sa
complète Prédestination :
Siracide :
15 : 14‐20 :
Au commencement Le Seigneur a créé lʹêtre humain
Et lʹa laissé maître de ses décisions.
Si tu le veux tu suivras donc la Loi de Dieu.
Mais être fidèle à Dieu dépend uniquement de toi.
LʹÉternel a placé devant toi le feu et lʹeau ;
A toi de décider ce que tu vas choisir.
LʹÉternel propose aux humains, soit la vie, soit la mort,
Et, selon leur propre choix, ils auront lʹune ou lʹautre...
33 : 10‐13 :
Ainsi tous les humains sont faits de la poussière
Comme Adam, que Dieu forma avec de la terre.
Et pourtant LʹÉternel, dans sa grande Sagesse,
Les a faits différents.
Il a béni certains en les plaçant plus haut;
Il a consacré tels autres pour lʹapprocher,
Mais dʹautres, Il les maudit et les abaisse,
Il les renverse de leur place.
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Comme lʹargile est entre les mains du potier
Qui la façonne à son gré, ainsi en est‐il des humains,
Entre les mains de leur Créateur :
Ils sont placés dans le sort que lʹÉternel leur fait.
Dʹune façon générale, on peut déduire, à partir des renseignements fragmentaires dont on
peut disposer, dont ceux de Flavius Josephe, que les Sadducéens niaient absolument la
Providence, pour ce qui concerne lʹIndividu, qui disposait donc, toujours entièrement, de sa
liberté et de son libre‐arbitre.
Par contre, les Sadducéens semblent avoir conçu la Providence, sous la forme dʹune
Influence, ou dʹune Volonté Divine, qui dirigeait le Monde dans sa Globalité, et, tout
particulièrement, à lʹintérieur de ce Monde, qui dirigeait la Destinée du Peuple dʹIsraël,
comme constituant un ferment actif pour les autres Nations.
Et cʹest donc, à lʹintérieur de ce Flux global, dont la Finalité est Divine, que lʹIndividu
disposait, selon les Sadducéens, de sa totale liberté.
Et il semble assez probable que certains Pharisiens partageaient ce point de vue.
‐20‐ Il était un domaine, où les Conceptions semblent avoir été beaucoup plus
nettement tranchées, et attestées, par une vive opposition entre Pharisiens et Sadducéens :
Il sʹagit de la controverse capitale sur les notions de lʹAu‐delà, après la Mort, et de la
Résurrection éventuelle :
Or, ces notions vont jouer un rôle déterminant dans lʹévolution de la pensée Judéo‐
Chrétienne, et vont avoir une influence prépondérante sur lʹévolution des Civilisations,
issues de cette Idéologie.
La Négation absolue de lʹAu‐delà et de la Résurrection des morts, par les Sadducéens, est
attestée principalement par Flavius Josèphe, par des Écrits Rabbiniques, par le Nouveau
Testament, et par la Littérature Patristique (Chrétienne) :
Flavius Josèphe :
Guerre des Juifs : 2 : 165‐166 :
Les Sadducéens nient la persistance de lʹâme après la mort ; ils nient également
les châtiments et les récompenses de lʹautre monde.
Antiquités Juives : 18 : 173 :
La Doctrine des Sadducéens fait mourir les âmes en même temps que les corps,
et leur souci consiste à nʹobserver rien dʹautre que les Lois Sacrées.
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La Littérature Patristique (Chrétienne) rend compte de cette même analyse Sadducéenne, et
en transmet même certains éléments textuels.
Cʹest le cas, par exemple, de lʹElenchos, écrit par Hippolyte, à la fin du 2ème siècle EC, qui
était un Prêtre Romain, et qui fut lʹun des premiers Commentateurs Chrétiens de la Bible :
Hippolyte : Elenchos : IX, 98 : 6 :
Quand aux Sadducéens, ils refusent le Destin et professent que Dieu ne peut ni
faire, ni prévoir aucun mal, mais quʹil est au pouvoir des hommes de choisir le
Bien ou le Mal. Ils ne nient pas seulement la Résurrection de la chair, ils pensent
que lʹÂme ne subsiste pas non plus.
Rien nʹappartient à lʹHomme que le fait de vivre, et cʹest là le seul but pour
lequel il a été créé, sa Résurrection se réalisant dans le fait de laisser sur terre ses
enfants avant de mourir ; il ne peut sʹattendre à subir, après la mort, ni
récompense ni châtiment ; car la mort est la dissolution de lʹAme et du Corps, et
lʹHomme aboutit au Néant, de même que toutes créatures vivantes.
Les Avot de Rabbi Nathan sont un complément au Traité Avot de la Mishnah et présentent,
comme ce Traité, des maximes, ou des anecdotes illustrant les maximes des Sages, avec des
Commentaires éventuels.
Une partie assez ancienne (probablement mise en place au 1er siècle EC) rapporte, en
commentaire dʹune maxime qui a été présentée en Avot I : 3, une anecdote tendant à illustrer
lʹopposition entre Pharisiens et Sadducéens sur ce problème de lʹAu‐delà :
En premier lieu, Avot I : 3 rapporte la Maxime qui aurait été formulée par Antigone de Soko
(vers 180 av. EC) :
Mishnah : Ordre Neziqin : Traité Avot : I : 3 : Maxime d’Antigone de Soko :
Ne soyez pas comme des esclaves qui servent le Maître en vue de recevoir un
salaire fixé. Mais soyez comme des esclaves qui servent le Maître sans se
préoccuper dʹun salaire. Et que, seule, la crainte de lʹÉternel soit toujours avec
vous.
Commentaire de cette maxime présenté dans Avot de Rabbi Nathan : I : 5 :
Antigone de Soko eut deux disciples qui étudièrent ces paroles. Ils les
enseignèrent à leurs disciples, et leurs disciples les enseignèrent, à leur tour, à
leurs disciples... Ces derniers examinèrent attentivement ces paroles et dirent :
ʺ Quʹont pensé nos Pères exactement pour quʹils énoncent une telle maxime ?
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Est‐ce quʹun ouvrier accomplit son travail tout le jour, sans recevoir son salaire
le soir ? Si nos Ancêtres avaient pensé quʹil y a un autre monde au delà, et quʹil
y a une Résurrection des Morts, ils nʹauraient certainement pas formulé une
telle maxime !ʺ
(Donc, si les ancêtres ont formulé cette maxime, cʹest quʹils pensaient quʹil nʹy a,
ni Au‐delà, ni Résurrection des Morts.)
Ces Disciples se levèrent donc et se séparèrent de la vraie Loi (celle des
Pharisiens qui croient, eux, à lʹAu‐delà et à la Résurrection).
Et de ces Disciples dissidents sortirent deux brèches (dans la Loi) : à savoir la
brèche des Sadducéens, et celle des Boéthusiens : les Sadducéens dont le nom
vient de Sadoq, les Boéthusiens dont le nom vient de Boéthos.
La suite de ce même Texte explicite avec force, la position des Sadducéens, en opposition
formelle avec les Pharisiens, sur ce thème de la Vie ou de la non‐Vie, au delà de la Mort :
Avot de Rabbi Nathan : I :5 (suite) :
Les Sadducéens faisaient usage dʹustensiles en or et en argent, durant toute leur
vie, non pas tant par orgueil, que parce que les Sadducéens avaient coutume de
dire : ʺCʹest une tradition chez les Pharisiens de se morfondre et de se mortifier
dans ce monde‐ci : mais dans lʹautre monde (le monde à venir de lʹAu‐delà,
dont ils espèrent tout) ils ne trouveront que le Néant.ʺ
‐21‐ Cette attitude de Pensée à propos de la non‐Vie après la Mort, qui était
caractéristique de la conception des Sadducéens, se situait, en fait, dans la droite ligne de
lʹAntique notion Hébraïque du ʺShéolʺ, telle quʹelle est développée, initialement, dans la
Bible. En effet, la vie de lʹAu‐delà nʹest pas explicitement décrite, ni commentée, dans la Torah
(Pentateuque) ; et lʹAncien Testament, dʹune façon générale, sʹintéresse assez peu au sort des
humains après la mort.
A priori, après la mort, pour lʹHomme, cʹest, effectivement, le Néant, comme le montre
divers exemples Bibliques :
Genèse : 3 : 19 :
...tu gagneras ton pain
à la sueur de ton front
jusquʹà ce que tu retournes à la terre
dont tu as été tiré.
Car tu es fait de poussière
et tu retourneras à la poussière.
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(Après sʹêtre rebellés contre Moïse, les partisans de Coré encourent une punition divine :)
Nombres : 16 : 31‐35 :
A peine Moïse avait‐il fini de parler que le sol se fendit sous les pieds de Datan
et dʹAbiram. La terre sʹouvrit et les engloutit avec leurs familles, de même que
les partisans de Coré, et tous leurs biens. Ces hommes descendirent vivants
dans le monde des morts, avec tout ce qui leur appartenait ; la terre les
recouvrit, et ils disparurent du milieu de lʹAssemblée dʹIsraël.
Psaumes : 6 : 6 :
Car dans la mort on ne peut plus penser à Toi (Dieu),
Chez les défunts on ne peut plus Te louer.
Isaïe : 38 : 18 : (Premier Isaïe avant la destruction du premier Temple) :
(Seigneur)...
Dans le monde des morts,
Personne ne Te loue :
Ce ne sont pas les cadavres qui peuvent Tʹacclamer.
Quand on descend dans la tombe
Il est trop tard pour espérer
En Ta sollicitude.
‐22‐ En partant de ce concept du Néant absolu après la mort, une certaine
progression Philosophique dans certains Textes de lʹAncien Testament, indique que, après
leur décès, les Humains sont envoyés dans le Séjour des Ombres (Shéol) où ils mènent une
sorte dʹexistence diminuée et fantomatique :
Cʹest, par exemple, au travers dʹune sorcière‐medium que le Roi Saül peut ainsi sʹentretenir
avec son prédécesseur décédé, Samuel, qui erre dans le ʺShéolʺ :
1 Samuel 28 : 5‐19 :
Lorsque Saül vit le camp des Philistins, il eut très peur et se mit à trembler
comme une feuille. Il voulut consulter lʹÉternel mais celui‐ci ne lui répondit, ni
par un rêve, ni par les augures de lʹOurim et du Toummim du Grand‐Prêtre, ni
par un Prophète. Alors Saül donna cet ordre ses Officiers :
‐ Cherchez‐moi une femme qui sache interroger les morts pour que je puisse
aller la consulter. ‐ Il y en a une à En‐Dor, lui fut‐il répondu.
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Saül se déguisa et partit pour En‐Dor avec deux Aides.
Il arriva de nuit chez la femme et lui dit :
‐ Je veux que tu interroges un mort pour moi. Tu feras apparaître celui que je
vais tʹindiquer.
‐ Mais, répondit la femme, tu sais bien que le Roi Saül a fait exterminer ceux qui
dans le pays évoquent ou interrogent les morts (en vertu de la Loi Mosaïque).
Est‐ce que tu cherches à me tendre un piège pour me faire mourir également ?
‐ Par lʹÉternel, déclara Saül, je jure que tu ne risques rien dans cette affaire.
‐ Qui donc dois‐je faire apparaître pour toi ? ‐ Samuel, répondit‐il.
Lorsque la femme vit Samuel, elle poussa un grand cri, puis elle interpella Saül :
‐ Mais tu es Saül ! Pourquoi mʹas‐tu trompée ?
‐ Ne crains rien, répondit le Roi. Dis‐moi plutôt ce que tu as vu.
‐ Jʹai vu une sorte de fantôme qui montait des profondeurs de la terre, dit‐elle.
‐Comment est‐il, reprit le Roi. ‐ Cʹest un homme âgé, enveloppé dʹun manteau.
Saül comprit quʹil sʹagissait bien de Samuel et il sʹinclina respectueusement
jusquʹà terre. Samuel lui demanda :
‐ Pourquoi as‐tu troublé mon repos ? Pourquoi mʹas‐tu fait appeler ?
‐ Je suis tellement angoissé, répondit Saül. Les Philistins mʹont déclaré la guerre
et Dieu sʹest détourné de moi. Il ne me répond plus, ni par un Prophète, ni par
un rêve. Alors je tʹai fait appeler : viens me dire ce que je dois faire.
‐ Pourquoi mʹinterroger moi ? dit Samuel. Tu vois bien que lʹÉternel sʹest
détourné de toi, et quʹIl est devenu ton ennemi. Il a accompli ce que jʹavais
annoncé de sa part : Il a décidé de te reprendre la Royauté pour la donner à
David. Tu as refusé dʹobéir aux ordres du Seigneur en nʹexterminant pas
complètement les Amalécites. Cʹest pourquoi lʹÉternel te traite aujourdʹhui de
cette manière. Il va te livrer, ainsi que ton Peuple, au pouvoir des Philistins.
Demain, toi et tes fils, vous serez avec moi dans le Monde des Morts, et ton
Armée sera au pouvoir des Philistins.
Dans cette conception Hébraïque, assez austère, de lʹAu‐delà fantomatique, lʹÉternité vivante
pour lʹHomme, est, en fait, représentée par sa seule Descendance :
Et cʹest seulement, au travers dʹune Alliance entre lʹÉternel et la Descendance dʹun Homme,
que celui‐ci peut espérer survivre.
Genèse : 15 : 5 :
LʹÉternel fit sortir Abraham de sa tente et lui dit :
‐ Regarde le ciel et compte les étoiles si tu le peux.
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Et lʹÉternel ajouta :
‐ Comme elles, tes descendants seront innombrables.
‐23‐ Progressivement, cependant, les notions de Vie après la Mort, ou de
Résurrection, qui sont absentes, de façon littérale, dans la Torah (Pentateuque) seule acceptée
par les Sadducéens, apparaissent dans les Prophètes et les Écrits, que les Pharisiens, eux,
exploitent, au même titre que la Torah pour mener leurs spéculations.
Il en est ainsi, par exemple, du récit de la mort du Prophète Élie, ou bien des Visions du
Prophète Ezequiel :
2 Rois : 2 : 7‐11 :
Une cinquantaine de Prophètes les suivaient; toutefois ils restèrent à une
certaine distance dʹÉlie et dʹÉlisée qui se tenaient sur la rive du Jourdain.
Élie ôta son manteau, le roula et en frappa lʹeau du fleuve; lʹeau sʹécarta de part
et dʹautre, et ils purent tous deux traverser à pied sec.
Quand ils eurent traversé, Élie dit à Élisée :
ʺ Demande‐moi ce que tu désires que je fasse pour toi, avant que le Seigneur
mʹenlève dʹauprès de toi.ʺ Élisée répondit :
‐ Jʹaimerais recevoir en héritage une part de ton Esprit de Prophétie.
‐ Tu demandes une chose difficile à obtenir, répondit Élie, Toutefois, si tu me
vois lorsque LʹÉternel mʹenlèvera dʹauprès de toi, cʹest que ta demande se
réalisera. Si tu ne me vois pas cʹest que ta demande ne se réalisera pas.ʺ
Pendant quʹils marchaient, en sʹentretenant, un Char étincelant, tiré par des
chevaux irradiant de lumière, les sépara, et aussitôt Élie fut enlevé au ciel dans
un tourbillon de vent.
Après la Destruction du premier Temple, et afin de combattre le désespoir des déportés en
Babylonie, Ezequiel lance une invocation à la Jérusalem idéale à renaître, ainsi quʹune
évocation de la Résurrection des Morts, afin de redonner lʹespérance à ceux qui ont été
définitivement privés du Temple détruit :
Ezequiel : 37 : 1‐14 :
La Puissance de LʹÉternel me saisit; son Esprit me transporta et me déposa dans
une large vallée dont le sol était jonché dʹossements.
LʹÉternel me fit circuler au milieu dʹeux dans cette vallée : ils étaient très
nombreux et complètement desséchés. Alors LʹÉternel me demanda :
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‐ Dis‐moi Ézéchiel, ces ossements peuvent‐ils reprendre vie ?
‐ Je répondis : Seigneur Dieu, cʹest Toi seul qui le sais.
LʹÉternel reprit :
‐ Adresse‐toi de ma part à ces ossements, dis‐leur : ʺOssements desséchés,
écoutez ! Voici ce que LʹÉternel, votre Dieu, vous déclare : Je vais vous
réanimer, et vous reprendrez vie. Je vais mettre sur vous des nerfs, je ferai
croître de la chair et vous ferai recouvrir de peau ; puis je rétablirai votre
respiration, pour que vous repreniez vie. Vous saurez alors que Je suis
LʹÉternel.ʺ
Je mʹadressai aux ossements comme LʹÉternel mʹen avait donné lʹordre.
Tandis que je parlais, jʹentendis le bruit dʹun grand remue‐ménage : les os se
rapprochaient les uns des autres, chacun près de celui qui lui correspondait. Je
vis que des nerfs et de la chair se formaient sur eux et se recouvraient de peau.
Mais ils étaient toujours inanimés.
LʹÉternel me dit alors :
‐ Toi, qui nʹes quʹun homme, adresse‐toi de ma part au Souffle de Vie et dis‐lui :
ʺEsprit, lʹÉternel te donne lʹordre de venir de tous les points de lʹhorizon et de
souffler sur ces cadavres afin quʹils reprennent vie.ʺ
Je prononçai ces paroles que LʹÉternel mʹavait ordonnées.
LʹEsprit pénétra les cadavres qui reprirent vie. Ils se dressèrent sur leurs pieds.
Ils formaient une nombreuse, une très nombreuse armée.
LʹÉternel reprit : ‐ Tu vois, Ezequiel, ces ossements sont lʹimage du Peuple
dʹIsraël. Les Israélites disent en effet : ʺNous sommes comme des ossements
desséchés, notre espoir est mort, il nʹy a plus rien à faire.ʺ
Cʹest pourquoi transmets‐leur ces promesses que je leur destine, moi LʹÉternel,
leur Dieu : Je vais rouvrir vos tombes et vous en faire remonter, vous Mon
Peuple, et je vous ramènerai en Israël, votre Patrie. Vous serez convaincus que
je suis LʹÉternel quand Jʹouvrirai vos tombes et vous en ferai remonter, quand Je
vous ferai reprendre vie par mon Esprit, quand Je vous réinstallerai dans votre
Patrie.
‐24‐ Cette Vision dʹÉzéchiel, durant lʹExil des Juifs déportés à Babylone, pouvait,
éventuellement, être interprétée, uniquement, comme une incantatoire Allégorie
Prophétique, annonçant la renaissance future de la Nation Juive à Jérusalem et la
Restauration de son Temple.
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Mais quelques siècles après la Vision dʹEzechiel, lʹaffrontement de la Religion Juive avec la
Culture Hellénique, aura des effets sur les Conceptions Juives de lʹAu‐delà, en prenant,
progressivement, en compte la dualité Ame‐Corps qui, entre autres, imprégnait la Pensée
Grecque.
Et ce sont les Pharisiens, en particulier; qui vont répandre chez les Juifs, la Croyance,
véritable, et non allégorique, en la Résurrection des Morts.
Lʹune des occasions Historiques; qui permettra une large diffusion de cette Croyance en la
Résurrection, sera constituée par la résistance farouche opposée par les Macchabées à la
persécution Grecque dʹAntiochus Épiphane, et le refus obstiné des Macchabées de se laisser
imposer par les Séleucides une Idéologie contraire aux Lois Juives.
Le deuxième Livre des Macchabées rapporte une anecdote sur ce sujet, lors de la persécution
lancée par Antiochus Épiphane pour faire disparaître la Religion Juive :
2 Macchabées : 7 : 1‐23 :
Une autre fois, sept frères et leur mère furent arrêtés. Le Roi voulait quʹon leur
force à manger de la viande de porc, ce qui est strictement interdit par la Loi de
Dieu. A cet effet, le Roi les fit battre à coups de fouets et de nerfs de boeuf.
Un des frères prit la parole au nom des autres et dit au Roi :
Quʹespères‐tu apprendre ou obtenir de nous en nous traitant ainsi ? Sache que
nous sommes prêts à mourir plutôt que dʹêtre infidèles aux Lois de nos
Ancêtres.
Le Roi fut saisi dʹune violente colère : il donna lʹordre de mettre sur le feu des
grils et des chaudrons. Dès quʹils furent brûlants, il ordonna de trancher la
langue à celui qui avait parlé au nom des autres ; de plus, il le fit scalper, lui fit
couper les pieds et les mains, tout cela sous les yeux de ses frères et de sa mère.
Quand on lʹeut ainsi complètement mutilé, le Roi commanda de lʹapprocher du
feu et de le jeter encore tout vivant sur un gril. Tandis que lʹodeur de la chair
brûlée se répandait autour du gril, les frères et la mère sʹencourageaient
mutuellement à mourir héroïquement : ils disaient :
‐ LʹÉternel notre Dieu nous voit et ne reste certainement pas insensible à notre
sort. Car Moïse a déclaré dans le Cantique même où Il accusait son peuple :
ʺLʹÉternel sera sensible au sort de ses serviteurs.ʺ (Deutéronome : 32 : 36)
Quand le premier des frères fut mort de cette manière, on amena le second pour
le supplicier à son tour. Après lui avoir arraché les cheveux avec la peau du
crâne, on lui demanda :
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‐ Eh bien, vas‐tu accepter de manger cette viande de porc plutôt que dʹêtre mis
en pièces, membre après membre ?
‐ Non, répondit‐il dans sa langue maternelle (Araméen ou Hébreu,
probablement en opposition avec le Grec parlé par les occupants Séleucides,
ainsi que par une partie de la Population Juive occupée.).
On lui fit alors subir la même série de tortures quʹau premier frère. Au moment
dʹexpirer il dit au Roi : Assassin ! Tu nous ôtes la vie présente. Mais le Roi du
Monde nous ressuscitera pour une Vie nouvelle, puisque nous mourons par
obéissance à Ses Lois.
(Les autres frères sont suppliciés de la même manière, lʹun après lʹautre. Et, au cours de ces
supplices, leur mère expose une conception de la vie humaine, qui est modelée par les mains
de lʹÉternel, avant, pendant, et après lʹexistence terrestre de tout homme :)
Quant à la mère, elle fut admirable au plus haut point, et elle mérite bien quʹon
se souvienne dʹelle. En lʹespace dʹun seul jour elle vit mourir ses sept fils...
Elle (leur) disait :‐ Je ne sais comment votre existence a commencé dans mon
ventre. Ce nʹest pas moi qui vous ai donné le souffle de vie, ce nʹest pas moi qui
ai mis en place toutes les parties de votre corps. Le Créateur du Monde est à
lʹorigine de toutes choses : cʹest Lui qui forme les humains, dès leur conception.
Et bien, Il aura pitié de vous et vous rendra le Souffle de la Vie, parce que vous
vous sacrifiez maintenant pour rester fidèles à Ses Lois.
‐25‐ Durant toute cette évolution extrêmement dynamique de la Pensée Juive,
activée, principalement, par les Pharisiens, les Sadducéens, quant à eux, restaient,
majoritairement, immergés dans le seul Culte du Temple, au travers dʹune Hiérarchie et
dʹune Organisation méticuleuse et immuable, et se vouaient à en assurer le déroulement
inaltérable, en toutes circonstances.
En dʹautres termes, pour ainsi dire, les Sadducéens, dʹune façon générale, ne se sentaient pas
concernés par les problèmes éventuels de la Vie de lʹAu‐delà, et ils sʹastreignaient au seul
respect strict des Prescriptions de Moïse, concernant le Ministère Sacré, dont ils se sentaient,
charnellement, investis par héritage génétique, à travers les siècles.
‐26‐ On retrouve, par exemple, dans les Évangiles ou dans les Actes des Apôtres, des
échos de cette Pensée Sadducéenne, qui nie la Résurrection et qui est axée sur la stricte
application de la seule Loi Écrite du Pentateuque et sur une existence, vécue exclusivement en
conformité avec le Culte du Temple.
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Les Évangiles rapportent, en particulier, un piège tendu à Jésus par les Sadducéens qui lui
soumettent le cas dʹune femme soumise à la Loi mosaïque du Lévirat :
Cette Loi oblige tout frère survivant à épouser la veuve de son frère décédé, si celui‐ci nʹa
pas laissé dʹenfants.
Dans cet épisode rapporté par les Évangiles, une femme se trouve avoir épousé
successivement les sept frères dʹune même famille : la question suivante est alors posée à
Jésus : dans le cas où la Résurrection des Morts a vraiment lieu, de lequel de ces sept frères,
la veuve sera‐t‐elle, alors, lʹépouse ?
Évangile selon Marc : 12 : 18‐28 :
(En synoptique, Matthieu : 22/23‐34 et Luc : 20/27‐40) :
Quelques Sadducéens vinrent auprès de Jésus. ‐ Ce sont ceux qui disent que les
morts ne reviendront pas à la vie.‐ Ils lʹinterrogèrent de la façon suivante :
‐ Rabbi, Moïse nous a donné ce Commandement écrit :
ʺSi un homme qui a un frère, meurt et laisse une femme sans enfants, il faut que
son frère épouse la veuve et quʹil ait des enfants avec elle pour celui qui est
mort.ʺ Or, il y avait une fois sept frères. Le premier se maria et mourut sans
laisser dʹenfants. Le deuxième épousa la veuve et il mourut sans laisser
dʹenfants. La même chose arriva au troisième frère, et à tous les sept frères qui
épousèrent successivement la femme et moururent sans laisser dʹenfants. Après
eux tous, la femme mourut aussi.
Au jour de la résurrection, quand les morts reviendront à la vie, de qui donc
sera‐t‐elle la femme ? Car tous les sept lʹont eue comme épouse !
Jésus leur répondit :
‐ Vous vous trompez, et savez‐vous pourquoi. Parce que vous ne connaissez ni
les Écritures ni la Puissance de Dieu. En effet, quand les morts reviendront à la
vie, les hommes et les femmes ne se marieront pas mais ils vivront comme des
anges dans les Cieux. Pour ce qui est des morts qui reviennent à la vie, nʹavez‐
vous jamais lu dans le Livre de Moïse le passage qui parle du Buisson Ardent ?
Il est écrit, là, que Dieu dit à Moïse : ʺJe suis le Dieu dʹAbraham, le Dieu dʹIsaac, le
Dieu de Jacob.ʺ Dieu, ajouta Jésus, est le Dieu dʹhommes vivants et non de morts.
Vous vous trompez complètement.
Un Maître de la Loi (de toute vraisemblance un Pharisien) les avait entendus
discuter. Il vit que Jésus avait bien répondu aux Sadducéens...
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Que sur ce point de Doctrine de la Résurrection des Morts, il y ait eu totale convergence
entre les Pharisiens et les Judéo‐Chrétiens, est mis également en évidence dans les Actes des
Apôtres, lorsque Paul, arrêté pour avoir commis le sacrilège dʹintroduire des non‐Juifs dans
lʹenceinte du Temple de Jérusalem, comparait devant le Sanhédrin, cʹest à dire devant le
Conseil Suprême des Juifs, où siègent Sadducéens et Pharisiens.
Paul exploite, alors habilement, lʹopposition vivace, qui règne sur ce sujet de polémique
entre les Maîtres de la Loi, plutôt Pharisiens, et les Représentants du Sacerdoce du Temple,
plutôt Sadducéens :
Actes des Apôtres : 22 :30 ; 23 :1‐10 :
Le Commandant Romain voulait savoir de façon précise de quoi les Juifs
accusaient Paul.
Cʹest pourquoi, le lendemain, il le fit délier de ses chaînes, et ordonna aux Chefs
des Prêtres et à tout le Conseil Supérieur de se réunir. Puis il fit amener Paul et
le placer devant eux.
Paul fixa les yeux sur les membres du Conseil et dit :
‐ Frères cʹest avec une conscience tout à fait tranquille que jʹai vécu devant Dieu
jusquʹà ce jour.
Le Grand‐Prêtre Ananias ordonna à ceux qui étaient près de Paul de le frapper
sur la bouche. Alors Paul lui dit :
‐ Cʹest Dieu qui te frappera, espèce de tombeau blanchi ! Tu es assis là, pour me
juger selon la Loi, et, contrairement à la Loi, tu ordonnes de me frapper !
Ceux qui étaient près de Paul lui dirent :
‐ Tu insultes le Grand‐Prêtre de Dieu !
‐ Jʹignorais, Frères, que cʹétait le Grand‐Prêtre. En effet, lʹÉcriture déclare :
ʺTu ne diras pas de mal du Chef de ton Peuple.ʺ (Exode 22 : 27)
Paul savait que les membres du Conseil étaient en partie des Sadducéens et en
partie des Pharisiens; cʹest pourquoi il sʹécria devant eux :
‐ Frères, je suis, moi‐même, Pharisien, fils de Pharisiens. Cʹest parce que je crois
en la Résurrection des morts que je suis mis en jugement.
A peine eut‐il prononcé ces mots que les Pharisiens et les Sadducéens se mirent
à se disputer et lʹAssemblée se divisa.
(Les Sadducéens disent en effet que les morts ne reviendront pas à la vie et quʹil
nʹy a ni anges ni esprits, tandis que les Pharisiens croient en tout cela.)
On criait de plus en plus fort et quelques Maîtres de la Loi, membres du Parti
des Pharisiens, se levèrent et protestèrent vivement en disant :
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‐ Nous ne trouvons rien de mal en cet homme. Un esprit ou un ange lui a peut‐
être parlé.
La dispute devint si violente que le Commandant Romain eut peur quʹils ne
mettent Paul en pièces. Cʹest pourquoi il donna lʹordre à ses soldats de
descendre dans lʹAssemblée pour enlever Paul du milieu dʹeux et de le ramener
à la Forteresse (siège du Chef de la garnison Romaine).
Cette notion Juive de la Résurrection des Morts, transmise et développée par les Pharisiens,
va se révéler capitale pour le développement de la Christianisme, et elle va constituer, entre
autres, pour les initiateurs Judéo‐Chrétiens, le fondement populaire de la Résurrection du
Christ.
‐27‐ Lʹinfluence des Pharisiens sʹaccrut au fil du temps, de façon à sʹexercer, avec
ampleur, dans le domaine Juridictionnel et Judiciaire.
En analysant la douzaine de cas de polémiques entre Pharisiens et Sadducéens (ou
Boéthusiens) préservées dʹune façon plus ou moins allusive dans la Littérature Rabbinique,
on peut déduire, dʹune façon générale, que les Sadducéens sʹen tenaient plus strictement à
lʹexpression littérale de la Torah, alors que les Pharisiens tendaient à extraire la signification
des Règles prescrites par Moïse, non pas tant, pour en adoucir certains éléments, cruels ou
trop rigoureux, que pour essayer de les adapter, de façon cohérente, à lʹévolution des
moeurs et des conditions sociales de leur temps.
Le commentaire Hébreu tardif du Texte Araméen Megillat Tanit, 12, donne, par exemple,
quelques indications pour, entre autres points caractéristiques, trois Prescriptions
Juridictionnelles de la Torah, où apparaissaient des nettes divergences dʹinterprétation
Juridique entre Pharisiens et Sadducéens :
Ces trois Prescriptions Bibliques sont :
‐A‐/ La Loi du Talion
Exode : 21 : 24 :
Vie pour vie, oeil pour oeil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied,
brûlure pour brûlure, coup pour coup...
‐B‐/ La Règle au sujet de la jeune fille soupçonnée de ne pas avoir été vierge au moment de
son mariage.
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Deutéronome : 22 : 17 :
(Après que le mari ait déclaré : quand je me suis approché de ma femme je ne
lʹai pas trouvée vierge) ...les parents de la jeune épousée étendront devant les
Anciens le drap taché de sang de la nuit de noces.
‐C‐/ La prescription relative au Lévirat dans le cas où un homme refuse dʹépouser la veuve
de son frère, qui a décédé sans laisser dʹenfants.
Deutéronome : 25 : 8‐10 :
Les Anciens de la ville convoqueront lʹhomme et lʹinterrogeront.
Sʹil maintient son refus dʹépouser la veuve de son frère, celle‐ci sʹavancera
jusquʹà lui, en présence des Anciens, elle lui retirera sa sandale du pied, lui
crachera au visage, et elle déclarera : ʺVoilà comment on traite un homme qui
refuse de donner un descendant à son frère !ʺ Dès lors, en Israël on surnommera
la famille de cet homme ʺla famille du déchausséʺ.
‐A‐/ En ce qui concerne la Loi du Talion, les Sadducéens sʹen tiennent, théoriquement, à
lʹapplication stricte de la Loi. Il en est de même de certains Pharisiens :
Ainsi, dans le Talmud de Babylone : Ordre Neziqin : Traité Baba Qama ; 84a , il est rapporté que
Rabbi Eliezer ben Hyrcanos (vers 90 EC) disait :
ʺOeil pour oeil doit être appliqué à la lettre.ʺ
Ce Rabbin défendait donc des thèses proches de celles des Sadducéens. Il fut, dʹailleurs mis
au ban par ses pairs, malgré sa mémoire prodigieuse et sa science incomparable des Textes
Sacrés. Mais ce ban fut rapporté après sa mort.
Le courant Pharisien, majoritaire et populaire, était, plutôt, enclin, en de nombreux cas, à des
accommodements ou à des interprétations adoucissantes des Prescriptions trop rigoureuses,
comme, par exemple, pour ce qui concerne la Loi du Talion, dans les cas où la victime était
dʹaccord pour une compensation pécuniaire.
Et, ainsi, dans ce même Traité Baba Qama, qui rapporte lʹopinion intransigeante de Rabbi
Eliezer ben Hyrcanos, on peut trouver, des opinions exactement contraires, en 53a, 54b, 83b,
qui présentent une longue liste détaillée de compensations financières, qui peuvent se
substituer à la Loi du Talion.
Les accommodements ainsi prônés, dans certains cas, par les Pharisiens, se déduisaient, par
exemple, de lʹexamen des nombreux cas particuliers qui sont énumérés dans la Torah,
comme, par exemple, ceux examinés dans Exode : 21 et 22.
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‐B‐/ En ce qui concerne le linge ensanglanté attestant de la virginité de la jeune épousée,
lʹinterprétation littérale de cette Prescription est appliquée avec rigueur par les Sadducéens.
Là encore, dans la Littérature Rabbinique, le même Rabbi Eliezer ben Hyrcanos dont les
thèses sont proches de celles des Sadducéens, est dit avoir déclaré :
Talmud de Babylone : Ordre Nachim : Traité Ketoubot : 46a :
Les Paroles du Deutéronome (22 : 17) sont à prendre littéralement : il sʹagit bien
dʹun linge (à montrer) réellement.
En contraste avec cette position littérale, le Talmud de Jérusalem dans le Traité Ketoubot de
lʹOrdre Nachim, cite lʹexplication donnée par Rabbi Ishmaël ben Elisha (vers 135 EC) qui
expose la thèse Pharisienne, bien que ce Rabbi ait été dʹune famille héréditaire de Prêtres, et
donc, à priori, plutôt proche des Sadducéens, et bien quʹil ait été également lʹun des disciples
de lʹintransigeant et Sadducéen Rabbi Eliezer ben Hyrcanos.
Talmud de Jérusalem : Ordre Nachim : Traité Ketoubot : 4 : 2:
Mekhilta de Rabbi Ishmaël : Exode : 21 : 19 et Exode : 22 : 2 :
(Déployer le linge nuptial) cela veut dire, en réalité, quʹils doivent rendre
lʹaffaire propre et claire comme un linge immaculé.
‐C‐/ En ce qui concerne la cérémonie découlant de la Loi du Lévirat, et au cours de laquelle
la belle‐soeur crache au visage du beau‐frère qui refuse de lʹépouser, les Sadducéens
exigeaient, là encore, son application au sens strict de la Prescription Mosaïque.
Les Pharisiens, par contre, en décryptant le Texte Hébraïque originel, exposent une
interprétation moins dégradante : la belle‐soeur ne crache pas au visage de son beau‐frère
mais elle crache devant elle.
Cette interprétation adoucissante figure en divers Textes Rabbiniques, comme, par exemple :
Talmud de Jérusalem : Ordre Nachim : Traité Yevamot : 12 : 9. Talmud de Babylone : Ordre Nachim :
Traité Yevamot : 106b.
‐28‐ Dʹune façon générale, sur le plan Judiciaire, la Doctrine des Pharisiens allait,
généralement dans le sens dʹun adoucissement, ou plus exactement, dans le sens dʹune
adaptation réaliste des Prescriptions de Moïse à lʹévolution de la Civilisation Juive.
Par contre, les Sadducéens sʹen tenaient, le plus souvent, à lʹapplication stricte des Règles
édictées par Moïse.
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Mais il pouvait arriver, dans certains cas, que les conceptions divergentes des Pharisiens les
conduisent à une inflexibilité identique à celle des Sadducéens, ou, paradoxalement, à une
sévérité plus grande
‐29‐ Pour conforter leur influence Religieuse sur la Population Juive, et pour
sʹassurer une conquête progressive du Pouvoir Idéologique, les Pharisiens utilisèrent, entre
autres, un vecteur Biblique, extrêmement puissant, qui reposait sur les notions de Pureté et
de Purification, comme devant être opposées, en permanence, aux notions dʹImpureté et de
Souillure.
Ce Concept Biblique, qui fondait, sur le plan Religieux, lʹessentiel de la Vie quotidienne de
chaque Juif, se développe sur cinq axes essentiels, que lʹon peut déterminer dans ses grandes
lignes, de la façon suivante :
‐A‐ Tout lʹEnvironnement naturel et biologique des Êtres Humains est composé de
d’éléments purs, et d’éléments impurs, qui sont rigoureusement déterminées par lʹÉcriture.
En conséquence, tout contact dʹune Personne avec une partie pure, ou toute ingestion par
une personne dʹune partie pure est licite.
Et, en opposition, tout contact dʹune Personne avec une partie Impure, ou toute ingestion par
une Personne dʹune partie impure est illicite, et rend cette Personne, Impure.
‐B‐ Tout cadavre est impur.
En conséquence, tout contact dʹune Personne avec un cadavre, ou toute ingestion par une
Personne dʹun cadavre, rend cette Personne, impure.
De surcroît, tout objet, en contact avec un cadavre, devient également impur, et tout contact
dʹune Personne avec cet objet devenu impur, rend cette Personne, impure.
‐C‐ Certaines altérations, naturelles, sexuelles, ou accidentelles, ou maladives du Corps
Humain rendent cette Personne, impure.
En conséquence, tout contact dʹune Personne avec cette Personne impure, la rend également
Impure.
‐ De surcroît, tout objet, en contact avec la Personne impure, devient également impur :
Aussi, tout contact dʹune Personne avec cet objet devenu impur, rend cette Personne,
impure.
‐ De la même façon, certaines altérations dans la nature dʹun objet, comme des moisissures,
rendent cet objet impur.
‐ Et, finalement, les actions malfaisantes rendent la Personne, qui les a commises, impure.
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‐D‐ Seuls, des Rites Religieux, extrêmement complexes, permettent de purifier les Personnes
impures, ainsi que les objets devenus impurs.
‐E‐ Nulle Personne impure ne peut, jamais, et sous aucun prétexte, sʹapprocher du
Sanctuaire.
‐ Nulle Personne devenue impure ne peut y demeurer.
‐ De la même façon, nul objet impur ne peut être introduit dans le Sanctuaire, et nul objet
devenu impur ne peut y demeurer.
‐30‐ Cʹest selon ces Principes de base que la Torah (Pentateuque) présente une
énumération, assez disséminée, des principales composantes dʹun système global des Lois
de Pureté et de Purification.
A travers les âges, les Prêtres dʹabord, et les Rabbins, ensuite, spécifieront avec une rigueur
sans cesse accrue, les Règles devant présider à la Purification, tant pour le Culte au Temple,
que pour la vie au quotidien de tous les Juifs.
Il se trouve que lʹaboutissement de cette sorte de Surenchère permanente dans les Exigences
à mettre en oeuvre pour assurer la Purification la plus parfaite, au Temple de Jérusalem,
débouchera sur la mise en place dʹun Système Hydraulique, inédit dans lʹAntiquité, car,
seules, les Eaux provenant de Sources, par simple gravitation, et sans aucune intervention
dʹun récipient quelconque, auront la capacité Religieuse de pouvoir valider lʹensemble des
flux de ce Système Hydraulique et de leur conférer les vertus purificatoires exigées par
l,Éternel dans le Sanctuaire des Juifs.
Aussi, comme ce Système Hydraulique, qui a été préservé dans le sous‐sol rocheux du
Haram, se situe au coeur‐même de la Démonstration Archéologique et Scientifique conduite
dans le présent Ouvrage, nous examinerons ces Règles de Purification mises en oeuvre, par
les Sadducéens et les Pharisiens, au Sanctuaire, dans la dernière Partie (E), où cette
Démonstration est présentée.
‐31‐ Les Sadducéens et les Pharisiens considérèrent, de façon identique, que les
thèmes de lʹImpureté et de la Pureté, ainsi que les thèmes de la Souillure et de la Purification
étaient au coeur du système Religieux Juif :
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Aussi, dans le cadre de leur confrontation permanente avec les Sadducéens pour sʹemparer
du Pouvoir Idéologique, les Pharisiens et Rabbins ne pouvaient envisager de laisser ce
monopole essentiel, aux seuls Prêtres, tant sur le plan du diagnostic que sur le plan des
modalités dʹapplication des Lois de la Torah :
Et ce, même si cette Torah faisait, explicitement, des Prêtres, les seuls maîtres dʹoeuvre
compétents, pour tous les problèmes concernant la Pureté requise par lʹÉternel, et même si la
Pureté du Grand‐Prêtre en représentait la quintessence absolue pour la Purification de tout
Israël.
Nonobstant cette évidence Scripturale incontournable, les Pharisiens développèrent
obstinément une ample action sur deux axes :
‐A‐ / En dehors du Culte du Temple, les Pharisiens disposaient dʹune sorte de voie libre,
pour mener leur action, les Prêtres se concentrant, avant tout, sur leur Sacerdoce au sein du
Sanctuaire.
Aussi, les Pharisiens et les Rabbins étendirent, progressivement, leur Interprétation du
champ dʹapplication de la Purification à toute la Population Juive, en rendant obligatoire son
exercice quotidien, exactement, de la même façon que le Rite de Purification avait été imposé
quotidiennement aux Prêtres chaque fois quʹils pénétraient dans le Temple.
De la sorte, le Rite de Purification quotidien, qui était de caractère Sacerdotal à lʹorigine, fut,
progressivement, transféré à chaque Juif, afin de lui conférer les moyens dʹacquérir la Vertu
Religieuse, prescrite par la Torah, grâce une ascèse permanente, dont les Principes
découlaient des Préceptes édictés par Moïse.
Le Traité Mikwaot de lʹOrdre Tohorot de la Mishnah rend compte, par exemple, de la complexe
codification des Règles de Purification, qui furent progressivement mises au point et affinées
par les Sages à lʹintention de tous les Juifs :
Le ʺMikwehʺ étant le Bain rituel dont les dimensions et lʹapprovisionnement en Eaux de
Purification furent strictement codifiés par les Sages.
A cet égard, et là encore, la disparition du dernier Temple, offrit aux Rabbins comme un
inespéré monopole absolu, dans ce domaine des Lois de Pureté Religieuses qui étaient, à
lʹorigine du seul ressort des Prêtres.
Et cette Codification du Pur et de lʹImpur, de la Souillure et de la Purification, allait,
progressivement, constituer lʹun des réseaux, le plus dense et le plus foisonnant, des
Ordonnances et des Commentaires, qui furent mis en place, par la Littérature Rabbinique.
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‐B‐ / A lʹintérieur du Sanctuaire, et dans le cadre des Lois concernant la Purification du
Grand‐Prêtre et des Prêtres leur permettant de pratiquer le Culte, les Pharisiens se livrèrent à
une sorte de surenchère permanente, dont nous examinerons les effets importants, en
dernière Partie (E) du présent Ouvrage.
Par ailleurs, toujours en sʹinspirant dʹune interprétation globale de la Torah, visant à mettre
en place un système synthétisant toutes les Données Scripturaires éparses, les divers
Servants du Temple, qui étaient partisans des Thèses Pharisiennes, pratiquèrent également
une surenchère visant à la Purification incessante des Objets du Culte.
Par exemple, un jour, les partisans des Pharisiens ordonnèrent de soumettre le Chandelier à
sept branches au Bain de Purification.
Les Pharisiens sʹattirèrent aussitôt les remarques acerbes et ironiques des Sadducéens :
Talmud de Jérusalem : Ordre Moed : Traité Hagiga : :3 : 8 : 79d :
Tosefta (Compléments) Hagigah : 3 : 35 :
Vous verrez que, bientôt, les Pharisiens voudront aussi immerger le Globe du
Soleil dans le Bain de Purification !
‐32‐ Ainsi, dans le bras de fer qui opposa, presque toujours, Pharisiens et
Sadducéens, les Pharisiens nʹeurent de cesse de faire triompher leur Interprétation de la Loi,
jusques y compris les Règles Rituelles du Culte dans le Temple, et ce, même si, en regard de
ces Règles Sacerdotales, les Pharisiens nʹavaient ni compétence, ni droit dʹingérence.
Et il semble bien que, dʹune façon générale, les Pharisiens réussirent, progressivement, à
prendre le Pouvoir Théologique, non seulement sur lʹensemble de la Population Juive auprès
de laquelle leur réputation dʹintégrité, de sagesse et dʹérudition était considérable, mais
également dans le Sanctuaire, au sein‐même de la classe Sacerdotale.
Flavius Josèphe apporte un témoignage sur cette évolution qui aboutit à cette progressive
prise de Pouvoir Médiatique et Idéologique par les Pharisiens et les Rabbins.
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 18 : 16‐17 :
La Doctrine des Sadducéens nʹest adoptée que par un petit nombre mais qui
sont les premiers en dignité. Toutefois les Sadducéens nʹont, pour ainsi dire,
aucun pouvoir: car lorsquʹils arrivent à des postes importants de la
Magistrature, ils sont contraints et forcés de se conformer aux instructions des
Pharisiens, parce quʹautrement le Peuple ne les supporterait pas.
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La Littérature Rabbinique rend également compte, et avec satisfaction, de cette ample Prise
de Pouvoir Idéologique par les Pharisiens.
Et cette prise de Pouvoir aurait pu être quasi‐complète sʹil nʹy avait eu la barrière
insurmontable de la stricte transmission Héréditaire de la Prêtrise qui protégeait,
invinciblement, les Sadducéens.
Un commentaire Hébreu tardif de Megillah Taanit retrace, dʹune manière anecdotique et
teintée de légende, la longue marche vers cette prise du Pouvoir par les Pharisiens. :
Megillah Taanit : 26 : (Texte Araméen) :
Le 28 Tebet, lʹAssemblée (Sanhédrin avec des Pharisiens) put siéger pour les
Jugements.
Commentaire Hébreu de Megillah Taanit : 26 :
(Seuls) les Sadducéens siégeaient dans le Sanhédrin, sous Alexandre Jannée
(Roi Hasmonéen de 103 à 76 av. EC) :
Le Roi et Salomé (Alexandra), la Reine, siégeaient également, côte à côte, avec
eux, mais personne dʹentre les Pharisiens ne siégeait avec eux, sauf Shiméon
ben Shatah (dont une Tradition Rabbinique avance quʹil était le frère de la
Reine). Or, les membres de cette Assemblée recherchaient des explications des
Halakhot (des Décisions de Jurisprudence) sans y parvenir, car ils nʹétaient pas
capables de les déduire à partir de la Torah.
Shiméon ben Shatah déclara alors :
ʺQuiconque sera capable dʹapporter une démonstration (pour fixer une
Décision Juridique) à partir de la Torah, sera désormais qualifié pour siéger
dans ce Sanhédrinʺ.
Lors dʹune autre réunion de lʹAssemblée, il fut soumis une affaire que personne
ne pouvait résoudre en partant de lʹÉcriture Sacrée. Un seul Sadducéen balbutia
en sʹadressant à Shiméon ben Shatah, et lui dit :
ʺDonne‐moi un délai de réflexion et demain jʹapporterai la réponse.ʺ
Shiméon ben Shatah lui accorda ce délai, et le Sadducéen se retira pour
réfléchir, mais le lendemain il ne put apporter la démonstration fournissant la
Décision qui devait découler de la Torah.
Le surlendemain, il revint pour siéger au Sanhédrin mais Shiméon ben Shatah
fit venir lʹun de ses Disciples (un Pharisien qui fut capable la conduire la
déduction appropriée) et il fit siéger ce Pharisien à la place du Sadducéen
ignorant.
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En effet, Shiméon ben Shatah avait déclaré : ʺOn ne peut changer le nombre de
70 membres pour le Sanhédrinʺ (Par conséquent, le Sadducéen incapable fut
expulsé du Sanhédrin et remplacé par le Pharisien érudit).
Cʹest, en procédant de la sorte, que, progressivement, Shiméon ben Shatah agit
envers les Sadducéens jusquʹà ce que tous fussent évincés.
Et cʹest ainsi que le Sanhédrin dʹIsraël (des Pharisiens) put siéger pour le
Jugement après que le Sanhédrin des Sadducéens ait été éliminé.
Et le vrai Sanhédrin dʹIsraël put enfin siéger, et les Pharisiens en firent un Jour
de Fête (comme indiqué par le Calendrier Araméen, Megillah Taanit : 26).
‐33‐ La Prise du Pouvoir par les Pharisiens ne se fait pas seulement dans le
Sanhédrin, mais elle sʹaccomplit également dans lʹEnceinte du Temple, où les Pharisiens
parviennent à contrôler progressivement toutes les Règles de fonctionnement de la Liturgie,
(outre les Rites spécifiques de Purification par lʹEau que nous examinerons infra, en dernière
Partie E).
La Littérature Rabbinique fait état, non sans quelque vanité embellie par la Légende, de
démonstrations éclatantes de cette Prise de Pouvoir des Pharisiens dans un domaine
pourtant strictement réservé, par prérogative et privilège héréditaire, aux seuls Prêtres et
Grand‐Prêtre, cʹest à dire aux Sadducéens.
Par exemple, une Baraïta rapporte la précision suivante sur le contrôle qui était exercé par les
Pharisiens sur le Grand‐Prêtre, lors des jours précédant la Célébration du Kippour :
Selon ce Texte Rabbinique, durant sept jours, avant la Fête du Kippour, le Grand‐Prêtre
devait se soumettre à lʹEnseignement des Pharisiens, qui le préparaient à exercer son
Sacerdoce, en se conformant, exactement, aux Règles édictées par les Pharisiens :
Talmud de Babylone : Ordre Moed : Traité Yoma : 4a :
Le Grand‐Prêtre doit opérer une retraite de sept jours avec deux Docteurs de la
Loi (Pharisiens), parmi les Disciples de Moïse (et non les Descendants de la
Famille de Moïse) ‐ ce qui exclue formellement les Sadducéens ‐ et ces deux
Docteurs de la Loi transmettent au Grand‐Prêtre toutes les Prescriptions
précises auxquelles il devra se conformer pour le Service du Culte.
Cʹest pour cette raison que les Rabbins (les Pharisiens) avaient décrété que, sept
jours avant Kippour, le Grand‐Prêtre devrait quitter sa maison pour aller
demeurer, durant ces sept jours, dans la Salle de ses deux Conseillers (Mishnah :
1 : 1).
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Et, exactement de la même façon que le Grand‐Prêtre, le Prêtre qui était chargé
dʹaller sacrifier et brûler la Vache Rousse, devait, lui aussi, aller demeurer dans
la Salle des deux Conseillers (Pharisiens) qui se trouvait au nord‐est devant le
Temple (pour y suivre une période dʹinstruction avant de pouvoir procéder au
Sacrifice de la Vache Rousse) ...
Dans ce même Traité Yoma, les Instructions données par les Pharisiens au Grand‐Prêtre sont
explicitées par une Invocation qui attribue, désormais, la légitimité de la Grand‐Prêtrise, non
plus à son ascendance Sacerdotale, remontant héréditairement à la Famille de Moïse et
dʹAaron, mais au fait essentiel que le Grand‐Prêtre Sadducéen est, avant tout, le Délégué des
Sages, cʹest à dire des Pharisiens :
Talmud de Babylone : Ordre Moed : Traité Yoma : I : 5 : (Mishnah) :
Monseigneur le Grand‐Prêtre, nous sommes les Délégués du Sanhédrin, et toi,
tu es notre Délégué et le Délégué du Sanhédrin. Nous tʹadjurons donc au nom
de Celui qui a fait habiter Son Nom dans cette Demeure Sacrée de ne pas
changer un seul mot aux Instructions que nous te délivrons.
Et, toujours dans le même Traité Yoma : I : 6, on apprend que, la dernière nuit avant la Fête
de Kippour, on tenait le Grand‐Prêtre éveillé, afin de lui éviter toute souillure éventuelle, en
lui faisant la lecture toute la nuit.
Les Pharisiens se chargeaient de cette mission, à la fois, avec ferveur, et, parfois, avec un
malin plaisir, lorsque le Grand‐Prêtre était soupçonné dʹavoir des vues trop Sadducéennes,
puisquʹil est rapporté, par exemple, dans la Mishnah que Rabbi Zachariah ben Qebutal, au
1er siècle EC, déclarait avoir souvent lu, lui‐même, le Livre de Daniel au Grand‐Prêtre, afin de
le tenir éveillé.
Or, lʹune des particularités du Livre de Daniel est quʹil implique la Résurrection des Morts,
Doctrine que les Sadducéens rejetaient formellement.
‐34‐ A la suite de ce Texte du Traité Yoma qui explique comment les Pharisiens se
chargeaient de préparer le Grand‐Prêtre pour la Célébration du Kippour, un récit légendaire
(Aggadique) illustre, par ailleurs, lʹune des nombreuses polémiques qui opposaient les
Sadducéens et les Pharisiens.
Ce récit démontre la volonté acharnée des Pharisiens dʹimposer leurs vues à toute lʹétendue
du Culte, et jusquʹà lʹintérieur‐même du Lieu Très Saint, alors que, seul, le Grand‐Prêtre
avait le droit dʹy pénétrer :
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La polémique en question concernait la façon dont le Grand‐Prêtre devait procéder à
lʹOffrande dʹencens dans le Lieu Très Saint :
Les Sadducéens voulaient enflammer lʹencens à lʹextérieur du Temple, tandis que les
Pharisiens exigeaient que lʹencens soit allumé à lʹintérieur du Temple.
Lʹanecdote, qui illustre cette confrontation, raconte lʹhistoire dʹun jeune Grand‐Prêtre
Sadducéen, qui avait tenté de se rebeller contre lʹAutorité des Pharisiens, sur ce point précis
du Rituel. Ce récit légendaire, extrêmement exemplaire au gré des Pharisiens, est rapportée
en plusieurs Textes de la Littérature Rabbinique, dont, entre autres : le Traité Yoma et Sifra
Lévitique (16 : 13) :
Talmud de Babylone : Ordre Moed : Traité Yoma : 19b :
Les Rabbins ont enseigné :
Une fois un Grand‐Prêtre Sadducéen alluma lʹencens au dehors (contrairement
à la Prescription des Pharisiens), et il lʹintroduisit, allumé, à lʹintérieur du Lieu
Très Saint. Quand il en ressortit, il était très satisfait.
Son père (précédent Grand‐Prêtre) en le voyant lui dit :
ʺMon fils, bien que nous soyons Sadducéens, nous devons craindre les
Pharisiens, et il faut nous soumettre à leurs instructions.ʺ
Son fils répliqua : ʺTous les jours de ma vie je pensais à ce passage de lʹÉcriture :
‐ car dans une Nuée, Jʹapparaîtrai sur le Propitiatoire ‐ (de lʹArche dʹAlliance dans le
Lieu Très Saint : Lévitique 16 : 2), et, maintenant, que je peux enfin, moi‐même,
vivre lʹaccomplissement de cette Déclaration Divine, tu voudrais que je renonce
(à la vivre, selon notre propre Règle Sacerdotale) !ʺ
On raconte : ʺPeu de jours sʹétaient écoulés quʹil (le nouveau Grand‐Prêtre)
mourut (pour avoir désobéi aux Pharisiens). Son cadavre était étendu sur un tas
de fumier et des vers lui sortaient du nez.ʺ
Certains disaient : ʺCʹest au moment où il sortit du Lieu Très Saint quʹil fut
frappé !ʺ
Rabbi Hiyya (lʹAncien vers 200 EC environ) enseignait en effet :
On avait entendu une sorte de bruit dans le Parvis du Temple car un Ange
surgit, et frappa le jeune Grand‐Prêtre au visage. Et quand ses frères, les Prêtres,
entrèrent dans le Temple, ils trouvèrent les marques dʹune patte de veau entre
les épaules du jeune Grand‐Prêtre :
En effet, il est dit des Anges : ʺ...et quant à leurs jambes, elles étaient droites mais la
plante de leurs pieds était comme la patte dʹun veau.ʺ (selon une Vision dʹÉzéquiel : 1
:7).
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11/ La Dynastie Royale des Hasmonéens,
du Règne de Jean Hyrcan 135‐104 av. EC
à la Conquête de Jérusalem
par Pompée en 63 av. EC
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‐1‐ Grâce, principalement, à la Littérature Rabbinique, on connait une partie du
point de vue, plutôt triomphaliste, des Pharisiens dans la bataille sans merci qui les opposa
aux Sadducéens pour la Prise du Pouvoir Idéologique.
Malheureusement, on ne dispose pas des points de vue des Sadducéens qui disparurent,
avec la destruction du Temple par les Romains en 70 EC, sans laisser aucune trace de leur
Pensée ou de leurs Traditions.
Néanmoins, il apparaît, que, jusquʹà cette destruction du Temple, il fut impossible aux
Pharisiens de prendre complètement la place des Sadducéens, dont les Charges Sacerdotales
étaient, dʹune façon inamovible, religieusement héréditaires depuis Moïse.
Toutefois, les Pharisiens surent, au travers dʹune influence grandissante auprès de la
Population Juive qui respectait leur sagesse, leur érudition et leur piété, augmenter
progressivement leur pouvoir dans les Centres décisionnaires, et tout particulièrement, au
sein du Sanhédrin.
Cʹest de la sorte que les Pharisiens, durant la période du second Temple (Hasmonéen) et du
troisième Temple (Hérodien), réussirent, même, lors de certaines circonstances Historiques
favorables, à sʹemparer, également, du Pouvoir Politique.
Les luttes incessantes entre ces deux factions rivales furent, parfois, extrêmement violentes et
sanglantes.
Flavius Josèphe, en particulier, retrace, durant la période Hasmonéenne, quelques épisodes
parmi les plus atroces de cette lutte acharnée pour le Pouvoir, entre Pharisiens et
Sadducéens :
De fait, ces affrontements, qui furent intensifiés par une querelle Dynastique, se
transformèrent, parfois, en de véritables guerres civiles.
Or, ces guerres fratricides allaient, finalement, ouvrir, pour la première fois, la voie à la
future Domination Romaine :
En effet, ce sont ces luttes intestines Juives qui offrirent à Pompée, en 63 av. EC, lʹoccasion de
faire intervenir directement les Armées Romaines à Jérusalem.
La mise sous tutelle de Jérusalem par les Romains en découla, et, par la suite, une parenthèse
historique, constituée par la Tyrannie dʹHérode, ne put, en fin de compte, sauver de la
destruction totale, le Temple, qui symbolisait et canalisait, avec force, lʹopposition
Idéologique Juive à la Pax Romana, cʹest à dire à lʹOrdre Idéologique Romain et Païen.
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‐2‐ Le Talmud de Babylone, de façon légendaire, et Flavius Josèphe, de façon
historique, racontent comment Jean Hyrcan, le successeur de Siméon le Macchabée, devint
Sadducéen après avoir été Pharisien.
Et lʹon peut dater, probablement, de son règne la fracture irrémédiable qui allait séparer
Sadducéens et Pharisiens, jusquʹà la totale victoire amère de ceux‐ci.
En effet, la révolte des Macchabées avait, vraisemblablement, rassemblé tous les Pharisiens
autour de la famille Hasmonéenne (des Macchabées) de Grands Prêtres.
Par contre, les successeurs des Macchabées sʹétant, à la fois, hellénisés et rapprochés de la
Hiérarchie Sacerdotale des Sadducéens, afin de pouvoir cumuler les fonctions de Grand‐
Prêtre et de Chef de la Nation, les Pharisiens et une partie du Peuple contestèrent et
combattirent les ambitions royalistes de cette nouvelle Dynastie, qui, dʹune part, ne disposait
pas de la légitimité dʹAscendance Davidique, et dʹautre part, visait à associer en une seule
personne, deux fonctions, Religieuse et Politique, ce qui était contraire aux Prescriptions de
la Torah.
‐3‐ Ces oppositions incessantes allaient nourrir, sous les Hasmonéens, des conflits
de plus en plus sanglants dont Flavius Josèphe, en particulier, rend compte :
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 13 : 18 :
Ainsi Hyrcan, après une année de siège, prit la Ville de Samarie et ne se
contenta pas de sʹen rendre maître, mais il la détruisit complètement : il y fit
passer des torrents qui la mirent dans un tel état quʹil nʹen resta aucune forme
de ville. On raconte des choses incroyables sur ce Grand‐Prêtre :
On assure que Dieu, Lui‐même, lui parlait et que, lorsquʹil était seul dans le
Temple, où il offrait de lʹencens le même jour où ses fils livraient bataille à
Antiochus Cysicénien, il entendit une Voix qui lui annonça quʹils seraient
victorieux. Hyrcan sortit aussitôt du Temple pour annoncer au Peuple une si
grande nouvelle. Et les événements firent voir que cette révélation était
effectivement véritable...
Le bonheur dʹHyrcan lui attira lʹenvie des Juifs, et tout particulièrement de ceux
de la secte des Pharisiens dont nous avons parlé ci‐dessus. Or, ces Pharisiens
ont un tel crédit auprès du Peuple que celui‐ci embrasse leur cause, même si
celle‐ci est opposée à celle des Rois ou des Grands‐Prêtres.
Hyrcan, qui avait été le disciple des Pharisiens et fort aimé dʹeux, leur offrit, un
jour, un grand festin. Quand Hyrcan vit que, après avoir fait bonne chère, les
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Pharisiens commençaient à être un peu gais, il leur déclara que, puisquʹils
étaient dans de bonnes dispositions, et comme ils savaient tous quʹil nʹavait
dʹautre désir que de marcher dans les voies de la Justice et de tout faire qui put
être agréable à Dieu, il leur serait obligé de le prévenir sʹils trouvaient quʹil
manquait à ses devoirs, afin quʹil put sʹen corriger aussitôt. Tous les convives le
rassurèrent pleinement en lui faisant compliment de sa conduite. Mais lʹun des
Pharisiens, nommé Éléazar, qui était un fort méchant homme, prit la parole et
dit à Hyrcan : ʺSi vous désirez vraiment, comme vous le dites, que lʹon vous
parle franchement, et selon la seule vérité, donnez donc une preuve de cette
vertu que vous affichez, en renonçant à la Grande‐Prêtrise, et contentez‐vous
dʹêtre simplement le Chef du Peuple Juif.ʺ
Hyrcan lui demanda ce qui le portait à lui faire cette critique.
ʺCʹest, répondit Éléazar, que nous avons appris de nos Anciens que votre mère
a été esclave du temps dʹAntiochus Épiphane.ʺ (Et, selon les règles Sacerdotales,
elle ne pouvait être la mère dʹun Grand‐Prêtre puisque, selon toute
vraisemblance, elle avait été violée durant sa captivité.) Comme ce bruit était
faux, Hyrcan se sentit affreusement insulté par ce discours, et les autres
Pharisiens étaient également outrés. Cʹest alors que Jonathan, qui était lʹami le
plus intime dʹHyrcan et qui était de la Secte des Sadducéens, complètement
opposée à celle des Pharisiens, dit à Hyrcan que cʹétait avec lʹassentiment secret
des Pharisiens quʹÉléazar lʹavait outragé de la sorte. Jonathan ajouta quʹil serait
très facile de vérifier leur complicité dans cet outrage, en leur demandant à tous
quelle sorte de punition méritait une telle insulte faite à Hyrcan.
Celui‐ci les consulta aussitôt en leur demandant quel châtiment, selon eux,
méritait un tel comportement. Comme les Pharisiens, en général, ne sont pas
très sévères dans la punition des crimes, ils répondirent quʹils estimaient
quʹÉléazar méritait simplement le fouet et la prison, car ils jugeaient quʹune telle
médisance ne méritait pas la mort.
Cette modération fit penser à Hyrcan que les Pharisiens étaient effectivement
complices dʹune telle insulte. Il en fut si irrité que, Jonathan jetant davantage de
lʹhuile sur le feu, non seulement Hyrcan quitta la Secte des Pharisiens pour
rejoindre définitivement les Sadducéens, mais de plus, il abolit toutes les
ordonnances et tous les privilèges des Pharisiens, et il ordonna de punir
impitoyablement ceux qui continueraient à observer les Préceptes des
Pharisiens. Ces décisions le rendit, lui et ses enfants, odieux à tout le Peuple,
comme nous le verrons par la suite.
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Par ailleurs, Josèphe rapporte, par exemple, que Hyrcan fut le premier des Grands‐Prêtres
qui engagea à son service des mercenaires non‐Juifs.
‐4‐ Le fils aîné dʹHyrcan, Aristobule I, qui lui succéda, (règne de 104 à 103 av. EC)
accentua davantage lʹHellénisation de Jérusalem, et, surtout, ce fut le premier Hasmonéen
qui, outre la Grande‐Prêtrise, se fit déclarer officiellement Roi.
(Strabon indique que cʹest son successeur, Alexandre Jannée, qui aurait été le premier
Hasmonéen à se faire déclarer Roi.)
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 13 : 19 :
Aristobule, qui était lʹaîné des enfants dʹHyrcan et qui fut surnommé
Philehellès, cʹest à dire amateur des Grecs, changea la Principauté des Juifs en
Royaume, et il fut ainsi le premier à se faire couronner Roi.
Mais ce Roi Aristobule I mourut après une seule année de règne, et sa veuve, Salomé
(appelée par les Grecs Alexandra) fit désigner le frère dʹAristobule, Alexandre Jannée,
comme nouveau Roi et Grand‐Prêtre, et elle lʹépousa, selon la règle du Lévirat.
‐5‐ Alexandre Jannée (règne de 103 à 76 av. EC) était vraisemblablement soutenu,
comme son père, Jean Hyrcan, par la hiérarchie Sacerdotale Sadducéenne.
Et, comme son père également, il porte un nom Grec, et il emploie des mercenaires non‐Juifs.
De plus, par exemple, les pièces de monnaie, qui, pour ses prédécesseurs, étaient libellées en
Hébreu, et comportaient lʹinscription ʺGrand‐Prêtre et la Nation Juiveʺ, portent désormais,
pour certaines, lʹinscription ʺRoi Alexandreʺ, en Hébreu sur lʹavers, et en Grec sur le revers.
Aussi, lʹanimosité des Pharisiens, qui ne sʹétait pas amoindrie après la mort dʹHyrcan,
attisait, sans cesse, la haine du peuple contre Alexandre Jannée :
Désormais, et publiquement, on lui reproche, non seulement de ne pas avoir droit à la
Grande‐Prêtrise, comme on le reprochait à son père, Jean Hyrcan, mais aussi dʹusurper le
titre de Roi, qui ne pourrait être porté, selon la plupart des Pharisiens, que par un véritable
Descendant de la Maison de David.
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Flavius Josèphe : Antiquités Juives :
13 : 21 :
En ce temps‐là, Alexandre Jannée, Roi des Juifs, vit son règne troublé par la
haine que le Peuple lui portait. Car, lorsquʹau jour de la Fête des Tabernacles,
où lʹon porte des rameaux de palmiers et des citronniers, le Roi‐Grand‐Prêtre se
préparait à offrir des Sacrifices, non seulement la Foule lui jeta des cédrats (gros
citrons) à la tête, mais on lʹinsulta en criant quʹil descendait dʹune captive, et
que, par conséquent, il nʹavait droit ni aux honneurs de la Royauté, ni à la
dignité de la Grande‐Prêtrise.
Alexandre Jannée fut saisi dʹune telle fureur quʹil ordonna de massacrer six
mille Juifs : et il fit, alors, tenir à distance cette foule hostile par une clôture en
bois quʹil ordonna de construire tout autour du Temple et de lʹAutel, délimitant
ainsi un espace où seuls les Prêtres auraient le droit de pénétrer.
Jannée engagea à sa solde des mercenaires Pisidiens et Ciciliens...
(Une défaite quʹAlexandre Jannée subit devant les Arabes) fut suivie dʹune
guerre que ses propres sujets Juifs lui firent pendant six ans. Alexandre Jannée
nʹen tua pas moins de cinquante mille. Aussi, quoique le Roi put tenter, par la
suite, pour se réconcilier avec ses opposants Juifs, leur haine fut désormais si
violente que toutes ses tentatives de conciliation ne firent quʹexaspérer
davantage leur hostilité.
Ainsi, comme Alexandre Jannée leur demandait, un jour, ce quʹil pourrait bien
faire pour désarmer leur opposition, et enfin les satisfaire, ils sʹécrièrent, tous,
quʹil nʹy avait pour cela quʹun seul moyen : cʹest quʹil se tuât lui‐même...
Les Pharisiens ne désarmant pas, les luttes fratricides reprennent de plus belle, et Flavius
Josèphe relate, alors, un épisode particulièrement cruel de la persécution des Partisans des
Pharisiens par Alexandre Jannée :
13 : 22 :
Les autres Juifs continuèrent de faire la guerre à Alexandre Jannée, mais, étant
toujours battus, de nombreux périrent en différents combats.
Alexandre Jannée contraignit la plupart des survivants à se retirer à Béthon,
sʹempara de la ville, et il les envoya comme prisonniers à Jérusalem.
Là, pour se venger des outrages quʹil en avait reçus, il exerça contre eux la plus
horrible de toutes les cruautés : Car, dans le même temps quʹil festoyait au
milieu de ses concubines, dans un lieu fort élevé dʹoù la vue était extrêmement
dégagée, il fit crucifier, comme au spectacle, huit cents Juifs, et égorger sous
leurs yeux, pendant quʹils respiraient encore, leurs femmes et leurs enfants.
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Parallèlement à ces guerres civiles, Alexandre Jannée prolonge lʹoeuvre dʹHyrcan, et, en
profitant des effets psychologiques de lʹAlliance Diplomatique renouvelée avec les Romains,
Alexandre Jannée mène des guerres de conquêtes, qui agrandissent considérablement les
Territoires des Juifs, et affermissent son Royaume.
‐6‐ Au cours de lʹune de ces guerres de conquêtes, qui lʹavait entraîné au delà du
Jourdain, Alexandre Jannée contracte une fièvre mortelle.
Cʹest avant son agonie que se situe un épisode inattendu, qui va renverser le rapport des
forces politiques et entraîner la victoire des Pharisiens.
Cet épisode met en scène la Reine Salomé (Alexandra) :
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 13 : 23 :
Lorsque Alexandre Jannée se sentit à lʹextrémité où il ne restait plus le moindre
espoir de guérison, la Reine Alexandra (Salomé) sa femme, désespérée de la
situation où elle se voyait près de tomber avec ses enfants, dit au Roi en fondant
en larmes : ʺ Entre les mains de qui allez‐vous me laisser, moi et nos enfants,
alors que nous allons avoir besoin dʹun grand soutien, si lʹon considère, ainsi
que vous le savez, à quel point est grande lʹaversion que tout le peuple éprouve
pour vous ? ʺ Le Roi lui répondit :
ʺ Si vous voulez suivre mon conseil, vous pourrez vous conserver le Royaume
et le transmettre à vos enfants : Cachez ma mort à mes soldats, jusquʹà ce que
cette place soit conquise. Lorsque vous retournerez, victorieuse, à Jérusalem,
gagnez le soutien des Pharisiens en leur accordant quelque autorité, afin que
lʹhonneur, que vous leur témoignerez ainsi, les incite à vous louanger devant le
Peuple : En effet, les Pharisiens ont tant de pouvoir sur la multitude quʹils
peuvent lui faire aimer ou haïr qui bon leur semble, sans que la foule se rende
compte que les Pharisiens nʹagissent ainsi que par intérêt et par ambition : et
lorsquʹils disent du mal dʹune personne, ce nʹest que lʹeffet de la haine ou de
lʹenvie que les Pharisiens éprouvent pour cette personne, ainsi que jʹai pu en
faire, moi‐même, lʹexpérience. Lʹaversion que le peuple éprouve pour moi nʹest
que le résultat du fait que jʹai commis lʹerreur de mʹen faire des ennemis :
Aussi, envoyez quérir les principaux Dirigeants de cette Secte aussitôt que vous
serez arrivée à Jérusalem. Vous leur découvrirez, alors, mon corps sans vie, et
vous leur direz, comme venant du fond de votre coeur, que vous voulez
remettre ce cadavre entre leurs mains, pour en user comme bon leur semble.
Quʹils peuvent lui refuser lʹhonneur de toute sépulture afin de mieux se venger
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des maux que je leur ai causés, et quʹils peuvent même outrager mon cadavre à
leur guise afin de mieux assouvir leur haine. Assurez‐leur, ensuite, que vous ne
voudrez rien faire désormais dans le gouvernement du Royaume, que par leur
seul conseil, et je vous garantis que si vous en agissez de la sorte, ils seront si
contents de cette déférence que vous leur témoignerez, quʹau lieu de
déshonorer ma mémoire, ils me feront faire des funérailles, plus magnifiques
encore que celles que jʹaurais pu attendre de vous‐même. Et vous régnerez, dès
lors, avec une pleine autorité...ʺ
La Reine Alexandra, après avoir pris la forteresse de Ragaba et être retournée à
Jérusalem, parla aux Pharisiens de la manière que le Roi, son époux, lui avait
conseillé. Elle leur assura quʹelle ne voulait désormais rien faire que par leur
avis, tant concernant le corps de son mari, que la conduite du Royaume.
Alors les Pharisiens changèrent en affection pour la Reine, la haine quʹils
avaient nourrie à lʹencontre du Roi, et ils présentèrent dès lors au Peuple les
grandes actions de ce prince, affirmèrent quʹils avaient perdu avec lui un Roi
excellent, et ils excitèrent dans tous les esprits un tel regret de sa mort quʹon lui
fit des funérailles plus superbes quʹà nul autre de ses prédécesseurs.
‐7‐ A la suite de cette opération, les Pharisiens, durant le règne assez court de la
Reine Salomé Alexandra (de 76 à 67 av. EC) exercèrent, effectivement, une domination sans
partage.
Cette magistrale prise de Pouvoir Idéologique, Politique et Médiatique a laissé un souvenir
ému et légendaire dans la Littérature Rabbinique :
Cʹest, dans cette perspective, que de nombreuses allusions de la Littérature Rabbinique,
comme, par exemple, le Talmud de Babylone, Ordre Zeraïm, Traité Berakhot : 48a, indiquent que
la Reine Salomé (Alexandra) était la soeur du Maître Pharisien, Siméon ben Shatah.
Cette indication, qui semble assez légendaire (Aggadique) ressort plutôt de la tendance
permanente dans la Littérature Rabbinique dʹassocier, voire dʹapparenter, les grands Sages
Pharisiens aux Puissants du Monde, Juifs ou non‐Juifs.
En tout cas, lʹaffirmation de cette parenté du Maître Pharisien avec la Reine rend compte de
lʹampleur du triomphe Pharisien.
Aussi, par exemple, le Talmud de Babylone exalte, avec des accents nostalgiques dʹun Age dʹor
perdu, les neuf années du règne, aux allures paradisiaques, de la Reine Salomé Alexandra (et
de son ʺfrèreʺ, Shiméon ben Shatiah) :
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Talmud de Babylone : Ordre Moed : Traité Taanit : 23a :
Sous Shiméon ben Shatah et la Reine Salomé, la pluie tombait les veilles de
Shabath, au point que le froment devint gros comme des reins (?) lʹorge comme
des noyaux dʹolives, et les lentilles comme des denars dʹor.
Les Sages ramassèrent de ces grains, et en conservèrent des échantillons, pour
montrer aux Générations futures, où mène le Péché (quand ce ne sont pas les
Pharisiens qui sont au Pouvoir).
‐8‐ Il est vrai que, sous la Reine Salomé Alexandra, la pleine Autorité est
effectivement exercée par le Sanhédrin, composé en majeure partie, sinon en sa quasi‐
totalité, par des Pharisiens :
Le Sanhédrin est présidé, en dehors de la Reine, ou de son représentant, et en dehors du
Grand‐Prêtre, par un Président et un Vice‐Président, tous deux Pharisiens également.
Ce Président (aussi appelé Nassi) et ce Vice‐Président constituent une ʺPaireʺ dirigeante, que
lʹHistoire et la Tradition Rabbiniques vont sʹefforcer de perpétuer jusquʹà la conquête
Musulmane.
Le Sanhédrin, selon le précédent institué par Moïse dans le Pentateuque, fut généralement
composé de soixante‐dix membres, auquel sʹajoutent le Souverain et le Grand‐Prêtre, soit
réunis en une seule et même personne (pour les Souverains Hasmonéens masculins) soit
représentés par deux personnages distincts (pour Hérode et ses successeurs).
Sous la Reine Salomé Alexandra, la ʺPaireʺ fut constituée par Shiméon ben Shatah et
Yehouda ben Tobaï, et lʹautorité de cette Paire fut absolue.
Mais Shiméon ben Shatah, une fois parvenu au pouvoir, se révéla un autocrate assez
impitoyable, lorsquʹil sʹagissait dʹinstaurer lʹordre Pharisien.
Ainsi, par exemple, selon, le Talmud de Jérusalem : Ordre Neziqin : Traité Sanhédrin : 6 :8 ; selon
le Talmud de Jérusalem : Ordre Moed : Traité Hagiga : 2 2 ; ainsi que selon le Sifré Deutéronome
(Commentaire Midrashique sur le Deutéronome) : 12 : 1, il est rapporté que Shiméon ben Shatah
se fit le bourreau, à Ashkelon, ʺpour lʹexempleʺ, de 80 femmes, qui furent exécutées, après
avoir été accusées dʹavoir ʺpréparé des maléficesʺ.
Toute lʹampleur de cette prise du Pouvoir par la Paire dirigeante des Pharisiens est
rapportée dans une anecdote, qui met particulièrement en valeur la problématique
Sadducéenne‐Pharisienne, opposant les Descendants dʹAaron par la chair, aux Disciples
dʹAaron par lʹesprit :
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Cette anecdote met face à face, dʹune part, le Pouvoir, désormais acquis par la ʺpaire
Pharisienneʺ, représentée par des successeurs de Shiméon ben Shatah et de Yehouda ben
Tobaï, à savoir Schemaïa et Abtalion, et, dʹautre part, le Pouvoir du Grand‐Prêtre de
lʹépoque, représenté, peut‐être, par lʹun des Souverains Hasmonéens ayant succédé à la
Reine Salomé Alexandra.
Lʹimprécision Historique, propre à la Littérature Rabbinique, ne permet pas, en effet,
dʹindiquer avec certitude de quel Grand‐Prêtre il sʹagit dans cette anecdote :
Talmud de Babylone : Ordre Moed :Traité Yoma : 71b :
Un Grand‐Prêtre sortit du Temple, suivi de tout le monde. Mais dès que le
Peuple aperçut Schemaïa et Abtalion (la Paire des Maîtres Pharisiens) il
abandonna le Cortège du Grand‐Prêtre pour suivre les Chefs du Sanhédrin.
Au moment où Schemaïa et Abtalion saluèrent le Grand‐Prêtre, celui‐ci leur dit
(ironiquement) :
ʺSalut aux hommes du Peuple !ʺ
‐ En effet, répondirent‐ils, Salut aux hommes du Peuple qui accomplissent
lʹOeuvre dʹAaron, et point de salut au fils (descendant) dʹAaron qui nʹagit pas
comme Aaron !ʺ.
‐9‐ De fait, le règne de Salomé Alexandra va constituer, pour les Pharisiens,
lʹArchétype idéal de toute Société Juive, selon les Rabbins, et cet Archétype va, désormais,
présider à toutes leurs décisions politiques :
Cet Archétype, qui va, ainsi, devenir une constante de lʹévolution Rabbinique à travers les
âges, sur le plan Politique et Social, se caractérise de la façon suivante :
‐ La soumission à un Souverain, à une Suzeraineté, à un Pouvoir politique fort, fût‐il même
étranger, à condition que ce Pouvoir ne cherche pas à sʹimmiscer dans les spécificités
internes, Religieuses et Juridiques, de la Nation Juive.
‐ Le Pouvoir absolu des Pharisiens dans le Sanhédrin national et dans les Sanhédrins locaux.
‐ Un Grand‐Prêtre et une classe Sacerdotale, aussi falots que possible, et placés sous la pleine
Autorité et la dépendance stricte des Pharisiens.
Aussi, à la limite, la disparition éventuelle de cette classe Sacerdotale ne serait pas de nature
à influer sur lʹévolution de la Nation Juive, selon la Doctrine Pharisienne, et, voire‐même,
serait de nature à la faciliter.
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En effet, si elle sʹavérait possible, la disparition de la classe Sacerdotale Héréditaire, plutôt
méprisée, dans son ensemble, par les Pharisiens, donnerait à la classe Pharisienne la
possibilité dʹexercer le Pouvoir Idéologique absolu, dont elle se sent, à la fois, capable et
investie, de par son Talent, de par ses Connaissances, de par sa Sagesse et de par sa Piété, qui
lui ont été acquis par ses propres mérites, et non par simple Hérédité.
En poussant, ainsi, cet Archétype Pharisien dans ses retranchements extrêmes, on peut
avancer, dès lors, que, dans le cours de lʹHistoire Juive, la Pensée Pharisienne fera de plus en
plus abstraction du Pouvoir temporel régnant, avec lequel il lui faudra, néanmoins, sʹefforcer
de composer au mieux, si, en contrepartie, la Puissance Pharisienne peut réduire à néant le
Pouvoir Sacerdotal.
Et ce sont les Romains, qui, avec la destruction du Temple, se chargeront, en quelque sorte,
dʹaccomplir lʹidéal de ces objectifs inconscients, mais constants, des Pharisiens et des
Rabbins.
‐10‐ Les Partisans des Sadducéens, persécutés, pourchassés et exilés de Jérusalem
par les Pharisiens, sous Salomé Alexandra, vont trouver, à la fin de son règne, un allié en la
personne du fils cadet dʹAlexandra : Aristobule II.
Alexandre Jannée et Alexandra ont eu deux fils : Hyrcan II, lʹaîné (né en 30 av. EC, et
Aristobule II, le cadet (né en 49 av. EC).
Hyrcan II fut nommé Grand‐Prêtre par sa mère et exerça le Pontificat durant tout le Règne
de celle‐ci. Cet Hyrcan II était un personnage indolent, effacé et malléable.
Il est à peu près certain quʹil fut soumis, à la fois, à sa mère et aux Pharisiens, alliés de la
Reine. Aussi ceux‐ci furent des fervents partisans de ce Prince héritier et Grand‐Prêtre, si
naturellement docile à leurs voeux.
Tout autre était le caractère dʹAristobule II : ambitieux, volontaire, impétueux et autoritaire.
Et à lʹencontre de son frère aîné, Aristobule II prit résolument le parti des Sadducéens et de
la Hiérarchie Sacerdotale contre les Pharisiens.
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 13 : 24 :
Alexandre Jannée laissa deux fils, Hyrcan II et Aristobule II, et ordonna, par son
Testament, que la Reine, sa femme, serait Régente...
La Reine Alexandra nomma Hyrcan (II) Grand‐Prêtre, non pas tant parce quʹil
était lʹaîné quʹà cause de son incapacité. Elle laissait, en effet, les Pharisiens
décider de tout et commandait au Peuple de leur obéir. Elle ordonna de rétablir
les Ordonnances des Pharisiens que son beau‐père Hyrcan avait abolies.
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Ainsi, elle nʹavait que le nom de Reine, et les Pharisiens jouissaient, en fait, de
tout le Pouvoir que procure la Royauté. Ils rappelaient les bannis (les Pharisiens
exilés par Alexandre Jannée) délivraient les prisonniers...
Il y avait cependant certaines choses dont la Reine disposait : Elle entretenait un
grand nombre de mercenaires étrangers, et apparaissait, ainsi, comme assez
puissante pour donner de la crainte aux Souverains voisins...
De cette façon, cette Reine régnait assez paisiblement, et seuls les Pharisiens
troublaient lʹÉtat, en la persuadant de faire mourir tous ceux qui avaient, jadis,
incité le Roi, son mari, à faire crucifier ces huit cents hommes dont nous avons
parlé.
Les Pharisiens commencèrent par faire exécuter Diogène, et continuèrent dʹen
faire mourir dʹautres jusquʹà ce que les plus considérables (dʹentre les
Sadducéens) vinrent trouver la Reine dans son Palais, avec, à leur tête,
Aristobule II, qui faisait assez connaître par sa contenance quʹil nʹapprouvait
pas ce qui se passait...
‐11‐ A la mort de la Reine Salomé Alexandra (67 av. EC), une Guerre civile opposa
aussitôt les deux frères :
Aristobule II déclara son frère aîné, incompétent, et revendiqua, pour lui‐même, à la fois, la
Couronne Royale et la Grande‐Prêtrise. Les Sadducéens, assoiffés de revanche, apportèrent
toutes les forces dont ils pouvaient disposer à Aristobule II, afin de combattre les Pharisiens
et récupérer le Pouvoir quʹils avaient exercé sous Alexandre Jannée.
Hyrcan II, assez incompétent, est rapidement vaincu : les deux frères font la paix, lʹaîné
abdiquant tous ses Pouvoirs au profit de son frère cadet, Aristobule II.
‐12‐ Cʹest alors quʹapparaît un personnage qui va modifier, pour un temps, le cours
de lʹHistoire Juive : Antipater.
Le père dʹAntipater avait été nommé Gouverneur dʹIdumée par Alexandre Jannée.
LʹIdumée était une Province au sud de la Judée qui avait été conquise par Jean Hyrcan, et
dont les habitants avaient été forcés de se convertir à la Religion Juive, et de se faire
circoncire pour pouvoir demeurer dans leur Province.
Antipater avait succédé à son père comme Gouverneur dʹIdumée.
Poussé par lʹambition et par une intelligence politique hors pair, cet Iduméen décida de se
servir du faible Hyrcan II pour sʹemparer du Pouvoir.
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A cet effet, Antipater réussit à persuader Hyrcan II de ne pas se résigner à lʹétat inférieur où
son frère lʹavait réduit, mais de se battre pour reconquérir le Pouvoir qui lui revenait
légitimement de par le droit dʹaînesse.
De plus, par dʹhabiles manoeuvres et alliances opportunes, Antipater avait obtenu, pour
cette entreprise de reconquête, lʹappui dʹArétas III, roi des Arabes Nabatéens.
Le résultat de cette inattendue coalition Judéo‐Arabe fut une première défaite dʹAristobule II
qui se réfugia, avec les Prêtres, les Sadducéens, et tous ses Partisans, à lʹintérieur de
lʹenceinte fortifiée du Temple de Jérusalem.
Et, à lʹextérieur du Temple, le Peuple, entraîné par les Pharisiens, sʹétait rallié à Hyrcan II et à
Antipater.
A partir de cet instant, plusieurs épisodes vont alors se produire, dont le déroulement
retentira comme une sorte de répétition, ou de signes avant‐coureurs, dʹune part, des futures
dissensions sanglantes entre les Juifs, et, dʹautre part, des futures tensions avec la Puissance
Romaine, dont la combinaison fatale, deux siècles plus tard, débouchera sur la destruction
définitive du Temple de Jérusalem.
Flavius Josephe, à sa manière, rend compte de la dynamique de ce destin inexorable au
travers dʹune anecdote :
‐13‐ Lorsque Aristobule II, réfugié dans lʹEnceinte du Temple, est assiégé par les
partisans dʹHyrcan II, les Assiégeants vont trouver un saint homme, nommé Onias, et réputé
pour avoir accompli des miracles :
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 14 : 3 :
Les Juifs (partisans dʹHyrcan II) conjurèrent Onias que, de la même façon quʹil
avait obtenu par ses prières de la pluie, lorsque la famine menaçait, il proférât
des imprécations contre Aristobule II et ses Partisans.
Onias refusa longtemps mais le Peuple lʹy contraignit.
Onias sʹadressa alors à Dieu, et, en présence de tous, il Lui parla en ces termes :
ʺÉternel, Toi qui es le Souverain Monarque de lʹUnivers, puisque ceux qui sont
ici présents sont Ton peuple, et que ceux que lʹon assiège sont Tes Prêtres, je Te
prie de nʹexaucer ni les Voeux des uns, ni les Prières des autres.ʺ
Il nʹeut pas sitôt prononcé ces paroles que quelques Juifs, qui étaient des gens
perdus et des scélérats, lʹassassinèrent à coups de pierres.
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On retrouve ce même type de débordements, propres aux périodes de troubles, dans une
autre anecdote qui est rapportée également par Flavius Josèphe (Antiquités Juives : 14 : 3) et
par plusieurs récits similaires dans la Littérature Rabbinique comme Talmud de Babylone :
Ordre Nachim : Traité Sota : 49b ; Ordre Qodachim : Traité Menahot : 64b ; et Ordre Neziqin : Traité
Baba Qamma : 82b :
Dans cette anecdote, ainsi doublement attestée :
‐ pour Flavius Josèphe, les Assiégeants volent lʹargent des Assiégés dans le Temple, et ne les
approvisionnent plus, comme convenu, en animaux vivants pour assurer le Culte obligatoire
des Sacrifices quotidiens.
‐ pour la Littérature Rabbinique, dans cette lutte fratricide et sans merci, le refus des
Assiégeants de permettre aux Sacrifices de se perpétuer se double dʹun Sacrilège redoutable.
Lʹinterprétation de cette anecdote Talmudique, plutôt ambiguë, est destinée, par son mode
légendaire, selon la didactique Rabbinique, à illustrer dʹune façon saisissante, à la fois, les
méfaits du porc et ceux de lʹenseignement du Grec.
Ce faisant, le contexte Historique de lʹanecdote en est éclipsée, car les Pharisiens ne semblent
pas y avoir jouer un rôle méritoire :
En effet, dʹune manière ou dʹune autre, les Pharisiens furent, en cette affaire, complices, en
quelque sorte, dʹun double sacrilège qui empêcha le déroulement du Culte dans le Temple.
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 14 : 3 :
Le jour de la Pâque étant arrivé, dans lequel les Juifs ont coutume dʹoffrir un
grand nombre de Sacrifices, Aristobule II et les Prêtres qui étaient retranchés
avec lui (dans le Temple) manquant dʹanimaux, prièrent les Juifs qui étaient
avec les assiégeants (Judéo‐Arabes) de leur en procurer, et quʹils leur paieraient
pour cela tout ce quʹils demanderaient. Les assiégeants Juifs (partisans dʹHyrcan
II) exigèrent mille drachmes par tête de bétail et quʹon les payât dʹavance.
Aristobule II et les Prêtres furent dʹaccord et firent descendre le long de la
muraille, avec une corde, le total de la somme demandée. Mais ces Juifs
malfaisants, après avoir pris lʹargent, ne livrèrent pas en retour les victimes à
sacrifier, et, ainsi, non seulement ils manquèrent à leur parole donnée aux
hommes, mais faillirent surtout au Devoir quʹils devaient rendre à leur Dieu.
Talmud de Babylone : Ordre Nachim : Traité Sota : 49b :
Pendant que les Princes de la famille Hasmonéenne se faisaient la guerre,
Hyrcan II étant hors du Temple, et Aristobule II dans lʹenceinte du Temple, on
descendit chaque jour une boite remplie de denars aux assiégeants, qui, en
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échange, fournissaient, pour les Sacrifices quotidiens, des victimes quʹon hissait
jusquʹà la plate‐forme du Temple. Mais il y eut un Ancien qui connaissait la
langue Grecque, et qui trouva le moyen de faire savoir aux assiégeants (Juifs et
Arabes) grâce à cette langue, quʹils nʹauraient aucune chance de sʹemparer du
Temple, aussi longtemps que les assiégés pourraient y célébrer le Culte. Aussi,
le lendemain, lorsque la boite contenant les denars eut été descendue par les
assiégés, les assiégeants accrochèrent au bout de la corde un porc. Hissé jusquʹà
mi‐chemin du rempart, le porc soudainement sʹarc‐bouta et sʹagrippa avec ses
pattes à la muraille, et, aussitôt, un tremblement de terre se fit sentir en Judée
sur une étendue de quatre cents parasanges carrés.
A cette époque, les Rabbins prononçaient la malédiction contre celui qui
élèverait des porcs et contre celui qui enseignerait la science (langue) Grecque à
son fils.
Cʹest au cours de cette Guerre civile, dynastique et idéologique, entre, dʹune part, Hyrcan II
et les Pharisiens à lʹextérieur du Temple, et, dʹautre part, Aristobule II et les Sadducéeens à
lʹintérieur du Temple, que les Romains, avec Pompée, vont faire leur entrée, décisive et
tragique, dans lʹHistoire Juive.
‐14‐ Cette Histoire capitale de lʹintrusion des Romains, et de leur progressive prise
du Pouvoir, dʹabord à lʹépoque de la Dynastie Hasmonéenne, puis à lʹépoque de la Dynastie
Hérodienne, nous est, en particulier, connue, comme le reste de lʹHistoire Juive jusquʹà la
destruction du Temple par Titus en 70, par lʹOeuvre monumentale de lʹHistorien Juif,
Flavius Josèphe (37‐100).
Sur le plan de lʹérudition et de la documentation, les récits de Flavius Josephe sont
confirmés, la plupart du temps, par des brefs aperçus dʹHistoriens Païens, tels que
Plutarque, Tacite, Dion Cassius et autres, ainsi que par les premiers Historiens Chrétiens et
Pères de lʹÉglise.
La Littérature Rabbinique nous fournit, quant à elle, divers éléments de documentations
allusives, dont lʹinterprétation nʹest pas toujours évidente, car cette Littérature a pour
première ambition, non pas de raconter lʹHistoire, mais dʹinterpréter la Loi, et de nouer, pour
ce faire, des chaînes de récits mythiques qui traversent les Générations, et qui sont destinés,
avant tout, à révéler la Volonté Divine, au travers de divers événements survenus dans
lʹHistoire du Peuple Juif.
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Cʹest donc, surtout et avant tout, grâce à Flavius Josèphe, que nous possédons une Histoire
détaillée des Juifs, en particulier pour cette période, et, sans cet Auteur, nous saurions
vraiment fort peu de choses sur les événements décisifs qui se déroulèrent durant la
Domination Romaine, jusquʹà la destruction du Temple de Jérusalem.
Ces sujets de lʹépoque de la domination et de lʹoccupation Romaine, ont été traités par
Flavius Josèphe, dans deux ouvrages, quʹil a écrits à une vingtaine dʹannées dʹintervalle :
La Guerre des Juifs, dʹabord, Les Antiquités Juives, ensuite.
La première Oeuvre fut écrite dans le feu du traumatisme, que constituèrent, pour ce témoin
visuel, la destruction de Jérusalem par Titus et la disparition du Temple.
‐A‐/ La Guerre des Juifs tente dʹanalyser, lucidement, les causes qui ont abouti à un tel
désastre, tout en préservant lʹorgueil dʹêtre Juif, et en magnifiant les manifestations de la
Spécificité Juive.
Mais Flavius Josèphe était devenu un favori de la Cour Impériale Romaine, aussi sa relation
Historique tente dʹamoindrir, ou, du moins, de justifier en grande partie, la responsabilité
des Romains, en attribuant aux Juifs des dissensions fratricides et impitoyables.
Pour La Guerre des Juifs, Flavius Josèphe est, ainsi, un Historien dʹévénements, relatés
principalement, dans la perspective de leur contexte contemporain.
‐B‐/ Les Antiquités Juives, reprend la relation des événements déjà rapportée dans La Guerre
des Juifs, et en corrige certaines perspectives avec le recul dʹune vingtaine dʹannées.
Mais, de surcroît, lʹOuvrage remonte jusquʹaux sources mêmes de lʹHistoire de la Religion
Juive et du Peuple Juif, dont Flavius Josephe narre les événements les plus marquants.
Aussi, cette oeuvre unifiée de maturité est placée sous le signe dʹune double inspiration :
‐ Dʹune part, pour écrire Antiquités Juives, Flavius Josèphe a eu, en vingt années, le temps
nécessaire pour vérifier ou améliorer ses sources, et il peut, en conséquence, corriger des
erreurs historiques qui auraient pu être commises dans sa première oeuvre.
‐ Dʹautre part, Flavius Josèphe se sent désormais investi de la mission de laisser à la Postérité
une Oeuvre qui raconte toute lʹHistoire des Juifs, mais également une Oeuvre qui magnifie
la Culture du Peuple Juif, et qui fournira des renseignements et des commentaires aussi
prestigieux que possible, afin de nourrir lʹImaginaire Collectif des Juifs et des Païens.
Aussi, consciemment ou inconsciemment, Flavius Josèphe écrit pour invoquer, en quelque
sorte, muettement ou secrètement, une restauration possible, dans lʹAvenir, de lʹUnité des
Juifs autour de leur Ville Sacrée, Jérusalem, et pour la reconstruction de leur Temple.
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Ainsi, dans Les Antiquités Juives, Flavius Josèphe apparaît, consciemment ou
inconsciemment, comme un Historien, à la fois, Gardien de la Mémoire du Peuple Juif, et
Visionnaire du Destin de ce même Peuple.
En dʹautres termes :
‐ Dans La Guerre des Juifs, Flavius Josèphe se place dans la lignée de Jérémie, qui suppliait ses
contemporains dʹêtre réalistes et de se soumettre à la Domination Babylonienne, afin
dʹéviter, par leur rébellion, la destruction inévitable du Temple.
‐ Dans Les Antiquités Juives, par contre, Flavius Josèphe se place dans la lignée dʹÉzechiel, qui
met tout en oeuvre pour faire rêver dʹun Idéal futur, le Peuple Juif, déporté à Babylone, et
qui a perdu, avec le Temple détruit, son pôle magnétique et sacré.
Et, exactement comme Ezechiel, Flavius Josephe évoque et magnifie la Splendeur passée du
Peuple Juif et de son Temple évanoui, ainsi que lʹinépuisable force Morale irradiée par son
Livre, afin dʹen fortifier les Juifs, et de les préparer, ainsi, aux Retrouvailles inéluctables avec
leur Sanctuaire Idéal
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12/ La Fin de la Puissance Hasmonéenne
La Prise de Jérusalem par Pompée
en 63 av. EC
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‐2‐ Comme ils lʹavaient fait, auparavant, pour Scaurus, les deux frères ennemis,
Aristobule II et Hyrcan II, envoient, de nouveau, des ambassades et des somptueux présents
à Pompée, afin de se concilier son appui et en obtenir un arbitrage favorable.
En vue de trancher ce différend Dynastique, Pompée décide de convoquer les deux frères
rivaux à Damas, afin quʹils lui exposent leurs arguments respectifs.
La classe Sacerdotale et les Sadducéens sont toujours derrière Aristobule II, tandis que la
majorité des Pharisiens, comme du temps de la reine Salomé Alexandra, restent derrière
Hyrcan II.
Toutefois, devant Pompée, apparaît, pour la première fois, une troisième catégorie de Juifs
qui, ouvertement, rejettent la Royauté Hasmonéenne cumulant avec la Grande‐Prêtrise.
Il sʹagit dʹune sorte de résurgence du courant foncièrement nationaliste, mêlé dʹextrémisme
Religieux, et qui est devenu, plus ou moins, révolutionnaire car ils ne veulent plus dʹun Roi :
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 14 : 5 :
Pompée entendit Hyrcan (II) et Aristobule (II) au sujet du différend quʹils
avaient entre eux. Pompée écouta également les Juifs qui se plaignaient de lʹun
comme de lʹautre, en déclarant quʹils ne voulaient pas être assujettis à un Roi
parce que Dieu leur avait ordonné de nʹobéir quʹà un Grand‐Prêtre. Les Juifs
reconnaissaient que les deux frères étaient de la race Sacerdotale mais quʹils
changeaient la forme de gouvernement en voulant cumuler les deux fonctions,
et réduire, de la sorte, la Nation Juive en servitude.
Lʹopinion que se fait Pompée est à lʹopposé de celle que sʹétait faite Scaurus :
En effet, il estime quʹAristobule II est violent et incontrôlable, alors quʹHyrcan II, mis
intelligemment en valeur par Antipater, se présente comme le modèle‐même du Souverain
vassal et client, docile et respectueux, au travers duquel les Romains souhaitent administrer
leurs Conquêtes.
Aristobule II sent, alors, le vent tourner et, après plusieurs volte‐face, impressionné par le
déploiement militaire et la discipline des Armées Romaines, il finit par se résoudre à aller au
devant de Pompée, pour lui proposer la reddition de Jérusalem et le paiement dʹune forte
rançon.
Mais les partisans dʹAristobule II, dont la majorité des Sadducéens, refusent cette
capitulation et se retranchent dans lʹenceinte du Temple en compagnie des Prêtres.
Pompée fait, alors, Aristobule II prisonnier, tandis que les partisans dʹHyrcan II, qui sont
tous favorables à une négociation, ouvrent les portes de la Ville de Jérusalem aux Soldats de
Pompée qui vont, ainsi, pouvoir assiéger le Temple directement.
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La suite de ces événements qui se déroulent en 63 av. EC, se présente, là encore, comme une
sorte de répétition générale et sanguinaire de que sera la Prise du Temple par Titus en 70 EC,
suivie de sa destruction finale :
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : I : 7 :
Pendant que les Romains enduraient toutes les épreuves du siège, Pompée
admirait le courage des Juifs, et, en particulier, ce fait quʹils ne manquaient
aucune partie des Cérémonies du Culte, alors même quʹils étaient enveloppés
dʹune grêle de projectiles : En effet, exactement comme si une paix profonde eût
régné sur la Ville, les Sacrifices quotidiens, les Purifications et tout le Service
Divin étaient scrupuleusement célébrés en lʹhonneur de Dieu. Et les Juifs ne
renoncèrent même pas aux Rites quotidiens au moment de la Prise du Temple
par les Romains, et alors même quʹils étaient massacrés autour de lʹAutel.
En effet, ce fut le troisième mois du siège que les Romains ayant réussi à faire
sʹécrouler lʹune des tours de défense, firent irruption dans le Temple...
Beaucoup de Prêtres voyant alors lʹennemi surgir le glaive au poing
continuaient imperturbablement la célébration méticuleuse du Culte, et cʹest
pendant quʹils procédaient aux sacrifices et brûlaient lʹencens quʹils étaient eux‐
mêmes égorgés. Le souci de leur propre survie passait, en effet, après le Service
de Dieu. Beaucoup de ces Juifs furent tués par leurs compatriotes du camp
adverse ; innombrables étaient ceux qui se jetaient dans les précipices. Quelques
uns, rendus fous par une situation sans issue, mirent le feu à des constructions
près des remparts et périrent dans les flammes. Les Juifs eurent douze mille
morts, les Romains très peu de pertes, mais un grand nombre de blessés.
Pourtant, parmi les malheurs de cette époque, rien ne fut plus douloureux pour
la Nation Juive que la profanation par des yeux étrangers du Lieu Très Saint,
jusquʹalors inaccessible à tout regard humain. Et il est bien vrai que Pompée
pénétra dans le Temple avec son État‐Major, là où, seul, le Grand‐Prêtre avait le
droit dʹentrer (une fois lʹan) selon notre Religion. Pompée examina tout ce qui
était à lʹintérieur: le Candélabre, les Lampes, la Table, les Vases à libations, les
Encensoirs, le tout en or massif, une énorme quantité dʹaromates entreposés, le
Trésor Sacré se montant à deux mille talents. Mais Pompée ne toucha à rien de
tout cela, et, un jour seulement après la Prise du Temple, il donna lʹordre aux
gardiens de le nettoyer et de célébrer les Sacrifices habituels.
Pompée rétablit Hyrcan II comme Grand‐Prêtre pour le récompenser du zèle
quʹil avait déployé durant ce siège, et en particulier pour avoir détourné
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dʹAristobule II la nombreuse population paysanne qui sʹétait soulevée pour
prendre les armes à ses côtés...
Pompée enleva à la Nation Juive les villes quʹelle avait conquises en Palestine‐
Syrie (dont Jabneh‐Jamnia), les plaça sous lʹautorité du Général Romain préposé
à cette Région, et il confina les Juifs dans leurs limites propres... Pompée restitua
toutes ces villes à leurs citoyens dʹorigine et les rattacha à la Province de Syrie.
Il confia cette dernière ainsi que la Judée et le Territoire sʹétendant de lʹÉgypte
jusquʹà lʹEuphrate à lʹautorité de Scaurus (à Damas) avec deux Légions.
‐3‐ Lorsque Flavius Josèphe écrit son Oeuvre, lʹHistorien Juif est, à Rome le protégé
des Empereurs Romains, depuis que Vespasien lui a accordé la vie sauve, et depuis quʹil a
accompagné Titus au Siège de Jérusalem, durant lequel il lui servait dʹinterprète, lors des
tentatives de négociations avec les assiégés Juifs.
Aussi, en écrivant son oeuvre, Josèphe a toujours deux soucis contradictoires :
‐ Son premier souci, afin que son oeuvre puisse être diffusée et sauvegardée, et en tant que
courtisan de la Cour Impériale, est de rendre compte de la noblesse et de la vertu des
Empereurs Romains, en général, quitte à reporter sur des subordonnés stupides ou
malfaisants toutes les erreurs tragiques commises par les Romains.
Cette thèse, présentée dʹune façon assez interprétative de la Réalité Historique affirme que le
Sénat Romain dʹabord, puis les Empereurs Romains, sains dʹesprit, auraient toujours
considéré avec bienveillance, et respecté, les moeurs, les rites et le Culte des Juifs.
‐ Aussi, pour Flavius Josèphe, partisan dʹune politique pragmatique, dans la tradition de
Jérémie, les Juifs auraient dû se soumettre à la Puissance invincible des Romains, au lieu de
la défier, au nom dʹun idéal dʹindépendance irréaliste, et dʹen périr.
Cʹest dans cette perspective générale, probablement, que Flavius Josephe fait état du respect
que le Grand Pompée, aurait marqué à lʹégard du Culte du Temple de Jérusalem.
Toutefois, dʹautres Sources indiquent que le Temple fut délibérément profané et pillé par les
Armées Romaines de Pompée.
Par exemple, lʹHistorien Gréco‐Romain, Dion Cassius (155‐235 EC), rapporte, au contraire de
Flavius Josèphe, que Pompée se livra au pillage des Trésors du Temple.
Et par ailleurs, Dion Cassius rapporte un épisode, selon lequel les Assiégés dans le Temple
ne se seraient pas défendus, car il leur était interdit de combattre le Jour du Shabbath, où eut
lieu lʹassaut.
Cette conjoncture éventuelle jette une certaine ombre sur le comportement des assaillants
Juifs, qui étaient alliés des Romains, et semble corroborer, dʹune certaine façon, les anecdotes
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légendaires de la Littérature Rabbinique concernant la profanation des murs du Temple par
un Porc offert par les Assaillants, avant que le Sanctuaire ne soit profané par les Armées
Romaines victorieuses :
Dion Cassius : Histoire Romaine : 37 : 16 :
Pompée sʹempara sans difficulté de la plus grande partie de la Ville de
Jérusalem car les Partisans dʹHyrcan lui en avaient ouvert les Portes. Mais il ne
put capturer quʹavec grande difficulté le Temple lui‐même qui était occupé par
les Partisans dʹAristobule. En effet, ce Temple se dressait sur une haute
éminence et était protégé par son propre rempart. Et si les Occupants du
Temple avaient continué de se défendre toujours de la même manière, Pompée
nʹaurait pas réussi à sʹen rendre maître. Or, ils arrêtaient de se battre, le jour
quʹils appellent le Jour de Saturne (Shabbath). Aussi, par cette interruption, ils
offrirent aux Romains lʹopportunité de faire des brèches dans les remparts. Les
Soldats Romains, ayant appris cette coutume en usage chez les Juifs, ne faisaient
aucune tentative les autres jours, mais, à chaque Shabbath, ils lançaient sans
répit des vagues dʹassaut. Cʹest ainsi que les assiégés furent capturés (en réalité
massacrés) un Jour de Saturne sans opposer la moindre résistance, et tous les
Trésors (du Temple) furent pillés. Le Royaume (de Judée) fut attribué à Hyrcan
(II) et Aristobule (II) fut emmené en captivité.
‐4‐ La Littérature Rabbinique, pour sa part, ne rend pratiquement pas compte de la
profanation du Temple par Pompée, en 63 av. EC, et encore moins des massacres commis
par des Romains et des Juifs à lʹencontre des Prêtres et des partisans Sadducéens
dʹAristobule II.
Dʹune part, la Littérature Rabbinique ne sʹintéresse pas à lʹHistoire événementielle, mais se
sert dʹanecdotes évocatrices et dʹune facture légendaire, pour établir ses chaînes explicatives
de la Tradition Orale, mise par Écrit, à partir du 3ème siècle EC.
De plus, dans son évocation allusive des événements du Passé, la Littérature Rabbinique
sélectionne, soigneusement, ceux qui permettent de mettre en valeur les Sages dʹIsraël, dont
lʹécrasante majorité était composée de Pharisiens.
Ainsi, pourrait‐on expliquer lʹabsence, dans cette Littérature Rabbinique, de toute allusion
directe, concernant la profanation du Temple par Pompée, en 63 av.EC, par le malaise que
pouvait engendrer la culpabilité, ou la responsabilité, dʹune partie importante de ces
Pharisiens, alliés aux Romains, dans lʹatroce massacre qui fut perpétré contre les Prêtres et
contre les Sadducéens dans le Temple.
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Dʹautant que ce massacre des Prêtres par des Païens et des Juifs, durant le déroulement du
Culte, fut perpétré également avec la complicité dʹArabes, et que, selon Flavius Josephe, ces
mêmes Prêtres que les Pharisiens dédaignaient, et combattaient alors, firent preuve, en cette
occasion, dʹune grandeur dʹâme exceptionnelle.
‐5‐ En revanche, une Littérature Religieuse, dite Pseudépigraphique, et qui nʹest
incluse, ni dans le Canon Juif, ni dans le Canon Chrétien, ni dans la Littérature Rabbinique,
rend amplement compte de cet événement.
Cette Littérature, proche de la Littérature Apocalyptique, est constituée par une collection
dʹune soixantaine dʹouvrages, qui furent écrits, pour la plupart, par des Juifs entre 250 av. EC
et 200 EC.
Ces ouvrages sont artificiellement (pseudépigraphiquement) attribués à des figures célèbres
de la Bible, tels que, par exemple, Adam, Enoch, Noé, Jacob, Joseph, Moïse, David, Salomon.
Cette Littérature Pseudépigraphique, présente souvent, dans un style invocatoire, et
conforme à la tradition Prophétique de la Bible, les malheurs de la Nation Juive comme une
juste punition infligée par lʹÉternel pour les péchés commis par les Juifs désobéissant à la
Loi. Toutefois, lʹinstrument cruel de cette punition est, lui‐même, également, voué, par la
suite, à un châtiment implacable.
Et, à la fin des séries de tous ces malheurs Apocalyptiques, annoncés et vécus, la Nation
Juive connaîtra, finalement, la Rédemption, avec, assez souvent, lʹApparition dʹun Messie
Libérateur.
La Profanation du Temple par Pompée, et surtout lʹimpact décisif que cet événement a eu
pour la mutation de la Pensée Juive, Populaire et Religieuse, à lʹégard des Romains, trouve
son expression, par exemple, dans les Oracles Sybillins, ou dans le Pescher dʹHabacuc des
Rouleaux de Qoumran, ou bien encore, dans les Psaumes de Salomon.
Les 18 Psaumes de Salomon ont été composés au 1er siècle av. EC, probablement par un
Essénien épris dʹabsolu, et ils évoquent, entre autres, les événements du siècle qui ont
conduit à la Profanation du Temple par Pompée :
Psaumes de Salomon :
8 : 15‐22 :
(Dieu) a fait venir des confins de la Terre le Guerrier Puissant (Pompée)
Qui décida la guerre contre Jérusalem et sa contrée.
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Les Princes du pays (Hyrcan II et Aristobule II) allèrent au‐devant de lui
(Pompée) avec joie :
Ils lui dirent :
ʺTon arrivée est très désirée ! Venez, entrez en paix !ʺ
Ils aplanirent les chemins raboteux devant ses pas,
Ils lui ouvrirent les portes de Jérusalem, ils en couronnèrent les remparts.
Il (Pompée) est entré comme un père dans la demeure de ses fils,
tranquillement.
Il y a posé ses pieds en toute assurance.
Il a pris possession des remparts et des tours de Jérusalem.
Car Dieu lʹy a conduit en toute sécurité, à cause de leur aveuglement.
Pompée a fait périr tous leurs Chefs et tous les Sages Conseillers,
Il a versé le sang des habitants de Jérusalem comme une eau souillée,
Il a déporté (à Rome pour le Triomphe de Pompée) leurs fils et leurs filles,
Enfants qui avaient été conçus dans le vice,
Et dont la conduite dépravée suivait lʹexemple de leurs Pères...
8 : 1‐2 :
Jʹai entendu les cris de détresse et la rumeur du combat,
Lʹéclat de la trompette sonnant le carnage et lʹextermination,
Rumeur dʹun peuple immense comme dʹune tempête,
Tel le débordement dʹun brasier déferlant sur le désert.
Alors jʹai dit en mon coeur :
ʺJusquʹoù ira le Jugement de Dieu ?ʺ
La rumeur est montée vers Jérusalem, la Ville Sainte.
Mes reins se sont rompus de lʹavoir entendu,
Mes genoux ont chancelé,
Mon coeur sʹest affolé, mes os comme du tissu se sont mis à frémir.
Je me suis dit :
ʺLʹassaut des ennemis est conforme à la Justice de Dieu !ʺ
2 : 1‐2 :
Dans son orgueil, le Profane a renversé les remparts, un Jour de Fête (Jour de
Shabbath selon Josèphe),
Et Toi (Dieu) tu ne lʹen as pas empêché ! (afin de punir les pécheurs)
A ton Autel Sacré sont montées des Nations Païennes,
Qui, avec orgueil, ont profané le Sanctuaire à leurs pieds.
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‐6‐ Après la Prise de Jérusalem, dont les remparts, y compris ceux du Temple,
furent abattus par Pompée, et une fois accomplie lʹannexion de fait de la Judée, amputée
dʹune grande partie de ses possessions qui avaient été acquises par les Hasmonéens, dont, en
particulier, celles de la Syrie et celles de la côte méditerranéenne, et après avoir fixé le Tribut
à payer désormais par les Juifs aux Romains, Pompée retourna à Rome :
Il y emmenait Aristobule II et ses enfants, pour être exhibés lors de son Triomphe, en
compagnie de nombreux autres prisonniers, devenus esclaves, et qui devaient, par la suite,
après avoir été affranchis par leur coreligionnaires, agrandir de façon significative la petite
Communauté Juive de Rome.
Aussi, on peut penser, assez valablement, que Pompée, ou son état‐major, ont, effectivement,
emporté une partie conséquente des Trésors du Temple, au titre habituel des prises de
guerre pour être, également, exhibés lors du Triomphe du Général Romain.
Et, dans tous les cas de figure, la ʺvisiteʺ de Pompée et de son État‐Major, à lʹintérieur‐même
du Temple, constituait, pour les Juifs, une profanation indélébile.
Le résultat, pour lʹavenir de Jérusalem, des événements ayant entraîné la Conquête de
Pompée, est indiqué par Flavius Josèphe, dans les Antiquités Juives :
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 14 : 8 :
Quant à la Ville de Jérusalem (et à son gouvernement), Pompée la rendit
tributaire des Romains, lui ôta toutes les villes quʹelle avait conquises dans la
Syrie du sud, ordonna que ces Villes obéiraient désormais à leurs seuls
Gouverneurs, et il ramena à ses toutes premières limites la Puissance de notre
Nation, auparavant si élevée et si importante...
Ce fut ainsi que la querelle dʹHyrcan II et dʹAristobule II, qui fut la cause de tant
de maux, nous fit perdre notre liberté, nous assujettit à lʹEmpire Romain, et
nous contraignit à rendre tout ce que nous (les Juifs sous le règne des
Hasmonéens) avions conquis par les armes en Syrie.
A quoi, il faut ajouter que nos nouveaux Maîtres exigèrent de nous, peu après,
plus de dix mille talents, et quʹils transférèrent à des hommes dont la naissance
nʹavait rien dʹillustre (les Hérodiens) le Royaume qui avait toujours été,
auparavant, dans la race Sacerdotale (Hasmonéens).
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‐7‐ La Profanation commise au Temple par Pompée, le massacre des Prêtres et des
partisans dʹAristobule II, le pillage très probable des Trésors du Temple, la transformation,
de fait, de la Judée en petit Royaume vassal ou quasi petite Province Romaine, lʹimposition
aux Juifs dʹun lourd tribut à verser aux Romains, tous ces événements tragiques firent lʹeffet
dʹun coup de tonnerre, et changèrent radicalement la vision idyllique que les Juifs,
jusquʹalors, avaient eue des Romains :
Ainsi quʹen témoignent, entre autres, lʹoeuvre de Flavius Josèphe et les Livres des Macchabées,
les Juifs avaient été, auparavant, particulièrement fiers de leurs Alliances renouvelées avec la
première Puissance du Monde.
De même, les Juifs avaient grandement admiré lʹorganisation militaire des Romains et leur
redoutable efficacité.
Du jour où les Juifs en subirent eux‐mêmes les effets, avec, en particulier, la profanation du
Temple, une haine populaire naquit, qui allait, désormais, couver sans cesse, se perpétuer, et
sʹamplifier, jusquʹà la confrontation finale, qui débouchera dʹabord, en 70 EC, sur la
destruction du Temple par Titus, puis, en 135 EC, sur lʹélimination radicale de la millénaire
Jérusalem Hébraïque et lʹarasement jusquʹà la roche du Site‐même de son Temple.
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13/ Lʹ Avènement
de la Dynastie Hérodienne
La Conquête du Pouvoir
par Antipater, Père dʹHérode
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‐1‐ A partir de lʹintervention de Pompée, les relations entre les Juifs et les Romains
vont se développer selon deux axes parallèles mais contradictoires :
‐ Le ressentiment de la Population Juive à lʹencontre des Romains et des Armées Romaines,
qui, globalement, les méprisent et le plus souvent les haïssent, sera toujours latent, et, le
moment venu, explosera sous la forme dʹune dernière lutte mortelle pour lʹIndépendance
Juive.
‐ Les Dirigeants Juifs, cʹest à dire ceux de la nouvelle Dynastie Hérodienne, en pratiquant
une politique réaliste de Vassalité fidèle, sauront nouer des relations privilégiées avec les
Empereurs Romains et les cercles du Pouvoir à Rome.
Ces liens particuliers profiteront à lʹensemble de la Nation Juive et de la Diaspora, et
retarderont, dʹautant, lʹaffrontement inéluctable, après la mort dʹHérode, qui, par sa tyrannie
impitoyable et son habileté politique, aura, néanmoins, réussi, durant tout son règne, à
museler totalement lʹesprit de rébellion Juif contre Rome.
Mais le pouvoir des successeurs dʹHérode ira, ensuite, en sʹérodant rapidement, et les
différents Procurateurs ou Gouverneurs Romains, qui les remplaceront, attiseront,
volontairement ou involontairement, les tensions entre Occupants Romains dominateurs, et
Occupés Juifs exaspérés, et ce, jusquʹà lʹembrasement final et la défaite définitive des Juifs.
‐2‐ Après la prise de Jérusalem par Pompée, en 63 av. EC, Antipater, sʹétant ainsi
débarrassé dʹAristobule II, peut contrôler, grâce au Grand‐Prêtre Hyrcan II, à la fois, la
Hiérarchie Sacerdotale, ralliée, bon gré mal gré, au principe dʹautorité de la Grande‐Prêtrise,
et la plupart des Pharisiens, demeurés fidèles à Hyrcan II, depuis le règne de la Reine
Salomé Alexandra.
De plus, Pompée a désigné Antipater comme Gouverneur de fait, du petit État‐Temple de la
Judée, qui est désormais négligeable car cet État a été amputé, entre autres, des fertiles
implantations côtières et des ports, qui sont importants pour le trafic international.
Malgré toutes ces difficultés, et la modestie apparente du Destin laissé, ainsi, par les
Romains, à Hyrcan II, Antipater ne va pas dévier dʹun pouce de son ambition de devenir le
Maître dʹune Nation Juive, qui réussirait à devenir importante sur lʹéchiquier mondial.
Pour ce faire, Antipater emploie une recette extrêmement simple : il se met toujours, avec la
plus grande générosité et le plus grand dévouement, au service des Romains.
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La seule difficulté quʹil rencontre dans cette stratégie constante est de discerner, dans les
temps troubles de la République Romaine finissante, quel est le Romain qui va, finalement,
lʹemporter et réussir à sʹemparer du Pouvoir.
Or, cette période transitoire et convulsive, qui va déboucher sur lʹétablissement de lʹEmpire
par Octave‐Auguste, le successeur de César assassiné, est riche en rebondissements
incessants et en renversements dʹalliances.
Antipater dʹabord, Hérode, son fils, ensuite, passeront maîtres dans lʹart des volte‐face
appropriées :
Antipater, servi par son instinct politique et par la chance, réussira, chaque fois et sans le
moindre état dʹâme, à choisir le gagnant, dans la course tumultueuse des Romains vers le
Pouvoir suprême.
Et Hérode, le second fils dʹAntipater, héritera de son père cet indispensable savoir‐faire,
consistant à se précipiter toujours dans les pas du Triomphateur.
Et, à chaque changement de Maître Romain, Hérode saura toujours mettre en pratique le
guide du parfait Courtisan, mis si parfaitement au point par Antipater.
‐3‐ Antipater était issu dʹune ancienne famille de riches ʺÉmirsʺ dʹIdumée. Cette
Province avait été conquise par Jean Hyrcan, et ses habitants avaient, alors, été forcés de se
convertir à la Religion Juive et de se faire circoncire. Antipater utilisera toujours sa dualité
dʹorigine comme axe majeur de sa politique de conquête du Pouvoir :
En effet, ayant succédé à son père, qui avait été nommé Gouverneur dʹIdumée par
Alexandre Jannée, Antipater sera au service dʹHyrcan II, par lequel il pourra exercer une
influence décisive sur les Pharisiens, et, à travers eux, sur tout le Peuple Juif.
Mais, également, Antipater, aura soin de tisser des alliances privilégiées avec les Arabes
dont, en particulier, Arétas III, Roi des Nabatéens.
De plus, par son mariage, Antipater sʹalliera avec lʹune des familles les plus importantes de
Petra ; ainsi Hérode, le futur Roi des Juifs, et bâtisseur du troisième Temple de Jérusalem,
sera issu de ce mariage dʹun Iduméen converti avec une non‐Juive.
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 14 : 12 :
Antipater était renommé en Idumée et il sʹétait marié à une femme de lʹune des
plus illustres maisons de lʹArabie, nommée Kypros, dont il eut quatre fils,
Phazaël, Hérode, qui devait devenir Roi, Joseph, Phéroras, et une fille Salomé.
Cet Antipater acquit lʹamitié de nombreux Princes Païens par la manière
respectueuse dont il les fréquentait, et particulièrement celle du Roi des Arabes,
à qui il donna ses enfants en garde lorsquʹil fit la guerre contre Aristobule (II).
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La fortune dʹAntipater ne consistait pas seulement en possession de terres et de nombreux
troupeaux, mais provenait également de revenus importants tirés de lʹimportant trafic
caravanier qui allait de Petra vers les ports de la côte sud de Palestine. De plus Antipater,
comme plus tard son fils Hérode, avait le talent de savoir faire fructifier ses revenus.
‐4‐ Après le départ de Pompée de Jérusalem, Antipater va servir, avec ténacité,
efficacité et fidélité, les différents Généraux Romains qui vont se succéder à la tête des
Possessions Romaines dans cette partie du monde. Cʹest ainsi qu’il aidera, habilement et
efficacement, les Généraux et Gouverneurs, Scaurus, Crassus, Cassius, Gabinius :
Flavius Josèphe : Antiquités Juives :
14 : 9 :
Scaurus marcha avec son armée vers Petra, capitale de lʹArabie, et, comme les
passages pour y aller étaient extrêmement difficiles, ses soldats qui se
trouvaient pressés par la faim pillaient le pays dʹalentour. Antipater leur fit
porter, par un ordre signé dʹHyrcan II, des blés et dʹautres choses nécessaires.
Comme il avait des rapports privilégiés avec le Roi Aretas, Scaurus décida de
lʹenvoyer vers lui en ambassade. Antipater sʹacquitta si bien de sa mission quʹil
persuada Aretas de payer aux Romains un tribut de trois cents talents pour
éviter lʹaffrontement. Ainsi cette guerre fut aussitôt terminée que commencée, et
Scaurus en fut tout aussi satisfait quʹAretas.
14 : 11 :
Lorsque Gabinius se préparait à marcher contre les Parthes et avait déjà passé
lʹEuphrate, il changea dʹavis et alla en Égypte pour rétablir Ptolémée...
Antipater, par un ordre signé dʹHyrcan II, fournit à Gabinius, pour son armée,
du blé, des armes et de lʹargent, et persuada les Juifs de Péluse, qui étaient
comme des gardes aux portes de lʹÉgypte de faire alliance avec les Romains.
Il se trouve que le Commandant des troupes de Gabinius est, alors, Marc‐Antoine qui, plus
tard, sera à lʹorigine de la réussite dʹHérode.
Antipater en aidant Gabinius et Marc‐Antoine à franchir le delta du Nil pour conquérir
Alexandrie, et y rétablir le successeur des Ptolémées, Ptolémée‐Auléte, Roi‐Client de Rome,
procède, ainsi, sans le savoir, à une répétition de la campagne décisive quʹil ménera en
faveur de César, et qui sera lʹune des causes principales de la faveur constante que les futurs
Empereurs Romains accorderont à la Dynastie Hérodienne, issue dʹAntipater.
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Par ailleurs, Antipater soutient systématiquement les Romains, mais il fait également en
sorte que tous ses rivaux éventuels, héritiers légitimes issus de la famille des Macchabées,
soient, en dehors dʹHyrcan II, méthodiquement éliminés :
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 14 : 11 :
Alexandre (le fils dʹAristobule II, venu de Rome en Judée pour tenter de
reconquérir le pays) décida, avec trente mille Juifs qui le suivaient, de livrer
bataille aux Romains. Cette rencontre eut lieu auprès de la montagne
dʹItabyrium. Les Romains furent victorieux et les Juifs y perdirent dix mille
hommes. Gabinius, après avoir réglé toutes choses concernant Jérusalem, selon
le conseil dʹAntipater, marcha contre les Nabatéens (rebelles) et les vainquit
aussi dans une bataille.
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : 1 : 8 :
Après avoir sauvé la Syrie (contre les Parthes) Cassius gagna en hâte la Judée,
prit Tarichée (ville de Galilée) et réduisit en esclavage trente mille Juifs, tandis
quʹil faisait exécuter Pitholaüs (Général Juif) qui commandait les partisans
dʹAristobule : cʹest Antipater qui avait recommandé cette exécution.
Ainsi Antipater veille, chaque fois, à ce que toute résistance Juive à lʹOrdre Romain soit
impitoyablement écrasée, ce qui lui permet, du même coup, vis à vis dʹHyrcan II, de mettre,
cette répression sur le compte de la nécessaire élimination des rivaux Hasmonéens dʹHyrcan
II.
De plus, ses appuis Romains et son efficacité reconnue lui permettent de prendre en main
lʹadministration et la levée des impôts pour le compte des Romains.
A cause de cela, Gabinius, rentré à Rome, au lieu du Triomphe quʹil escomptait, se verra,
dʹailleurs, reprocher, entre autres, dʹavoir laissé des indigènes sʹoccuper de la levée des
impôts qui avaient été institués par Pompée.
Cʹest ainsi que, par exemple, lʹhomme politique et avocat Cicéron (106‐46 av. EC) dans lʹun
de ses discours, déclare, en parlant des Administrateurs Romains en Orient qui doivent
travailler sous les ordres dʹAntipater :
Cicéron : De Provinciis consularibus oratio : 5 :
Ces pauvres citoyens Romains que Gabinius a livré en servitude aux Juifs et aux
Syriens, nations nées pour être soumises.
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‐5‐ Après ses triomphes, Pompée a formé un triumvirat avec Crassus et César, dont
il avait épousé la fille.
Lorsque Crassus meurt, une lutte à mort pour le Pouvoir, sʹengage, alors, entre Pompée et
César. Le Sénat est dʹabord favorable à Pompée.
César, franchissant le Rubicon, renverse la situation, et force Pompée à fuir en Orient, où il
sait quʹil peut compter sur des ressources considérables. Malgré cela, César parvient à le
vaincre à Pharsale, et continue de le pourchasser, sans répit.
Lorsque Pompée, en fuyant, arrive dans le delta du Nil à la recherche dʹune aide pour
continuer dʹaffronter César, il trouve une Cour Égyptienne où règne une crise due à une
rivalité dynastique :
Cléopâtre, âgée de vingt ans sʹoppose aux tuteurs de son frère Ptolémée, âgé de treize ans,
avec lequel elle devrait, par testament, partager le royaume des Ptolémées.
Cléopâtre étant allée recruter des mercenaires aux confins de la Palestine afin de sʹemparer
du Pouvoir par la force, les Tuteurs Régents sont venus à Peluse pour lui barrer lʹaccès du
retour vers Alexandrie, la Capitale.
Et cʹest justement à Peluse, que Pompée, attiré dans un guet‐apens par les Égyptiens et par
les partisans de César, sera assassiné, décapité, et, de surcroît, exhibé nu sur la grève, avant
que son cadavre puisse être brûlé avec les débris dʹune embarcation.
Pour les Juifs, il sʹagit là du châtiment, inéluctable et exemplaire, de celui qui avait osé
profaner et piller le Temple de Dieu :
A cet égard, par exemple, lʹinvocation des Psaumes de Salomon prélude, en quelque sorte, aux
récits des Historiens, comme Plutarque ou Dion Cassius, pour ce qui concerne lʹassassinat de
Pompée en Égypte :
Psaumes de Salomon : 2 : 30‐31 :
Les Païens ont profané Jérusalem en la foulant aux pieds,
Sa Beauté fut arrachée à son Trône Glorieux (le Temple).
Jérusalem sʹest vêtue dʹun sac, au lieu de sa parure de cérémonie,
Elle a ôté le glorieux diadème dont Dieu lʹavait couronnée,
Et sa splendeur fut jetée dans la boue.
Et moi, je lʹai vu, jʹai prié Dieu et je lʹai supplié :
ʺSeigneur, cesse de faire peser ta main sur Israël en ameutant les Païens !
Car leur fureur et leur haine nʹont épargné aucun outrage.
Ils vont lʹanéantir, Seigneur, si, dans ta colère, tu ne les arrêtes pas.
Car ils ont agi non par zèle pour te servir, mais par cupidité,
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En nous soumettant à leurs torrents de rapines (dont le Trésor du Temple).
Ne tarde pas Seigneur à leur faire retomber sur leurs têtes leurs profanations
Et change lʹorgueil du Dragon (Pompée) en désolation !ʺ
Je nʹeus pas à attendre longtemps pour que Dieu me montrât le sort infâme qui
lui fut réservé :
Poignardé sur les collines bordant lʹÉgypte,
Anéanti plus que le dernier des hommes sur terre et sur mer,
Son cadavre fut ballotté sur les flots dans une totale ignominie...
Dion Cassius : Histoire Romaine : 42 : 5 :
Il fut tué comme un homme tout ordinaire et comme le dernier des Égyptiens
auprès du Mont Cassius.
Plutarque : Pompée : 80 : 2‐3 :
Les assassins coupèrent la tête de Pompée et jetèrent son corps nu, quʹils
abandonnèrent à ceux qui apprécient ce genre de spectacle. Philippe resta
auprès de lui, jusquʹà ce quʹils se fussent rassasiés de le regarder, puis il lava le
corps dans la mer et lʹenveloppa dans sa propre tunique. Il nʹavait rien pour
brûler le cadavre mais en regardant autour de lui, il aperçut les débris dʹun petit
bateau de pêche, débris bien vétustes, mais suffisants cependant pour constituer
un bûcher capable de consumer un cadavre nu qui nʹétait même plus entier.
Cette déchéance de lʹun des plus glorieux généraux de lʹHistoire Romaine apparaît
évidemment aux Juifs comme le châtiment inévitable, encouru à la suite de la Profanation du
Temple. Mais cette Profanation nʹavait été, de fait, ressentie comme telle que par les Juifs.
Plutarque par exemple, dans sa Biographie de Pompée, ne mentionne même pas sa conquête de
Jérusalem qui, aux yeux des Romains, nʹapparaissait, avant le règne dʹHérode, que comme
une lointaine bourgade exotique, sans intérêt quelconque, et dont les habitants vivaient
selon des moeurs, barbares, incongrus et méprisables.
‐6‐ Le destin, le talent et la rapidité dʹexécution dʹAntipater vont lui permettre de
surmonter avec habileté les inconvénients de sa fidélité passée à Pompée, son ancien maître
et protecteur, et de se rallier, séance tenante et sans aucune sorte dʹétat dʹâme, à César.
Tous les gages de fidélité donnés par Antipater aux Romains vont ainsi trouver leur
couronnement, lorsque Antipater saura mettre avec célérité son talent au service de Jules
César, venu en Orient pour éliminer Pompée.
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Par un dévouement sans bornes pour César, Antipater saura sʹattirer la reconnaissance du
Général Romain qui va devenir le Maître incontesté du Monde.
Et les Empereurs, qui succéderont ensuite au Fondateur, Vénéré et Divin, de lʹEmpire
Romain, assumeront toujours, vis à vis de la descendance dʹAntipater, la dette contractée par
leur famille pour lʹénergie quʹAntipater aura déployée, en aidant César, dans les moments
les plus difficiles de sa conquête du Pouvoir :
‐7‐ Quelques jours après la mort de Pompée, César arrivait en Alexandrie avec
3.200 hommes et 800 cavaliers.
Lʹun des Régents de la cour des Ptolémées, Théodotos, lui apporta la tête et lʹanneau de
Pompée. César pleura la fin de ce grand Général Romain et fit exécuter ceux qui avaient osé
assassiner ignominieusement un Dignitaire Romain.
César crut quʹil pourrait facilement être le Maître de lʹÉgypte, malgré le petit nombre de ses
troupes. Mais il dut rapidement déchanter, et il sʹaperçut que, si les Alexandrins lui avaient
apporté la tête de Pompée, ils ne comptaient pas, pour autant, se soumettre le moins du
monde aux Romains.
Cʹest ainsi que César, en état dʹinfériorité militaire, finit par être lui‐même assiégé dans la
Citadelle dʹAlexandrie, dʹoù il envoya des messagers dans tout lʹOrient pour demander des
secours immédiats.
Parmi les personnages sollicités, César avait demandé à Mithridate de Pergame de lever des
troupes en Cilicie (Turquie) et en Syrie. Une fois ces contingents réunis, il fallait ensuite les
acheminer vers le delta du Nil, en suivant la côte Méditerranéenne, par Ashkalon et Peluse,
car, selon lʹusage dans lʹAntiquité, une flotte longeait la côte, parallèlement aux troupes, en
transportant les vivres, le fourrage, lʹeau, les machines et les armes lourdes nécessaires à
lʹarmée.
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : 1 : 9 :
Après la mort de Pompée, Antipater changea aussitôt de camp et fit sa cour à
César. Lorsque Mithridate de Pergame, avec lʹArmée quʹil ramenait en Égypte
(pour venir au secours de César) fut bloqué à Ashkelon, parce quʹon lui
interdisait les voies dʹaccès vers Péluse, ce fut Antipater qui persuada les
Arabes, avec qui il avait des liens privilégiés, de venir en aide à Mithridate de
Pergame. Et Antipater vint, lui même, à son secours avec trois mille fantassins
Juifs. Il persuada également des Princes puissants de Syrie de venir lʹaider
comme le Ptolémée (fils de Soémus) qui régnait près du Liban et Jamblique.
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Grâce à lʹinfluence de ces Princes, de nombreuses villes de cette région se
joignirent aux Romains.... Alors Péluse (la porte dʹentrée du détroit du Nil) put
être prise ; mais lʹavance de Mithridate de Pergame se trouva de nouveau
bloquée par les Juifs Égyptiens qui occupent la région appelée Territoire
dʹOnias. Antipater non seulement réussit à les persuader de ne pas barrer la
route à lʹArmée mais de lui fournir le ravitaillement nécessaire...
Ensuite, Mithridate engagea le combat contre les Égyptiens, en un lieu appelé le
Camp des Juifs. Comme, au cours de cette bataille il était mis dans une situation
critique avec toute son aile droite, Antipater le sauva en opérant un mouvement
tournant près de la rive du fleuve. Puis, sʹélançant sur les ennemis qui
poursuivaient Mithridate, Antipater en tua un grand nombre et chassa les
survivants si loin, quʹil put même sʹemparer de leur camp...
Mithridate, sauvé dans une telle circonstance sans espoir, porta loyalement
témoignage devant César des hauts faits dʹAntipater (qui avait ainsi permis à
César de recevoir les renforts qui le sauvaient). César, par les éloges quʹil
décerna à Antipater et par les espérances quʹil lui laissa entrevoir, poussa alors
Antipater à prendre de plus en plus de risques pour son service. Dans toutes les
occasions, désormais, Antipater se montrait le combattant le plus hardi, et,
blessé à plusieurs reprises, il portait sur tout son corps les marques de son
dévouement. Par la suite, lorsque César, après avoir mis en ordre les affaires
dʹÉgypte, fut revenu en Syrie, il accorda à Antipater la Citoyenneté Romaine,
lʹexemption de tous impôts, et, par dʹautres marques dʹhonneur, en particulier,
en lui témoignant une amitié toute personnelle, il en fit un personnage très en
vue. Et ce fut par égard pour Antipater que César confirma Hyrcan II dans la
charge de Grand‐Prêtre.
‐8‐ Finalement un épisode quasi théâtral, propre à la vie des Cours Royales, va
marquer la fin de la Dynastie Hasmonéenne issue des Macchabées, et lʹAvènement
Historique de la Dynastie Hérodienne, issue dʹAntipater, dont les fils sont désormais,
comme leur père, Citoyens Romains, ce qui constitue un avantage considérable, dans le
vaste Empire Romain en formation :
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : 1 : 10 :
Vers cette époque, Antigone, le fils dʹAristobule II, se présenta devant César, et,
contrairement à ce quʹil espérait, fut cause pour Antipater dʹun accroissement
de prestige. Antigone ne se contenta pas en effet de se lamenter sur le sort de
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son père (que César avait soutenu contre Pompée) qui avait été empoisonné à
cause de son différend avec Pompée, et, à propos de son frère, dʹaccuser de
cruauté Scipion (partisan de Pompée qui avait fait trancher la tête au frère
dʹAntigone). Mais, de plus, Antigone sortit des limites de ces réclamations, et il
accusa Hyrcan II et Antipater de lʹavoir banni totalement, lui et ses frères, de
leur Terre ancestrale au mépris des Lois. Il les accusa également dʹavoir envoyé
à César des renforts en Égypte, non par bienveillance, mais parce quʹils étaient
pris de peur à la pensée quʹils avaient été des partisans de Pompée, lʹennemi de
César. A ces mots, Antipater déchire ses vêtements et montre ses innombrables
cicatrices, disant que son dévouement à César nʹavait pas besoin dʹêtre prouvé
par des paroles : son corps le criait, même si lui gardait le silence. Lʹaudace
dʹAntigone le stupéfiait : fils dʹun ennemi des Romains qui sʹétait enfui de Rome
(où il avait été emmené prisonnier par Pompée), ayant hérité de son père sa
passion pour les soulèvements et les rebellions, il essayait dʹaccuser les autres
devant le Chef des Romains, et tentait dʹobtenir quelque faveur, alors quʹil
aurait déjà dû sʹestimer heureux dʹêtre encore en vie. En fait, dans la
circonstance actuelle, si Antigone convoitait le Pouvoir, ce nʹétait pas poussé
par le dénuement, mais pour provoquer des dissensions chez les Juifs, afin de
pouvoir utiliser ensuite toutes ses ressources contre ses bienfaiteurs.
Après avoir entendu les deux parties, César déclara Hyrcan II dʹautant plus
digne de la charge de Grand‐Prêtre, et il offrit à Antipater lʹopportunité de
choisir lui‐même son titre. Antipater, ayant remis à celui‐là, seul, qui pouvait
conférer cet honneur, la décision de ce choix, se voit, sur le champ, nommer
Procurateur de toute la Judée, et il obtient, de surcroît, le droit de relever les
remparts en ruine de son pays (et donc ceux de Jérusalem qui avaient été
abattus par Pompée). De plus, César donna des ordres pour que tous ces
honneurs fussent gravés au Capitole comme des marques à conserver de sa
justice et de la valeur dʹAntipater.
‐9‐ Cʹest très probablement, en grande partie, en raison de lʹaction dʹAntipater que
César édicta, en faveur du Grand‐Prêtre Hyrcan II, et en faveur de tous les Juifs de lʹEmpire
Romain, des Lois et Ordonnances, extrêmement favorables à la Communauté Juive,
reconnaissant sa spécificité, et respectant sa Religion.
Flavius Josèphe rend compte de cette politique de César, par exemple, dans Antiquités Juives
14 : 17, en mentionnant des Actes qui étaient gravés sur des Tables de cuivre au Capitole à
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Rome, et publiés dans tout lʹEmpire, des Inscriptions gravées sur des Colonnes de bronze de
différentes villes, comme à Alexandrie, ainsi que divers Arrêts et Ordonnances du Sénat.
Flavius Josèphe présente, ainsi, une dizaine de ces Textes successifs, tel que celui‐ci :
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 14 : 17 :
ʺ Caïus César, Empereur pour la seconde fois :
Nous ordonnons que les habitants de Jérusalem paieront tous les ans un tribut
dont la ville de Joppé (port sur la Méditerranée) sera exempte : mais quʹen la
septième année, quʹils nomment année Sabbatique, ils ne paieront aucune
chose, parce quʹils ne sèment point la terre ni ne recueillent les fruits des arbres ;
quʹils paieront de deux ans en deux ans, dans Sidon, le tribut qui consistera au
quart de semences, et quʹils paieront les dîmes à Hyrcan II, Grand‐Prêtre, ainsi
quʹà ses enfants, de la même façon que leurs prédécesseurs les payaient. Nous
ordonnons, aussi, que nul Gouverneur, ni Général, ni Procurateur ne pourra
enrôler des Juifs comme gens de guerre, ni lever des impôts dans les terres des
Juifs, que ce soit pour des quartiers dʹhiver de la troupe ou pour quelque
prétexte que ce soit, mais que les Juifs jouiront paisiblement de ce quʹils auront
acquis ou acheté. Nous voulons de plus que la ville de Joppé quʹils possédaient
lorsquʹils firent alliance avec le Peuple Romain leur demeure, et que Hyrcan II
et ses enfants jouissent des revenus qui en proviendront...ʺ
Ainsi, après la profanation du Temple commise par Pompée, et la mise sous tutelle Romaine
de Jérusalem, César tient, néanmoins, compte de la spécificité Juive, et sʹefforce de lʹintégrer
dans un nouvel Empire Romain, dont il veut assurer la cohésion et lʹunité.
Hyrcan II est nommé Grand‐Prêtre et ʺEthnarqueʺ de Judée, et il perçoit, pour le Temple, et
pour lui‐même, la traditionnelle dîme annuelle.
Mais le réel Pouvoir sera exercé par Antipater dʹabord, puis par Hérode.
La Dynastie Hérodienne fera tout pour assurer constamment la mise en application de cette
Politique Romaine, mais, seul, le fils dʹAntipater, Hérode, par une tyrannie impitoyable, et
souvent sanguinaire, parviendra à imposer complètement au Peuple Juif lʹabsolu
assujettissement Politique et Idéologique aux Romains, mais ce, seulement pour le temps de
son Règne.
Et cette brève parenthèse Hérodienne ne permettra dʹesquiver, que pour quelques décennies
seulement, lʹopposition de fond qui va, ensuite, inéluctablement, faire sʹaffronter avec une
violence implacable les deux Conceptions Idéologiques fondamentalement antinomiques : le
Paganisme Polythéiste et le Monothéisme Juif.
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‐10‐ César avait désormais lʹÉgypte en son pouvoir.
Ptolémée XIV, âgé de 14 ans, ayant péri lors des combats, César lui désigne comme
successeur son frère cadet, âgé de dix ans, Ptolémée XV.
César rétablit alors Cléopâtre sur le Trône, et elle épouse son petit frère, selon la coutume des
Souverains égyptiens devenant, ainsi, doublement, par héritage et par mariage, Reine
dʹÉgypte.
César et Cléopâtre ont une liaison passionnée dont naît un garçon nommé Césarion.
Les Partisans de Pompée en Orient nʹayant pas désarmé, César après avoir laissé trois
Légions Romaines au service de Cléopâtre, sʹengage dans une campagne éclair dans tout
lʹOrient, et il ramène rapidement lʹordre dans tout lʹEmpire :
ʺVeni, vidi, vinci.ʺ déclare‐t‐il (ʺJe suis venu, jʹai vu, jʹai vaincu.ʺ)
Et lorsquʹil a quitté la Syrie, César a laissé à Damas, un ami et parent, Sextus César, en charge
de cette partie orientale du nouveau Monde Romain, dont il est désormais le seul Maître.
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14/ La Prise du Pouvoir par
Hérode
Fils de lʹIduméen Antipater
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‐1‐ Antipater, sur le plan protocolaire, occupe le deuxième rang en Judée, après le
Grand‐Prêtre et Ethnarque, Hyrcan II. Celui‐ci, héritier légitime de la branche aînée des
Hasmonéens, bénéficie du respect que le Peuple Juif éprouve pour les descendants des
illustres Macchabées.
Mais le Pouvoir politique réel est détenu sans contestation par Antipater, grâce à lʹappui des
Romains. Cʹest ainsi quʹAntipater peut nommer son fils aîné, Gouverneur de Jérusalem,
tandis que son deuxième fils, Hérode, est nommé Gouverneur de Galilée, à lʹâge de vingt
cinq ans. (Une erreur probable de copiste indique quinze ans dans lʹoeuvre de Flavius
Josèphe.)
‐2‐ Hérode déploya immédiatement une activité énergique dans lʹexercice de ses
fonctions, et il fit preuve dʹune efficacité et dʹune rapidité dʹexécution qui le firent aussitôt
remarquer, tant par les Romains, que par les Juifs.
Cʹest ainsi, en particulier, que pour rétablir lʹordre dans sa Province, il pourchassa et captura
une bande redoutable menée par un chef, appelé Ezéchias, qui pillait et semait la terreur
dans toute la Région (et/ou qui avait peut‐être des visées révolutionnaires dʹindépendance
nationale).
Ce haut fait, visant à éliminer tout désordre, attira lʹattention et les compliments de Sextus
César, le Gouverneur de Syrie.
Par contre, ce même événement fut à lʹorigine dʹun affrontement entre Hérode et le
Sanhédrin, affrontement qui devait déterminer, par la suite, lʹeffacement quasi‐total de la
Haute Instance des Juifs, et amener les Sadducéens, comme les Pharisiens, à une sujétion
absolue, respectueuse et craintive, durant tout le règne tyrannique dʹHérode.
En effet, le jeune Gouverneur de Galilée, Hérode, avait fait, sur le champ, exécuter ce chef de
bande, Ezéchias, et tous ses hommes. Or, selon la Loi Juive, seul le Sanhédrin pouvait juger
et faire condamner à mort un coupable.
Les opposants aux Iduméens profitèrent de cet incident pour persuader Hyrcan II que la
famille dʹAntipater, en lʹoccurrence son fils Hérode, allait trop loin, et que Hyrcan II, sʹil ne
réagissait pas, finirait, lui‐même, sous les coups de cette famille dʹAntipater, qui ne reculerait
devant aucune intrigue, pour sʹemparer du Pouvoir total :
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 14 : 17 :
Ce discours persuada Hyrcan II, et les mères de ceux que Hérode avait fait
mettre à mort augmentèrent encore son ressentiment : car il ne se passait point
de jour où elles nʹallassent au Temple prier et se lamenter, ce qui amena le
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Peuple à exiger quʹHérode vint se faire juger devant le Sanhédrin pour cette
action criminelle. Aussitôt Hérode régla ses affaires en Galilée et partit pour
Jérusalem. Mais, au lieu de venir comme un accusé ordinaire, il se fit
accompagner, sur le conseil de son père, dʹautant de gens susceptibles de lʹaider
au cas où lʹon voudrait se saisir de lui, sans que toutefois leur nombre soit trop
élevé afin dʹéviter le risque de susciter lʹanimosité dʹHyrcan II.
Sextus César, Gouverneur de Syrie ne se contenta pas dʹécrire à Hyrcan II en
faveur dʹHérode : il lui demanda expressément de lʹabsoudre de toute
accusation, et menaça le Grand‐Prêtre de représailles Romaines sʹil
nʹobtempérait pas à cette injonction. Mais cet ordre était inutile car Hyrcan II
avait de lʹaffection pour Hérode comme sʹil se fût agi de son propre fils.
Quand Hérode se présenta, ainsi accompagné, devant ses Juges, ses accusateurs
furent si étonnés quʹil ne sʹen trouva pas un seul pour oser ouvrir la bouche en
vue de soutenir les accusations quʹils avaient exposées en son absence. Alors
Saméas, qui était dʹun homme de si grande vertu quʹil ne craignait pas de
sʹexprimer librement, se leva, et dit en sʹadressant à Hyrcan II et à lʹAssemblée :
ʺSeigneur, et Maîtres, qui êtes ici rassemblés pour juger cet accusé ! Qui a jamais
vu quʹun homme, convoqué pour venir se justifier dʹun crime, se soit présenté
de la sorte ? Il est impossible de sʹen remémorer un seul exemple. Tous les
accusés qui ont comparu jusquʹici devant cette Assemblée se sont présentés
avec humilité et crainte, vêtus de noir, les cheveux non coiffés et avec une
apparence destinée à nous émouvoir. Mais cet homme, au contraire, qui est
accusé dʹavoir commis plusieurs meurtres et qui devrait sʹévertuer à éviter un
châtiment, ose se présenter devant nous, vêtu de pourpre, ses cheveux bien
peignés, et accompagné dʹune troupe de gens armés, afin que, si nous le
condamnions selon nos Lois, il puisse se moquer de ces Lois et nous égorger
nous‐mêmes ! Je ne le blâme pas toutefois de se comporter ainsi puisquʹil sʹagit
pour lui de protéger sa vie dont il est évident quʹelle lui est plus chère que
lʹobservation de nos Lois. Mais je vous blâme, vous tous, ainsi que notre Grand‐
Prêtre, de le supporter de cette façon. Mais sachez, ajouta‐t‐il en les
apostrophant, que Dieu nʹest pas moins juste quʹil est puissant ; aussi, pour
vous en châtier, Dieu permettra que ce même Hérode, que vous préférez
aujourdʹhui absoudre, pour vous soumettre au voeu dʹHyrcan II, vous en
punira vous, un jour, et ensuite, Dieu, à son tour, lʹen punira également !ʺ
Ces dernières paroles furent une prédiction dont le temps fit connaître la vérité,
car lorsque Hérode fut couronné Roi, il fit effectivement périr tous les Juges de
lʹAssemblée, excepté ce Saméas...
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Hyrcan II, voyant que le sentiment des Juges penchait désormais vers une
condamnation, décida de remettre le Jugement au lendemain, et il fit savoir,
secrètement, à Hérode quʹil lui fallait prendre la fuite. Hérode se retira alors à
Damas, et, quand il fut en sûreté auprès de Sextus César, il déclara hautement
que si lʹon sʹavisait de le faire citer une nouvelle fois, il ne se présenterait pas
devant lʹAssemblée. Les Juges, irrités de cette déclaration, démontrèrent à
Hyrcan II que le dessein dʹHérode était de le renverser et quʹil ne pouvait plus
prétendre lʹignorer : Mais Hyrcan II était si lâche et si stupide quʹil ne savait à
quoi se résoudre.
Cependant Hérode obtint de Sextus César, en échange dʹune forte somme
dʹargent, dʹêtre nommé, par le Pouvoir Romain, Gouverneur de la Basse‐Syrie.
Alors Hyrcan II commença à trembler vraiment quʹHérode ne marchât contre
lui, car Hérode, pour se venger de ce que lʹon avait voulu le juger, se mit en
campagne avec une armée pour se rendre maître de Jérusalem. Et rien ne lʹen
empêcha que les instances de son père, Antipater, et de son frère, Phazaël, qui
lui représentèrent quʹil devait lui suffire dʹavoir fait trembler lʹAssemblée, sans
traiter, de surcroît, comme ennemis ceux qui ne lʹavaient point offensé, et quʹil
ne pourrait, sans ingratitude, prendre les armes contre Hyrcan II, à qui il était
redevable de son élévation et de sa grandeur présente...
‐3‐ César est assassiné à Rome, en 44 av. EC, par Brutus et Cassius.
Les Juifs de Rome, en particulier, exprimeront leur douleur lors des funérailles de ce
Dirigeant Romain qui leur avait été si favorable :
Suétone : Vies des douze Césars : 94 :
Une foule dʹétrangers prirent part à ces Funérailles Publiques (au cours
desquelles César est définitivement Divinisé par Décision du Sénat) et
sʹapprochèrent tour à tour du Bûcher, en manifestant leur douleur, chacun à la
manière de son Pays. On remarqua surtout les Juifs qui veillèrent même
plusieurs nuits de suite auprès de ses cendres.
Lʹun des meurtriers de César, Cassius, qui avait déjà dirigé la Syrie et la Judée avec lʹaide
dʹAntipater, revient dans cette partie du Monde Romain :
Aussitôt, avec leur habituel opportunisme et vivacité de réaction, Antipater et Hérode font
volte‐face, et se mettent à la disposition de lʹassassin de César, en vertu du nécessaire
réalisme en politique :
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Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 14 : 8 :
Après la mort de César, il sʹéleva une grande guerre civile entre les Romains. Et
les principaux Sénateurs allant de tous côtés pour rassembler des gens de
guerre, Cassius vint en Syrie... Il alla ensuite de ville en ville, rassembla des
armes et des soldats, et exigea de lourds tributs, principalement en Judée où il
exigea plus de sept cent talents dʹargent.
Antipater, entrevoyant lʹimminence dʹun trouble grave, ordonna à ses deux fils
de collecter une partie de cette somme ; et Malichus qui ne lʹaimait pas et
dʹautres furent chargés de collecter le reste.
Hérode, jugeant que la prudence le poussait à sʹengager aux côtés des Romains,
fût‐ce aux dépens des Juifs, fut le premier qui sʹacquitta de sa tache en Galilée,
et, par sa diligence, il se fit grandement apprécier de Cassius. Les autres
Gouverneurs nʹayant pas agi de même, Cassius en fut si irrité quʹil fit réduire en
esclavage les habitants de leurs villes, dont les quatre principales étaient Gosna,
Emmaüs, Lydda et Thamma...
‐4‐ La mort dʹAntipater, empoisonné par un ennemi, rapproche Hérode du
Pouvoir.
Cassius, meurtrier de César, est vaincu à Philippes, par Marc‐Antoine et Octave (le futur
Auguste).
Aussitôt, Hérode se précipite pour faire acte dʹallégeance à Marc‐Antoine, le nouveau Maître
de lʹOrient, qui accueille avec bienveillance le fils de son ancien allié, Antipater, en oubliant
lʹappui quʹHérode a pu fournir à Cassius.
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 14 : 22 :
Cassius, ayant été vaincu à Philippes par Marc‐Antoine et par Auguste, ce
dernier partit pour les Gaules, et Marc‐Antoine se rendit en Asie.
Lorsquʹil fut arrivé en Bythinie, des ambassades de différentes Nations vinrent
le trouver. Des Notables Juifs vinrent accuser devant lui Hérode et son frère
Phazaël, en déclarant que Hyrcan II nʹétait Roi quʹen apparence mais que
cʹétaient eux qui régnaient véritablement.
Hérode vint se justifier, et il gagna tellement Marc‐Antoine avec une très
grande somme dʹargent, que celui‐ci ne se contenta pas de le traiter avec
beaucoup dʹhonneur, mais il ne voulut même plus entendre ses accusateurs.
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A leur invitation, Hyrcan II et Phazaël, le frère dʹHérode, acceptent de se rendre dans le
camp des Parthes, alors quʹHérode, méfiant, refuse de se joindre à eux, et de quitter
Jérusalem, où il est retranché avec ses troupes. Hérode avait eu raison de se méfier, et
Hyrcan II et Phazaël sont désormais prisonniers des Parthes.
Hérode doit finalement sʹenfuir de Jérusalem avec ses partisans et leurs femmes. Hérode va
se réfugier dans lʹIdumée de ses ancêtres, en combattant particulièrement sur le site propice
du futur Hérodion, et en se mettant à lʹabri dans la forteresse de Massada.
Les Parthes peuvent alors sʹemparer de Jérusalem, quʹils pillent et saccagent ainsi que ses
environs, et Antigone devient Roi de Judée et Grand‐Prêtre.
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 14 : 24 :
Ainsi Antigone fut mis en possession de la Judée par le Roi des Parthes et on lui
remit Hyrcan II et Phazaël comme prisonniers. Antigone était mécontent de ce
que les femmes quʹil avait promises, outre lʹargent, de livrer au Roi des Parthes
avaient réussi à sʹenfuir. De peur que le Peuple ne songe à rétablir Hyrcan II
dans sa dignité, il lui fit couper les oreilles afin de le mettre dans lʹincapacité
dʹexercer la Grande‐Prêtrise parce que la Loi défend de conférer cet honneur à
ceux qui ont quelque défaut corporel que ce soit...
Comme Phazaël (frère d’Hérode) nʹappréhendait pas tant la mort à laquelle il
savait quʹon le destinait que la honte de la recevoir des mains de son ennemi; et
comme il ne pouvait se tuer lui‐même car il était enchaîné, il se fracassa la tête
contre une pierre.
‐6‐ Après le suicide de son frère aîné, Phazaël, Hérode est devenu le Chef de son
Clan. Il tente de trouver du secours et de lʹargent auprès du Roi des Arabes, mais il se fait
éconduire.
Hérode décide, alors, de se rendre à Alexandrie, dʹoù il entreprend, aussitôt, la traversée de
la Méditerranée, malgré les difficultés de la navigation en hiver, pour se rendre à Rome, et
solliciter lʹappui de Marc‐Antoine.
Et cette démarche, de la dernière chance, dépasse toutes les espérances quʹHérode pouvait
avoir conçues, car, il se trouve que, pour les Romains, tout doit être mis en oeuvre en vue de
combattre la menace Parthe et de la repousser.
Cʹest ainsi que Hérode peut, enfin, récolter les fruits du dévouement patient et incessant de
sa famille à la cause Romaine :
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En effet, Marc‐Antoine et Octave, fils adoptif de César et futur Auguste, avec lequel Marc‐
Antoine partage le pouvoir, décident, tous deux, de prendre le parti dʹHérode, dont ils
considèrent quʹil sera un Allié efficace pour repousser lʹinvasion Parthe.
Une grande partie des sources que Flavius Josèphe utilise, pour faire le récit de ce tournant
capital de lʹHistoire Juive, sont celles qui furent constituées par Nicolas de Damas :
Celui‐ci, après avoir été le tuteur des enfants de Cléopâtre, était devenu le Biographe officiel
dʹHérode et le rédacteur de ses Mémoires.
Lʹoeuvre de Nicolas de Damas a disparu, mais Flavius Josèphe en a préservé, ou adapté, de
nombreux passages, qui sont tous, évidemment, en faveur dʹHérode :
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 14 : 26 :
La compassion quʹeut Marc‐Antoine du malheur, où lʹinconstance de la fortune
prend plaisir à persécuter les plus grands hommes, et auquel était aujourdʹhui
réduit Hérode, le souvenir de la façon si efficace dont Antipater, son père,
lʹavait autrefois traité, la perspective de la somme dʹargent quʹHérode
promettait de lui verser sʹil le faisait devenir Roi, comme lorsquʹil lʹavait
précédemment nommé Tétrarque, et surtout sa haine contre Antigone, quʹil
regardait comme un comploteur et un ennemi déclaré des Romains, toutes ces
considérations firent que Marc‐Antoine décida dʹassister Hérode de tout son
pouvoir.
Et Auguste se joignit à lui, tant en considération de lʹamitié si particulière que
César avait eue pour Antipater, lorsque celui‐ci sʹétait porté à son secours lors
de la guerre dʹÉgypte, que par le désir de faire plaisir à Marc‐Antoine, quʹil
voyait embrasser avec tant dʹardeur la cause dʹHérode.
Aussi, ils assemblèrent le Sénat : Messala et Atratinus y introduisirent Hérode,
et ils exposèrent avec les plus grands éloges tous les services quʹAntipater et
Hérode avaient rendus au Peuple Romain. Ils ajoutèrent quʹAntigone, au
contraire, était non seulement un ennemi déclaré des Romains, comme en
attestaient ses actions passées, mais que, de plus, il leur témoignait tant de
mépris, quʹil osait défier les Romains en voulant recevoir la Couronne de Roi de
la main des Parthes. Ce discours irrita considérablement le Sénat contre
Antigone, et Marc‐Antoine ajouta que, dans la guerre menée par les Romains
contre les Parthes, il serait très avantageux pour eux dʹétablir Hérode, Roi de
Judée. Tous les Sénateurs se rangèrent à son avis, et lʹobligation quʹHérode en
eut à Marc‐Antoine est dʹautant plus grande quʹil nʹavait pas espéré pouvoir
obtenir une si grande faveur, car les Romains nʹaccordaient jamais la Couronne
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dʹun Royaume quʹà ceux qui étaient de Sang Royal. Cʹest, dʹailleurs pour cette
raison, que Hérode avait pensé initialement à demander la Couronne de Judée
pour le jeune Alexandre, frère de sa future épouse Mariamne, qui était, à la fois,
le petit‐ fils dʹAristobule II par son père, et petit fils dʹHyrcan II par sa mère.
Hérode le fera dʹailleurs mourir par la suite comme nous le verrons. On peut
ajouter que la gratitude dʹHérode pour Marc‐Antoine fut accrue dʹautant que
toute cette nomination dʹHérode fut réglée par les Romains en seulement sept
jours.
Au sortir du Sénat, Marc‐Antoine et Auguste menèrent en cérémonie, Hérode
entre eux deux, et, accompagnés des Consuls et des Sénateurs, jusquʹau
Capitole, où ils offrirent des Sacrifices aux Dieux, et où ils placèrent la Décision
du Sénat, nommant Hérode, Roi de Judée, dans un Coffre Sacré.
Cʹest ainsi que le règne du Roi des Juifs, qui devait par la suite faire construire le troisième
Temple du Dieu Unique à Jérusalem, fut inauguré, à Rome, par des Sacrifices Païens, offerts,
par Hérode, à tous les Dieux du Capitole.
‐7‐ Avec lʹappui des Légions Romaines, durant une campagne militaire qui va
durer trois ans, tant la résistance des partisans dʹAntigone sera âpre et désespérée, Hérode
va, progressivement, conquérir tout le Royaume de Judée ; et, finalement, il parvient à
Jérusalem, dont il entreprend un siège sans merci, qui se termine par un bain de sang :
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 14 : 27‐28 :
Trois années après avoir été proclamé Roi des Juifs dans Rome, ce grand
capitaine (Hérode) marcha sur Jérusalem, établit son camp près de la Ville, et
lʹassiégea. Il choisit lʹendroit qui lui sembla le plus propice pour un assaut, et il
sʹinstalla devant le Temple au nord, exactement comme lʹavait fait avant lui
Pompée (et comme le fera Titus).
Hérode fit élever, par un grand nombre de manoeuvres, trois plate‐formes ; il fit
bâtir des tours et abattre une grande quantité dʹarbres...
Hérode augmenta son armée ... dʹun renfort de trente mille hommes. Et Sosius
(Général Romain) qui lui avait envoyé une armée, composée de nombreux
éléments en infanterie comme en cavalerie, arriva, lui‐même, par la Phénicie.
Ainsi, on voyait arriver des Troupes de toutes parts pour participer à ce siège
de Jérusalem, et leur nombre se monta à onze Légions, six mille chevaux,
auxquels il fallait ajouter les troupes auxiliaires de Syrie.
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Les deux Chefs de ce siège, désormais célèbre, étaient Sosius envoyé par Marc‐
Antoine pour aider Hérode, et ce Prince (Hérode) qui faisait la guerre pour son
propre compte, afin dʹaffermir sa Couronne que lʹArrêt du Sénat lui avait
conférée, et dʹinfliger une défaite définitive à Antigone, qui avait été déclaré
ennemi du Peuple Romain...
La lutte est acharnée mais les Romains et leurs alliés, ainsi que les mercenaires et les Juifs,
partisans dʹHérode, finissent par triompher : ils sʹemparent du Temple, par un massacre
impitoyable :
Hérode, voyant que les assiégés sʹentêtaient plus que jamais à vouloir garder
Antigone comme Roi, redoubla dʹardeur pour sʹemparer de la place. Alors, on
vit bientôt, surgir de tous côtés, davantage encore, lʹimage odieuse de la mort,
parce que, dʹune part, les Romains enrageaient de ce que le siège durait si
longtemps, et que, dʹautre part, les partisans Juifs dʹHérode voulaient anéantir
totalement tous ceux de leur Peuple qui étaient restés fidèles à Antigone.
Ainsi, ils tuaient les Juifs assiégés, dans les rues, dans les maisons, ou lorsquʹils
tentaient de sʹenfuir hors du Temple. On ne faisait grâce ni aux vieillards, ni aux
enfants, et les femmes, elles‐mêmes, étaient massacrées également. Et, quoique
Hérode ordonnait quʹon les épargne, on nʹécoutait ni ses ordres, ni ses prières,
car les assiégeants étaient tellement ivres de fureur quʹils avaient perdu tout
sentiment dʹhumanité...
Hérode sʹefforce toutefois de préserver le Temple, et dʹarrêter les pillages afin de ne pas se
retrouver, en fin de compte, Roi dʹun Royaume anéanti :
Hérode sʹefforça dʹarrêter le pillage de la Ville, en déclarant fermement à Sosius
que si les Romains voulaient dépeupler Jérusalem de tous ses habitants et la
saccager entièrement, il sʹensuivrait quʹil aurait été nommé, en fait, Roi dʹun
désert. De plus, il ne voulait pas devoir serait‐ce lʹEmpire au prix du sang dʹun
si grand nombre de gens. Comme Sosius lui répondait quʹil était difficile de
refuser aux Soldats le pillage dʹune Ville quʹils avaient conquise, Hérode promit
de payer lui‐même ce que les Soldats pouvaient espérer dʹun tel pillage. Ainsi,
Hérode put épargner la Ville, et il tint avec magnificence sa promesse tant à
lʹégard des Soldats et des Officiers Romains quʹà lʹégard de Sosius quʹil traita
avec un soin particulier...
Sosius est proclamé Imperator par ses Légions à lʹoccasion de cette prise de Jérusalem.
Comme Antigone a été emmené prisonnier par Sosius, Hérode obtient, finalement, de Marc‐
Antoine, en lui envoyant une grande somme dʹargent, quʹAntigone, le Descendant légitime
des Macchabées, soit mis à mort.
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Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 15 : 1 :
Marc‐Antoine voulait garder Antigone pour lui servir dʹornement lors de son
Triomphe. Mais en voyant que les Juifs lui restaient fidèles et étaient prêts à se
rebeller de nouveau, à cause de la haine quʹils portaient à Hérode, il pensa que
le seul moyen de les forcer à obéir était de faire mourir Antigone. Ainsi, il le fit
décapiter à Antioche, et Strabon de Cappadoce en parle en ces termes :
ʺMarc‐Antoine fit trancher la tête dʹAntigone Roi des Juifs, à Antioche, et il fut
ainsi le premier des Romains qui fit mourir un Roi de la sorte, parce quʹil
pensait quʹil nʹy avait pas dʹautre moyen de forcer les Juifs à obéir à Hérode, qui
avait été proclamé Roi à sa place. En effet, les Juifs étaient si hostiles à Hérode,
et si en faveur dʹAntigone, que, même en étant soumis aux pires souffrances, ils
ne voulaient pas accepter Hérode comme Roi. Cʹest ce qui amena Marc‐Antoine
à utiliser un tel supplice, si honteux pour un Roi, afin dʹen ternir la mémoire, et
faire taire lʹaversion que les Juifs avaient pour Hérode.ʺ
Dion Cassius rapporte que la mise à mort, à Antioche, du dernier descendant des Grands‐
Prêtres Hasmonéens, issus des Macchabées, fut encore plus ignominieuse, et cette exécution
allait sʹinscrire durablement dans la mémoire du Peuple Juif :
Dion Cassius : Histoire Romaine : 49: 22 :
Marc‐Antoine chargea un certain Hérode de gouverner les Juifs, et il fit fouetter
Antigone quʹil avait fait attacher sur une croix ‐ châtiment quʹaucun autre Roi
nʹavait jamais subi de la part des Romains ‐ et après cela, il le fit mettre à mort.
‐8‐ En fait, Hérode, toute sa vie durant, nʹaura de cesse de faire complètement
disparaître le sang des Hasmonéens (Macchabées) jusques y compris sa propre femme et
leurs propres enfants, qui sont issus de la famille des Macchabées :
En effet, avant même le siège de Jérusalem, et en vue de consolider sa toute nouvelle
Couronne Juive, Hérode avait contracté un mariage qui lui confèrait une semi‐légitimité
Judaïque Royale, en lʹalliant à une descendante des Macchabées :
Bien quʹétant déjà marié à une femme non‐Juive de laquelle il a eu un fils, Hérode épousa, en
secondes noces de sa polygamie naissante, Mariamne, qui était, à la fois, descendante de la
branche cadette et de la branche aînée des Hasmonéens, puisquʹelle est la fille de lʹunion du
fils dʹAristobule II avec la fille dʹHyrcan II.
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Il se trouve que, pour Hérode, ce mariage dʹÉtat deviendra également un mariage
passionnel, dʹoù la folie ne sera pas absente, puisque Hérode, par la suite, fera assassiner
Mariamne, comme il fera assassiner, également, les deux fils quʹil aura eus dʹelle.
Hérode sera, dʹailleurs, constamment poussé dans cette folie meurtrière au sein de sa propre
famille, par les intrigues incessantes de sa soeur Salomé, qui nourrit une haine farouche
contre tous les Hasmonéens, et qui intriguera, tout au long du règne dʹHérode, pour que la
Couronne Royale Judaïque reste, exclusivement et définitivement, dans le seul Clan
Iduméen, issu dʹAntipater.
‐9‐ La Littérature Rabbinique est pratiquement muette sur lʹavènement dʹHérode et
sur son Règne, durant lequel, pourtant, fut construit le 3ème Temple, qui se trouve au coeur
de toute la Littérature Rabbinique.
Il faut dire que, sous le Règne dʹHérode, les Pharisiens, pas plus que les Sadducéens nʹeurent
aucune voix au chapitre Politique ou Juridique, et quʹils se contentaient dʹentériner, dans un
silence effrayé, les Décisions du Despote.
Lʹun des premiers actes du Roi Hérode avait été de faire mourir tous les Partisans Juifs
dʹAntigone, dont faisaient partie une grande majorité des membres du Sanhédrin :
Et Hérode veilla désormais à ne nommer, dans ce Sanhédrin, que des hommes liges ou des
personnages, extrêmement prudents, dociles et effacés sur le plan Politique :
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 15 : 1 :
Il ne se passait pas de jour où Hérode ne faisait mourir ceux qui avaient suivi le
parti dʹAntigone. Pollion le Pharisien et Sameas son disciple, furent les seuls
quʹil épargna pour les récompenser de ce que, durant le siège de la Ville, ils
avaient conseillé aux assiégés de négocier avec lui. Or, ce Pollion (Sameas) était
justement celui qui, lorsque lʹon avait voulu juger et condamner le jeune
Hérode, avait prédit à Hyrcan II et aux Juges que, si on ne le condamnait pas, ce
même Hérode ferait mourir tous les membres de leur Assemblée : et Dieu
montra, par la suite, que cette Prophétie fut totalement accomplie.
Parmi les rares Textes Rabbiniques qui font allusion au règne dʹHérode, lʹun se rapporte à sa
passion démentielle et meurtrière pour Mariamne, la malheureuse descendante de la famille
sacerdotale des Hasmonéens :
Comme à lʹaccoutumée dans la Littérature Rabbinique, lʹanecdote doit y être décryptée, au
travers de la Légende, pour retrouver son interprétation historique.
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En tout cas, ce récit permet de prendre la mesure du peu de degré de légitimité que les
Instances Rabbiniques, lors du règne dʹHérode, avaient pu allouer à cet Iduméen, Roi des
Juifs, imposé par les Romains :
Talmud de Babylone : Ordre Neziqin : Traité Baba Bathra : 3b :
Hérode, lʹesclave de la famille Hasmonéenne, avait jeté les yeux sur la petite
fille de cette Maison (Mariamne). Un jour il entendit une voix mystérieuse qui
lui soufflait: ʺLʹesclave qui se rebellera aujourdʹhui réussira.ʺ Aussitôt Hérode
se leva, égorgea tous ses Maîtres et ne laissa en vie que cette jeune fille.
Celle‐ci, sʹapercevant quʹil voulait la prendre, monta sur le toit en sʹécriant :
ʺQuiconque prétend descendre de la famille des Hasmonéens nʹest quʹun
esclave, car il ne reste de cette famille quʹune jeune fille, et moi, qui suis cette
jeune fille, je me jette de ce toit à terre (pour mourir).ʺ
Hérode conserva son corps durant sept ans dans du miel (censé embaumer le
corps et le préserver de la putréfaction).
Des Docteurs de la Loi soutiennent quʹHérode la conserva ainsi dans du miel
afin de pouvoir la prendre, et continuer dʹassouvir sa passion sur elle.
Dʹautres Docteurs de la Loi soutiennent quʹil la préserva dans du miel afin de
continuer de faire accroire quʹil était toujours lʹépoux de la fille dʹun Roi
(Hasmonéen).
Puis Hérode demanda :
ʺQui a enseigné ce Verset : Dʹentre tes frères, tu te choisiras un Roi. (Deutéronome
17/15). (Hérode nʹétant pas Juif ne peut donc être Roi)
‐ Les Docteurs de la Loi. (lui fut‐il répondu).
Hérode fit, alors, égorger tous les Docteurs de la Loi, excepté Baba ben Buta,
afin de le garder comme Conseiller ; mais néanmoins il lui fit crever les yeux.
Cette Tradition Rabbinique, si elle nʹa pas pour vertu lʹexactitude historique, rend
néanmoins compte du jugement, qui était porté, vraisemblablement, sur Hérode, par les
membres du Sanhédrin et par les Rabbins.
En effet, Deutéronome : 17 : 15 indique explicitement les conditions à remplir pour pouvoir
être le Roi des Juifs :
Deutéronome : 17 : 15 :
ʺCe sera un Israélite. Vous nʹaccepterez pas, comme Roi, un étranger, quelquʹun
qui nʹest pas de votre Peuple.ʺ
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Aussi, à travers cette anecdote Aggadique des Rabbins, il apparaîtrait que, pour les
contemporains dʹHérode, celui‐ci était considéré par les Juifs, en tant quʹIduméen, comme un
ʺdescendant dʹesclaveʺ, un ʺétrangerʺ, et surtout comme un ʺnon‐Juifʺ.
Et cʹest ce ʺdescendant dʹesclaveʺ, cet ʺétrangerʺ, ce ʺnon‐Juifʺ, qui va construire le 3ème
Temple de Jérusalem qui va hanter et vivifier toute cette Littérature Rabbinique.
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15/ Le Règne dʹHérode
40 ‐ 4 av.EC
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‐1‐ Tout le règne dʹHérode va être tendu vers sa dévotion au Maître Romain, et
vers la maîtrise du Pouvoir Absolu, cʹest à dire, par voie de conséquence, vers lʹélimination
de tous les Hasmonéens, et vers la prise du contrôle du Temple, au travers du Grand‐Prêtre,
qui sera toujours nommé par Hérode et qui devra, toujours et avant tout, être au service
dʹHérode.
Cʹest ainsi que Hérode fera mourir successivement les Hasmonéens, Aristobule, jeune frère
de sa femme Mariamne, puis Hyrcan II qui, bien que mutilé et ne pouvant prétendre à la
Grande Prêtrise, suscite toujours la dévotion dʹune partie de lʹopinion publique.
Pour chacun de ces meurtres, Hérode, utilisera, chaque fois, une même stratégie
dʹhypocrisie, afin de dissimuler sa véritable nature, et ne pas éveiller les soupçons, ni de sa
future victime ni du Peuple Juif.
Pour ce qui concerne Hyrcan II, qui était toujours prisonnier des Parthes, Hérode paie une
rançon, officiellement pour le faire libérer, en fait, pour le tenir à sa merci et le faire mourir
au moment propice :
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 15 ::2 :
Hyrcan II fut donc mis en liberté par le Roi des Parthes, et les Juifs de Babylone
lui fournirent lʹargent nécessaire pour son voyage. Hérode le traita avec tant
dʹhonneur quʹil lui donnait toujours le premier rang dans les assemblées et dans
les festins, lʹappelait ʺpèreʺ, et nʹoubliait rien de tout ce qui pouvait ôter le
soupçon de la trahison quʹil avait décidé de lui faire, parce quʹil voulait, à
quelque prix que ce fut, sʹassurer la sécurité de la Couronne Royale et affermir
davantage son autorité...
La crainte quʹavait Hérode quʹune personne de grande naissance (légitime)
puisse postuler à la Grande‐Prêtrise le poussa à faire venir de Babylone un
Prêtre nommé Ananel qui était dʹune famille des plus obscures, et il le nomma
Grand‐Prêtre.
Cʹest dans ces circonstances que Mariamne et sa mère, Alexandra, intriguèrent en sollicitant
lʹappui de Cléopâtre, et en lui demandant dʹintervenir auprès de Marc‐Antoine, son amant
puis époux, afin de faire nommer Grand‐Prêtre, le frère de Mariamne, Aristobule, qui a seize
ans et qui est donc un descendant légitime des Hasmonéens.
Aristobule était très beau, comme sa soeur Mariamne, et cette beauté va permettre à
lʹintrigue de réussir dans un premier temps : En effet, Marc‐Antoine est voluptueux et très
friand de beauté sensuelle, et on lui fait donc parvenir les portraits de Mariamne et
dʹAristobule.
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Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 15 :2 :
Marc‐Antoine jugea quʹil ne serait pas honnête de sa part de forcer un Roi ami
de lui envoyer sa propre femme, et il craignait également de provoquer la
jalousie de Cléopâtre en faisant venir Mariamne. Aussi, il se contenta dʹécrire à
Hérode quʹil le priait de lui envoyer Aristobule sous un prétexte honnête, et il
ajouta : à condition que cela ne lui fit pas de peine.
Hérode pensa quʹil nʹétait pas recommandé dʹenvoyer un garçon de la
naissance, de la beauté et de lʹâge dʹAristobule, qui nʹavait alors que seize ans, à
un homme au faite de la puissance comme Marc‐Antoine et qui, étant le plus
voluptueux des Romains, profitait pleinement de son pouvoir pour ne rien
refuser à la satisfaction de ses plaisirs. Aussi Hérode répondit à Marc‐Antoine
quʹAristobule ne pouvait sortir de Judée sans provoquer une guerre, à cause de
lʹespérance que les Juifs mettraient en une possibilité de changement dès lors
quʹAristobule se trouverait (en sécurité) dans un autre pays.
Soumis à cette pression indirecte en faveur dʹAristobule, Hérode se résout, alors, à le
nommer Grand‐Prêtre, et il destitue, sans ménagement, Ananel.
De fait, cette nomination forcée va entraîner rapidement la perte dʹAristobule :
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 15 : 1 :
Quand le jeune prince (Hasmonéen), qui nʹavait alors que dix sept ans, monta à
lʹAutel, revêtu de la tenue de Grand‐Prêtre, pour offrir des Sacrifices à Dieu,
selon le Cérémonial ordonné par la Loi, sa beauté si extraordinaire et la
grandeur de sa taille qui surpassait de beaucoup celle habituelle de son âge,
firent éclater de telle sorte en sa personne la majesté de sa race quʹil attira
aussitôt les regards et lʹaffection de toute la multitude du Peuple.
Sa vision réveilla dans leur esprit le souvenir des grandes actions dʹAristobule
II, son aïeul. Ils ne purent cacher leur joie : aussi, leurs acclamations et leurs
voeux pour ce jeune Prince sʹaffichèrent avec une telle évidence que lʹautorité
jalouse dʹHérode en fut ulcérée.
Cette démonstration si frappante que le Peuple lui fit de sa préférence pour
Aristobule et de son ressentiment pour sa propre personne, irrita si fort Hérode
quʹil se résolut aussitôt à ne pas différer davantage dʹexécuter le plan quʹil avait
conçu (dʹéliminer le jeune Aristobule).
Aussi, les Cérémonies étant terminées, Hérode se rendit à un Festin auquel
lʹavait convié Alexandra à Jéricho. Là, comme sʹil voulait honorer Aristobule, il
feignit de sʹintéresser aux divertissements propres aux jeunes gens de cet âge. Il
lʹattira en un lieu propice à son dessein : car comme la chaleur y était très
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grande, ces jeunes gens furent bientôt fatigués de jouer, et, pour se reposer et
prendre le frais, ils se rendirent auprès de piscines, où ils sʹamusaient à regarder
certains de leurs compagnons et serviteurs qui sʹy baignaient. Hérode
encouragea Aristobule à se baigner également avec eux, et alors, ceux
quʹHérode avait recrutés pour ce complot plongèrent également, et firent
plonger Aristobule, comme sʹil sʹagissait dʹun jeu. Mais, en fait, ils
sʹaccrochèrent à lui et le maintinrent de force sous lʹeau jusquʹà ce quʹil fut noyé.
Telle fut la fin déplorable dʹAristobule qui nʹétait âgé que de dix‐huit ans et qui
nʹavait été Grand‐Prêtre quʹune année.
Hérode, aussitôt après, re‐nomma Ananel, Grand‐Prêtre...
Quant à Hérode, il nʹy avait point assez de soin quʹil ne prît pour persuader tout
le monde quʹil nʹavait rien à voir avec cette mort.
Et ce nʹétait pas seulement par les paroles quʹil essayait de persuader de sa
douleur : il y ajoutait des larmes, et des vraies larmes qui paraissaient si
naturelles quʹelles pouvaient passer pour véritables...
Il nʹépargna aucune dépense pour faire de superbes funérailles à Aristobule, et
si la douleur des Princesses (mère et soeur dʹAristobule) eût pu être adoucie par
des démonstrations extérieures dʹaffection, elle aurait dû lʹêtre par la quantité
de précieux parfums quʹil fit brûler sur son tombeau et par les ornements dont
il lʹenrichit avec une munificence toute royale.
Hyrcan II sera également mis à mort par Hérode, le moment venu, malgré son grand âge (80
ans), malgré sa mutilation des oreilles qui le rendent inapte à occuper les fonctions de
Grand‐Prêtre, et malgré tous les bienfaits dont il nʹa cessé de combler, dʹabord Antipater,
puis Hérode.
‐2‐ Marc‐Antoine, Maître de lʹOrient, a fini par épouser selon le rite oriental,
lʹancienne maîtresse de César, Cléopâtre, dont Marc‐Antoine avait eu auparavant deux
jumeaux. Puis, ils ont un fils légitimé quʹon appelle Ptolémée Philadelphe, en vue de
perpétuer la succession des Ptolémée.
Comme, de plus, Cléopâtre avait eu un fils de César, appelé Césarion, et comme Marc‐
Antoine faisait célébrer ses Triomphes dans Alexandrie, les Romains voient, avec inquiétude
et colère, un Pouvoir Dynastique Oriental se mettre en place dans la Capitale culturelle de la
Méditerranée méridionale, qui se pose désormais en rivale de la Puissance de Rome.
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En outre, la femme légitime de Marc‐Antoine, selon le droit Romain, Octavie, qui est soeur
dʹOctavien, lʹautre Maître du futur Empire Romain, est publiquement bafouée par cette
liaison spectaculaire de Marc‐Antoine et de Cléopâtre.
Or, effectivement, lʹappétit et lʹambition de Cléopâtre sont insatiables, et elle demande sans
cesse à son nouvel amant, puis époux, des Territoires supplémentaires afin de restaurer la
splendeur passée des Ptolémée.
Cʹest ainsi que Cléopâtre réclame entre autres, la Syrie et la Palestine, et quʹelle veut devenir
Reine de Judée.
Marc‐Antoine finit par lui céder, entre autres, la Région de Jéricho et Jamnia, mais il sʹentête
à conserver à Hérode la Judée, car il a pu apprécier lʹefficacité de la poigne de fer de son ami,
dont il sait quʹil aura toujours lʹénergie, à la fois, pour maîtriser, avec la vigueur nécessaire,
les Juifs turbulents ou révoltés, et, par son talent militaire, pour maintenir en bon ordre les
frontières avec les Arabes et autres voisins rebelles.
La confrontation inévitable entre Marc‐Antoine et Octavien se déroule à Actium, et
débouche sur la victoire définitive dʹOctavien (31 av. EC).
Octavien devient, alors, le seul Maître du Monde sous le nom dʹAuguste.
Et comme son père qui lʹavait adopté, César, a été divinisé après sa mort, Auguste se fera
appeler ʺDivi Filiusʺ, Fils du Dieu (César).
‐3‐ Au cours du déroulement de ces événements cruciaux, qui sont en train de
changer la face du Monde, cʹest, paradoxalement, lʹavidité de Cléopâtre qui va sauver
Hérode, et lʹempêcher de prendre trop ouvertement le parti de Marc‐Antoine par les armes,
et, par conséquent, de partager sa défaite à Actium devant Octavien, le futur Auguste :
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 15 : 5‐6 :
Quant aux Territoires que Marc‐Antoine avait donné en propriété à Cléopâtre
(dont Jéricho), Hérode en payait le loyer avec exactitude à cette Princesse, car il
savait à quel point il était important que Cléopâtre nʹait pas de sujet de le haïr.
Mais à partir du moment où il fut de la responsabilité dʹHérode de prélever les
impôts dans ces Territoires, les Arabes lui payèrent durant un temps deux cents
talents par an mais rapidement ils cessèrent leurs paiements.
Hérode, dont lʹautorité ne pouvait tolérer ce refus et cette désobéissance, se
préparait à entrer avec ses armées dans les Pays Arabes, lorsquʹune grande
guerre civile éclata entre les Romains pour déterminer qui, de Marc‐Antoine ou
dʹOctavien, deviendrait le seul Maître du Monde.
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La bataille dʹActium, donnée en la 87ème Olympiade, fit définitivement
pencher la balance en faveur dʹAuguste.
Or, comme le Roi des Juifs était lʹobligé de Marc‐Antoine, et que la jouissance
durant un long temps dʹun Pays si abondant en pâturages et en bétail, outre
plusieurs autres grandes richesses, avait rendu Hérode extrêmement riche, il
avait préparé dʹimposantes forces militaires pour les amener en renfort à Marc‐
Antoine. Mais celui‐ci lui avait fait savoir quʹil nʹen avait pas besoin, et, ayant
appris dʹHérode et de Cléopâtre la perfidie des Arabes, il préférait quʹHérode
marchât avec son armée contre eux. En fait, Cléopâtre qui, de par sa convoitise,
était bien aise que les Juifs et les Arabes se combattent et sʹaffaiblissent
mutuellement, fut la cause de cette réponse de Marc‐Antoine à lʹoffre dʹHérode.
Lʹaction de Cléopâtre, qui avait des vues sur les Territoires des Juifs et des Arabes, offre donc
à Hérode la chance de ne pas participer à la bataille cruciale qui oppose Marc‐Antoine à
Auguste.
Ce coup du Destin va permettre à Hérode, selon sa stratégie habituelle de la volte‐face
immédiate, de se rallier, précipitamment, à Auguste, après la victoire de celui‐ci.
En effet, après la défaite de Marc‐Antoine, Hérode décide, aussitôt, dʹaller proposer ses
services à Auguste, afin dʹaffronter, sans tarder, sa Destinée face à face.
Mais avant de quitter la Judée, Hérode prend ses dispositions pour le cas où son voyage
finirait mal, et où il serait condamné à mort par Auguste, pour avoir été lʹallié de Marc‐
Antoine. En premier lieu, il fait étrangler le dernier descendant mâle des Hasmonéens,
Hyrcan II, âgé de 80 ans.
Et, pour les descendantes des Hasmonéens, cʹest à dire sa propre femme Mariamne, et la
mère de celle‐ci, Alexandra, Hérode les fait placer ʺen sécuritéʺ dans la forteresse
dʹAlexandrion, et il donne lʹordre de les faire périr, si lui‐même devait être mis à mort par
Auguste.
‐4‐ Le tournant décisif du Destin dʹHérode, du Peuple Juif et du Temple, se joue,
quasiment comme dans une pièce de théâtre, devant Auguste :
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 15 : 10 :
Lorsque Hérode eut (ainsi) mis en ordre ses affaires, il sʹembarqua pour aller à
Rhodes trouver Auguste. Il parut devant lui avec tous les ornements de la
Dignité Royale, excepté sa Couronne, et, jamais, il ne fit paraître plus de coeur
que lors du discours quʹil lui tint :
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Car, au lieu de le supplier et dʹemployer de lâches excuses pour solliciter son
pardon, comme lʹon a coutume de le faire, dans le cas de tels bouleversements
de fortune, il assuma pleinement sa conduite sans montrer la moindre crainte. Il
avoua quʹil ne pouvait avoir eu plus dʹaffection quʹil nʹen avait eu pour Marc‐
Antoine, quʹil sʹétait employé de tout son pouvoir à lʹaider à conserver lʹEmpire
du Monde ; que sʹil nʹeût point alors été occupé contre les Arabes, il aurait joint
ses armées à celles de Marc‐Antoine ; que sa guerre avec les Arabes lʹen ayant
empêché, il lui avait néanmoins fait parvenir du blé et de lʹargent ; quʹil aurait
aimé pouvoir faire davantage, et offrir non seulement ses biens mais sa vie
même pour un ami et un bienfaiteur tel quʹavait toujours été pour lui Marc‐
Antoine ; quʹau moins on ne pouvait lui reprocher de lʹavoir abandonné après la
défaite dʹActium, ni que le changement de sa fortune lui eût fait modifier sa
conduite pour embrasser dʹautres intérêts et rechercher dʹautres voies pour
accomplir ses espérances.
ʺCar, ajouta Hérode, lorsque je vis que je nʹétais pas en mesure de lʹassister de
mes troupes et de ma personne, je lui donnais un conseil qui aurait empêché sa
défaite sʹil lʹavait suivi : cʹétait celui de faire mourir Cléopâtre, de sʹemparer de
son Royaume et de se mettre par ce moyen en état de faire une paix
avantageuse avec vous. Il ne tint pas compte de mon conseil, et travailla ainsi à
lʹaccroissement de votre fortune au lieu de veiller à conserver la sienne. Si votre
haine pour lui vous fait condamner mon affection, je nʹen continuerai pas moins
de lʹavouer, et rien ne pourra mʹempêcher de proclamer combien grande était
ma passion pour Marc‐Antoine et ma fidélité pour ses intérêts.
Mais si, sans tenir compte de ce qui sʹest passé entre lui et moi, vous voulez bien
considérer quel genre dʹami je peux être, et à quel degré peut monter ma
reconnaissance pour mes Bienfaiteurs, vous pourrez me mettre à lʹépreuve : il
nʹy aura quʹà changer les noms, et lʹon pourra constater la même amitié fidèle et
digne des mêmes louanges.ʺ
Hérode, en prononçant ces paroles fit paraître une telle grandeur de courage
que, comme Auguste était extrêmement généreux, il en fut si touché que ce Roi
des Juifs nʹévita pas seulement le péril dont il était menacé, mais il gagna son
amitié par sa manière si noble de se justifier et de se défendre.
Aussi, Auguste lui fit reprendre sa Couronne, lʹexhorta à nʹêtre pas moins son
ami quʹil lʹavait été de Marc‐Antoine, et le traita avec le plus grand des
honneurs...
Et, pour lui donner une preuve de son amitié, il le fit confirmer Roi par un Arrêt
du Sénat lui reconnaissant la Propriété de son Royaume.
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Hérode, comblé de tant de grâces qui surpassaient de beaucoup toutes ses
espérances, accompagna Auguste en Égypte, et lui fit, ainsi quʹà tous ceux qui
étaient bien en Cour, des présents si magnifiques quʹils allaient même au delà
de ses possibilités... Lorsque Auguste passa de Syrie en Égypte, Hérode ne se
contenta pas de le recevoir dans Ptolemais avec une magnificence incroyable,
mais il fournit toute lʹArmée dʹAuguste avec des vivres en abondance ; aussi
une si généreuse manière dʹagir lui valut tant de familiarité auprès de ce grand
Empereur, que lorsquʹil allait à cheval, Auguste le faisait chevaucher à ses côtés.
Hérode choisit cent cinquante de ceux en qui il avait le plus confiance pour
servir Auguste et ses amis avec tout le luxe et la politesse imaginables. Et
lorsque lʹArmée Romaine se trouva obligée de passer par des lieux si arides
quʹil ne sʹy trouvait aucune eau, la prévoyance dʹHérode et ses soins efficaces
firent que lʹarmée ne manqua jamais de rien, et quʹelle eut même du vin. De
plus, Hérode offrit à Auguste huit cents talents, et tous les Romains furent si
satisfaits de lui quʹils reconnaissaient que sa grandeur dʹâme lʹélevait
amplement au dessus de sa Couronne Royale.
Ainsi, ces circonstances et la manière dont il traita tous les Grands de lʹEmpire
Romain, lors de leur voyage vers lʹÉgypte, lui acquirent une si haute estime
dans lʹesprit dʹAuguste et des Romains de la Cour quʹils ne se lassaient pas de
raconter que nul autre ne le surpassait en magnificence et en générosité.
Cléopâtre sʹétant donnée la mort après le suicide de Marc‐Antoine en Alexandrie, Auguste
permet à Hérode de récupérer des Territoires qui agrandissent son Royaume, dont, entre
autres, Jéricho, Jamnia et dʹautres villes de la côte méditerranéenne, ainsi que la Samarie.
‐5‐ A partir de cet instant, et jusquʹà la fin de sa vie, Hérode va toujours fidèlement
tout mettre en oeuvre pour complaire aux désirs et aux vues du Fondateur de lʹEmpire
Romain :
Auguste attend de ses Rois vassaux et clients quʹils maintiennent lʹordre dans leurs
Territoires, quʹils assurent la sécurité des marches de lʹEmpire, quʹils fassent rentrer
régulièrement les impôts, quʹils fassent régner la Pax Romana, quʹils veillent à ce que les
Peuples vassaux se soumettent aux moeurs et règles des Romains, et, surtout, que ces
Souverains vassaux et leurs Peuples, à tous égards, manifestent constamment, et dʹune façon
éclatante, lʹobéissance, la dévotion et le respect dûs à lʹEmpereur Romain Divin, seul Maître
du Monde.
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La politique dʹHérode va répondre en tous points, et bien au delà, aux attentes dʹAuguste, et
à ces principes de Gouvernement.
Hérode fut certainement lʹun des plus ardents Rois‐Vassaux à promouvoir, à travers
lʹEmpire, le Culte Divin dʹAuguste, même si ce Culte ne pouvait officiellement être rendu à
Auguste de son vivant, ce qui était vrai, en partie, à Rome et dans certaines Provinces
voisines, mais non à travers le vaste Empire.
En effet, Hérode, outre ses talents politiques, économiques et militaires, était également doté
dʹun génie de Bâtisseur. Aussi, Hérode veilla à ce que toutes ses constructions, non
seulement rendent un hommage constant à lʹEmpire Romain, et deviennent des Lieux de
Culte de lʹEmpereur Divin, mais, de surcroît, que ses créations architecturales puissent
rivaliser en magnificence avec les réalisations Romaines, et puissent, pour ainsi dire, en
constituer le pendant oriental, des plus exemplaires et des plus spectaculaires.
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : I : 407 :
Il nʹy eut pas dans son Royaume un lieu approprié où Hérode ne fit ériger
quelque marque dʹhommage à Auguste César :
Après avoir rempli de Temples dédiés à Auguste son propre Territoire, il fit
déborder sur toutes les Provinces Orientales de Rome sa dévotion à lʹEmpereur,
et il fonda des Temples consacrés à Auguste dans de nombreuses Cités.
Pour ce qui concerne la Ville de Jérusalem, Hérode introduisit le Culte de lʹEmpereur aux
travers des Jeux Actiaques, qui célébraient le Jour anniversaire de la Victoire dʹActium, alors
même que, paradoxalement, la Citadelle quʹHérode avait fait bâtir pour dominer le Temple
des Juifs, avait été appelée Antonia, en mémoire du vaincu de cette même bataille dʹActium.
Avec lʹorganisation de ces Jeux Actiaques, Hérode reprenait, de façon spectaculaire,
lʹentreprise dʹHellénisation tentée par les Souverains Séleucides, et Hérode réussit à imposer
à une grande partie de la population ces nouvelles moeurs qui allaient à lʹencontre de la Loi
Juive :
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 15 :11 :
Hérode disposant ainsi dʹun Pouvoir absolu et de la pleine liberté de faire tout
ce quʹil voulait, ne craignit pas de sʹéloigner de plus en plus de la conduite de
nos Pères. Hérode abolit nos anciennes Règles de vie qui auraient dû lui être
inviolables, pour en introduire de nouvelles, et il apporta ainsi un étrange
changement dans la discipline qui retenait le Peuple dans son Devoir Ancestral:
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Hérode commença par établir des Jeux de luttes et de courses, qui se tenaient
tous les cinq ans en lʹhonneur dʹAuguste, et il fit bâtir, dans ce but, un Théâtre
dans Jérusalem, ainsi quʹun grand Amphithéâtre aux murs de la Ville.
Ces deux Édifices étaient superbes, mais tout à fait contraires à nos moeurs qui
ne nous permettent pas dʹassister à de tels spectacles. Comme il voulait rendre
ces Jeux très célèbres, il les fit publier non seulement dans les Provinces voisines
mais aussi dans les Contrées les plus éloignées avec promesses de grandes
récompenses pour ceux qui y remporteraient la victoire.
On vit aussitôt affluer à Jérusalem, de tous côtés, ceux qui excellaient à la lutte
et à la course, des musiciens qui jouaient de toutes sortes dʹinstruments, des
hommes exercés à courir avec des chars, les uns attelés de deux chevaux, les
autres de trois, les autres de quatre, et dʹautres qui couraient montés sur des
chevaux extrêmement rapides. On ne pouvait rien ajouter à la magnificence et
aux soins dont usait Hérode pour rendre tous ces Spectacles les plus beaux et
les plus agréables du monde.
Le Théâtre était décoré dʹInscriptions à la Gloire dʹAuguste et de Trophées des
Nations que lʹEmpereur Romain avait vaincues. Ce nʹétait partout quʹor et
argent, que riches vêtements, que pierres précieuses.
Hérode fit aussi venir de toutes parts des bêtes sauvages, comme des lions et
autres animaux dont la force extraordinaire ou la forme inattendue procure de
lʹétonnement. Il les faisait combattre tantôt les unes contre les autres, et tantôt
contre des hommes condamnés à mort.
Ces spectacles procuraient plaisir et admiration aux étrangers ; mais les Juifs les
considéraient comme une agression à leurs Lois et comme une corruption des
Règles de leurs Ancêtres. Rien ne leur paraissait plus impie que dʹexposer des
hommes à la fureur dʹanimaux sauvages, par recherche dʹun plaisir si cruel, et
dʹabandonner ainsi les saintes coutumes Ancestrales pour embrasser celles des
Nations idolâtres.
‐6‐ Si Hérode nʹose pas ériger un Temple au Dieu Auguste dans la Ville‐même de
Jérusalem, il va toutefois biaiser, lors de la reconstruction du Temple des Juifs quʹil
entreprend durant son règne.
En effet, Hérode, après avoir démoli le second Temple qui avait été reconstruit par les Juifs à
leur retour dʹexil de Babylone, va transformer radicalement le plan de lʹÉdifice en lui
conférant une façade Gréco‐Romaine.
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Après sʹêtre exprimé de la sorte, ils moururent avec le même courage malgré les
tortures quʹon leur fit subir.
La haine que les gens du Peuple conçurent pour leur dénonciateur fut si grande
quʹils ne se contentèrent pas de le tuer ; ils le mirent en pièces et le donnèrent à
manger aux chiens sans quʹaucun des Juifs, témoins de cette exécution,
nʹaccusât personne. Mais Hérode, après une recherche tenace et implacable,
parvint à découvrir les auteurs de cette exécution, en faisant torturer des
femmes qui finirent par révéler leur identité.
Hérode les fit, alors, tous mourir avec leurs familles, et voyant que le Peuple
sʹaffermissait de plus en plus dans la résolution de défendre ses coutumes et ses
Lois, et que cela pourrait le porter à se révolter, si Hérode nʹemployait pour les
prévenir et les réprimer de plus puissants moyens, il résolut dʹy pourvoir :
A cet effet, outre les deux Citadelles qui se trouvaient à Jérusalem, à savoir
lʹune, le Palais Royal où il résidait, et lʹautre, Antonia qui était près du Temple,
Hérode fit fortifier la Samarie, parce que, nʹétant éloignée de Jérusalem que
dʹune journée, des forteresses dans cette région pouvait empêcher des séditions,
aussi bien à la campagne que dans la Ville. Il fortifia aussi tellement la Tour de
Straton, quʹil nomma Césarée, quʹelle semblait commander tout le pays...
Toutes les places‐fortes et les forteresses, sʹajoutant à Hérodion, Massada, et de nombreuses
autres, tissent un réseau sans faille de surveillance de la Population.
Et, partout, Hérode met en oeuvre ses talents dʹorganisateur et de Bâtisseur, et partout il fait
édifier des Temples dédiés au Divin Auguste :
15 : 11 :
Toutes ces forteresses, disposées dans des endroits stratégiques du Royaume
furent pourvues de garnisons propres à mater la moindre sédition éventuelle.
De cette façon, Hérode ôta au Peuple Juif, si porté à la contestation; toute
possibilité de se soulever, car, à la moindre alerte, les Responsables du maintien
de lʹordre intervenaient immédiatement et étouffaient dans lʹoeuf toute velléité
de rébellion.
Comme il souhaitait rétablir la ville de Samarie que son site rendait forte car elle
était située au sommet dʹune colline, et quʹil souhaitait y bâtir un Temple (Païen
dédié à Auguste). Hérode y installa un grand corps, tant de troupes étrangères
que des Provinces voisines, changea son nom en Sébaste (Auguste),...
lʹenvironna de fortes murailles, et accrut tellement son enceinte quʹelle était de
vingt stades. Hérode la rendit ainsi comparable aux plus grandes villes. Il fit en
son milieu une place si vaste quʹelle contenait un stade et demi, et il y bâtit un
Temple superbe.
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Il continua toujours à travailler afin de rendre cette Ville célèbre en tous points,
car il considérait la force nécessaire à sa sécurité, et la beauté comme un
monument devant attester de sa grandeur et de sa magnificence, car ses
constructions étaient appelées à conserver la mémoire de son nom pour les
siècles à venir.
15 : 13 :
On voyait autour du Port (de Césarée) une rangée de maisons dont les pierres
étaient particulièrement bien taillées ; et lʹon bâtit, sur une colline qui est au
milieu, le Temple consacré à Auguste. Ceux qui naviguent peuvent lʹapercevoir
de très loin : il y a, là, deux Statues, lʹune de Rome, et lʹautre de lʹEmpereur, en
lʹhonneur duquel Hérode donna le nom de Césarée à cette Ville, non moins
admirable par la richesse de ses matériaux que par la magnificence de ses
ornements.
On fit sous la terre de longues voûtes, également distantes les unes des autres,
et qui débouchaient toutes dans la mer : et il y en avait une qui se raccordait à
toutes ces voûtes pour y déverser les eaux de pluie et les immondices de la ville,
et même, recevoir, en sens inverse, les eaux de la mer qui pouvaient refluer
lorsque celle‐ci était agitée, ce qui permettait, alors, de laver, par ce moyen, la
plupart des rues.
‐7‐ La tyrannie Hérodienne qui maintient dans une soumission implacable les Juifs,
et dʹautre part, les marques incessantes de dévotion dʹHérode à lʹEmpereur Auguste, ont
comme conséquence que lʹEmpereur, comme son gendre Agrippa, font grand cas du Roi des
Juifs et de sa famille, et ménagent, autant que possible, un Vassal aussi dévoué, dont la
politique attentive prévient tout trouble que pourraient entreprendre les Juifs, non
seulement en Judée, mais, par effet de propagation, dans toute lʹimportante Diaspora Juive.
Aussi, grâce à lʹinfluence dʹHérode, cette Diaspora Juive profite pleinement de la Faveur
Impériale, et nombreuses sont, à cette époque, les Décisions, prises ou confirmées, en faveur
des Juifs, à travers tout lʹEmpire Romain, tant par Auguste que par Agrippa.
Flavius Josèphe, par exemple, rend compte, entre autres, de lʹune des premières Décisions
dʹAuguste en faveur des Juifs de la Diaspora :
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 16 : 10 :
César Auguste, Souverain Pontife et Administrateur de la République, a
ordonné ce qui suit :
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ʺParce que la Nation des Juifs a toujours, non seulement dans le temps présent
mais par le passé, était fidèle et affectionnée au Peuple Romain, et
particulièrement à lʹEmpereur César, mon père, lorsque Hyrcan II était leur
Grand‐Prêtre, nous ordonnons, avec Avis du Sénat, que les Juifs vivront selon
leurs Lois et leurs coutumes comme ils le faisaient du temps dʹHyrcan II, le
Grand‐Prêtre du Dieu très Haut; que leurs Temples (Synagogues) jouiront du
droit dʹasile ; quʹil leur sera permis dʹenvoyer à Jérusalem (pour le Temple)
lʹargent quʹils consacreront au Service de leur Dieu ; quʹils ne pourront être
contraints de comparaître en Justice, ni le jour du Sabbat, ni la veille du Sabbat
après le coucher du soleil ; que si quelquʹun dérobe leurs Livres Sacrés ou
lʹargent quʹils destinent à leur Dieu, il sera puni comme sacrilège et son bien
sera confisqué au profit du Peuple Romain.
Et comme nous désirons donner en toutes occasions des marques de notre
bonté envers tous les hommes de lʹEmpire, nous voulons que cette Requête, que
Marcius Censorinus nous a présentée au nom des Juifs, soit placée, avec le
présent Arrêt, en un lieu éminent dans le Temple dʹArgyle, que toute lʹAsie a
consacré à notre nom, et que si quelquʹun a lʹaudace dʹy contrevenir, il soit
impitoyablement puni.ʺ
‐8‐ Toutefois, en contrepartie des aspects positifs de la Politique dʹHérode en tant
que fidèle Vassal de Rome, sa tyrannie sanguinaire va aller en empirant au fil des ans, pour
culminer en un véritable délire, paranoïaque et ravageur, lors de son agonie :
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 16 : 11 :
Cependant Hérode qui se défiait de tout le monde et croyait que sa sécurité
dépendait de cette méfiance, soupçonnait beaucoup de gens qui étaient tout à
fait innocents. Dès que quelquʹun devenait son familier, il le soupçonnait de
vouloir comploter contre sa vie. Quant à ceux qui nʹavaient pas accès à sa
personne, il suffisait de les accuser pour quʹils soient immédiatement mis à
mort. Les choses en vinrent à un point que les domestiques, pensant que le seul
moyen de sauver leur vie était de dénoncer les autres, accusaient
indistinctement leurs compagnons ; puis, se trouvant accusés à leur tour, ils
étaient suppliciés et souffraient les mêmes tortures que celles quʹils avaient fait
subir à des innocents, et ils devenaient ainsi les victimes des mêmes pièges que
ceux quʹils avaient tendus à dʹautres.
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Au sein de sa propre famille, après avoir fait assassiner sa femme Mariamne, Hérode, à force
dʹinsistance, obtient dʹAuguste, qui, seul, peut accorder cette autorisation, quʹil puisse faire
juger et mettre à mort ses deux fils, Alexandre et Aristobule, quʹil avait eus de Mariamne, et
qui avaient donc du sang Hasmonéen, et portaient les noms Grecs de leurs Ancêtres.
Il est vrai que Hérode, pour faire juste mesure, fera, par la suite, également assassiner
Antipater, son fils aîné de sa première femme, qui est un personnage plutôt malfaisant, et
qui a trempé dans divers complots visant justement à faire éliminer ces deux fils de
Mariamne :
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 15 : 16 :
Quant à Alexandre et Aristobule, ce père cruel les envoya à Sébaste, où ils
furent étranglés sur son ordre, et leurs cadavres furent transportés à
Alexandrion, dans le sépulcre où leur Aïeul maternel et plusieurs de leurs
Ancêtres (Macchabées et Hasmonéens) étaient enterrés.
‐9‐ Lʹappui dʹAuguste à Hérode ne sʹest jamais démenti, en dehors dʹune crise qui
fut résolue, grâce à lʹintervention diplomatique de Nicolas de Damas.
Mais la Faveur Impériale diminua toutefois quelque peu, au fur et à mesure que la fin du
règne dʹHérode devenait plus convulsive et sanglante.
Ce constant et fidèle appui sans faille de la Puissance Romaine à Hérode était dû à plusieurs
facteurs, dont, entre autres :
‐A‐/ à la reconnaissance dʹAuguste pour lʹaide constante, apportée par Antipater, le père
dʹHérode, à César, père adoptif dʹAuguste ;
‐B‐/ à la sécurité militaire quʹHérode maintenait avec une redoutable efficacité dans cette
partie du monde Romain :
‐C‐/ aux talents exceptionnels dʹHérode comme Administrateur, Bâtisseur et Gouvernant ;
‐D‐/ aux largesses incessantes dont le Roi‐vassal faisait don à Auguste et à ses proches ;
‐E‐/ au syncrétisme entre lʹIdéologie Juive et lʹIdéologie Gréco‐Romaine que, même à
Jérusalem, Hérode sʹefforçait dʹinstaurer et dʹamplifier, jusque dans divers aspects de la vie
quotidienne des Juifs :
Par exemple, les Pièces de monnaie qui, sous les Hasmonéens étaient libellées, sur une face
en Grec et sur lʹautre face en Hébreu, au temps dʹHérode, furent, pour la plupart,
uniquement libellées en Grec ; Et certaines séries de ces pièces Hérodiennes comportèrent la
représentation de lʹAigle Romaine.
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A mettre également au compte de cet effort constant vers un Syncrétisme de la Religion
Juive et de lʹIdéologie Gréco‐Romaine, fut la nomination comme Grand‐Prêtre dʹun Juif
dʹAlexandrie, dont Hérode pouvait espérer quʹil serait plus perméable à lʹIdéologie Greco‐
Romaine quʹun Prêtre issu de la Judée. Ce choix lui permettant, par ailleurs, dʹépouser, sans
déchoir, la fille de ce Prêtre Alexandrin, dont il était tombé éperdument amoureux.
‐F‐/ au prosélytisme, enthousiaste et dévoué, dont Hérode faisait preuve, en dépit des
exigences de la Religion Juive, pour répandre en Judée, comme dans dʹautres régions
Méditerranéennes voisines, le Culte du Dieu Auguste et la Dévotion fidèle à lʹEmpereur
Romain, tant dans les Édifices Cultuels, que dans les Cérémonies, ou les Fêtes Religieuses
commémoratives.
‐10‐ Mais lʹappui constant, reçu, ainsi, par Hérode de la Rome Impériale, restera
toujours conditionné par lʹavantage politique quʹAuguste peut en tirer.
Et, à la mort dʹHérode, cʹest ce seul avantage politique au profit de Rome quʹAuguste
prendra en compte pour régler lʹhéritage du Royaume des Juifs.
Aussi, cet héritage, organisé par le Pouvoir Romain, une fois la main de fer dʹHérode
disparue, se révélera catastrophique pour le Destin de Jérusalem.
Par ailleurs, on peut remarquer que lʹappui constant de lʹEmpereur Romain à son vassal
Hérode, ainsi que sa politique Impériale favorable à la spécificité Juive, ne semblent pas
avoir occulté une indépendance dʹopinion, plutôt sarcastique et critique, chez Auguste, à
lʹégard dʹHérode et à lʹégard du Peuple Juif.
On en connait, entre autres, deux exemples :
‐A‐ Le premier exemple concerne le jugement dʹAuguste sur lʹobsession dʹHérode a vouloir
faire mettre à mort ses propres fils.
Cette phrase quʹAuguste aurait prononcé, lorsque lui fut présentée la demande dʹHérode de
pouvoir faire condamner à mort ses deux propres fils, est rapportée par Macrobe, Auteur
latin du Vème siècle EC :
Cette remarque ironique fait allusion à la Règle qui interdit aux Juifs de manger la viande de
porc :
Macrobe : Satires : 2 : 4 :11 :
(Auguste déclara) :ʺIl vaut bien mieux être le porc dʹHérode que son fils.ʺ
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‐B‐ Lʹautre exemple met en relief le caractère, politiquement réaliste, du Jugement porté par
Auguste sur le Temple des Juifs et sur leur Religion :
Des Sacrifices quotidiens étaient offerts au Temple de Jérusalem, au nom dʹAuguste.
Philon dʹAlexandrie, le Philosophe Juif de la première moitié du 1er siècle EC, qui militait en
faveur dʹun rapprochement de lʹIdéologie Juive et de lʹidéologie Gréco‐Romaine, nʹhésite pas
à affirmer quʹAuguste avait payé ces sacrifices sur sa cassette personnelle.
Il est vrai que les déclarations de Philon, faisant du Fondateur de lʹEmpire Romain, un
Empereur bienveillant pour les Juifs, intervenaient, alors, sur fond de crise provoquée par
les exigences de l’Empereur Caligula qui voulait être reconnu comme Dieu jusque dans le
Temple de Jérusalem. Il est cependant plus vraisemblable de penser que ces Sacrifices offerts
au nom dʹAuguste, avaient été, en réalité, payés par Hérode.
Philon dʹAlexandrie : Legatio ad Caïum : 157 :
LʹEmpereur Auguste se montra toujours très bienveillant envers les Juifs. Non
seulement il confirma les privilèges que César leur avait accordés, mais il offrit
des Sacrifices au Temple de Jérusalem : En effet, Auguste créa, en prenant sur
ses revenus personnels, une fondation pour lʹOffrande à perpétuité de Sacrifices
quotidiens, au nom de lʹEmpereur Romain, comme Offrandes au Dieu Très
Haut, Sacrifices qui sʹaccomplissent encore maintenant et qui sʹaccompliront
toujours.
Mais ces Sacrifices quotidiens offerts au Temple de Jérusalem au nom de lʹEmpereur
Auguste, selon le Juif, Philon dʹAlexandrie, nʹempêcheront pas ce même Auguste de féliciter
vivement son petit‐fils, Gaïus, qui avait traversé la Judée, mais sʹétait gardé de rendre
hommage au Culte des Juifs dans leur Temple, ainsi que le rapporte lʹHistorien Païen,
Suétone :
Suétone : Vie des douze Césars : Octave Auguste : 93 :
Auguste loua beaucoup son petit‐fils, Caïus, de ne pas avoir rendu hommage
au Culte Juif à Jérusalem, lorsquʹil avait traversé la Judée.
‐11‐ La fin dʹHérode, telle quʹelle est relatée par Flavius Josèphe, si elle ne peut être
ni confirmée, ni infirmée par dʹautres sources, rend compte, en tout état de cause, du
véritable gouffre qui sʹétait creusé entre les conceptions dʹHérode et les Valeurs intangibles
enfouies dans lʹInconscient Collectif Juif, de la même manière que cette relation de Josèphe
rend compte de lʹampleur de la haine secrète du Peuple Juif qui en était résultée.
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On peut également déceler dans ce récit de la mort dʹHérode, la résurgence des Maîtres
Pharisiens qui, durant tout le règne dʹHérode, avaient dû se résigner à rester confinés à des
débats théologiques, et à nʹavoir aucune influence sur la Vie Politique, sur les Décisions
Juridiques majeures, ou sur les Ordonnances importantes concernant le Temple, Hérode
ayant toujours gardé la haute main sur tous ces sujets, y compris sur la désignation, ou la
destitution, du Grand‐Prêtre, tout comme celles de tous les membres du Sanhédrin.
La fin dʹHérode, relatée par Flavius Josèphe, commence lorsque le Peuple Juif pense que
Hérode est définitivement à lʹagonie :
Les Pharisiens, sortant, alors aussitôt, de leur prudente réserve, exhortent leurs Disciples à
abattre lʹAigle Romaine quʹHérode avait fait placer au fronton du Temple :
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 17 : 8 :
Judas, fils de Sariphé, et Mathias, fils de Margalothe, étaient extrêmement aimés
du Peuple, parce que, outre quʹils étaient les plus éloquents des Juifs et les plus
savants dans lʹinterprétation de leurs Lois, ils instruisaient la jeunesse et ne
négligeaient rien pour la porter à pratiquer la Vertu.
Lorsque ces deux hommes eurent appris que la maladie du Roi était incurable,
ils exhortèrent ces jeunes gens, qui les révéraient comme des Maîtres, à détruire
les ouvrages quʹil avait faits au mépris des coutumes de leurs Ancêtres : ils leur
représentèrent que rien ne leur serait plus glorieux que de se déclarer les
défenseurs de leur Religion, et que tant de malheurs dont la famille dʹHérode
était affligée venaient sans aucun doute de ce quʹil avait osé violer des Lois qui
auraient dû lui être Sacrées, et fouler aux pieds les anciennes Règles pour en
établir de nouvelles ; et ces Maîtres de la Loi, en parlant ainsi, ne faisaient que
dire ce quʹils avaient depuis longtemps dans leur coeur.
Parmi ces ouvrages sacrilèges, réalisés par Hérode, le Roi avait fait placer et
consacrer, au dessus de la Porte du Temple, un Aigle en or, dʹune grandeur
extraordinaire et dʹun très grand prix, alors que nos Lois défendent
expressément de ne faire aucune image dʹanimaux.
Ainsi, ces deux Sages, si fidèles à lʹenseignement de nos Pères, excitèrent leurs
Disciples à mettre à bas cet Aigle, en leur déclarant que, même si cette
opération pouvait sʹavérer périlleuse, ils ne devaient pas moins sʹy lancer avec
ardeur puisquʹune mort dans lʹhonneur est préférable à la vie, quel que soit
lʹattrait quʹelle puisse avoir, dès lors quʹil sʹagit de préserver les Lois de son
pays et dʹacquérir ainsi une réputation immortelle ; que les lâches meurent, tout
comme les courageux, et quʹainsi, la mort étant inévitable à tout homme, ceux
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qui finissent leur vie par de grandes actions ont la consolation de laisser à leur
Postérité une Gloire qui est éternelle.
Ces paroles enflammèrent ces jeunes gens, de telle sorte que, comme, par
ailleurs, dans le même temps, le bruit de la mort dʹHérode sʹétait répandue, ils
grimpèrent en plein midi à lʹemplacement où cet Aigle était fixé, lʹarrachèrent,
le jetèrent à terre, et le mirent en pièces à coups de haches, au vu dʹune grande
multitude de Peuple qui était assemblé dans lʹEnceinte du Temple.
Dès que celui qui commandait les Troupes du Roi en eut connaissance,
craignant que ce fut le commencement dʹune émeute, il sʹy précipita avec un
grand nombre de gens de guerre ; et comme il nʹy trouva quʹune foule où
régnait la confusion, il la dispersa sans peine. Environ une quarantaine de ces
jeunes gens furent les seuls qui osèrent résister. Le Commandant les fit
prisonniers et les amena au Roi, avec Judas et Mathias qui avaient estimé quʹil
leur serait déshonorant de prendre la fuite.
Hérode leur ayant demandé ce qui les avait porté à une entreprise aussi
audacieuse que dʹarracher ainsi une figure qui avait été consacrée, ils lui
répondirent :
ʺIl y a longtemps que nous avions pris cette résolution, et nous aurions manqué
de coeur si nous ne lʹavions pas exécutée. Nous avons ainsi vengé lʹoutrage fait
à lʹÉternel et préservé la Loi dont nous sommes les Disciples. Trouvez‐vous
étrange que, lʹayant reçue des mains de Moïse, à qui Dieu, Lui‐même, lʹavait
donnée, nous la préférions à vos ordres ? Et croyez‐vous que nous craignons
que vous nous fassiez souffrir une mort qui, au lieu dʹêtre le châtiment dʹun
crime, sera la récompense de notre vertu et de notre piété ?ʺ
Ils prononcèrent ces mots avec tant dʹassurance que lʹon ne pouvait douter de
leur sincérité, et de ce quʹils nʹauraient pas moins de courage à souffrir quʹils en
avaient eu à réaliser leur entreprise.
Hérode les envoya, enchaînés, à Jéricho, y fit assembler les Notables Juifs, et sʹy
fit porter lui‐même en litière, à cause de sa faiblesse.
Là, Hérode leur évoqua les travaux quʹil avait endurés pour le Bien Public ; il
leur rappela quʹil avait, pour la Gloire de Dieu, rebâti entièrement le Temple à
un coût très élevé, ce que les Rois Hasmonéens, tous ensemble, nʹavaient jamais
pu réaliser durant les cent vingt cinq ans où ils avaient régné, et quʹil lʹavait
orné des riches dons quʹil y avait consacrés ; quʹil avait espéré que du moins on
lui en saurait gré, même après sa mort, et quʹon rendrait alors honneur à sa
mémoire ; mais que par cet attentat horrible, au lieu de la reconnaissance quʹil
devait attendre, on nʹavait pas craint, lui encore vivant, de lui faire un si grand
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outrage que dʹaller en plein jour, et à la vue de tout le Peuple, arracher un
Emblème quʹil avait consacré à Dieu, ce Dieu quʹon avait, par là, offensé encore
plus que lui.
(La réaction de cette Assemblée des Notables Juifs en dit long sur les rapports entre ces
Notables et le Roi :)
Les Notables de lʹAssemblée, ayant entendu le Roi parler de la sorte, et
craignant que, dans sa fureur, il ne déversât sur eux‐mêmes sa colère, lui dirent
quʹils nʹavaient, en rien, contribué à cet incident, et quʹils pensaient que ce
Sacrilège méritait dʹêtre châtié. Ces paroles adoucirent le Roi et il ne sʹemporta
pas contre les membres de lʹAssemblée. Toutefois, il ôta la Grande‐Prêtrise à
Mathias (homonyme de lʹun des meneurs) car il le soupçonnait dʹavoir aussi
participé à ce complot...
Hérode fit brûler, tout vif, lʹautre Mathias, auteur de la sédition, ainsi que tous
ceux qui avaient été pris avec lui. Il arriva en cette même nuit une éclipse de
lune...
La fin dʹHérode contée, ensuite, par Flavius Josephe, prend des accents hallucinatoires, et,
pour lʹHistorien, comme pour la Population Juive, cette mort atroce correspond à un
châtiment Divin :
Dieu voulant faire souffrir à Hérode le tourment que méritait son impiété, sa
maladie augmenta davantage. Une chaleur lente qui ne paraissait point au‐
dehors le brûlait et le dévorait au dedans. Il avait une faim si virulente que rien
ne pouvait le rassasier ; ses intestins étaient plein dʹulcères ; de violentes
coliques lui faisaient souffrir dʹhorribles douleurs ; ses pieds étaient enflés et
livides ; ses aines ne lʹétaient pas moins ; les parties du corps que lʹon cache avec
le plus de soin étaient si gangrenées que lʹon en voyait sortir des vers ; ses nerfs
étaient tout rétractés ; il ne respirait quʹavec grande peine, et son haleine était si
fétide que lʹon ne pouvait lʹapprocher.
Tous ceux, qui considéraient avec un esprit religieux lʹétat où se trouvait ce
malheureux Prince, demeuraient dʹaccord que cʹétait un Châtiment visible de
Dieu pour le punir de sa cruauté et de ses impiétés.
Mais quoiquʹil fut évident quʹil ne pourrait échapper à sa maladie, il persistait à
espérer guérir. Il fit venir des médecins de toutes parts, et, sur leur conseil, il se
rendit au delà du Jourdain aux eaux chaudes de Callirhoé qui se déversent dans
un lac plein de bitume, et qui ne sont pas seulement médicinales, mais qui sont
également agréables à boire. On le mit dans une cuve pleine dʹhuile et il sʹen
trouva si mal que lʹon crut quʹil allait y perdre lʹesprit. Les cris et les pleurs de
ses domestiques le firent revenir à lui : il comprit alors que son mal était
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incurable. Il commanda de distribuer à tous ses Soldats cinquante drachmes par
tête, et fit de grands dons à leurs Chefs et à ses amis.
Il se fit reporter à Jéricho, où sa cruauté augmenta encore de telle sorte quʹelle
lui fit concevoir le plus horrible dessein qui soit jamais entré dans lʹesprit dʹun
homme. Il ordonna, par un Édit, à tous les Notables Juifs de se rendre à Jéricho,
sous peine de mort à ceux qui désobéiraient. Lorsquʹils furent arrivés, il les fit
tous enfermer dans lʹHippodrome, sans sʹenquérir sʹils étaient innocents ou
coupables. Il fit ensuite venir sa soeur, Salomé, et Alexas, le mari de celle‐ci, et il
leur dit quʹil souffrait tant de douleurs quʹil comprenait que sa fin était proche,
et quʹil ne pouvait sʹen plaindre puisque cʹest une Loi commune que la Nature
impose à tous les hommes. Mais il ne pouvait supporter lʹidée quʹil puisse être
privé des honneurs que lʹon doit rendre aux Rois par un deuil public. Or, il
savait, pertinemment, que la haine que les Juifs lui portaient était si grande,
quʹils nʹauraient garde de se réjouir de sa mort, puisque, même de son vivant,
ils nʹavaient pas craint de se révolter contre lui et de lʹoutrager ; quʹil attendait
donc de lʹaffection et du devoir des deux personnes qui lui étaient les plus
proches de le délivrer dʹun tel déplaisir ; quʹelles le pouvaient, en exécutant
fidèlement ce quʹil leur commanderait, et quʹelles rendraient, ainsi, ses
funérailles plus magnifiques et plus agréables à ses cendres, que celles de tout
autre Roi ne lʹavaient jamais été, parce quʹil nʹy aurait personne dans le
Royaume qui ne répandrait des larmes véritables :
Tout ce quʹils avaient à faire, pour accomplir sa volonté, était, aussitôt quʹil
aurait rendu lʹâme, quʹils fassent encercler lʹHippodrome par ses gens de
guerre, sans rien leur dire de sa mort, et de leur commander de tuer à coup de
flèches tous ceux qui y étaient enfermés. Sʹils exécutaient cet ordre, il leur aurait
une double obligation : lʹune dʹavoir satisfait à sa prière, et lʹautre dʹavoir rendu
ses obsèques un objet de lamentations tel que la mort de tout autre Souverain
nʹavait jamais recueilli. Ce Prince cruel accompagna ces paroles de ses larmes et
les conjura, par lʹaffection quʹils lui portaient et par tout ce quʹil y avait de plus
saint, de ne pas manquer à rendre ce dernier Honneur à sa mémoire.
Et ils lui promirent dʹexécuter ponctuellement ses ordres...
‐12‐ Avant de mourir, Hérode trouve encore le temps de faire assassiner son fils
aîné, Antipater, de changer son testament en partageant son royaume entre les différents fils
quʹil nʹa pas fait disparaître, à léguer des sommes considérables à lʹEmpereur Auguste et à
lʹImpératrice.
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Hérode lègue également quelques Villes à Salomé, sa soeur, et âme damnée, selon Flavius
Josèphe, dont la Ville de Jamnia (Yabneh).
Cette Ville, en particulier, dont héritera, par la suite, la Famille Impériale Romaine, aura le
privilège dʹaccueillir, après la destruction du Temple, les Maîtres de la Loi, qui vont dʹabord
y codifier les Textes Sacrés de la Loi Écrite, puis entreprendre la préparation de la Rédaction
de leur Loi Orale.
En effet, Josèphe nous apprend que, paradoxalement, cette Salomé qui nʹa eu de cesse
dʹéliminer tout représentant de la race des Hasmonéens, devenus les piliers de la Hiérarchie
Sacerdotale du Temple, était, quant à elle, sous lʹinfluence des Pharisiens, dont elle aurait pu,
par conséquent, de son vivant, accueillir un premier noyau embryonnaire dans sa Ville de
Jamnia (Yabneh).
Par ailleurs, Salomé se garda bien de tenir la promesse macabre quʹelle avait faite à Hérode
sur son lit de mort, et, dès le décès du Roi, et avant même que la nouvelle en fut connue, elle
fit libérer tous les Notables qui étaient enfermés dans lʹHippodrome de Jéricho.
La Littérature Rabbinique semble rendre compte de cet événement, mais avec des
télescopages historiques dont elle est coutumière :
En effet, le Roi Hérode est confondu, dans les Traditions Rabbiniques, avec Alexandre
Jannée, tandis que Salomé, la soeur dʹHérode, est confondue avec la veuve dʹAlexandre
Jannée, qui portait ce même nom de Salomé‐Alexandra, et durant le court règne de laquelle,
les Pharisiens avaient connu lʹâge dʹor du Pouvoir Absolu.
Par ailleurs, le Commentaire tardif en Hébreu de la Chronique Rabbinique du ʺCalendrierʺ
Megillat Taʹanit, où se trouve, également, rapporté cet événement, cite, spécifiquement, le Roi
Jannée comme ayant organisé une mise à mort collective du Sanhédrin.
Mais il semble plus probable, en regard de la Chronique Historique de Flavius Josèphe, et en
regard de la mégalomanie et de lʹobsession constante dʹHérode de laisser une empreinte
durable dans lʹHistoire, que cet événement de la condamnation de tous les Notables Juifs se
rapporte, effectivement, plutôt à la mort dʹHérode.
Ces confusions, ou amalgames, ou télescopages, ou transpositions de dates, de Personnages,
et dʹévénements, sont très courants dans la Littérature Rabbinique :
En effet, pour les Rabbins, seules, comptent, réellement, les liaisons extra‐temporelles qui
permettent dʹassurer lʹUnité des Traditions Orales, dont lʹensemble organique est tissé par
des variantes, anecdotiques mais exemplaires, qui peuvent circuler, en toute liberté, sur le
plan de la Chronologie Historique, au travers de la Chaîne des Générations.
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Megillat Taʹanit : Commentaire Hébreu :
On raconte que le Roi Jannée, étant tombé malade, fit saisir soixante‐dix
Anciens dʹIsraël et les jeta en prison. Puis il donna lʹordre au geôlier de les
exécuter sʹil mourait.
ʺDe la sorte, si les Juifs ont des raisons dʹêtre heureux de ma disparition, ils
devront néanmoins, sʹaffliger du sort de leurs Docteurs de la Loi.ʺ
Mais le Roi Jannée avait une femme bonne, nommée ʺSalminonʺ (Salomé), et
aussitôt quʹil fut décédé, elle retira la bague avec le Sceau Royal de la main du
Roi, et lʹenvoya au gardien de la prison :
ʺTon maître, lui fit‐elle savoir, tʹordonne de mettre ces Anciens en liberté.ʺ
Et cʹest seulement lorsque ces Maîtres de la Loi furent rentrés chez eux que la
Reine annonça la mort du Roi Jannée.
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16/ La Décision dʹHérode de construire
le Nouveau Temple des Juifs à Jérusalem
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‐1‐ Entre le Culte rendu à Auguste dans la plupart des Villes de Judée, et son
Pouvoir tyrannique exercé implacablement sur la Nation Juive, Hérode était, néanmoins, un
politique trop avisé pour faire fi du sentiment profond des sujets dont il était le Roi.
Dʹautant que les Maîtres de la Loi nʹavaient pas perdu lʹinfluence profonde quʹils exerçaient
sur le Peuple, forcé de se soumettre silencieusement à la dictature dʹHérode, mais ne couvant
pas moins une fidélité sans faille aux Enseignements de ses Ancêtres.
Cʹest ainsi que, mû, à la fois, par ses ambitions architecturales, par son désir de laisser une
trace mémorable dans lʹHistoire en y faisant éclater toute la splendeur de sa Royauté, et par
le souci de préserver lʹunité et la cohésion de sa Nation, Hérode conçut lʹidée de construire
un nouveau Temple de Jérusalem, pour remplacer lʹÉdifice qui avait été reconstruit par les
Déportés revenus de Babylone.
Lʹambition dʹHérode était de faire de ce Monument, indispensable à la ferveur Juive, un
Édifice qui serait digne de toutes les autres constructions grandioses quʹil avait déjà
réalisées, ou quʹil était en train de réaliser, dans son Royaume pour la Postérité.
Mais Hérode transforma la structure fondamentale et ancestrale de lʹÉdifice du Culte Juif, en
un Temple Païen, Gréco‐Latin, dont les Juifs ne soupçonnèrent, jamais, à quel degré,
lʹarchitecture de ce Bâtiment Sacré avait été conçu, secrètement, par Hérode, afin de lui
permettre de satisfaire, et de savourer, à volonté, son immense et orgueilleux désir de se
placer au même niveau que le Dieu Auguste, et, par la même occasion, de dominer le Grand‐
Prêtre, qui dépendait de son seul bon plaisir.
‐2‐ Selon le récit de Flavius Josèphe, cʹest dans un climat général de méfiance
stupéfaite, que Hérode annonça au Peuple Juif sa volonté de faire démolir le second Temple
devenu Hasmonéen, puis de faire reconstruire un troisième Temple.
Dans ce dessein, la fidélité au modèle inspiré par Dieu à Moïse comptait moins que le désir
dʹéblouir en faisant plus grand, plus haut, et en infléchissant le modèle ancestral vers le style
Gréco‐Romain dominant. A cet effet, Hérode axa tout son argumentaire, de façon à faire
accepter par le Peuple Juif quʹun Édifice plus imposant, sur le plan des dimensions, et
surtout celui de la hauteur, soit réalisé, quitte à utiliser, sans vergogne, quelques contre‐
vérités arithmétiques, et à tirer argument du fait véritable que Salomon avait,
précédemment, procédé, aussi, à des modifications des mesures prescrites par Moïse pour le
Sanctuaire, lorsquʹil avait construit le premier Temple à Jérusalem.
Le récit de Flavius Josèphe est très probablement inspiré, comme la plupart des descriptions
très favorables à Hérode, de lʹoeuvre de lʹHistorien de sa Cour, Nicolas de Damas, dont
certains épisodes, et certains discours dʹHérode, nʹéchappent pas à la tendance habituelle à
une certaine démagogie de propagande.
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Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 15 : 14 :
Après tant de grandes actions et de si superbes édifices construits par Hérode,
le Roi conçut, en la dix‐huitième année de son règne, un dessein qui surpassait
encore de beaucoup les autres : celui de bâtir un Temple à Dieu, plus grand et
plus élevé que celui qui se dressait alors, parce quʹil croyait avec raison, que
tout ce quʹil avait fait jusquʹà ce jour, quel quʹen pût être son éclat, était
tellement en dessous dʹun tel Ouvrage, que rien ne pourrait contribuer autant à
rendre sa mémoire immortelle.
Mais comme le Roi craignait que le Peuple, étonné de la hardiesse dʹune telle
entreprise refusât de sʹy associer, il le fit rassembler et lui parla en ces termes :
ʺIl serait inutile de vous évoquer toutes les choses que jʹai réalisées depuis mon
avènement, puisque, ayant été plutôt conçues pour vous que pour moi, vous ne
pouvez les ignorer. Vous savez que devant lʹintérêt public jʹai oublié mes
propres intérêts pour ne penser quʹà votre bien, et vous nʹaurez aucune peine à
admettre que dans tant dʹouvrages que jʹai entrepris et achevés, avec lʹassistance
de Dieu, je nʹai pas tant pris en compte la satisfaction de mon propre intérêt que
les avantages que vous pourriez en retirer, et qui ont contribué à élever notre
Nation à un degré de réputation telle quʹelle nʹen avait jamais connue
auparavant. Il est donc inutile que je vous parle des Villes que jʹai fait bâtir et de
celles que jʹai fait embellir dans la Judée comme dans les Provinces qui nous
sont soumises.
Mais je veux aujourdʹhui vous soumettre un Dessein encore plus grand et plus
important que tous les autres, puisquʹil regarde la Religion et le Culte que nous
devons rendre à Dieu. Vous savez que le Temple que nos Pères lui ont bâti est
moins élevé de soixante coudées (?) que nʹétait celui qui avait été construit par
Salomon ; et il ne faut pas leur en attribuer la faute, puisquʹils (les architectes du
second Temple) auraient souhaité le rendre aussi magnifique que le premier,
mais étant alors assujettis aux Perses, puis aux Macédoniens, ils furent obligés
de suivre les dimensions que les Rois Cyrus et Darius, fils dʹHystapse leur
prescrivirent.
Mais maintenant que je me trouve redevable à Dieu de la Couronne que je
porte, de la paix dont je jouis, des richesses que je possède, et, ce qui est bien
plus important, de lʹamitié des Romains qui sont aujourdʹhui les Maîtres du
Monde, je souhaite témoigner ma reconnaissance à Dieu de tant dʹobligations
en dédiant la dernière perfection à ce grand Ouvrage.ʺ
Ce discours dʹHérode surprit extrêmement tout le monde.
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Lʹambition du projet en faisait paraître lʹexécution impossible. Et quand même
cette exécution aurait pu être possible, le Peuple craignait quʹaprès avoir fait
démolir le Temple, Hérode ne le fit pas rétablir : aussi jugeait‐il cette
proposition trop dangereuse. Mais Hérode les rassura en promettant au Peuple
de ne pas toucher à lʹancien Temple tant quʹil nʹaurait pas préparé tout ce qui
était nécessaire pour bâtir le nouveau.
Et la procédure utilisée répondit à cette promesse :
Hérode employa mille charrettes pour faire transporter les pierres, rassembla
tous les matériaux nécessaires, sélectionna dix mille excellents ouvriers, et mit
en place, pour les diriger, mille Prêtres, habillés à ses frais, et compétents dans
les travaux de maçonnerie et de charpenterie.
Lorsque tout fut ainsi préparé, Hérode fit démolir les anciennes fondations
pour en établir de nouvelles, et lʹon érigea, au dessus, le Temple de cent
coudées (50 mètres) de longueur et cent vingt coudées (60 mètres de hauteur).
Mais les fondations sʹétant affaissées, cette hauteur se trouva réduite à cent
coudées (50 mètres). Et nos Ancêtres voulurent plus tard, sous Néron, rehausser
le Temple de ces vingt coudées (10 mètres) dont il sʹétait abaissé.
‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐
Pour simplifier les calculs de la présente Étude conduite dans cet Ouvrage, et dans laquelle
les proportions entre les diverses mesures vont revêtir une importance capitale, nous
attribuerons toujours à la ʺCoudéeʺ (distance entre lʹextrémité des doigts et le coude lorsque
lʹavant‐bras est posé) le chiffre, moyen et arbitraire, de 50 centimètres.
On peut noter, à propos de ce Discours dʹHérode, transmis par les Antiquités Juives 15/ 14,
un premier point de détail accessoire : A savoir que, si lʹensemble du Bâtiment sʹétait affaissé
dʹune hauteur de dix mètres, comme lʹindique Flavius Josèphe, cela exclut que le Temple ait
pu se dresser directement sur un socle rocheux, ou même, à moins de dix mètres au dessus
dʹun socle rocheux.
Par ailleurs, dans ce même ordre dʹidées secondaires, tous les récits concernant les
différentes constructions du Temple mentionnent constamment lʹinstallation de fondations.
Mais, surtout, ce Discours dʹHérode trahit le dessein qui sʹétait formé dans lʹesprit du Tyran :
En effet, lʹinvention quʹil avance de la prétendue hauteur originelle du Sanctuaire nʹest pas
anodine : cette altération des mesures de base du Temple, que nous examinerons infra, et
dont lʹon pourrait penser quʹelle ressort, peut‐être, dʹune simple ambition architecturale
visant à bâtir un Édifice plus élevé, relevait, en fait, dʹun stratagème, délibérément mis en
place par le Roi des Juifs, pour procéder à sa propre Divinisation secrète.
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‐3‐ La Littérature Rabbinique, dans lʹOrdre Qodachim de la Mishnah, consacre la plus
grande partie du Traité Middoth (Mesures) à la description du Temple dʹHérode.
Ce Traité Middoth de la Mishnah ne sera commenté ni dans le Talmud de Jérusalem, ni dans le
Talmud de Babylone, et ne sera pas, non plus, complété par la Tosefta.
Par ailleurs, les mesures indiquées dans le Traité Middoth coïncident, grosso modo, avec
celles indiquées par Flavius Josèphe, avec quelques divergences de détail.
Par contre, la Littérature Rabbinique, comme il en est pour tout le règne dʹHérode, est très
laconique sur la construction‐même du troisième Temple par ce Roi.
Et les rares indications sur ce sujet, que lʹon peut relever dans cette Littérature, soulèvent
plus de problèmes quʹelles nʹoffrent de renseignements :
Cʹest, par exemple, dans une incidente du Traité Baba Bathra de lʹOrdre Neziqin du Talmud de
Babylone, quʹest rapportée une anecdote concernant la Décision dʹHérode de détruire le
second Temple et de reconstruire le troisième Temple.
Le premier chapitre de ce Traité Baba Bathra présente, selon la structure du Talmud, une Loi
(Halakah) de la Mishnah (Loi Orale mise par Écrit après la destruction du Temple) puis la
discute et la commente, en explicitant cette Loi :
Cette discussion et ces commentaires sont appelés Gemara.
Dans ce premier chapitre du Traité Baba Bathra, il sʹagit dʹexaminer la Règle qui doit
sʹappliquer à la construction dʹun mur mitoyen.
Au cours de la discussion (Gemara) à propos de cette Règle qui a été énoncée dans la
Mishnah, les Rabbins examinent le problème de lʹépaisseur de ce mur mitoyen et posent la
question de savoir si les mesures indiquées doivent comprendre le ciment ajouté aux pierres,
ou non.
A partir de cet instant, la discussion, à propos des murs mitoyens en général, va voir,
progressivement, le thème essentiel du Temple apparaître, et se développer.
En effet, lors dʹune controverse sur les mensurations dʹun mur mitoyen, Rabbi Hisda
évoque, abruptement, selon un processus habituel de rupture du récit ou de la
démonstration en cours dans la Littérature Rabbinique, le problème de la construction et de
la destruction des Synagogues :
Talmud de Babylone : Ordre Neziqin : Baba Bathra : 3b :
Il ne faut pas démolir une Synagogue tant quʹune autre nʹa pas été construite.
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Selon certains Sages, parce que, entre temps, il pourrait advenir quelque chose
qui sʹoppose à la reconstruction de la nouvelle, et, selon dʹautres Sages, parce
que, tant que lʹautre Synagogue ne serait pas construite, il nʹy aurait plus de
Lieu pour les Prières...
Rabhina demande à Rabbi Ashi :
‐ Quʹen est‐il, lorsque lʹargent pour la construction de la nouvelle Synagogue a
déjà été rassemblé par le Trésorier (de la Synagogue) : dans ce cas, la vieille
Synagogue peut‐elle être démolie, ou non ?
Et Rabbi Ashi répond :
‐ Non, car, même dans ce cas, il peut arriver que lʹon ait besoin immédiatement
de cet argent pour payer une rançon afin de racheter des prisonniers Juifs
devenus esclaves.
‐ Mais quʹen est‐il si tous les matériaux pour la construction de la Synagogue
ont déjà été achetés ?
Et Rabbi Ashi répond :
‐ Cʹest la même chose, car, dans ce cas, également, on pourrait revendre ces
matériaux qui ont été rassemblés (pour racheter les prisonniers).
‐ Bon, et si la Synagogue est déjà reconstruite ?
Et Rabbi Ashi répond :
‐ On ne vend pas une Synagogue construite pour racheter des esclaves Juifs.
Toute cette discussion se rapporte uniquement au cas où la vieille Synagogue ne présente
pas de signe de fissure pouvant provoquer un effondrement de lʹÉdifice, car, dans ce cas, la
Synagogue peut être démolie immédiatement.
Cʹest alors quʹest rapportée une anecdote, traitée, selon les caractéristiques de la Littérature
Rabbinique, dans le style de la Aggadah (histoire légendée) :
Cette anecdote met en scène Hérode et le Maître de la Loi, Baba ben Buta, à qui Hérode
aurait fait crever les yeux, et qui aurait conseillé, néanmoins, à son tortionnaire de faire
ériger un nouveau Temple, afin de se concilier le Peuple Juif.
La discussion entre les Rabbins Babyloniens tente, alors, dʹexpliciter cette anecdote, et ils
commentent la Tradition qui leur est parvenue, sur la construction du Temple de Jérusalem,
sous Hérode :
‐ Une première Interprétation de cette Tradition est que la destruction, et la reconstruction,
du Temple auraient été décidées par les Autorités Rabbiniques.
‐ A lʹinverse, une deuxième Interprétation est que cette Décision aurait été exclusivement
Politique, et dépendait uniquement de lʹArbitraire Royal (dʹHérode) :
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Talmud de Babylone : Ordre Neziqin : Baba Bathra : 3b :
‐ Comment Baba ben Buta a‐t‐il pu conseiller à Hérode de démolir le Temple
(de Jérusalem) ? Rabbi Hisda nʹa‐t‐il pas dit quʹil ne faut jamais détruire une
Synagogue avant dʹen avoir bâti une autre ?
‐ Cʹest, ou bien, que Baba ben Buta avait remarqué une crevasse (qui risquait de
faire sʹécrouler lʹÉdifice) ou bien, que les données étaient différentes dans ce
cas‐là, car, lorsquʹun Gouvernement interfère dans la construction (dʹun
Sanctuaire), il ne revient pas sur sa Décision, quelle quʹelle soit, une fois que
cette Décision a été prise.
Cette dernière opinion, concernant la reconstruction du Temple de Jérusalem, et,
incidemment, lʹemplacement de cette reconstruction, sʹappuie sur les paroles de Rabbi
Samuel, Docteur de la Loi très dévoué aux Souverains Sassanides qui constituèrent la
dernière Dynastie Persane, du 3ème au 7ème siècle EC, avant la conquête des Musulmans :
Or, Rabbi Samuel déclare, toujours dans la suite de cette même discussion Rabbinique :
Talmud de Babylone : Ordre Neziqin : Baba Bathra : 3b :
Rabbi Samuel :
‐ En effet, Si un Gouvernement déclare : ʺJe déplacerai des montagnesʺ, il
déplace des montagnes, sans en démordre.
La suite de ce récit Aggadique, rapporté par les Rabbins Babyloniens, raconte lʹhistoire
dʹHérode qui massacre la famille des Hasmonéens, ainsi que la mort de Mariamne dont
Hérode conserve le corps dans du miel durant sept années (cf.supra).
Puis le récit revient sur la Décision prise par Hérode de démolir lʹancien Temple pour
reconstruire le nouveau Temple :
La Tradition Aggadique, rapportée sur ce sujet par les Rabbins, tend, alors, à réhabiliter
lʹaction des Pharisiens, en démontrant leur science, et tente de revendiquer, pour leur
compte, et pour des seuls motifs Religieux, lʹidée dʹHérode de construire un nouveau
Temple :
Talmud de Babylone : Ordre Neziqin : Baba Bathra : 3b :
Un jour Hérode vint incognito voir Baba ben Buta (quʹil a rendu aveugle) sʹassit
devant lui et lui demanda :
‐ Que le Maître considère tout le mal que lʹesclave Hérode a commis !
Baba ben Buta répondit : ‐ Que puis‐je y faire ? Et Hérode lui dit : ‐ Maudis‐le !
Mais Baba ben Buta lui répondit en citant Ecclésiaste 10 :20 :
‐ ʺMême en pensée ne critique pas le Roi !ʺ
Hérode lui répondit : ‐ Mais il nʹest pas du tout un Roi !
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Baba ben Buta répondit en continuant sa citation :
‐ Même si un homme nʹest que puissant, ʺNe dis rien contre le puissant, même
dans le secret de ta chambreʺ. Et, également, si cʹest un Dirigeant, selon Exode 22 :
27 : ʺTu ne dois pas maudire le Chef de ton Peupleʺ.
Alors Hérode dit :
‐ Cela est valable seulement dans le cas où le Dirigeant se comporte comme le
Peuple dʹIsraël. Mais Hérode, lui, fait exactement le contraire !
Baba ben Buta répondit alors : ‐ Jʹai peur de lui.
Hérode répliqua : ‐ Mais personne ne lui répétera ce que tu me diras car dans
cette pièce, il nʹy a que toi et moi.
Baba ben Buta répondit en reprenant la citation de lʹEcclésiaste :
‐ ʺCar un oiseau pourrait saisir tes paroles et les répéter au Roi.ʺ
Alors Hérode lui déclara :
‐ Je suis Hérode et je ne savais pas que les Rabbins étaient si précautionneux. Si
je lʹavais su, je ne les aurais pas fait assassiner. Mais, maintenant, je sollicite ton
conseil. Peut‐être trouveras‐tu un remède à mon erreur ?
Et Baba ben Buta répondit :
‐ Tu as aveuglé lʹoeil du monde (les Rabbins) ainsi quʹil est écrit dans Nombres
15 : 24 : ʺSi vous désobéissez, par aveuglement, aux Commandements que jʹai
prescrits...ʺ Aussi, maintenant, va et occupe‐toi de lʹOeil du Monde, qui est
désormais le Temple, ainsi quʹil est écrit dans Ézéquiel 24 : 21 :ʺMoi lʹÉternel, je
vais profaner mon Sanctuaire... qui est la Joie de vos yeux...ʺ
Par conséquent, je te conseille de reconstruire le Temple.
Alors Hérode répondit : ‐ Jʹai peur du Gouvernement Romain.
Baba ben Buta lui dit alors :
‐ Envoie un messager à Rome : quʹil mette un an pour y aller, quʹil y reste un an,
et quʹil prenne un an pour en revenir. Durant ces trois années tu pourras
démolir le Temple et en reconstruire un nouveau.
Hérode fit ce que Baba ben Buta lui avait conseillé, et la réponse de Rome après
les trois années fut la suivante :
‐ Si tu nʹas pas encore démoli le Temple, laisse les choses en état. Si tu lʹas déjà
démoli, nʹen reconstruis pas un nouveau. Et si tu lʹas déjà démoli et reconstruit
un nouveau, tu tʹes comporté, alors, en mauvais esclave qui réclame des
instructions pour une chose quʹil a déjà exécutée. Dʹailleurs il est inscrit dans
nos Archives que tu nʹes ni Roi, ni Descendant de Roi. Il y est seulement
marqué ʺHérode, lʹesclave qui sʹest affranchiʺ.
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Tout le premier chapitre de ce Traité Baba Bathra est assez typique dʹune forme répandue de
la Littérature Rabbinique dans les Talmuds.
Cette Littérature mêle, en effet, énonciation de la Loi (Halakah) avec ses discussions et ses
commentaires, entremêlés dʹhistoires (Aggadah), teintées de légendes plus faciles à
imprégner durablement la mémoire.
Et les Rabbins, du Présent comme du Passé, se livrent, alors, à une gymnastique télescopée
de cette mémoire, qui permet dʹétablir une chaîne ininterrompue de références incessantes
aux Textes Sacrés.
En effet, cʹest toujours au travers du prisme des Textes Sacrés que procède toute cette
Littérature, afin dʹêtre à même de mieux fixer par Écrit, la Loi Orale, perpétuée par les
générations des Sages, au travers des vicissitudes de lʹHistoire.
‐4‐ Pour pouvoir mesurer lʹampleur et la nature de lʹappropriation Architecturale
du Temple des Juifs, qui fut opérée par lʹorgueil dʹHérode, en vue dʹédifier, à la fois, le
Sanctuaire qui consacrerait le Dieu des Juifs, et le Sanctuaire qui attribuerait à Hérode la
même Valeur Divine que celle qui était attribuée au Dieu Auguste à travers tout lʹEmpire
Romain, il convient de procéder à un Historique précis du Sanctuaire des Juifs, à partir de la
Tente de la Rencontre de Moïse jusquʹau 3ème Temple de Jérusalem.
Et il se trouve également que cet Historique du Sanctuaire des Juifs sʹavère à la fois
fondamental et indispensable à la Démonstration concernant le Site disparu de ce Temple,
disparition qui constitue le sujet du présent Ouvrage.
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17/ Histoire du Temple de Jérusalem
La Tente de la Rencontre de Moïse
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‐1‐ LʹActe de Naissance du Sanctuaire des Juifs, avec ses Proportions Sacrées
imprescriptibles et spécifiquement Judaïques, figure en Exode : 25 à 40.
Après avoir donné à Moïse les Tables de la Loi comportant les Dix Commandements, qui
constituent le Fondement de lʹAlliance Morale passée entre lʹÉternel et les Juifs, Dieu indique
à Moïse le plan du Sanctuaire qui devra abriter lʹArche contenant cette Alliance, contractée
entre le Divin et lʹHumain.
Le Centre de ce Sanctuaire est une Tente démontable, qui sera la Tente destinée à la
« Rencontre » entre lʹÉternel et les représentants des hommes.
La Tente est structurée par des ʺmontants‐cadresʺ sur lesquels on pose deux ʺtoilesʺ
superposées.
Il y a 20 cadres sur la longueur du côté nord, 20 cadres sur la longueur du côté sud, et 8
cadres sur la largeur arrière de la Tente.
Lorsque ces 48 montants‐cadres, en bois dʹacacia recouverts dʹor, qui ont une hauteur de 5
mètres, sont installés sur leurs socles en argent, et forment ainsi un ensemble de cadres‐
supports, lʹon pose, sur cette armature, deux ʺtoilesʺ superposées, qui enveloppent,
également, les côtés et lʹarrière de la Tente.
‐ La ʺtoileʺ, qui se trouve à lʹintérieur de la Tente, est formée de bandes de tissu parallèles:
Une fois celles‐ci assemblées, cette ʺtoileʺ intérieure mesure 20 mètres sur 14 mètres.
‐ La ʺtoileʺ extérieure, qui se trouve à lʹair libre, est formée de la même manière que la toile
intérieure.
Cette ʺtoileʺ extérieure est destinée à recouvrir et à protéger la ʺtoileʺ intérieure : elle mesure
22 mètres sur 15 mètres.
La Tente de la Rencontre, ainsi formée, mesure 15 mètres de long, 5 mètres de large, et 5
mètres de haut.
Le devant de la Tente est impérativement axé vers lʹEst, et son arrière est axé vers lʹOuest.
Les deux ʺtoilesʺ superposées recouvrent le dessus, les côtés, et lʹarrière de la Tente ;
toutefois la ʺtoileʺ intérieure ne touche pas terre.
Par contre la ʺtoileʺ extérieure est fichée en terre par des piquets en bronze.
Le devant de la Tente est, lui, fermé par un Rideau qui est accroché à 5 colonnes en bois
dʹacacia recouvert dʹor, et fichées dans des socles en bronze.
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‐2‐ LʹIntérieur de la Tente est séparé en deux parties :
‐A‐ La partie de lʹarrière (vers lʹouest) est destinée à accueillir lʹArche de lʹAlliance, et cette
partie de la Tente est appelée le Lieu Très Saint.
Ce Lieu Très Saint est un Cube Parfait, qui mesure 5 mètres de longueur, 5 mètres de
largeur, et 5 mètres de hauteur.
Le Lieu Très Saint est séparé de lʹautre partie de la Tente, appelée Lieu Saint, par un rideau
accroché à quatre colonnes, en bois dʹacacia recouvert dʹor, posées sur des socles en argent.
‐B‐ Le Lieu Saint, mesure, donc, 10 mètres de longueur, 5 mètres de largeur et 5 mètres de
hauteur :
A lʹintérieur de ce Lieu Saint, se trouvent :
a‐ Une Table, en bois dʹacacia recouvert dʹor, de 1 mètre de long, de 50 centimètres de large,
et de 75 centimètres de hauteur, qui est placée au côté nord de la Tente.
Sur cette table sont posés, entre autres, les pains offerts à lʹÉternel.
b‐ En face de cette Table des Offrandes, et donc au côté sud de la Tente, se trouve le Porte‐
Chandelier à sept branches, fait de 30 kilos dʹor.
c‐ Et devant le Rideau qui cache lʹArche dʹAlliance, et qui sépare le Lieu Saint du Lieu Très
Saint est disposé un Autel carré de 50 centimètres de côté et de 1 mètre de hauteur, fait en
bois dʹacacia recouvert dʹor. Sur cet Autel brûle en permanence de lʹencens.
Exode : 26 :
(LʹÉternel dit à Moïse : )
Pour la Demeure Sainte, des artisans confectionneront dix bandes dʹétoffe, en
fils de lin résistants, mêlés de laine violette rouge et cramoisie; elles seront
ornées de chérubins brodés. Toutes les bandes auront les mêmes dimensions,
quatorze mètres sur deux mètres. On assemblera dʹabord cinq bandes bord à
bord, puis on fera de même avec les cinq autres. On fixera des brides dʹattache
de laine violette sur le bord de la dernière bande du premier assemblage, et on
fera de même à la première bande du deuxième assemblage. Il y aura cinquante
de ces brides au bord de chaque assemblage et les deux séries se
correspondront. On façonnera cinquante crochets en or pour fixer ces deux
assemblages, afin que la ʺtoileʺ ainsi formée ne constitue quʹun tout.
Puis on confectionnera onze bandes dʹétoffe en laine de chèvre pour une
seconde ʺtoileʺ, destinée à protéger la Demeure Sainte. Toutes les bandes auront
les mêmes dimensions, quinze mètres sur deux mètres. On assemblera dʹabord
cinq bandes puis on fera de même avec les six autres ; la sixième bande se
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rabattra sur le devant de la Tente. On fixera cinquante brides‐attaches sur le
bord de la dernière bande de premier assemblage et on en mettra cinquante
aussi au bord du second assemblage. On façonnera cinquante crochets en
bronze quʹon fixera dans les brides afin que la ʺtoileʺ ainsi formée constitue un
tout. Dans le sens de la largeur des bandes, la moitié du premier assemblage se
rabattra sur lʹarrière de la Demeure. Dans le sens de la longueur des bandes, le
mètre supplémentaire de tissu sera réparti par moitié de chaque côté de la
Demeure. De cette façon la Demeure Sainte sera bien recouverte et enveloppée.
Et pour protéger la seconde ʺtoileʺ extérieure on placera des peaux de bélier
teintes en rouge ainsi quʹune solide toile en cuir qui recouvriront le tout.
On fabriquera des cadres en bois dʹacacia quʹon dressera pour former lʹarmature
de la Demeure Sainte. Tous les cadres seront semblables : chacun mesurera cinq
mètres sur soixante quinze centimètres et sera muni de deux tenons parallèles.
On fabriquera vingt cadres, pour le côté sud de la Demeure Sainte, et quarante
socles en argent destinés à les supporter ; deux socles par cadres correspondant
aux deux tenons.
Pour le côté nord de la Demeure, on fera aussi vingt cadres avec quarante socles
en argent soit deux socles par cadre.
Pour lʹarrière de la Demeure, à lʹouest, on fera six cadres plus deux cadres
spéciaux pour les angles du fond. Ces deux cadres auront un écartement
normal à la base mais les montants se rejoindront au sommet avec un anneau.
Tous les deux seront semblables et serviront ainsi de cadres dʹangle (en oblique
probablement). Lʹarrière de la Demeure comportera donc huit cadres et seize
socles dʹargent, soit deux socles par cadre.
On taillera des traverses (horizontales) en bois dʹacacia : cinq pour maintenir
ensemble les cadres sur un côté de la Demeure, cinq pour les cadres de lʹautre
côté, et cinq pour ceux de lʹarrière à lʹouest. La traverse centrale passera à mi
hauteur sur tout le pourtour de la Demeure.
On recouvrira dʹor aussi bien les cadres que les traverses, et lʹon façonnera des
anneaux dʹor dans lesquels seront maintenues les traverses.
Après quoi, Moïse, tu feras dresser la Demeure Sainte, conformément au
modèle que Je tʹai montré ici sur la montagne.
Des artisans confectionneront un rideau en fils de lin résistants, mêlés de laine
violette, rouge et cramoisie ; il sera orné de chérubins brodés.
Il sera fixé au moyen de clous dʹor, à quatre colonnes en bois dʹacacia
recouvertes dʹor et reposant sur quatre socles dʹargent. Le rideau sera fixé à des
crochets.
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Cʹest derrière ce Rideau que lʹon déposera lʹArche contenant le Document de
lʹAlliance.
Le Rideau servira ainsi de séparation entre le Lieu Saint et le Lieu Très Saint.
On posera ensuite son Couvercle sur le Coffre Sacré, dans ce Lieu Très Saint.
On placera la Table des Offrandes, dans le Lieu Saint, au côté nord de la
Demeure, et le Porte‐lampes du Chandelier à sept branches, en face de la Table
des Offrandes, au côté sud.
Pour lʹEntrée de la Tente Sacrée, des brodeurs confectionneront un autre Rideau
en fils de lin résistants, mêlés de laine violette, rouge et cramoisie. On taillera
cinq colonnes en bois dʹacacia quʹon recouvrira dʹor et auxquelles on fixera le
Rideau au moyen de clous dʹor. On coulera cinq socles de bronze pour
supporter ces colonnes.
‐3‐ LʹAutel pour lʹOffrande des Sacrifices est placé en face de lʹEntrée de la Tente
Sacrée.
Cet Autel, fait en bois dʹacacia recouvert de bronze, est un carré de 2 mètres et demi de côté
et dʹun mètre et demi de haut. (Exode : 27 et 38)
Entre lʹAutel des Sacrifices et la Tente est installé un Bassin en bronze contenant lʹEau pour
les Purifications dʹAaron, le Grand‐Prêtre, et pour ses fils destinés à lui succéder.
Exode : 30 : 17‐21 :
LʹÉternel dit encore à Moïse :
Pour les Purifications par immersion (du corps) on fabriquera un Bassin de
bronze, monté sur un support de bronze.
On le placera entre la Tente de la Rencontre et lʹAutel des Sacrifices,
Et on y fera couler les Eaux.
Aaron et ses fils utiliseront cette eau pour se laver les mains et les pieds.
Avant dʹentrer dans la Tente de la Rencontre,
Aaron et ses fils devront se purifier par immersion de leur corps dans les
Eaux,
Afin de ne pas mourir (pour profanation).
Et, avant de sʹapprocher de lʹAutel, pour Mʹy offrir un Sacrifice,
Ils devront se laver les mains et les pieds, afin de ne perdre pas la vie.
Cette Règle est valable, définitivement et perpétuellement,
Pour eux et pour leurs descendants.
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Cette Purification, par immersion du corps dans les Eaux Vives, dans lʹEnceinte de la Tente
de la Rencontre, est également la Règle pour lʹIntronisation du Grand‐Prêtre, Aaron :
Exode : 40 :12 :
(Au jour de la Consécration de la Demeure Sainte)
Présente Aaron et ses fils à lʹEntrée de la Tente de la Rencontre, et, là, tu leur
feras prendre le Bain rituel de Purification par immersion dans les Eaux.
‐4‐ LʹEnceinte entourant la Demeure Sacrée, nomade, est délimitée par un rectangle
de Tentures, qui sont dressées sur une hauteur de 2,5 mètres.
Ce rectangle, formé par ces Tentures fixées sur des larges piquets, constitue lʹEnceinte du
Sanctuaire, et mesure 50 mètres de longueur sur 25 mètres de largeur.
Finalement, lʹEntrée de ce Parvis rectangulaire formé par des tentures, est constitué par un
rideau de dix mètres de long, et de la même hauteur (2,5 mètres) que les Tentures qui
forment les murs de cette Enceinte sacrée. (Exode : 27 : 9‐19 et 38 : 9‐20).
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18/ Histoire du Temple de Jérusalem
Le Temple de Salomon
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‐1‐ Le Roi David (1040‐970 av. EC), puis Salomon (990‐928 av. EC) font entrer
lʹArche de lʹAlliance itinérante dans Jérusalem, puis entreprennent la construction dʹun
véritable Édifice en dur, le Temple, destiné à abriter, définitivement, cette Arche de
lʹAlliance.
En premier lieu, David construit à Jérusalem un Autel, à un emplacement désigné par un
Ange du Seigneur, à la suite dʹune punition infligée par lʹÉternel.
2 Samuel : 24 : 15‐24 :
LʹÉternel envoya donc une épidémie de peste sur Israël, dès ce matin‐là, et pour
la durée annoncée. Dʹun bout à lʹautre du pays, soixante dix mille hommes
moururent. Lorsque lʹAnge du Seigneur, la main pointée contre Jérusalem fut
sur le point dʹy répandre le fléau, LʹÉternel renonça à sévir davantage.
Il dit à lʹAnge exterminateur :‐ Cela suffit ; abaisse ta main !
A ce moment là, lʹAnge du Seigneur se trouvait près de lʹendroit où le Jébusite
Aravna battait son blé.
David après avoir vu lʹAnge qui exterminait le Peuple dit à lʹÉternel :
‐ Je suis le coupable, cʹest moi qui ai pêché ! Ces pauvres gens nʹont rien fait de
mal. Cʹest donc moi et ma famille quʹil faut punir.
Le même jour Gad (le Prophète) vint trouver David et lui dit :
‐ Monte sur lʹaire où Aravna bat son blé, et construis là un Autel pour lʹÉternel.
David sʹy rendit comme le Seigneur le lui avait ordonné par lʹintermédiaire de
Gad. Dʹen haut, Aravna vit le Roi et ses ministres qui venaient vers lui. Il
sʹavança, se jeta visage contre terre devant le Roi et demanda :
‐ Majesté, pourquoi viens‐tu chez moi ?
‐ Je désire tʹacheter cet emplacement, répondit David. Je veux y construire un
Autel pour lʹÉternel, afin que le fléau qui sʹest abattu sur le Peuple prenne fin.
‐ Majesté, dit alors Aravna, prends tout ce que tu désires, et fais une Offrande à
Dieu. Voici mes boeufs pour le sacrifice ainsi que les chariots et les harnais pour
alimenter le feu de la combustion. Je te donne tout. Et jʹespère, Majesté, que le
Seigneur ton Dieu, accueillera ton Offrande avec faveur.
Mais le Roi lui dit : ‐ Tu ne me donneras rien ! Je veux acheter cela, te le payer.
Je ne vais quand même pas offrir à lʹÉternel, mon Dieu, des Sacrifices qui ne
mʹauraient rien coûté !
David lui paya cinquante pièces dʹargent pour lʹaire et les boeufs.
Le Roi construisit à cet endroit un Autel, et offrit à lʹÉternel des Sacrifices
complets et des Sacrifices de communion.
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Alors lʹÉternel se montra clément au Pays, et le fléau qui sʹétait abattu sur Israël
prit fin.
La suite du récit concernant la construction du Temple se trouve en 1 Rois 5‐8.
Mais lʹemplacement sur lequel Salomon construit le Temple nʹy est pas explicitement
indiqué, et ne fait pas référence à lʹaire dʹAravna sur lequel David avait construit un Autel
pour arrêter lʹépidémie.
Par contre, dans les Chroniques, écrites ultérieurement à Samuel et Rois, il est indiqué que
Salomon construit le Temple sur lʹaire dʹAravna, et il y est précisé, de surcroît, que cet
Emplacement se trouve sur le mont Moria où Abraham avait offert son fils en sacrifice à
Dieu.
Et, si la première indication des Chroniques concernant lʹaire dʹAravna amplifie un Texte de
Samuel, la deuxième indication, par contre, ne figure ni en Samuel ni en Rois.
A cet égard, il convient de noter que la plus grande partie de Chroniques a été rédigée après
la destruction du premier Temple, par un Scribe ou Prêtre, ou un groupe de Scribes ou
Pretres, de la Classe Sacerdotale, à partir de Rois et dʹautres diverses Sources.
‐2‐ La Description du Temple de Salomon figure, principalement, en 1 Rois 6 et 7
ainsi quʹen 2 Chroniques : 3‐5.
Pour construire le Temple de Jérusalem, Salomon reprend le plan du Sanctuaire de Moïse,
mais il le transpose en dur :
La pierre remplace la toile ; le cèdre, le pin et lʹolivier sauvage remplacent lʹacacia.
A lʹintérieur, toute la pierre est tapissée de cèdre, ou de pin pour les planchers, mais tous les
bois, y compris ceux des sculptures et des tables, sont, eux‐mêmes, recouverts dʹor, comme
dans la Tente de la Rencontre de Moïse.
Pour ce qui concerne les Proportions, toutes les Dimensions Intérieures du Temple sont
uniformément doublées par rapport à celles du Sanctuaire de Moïse.
Toutefois, la hauteur du Lieu Saint est, elle, et elle seule, triplée.
De plus un Porche est ajouté devant lʹEntrée du Temple, ayant la même hauteur et la même
largeur que le Lieu Saint, avec une profondeur, se projetant en avant de lʹÉdifice, sur 5
mètres.
Toutes ces mesures, dont les proportions sont strictement déduites des mesures de la Tente
de la Rencontre de Moïse, qui était faite de toile sans épaisseur, sʹappliquent, ainsi, à
lʹintérieur‐même de lʹÉdifice Sacré.
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Aussi, à ces chiffres, dont les proportions sont considérées comme ayant un caractère et une
portée sacrés et imprescriptibles, il faut ajouter les mesures, non communiquées pour le
Temple de Salomon, concernant lʹépaisseur des murs et des toits, qui sont désormais
nécessaires pour soutenir et protéger une telle construction en dur :
Ainsi, seul, lʹintérieur de lʹÉdifice respecte scrupuleusement les mesures, inspirées, ou plutôt,
proportionnellement déduites, de celles de la Tente de la Rencontre.
Tout le Temple de Salomon (intérieur) a, donc, une largeur constante et uniforme de 10
mètres.
‐ La longueur du Lieu Très Saint, contenant lʹArche de lʹAlliance, est de 10 mètres, sa
largeur de 10 mètres, et sa hauteur est de 10 mètres également.
Ce qui fait que le Lieu Très Saint a, rigoureusement, la même forme dʹun Cube Parfait de 10
mètres de côté que le Lieu Très Saint de la Tente de la Rencontre de Moïse, qui était, lui, un
Cube Parfait de 5 mètres de côté.
Ses dimensions ont donc doublé mais ses Proportions Sacrées sont demeurées inchangées, le
Cube étant, dans lʹAntiquité, la forme architecturale la plus parfaite qui puisse être réalisée.
‐ Par contre, pour ce qui concerne le Lieu Saint, si sa longueur de 20 mètres et sa largeur de
10 mètres sont rigoureusement le double de celles de la Demeure de Moïse, sa hauteur de
15 mètres multiplie par 3, la hauteur de la Tente de la Rencontre (cf. infra).
‐ Ce qui est donc ajouté, par Salomon, au seul plan de la Tente de la Rencontre, proprement
dite, est un Porche de 15 mètres de hauteur et de 10 mètres de largeur, en prolongement du
Lieu Saint du Temple, et ayant une profondeur de 5 mètres.
Cela fait que la longueur totale du Temple est de (10+20=) 30 + 5 = 35 mètres.
Et les deux Colonnes, supportant le toit de ce Porche, sont appelées, respectivement, Yakin
(Stabilité) et Boaz (Force).
‐3‐ Le Porche qui a été ajouté sur le devant du Temple, ainsi que ces deux
Colonnes, soulèvent un certain problème dʹinterprétation, puisque ni lʹun ni lʹautre ne
figurent dans la Tente de la Rencontre de Moïse.
Par ailleurs, Salomon fait, également, ajouter, tout autour du Temple, une Structure‐annexe
de trois étages, qui est accolée aux côtés et à lʹarrière de lʹÉdifice Sacré, et qui est destinée à
abriter, entre autres, tout ce qui était nécessaire aux Prêtres, pour assurer le Culte.
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Cette nouvelle Structure‐annexe mesure 2,5 mètres de large à sa base, et 8 mètres environ de
hauteur totale (étant constituée de trois étages).
Cʹest à dire que cette Structure‐annexe est moins haute que le Porche et le Lieu Saint (15
mètres de haut) ainsi que le Lieu Très Saint (10 mètres de haut), auxquels cette Structure‐
annexe (8 mètres de haut) est, ainsi, accolée :
1 Rois : 6 : 2 :
Le Temple que Salomon fit construire pour lʹÉternel mesurait trente mètres de
long, dix mètres de large, et quinze mètres de haut (hauteur pour le Lieu Saint).
Devant le Lieu Saint du Temple, il y avait un Porche de dix mètres de largeur
comme le Temple, et de cinq mètres de profondeur.
Dans les murs du Temple se trouvaient des ouvertures à cadre, ajourées.
On construisit une Annexe étroite de trois étages, qui sʹappuyait contre les murs
extérieurs du Lieu Saint et du Lieu Très Saint, et qui en faisait le tour.
Le rez‐de‐chaussée de cette Annexe avait deux mètres et demi de large, lʹétage
intermédiaire trois mètres, et lʹétage supérieur trois mètres et demi de large.
En effet, le mur extérieur du Temple nʹavait pas la même épaisseur sur toute sa
hauteur ; il était moins épais à chaque niveau, de telle façon que la charpente ne
pénètre pas dans les murs du Temple.
Pour construire le Temple, on utilisa les pierres, telles quʹelles provenaient de la
carrière ; ainsi, pendant tout le temps de la construction, on nʹentendit pas un
seul coup de marteau ni de pic, ni dʹaucun outil de fer.
On accédait à lʹAnnexe, par une porte située au côté sud du Temple : de là, on
montait à lʹétage intermédiaire par des escaliers tournants, puis, de même, à
lʹétage supérieur.
Pour finir la construction du Temple, on fit un plafond avec des poutres et des
planches de cèdre.
Quant à lʹAnnexe construite sur le pourtour du Temple, elle avait deux mètres
et demi de hauteur par étage, et ses poutres de cèdre reposaient sur les
différents niveaux du mur du Temple.
‐4‐ Lʹajout Architectural, effectué par Salomon, dʹun Porche à deux Colonnes, et du
Bâtiment de trois étages accolé au Temple‐même, fait figure dʹaménagement utilitaire, et nʹa
aucune Fonction Sacrée, qui pourrait être déduite de la Tente de la Rencontre dont les
Dimensions et proportions précises ont été prescrites par lʹÉternel.
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Aussi, lʹon pourrait penser que cet ajout architectural, de type fonctionnel, fut inspiré à
Salomon, par la structure de certains Temples Syriens voisins, comme, par exemple, le
Temple dʹAïn Dara.
En effet, ce Temple dʹAïn Dara, qui se présente, comme plusieurs Temples Païens de la
Région, sous une forme rectangulaire, mais sans la spécificité du Cube parfait conçu par
Moïse pour accueillir lʹArche de lʹAlliance, comportait un Porche soutenu par deux Colonnes
reposant sur des bases basaltiques, encore visibles. Et, également, ce Temple dʹAïn Dara
comportait une Annexe‐galerie en forme de U, qui était accolée aux murs du Temple Païen,
et qui en faisait tout le tour, cʹest à dire, en une sorte dʹabside continue, tout le long des deux
côtés et de lʹarrière du Sanctuaire, tout comme pour le Temple de Salomon.
Il est probable que cette annexe aux fins cultuelles ait été souhaitée par la Prêtrise. Et
l’édification de cette Annexe rendrait compte ainsi du fait que la hauteur du Lieu Saint ait
été multiplié par 3 au lieu d’être multiplié par 2 comme toutes les autres dimensions de la
Tente de la Rencontre de Moïse.
Cette rupture délibérée des Prescriptions Bibliques concernant des Proportions Sacrées
imprescriptibles est probablement du au désir de construire des ouvertures pour la lumière
du jour dans la partie supérieure des murs latéraux (au dessus de l’annexe) permettant
d’éclairer le Lieu Saint.
‐5‐ Les différents ajouts et modifications effectués, ainsi, par Salomon, à la
Structure du Sanctuaire, dont les proportions avaient été précisément définies par lʹÉternel à
Moïse, ont une certaine importance, dans la mesure où ces ajouts ont ouvert la voie à
Hérode, en lui permettant de prendre un grand nombre de libertés, à la fois, Architecturales
et Idéologiques : En effet, Hérode a créé un Édifice, de style Greco‐Romain, qui
correspondait à sa propre Vision syncrétique des Dieux de lʹEmpire Romain et du Dieu
Unique des Juifs, Vision cosmogonique, dans laquelle Hérode se situait lui‐même comme
divinisé, à lʹinstar de son Maître et Protecteur Romain, le Divin Auguste.
‐6‐ Pour ce qui concerne le Porche ajouté par Salomon, 2 Chroniques 3 : 4 indique
que le Porche du Temple de Salomon avait soixante mètres de hauteur, alors que 1 Rois : 6 : 2
indique, implicitement, 15 mètres de hauteur, comme pour le Temple.
Ce chiffre, architecturalement et religieusement, outrancier, de 60 mètres de hauteur pour le
seul Porche, par rapport aux 15 mètres de hauteur du Temple selon 1 Rois, est,
probablement, du à une erreur dʹun Scribe Copiste de Chroniques.
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‐ Cette erreur est peut‐être involontaire.
‐ Ou bien cette erreur est volontaire, et, dans ce cas, on pourrait, éventuellement, lʹattribuer
à des Scribes, courtisans dʹHérode, qui, comme nous le verrons infra, souhaitait disposer de
Bases Scripturaires pour pouvoir transformer, à sa guise et selon sa propre vision Gréco‐
Romaine, les proportions originales du Temple de Salomon, en particulier, sur le plan de sa
hauteur et de sa façade.
‐7‐ Pour ce qui concerne les deux Colonnes de bronze, Yakin et Boaz, on constate
un autre genre de distorsion, due à une interprétation tardive, effectuée à partir du Texte de
Chroniques :
En effet, le texte de Chroniques, et la hauteur attribuée aux Colonnes peuvent laisser à penser
que ces deux Colonnes se dressaient, séparées, en face du Temple.
En réalité, ces deux Colonnes soutenaient le Porche du Temple.
Cette armature est indiquée, par le Texte Hébraïque de Rois, ainsi que par le Texte Grec de
Règnes de la Septante, qui confirment implicitement ou explicitement la finalité architecturale
de ces deux Colonnes, destinées à soutenir le Porche, comme pour le Porche du Temple
Syrien dʹAïn Dara.
1 Rois : 7 : 15‐22 :
Hiram fabriqua deux Colonnes de bronze ; elles avaient neuf mètres de haut et
six mètres de tour.
Il fit aussi deux chapiteaux à placer au faite de ces Colonnes ; il étaient coulés en
bronze et avaient chacun deux mètres et demi de haut...
Sur chaque Colonne il y avait un deuxième chapiteau de deux mètres de haut
en forme de fleur de lys.
Immédiatement au dessus des chapiteaux il y avait une partie renflée : ce
renflement se trouvait donc au delà du filet décoratif et des cent grenades
sculptées autour de chaque chapiteau.
On dressa les deux Colonnes dans le Porche du Temple, lʹune à droite quʹon
appela Yakin (ʺLʹÉternel donne la Stabilitéʺ selon Chroniques) et lʹautre à gauche
quʹon appela Boaz (ʺEn lʹÉternel se trouve la Forceʺ selon Chroniques).
Selon ces chiffres, ainsi transmis par 1 Rois, les Colonnes ont une hauteur de : 9 + 2,5 + 2, soit
un total de 13,5 mètres, auxquels il faut ajouter une ʺpartie renfléeʺ.
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On arrive, ainsi, approximativement, au chiffre de 15 mètres de hauteur pour chaque
Colonne, et ce chiffre correspond, exactement, à la hauteur du Porche et du Lieu Saint.
Cette hauteur est, ainsi, à priori, conçue spécifiquement pour supporter le toit du Porche.
Par ailleurs, des Colonnes séparées ne figurent nullement dans la Demeure Sacrée de Moïse,
où il nʹy a pas, non plus, de Porche.
De même, on ne retrouvera des Colonnes qui seraient détachées du Porche, ni dans le
second Temple, construit au retour dʹexil de Babylone par Zorobabel et Josué, ni dans le
troisième Temple, construit par Hérode.
Et si des Colonnes séparées avaient, effectivement, constitué lʹune des caractéristiques
mystico‐architectural du Sanctuaire Juif, ces caractéristiques auraient été reprises, amplifiées
et mises particulièrement en valeur, tant pour le second Temple, que pour le troisième
Temple dʹHérode, en raison, par exemple, de la vogue des Obélisques dans l’Antiquité
Romaine.
Règnes, dans la Septante Grecque, donne également, pour ces Colonnes, une description qui
apparaît tout aussi cohérente, sur le plan architectural, que le Texte Hébraïque en Rois, et
dans les deux cas, ces deux Colonnes, Yakin et Boaz, apparaissent comme spécifiquement
construites pour soutenir le toit du Porche :
Septante : III : Règnes : 8 : 13 :
Et Salomon fit venir de Tyr, Hiram qui était le fils dʹune veuve. Il faisait partie
de la Tribu de Nephtali et son père était un Tyrien. Il était spécialisé dans lʹart
du bronze. Il était très habile et intelligent, et il maîtrisait parfaitement la
technique du bronze. Il fut mené à Salomon et se vit confier tous les Ouvrages à
faire en bronze.
Et il fondit deux Colonnes pour le Porche du Temple. La hauteur de chaque
Colonne était de neuf mètres, et leur circonférence de sept mètres...
Et il fabriqua deux chapiteaux pour les poser au dessus des Colonnes : chaque
chapiteau mesurait deux mètres cinquante de hauteur...
Et il installa les deux Colonnes du Porche du Temple.
Et il dressa la première Colonne et lʹappela Jachum (Yakin) et il dressa la
seconde Colonne et il lʹappela Boloz (Boaz).
Et, au faite de chaque colonne, il fit un ouvrage en forme de lys de deux mètres
de haut, sous le Porche, et un ouvrage par dessus, de la largeur du Porche...
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On retrouve ainsi dans cette description de Règnes de Septante, concernant les colonnes Yakin
et Boaz, la même hauteur des Colonnes que celle indiquée dans Rois du Texte Hébraïque
correspondant :
Et, là encore, cette hauteur, dans les deux cas, correspond à la hauteur du Porche, que les
deux Colonnes soutiennent, ainsi très explicitement, selon le Texte de la Septante.
Ainsi, la Tradition tardive, séparant ces deux Colonnes du Temple, peut apparaître,
symboliquement, comme séduisante et stimulante, mais, selon toute vraisemblance, elle est,
architecturalement et historiquement, inadéquate.
‐ Sur ce sujet annexe, on pourrait émettre, entre autres, lʹhypothèse que la construction dʹun
Porche avec colonnes pouvait apparaître comme trop éloigné de la conception géométrique
austère de la Demeure Sacrée, telle quʹelle avait été prescrite par lʹÉternel à Moïse, et que,
par conséquent, certains Juifs auraient préféré ʺdétacherʺ ces Colonnes du Temple lui‐même.
‐ On pourrait, également, imaginer que lʹon ait voulu, avec cette Tradition de Colonnes
détachées, prévenir toute référence éventuelle à tout Temple Païen de la Région, comportant
un Porche soutenu par des Colonnes.
‐ Finalement on pourrait avancer que les noms, donnés à chacune des deux Colonnes,
avaient induit une certaine spéculation ésotérique, qui se nourrissait plus aisément de deux
Colonnes, pittoresquement détachées du Temple.
‐8‐ En tout cas, ce Porche Salomonien et ses deux Colonnes permettront, plus tard,
à Hérode de conférer, au 3ème Temple, le style caractéristique Greco‐Romain, en constituant
une armature de sa façade, non plus avec deux Colonnes, mais avec quatre Colonnes de
soutènement intégrées.
Cʹest, en effet, une façade allongée en largeur du Porche, et non plus un Porche dans le
prolongement des murs du Temple, quʹHérode imposera au nouveau Sanctuaire des Juifs,
prétendant, ainsi, en respecter le Concept original :
Mais, de fait, Hérode imposera une structure architecturale complètement novatrice, qui
donnera de la façade du Temple des Juifs une vision élargie, rappelant celles offertes par de
nombreux Temples tetrastyles (à 4 Colonnes) qui étaient dédiés à travers tout lʹEmpire
Romain au Divin Auguste, dont ceux qui furent bâtis par Hérode lui‐même, comme, par
exemple, à Panion, près de la Source du Jourdain.
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Et, pour marquer davantage encore cette dévotion implicite dʹHérode à Auguste, lʹAigle
dʹor, qui sera apposé au fronton, peut‐être de forme triangulaire, achèvera dʹexprimer,
spectaculairement, lʹallégeance dʹHérode à la Puissance Romaine et à son Idéologie.
‐9‐ Pour ce qui concerne lʹinstallation intérieure du Temple de Salomon,
lʹorganisation en reprend, à peu près, lʹordonnancement qui avait été institué par lʹÉternel
pour la Tente de la Rencontre de Moïse, à savoir :
a‐ lʹArche de lʹAlliance est placé dans le Lieu Très Saint ;
b‐ Dans le Lieu Saint, sont placés la Table en or pour lʹencens, et la Table en or pour les
offrandes ;
c‐ Le Candélabre à sept branches qui se trouvait au nord de la Tente de la Rencontre est
remplacé par dix candélabres en or, cinq étant situés au nord du Lieu Saint, et cinq au sud ;
d‐ Par ailleurs, des portes en bois recouvert dʹor (ou des panneaux mobiles ?) remplacent les
rideaux de séparation qui étaient installés dans la Tente de la Rencontre.
Sur le plan de la Décoration, tous les murs et plafonds intérieurs sont recouverts de bois de
cèdre, et les planchers de bois de pin, tous ces bois étant toujours, eux‐mêmes, recouverts
dʹor.
En reprenant le thème décoratif des Chérubins de lʹArche de lʹAlliance et de la Tente de la
Rencontre, Salomon fait installer, dans le Lieu Très Saint, et faisant face à lʹArche de
lʹAlliance, deux immenses Chérubins en bois dʹolivier sauvage recouvert dʹor, et mesurant 5
mètres de haut, avec des ailes de 2 mètres et demi chacune :
Ces ailes, déployées parallèlement au mur du fond, vont, par conséquent, du mur
longitudinal nord à celui opposé sud.
1 Rois : 6 : 14‐35 :
Lorsque lʹon eut fini les travaux de Bâtiment, selon les ordres de Salomon, on
recouvrit les murs intérieurs du Temple de boiseries de cèdre, de bas en haut, et
lʹon posa un plancher en bois de cyprès.
On recouvrit aussi de boiseries de cèdre les murs du Lieu Très Saint, dix mètres
de boiseries de bas en haut ; puis on aménagea lʹintérieur de cette Salle pour en
faire le Lieu de lʹArche de lʹAlliance, appelé Lieu Très Saint.
Le reste du Temple, cʹest à dire le Lieu Saint, qui précède la Salle de lʹArche de
lʹAlliance, avait vingt mètres de long.
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Les boiseries intérieures du Temple étaient décorées de sculptures représentant
des fruits de coloquintes et des fleurs épanouies.
Tout était recouvert de boiseries de cèdre, de sorte quʹon ne voyait aucune
pierre.
On arrangea lʹintérieur du Lieu Très Saint, la Salle la plus importante du
Temple, afin quʹelle puisse accueillir lʹArche de lʹAlliance.
Cette Salle avait dix mètres de long, dix mètres de large et dix mètres de haut.
On lʹavait tapissée dʹor fin, de même que tout lʹintérieur du Temple.
Devant lʹEntrée de cette Salle on tendit une chaîne en or, et on plaça un Autel en
bois de cèdre recouvert dʹor.
Ainsi le Temple tout entier était recouvert dʹor, de même que lʹAutel placé près
de lʹEntrée de la Salle de lʹArche de lʹAlliance.
On sculpta deux Chérubins en bois dʹolivier sauvage pour les placer dans la
Salle de lʹArche de lʹAlliance. Chacun mesurait cinq mètres de haut.
Le premier avait des ailes de deux mètres et demi de long, ce qui faisait cinq
mètres dʹun bout à lʹautre de ses ailes.
Le second mesurait également cinq mètres ; il avait les mêmes dimensions et les
mêmes formes que le premier.
On plaça les Chérubins au milieu de la Salle de lʹArche de lʹAlliance ; ils avaient
les ailes déployées, de telle manière quʹune aile du premier Chérubin touchait
un mur de la salle et une aile du second Chérubin touchait lʹautre mur, tandis
que les deux autres ailes se touchaient au milieu de la salle. On avait recouvert
dʹor les deux Chérubins.
Sur tous les murs du Temple, dans ses deux Salles, on grava des motifs en relief,
des Chérubins, des palmes et des fleurs épanouies.
Et lʹon recouvrit dʹor même le plancher du Temple, également dans les deux
Salles.
‐10‐ Le texte de 1 Rois ne fournit pas de renseignements précis sur lʹAutel des
Sacrifices qui fut installé devant le Temple.
Tout au plus, sait‐on quʹil était en bronze et trop petit (peut‐être de la même taille que lʹAutel
de Moïse) pour les nombreux Sacrifices que Salomon offrit à lʹÉternel, lors de lʹInauguration
du Temple :
Aussi, Salomon dut faire construire un deuxième Autel, plus grand, vraisemblablement en
dehors du Parvis, puisquʹil peut sʹadresser, de cet endroit, à tous les Israélites qui se sont
rassemblés devant lui (1 Rois : 8 : 64).
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Le texte de 2 Chroniques avance, en revanche, que lʹAutel des Sacrifices, en bronze, dont il
nʹest pas spécifié sʹil se trouvait en dehors du Parvis, mesurait 10 mètres sur 10 mètres, et 5
mètres de hauteur.
De même, pour les Colonnes Yakin et Boaz, 2 Chroniques leur assigne comme hauteur une
vingtaine de mètres, ce qui pouvait impliquer que ces Colonnes sont détachées du Temple.
Et 2 Chroniques note, également, dans le Temple, séparant le Lieu Très Saint du Lieu Saint,
un Rideau, comme dans la Tente de la Rencontre, ce que nʹindiquait pas 1 Rois.
Par contre, ce Rideau de séparation se trouvera dans le second et dans le troisième Temple.
‐11‐ Si la description de lʹAutel des Sacrifices du Temple de Salomon est quasiment
inexistante dans 1 Rois, par contre, les aménagements des éléments destinés à fournir lʹEau,
nécessaire aux Purifications du Culte sont, eux, décrits avec beaucoup de précision.
‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐
‐ Il se trouve que plusieurs de ces renseignements particuliers, ainsi que nous le verrons au
cours de la présente Étude, feront partie, entre autres Données Bibliques, Rabbiniques, ou
Documentaires Juives et Païennes, des divers éléments qui permettront dʹexpliquer le
Réseau Hydraulique qui fut installé en amont du Temple, dans le sous‐sol de la Citadelle
Juive, et qui a été quasi‐intégralement préservé dans le socle rocheux du Haram. ‐
‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐
Et là, encore, la Septante Grecque donne quelques indications supplémentaires qui rendent
plus cohérents les différents éléments qui sont assemblés, en vue de permettre ces Rites de
Purifications par les Eaux Vives.
Le Bassin de bronze devant contenir lʹEau de Purification, qui était placé au sud‐est de la
Tente de la Rencontre de Moïse, est positionné de la même manière, devant le Temple de
Salomon, à son sud‐est.
Mais ce Bassin est devenu considérablement plus grand et plus lourd.
De plus, sa mise en valeur décorative est spécialement destinée à commémorer le souvenir
des temps où la Tente de la Rencontre et ses éléments constitutifs, tout comme les douze
Tribus de la Nation Juive, étaient itinérants et nomades :
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Cʹest à dire quʹune Cuve immense, confectionnée en bronze ou airain, par Hiram, est posée
sur 12 taureaux, sculptés en bronze également, et étant chacun, probablement, plus grand
que nature.
1 Rois : 7 : 23‐26 :
Hiram fit alors une grande Cuve en bronze (airain) ; elle mesurait cinq mètres
de diamètre, deux mètres et demi de hauteur, et quinze mètres de circonférence.
Autour du bord de la cuve, sur tout le pourtour, se trouvait une décoration de
fruits de coloquintes ; il y en avait vingt par mètre, sur deux rangées.
Cette décoration avait été coulée en bronze en même temps que la Cuve.
La Cuve reposait sur douze taureaux de bronze ; trois dʹentre eux étaient
tournés vers le nord, trois vers lʹouest, trois vers le sud et trois vers lʹest, tandis
que leurs arrière‐trains étaient tous tournés vers lʹintérieur, sous la Cuve.
La paroi de la Cuve avait huit centimètres dʹépaisseur ; son rebord était travaillé
comme le bord dʹune coupe en forme de pétale de lys.
La Cuve contenait environ quatre‐vingt mille litres dʹeau.
Outre cette immense Cuve de bronze de 80.000 litres, qui correspond au premier Bassin en
bronze de la Tente de la Rencontre, Salomon ajoute 10 chariots mobiles en bronze travaillé et
décoré, sur lesquels sont posés des bassins, en bronze également, qui contiennent, chacun,
1.600 litres dʹeau :
1 Rois 7 : 38‐39 :
Hiram fit encore dix bassins de bronze à placer sur les dix chariots.
Chaque bassin mesurait deux mètres de haut et contenait environ mille six
cents litres. On plaça cinq de ces chariots avec bassins à droite du Temple et les
cinq autres à gauche.
La grande Cuve ronde fut placée sur le côté droit (sud) du Temple, près de
lʹangle sud‐est.
Le texte de la Septante fournit quelques renseignements supplémentaires sur
lʹapprovisionnement en Eau, nécessaire pour les Rites de Purification au Temple de
Salomon:
Septante : 3 Règnes 2 : 36 :
Et Salomon avait 70.000 manoeuvres et 80.000 tailleurs de pierre dans la
montagne :
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Et Salomon fit ʺla Merʺ, et les Chariots avec leur grands Bassins (10), et les
Colonnes, et la Fontaine du Parvis, et ʺla Mer de bronzeʺ (Bassin dʹAirain) ;
Et Salomon bâtit la Citadelle au dessus (du Temple), comme protection...
Le Texte grec de la Septante reprend donc, comme le Texte Hébraïque de 1 Rois, la Cuve de
bronze, appelée ʺMer de bronzeʺ, ainsi que les 10 Bassins avec leurs Chariots.
Mais le texte de la Septante ajoute une Fontaine située au milieu du Parvis, et, de plus, ajoute,
un autre nouvel élément : ʺla Merʺ, qui est citée en premier.
Cette ʺMerʺ pourrait donc être considérée comme une grande Citerne‐Réservoir, destinée à
alimenter en Eaux Vivantes Purificatrices, entre autres, les Bassins des chariots, la Fontaine
du Parvis et la grande Cuve de bronze, appelée ʺMer de bronzeʺ.
Or, la plus grande et la plus ancienne Citerne souterraine, qui se trouve, toujours de nos
jours, dans le sous‐sol rocheux du Haram al‐Sharif (Esplanade des Mosquées) et qui a pu
être explorée par les Archéologues du 19ème siècle, porte justement ce nom ʺla grande Merʺ.
‐12‐ Pour ce qui concerne le Parvis du Temple de Salomon, sa description, tant dans
1 Rois que dans 2 Chroniques, est beaucoup plus vague que la description, extrêmement
précise, qui avait été donnée en Exode du Parvis de la Tente de la Rencontre de Moïse
(constitué par un rectangle de 50 mètres sur 25 mètres, délimité par des Tentures de 2,5
mètres de hauteur).
Et les descriptions très laconiques du Parvis du Temple de Salomon ne donnent aucune sorte
dʹindication sur ses mesures, mais parlent uniquement de murs faits de rangées alternées de
pierres et de poutres de cèdre :
1 Rois : 6 : 36 :
Puis on entoura la Cour intérieure dʹun mur fait de trois rangées superposées
de pierres de taille et dʹune rangée de poutres de cèdre.
‐13‐ Sous le règne de Roboam, le fils de Salomon, le Pharaon Shishacq conquiert
Jérusalem, et sʹempare de tous les objets façonnés en or.
Il est toutefois impossible de déterminer si Shishacq sʹempara également des Objets du
Culte, mais on pourrait, éventuellement, conjecturer quʹun certain respect superstitieux,
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parfois répandu dans lʹAntiquité, lʹaurait dissuadé dʹenlever, en tout cas, le coeur même de
ce Culte, et que, de surcroît, lʹArche de lʹAlliance, en particulier, aurait, probablement, été
cachée, pour éviter sa capture ou sa destruction.
Par contre, plus tard, un descendant de David, le Roi de Juda, Ahaz, étant attaqué à la fois,
par le Royaume nord dʹIsraël et par le Royaume de Syrie, sollicite lʹaide du Roi dʹAssyrie,
Teglath‐Pahalassar.
Ahaz obtient cette aide, en échange dʹoffrandes précieuses, mais également en faisant acte
dʹallégeance, et en acceptant dʹadapter des pratiques Religieuses Païennes au Culte Juif.
Ces compromissions ne sont pas sans exercer une certaine influence sur lʹinfrastructure du
Temple de Jérusalem, en particulier sur lʹAutel des Sacrifices, ainsi que sur la grande Cuve
dʹairain et les Bassins qui étaient destinés aux Eaux de Purification.
2 Rois : 16 :
Pendant la dix‐septième année du règne de Peca, fils de Remalia, sur le
royaume dʹIsraël, Ahaz, fils de Yotam, devint Roi de Juda à lʹâge de vingt ans ;
il régna seize ans à Jérusalem mais il ne fit pas ce qui plaît au Seigneur son
Dieu, contrairement à son ancêtre David.
Il imita plutôt la conduite des Rois dʹIsraël (la région située au nord du
Royaume de Juda, dont les Tribus Juives ont fait sécession après la mort de
Salomon, et dont certains Rois se sont éloignés du Culte du Dieu Unique).
Ahaz alla même jusquʹà offrir son propre fils en sacrifice selon lʹabominable
pratique des Nations que le Seigneur avait chassées du pays pour faire place au
Peuple dʹIsraël. Ahaz offrit des sacrifices dʹanimaux et de parfums dans des
lieux prétendument sacrés, sur les collines où il y avait des arbres verts.
Ressin, Roi de Syrie, et Péca, fils de Remalia et Roi dʹIsraël, vinrent faire la
guerre à Ahaz, en lʹassiégeant dans Jérusalem, mais ils ne réussirent pas à sʹen
emparer. A la même époque, Ressin, Roi de Syrie, rendit la ville dʹÉlath aux
Édomites, après en avoir chassé les gens de Juda. Les Édomites revinrent sʹy
installer et y sont restés depuis lors. Ahaz fit porter les messages suivant à
Teglath‐Phalassar, Roi dʹAssyrie : ʺJe suis comme ton serviteur ou ton fils. Viens
me délivrer des Rois de Syrie et dʹIsraël qui mʹont attaqué.ʺ
Dans le même temps, Ahaz rassembla lʹor et lʹargent qui se trouvait dans le
Trésor du Temple et dans le Trésor du Palais Royal, et les envoya en cadeau au
Roi dʹAssyrie. Celui‐ci fit alors ce quʹAhaz lui demandait : il vint attaquer la
ville de Damas, sʹen empara et en déporta les habitants à Quir ; quant à Ressin,
il le fit mourir.
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Le Roi Ahaz se rendit alors à Damas pour rencontrer le Roi Teglath‐Phalassar.
Lorsquʹil vit lʹAutel du Temple de Damas, il en envoya le croquis et le plan
détaillé à Jérusalem, au Grand‐Prêtre, Ouria.
Ouria fabriqua un nouvel Autel, selon les instructions quʹAhaz lui avait fait
parvenir, et il lʹacheva avant même quʹAhaz soit rentré de Damas.
Quand le Roi fut de retour, Il vit lʹAutel, sʹen approcha et y offrit, lui‐même, un
Sacrifice complet accompagné de farine et de vin, ainsi quʹun Sacrifice de
communion dont il répandit le sang sur lʹAutel.
Puis Ahaz fit déplacer lʹAutel de bronze consacré au Seigneur (le petit Autel
construit par Salomon) ; cet Autel se trouvait près de lʹentrée du Temple, entre
le nouvel Autel et le Temple, et il le fit mettre derrière le nouvel Autel, au nord.
Enfin, le Roi donna lʹordre suivant au Grand‐Prêtre Ouria :
‐ Désormais tu utiliseras le grand Autel ; tu y présenteras le Sacrifice complet de
chaque matin, lʹOffrande de farine lʹaprès‐midi, les Sacrifices complets du Roi,
accompagnés des Offrandes de farine, les Sacrifices du Peuple, accompagnés
des Offrandes de farine et de vin ; tu y répandras également le sang des
animaux offerts en Sacrifice. Quant à lʹAutel de bronze, je lʹutiliserai, moi, pour
pratiquer la Divination en examinant les entrailles des animaux sacrifiés.
Le Grand‐Prêtre Ouria exécuta tous les ordres du Roi Ahaz. Celui‐ci fit encore
découper les plaques de bronze des chariots du Temple, et enlever les bassins
qui étaient posés sur ces chariots. Il fit ôter la grande Cuve ronde qui reposait
sur les douze taureaux de bronze et la fit déposer directement sur le sol pavé.
Enfin pour plaire au Roi dʹAssyrie, il supprima la ʺGalerie du Sabbatʺ construite
à lʹintérieur du Temple, et ʺlʹEntrée du Roiʺ construite à lʹextérieur.
Il semblerait que les bronzes des chariots et les bassins aient été démontés pour être offerts
au Roi dʹAssyrie ainsi que les douze taureaux sculptés.
Il semblerait, également, que le Roi dʹAssyrie ait exigé que la Structure et la Symbolique du
Temple de Jérusalem correspondent davantage à celles qui présidaient aux Sanctuaires
Païens.
ʺLʹEntrée du Roiʺ était, peut‐être, une Entrée permettant au Roi de pénétrer dans le Temple,
en passant par la structure de trois étages, accolée par Salomon aux côtés et à lʹarrière du
Temple : la suppression de cette Entrée impliquerait, peut‐être, quʹAhaz désirait désormais
pénétrer dans le Temple par lʹEntrée principale, au même titre que le Grand‐Prêtre, et tout
comme le Roi dʹAssyrie le faisait dans ses Temples.
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En cette influence de Rites Païens, qui auraient été ainsi imposés au Culte Juif, le Roi
dʹAssyrie aurait été, en quelque sorte, un précurseur de certains Souverains Séleucides, puis
Romains, qui auront le même souci de vouloir normaliser la Religion Juive, en fonction des
Règles du Culte Païen, lorsque la Judée se trouvera sous leur dépendance.
Et dʹune certaine façon, cʹest à ce même processus de paganisation architecturale que se
rattachera lʹédification du 3ème Temple par Hérode, ainsi que nous le verrons infra.
‐14‐ En 587 av. EC, les Babyloniens ayant remplacé les Assyriens dans la domination
de cette partie du Monde, Nabuchodonosor, Roi de Babylone, se montre plus expéditif que
les Souverains Assyriens : il détruit le Temple de Jérusalem et déporte en Babylonie la
Population Juive.
Et, surtout, cʹest au cours de cette destruction que disparaît, probablement, lʹArche de
lʹAlliance, qui constituait le coeur‐même du Culte Juif, et fondait le Lien essentiel entre la
Divinité et lʹHumain.
Une tradition persistante veut que cette Arche de lʹAlliance ait été cachée par Jérémie.
En effet, Jérémie prônait la soumission au Roi de Babylone, au motif que, dʹune part, il était
irréaliste, alors, de sʹopposer à sa puissance invincible, et que, dʹautre part, cette soumission,
à laquelle devaient se résoudre les Juifs, était un châtiment infligé par lʹÉternel, en raison de
leur infidélité à Dieu, et des innombrables péchés dʹIsraël.
Aussi, Jérémie, par suite de ces incessantes exhortations publiques à la soumission, bénéficia
dʹun traitement de faveur, lorsque les troupes de Nabuchodonosor sʹemparèrent de
Jérusalem, et il ne fut pas déporté comme la plupart des Notables Juifs.
2 Macchabées : 2 : 1‐5 :
Dans les anciens Documents, on apprend que le Prophète Jérémie donna lʹordre
à ceux qui devaient partir en exil (à Babylone) de mettre en lieu sûr le Feu de
lʹAutel, comme on lʹa raconté plus haut. De plus, le Prophète, en leur remettant
le Livre de la Loi, leur recommanda de ne pas oublier les Prescriptions de
lʹÉternel et de ne pas se laisser égarer par la vue des Idoles dʹor ou dʹargent avec
toutes leurs parures. Il leur adressa dʹautres conseils du même genre et les
encouragea à rester profondément attachés à la Loi.
Dans lʹun de ces Documents anciens, on lit, encore, comment le Prophète, guidé
par un Ordre Divin, fit prendre, dans le Temple, la Tente de la Rencontre (?) et
lʹArche de lʹAlliance pour les emmener avec lui : il se rendit alors à la montagne
dʹoù Moïse avait contemplé le pays promis par Dieu à son Peuple.
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Arrivé là, Jérémie trouva une vaste caverne où il cacha la Tente, lʹArche, et
lʹAutel des parfums, puis il boucha lʹentrée de la caverne.
Ce passage qui figure dans le Second Livre des Macchabées est le texte dʹune des deux
Lettres, écrites par les Autorités Religieuses de Jérusalem aux Juifs vivant en Égypte, du
temps de Judas le Macchabée.
‐15‐ Dans la même mouvance de cette Tradition de lʹArche de lʹAlliance qui aurait
été cachée par Jérémie, Eupolème donne une confirmation à cette version.
Eupolème était un Historien Juif, écrivant en Grec au 2ème siècle av.EC.
Cet Eupolème dont des extraits nous sont parvenus, est vraisemblablement lʹEupolème qui
faisait partie de lʹAmbassade envoyé par Judas le Macchabée à Rome pour établir la
première Alliance des Juifs avec les Romains.
Eupolème, dans 1 Macchabées : 8 : 17, est dit être le fils de Jean, et petit‐fils dʹHaccos.
Or, les Haccos étaient lʹune des principales familles héréditaires de Prêtres, réputées durant
la période du second Temple. Leurs origines qui en font des descendants de la famille
dʹAaron sont mentionnées, par exemple, dans 1 Chroniques 24, et ils veilleront constamment
à revendiquer et à préserver leur généalogie.
A ce titre héréditaire, Eupolème, même élevé dans la Culture grecque, pourrait avoir eu
accès à certaines Sources Religieuses peut‐être authentiques.
Eupolème semble avoir écrit un ouvrage documenté sur les Rois de Judée dont de nombreux
passages avaient été préservés par Polyhistor :
Alexandre Polyhistor était un écrivain dʹAsie Mineure du 1er siècle av. EC qui avait été
emmené prisonnier à Rome puis affranchi. Cʹétait un Auteur à vocation documentaliste, ou
encyclopédique, et il avait réuni dans un Ouvrage Sur les Juifs de vastes extraits dʹAuteurs
Juifs variés.
Alexandre Polyhistor était un Auteur qui sʹeffaçait devant les oeuvres quʹil répertoriait, ce
qui fait que les fragments issus de son ouvrage sont, assez vraisemblablement, fidèles aux
originaux disparus.
Lʹoeuvre de Polyhistor a, également, disparu à son tour ; mais des fragments en ont été
préservés par Eusèbe de Césarée, Père de lʹÉglise et Érudit Chrétien du 4ème siècle EC, qui
les cite dans son Oeuvre, Préparation Évangélique :
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Eupolème, dʹaprès Polyhistor, préservé par Eusèbe de Césarée, dans :
Préparation Évangélique : 39 :
DʹEupolème sur le Prophète Jérémie dans un extrait du même ouvrage de
Polyhistor :
Ensuite le Roi de Juda, Joachim : cʹest sous son Règne que prophétisa le
Prophète Jérémie. Envoyé par Dieu, il trouve les Juifs en train de sacrifier à une
idole appelée Baal. Alors, Jérémie leur révèle les malheurs qui les attendent.
Joachim menace de le faire brûler vif : mais Jérémie lui répond quʹavec ce même
bois, lorsque les Juifs seraient réduits en captivité, ils prépareraient la cuisine
pour les Babyloniens et creuseraient des canaux de dérivation du Tigre et de
lʹEuphrate.
Quand le Roi de Babylone, Nabuchodonosor, eut appris les Prédictions de
Jérémie, il invita le Roi des Mèdes, Antibarès, à se joindre à lui. Ayant enrôlé
des Babyloniens et des Mèdes, et rassemblé ainsi 100.000 fantassins, 120.000
cavaliers et 10.000 chars de combat, Nabuchodonosor commença par soumettre
la Samarie, la Galilée, Scythopolis, et les Juifs qui habitent la Gileadite.
Ensuite Nabuchodonosor sʹempara de Jérusalem et fit prisonnier le Roi des
Juifs, Joachim ; puis, ayant enlevé lʹor, lʹargent et le cuivre du Temple, il les
envoya à Babylone, à lʹexception de lʹArche de lʹAlliance et des Tables de la Loi
quʹelle contenait : cela Jérémie le conserva.
‐16‐ Cette même tradition alimente abondamment aussi la Littérature
Pseudépigraphique.
La Littérature Pseudépigraphique est apparue au milieu de la période Hellénistique et sʹest
considérablement développée, à partir des débuts de la Domination Romaine jusquʹau 3ème
siècle EC environ.
Le fonds de cette Littérature est essentiellement Juive, et particulièrement issue de la
Diaspora Juive, même si, parfois, certains développements peuvent, éventuellement, être
attribués à des reprises, ou à des ajouts tardifs, de certains milieux Judéo‐Chrétiens.
Cette Littérature est caractérisée par une convention stylistique qui veut que les Textes
présentés soient, en général, attribués à des Personnages célèbres de lʹAncien Testament, ou
bien que ces Textes soient présentés comme des histoires authentiques, issus de thèmes de
lʹAncien Testament, ou bien que ces Textes soient des Prophéties et Oracles se rapportant à
lʹHistoire Juive.
Le traitement de cette Littérature est, assez souvent, de style Apocalyptique.
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Par ailleurs, des parallèles Historiques, dans cette Littérature, permettent de traiter des
situations contemporaines, en décrivant des événements comparables du passé, et en
combinant des Sources de diverses époques.
Cʹest le cas, en particulier, pour le parallèle établi, entre la destruction du premier Temple
par Nabuchodonosor, et la destruction du troisième Temple par Titus, ainsi que pour les
thématiques reliant leurs causes et leurs effets, dans une même Perspective Eschatologique :
LʹApocalypse Syriaque de Baruch, dite Baruch II, a été écrite entre le 1er et 2ème siècle EC, et
elle met en scène, Baruch, le fidèle secrétaire du Prophète Jérémie, lors de la prise de
Jérusalem par Nabuchodonosor, et de la destruction du premier Temple :
Baruch 2 : 6‐9 :
Il arriva, le lendemain, que lʹArmée des Chaldéens entoura la Ville.
Au soir, je quittai le peuple, moi, Baruch, je sortis, et je me tins auprès du chêne.
Et je me désolais sur Sion et je gémissais sur la captivité qui était arrivée pour le
Peuple. Et voici que, soudain, lʹEsprit Sacré me souleva et me plaça au dessus
de Jérusalem. Et je vis :
Quatre Anges étaient placés aux quatre coins de la ville, ayant chacun une
torche allumée dans la main. Un autre Ange descendit du Ciel et leur dit :
ʺConservez votre flambeau et nʹallumez pas avant que je vous le dise ! Car je
suis envoyé pour donner, dʹabord, à la Terre un ordre, et pour lui transmettre ce
que mʹa commandé le Seigneur.ʺ
Et je le vis descendre dans le Lieu Très Saint, et y prendre le Voile Sacré,
lʹÉphod Saint, le Propitiatoire (de lʹArche de lʹAlliance), les deux Tables de la
Loi, le Vêtement Sacré du Grand‐Prêtre, lʹAutel des parfums, les 48 Pierres
précieuses que portait le Grand‐Prêtre, et les Vases Sacrés du Tabernacle.
Puis lʹAnge cria à la Terre dʹune voix forte :
ʺTerre, Terre, Terre, écoute la parole du Dieu Tout Puissant :
Reçois les choses que je te confie,
Et garde‐les jusquʹaux derniers temps,
Pour les rendre quand tu en recevras lʹordre,
Afin que les étrangers ne puissent pas sʹen emparer.
Car le moment est venu où Jérusalem sera livrée pour un temps,
Jusquʹà ce quʹil soit décidé quʹelle soit restaurée pour toujours !ʺ
Et la Terre ouvrit sa bouche et engloutit tous ces Objets Sacrés.
Ensuite, jʹentendis cet Ange dire aux Anges porteurs des torches :
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‐ Maintenant, détruisez et renversez les murs du Sanctuaire jusquʹà leurs
fondations pour que les ennemis ne puissent pas se glorifier en proclamant :
‐ Nous avons renversé le rempart de Sion, nous avons incendié le Lieu du Dieu
Tout Puissant et nous nous sommes emparés du Lieu où Il se tenait auparavant.
Les Anges exécutèrent ce quʹil leur avait dit. Quand ils eurent démoli les angles
du rempart, une Voix se fit entendre de lʹintérieur du Temple.
Et dès que le rempart se fut écroulé, cette Voix clama :
ʺEntrez ennemis ! Venez, adversaires !
Car Il est parti Celui qui gardait la Maison !ʺ
Et je mʹen allai, moi, Baruch.
Il advint, après cela, que lʹarmée des Chaldéens fit lʹassaut, et ils prirent le
Temple et tous ses alentours. Ils emmenèrent le Peuple en captivité, et en
tuèrent beaucoup. Ils attachèrent le Roi Sédécias et lʹenvoyèrent au Roi de
Babylone.
Et jʹarrivai, moi Baruch, et Jérémie, dont le coeur avait été trouvé pur de péchés,
lui qui nʹavait pas été fait prisonnier lors de la prise de la Ville.
Nous déchirâmes nos vêtements, nous pleurâmes, nous prîmes le deuil et nous
jeûnâmes sept jours.
Toujours dans ces Écrits Pseudépigraphiques, Les Paralipomènes de Jérémie qui ont une
parenté certaine avec Baruch II, exposent, également, le même thème des Objets Sacrés du
Temple qui ont été cachés, par Jérémie, lors de la destruction du 1er Temple :
Paralipomènes de Jérémie : 3 : 14 :
Jérémie et Baruch entrèrent dans le Sanctuaire et confièrent à la Terre les Vases
du Culte comme le Seigneur le leur avait demandé. Et aussitôt la Terre les
engloutit. Alors tous les deux sʹassirent et pleurèrent.
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19/ Histoire du Temple de Jérusalem
Le second Temple
de Zorobabel et Yechoua
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‐1‐ Une cinquantaine dʹannées après la destruction du premier Temple de
Jérusalem par Nabuchodonosor, la roue de lʹhistoire tourne de nouveau, et Cyrus, Roi des
Mèdes et des Perses, sʹempare de Babylone.
La Puissance Perse remplace la Puissance Babylonienne, et règne, à son tour, sur tout le
Moyen‐Orient.
Or, en 538 av. EC, Cyrus promulgue un Édit autorisant la reconstruction du Temple de
Jérusalem, ainsi que le retour des déportés Juifs qui souhaitent revenir en Judée :
Esdras : 1 :
Durant la première année du règne (en tant que Roi de Babylonie) de Cyrus,
Empereur de Perse, lʹÉternel décida de réaliser la parole quʹil avait prononcée
par la bouche de Jérémie. Il fit naître dans lʹesprit de Cyrus lʹidée de publier
dans tout son Empire, de vive voix et par écrit, le Texte suivant :
ʺVoici ce que proclame Cyrus, Empereur de Perse : Le Seigneur, le Dieu du Ciel,
a soumis à mon autorité tous les Royaumes de la terre. Il mʹa chargé de lui faire
reconstruire un Temple à Jérusalem, dans le pays de Juda. Tous ceux dʹentre
vous qui appartiennent à son Peuple sont invités à regagner Jérusalem, en
Judée, et à y reconstruire le Temple du Seigneur, Dieu dʹIsraël, le Dieu que lʹon
adore à Jérusalem....ʺ
LʹEmpereur Cyrus lui‐même fit rassembler les objets précieux que
Nabuchodonosor avait pris dans le Temple de lʹÉternel à Jérusalem pour les
déposer dans le Temple de ses propres Dieux.
Sur lʹordre de lʹEmpereur, Mitredat, Responsable des Trésors, confia ces objets à
Chéchebassar, Prince de Juda.
En voici la liste : 30 plats en or, 1.000 plats en argent, 29 couteaux, 30 bassines
dʹor, 410 bassines dʹargent de second ordre et 1.000 autres objets. Au total il y
avait 5.400 objets dʹor et dʹargent.
Chéchebassar les emporta tous, lorsquʹil quitta la Babylonie, avec les autres
déportés, et regagna Jérusalem.
‐2‐ Lʹun des premiers actes des Juifs, de retour dʹexil, est de reconstruire lʹAutel des
Sacrifices, puis de poser les fondations du nouveau Temple, sur son ancien emplacement ; et
cela, malgré lʹhostilité croissante de la Population Païenne qui avait remplacé les Juifs après
leur déportation :
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Esdras : 3 : 1‐3 :
Quand arriva le septième mois de lʹannée, tous les Israélites, qui étaient revenus
dans leurs villes, se rassemblèrent dʹun commun accord à Jérusalem.
Le Prêtre Yechoua (Jésus) fils de Yossadac, accompagné de ses frères les autres
Prêtres, ainsi que Zorobabel, fils de Chéaltiel, avec les gens de sa parenté, se
mirent à reconstruire lʹAutel du Dieu dʹIsraël, afin de pouvoir y offrir des
Sacrifices complets comme lʹexige la Loi de Moïse, lʹHomme de Dieu.
Malgré la peur que leur inspirait ceux qui sʹétaient installés dans le Pays durant
lʹexil, ils reconstruisirent cet Autel sur ses anciennes fondations et y offrirent les
Sacrifices complets du matin et du soir.
Esdras : 3 : 10‐13 :
Lorsque les constructeurs posèrent les fondations du Temple de lʹÉternel, on fit
avancer les Prêtres, en vêtements de cérémonie, avec des trompettes, et les
Lévites descendants dʹAssaf, avec des cymbales, pour glorifier lʹÉternel selon
les prescriptions de David, roi dʹIsraël. Ils glorifièrent et louèrent lʹÉternel en
chantant à tour de rôle ce refrain : ʺLe Seigneur est bon et son amour pour Israël
nʹa pas de fin.ʺ. Le Peuple glorifiait également lʹÉternel en poussant de grandes
acclamations parce que lʹon posait les fondations de son Temple.
Un grand nombre de Prêtres, de Lévites et de Chefs de famille, assez âgés pour
avoir connu le Temple dʹautrefois, pleuraient bruyamment pendant que lʹon
posait sous leurs yeux les fondations du nouveau Temple, mais beaucoup
dʹautres exprimaient leur joie par des acclamations sonores. Ainsi on ne pouvait
pas distinguer entre les acclamations joyeuses des uns et les pleurs des autres,
car tout le monde poussait des grands cris quʹon entendait de loin.
Ce bel élan dʹenthousiasme collectif est brisé net par une intrigue des nouveaux autochtones
et adversaires des Juifs, qui réussissent à faire signer par le nouvel Empereur Perse,
Artaxerxés Ier, un Édit interdisant cette reconstruction du Temple. Et cette interdiction est
respectée, bon gré mal gré, sous Artaxerxés Ier. Mais, après lʹavènement dʹun nouvel
Empereur Perse, Darius, et sur les injonctions des Prophètes Aggée et Zacharie, les Prêtres
Zorobabel et Yechoua peuvent reprendre les travaux de reconstruction du Temple.
‐3‐ En effet, Darius a tranché la nouvelle controverse opposant Juifs et Païens
autochtones en faveur des Juifs, et il a publié un Édit favorable à la reconstruction du
Temple :
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De surcroît, cet Édit de Darius (et de Cyrus) fixe les dimensions globales pour le Temple :
Esdras : 6 : 1‐12 :
LʹEmpereur Darius ordonna de faire des recherches à Babylone, dans les locaux
où étaient conservés les archives et les objets précieux.
Mais cʹest à Ecbatane, ville fortifiée de la province de Médie (résidence dʹété de
lʹEmpereur Perse) que lʹon trouva un Rouleau de parchemin portant le Texte
suivant :
Procès‐verbal : Durant la première année de son règne, lʹEmpereur Cyrus a
publié le Décret suivant :
Le Temple de Dieu à Jérusalem, doit être rebâti pour servir de lieu où lʹon offre
des Sacrifices ; on utilisera ses anciennes fondations ;
LʹÉdifice aura trente mètres de haut et trente mètres de large.
On fera alterner trois rangées de pierres de taille et une rangée de poutres de
bois. Les dépenses seront couvertes par la Trésorerie Impériale.
Les ustensiles dʹor et dʹargent provenant du Temple du Dieu à Jérusalem, et
déposés à Babylone par le Roi Nabuchodonosor, doivent être rendus et
rapportés au Temple de Jérusalem ; chacun dʹeux sera remis à sa place.
En conséquence (de cet Édit de Cyrus) Darius écrivit la Missive suivante à
Tattenaï, Gouverneur de la Province située à lʹouest de lʹEuphrate, à Chetar‐
Boznaï, et à leurs collègues, les Préfets de la Province :
ʺCessez dʹintervenir dans cette affaire. Laissez les Juifs libres de reconstruire le
Temple de leur Dieu. Le Gouverneur (Juif) et les Responsables Juifs doivent
pouvoir le rebâtir sur son ancien emplacement. Je vous ordonne donc dʹaider
les Responsables Juifs dans la reconstruction du Temple, en veillant à ce que les
dépenses soient couvertes, en tout temps et exactement, par la Trésorerie
Impériale qui est alimentée par les impôts prélevés dans la Province. Vous
prendrez soin de fournir, jour après jour, aux Prêtres de Jérusalem ce dont ils
ont besoin, dʹaprès leurs indications : les taureaux, les béliers, et les agneaux
pour les Sacrifices complets offerts au Dieu du Ciel, de même que le blé, le sel,
le vin et lʹhuile. Ils pourront ainsi présenter au Dieu du Ciel des Offrandes au
fumet odorant, et ils pourront de la sorte prier pour la vie de lʹEmpereur Perse
et de ses fils. Si quelquʹun désobéit à ces Décisions, jʹordonne quʹon arrache une
poutre de sa maison et quʹon la dresse pour lʹempaler dessus ; et quʹon réduise
ensuite sa maison en un tas de décombres. Que le Dieu qui manifeste sa
présence à Jérusalem punisse lui‐même tout Roi ou toute Nation qui tenterait
de détruire son Temple, au mépris de mes Décisions.
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Cʹest moi, Darius, qui promulgue cet Ordre.
Quʹil soit exécuté scrupuleusement !ʺ
Lʹattitude particulièrement bienveillante de cette Dynastie Perse fut, probablement due,
entre autres, à lʹaction bénéfique de quelques Courtisans Juifs, influents à la Cour Perse,
comme ce sera le cas de Néhémie, par exemple, qui était échanson de lʹEmpereur, et qui
obtiendra la permission de partir en Judée, dont il deviendra le Gouverneur.
Là, il pourra superviser, enfin, lʹachèvement des travaux du Temple, et il entreprendra,
également, la reconstruction des Remparts de Jérusalem.
‐3‐ Le second Temple est finalement reconstruit, certes, et les Sacrifices y sont
célébrés selon les Rites prescrits, mais le coeur‐même du Sanctuaire, lʹArche de lʹAlliance a
disparu.
Et cʹest, probablement, lʹune des raisons qui font que lʹon peut dater du Grand‐Prêtre
dynastique, Esdras, lʹimportance qui sera apportée, désormais, et systématiquement, à
lʹÉtude des Textes Sacrés, qui, au fil des siècles, va, progressivement, prendre la place
émotionnelle de lʹArche disparue.
En effet, pour monter une ʺHaieʺ, dʹhonneur et de sauvegarde, autour de ces Textes Sacrés,
les Rabbins, dont un nombre non négligeable sont issus du Peuple, vont, progressivement,
développer la ʺTradition Oraleʺ.
Et cette Tradition Orale, après la destruction du troisième Temple, pourra, alors, à son tour,
acquérir ses Lettres de Noblesse définitives, en se fixant par Écrit, et elle pourra alimenter,
dès lors, lʹOcéan sans fin de la Littérature Rabbinique.
‐4‐ Le second Temple fut, en fait, reconstruit par le Prince de Juda, Chéchebassar
(dont certains échafaudent lʹhypothèse quʹil sʹagit du nom donné par Cyrus au Prêtre
Zorobabel) sous la direction des Prêtres, Yechoua et Zorobabel.
Ce second Temple, du retour dʹexil, est usuellement dénommé Temple de Zorobabel.
Ce second Temple sera, également appelé, par la suite, Temple Hasmonéen, par référence à
la famille issue des Macchabées, qui l’a embelli et en a relancé la gloire, ainsi que par
opposition au troisième Temple reconstruit par Hérode, et qui, lui, est, usuellement, appelé
Temple dʹHérode.
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Une erreur, faite dʹun amalgame simplificateur, fait que lʹon recouvre communément dʹun
même vocable le deuxième Temple (de Zorobabel, puis Hasmonéen) et le troisième Temple
(dʹHérode) en les appelant tous les deux, ʺle deuxième Templeʺ.
Pour ce qui concerne le deuxième Temple proprement dit, antérieur à celui dʹHérode, on
dispose de peu de renseignements quant à sa description et à sa décoration.
Par contre, on dispose vraisemblablement sur ce second Temple, de quelques
renseignements assez importants, en particulier, grâce à lʹouvrage dʹAristée ou du pseudo‐
Aristée, et, accessoirement, grâce à lʹoeuvre de Flavius Josèphe, sur, entre autres, les points
suivants :
‐ la situation du second Temple par rapport à la Citadelle qui le dominait et le protégeait ;
‐ les Vêtements des Prêtres et du Grand‐Prêtre ;
‐ le Déroulement du Culte ;
‐ lʹApprovisionnement de ce second Temple, en Eaux Vives, destinées, à la fois, à accomplir
tous les Rites de Purification du Culte, et à permettre les lavages, sous pression, des Parvis
souillés par les sacrifices (cf. notre étude détaillée en dernière partie E de ce Livre).
‐5‐ A lʹopposé des renseignements extrêmement précis qui concernent le troisième
Temple Hérodien (Traité Middoth), les quelques rares indications concernant des éléments
antiques des Temples précédents, qui sont mentionnés dans la Littérature Rabbinique, sont
dʹune utilisation extrêmement délicate, car il est souvent difficile, pour ne pas dire
impossible, de déterminer si les Traditions anciennes qui y sont rapportées, concernent le
premier, ou le deuxième, ou le troisième Temple.
De plus, lʹune des caractéristiques stylistiques de la Littérature Rabbinique est de cultiver,
délibérément, lʹamalgame chronologique, ou plutôt lʹunification indistincte de périodes
différentes, afin de mieux faire ressortir la Chaîne de leur Immanence Perpétuelle.
Néanmoins, par déduction des divers Textes Sacrés, Rabbiniques, et laïques, dont lʹon peut
disposer, on peut avancer que les principaux éléments suivants avaient disparu du
deuxième Temple, par rapport au premier Temple de Salomon :
a‐ lʹArche de lʹAlliance et les Tables de la Loi ;
b‐ les deux grandes Statues des Chérubins qui avaient leurs ailes déployées dans le Lieu
Très Saint ;
c‐ Les douze taureaux qui soutenaient la grande Cuve dʹAirain.
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‐ Ainsi que lʹa pu constater, par exemple, Pompée lors de la prise de Jérusalem, le Lieu Très
Saint est, désormais, absolument vide.
‐ Quant au Porche à deux Colonnes du 2ème Temple, il est probable quʹil était identique au
Porche du Temple de Salomon.
‐6‐ On dispose, toutefois, dʹune description assez importante du second Temple,
avec un texte dʹHécatée dʹAbdère, ou du pseudo‐Hécatée dʹAbdère.
Hécatée dʹAbdère est lʹAuteur Païen dʹune Histoire de lʹÉgypte, écrite en Grec, au 3ème‐4ème
siècle av. EC.
Son ouvrage a disparu mais Diodore de Sicile (1er siècle EC) sʹest inspiré de quelques
extraits, pour la rédaction de sa Collection de Livres Historiques .
Selon certains érudits, ce pseudo‐Hécatée dʹAbdère serait un Juif, probablement dʹÉgypte,
du 2ème siècle av. EC, qui aurait écrit un ouvrage, Des Juifs, et un ouvrage, Abraham.
Pour rédiger ces deux ouvrages, le Pseudo‐Hécatée dʹAbdère aurait utilisé des extraits, tirés
de lʹoeuvre originale du véritable Hécatée dʹAbdère, et il se serait inspiré de son style de
présentation, afin de composer une oeuvre de propagande permettant de proposer aux
lecteurs Païens une vision favorable aux Juifs. Certains érudits pensent même que ce
pseudo‐Hécatée dʹAbdère serait un Juif de Jérusalem dʹune famille Sacerdotale.
Des fragments de lʹoeuvre dʹHécatée dʹAbdère, ou du pseudo‐Hécatée dʹAbdère, sont,
également, cités par Flavius Josèphe, dans son ouvrage de polémique, Contre Apion, et par
Eusèbe de Césarée, dans son ouvrage, Préparation Évangélique.
Que la description du second Temple que lʹon peut y lire, soit effectivement celle rédigée par
Hécatée dʹAbdère, ou quʹelle ait été reprise dʹHécatée dʹAbdère, ou quʹelle ait été écrite par
un pseudo‐Hécatée dʹAbdère, elle semble, indubitablement, basée, au départ, sur une
observation visuelle personnelle, et sur des renseignements précis.
Et lʹextrême austérité de la façade du Temple, telle quʹelle apparaît dans ce Texte, peut,
éventuellement, renvoyer à une description du second Temple, avant son embellissement
décoratif qui sera accompli par les Hasmonéens.
Mais, en tout état de cause, et quelle que soit la date à laquelle le Temple a été observé, cette
description dʹHécatée dʹAbdère est la seule qui rende compte de lʹEnceinte du second
Temple et de ses Parvis.
Et il est assez probable que cette Enceinte et ce Parvis du second Temple aient été, à peu
près, identiques à ceux du premier Temple de Salomon, puisque des vieillards pleuraient
lors de lʹinauguration de ce second Temple, en se souvenant du premier Temple détruit,
quʹils avaient pu contempler lorsquʹils étaient enfants avant dʹêtre déportés à Babylone.
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Hécatée dʹAbdère ou Pseudo‐Hécatée dʹAbdère :
cité par Flavius Josèphe : Contre Apion : I : 22 ,
et cité également par Eusèbe de Césarée : Préparation Évangélique : 9 : 4 :
Pratiquement au milieu de la Ville de Jérusalem, sʹélève une Enceinte en pierre,
longue de cinq plèthres environ, (150 mètres), large de cent coudées (50 mètres)
et percée de doubles portes.
Cette Enceinte renferme un Autel carré, formé de pierres brutes, non taillées,
ayant comme dimension vingt coudées (10 mètres) de côté, et dix coudées (5
mètres) de hauteur.
A côté de lʹAutel, se dresse un grand Édifice qui contient un Autel et un
Chandelier, tous deux faits en or, et pesant chacun deux talents (cinquante
kilos).
Il est à noter, à propos de cette description dʹHécatée dʹAbdère, que les dimensions,
indiquées pour lʹAutel des Sacrifices, correspondent exactement aux chiffres qui sont
indiqués en 2 Chroniques : 4 :1 concernant le Temple de Salomon.
On peut noter, également, que ces chiffres de lʹAutel multipliaient par 4 les dimensions
prescrites par lʹÉternel à Moïse, pour la construction de cet Autel des Sacrifices.
Ensuite, on peut noter quʹen Exode 27 : 9‐19, lʹEnceinte du Sanctuaire de Moïse, déterminée
par des Tentures, mesure 50 mètres sur 25.
Or, on peut noter, également, que les dimensions de cette Enceinte, pour le premier Temple
de Salomon, nʹont été consignées, ni dans Rois, ni dans Chroniques.
Par contre, on peut, finalement, noter que les dimensions de lʹEnceinte du second Temple
(150 mètres sur 50 mètres) indiquées par Hécatée dʹAbdère ou le pseudo‐Hécatée dʹAbdère,
multiplient, ainsi, par 2 et par 3, les mesures de lʹEnceinte de la Tente de la Rencontre de
Moïse (50 mètres sur 25 mètres), exactement de la même façon précise, que Salomon avait
multiplié, par 2 et par 3, les dimensions du Lieu Saint et du Lieu Très Saint du Temple, par
rapport aux mesures de ces mêmes Lieux dans la Tente de la Rencontre.
‐7‐ Aussi, ces renseignements, fournis par Hécatée dʹAbdère, ou le pseudo‐Hécatée
dʹAbdère, sur les dimensions de lʹEnceinte du second Temple, apparaissent, comme assez
authentiques, car ils semblent basés sur une procédure, conforme à lʹusage Sacerdotal, du
calcul architectural des proportions, déduit à partir des Données Bibliques.
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Ce renseignement serait donc assez capital puisque cʹest, à ce jour, la seule indication
précise, dont lʹon puisse disposer sur les dimensions réelles de cette Enceinte du second
Temple, avant les travaux dʹHérode.
Et, en tout état de cause, ce renseignement permet de se faire, alors, une idée de lʹordre de
grandeur de cette ʺEnceinte qui se dresse dans Jérusalemʺ à cette époque, et qui pourrait
avoir été une éminence de 150 mètres sur 50 mètres.
Ainsi que nous le verrons infra ce modeste rectangle de 150 mètres sur 50 mètres de
l’Enceinte du second Temple sera transformé en carré de 180 mètres de coté pour l’Enceinte
du Temple d’Hérode.
A ce propos, et sans anticiper sur la démonstration conduite dans le présent Ouvrage (en E)
il apparaît utile de faire remarquer que le rectangle du Haram (Esplanade des Mosquées)
mesure 500 mètres de longueur (environ) sur 280 mètres (précis et incompressibles) de
largeur.
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20/ Histoire du Temple de Jérusalem
Le troisième Temple dʹHérode
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‐1‐ On dispose de deux Descriptions majeures du Temple dʹHérode, de plusieurs
descriptions incidentes, et finalement de quelques Représentations graphiques de la façade
de ce troisième Temple :
Les deux Descriptions majeures du Temple dʹHérode sont :
‐A‐ Celles qui figurent dans lʹoeuvre de Flavius Josèphe, qui a lʹavantage dʹavoir été un
observateur privilégié, à double titre : dʹune part, il appartenait à une famille de Prêtres, et,
dʹautre part, il a assisté à la destruction du Temple par les Armées Romaines de Titus, en 70
EC.
‐B‐ Celles qui figurent dans la Littérature Rabbinique, au travers de nombreuses incidentes,
auxquelles sʹajoute un Traité particulier, décrivant le Temple et détaillant toutes ses mesures:
le Traité Middoth de lʹOrdre Qodashin de la Mishnah.
Ces deux Descriptions majeures donnent, assez souvent, des mesures dʹun ordre de
grandeur cohérent, même si quelques divergences ou obscurités apparaissent pour des
données concernant certaines parties de lʹÉdifice.
A cet égard, on peut rappeler que les Dimensions Sacrées sont celles de lʹintérieur‐même du
Temple, auxquelles il faut ajouter, entre autres, les mesures de lʹépaisseur des murs et des
toits.
A cet égard, le Traité Middoth sʹefforce à plus de précisions que Flavius Josephe.
En préliminaire de notre examen, on remarquera quʹaucune des mesures des Parvis,
transmises par ces deux voies majeures, ne correspondent aux mesures de lʹEsplanade des
Mosquées (Haram al‐Sharif) de Jérusalem.
En tout cas, ces deux Descriptions majeures de Flavius Josephe et du Traité Middoth, qui sont
concordantes en leurs louanges, témoignent de la réussite éclatante du stratagème dʹHérode:
Le Temple, quʹil a bâti, a été admiré par ses contemporains, puis, après sa destruction, pleuré
par la Postérité Juive, tandis que le nom du Tyran impitoyable qui l’avait construit sʹélevait
au même degré de réputation que celui du Roi Salomon.
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‐2‐ La Description de Flavius Josèphe (37‐100 EC) figure principalement dans ses
deux ouvrages, Guerre Des Juifs et Antiquités Juives.
Lorsque Hérode fit construire le troisième Temple des Juifs, Flavius Josèphe nʹétait pas né.
Par contre, comme il appartenait à une famille Sacerdotale, et comme il avait joué un rôle
politique assez important dans la Judée post‐Hérodienne, Flavius Josèphe avait une
connaissance directe du Temple de Jérusalem.
Dʹautre part, en dépit de ses efforts de conciliation entre les Romains et les Juifs quʹil tenta
pour le compte de Titus auquel il sʹétait rallié, Flavius Josèphe a assisté, en personne, et en
témoin visuel, attentif et angoissé, à la Prise de Jérusalem, en 70, par les Armées Romaines, et
à la destruction du Temple.
Par ailleurs, également, pour la rédaction de son oeuvre, Flavius Josèphe a pu disposer des
rapports détaillés, établis par les Ingénieurs militaires Romains, qui entreprenaient
systématiquement les relevés de tous les systèmes défensifs quʹils avaient rencontrés au
cours de leurs campagnes.
Ces Relevés étaient utilisés, à la fois, par les Ingénieurs‐militaires, pour élaborer de nouvelles
stratégies dʹattaque et de défense, et, par les Historiens, Mémorialistes, Secrétaires et
Archivistes attitrés, qui, de surcroît, pouvaient être appelés à aider lʹEmpereur Romain (en
lʹoccurrence, Titus) dans la rédaction de ses Mémoires ou de ses Compte‐rendus éventuels.
Aussi, il est plus que probable que le Système Défensif de lʹEnceinte du Temple, qui nʹavait
pu être conquise par les Romains, quʹau prix de combats acharnés, a été relevé, avec la plus
grande minutie, par ces Ingénieurs militaires, avant la destruction complète du Sanctuaire.
En outre, Flavius Josèphe a pu, vraisemblablement, se servir, outre sa mémoire et ses notes
personnelles, dʹune Documentation Juive quʹil a pu emporter, ou se faire envoyer par des
contemporains à Rome, où il a rédigé lʹensemble de ses Ouvrages.
‐3‐ Le Traité Middoth (Mesures) de lʹOrdre Qodachim (Choses Saintes) de la Mishnah
donne une Description extrêmement détaillée et minutieuse du Temple dʹHérode.
Autant la description de Flavius Josèphe est traitée comme une Chronique descriptive,
vivante et colorée, dʹun observateur attentif visitant un Lieu quʹil admire et dont il veut
perpétuer lʹimage la plus resplendissante possible, autant la description du Traité Middoth est
le plus souvent austère, et souvent quasi‐arithmétique dans le style des relevés dʹun
métreur‐vérificateur, avec, néanmoins, quelques dialogues commentés et brèves références à
des Données Religieuses de divers Textes Bibliques.
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‐4‐ La Mishnah a été, de façon générale, codifiée et compilée, entre lʹan 200 et 220
EC, environ, soit 130 à 150 ans après la destruction du Temple de Jérusalem.
Il est difficile, voire impossible, de déterminer avec exactitude à partir de quel moment les
Rabbins ont décidé dʹinscrire, par Écrit, la Loi Orale, qui, par définition, ne pouvait se
transmettre que par la mémoire et par la récitation.
A cet égard, le terme Mishnah veut dire aussi bien ʺLoi Oraleʺ, que ʺle fait dʹapprendre par
coeurʺ.
On trouve des références les plus contradictoires, dans la Littérature Rabbinique, aussi bien
sur lʹinterdiction de mettre la Loi et la Doctrine Orales par écrit, que sur des modalités
pratiques qui impliquent, à lʹinverse, une telle mise en Écrit.
Lʹune des formulations les plus extrêmes concernant lʹinterdit absolu de mettre par écrit la
Loi Orale (Halakhah) se trouve, par exemple, dans le Talmud de Babylone, Ordre Qodachin,
Traité Temourah. Or, cette indication peut être datée de la seconde génération dʹAmoraïm
(Commentateurs de la Loi Orale) cʹest à dire, environ au 3ème siècle EC, soit, environ, deux
siècles après la destruction du Temple :
Talmud de Babylone : Ordre Qodachin : Traité Temourah : 14b :
(également, entre autres, dans : Ordre Nachim : Traité Gittin : 60b :
Rabbi Yohanan dit : Rabbi Abba, fils de Rabbi Hiyya bar Abba, disait :
Ceux qui mettent par écrit les Halakhot (Lois Orales) agissent comme ceux qui
brûlent la Torah...
‐5‐ En tout cas, il semble, à peu près établi que, jusque la destruction du Temple,
les Rabbins et les Pharisiens tenaient à leur privilège mnémotechnique, dont leur groupe de
pression Idéologique tirait une supériorité incontestable sur la Classe Sacerdotale et sur les
Sadducéens, qui, dans lʹensemble, nʹavaient pas accès à cette mémorisation orale intensive,
du fait quʹils nʹen avaient ni le désir ni les capacités intellectuelles.
De plus, cette nécessité dʹapprendre par coeur des masses de Textes et de Traditions,
entraînait une sélection rigoureuse des individus qui seraient capables, de par leur quotient
intellectuel, à mémoriser un si grand nombre de Données.
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Cette nécessité dʹun talent mnémotechnique de surdoués constituait, ainsi, pour les
Pharisiens et les Rabbins, une garantie de sélection de recrutement, tout à fait hors du
commun, par rapport au recrutement de la Classe Sacerdotale et des Sadducéens :
En effet, pour les Prêtres, le seul critère de sélection était, dʹune part, leur Généalogie, et
dʹautre part, leur aptitude à se fondre habilement et docilement dans la Hiérarchie du
Temple, et dʹappliquer, à la lettre, les Préceptes indiqués dans les Textes Écrits, tout en se
soumettant bon gré mal gré, aux interprétations que leur imposaient les Pharisiens, qui
sʹétaient proclamés détenteurs légitimes de la Loi Orale.
Toutefois, il semble assez probable que, pour des raisons pratiques, des notes écrites ou des
aide‐mémoires Rabbiniques aient pu être transcrites, à titre individuel, avant la destruction
du Temple.
De même, des listes particulières ont pu être mises par Écrit, telles que, par exemple, celles
du Megillat Taanit, qui était une sorte de Calendrier Cultuel, établissant les dates à célébrer
les événements heureux survenus à la Nation Juive, ou bien, celles du Megillat Yuhasin
(Rouleau des Généalogies) qui servait dʹÉtat‐Civil de référence pour les Règles héréditaires.
Mais après la destruction du Temple, qui avait entraîné la disparition de la Classe
Sacerdotale héréditaire en activité, et, par conséquent celle des Sadducéens, les Pharisiens et
les Rabbins nʹeurent plus à redouter la concurrence de leurs rivaux, éliminés, ainsi, dʹoffice.
Aussi, au fil des générations, les Rabbins purent, alors, sans craindre aucune sorte
dʹopposition critique, sʹemparer du plein Pouvoir Théologique, et installer, progressivement,
par Écrit, la Loi Orale, parallèlement à la Loi Écrite existante.
‐6‐ Les Rédacteurs de la Mishnah, cʹest à dire les Rabbins qui ont participé, en
particulier, à la formulation et à la mise en ordre des Halakhot (Lois Orales) héritées des
Traditions Orales remontant, selon eux, à Moïse, sont appelés les Tannaïm.
Ces Tannas se répartissent en six générations, qui vont, par tranches d’une trentaine‐
quarantaine d’années environ, à partir de lʹan 10 EC jusqu’à lʹan 220 EC.
Ces six générations de Tannaïm sont, en fait, les continuateurs de lʹoeuvre entreprise à partir
de lʹan 200 av. EC, par les Pharisiens et les Rabbins, oeuvre qui avait culminé, en prestige,
lors de lʹinstallation de deux Écoles majeures de la Culture Rabbinique, sous le règne
dʹHérode et de ses successeurs : lʹÉcole dʹHillel et lʹÉcole de Shammaï.
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Le Traité Middoth, qui décrit le Temple et qui détaille ses Mesures, est vraisemblablement lʹun
des premiers Traités écrits qui a inspiré lʹensemble de la Littérature Rabbinique, en utilisant
une méthodologie consistant en des Expositions accompagnées de Discussions.
Par la suite, en partant de ce même genre dʹExpositions et de Discussions, les Commentaires
de différentes générations de Rabbins pourront se chevaucher et sʹinterpeller à travers les
âges :
De cette façon; les Rabbins commentent, pour ainsi dire, tous ensemble et toutes générations
confondues, des Déclarations ou des Commentaires originels, dont ils sʹefforcent, sans cesse,
dʹexpliciter et dʹélargir le sens et la portée.
Cette Méthodologie sera appliquée pour divers Textes de la Mishnah qui présentent, la
plupart du temps, les Lois Orales.
Et cette Méthodologie de Discussions ouvertes entre différentes Générations de Rabbins de
la Mishnah, deviendra, systématiquement, la Règle pour la Gemara (Commentaires à partir de
la Mishnah) qui sera amplement développée dans le Talmud de Jérusalem, et dans le Talmud de
Babylone).
‐7‐ Pour ce qui concerne, plus spécifiquement, le contenu du Traité Middoth, on
peut conjecturer que, avant la destruction du Temple, des mesures précises de ce Temple,
avaient été relevées, et préservées, par des Scribes ou par des Architectes, au simple titre de
la documentation administrative, ou, éventuellement, en tant que bases de tableaux
comparatifs avec les Chiffres transmis par 2 Rois et 1 Chroniques.
Rabbi Eliezer ben Jacob I, de la seconde génération des Tannaïm (80‐120 EC), est dit (en
Traité Yoma 16a) avoir été lʹAuteur dʹun Traité Middoth, originel.
Et cʹest ce Texte originel de Rabbi Eliezer ben Jacob I qui aurait été, ensuite, commenté dans
le Traité Middoth définitif, par des Tannaim de sa génération (ou des générations suivantes).
Rabbi Eliezer ben Jacob I, qui serait ainsi, tout à la fois, lʹAuteur probable du Middoth originel
et lʹun de ses Commentateurs, a donc, vraisemblablement, connu le Temple avant sa
destruction, même sʹil devait, alors, être encore extrêmement jeune.
Ou bien, à tout le moins, Rabbi Eliezer ben Jacob I a connu des personnes contemporaines du
Temple, et qui ont pu lui transmettre des renseignements très précis sur son Architecture,
ses Mesures et son Fonctionnement.
On trouve ce genre dʹindications dans le Traité Middoth, par exemple, lorsque la discussion
porte sur les Lévites qui étaient de garde dans le Temple, et qui étaient sévèrement punis
lorsquʹils étaient surpris endormis, au cours de leur tour de garde :
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Mishnah : Traité Middoth : 1 : 2 :
A‐. Le Prêtre, Responsable du Mont du Temple, inspectait tous les Lévites de
garde, et des torches flamboyantes éclairaient sa ronde.
B‐. Et, à tous les Lévites qui étaient de garde, le Prêtre, Responsable de la
protection du Mont du Temple, disait : ʺLa Paix soit avec toi.ʺ
C‐. Sʹil surprenait le Lévite endormi, il le fouettait avec sa baguette.
D‐. Et il avait même le droit de mettre le feu à ses vêtements.
E‐. Et les gens disaient : ʺQue se passe‐t‐il donc dans le Parvis ?ʺ
F‐. ‐ ʺCʹest un Lévite qui est châtié et à qui lʹon brûle ses vêtements, parce quʹil
sʹest endormi à son poste.ʺ (répondait‐on)
G‐. Rabbi Eliezer ben Jacob dit : ʺUn jour, ils ont trouvé le frère de ma mère
assoupi et ils ont mis le feu à ses vêtements.ʺ
Dans cette déclaration de Rabbi Eliezer ben Jacob, il est impossible de déceler sʹil était, lui‐
même réellement présent, ou contemporain de cet évènement ou sʹil sʹagit dʹune anecdote
quʹil aurait pu entendre raconter dans sa famille.
De la même façon, en un autre passage, Rabbi Eliezer ben Jacob fait appel à sa mémoire pour
des détails, dont on ne peut, néanmoins, assurer quʹil les a oubliés alors quʹil en avait eu
directement connaissance, ou bien quʹil les a oubliés après quʹon les lui ait rapportés :
Et, de la même façon, également, il est impossible de savoir si les réponses que lui fournit
Rabbi Abba Saul, sont issues dʹune expérience personnelle, ou dʹune connaissance acquise
par documentation ou conversation :
Mishnah : Traité Middoth, :
2 : 5 :
K.‐ LʹOffice situé au nord‐est du Parvis des Femmes était lʹOffice des Lépreux,
L.‐ LʹOffice situé au sud‐ouest,
M.‐ Eliezer ben Jacob disait : ʺJʹai oublié à quoi il servait.ʺ ‐
N.‐ Abba Saul dit : ʺ Cʹest là que lʹon gardait le vin et lʹhuile.ʺ
5 : 4 :
(Au sud du parvis des Prêtres il y avait trois Offices :)
A.‐ Les trois Offices au sud : lʹOffice fait en bois, lʹOffice de lʹExilé, lʹOffice fait
en pierres taillées.
B.‐ LʹOffice fait en bois,
C.‐ Rabbi Eliezer Jacob disait : ʺJʹai oublié à quoi il servait.ʺ ‐
D.‐ Rabbi Abba Saul dit : ʺCʹest lʹOffice du Grand‐Prêtre, et cet Office était
derrière les deux autres Offices...ʺ
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‐8‐ En dehors des deux Descriptions majeures du troisième Temple par Flavius
Josèphe, et par la Littérature Rabbinique, dont le Traité Middoth, que nous examinerons infra,
on dispose de plusieurs descriptions incidentes du Temple dʹHérode, comme, par exemple,
celle de Philon dʹAlexandrie, Philosophe Juif qui prônait le syncrétisme entre la Religion
Juive et lʹIdéologie Hellénique (14 av. EC ‐ 54 EC), ou bien celle de Tacite, lʹHistorien Romain
(55 ‐120 EC).
Philon dʹAlexandrie a vraisemblablement visité en Pèlerinage le Temple de Jérusalem, et
Tacite a pu obtenir des renseignements détaillés, auprès dʹOfficiers Romains qui avaient
participé au Siège de Jérusalem avec Titus.
Leurs descriptions ne sont pas complètes, même si elles reposent sur une documentation
directe, ou sur des témoignages contemporains.
Toutefois leurs descriptions fournissent quelques précisions intéressantes.
‐9‐ Alors quʹil nʹexiste, à ce jour, aucune iconographie de la Tente de la Rencontre
de Moïse, ni du Temple de Salomon, ni du deuxième Temple de Zorobabel, ni du deuxième
Temple des Hasmonéens, par contre, il existe une iconographie de la façade du troisième
Temple dʹHérode.
‐A‐ La première iconographie est constituée par les Pièces de monnaie, qui furent mises en
circulation durant la période de la lutte pour la Libération de Jérusalem et pour la
restauration du Temple détruit par Titus, lors de la Guerre menée par Bar Kokhba contre les
Armées Romaines dʹHadrien, de 132 à 135 EC.
Sur ces Pièces de monnaie, la Façade du Temple apparaît comme un porche de type Gréco‐
Romain, constitué par quatre colonnes, supportant directement le toit
Ce porche ne comporte pas lʹhabituel fronton triangulaire des Temples Païens.
A lʹintérieur de ce Temple tétrastyle on peut voir lʹArche de lʹAlliance.
‐B‐ La seconde iconographie est constituée par des fresques dʹune Synagogue du 3ème
siècle EC, à Dora Europos, une Ville‐garnison Romaine située au bord de lʹEuphrate, au
nord‐est de la Syrie.
On peut y voir deux types de représentation de la façade du Temple avec le porche Gréco‐
Romain soutenu par des colonnes :
‐ Un porche sans fronton comme sur les Pièces de monnaie de Bar Kokhba ;
‐ Un porche avec le fronton triangulaire habituel des Temples Païens.
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‐C‐ De la même façon, on peut voir, sur un fond de Verre doré Juif, du 3ème siècle EC, à
Rome, une représentation de la façade du Temple, avec quatre colonnes supportant
également un porche, avec fronton triangulaire Gréco‐Romain, mais orné dʹune palme, et
non pas de lʹAigle Romaine.
De plus, lʹArtiste qui a réalisé ce fond de Verre doré, a peint les colonnades des portiques qui
entouraient le Temple dʹHérode.
‐D‐ Finalement, la représentation dʹun Temple identique au Temple Hérodien, qui figure
sur les Pièces de monnaie de Hérode Philippe II, nʹest peut être pas innocente.
En effet, il se pourrait que cette représentation du Temple Païen de Panion, qui avait été
dédié, près des sources du Jourdain, par Hérode le Grand à Auguste, était éventuellement
destiné à évoquer, de façon allusive, la pleine légitimité Judaïque de Hérode Philippe II.
En effet, cette représentation, si semblable à celles du Temple de Jérusalem qui figureront sur
les Pièces de monnaie de Bar Kokhba, aurait pu vouloir suggérer quʹHérode Philippe II
avançait, subtilement, lʹidée de ses Droits légitimes sur le Royaume de Judée, dont ce fils
dʹHérode avait été privé, puisquʹil nʹavait obtenu, en héritage, de son père de la part de
lʹEmpereur Romain, que la seule Tétrarchie des Territoires du nord de lʹancien Royaume
dʹHérode le Grand, cʹest à dire, entre autres, la Golanitide et lʹIturée.
Or, des trois fils dʹHérode, qui avaient pu hériter des Territoires de leur père, et qui avaient
été confirmés par Auguste comme Tétrarques de ces Territoires, Hérode Philippe II était le
seul à avoir eu une mère Juive, et, de surcroît, une mère Juive de Jérusalem.
‐10‐ Outre ses talents incomparables de Stratège militaire, de Meneur dʹhommes, de
Bâtisseur, de Dirigeant Politique, Économique, et Financier, Hérode le Grand, ainsi quʹen
témoigne tous les récits de Flavius Josèphe, était doué dʹun machiavélisme, dʹune ruse
entêtée, dʹun cynisme, et dʹune cruauté sans égal.
Hérode pouvait, ainsi, mener des intrigues extrêmement complexes, en donnant le change,
durant des mois ou des années, jusquʹà ce quʹil parvienne au but quʹil sʹétait fixé :
Les assassinats successifs de tous les Descendants Hasmonéens, de son bienfaiteur Hyrcan
II, du frère de sa femme, devenu jeune Grand‐Prêtre, de cette même femme, Mariamne, quʹil
avait adorée, de plusieurs de ses propres fils, sans compter la torture et la mise à mort de
tous les partisans de ceux quʹil avait décidé de perdre, tous ces épisodes cruels et sanglants
révèlent un esprit machiavélique, rusé, et malfaisant, que rien ne pouvait jamais détourner
des buts quʹil sʹétait fixés.
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Or, Hérode voulait non seulement le Pouvoir absolu mais il voulait également que son nom
se perpétue dans la Postérité.
Ainsi, même pour sa propre mort, il voulut entraîner dans sa disparition tous les Notables
Juifs de son Royaume, afin de marquer tous les esprits dʹun même Deuil collectif et national.
Hérode ne se proclama Juif que dans la mesure où cela lui permettait de donner un semblant
de légitimité à sa Couronne et dʹéviter des affrontements avec le Peuple quʹil gouvernait.
Mais Hérode savait parfaitement que les Juifs ne le reconnaissaient pas comme lʹun des
leurs, et quʹils le considéraient toujours comme un Édomite (avec toutes les connotations
anti‐Juives qui sʹattachent à ce nom dans la Bible).
Par ailleurs Hérode savait également que les Juifs ne lui pardonneraient jamais dʹavoir fait
périr et disparaître la race des Grands‐Prêtres Hasmonéens descendant des Macchabées.
Aussi, Hérode ne pouvait se résigner à cet état de chose, et tolérer, en particulier, que sa
présence soit, par essence, rigoureusement exclue du Temple Sacré, le Lieu central et
mythique, du Pays dont il était le Souverain et Tyran Absolu.
Nommer et défaire les Grands‐Prêtres à sa guise ne suffisait pas à Hérode : il voulait sʹégaler
au Grand‐Prêtre des Juifs et se mettre de plain‐pied avec la Divinité Juive, de la même façon
que partout, dans lʹEmpire, était en train de se mettre en place, progressivement, le Culte
universel du Divin Auguste.
Pour atteindre son objectif Religieux, Hérode en vint à concevoir un stratagème,
correspondant à la fois, à sa mégalomanie profonde et à ses talents dʹintrigant.
Ce stratagème visa, tout à la fois, à rallier ses sujets à sa Politique, à briller au sein de la
Civilisation Romaine par ses réalisations, à rendre constamment hommage à Auguste, son
Protecteur, et finalement, à satisfaire sa passion dévorante de dominer, en toutes matières, y
compris dans le Domaine Religieux, le Peuple quʹil gouvernait et martyrisait :
Pour cela, il lui fallait, absolument, satisfaire son orgueil et sa conviction intime, en
établissant que, malgré les apparences, dans le Territoire quʹil gouvernait, lʹaccès à aucun
Lieu ne saurait jamais être dénié à Hérode le Grand, fût‐ce lʹaccès au Lieu le plus Sacré, ou
plus exactement, et surtout, en son Lieu le plus Sacré.
Aussi, lorsque Hérode annonce au Peuple Juif quʹil souhaite démolir le Temple pour en
reconstruire un autre, Hérode a déjà conçu son plan ultime :
Dans son discours, Hérode avance, avec aplomb comme argument fondamental, une contre‐
vérité, à savoir que le Temple reconstruit au retour dʹexil aurait été bâti moins haut que le
Temple de Salomon, et quʹil souhaite, donc, lui redonner sa majesté originelle.
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En effet, tout le stratagème, mis au point par Hérode, repose justement sur la hauteur de
lʹÉdifice quʹil parviendra à imposer aux Juifs :
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 15 : 14 :
(Discours dʹHérode :)
Vous savez que le Temple que nos pères ont bâti à Dieu après leur retour de la
captivité de Babylone est moins élevé de soixante coudées (30 mètres !) que
nʹétait celui qui avait été construit par Salomon….
Hérode souhaite, en conséquence, porter la hauteur de lʹÉdifice à 60 mètres (qui
deviendront, par la suite, 50 mètres, à cause dʹun affaissement de terrain, comme lʹexplique
Flavius Josèphe.)
Or, Hérode sait, vraisemblablement, que les dimensions du Temple doivent, pour les Juifs,
procéder des mesures prescrites par les Textes Sacrés.
Cʹest, la raison pour laquelle, Hérode, selon sa méthode habituelle, affronte, dʹemblée ce
problème essentiel, en biaisant et en court‐circuitant toute velléité éventuelle de résistance à
sa volonté :
‐ En effet, la hauteur de la Tente de la Rencontre de Moïse était de 5 mètres.
‐ La hauteur réelle du Lieu Saint du Temple du Roi Salomon était de 15 mètres (1 Rois : 6 : 2).
De plus, Salomon avait fait ajouter un Porche à lʹentrée du Temple, et, implicitement selon 1
Rois, et explicitement selon la Septante, ce Porche avait la même hauteur que le Temple, et
était supporté par deux Colonnes.
2 Chroniques : 3 : 4, toutefois, attribue à ce Porche, mais à ce Porche seulement, une hauteur,
assez incohérente, de 60 mètres par rapport au Temple (qui a une hauteur de 15 mètres,
selon 1 Rois).
En effet, étrangement, Chroniques nʹindique que la hauteur du Porche, mais non la hauteur
du Temple lui‐même.
Finalement, on peut noter que la hauteur qui avait été fixée par Cyrus et Darius, pour la
reconstruction du Temple, au retour dʹexil de Babylone, était de 30 mètres, selon Esdras 6 : 3.
La hauteur de 60 mètres, indiquée pour la reconstruction dʹun nouveau Temple par Hérode,
correspond donc, uniquement, à la hauteur du Porche indiquée par 2 Chroniques : 3 : 4.
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Et Hérode spécifie bien que cette hauteur quʹil propose pour le nouvel Édifice sʹapplique à
tout le Temple, et non pas au seul Porche.
Aussi, cette hauteur singulière de 60 mètres semble pouvoir être attribuée à la seule volonté
dʹHérode, avec le concours de Scribes‐Copistes, complaisants ou apeurés ou terrorisés, pour
ce qui concerne lʹinterpolation probable qui figure en 2 Chroniques : 3 : 4.
Flavius Josèphe, pour décrire les événements du règne dʹHérode, a pu disposer de lʹoeuvre
de Nicolas de Damas, le mémorialiste attitré et conseiller dʹHérode.
Et il est probable que Nicolas de Damas a retranscrit avec exactitude le Discours dʹHérode, à
la rédaction duquel, de surcroît, il a très probablement participé, ne serait‐ce quʹen tant que
premier auditeur critique.
Tout se passe donc comme si Hérode sʹétait habilement servi dʹun flou entretenu par les
mesures si particulières du Porche, inscrites, étrangement, dans Chroniques, pour avancer au
Peuple Juif des arguments péremptoires, que son statut de Tyran implacable lui permettait
dʹimposer sans contestation possible.
De cette façon, Hérode avait pu décider, souverainement, de la hauteur du nouveau Temple,
cette hauteur conditionnant la réussite de tout son stratagème.
En contre‐partie, afin de rassurer les Juifs pris de court, Hérode promet de ne pas démolir
lʹancien Temple, tant que les matériaux nécessaires à lʹédification du nouveau nʹauront pas
été rassemblés.
Cette hauteur arbitraire de 60 mètres du nouvel Édifice, qui est annoncée, en préliminaire,
par Hérode, va déterminer lʹespace du Temple et, surtout, lʹépaisseur nécessaire de ses murs.
Et, dans ce nouveau cadre architectural, Hérode va prétendre respecter les proportions
Salomoniennes, ce qui sera, strictement exact, pour ce qui concerne les mesures intérieures,
en longueur et en largeur, du rez‐de‐chaussée du Temple‐même, cʹest à dire du Lieu Saint et
du Lieu Très Saint, mais non pour leurs mesures en hauteur.
Et sur ces fondations antiques horizontales, ainsi apparemment respectées, toute
lʹingéniosité Architecturale dʹHérode va pouvoir se déployer en hauteur, tandis quʹune
somptueuse et monumentale façade, élargie selon le modèle Greco‐Romain, permettra
dʹassouvir la complète adhésion dʹHérode à lʹIdéologie Romaine, tout en estompant le
dessein secret du Despote.
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21/ Histoire du Temple de Jérusalem
Le troisième Temple dʹHérode
La Plate‐Forme du Sanctuaire
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‐1‐ Les Archéologues du 19ème siècle (les seuls à avoir pu explorer le sous‐sol du
Haram) partaient, tous, du Dogme Religieux et du Postulat Mental, que le Temple des Juifs
se dressait sur lʹEsplanade des Mosquées, et, plus précisément, sur la Plate‐forme interne du
Dôme du Rocher.
Or, les mesures précises de Flavius Josèphe, vraisemblablement corroborées, ou vérifiées,
par les Ingénieurs Militaires Romains, concernant lʹEnceinte du Temple des Juifs, offrent les
prémices incontournables dʹun démenti catégorique sur ce point.
‐ LʹEsplanade des Mosquées (Haram al‐Sharif) est un rectangle irrégulier qui mesure,
approximativement, 480 mètres de longueur (axe nord‐sud) et 280 mètres de largeur (axe
est‐ouest).
‐ Flavius Josephe affirme que lʹEsplanade du Temple était un carré qui ne pouvait pas,
physiquement et géologiquement, mesurer plus de 180 mètres de côté.
‐2‐ Hérode fit, effectivement, de lʹEnceinte du Temple une construction
majestueuse qui constitua, à la fois, un rempart défensif, et un Site privilégié pour le public,
avec lʹédification, selon le mode Gréco‐romain, de larges et majestueuses galeries‐portiques à
colonnes corinthiennes destinées, entre autres, à abriter les pèlerins du soleil.
Voici dʹabord la description de cette Enceinte du Temple dʹHérode par Flavius Josèphe :
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 15 : 14 : 397‐402 :
Hérode fit édifier autour du Temple de très larges et hautes galeries‐portiques,
disposées selon les lois de la symétrie, et dʹune beauté telle quʹon eût dit que,
jamais auparavant, le Temple nʹavait été enchâssé avec une telle magnificence.
Deux de ces galeries‐portiques longeaient les Remparts dʹEnceinte qui étaient
eux‐mêmes si forts et si épais quʹils formaient un ouvrage gigantesque dʹune
réputation incomparable.
Il y avait, au début, une colline rocheuse très escarpée mais qui sʹabaissait en
pente plus douce vers le côté oriental de la ville, et notre Roi Salomon fut le
premier qui, par Ordre de lʹÉternel, et à lʹaide dʹun labeur colossal, environna
de murailles ce sommet de la colline. Il entoura dʹabord ce sommet par un
rempart, puis, il fit édifier, en partant du bas de la vallée qui encercle cette
colline, un autre mur qui sʹélevait, grâce à de hautes pierres scellées entre elles
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par du plomb. Ces pierres pénétraient graduellement le flanc de la colline pour
former en profondeur un volume homogène sur lequel une plate‐forme carrée
put être constituée. Et lʹon pouvait de lʹextérieur apprécier la grandeur de la
surface de ces pierres, tandis que le plomb qui les maintenait à lʹintérieur
assurait une solidité inébranlable à lʹensemble.
Quand ce travail eut atteint le sommet de la colline, il aménagea donc le
sommet de celle‐ci, combla les vides restant entre la pente de la colline et les
pierres formant les remparts, et il aplanit le tout en son sommet, pour obtenir
une surface homogène.
Tous ces remparts encerclant et soutenant la Plate‐forme carrée représentaient
un périmètre de quatre stades de pourtour (4 x 180 mètres) chaque côté ayant
un stade (180 mètres) de longueur.
A lʹintérieur de ce carré de remparts, et au sommet de lʹespace ainsi constitué,
un autre mur de pierres fut édifié pour entourer cette Esplanade.
Le rempart dʹEnceinte de lʹEsplanade était complété, sur son côté oriental, par
un portique aussi long que le mur lui‐même, et, comme le Temple se situait au
milieu, ce portique faisait en somme face aux portes du Temple.
Ce portique, plusieurs de nos Rois, autrefois y avaient travaillé. Et sur tout le
pourtour des murs de lʹEnceinte étaient suspendus des trophées gagnés chez les
Barbares : Tous ces trophées furent de nouveau dédiés par Hérode, et, de plus,
le Roi y ajouta ceux quʹil avait lui‐même arrachés aux Arabes.
Après avoir décrit le mur oriental de cette Enceinte, Flavius Josèphe, présente la Citadelle
Antonia qui surplombe et protège le mur nord de lʹEnceinte du Temple.
‐3‐ Puis Flavius Josephe décrit le côté occidental de lʹEnceinte, avant de terminer
avec son Rempart sud, qui est le côté qui rend compte, le plus spécifiquement, de
lʹimpossibilité absolue dʹune adéquation éventuelle du Rempart sud du Haram au Rempart
sud de lʹEnceinte du Temple des Juifs disparu :
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 15 : 14 : 411‐420 :
Le quatrième côté de lʹEnceinte, celui du sud, avait aussi des portes en son
milieu.
Au dessus de ce rempart sud, était érigé un triple ensemble de galeries‐
portiques qui longeait le rempart sud, sa longueur étant, ainsi, limitée à lʹest par
le surplomb au dessus de la vallée orientale (Cedron), et à lʹouest par celui
dominant la vallée occidentale (Tyropeon).
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Cʹétait un des ouvrages les plus mémorables qui pouvaient être contemplés. En
effet, le rempart de soutènement qui sʹélevait du fond de la vallée, était déjà si
haut par lui‐même quʹon pouvait être pris de vertige lorsque lʹon se penchait
pour pouvoir regarder dʹen haut. Or, cʹest encore au dessus de cette hauteur,
déjà considérable, quʹétait bâti ce triple Édifice de galeries‐portiques, de sorte
que, si quelquʹun voulait, du haut de ces galeries‐portiques, sonder du regard
cette double élévation, il pouvait, pour ainsi dire, contempler une sorte dʹabîme
incommensurable.
Sur toute la longueur de ce triple ensemble, des colonnes étaient alignées sur
quatre rangs, à égale distance lʹune de lʹautre. Et le quatrième rang des colonnes
faisait corps avec le mur de pierre de lʹEnceinte. Telle était lʹépaisseur de chaque
colonne quʹil fallait, pour embrasser son tour, trois hommes se donnant la main,
car ces colonnes faisaient 27 pieds de tour (environ 8 mètres) et leur
soubassement était double. Il y avait en tout 162 colonnes ; leurs chapiteaux
étaient ornés de sculptures selon le style corinthien, et impressionnaient par la
magnificence de lʹensemble.
Comme il y avait quatre rangées de colonnes, celles‐ci formaient entre elles trois
galeries‐portiques. Deux de ces galeries‐portiques avaient la même disposition :
chacune avait trente pieds de large (9 mètres de large), un stade de long (180
mètres de long) et une hauteur de plus de 50 pieds (15 mètres de haut). La
galerie‐portique du milieu avait, elle, une fois et demi cette largeur (12‐13
mètres de large) et une hauteur double (30 mètres de haut).
Les plafonds de ces galeries‐portiques étaient faits de boiseries ornées de
sculptures en relief avec des représentations variées. La voûte de la galerie‐
portique du milieu, qui surpassait en hauteur les deux autres, était soutenue sur
des corniches de pierre si bien taillées et entremêlées avec des colonnettes
réalisées avec tant dʹart, que, comme on ne pouvait en discerner les jointures, on
avait lʹimpression que lʹensemble de cet ouvrage nʹétait composé que dʹune
seule pierre. Telle était la première Enceinte extérieure du Temple.
En allant vers lʹintérieur, et à très peu de distance de cette Enceinte extérieure
était la deuxième Enceinte, accessible en montant quelques degrés.
Elle était constituée par une cloison avec une balustrade de pierre faisant tout le
tour, et comportant des inscriptions interdisant aux non‐Juifs, sous peine de
mort, dʹen franchir la limite. Cette Enceinte intérieure avait au sud, comme au
nord, trois Portes symétriquement réparties.
A lʹorient était une seule et grande Porte par où nous pouvions entrer à
condition dʹavoir été purifiés, de même que les femmes.
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En sʹavançant plus avant vers le Temple, le Parvis intermédiaire était interdit
aux femmes.
Et, encore plus avant il y avait un troisième Parvis où seuls les Prêtres
pouvaient pénétrer.
Là, se trouvait le Temple, et, devant le Temple, lʹAutel où nous offrions les
Holocaustes à Dieu.
Même Hérode nʹosa jamais pénétrer dans ce troisième Parvis, car cela lui était
interdit, nʹétant pas de souche Sacerdotale.
Il y laissa donc, exclusivement, les Prêtres mener à bien les travaux du Temple,
et, pour sa part, Hérode sʹoccupa activement des Enceintes extérieures et de
leurs galeries‐portiques.
‐4‐ En dehors du style Gréco‐Romain, conféré par Hérode à lʹEsplanade du
Temple, ce texte comporte des indications précises en terme de mesures :
Aussi, lʹon peut avancer que, pour ce qui concerne, spécifiquement, lʹEnceinte‐Rempart
extérieure du Sanctuaire, qui constituait son système de défense, ces mesures ont
particulièrement intéressé les Ingénieurs Militaires Romains, dont la documentation a pu,
très probablement, compléter la documentation personnelle de Flavius Josèphe, ou lui être
confrontée, à la Cour Impériale de Rome.
Et Flavius Josèphe savait, également, que ces Ingénieurs Militaires Romains ne se seraient
pas privés dʹindiquer à lʹEmpereur, les erreurs éventuelles de lʹHistorien Juif, afin de le
discréditer, si Flavius Josèphe, courtisan et protégé de lʹEmpereur, en avait commises dans
un domaine particulier où les Ingénieurs compétents avaient pu procéder à des relevés
précis.
Le texte de Flavius Josèphe indique, à plusieurs reprises, que le Site inclus dans lʹEnceinte du
Temple est un Carré (et non pas un Rectangle) tout comme, dʹailleurs, le Traité Middoth.
Pour Flavius Josèphe, ce Carré mesure précisément 180 mètres de côté.
Et Flavius Josèphe précise que le surplomb vertigineux de la vallée occidentale (Tyropeon),
dʹune part, et le surplomb vertigineux de la vallée orientale (Cedron), dʹautre part, entre
lesquelles sʹélève la colline rocheuse du Temple, empêchent la longueur du Rempart sud de
lʹEnceinte du Temple de dépasser ces 180 mètres.
Or, le côté sud de lʹEsplanade des Mosquées (Haram al‐ Sharif), de son angle sud‐est à son
angle sud‐ouest, mesure, 280 mètres environ, soit 100 mètres de plus que la dimension
indiquée, avec une extrême précision, et à plusieurs reprises, par Flavius Josèphe.
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Comme ce Rempart sud du Haram est construit avec une cohésion Antique, et nʹest donc pas
compressible, il nʹa pu être le Rempart sud de lʹEnceinte du troisième Temple dʹHérode.
Par ailleurs, pour ce qui concerne lʹautre côté du ʺcarréʺ de lʹEnceinte du Temple dʹHérode,
le ʺrectangleʺ de lʹEsplanade des Mosquées (Haram al‐ Sharif) mesure en longueur 480
mètres, soit 300 mètres de plus que la dimension (180 mètres) indiquée par Flavius Josèphe.
Aussi, par exemple, si lʹon admettait, comme le firent les Archéologues du 19ème siècle, que
le Rempart sud du Haram al‐Sharif (280 mètres) constituait le Rempart sud de lʹEnceinte du
Temple des Juifs (180 mètres), le Dôme du Rocher serait à peu près en dehors des limites de
lʹEnceinte du Temple, en se référant aux dimensions transmises par Flavius Josephe.
‐5‐ Les Historiens et les Archéologues du 19ème siècle, interpellés par cette
première, dʹune longue série de contradictions découlant du Postulat erroné de
lʹemplacement du Temple, ont recouru à diverses explications pour tenter de surmonter cet
obstacle obstiné des mesures si précises, fournies par Flavius Josèphe :
‐ Ces diverses explications vont, par exemple, de lʹerreur des Copistes du Texte de Flavius
Josephe, à la mesure du ʺStadeʺ qui, dans le cas exceptionnel de Flavius Josèphe, serait
lʹéquivalent de 280 mètres, et non pas de 180 mètres...
‐ Ou bien encore, au fait que Flavius Josèphe aurait passé sous un étrange silence des
Pavillons supplémentaires, dont auraient été flanquées, à chacune de leurs extrémités, les
Galeries‐Portiques, alors même que Flavius Josephe précise que les Galeries vont jusquʹà
lʹextrémité des Remparts ;
‐ Ou bien encore, que, dans le Grec de Flavius Josèphe, il faudrait entendre par le mot
ʺCarréʺ, en réalité, le mot ʺRectangleʺ ;
‐ Ou bien du défaut de mémoire ou lacune de documentation de Flavius Josephe ; etc. etc.
‐6‐ Pour ce qui concerne cette forme géométrique de lʹEnceinte extérieure du
Temple, les Auteurs du Traité Middoth vont exactement dans le même sens du ʺCarréʺ que
Flavius Josèphe, et ce, même si leur Description Rabbinique se réfère, sur ce point spécifique
de lʹEnceinte extérieure du Temple, à la Mystique visionnaire dʹÉzechiel :
Ézechiel était de famille Sacerdotale, et il fit partie du premier groupe de Juifs qui furent
déportés en Babylonie, en 598 av. EC, par Nabuchodonosor.
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Cʹest là quʹEzechiel exerça une activité Prophétique.
Toutefois, sa Vision dʹun Temple idéal, qui devrait être reconstruit après la disparition du
premier Temple, ne semble, en aucune façon, avoir inspiré les Bâtisseurs du second Temple,
à leur retour de déportation, ni les Bâtisseurs‐Embellisseurs du second Temple Hasmonéen,
ni les Bâtisseurs du troisième Temple d’Hérode, car, pour celui‐ci par exemple, Flavius
Josephe n’aurait pas manqué de mentionner Ezechiel si sa Prophétie s’était si
majestueusement concrétisée.
Mais, par la suite, et particulièrement après la destruction du Temple dʹHérode, la Vision
Prophétique dʹEzechiel allait, progressivement, sʹimposer comme une référence dʹespérance,
mi‐idéale, mi‐réaliste, dans les cercles des Pharisiens et des Rabbins.
Ézechiel : 42 : 15‐20 :
Lorsque lʹHomme (envoyé par Dieu pour montrer le Temple futur au Prophète)
eut terminé les mesures des bâtiments intérieurs du Temple, il me fit sortir par
la porte est. Il se mit alors à mesurer lʹespace qui entourait le Temple. A lʹaide
du roseau à mesurer, il trouva que le côté est avait 500 coudées de long (250
mètres). Il renouvela lʹopération pour les côtés nord, sud et ouest et trouva
partout la même longueur, soit 500 coudées (250 mètres). Cʹest ainsi que fut
mesuré le mur qui entourait le Temple sur ses quatre côtés. Le mur formait un
carré de 500 coudées (250 mètres) de côté et servait à séparer lʹespace profane
du lieu consacré à lʹÉternel.
Dans le Traité Middoth, quelques références sont faites à cette oeuvre Prophétique dʹÉzechiel.
En particulier, la dimension donnée pour lʹEnceinte extérieure du ʺMont du Templeʺ est celle
qui est indiquée dans Ézechiel : 42 : 15‐20 pour lʹEspace Sacré de la Vision dʹEzechiel :
Mishnah : Traité Middoth : II : 1 :
A.‐ Le Mont du Temple avait 500 coudées sur 500 coudées (250 mètres sur 250
mètres).
Ainsi, on retrouve, à la fois, dans la description du Traité Middoth, et dans la description de
Flavius Josephe, lʹespace de lʹEsplanade du Temple, défini, spécifiquement, comme un Carré,
et non pas comme un Rectangle.
Et, rejoignant en cela la description de Flavius Josèphe, le Traité Middoth précise quʹil sʹagit
du ʺMont du Templeʺ dans son ensemble, conçu comme un espace intégral, et non pas dʹune
partie du Mont du Temple.
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Aussi, même en regard des chiffres Eschatologiques, donnés par le Traité Middoth, chiffres
qui ne découlent pas de la réalité, lʹEsplanade rectangulaire du Haram, de 480 mètres sur 280
mètres, nʹapparaît, toujours pas, comme appropriée.
‐7‐ De surcroît, et surtout, nous considérons les chiffres de Flavius Josèphe, pour ce
qui concerne lʹEnceinte du Temple, comme les seules crédibles et fiables, pour les raisons
suivantes :
‐ Les mesures indiquées par Flavius Josèphe pour lʹEnceinte défensive du Temple furent, de
facto, soumises au contrôle rigoureux des Ingénieurs militaires Romains, et, à tout le moins,
Flavius Josephe en tenait pas à ce que ce genre de vérification éventuelle vienne ternir sa
réputation à la Cour Impériale de Rome
‐ Flavius Josèphe, en tant quʹHistorien et membre dʹune Famille de Prêtres, connaissait,
parfaitement, lʹHistoire du Temple :
Et si les Architectes du Temple dʹHérode sʹétaient référés aux chiffres des Visions
Prophétiques dʹEzechiel, Flavius Josephe lʹaurait su, et lʹaurait fait savoir.
‐ En réalité, le Livre dʹEzechiel ne commença à être accepté par les Rabbins, et
progressivement intégré dans le Canon Juif, quʹaprès la disparition du Temple dʹHérode.
Aussi, il est probable que les chiffres indiqués par le Traité Middoth pour lʹEnceinte du Mont
du Temple, aient été inspirés aux Rabbins par la Vision dʹÉzechiel, comme autant de
mesures idéales, consolatrices et porteuses dʹespérance pour lʹAvenir, en vue dʹune, très
éventuelle, reconstruction du Temple espéré.
‐ En raison des dimensions, imposées, par Hérode, pour les Galeries‐portiques et pour le
Temple lui‐même, il ne resta, en réalité, quʹun espace très restreint pour les Parvis, ainsi
quʹen attestent les mesures précises, réelles celles‐là, et non Prophétiques, transmises par le
Traité Middoth, pour des espaces extrêmement limités et étroits, que nous examinerons infra.
Et cette étroitesse extrême des Parvis, tels quʹils sont décrits et mesurés par le Traité Middoth,
ne pourrait se justifier, en regard des immenses besoins du Temple et du nombre élevé des
Participants au Culte, que par un manque physique absolu dʹespace disponible.
Appuyant dʹailleurs cette description des Parvis du Traité Middoth, description qui implique
une étroitesse extrême de la surface laissée disponible sur lʹEsplanade, Flavius Josèphe
indique, également, que le premier Parvis extérieur, celui des Femmes, était tout proche des
Galeries‐Portiques qui formaient lʹEnceinte extérieure du Temple.
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Aussi, les vastes espaces offerts par le Haram des Omayades rendraient l’exiguïté extrême
des Parvis du Temple Juif (que nous examinons infra) totalement absurde au regard de la
mégalomanie architecturale d’Hérode, dont l’antique Citadelle Juive (actuellement Haram)
qui surplombait et protégeait le Temple, nous offre, jusqu’à ce jour, un exemple
spectaculaire.
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22/ Histoire du Temple de Jérusalem
Le troisième Temple dʹHérode
Les Parvis du Temple
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‐1‐ Les mesures extrêmement précises, transmises par le Traité Middoth,
contredisent radicalement les mesures eschatologiques empruntées à Ezechiel car elles
confirment lʹextrême étroitesse du terrain, dont purent disposer les Bâtisseurs du Temple
d’Hérode dans l’axe Biblique est‐ouest, pour aménager les Parvis, à lʹintérieur dʹun espace
qui était délimité, dʹun côté à l’est, par les somptueuses et larges Galeries‐Portiques Greco‐
Romaines, et, de lʹautre côté à l’ouest, par lʹambitieux Édifice de deux étages quʹHérode avait
conçu pour le Temple.
En effet, dans le sens de la largeur, cʹest à dire dʹest en ouest, le Traité Middoth indique, avec
une grande précision, des dimensions, étonnamment modestes pour les largeurs des Parvis,
qui se succèdent devant le Temple, et tout particulièrement, pour le Parvis des Israélites et
pour le Parvis des Prêtres qui sont très étroits et très limités, surtout si l’on prend en compte
les Chiffres cités par la Bible et par Flavius Josephe quant au nombre de Célébrants et au
nombre d’animaux sacrifiés (se chiffrant par centaine de milles dans certains cas).
Or, cette modestie extrême, qui ne peut avoir été imposée que par le manque dʹespace
disponible, ne correspond, ni à la Vision Prophétique dʹÉzechiel, ni aux vastes espaces qui
sont offerts par lʹimmense plate‐forme du Haram.
Dans le Traité Middoth, à lʹinverse de la mesure Eschatologique de lʹEnceinte extérieure du
Mont du Temple, les mesures des Parvis ne sont pas commandées par une Vision
Allégorique dʹÉzechiel, mais semblent bien résulter de la réalité incontournable de lʹespace
du terrain qui était, effectivement, disponible sur ce même ʺMont du Templeʺ :
Dʹest en ouest, le Sanctuaire est mesuré comme suit :
Mishnah : Traité Middoth :
II : 3 :
A.‐ A lʹintérieur du Mont du Temple, il y a une balustrade treillagée, haute de
dix palmes.
B.‐ Il y avait dix brèches dans cette balustrade
C.‐ qui avaient été pratiquées par les Rois de Grèce (Séleucides).
D.‐ On avait refermées ces brèches et lʹon avait prescrit treize prosternations en
commémoration.
E.‐ Après cette balustrade, il y a un mur de dix coudées (5 mètres)
F.‐ Et il y avait là douze marches (pour franchir ce mur et entrer dans le Parvis
des Femmes).
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G.‐ La hauteur de chaque marche est de la moitié dʹune coudée (25 centimètres)
et la largeur de chaque marche est également de la moitié dʹune coudée (25
centimètres).
H.‐ Toutes les marches du Sanctuaire mesuraient une demi‐coudée de large et
une demi‐coudée de haut, à lʹexception des marches qui montaient au Porche
du Temple (et qui mesuraient chacune une coudée de large : 0,50 mètre).
II : 5 :
A.‐ Le Parvis des Femmes mesurait 135 coudées (67 mètres) de longueur sur
135 coudées (67 mètres) de largeur (= un Carré).
P.‐ Et le Parvis des Femmes était vide à lʹorigine. Puis on lʹentoura dʹune galerie
destinée aux femmes afin quʹelles puissent regarder dʹen haut, avec les hommes
en bas, mais quʹils soient séparés.
Q.‐ Et douze marches montaient du Parvis des Femmes au Parvis des Israélites
(vers le Temple).
II : 6 :
D.‐ Le Parvis des Israélites mesurait 135 coudées (67 mètres) de longueur sur 11
coudées (5,5 mètres) de largeur.
E.‐ Et le Parvis des Prêtres mesurait également 135 coudées (67 mètres) de
longueur sur 11 coudées (5,5 mètres) de largeur.
La seule explication à une exiguïté aussi contraignante des deux largeurs (5,5 mètres
seulement) de chacun de ces deux Parvis Sacrés, qui dont au coeur du Dispositif du Culte du
Temple, exiguïté qui ne cadre absolument pas avec les vastes espaces disponibles sur
lʹEsplanade des Mosquées, sʹadapte, par contre, au Chiffre précis fourni par Flavius Josèphe,
qui indique que la largeur maximum, d’espace disponible dʹest en ouest, sur la Colline du
Temple, aménagée entre les deux ravins, nʹétait que de 180 mètres.
‐2‐ Ainsi, dʹest en ouest, et délimité par lʹEnceinte extérieure construite par Hérode,
on trouve, selon les descriptions et mesures combinées de Flavius Josephe et du Traité
Middoth, successivement, dans le sens de la largeur restreinte du Sanctuaire (180 mètres), les
mesures suivantes :
A‐ LʹEnceinte extérieure du Mont du Temple, constituée, selon Flavius Josèphe, par une
Galerie‐Portique de 13 mètres de largeur environ.
B‐ Une Cour extérieure plutôt étroite, dont on ne connait pas les dimensions, et dont lʹaccès
est autorisé aux non‐Juifs.
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C‐ Un mur, entourant les Parvis intérieurs du Temple, que les non‐Juifs nʹont pas le droit de
franchir.
D‐ Le Parvis des Femmes : 67 mètres de largeur environ
E‐ Le Parvis des Israélites : 5,5 mètres de largeur environ
F‐ Le Parvis des Prêtres : 5,5 mètres de largeur environ
G‐ LʹAutel des Sacrifices : 14 mètres de largeur environ
H‐ Le Temple : 45 mètres de longueur environ
I‐ Le Parvis à lʹarrière du Temple : 6 mètres de largeur environ ?
Cela fait donc un total de :
13 + 67 + 5,5 + 5,5 + 14 + 45 + 6 = 156 mètres environ.
A ces 156 mètres, on peut ajouter une approximation dʹune douzaine de mètres pour
lʹensemble des épaisseurs des murs et des balustrades des Parvis, ainsi que des Portes et des
Escaliers de ces Parvis, puisque, dʹest en ouest, on montait, régulièrement, par degrés
successifs, jusquʹà la plate‐forme du Temple.
Ce qui fait un total, approximatif, de 167 mètres de largeur environ.
Cela veut dire que, dans le sens de la largeur, restreinte par manque dʹespace disponible, il
restait, sur le total de 180 mètres, un emplacement dʹenviron une douzaine de mètres, pour
lʹespace autorisé aux non‐Juifs, espace qui était situé entre lʹEnceinte extérieure, délimitée
par la Galerie‐Portique orientale, et le mur du premier Parvis, celui des Femmes.
Et ce chiffre dʹune douzaine de mètres de largeur, auquel sʹajoute la largeur intérieure des
Galeries‐Portiques, pour lʹespace où les non‐Juifs pouvaient circuler, correspond, de façon
assez réaliste, aux diverses descriptions visuelles, transmises par Flavius Josèphe.
‐3‐ En tout état de cause, lʹexposé, chiffré selon ces perspectives, permet
dʹexpliquer, dʹune façon cohérente, la modestie étonnante, mais réelle et cohérente, de la
largeur restreinte des Parvis, tels quʹils sont mesurés dans le Traité Middoth.
Et il est bien évident que si cela avait été possible pour lʹétagement de ces Parvis, le Haram
al‐Sharif aurait, avec ses vastes espaces (280 mètres de large) permis dʹexploiter toutes les
possibilités offertes, par exemple, par des références ultérieures aux descriptions dʹÉzechiel,
et de laisser, en tout cas, se déployer, avec ampleur, la mégalomanie Architecturale
dʹHérode.
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Et, dans le cadre du vaste espace du Haram, on aurait pu, alors, affecter aux différents Parvis
du Sanctuaire Juif, un espace beaucoup plus important pour les Officiants et Pèlerins que
celui quasi‐ridiculement étroit de 5,5 mètres, auquel les deux Parvis essentiels au Culte
Judaïque furent astreints, et dont la réalité topographique contraignante a été mesurée avec
précision, et conservée avec minutie, par les Rabbins‐Métreurs‐Vérificateurs, Auteurs, ou
Transmetteurs, du Traité Middoth.
‐4‐ Ainsi, les descriptions de lʹEnceinte extérieure du Temple par Flavius Josèphe,
renforcées par les chiffres, donnés pour les Parvis, par le Traité Middoth, excluent,
géométriquement et arithmétiquement, que le Mont du Temple ait pu se trouver sur
lʹEsplanade des Mosquées.
Cette analyse, réalisée à partir des mesures de lʹEnceinte extérieure du Temple, puis de ses
Parvis, signifie que la Plate‐forme, qui soutenait le Temple des Juifs, était plus petite, plus
contraignante, plus étroite que la Plate‐forme du Haram al Sharif, et quʹelle était carrée et
non rectangulaire.
Ce qui signifie que le Temple des Juifs se dressait sur une autre Plate‐forme.
Cela ne constitue pas une preuve Historico‐Archéologique suffisante.
Mais cela démontre quʹil peut s’avérer malaisé dʹappréhender les Textes anciens, avec
fidélité et authenticité, si lʹon utilise, comme préalable, un Postulat visuel reposant
uniquement sur un à priori et une perspective Dogmatiques.
Heureusement les vestiges Archéologiques du sous‐sol du Haram permettent, grâce au
système Hydraulique qui a été préservé dans sa roche inaltérable, de reconstituer
l’authentique réalité topographique de la Plate‐forme sur laquelle le Temple de Juifs sʹétait,
vraiment, dressé, et qui a été, minutieusement, arasée, par les soins du Divin Empereur
Hadrien, ainsi que nous l’examinrons infra, afin de la faire disparaître, avec un certain
succès, de la Mémoire des Hommes.
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23/ Histoire du Temple de Jérusalem
Le troisième Temple dʹHérode
Le Bassin des Purifications
et lʹAutel des Sacrifices
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‐1‐ Le Bassin des Purifications, est positionné, comme pour le Sanctuaire de
Salomon, au sud‐est du Temple dʹHérode.
Nous procéderons à son examen détaillé, infra, en E.
‐2‐ LʹAutel des Sacrifices est lʹoccasion pour les Auteurs du Traité Middoth dʹune
discussion prolixe et assez alambiquée.
‐ En effet, lʹAutel de Moïse, très simple, était fait en bois dʹacacia recouvert de bronze, et il
était carré : il mesurait 1,5 mètre de hauteur (3 coudées) et 2,5 mètres de côté (5 coudées)‐
(Exode : 27 : 1).
‐ LʹAutel du Temple de Salomon, selon 2 Chroniques : 4 : 1, était en bronze.
Il était également de forme carrée, et il mesurait 10 mètres sur 10, et 5 mètres de hauteur.
Par contre, lʹAutel, décrit dans la vision dʹÉzechiel, est complexe, avec des étages successifs
en retrait comportant des dimensions variées, que les Auteurs du Traité Middoth évoquent,
en sʹefforçant, assez laborieusement, de faire coïncider le résultat final avec les dimensions
simples indiquées en 2 Chroniques 4 : 1.
Flavius Josèphe décrit un Autel carré qui, non seulement, est dʹune forme aussi simple que
celle décrite par Exode : 27 : 1 et par 2 Chroniques : 4 : 1, mais qui, de surcroît, selon la
méthodologie sacerdotale consistant à respecter les proportions Bibliques, multiplie, par 10,
le chiffre des côtés de lʹAutel de Moïse, et par 5, le chiffre de sa hauteur :
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : 5 : 225 :
Devant le Temple, sʹélevait lʹAutel, haut de 15 coudées (7,5 mètres) et formant
un carré de 50 coudées (25 mètres) de côté.
On y accédait du côté sud par une rampe en pente douce.
Il est un point dʹArchitecture, à signification Sacerdotale, où le Principe de lʹAutel du Temple
dʹHérode diverge du Principe Visionnaire de lʹAutel décrit par Ézechiel et qui résulte
probablement d’une réalité du premier Temple détruit.
En effet, Ézechiel indique que, à lʹest de lʹAutel, et par conséquent face au Temple, des
marches montaient vers lʹAutel.
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Cette description donnée par un Prophète, issu dʹune famille Sacerdotale, semble assez
cohérente sur le plan mystique, puisque les Sacrifices étaient offerts à Dieu, face au Temple,
et non offerts aux hommes. Le Prêtre sʹavançait donc vers Dieu pour lui faire son offrande.
Aussi, cette disposition de la rampe, ou des marches, menant à lʹAutel à partir de lʹest, cʹest à
dire face au Temple, correspond, vraisemblablement, à la disposition originelle de lʹAutel
des Temples précédents.
Par contre, dans la description du Temple dʹHérode du Traité Middoth, comme dans celle de
Flavius Josèphe, les Prêtres accèdent à lʹAutel par une rampe parallèle à la façade du
Temple, et venant du sud.
Mishnah : Traité Middoth : III : 3 :
C.‐ Au sud de lʹAutel il y avait une rampe (dʹaccès) de 32 coudées (16 mètres) de
longueur et de 16 coudées (8 mètres) de largeur.
Cʹest à dire que les Prêtres, qui montaient à lʹAutel, étaient vus de profil et non pas de dos;
par les Participants se trouvant dans les Parvis.
On peut donner différentes interprétations de ce changement dʹaxe éventuel, tels que, par
exemple, la recherche dʹune plus grande décence, qui est évoquée dans la Littérature
Rabbinique, ou bien encore, le désir de faire en sorte que les Participants puissent mieux
observer le Cérémonial de la montée des Prêtres ainsi que le déroulement des Sacrifices, et
en admirer lʹordonnance.
Mais on peut, également, penser que, tout comme l’espace disponible pour les deux Parvis
des Prêtres et des Israélites, lʹespace disponible en largeur (5,5 mètres au lieu des 16 mètres
requis pour la longueur de cette rampe d’accès à l’Autel) manqua irrémédiablement pour
installer cette longue rampe dʹaccès qui aurait du se situer logiquement dans lʹaxe Mystique
du Temple.
Ce qui aurait, alors, peut‐être, obligé les Bâtisseurs à transiger avec un Principe éventuel du
Culte, et à installer cette longue rampe dʹaccès à lʹAutel, parallèlement à la façade du
Temple, et non pas montant vers le Temple, face à lʹÉternel qui sʹy manifestait.
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24/ Histoire du Temple de Jérusalem
Le troisième Temple dʹHérode
Le Porche du Temple
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‐1‐ Le Porche du Temple pose un vaste problème dʹExégèse des Sources, qui oblige
à un examen détaillé, et dont on ne peut garantir aucune certitude.
En effet, à priori, les descriptions du Porche du Temple, par Flavius Josephe et le Traité
Middoth, ne correspondent pas aux reproductions dont lʹon dispose :
Sur les reproductions, la façade du Temple Herodien est figurée par quatre colonnes qui
soutiennent le Porche, dʹallure Gréco‐Romaine et semblable à celui dʹun Temple Païen ;
Et au travers de ces colonnes du Porche, on peut voir lʹArche de lʹAlliance qui a retrouvé son
emplacement, fixé par lʹÉternel, à lʹintérieur du Temple Juif.
De surcroît, parfois, sur certaines reproductions, le Fronton qui couronne le Porche est
triangulaire, selon lʹesthétique architecturale Gréco‐Romaine, la plus courante.
‐2‐ Or, les descriptions fournies par Flavius Josephe et par le Traité Middoth
présentent un Porche dʹune structure, à priori, différente :
En effet, il sʹagit dʹun immense Porche, constitué par une Façade pleine, comportant une
grande ouverture en son milieu.
Les chiffres de Flavius Josephe et du Traité Middoth varient dans le détail, mais comme, pour
le Porche en particulier, la description de Flavius Josephe est plus détaillée, nous présentons
dʹabord les chiffres de lʹHistorien Juif :
‐ A lʹextérieur, ce Porche, mesure : 50 mètres de longueur, sur 50 mètres de hauteur, et,
vraisemblablement, 15 mètres de profondeur.
‐ A lʹintérieur de ce même Porche, les mesures sont les suivantes :
25 mètres de longueur, 45 mètres de hauteur, et 10 mètres de profondeur.
Ces chiffres pourraient, donc, sembler indiquer que la moitié de la longueur totale du
Porche, répartie entre les deux extrémités, était constitué dʹune structure pleine, visant à le
rendre stable.
En effet, à propos du problème de la stabilité de cette construction verticale, le Traité Middoth
spécifie quʹau sommet de ce Porche, des poutres arrimaient, pour ainsi dire, cette Façade
monumentale aux murs du Temple proprement dit.
Cette Façade comportait, en son milieu, une ouverture de 35 mètres de hauteur (20 mètres
selon le Traité Middoth) sur 13 mètres de largeur (10 mètres selon le Traité Middoth).
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‐3‐ La description de Flavius Josephe, corroborée par celle du Traité Middoth, incite
à examiner les reproductions graphiques qui nous ont parvenues, en tentant de comprendre
comment une Façade pleine, comportant une grande ouverture centrale, a pu se transformer
en un Portique tetrastyle avec des colonnes Greco‐Romaines, tel quʹil figure sur ces
représentations graphiques.
On dispose, en effet, de plusieurs représentations graphiques de la Façade du Temple
Hérodien, et, donc, particulièrement de son Porche :
‐A‐ / La première représentation graphique du Porche du Temple dʹHérode est celle qui
figure sur les nombreuses pièces de monnaie, qui furent frappées durant lʹinsurrection de
Bar Kokhba, entre 132 et 135 EC.
Bar Kokhba mena une Guerre de Libération contre les armées Romaines dʹHadrien, et la
lutte de ce résistant Juif avait, comme finalité, lʹexpulsion de lʹoccupant Romain, et, surtout,
la Reconstruction du Temple de Jérusalem, qui avait été détruit par les troupes de Titus, en
70 EC. Cette lutte de Bar Kokhba était soutenue, sinon inspirée, par Rabbi Akiba, un Tanna
de la deuxième génération, et lʹun des principaux initiateurs et architectes de la Mishnah.
Cʹest dans la perspective de la nécessaire Reconstruction du Temple détruit et de la
Restauration de son Culte dans sa grandeur originelle, que furent frappées les monnaies
Juives, qui eurent cours en Judée, durant cette guerre de résistance et de libération.
Ces pièces de monnaie de Bar Kokhba représentent le Porche du Temple de Jérusalem,
soutenu par quatre colonnes, selon le type Greco‐Romain.
A lʹintérieur de ce Temple est figuré lʹArche de lʹAlliance.
Une soixantaine dʹannées séparaient cette guerre menée par Bar Kokhba de la destruction du
Temple Hérodien. Il y avait donc des témoins oculaires encore vivants, ou, tout du moins,
des personnes qui avaient pu en recueillir une description précise.
Par ailleurs, Rabbi Akiba était très attaché à lʹorthodoxie des Textes Sacrés et des traditions,
et il nʹaurait, vraisemblablement, pas toléré, sur une Pièce de monnaie Juive, destinée à
encourager les Juifs à lutter pour reconstruire leur Sanctuaire, une représentation du Temple
qui nʹaurait pas été conforme à la réalité disparue.
‐B‐ / Deux autres représentations qui figurent, dʹune part, dans la Synagogue de Dora
Europos, et, dʹautre part, sur un fond de verre doré Juif du 3ème siècle EC à Rome,
représentent également ce même Porche Gréco‐Romain soutenu par quatre colonnes,
identique à celui gravé sur les Pièces de monnaies Juives de Bar Kokhba.
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Dora‐Europos était une ville de garnison Romaine, située sur le bord de lʹEuphrate, et qui
était destinée à garder les frontières orientales de lʹEmpire.
Cette ville fut détruite vers lʹan 258 EC, et abandonnée.
Le temps fit son oeuvre et elle fut ensevelie. Des excavations ont mis à jour des Édifices,
restés miraculeusement intacts, dont une Synagogue, datant probablement du 2ème siècle
EC. Or, cette Synagogue a les murs peints de diverses scènes Bibliques, ainsi que de
représentations du Temple de Jérusalem.
Une représentation est identique à celle des Pièces des monnaies Juives de Bar Kokhba.
Une autre représentation comporte également le même Porche à quatre colonnes, mais
couronné par un fronton triangulaire.
Et cette dernière représentation est identique à celle du fond dʹun Verre doré Juif, datant à
peu près de la même époque, et trouvé dans les catacombes de Rome. Ces coupes Juives,
dorées et peintes, servaient aux célébrations des repas des Fêtes Religieuses.
‐4‐ Lʹune des explications envisageables, pour rendre compte de cette apparente
contradiction entre, dʹune part, les Textes de Flavius Josephe et du Middoth, et dʹautre part
les diverses Représentations graphiques du Temple dʹHérode qui nous sont parvenues,
pourrait être quʹune nécessaire armature de la Façade pleine, de 50 mètres de hauteur, aurait
été constituée avec quatre colonnes, selon les normes architecturales de lʹAntiquité pour le
soutènement des Porches, cette armature ayant, de surcroît, été rendu nécessaire par la
relative étroitesse dʹun Porche dʹune hauteur considérable.
Aussi, par la suite, les Artistes, chargés, par exemple, de graver les pièces de monnaie de la
Révolte Juive, auraient considéré, probablement, quʹil serait plus aisé dʹévoquer le Porche du
Temple à lʹaide de lʹarmature de ses Colonnes, plutôt que de graver une Façade pleine en à‐
plat, qui nʹaurait offert quʹune possibilité restreinte de perspective picturale pour évoquer le
Temple en arrière‐plan.
Et lʹon pourrait penser, éventuellement, dans ce cas, que Flavius Josephe et les Auteurs du
Traité Middoth, auraient préféré passer sous silence cette armature des quatre colonnes,
intégrées dans la Façade pleine, afin de mieux mettre en valeur toute le caractère originel du
Sanctuaire Juif, et dʹen gommer les tendances Gréco‐Romaines dʹHérode.
Diverses remarques pourraient, éventuellement, être utilisées dans le sens de cette
interprétation :
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‐A‐/ Le Traité Middoth fournit assez peu dʹinformations sur la structure de ce Porche, alors
que, pour le Temple‐même, au contraire, chaque élément architectural en est,
minutieusement, détaillé et mesuré.
En revanche, le Traité Middoth cite quelques anecdotes, à propos des chaînes dʹor qui étaient
suspendues avec des couronnes au sommet de ce Porche et auxquelles les jeunes Prêtres
grimpaient, et, également, des anecdotes à propos de la Vigne dʹor qui était suspendue au
dessus de la Porte du Sanctuaire.
Et, de la même façon, pour compenser et récupérer religieusement le manque dʹorthodoxie
de la forme élargie du Porche, qui était contraire à la structure du Porche du Temple de
Salomon, et qui avait été décidée, arbitrairement, par Hérode, le Traité Middoth évoque, selon
les procédés habituels dʹassimilation de la Littérature Rabbinique, pour la forme de
lʹensemble de lʹÉdifice la métaphore dʹun Lion Biblique de la Jérusalem de David, ʺlarge par
devant et étroit par derrièreʺ.
Mishnah : Traité Middoth :
III : 7 :
A.‐ Des solives de cèdre étaient insérées entre le mur du Temple et le mur de
son Porche
B.‐ Afin que la Façade du Porche ne puisse pas bouger.
C.‐ Et des chaînes en or pendaient des poutres du toit du Porche,
D.‐ Sur lesquels grimpaient les Prêtres‐novices pour prendre soin des couronnes
(dʹargent et dʹor qui y étaient accrochées)
E.‐ Parce quʹil est écrit : ʺLa Couronne restera dans le Temple de lʹÉternel pour
commémorer le souvenir dʹHeldaï, de Tobia, et de Jedaya, ainsi que pour Hem, fils de
Stephaniah.ʺ (Zacharie : 6 : 9‐15)
F.‐ Une Vigne en or se trouvait au dessus de la Porte du Temple, soutenue par
des poteaux. Quiconque désirait faire une offrande dʹune feuille, dʹune baie ou
dʹune grappe (en or), lʹapportait, et lʹon suspendait son offrande à la Vigne dʹor.
G.‐ Rabbi Éléazar, fils de Rabbi Sadoq, a dit : ʺUne fois il est arrivé un incident
(par suite dʹun trop grand poids en offrandes dʹor) et lʹon a désigné 300 Prêtres
pour arranger ce problème.ʺ
IV : 7 :
E.‐ Le Porche débordait (de la largeur) du Sanctuaire de 15 coudées (7,50
mètres) vers le nord, et de 15 coudées (7,50 mètres) vers le sud (Flavius Josephe
indique 10 mètres).
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G.‐ Le Sanctuaire était (donc) étroit par derrière et large par devant, comme un
Lion,
H.‐ Parce quʹil est dit (Esaïe : 29 : 1) : ʺHo ! Ariel, Ariel, Cité que David a assiégée !ʺ
I.‐ Exactement de la même façon quʹun Lion est étroit derrière et large devant,
le Sanctuaire est étroit derrière et large devant.
‐B‐/ Flavius Josephe, quant à lui, insiste beaucoup sur lʹimmense éclat de lʹor, qui jaillissait
de toutes les parois, ainsi que sur la beauté indicible du Voile qui se trouvait, sous le Porche,
devant la Porte du Temple :
Et, au travers de son admiration sincère, lʹHistorien Juif transmet, de la sorte, lʹeffet
grandiose quʹavait, justement, recherché Hérode, pour faire accepter par le Peuple Juif, sa
transformation radicale de la structure du Porche, son élargissement Gréco‐Romain, et,
surtout, lʹaugmentation significative de la hauteur du Temple, objectif ultime de son
stratagème :
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : 5 : 207‐214 :
Quant au Temple, proprement dit, situé au milieu de lʹEnceinte Sacrée, on y
accédait en montant douze marches.
La Façade du Porche mesurait 50 mètres de largeur et 50 mètres de hauteur.
Le Temple, en arrière de ce Porche avait 20 mètres de largeur en moins.
(Et la largeur du Temple lui‐même était donc de 30 mètres en comptant la structure des
salles‐annexes accolées à lʹÉdifice.)
Le Porche débordait donc de 10 mètres de chaque côté du Temple.
LʹOuverture au milieu de la Façade du Porche avait une hauteur de 35 mètres et
une largeur de 12 mètres.
Cette grande Ouverture ne comportait pas de Porte, et elle symbolisait, ainsi, le
Ciel sans repère visible et sans limite.
Toute la Façade du Porche était dorée.
A travers lʹOuverture de cette Façade, on pouvait voir lʹintérieur du Porche, qui
était très grand, et la Porte du Temple‐même, ainsi que les surfaces encadrant
cette Porte, toutes éblouissantes dʹor.
La Temple était constitué de deux étages, alors que le Porche (à lʹintérieur)
sʹélevait dʹun seul tenant, sur une hauteur de 45 mètres, avec une largeur (à
lʹintérieur) de 25 mètres, et une profondeur (à lʹintérieur) de 10 mètres.
La Porte du Temple était, comme je lʹai dit, entièrement recouverte dʹor.
Par ailleurs, au dessus de cette Porte, pendait la Vigne dʹor avec des grappes de
la taille dʹun homme.
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Comme le Temple comportait deux étages, la Porte (donnant sur le rez‐de‐
chaussée où se trouve le Lieu Saint) était moins haute que lʹOuverture de la
Façade du Porche.
Les Battants en or (de la Porte du Lieu Saint) mesuraient 25 mètres de hauteur
et 8 mètres de largeur. (Le Lieu Saint mesure 30 mètres de hauteur et 10 mètres
de largeur : cf. infra)
Devant les vantaux de cette Porte, et ayant les mêmes dimensions que cette
Porte, pendait un Rideau Babylonien, en tissu varié dʹhyacinthe, de blanc,
dʹécarlate et de pourpre, dʹun travail admirable qui suscitait lʹadmiration par la
nature de sa composition : En effet, ce Rideau offrait comme le langage de
lʹUnivers : le feu semblait symbolisé par lʹécarlate, la terre par le lin blanc, lʹair
par lʹhyacinthe, et la mer par la pourpre. Et ce Symbolisme ne procédait pas
seulement de ses couleurs, mais aussi de la nature de sa composition, puisque le
lin blanc est produit par la terre, alors que la pourpre est produite par la mer.
Sur ce Voile était représenté le Firmament, mais sans aucune référence au
Zodiaque...
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25/ Histoire du Temple de Jérusalem
Le troisième Temple dʹHérode
Le Temple
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‐1‐ Que Flavius Josèphe et les Auteurs du Traité Middoth aient considéré la
transformation du Porche du Temple de Salomon, comme une modification non pas
Religieuse mais purement esthétique, est assez surprenant, même si une glose du Traité
Middoth raccroche à la description de ce Porche, une vague référence Biblique avec la
métaphore dʹun Lion de la Jérusalem de David.
Mais, comme Salomon, lui‐même, avait ajouté un Porche au plan du Sanctuaire strictement
rectiligne prescrit par lʹÉternel à Moïse, lʹélargissement de ce même Porche, en dehors de la
rigoureuse perspective rectangulaire imposée à la Tente de la Rencontre, pouvait,
éventuellement, passer pour une accommodation aux moeurs esthétiques des temps
Hérodiens, fortement imprégnés de Gréco‐Romanité, cette adaptation décorative et
symbolique ne remettant pas, à priori, fondamentalement en cause, ni les proportions
mystiques de la structure interne du Temple, ni son Essence sacrée.
De toutes façons, le fait que les Juifs avaient également accepté, ou plutôt subi, quʹau
Fronton de ce Temple soit accrochée lʹAigle Romaine en dit long sur la terreur que faisait
régner Hérode sur son Peuple. Surtout que cette Aigle Romaine était à la fois le Symbole des
Divinités de lʹArmée Romaine et le Symbole de la Divinité de lʹEmpereur.
Et le fait également que la Littérature Rabbinique se soit gardée de jamais mentionner cet
épisode significatif de lʹAigle Romaine sur le Temple dʹHérode, Temple louangé par tous les
Rabbins, donne une indication sur la faculté dʹoubli quʹont expérimenté les Juifs pieux qui,
durant tout le règne dʹHérode, ont pu contempler cette Aigle sur le Fronton élargi du
Temple, vers lequel ils adressaient leurs Prières à lʹÉternel Unique.
‐2‐ Le Porche du Temple, outre son ambition esthétique, avait, en réalité été conçu
par Hérode, afin de faire accepter, architecturalement, par les Juifs, la considérable
surélévation du Temple, par rapport au Temple de Salomon.
En effet, tout le stratagème, conçu par Hérode, reposait sur cette surélévation :
(‐ De nouveau, nous prenons en compte les mesures intérieures pour la présentation
suivante des Dimensions du Temple construit par Hérode ‐)
‐ Le Temple de Salomon était un Édifice de 15 mètres de Hauteur, celle‐ci ayant été
déterminée en multipliant par 3 la Hauteur de la Tente de la Rencontre de Moïse (5 mètres
de hauteur).
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‐ Hérode porta de 15 mètres à 50 mètres cette Hauteur du Temple.
Cette Hauteur considérable de 50 mètres fut répartie sur deux étages, de la façon suivante :
‐ 30 mètres de Hauteur pour le ʺRez‐de‐chausséeʺ, où se trouvaient le Lieu Saint et le Lieu
Très Saint selon Flavius Josephe (mais 20 mètres de hauteur selon le Traité Middoth) ;
‐ 20 mètres de Hauteur pour ʺlʹÉtageʺ, qui se trouvait au dessus du Lieu Saint et du Lieu
Très Saint (selon Flavius Josephe et le Traité Middoth).
Par contre, afin de manifester une prétendue fidélité aux mesures originelles et Sacrées du
Temple, les dimensions intérieures, au sol, du Lieu Saint et du Lieu Très Saint furent,
scrupuleusement, respectées par Hérode, par rapport aux dimensions du premier Temple de
Salomon, avec les mesures suivantes :
‐ Lieu Saint : Largeur 10 mètres ; Longueur : 20 mètres ;
‐ Lieu Très Saint : Largeur 10 mètres ; Longueur : 10 mètres ;
Cʹest à dire que Hérode transforma le Cube Millénaire parfait, conçu par Moïse (5 x 5 x 5), et
respecté par Salomon (10 x 10 x 10), en une sorte de puits rectangulaire, de 10 mètres sur 10
mètres, avec 30 mètres de Hauteur (10 x 10 x 30) selon Josephe, et 20 mètres de Hauteur (10 x
10 x 20) selon le Traité Middoth .
Mais la fidélité aux Fondations, promise par Hérode à la Population Juive, était
prétendument sauve.
Et dʹune certaine façon, ce respect absolu des dimensions au sol, manifestée, avec tant
dʹostentation, par Hérode, pour ce qui concerne le Lieu Saint et le Lieu Très Saint, confirme,
avec assez de force, que le second Temple (de Zorobabel et des Hasmonéens) ainsi que le
troisième Temple (dʹHérode) se sont effectivement dressés, très exactement, au dessus des
fondations du premier Temple de Salomon, pour ce qui concerne la surface intérieure au sol
du Lieu Saint et du Lieu Très Saint.
‐3‐ Comme pour le Temple de Salomon, une construction Annexe fut adossée par
Hérode aux deux étages du Temple proprement dit.
Cette construction Annexe, haute de 20 mètres, qui était accolée au Temple, et faisait le tour
du rez‐de‐chaussée, était composée de trois étages de salles qui communiquaient entre elles.
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La largeur de cette construction Annexe qui encadrait, ainsi, le Temple, sur les côtés et à
lʹarrière, comme un U, était de 12,5 mètres, en comptant les murs, couloir, et canal intérieur,
selon le Traité Middoth.
De la sorte, la largeur nord‐sud de lʹensemble, formé par le Temple proprement dit et par
cette Annexe circulaire sur ses côtés, était de : 12,5 +10 + 12,5 = 35 mètres.
‐4‐ Autant le Traité Middoth sʹétait réfugié dans des considérations anecdotiques ou
métaphoriques pour éviter, en quelque sorte, dʹaffronter la réalité des distorsions opérées
par Hérode dans la structure du Porche du Temple, autant ce même Traité Middoth présente
un relevé des mesures du Temple Hérodien, dʹune précision méticuleuse telle que ce Relevé
permettrait, efficacement, à tout Architecte de reconstruire le Temple dʹHérode à lʹidentique.
Aussi, il est assez stupéfiant de constater que la disparition du Cube Parfait, originel et
millénaire, du Lieu Très Saint, ait pu être opérée par Hérode, sans que, jamais, ne se soit
élevé le moindre murmure Juif.
Et sans que jamais, par la suite, à travers la Chaîne des Siècles des Générations, la Littérature
Rabbinique ne se soit intéressée à cette déstructuration essentielle, alors que cette même
Littérature peut, parfois, consacrer des Chapitres entiers à des discussions dʹun intérêt assez
anachronique ou abscons.
Mais, de surcroît, cette Déstructuration capitale, qui détruisait lʹEssence‐même du Site
Surnaturel des Juifs, fut accompagnée dʹune violente désacralisation, ou plus exactement
dʹune profanation délibérée, qui faisait voler en éclats toute la Mystique Architecturale,
prescrite par lʹÉternel à Moïse pour le Lieu terrestre de Sa Rencontre avec la Nation Juive.
Avant de procéder au Constat de cette Profanation, infligée par Hérode à la Structure
Mystique du Temple, et dont le caractère cynique est presque moins étonnant, que lʹétrange
silence dont les Siècles lʹont accompagné, il convient de présenter les Textes de Flavius
Josèphe et du Traité Middoth, qui ont relevé les Mesures du Temple dʹHérode.
A cet égard, la description du Traité Middoth est plus minutieuse, et probablement plus fidèle
dans les détails architecturaux que la description de Flavius Josephe.
Mais dans les deux cas, ces descriptions, même en divergeant sur certains points de détail,
restituent, avec netteté, lʹentreprise de désacralisation du Temple des Juifs opérée par
Hérode, qui, grâce à ce stratagème architectural, put assouvir son ambition de sʹégaler, au
Dieu Auguste, son Protecteur, voire de le surpasser.
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Aussi, lʹon pourrait, sur le plan du Mysticisme collectif, et en se plaçant dans le cadre dʹune
spéculation Rabbinique, déclarer, quʹil devenait comme fatal, que cette dénaturation
fondamentale du Temple provoque, quelques décennies plus tard, sa destruction par les
Romains.
En tout cas, et dans l’Inconscient Collectif, cette disparition du Temple apparut, en effet,
rétrospectivement, comme inéluctable, si lʹon se place sur le plan Eschatologique des
Littératures de ces époques tourmentées, qui recherchaient, vainement et désespérément,
une explication à cette incommensurable Désintégration d’une Architecture Sacrée,
semblable à une Déflagration Cosmique.
‐5‐ Voici les deux Textes qui présentent, objectivement et dans ses moindres
détails, cette Profanation délibérée dʹHérode :
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : 5 : 215‐221 :
En pénétrant à lʹintérieur du Temple proprement dit, on se trouvait donc à son
Rez‐de‐chaussée.
Or le Temple (en son intérieur) mesurait 60 coudées (30 mètres) de hauteur, 60
coudées (30 mètres) en longueur, et 20 coudées (10 mètres) en largeur.
Mais cette longueur de 60 coudées (30 mètres) se divisait en deux parties.
La première partie (Lieu Saint), longue de 40 coudées (20 mètres), contenait
trois objets tout à fait prodigieux et fameux dans le monde entier :
le Chandelier, la Table des offrandes et lʹAutel à encens.
Les Flambeaux que portaient les sept branches du Chandelier, figuraient les
planètes ; les douze pains, placés sur la table des offrandes, figuraient le cycle
du zodiaque et celui (des mois) de lʹannée. Quant à lʹAutel aux encens, par les
treize parfums dont lʹapprovisionnaient, à la fois, la mer, les déserts et la terre
habitée, il signifiait que tout procède de Dieu et revient à Dieu.
La seconde partie intérieure (Lieu Très Saint) mesurait 20 coudées (10 mètres)
de longueur, (10 mètres de largeur, et 30 mètres de hauteur) ;
Le Lieu Très Saint était séparé du Lieu Saint, par un grand Voile tombant de
haut en bas.
Il nʹy avait absolument rien dans le Lieu Très Saint ; cette partie était
inaccessible, inviolable et devait rester invisible de tous ; cʹétait le Lieu Très
Saint.
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Sur les flancs de ce Rez‐de‐chaussée du Temple, et correspondant entre elles, il
y avait de nombreuses cellules, réparties sur trois étages, et lʹon y accédait par
des ouvertures situées de part et dʹautre de la Porte du Sanctuaire (permettant
dʹentrer du Porche à lʹintérieur du Temple).
LʹÉtage supérieur du Temple nʹétait pas flanqué de ces cellules, et, par
conséquent, la largeur de lʹensemble de lʹÉdifice, au niveau de cet étage
supérieur, était restreint dʹautant (cʹest à dire de la largeur (25 mètres environ)
correspondant à celle des cellules disposées tout autour du Rez‐de‐chaussée du
Temple).
LʹÉtage supérieur avait une hauteur de 40 coudées (20 mètres) et il était plus
simple que le Rez‐de‐chaussée au dessus duquel il sʹélevait.
Cette hauteur de lʹÉtage supérieur ajoutée à celle du Rez‐de‐chaussée portait
ainsi la hauteur totale de lʹÉdifice à 100 coudées (50 mètres = 30 + 20).
Mishnah : Traité Middoth :
4 : 6 :
A.‐ Et le Temple (avec le Porche et la structure Annexe) mesurait 100 coudées
(50 mètres) de longueur, 100 coudées (50 mètres) de largeur, et 100 coudées (50
mètres) de hauteur.
B.‐ (En HAUTEUR, Mesures du Rez‐de‐chaussée, de bas en haut :)
‐ Les Fondations mesuraient 6 coudées (3 mètres) de hauteur :
‐ le mur qui se dressait au dessus mesurait 40 coudées (20 mètres) de hauteur ;
‐ le plafond 1 coudée (50 centimètres) de hauteur ;
‐ lʹespace entre le plafond et le plancher supérieur : 2 coudées (1 mètre) de
hauteur ;
‐ la charpente intermédiaire : 1 coudée (50 centimètres) de hauteur;
‐ lʹépaisseur du sol supérieur : 1 coudée (50 centimètres) de hauteur.
(Soit un total de 51 coudées = 25 mètres de hauteur pour le Rez‐de‐chaussée).
C.‐ (En HAUTEUR, Mesures de lʹÉtage supérieur et du toit, de bas en haut :)
‐ Et la hauteur de la Salle supérieure était de 40 coudées (20 mètres) ;
‐ lʹespace entre le plafond et le toit : une coudée (50 centimètres) ;
‐ lʹespace pour les gouttières des eaux de pluie : 2 coudées (1 mètre) ;
‐ la charpente du toit : 1 coudée (50 centimètres).
D.‐ Et le parapet du toit mesurait 3 coudées (1, 50 mètre) de hauteur.
E.‐ Et les pointes destinées à écarter les oiseaux mesuraient 1 coudée (50
centimètres).
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F.‐ Rabbi Judah déclare : les pointes nʹétaient pas comprises dans les
mensurations aussi le parapet avait 4 coudées (2 mètres) de haut.
(Soit un total de 49 coudées = 25 mètres de hauteur pour lʹÉtage supérieur et le
toit).
4 : 7 :
A.‐ (Mesures du Temple en longueur dans lʹaxe du Temple :)
Dʹest en ouest, il y avait 100 coudées (50 mètres).
B.‐ Le mur du Porche avait 5 coudées (2,50 mètres) dʹépaisseur ;
‐ le Porche (en profondeur) mesurait 11 coudées (5 mètres 50) ;
‐ le mur du Temple mesurait (en épaisseur) 6 coudées (3 mètres) ;
‐ et le Lieu Saint avait 40 coudées (20 mètres) de longueur ;
‐ lʹespace séparant le Lieu Saint du Lieu Très Saint (Rideau) avait 1 coudée (50
centimètres) de largeur ;
‐ et le Lieu Très Saint mesurait 20 coudées (10 mètres) de longueur ;
‐ puis le mur arrière du Temple mesurait 6 coudées (3 mètres) dʹépaisseur ;
‐ ensuite la Cellule (de la structure Annexe accolée à lʹarrière du Temple) avait
6 coudées (3 mètres) de largeur ;
‐ et, finalement, le mur extérieur de cette Cellule (et du Temple) mesurait 5
coudées (2,50 mètres) dʹépaisseur.
C.‐ (Mesures du Temple en largeur, hors du Porche) :
Du nord au sud le Temple avait 70 coudées (35 mètres) de largeur.
D.‐ Le mur (extérieur) du couloir circulaire (de la structure Annexe) avait 5
coudées (2,50 mètres) dʹépaisseur ;
‐ le couloir circulaire mesurait 3 coudées (1,50 mètre) de largeur ;
‐ le mur entre le couloir et la cellule (accolée au Temple) avait 5 coudées (2,50
mètres) dʹépaisseur ;
‐ la cellule mesurait 6 coudées (3 mètres) de largeur ;
‐ le mur du Temple (proprement dit) avait 6 coudées (3 mètres) dʹépaisseur ;
‐ le Temple intérieur mesurait 20 coudées (10 mètres) de largeur ;
‐ Puis (de nouveau) le mur du Temple (proprement dit) : 6 coudées (3 mètres)
dʹépaisseur ;
‐ la cellule (accolée au Temple) : 6 coudées (3 mètres) de largeur ;
‐ le mur extérieur de la cellule : 5 coudées (2 mètres 50) dʹépaisseur ;
‐ puis, le Canal dʹécoulement des Eaux avait 3 coudées (1, 50 mètre) de
largeur ;
‐ et, finalement, le mur extérieur du Temple avait 5 coudées (2 mètres 50)
dʹépaisseur.
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E.‐ Le Porche, lui, (toujours en largeur) dépassait de 15 coudées (7,50 mètres) au
nord et au sud (de chaque côté du Temple)...
G.‐ Ainsi le Sanctuaire était étroit derrière et large devant et comme un Lion
H.‐ Ainsi quʹil est dit : Ariel, Ariel, la cité que David a conquise (Isaïe 29 : 1).
I.‐ De la même façon que le Lion est étroit derrière, et large devant, le Temple
est étroit derrière et large devant.
‐6‐ Il ressort donc, nettement, de ces deux textes de Flavius Josephe et du Traité
Middoth, que Hérode avait fait construire une Salle, située au dessus du Lieu Saint et au
dessus du Lieu Très Saint, et qui mesurait 20 mètres de hauteur.
Cet Étage supérieur, inventé par Hérode et construit au dessus du Sanctuaire, nʹexistait, ni
dans la Tente de la Rencontre, ni dans le premier Temple de Salomon, ni dans le second
Temple reconstruit par Zorobabel au retour dʹexil de Babylone, ni dans ce même second
Temple, rénové par les Hasmonéens.
En effet, selon les Règles prescrites par lʹÉternel à Moïse, Dieu souhaitait ʺdescendre des
Cieuxʺ dans son Sanctuaire, construit et consacré selon Sa Volonté, afin de pouvoir y
manifester Sa sollicitude à Son peuple et lui témoigner de la Permanence de Son Pacte au
dessus de lʹArche de lʹAlliance déposée dans le Lieu Très Saint.
Et il nʹétait évidemment pas prévu dans cette ʺDescente Zénithaleʺ que lʹÉternel emprunte
éventuellement des couloirs, ou traverse des salles intermédiaires, avant de venir
verticalement manifester, dans Sa Résidence, et particulièrement, dans le Lieu Très Saint, la
Nuée Divine, décrite dans la Torah, et sous la forme de laquelle lʹÉternel témoignait son
intérêt à lʹégard de son Peuple de Prêtres.
Lʹune des Déclinaisons Talmudiques de cette Nuée Divine sera, par la suite, la ʺShekhinahʺ
(Présence de Dieu).
En dʹautres termes, à la Verticale Absolue du Lieu Très Saint, conçu par lʹÉternel, il ne
pourrait, évidemment, y avoir ʺni cave, ni grenier, ni débarrasʺ éventuels.
Car, selon la Torah, lʹÉternel descend dʹEn Haut, pour se manifester sur Terre, dans sa
Résidence, et tout particulièrement dans Le Lieu Très Saint du Temple, à lʹEmplacement
précis de lʹArche de lʹAlliance :
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Cʹest à dire que lʹon se trouve là au Coeur‐même de la Fondation de la Religion Juive, en une
Focalisation et Irradiation intenses, où peut sʹopérer la Rencontre du Divin et de
lʹIntercesseur de lʹHumain :
Exode : 25 : 17‐23 :
On fabriquera le Couvercle (Propitiatoire) de lʹArche de lʹAlliance en or pur.
Il aura 1,25 mètre de long, et 75 centimètres de large.
On façonnera deux Chérubins en or martelé aux deux extrémités du couvercle.
Ces deux Chérubins feront corps avec le couvercle, à chacune de ses extrémités.
Ils se feront face, le visage dirigé vers le couvercle quʹils protégeront de leurs
ailes déployées. On placera ce couvercle sur lʹArche, après y avoir déposé le
Document de lʹAlliance que Je te donnerai.
Cʹest là que Je Me manifesterai à toi (Moïse) sur le Couvercle de lʹArche, entre
les deux Chérubins ;
Et cʹest de là que Je te donnerai toutes les Règles concernant les Israélites.
Exode : 40 : 34‐38 :
(A la fin de lʹinstallation de la Tente de la Rencontre par Moïse, selon les Règles
prescrites par lʹÉternel :)
Alors la Nuée Divine descendit recouvrir la Tente de la Rencontre et la Gloire
de lʹÉternel remplit la Demeure Sainte, de telle sorte que Moïse ne put pas
pénétrer dans la Tente de la Rencontre.
Pour leurs déplacements successifs, les Israélites ne se mettaient en route que si
la Nuée Divine sʹélevait au‐dessus de la Demeure Sacrée.
Si la Nuée Divine ne bougeait pas, ils ne partaient pas ; ils attendaient le jour où
elle sʹélevait.
LʹÉternel manifesta Sa Présence aux Israélites par la Nuée Divine qui
enveloppait la Demeure pendant le jour, ou par le Feu qui y brillait la nuit, et
cela, tout au long de lʹExode.
Lévitique : 16 : 2 :
LʹÉternel dit à Moïse :
Ordonne à ton frère Aaron (le Grand‐Prêtre) de ne pas franchir à nʹimporte quel
moment le Rideau de séparation pour pénétrer dans le Lieu Très Saint où se
trouve lʹArche de lʹAlliance avec son Couvercle sacré.
Sʹil le faisait, il risquerait de mourir lorsque Jʹapparais dans la Nuée, au‐dessus
du Propitiatoire (Couvercle de lʹArche de lʹAlliance).
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Nombres : 9 : 15 :
Le jour où lʹon dressa la Demeure Sainte, la Nuée Divine descendit recouvrir la
Tente qui abritait le Document de lʹAlliance.
1 Rois : 8 : 13 :
(A la fin de la construction du Temple par Salomon : )
Ensuite les Prêtres introduisirent lʹArche de lʹAlliance à la place prévue pour
Elle, dans la Salle appelée Le Lieu Très Saint, sous les ailes des grands
Chérubins.
En effet, les Chérubins avaient les ailes étendues au dessus de lʹendroit prévu
pour lʹArche de lʹAlliance, afin dʹabriter le Coffre Sacré et les barres qui
servaient à le porter. Ces barres étaient assez longues (plus de 10 mètres ?) : on
voyait leurs extrémités depuis la grande Salle (Lieu Saint) qui précède la Salle
de lʹArche, mais non pas depuis lʹextérieur du Temple : tout est resté
rigoureusement en place jusquʹà ce jour.
LʹArche de lʹAlliance contenait seulement les deux Tables de pierre que Moïse y
avait déposées : ce sont les Tables quʹil avait reçues au mont Horeb lorsque
lʹÉternel conclut une Alliance avec les Israélites, après les avoir fait sortir
dʹÉgypte.
Quand les Prêtres ressortirent du Lieu Saint, une Nuée Divine remplit le
Temple de lʹÉternel. Les Prêtres ne purent reprendre leur service à cause de
cette Nuée, car cʹétait la Gloire de lʹÉternel qui emplissait ainsi le Temple.
Alors Salomon sʹécria :
ʺSeigneur, Tu avais décidé dʹhabiter en nʹimporte quel lieu.
Mais moi je Tʹai construit un Temple grandiose,
Un Endroit où Tu pourras résider pour toujours.ʺ
‐7‐ Les Prêtres, les Lévites, les Sadducéens, les Scribes, les Pharisiens, les Rabbins,
et tous les Juifs acceptèrent donc de voir, ou se résignèrent à voir, dans la volonté
architecturale dʹHérode le seul désir de réaliser une oeuvre esthétique qui puisse sʹimposer
comme une réalisation Gréco‐romaine majeure de son temps.
Talmud de Babylone : Ordre Neziqin : Traité Baba Bathra : 4/a :
Talmud de Babylone : Ordre Moed : Traité Sukha : 5/1/b :(Etc.)
Qui nʹa pas vu le Temple dʹHérode nʹa jamais rien vu de beau.
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Ce faisant, les Juifs ne purent, ou ne voulurent pas, considérer que, déjà privé de son Coeur
vivant, cʹest à dire de son Arche de lʹAlliance, le Temple perdait, ainsi, sans recours possible,
toute Signification Sacrée, si lʹon détruisait, de la sorte, les Principes‐mêmes qui avaient
présidé à sa Création.
Les Juifs auraient pu, éventuellement, mettre sur le compte dʹune mégalomanie esthétisante
la volonté dʹHérode à surélever le Temple, afin de lui conférer une forme monumentale
dʹenvergure, et, finalement, se laisser convertir par cette volonté dʹembellissement, fût‐ce aux
dépens de la perte de lʹIdentité originelle du Sanctuaire, qui se trouvait dépouillé, de la sorte,
de toute sa Signification et Portée Mystiques.
Mais, en réalité, les buts poursuivis par Hérode avec la construction du Temple allaient bien
au delà des simples ambitions mégalomanes à la recherche dʹune renommée esthétisante de
prouesses Architecturales.
En effet, le Traité Middoth, dans son relevé minutieux, expose non seulement les Mesures
intérieures du Temple, mais, également, la structure, les épaisseurs des murs et des toitures,
la disposition des structures adossées au Temple, ainsi que la description dʹun corridor
ascendant qui faisait le tour du Sanctuaire, pour aboutir à cet Étage supérieur du Temple,
construit au dessus du Lieu Saint et du Lieu Très Saint.
Au travers de toutes ses descriptions détaillées, qui font état de circuits complexes qui
permettaient aux Prêtres dʹaccéder à divers emplacements de lʹintérieur du Temple, le Traité
Middoth dévoile, assez clairement, mais sans sʹen rendre compte, le stratagème qui avait été
conçu par Hérode pour pouvoir sʹinterposer, secrètement mais orgueilleusement, entre
LʹÉternel et son Peuple, chaque fois que le Roi des Juifs le souhaiterait :
Mishnah : Traité Middoth :
4 : 2 :
E.‐ (Le Prêtre chargé dʹouvrir la Porte du Temple) prenait la clé et ouvrait la
poterne, puis il allait dans le local de garde, et de ce local dans le Sanctuaire.
(Mishnah Traité Tamid : 3 :7)
F.‐ Rabbi Judah déclare : Il passait (en suivant un passage aménagé) à lʹintérieur
de lʹépaisseur du mur jusquʹà ce quʹil arrive dans le passage situé entre les deux
Portes (de la double porte du Temple dont les vantaux se rabattaient, pour la
Porte extérieure, contre les murs de lʹentrée, et pour la Porte intérieure, contre le
mur intérieur du Temple).
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G.‐ Et le Prêtre ouvrait (donc) la Porte extérieure du Sanctuaire à partir de
lʹintérieur, tandis quʹil ouvrait la Porte intérieure du Sanctuaire de lʹextérieur.
4 : 3 :
A. Et il y avait 38 cellules (adossées au mur du Rez‐de‐chaussée du Temple) 15
au nord et 15 au sud (le long des murs latéraux) et 8 à lʹouest (à lʹarrière du
Sanctuaire).
B.‐ Les (15) cellules situées au nord et au sud (sur les côtés du Temple) étaient
superposées en trois étages de 5 cellules par étage.
Et les (8) cellules situées à lʹouest (à lʹarrière du Temple) étaient superposées en
trois étages, avec 3 cellules par étage pour les deux premiers niveaux, et 2
cellules au troisième niveau.
C.‐ Et chacune de ces cellules avaient trois ouvertures, lʹune communiquant
avec la cellule située à sa droite, lʹautre communiquant avec la cellule située à sa
gauche, et la troisième communiquant avec la cellule située au dessus.
D.‐ Et (à la salle située) au coin nord‐est (dʹoù sʹorganisait la commande de la
grande Porte du Temple) il y avait 5 ouvertures : lʹune communiquant avec la
cellule située à sa droite, la deuxième communiquant avec la cellule située au
dessus, lʹautre communiquant avec le corridor (qui fait le tour du Sanctuaire en
montant : cf. ci‐après) la quatrième communiquant avec la petite porte
(aménagée à lʹintérieur du mur de la double Porte du Temple) et la dernière
donnant (directement) à lʹintérieur du Sanctuaire.
4 : 5 :
A.‐ Et un (long) corridor montait, en partant du coin nord‐est, et menait
jusquʹau coin nord‐ouest,
B.‐ Corridor quʹon empruntait pour monter jusquʹaux toits des cellules.
C.‐ On suivait (donc) le corridor en se dirigeant vers lʹouest et lʹon parcourait
tout le côté situé au nord de lʹÉdifice, jusquʹà ce que lʹon atteigne le côté ouest
(arrière du Sanctuaire).
D.‐ Lorsque lʹon était arrivé à lʹouest (à lʹarrière du Sanctuaire), on suivait
(toujours en montant) le corridor vers le sud, et on longeait tout le côté ouest
(tout lʹarrière du Sanctuaire) jusquʹà ce que lʹon atteigne le côté sud.
E.‐ Lorsque lʹon arrivait au côté sud, on suivait le corridor vers lʹest, et on
longeait tout le côté sud jusquʹà ce que lʹon parvienne à lʹentrée de lʹÉtage
supérieur du Temple.
F.‐ Car lʹentrée à cet Étage supérieur était située au sud.
G.‐ Et à lʹentrée de lʹÉtage supérieur, il y avait deux échelles en cèdre,
H.‐ Grâce auxquelles on pouvait accéder jusquʹau toit de lʹÉtage supérieur.
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I.‐ Et dans la Salle de lʹÉtage supérieur, le sommet dʹune rangée de pierres
distinctives indiquait (sur le sol) la limite de la Séparation (par le Rideau au
Rez‐de‐chaussée) entre le Lieu Saint et le Lieu Très Saint.
J.‐ Et dans cette Salle de lʹÉtage supérieur il y avait des ouvertures qui
permettaient dʹaccéder à lʹintérieur du Lieu Très Saint, en faisant descendre, au
travers de ces ouvertures, des cages (fermées sur trois côtés) dans lesquelles
prenaient place des ouvriers,
K.‐ Si bien que, grâce à ce système, les ouvriers ne pouvaient laisser leurs
regards se délecter du Lieu Très Saint ( !?! ‐quand on les y descendait pour
travailler !?!).
‐8‐ Le vaste Océan de la Littérature Rabbinique permet parfois de découvrir des
trésors de pensée et de réflexion, rarement égalées.
Mais, dans le même temps, en particulier dans ses aspects Aggadiques (histoires plutôt
légendée) on peut également parfois y découvrir des récits dʹune naïveté déconcertante.
Il convient dʹailleurs de rappeler que, dans la Mishnah, le Traité Middoth est le seul Traité
(avec le Traité Qinim) auquel nʹa jamais été ajouté aucun commentaire ou discussion
dʹaucune sorte, que ce soit dans le Talmud de Jérusalem, dans le Talmud de Babylone, ou même
dans la Tosefta (qui est un Complément aux Commentaires de la Mishnah).
Cette absence de tout Commentaire (Gemara pour les Talmuds) peut être le signe dʹun respect
absolu et définitif.
Ce pourrait être aussi le signe dʹun certain embarras, si lʹon considère lʹampleur des
discussions et des exégèses sans fin, suscitées dans la Littérature Rabbinique par les
moindres Écrits des différents Traités de la Mishnah.
Il faut dire que certaines parties du Traité Middoth, dont la finalité est de préserver, avec la
description minutieuse du Temple disparu, lʹEssence même de la Source du Judaïsme,
apparaissent comme assez étonnantes :
En effet, en lʹoccurrence, les Auteurs du Traité Middoth indiquent, avec une très sincère
minutie, comment lʹon peut se promener au‐dessus du Lieu Saint et du Lieu Très Saint, et
comment nʹimporte quel quidam peut même descendre à lʹaide de petits ʺascenseursʺ dans
le Lieu Très Saint, ayant, de surcroît, perdu sa forme Cubique Mystique, et ayant été
transformé en un puits rectangulaire haut de 30 mètres, selon Flavius Josèphe, et de 20
mètres selon le Traité Middoth.
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Or, dans ce Lieu Très Saint, que lʹon peut désormais, grâce au dispositif dʹHérode,
désacraliser à volonté, seul, le Grand‐Prêtre avait le droit de pénétrer, une seule fois par an,
pour un très bref instant de quelques minutes, et ce, après une semaine de préparation
intense, faite de Purifications rigoureuses et incessantes.
Et lʹÉternel avait spécifié à maintes reprises à Moïse que tout homme qui, en dehors du
Grand‐Prêtre, pénétrerait dans le Lieu Très Saint, mourrait immédiatement.
Et si, une fois par an, à lʹoccasion du Kippour, le Grand Prêtre, qui pénétrait dans le Lieu
Très Saint pour brûler de lʹencens, y restait trop longtemps, tout le Peuple dʹIsraël tremblait
de terreur à lʹidée que, ce faisant et à cause de son imprudence, tout Israël pourrait encourir
la Colère de lʹÉternel, et attirer sur toute la Nation les pires calamités.
Aussi, lʹon se demandera, vainement, quel genre de travaux des ouvriers auraient pu avoir à
exécuter dans un Lieu Consacré, où il nʹy avait strictement rien, depuis que lʹArche de
lʹAlliance avait disparu, où personne ne pénétrait jamais, et où régnait lʹobscurité la plus
complète. Et, dans le domaine de lʹabsurde ainsi évoqué, combien de trous aurait‐il fallu, en
réalité, percer dans le plafond du Lieu Très Saint, pour que ces ouvriers de travaux
éminemment virtuels réussissent à accomplir leurs tâches imaginaires, sans jamais pouvoir
poser leurs regards sur lʹintérieur du Lieu Très Saint ?!
Hérode est lʹinventeur exclusif de ce dispositif ʺdʹascenseursʺ, comme il est lʹinventeur dʹun
Lieu Très Saint qui nʹa plus la forme parfaite dʹun cube, et comme il est lʹinventeur dʹun
Étage supérieur, installé, pour la première fois dans la Religion Juive, au dessus du Lieu Très
Saint. En effet, le dispositif de cages descendant au travers dʹouvertures aménagées dans le
plafond du Lieu Très Saint, ne figure ni dans le Sanctuaire prescrit par lʹÉternel à Moïse, ni
dans le Temple construit par Salomon, ni dans le Temple de Zorobabel et des Hasmonéens.
Hérode, Tyran de génie, sanguinaire et rusé, nʹavait, en réalité, que faire des Prescriptions
qui auraient été transmises à Moïse par lʹÉternel.
Quant à la Hiérarchie Sacerdotale chargée, officiellement, de la construction du Temple, elle
fut, en réalité, entièrement soumise, par la terreur, à la mégalomanie dʹHérode, qui nommait
ou révoquait, à sa guise, le Grand‐Prêtre ainsi que les Personnages principaux de la
Hiérarchie du Temple.
Or, Hérode nʹétait intéressé que par son Autorité absolue, qui ne pouvait être défiée par
quiconque, au sein de la Nation quʹil gouvernait, et il nʹétait motivé que par le seul souci de
sa propre Gloire, qui, à ses yeux, relevait, comme celle dʹAuguste, des Attributs de la
Divinité.
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‐9‐ Cʹest de cette intime conviction de sa propre Nature Divine, que partageaient
immanquablement tous les Souverains et Potentats de lʹAntiquité, que procède lʹensemble de
lʹingénieuse Invention Architecturale dʹHérode :
A cet égard, Flavius Josèphe relate un épisode significatif de la prise du Pouvoir par Hérode,
au cours duquel il réduit, avec ses mercenaires, des ʺbrigandsʺ qui sʹétaient réfugiés dans la
montagne. Et il y a tout lieu de penser que ces ʺbrigandsʺ (selon la terminologie de Nicolas
de Damas, reprise par Flavius Josèphe) étaient, en fait, soit des Pharisiens résistants, soit des
Sadducéens partisans de la Dynastie Hasmonéenne, qui voyaient en Hérode, un tyran
étranger, non‐Juif, usurpateur et sacrilège :
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 14 : 27 :
Hérode... mena ses troupes contre les bandes de ʺbrigandsʺ qui avaient trouvé
refuge avec toutes leurs familles dans les cavernes des montagnes. La difficulté
(pour les troupes dʹHérode) était dʹy parvenir parce que les chemins pour sʹy
rendre étaient très escarpés, entourés de rocs acérés et de précipices qui
rendaient extrêmement difficile leur ascension comme leur descente.
Pour remédier à ces difficultés, Hérode fit confectionner des cages, attachées à
des chaînes de fer que lʹon faisait descendre du haut de la montagne à lʹaide de
machines. Ces cages étaient remplies de soldats armés de lances et de crochets
pour réduire ceux qui résisteraient. Mais cette descente des cages était fort
périlleuse à cause de la hauteur des sommets, et parce que ceux qui sʹétaient
retranchés dans les cavernes ne manquaient pas de vivres.
Lorsque ces cages parvinrent à la hauteur des cavernes, un soldat, armé de son
épée, de son bouclier et de plusieurs dagues, saisit avec les mains les chaînes
auxquelles sa cage était attachée, et se propulsa à terre. Voyant que personne ne
paraissait, il sʹapprocha de lʹentrée dʹune de ces cavernes, tua plusieurs
brigands à lʹaide de ses dagues, accrocha avec un crochet ceux qui osaient lui
résister et les précipita dans le vide. Il pénétra ensuite à lʹintérieur de la caverne
où il en tua encore plusieurs, puis il se retira ensuite dans sa cage. Les cris de
ses victimes effrayèrent les autres et leur firent douter de leur survie. Mais la
nuit obligea les guerriers dʹHérode à se faire remonter, et Hérode fit crier que
lʹon pardonnerait à tous ceux qui se rendraient. Le lendemain, on recommença à
les attaquer de la même façon : et, cette fois, plusieurs soldats sortirent des
cages pour combattre à lʹentrée des cavernes et pour y jeter du feu, sachant quʹil
y avait à lʹintérieur quantité de matières combustibles.
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Il se trouva que dans lʹune de ces cavernes sʹétait réfugié un vieil homme avec
sa femme et ses sept fils. Ceux‐ci, se voyant réduits à une telle extrémité,
prièrent leur père de les autoriser à se rendre aux ennemis : mais au lieu
dʹaccéder à leur prière, le père se posta à lʹentrée de la caverne, et les tua tous,
lʹun après lʹautre, ainsi que sa femme, au fur et à mesure quʹils débouchaient de
la caverne devant lui, et il précipita leurs corps dans le vide, lʹun après lʹautre.
Ensuite, il se jeta lui‐même dans le vide, préférant ainsi la mort à la servitude.
Mais avant de se lancer dans le précipice, il cria mille reproches à Hérode et
lʹinvectiva, malgré que le Roi, qui lʹobservait dʹen haut, lui faisait signe de la
main quʹil était prêt à lui accorder la vie sauve. Ainsi, tous ceux qui sʹétaient
réfugiés dans ces cavernes, furent contraints de se rendre parce quʹils ne purent
plus ni se cacher, ni résister.
En fait, si Hérode a fait construire un Étage supérieur au dessus du Lieu Très Saint, quʹil a
fait équiper de cages permettant de descendre à lʹintérieur du coeur du Sanctuaire, cʹest que
le Despote avait conçu de se rendre, lui‐même, dans le Lieu Très Saint, chaque fois quʹil le
désirerait, et sans avoir à passer par les salles de garde, occupées par les Prêtres qui
contrôlaient les complexes et rituels Accès au Sanctuaire.
Flavius Josèphe nous livre plusieurs clés, complémentaires, et contradictoires en apparence,
sur la personnalité dʹHérode, pour ce qui concerne son attitude vis à vis du Temple des Juifs.
Dʹabord, Flavius Josèphe indique ce quʹHérode laissait penser au Peuple Juif, afin de
complaire à ses croyances et de ne pas susciter dʹémeutes :
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 15 : 14 : (Rappel) :
Cʹest ainsi quʹétait construite la première Enceinte extérieure du Temple.
Ensuite, et peu éloignée, il y en avait une seconde enceinte délimitée par un
mur de pierre. Lʹon y montait par quelques degrés, et il y avait, là, une
inscription qui défendait aux non‐Juifs dʹy entrer sous peine de mort....
Quant à lʹespace qui se trouvait au milieu de ces deux enceintes, seuls les
Prêtres pouvaient y pénétrer ; car cʹest là quʹétait bâti le Temple et où se dressait
lʹAutel sur lequel étaient offerts les sacrifices à Dieu.
Ainsi, Hérode, lui‐même, nʹosa jamais y pénétrer parce quʹil nʹétait pas Prêtre.
Et Hérode laissa aux Prêtres le soin de mener à bien la construction du Temple.
Ils le firent en dix‐huit mois, et Hérode avait employé huit années à tout le reste.
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Hérode fait ainsi semblant de se conformer à la Règle qui lui interdit de pénétrer dans le
Parvis Sacré, parce quʹil nʹest ni de souche Juive, ni, évidemment, de famille Sacerdotale.
Néanmoins, Hérode laisse percer son orgueil et son sentiment de supériorité sur les
Hasmonéens (Juifs de famille sacerdotale) quʹil a fait entièrement disparaître, et qui, eux,
avaient disposé de tous les privilèges réservés à la seule Grande‐Prêtrise, alors que ces
mêmes privilèges lui étaient officiellement refusés à lui, Hérode, le tout puissant Roi des
Juifs qui avait fait reconstruire le Temple somptueux de Jérusalem :
Le discours, que rapporte Flavius Josèphe, sur ce thème est dʹailleurs tenu par Hérode, à la
fin de sa vie, devant le Sanhédrin, lorsque des Pharisiens téméraires ont osé arracher lʹAigle
Romaine Impériale quʹHérode avait fait apposer au Fronton du Temple, nonobstant la
version officielle selon laquelle il ne se serait pas immiscé dans la construction du Temple.
En réalité, Hérode considéra lʹÉdification du Temple comme lʹune de ses oeuvres majeures et
les plus intimes, et dépassant même toutes ses autres réalisations architecturales, dans son
Royaume comme à lʹétranger, qui faisaient sa fierté, et qui étaient destinées à perpétuer sa
renommée à travers les siècles. Aussi, lʹInauguration du Temple fut‐elle lʹun des points forts
du règne d’Hérode, et cet événement, à priori exclusivement religieux, participa totalement,
en fait, de sa propre Célébration politique :
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 15 : 14 :
On ne peut rien ajouter à la joie quʹéprouva le Peuple de voir un si grand
ouvrage achevé en si peu de temps. Les Juifs commencèrent à en rendre de
grandes actions de grâces à Dieu, et ils comblèrent ensuite leur Roi de louanges
que son zèle méritait. Ils organisèrent ensuite une grande Cérémonie pour
inaugurer le Temple. Hérode offrit à Dieu trois cent boeufs en sacrifice ; et il ne
se trouva personne qui nʹoffrit également des victimes à sacrifier, chacun selon
ses moyens. Le nombre de ces animaux fut si grand quʹon peut dire quʹil était
innombrable.
Et ʺil se trouvaʺ que cette Inauguration coïncida avec lʹAnniversaire de
lʹarrivée dʹHérode au Pouvoir, Anniversaire quʹHérode célébrait, dʹailleurs,
chaque année, avec le plus grand faste.
‐10‐ LʹÉtage supérieur du Temple, et les cages permettant dʹaccéder, au travers du
plafond, jusquʹau Lieu Très Saint, ont comme explication le désir dʹHérode de réaliser une
construction monumentale par sa hauteur, nonobstant toutes Prescriptions Religieuses,
mais, également, et surtout, la volonté du Souverain Hérode de pouvoir pénétrer, à sa guise,
à lʹintérieur du Lieu Très Saint, dans lequel aucune personne ne peut jamais pénétrer.
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Le dispositif sophistiqué de deux (ou peut‐être plusieurs) entrées annexes, avec poternes
subsidiaires, de cellules, adjacentes au Temple et communiquant toutes entre elles, ainsi que
dʹun corridor ascendant faisant le tour du Temple et qui permettait dʹaccéder à lʹÉtage
supérieur, sans avoir à pénétrer dans le Rez‐de‐chaussée du Temple, toutes ces dispositions
complexes, et mises en place par le Tyran, permettaient, facilement, à Hérode, accompagné
de sa garde personnelle, constituée de mercenaires étrangers ou Iduméens, ainsi que de
beaux eunuques, dʹéviter les Salles de garde des Prêtres.
Ainsi Hérode pouvait parvenir, secrètement, au dessus du Lieu Très Saint, à lʹintérieur
duquel il pouvait commodément se faire descendre au moyen dʹune cage, afin de jouir
pleinement, dʹun face à face avec le Dieu des Juifs, dont il était le Roi.
On pourrait même supposer quʹHérode, de la même façon que, par exemple, les Païens pour
les initiations privilégiées aux Mystères dʹÉleusis (Cérémonies Religieuses secrètes), ait pu
offrir le même genre ʺdʹInitiations secrètesʺ, à des Personnages importants du Monde
Romain, auxquels le Roi des Juifs voulait réserver un accueil hors du commun, et les ʺinitierʺ
à lʹexotique ʺMystère Judaïqueʺ.
Cette présomption se fonde sur le fait que Hérode ait fait installer plusieurs cages pour
pouvoir descendre dans le Lieu Très Saint, ce qui impliquerait quʹil avait lʹintention de
convier, à ces Initiations secrètes aux Mystères Judaïques, quelques uns de ses plus
importants Protecteurs de lʹEmpire Romain.
A cet égard, on pourrait songer en particulier, par exemple, à Agrippa, le gendre dʹAuguste,
et deuxième Personnage de lʹEmpire.
En effet, plusieurs récits présentent Agrippa, à la fois, comme un ami intime dʹHérode qui le
comblait de somptueux présents, et comme un Personnage très ouvert et curieux, entre
autres, des Rites Judaïques :
Flavius Josephe : Antiquités Juives : 16 : 3 :
(Hérode apporte un soutien financier à Agrippa qui fait une tournée dans lʹOrient Romain) :
Agrippa accueillit Hérode avec tous les témoignages de reconnaissance pour
une si grande preuve de son amitié, qui lui avait fait quitter ses terres et son
Royaume pour lui apporter son aide. Ce redoublement dʹaffection les unit de
telle sorte quʹils étaient toujours ensemble, et Agrippa ne faisait plus rien sans
Hérode. Il le faisait venir à tous ses Conseils, le faisait participer à toutes ses
entreprises, et, lorsquʹil voulait prendre quelque divertissement pour délasser
son esprit, Hérode était le seul quʹAgrippa acceptât dans son intimité. De la
sorte, Agrippa, à la fois, témoignait de son amitié à Hérode, dans les moments
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agréables partagés, et lui témoignait de sa confiance absolue dans les affaires
importantes et difficiles.
Philon dʹAlexandrie : Legatio ad Caïum (Ambassade à Caligula) : 301‐302 :
Lettre du Roi Agrippa à Caïus :
(Dans cette lettre, le petit‐fils dʹHérode, le Roi Agrippa, ainsi nommé en témoignage de
lʹamitié dʹHérode et de Marcus Agrippa, rappelle à lʹEmpereur Caligula, petit‐fils de ce
même Marcus Agrippa, lʹestime que celui‐ci avait eu pour le Temple de Jérusalem :)
Or, quand Agrippa (gendre dʹAuguste) vit le Temple de Jérusalem, la tenue des
Prêtres et la dévotion des Habitants, il fut dans le ravissement, car il estima
avoir vu quelque chose de sublime et de supérieur à tout ce que lʹon peut voir :
Il nʹavait pas dʹautres sujets de conversation avec ses intimes que de louer le
Temple et toute son organisation. Et pendant tout le séjour quʹil fit dans
Jérusalem, par amitié pour Hérode, il se rendit tous les jours au Temple pour le
plaisir dʹen contempler la Structure, le spectacle des Sacrifices, le Rituel et le
Cérémonial du Culte, la solennité qui entourait le Grand‐Prêtre quand, paré des
Vêtements Sacrés, il présidait aux Cérémonies.
Agrippa décora le Sanctuaire de tous les ex‐voto permis, et il combla la
Population de Jérusalem de toutes les faveurs possibles. Et quand il eut bien
complimenté Hérode, et quʹil eut été, en retour, mille fois remercié, il fut escorté
jusquʹau Port (de Césarée), non par la seule Ville de Jérusalem, mais par le Pays
tout entier : on jetait des rameaux sur ses pas, et on louait sa Piété.
De surcroît, lʹamitié ardente quʹHérode éprouvait pour Agrippa, lʹavait incité, outre lʹAigle
Romaine apposée au Fronton du Temple, à faire, également, graver le nom du Païen,
Agrippa, sur la ʺPorte du Templeʺ :
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : I : 21 : 416 :
Hérode reconstruisit aussi Anthédon, Cité maritime détruite par la guerre, et il
la nomma Agrippium. Et, pour ce même Agrippa, son ami, son affection était si
grande quʹil fit graver son nom sur la Porte quʹil avait, lui‐même, fait construire
dans le Temple.
‐11‐ Finalement, on fera remarquer que, dans lʹAntiquité, pour sʹen tenir à cette
seule période de lʹHistoire, lʹivresse, ou le vertige, du Pouvoir Absolu, comme celui qui fut
exercé, par exemple, par des Pharaons, par des Souverains orientaux, par des Empereurs de
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Chine, ou par des Empereurs Romains, comme Caligula, Domitien ou Hadrien, amenait,
irrésistiblement, certains Souverains à vouloir, ouvertement ou secrètement, se placer de
plain‐pied avec la Divinité. Et dans ce vertige du Pouvoir Absolu, où les frontières entre la
Vie Publique et la Vie Privée pouvaient, parfois, se trouver complètement être abolies,
certains Souverains choisirent délibérément de faire de leur Vie entière une Cérémonie
Publique ininterrompue.
Mais dʹautres Souverains, pour des raisons diverses, préférèrent, vraisemblablement, garder
secrets, certains épisodes de leurs actions, de leurs initiations ou de leurs ivresses.
Et il est probable que de nombreux Secrets dʹÉtat de ce genre ont totalement échappé à
lʹHistoire connue des Peuples.
En fait, cette familiarité, voulue intime, avec les Dieux ou avec les Divinités, constituait,
souvent, à la fois, lʹune des conditions indispensables, et lʹune des qualifications
intrinsèques, du Pouvoir Absolu dans lʹAntiquité. Or, sur ce point entre autres, le Roi des
Juifs, Hérode fut, charnellement, un Souverain oriental, avec par exemple, un harem de neuf
femmes, diverses concubines, et une compagnie de beaux eunuques.
En complément de ce désir de jouissance dʹun Pouvoir Oriental quasi‐Divin, Hérode avait
comme modèle absolu, son Protecteur, le Maître du Monde, le Créateur de lʹEmpire Romain,
Auguste, fils du Dieu César, et auquel étaient dédiés des Temples Païens qui sʹédifiaient,
sans cesse, dans toutes les Possessions de lʹEmpire, afin que son Culte sʹy installe, et sʹy
perpétue à jamais. A cet égard, Flavius Josephe rapporte une anecdote qui trahit, quelque
peu, cette secrète ambition Gréco‐Romaine dʹHérode :
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : I : 21 : 426‐427 :
(Hérode répand des largesses à travers tout lʹEmpire Romain pour sʹy forger une
réputation.)
On objectera peut‐être que toutes ces libéralités dʹHérode ne sʹadressaient quʹà
certains Peuples, pour des raisons politiques particulières.
Mais les dons que fit Hérode aux Éléens (Grecs de Rome qui y organisaient des
Jeux) représentèrent un somptueux cadeau, non seulement à la Grèce, mais à
lʹensemble de la Terre habitée à laquelle la Grèce avait offert les Jeux
Olympiques (les Premiers Jeux Religieux Païens). Aussi, en voyant ces Jeux,
près de sʹéteindre, faute de crédits, et cette survivance (à Rome) de lʹancienne
Grèce risquer de disparaître, Hérode, non seulement, accepta de devenir le
Président de ces Jeux, pour lʹOlympiade qui coïncidait avec son voyage à Rome,
mais, de plus, il dota ces Jeux dʹun Fonds financier perpétuel (garanti par ses
Propriétés), afin que la Mémoire de sa Présidence de ces Jeux ne puisse jamais
sʹeffacer.
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Si lʹon peut voir dans cette action dʹHérode une habile opération de communication,
identique à celle qui, par exemple, lui avait fait offrir des Sacrifices au Capitole, en
compagnie dʹAuguste et de Marc‐Antoine, pour célébrer sa nomination par le Sénat comme
Roi des Juifs, on ne peut exclure, dans ce genre de Cérémonies Païennes, une certaine
exaltation Religieuse dans lʹavidité dʹHérode, à vouloir que son nom fasse partie de la
Mémoire Cultuelle de Rome, Capitale du Monde.
‐12‐ Pour conclure sur lʹaménagement du Temple de Jérusalem par Hérode aux fins
de lui permettre de descendre, à loisir, par des cages ascensionnelles, dans le Lieu Très Saint,
on examinera le détail suivant, rapporté par Flavius Josephe, détail qui, non seulement,
contredit un autre témoignage de lʹHistorien Juif, mais comporte une zone dʹombre, assez
inexplicable, sur le plan de lʹArchéologie :
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : 15 : 15 : 424 :
Je ne dois pas oublier de mentionner, quʹoutre tous les ouvrages édifiés par
Hérode pour le Sanctuaire, ce grand Roi fit construire un passage souterrain et
secret qui reliait la Citadelle Antonia (qui surplombe le Temple) au Parvis des
Prêtres et à la Porte Orientale. Et sur cette Porte, Hérode fit construire une Tour
où il pourrait se réfugier en cas de sédition populaire.
Un passage souterrain et secret permettait donc à Hérode de se rendre au Parvis des Prêtres,
devant le Temple‐même, alors que Flavius Josephe a déclaré nettement, par ailleurs, que la
présence dʹHérode, considéré comme non‐Juif, était interdite sur ce Parvis Sacré.
De surcroît, au cas où une sédition populaire éclaterait dans le Sanctuaire, une tour de repli
et de refuge pour le prudent Hérode avait été prévue, dont la localisation apparaît comme
une énigme.
Par contre, une prévisible et violente sédition populaire qui aurait éclaté dans ces parages, et
qui aurait été de nature à obliger le rusé Hérode à se réfugier sur place, pourrait, assez
éventuellement, avoir été imaginée par Hérode comme pouvant être due, par exemple, à la
découverte par la Population, que lʹorgueilleux Roi des Juifs aurait profané le Temple, et se
serait, clandestinement, introduit dans lʹinviolable Lieu Très Saint de lʹÉternel, par des cages
dʹascenseur sacrilèges.
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‐13‐ Que les Juifs, contemporains dʹHérode, ou les Rabbins de la suite des temps,
aient donné leur aval à une telle désacralisation du Temple, sans jamais vouloir affronter la
réalité, est terriblement évident :
Le Traité Middoth, décrit et mesure, minutieusement et avec une totale surdité exégétique, la
transformation du Cube Parfait de Moïse en un étrange puits rectangulaire, ainsi que
lʹagencement, au dessus de ce puits, dʹun espace supérieur avec ascenseurs, alors que cette
nouvelle structure dʹensemble contrevenait, radicalement, aux Prescriptions de lʹÉternel,
pour ce qui concerne le Lieu Très Saint, où « descend », directement, la Nuée Divine
(Shekinah) pour y rencontrer lʹIntercesseur des Hommes.
Mais, également, on peut relever dans la Littérature Rabbinique, quelques rares Discussions
en quête d’une explication exégétique satisfaisante, où lʹon sent, néanmoins, sur ce sujet
extrêmement sensible, percer une fugitive pointe dʹinquiétude, qui, en réalité, masque un
profond malaise, ou un profond désespoir de lʹInconscient Collectif Juif.
Dans cette Littérature Rabbinique, ayant ainsi accepté et avalisé, le fait accompli de
lʹirrémédiable Profanation Hérodienne, ce fugitif malaise est rapidement balayé par les
surenchères dʹune aveuglante Béatitude Idéalisatrice, exprimée, comme, par exemple, dans
le Traité Pesahim du Talmud de Babylone :
Talmud de Babylone : Ordre Moed : Trait Pesahim : 86a :
LʹÉtage supérieur qui se trouvait au dessus du Lieu Très Saint était soumis à
une Règle plus stricte encore que le Lieu Très Saint lui‐même :
En effet, pour le Lieu Très Saint, le Grand‐Prêtre pouvait y pénétrer une fois par
an (le Jour du Grand Pardon). Mais pour lʹÉtage qui se trouvait au dessus du
Lieu Très Saint, on nʹy pénétrait quʹune fois tous les sept ans, et, selon certains
Rabbins, deux fois en sept ans, et, selon dʹautres Sages encore, une seule fois
tous les cinquante ans, pour voir ce quʹil y aurait à y faire...
Rabbi Yosseph (qui semble être le seul Rabbin à avoir été troublé par cet Étage
supérieur) a demandé :
‐ Est‐ce que quelquʹun veut se dresser pour présenter une objection sur cette
question (de lʹÉtage supérieur) du Sanctuaire ?
(On lui a répondu :)
‐ Pour le Sanctuaire cʹest implicite puisquʹil est écrit (1 Chroniques 28 : 11) :
ʺDavid remit à son fils, Salomon, le Plan du Portique et des Bâtiments, des Salles
destinées au Trésor, des Salles des Étages supérieurs, et des Salles intérieures, du Lieu
Très Saintʺ ; Et il est écrit également (1 Chroniques 28 :19 :) :
ʺTout cela est Écrit sur le Plan, tel que la Main de lʹÉternel a inspiré ma main.ʺ
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Aucun Rabbin, dʹaucune génération, qui, tous, sont, dʹordinaire, extrêmement pointilleux et
acharnés sur les moindres détails discutés, ne sʹest jamais ʺdressé pour présenter une objection
sur cette questionʺ, comme le demandait Rabbi Yossef, alors que le Tyran Hérode était mort et
enterré.
Et, par exemple, le Talmudiste français, Rachi (1040‐1105) fera, sur ce sujet qui avait
interpellé et tourmentait Rabbi Yosseph, la Réponse‐Commentaire explicatif suivant :
Rachi : Commentaires du Talmud :
Les Pièces des étages supérieurs avaient donc été marquées dʹun caractère de
consécration par la Main de Dieu.
Cʹest donc bien une Décision Divine, pour ce cas particulier, et, par conséquent,
il nʹy a pas lieu de « se dresser pour contester ».
Or, les étages supérieurs du Temple de Salomon étaient, uniquement, ceux de lʹÉdifice
Annexe, qui était accolé au pourtour du Temple, et en dessous de son toit.
Mais il nʹy a, jamais, eu un Étage supérieur au dessus du Lieu Très Saint, prescrit par
lʹÉternel à Moïse, puis dessiné par les Mains jointes de lʹÉternel et de David, et qui fut
construit par Salomon.
Confirmation, de ce sacrilège profanateur de l’Architecture du Temple Hérodien, est donnée
par la Représentation qui fut faite sur les Pièces de Monnaie, frappées lors de la dernière
Révolte Juive menée par Bar Kockba et Rabbi Akiba ‐(cf. étude détaillée infra)‐
Cette Révolte visait, en 135, à reconstruire le Temple de Jérusalem qui avait été détruit par
l’Empereur Titus en 70 : De toute évidence, Bar Kockba et Rabbi Akiba, qui connaissaient
parfaitement la Structure du troisième Temple Hérodien, tenaient à restaurer pleinement
l’Architecture Mosaïque Sacralisée ainsi que toute sa Signification Mystique originelle :
En témoigne, entre autres, les nombreuses Pièces de Monnaie de Bar Kockba où l’Arche de
l’Alliance figure à l’intérieur‐même du Temple (cf. Maps Gallery).
Or, toutes ces Pièces de Monnaie de Bar Kockba, ne comportent visiblement pas l’Étage
supérieur Païen, dont la hauteur avait été installée au dessus du Temple par Hérode.
De surcroît, la verticalité si caractéristique de ce 3ème Temple Hérodien est remplacée par une
vision délibérément horizontale, avec, comme seul vestige du concept Hérodien, le Porche
tétrastyle (probablement parce que son souvenir visuel en était encore trop présent).
Et la Shekinah aurait alors pu, de nouveau, descendre au dessus de cet authentique 4ème
Temple, ainsi restauré par Rabbi Akiba et Bar Kockba, au zénith absolu du Lieu Très Saint,
pour déposer sur l’Arche de l’Alliance sa Divine Protection, afin de célébrer
glorieusement le Rite solennel et imprescriptible du Pacte accordé à Israël par YHWH.
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26/ Après la Mort dʹHérode le Grand
en 4 av. EC
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‐1‐ Si aucun Prêtre, aucun Sadducéen, aucun Pharisien, aucun Éssénien, aucun
Rabbin, bref si aucun Juif, ne sʹest jamais, apparemment, indigné du sacrilège indélébile,
commis avec la construction du Temple par Hérode, lʹInconscient Collectif de la Nation
Juive en avait été, néanmoins, définitivement affecté.
A dater de la mort du Tyran Hérode, la Nation Juive sʹest, finalement, trouvée face à face
avec la Puissance Romaine, sans le tampon Hérodien, et, par conséquent, en conflit
permanent avec une Civilisation, dont lʹIdéologie Païenne était, fondamentalement,
incompatible avec son Inspiration Religieuse.
Aussi, parallèlement à un embrasement incessant de foyers de résistance à lʹOccupant
Romain, lʹépoque qui suivit la mot dʹHérode vit surgir, alors, un peu partout en Judée et
dans les Provinces avoisinantes, des Personnages qui se proclamaient Prophètes ou Rois
Davidiques, et auxquels adhéraient des foules avides, à la recherche dʹune nouvelle Voie
mystique et dʹune sorte de Rédemption :
En effet, lʹOccupation Romaine, dʹune part, et le blocage Religieux provoqué par un Temple
désincarné, dʹautre part, apparaissaient, désormais, comme autant dʹissues complètement
bloquées, sans que les Juifs, toutefois, puissent discerner les motifs subconscients de leurs
angoisses mystiques, alors que le Temple dʹ`Hérode se dressait avec toute sa magnificence et
sa grandeur Gréco‐Romaine.
Cʹest dans ce contexte tourmenté et interrogatif que les Écoles dʹHillel et Shammaï, grands
Docteurs de la Loi, sʹépanouirent, en commençant à mettre en ordre la Loi Orale, devant
sʹappliquer à la fois dans le Temple, et dans la vie quotidienne des Juifs.
Cette nouvelle dynamisation des Règles de Vie se fit par une incessante explicitation de cette
Tradition Orale, et par son adaptation dialectique à lʹactualité vécue.
Cʹest dans ce contexte, également, que Jésus, probablement, dans une tradition de pensée
plutôt Essénienne de la Société Juive de son époque, allait apparaître, prêchant, à la fois, la
Loi Juive traditionnelle, mais voulant, surtout, restaurer une Imprégnation Mystique,
Magnétique et Morale, que le Temple et son Culte avaient, en fait, perdue avec Hérode.
Et, après la mort du Christ, ce sera un Rabbin Juif Pharisien, Saul de Tarse, devenu ensuite
Saint Paul, qui, partant pour Damas, au nom du Sanhédrin, afin dʹy persécuter des Juifs
convertis au Christianisme naissant, aura une vision du Christ ressuscité :
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Et, en quelque sorte, Paul sera frappé dʹune illumination, lui révélant le sens qui pouvait,
enfin, lui faire comprendre pourquoi le Temple avait si profondément perdu sa raison dʹêtre:
le Messie était apparu.
Dès lors, pour Paul, les Textes Sacrés des Juifs nʹavaient plus de signification quʹen fonction
de la Mystique rapportée à ce Messie :
La Circoncision qui avait marqué la Chair du Christ, la Loi Mosaïque que le Christ avait
dʹabord apprise, puis prêchée avec exigence pour les seuls Juifs, le Culte du Temple que le
Christ avait sanctifié, tout cela devrait, désormais, sʹeffacer, pour se transmuter au seul
service de la nouvelle Mystique du Messie Universel, venu sur Terre pour sauver, non plus
seulement, les seuls Juifs, jadis magnétisés en une cohésion millénaire par le Temple de
Jérusalem, mais toutes les Nations du Monde, rassemblées, pour lʹavenir, dans le Temple
spirituel de lʹAmour et de la Foi à travers le Christ.
Et le Temple de Jérusalem, désincarné par Hérode, pourra, dès lors, disparaître, peu après,
dans une atmosphère Apocalyptique :
Les Juifs sʹentretuant, dʹabord, rageusement en un bain de sang fratricide, dans la Jérusalem
assiégée et affamée, avant de sʹopposer, en une dernière union désespérée, aux Armées
Romaines, par lesquelles ils seront massacrés, réduits en esclavage, tandis que Jérusalem
sera rasée, et le Temple, dé‐essentiallisé et déstructuré par Hérode, finalement abattu pour
les Millénaires à venir.
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27/ De la Mort dʹHérode le Grand,
en 4 av. EC
à la Mise sous Tutelle Romaine directe
de la Judée,
en 6 EC
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‐1‐ Par son dernier Testament, modifié à quelques jours de sa mort, Hérode avait
légué le Royaume de Judée avec lʹIdumée et la Samarie à son fils Archelaüs, quʹil avait eu de
sa quatrième femme, Malthaké, une Samaritaine.
Hérode léguait, par ailleurs, la Tétrarchie de la Galilée et de la Pérée (partie de la
Transjordanie) au frère dʹArchelaüs, Hérode Antipas, fils de cette même Samaritaine.
Aussi, les Juifs, dont les Samaritains étaient les ennemis séculaires, ne pouvaient considérer
avec satisfaction cette nouvelle situation qui les rendaient, en Judée, comme en Galilée, sujets
de Souverains non‐Juifs, issus dʹun Iduméen et dʹune Samaritaine.
Par ailleurs, Hérode avait légué, entre autres territoires, la Golanitide et lʹIturée (situés entre
le Liban, la Syrie et la Jordanie) à son fils Hérode Philippe II, né dʹune Juive de Jérusalem,
appelée Cléopâtre.
Par ailleurs, également, Hérode avait légué, à sa fidèle et implacable soeur, Salomé, divers
petits territoires dont Jamnia, Ville côtière qui allait avoir une importance exceptionnelle
pour lʹHistoire du Judaïsme.
Finalement, Hérode avait légué à lʹEmpereur Auguste et à la Famille Impériale des sommes
extrêmement importantes.
‐2‐ Le règne dʹArchelaüs, le fils de la Samaritaine, avant même quʹil ait été confirmé
par Auguste, qui, seul, pouvait désigner les Souverains des Territoires contrôlés par Rome,
commença par un bain de sang.
En effet, les Pharisiens exigèrent immédiatement dʹArchelaüs que tous les auteurs de la
répression impitoyable, menée par Hérode contre les Pharisiens qui avaient arraché lʹAigle
Romaine accrochée au Fronton du Temple, soient châtiés, et que le Grand‐Prêtre, qui avait
été, comme tous ses prédécesseurs, la créature dʹHérode soit destitué.
Flavius Josèphe, qui retrace tous ces événements par le détail, écrit son ouvrage à Rome où,
après la destruction du Temple, il est devenu lʹhôte privilégié des Empereurs Flaviens.
Par ailleurs, sʹil veut bénéficier de lʹappui de ces Empereurs, et de leur imprimatur, ainsi que
de lʹaccès indispensable aux Archives Romaines, Flavius Josèphe se doit, ainsi, en quelque
sorte, de tracer un portrait flatteur de la Politique menée par les Souverains à la Cour
desquels il vit.
Cela explique que, souvent, Flavius Josèphe appelle ʺbrigandsʺ ou ʺséditieuxʺ, des bandes
nationalistes de résistants, dont, parfois, certaines, probablement, comme dans toutes les
révolutions, ne furent, probablement, pas exemptes dʹactions iniques ou intéressées.
Il convient donc dʹappréhender, avec une certaine relativité, le style et la présentation de
Flavius Josèphe, lorsque celui‐ci décrit ces actions violentes, menées, alors, par les Juifs, et
visant à renverser lʹOrdre établi, et à se libérer de la Domination Romaine.
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Flavius Josèphe : Antiquité Juives : 17 : 11 :
Cependant quelques Juifs qui ne cherchaient quʹà créer troubles et confusions,
commencèrent à se rassembler et à déplorer la cruelle condamnation dont
avaient été victimes Mathias et les autres qui avaient été envoyés au supplice
parce quʹils avaient arraché cette Aigle Romaine fixée au dessus du Portail du
Temple.
La crainte quʹils avaient dʹHérode les avaient réduits au silence tant que le
Tyran vivait, mais, étant désormais rassurés par sa mort, ils laissaient libre
cours à de violentes protestations, comme si les outrages quʹils pouvaient faire
maintenant à la mémoire dʹHérode eussent pu soulager, dans un autre monde,
ceux dont ils déploraient la disparition.
Ils pressèrent ainsi Archelaüs de venger une si grande injustice, en faisant
mettre à mort quelques uns des partisans dʹHérode qui avaient participé à cette
condamnation ; et ils demandèrent également quʹon ôtât la Grande‐Prêtrise à
celui qui la détenait pour pouvoir honorer, enfin, avec cette charge prestigieuse,
un homme qui en serait vraiment digne.
Archelaüs, qui se préparait à partir à Rome pour se faire confirmer Roi par
Auguste, crut bon de faire en sorte dʹapaiser ce tumulte, bien quʹil fût indigné
par cette audace. Il envoya donc le Chef de ses troupes représenter aux
séditieux quʹils ne devaient pas se laisser emporter par des idées de vengeance,
mais considérer que le châtiment, dont ils se plaignaient, avait été exécuté
conformément aux Lois ; que leurs exigences blessait donc son Autorité ; que,
de plus, le temps nʹétait pas propice à ce genre de réclamations ; quʹil ne fallait
penser quʹà préserver lʹunion et la paix jusquʹà ce quʹAuguste ait confirmé
Archelaüs dans son Titre de Roi, et attendre quʹil soit revenu de Rome. Alors
seulement, il pourrait examiner avec soin toute réclamation et résoudre, après
mûre réflexion et délibération, toutes les litiges en suspens. Mais, en attendant
ce retour de Rome, on devait demeurer en repos et se garder dʹentrer dans la
spirale dʹune rébellion ouverte.
Les factieux, au lieu de se montrer raisonnables à un tel discours, firent
connaître par leurs cris quʹon ne pourrait les convaincre de revenir à leur devoir
sans exposer leur vie, parce que leur passion, qui leur avait fait perdre leur
respect pour le Souverain, leur persuadait maintenant quʹil serait intolérable,
même après la mort du Tyran, de ne pas obtenir la vengeance que réclamait le
sang de leurs amis si cruellement répandu par Hérode...
Aussi, au lieu dʹêtre touchés des raisons quʹon leur représentait de la part du
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Roi, et dʹêtre retenus par le respect quʹils lui devaient, ils sʹirritaient de plus en
plus, et il était facile de juger que la Fête de Pâque, qui était proche, allait
augmenter le nombre des séditieux, et que la révolte sʹamplifierait.
En effet, non seulement toute la Judée célèbre cette Fête avec grande joie et offre
des victimes, plus nombreuses quʹà lʹordinaire, pour commémorer notre
Délivrance dʹÉgypte, mais une multitude infinie de Juifs, qui demeurent en
dehors du Royaume, viennent par dévotion à Jérusalem pour y participer.
Aussi, les séditieux qui pleuraient la mort de Judas et de Mathias ne bougeaient
plus du Temple et nʹavaient pas honte de mendier afin de ne pas être dans
lʹobligation dʹen sortir.
La crainte dʹArchelaüs que leur insolence nʹallât encore plus loin, lui fit envoyer
un Officier avec des Soldats pour les mettre à la raison avant que leur esprit de
révolte nʹeut infecté le reste du Peuple. Et Archelaüs ordonna à lʹOfficier de lui
amener ceux qui résisteraient à sa Décision. Les factieux voyant venir les gens
de guerre enflammèrent tellement le Peuple par leurs cris et leurs exhortations à
les attaquer que la foule se jeta sur eux et les tua presque tous. LʹOfficier, bien
que blessé, parvint à sʹéchapper avec quelques autres. Les factieux continuèrent,
alors, comme auparavant à célébrer leurs Sacrifices.
Le Roi, considérant lʹimportance quʹil y avait à ne pas laisser une telle révolte
impunie envoya contre eux toute son Armée, avec ordre donné à la Cavalerie
de tuer également ceux qui tenteraient de se sauver du Temple, et dʹempêcher
quiconque de les secourir. Cʹest ainsi quʹils tuèrent trois mille hommes, et le
reste sʹenfuit dans les collines avoisinantes. Le Roi fit ensuite proclamer que
tout le monde devait quitter le Temple, et alors, la crainte du péril fit cesser les
Sacrifices faits par ceux qui, auparavant, se montraient si audacieux.
Après quʹArchelaüs ait ainsi réprimé ces séditieux, il laissa le soin de sa Maison
et la conduite de son Royaume à son frère Philippe, et il partit pour Rome. Il
emmenait avec lui sa mère, Nicolas de Damas, Ptolémée, et plusieurs de ses
amis. Salomé, sa tante (soeur dʹHérode le Grand) lʹaccompagna, également,
avec toute sa famille ; et plusieurs autres de ses parents firent de même, sous
prétexte de vouloir le servir et lui faire obtenir la confirmation de son Royaume,
mais, en réalité, pour sʹy opposer, en lʹaccusant, entre autres, dʹavoir fait tuer
tant de Juifs dans le Temple.
Archelaüs rencontra à Césarée (le Port dʹoù lʹon sʹembarquait pour Rome)
Sabinus, Intendant délégué par Auguste pour la Syrie, et qui venait pour
sʹassurer des Biens et des Richesses dʹHérode (léguées à Auguste).
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Ce Sabinus, dépêché par Auguste, va donner aux Juifs un avant‐goût de ce que seront, par la
suite, la plupart des Préfets, ou Procurateurs Romains, ou Intendants Romains de Judée, qui
mettront, progressivement, le pays à feu et à sang, par leur rapacité et leurs prédations.
Et le Légat Romain de Syrie, qui commande lʹArmée Romaine dans toute cette région
dʹOrient, se chargera, sans cesse, dʹéteindre, avec la force des Légions Romaines et des
Troupes auxiliaires, tous les embrasements révolutionnaires, provoquées, dʹun côté, par les
exactions des Procurateurs et des Militaires dʹoccupation, Romains et Païens, et, dʹun autre
côté, par les guérillas incessantes menées par les résistants, les révolutionnaires, et les
brigands Juifs.
Et ces confrontations incessantes entre la Puissance Romaine et les Juifs, durant une
cinquantaine dʹannées, déboucheront sur la guerre finale où périra la Jérusalem millénaire
des Juifs et leur Temple.
‐3‐ A Rome, Auguste fait présider le Conseil qui va examiner les demandes des
différents prétendants de la famille dʹHérode au Royaume de Judée, par son petit‐fils, Gaïus
César, fils dʹAgrippa et de Julie, la fille de lʹEmpereur.
Les différents clans de la famille dʹHérode sʹaffrontent sournoisement, par intrigues et
plaidoiries.
Un Prétendant inattendu vient se manifester également : le Peuple Juif qui demande à ce que
la Judée redevienne lʹÉtat‐Temple théocratique, qui doit être dirigé par un Grand‐Prêtre
légitime selon la Loi Juive. Le Livre des Juges, par exemple, formulait le modèle dʹun tel État,
avant même la construction du Temple.
Varus, le Légat Romain en Syrie, a en effet autorisé cette Délégation du Peuple Juif à venir
plaider sa cause à Rome, en pensant, probablement, quʹAuguste verrait, peut‐être, des
avantages à ce que la Puissance Romaine administre, désormais, directement, cette Région,
sans ne plus avoir recours à la Dynastie vassale des Hérodiens.
Le Discours, tenu par ces Représentants du Peuple Juif, brosse, alors, un tableau assez
terrifiant du Règne dʹHérode, tel quʹil fut vécu par les Juifs :
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 17 : 12 :
Cinquante Délégués des Juifs vinrent avec la permission de Varus trouver
Auguste pour le supplier de leur permettre de vivre selon leurs Lois ; et plus de
huit mille Juifs qui demeuraient à Rome (dont les descendants des esclaves
emmenés par Pompée en 63 av.EC, après sa conquête de Jérusalem) soutinrent
cette démarche.
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LʹEmpereur tint à ce sujet une grande Assemblée de ses amis et des Principaux
Romains, dans le Temple dʹApollon, quʹil avait fait bâtir, au prix dʹune
prodigieuse dépense...
Ces Ambassadeurs de Judée parlèrent les premiers, et déclarèrent quʹil nʹy avait
pas de Lois quʹHérode nʹavait violées par sa conduite, injuste et criminelle ; quʹil
nʹavait été Roi que de nom, puisque jamais un Tyran nʹavait été aussi cruel, et
que, ne se contentant pas dʹemployer tous les moyens habituels pour ruiner ses
sujets, il en avait inventé de nouveaux ; quʹil serait inutile de parler du grand
nombre de Juifs quʹil avait fait mourir, puisque la condition de ceux à qui il
nʹavait pas ôté la vie avait été pire que celle des morts, tant par lʹappréhension
perpétuelle que son inhumanité leur avait causé, que parce quʹil les dépouillait
systématiquement de tous leurs biens ; quʹil nʹavait bâti et embelli des Villes,
situées hors de ses États, quʹen ruinant les habitants des Villes de son propre
Royaume par ses horribles exactions ; quʹayant trouvé la Judée florissante et
dans lʹabondance, il avait réduit ses Habitants à la plus grande misère ; quʹil
avait fait mourir sans motif de nombreuses personnes de qualité aux seules fins
de sʹemparer de leurs biens, et quʹil les avaient ôtés à ceux auxquels il nʹavait
pas ôté la vie ; quʹoutre tous les impôts ordinaires dont personne nʹétait exempt,
on avait été contraint de donner de grandes sommes pour assouvir lʹavidité de
ses amis et de ses courtisans, et pour acheter la neutralité des Officiers enclins
aux pires vexations ; quʹils ne mentionnaient pas les filles quʹHérode avait
violées, et les femmes de condition à qui il avait fait subir les derniers outrages,
parce que le seul soulagement quʹelles pouvaient encore recevoir, dans leur
douleur extrême, était quʹon puisse en perdre le souvenir ; et, quʹenfin, sʹil était
possible quʹune bête sauvage eût le Gouvernement dʹun Royaume, il ne sʹen
serait pas trouvé une seule qui traitât les hommes avec autant dʹinhumanité que
celle avec laquelle Hérode avait traité les Juifs, et quʹon ne pouvait rencontrer
dans lʹHistoire de cruauté équivalente...
Et cet Archelaüs, comme sʹil eut craint quʹon puisse douter quʹil ne fut un
véritable fils du Tyran Hérode, avait vite fait connaître quelle opinion on devait
avoir de lui: En effet, sans même attendre que lʹEmpereur Romain eut confirmé
sa Royauté, et alors que tout son Destin dépendait encore de lui seul, Archelaus
avait donné à ses Sujets une belle preuve de sa vertu, de sa modération et de sa
justice, en commençant par faire égorger, dans le Temple‐même, en guise de
sacrifices, trois mille Juifs de sa Nation : Aussi, on pouvait juger, par une action
aussi odieuse, si les Représentants du Peuple Juif avaient tort de haïr un tel
homme, qui les accusait dʹêtre des séditieux et des criminels de lèse majesté !
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Ces Délégués conclurent en suppliant Auguste de changer la forme de leur
Gouvernement, en ne les soumettant plus à de tels Rois, mais de les unir à la
Syrie, afin quʹils ne dépendent plus que des Légats, à qui lʹEmpereur confierait
le Gouvernement : et lʹon pourrait constater, alors, sʹils étaient des séditieux et
sʹils ne sauraient pas bien obéir à ceux qui auraient le légitime Pouvoir de les
gouverner.
‐4‐ Or, tandis quʹà Rome lʹon délibère, ainsi, sur lʹavenir de la Nation Juive dans le
Temple dʹApollon, et que lʹon attend la Décision dʹAuguste, Jérusalem et toute la Judée
sʹenflamment.
Varus, le Gouverneur de Syrie, a installé à Jérusalem, en garnison permanente, une Légion
Romaine, afin de prévenir de nouveaux troubles. Cette présence inédite dʹune Armée
Païenne dans la Ville Sainte est, aussitôt, vivement ressentie comme une provocation par les
Juifs, dʹautant quʹelle encourage lʹavidité de Sabinus, lʹIntendant dʹAuguste, qui vise à
sʹapproprier le plus de richesses possibles. De surcroît, les Troupes mercenaires du Roi
défunt, Hérode, se sont naturellement ralliées aux Soldats Romains, en attendant de
connaître la Décision dʹAuguste.
Lors dʹune Fête Juive, une violente confrontation oppose les Romains et les Juifs.
Sabinus et les Soldats Romains ont finalement le dessus, et ils réussissent, par la même
occasion, à sʹemparer du Trésor du Temple, après avoir mis le feu à des Portiques des Parvis,
et avoir fait périr de nombreux Juifs. Toute la Judée sʹembrase alors :
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 17 : 12 :
Dans une confusion aussi étrange et qui remplissait toute la Judée de
brigandages, aussitôt que quelquʹun avait rassemblé un groupe de séditieux il
sʹaffublait du titre de Roi : lʹÉtat était déchiré de toutes parts.
Mais les Romains ne subissaient quʹune faible partie de ces troubles. En effet, les
Juifs, au lieu de sʹunir pour combattre ensemble les Romains, se confrontaient
les uns les autres, au sein de leurs différentes factions, et sʹentretuaient.
Il est probable que cette insurrection généralisée avait également une dimension mystique,
que Flavius Josèphe ne mentionne pas, voulant, peut‐être, réserver cette dimension
Religieuse à lʹaffrontement final qui provoquera lʹentrée en scène des Empereurs Flaviens.
Le Légat Varus va, alors, réagir avec énergie et efficacité face à ces troubles généralisés :
Il fait entrer en Judée deux Légions supplémentaires, ainsi que de nombreuses Troupes
auxiliaires.
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Varus élimine, ainsi, les uns après les autres, tous les foyers de résistance, en massacrant les
rebelles, ou en les réduisant en esclavage, et en rasant complètement quelques Villes qui
sʹétaient révoltées. Deux mille Juifs sont crucifiés pour lʹexemple.
La Littérature Rabbinique évoque allusivement ces événements en les nommant ʺGuerre
dʹ(As)Varusʺ dans une Chronique‐Calendrier, le Seder Olam Rabba, établi par un Rabbin du
second siècle EC.
De la même façon, Le Testament de Moïse, écrit, entre lʹan 7 et lʹan 30 EC, par un Juif
vraisemblablement Éssénien, cʹest à dire, entre autres, extrêmement attaché aux
Prescriptions de la Loi, évoque cette ʺGuerre de Varusʺ, venant à la suite du règne dʹHérode :
Hérode et Varus apparaissent, successivement, dans cette Oeuvre intertestamentaire, rédigée
sous la forme dʹune Prophétie Apocalyptique, comme les instruments de la Punition Divine,
infligée aux Juifs impies, tant Pharisiens que Sadducéens:
Testament de Moïse : VI : 2‐9 :
Et un Roi arrogant (Hérode) leur succédera (aux Rois Hasmonéens) qui ne sera
pas de la famille des Prêtres. Ce sera un homme arrogant et sans pudeur, et il
les jugera (les Juifs impies) comme ils le méritent. Il fera périr par lʹépée les
principaux dʹentre eux et fera disparaître leurs corps dans des lieux secrets, afin
que personne ne sache où se trouvent leurs cadavres. Il tuera jeunes et vieux, et
ne fera pas de quartier. Alors la crainte quʹon aura de lui dans le pays sera
amère. Pendant 34 ans (durée du règne dʹHérode) il les jugera comme les
jugèrent les Égyptiens et leur infligera leur punition. Et il engendrera des
enfants qui, après lui, régneront moins longtemps (dont Archelaüs) ; leurs
Territoires seront envahis par les Armées dʹun Puissant Roi de lʹOccident
(Auguste) qui les soumettra. Et il (le Légat Varus) les réduira en captivité, et il
(en fait, la Légion Romaine sous les ordres de Sabinus) brûlera une partie de
leur Temple (les Portiques). Et il (Varus) les exposera crucifiés autour de leur
Ville.
‐5‐ Auguste, à Rome, a finalement tranché.
La plaidoirie de Nicolas de Damas en faveur dʹArchelaüs a probablement sauvé celui‐ci
dʹune destitution.
En effet, Nicolas de Damas était un Historien, apprécié dʹAuguste, ayant rédigé, en
particulier, en Grec, une Histoire Universelle en 144 volumes, dont seuls quelques fragments
ont subsisté, en dehors des textes préservés dans lʹOeuvre de Flavius Josèphe.
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‐ Aussi, conformément au voeu et au testament dʹHérode le Grand, Archelaüs hérite de la
Judée et de la Samarie, mais en tant quʹEthnarque et non pas en tant que Roi.
En conséquence, il perd, de la sorte, toute suzeraineté sur ses deux frères, Hérode Antipas et
Philippe II.
‐ Hérode Antipas, frère dʹune même mère Samaritaine, est nommé Tétrarque de la Galilée et
de la Pérée (partie de la Transjordanie).
‐ Philippe II, né dʹune mère Juive de Jérusalem, est nommé, lui, Tétrarque de la Golanitide
(située entre le Liban, la Syrie et la Jordanie) entre autres territoires.
‐ Salomé, la soeur dʹHérode, reçoit divers petits Territoires dont Jamnia (Yabneh).
En fait, le jeune Archelaüs, âgé dʹune vingtaine dʹannées, est mis à lʹessai, et il ne doit ce
sursis quʹà lʹestime quʹAuguste, et avant lui César, ont eu pour son père Hérode, et pour son
grand‐père, Antipater.
Mais Auguste, alerté par des lettres de Varus, se méfie du Peuple Juif à la Religion exclusive.
Et ce ne fut pas par hasard si Auguste fit tenir le Conseil, qui devait décider de lʹAvenir de
Jérusalem et de son Temple, à Rome, dans le Temple dʹApollon, le Dieu Tutélaire dʹAuguste.
Et il est significatif, également, que, lorsque Gaïus César, le petit‐fils dʹAuguste, se rend en
inspection, en lʹAn 1 av. EC, en Orient, dont il est appelé, selon le voeu de lʹEmpereur, à
présider les destinées, Auguste le félicite dʹavoir su éviter, lors de son voyage, de se rendre à
Jérusalem. Ce qui permet dʹéclairer lʹétat dʹesprit dʹAuguste à lʹégard de la Religion Juive:
Suétone : Vie des douze Césars : Auguste : 93 : (Rappel)
(Auguste) félicita vivement son petit‐fils Gaïus dʹavoir traversé la Judée (en lʹan
1 EC) sans offrir de sacrifice (au Temple) de Jérusalem.
Cette remarque de Suétone peut impliquer plusieurs interprétations concernant la pensée
intime du Maître du Monde de lʹépoque et Fondateur de lʹEmpire Romain, comme entre
autres, et par exemple :
‐ Il pourrait être probable quʹAuguste ait regretté que le père de ce Gaïus César, son gendre
Agrippa, ne sʹétait pas abstenu, auparavant, de la même manière, puisque Agrippa, non
seulement, était allé au Temple de Jérusalem sous Hérode, mais il y avait offert des Sacrifices
à plusieurs reprises.
‐ Ou bien, on pourrait penser que la relation quʹAgrippa avait fait à Auguste du Temple et
de son Culte, avait, dʹune façon prémonitoire, inquiété celui qui était en train de consolider
les fondations du Culte de lʹEmpereur Romain, en faisant, entre autres, diviniser son
prédécesseur César, et en revendiquant, pour lui‐même, le titre de ʺFils du Divin Césarʺ.
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‐ Et peut‐être, également, que la description du vide déroutant du Lieu Très Saint quʹavait
pu lui en faire Agrippa, à son retour de Jérusalem, était apparu à Auguste comme une
menace, étrange et inexplicable, pour sa propre Divinisation, et pour lʹOrdre Divin Impérial,
en général.
‐6‐ Hérode Antipas va régner en Galilée et Pérée, de 4 av. EC à 39 EC, et il
deviendra célèbre par le Nouveau Testament.
En effet, il se trouve que sous son règne sur ces deux Régions, Jean‐Baptiste apparaîtra en
Pérée, et Jésus fera son apparition en Galilée.
Hérode Antipas fera arrêter, puis décapiter Jean‐Baptiste.
Selon les versions présentées par le Nouveau Testament, cette exécution se fit à lʹinstigation de
la femme dʹHérode Antipas, Hérodiade, qui avait été précédemment la femme du frère
dʹHérode Antipas, Hérode Philippe I vivant à Rome, et avec lequel elle avait eu des enfants,
dont une fille, Salomé.
Or, Jean‐Baptiste aurait publiquement fustigé le Tétrarque de Galilée pour cette union,
illégitime et incestueuse, selon la Loi Juive.
Dʹaprès Flavius Josèphe, Hérode Antipas craignait la contagion de la Prédication de Jean‐
Baptiste, car les prédications de ces Zélotes, cʹest à dire des Fervents de la Religion Juive,
prônaient, assez habituellement, la révolte et lʹaction violente qui débouchaient sur des
actions séditieuses.
Évangile selon Matthieu :14 : 1‐12 : (Marc : 6 : 14‐29 et Luc : 9 : 7‐9) :
En ce temps‐là, Hérode, le Tétrarque de Galilée, entendit parler de Jésus.
Il dit à ses serviteurs :
‐ Cʹest Jean‐Baptiste, il est revenu à la vie ! Voilà pourquoi il a le pouvoir
dʹaccomplir des miracles.
En effet, Hérode avait ordonné dʹarrêter Jean (Baptiste), il lʹavait fait enchaîner
et mettre en prison. Hérode avait agi ainsi à cause dʹHérodiade, sa femme, qui
avait été la femme de son frère Philippe. Car Jean disait à Hérode :
‐ Il ne tʹest pas permis dʹavoir Hérodiade pour femme !
Hérode voulait faire mourir Jean mais il craignait le Peuple Juif car tous
considéraient Jean comme un Prophète.
Cependant le jour de lʹanniversaire dʹHérode, la fille dʹHérodiade dansa devant
les invités. Elle plut tellement à Hérode quʹil jura de lui accorder tout ce quʹelle
lui demanderait. Sur le conseil de sa mère elle lui demanda :
‐ Fais‐moi porter ici, sur un plateau, la tête de Jean‐Baptiste.
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Le Tétrarque en fut attristé, mais à cause des serments quʹil avait faits devant
tous ses convives, il donna lʹordre de la lui accorder. Il envoya donc quelquʹun
dans la prison couper la tête de Jean‐Baptiste. La tête fut apportée sur un
plateau et donnée à la jeune fille qui la remit à sa mère. Les Disciples de Jean
vinrent prendre son corps et lʹenterrèrent, puis ils allèrent annoncer à Jésus ce
qui sʹétait passé.
Il se trouve également que ce même Hérode Antipas va jouer un rôle dans la Passion de
Jésus, lorsque celui‐ci comparaîtra devant le Procurateur Romain de la Judée, Ponce Pilate, et
que celui‐ci lʹinterrogera devant lʹAssemblée des Juifs :
Évangile selon Luc : 23 : 3‐12 :
Pilate interrogea Jésus en ces mots : ‐ Es‐tu le Roi des Juifs ?
Jésus lui répondit :‐ Tu le dis !
Pilate sʹadressa alors aux Chefs des Prêtres et à la foule :
‐ Je ne trouve aucune raison de condamner cet homme.
Mais ils déclarèrent avec encore plus de force :
‐ Il pousse le Peuple à la révolte par son Enseignement. Il a commencé en
Galilée, puis il a parcouru toute la Judée, et maintenant il est venu jusquʹici, à
Jérusalem.
Quand Pilate entendit ces mots il demanda :
‐ Cet homme est‐il de Galilée ?
Et lorsquʹil eut appris que Jésus venait de la Région gouvernée par Hérode
(Antipas), Pilate lʹenvoya à celui‐ci, car le Tétrarque de Galilée se trouvait,
justement, à Jérusalem à ce moment‐là (pour la Pâque).
Hérode (Antipas) fut très heureux de voir Jésus car il avait entendu parler de
lui, et il désirait le rencontrer depuis longtemps : il espérait le voir faire un
Miracle.
Il lui posa beaucoup de questions mais Jésus ne lui répondit pas.
Les Chefs des Prêtres et les Docteurs de la Loi étaient là également, et ils
portaient de violentes accusations contre Jésus.
Hérode (Antipas) et ses Soldats le traitèrent, alors, avec dérision. Ils le revêtirent
dʹun costume somptueux et le renvoyèrent à Pilate.
Hérode (Antipas) et Pilate étaient ennemis auparavant ; ce jour‐là, ils devinrent
amis.
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‐7‐ Philippe II, le demi‐frère dʹHérode Antipas, avait, lui, été nommé par Auguste,
Tétrarque de plusieurs territoires au nord et à lʹest de la Galilée dont la Golanitide.
Aux yeux des Juifs, Philippe II avait lʹavantage, sur Hérode Antipas, dʹêtre né dʹune mère
Juive de Jérusalem.
Comme, par ailleurs, il fut un vassal toujours fidèle aux Empereurs Romains, son règne se
déroula, à la fois, subtilement et paisiblement, de 4 av. EC à 34 EC.
Philippe II fixa sa capitale à Panion, où Hérode le Grand avait fait construire un Temple
superbe, tout en marbre, et dédié à Auguste : Ce Temple était situé symboliquement près des
sources du Jourdain.
Philippe II baptisa sa capitale Césarée‐Philippe en associant de la sorte le nom de lʹEmpereur
Romain et le sien propre. De plus, Philippe II fit constamment frapper une monnaie sur
laquelle, côté face, figurait le profil, dʹabord dʹAuguste, puis celui de son successeur, Tibère,
avec leur nom inscrit en grec.
Et, sur le revers, Philippe II fit figurer la Façade tetrastyle (à quatre colonnes) du Temple de
Panion, avec son nom inscrit en Grec.
Comme cette image de la Façade du Temple dʹAuguste à Panion ressemble étonnamment
aux images connues de la Façade du Temple de Jérusalem (sans le fronton triangulaire pour
ce qui concerne la représentation figurant sur les monnaies de Bar Kokhba) on peut penser
que la Façade du Temple de Jérusalem avait été construite par Hérode sur le modèle de la
Façade du Temple de Panion, tout comme ceux des Temples dʹAuguste à Césarée et à
Sébaste.
Aussi, on peut penser quʹavec cette monnaie, Philippe II, fils dʹHérode le Grand et dʹune
Juive de Jérusalem, se rappelait subtilement, de la sorte, aux Juifs, comme lʹun des héritiers,
au moins spirituel, de la Royauté de Jérusalem, dont le Temple était lʹimage la plus
emblématique.
Et il est dʹailleurs symptomatique de constater, à cet égard, que, à la fin du règne de Philippe
II, sa capitale Césarée‐Philippe, sera majoritairement habitée par des Juifs.
Or, cʹest justement dans cette région, située aux abords des sources du Jourdain et où se
dresse, alors, le Temple dʹAuguste, que Jésus laissera penser à ses Disciples quʹil est le
Messie attendu par les Juifs.
Évangile selon Matthieu : 16 : 13‐20 :
Jésus se rendit dans la région proche de Césarée de Philippe.
Il demanda à ses Disciples :‐ Que disent les gens au sujet du ʺFils de lʹHommeʺ
(dénomination empruntée par Jésus aux Prophètes) ?
Ils répondirent :‐ Certains disent que tu es Jean Baptiste, dʹautres que tu es Elie,
et dʹautres encore que tu es Jérémie ou un autre Prophète.
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‐ Et vous, leur demanda Jésus, qui dites vous que je suis ?
Simon Pierre répondit : ‐ Tu es le Messie, le Fils du Dieu de la Vie.
Jésus lui dit alors :
‐ Tu es heureux, Simon fils de Jean, car ce nʹest pas un Être Humain qui tʹa
révélé cette Vérité mais mon Père qui est dans les Cieux. Et moi, je te déclare, tu
es Pierre et sur cette pierre je construirai mon Église. La mort elle‐même ne
pourra rien contre elle. Je te donnerai les Clés du Royaume des Cieux ; ce que tu
interdiras sur Terre sera interdit dans les Cieux, et ce que tu permettras sur
Terre sera permis dans les Cieux.
Puis Jésus ordonna à ses Disciples de ne dire à personne quʹil était le Messie.
‐8‐ Pour en revenir à Jérusalem‐même, après la mort dʹHérode, Auguste avait,
donc, en 4 av. EC, nommé Archelaüs, Ethnarque de Judée, de Samarie et de lʹIdumée.
Archelaüs semble avoir hérité de tous les défauts de son père, dont, en particulier le
despotisme et la cruauté. Cʹest à cette cruauté dʹArchelaus et à sa nomination par Auguste,
que fait vraisemblablement allusion le Nouveau Testament, comme par exemple, dans Luc
avec la Parabole des Pièces dʹor :
Évangile selon Luc : 19 : 12‐15‐27 :
Un homme de Noble Famille se rendit dans un Pays éloigné pour sʹy faire
déclarer Roi... Il fut nommé Roi et revint dans son Pays...
Il fit appeler ses serviteurs (et leur dit :)...
‐ Quant à mes ennemis, qui ne voulaient pas que je sois leur Roi, amenez‐les ici,
et tuez‐les devant moi !
La cruauté, et, probablement, lʹimpéritie, dʹArchelaüs font quʹaprès dix ans de son règne, les
Judéens sʹunissent avec leurs frères ennemis, les Samaritains, pour demander à Auguste de
les délivrer du gouvernement de ce nouveau Tyran.
Cette demande va, vraisemblablement, tout à fait dans les vues dʹAuguste, car, en 6 EC,
lʹEmpereur déchoit Archelaüs, et lʹenvoie en exil à Vienne en Gaule.
La Judée, la Samarie et lʹIdumée deviennent, ainsi, la Province Romaine de Judée, et
Jérusalem se trouve, désormais, directement gouvernée par un Préfet ou Procurateur
Romain, et supervisée par lʹAutorité Militaire du Légat de Syrie.
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28/ La Judée placée directement
sous la Tutelle Romaine
en 6 EC
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‐1‐ En fait, en réclamant la destitution dʹArchelaus, les Juifs avaient espéré la
création dʹune Théocratie, qui serait dirigée par un Grand‐Prêtre, et qui aurait été placée
sous la protection militaire des Romains.
Or, les Juifs vont constater quʹils sont, désormais, directement gouvernés par les Romains
dont le Siège Administratif et le Commandement Militaire se sont installés à Césarée, la Ville
Gréco‐Romaine, créée par Hérode et devenue très cosmopolite :
Comme dans la plupart des Ports de la région, y cohabitent Romains, Gréco‐Romains,
Syriens, Phéniciens, Païens dʹorigines diverses, Samaritains et Juifs.
Et lʹensemble de cette nouvelle Juridiction dont Césarée est le Chef‐Lieu, dépend du Légat
Romain de Syrie, installé à Damas.
A Jérusalem, lʹancien Palais dʹHérode est réservé au Procurateur Romain lorsquʹil vient dans
la Capitale Religieuse des Juifs.
La Citadelle Antonia, qui surplombe directement le Temple, est occupée par une Garnison,
composée de Militaires Romains et surtout dʹAuxiliaires dont une partie est issue de
lʹancienne armée des Mercenaires Païens dʹHérode.
Leurs détachements en uniforme, ostensiblement et avec un certain mépris, surveillent du
haut des marches descendant aux Portiques, toutes les allées et venues dans le Temple.
Mais il y a pire aux yeux des Juifs, dont, en particulier :
‐ Les Vêtements Sacrés du Grand‐Prêtre qui, depuis les Rois Hasmonéens étaient gardés
dans la Citadelle du Temple, devenue Antonia sous Hérode, sont désormais sous la garde
des Romains Païens, ce qui constitue, par essence, une profanation permanente.
Et, en quelque sorte, la transgression, par Hérode le Grand et par son successeur, à une
Règle fondamentale concernant le caractère Sacré des vêtements du Grand‐Prêtre, Règle qui
se déduit, par exemple, dans le Talmud, au Traité Yoma: 69a, et au Traité Niddah : 34a, se
transforme, avec les Romains, en une agression permanente des Païens contre la Religion des
Juifs :
‐ Enfin, le Grand‐Prêtre quʹHérode sʹétait arrogé le droit de désigner à volonté, est,
désormais, nommé directement par les Autorités Romaines !
Il sʹensuit une collaboration pragmatique entre la Classe Sacerdotale, Sadducéenne, et le
Pouvoir Romain, ou, plutôt, une soumission docile de la Classe Sacerdotale au Pouvoir
Romain, qui relaie, en quelque sorte, celle qui avait été imposée par le Pouvoir tyrannique
dʹHérode.
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Cette collaboration forcée entre un Pouvoir Païen et la Classe Sacerdotale suscite la
réprobation populaire, et développe, davantage encore, le mépris quʹéprouvent les
Pharisiens pour les Sadducéens, et ce, même si, de fait, la plupart des Pharisiens modérés
étaient, alors, également, en faveur dʹune telle cohabitation pacifique avec la Puissance
Romaine, par réalisme politique et afin de préserver un modus vivendi, à peu près viable
pour la Population.
La Littérature Rabbinique, prompte à déconsidérer les Sadducéens, fait état de la
réprobation indignée des Pharisiens, visant, spécifiquement, les Grands‐Prêtres, Boéthusiens
et Sadducéens, qui furent successivement confirmés ou nommés par le Légat Romain, à cette
époque :
Talmud de Babylone : Ordre Moed : Traité Pesahim : 57a :
Malheur sur moi à cause de la maison de Boethus ! Malheur sur moi à cause de
leurs esclaves ! Malheur sur moi à cause de la maison dʹAnan ! (Autre famille de
Grands‐Prêtres) Malheur sur moi à cause de leurs discours corrompus !
‐2‐ En dehors de la profanation Religieuse, devenue, ainsi, quasiment structurelle,
lʹune des autres raisons de la colère couvée par les Juifs était que, dorénavant, des impôts
plus lourds devaient être payés directement aux Romains.
Et le fait quʹune grande partie de ces impôts allait servir à financer, directement, des Édifices
Païens, des Jeux Païens, des Cultes Païens, nʹétait pas fait pour calmer les esprits.
Dʹautant que lʹune des premières mesures, ordonnées par Auguste, avait été la mise en
oeuvre dʹun recensement minutieux, à des fins fiscales, de toutes les personnes et de toutes
les ressources de cette nouvelle Province Romaine.
En effet, avec son esprit méthodique de grand Administrateur, quasi‐maniaque, Auguste
voulait contrôler, dans les moindres détails, lʹAdministration de tout son Empire.
Tacite fournit un exemple de cette minutie dans lʹAdministration dʹAuguste, lorsquʹil relate
lʹavènement du successeur dʹAuguste, le fils de sa seconde femme, Livia, que celle‐ci avait eu
dʹun mariage précédent, et quʹAuguste avait adopté : Tibère.
Au début du règne de Tibère, on lit au Sénat un Mémoire dʹAuguste :
Tacite : Annales : I : 11 :
(Ce Mémoire) contenait lʹinventaire de toutes les ressources de lʹEmpire, le
nombre de Citoyens et des Alliés sous les armes, celui des Flottes, des
Royaumes, des Provinces, lʹétat des Impôts et des Taxes, des Dépenses fixes et
des Libéralités. Tous ces détails, Auguste les avait écrits de sa propre main.
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Le Recensement général de la nouvelle Province Romaine de Judée, ordonné par Auguste,
est conduit par le nouveau Légat de Syrie, Quirinus.
‐3‐ Ce Régime Romain imposé à la Judée, entraîne un mécontentement général que
divers groupes rebelles vont tenter dʹexploiter.
Les rebellions Juives de tous genres, contre le nouvel Ordre Romain, vont constituer les
germes Idéologiques de la série de Révoltes, qui finiront par aboutir, en 66 EC, à une
confrontation armée, généralisée : ʺla Guerre des Juifs contre les Romainsʺ.
Flavius Josèphe : Antiquités Judaïques : 18 : 1 :
Les Juifs ne voulaient pas se soumettre à ce Recensement (ordonné par
Auguste) ; mais Joazar, le Grand‐Prêtre, fils de Boéthos, parvint à les persuader
de ne pas sʹentêter à sʹy opposer.
Cependant, quelques temps après, Judas (le Galiléen) qui était Golanite et de la
ville de Gamala, assisté dʹun Pharisien, appelé Sadoc (et disciple de lʹÉcole de
Shammaï) incita le Peuple à se soulever, en lui déclarant que le Recensement
nʹétait quʹun moyen de réduire le Peuple Juif en servitude.
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : 2 : 8 : 1 :
Judas excita les Juifs à la révolte en leur faisant honte dʹaccepter de payer tribut
aux Romains et de tolérer dʹêtre soumis, en dehors de Dieu, à des Maîtres
mortels.
Flavius Josèphe : Antiquités Judaïques : 18 : 1 :
Le Peuple fut si enflammé par ces discours quʹil se révolta aussitôt. Il est
incroyable de constater les troubles que ces deux hommes (Judas et Sadoc)
excitèrent de tous côtés. Ce nʹétait que meurtres et que brigandages : On pillait,
indifféremment, amis et ennemis, sous prétexte de défendre la Liberté Publique;
on tuait, par avidité de sʹenrichir, les personnes de la plus grande condition.
La rage de ces séditieux sʹenfla jusquʹà un tel excès de fureur quʹune grande
famine qui sʹensuivit ne les empêcha pas de forcer les Villes et de répandre le
sang des gens de leur propre Nation. Et lʹon vit même le feu de cette cruelle
guerre civile aller ravager de ses flammes jusque dans le Temple de Dieu, tant
cʹest une chose dangereuse que de vouloir renverser les Lois et Coutumes de
son Pays.
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La vanité quʹeurent Judas et Sadoc dʹétablir, ainsi, une quatrième Secte, et
dʹattirer à eux, tous ceux qui recherchaient la nouveauté, fut la cause de grandes
souffrances. Ce mouvement ne mit pas seulement en péril la Judée mais,
surtout, il jeta les semences de tous les maux dont elle allait être affligée par la
suite.
Après avoir ainsi présenté cette nouvelle quatrième Secte Juive, Flavius Josèphe rappelle, sur
le plan Idéologique, en quoi consistaient antérieurement les trois principales Sectes Juives :
Flavius Josèphe : Antiquités Judaïques : 18 : 2 :
Ceux qui, parmi les Juifs, faisaient particulièrement profession de la Sagesse
Religieuse étaient, depuis plusieurs siècles, divisés en trois Sectes principales:
les Ésséniens, les Sadducéens et les Pharisiens....
Après avoir présenté les Pharisiens et les Sadducéens, Flavius Josèphe présente les
Ésséniens, puis, de nouveau, cette quatrième Secte activiste, qui vient de se créer, avec Judas
le Galiléen et Sadoc le Pharisien :
Dans ses explications, Flavius Josèphe, applique lʹune de ses méthodes dʹhistorien :
Flavius Josephe prend constamment soin de prendre, globalement, le parti des Maîtres
Romains, afin de satisfaire ses lecteurs de la Cour Impériale de Rome.
Mais, dans le même temps, Flavius Josephe, veille, toujours, à ne pas laisser dans lʹombre
certaines vérités, même lorsque celles‐ci sont susceptibles de déranger ces mêmes Autorités
Romaines.
Cʹest ainsi que Flavius Josephe présente des aspects louables de cette quatrième Secte,
constituée de Résistants à lʹoccupation Romaine, même si lʹHistorien ne partage pas les
opinions de cette quatrième Philosophie, qui était, en réalité, lʹhéritière directe des rêves
dʹindépendance des Macchabées :
Flavius Josèphe : Antiquités Judaïques : 18 : 2 :
Les Ésséniens, qui forment la troisième Secte, attribuent toutes choses et sʹen
remettent en tous points, sans exception, à la seule Providence de Dieu. Ils
croient les âmes immortelles, estiment que lʹon doit travailler de tout son
pouvoir pour pratiquer la Justice, et ils se contentent dʹenvoyer des Offrandes
au Temple sans y aller cependant faire des Sacrifices, car ils en offrent des
particuliers avec des Cérémonies encore plus grandes.
Leurs moeurs sont irréprochables et leur seule occupation consiste à cultiver la
terre. Leur vertu est si admirable quʹelle surpasse de beaucoup celle de tous les
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Grecs et des autres Nations, parce quʹils en font toute leur étude et sʹy
appliquent continuellement. Ils mettent tous leurs biens en commun, sans que
des riches y aient plus de parts que des pauvres, et leur nombre est de plus de
quatre mille. Ils nʹont ni femmes ni serviteurs, parce quʹils sont persuadés que
les femmes ne favorisent pas une vie paisible. Et pour ce qui concerne les
serviteurs, ils estiment que cʹest offenser la Nature qui a fait tous les hommes
égaux que de vouloir se les assujettir ; ils se rendent service les uns les autres, et
ils choisissent des gens de bien parmi les Familles Sacerdotales, à qui ils
remettent tout ce quʹils recueillent afin quʹils en assurent la distribution pour le
Bien de tous...
Judas, dont nous venons de parler, créa la quatrième Secte. Elle sʹaccorde en
toutes choses avec la Secte des Pharisiens, excepté que ceux qui en font partie
soutiennent quʹil nʹy a que Dieu seul que lʹon doive reconnaître pour Seigneur
et Roi ; et ils ont un si ardent amour pour la Liberté quʹil nʹy a point de
tourments quʹils ne sont prêts à affronter, ou à faire affronter par ceux qui leur
sont les plus chers, plutôt que dʹaccepter de donner, à quelque homme que ce
soit, le nom de Seigneur ou de Maître.
Sur quoi je ne mʹétendrai pas davantage parce que cʹest une chose connue de
tant de personnes quʹau lieu de craindre que lʹon nʹajoute pas foi à ce que jʹen
dis, je crains de ne pouvoir exprimer jusquʹà quel point peut aller leur
incroyable courage et leur total mépris de la douleur.
Et cette invincible fermeté dʹâme sʹest encore accrue par la manière si
outrageante dont Gessius Florus, Gouverneur de Judée, a traité notre Nation
pour, finalement, la porter à se révolter toute entière contre les Romains.
‐4‐ Auguste meurt en 14 EC, et Tibère, son fils adoptif, lui succède.
Cʹest sous le règne de Tibère, Séjan étant Préfet du Prétoire, quʹeut lieu la seconde Expulsion
des Juifs de Rome.
La première Expulsion des Juifs, connue, avait eu lieu à Rome en 139 av. EC.
Cet événement a été relaté, au début du 1er siècle EC, par Valerius Maximus, compilateur en
latin dʹune collection dʹanecdotes, intitulée Faits et Mots Mémorables, destinés à servir pour
étoffer des discours dʹOrateurs.
Cette Oeuvre a été préservée sous forme dʹEpitomés (résumés) par Julius Paris et Januarius
Nepotianus, au 4ème siècle EC.
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Valerius Maximus : Épitomé par Julius Paris : Faits et Mots Mémorables : 10 : 9 :
Cnaeus Cornelius Hispalus, Praetor Peregrinus, (Magistrat Romain chargé de
régler les réclamations des Citoyens Romains contre les non‐Citoyens) en
lʹannée du Consulat de Publius Popilius Laenas et de Lucius Culpurnius,
ordonna, par Édit, aux Astrologues de quitter Rome et lʹItalie dans les dix jours,
pour la raison quʹen interprétant dʹune façon fallacieuse les étoiles, ils
perturbaient les esprits faibles ou stupides, faisant par là des profits, grâce à
leurs mensonges.
Le même Praetor (en 139 av. EC) expulsa les Juifs, qui essayaient dʹinfecter les
coutumes Romaines avec le Culte de Jupiter Sabazius (mot confondant
Dionysos et Sabbath ?) et les renvoya dans leur Contrée.
La seconde Expulsion connue des Juifs de Rome a donc lieu, en 19 EC, sous Tibère, et elle fut
diligentée par Séjan, Préfet du Prétoire.
Cette Expulsion est relatée, entre autres, par Tacite, Dion Cassius, Suétone, Philon
dʹAlexandrie, Flavius Josèphe, et également, dʹune façon allusive, par Sénéque le Jeune.
Dans les Textes des Historiens Païens, qui relatent cette Expulsion collective des Juifs, on
retrouve tous les composants du Paradigme Antique, concernant la nécessaire élimination
de la dangereuse Spécificité Juive :
Suétone : Vie des douze Césars : Tibère : 36 :
Tibère abolit les Cultes étrangers, en particulier les Rites Égyptiens et Juifs.
Il obligea tous ceux qui sʹadonnaient à ces superstitions de brûler leurs
vêtements et tous les objets qui servaient à leur Culte.
Pour ce qui concerne les Juifs qui étaient en âge de la conscription, il les fit
envoyer dans des Provinces les plus malsaines, afin quʹils y soient enrôlés de
force dans lʹArmée. Les autres, appartenant à la même race ou pratiquant les
mêmes convictions, Tibère les bannit de la Cité de Rome, sous peine dʹesclavage
à vie (cʹest à dire quʹils ne pourraient plus jamais être affranchis) sʹils
nʹobéissaient pas.
Dion Cassius : Histoire Romaine : 57 : 18 : 5a : (préservée par Jean dʹAntioche) :
Comme les Juifs affluaient en grand nombre vers Rome, et quʹils convertissaient
beaucoup de Romains, Tibère expulsa la plupart dʹentre eux.
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‐5‐ Tous les Textes des Auteurs Païens, ainsi que celui de Flavius Josèphe,
concernant cette Expulsion des Juifs de Rome, semblent impliquer une vague de
Prosélytisme Juif grandissant, qui, partant des couches défavorisées de la Population
Romaine, gagnait les classes élevées, en les convertissant également au Judaïsme.
LʹIdéologie Juive apparaissait, ainsi, comme une menace de plus en plus nocive, et
destructrice à long terme, de lʹIdéologie Païenne, des Institutions et des Moeurs Romaines :
En effet, cette Religion Monothéiste niait farouchement le Culte des Dieux Païens et celui de
lʹEmpereur Divin.
Pour ce qui concerne les classes défavorisées, les raisons du succès de ce Prosélytisme Juif
furent de plusieurs ordres :
Grâce à lʹaction de la Dynastie Hérodienne, les Juifs dans leur ensemble sʹétaient vus
progressivement accordés par César dʹabord, et confirmés par Auguste ensuite, des
privilèges qui reconnaissaient leur spécificité Religieuse, et qui leur permettaient de
pratiquer leur Culte librement, avec de nombreux avantages en découlant :
‐A‐/ Les Juifs avaient droit au repos hebdomadaire du Sabbath, et ils pouvaient respecter en
toutes occasions leurs interdits alimentaires. Cette reconnaissance leur permettait, entre
autres, dʹêtre dispensés de la Conscription Militaire, chaque fois que celle‐ci pouvait sʹavérer
obligatoire pour tous les hommes aptes à servir.
‐B‐/ Les Juifs avaient le droit de réunion spécifique, qui était interdit à toute autre
Collectivité dans lʹEmpire Romain, afin de leur permettre de pratiquer librement leur Culte.
Cette dérogation exceptionnelle impliquait, de plus, une organisation interne de leur
Communauté permettant dʹexercer une Juridiction propre, conforme à leurs Lois
Religieuses, et leur assurant, par là‐même, une grande cohésion et une certaine
indépendance.
‐C‐/ Cette Cohésion interne était renforcée, sur le plan international, par le fait quʹils étaient
autorisés, également à titre dérogatoire, de tranférer chaque année vers Jérusalem, la collecte
de la Dîme dʹun montant de didrachme (un demi‐shekel) que tout Juif devait verser chaque
année au Temple.
Cette collecte et ce convoyage permanent de fonds tissaient, évidemment, une sorte de
réseau bancaire, extrêmement efficace, dont lʹinfrastructure permanente, facilitait des
développements économiques performants.
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‐D‐/ Par ailleurs, la conversion à la pratique de leur Religion, pouvait, souvent, constituer
un progrès social, par rapport aux structures de lʹépoque.
En effet, et en particulier, la Société Antique était basée essentiellement, au plan économique
et social, sur le Principe essentiel de lʹEsclavage. Or, la pratique de lʹEsclavage, dans le milieu
Juif, était, dʹune façon générale, beaucoup plus humaine et libérale que dans le milieu Païen.
Cela tenait, dʹune part, aux Prescriptions de la Torah (Pentateuque) sʹappliquant,
spécifiquement, aux Esclaves Juifs, et, dʹautre part, au mode de vie de la Collectivité Juive.
Ce mode de vie, par exemple, avec le repos obligatoire du Sabbath, offrait une journée de
repos par semaine aux esclaves, qui, généralement, chez les Païens, étaient taillables et
corvéables à merci, jour et nuit, et sept jours sur sept. Par ailleurs, les Juifs observaient
également le repos, lors des grandes Fêtes prescrites par la Torah.
En outre, lʹEsclave Païen, chez les Juifs, sʹil se convertissait au Judaïsme, devait, selon la
Torah, être affranchi après sept années dʹesclavage, ou lors de chaque Jubilé (7 x 7= 49), cʹest à
dire tous les 50 ans. Aussi, le plus souvent, lʹesclave dʹune famille Juive aisée, ou artisanale,
ou dʹune petite exploitation agricole, se convertissait au Judaïsme, dʹautant quʹil ne pouvait
pas pénétrer, autrement, dans le cercle familial privilégié, où les prescriptions mosaïques
devaient être rigoureusement respectées.
Par ailleurs, lʹEsclave chez les Juifs ne devait pas être brutalisé sous peine dʹune réparation,
consistant en sa mise en liberté, et, parfois même, sous peine dʹune punition que son Maître
pouvait encourir ; alors que, généralement, chez les Païens, le Maître pouvait, le plus
souvent impunément, brutaliser, voire mutiler, ou tuer, son esclave à sa guise.
‐E‐/ Et, finalement, pour ce qui concerne les Juifs, réduits en esclavage ou capturés par des
Païens, la Communauté Juive toute entière avait lʹobligation de les racheter, dès que
possible, ce qui explique, entre autres, la rapidité avec laquelle les Juifs, emmenés en
esclavage à Rome, ou dans toute autre Ville de lʹEmpire Romain, étaient, généralement,
affranchis.
Quelques Textes de la Torah indiquent les bases Idéologiques, qui fondèrent ces avantages
sociaux Juifs, appréciables aux yeux des Païens des Classes inférieures, de lʹAntiquité :
Exode : 23 : 12 :
Vous avez six jours dans la semaine pour accomplir votre ouvrage, mais le
septième jour vous cesserez toute activité afin que vos boeufs et vos ânes
puissent se reposer et que les esclaves et les étrangers puissent reprendre
haleine.
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Deutéronome : 15 : 12‐15 :
Si lʹun de vos compatriotes Hébreux, homme ou femme, vous est vendu comme
esclave, il vous servira pendant six ans.
La septième année vous lui rendrez sa liberté. Mais vous ne le laisserez pas
partir les mains vides : Vous lui donnerez de tout ce que le Seigneur, votre
Dieu, vous aura généreusement accordé, moutons et chèvres, blé et vin.
Souvenez‐vous que vous avez été esclaves en Égypte, et que lʹÉternel vous a
libérés. Cʹest pour cela que Je vous donne ce Commandement aujourdʹhui.
Exode : 21 : 26‐27 :
Si un homme frappe son serviteur ou sa servante et lui crève un oeil, il
accordera la liberté à sa victime en compensation de son oeil. Sʹil lui casse une
dent il lui accordera de même la liberté en compensation de sa dent. (Dérivation
de la Loi du Talion)
Deutéronome : 23 : 16‐17 :
Si un esclave sʹenfuit de chez son maître et cherche refuge dans votre Pays, vous
ne le ramènerez pas à son Maître. Il doit pouvoir sʹinstaller parmi vous, à
lʹendroit quʹil désire, dans la Ville qui lui convient. Vous ne lʹexploiterez pas.
Les Rabbins, Docteurs de la Loi, ont constamment légiféré à partir, entre autres, de ces Bases
Scripturaires Sacrées, pour adapter lʹEsprit fondateur de la Torah à lʹévolution économique et
sociale de lʹesclavage.
Les Halakhot (Lois‐décrets de la Littérature Rabbinique) sur ce sujet sont extrêmement
nombreuses :
Pour ce qui concerne, par exemple, tout particulièrement les Esclaves Juifs, emmenés à
Rome, que la Communauté Juive devait racheter à leurs Propriétaires, une Halakha spécifiait
que, au cas où, pour des raisons uniquement économiques, un Juif se serait, lui‐même,
vendu à un Païen, ce Juif ne serait pas racheté, mais que, par contre, ses fils le seraient.
Mishnah : Ordre Nachim : Traité Gittin : IV : 8 :
Si un Juif se vend lui‐même et ses fils comme esclaves à un Païen, on ne le
rachètera pas, mais on rachètera ses fils après la mort du père.
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‐6‐ Le Prosélytisme Juif avait gagné, également, certaines couches de la Population
Romaine aisée.
Les raisons en étaient multiples, dont entre autres :
‐ LʹAntiquité de leur Religion, la Morale exigeante des Juifs, et leur Entraide structurelle,
séduisaient quelques Personnes cultivées, qui étaient en quête dʹune Éthique plus
valorisante que celle qui se manifestait, alors, par un laissez‐aller sexuel, une goinfrerie, et
parfois une cruauté, assez en vogue, dans certaines Classes aisées Païennes.
‐ Des femmes, en particulier, voyaient dans le modèle Juif, des vertus de vie domestique
quʹelles ne trouvaient pas, forcément, dans les moeurs Romaines qui, avec la prospérité de
lʹEmpire, tendaient à devenir de plus en plus dissolues.
‐ Dʹautre part, le Monothéisme idéal fascinait certains esprits, assoiffés dʹascèse, et à la
recherche dʹune nouvelle compréhension métaphysique de la Vie.
‐7‐ Or, ce Prosélytisme Juif, plutôt passif, et qui préfigurait, modestement, le
Prosélytisme Chrétien qui sera très dynamique, inquiétait, déjà, les Dirigeants Romains :
Ceux‐ci y discernaient une agression pernicieuse, et finalement redoutable, contre lʹOrdre
Romain établi, et contre le Culte des Dieux Païens, ainsi que contre le Culte de lʹEmpereur
Divin, qui constituaient les Fondations Idéologiques de lʹEmpire.
Par ailleurs, lʹhostilité et le mépris de lʹensemble des couches populaires Païennes se faisaient
souvent jour, à lʹencontre des Juifs, dans tout lʹEmpire Romain.
Une véritable Judéophobie latente sʹy manifestait, faite, à la fois, de mépris pour des moeurs
et des rites, considérés comme attardés, de jalousie pour les quelques privilèges dont
jouissaient les Juifs, et de haine pour leur spécificité, et pour ce qui apparaissait, de la part
des Juifs, comme une morgue distanciatrice et dédaigneuse.
Et cette Judéophobie populaire, à fleur de peau, était toujours à la merci du moindre
incident, qui pouvait prendre, alors, une tournure dramatique et sanglante, de grande
ampleur.
‐8‐ Cʹest ainsi, dans cette perspective particulière, que Rome connut, sous Tibère,
lʹune des Expulsions collectives de Juifs, selon le Paradigme courant des calamités de
lʹHistoire de la Nation Juive.
Si lʹon examine le contexte dans lequel Tacite et Suétone, entre autres ont relaté cette
Expulsion des Juifs en 19 EC, on constate, dʹune part, que la Question Juive à Rome était,
alors, une question tout à fait mineure parmi une liste considérable de nuisances auxquelles
lʹEmpereur porte remède, et dʹautre part, que la Population Païenne (et les Historiens Païens)
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considérèrent cette Expulsion comme lʹune des actions, positives et bénéfiques, du début du
règne de Tibère.
Le paragraphe 33, dans Suétone, qui introduit la liste des Actes qui furent approuvées par la
Population Romaine, et dont va faire partie lʹExpulsion des Juifs, relatée dans le paragraphe
36 (cité supra) commence de la façon suivante :
Suétone : Vie des douze Césars : Tibère : 33 :
Tibère entra peu à peu dans lʹexercice de la Souveraineté, quoique avec un
esprit de conduite fort variable, mais, en général, par des Actes qui contentaient
tout le monde, et avec de grandes dispositions au Bien Public.
(Suit une liste de ces Décisions bénéfiques, dont lʹExpulsion des Juifs de Rome).
On trouve chez Tacite la même relation des faits, et lʹExpulsion des Juifs de Rome est
présentée, là aussi, comme lʹune des actions bénéfiques de Tibère, au début de son Règne,
avant quʹil ne devienne le monstrueux Tyran, cruel et hypocrite, quʹil se révélera par la suite.
Et chez Tacite, également, cette Expulsion des Juifs sʹinsère dans une liste composite et
diversifiée, qui permet de mesurer à quel point la Question Juive présentait, alors, assez peu
dʹimportance aux yeux des Romains.
Ce Texte de Tacite permet, également, de rendre compte de lʹapprobation consensuelle, qui
sʹétait immédiatement établie, quant à la salutaire Élimination des Juifs de Rome, parmi de
nombreuses et diverses mesures, qui étaient devenues nécessaires, pour remettre de lʹOrdre
dans Rome :
Tacite : Annales : 2 : 85‐86 :
La même année, le Sénat, par de sévères Décrets, réprima la licence des femmes,
et il fut interdit de se prostituer à celles qui auraient eu pour grand‐père, pour
père ou pour mari, un Chevalier Romain. Vistilia, en effet, issue dʹune famille
de rang Prétorien, avait fait devant les Édiles une déclaration de prostitution,
selon la coutume habituelle au temps de nos Ancêtres qui estimaient que les
femmes dévergondées étaient assez punies par cet aveu public.
Dʹautre part on demanda officiellement à Tibidius Labeo, le mari de Vistilia
pourquoi il nʹavait pas sanctionné, comme le veut la Loi, une épouse
manifestement coupable. Et comme il prétextait quʹun délai de soixante jours
était accordé pour instruire le procès et que ce délai nʹétait pas encore écoulé, on
jugea suffisant de décider du sort de Vistilia et elle fut reléguée dans lʹîle de
Seripho.
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On délibéra aussi pour savoir sʹil fallait éliminer les Cultes Égyptiens et Juifs, et
un Édit Sénatorial ordonna que quatre mille hommes dʹorigine servile et
affranchis, adeptes de cette Superstition, et aptes à la conscription, soient
envoyés en Sardaigne, et enrôlés sur place, en vue dʹy réprimer le brigandage ;
et sʹils devaient y succomber au climat pestilentiel, ce ne serait pas une grande
perte. Les autres reçurent lʹordre de quitter lʹItalie, à moins quʹils renoncent à
leur Culte impie avant une date fixée.
Après quoi, César (Tibère) exposa quʹil y avait lieu de consacrer une Vierge
Vestale pour remplacer Occia, qui avait présidé pendant cinquante sept ans,
avec une totale pureté aux Cérémonies de Vesta ; et il remercia Fonteiius
Agrippa et Domitius Pollion qui, en offrant leur fille pour cette fonction,
rivalisaient de zèle pour lʹÉtat...
‐9‐ Philon dʹAlexandrie (15 av. EC‐ 40 EC) présente une toute autre version de
lʹExpulsion des Juifs de Rome, en attribuant, de façon optimiste, au seul Séjan, la politique
antisémite menée par Rome.
Selon Philon dʹAlexandrie, ces persécutions menées contre les Juifs seraient toutes dues à la
vindicte du seul Séjan, qui était alors le tout puissant Conseiller de Tibère et le Chef de sa
Garde Prétorienne ;
Or, ce Préfet du Prétoire nourrissant une haine implacable à lʹencontre des Juifs.
Et cette même animosité à lʹencontre des Juifs allait, également, inspirer lʹaction de Ponce‐
Pilate à Jérusalem, car Ponce‐Pilate était un protégé de Séjan.
Nous trouvons cette accusation de Philon à lʹencontre du seul Séjan, en particulier dans un
Plaidoyer, à lʹoccasion de lʹAmbassade dont fit partie Philon, lorsquʹil se rendit à Rome pour
tenter de défendre auprès de Caligula, les droits de la Collectivité Juive dʹAlexandrie qui
avait subi un véritable pogrome lors de lʹavènement du nouvel Empereur succédant à
Tibère.
Philon dʹAlexandrie : Legatio ad Caium (LʹAmbassade à Caligula) : 159 160 :
En tout cas, partout, les gens, même lorsquʹils nʹétaient pas bien disposés envers
les Juifs, se gardaient bien de sʹengager dans une affaire susceptible de détruire
lʹune quelconque des Lois Juives.
Sous Tibère, aussi, les choses se passèrent de même, malgré lʹagitation qui se
produisit en Italie, pendant la période où Séjan machinait la persécution des
Juifs.
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Tibère reconnut, et cela tout de suite après la mort de Séjan, que les accusations
portées contre les Juifs qui habitaient Rome étaient des calomnies mensongères
inventées par Séjan, qui voulait exterminer cette race, parce quʹil savait quʹelle
serait la seule, ou la plus décidée, à sʹopposer à ses criminelles intrigues et à ses
manoeuvres, le jour où une trahison menacerait la vie de lʹEmpereur.
Outre quʹelle contredit, dans son ensemble, les récits des Historiens Romains, il sʹagit là
dʹune déclaration de circonstance, les Juifs nʹayant jamais eu, tout au long de lʹHistoire
Romaine, la moindre possibilité, ou opportunité, de pouvoir sʹopposer à lʹélimination dʹun
Empereur.
En réalité, Séjan, dans ce domaine particulier de lʹexpulsion des Juifs de Rome, en 19 EC, ne
fit que mettre en oeuvre une politique qui recueillait lʹaccord, implicite ou explicite, de
Tibère.
Aussi, les efforts de Philon dʹAlexandrie pour disculper Tibère, sur ce sujet, apparaissent
plutôt comme des argumentaires de politique circonstancielle et dʹaccommodement.
‐10‐ Philon dʹAlexandrie (15 av. EC‐ 40 EC) était un membre éminent dʹune des
familles Juives, les plus riches dʹAlexandrie, et cette condition, associée à la réputation
grandissante de son Oeuvre écrite en Grec, en faisait un Ambassadeur tout désigné pour la
grande Communauté Juive dʹAlexandrie, lorsquʹil fallait solliciter à Rome, lʹArbitrage ou le
Jugement de lʹEmpereur, concernant les sanglants conflits qui opposaient, à Alexandrie, la
Communauté Juive dʹune part, et les communautés Grecques et Égyptiennes, dʹautre part.
Mais les Oeuvres de Philon dʹAlexandrie, comme celle de Flavius Josèphe, répondaient à
certains critères, sans lesquelles elles ne pouvaient obtenir lʹaccord de la Censure impériale,
et par voie de conséquence, une diffusion normale dans le monde Romain.
Et lʹun de ces critères incontournables, pour Philon dʹAlexandrie comme pour Flavius
Josèphe, permettant dʹobtenir lʹaccord de cette Censure, tout en défendant, néanmoins, la
Spécificité Juive, était dʹavancer, invariablement, que les actions Romaines, néfastes aux
Juifs, devaient être attribuées à des subordonnés cupides, cruels, machiavéliques et tombés
en disgrâce, tandis que les Empereurs Romains, à lʹexception de ceux dont il était
communément admis quʹils avaient perdu leurs esprits, étaient toujours crédités dʹune
Politique intelligente, tolérante, et respectueuse de la Spécificité Juive.
En fait, l’authenticité historique était différente et plus complexe :
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En particulier, pour ce qui concerne lʹEmpereur Tibère et son Chef de la Garde Prétorienne,
Séjan, ces deux Personnages rivalisaient de machiavélisme, dʹhypocrisie et de cruauté.
Pour ce qui concerne Tibère, le Précepteur de Tibère enfant avait dit du futur Empereur,
selon Suétone, que ʺcʹétait de la boue détrempée dans du sangʺ.
Et il semble assez évident que, jamais, Séjan ne se serait risqué à entreprendre une
quelconque action dʹenvergure, dont il nʹaurait pensé quʹelle allait dans le sens des désirs
profonds et des vues à long terme de son Souverain.
En réalité, lʹantisémitisme particulier de Séjan était lʹantisémitisme habituel de tout Militaire
Romain, qui révérait, avant toute chose, lʹAigle Impériale et lʹImage de lʹEmpereur Divin,
alors que les Juifs refusaient obstinément de les révérer, et tenaient même ce Culte comme
sacrilège.
Séjan, de surcroît, voulait secrètement devenir, lui‐même, Empereur et succéder à Tibère.
Et dans cette perspective, tout comme dans lʹesprit de Tibère, le refus des Juifs de
reconnaître le caractère Divin de tout Empereur Païen, en faisaient, par nature, des ennemis,
dangereux pour la cohésion Romaine, ennemis porteurs dʹune Idéologie menaçante quʹil
valait mieux éliminer, à la première occasion.
Et ce, dʹautant que Séjan était lui‐même, particulièrement friand de toutes les
reconnaissances du Culte impérial, qui lui apparaissaient comme autant de nécessaires
degrés qui lui permettraient dʹaccéder, lui‐même, au Pouvoir et au Trône, quʹil ambitionnait
secrètement :
Tacite : Annales : 4 : 2 : 3 ; 4 : 3 : 1 :
Et Séjan ne se privait pas de faire sa cour aux Sénateurs en obtenant pour ses
clients des Magistratures et des Provinces (comme la Judée pour Ponce‐Pilate).
Tibère, se montrait indulgent et bien disposé pour lui, au point de proclamer au
cours de conversations, et devant les Sénateurs et le Peuple, quʹil était le
compagnon de ses travaux, et de permettre que lʹon honorât (comme pour le
Culte des Empereurs) les Statues de Sejan dans les Théâtres, et sur les différents
Forums, ainsi que dans les quartiers généraux des Légions.
Mais le fait que la Maison Impériale fut pleine de Césars (héritiers possibles au
Trône) quʹil y eut un fils (de Tibère) dans la force de lʹâge, des petits‐fils
adolescents, retardait la réalisation des désirs de Séjan, et, parce quʹil eut été
trop dangereux de supprimer, à la fois, tant de gens, la ruse lui imposait de
mettre des intervalles entre les crimes quʹil projetait.
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Suétone : Vie des douze Césars : Tibère :
Quand Tibère résolut de perdre Séjan, qui conspirait contre lui, et dont la
Puissance sʹétait si bien affermie que le Jour de sa Naissance était célébré
publiquement, et quʹon révérait, comme celles des Dieux, ses Statues dorées,
Tibère employa lʹintrigue et la ruse plutôt que lʹautorité du Pouvoir.
Et Sejan sera, alors, impitoyablement éliminé par Tibère.
‐11‐ Pour ce qui concernait lʹAdministration des Provinces, placées sous Juridiction
Romaine, Tibère avait un principe qui consistait à laisser en place les Gouverneurs et Préfets,
aussi longtemps que possible.
Ce Principe de gouvernement va assurer la pérennité du Procurateur Romain, nommé, sous
Tibère, par Séjan pour la Judée : Ponce Pilate.
Flavius Josèphe illustre ce Principe de Tibère, selon lequel il valait mieux ne pas changer
souvent de Gouverneur, en rapportant un dire de Tibère, qui comparait les Gouverneurs
Romains à des mouches suçant le sang des Peuples dont ils ont la charge :
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 18 : 6 :
ʺLes richesses des Provinces ne suffiraient pas pour contenter lʹavidité des
Gouverneurs, si lʹon en changeait souvent.ʺ
Et pour preuve de ce que Tibère disait ainsi, il se servait de cette comparaison :
‐ Un homme ayant été blessé de plusieurs coups, une grande quantité de
mouches se précipitèrent pour sucer ses plaies ; un passant qui le vit dans cet
état eut dʹautant plus pitié de lui quʹil pensait que le blessé ne devait plus avoir
assez de force pour chasser les mouches. Aussi il lui proposa de les chasser.
Mais le blessé le pria de nʹen rien faire. Et comme le passant lui en demandait la
raison, le blessé répondit : ʺComme toutes ces mouches que vous voyez sont
déjà rassasiées de mon sang, elles commencent à me faire moins de mal ; par
contre, si vous les chassiez, il en viendrait aussitôt dʹautres qui, étant encore
affamées et me trouvant si faible, achèveraient alors de me faire mourir.ʺ
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29/ La Judée sous le Procurateur
Ponce‐Pilate
de 27 à 37 EC
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‐1‐ Le Gouvernement de Ponce‐Pilate a marqué lʹun des tournants importants,
dans la Politique menée par Rome en Judée, et, par conséquent, a marqué le Destin du
Judaïsme.
Et il se trouve, également, que son Gouvernement a coïncidé avec les débuts du
Christianisme et la mort de Jésus.
Aussi, toutes les analyses historiques qui furent menées sur ce Gouvernement de Ponce‐
Pilate ont été, délibérément, orientées, durant la Polémique croissante entre Juifs et Chrétiens
des débuts du Christianisme.
Et par la suite, après la victoire définitive du Christianisme, ces analyses variaient, selon que
les Historiens voulaient impliquer, plus ou moins, la responsabilité des Juifs dans la mort de
Jésus, ce qui entraînait comme corollaire proportionnellement inverse, la responsabilité, plus
ou moins grande, des Romains dans cette même mise à mort de Jésus.
Cʹest à dire que, tout particulièrement pour cette période de lʹHistoire Juive, qui constitue le
début‐même de lʹHistoire Chrétienne, lʹanalyse Historique a toujours été, quelque peu,
biaisée par la perspective Religieuse.
Il est quasiment impossible dʹéchapper à cette dualité assez dogmatique :
Aussi, nous nous efforcerons dʹexaminer les Textes, qui sont plus particulièrement concernés
par la présente Étude, cʹest à dire ceux qui mettent essentiellement en valeur les conflits
dʹIdéologies, dont lʹévolution des Civilisations allait découler, et dont la conflagration
essentielle se produisit, en un Lieu extrêmement circonscrit : la Judée et plus
particulièrement, Jérusalem :
Car le Destin du Temple et de son Site en découla également.
‐2‐ Nous avons connaissance du Gouvernement de Ponce Pilate, par quelques
oeuvres Païennes, comme celle de Tacite, par les oeuvres de quelques Écrivains Juifs comme
Philon dʹAlexandrie et Flavius Josèphe, par les Évangiles, et par quelques oeuvres des
Premiers Pères Chrétiens, comme, par exemple, Origène et Eusèbe de Césarée, dont les
sources sont multiples, et souvent disparues.
A cet égard, on peut rappeler que, entre autres, les oeuvres de Philon dʹAlexandrie et de
Flavius Josèphe nʹont survécu que grâce aux Chrétiens.
Sans eux, en effet, un pan important de Histoire et de la Pensée Juive aurait totalement
disparu :
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‐ Pour Philon dʹAlexandrie, sa tentative de Syncrétisme opéré entre les Textes Sacrés de la
Religion Juive et ceux de la Culture Gréco‐Romaine fut lʹune des causes de cette survie, car
cet argumentaire fut, assez abondamment, utilisé par des Pères Chrétiens pour persuader les
Intellectuels Païens de se convertir.
‐ Quant à Flavius Josèphe, son immense Oeuvre Historique constituait, pour les Érudits
Chrétiens, un cadre précis, permettant de mieux décrypter les événements de lʹAncien et du
Nouveau Testament, et de les présenter comme lʹAnnonce évidente du moment privilégié de
la Mutation Christique :
Cʹest de la sorte que lʹOeuvre du plus grand lʹHistorien Juif a pu être sauvée et traverser les
siècles.
Et, si nous nʹavions été réduits quʹà la seule Littérature Rabbinique, nous ne saurions
pratiquement rien, sur le plan Historique, de ces deux siècles cruciaux où le Destin du
Peuple Juif a basculé définitivement, en dehors de quelques Légendes qui seraient restées
probablement indéchiffrables car dépourvues d’un grille de lecture efficace, cʹest‐à‐dire
d’une indispensable documentation complémentaire et éclairante.
‐3‐ Chez les Auteurs Païens, on trouve assez peu de renseignements sur cette
période cruciale pour la Judée.
Et on peut les résumer à un passage des Annales de Tacite, lorsque lʹHistorien Romain
rapporte les persécutions contre les Chrétiens à Rome, sous Néron, après quʹun incendie
gigantesque de six jours ait dévasté la plus grande partie de la Ville :
Tacite : Annales : 15 : 44 :
Ensuite, on chercha à apaiser les Dieux, on consulta les Livres Sybillins, et, sur
leurs indications, on décida des supplications à Vulcain (Dieu du Feu), à Ceres
(Déesse des Moissons), et à Proserpine (Déesse de lʹAgriculture et Reine des
Enfers). Junon (Déesse des femmes mariées et de la Maternité) fut implorée par
les matrones dʹabord au Capitole, puis dans la mer la plus proche, où lʹon puisa
de lʹeau dont on aspergea le Temple et la Statue de la Déesse ; et des sillesternes
et des veillées furent célébrées par ces femmes qui avaient des maris.
Mais aucun moyen humain, aucune largesse de lʹEmpereur, aucun Rite destiné
à apaiser les Dieux ne pouvait écarter la rumeur infamante selon laquelle
lʹincendie avait été allumé sur lʹOrdre de Néron.
Alors pour étouffer ce bruit, Néron supposa des accusés et frappa des peines les
plus raffinées les gens, détestés à cause de leurs moeurs criminelles, que la foule
appelait ʺChrétiensʺ.
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Celui qui est à lʹorigine de ce nom est Christ, qui sous le règne de Tibère, avait
été condamné à mort par le Procurateur Ponce Pilate ; réprimée sur le moment,
cette exécrable superstition faisait sa réapparition, non seulement en Judée, où
se trouvait lʹorigine de ce fléau, mais aussi à Rome, où tout ce qui est, partout,
abominable et infâme vient aboutir pour sʹy répandre.
‐4‐ Origène semble avoir disposé dʹun documentation élargie, au travers de
laquelle Ponce‐Pilate apparaît, assez nettement, comme ayant tenté de paganiser le Temple
des Juifs : Origène (185‐254 EC) était un Père Chrétien, originaire dʹAlexandrie, extrêmement
érudit et documenté, et assez influencé par Philon dʹAlexandrie :
Comme son prédécesseur Juif, il était à la recherche dʹun Syncrétisme entre la Culture
Grecque néo‐Platonique et la Religion du Livre revisitée par le Christ :
Origène : Commentaire sur Matthieu : 22 : 15‐22 :
Nous avons trouvé parmi les ouvrages dʹHistoire se rapportant à Tibère, des
Textes qui nous apprennent que, sous Ponce‐Pilate, le Peuple Juif sʹest trouvé en
péril : Pilate voulut, de force, dédier une Statue de lʹEmpereur (Tibère) dans le
Temple, et les Juifs, sʹy opposèrent avec toute leur énergie.
Une chose semblable, selon dʹautres Textes, se serait, ensuite, produite du
temps de lʹEmpereur Caligula.
Il se pourrait que Origène, malgré ses dires, aurait opéré un amalgame entre Ponce‐Pilate et
Caligula. Néanmoins, on ne peut, totalement, exclure cette affirmation dʹOrigène.
‐5‐ Philon dʹAlexandrie et Flavius Josephe, chacun dʹune façon différente, ont
rapporté un autre récit de ces événements, concernant le Temple de Jérusalem, qui se sont
déroulés sous Ponce‐Pilate :
Toutefois, les témoignages de Philon dʹAlexandrie et de Flavius Josephe doivent être
examinés avec circonspection, en raison des liens particuliers et privilégiés que ces deux
Intellectuels Juifs avaient noués avec les milieux Dirigeants de Rome
‐A‐ A lʹoccasion de son Ambassade auprès de Caligula, Philon fut amené à opérer une
alliance épistolaire avec le Roi Hérodien, Agrippa, afin de tenter de dissuader Caligula de
faire installer sa Statue dans le Temple de Jérusalem, où lʹEmpereur, qui avait succédé à
Tibère, voulait absolument quʹun Culte Divin lui soit désormais rendu.
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Aussi, une Lettre rédigée, vraisemblablement, par Philon et Agrippa, fut adressée, sur ce
sujet, à Caligula.
En effet, Agrippa était un ami de Caligula, et, au nom de cette amitié, la Lettre expliquait à
lʹEmpereur que, jamais, auparavant, une telle tentative nʹavait été faite par les Romains dans
le Temple de Jérusalem. Et, comme illustration de cette affirmation, cette Lettre expliquait,
par exemple, que, précédemment, Ponce‐Pilate, sur lʹordre de Tibère, avait même du
renoncer à installer à Jérusalem des Boucliers dorés avec Dédicace.
Toutefois, il semblerait envisageable que, en lʹoccurrence, Philon et Agrippa aient préféré
édulcorer, avec de simples Boucliers, le récit dʹune réelle tentative qui aurait été entreprise
par Ponce Pilate, et ce, afin de mieux convaincre Caligula de renoncer à son projet.
‐B‐ La version présentée par Flavius Josephe semble, au contraire, plus vraisemblable,
dʹautant que lʹHistorien Juif était soumis à lʹImprimatur de la Cour Impériale de Titus :
Or, nonobstant cette censure, Flavius Josephe relate la tentative de Ponce‐Pilate, comme
ayant été beaucoup plus significative que la simple introduction de Boucliers dédicacés dans
Jérusalem :
En tout état de cause, ces deux versions divergentes de Flavius Josephe et de Philon
dʹAlexandrie concernant la tentative de Ponce‐Pilate à Jérusalem, ont lʹintérêt de décrire les
rapports de Ponce‐Pilate avec les Juifs, ce qui permet de mieux éclairer un événement
capital, qui va déterminer les rapports entre les Juifs et les Chrétiens pour des millénaires, et
déterminer, également, le Destin du Site du Temple : à savoir la mise à mort de Jésus.
‐6‐ Voici les Témoignages de ces deux Auteurs Juifs :
Philon dʹAlexandrie : Legatio ad Caïum (Ambassade à Caligula) : 299‐302 :
Lettre du Roi Agrippa à Caïus :
Parmi les Gouverneurs que Tibère délégua, Pilate avait été chargé de la Judée.
Ce Personnage, non pas tant pour honorer Tibère que pour humilier le Peuple
Juif, dédie, dans le Palais dʹHérode, des Boucliers dorés, qui ne comportaient
aucune image, ni rien dʹinterdit (par la Loi Juive), mais seulement une
Inscription mentionnant ces deux choses, la Dédicace et le Destinataire de cette
Dédicace (lʹEmpereur Tibère).
(Les Juifs protestent aussitôt et menacent dʹenvoyer une Ambassade à lʹEmpereur Tibère
pour réclamer le retrait de ces Boucliers dédicacés.)
Ces derniers mots (des Juifs) surtout exaspérèrent Ponce‐Pilate :
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Il trembla que, si, effectivement, les Juifs envoyaient une Ambassade (à Tibère),
ils fourniraient les preuves de sa culpabilité, pour tout le reste de son
Administration, en dénonçant le détail de ses concussions, de ses violences, de
ses rapines, de ses brutalités, de ses tortures, de la série de ses exécutions sans
Jugement, de sa cruauté épouvantable et sans fin.
Ponce‐Pilate, selon ce récit de Philon, finit par céder : Les Boucliers dédicacés sont retirés de
Jérusalem, et sont placés dans le Temple dʹAuguste à Sébaste.
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 18 : 55‐59 :
Pilate, qui commandait en Judée, amena son armée de Césarée (Chef lieu
Administratif et Militaire de la Judée) et lʹétablit à Jérusalem pour prendre ses
quartiers dʹhiver. Il avait eu lʹidée, pour abolir les Lois des Juifs, dʹintroduire,
dans la Ville, les Effigies de lʹEmpereur qui se trouvaient sur les Enseignes,
alors que notre Loi (Juive) nous interdit de fabriquer des Images (des
représentations humaines). Cʹest pourquoi les prédécesseurs de Ponce‐Pilate
avaient fait leur entrée dans Jérusalem avec leurs Enseignes dont ils avaient ôté
ces Images. Mais, le premier, Pilate, à lʹinsu du Peuple, car il était entré dans la
Ville, de nuit, introduisit ces Images dans Jérusalem et les y installa. On ne sʹen
aperçut que le lendemain. Aussitôt les Juifs allèrent en grand nombre trouver
Pilate à Césarée (où il est retourné), et le conjurèrent, durant plusieurs jours, de
faire porter ailleurs ces Enseignes.
Il le refusa en déclarant quʹil ne pourrait le faire sans offenser lʹEmpereur.
Mais comme les Juifs persistaient toujours dans leur requête, il ordonna, le
septième jour, à ses Soldats de se tenir secrètement sous les armes, et il monta
ensuite sur une Tribune quʹil avait fait dresser à dessein dans le Stade, parce
que cet endroit offrait les meilleures possibilités de cachettes pour les Soldats.
Alors, comme les Juifs continuaient à lui faire la même demande, il donna le
signal à ses Gens de guerre, qui encerclèrent aussitôt les Juifs de tous côtés :
Pilate les menaça de les faire tous mourir, sʹils insistaient davantage, et sʹils ne
repartaient pas immédiatement chez eux. A ces paroles, les Juifs se jetèrent tous
à terre, et lui présentèrent la gorge à découvert, pour lui faire savoir que
lʹobservation de leurs Lois leur était infiniment plus chère que leur propre vie.
Leur constance et un zèle si ardent pour leur Religion donnèrent tant
dʹadmiration à Pilate quʹil ordonna quʹon retirât les Enseignes de Jérusalem et
quʹon les ramenât à Césarée.
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‐7‐ Si lʹon se reporte à lʹensemble des Documents Épigraphiques et aux Pièces de
monnaie frappée par Ponce‐Pilate en Judée, on peut compléter, assez utilement, ces divers
Récits, pour ce qui concerne son attitude générale à lʹégard des Juifs :
Malgré leurs divergences, tous ces éléments témoignent de la même volonté de Ponce‐Pilate
dʹimposer à la Religion Juive la reconnaissance de la Suprématie de la Religion Païenne.
‐ En effet, le nouveau Procurateur, ou Préfet de Judée, protégé de Séjan, était arrivé avec
lʹidée de sʹoccuper sérieusement de cette Province Romaine, et les divers Documents
épigraphiques indiquent une activité tout à fait efficace de Ponce Pilate, dans tous les
domaines.
‐ Le nouveau Procurateur était arrivé, également, avec une conviction affirmée dans la
Puissance Romaine, qui reposait, avant tout, sur la force de ses Armées, la nécessaire et
efficace cohésion de celles‐ci étant, toujours, assurée par sa Discipline, par ses Cultes des
Dieux, et par son Culte de lʹEmpereur.
‐ Le Procurateur Pilate était arrivé, également, avec le sentiment de la supériorité
incontestable de lʹIdéologie Romaine sur la ʺSuperstition Juiveʺ, et ce sentiment de
supériorité était teinté, comme chez la plupart des Romains, dʹun assez grand mépris pour
les Rites Juifs.
Il est significatif, à cet égard, que, par exemple, Ponce Pilate fit frapper une Monnaie qui,
pour la première fois en Judée, représentait les Objets du Culte Païen Romain, à savoir, la
grande Cuillère servant à verser le Vin Sacrificiel, ainsi que la Crosse utilisée par les
Augures. Or, bien évidemment, cette monnaie, totalement sacrilège aux yeux et aux mains
des Juifs, était utilisée, chaque jour, dans la vie courante :
Aussi, cette monnaie profane, était, vraisemblablement, conçue à des fins de Colonisation
Idéologique, qui procédait soit, dʹune grande ignorance des moeurs Juives, soit, plus
probablement, dʹune volonté délibérée de faire, progressivement, disparaître, par des faits
acquis, la ʺSuperstition Juiveʺ.
‐8‐ Pour ce qui concerne, plus particulièrement, Jérusalem, la Garnison Romaine
était principalement installée dans la Citadelle Antonia qui dominait le Temple.
De là, des degrés permettait aux Soldats de descendre et dʹemprunter une Passerelle‐
Portique qui reliait la Citadelle aux Portiques du Temple, situé à une centaine de mètres de
de la Citadelle (selon une remarque incidente de Flavius Josephe, lorsquʹil raconte la
dernière bataille entre Juifs et Romains qui se déroula dans le fossé étroit qui séparait la
Citadelle du Temple).
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De ces positions surélevées sur la Citadelle, les Militaires Romains pouvaient monter une
garde efficace autour du Sanctuaire des Juifs, et prévenir toute effervescence, qui serait
annonciatrice dʹinsurrections. Cela leur semblait particulièrement nécessaire les Jours de
Fêtes, qui voyaient affluer un grand nombre de Pèlerins Juifs, venus aussi bien de toute la
Judée et des Régions avoisinantes, que des lointaines Communautés étrangères.
Flavius Josèphe décrit ainsi ce système de surveillance qui avait été mis en place par les
Romains, et qui était, du reste, hérité du système de surveillance, installé par Hérode :
Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : 5 : 238‐245 :
Cette Citadelle Antonia était déjà forte, mais Hérode la fortifia de beaucoup afin
de protéger dʹautant le Temple, et lʹappela Antonia pour honorer la mémoire
dʹAntoine qui lui avait témoigné tant dʹamitié...
La Citadelle Antonia rejoignait lʹangle formé par les deux Portiques du Temple,
situés au nord et à lʹouest. La Citadelle était bâtie sur un rocher de 25 mètres de
haut, et à pic de tous côtés. Cette Citadelle était lʹoeuvre du Roi Hérode, et elle
constituait comme le couronnement de toute lʹOeuvre conçue par son génie.
En effet, pour commencer, le rocher avait été recouvert, de sa base jusquʹà son
sommet, de pierres lisses, à la fois dans un but décoratif, mais également afin
quʹy glissât quiconque tenterait de lʹescalader ou dʹen descendre. Ensuite, ces
parois glissantes étaient augmentées dʹun mur qui entourait tout lʹÉdifice et qui
mesurait 1,50 mètre de haut. Et cʹest derrière ce mur que se dressait
majestueusement la Citadelle qui avait 20 mètres de hauteur.
A lʹintérieur de cette Enceinte, la Citadelle présentait lʹespace et la disposition
dʹun véritable Palais. La Citadelle comprenait toute sortes de Salles pour tous
les usages, des péristyles, des bains, des vastes cours pour loger une troupe
nombreuse et des espaces divers, en telle abondance, que lʹon pouvait
considérer que cʹétait, en fait, comme une véritable Ville, de par son
agencement, et comme un magnifique Palais, de par sa décoration.
Lʹapparence générale de la Citadelle était celle dʹune Tour mais, en réalité, aux
quatre angles de la Citadelle se dressaient quatre autres Tours dont trois
mesuraient cinquante coudées de hauteur (25 mètres environ). Et la quatrième
de ces Tours qui était située au sud‐est mesurait, elle, soixante‐dix coudées (35
mètres environ) : Aussi, de son sommet, on avait une vue plongeante sur
lʹensemble du Temple.
Là où la Citadelle rejoignait lʹangle nord‐ouest formé par les Portiques nord et
ouest du Temple, il y avait des degrés qui permettaient aux Gardes Romains de
descendre (par un Portique‐passerelle) jusquʹà ces deux Portiques du Temple.
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Car une Cohorte Romaine tenait constamment garnison dans la Citadelle
Antonia, et, en particulier, les Jours de Fête, les Soldats en armes prenaient
position sur ces Portiques autour du Temple, afin de surveiller le Peuple, et
dʹêtre à même, éventuellement, de réprimer tout mouvement insurrectionnel.
Par ailleurs, le lien entre le Temple et la Citadelle Antonia nʹest pas uniquement militaire :
‐9‐ En effet, depuis les Rois Hasmonéens, lʹusage sʹétait établi dʹentreposer les
Vêtements du Grand‐Prêtre dans cette Citadelle.
Cʹest dire, en dʹautres termes, que la Citadelle Antonia participait, de la sorte,
intrinsèquement, du caractère Sacré du Temple des Juifs :
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : XVIII : 91‐95 :
A cette époque là, les Vêtements (du Grand‐Prêtre) étaient gardés à lʹAntonia
(la Citadelle) pour la raison suivante :
Lʹun des Grands‐Prêtres, Hyrcan, le premier des nombreux qui portèrent ce
nom (cʹest à dire Hyrcan I, le Roi et Grand‐Prêtre Hasmonéen, descendant des
Macchabées) avait construit un vaste Édifice près du Temple, où il vivait la
plupart du temps. En tant que Gardien des Vêtements de la Grande Prêtrise, car
lui seul avait le droit de les revêtir, il les conservait, entreposés en cet endroit,
chaque fois quʹil mettait ses vêtements civils pour se rendre en Ville.
Ses fils et ses héritiers suivirent la même coutume.
Lorsque Hérode devint Roi, il fit aménager cet endroit en une splendide
Citadelle, car elle était idéalement située, et comme il était ami de Marc‐
Antoine, il appela cette Citadelle Antonia.
Et Hérode y conserva les Vêtements Sacrés de la Grande‐Prêtrise, pensant que,
de la sorte, le Peuple ne pourrait jamais se soulever contre lui.
Le successeur dʹHérode, son fils Archelaüs, fit de même.
Et, après lui, lorsque les Romains sʹemparèrent du Gouvernement de la Judée,
ils conservèrent la même tutelle sur les Vêtements du Grand‐Prêtre, et les
gardèrent dans un Bâtiment en pierre, où ils étaient sous le contrôle, à la fois,
des Prêtres et des Gardiens du Trésor du Temple. Et le Chef de la Garde
allumait dans cette salle la lampe, jour après jour.
Après quʹil se fut purifié, le Grand‐Prêtre les revêtait. Puis, après le premier
Jour des Fêtes, le Grand‐Prêtre remettait les Vêtements à leur place, dans le
Bâtiment prévu à cet effet, à la Citadelle Antonia.
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Ainsi, une fois encore, cette désacralisation incessante de lʹEssence même de leur Culte
Ancestral sʹavérait, pour les Juifs, comme le funeste héritage de la Tyrannie dʹHérode qui
avait engagé des mercenaires Païens pour les installer dans la Citadelle Antonia.
Cʹest dire, aussi, toute la rancoeur, la rage et lʹamertume que les Juifs pouvaient éprouver,
face à cette servitude sacrilège, imposée, à longueur dʹannée, par la Garnison Romaine, à
lʹexercice de leur Culte, au travers du contrôle Païen des Vêtements Sacrés du Grand‐Prêtre.
En effet, il était inévitable quʹune telle procédure posât des problèmes Religieux
insurmontables, dans le cadre du strict Rite Judaïque, où la notion de Pureté et de
Purification avait une importance capitale.
De fait, cette manipulation, au milieu dʹun environnement Païen, rendait les Vêtements du
Grand‐Prêtre totalement impurs.
Cʹest à dire quʹil fallait, chaque fois, purifier les Vêtements Sacrés, avant que le Grand‐Prêtre
puisse les revêtir, en admettant, toutefois, que ces Vêtements, ainsi profanés, puisent,
pleinement, recouvrer leur état de Pureté originelle.
Aussi, on pourrait penser, par exemple, que les Vêtements étaient, alors plongés, dans un
Bain dʹEaux Vivantes, issues de source, puis mis à sécher.
Mais, en tout état de cause, et entre autres, ce Règlement Romain imposé au Culte du
Temple lui faisait perdre, davantage encore, son sens originel, car un sentiment de Sacrilège
permanent était devenu comme inhérent à une telle situation.
Cette Profanation spécifique fut, dʹailleurs, vécue dʹune façon tellement intense par les Juifs,
quʹun compromis fut, par la suite, établi qui allait confier aux Rois de la Dynastie
Hérodienne et semi‐Juifs, la garde de ces Vêtements.
Ce genre de compromis nʹallait pas suffire, toutefois, à éviter la conflagration et la
catastrophe finales.
‐10‐ Outre cette profanation permanente, il se pourrait quʹune partie du Trésor du
Temple ait été, également, entreposée à la Citadelle Antonia.
En effet, la cupidité dʹHérode lʹavait probablement amené à profiter des travaux de
démolition du deuxième Temple et de la construction du troisième, pour mettre une partie
du Trésor du Temple ʺen sûretéʺ dans la Citadelle Antonia.
Et, là encore, les Romains avaient probablement hérité de cette intéressante garde des
Finances du Temple.
Or, ce Trésor du Temple était constitué de la contribution annuelle, non seulement de tous
les Juifs de la Nation, mais également de ceux de la vaste Diaspora.
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‐11‐ Aussi, lʹapparition, sous Ponce‐Pilate, entre autres, dans cette Citadelle Antonia,
des Images de lʹEmpereur sur les Enseignes, accompagnées probablement des Aigles
Romaines, étaient apparues, vraisemblablement, aux Juifs, comme une sorte de surenchère
spectaculaire dans le fardeau incessant des Profanations délibérées auxquelles ils devaient
constamment se soumettre.
Et, tout au contraire, aux yeux du Procurateur Ponce Pilate, lʹArmée Romaine aurait perdu
ses indispensables Fondements Idéologiques, si elle devait, par exemple, se laisser priver de
ses Enseignes Impériales, fondatrices et unificatrices.
‐12‐ Dans un environnement Cultuel aussi complexe et contradictoire, la
conservation des Vêtements du Grand‐Prêtre à la Citadelle Antonia, la garde montée par les
Soldats Romains sur les Portiques nord et ouest du Temple, lʹobligation dʹutiliser des
monnaies Païennes, la probable garde par les Romains du Trésor du Temple, les Images des
Enseignes Impériales dominant le Temple, toutes ces agressions, entre autres, comme
concentrés en un mélange explosif, dans la Citadelle Antonia, qui, de surcroît, dominait et
supervisait militairement le Temple, contenaient, ainsi, les germes et les braises dʹune haine
réciproque et dʹune révolte quasi‐inéluctable.
Devant cet état de fait, qui empirait chaque jour, les Juifs nʹavaient, chaque fois, dʹautres
recours que de menacer dʹen appeler directement au Jugement de lʹEmpereur, à lʹaide
dʹAmbassades spécialement formées à cet effet.
Cette menace posait, effectivement, plusieurs problèmes à Ponce Pilate :
Si les Juifs, de par leur spécificité, étaient généralement méprisés par les Romains, par contre,
des Descendants Hérodiens avaient facilement accès à la Cour Impériale, où, dʹailleurs,
certains dʹentre eux résidaient comme Souverains invités :
En effet, cette situation privilégiée avait été héritée des bonnes relations qui sʹétaient établies,
dʹune part, entre Antipater et Jules César, et dʹautre part, entre Marc‐Antoine, puis Auguste,
et Hérode.
En particulier, les deux Antonia, qui étaient les filles que Marc‐Antoine avait eues de la
soeur dʹAuguste avant de sʹéprendre de Cléopâtre, avaient conservé des rapports privilégiés
avec des clans Hérodiens.
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Cela était dû, notamment, à ce que les Biens considérables quʹelles avaient hérités de leur
père, Marc‐Antoine, en Égypte, et qui comprenaient, en fait, beaucoup de terres qui avaient
appartenu à la Reine Égypte, Cléopâtre, étaient administrés par un Alabarque (Directeur du
Trésor) qui était un Juif dʹAlexandrie, nommé Lysimaque Alexandre, et qui était le frère de
lʹÉcrivain Juif, Philon dʹAlexandrie.
Et Antonia, nièce dʹAuguste, avait, de plus, épousé le frère de Tibère, Drusus : elle était donc,
également, la belle‐soeur de lʹEmpereur régnant.
Par ailleurs, lʹon savait quʹil était dangereux de comparaître devant Tibère, ou plus
exactement devant le Sénat, car celui‐ci tremblait devant Tibère, qui se révélait de plus en
plus cruel, et le Sénat guettait le moindre signe de lʹEmpereur pour savoir quel verdict
rendre.
Or, généralement, tout litige soumis ainsi au Jugement final de Tibère, débouchait sur des
Décisions, catastrophiques pour les Parties mises en cause, qui souvent y laissaient même
leur fortune et leur vie.
Aussi, tous les Gouverneurs des Provinces, encouragés en cela par lʹimmobilisme de Tibère,
se gardaient bien de laisser parvenir jusquʹà Rome le moindre motif qui pourrait amener
lʹEmpereur à intervenir.
Tant que Séjan resta au pouvoir, cette attitude réussit parfaitement à Ponce Pilate qui put,
ainsi, mener la Judée à sa guise :
Et il ne cédait que lorsquʹil ne pouvait faire autrement ; mais, en général, Ponce‐Pilate se
voulut un Gouverneur efficace, qui ne tolérait aucune résistance, et, lorsque celle‐ci se
manifesta, il laissa, alors, libre cours à sa cruauté et à son mépris des Juifs :
‐13‐ Cette politique de Ponce‐Pilate culmina, avec une affaire révélatrice, que relate
Flavius Josèphe : celle de lʹadduction dʹEau pour Jérusalem.
En bon Administrateur compétent, Ponce Pilate voulait améliorer lʹapprovisionnement en
eau de la Ville de Jérusalem.
A cet effet, il décida de construire, comme le faisaient tous les urbanistes Romains, un
nouvel Aqueduc ou de moderniser un Aqueduc antérieur.
Et, selon Flavius Josephe, Ponce Pilate décida, entre autres, que ces travaux seraient financés
par le Trésor du Temple, puisque, dans son esprit, les Juifs seraient les premiers à profiter de
cette amélioration :
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Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : 2 : 14 :
Ponce Pilate voulut ensuite utiliser lʹargent du Trésor du Temple pour exécuter
des travaux, destinés à faire venir, par Aqueducs, les eaux de sources (de la
Région d’Etam) qui étaient éloignées de 400 stades (selon Antiquités Juives : 200
stades = 36 kilomètres). Le Peuple sʹen indigna tellement que les gens
sʹassemblèrent de partout pour se plaindre au Procurateur et lui demander de
renoncer à son dessein. Quelques uns même, ainsi que cela arrive dans de tels
mouvements de foule, lui lancèrent des insultes. Ponce‐Pilate commanda alors à
ses gens de guerre de cacher leurs armes sous leurs habits et dʹencercler cette
multitude. Et, lorsque la foule recommença à lʹinjurier, Ponce Pilate donna aux
Soldats un signal convenu. Ses ordres furent alors outrepassés car ils frappèrent
indifféremment les séditieux et ceux qui ne lʹétaient pas. Aussi, comme tous ces
Juifs nʹétaient pas armés, il y eut de nombreux tués et blessés, et la sédition
cessa aussitôt.
Cette révolte, telle quʹelle est présentée par Flavius Josephe, dut paraître complètement
absurde à Ponce Pilate puisque, dans le cas présent, il pensait quʹil oeuvrait, vraiment, pour
le bien‐être des Juifs et de Jérusalem.
En fait, cette sédition révèle lʹabîme qui se creusait, progressivement, entre lʹIdéologie
Romaine, revendicatrice de progrès, et la Spécificité Juive, fondée sur des Principes
intangibles dʹOrdre Divin :
‐ Dʹune part, Ponce Pilate sʹarrogeait le droit de disposer à sa guise du Trésor du Temple,
alimenté, spécifiquement pour le Culte Judaïque, par tous les Fidèles, et dont, par
conséquent, les Juifs considéraient quʹil appartenait aux seuls Prêtres et au Sanhedrin de
décider de son utilisation.
‐ Dʹautre part, et surtout, en sʹattaquant au problème dʹapprovisionnement de Jérusalem en
Eaux, à partir des Sources, Ponce Pilate sʹimmisçait dans lʹorganisation dʹune Institution
Sacrée, dont la Pureté de tout Israël dépendait, en vertu du Pouvoir Purificateur conférée par
la Religion Juive aux Eaux vives, issues de Sources, et qui alimentaient, entre autres, les
Bassins de Purification, les Mikwoth du Sanctuaire.
Or ce Réseau Hydraulique extrêmement sophistiqué, que nous examinerons infra en E,
destiné aux indispensables Purifications Cultuelles, devait répondre, par son agencement et
par sa substance, à des spécifications très strictes, pour que les Règles complexes des
Purifications Bibliques puissent être intégralement respectées.
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Et, seuls, les Prêtres, assistés des Pharisiens et des Scribes, pouvaient diriger de tels travaux,
en pleine conformité avec les Textes Sacrés.
En fait, avec cette adduction en Eau, Ponce Pilate, sans le savoir, ou en lʹignorant
délibérément, sʹimmisçait, en intrus destructeur, au coeur‐même du fonctionnement du
Culte Juif.
Là encore, la rage, le ressentiment, le désespoir et la colère, éprouvés par les Juifs, dans une
incompréhension, irréductible et réciproque, ne pouvaient déboucher, à la longue, que sur
une confrontation finale, violente et définitive.
Et, entre‐temps, ce fut Jésus qui se trouva enfermé au centre de cette relation conflictuelle, où
une violence, explosive et difficilement contenue, était tapie, de part et dʹautre, avec la plus
grande détermination.
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30/ Jésus
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‐1‐ Le Gouvernement de Ponce Pilate en Judée nous est donc, essentiellement,
connu par Flavius Josèphe et par les Évangiles.
Même si les Évangiles participent dʹune Littérature Sacrée, et sʹils ont été rédigés ou
retranscrits entre, environ, 30 et 100 ans après les événements dont ils relatent les récits,
transmis par témoins, et en y ajoutant quelques réflexions et commentaires, on peut,
néanmoins, y discerner quelques indications, sur le plan historique, quant à lʹépreuve de
force qui sʹétait établie entre la Puissance Romaine et les Juifs, sous Ponce Pilate :
Et cette épreuve de force est, en la circonstance, relatée à lʹoccasion dʹun événement
révolutionnaire survenu dans la Nation Juive : lʹÉvangélisation menée par Jésus.
En effet, dans cette période de trouble, dʹasservissement et de déstabilisation Religieuse, que
lʹOccupation Romaine en Judée attisait chaque jour davantage, tandis que la désacralisation
intime du Temple par Hérode et le Culte asservi à lʹAutorité Romaine désespérait
durablement lʹInconscient Collectif Juif, apparurent, successivement, dans le Pays, plusieurs
Personnages, qui se déclaraient Prophètes ou Messies Libérateurs, venus apporter un
remède à une situation, qui apparaissait, désormais, sans issue pour les Juifs.
‐2‐ Pour ce qui concerne Jésus, tout commence dans une famille Sacerdotale, et
dans le Temple de Jérusalem, cʹest à dire au coeur‐même du Principe ébranlé, que les Juifs,
consciemment ou inconsciemment, tentent désespérément de sauver :
Évangile selon Luc : 1 : 5‐17 :
Au temps où Hérode était roi de Judée, il y avait un Prêtre nommé Zacharie qui
appartenait au groupe des Prêtres dʹAbia (un des 24 groupes descendants
dʹAaron). Sa femme sʹappelait Elisabeth et était une descendante dʹAaron, le
Grand‐Prêtre. Ils étaient tous deux justes aux yeux de Dieu, et obéissaient
parfaitement à toutes les Lois et tous les Commandements du Seigneur Dieu.
Mais ils nʹavaient pas dʹenfant, car Elisabeth ne pouvait pas en avoir et ils
étaient déjà âgés tous les deux.
Un jour, Zacharie exerçait ses fonctions de Prêtre devant Dieu car cʹétait au tour
de son groupe (de Prêtres) de le faire. Selon la coutume des Prêtres il fut
désigné par le sort pour entrer dans le Lieu Saint du Seigneur afin dʹy faire
brûler lʹencens. Toute la foule des fidèles priait au dehors au moment où lʹon
faisait brûler lʹencens. Un Ange du Seigneur apparut alors à Zacharie : il se
tenait à droite de lʹAutel des Offrandes de lʹEncens. Quand Zacharie le vit, il fut
troublé et la crainte le saisit. Mais lʹAnge lui dit :
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‐ ʺNʹaie pas peur Zacharie car Dieu a entendu ta prière. Elisabeth ta femme te
donnera un fils que tu nommeras Jean. Tu en seras profondément heureux et
beaucoup de gens se réjouiront de sa naissance. Car ce sera un grand homme
aux yeux de Dieu... Il sera rempli de lʹEsprit Saint, dès le moment de sa
naissance. Il ramènera beaucoup dʹIsraélites au service de Dieu. Il sʹavancera
lui‐même devant le Seigneur avec lʹesprit et la puissance du Prophète Élie pour
réconcilier les pères avec leurs enfants et ramener les désobéissants à la sagesse
des hommes justes : il formera un Peuple prêt pour le Seigneur.ʺ
Jean‐Baptiste, né, ainsi, dʹune famille de Prêtres et Grands‐Prêtres, partira, en effet,
prophétiser dans le désert, à la recherche de la Purification originelle qui serait de nature à
effacer la Souillure inconsciente du Temple et à suppléer à sa desafférentation.
Cʹest ainsi que Jean‐Baptiste va procéder à des Purifications ininterrompues et destinées à
laver tout Israël, .par Immersion dans les Eaux du Jourdain, les Eaux Vivantes du fleuve
étant, par définition, issues directement de Sources, et conformes aux Prescriptions de la
Torah.
Évangile selon Luc : 3 : 1‐3 :
Cʹétait la quinzième année du règne de lʹEmpereur Tibère ; Ponce Pilate était
Gouverneur de Judée, Hérode (fils dʹHérode le Grand) régnait sur la Galilée, et
son frère Philippe (autre fils dʹHérode le Grand) sur le territoire de lʹIturée et de
la Trachonite ; Lysanias régnait sur lʹAbilène ; Anne et Caïphe étaient Grands
Prêtres.
La Parole de Dieu se fit alors entendre à Jean, fils de Zacharie, dans le désert.
Jean se mit à parcourir toute la région voisine de la rivière, le Jourdain.
Il lançait cet appel :
« Changez de comportement, procédez à la Purification par immersion et Dieu
vous pardonnera vos péchés ! »
Cette recherche insatiable de Purification, ainsi quʹun mode de vie réduit à sa plus stricte
nécessité, forment les bases dʹune ascèse, conforme, entre autres, par exemple, à celle des
Juifs Esséniens, dont la secte de Quoumran est, vraisemblablement, une manifestation
particulière.
La fuite hors dʹun Temple ressenti comme dégradé, et la détestation de Rites déclarés
pervertis, sont également des caractéristiques des réactions vécues par les Esséniens, et par
les membres de la secte de Qumran.
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La mère de Jean‐Baptiste est parente de la mère de Jésus, ce qui laisse à penser que Marie est
également issue de la classe Sacerdotale, car, par tradition et par prescription Religieuse, la
classe Sacerdotale ne se mélange pas avec les autres classes sociales. Cʹest ainsi que sʹétablit
la première relation entre Jean‐Baptiste et Jésus au travers de leurs mères.
‐3‐ Au début de sa Prédication, Jésus vient se faire baptiser par Jean Baptiste, qui le
salue comme le Messie attendu, tandis que Jésus, lors dʹune conversation avec ses Disciples,
(Matthieu : 17 : 1‐13) assimilera Jean‐Baptiste au Prophète Élie, dont Malachie, au début du
2ème Temple, prophétisait que son retour annoncerait lʹarrivée du Messie :
Malachie : 3 : 23 :
Avant que vienne le Jour du Seigneur, ce Jour grand et redoutable, Je vais vous
envoyer le Prophète Élie. Il réconciliera les pères avec leurs enfants et les
enfants avec leurs pères. Ainsi, Je nʹaurai pas à venir détruire votre Pays.
Évangile selon Marc : 1 : 6‐11 :
Jean portait un vêtement fait de poils de chameau et une ceinture de cuir autour
de la taille ; il mangeait des sauterelles et du miel sauvage.
Il déclarait à la foule : « Celui qui va venir après moi est plus puissant que moi
et je ne suis pas même assez bon pour me baisser et délier la courroie de ses
sandales. Moi, je vous ai immergés dans lʹEau, mais, lui, il vous immergera dans
le Souffle Sacré. »
Alors Jésus vint de Nazareth, localité de Galilée, et Jean le fit sʹimmerger dans le
Jourdain. Au moment où Jésus sortait de lʹeau, il vit les Cieux sʹouvrir et lʹEsprit
Saint descendre sur lui comme une colombe. Et il entendit une Voix venant des
Cieux : ʺTu es mon Fils bien aimé; Je mets en toi toute Ma Joie.ʺ
‐4‐ La Prédication de Jésus, qui sʹest entouré de douze Apôtres symbolisant les
douze Tribus dʹIsraël, est fondée sur lʹaffirmation fondamentale que la première et la plus
importante obligation des Juifs est de se conformer à la Loi de la Torah :
Évangile selon Matthieu : 5 : 17‐20 :
Ne pensez pas que je sois venu pour supprimer la Loi de la Torah et
lʹEnseignement des Prophètes. Je ne suis pas venu pour les supprimer mais
pour leur donner leur vrai Sens. Je vous le déclare, cʹest la Vérité :
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Aussi longtemps que le Ciel et la Terre dureront, ni la plus petite Lettre ni le
plus petit Détail de la Torah ne seront supprimés, et cela jusquʹà la fin des
temps.
Cʹest pourquoi, celui qui désobéit même au plus petit des Commandements et
enseigne aux autres à agir ainsi, sera le plus petit dans le Royaume des Cieux.
Mais celui qui obéit à la Torah et enseigne aux autres à agir ainsi, sera grand
dans le Royaume des Cieux. Je vous lʹaffirme : si vous nʹobéissez pas à ce que
Dieu vous demande, bien mieux que les Docteurs de la Loi et les Pharisiens,
vous ne pourrez pas entrer dans le Monde des Cieux.
Jésus veut donc enseigner seulement la Loi, mais toute la Loi des Juifs, afin de retrouver sa
pureté originelle et son authenticité morale perdues, le Temple et le Culte ayant été
intimement dégradés, même si les apparences peuvent encore faire illusion, et laisser penser
que le seul respect des Règles Rituelles suffiraient pour satisfaire lʹÉternel.
Par ailleurs, cet Enseignement et cette Prédication de Jésus ne peuvent être destinés quʹaux
Juifs, et à eux seuls :
Évangile selon Matthieu : 15 : 21‐28 :
Puis Jésus... sʹen alla dans la région proche des villes de Tyr et de Sidon.
Une femme autochtone qui vivait dans cette région vint à lui et sʹécria :
‐ Maître, Fils de David, aie pitié de moi ! Ma fille est tourmentée par un esprit
mauvais, elle va très mal !
Mais Jésus ne répondait pas un mot.
Ses Disciples sʹapprochèrent pour lui adresser cette requête :
‐ Accorde‐lui ce quʹelle demande car elle ne cesse de crier en nous suivant.
Jésus répondit :
‐ Je nʹai été envoyé que pour les brebis perdues du Peuple dʹIsraël.
Mais la femme vint se mettre à genoux devant lui et dit :
‐ Maître, aide‐moi !
Jésus lui répondit :
‐ Il nʹest pas bien de prendre la nourriture des enfants et de la jeter aux chiens.
‐ Cʹest vrai, Maître, dit‐elle, pourtant même les chiens mangent les morceaux
qui tombent de la table de leurs maîtres.
Alors Jésus lui répondit :
‐ Oh ! Que ta Foi est grande ! Il te sera fait selon ce que tu désires !
Et la fille fut guérie à ce moment‐même.
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‐5‐ La Prédication de Jésus se veut comme une émergence de la Loi directe, et non
viciée par des Rites ayant perdu leur signification originelle :
Évangile selon Marc : 12 : 28‐34 :
Un Maître de la Loi les avait entendus discuter (Jésus et des Sadducéens).
Il vit que Jésus avait bien répondu aux Sadducéens ; il sʹapprocha donc de lui, et
lui demanda :
‐ Quel est le plus important de tous les Commandements ?
Jésus lui répondit :
« Voici le Commandement le plus important :
ʺÉcoute Israël ! LʹÉternel notre Dieu seul est le Seigneur. Tu dois aimer le Seigneur ton
Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de tout ton esprit, de toute ta force.ʺ
(Deutéronome : 6 : 4‐5)
Et voici le second Commandement :
ʺ Tu dois aimer ton prochain comme toi‐même. ʺ (Lévitique : 19 : 18)
Il nʹy a pas dʹautre Commandement plus important que ces deux‐là. »
Le Maître de la Loi lui dit :
‐ Très bien, Rabbi ! Tu as dit la Vérité : Le Seigneur est le seul Dieu et il nʹy a
dʹautre Dieu que Lui ! Aussi, lʹHomme doit‐il aimer Dieu de tout son coeur, de
toute sa force ; Et il doit aimer son Prochain comme lui‐même.
Cʹest bien plus important que de présenter au Temple des animaux que lʹon
brûle sur lʹAutel, et dʹy offrir à Dieu toutes sortes de sacrifices !
Jésus vit quʹil avait répondu avec intelligence, et il lui dit :
‐ Tu nʹes pas loin du Royaume de Dieu !
‐6‐ Mais si la Prédication de Jésus sʹinscrit en droite ligne de la Loi et des
Prophètes, elle en privilégie, néanmoins, certains thèmes progressistes, voire
révolutionnaires, qui, lorsquʹils sont développés dans leur intégrité, vont souvent à
lʹencontre de lʹapplication de cette même Loi, telle quʹelle sʹest développée jusquʹalors avec la
caution des Sadducéens et des Pharisiens, dans lʹordre établi de lʹépoque.
Il en est ainsi, en particulier, de deux points importants de lʹOrdre Social :
‐ Le Statut réciproque de lʹHomme et de la Femme ;
‐ Le partage des richesses :
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La Morale qui sʹappliquait au statut de la Femme dans la Religion Juive était déduite de
certaines déclarations de la Genèse qui établissaient la préexistence et la prééminence de
lʹHomme, dʹoù découlait la dépendance originelle de la Femme par rapport à lʹHomme :
Genèse : 2 : 20‐23 :
LʹHomme donna donc un nom aux animaux domestiques, aux animaux
sauvages et aux oiseaux. Mais il ne trouva pas lʹaide capable dʹêtre son
partenaire. Alors le Seigneur Éternel fit tomber lʹhomme dans un profond
sommeil. Il lui prit une côte et referma la chair à sa place. Avec cette côte
lʹÉternel fit une Femme et la conduisit à lʹHomme. En la voyant, celui‐ci sʹécria :
‐ Ah, cette fois‐ci, voici un autre moi‐même,
Qui tient de moi par toutes les fibres de son corps.
On la nommera compagne de lʹHomme,
Car cʹest de son compagnon quʹelle fut tirée.
Or, Jésus se réfère à ces mêmes racines Bibliques qui installent les assises du Statut de la
Femme, mais pour transformer, et hisser ce Statut sur un pied dʹégalité absolue avec celui de
lʹHomme. Pour ce faire, Jésus recourt à dʹautres Déclarations concomitantes de cette même
Genèse :
Évangile selon Matthieu : 19 : 3‐6 :
Quelques Pharisiens sʹapprochèrent de Jésus pour lui tendre un piège.
Ils lui demandèrent :
‐ Notre Loi permet‐elle à un homme de renvoyer sa femme pour nʹimporte
quelle raison ? Jésus répondit :
‐ Nʹavez vous pas lu ce que déclare la Genèse ? :
ʺAu commencement, Dieu créa lʹHomme ET la Femme.ʺ
(Genèse: 1 : 27 : Dieu créa les êtres humains
à sa propre ressemblance
Il les créa homme et femme
Puis Éternel dit :
ʺA cause de cela, lʹHomme quittera son père et sa mère pour sʹattacher à sa Femme et
les deux deviendront un seul Être ʺ (Genèse: 2 : 24).
Que lʹHomme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni.
Cette révolution Morale, accomplie par Jésus, concernant le statut de lʹHomme et de la
Femme, allait avoir des conséquences fondamentales :
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‐ Dʹune part, lorsque, avec Paul, se déclenchera lʹimmense opération de Conversion au
Christianisme des Païens, les Femmes vont jouer un rôle moteur déterminant pour la
fulgurante expansion de la nouvelle Religion, dans laquelle, en particulier, les Femmes du
Peuple Païen trouveront une solution et un refuge après des millénaires dʹesclavage et de
statut inférieur.
‐ Dʹautre part, cette Révolution majeure portera en germe lʹAvènement de la Démocratie,
qui ne pourra naître quʹavec la mise à égalité absolue de tous les Êtres Humains, sur le plan
de la Morale Fondamentale, dʹoù découlent les vecteurs Constitutionnels, les vecteurs
Législatifs, et les vecteurs Juridiques.
‐7‐ Pour ce qui concerne la répartition des richesses, si Jésus ne conteste pas
lʹacquisition de ces richesses, et admet une situation sociale hiérarchisée de Maîtres, de
Serviteurs, et dʹEsclaves , il prône, néanmoins avec force, le partage de ces richesses, partage
nécessaire qui doit se conformer à des Obligations Morales et Religieuses :
Évangile selon Luc : 16 : 19‐31 :
Jésus dit aux Pharisiens... :
Il y avait une fois un homme riche qui sʹhabillait de vêtements les plus fins et
les plus coûteux, et qui, chaque jour, vivait dans le luxe en faisant de bons
repas. Un pauvre homme appelé Lazare, couvert de plaies, se tenait couché
devant la porte de la maison du riche. Il aurait bien voulu se nourrir des
morceaux qui tombaient de la table du riche. De plus, les chiens venaient lécher
ses plaies. Le Pauvre mourut et les Anges le portèrent auprès dʹAbraham.
Le Riche mourut aussi et on lʹenterra.
Le Riche souffrait beaucoup dans le monde des morts ; il leva les yeux et vit au
loin Abraham, et Lazare à côté de lui. Alors il sʹécria : ʺ Père Abraham, aie pitié
de moi, et envoie Lazare pour quʹil trempe le bout de son doigt dans de lʹeau et
rafraîchisse ma langue, car je souffre beaucoup dans ce Feu.ʺ
Mais Abraham répondit : ʺMon enfant, souviens‐toi que tu as reçu beaucoup de
biens pendant ta vie, tandis que Lazare a eu beaucoup de malheurs. Maintenant
il reçoit ici sa consolation, tandis que toi tu souffres. De plus, il y a un profond
abîme entre nous et vous. Ainsi ceux qui voudraient passer dʹici vers vous ne le
peuvent pas, et, de la même façon, lʹon ne peut pas non plus parvenir à nous
dʹoù tu te tiens.ʺ
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Le Riche répondit : ʺJe te prie donc, Père, dʹenvoyer Lazare dans la maison de
mon père où jʹai cinq frères. Quʹil aille les avertir, afin quʹils ne finissent pas eux
aussi dans ce lieu de souffrances.ʺ
Abraham répondit : ʺTes frères ont Moïse et les Prophètes pour les avertir :
quʹils les écoutent donc !ʺ
Le Riche dit : ʺCela ne suffit pas, Père Abraham. Mais si quelquʹun revenait de
chez les morts et allait les trouver (pour les prévenir), alors ils changeraient de
comportement.ʺ
Mais Abraham lui répondit : ʺSʹils ne veulent pas écouter Moïse et les
Prophètes, ils ne se laisseront pas persuader, même si lʹun des morts revenait à
la vie.ʺ
Jésus exploite, ainsi progressivement, certains thèmes proches de ceux des Pharisiens, en les
poussant dans leur développement extrême :
En particulier, les Thèmes de la Vie au delà, divisé en un Paradis partagé avec les Ancêtres
pour les bons et les malheureux, et un Enfer brûlant pour les mauvais et les jouisseurs
égoïstes.
Ces Thèmes inspirés, du concept Pharisien de la Résurrection des morts et dʹun Jugement
Moral après la mort, vont trouver leur application, suprême et immédiate, avec la
Résurrection de Jésus.
‐8‐ La Prédication de Jésus, à la recherche dʹune Morale exigeante découlant des
Textes Sacrés, sʹavère extrêmement efficace, dans le court terme, comme dans le long terme :
En effet, dʹune part, cette Prédication sʹappuie, principalement, sur une parfaite Érudition du
contenu des Écritures, et, dʹautre part, en contre‐point explicatif, cette Prédication place la
Connaissance érudite de Jésus à la portée du Peuple par lʹutilisation de nombreuses
Paraboles.
Cette utilisation intensive des Paraboles a un double avantage :
‐ Les Paraboles permettent un entendement direct et évocateur pour le Peuple non‐cultivé,
dont la curiosité et lʹimaginaire sont, ainsi, tenus sans cesse en haleine.
Ces Paraboles étant, pour ainsi dire, des cousines efficaces de certains récits Aggadiques
(légendaires) qui constitueront une partie importante de la future Littérature Rabbinique
écrite.
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‐ Les Paraboles préparent un terreau qui sera propice au foisonnement et à lʹenrichissement
incessant dʹExégèses, qui ne pourront jamais être, ni figées, ni emprisonnées, ni effacées, ni
démenties, par des circonstances Historiques particulières.
Ces deux constatations complémentaires de sa grande érudition des Textes Sacrés, et de son
Charisme exceptionnel dans lʹutilisation des Paraboles, permettent dʹavancer certains des
principales composantes qui ont permis lʹamplification rapide du Christianisme :
‐ dʹune part, Jésus avait une connaissance extrêmement érudite des Textes Sacrés Juifs,
égalant, et surpassant le plus souvent, celle des Docteurs de la Loi, Scribes et Rabbins
;contemporains.
‐ dʹautre part, sa Science Juridique (Halakha) se déduisant des Lois Morales était, à la fois,
extrêmement documentée, et inventive dans sa recherche de la véritable Finalité Morale du
Message Juif Originel.
‐ et dʹautre part encore, sa méthode Aggadique de transmission des Fondations Morales au
Peuple, par voie de Paraboles, était dʹune créativité exceptionnelle.
Ces diverses qualités, ainsi rassemblées, firent que, souvent, dans les Évangiles, Jésus est
appelé ʺRabbiʺ par ses interlocuteurs, ce quʹil était probablement.
Par contre, sa possible ascendance Sacerdotale par sa mère nʹy est jamais évoquée.
Car, pour Jésus, les Rites Sacrificiels dans le Temple ne sont pas rejetés, mais, pour ainsi dire,
ignorés, car ils constituent désormais les apparences tronquées de la Religion Juive, et non
plus son Fondement créatif.
‐9‐ Aussi, la réussite de Jésus trouble, progressivement, lʹOrdre Religieux et Rituel
établi, et met en péril les prérogatives des traditionnels Détenteurs de la Loi, cʹest à dire,
principalement, les Prêtres et les Sadducéens d’une part, les Pharisiens et les Rabbins d’autre
part.
Jésus, comme Jean‐Baptiste, avant lui, recherche, en dehors du Culte du Temple, un
accomplissement de la Purification Idéale que le Temple ne peut plus conférer.
Et cʹest ainsi que Jésus est amené à sʹen prendre vivement à ceux qui sʹaccommodent dʹun
Ordre Religieux et Moral, qui en réalité, est profondément perturbé dans lʹInconscient
collectif, depuis que le Temple Hérodien et son Culte ont perdu leur Signification Originelle,
et depuis que lʹoccupation Romaine a aggravé cette dégradation fondamentale.
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Évangile selon Matthieu : 16 : 6,12 :
Jésus leur dit (aux Disciples) :
‐ Faites attention, gardez‐vous du levain des Pharisiens et des Sadducéens...
Alors les Disciples comprirent quʹil ne leur avait pas dit de se garder du levain
utilisé pour le pain, mais de lʹEnseignement des Pharisiens et des Sadducéens.
‐10‐ Il sʹensuit que la Hiérarchie Juive, Sadducéenne et Pharisienne, va se sentir
menacée, en particulier, par plusieurs points critiques avancés par Jésus.
Aussi, cette Hiérarchie va se servir précisément de ces éléments critiques pour faire traduire
Jésus en Justice, et tenter dʹéliminer le schisme naissant quʹil suscite :
Ces éléments critiques sont, principalement, les suivants :
‐A‐/ que Jésus va délibérément à lʹencontre de certaines Prescriptions Religieuses, régulées
par les Sadducéens, et surtout par les Pharisiens, telles que les Prescriptions alimentaires, ou
bien, tels que les interdits de toute activité le Jour du Sabbath ;
‐B‐/ que Jésus, qui ne fait pas partie du Sanhedrin, sʹingère dans les affaires du Temple ;
‐C‐/ que Jésus critique les Sacrifices dʹanimaux au Temple ;
‐D‐/ que Jésus prédit que le Temple de Jérusalem sera détruit ;
‐E‐/ que Jésus laisse se répandre lʹidée quʹil est le descendant de David et quʹil est le Messie ;
‐F‐/ que Jésus déclare quʹil est le Fils de Dieu.
Quant aux Autorités Romaines, elles vont, en fait, réagir, comme elles réagissent, et comme
elles réagiront, habituellement, en Judée, comme dans tout lʹEmpire Romain, à lʹencontre de
tout fauteur de troubles, à lʹencontre de tout agitateur et de tout fomenteur de séditions : à
savoir, par la mise à mort du responsable de ces troubles.
‐11‐ (A/) Lʹun des Rituels essentiels qui fait partie de la vie quotidienne des Juifs est
le Rite alimentaire avec ses Prescriptions multiples.
Ces Prescriptions, précisées dans la Torah, ou déduites par la Tradition Orale à partir de cette
Torah, ont, progressivement, fait des Pharisiens, les contrôleurs incontestés pour le Peuple,
des Règles alimentaires à appliquer pour chaque repas pris par tout Juif.
En sʹattaquant à la Valeur Morale de certaines interprétations de la Tradition Orale qui ont
été déduites de la Torah, Jésus met en péril la légitimité de ces interprétations, de cette
légifération, et de toute sa méthodologie :
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Ce faisant, Jésus menace, délibérément, toute la cohérence de lʹaction des Responsables du
Réseau ancestral dans lequel sʹinscrit la vie Juive communautaire : Jésus apparaît, alors,
comme un semeur de discordes dans un système extrêmement réglementé.
Par exemple, dans lʹÉvangile selon Marc et selon Matthieu, lorsque les Pharisiens reprochent
aux Disciples de Jésus de ne pas se laver les mains avant leur repas, Jésus formule des
critiques à lʹencontre des Pharisiens, en prenant comme référence, le Prophète Isaïe (Isaïe : 29:
13‐14) :
Évangile selon Marc : 7 : 1‐8 ; 14‐23 :
Les Pharisiens et quelques Maîtres de la Loi, venus de Jérusalem sʹassemblèrent
autour de Jésus. Ils remarquèrent que certains de ses Disciples mangeaient leur
nourriture avec des mains impures, cʹest à dire sans les avoir lavées selon la
Prescription Religieuse.
En effet, les Pharisiens et tous les Juifs obéissent à lʹenseignement reçu de leurs
Ancêtres : ils ne mangent pas sans sʹêtre lavé les mains avec soin et ils ne
mangent rien qui vienne du marché sans lʹavoir dʹabord lavé. Ils obéissent à
beaucoup dʹautres coutumes quʹils ont reçues, telles que la bonne façon de laver
les coupes, les pots, les marmites de cuivre ou les lits.
Les Pharisiens et les Maîtres de la Loi demandèrent donc à Jésus :
‐ Pourquoi tes Disciples nʹobéissent‐ils pas à lʹEnseignement transmis par nos
Ancêtres, mais prennent‐ils leur nourriture avec des mains impures ?
Jésus leur répondit :
‐ Isaïe avait bien raison lorsquʹil prophétisait à votre sujet ! Vous êtes des
hypocrites ainsi quʹil lʹécrivait :
ʺCe Peuple, dit Dieu, mʹhonore avec des paroles
Mais dans son coeur il est très loin de Moi.
Le Culte que ces gens Me rendent est inutile,
Car ils enseignent des Règles humaines,
Comme si cʹétaient Mes propres Prescriptions.ʺ
Vous laissez de côté les Commandements de Dieu, dit Jésus, pour obéir aux
enseignements transmis par les Hommes...
Évangile selon Matthieu : 15 : 10‐20 :
Puis Jésus appela la foule et leur dit :
‐ Écoutez‐moi, vous tous, et comprenez ceci : Ce nʹest pas ce qui entre dans la
bouche dʹun homme qui le rend impur. Cʹest plutôt ce qui sort de sa bouche qui
le rend impur.
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Les Disciples sʹapprochèrent alors de Jésus et lui dirent :
‐ Sais‐tu que les Pharisiens ont été scandalisés de tʹentendre parler ainsi ?
Jésus répondit :‐ Toute plante que nʹa pas plantée mon Père qui est au Ciel sera
arrachée. Laissez‐les : ce sont des conducteurs aveugles ! Et si un aveugle
conduit un autre aveugle, ils tomberont tous les deux dans un trou.
Pierre prit la parole et lui dit : ‐ Explique‐nous cette Parabole que tu leur as dite.
Jésus dit : « Êtes‐vous encore, vous aussi, incapables de comprendre ? Ne
comprenez‐vous pas que tout ce qui entre dans la bouche dʹune personne passe
dans son ventre et sort ensuite de son corps ? Mais ce qui sort de la bouche
(paroles) vient du coeur et cʹest cela qui rend lʹhomme impur. Car de son coeur
viennent les mauvaises pensées qui le poussent à tuer, à commettre lʹadultère, à
agir de façon immorale, à voler, à prononcer de faux témoignages, et à dire du
mal des autres. Voilà ce qui rend lʹhomme impur ! Mais manger sans sʹêtre lavé
les mains, selon lʹusage Religieux, cela ne rend pas lʹhomme impur. »
‐12‐ (B/) Si le Temple, sur le plan Religieux et Mystique, avait architecturalement
perdu tout son sens, si son Grand‐Prêtre était nommé comme un simple Fonctionnaire par
les Romains, si les Vêtements Sacrés du Grand Prêtre étaient entreposés dans une garde‐robe
contrôlée par les Romains, si une partie du Trésor du Temple était livré au bon vouloir des
Romains, si les Portiques du Temple étaient contrôlés par des Soldats Romains, si la
Purification collective de la Ville de Jérusalem et du Temple par les Eaux vives sʹopérait au
travers dʹun système Hydraulique Païen, si les Juifs utilisaient quotidiennement une
monnaie Païenne avec des représentations profanes, le Rituel Juif, dans lʹEnceinte du
Temple‐même, nʹen continuait pas moins, imperturbablement, jour après jour, comme si rien
ne pouvait jamais arrêter une Cérémonie Ancestrale, devenue quasi‐automatique, après
avoir été arrachée à ses Racines fondatrices et nourricières.
Aussi, Jésus, campant aux alentours de Jérusalem, et venant au Temple, entouré de ses
Disciples, pour y intervenir avec fermeté, et pour y prêcher, ne faisait, en réalité,
quʹextérioriser, par des actes spectaculaires et par un discours déconcertant, une frustration
et une rage, vécues dans lʹInconscient Collectif de la Population Juive.
Mais, pour la Hiérarchie du Temple et pour les Dirigeants Juifs, ces raids retentissants de
Jésus ne pouvaient apparaître que comme des agressions inacceptables pour leur Statut et
leurs Privilèges, et comme une profanation intolérable pour le Sanctuaire.
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Évangile selon Marc : 11 : 15‐19 :
Ils (Jésus et ses Disciples) arrivèrent ensuite à Jérusalem.
Jésus entra dans le Temple et se mit à chasser ceux qui vendaient et ceux qui
achetaient à cet endroit ; il renversa les tables des changeurs dʹargent et les
chaises des vendeurs de pigeons (destinés aux sacrifices), et il ne laissait
personne transporter un objet à travers le Temple.
Puis il les enseigna en ces mots :
‐ Les Écritures déclarent : ʺMa maison sera appelée une Maison de Prière pour tous
les Peuplesʺ (Isaïe : 56 : 7) Mais vous, ajouta‐t‐il, vous en avez fait une caverne de
voleurs ! (Jérémie : 7 : 11).
Les Chefs des Prêtres et les Maîtres de la Loi apprirent cela, et ils cherchaient un
moyen de faire mourir Jésus : En effet, ils avaient peur de lui, parce que toute la
foule était fortement impressionnée par son Enseignement.
Quand le soir venait, Jésus et ses Disciples quittaient la ville (pour retourner à
Bethanie).
‐13‐ (C/) Jésus, qui a intimement ressenti ce que lʹinstinct populaire a confusément
saisi, sait que le Temple, tel quʹil se dresse désormais, a perdu son Sens absolu.
Et, avant que les Pharisiens, les Docteurs de la Loi et les Rabbins utilisent, eux‐mêmes, les
mêmes références Scripturaires, et en viennent finalement aux mêmes conclusions après la
destruction du Temple par Titus, Jésus se désintéresse, dʹores et déjà, des Sacrifices
dʹanimaux, qui constituent les Rituels essentiels, accomplis par les Sadducéens et par les
Prêtres dans le Temple.
Reprenant des thèmes évoqués par plusieurs Prophètes, Jésus indique, en effet, lors dʹune
discussion avec les Pharisiens, que les Sacrifices rituels dʹanimaux sont secondaires :
Ces Pharisiens reprochaient à Jésus et à ses Disciples de ne pas respecter le Sabbat :
Jésus leur explique, alors, que lʹOeuvre Morale quʹil est en train dʹaccomplir, y compris le
Jour du Sabbat, est plus importante que les Sacrifices qui sont offerts dans le Temple, et qui,
eux, sont autorisés par la Loi, le Jour du Sabbat :
Évangile selon Matthieu : 12 : 5‐6 :
(Les Pharisiens condamnent les agissements des Disciples de Jésus qui cueillent
du blé le Jour du Sabbat où toute activité est interdite. Jésus leur répond :)
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Nʹavez vous pas lu dans la Loi de Moïse que le Jour du Sabbat, les Prêtres en
service dans le Temple nʹobservent pas la Loi du Sabbat, et cela sans être
coupables ? (Nombres : 28 : 9‐10)
Or, je vous le déclare, il y a, ici, plus que le Temple (= la Prédication par Jésus
des Lois Morales). Et si vous saviez vraiment ce que signifient ces mots de
lʹÉcriture : ʺJe désire la Bonté, et non des Sacrifices dʹanimaux. ʺ (Osée : 6 : 6),
Vous nʹaccuseriez pas ainsi des innocents :
Car le Fils de lʹHomme est maître du Sabbat.
Aussi, ceux qui écoutent attentivement la Dialectique de Jésus en déduisent que lʹessentiel
nʹest plus dans le Rituel des Sacrifices dʹanimaux au Temple.
Cʹest donc toute la Hiérarchie du Temple et son fonctionnement‐même qui sont, ainsi, minés
par la Prédication de Jésus.
Aussi, les Sadducéens et les Prêtres, déstabilisés et discrédités dans leur Statut essentiel, ne
peuvent, désormais, voir en Jésus quʹune menace quʹil faudra, tôt ou tard, annihiler.
‐14‐ (D/) Que le second Temple Hasmonéen ait été détruit par Hérode, et que le
troisième Temple édifié par Hérode ait aboli toute son authenticité créatrice, est vivement
ressenti par lʹInconscient Collectif Juif, et Jésus lʹexprime, à sa manière radicale, en
annonçant le disparition prochaine de ce 3ème Temple factice, ainsi que la destruction
concomitante de Jérusalem.
Et là, encore, en annonçant la destruction du Temple et de Jérusalem, Jésus se situe,
délibérément, en droite ligne dʹun motif récurrent qui était déjà proclamé par certains grands
Prophètes, avant la disparition du premier Temple.
Évangile selon Marc : 13 : 1‐2 :
Tandis que Jésus sortait du Temple, lʹun de ses Disciples lui dit :
‐ Rabbi, regarde ! Quelles belles pierres, quelles grandes constructions !
Jésus lui répondit :
‐ Tu vois ces grandes constructions ? Il ne restera pas ici une seule pierre posée
sur une autre ; tout sera renversé !
Évangile selon Luc : 20 : 24 :
Quand vous verrez Jérusalem encerclée par des armées, vous saurez, à ce
moment‐là quʹelle sera bientôt détruite.
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Alors ceux qui seront en Judée devront sʹenfuir vers les montagnes; ceux qui
seront à lʹintérieur de Jérusalem devront sʹéloigner, et ceux qui seront dans les
campagnes ne pourront pas entrer dans la Ville. Car ce seront les Jours du
Jugement, où se réalisera ce que déclarent les Écritures.
Quel malheur ce sera, en ces jours‐là, pour les femmes enceintes et pour celles
qui allaiteront ! Car il y aura une grande détresse dans ce Pays et la colère de
Dieu se manifestera contre ce Peuple. Ils seront tués par lʹépée, ils seront
emmenés prisonniers parmi toutes les Nations, et les Païens piétineront
Jérusalem jusquʹà ce que leur temps soit achevé.
Ces deux Prophéties de Jésus, qui vont avoir, par la suite, une importance considérable,
dʹune part, sur la polémique entre Chrétiens et Juifs à travers les âges, et, dʹautre part, sur le
Destin du Site du Temple, mettent, entre autres, en valeur, les problèmes de la datation des
Évangiles, ou de leur Source commune (ʺQuelleʺ), ou de leurs Sources diverses.
En effet, la destruction du Temple, en 70, est un événement tellement considérable, par
rapport à la Prédication et à la Passion de Jésus, que lʹabsence de toute référence à cette
catastrophe Apocalyptique, dans les Évangiles, peut sʹinterpréter de diverses façons :
‐ Les Évangiles, ou leurs strates successifs, auraient été rédigés entre la date de la mort de
Jésus, en 30 EC, et la date de la Prise de Jérusalem par Titus, en 70 EC.
‐ Les Évangiles ou leurs strates successifs auraient été rédigés après 70 EC.
Dans ce cas, deux éventualités pourraient être soulevées :
‐a/ Aucune référence nʹaurait été faite, dans les Évangiles, à la Destruction du Temple, afin
de laisser toute sa force à la Prédiction du Christ, et ne pas laisser supposer que cette
Prophétie aurait pu être interpolée.
‐b/ Les remarques de Jésus, à propos du Temple, auraient été adaptées afin de donner à
penser que le Christ avait prophétisé la disparition du Temple. Dans cette éventualité, il était
préférable de ne faire aucune allusion à la destruction du Temple, afin de ne pas laisser
soupçonner cette forme dʹinterpolation éventuelle.
Mais en dehors de ces problèmes mineurs de datation, et dans tous les cas de figure, cette
Prophétie de Jésus aura un effet capital et déterminant, pour le Destin du Peuple Juif, pour le
Destin de Jérusalem, pour le Destin du Site du Temple, et par conséquent, pour le sujet du
présent Ouvrage.
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‐15‐ (E/ et F/) La contestation menée par Jésus, et dont les échos sʹamplifiaient
chaque jour, devait, assez fatalement, provoquer une réaction des Autorités Juives, et les
amener à initier une stratégie qui permettrait lʹélimination de ce schisme menaçant.
Et comme les Pouvoirs Judiciaires et de Police dépendaient exclusivement de lʹAutorité
Romaine et de la Garnison Romaine, il devait inévitablement venir un temps où il faudrait
soumettre à Ponce‐Pilate, en termes juridiques, le problème des troubles causés par Jésus,
troubles dont les Romains étaient, sans doute, déjà amplement avertis.
Évangile selon Jean : 10 : 22‐39 :
Cʹétait lʹhiver et lʹon célébrait à Jérusalem la Fête de Hanouka (Dédicace de
lʹAutel restauré par les Macchabées).
Jésus allait et venait dans la Galerie du Portique de Salomon dans le Temple.
Les Juifs se rassemblèrent alors autour de lui et lui dirent :
« Jusquʹà quand vas‐tu nous maintenir dans le doute ?
Si tu es le Messie, dis‐le nous clairement ! »
Jésus leur répondit : « Je lʹai déjà dit mais vous ne me croyez pas. Les oeuvres
que je fais avec lʹautorité de mon Père parlent en ma faveur. Mais vous ne
croyez pas, parce que vous ne faites pas partie de mes brebis. Mes brebis
écoutent ma voix ; je les connais et elles me suivent. Je leur donne la Vie
Éternelle, elles ne mourront jamais et personne ne les arrachera de ma main. Ce
que mon Père mʹa donné est plus grand que tout, et personne ne peut rien
arracher de la main du Père. Le Père et moi, nous sommes Un. »
Les Juifs ramassèrent de nouveau des pierres pour les lui jeter. (Selon la Loi
Juive, la lapidation était le châtiment pour tout blasphème (Lévitique :24 : 15‐16).
Jésus leur dit alors :
‐ Jʹai fait devant vous beaucoup dʹoeuvres bonnes par le pouvoir du Père. Pour
laquelle de ces oeuvres voulez‐vous me tuer à coups de pierres ?
Les Juifs répondirent :
‐ Nous ne voulons pas te tuer à coups de pierres pour une oeuvre bonne, mais
parce que tu parles contre Dieu : tu nʹes quʹun homme et tu veux te faire Dieu.
Jésus répondit :
‐ Il est écrit dans votre Loi que Dieu a dit : ʺVous êtes des Dieux.ʺ
(Psaume 82 : 6 : Je le dis bien : Vous êtes des Dieux, vous tous,
Vous êtes de la famille du Dieu très Haut.)
Or, nous savons quʹon ne peut pas supprimer ce quʹaffirme lʹÉcriture :
Or, Dieu a appelé Dieux ceux à qui sʹadressait cette Parole.
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Et moi, Dieu mʹa choisi et envoyé dans le Monde. Comment donc pouvez‐vous
dire que je parle contre Dieu parce que jʹai déclaré que je suis Fils de Dieu. Si je
ne fais pas les oeuvres de mon Père, ne me croyez pas.
Mais si je les fais, quand même vous ne me croiriez pas, croyez au moins à mes
oeuvres afin que vous sachiez une fois pour toutes que le Père est en moi et que
je suis dans le Père.
Les Juifs cherchèrent une fois de plus à lʹarrêter, mais il leur échappa.
Finalement, Jésus est arrêté et il comparait devant le Sanhédrin :
Évangile selon Matthieu : 2 : 57‐68 :
Ceux qui avaient arrêté Jésus lʹemmenèrent chez Caïphe, le Grand‐Prêtre, où les
Maîtres de la Loi et les Anciens étaient rassemblés.
Pierre suivit Jésus de loin, jusquʹà la cour de la maison du Grand‐Prêtre. Il entra
dans la cour et sʹassit avec les Gardes pour voir comment cela finirait.
Les Chefs des Prêtres et tout le Conseil Supérieur cherchaient une accusation,
même fausse, contre Jésus pour le condamner à mort ; mais ils nʹen trouvèrent
pas, quoique beaucoup de gens fussent venus déposer de fausses accusations
contre lui. Finalement deux hommes se présentèrent et dirent :
Cet homme a déclaré :
‐ ʺJe peux détruire le Temple de Dieu et le rebâtir en trois jours.ʺ
Le Grand‐Prêtre se leva et dit à Jésus :
‐ Ne réponds‐tu rien à ce que ces gens disent contre toi ?
Mais Jésus se taisait. Le Grand‐Prêtre lui dit alors :
‐ Au nom du Dieu Vivant, je te demande de nous répondre sous serment, es‐tu
le Messie, le Fils de Dieu ? Jésus lui répondit :
‐ Cʹest toi qui le dis. Mais je vous le déclare : dès maintenant vous verrez le Fils
de lʹHomme siégeant à la droite du Dieu Puissant ; vous le verrez aussi venant
sur les nuages du ciel.
Alors le Grand‐Prêtre déchira ses vêtements et dit :
‐ Il a parlé contre Dieu ! Nous nʹavons plus besoin de témoins ! (Selon la Loi
Juive il faut au moins deux témoins pour confondre un accusé) Vous venez
dʹentendre ce quʹil a dit contre Dieu. Quʹen pensez‐vous ?
Ils répondirent : ‐ Il est coupable et doit être mis à mort.
Puis ils lui crachèrent au visage et le frappèrent à coups de poings ; certains lui
donnèrent des gifles en disant :
‐ Devine, toi le Messie, et dis‐nous qui tʹa frappé !
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‐16‐ Les Évangiles présentent le Procès et la mise à mort de Jésus comme une
initiative spécifiquement Juive, à laquelle les Romains nʹauraient prêté les mains quʹavec
grande réticence.
Il nʹest pas douteux que la Hiérarchie Juive a été choquée par la Prédication et les
agissements de Jésus. Cette Hiérarchie a considéré les discours de Jésus comme
blasphématoires, et a jugé que leur tournure séditieuse représentait un danger pour la
Religion Traditionnelle :
Évangile selon Jean : 11 : 45‐50 :
Beaucoup de Juifs qui étaient chez Marie (la soeur de Lazare que Jésus a
ressuscité) et avaient vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui.
Mais quelques uns dʹentre eux allèrent trouver les Pharisiens et leur racontèrent
ce que Jésus avait fait. Les Pharisiens et les Chefs des Prêtres réunirent alors le
Conseil supérieur (Sanhédrin) et dirent : « Quʹallons‐nous faire ? Car cet homme
accomplit beaucoup de miracles ! Si nous le laissons agir ainsi, tous croiront en
lui, puis les Autorités Romaines interviendront et détruiront notre Temple et
notre Nation. » Lʹun dʹentre eux, nommé Caïphe, qui était Grand‐Prêtre cette
année‐là, leur dit : « Vous ne comprenez pas ! Ne sentez‐vous pas quʹil est
nécessaire quʹun seul homme meure pour tout le Peuple, si cela peut éviter que
la Nation entière soit détruite. »
Mais, sous lʹoccupation Romaine, le Sanhédrin nʹa pas le pouvoir de condamner quiconque à
mort. Seul, le Procurateur Romain a ce Pouvoir.
‐17‐ A lʹinstar de lʹattitude générale adoptée par Flavius Josèphe ou par Philon
dʹAlexandrie vis à vis des Autorités Romaines, les Auteurs des Évangiles ont veillé à ne pas
trop faire peser sur les Romains la responsabilité de la Crucifixion de Jésus, ou, du moins,
dʹatténuer grandement cette responsabilité.
En effet, à lʹépoque où les Évangiles ont été consignés par écrit, la Polémique entre Juifs,
Judéo‐Chrétiens, et Païens convertis commençait à faire rage.
Aussi, chaque Camp Idéologique, avec circonspection, dʹune part, sʹefforçait de ne pas irriter
le Pouvoir Romain en place, ni de souffler sur les braises de la haine Païenne, et, dʹautre part,
chaque Camp essayait dʹobtenir des Autorités Romaines des privilèges, ou à défaut, de
sʹacquérir une neutralité, au moins bienveillante.
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Cʹest ainsi que le Procurateur de Judée, Ponce Pilate, a été présenté par les Évangiles comme
indifférent à cette polémique à propos de Jésus, quʹil aurait considéré comme une querelle
Judéo‐Juive ne concernant pas le Pouvoir Romain.
Aussi, les Évangiles ont dépeint un Ponce‐Pilate qui dégageait entièrement sa responsabilité
dans lʹexécution de Jésus, exécution dont, par ailleurs, il nʹaurait pas vraiment compris les
véritables motifs :
Évangile selon Matthieu : 27 : 11‐26 :
Jésus comparut devant le Gouverneur (Ponce Pilate) qui lʹinterrogea :
‐ Es‐tu le Roi des Juifs ?
Jésus répondit :‐ Tu le dis.
Ensuite lorsque les Chefs de Prêtres et les Anciens lʹaccusèrent, Jésus ne
répondit rien. Pilate lui dit alors :
‐ Nʹentends‐tu pas toutes les accusations quʹils portent contre toi ?
Mais Jésus ne lui répondit sur aucun point, de sorte que le Gouverneur était
profondément étonné.
A chaque Fête de Pâque, le Gouverneur libérait un condamné, celui que la foule
voulait. Or, il y avait à ce moment‐là un prisonnier célèbre, appelé Jésus
Barrabas. Pilate demanda donc à la foule assemblée :
‐ Qui voulez‐vous que je libère : Jésus Barrabas ou Jésus appelé Christ ?
Car Pilate savait bien quʹils (les Chefs des Prêtres et les Anciens) lui avaient
livré Jésus parce quʹils en étaient jaloux.
Pendant que Pilate siégeait au Tribunal, sa femme lui envoya ce message :
ʺNe fais rien contre cet homme innocent car, cette nuit, jʹai beaucoup souffert en
rêve à cause de lui.ʺ
Les Chefs des Prêtres et les Anciens persuadèrent la foule de demander la
libération de Barrabas et la mise à mort de Jésus.
Le Gouverneur reprit la parole pour leur demander :
‐ Lequel des deux, voulez‐vous que je vous libère ?
‐ Barrabas ! lui répondirent‐ils.
‐ Que ferai‐je donc de Jésus, appelé Christ ? leur demanda Pilate.
Tous répondirent : ‐ Cloue‐le sur une croix !
‐ Quelle mauvaise action a‐t‐il donc commise ? demanda Pilate.
Mais ils se mirent à crier de toutes leurs forces : ‐ Cloue‐le sur une croix !
Quand Pilate vit quʹil nʹarrivait à rien, mais que lʹagitation augmentait, il prit de
lʹeau, se lava les mains devant la foule et dit :
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‐ Je ne suis pas responsable de la mort de cet homme ! Cʹest votre affaire !
Toute la foule répondit :
‐ Que les conséquences de sa mort retombent sur nous et sur nos enfants !
Alors Pilate libéra Barrabas ; il fit frapper Jésus à coups de fouet, et le livra pour
quʹon le cloue sur une croix.
Plusieurs éléments de ce Récit, qui a eu une influence considérable sur le Destin des Juifs
durant deux millénaires, semblent être plutôt des éléments de fiction qui ont été ajoutés lors
de la rédaction du récit de cet événement.
Il en est ainsi, par exemple, du rêve de la femme du Gouverneur, du rite du lavage des
mains pour la mort dʹun homme innocent, qui est un rite spécifiquement Judaïque, prescrit
en Deutéronome 21 : 6‐9, ou de la proclamation de la foule demandant que les conséquences
de la mort de Jésus retombe sur les Juifs et sur leurs descendants, formulation qui est une
proclamation caractéristique du style Prophétique des Textes Sacrés.
‐18‐ Si lʹon considère les Données historiques du Gouvernement de Ponce Pilate, et
si lʹon examine attentivement dʹautres Données des Évangiles, on sʹaperçoit que, en réalité, la
responsabilité des Autorités Romaines fut au moins égale à celle de la Hiérarchie Juive, dans
la mise à mort de Jésus, et même, quʹelle révéla, avec une force exemplaire, le profond
mépris et la haine viscérale des Autorités Romaines, des Armées Romaines et de leurs
Auxiliaires Païens, à lʹencontre des Juifs :
En fait, Ponce Pilate avait de nombreux comptes à régler avec les Juifs, dans lʹépreuve de
force permanente qui s’était installé à Jérusalem, et qui avait, rapidement, tourné au bras de
fer entre les Autorités Romaines et la Population Juive.
Et le Procurateur de Judée, comme tous les Militaires de la garnison Romaine, nʹavaient
certainement pas oublié quʹils avaient du se résoudre à retirer les Images Sacrées de
lʹEmpereur Romain des Enseignes Militaires.
Le Procès de Jésus a, incontestablement, constitué une occasion rêvée pour Ponce Pilate,
dʹafficher son mépris des Juifs, et de se venger, en outrageant leurs Croyances, sous couvert
de se conformer à leurs propres souhaits, et en ridiculisant ʺle Roi des Juifsʺ de façon
publique et spectaculaire, et ce, dʹautant que ce Titre avait été celui dʹHérode, le Bâtisseur du
majestueux 3ème Temple :
Évangile selon Matthieu : 27 : 27‐31 :
Les Soldats de Pilate emmenèrent Jésus dans le Palais du Gouverneur, et toute
la Garnison se rassembla autour de lui.
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Ils lui enlevèrent ses vêtements et lui mirent un manteau rouge (manteau des
Soldats dont la couleur est évocatrice des pourpres des habits royaux).
Puis ils tressèrent une couronne avec des branches avec des épines, la posèrent
sur sa tête et placèrent un roseau dans sa main droite.
Ils se mirent ensuite à genoux devant lui et se moquèrent de lui en disant :
‐ Salut, Roi des Juifs !
Ils crachaient sur lui et prenaient le roseau pour le frapper sur la tête.
Quand ils furent las de se divertir de lui, ils lui ôtèrent le manteau, lui remirent
ses vêtements, et lʹemmenèrent pour le clouer sur la croix.
Évangile selon Jean : 19 : 17‐22 :
Jésus sortit de la Ville, en portant lui‐même sa Croix, pour aller à un endroit
appelé le ʺlieu du crâneʺ (quʹon appelle Golgotha en hébreu).
Là, les Soldats clouèrent Jésus sur la croix.
En même temps, ils mirent aussi deux autres condamnés sur des croix, de
chaque côté de Jésus qui se trouvait au milieu.
Pilate donna lʹordre aussi de faire un écriteau et de le placer sur la Croix :
il portait cette Inscription :
ʺJésus de Nazareth, Roi des Juifsʺ
Beaucoup de Juifs lurent cet écriteau, car lʹendroit où lʹon avait mis Jésus en
croix était près de la Ville, et lʹInscription était en hébreu, en latin et en grec.
Alors les Chefs des Prêtres Juifs dirent à Pilate :
‐ Tu ne dois pas laisser cette Inscription ʺle Roi des Juifsʺ, mais tu pourrais mettre
à la place : ʺCet homme a déclaré : Je suis le Roi des Juifsʺ.
Pilate répondit :
‐ Ce que jʹai écrit doit rester écrit.
A propos de cette Inscription, voulue comme insultante à lʹégard des Juifs, et qui fut rédigée
en trois langues, on peut noter, que si le Grec était la langue des hellénisants et la langue des
Actes administratifs de lʹEmpire Romain héritée du monde Grec, le Latin était,
principalement, la langue de la Garnison Romaine, Soldats, Auxiliaires, et Subalternes
divers.
Aussi, cette volonté de faire en sorte que tout le monde, sans exception, puisse lire cette
pancarte, révèle le savoureux plaisir de Ponce Pilate à faire comprendre ce quʹun « Roi des
Juifs » pouvait représenter aux yeux de la Puissance Romaine.
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On dispose, par ailleurs, dʹun autre témoignage, allusif et très bref, des Évangiles, concernant
cette animosité cruelle de Pilate à lʹencontre des Juifs :
Évangile selon Luc : 13 : 1 :
En ce temps là quelques personnes vinrent parler à Jésus des Galiléens que
Pilate avait fait tuer au moment‐même où ils offraient des Sacrifices à Dieu
(dans le Temple).
Ainsi, les Évangiles, indirectement, confirment, en soulignant ses effets pervers au travers du
Martyr de Jésus, lʹintensité de la haine que Ponce‐Pilate et les Soldats Romains et Païens
nourrissaient à lʹencontre des Juifs, de leurs Rites, et de leur Culte, cette animosité étant
suggérée ou affirmée, par ailleurs, dans divers Récits, entre autres, de Philon dʹAlexandrie et
de Flavius Josephe.
Aussi, la mise à mort de Jésus fut, cyniquement, utilisée par les Dirigeants et les Soldats
Romains, pour ridiculiser et avilir les Juifs.
Mais aucun de ces moqueurs Païens ne pouvaient, alors, imaginer que cette mort allait
signifier, en fait, la fin du Paganisme.
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31/ Caligula , Empereur Romain
de 37 à 41 EC
Agrippa , Roi des Juifs
de 41 à 44 EC
Claude , Empereur Romain
de 41 à 54 EC
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‐1‐ Le Déroulement de lʹHistoire apparaît, assez souvent, comme totalement
imprévisible et déroutant.
Et dʹautres fois, par contre, lʹHistoire semble avoir agencé des événements, comme si ceux‐ci
devaient nécessairement procéder dʹune savante Dramaturgie préétablie, implacable et
spectaculaire.
Deux séries dʹévénements précurseurs, à la fois contradictoires et complémentaires, vont
servir de Prologue tragique au naufrage final de la Nation Juive, embarquée désormais sur
une sorte de terrifiant radeau de la méduse :
‐ Dʹune part, les exaltations dʹun Empereur Romain, ayant perdu les repères mentaux
habituels, vont révéler, comme les visibles manifestations cliniques dʹune maladie
insoupçonnée, lʹétendue des véritables métastases des successives générations du Pouvoir
Impérial Romain, dont les rêves Politiques et Mystiques déboucheront sur lʹanéantissement
du Temple de Jérusalem par lʹEmpereur Titus, sur son effacement de la carte du monde par
lʹEmpereur Hadrien, et sur la dispersion finale du Peuple Juif.
Et ce Temple, dépouillé de son Inspiration Sacrée par Hérode, sʹécroulera dans une ambiance
dʹApocalypse incohérente, au cours de laquelle les Juifs, comme embrasés par une Foi
enragée dʹavoir perdu ses repères, sʹentretueront avec une sauvagerie démente, avant dʹêtre
vaincus, capturés, torturés, réduits en esclavage, ou massacrés par les Armées Romaines.
‐ Dʹautre part, en préambule à cette Apocalypse, et apparaissant comme une brève accalmie
inattendue au milieu de la tempête, un Personnage hors du commun, Agrippa I, petit‐fils
dʹHérode, va offrir à cet inexorable naufrage annoncé, les apparences dʹun apaisement
momentané, qui ne pourra faire illusion que par une situation paradoxale, sans avenir, et
rapidement réduite à néant.
‐2‐ Agrippa I était le fils dʹAristobule, le fils quʹHérode avait eu de sa femme
Mariamne, la descendante des Macchabées.
Agrippa I avait donc une part de sang Hasmonéen, mais très fortement dilué dans du sang
Hérodien, puisque Aristobule avait épousé Bérénice, fille de Salomé, la soeur dʹHérode :
Ainsi, le frère et la soeur, Hérode et Salomé, étaient le grand‐père paternel et la grand‐mère
maternelle dʹAgrippa.
Mariamne et son fils Aristobule, avaient été assassinés par Hérode.
Il est évident que, pour un jeune homme, le fait que sa grand‐mère paternelle et son propre
père aient été assassinés par son grand‐père paternel était assez perturbant.
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En une sorte de contre‐point, son grand‐père Hérode avait obtenu quʹAgrippa, qui portait le
nom du gendre dʹAuguste, soit élevé dans lʹintimité de la Famille Impériale de Rome.
En réalité, ce genre de pratique constituait, à la fois, une marque de faveur accordée à divers
Rois‐clients de Rome, mais signifiait, également, une sorte de prise dʹotage déguisée, afin de
sʹassurer de la fidélité de ces mêmes Rois‐clients.
Cet usage Romain fit quʹAgrippa fut élevé dans lʹintimité de Drusus, fils de lʹEmpereur
Tibère, dans lʹintimité de Germanicus, fils dʹAntonia, ainsi que dans lʹintimité de Claude,
autre fils dʹAntonia, appelé à devenir Empereur.
De plus, la grand‐mère maternelle dʹAgrippa, Salomé, avait hérité, à la mort de son frère
Hérode, de quelques territoires en Palestine, dont en particulier, Jamnia (Yabneh), ville
appelée à jouer un rôle capital dans la Destinée du Peuple Juif.
Et, à la mort de Salomé, ces Territoires avaient été légués à Livie, la femme dʹAuguste et
mère de Tibère, à qui ces territoires revinrent finalement. Ce Legs, entre autres, avait donc
contribué, également, à ce que la Famille Impériale considère plutôt avec faveur le petit‐fils
de Salomé ; et ce, dʹautant que, par ailleurs, Antonia, qui était la belle‐soeur de Tibère, sʹétait
prise dʹune grande amitié pour Bérénice, fille de Salomé et mère dʹAgrippa.
Agrippa I vécut, ainsi, ses premières années, dans le luxe le plus effréné et en sʹendettant
sans limites, pour offrir à ses amis les plus influents toutes sortes de prodigalités dignes de
sa naissance.
Mais la mort de Drusus fit que Tibère ne voulut plus voir à la Cour les anciens amis de son
fils ; et, de plus, les dettes dʹAgrippa étaient devenus si criantes quʹil dut quitter Rome et
rentrer en Judée.
Le changement fut rude pour Agrippa qui passa du luxe effréné de la Cour Impériale
Romaine à une quelconque demeure dʹIdumée dʹoù était originaire la famille dʹHérode.
Agrippa sʹy serait laissé mourir de faim, si sa femme, qui avait comme lui du sang
Hasmonéen, nʹavait intercédé auprès dʹHérodiade, soeur dʹAgrippa, qui vivait, elle, avec
Hérode Antipas, le Tétrarque de Galilée et de Pérée.
Celui‐ci voulut bien nommer celui qui était à la fois son neveu et son beau‐frère, et qui était
complètement désargenté, Maire de Tibériade, Ville quʹHérode Antipas avait fondée en
lʹhonneur de lʹEmpereur Tibère.
Cette modeste fonction ne pouvait satisfaire longtemps lʹambitieux Agrippa, qui se fâcha
avec son oncle et beau‐frère, et qui rejoignit la Cour du Gouverneur Romain de Syrie dont il
devint une sorte de parasite.
Cʹest alors quʹAgrippa contracta un nouvel emprunt pour pouvoir gagner Alexandrie, où il
espérait trouver une aide financière, afin de pouvoir retourner se présenter à la Cour
Impériale de Rome, dans des conditions dignes de son sang Royal.
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Agrippa se rendit donc au Port dépendant de Jamnia pour y affréter un navire.
Mais, là, Herennius Capito, le Procurateur de ce Domaine Impérial légué par la soeur
dʹHérode à la femme dʹAuguste, voulut y retenir Agrippa, sous lʹaccusation de dettes que le
Prince avait contractées envers le Trésor Public Romain.
De nuit, Agrippa fit couper les amarres du navire qui devait le transporter, et il put, ainsi,
sʹenfuir et rejoindre Alexandrie :
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 18 : 8 :
Quand il fut arrivé en Alexandrie, Agrippa pria Alexandre (Lysimaque),
lʹAlabarque, de lui prêter deux cent mille pièces dʹargent ; lʹAlabarque lui
répondit quʹil ne lui prêterait pas une telle somme, mais quʹil les prêterait à la
femme dʹAgrippa, Cypros, parce quʹil en admirait la vertu et lʹamour quʹelle
portait à son mari. Ainsi, elle fut sa caution, et Alexandre donna cinq talents à
Agrippa pour le voyage, avec une garantie, pour lui faire payer le reste de ce
prêt lorsquʹil serait arrivé en Italie à Putéoles (où se trouvait une Communauté
Juive). En effet, Lysimaque se méfiait de la prodigalité dʹAgrippa, et jugeait
quʹil valait mieux ne pas lui confier une telle somme dʹargent immédiatement.
‐3‐ Le richissime Alabarque dʹAlexandrie, Lysimaque Alexandre, qui pouvait
prêter de telles sommes et dont les circuits financiers lui permettaient de disposer de telles
finances à travers tout lʹEmpire Romain, était à la tête de lʹune des Familles Juives les plus
influentes du monde.
LʹAlabarque devait sa réussite à ses talents de gestionnaire, qui en avait fait, entre autres,
lʹadministrateur de la fortune de Marc‐Antoine en Égypte, dont les deux filles Antonia, filles
de Marc‐Antoine et dʹOctavie, la soeur dʹAuguste, avaient hérité.
Or, l’Égypte, à cette époque, était le grenier de Rome, et pratiquement tout le transit des
denrées se faisait à partir du port dʹAlexandrie.
LʹAlabarque était, ainsi, entré, à la fois, dans lʹintimité de la Famille Impériale de Rome et
dans lʹintimité de la Famille dʹHérode.
De plus, son frère était lʹécrivain‐philosophe Philon dʹAlexandrie, dont toute lʹoeuvre, dans
une recherche dʹun Syncrétisme absolu, tendait à rapprocher la Culture Gréco‐Romaine de la
Religion du Livre Sacré des Juifs.
‐ Lʹoeuvre de Philon ne dut sa survie quʹaux Chrétiens, les Juifs ayant considéré ses efforts
comme une sorte de tentative dʹabatardisation de leur Religion.
Par contre, la Renaissance allait, plusieurs siècles plus tard, reprendre les mêmes courants de
pensée, pour rapprocher la Religion Judéo‐Chrétienne et la Culture Gréco‐Romaine.‐
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‐4‐ La Dramaturgie, mise en place par lʹHistoire, fit que les enfants de Lysimaque,
comme ceux dʹAgrippa, allaient jouer un rôle important dans la Tragédie finale du Temple
de Jérusalem :
Lʹun des fils de Lysimaque Alexandre, Julius Tibère Alexandre, alla tellement loin dans la
recherche familiale du Syncrétisme, quʹil devait abjurer la Religion Juive et se convertir au
Paganisme Impérial Romain.
Cette conversion lui réussit, politiquement, puisquʹil devint, dʹabord, Procurateur de Judée,
ce qui pouvait apparaître comme une tentative dʹattitude conciliatrice des Romains envers
les Juifs, et/ou, au contraire, comme une provocation sous forme de raillerie.
Ensuite, ce Julius Tibère Alexandre allait être nommé Préfet de la riche Province d’Égypte.
A ce titre, il se trouve quʹil allait se trouver en mesure de rallier les Troupes Romaines
d’Égypte au Général Vespasien, lorsque Néron fut assassiné : Et cʹest ainsi que Vespasien
put accéder à lʹEmpire.
Dans le même temps quʹil était Préfet Égypte, Julius Tibère Alexandre fut, par ailleurs,
amené à réprimer, sans aucun état dʹâme, une révolte Juive dans un bain de sang.
Et, finalement,ce même Julius Tibère Alexandre fut nommé, en Judée, Chef dʹÉtat‐Major des
Armées de Titus, le fils et héritier de Vespasien :
A ce titre, Julius Tibère Alexandre allait organiser le siège et lʹattaque finale de Jérusalem,
qui sʹachèvera avec la disparition du Temple, le massacre des Juifs, et la mise en esclavage
ou dispersion des survivants.
De la même façon, le fils et la fille dʹAgrippa I, Agrippa II et Bérénice, qui étaient attachés
par des liens incestueux, allaient, eux aussi, devenir les témoins du Siège de Jérusalem par
Titus.
En effet, Bérénice avait été mariée très jeune à son oncle, Hérode qui était le Souverain de
Chalcis. Cʹest ainsi que Bérénice avait, très précocement, assimilé, comme la plupart des
Princesses orientales de son temps, sensualité et Pouvoir.
Bérénice allait, par la suite, devenir la maîtresse du futur Empereur Titus, qui éprouvera
pour elle une passion flamboyante durant tout son séjour en Orient.
A ce titre, Bérénice assistera à la fin de Jérusalem, et elle tentera, en vain, avec son frère
Agrippa II et avec Flavius Josèphe, de convaincre les Juifs de se soumettre à la Puissance
Romaine et de capituler.
Les Juifs, comme enragés, ne voudront écouter aucun conseil réaliste de ce genre.
Et ce sera donc dans les bras de Bérénice, la fille dʹAgrippa I, que Titus pourra jouir de sa
victoire et de lʹécrasement définitif de Jérusalem.
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‐5‐ Avant que cette Tragédie Juive ne se déroule, ainsi, sur deux générations, pour
finalement se dénouer, de façon apocalyptique à Jérusalem, Agrippa I, en se rendant à Rome,
auprès de lʹEmpereur Tibère, grâce au financement de lʹAlabarque dʹAlexandrie, allait
pouvoir retarder lʹissue fatale de Jérusalem, tout en jouant un rôle inattendu dans la
manifestation éclatante des germes de cette Destruction programmée.
Tibère était alors, lʹEmpereur régnant : il sʹétait installé à Capri, et ne se rendait plus à Rome.
De cette île, il exerçait une tyrannie sanguinaire et rusée sur le Sénat et sur tout lʹEmpire. Et
sur cette île, également, il pouvait sʹadonner à toute la folie de sa lubricité qui croissait avec
lʹâge.
Caligula était le petit‐fils dʹAntonia, dont le fils, Germanicus, fut un général Romain célèbre
et adulé par toute lʹArmée.
Caligula était lʹun des fils que Germanicus avait eus dʹAgrippine (dite lʹancienne) qui était,
elle‐même, la fille du Romain Agrippa et de Julia, la fille dʹAuguste.
Caligula descendait donc, à la fois, par sa mère, de la fille dʹAuguste, et par son père, de la
soeur dʹAuguste.
Caligula pouvait donc prétendre avec beaucoup plus de légitimité au Trône Impérial que le
fils et petit‐fils de Tibère, car celui‐ci avait été seulement adopté par Auguste.
Aussi, vu le trop jeune âge de son propre petit‐fils, Tibère préféra garder Caligula comme
héritier possible car il le considérait comme un rival non dangereux.
En effet, Tibère lʹaurait, vraisemblablement, fait éliminer, comme ses autres successeurs
éventuels, si Caligula, en imitant le comportement effacé et humble de Tibère sous Auguste,
nʹavait pris soin de se soumettre, le plus servilement possible, à Tibère, afin de ne jamais lui
procurer, par son comportement, la moindre inquiétude qui aurait pu éveiller les soupçons
du sanguinaire Empereur, et lui donner le sentiment que son Pouvoir pourrait être
prématurément menacé.
Caligula ne dut sa survie que grâce à ce comportement de dissimulation, et cʹest ainsi quʹil
réussit à échapper à la folie meurtrière de Tibère, qui, par contre, fit exterminer tous les
autres membres de sa famille.
En effet, Tibère, en dehors de ses passions lubriques, nʹaimait personne, et même la mort de
son fils naturel, Drusus, empoisonné par Séjan, lui fut indifférente. On peut remarquer, à cet
égard, quʹil sʹétait toujours demandé, à juste titre semble‐t‐il, si son fils était bien de lui ou
non.
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Quant à Germanicus (le père de Caligula) que Tibère avait dû adopter sur lʹordre dʹAuguste,
il le fit probablement assassiner lorsque Germanicus se rendit en Orient.
Il en fut de même pour la femme de Germanicus (Agrippine dite lʹancienne) que le Peuple
admirait également, ainsi que pour les fils de cette Agrippine (frères de Caligula), qui furent
tous persécutés, successivement, par Séjan pour son propre compte car il aspirait
secrètement à lʹEmpire, puis par Tibère lui‐même :
Suétone : Vie des Douze Césars : Tibère :
52‐57 (Extraits) :
Tibère nʹeut jamais la tendresse dʹun père ni pour son propre fils Drusus, ni
pour Germanicus, son fils par adoption. Il haïssait dans Drusus un caractère
faible et une vie molle ; aussi ne fut‐il guère sensible à sa mort, et les funérailles
à peine achevées, il sʹen retourna à ses affaires habituelles, et il interdit que se
poursuivit le Deuil public. Des Envoyés de Troie étant arrivés, un peu tard,
pour lui adresser leurs condoléances, il leur répondit, en se moquant, et comme
un homme qui nʹen aurait plus quʹun vague souvenir, en leur déclarant : ʺquʹil
leur présentait en retour ses condoléances pour le trépas dʹun citoyen aussi
méritoire quʹavait été Hector (Héros Troyen dans lʹIliade dʹHomère)ʺ.
Jaloux de la réputation de Germanicus (le père de Caligula), Tibère affectait de
rabaisser, comme inutiles, ses plus belles actions, et de déplorer, comme
funestes à lʹEmpire, ses plus glorieuses victoires... On croit même quʹil se servit
de Cn Pison, son Légat de Syrie, pour le faire assassiner. Pison fut aussitôt
accusé de ce crime et il aurait montré les Ordres écrits de Tibère qui lui furent
immédiatement dérobés, et détruits... Tibère lui même confirma ces soupçons,
en persécutant, ensuite, sans pitié la veuve et les enfants de ce héros... :
Tibère accusa Agrippine (la mère de Caligula) de se réfugier au pied de la
Statue dʹAuguste ou au sein des armées, et il lʹexila dans lʹîle de Pandeteria.
Sur ses reproches, mêlés dʹinsultes, Tibère lui fit appliquer des coups de fouet
par un Centurion qui lui creva un oeil. Elle résolut de se laisser mourir de faim.
Tibère ordonna quʹon lui ouvrit de force la bouche, mais elle persévéra dans son
dessein et finit par succomber. Tibère chargea sa mémoire des plus odieuses
accusations et voulut quʹon mit au rang des Jours néfastes celui de sa
naissance...
Tibère accusa Néron et Drusus (tous deux fils dʹAgrippine, et frères de
Caligula) dans des lettres où étaient accumulés les reproches les plus amers.
Tibère les fit déclarer ennemis publics, et ensuite mourir de faim : Néron dans
lʹîle de Pontia, et Drusus dans les souterrains du Palais.
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Le premier sʹy résolut, dit‐on, en voyant le bourreau, qui se présentait, comme
par Ordre du Sénat, étaler devant lui la corde et les crochets qui devaient être
les instruments de son supplice.
Quant à Drusus, il fut si rigoureusement privé de nourriture quʹil essaya de
manger la bourre de son matelas. Les restes de ces deux infortunés furent
dispersés de façon à être difficilement retrouvés...
Le naturel féroce et dissimulé de Tibère se révéla dès son enfance : Théodore de
Gadarée, son Professeur de Rhétorique, parait lʹavoir pressenti le premier et le
caractérisa parfaitement en disant de lui dans une formule éloquente ʺque
cʹétait de la boue détrempée dans du sangʺ...
61 :
Il ne se passa plus un seul jour qui ne fut marqué par des exécutions, sans en
excepter même ceux que la Religion a consacrés, ni le premier Jour de lʹannée.
Beaucoup furent accusés et condamnés avec leurs enfants, et même par leurs
enfants. On interdit aux parents des condamnés à mort de les pleurer. Les plus
grandes récompenses étaient décernées aux accusateurs, quelquefois même aux
témoins. Tout délateur était cru sur parole. Toute accusation entraînait la mort ;
un simple mot était un crime...
Sûrs dʹêtre condamnés, plusieurs de ceux qui étaient cités en Justice se
frappèrent eux mêmes chez eux pour éviter les tortures et les ignominies ;
dʹautres avalèrent du poison en plein Sénat. Mais on pansait les plaies des
blessés et on les emportait demi‐morts et palpitants dans les prisons publiques.
Pas un supplicié qui ne fut traîné avec un croc par la Ville et jeté aux Gémonies
(escaliers où lʹon exposait les cadavres des condamnés). On en compta jusquʹà
vingt par jour, et il y avait parmi eux des femmes et des enfants.
Quant aux vierges, comme une ancienne coutume défendait de les étrangler, le
bourreau les violait dʹabord et les étranglait ensuite. On forçait de vivre ceux
qui voulaient mourir, car Tibère regardait la mort comme une peine si légère,
quʹun accusé du nom de Carnulus, ayant prévenu son exécution en se suicidant,
Tibère sʹécria, dès quʹil lʹapprit : ʺCe Carnulus mʹa échappé.ʺ
Un jour quʹil visitait une prison, Tibère répondit à un condamné qui le conjurait
de hâter son supplice : ʺJe ne sache pas que nous soyons réconciliés.ʺ
Le climat sanguinaire dans lequel le jeune Caligula a été, ainsi, élevé auprès de Tibère, et la
façon dont il sʹy adapte, donnent la mesure, ou bien de sa force de dissimulation, ou bien de
son degré dʹanormalité :
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Tacite : Annales : 6 : 20 :
Vers le même temps, Gaius César (Caligula) qui vivait avec son grand‐père
(dʹadoption, Tibère) retiré à Capri, reçut en mariage Claudia, fille de Silanus.
Caligula dissimulait une âme monstrueuse sous une modestie hypocrite : ni la
condamnation de sa mère (Agrippine), ni lʹexil (et la mort) de ses deux frères ne
lui arrachèrent un mot, et, selon lʹhumeur dans laquelle Tibère commençait sa
journée, il prenait la même attitude, utilisait à peu près les mêmes mots. Dʹoù la
réflexion spirituelle de lʹorateur Passienus qui se répandit : ʺquʹil nʹy avait
jamais eu de meilleur esclave ni de maître aussi exécrable.ʺ
Suétone : Caligula : 10‐11 :
A dix neuf ans, Caligula fut appelé à Capri par Tibère qui, dans un seul et
même jour, lui fit prendre la toge et couper la barbe, sans lui accorder aucune
des Distinctions dont il avait fait marquer les débuts dans la vie de ses frères
(qui furent ensuite exécutés).
En butte à toutes sortes de pièges et aux perfides instigations de ceux qui
cherchaient à lui arracher des plaintes, Caligula ne donna aucun prétexte à la
malignité : on eût dit quʹil ignorait tout du malheureux sort de sa famille,
comme sʹil nʹétait rien arrivé à aucun de ses membres.
Les affronts quʹil subissait lui‐même, il les dévorait avec une incroyable force de
dissimulation.
Et il avait pour Tibère, et pour tous ceux qui entouraient lʹEmpereur, des
recherches de complaisance qui ont fait dire de lui avec raison : ʺquʹil nʹy eut
jamais de meilleur esclave ni de plus mauvais maître.ʺ
Toutefois, dès ce temps‐là même, il ne pouvait cacher ses inclinations basses et
cruelles. Un de ses plus grands plaisirs était dʹassister aux tortures et au dernier
supplice des condamnés. La nuit, il courait les mauvais lieux et les adultères,
enveloppé dʹun long manteau et la tête cachée sous des faux cheveux. Il était
surtout passionné par la danse théâtrale et le chant.
Tibère ne contrariait pas ses goûts qui pouvaient, pensait‐il, modérer son
naturel féroce. Le pénétrant vieillard avait si bien approfondi ce caractère quʹil
disait souvent : ʺJe laisse vivre Caligula pour son malheur et pour celui de
tousʺ; ou bien : ʺJʹélève un serpent pour le Peuple Romain, et un autre Phaeton
pour lʹUniversʺ. (Phaeton, fils dʹHelios, pria son père de lui laisser conduire le
Char du Soleil, mais incapable de maîtriser les chevaux, il faillit embraser la
Terre.)
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‐6‐ Lorsque Agrippa, le petit‐fils dʹHérode le Grand, arrive dʹAlexandrie en Italie, il
est plutôt bien reçu par lʹEmpereur Tibère à Capri.
Mais il encourt bientôt son courroux, lorsque Tibère reçoit une lettre du Procurateur de
Jamnia, lui indiquant quʹAgrippa sʹest enfui en refusant dʹacquitter la dette quʹil a envers le
Trésor Public.
Agrippa parvient alors à payer cette dette, dʹune part grâce à lʹaide de Lysimaque
dʹAlexandrie, et, dʹautre part, en obtenant également lʹappui dʹAntonia.
Rentré ainsi en grâce auprès de Tibère, lʹEmpereur lui confie la mission de tenir compagnie à
son propre petit‐fils naturel, Tiberius, fils de Drusus qui avait été empoisonné par Séjan.
Or, Agrippa, saisi dʹune étonnante intuition, choisit, au contraire, de sʹattacher à Caligula.
En cela, dʹune part, il témoignait sa reconnaissance à Antonia, grand‐mère de Caligula, et
dʹautre part, son instinct politique lui faisait parier sur la future accession de Caligula au
Trône Impérial.
Enfin, il y avait une affinité incontestable entre Caligula et Agrippa : les effets de cette
affinité amicale devaient dʹailleurs se manifester avec éclat, lorsque, à la mort de Tibère,
Caligula devenu Empereur, donnera finalement, à Agrippa, le Titre de Roi, comme pour son
grand‐père, Hérode le Grand, alors que les autres membres de la Famille Hérodienne
nʹavaient obtenu que le Titre dʹEthnarque ou de Tetrarque.
‐7‐ En effet, Agrippa I retrouvera, progressivement, la plus grande partie du
Royaume de son grand‐père, Hérode le Grand, à la suite dʹune série de péripéties, quʹil saura
exploiter avec une maestria, et une chance, dont la conjonction est due à un acharnement et à
une ambition toute Hérodienne, et qui ne lui a jamais fait douter de son succès.
Selon ce que rapporte Flavius Josèphe, dʹaprès des Sources provenant vraisemblablement de
lʹentourage dʹAgrippa I, dans un premier temps, Agrippa devint intime de Caligula, sous le
règne de Tibère.
Au point quʹun jour Agrippa lui formula le souhait que Tibère meurt rapidement, afin que
Caligula puisse accéder au Trône Impérial, en faisant mourir son rival, le jeune Tiberius,
petit‐fils naturel de lʹEmpereur régnant.
Or, un témoin de cette conversation, un affranchi, ayant été, par la suite accusé dʹavoir volé
Agrippa, est arrêté. Il dénonce, alors, Agrippa qui, sur lʹordre de Tibère, est enchaîné et
emprisonné.
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Lorsque Tibère meurt, probablement étouffé par Caligula pour sʹassurer du terme de son
agonie, Caligula est proclamé Empereur, grâce, en grande partie, à la réputation quʹavait
acquise, naguère, son père Germanicus.
Et lʹun des premiers gestes du nouvel Empereur Caligula est de faire libérer son ami
Agrippa, et de le nommer Roi de lʹancienne Tétrachie, comprenant, entre autres, les
Territoires de Golanitide et dʹIturée, qui étaient restés vacants à la mort dʹHérode Philippe II.
Caligula, de plus, offre à Agrippa, en témoignage dʹamitié, une grande chaîne en or qui est la
réplique de la chaîne à laquelle Agrippa était attaché lorsquʹil avait été jeté en prison sur
lʹordre de Tibère.
Hérodiade, la soeur dʹAgrippa, et femme du Tétrarque Hérode Antipas, qui régnait, alors,
sur la Galilée et le Pérée, ne peut supporter de voir son frère, Agrippa I, devenir, ainsi, Roi,
tandis que son propre époux ne reste que ʺTétrarqueʺ.
Aussi, elle persuade son mari de se rendre à Rome, auprès du nouvel Empereur Caligula,
afin de réclamer, également, un Titre de Roi.
Mais Agrippa I, lorsquʹil prend possession de sa Royauté, profite de sa nouvelle situation,
pour discréditer son oncle et beau‐frère, en envoyant, à son ami Caligula, un message secret
indiquant que le Tétrarque de Galilée fomente un complot contre lʹEmpire.
Le résultat de ce stratagème est que Hérode Antipas et Hérodiade sont exilés par Caligula à
Lyon, en Gaule, et que lʹEmpereur ajoute au Royaume dʹAgrippa celui de la Galilée et de la
Pérée.
Et Agrippa nʹaura plus, alors, quʹà attendre lʹoccasion dʹobtenir, également, la Royauté de
Judée et de Samarie, pour réussir, enfin, à reconstituer, quasi‐intégralement, lʹancien
Royaume de son grand‐père Hérode le Grand.
Or, cette occasion se présentera, effectivement, à la mort de Caligula, lorsque Agrippa sera
dans la situation paradoxale de pouvoir aider Claude à devenir le nouvel Empereur Romain.
‐8‐ En attendant cette reconstitution quasi‐totale de lʹancien Royaume dʹHérode le
Grand par Agrippa I, le court règne de Caligula (37‐41) va constituer, en réalité, une menace
mortelle pour lʹIdéologie Juive.
Cette menace va se concrétiser par la conjonction de deux éléments :
‐ dʹune part, lʹaspiration de Caligula à vouloir être reconnu comme Dieu, de son vivant ;
‐ dʹautre part, lʹantisémitisme des Païens, en Égypte et à Jamnia (Yabneh).
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‐9‐ La Déification de lʹEmpereur Romain commença avec la mort de Jules César,
Fondateur, de fait, de cette Institution Idéologique fondamentale :
Suétone : Vie des Douze Césars : Jules César : 88 :
Jules César périt dans la cinquante‐sixième année de son âge (44 av. EC) et fut
mis au nombre des Dieux, non seulement par le Décret qui ordonna son
Apothéose, mais aussi par la Foule, persuadée de sa Divinité.
Durant les Jeux (Sacrés) que célébrait, pour la première fois en son honneur son
héritier, Auguste, après son Apothéose, une étoile chevelue, qui se levait vers la
onzième heure, brilla durant sept jours de suite, et lʹon pensa que cʹétait lʹâme
de César reçue dans le Ciel.
La Cérémonie de lʹApothéose, qui est le moment privilégié où lʹEmpereur décédé devient
Divinité, a évolué, durant lʹEmpire Romain, en accentuant les aspects rituels de cette
Célébration collective.
Mais lʹessence‐même de cette Apothéose est demeurée identique à travers les Générations.
Aussi, peut‐on présenter, comme un exemple de ce Rite, manifesté à lʹextrême dans sa
signification profonde, la description quʹon en trouve dans Histoire des Empereurs Romains,
écrite par Hérodien, un Historien du 3ème siècle EC :
Hérodien : Histoire des Empereurs Romains : 4 : 2 : 1‐11 :
Les Romains ont coutume de diviniser ceux des Empereurs qui, à leur mort,
laissent des fils (naturels ou adoptifs) qui leur succèdent.
Un tel Honneur sʹappelle Apothéose :
Rome toute entière donne, alors, le Spectacle dʹun Deuil fait dʹun mélange de
Festivités et de Célébration Religieuse :
On fait au corps du Défunt, à grands frais, des Obsèques comme pour tout le
monde. Seulement, on fait un moulage de cire à la ressemblance parfaite du
Défunt, et on lʹexpose à lʹentrée du Palais Impérial, sur un grand lit dʹivoire,
installé en un emplacement élevé et posé sur des tapis tissés dʹor.
Cette effigie est aussi livide que la mine dʹun malade.
Des deux côtés du lit sont assis la plus grande partie de la journée, à gauche, le
Sénat au complet, en grands manteaux noirs, et, à droite, les femmes auxquelles
le rang de leur père ou de leur mari confère un honneur particulier. Aucune,
parmi elles, ne porte de bijoux en or ou de colliers : elles sont vêtues, au
contraire, de simples robes blanches, dans une attitude de personnes affligées.
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Tout cela sʹaccomplit durant sept jours ; et, chaque jour, des médecins
sʹapprochent du lit, simulent un examen du malade, et font savoir, à intervalles
réguliers, que son mal sʹaggrave.
Dès que, selon leur avis, ils proclament que la mort est intervenue, les
Personnages les plus nobles de lʹOrdre Équestre et une élite de Jeunes choisis
dans lʹOrdre Sénatorial, soulèvent le lit, et le portent, par la Voie Sacrée,
jusquʹau Vieux Forum, à lʹendroit où les Magistrats Romains se déchargent de
leur Fonction.
A cet endroit, de part et dʹautre, sont disposées des tribunes en gradins.
Sur lʹun des côtés se tient un choeur dʹenfants issus des Familles Patriciennes les
plus nobles de la Cité, et, de lʹautre côté, prend place un choeur de femmes,
composé des Représentantes des Familles les plus illustres. Chacun des deux
choeurs chante en lʹhonneur du Défunt des hymnes et des péans, au rythme
solennel et funèbre. Sur ce, on emporte le lit, et on le conduit en dehors de la
Ville au lieu appelé Champ de Mars.
Là, on a préalablement aménagé, en son endroit le plus dégagé, une
construction carrée, faite uniquement dʹun assemblage de très grandes pièces de
bois, à lʹexclusion de toute autre matière. Lʹintérieur est rempli également de
bois combustible, et lʹextérieur est orné de tentures brodées dʹor, de statues
dʹivoire et de tableaux variés.
Sur cet édifice, sʹélève un second, de forme et dʹornementation semblables, mais
plus petit et avec des ouvertures de fenêtres et de portes ; puis, au dessus, un
troisième édifice, puis un quatrième, chacun plus petit que celui situé en
dessous. Finalement au sommet se trouve un dernier petit édicule.
On pourrait comparer la forme générale de cette construction à celle des tours
lumineuses qui, au bord des ports, fournissent aux navires la nuit, grâce à leurs
feux, le moyen de se diriger afin de rentrer à bon port, et quʹon appelle
généralement des phares.
On monte donc le lit funèbre au deuxième étage de lʹédifice et on lʹy dépose.
On y apporte et on y déverse toutes les sortes dʹaromates, dʹencens que produit
la terre, et toutes substances, comme fruits, herbes ou sucs qui sont susceptibles
de produire un parfum agréable. Car il nʹest Peuple, ou Cité, ou Dignitaire, ou
Personnage de quelque importance ou de quelque réputation, qui ne se fasse un
point dʹhonneur dʹenvoyer des ultimes présents pour honorer lʹEmpereur
défunt. Quand tout lʹespace intérieur en a été rempli, on entame une
Chevauchée autour de lʹÉdifice. Tous les membres de lʹOrdre Équestre en font
le tour au galop dans des trajectoires et des figures correspondant à un Rite
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déterminé. Il en est de même des Chars qui décrivent à vive allure les mêmes
circonvolutions autour de lʹÉdifice funéraire. Les conducteurs de ces Chars sont
revêtus des toges pourpres, et portent des masques qui représentent tous les
Généraux célèbres et tous les Empereurs Romains prestigieux.
Ces Rites accomplis, le nouvel Empereur prend un flambeau sʹapproche et
enflamme lʹÉdifice ; puis, de tous côtés, les assistants viennent, à leur tour, y
mettre le feu. Tout lʹÉdifice sʹembrase, alors, très rapidement, tant on y a
accumulé de bois combustibles et dʹaromates.
Alors, de la dernière structure au sommet, comme du créneau dʹune tour,
sʹéchappe un Aigle qui sʹélance dans les airs avec les flammes, et, selon la
Croyance des Romains, cet Aigle emporte de la Terre au Ciel, lʹÂme de
lʹEmpereur.
A partir de cet instant, lʹEmpereur devenu Dieu, devient lʹobjet dʹun Culte
comme les autres Dieux.
‐10‐ Si ce sont les fils, naturels ou adoptifs, de lʹEmpereur et le Sénat qui décident et
proclament la Divinisation de lʹEmpereur à sa mort, cette Divinisation est, de fait, toujours
pré‐établie par lʹOrdre Cosmogonique, et annoncée, le plus souvent même, avant sa
naissance, par de multiples Présages Divins :
La présentation de ces Présages est, en effet, lʹune des composantes essentielles de la
Dialectique de tous les Historiens Antiques.
Suétone : Vies des Douze Césars : Auguste : 44 :
Je lis dans les Traités dʹAsclépiade Mendés (Écrivain originaire dʹÉgypte) ʺSur
les Choses Divinesʺ, que la mère dʹAuguste, Atia, sʹétant rendue au milieu de la
nuit dans le Temple dʹApollon pour un Sacrifice solennel, fit placer sa litière
dans le Temple et y resta endormie, tandis que les autres femmes sʹen allaient.
Or, un serpent se glissa auprès dʹelle puis se retira peu après. A son réveil, elle
se purifia comme si elle sortait des bras de son mari. Dès ce moment elle eut sur
le corps lʹimage dʹun serpent qui ne put jamais sʹeffacer, en sorte quʹelle ne
voulut plus paraître dans les bains publics. Et Auguste, qui naquit neuf mois
après, passa, ainsi, pour le Fils dʹApollon. Avant de le mettre au monde, Atia
rêva que ses entrailles étaient portées vers les Astres et embrassaient toute
lʹétendue de la Terre et des Cieux. Octavius, père dʹAuguste, rêva aussi quʹun
rayon de Soleil sortait des flancs de sa femme.
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‐11‐ La Divinisation de lʹEmpereur entraîne la mise en place dʹun Culte très élaboré,
ainsi que lʹÉdification, à travers tout lʹEmpire, de nombreux Temples qui sont dédiés au
nouveau Dieu, et qui sont destinés à accueillir les Célébrants de son Culte.
Ces Célébrants sont des Prêtres, appelés Flamines ; les Sacrifices sont offerts, chaque jour, à
la Divinité Impériale, représentée par une Statue de lʹEmpereur ; et des dons de valeur, ainsi
que des Inscriptions diverses décorent et enrichissent ces Temples.
Par exemple, Dion Cassius décrit ce processus, après la mort dʹAuguste en 14 EC :
Dion Cassius : Histoire Romaine : 56 : 46‐47 :
Pour lʹinstant, après avoir mis Auguste au rang des Dieux, on institua en son
honneur des Flamines et des Sacrifices, avec comme Grande Prêtresse, Livie
(veuve dʹAuguste et mère de Tibère) qui avait déjà reçu les noms de Julia et
dʹAugusta. On permit à Livie dʹavoir un Licteur (une sorte de Chambellan)
dans ses fonctions sacrées ; Livie fit don de 250.000 drachmes à un certain
Numerius Atticus, Sénateur Prétorien, pour avoir, à lʹexemple de ce quʹon
rapporte de Romulus et Remus, affirmé par serment quʹil avait vu Auguste
monter au Ciel.
Un Temple décerné par le Sénat, et construit par les soins de Livie et de Tibère,
fut élevé à Auguste dans Rome, et dans plusieurs autres lieux où les Peuples lui
en construisirent, les uns volontairement, les autres malgré eux.
La maison où Auguste était né à Nola fut transformée en Temple.
A Rome, pendant la construction de son Temple, on plaça une Image de lui,
couchée sur un lit, dans le Temple du Dieu Mars, et tous les hommages, qui
devaient par la suite, être rendus à sa Statue, furent dès lors rendus à son
Image.
En outre, un Décret défendit de porter son Image dans aucune pompe funèbre,
et ordonna que, le Jour de sa Naissance, les Consuls donneraient des Jeux
(Sacrés), dotés de prix comparables à ceux des Fêtes du Dieu Mars.
‐12‐ A cet égard, il convient de noter que les Jeux, généralement du Cirque, sont
fondamentalement des Cérémonies Religieuses en lʹhonneur dʹune Divinité de lʹEmpire
Romain.
Les six grands Jeux (ʺLudiʺ) Sacrés annuels étaient les suivants :
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‐ ʺLudi Megalensesʺ en lʹhonneur de la Déesse Cybèle, du 4 au 10 avril ;
‐ ʺLudi Cerialesʺ en lʹhonneur de la Déesse Cérès, du 12 au 19 avril ;
‐ ʺLudi Floralesʺ en lʹhonneur de la Déesse Flora, du 28 avril au 3 mai ;
‐ ʺLudi Apollinaresʺ en lʹhonneur du Dieu Apollon, du 6 au 13 juillet ;
‐ ʺLudi Romaniʺ en lʹhonneur du Dieu Jupiter, du 4 au 19 septembre ;
‐ ʺLudi Plebeiʺ également en lʹhonneur du Dieu Jupiter, du 4 au 17 novembre.
Outre ces grands Jeux Sacrés périodiques annuels, certains Empereurs instituèrent des Jeux
Sacrés, soit à lʹoccasion de leurs Victoires et Triomphes, soit en vue de vénérer un Dieu
particulier, comme, par exemple, les ʺLudi Augustalesʺ qui furent instaurés en lʹhonneur du
Dieu Auguste, ou les ʺLudi Juvenalesʺ qui furent institués par Néron en lʹhonneur de la
Déesse Jeunesse.
De la même façon, certains Empereurs Romains instituèrent des ʺJeux Séculairesʺ censés se
dérouler tous les cent ans.
‐13‐ Comme Auguste lui‐même sʹintitula ʺFils du Dieu Césarʺ, il était inéluctable que
des Rois‐clients de Rome fassent assaut de courtisanerie, et prennent lʹinitiative de
construire, de toutes parts, des Temples dédiés au Dieu Auguste, avant même sa mort, et
avant sa Divinisation officielle. Par politique dʹhumilité, et afin de ne pas paraître aux yeux
du Sénat et du Peuple Romain, outrecuidant, Auguste autorisait rarement la construction de
tels Temples, ou, du moins, il nʹétait supposé en apprendre lʹédification, quʹune fois le
Temple achevé et dédié : Auguste prenait, alors, modestement, acte du fait accompli.
En réalité, Auguste accueillait ces accès dʹenthousiasme avec une satisfaction secrète,
déguisée en une bienveillante compréhension pour des témoignages, supposés trop naïfs,
dʹadmiration de Peuplades un peu barbares. Tel était le cas, en particulier, des Royaumes
Orientaux où le Culte du Souverain était tout à fait ancré dans les moeurs des Peuples.
Cʹest à partir de ce précédent, que de nombreux Temples à travers tout lʹEmpire Romain,
furent, constamment, édifiés et dédiés aux Empereurs, de leur vivant, ainsi quʹaux membres
préférés de leur Famille, ou même, parfois, dédiés à leurs amis très chers.
Dion Cassius : Histoire Romaine : 51 : 20 : 6‐9 :
Pendant ce temps, Octavien (Auguste) entre autres affaires quʹil réglait, permit
notamment quʹil y eut à Éphèse et à Nicée des Sanctuaires dédiés à Rome et à
son père (qui lʹavait adopté) César, auquel il donna le nom de ʺDivus Juliusʺ
(Dieu César). Ces Villes étaient alors les plus importantes en Asie et en Bithynie.
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Auguste ordonna aux colons Romains qui y résidaient dʹy honorer ces Divinités
et il autorisa les étrangers, quʹil appelait Grecs, à lui consacrer un Sanctuaire à
lui‐même, et la même chose pour les Asiatiques à Pergame et pour les
Bithyniens à Nicomédie.
Cet usage se perpétua depuis, sous les autres Empereurs, non seulement dans
les Populations Helléniques, mais encore chez tous les Peuples soumis aux
Romains. A Rome‐même, en revanche et dans tout le reste de lʹItalie, aucun
Empereur, un tant soit peu digne de considération, nʹosa faire cela. Cependant
les bons Empereurs y sont divinisés après leur mort, et on leur construit
notamment des Temples. Ces mesures furent prises au cours de lʹhiver, et les
habitants de Pergame reçurent la permission de célébrer en lʹhonneur du
Temple dʹAuguste des Jeux Sacrés.
Cʹest dans cet élan général dʹétablissement de lʹIdéologie Païenne de la Divinisation de
lʹEmpereur Romain, quʹHérode le Grand, par exemple, avait fait bâtir de somptueux
Temples dédiés à Auguste, dans Césarée, dans Sébaste (Samarie), à Panion (aux sources du
Jourdain), ainsi que dans dʹautres régions.
Et cʹest ainsi, également, quʹHérode avait institué des Jeux sacrés, destinés à célébrer
Auguste dans toutes ces Villes dotées de Temples, et quʹil avait organisé de tels Jeux
Cultuels jusque dans Jérusalem même.
‐14‐ Or, ce quʹAuguste avait institué et organisé, comme devant se produire,
normalement et officiellement, à la mort de lʹEmpereur, Caligula, après une maladie, qui
changea son état mental et son comportement, ou bien qui en révéla les fondements
profonds, décida que lʹEmpereur nʹattendrait pas sa mort pour être déifié, mais quʹil serait
véritablement reconnu comme Dieu, de son vivant‐même.
De fait, Caligula ne faisait que reprendre une Institution Religieuse, mise en place par Jules
César, le véritable Fondateur de lʹEmpire Romain, Institution quʹAuguste avait préféré
surseoir de son vivant à Rome, par une modestie affectée, conçue comme mode plus efficace
de gouvernement.
Par exemple, Plutarque fait état du Culte du vivant de lʹEmpereur, Jules César, qui sʹétait
déclaré Descendant de la Déesse Venus :
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Plutarque : Antoine : 33 :
Antoine, pour faire plaisir à César, se laissa nommer Prêtre (Flamine) du Culte
du Divin Jules (César).
Lʹambition Divine de Caligula, à laquelle tout lʹEmpire se plia obséquieusement, apparut,
néanmoins, comme extravagante ou prématurée, le jeune Empereur nʹayant pas encore eu
lʹoccasion de démontrer lʹampleur éventuelle de son talent ou de son génie, comme ses
illustres Ancêtres, Jules César ou Auguste :
Philon dʹAlexandrie : Legatio ad Caium (Ambassade à Caligula) : 76 :
Au début de sa crise, Caligula se tint, dit‐on, un raisonnement de ce genre :
ʺDe même que ceux qui conduisent les troupeaux dʹanimaux, bouviers,
chevriers, pasteurs, ne sont ni des bovins, ni des chèvres, ni des moutons, mais
des hommes, dotés dʹune nature supérieure et dʹun meilleur destin, de même, il
en résulte que pour moi, qui suis le Conducteur de ce troupeau de choix quʹest
lʹespèce humaine, on doit considérer que, loin dʹêtre au même niveau de qui a
simple nature humaine, il mʹa été échu une Essence Supérieure et une Nature
Divine.ʺ
Suétone : Vies des Douze Césars : Caligula : 22 :
Entendant un jour plusieurs Rois, qui étaient venus à Rome, pour lui rendre
leurs devoirs, se disputer entre eux, à sa table, sur la prééminence respective de
leurs origines, Caligula sʹécria en Grec :ʺ Quʹil nʹy ait quʹun seul Maître, quʹun
seul Roi !ʺ (citation de lʹIliade dʹHomère). Peu sʹen fallut quʹil ne ceignit sur le
champ le Diadème Royal ce qui aurait ruiné les apparences du système du
Principat (qui donnait au Sénat lʹillusion de gouverner). Mais on lui représenta
quʹil était pour sa part bien au dessus de tous les Princes et de tous les Rois de la
Terre, et il commença dès lors à sʹattribuer la Majesté Divine.
Il fit venir de la Grèce les Statues des Dieux, les plus fameuses par la perfection
de leur facture ou par la dévotion que les Peuples leur témoignaient, dont en
particulier celle du Jupiter Olympien (Statue incrustée dʹor et dʹivoire qui avait
été exécutée par Phidias) et, leur enlevant la tête, il y fit substituer une sculpture
de la sienne.
Il fit prolonger jusquʹau Forum une aile de son Palais, et transformer le Temple
de Castor et Pollux en un vestibule, où il venait souvent sʹasseoir entre les deux
Frères Divins, pour sʹoffrir ainsi aux adorations de la foule.
Quelques uns le saluèrent alors du Titre de Jupiter Latin.
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Il fit également construire un Temple consacré à sa propre Divinité qui avait ses
Prêtres et où lʹon sacrifiait les victimes les plus rares. On voyait dans ce Temple
la Statue en or de Caligula qui lui ressemblait tout à fait, et que, chaque jour, on
habillait exactement de la façon dont lui même sʹétait vêtu ce jour‐là. Les
citoyens les plus riches se disputaient avec acharnement les fonctions de ce
Sacerdoce, qui était devenu lʹobjet de toutes les ambitions. Les victimes
immolées à ce nouveau Dieu étaient des flamants, des paons, des coqs de
bruyère, des poules de Numidie, des pintades, des faisans ; et il y avait, pour
chaque jour, des espèces différentes.
La nuit, il invitait la Lune quand elle était pleine et dans tout son éclat, à venir
recevoir ses embrassements et partager sa couche. Le jour, il avait des entretiens
secrets avec Jupiter Capitolin ; il lui parlait tantôt à lʹoreille, et ensuite il
présentait la sienne à la bouche de la Statue ; tantôt il lui parlait à voix haute et
même dʹun ton arrogant. On lʹentendit, une fois, lui dire dʹun ton menaçant :
ʺ Enlève‐moi, ou je tʹenlèverai !ʺ (citation de lʹIliade de Homère)
Mais sʹétant, comme il le déclara, laissé fléchir, et ayant reçu de Jupiter
lʹinvitation pressante de venir demeurer près de lui, il fit construire un pont, par
dessus le Temple du Divin Auguste, entre le mont Palatin (résidence de
Caligula) et le Capitole (emplacement du Temple de Jupiter).
Par la suite, pour être encore plus près du Temple de Jupiter, il fit préparer sur
la place même du Capitole les fondations dʹun nouveau Palais.
Cette frénésie et cette ivresse dʹêtre Dieu, vécue, de la sorte, par un homme à la Puissance
sans limites, Caligula lʹétend également à sa soeur préférée, Drusilla, avec laquelle il a une
liaison incestueuse intense :
Suétone : Vies des Douze Césars : Caligula : 24 :
Caligula eut des rapports incestueux et suivis avec toutes ses soeurs ; et à table
(pour les banquets), il les faisait placer, tour à tour, au dessous de lui sur son lit,
tandis que sa femme était installée au dessus de lui.
On croit quʹil portait encore la prétexte lorsquʹil déflora Drusilla, et il fut un jour
surpris dans ses bras, par sa grand‐mère, Antonia, chez laquelle ils avaient été
élevés tous les deux.
Dion Cassius : Histoire Romaine : 11 :
Drusilla (la soeur de Caligula) fut marié à Marcus Lepidus qui était à la fois le
mignon et lʹamant de Caligula ; mais celui‐ci avait également des rapports avec
elle. Lorsquʹelle mourut, son mari prononça son éloge funèbre et son frère lui
décerna des Funérailles payés par les fonds publics :
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Les Prétoriens avec leur Chef défilèrent, les enfants des Patriciens accomplirent
la Cavalcade Troyenne autour de son Tombeau, et tout ce qui avait été décerné
à Livie (femme dʹAuguste) le fut aussi pour Drusilla.
Pour quʹelle soit déifiée, un Portrait dʹelle en or fut placé dans la Curie. Et dans
le Temple de Vénus, une Statue dʹelle, de même dimension que celle de la
Déesse, lui fut consacrée avec les mêmes honneurs. De plus, un Temple
particulier lui fut édifié avec vingt Prêtres, hommes et femmes, entièrement
consacrés à son Culte.
‐15‐ Une telle exaltation délirante dans la volonté de Divinisation de lʹEmpereur
Romain, exaltation sans limites, et qui, non seulement, ne rencontrait aucun obstacle, mais,
au contraire, suscitait, à travers tout lʹEmpire, les surenchères les plus démesurées dans la
dévotion et lʹobséquiosité envers le Souverain, était, assez inexorablement, amenée à balayer
tout ce qui pourrait, éventuellement, tenter de sʹopposer à son déploiement le plus intense.
Cʹest ainsi, en particulier, que les Juifs, apprirent à leurs dépens, que leur survie‐même était
menacée par cette ambition effrénée et cette Puissance sans limites de lʹIdéologie Païenne.
Et, en quelque sorte, le règne de Caligula se présenta, comme une sorte dʹangoissante
répétition générale de la Destinée Juive, sous une forme outrancière et démesurée, mais qui,
en réalité, était, authentiquement, révélatrice et annonciatrice du désastre irrémédiable que
le Peuple Juif allait subir, quelques décennies plus tard, avec les Empereurs Titus, puis
Hadrien.
Philon dʹAlexandrie : Legatio ad Caium (Ambassade à Caligula): 115‐116‐117 :
Caligula ne voyait dʹun mauvais oeil que les Juifs, précisément parce quʹils
étaient les seuls à montrer des dispositions contraires, car ils ont été instruits,
dès le berceau pour ainsi dire, par leur parents, leurs maîtres, leurs précepteurs,
et plus encore par les Saintes Lois, ainsi que par des Traditions non écrites (Loi
Orale), à croire en Un Seul Dieu, qui est le Père et lʹAuteur de lʹUnivers.
Aussi bien, tous les autres hommes, femmes, Cités, Peuples, Pays, Régions de la
Terre, je pourrais dire, en vérité, toute la Terre habitée, bien que gémissant sur
ce qui se passait (les outrances de Caligula), ne lʹen flattaient cependant pas
moins, prenaient les déclarations de Caligula, tout à fait à la lettre, et
sʹévertuaient à se conformer à sa prétention...
Un seul Peuple, cependant, faisait exception : celui des Juifs. On soupçonnait
quʹil allait faire de lʹopposition, parce que ce Peuple a toujours estimé digne de
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lʹImmortalité les occasions dʹaccepter de mourir, chaque fois quʹil sʹagissait de
refuser de violer la moindre de ses Prescriptions Sacrées, si mince fût‐elle :
exactement de la même manière, que, si lʹon acceptait, dans un Édifice, dʹen
retirer un seul élément, cet Édifice, dût‐il encore sembler se dresser solidement,
céderait inéluctablement à lʹendroit où lʹon avait accepté de le laisser se
dégarnir, et lʹensemble sʹeffondrerait en ruines.
‐16‐ Cʹest en Égypte, à Alexandrie, que les Juifs vont subir la première épreuve de
cette volonté de lʹEmpereur Romain, Caligula, dʹêtre désormais tenu pour un Dieu vivant
par tous ses Sujets, sans aucune exception.
La Communauté Juive à Alexandrie était importante depuis la création de la Ville par
Alexandre. Et, sous tous les régimes Grecs qui sʹy succédèrent, par la suite, les Juifs
parvinrent, à la fois, à préserver leur spécificité, et à servir dʹintermédiaires entre la
Population autochtone (Égyptienne) et lʹélite gouvernante, Macédonienne dʹabord, puis
Grecque, et finalement Romaine.
Si les Juifs dʹAlexandrie surent toujours préserver leur spécificité Religieuse, en contrepartie
ils ne parvinrent pas, ou très rarement, à obtenir les mêmes prérogatives que les Grecs qui,
de naissance, jouissaient des pleins Droits de la Cité, organisée sur le modèle Grec qui sʹétait
imposé sur tout le pourtour de la Méditerranée.
Les Juifs demeurèrent, ainsi, toujours une Communauté à part dans Alexandrie.
Lorsque les Romains sʹemparèrent, à leur tour, de Égypte, avec, en particulier, lʹaide des Juifs
et de la Dynastie Hérodienne, ils reconnurent tous les privilèges spécifiques qui avaient été
accordés antérieurement aux Juifs à Alexandrie, et, de plus, les Romains les utilisèrent,
davantage encore, comme des intermédiaires avec la Population Égyptienne et avec les
Citoyens dʹorigine Grecque, en particulier dans le domaine économique et fiscal.
Ces privilèges notoires accordés aux Juifs dʹAlexandrie, la puissance économique de
membres importants de leur Communauté, leur volonté opiniâtre de rester une
Communauté à part, tout en déployant des efforts perpétuels pour obtenir les mêmes Droits
que les Citoyens Grecs, tous ces éléments provoquèrent chez les Autochtones et chez les
Grecs, une animosité croissante et une Judéophobie intense, faite, tout à la fois, dʹenvie, de
mépris, de jalousie et de haine.
Or, ce climat de tension inter‐communautaire, couvant de façon incessante à Alexandrie, va
dégénérer à lʹoccasion de lʹarrivée au Pouvoir de Caligula.
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‐17‐ En effet, dès que les Alexandrins vont comprendre que Caligula veut être
honoré comme un Dieu, et quʹil sʹirrite de ce que les Juifs, seuls dans tout lʹEmpire Romain,
lui dénient cette prétention, ils vont avoir lʹidée machiavélique, sous prétexte de complaire à
Caligula, de massacrer les Juifs, et de se précipiter dans les Synagogues, soit pour les
détruire, soit pour y ériger des Statues de lʹEmpereur Romain.
Deux événements particuliers vont provoquer et attiser ces émeutes, pour les transformer en
véritable pogrome :
‐ Le premier événement sera le passage par Alexandrie, dʹAgrippa I, qui a été nommé Roi
par Caligula : Les Grecs dʹAlexandrie ne supporteront pas de voir quʹun de ces Juifs, quʹils
méprisent et quʹils considèrent comme leurs inférieurs, ait pu accéder à une telle Faveur
Impériale. Aussi, les Grecs dʹAlexandrie organiseront une parodie de Parade Royale destinée
à ridiculiser, à travers la Ville, Agrippa I et les Juifs.
‐ Le deuxième élément qui favorisera la propagation des émeutes en Alexandrie sera la
situation particulière du Gouverneur dʹÉgypte, Flaccus.
Celui‐ci, en effet, avait été nommé par Tibère, et il était, de plus, initialement, un ami et
protégé du nouveau Préfet du Prétoire, Macron, qui avait éliminé Séjan, et qui avait soutenu,
auprès de Tibère, Caligula comme héritier au Trône Impérial.
Or, Flaccus, maladroitement, avait, lui, soutenu le clan favorable à Tiberius, le petit‐fils de
Tibère. Aussi, quand Caligula devient Empereur, Flaccus se trouve dans une passe difficile.
Et sa situation empire considérablement, lorsque Caligula fait assassiner Macron, dont le
nouvel Empereur ne supporte plus les conseils et les recommandations.
Ainsi privé, désormais, de tout appui à la Cour Impériale, Flaccus se laisse persuader par les
Grecs dʹAlexandrie que, pour conquérir la faveur de Caligula, il lui faut entrer avec éclat
dans les vues de lʹEmpereur : Et que, par conséquent, le Gouverneur Romain doit laisser les
Alexandrins attaquer les Juifs, qui refusent de reconnaître la Divinité de Caligula, et les
laisser installer des Statues de lʹEmpereur, dans tous les lieux de Culte à Alexandrie, dont, en
particulier, dans les Synagogues.
Flaccus se laisse convaincre, et il laisse faire, tout en évitant dʹimaginer que ces émeutes sont
susceptibles de dégénérer et de mettre en péril lʹéquilibre social préexistant.
Cʹest de cette façon quʹun enchaînement dʹévénements de plus en plus incontrôlés et de plus
en plus sanglants va se dérouler, sans que Flaccus intervienne pour faire cesser un pogrome
qui, de spontané et ciblé au départ, devient systématique et sʹélargit à toute la Communauté
Juive dʹAlexandrie :
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Philon dʹAlexandrie : Legatio ad Caium (Ambassade à Caligula) : 120 :
Dès que la Populace dʹAlexandrie sʹen rendit compte (de la volonté de Caligula
dʹêtre considéré comme un Dieu, et de sa haine à lʹencontre des Juifs, qui, sont
les seuls à pas vouloir reconnaître sa Divinité) cette Populace, mélangée et
versatile, se jeta sur nous (les Juifs) dans lʹidée quʹune occasion très opportune
lui tombait du Ciel ; et la haine, qui couvait depuis bien longtemps, se révéla en
ravageant tout sur son passage...
Philon dʹAlexandrie : In Flaccum (Contre Flaccus) : 41‐ 42 :
Dès quʹelle se rendit compte de cette attitude (la neutralité favorable du
Gouverneur Flaccus)... la foule se mit à crier, sur un mot dʹordre, quʹil fallait
ériger des Statues dans les Synagogues, cherchant ainsi à créer un précédent
dʹun méfait inouï, et qui nʹavait jamais encore été perpétré.
Sachant cela, car ils ont lʹesprit très vif quand il sʹagit de nuire, les Alexandrins
mettent en avant le nom de César (Caligula) à qui on ne saurait jamais imputer
de Décision blâmable.
Philon dʹAlexandrie : Legatio ad Caium (Ambassade à Caligula) : 132 ‐ 134 :
A la tête de groupes très compacts, les Synagogues étant très nombreuses dans
chaque quartier de la Ville, les manifestants coupèrent les arbres des unes, en
détruisirent dʹautres jusquʹà leurs fondations ; il en est même quʹils incendièrent
en jetant du feu à lʹintérieur, sans se soucier, sous lʹempire dʹune rage démente,
des constructions dʹalentour, car lorsque du feu prend à du bois, il nʹy a rien de
plus rapide.
Et je ne parlerai pas des Monuments avoisinants à la Gloire des Empereurs qui
furent abattus ou brûlés à cause de cela, avec des boucliers, des couronnes
dorées, des stèles et des inscriptions diverses. Rien que pour ne pas prendre le
risque de les détruire, on nʹaurait pas dû toucher au reste (aux Synagogues).
Mais puisquʹon nʹavait pas à craindre de sanctions de la part de Caligula, dont
on connaissait bien sa haine implacable contre les Juifs, on sʹenhardissait jusquʹà
soupçonner que rien ne saurait lui faire plus plaisir que de voir infliger à leur
Nation toutes sortes de maux...
Les manifestants dressèrent dans toutes les Synagogues (qui ne furent pas
détruites) des Statues de Caligula ; et dans la Synagogue qui était la plus grande
et la plus remarquable ils ajoutèrent un ensemble de bronze avec un
Personnage monté sur un quadrige. Telle était la hâte et la précipitation de leur
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zèle que, nʹayant pas sous la main une Statue de quadrige neuve, ils en
ramenèrent une du Gymnase (Édifice officiel où se rassemblaient les Grecs), qui
était vétuste, complètement rouillée, amputée des oreilles, des queues (des
chevaux) des pattes, et de plusieurs autres éléments, et qui, à ce que disent
certains, avait été dédiée à Cléopâtre lʹancienne, aïeule de la dernière (femme de
César puis de Marc‐Antoine).
On peut mesurer le choc que cette profanation, en particulier, put avoir sur tous les Juifs du
Monde Romain, si lʹon sait que cette Synagogue dʹAlexandrie était, après le Temple de
Jérusalem, et avec le Temple de Léontopolis en Egypte, le plus grand Sanctuaire Juif de cette
époque :
Talmud de Jérusalem : Ordre Moed : Traité Sukha : 5 : 1 :
Qui nʹa pas vu la double galerie de la Synagogue dʹAlexandrie nʹa rien vu de la
Splendeur dʹIsraël. Cʹest un Palais très élevé, composé de succession de galeries
superposées, pouvant contenir un nombre de gens sʹélevant au double des
Israélites qui sortirent dʹÉgypte. Il y avait 70 sièges dʹor garnis de perles et de
pierres précieuses, destinés aux Anciens (membres du Sanhédrin) Et chacun de
ces sièges était placé sur une base valant 25 myriades (nombre
incommensurable) de Dinars dʹor ... Malgré la foule de lʹAssistance, on nʹétait
pas assis en désordre.
Avec la destruction et la profanation des Synagogues, va se développer progressivement le
véritable pogrome :
Philon dʹAlexandrie : In Flaccum (Contre Flaccus) : 55‐71 (Extraits) :
Après quoi, à ces deux crimes, Flaccus ajouta un troisième en laissant, comme à
la prise dʹune Ville, ceux qui le voulaient, piller les Juifs.
Avec une telle garantie dʹimmunité, que font les gens ?
Il y a cinq quartiers dans la Ville dʹAlexandrie quʹon désigne par les cinq
premières lettres de lʹalphabet. Deux de ces quartiers sont appelés quartiers des
Juifs parce quʹun très grand nombre de Juifs y habitent ; mais il y en a
également beaucoup qui habitent dans les autres quartiers un peu partout.
Que fit‐on ? On chassa de leurs maisons les Juifs des quatre quartiers et on les
concentra dans une partie très restreinte dʹun seul quartier. En raison de leur
très grand nombre, les Juifs, dans un dénuement total, débordèrent sur les
grèves, sur les décharges publiques, et dans les cimetières.
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Les Alexandrins envahirent les maisons ainsi évacuées par les Juifs et se
livrèrent au pillage. Ils se partageaient le butin comme à la guerre, et, comme
personne ne les en empêchait, ils forcèrent aussi les ateliers des Juifs qui se
trouvaient fermés à cause du deuil de Drusilla (la soeur de Caligula qui a été
déifiée à sa mort). Et tout ce quʹils y trouvèrent ‐ il y avait là quantité de
marchandises ‐ ils sʹen emparèrent. Ils emmenèrent tout cela au marché, et ils le
négociaient comme sʹil sʹagissait de leurs biens propres. Mais lʹarrêt des affaires
fut un mal encore plus grave que les pillages.
Après les rapines, les évictions et les expulsions brutales de la plupart des
quartiers de la Ville, les Juifs étaient comme des assiégés encerclés par lʹennemi,
pressés par la pénurie et un cruel manque de vivres, et ils voyaient leurs
femmes et petits enfants dépérir par une famine, ainsi délibérément organisée...
Aussi, certains, qui nʹavaient pas auparavant lʹhabitude de le faire, se rendirent
chez des parents ou des amis pour implorer lʹaumône dʹune simple ration de
vivres. Dʹautres, par un sentiment de noble fierté, et refusant la condition de
mendiants, à leurs yeux servile et basse, ne se montraient au marché que pour
acheter de quoi manger pour eux et leur famille. Ces malheureux étaient
immédiatement capturés par les meneurs de ces émeutes et ils étaient
traîtreusement assassinés, traînés, piétinés brutalement à travers toute la Ville,
au point quʹil nʹen subsistait même pas un lambeau qui aurait pu être honoré
dʹune sépulture....
Ils sont innombrables ceux quʹils exterminèrent encore et firent disparaître par
diverses sortes de mauvais traitements, agencés de façon à satisfaire la terrible
cruauté des ces frénétiques dont la sauvagerie faisait des bêtes féroces. Tous les
Juifs quʹils apercevaient, où que ce fût, ils les frappaient à coups de pierres ou
coups de bâton, en évitant de porter des coups mortels tout de suite sur les
parties vitales, de crainte quʹune mort trop rapide ne vint les délivrer trop vite
du sentiment de leur tortures.
Certains, rendus plus audacieux par lʹimpunité et la licence propres à ce genre
de circonstances, et méprisant les armes les plus faibles, avaient recours à celles
qui sont les plus efficaces de toutes : le fer et le feu ; ils en tuèrent un grand
nombre à coups dʹépée, et en éliminèrent beaucoup dʹautres par le feu.
Le pire, cʹétait par familles entières, hommes et femmes, petits enfants avec
leurs parents, que ces hommes les plus insensibles du monde les firent brûler en
pleine Ville, sans pitié ni pour la vieillesse, la jeunesse ou lʹenfance innocente.
Quand ils manquaient de bois à brûler, ils prenaient des broussailles, et tuaient,
ainsi, plus par la fumée que par le feu, procédé ingénieux pour infliger une
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mort plus lamentable et plus lente à ces malheureux, dont les corps à demi‐
brûlés gisaient pêle‐mêle en un affreux spectacle affligeant. Et si les gens quʹils
avaient envoyé chercher des broussailles tardaient trop, cʹest avec le mobilier
pillé chez ces mêmes Juifs quʹils les brûlaient, tout en se réservant les objets de
valeur, tandis quʹils jetaient aux flammes du bûcher ce qui nʹavait pour eux
aucune utilité.
Nombreux encore étaient les Juifs quʹils attachaient tout vivants par une jambe
à la cheville pour les traîner ainsi, tandis quʹils leur défonçaient le corps en
sautillant dessus, mise à mort atroce de leur invention. La mort même de leurs
victimes ne mettant nullement fin à leur fureur, ils infligeaient aux cadavres les
pires traitements en les traînant par toutes les ruelles de la ville, ou, peu sʹen
faut, jusquʹà ce que du cadavre, de sa peau, de ses chairs, de ses nerfs tout
déchiquetés par les inégalités et les aspérités du sol, et que de tous ces membres
qui avaient formé un seul organisme, maintenant disloqués et dispersés ça et là,
il ne restât plus rien.
Ce pogrome Antique, même sʹil satisfait probablement Caligula, ne sauve pas la tête du
Gouverneur Flaccus, qui sera destitué et arrêté, probablement sur une intervention
dʹAgrippa auprès de Caligula. Et probablement aussi, parce que, dʹune part, il était vital
pour lʹapprovisionnement de lʹEmpire Romain de remettre de lʹordre dans son grenier à blé,
et dʹautre part, que Flaccus ne disposait plus dʹaucun appui à la Cour Impériale qui puisse le
protéger de lʹanimosité de Caligula.
Philon dʹAlexandrie raconte ensuite la déchéance de Flaccus, suivie de sa mort, qui
apparaîtra aux Juifs, comme lʹinévitable châtiment Divin réservé à ceux qui persécutent le
Peuple Juif, selon lʹArétalogie habituelle, constituant un genre Littéraire de soutien destiné à
décrire les persécutions qui sont, inéluctablement, suivies de la Punition des coupables,
grâce à une Intervention Divine.
‐18‐ A la suite de ce pogrome dʹAlexandrie, deux Ambassades se rendent à Rome
pour présenter à lʹEmpereur Caligula les versions des deux parties adverses : les Juifs dʹune
part, et les Alexandrins dʹautre part, qui sʹaccusent réciproquement de la responsabilité de
ces événements violents.
Le récit de cette Ambassade est contenu dans Legatio ad Caium, (lʹAmbassade à Caligula)
oeuvre écrite par Philon dʹAlexandrie, qui dirigeait la Délégation Juive dʹAlexandrie.
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Ce récit constitue une documentation assez exceptionnelle, car il est le seul, en dehors des
récits de Flavius Josephe, à rendre compte dʹune rencontre, à Rome‐même, entre un
Empereur Romain et des Juifs.
Or, cette rencontre est révélatrice dʹune incompréhension complète entre deux univers
étrangers et totalement incommunicables :
‐ Les Juifs contemplent, avec étonnement et crainte un jeune homme capricieux, fantasque,
déconcertant, mais tout Puissant, dont dépend la Destinée de leur Communauté comme celle
de tous les Juifs de lʹEmpire.
‐ Caligula, quant à lui, observe, avec un mélange dʹindifférence et de curiosité, ces
plaignants bizarres, comme une espèce exotique et quasi‐zoologique, aux moeurs
incompréhensibles, et quʹil faudrait, inévitablement, un jour, penser à civiliser.
Et, ainsi, en une scène de quasi‐comédie, transparaît en filigrane limpide, lʹannonce de la
Tragédie Juive des prochains millénaires :
Philon dʹAlexandrie : Legatio ad Caium (Ambassade à Caligula) : 349‐ 367 :
Quand nous fûmes introduits (auprès de Caligula) nous allions comprendre, à
son regard et à son geste, que nous ne nous trouvions pas devant un Juge mais
en face dʹun Accusateur, plus hostile même que nos Adversaires.
Voici, en effet, ce quʹaurait dû faire un Juge normalement : siéger avec des
assesseurs choisis parmi les personnages les plus compétents puisquʹil sʹagissait
dʹinstruire une Affaire de la plus haute importance, car elle nʹavait jamais été
vraiment examinée depuis quatre cents ans (le problème du statut des Juifs en
Alexandrie depuis la création de la Ville par Alexandre).
Et, pour la première fois, allait donc être examinée une Affaire dont dépendrait
le destin de myriades (de nombreux) Juifs Alexandrins. Aussi aurait‐il fallu
faire comparaître les défenseurs des deux Parties en présence, entendre
soigneusement les développements de lʹaccusation et de la défense, en leur
accordant strictement le même temps de parole, mesuré par lʹécoulement de
lʹeau (dans le clepsydre). Puis, après avoir levé la séance, lʹEmpereur aurait
délibéré avec ses assesseurs, et ensuite, il aurait fait prononcer, en public, le
Verdict, rendu en toute équité.
Au lieu de quoi, toute la Procédure nʹa été que celle dʹun Tyran indifférent,
nous menaçant dʹun regard de Despote : En effet, non seulement il nʹa rien fait
de ce que je viens de dire, mais il a fait venir les Responsables des deux Jardins,
celui de Mécène et celui de Lamia.
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Ces jardins sont proches lʹun de lʹautre et près de la Ville. Or, Caligula y
séjournait depuis trois ou quatre jours, et cʹest là quʹallait se jouer, à lʹoccasion
de notre Audience, comme une sorte de représentation dramatique dirigée
contre notre Peuple.
Caligula ordonne donc aux Responsables des deux Jardins de lui ouvrir tous les
Pavillons (préparés pour une Fête) car il voulait inspecter minutieusement
chacun dʹeux. Par conséquent, nous fûmes introduits là, en sa présence, et, tout
en le regardant avec modestie, la tête baissée, nous tendions la main vers lui en
lʹappelant ʺAuguste Empereurʺ.
Quant à lui, il nous adressa sa réponse avec tant de bienveillance et dʹamabilité
quʹil y avait non seulement de quoi renoncer à notre cause mais à la vie‐même :
‐ ʺCʹest vous, lança‐t‐il, les gens qui ne veulent pas reconnaître que je suis Dieu,
moi qui suis déjà appelé ainsi par tous les autres hommes ! Mais vous, vous ne
voulez croire quʹen celui que vous ne pouvez nommer !ʺ
Et, levant les bras au ciel, il prononça une imprécation quʹil nʹest même pas
permis dʹentendre, encore moins dʹen reproduire les termes.
De quel plaisir furent aussitôt comblés les Délégués de la Partie adverse (les
Grecs dʹAlexandrie) qui, dès cette première phrase de Caligula, pouvaient
considérer, dʹores et déjà, quʹils avaient réussi leur Ambassade et que le succès
leur était acquis. Aussi, ils se mirent à gesticuler, à danser, en acclamant
lʹEmpereur, et en lui décernant toutes les épithètes rituelles adressées aux
Dieux. Le voyant rayonner de plaisir en entendant ces Titres qui le plaçaient
bien au dessus de la condition humaine, lʹodieux sycophante Isidoros (lʹun des
Chefs de la Délégation des Alexandrins) lui dit :
‐ ʺSeigneur, tu haïras bien plus encore les personnages qui sont devant toi, et
tous leurs congénères, quand tu connaîtras leurs mauvaises dispositions et leur
impiété à ton égard : alors que tous les hommes offrent des Sacrifices dʹaction
de grâce pour ton Salut, seuls, ces gens‐là nʹont pas voulu accepter de tʹoffrir
des Sacrifices. Et quand je dis ces gens‐là, jʹenglobe, dans ce mot, tous les Juifs.ʺ
Nous nous récriâmes tous ensemble :
‐ ʺMajesté cʹest nous calomnier ! Car nous avons bel et bien sacrifié (au Temple
de Jérusalem), et non pas en répandant seulement le sang autour de lʹAutel,
quitte à emporter, ensuite, chez nous les viandes pour les consommer dans un
festin ou un banquet, mais en abandonnant la chair des animaux sacrifiés à la
Flamme Sainte, afin quʹils soient entièrement consumés. Et cela, nous lʹavons
fait trois fois et non pas seulement une fois : la première fois, lorsque tu as reçu
la succession de lʹEmpire ; la seconde, lorsque tu fus sauvé de cette grave
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maladie (après laquelle lʹétat mental de Caligula a changé) ; la troisième, dans
lʹespérance de ta victoire en Germanie.
‐ Admettons, dit‐il, que ce soit vrai : Vous avez sacrifié, mais à un autre (Dieu),
même si cʹétait à mon intention. Alors à quoi bon ? Puisque ce nʹest pas à Moi
que vous avez sacrifié !ʺ
Quand nous entendîmes cette réflexion, qui venait sʹajouter à la première avec
laquelle il nous avait accueilli, un frisson nous saisit immédiatement au fond de
nous mêmes et se propagea jusque sur notre apparence.
Tout en parlant ainsi, Caligula parcourait les Pavillons, examinant les salles des
hommes, celles des femmes, les rez‐de‐chaussée, les étages, absolument tout, et
critiquant certaines comme étant des installations insuffisantes ; aussi, il en
imaginait de tout autres, et en ordonnait, aussitôt, lʹexécution des plus
coûteuses.
Nous avancions à sa suite, montant, descendant, raillés et insultés par nos
ennemis, comme des acteurs sur la scène : car cʹétait bien une espèce de farce,
où le Juge avait pris le rôle dʹAccusateur, et les accusateurs celui de piètres
témoins qui nʹavaient dʹyeux que pour la haine et non pour la vérité des faits.
Or, quand un Juge, et surtout quand il est un Personnage si considérable, se
mêle dʹaccuser celui qui est en jugement, il nʹy a quʹà se taire, car le silence est
alors le dernier moyen de se défendre.
Dʹautant plus quʹon ne pouvait donner de réponse pour aucun des points sur
lesquels il cherchait avidement à se renseigner, car nos Usages et nos Lois
(contraires aux désirs de Caligula) nous retenaient la langue, nous verrouillant,
et nous cousant la bouche.
Une fois quʹil eut terminé de donner des ordres pour les constructions, Caligula
nous posa la grande et fameuse question :
‐ ʺPourquoi vous abstenez‐vous de la viande de porc ?ʺ
De nouveau, à cette question, ce fut un grand éclat de rire chez nos adversaires :
les uns par amusement, les autres par calcul de flatterie, affectaient de trouver
que ce bon mot avait été dit avec grâce et finesse.
Un des domestiques de la suite de lʹEmpereur sʹindigna de ce quʹils osaient se
comporter ainsi dʹune façon outrageante pour lʹEmpereur, sous le règne duquel
le sourire le plus discret, pour qui ne faisait pas partie de ses intimes familiers,
nʹétait pas sans danger.
Lorsque nous eûmes répondu que les Lois diffèrent selon les Peuples, et quʹil y
a des interdits pour certaines choses, aussi bien chez nos adversaires que chez
nous, quelquʹun dit :
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‐ ʺComme la plupart des gens, ils ne portent pas à leur bouche la viande
dʹagneau qui est à la portée de tout le monde.ʺ
Caligula enchaîna en ricanant : ʺBien sûr, car ça nʹest pas bon !ʺ
Au milieu de toutes ces sottises et de tous ces sarcasmes, nous étions bien gênés.
Alors, finalement, et en traînant sur les mots, Caligula déclara :
‐ ʺNous voulons apprendre quels sont les Droits politiques que vous
revendiquez.ʺ
Dès quʹà notre premier mot pour le lui apprendre, il eut évalué notre
justification et compris quʹelle risquait de ne pas pouvoir être facilement éludée,
et avant même que nous ayons eu le temps dʹen aborder les points essentiels, il
inspecta sommairement les premières pièces, puis il bondit dans la grande salle,
et, après en avoir fait le tour, il ordonna de relever les fenêtres de tous côtés de
pierres transparentes dans le genre du verre blanc, qui, sans faire obstacle à la
lumière, protègent du vent et de la brûlure du soleil.
Ensuite, ralentissant sa marche, il nous demanda dʹun ton plus modéré :
‐ ʺVous disiez ?ʺ
Alors, comme nous commencions à reprendre le fil du sujet, il sʹintroduisit de
nouveau en courant dans une autre pièce, où il donna des ordres pour quʹon y
plaçât des tableaux originaux.
Voyant nos Droits à la Défense ainsi déchirés, brisés, pour ne pas dire hachés et
pulvérisés, saisis de découragement et abattus, ne nous attendant désormais
plus à rien quʹà la mort, nous nʹavions déjà plus nos âmes en nous, car elles
avaient pris les devants pour aller supplier le Vrai Dieu de retenir la colère
inéluctable de celui qui en portait faussement le Titre.
Or, ayant accepté notre lamentation, Dieu tourna à cet instant le coeur de
Caligula vers la pitié. Ramené à plus de douceur, il se contenta de déclarer :
‐ ʺCe ne sont pas des gens aussi pervers, à mon avis, que malheureux et très
sots, puisquʹils ne comprennent pas que jʹai hérité de la Nature dʹun Dieu.ʺ
Sur quoi, il se retira après nous avoir donné lʹordre de nous en aller, nous aussi.
‐19‐ Durant cette même Ambassade chez Caligula, Philon dʹAlexandrie, en
attendant dʹêtre reçu par lʹEmpereur, allait apprendre une nouvelle encore plus redoutable
pour la survie du Peuple Juif et de son Idéologie :
Caligula avait décidé de faire placer dans le Lieu très Saint du Temple de Jérusalem, sa
propre Statue monumentale, qui devrait y être révérée sous le nom de ʺZeus‐Caligulaʺ :
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Philon dʹAlexandrie : Legatio ad Caium : 184‐ 189 :
Comme je (Philon) perdais courage (quant à lʹissue de lʹAmbassade des Juifs
dʹAlexandrie) mais dissimulais mon inquiétude, car il nʹétait pas sans danger de
la manifester, un autre malheur, imprévu et terrible, sʹabat soudain sur nous,
qui mettait en danger, non plus une partie du Peuple Juif, mais globalement la
Nation toute entière :
A la suite de Caligula, nous étions arrivés de Rome à Dicéarchia ; or, il était
descendu à la mer et passait son temps le long du golfe, allant de lʹune à lʹautre
de ses nombreuses Villas personnelles richement aménagées.
Pendant que nous songions à notre Affaire, car nous attendions toujours dʹêtre
convoqués devant lʹEmpereur, quelquʹun nous aborde, les yeux troubles et
injectés de sang, osant à peine nous regarder et tout haletant. Il nous attire à
lʹécart car il y avait des gens tout près : ʺÉcoutez, dit‐il, les nouvelles !ʺ
Mais au moment de nous les annoncer, il resta court, un flot de larmes sʹétant
déclenché brusquement....
Tout en sanglotant il nous dit dʹun souffle entrecoupé :
ʺCʹen est fait de notre Temple Sacré : Caligula a ordonné que soit érigé, dans le
Lieu Très Saint, une Statue monumentale le représentant et qui sera révérée
sous le nom de Zeus.ʺ
Déconcertés par ces paroles, figés de stupeur, sans pouvoir faire un pas de plus,
car nous nous étions immobilisés, bouche bée, interdits, effondrés pour notre
propre sort, les nerfs de nos corps complètement distendus, nous écoutions
dʹautres qui arrivaient pour confirmer ces mêmes sujets de désespoir.
En effet, lʹinterdiction dʹadorer des Statues, Idoles, et autres Dieux, figure, avec une force
incontournable, dans les Commandements donnés par lʹÉternel à Moïse :
Exode : 20 : 3‐5 ; 23 :
Tu nʹadoreras pas dʹautres Dieux que Moi.
Tu ne te fabriqueras aucune Idole, aucun objet qui représente ce qui est dans le
ciel, sur la terre ou dans lʹeau ou sous la terre.
Tu ne tʹinclineras pas devant des Statues de ce genre, tu ne les adoreras pas.
En effet, je suis lʹÉternel ton Dieu et jʹexige dʹêtre ton Seul Dieu...
Vous ne vous fabriquerez pas dʹIdole en argent ou en or pour adorer dʹautres
Dieux à côté de Moi.
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‐20‐ Philon dʹAlexandrie rapporte ensuite comment Caligula en est venu à prendre
cette Décision de placer sa propre Statue Sacrée dans le Temple‐même de Jérusalem.
Cette prise de Décision sʹest faite, en effet, selon un scénario initié par les Païens, de façon
identique à celui qui sʹest déroulé en Alexandrie.
Et ce scénario générique préfigure, dans ses motivations profondes, les surenchères
tragiques qui entraîneront, par la suite, la disparition du Temple :
Philon dʹAlexandrie : Legatio ad Caium : 197‐203 ; 207 :
Après un instant de silence nous dîmes à ceux qui nous avaient apporté ces
nouvelles :
ʺPourquoi restez‐vous là sans plus rien nous dire ? Vous nʹavez fait que nous
mettre dans les oreilles des étincelles qui nous brûlent et nous consument, alors
quʹil faudrait, en outre, nous exposer les motifs de cette Décision de Caligula.
‐ La cause profonde et première, vous la connaissez comme tout le monde :
Caligula veut être considéré comme un Dieu ; or il sʹest rendu compte que,
seuls, les Juifs ne lʹadmettraient pas, et quʹil ne saurait, en conséquence, leur
infliger une plus grande punition que de sʹinstaller dans la Sainteté de leur
Sanctuaire. Comme il a entendu dire que cʹest le plus beau des Sanctuaires du
monde entier, et que, depuis des temps immémoriaux, on ne cesse de lʹembellir
avec prodigalité, avide et jaloux comme il est, il a décidé de se lʹapproprier.
De plus, il est excité encore davantage actuellement par une lettre que lui a
envoyé Capito (le même qui a tenté de retenir Agrippa prisonnier à Jamnia). Ce
Capito est Percepteur des Impôts de la Judée et il est mal disposé à lʹégard des
Juifs. Arrivé pauvre, il sʹest acquis une fortune considérable, autant par ce quʹil
sʹest approprié, que par ce quʹil a détourné frauduleusement. Aussi, afin de
prévenir toute accusation éventuelle de malversation (et dʹenrichissement aux
dépens de lʹEmpire) il a imaginé un procédé qui lui permettrait de réfuter par
des calomnies les plaintes que pourraient déposer ceux à qui il a fait du tort.
Lʹoccasion lui en a été offerte de la façon suivante :
Jamnia, qui est une des Villes les plus peuplées de Judée, a une population
mélangée, composée en majorité de Juifs, mais aussi de gens dʹorigine
étrangère, des intrus provenant de régions voisines. Ces métèques sʹacharnent à
créer à ceux qui sont, en somme, les autochtones (les Juifs) de cette Ville, des
ennuis et des incidents, en essayant, sans répit, de violer leurs coutumes
ancestrales. Ces individus, ayant appris par des gens qui débarquent au port
combien Caligula tient à sa propre Déification, et à quel point il est indisposé à
lʹencontre de toute la Race Juive, ont pensé, alors, quʹil leur tombe
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véritablement du ciel une occasion rêvée pour provoquer une persécution :
Ils ont dressé alors (pour Caligula) un Autel improvisé en un matériau de
fortune, composé dʹargile façonnée en briques. Cela, sans autre but que de
provoquer les Juifs qui habitent dans la Cité, car ils savaient bien que ceux‐ci ne
toléreraient jamais une telle violation de leurs usages ; et ce fut naturellement le
cas. En effet, à ce spectacle, indignés de voir bel et bien aboli le caractère Sacré
de la Terre Sainte, les Juifs se rassemblent et démolissent lʹAutel (consacré à
Caligula). Les autres aussitôt se rendent chez Capito, qui avait, en fait, monté
tout le scénario. Pensant avoir trouvé, ainsi, lʹoccasion quʹil cherchait depuis
longtemps, Capito envoie aussitôt une lettre à Caligula. LʹEmpereur, après
lecture de tous les détails inscrits dans cette lettre, décide sur le champ, que ce
sera quelque chose de bien plus riche et de plus orgueilleux quʹil ordonne de
faire élever, immédiatement, dans le Sanctuaire même de notre Jérusalem : au
lieu dʹun simple Autel de briques dressé par dérision, à Jamnia, ce sera une
colossale Statue en or de lʹEmpereur...
Caligula fait donc rédiger la Lettre, et cela, non à la légère mais avec toute la
circonspection propre à assurer le succès de lʹentreprise :
Et Caligula ordonne à Petronius, Légat de toute la Syrie, à qui était adressée
cette lettre, dʹamener en Judée la moitié de lʹArmée qui, en garnison près de
lʹEuphrate, gardait le passage des Rois et Peuplades dʹOrient.
Toute cette Armée devrait escorter la Statue de Caligula, non pas tant pour
donner plus dʹéclat à cette érection, mais afin que, si quiconque sʹavisait de sʹy
opposer, il soit immédiatement exécuté.ʺ
‐21‐ Plusieurs facteurs vont retarder suffisamment cette tentative de Caligula pour
quʹelle échoue définitivement avec lʹassassinat de lʹEmpereur :
Selon Flavius Josèphe et Philon dʹAlexandrie, Agrippa, en visite à Rome, aurait réussi à
infléchir, temporairement, la Décision de Caligula.
Mais cette intervention, basée sur leur amitié de jeunesse, ne devait provoquer quʹun léger
retard, qui fut vite aboli par la résolution inébranlable de Caligula.
La réaction des Juifs en Judée, et le prudent attentisme de Petronius, le Légat de Syrie,
constituèrent les deux autres facteurs, qui semblent avoir retardé, en réalité, lʹexécution des
ordres de Caligula :
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Flavius Josèphe : Guerre des Juifs : 2 : 184‐187 ; 192‐198 :
Caligula César mit une telle prétention à défier la Fortune quʹil voulut passer
pour un Dieu, et être salué de ce nom, quʹil décapita sa Patrie de ses plus nobles
Citoyens (mis à mort) et quʹil étendit son sacrilège jusquʹen Judée.
Cʹest ainsi quʹil envoya à Jérusalem, avec une Armée, Petronius, pour y ériger,
dans le Temple, ses Statues, avec lʹordre, si les Juifs ne lʹacceptaient pas, de
massacrer les opposants, et de réduire en esclavage tout le reste de la Nation.
Heureusement, Dieu prêta attention à ces prétentions.
DʹAntioche, Petronius se dirigea vers la Judée avec trois Légions et beaucoup de
Troupes auxiliaires recrutées en Syrie. Du côté des Juifs, certains nʹajoutaient
pas foi aux rumeurs de guerre. Les autres y croyaient mais ne voyaient aucun
moyen de se défendre ; et comme lʹArmée Romaine était déjà arrivée à
Ptolemais, la terreur gagna vite tout le monde...
Les Juifs, rassemblés avec femmes et enfants dans la plaine voisine de
Ptolemais, supplièrent longuement Petronius, dʹabord pour leurs Lois
Ancestrales, puis pour eux‐mêmes. Cédant devant cette multitude et ces
prières, Petronius laissa à Ptolemais les Statues de Caligula, et gagna la Galilée,
où il convoqua le Peuple Juif et tous ses Notables à Tibériade.
Là, Petronius leur exposa la Puissance des Romains, et les menaces de Caligula,
et il sʹefforça de leur démontrer que leur requête était inconsidérée : Car, du
moment que toutes les Nations sujettes aux Romains ont érigé dans chaque
Ville, avec les Statues des autres Dieux, celle de Caligula, le fait, que les Juifs
soient les seuls à sʹy opposer, les mettait dans une position de rébellion ouverte
et sacrilège. Comme les Juifs objectaient leur Loi et leur Coutume Ancestrale,
dʹaprès lesquelles il nʹest permis de dresser aucune Représentation dʹun Dieu, à
plus forte raison dʹun homme, non seulement dans le Temple, mais dans
quelque lieu que ce soit à travers tout leur pays, Petronius répondit :
‐ Mais moi aussi, jʹai à observer la Loi de mon Maître : si je la transgresse en
vous ménageant, je périrai en toute justice. Et celui qui vous fera la guerre, cʹest
celui qui mʹa envoyé. Car, tout comme vous, je reçois des ordres.
A ce discours, la foule vociféra comme sʹils étaient prêts à tout souffrir pour leur
Loi. Petronius fit cesser leurs cris et dit :
Ainsi vous feriez la guerre à lʹEmpereur ?
Alors les Juifs déclarèrent quʹils offraient des Sacrifices deux fois par jour pour
Caligula et pour le Peuple Romain, mais que, si lʹEmpereur voulait installer ses
Statues, il lui faudrait dʹabord immoler la Nation des Juifs tout entière. Et ils
sʹoffraient tous dʹeux‐mêmes, immédiatement, au sacrifice, avec femmes et
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enfants. Ces mots pénétrèrent Petronius dʹadmiration et de compassion pour
lʹincomparable sentiment religieux de ces hommes, et la fermeté avec laquelle
ils sʹoffraient à la mort.
Comme, selon Flavius Josephe, Petronius est embarrassé par cette résistance obstinée des
Juifs, pour qui, visiblement, la profanation envisagée par Caligula est de nature à enflammer
leur désespoir et leur rage, le Légat de Syrie envoie une lettre de temporisation à Caligula.
Petronius pense, alors, habile de faire savoir à lʹEmpereur que sa décision perturbe à tel
point la Nation Juive que la moisson dans toute la Judée en est menacée, ce qui serait de
nature à poser des graves problèmes dʹapprovisionnement en vivres, lors du voyage que
Caligula envisage dʹentreprendre en Orient.
Cette missive, loin de dissuader Caligula le renforce dans sa Décision, et, selon des versions
divergentes, il ordonne la mise à mort de Petronius, ou lui réitère ses ordres, sous peine de
mort en cas de non‐exécution.
En vérité, Caligula veut non seulement installer sa Statue en or dans le Temple de Jérusalem,
mais transformer complètement ce Sanctuaire des Juifs en Temple de Caligula‐Zeus :
Philon dʹAlexandrie : Legatio ad Caium : 346 :
Caligula avait conçu dʹadapter le Temple de Jérusalem, en le transformant en
son propre Sanctuaire, qui porterait officiellement le nom de Caligula‐Zeus.
Seul, lʹassassinat de Caligula empêchera cette transformation programmée du Temple des
Juifs en Temple Païen, dédié spécifiquement à lʹEmpereur Romain.
Mais cette volonté obstinée, de sʹapproprier et de transformer le Temple des Juifs en un
Sanctuaire dʹune autre Religion, demeurera une constante de lʹHistoire de Jérusalem et du
Site de son Temple, à travers les Siècles et les Millénaires.
‐22‐ Pour conclure sur cette tentative de Caligula, véritable symptôme clinique
révélant les germes implacables, qui allaient, inexorablement, faire disparaître le Temple des
Juifs de la surface de la terre, on peut noter que cette tentative a été amplement relatée par
les deux écrivains Juifs, Flavius Josèphe et Philon dʹAlexandrie.
Par contre, les oeuvres des Historiens Païens, qui nous sont parvenus, ne traitent pas de ces
événements, si importants pour le Destin du Peuple Juif, mais, qui, apparaissaient comme
plutôt insignifiants aux yeux des Historiens Romains.
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Aussi, de nouveau, en cette occasion Historique particulière, on peut remettre en perspective
les rapports entre les Romains et les Juifs :
Ceux‐ci étaient considérés par les Romains comme une minorité ethnique, aux moeurs
étranges, mais sans grande importance ni intérêt.
Aussi, pour ce qui concerne les diverses manifestations de défense des prérogatives des
Juifs, il était quasiment fatal que, si celles‐ci devaient, un jour, sʹavérer trop antinomiques et
contraires à lʹaccomplissement de la Civilisation Romaine, ces spécificités Juives seraient,
alors, le moment venu, impitoyablement réduites en cendres, et balayées dans le néant de
lʹHistoire, sans aucune espèce dʹétat dʹâme de la part des Romains.
‐23‐ Agrippa, à Rome, avait donc tenté, assez vainement, dʹinfléchir la Décision de
Caligula de placer sa Statue dans le Temple de Jérusalem.
Or, quand Caligula fut assassiné peu après, Agrippa se trouvait encore à Rome.
Les circonstances firent, alors, que lʹArmée se saisit de Claude, qui était lʹoncle de Caligula et
le fils dʹAntonia, et le désigna dʹautorité comme Empereur, tandis que, de son côté, le Sénat
sʹefforçait de reconstituer une forme de régime aristocratique, dit ʺRépublicainʺ.
Selon Flavius Josèphe, Agrippa, qui était, également, ami de jeunesse de Claude, aurait alors
servi de Négociateur entre le Sénat et Claude, et il aurait conseillé celui‐ci, quant à la
meilleure stratégie à adopter, dans ce bras de fer, où lʹArmée Romaine, de toutes façons, ne
pouvait que triompher, et, en fin de compte, imposer son choix.
Cʹest de cette façon que Claude succéda à Caligula.
Et, en remerciement pour les services que lui avait vraisemblablement rendus Agrippa en
cette occasion, Claude, le nouvel Empereur Romain, nomma aussitôt Agrippa, Roi de Judée.
Comme Agrippa avait déjà été nommé par Caligula, Roi des deux autres importantes
Tétrarchies provenant de lʹancien Royaume dʹHérode le Grand, ce petit‐fils dʹHérode le
Grand, se retrouva, ainsi, à la tête de pratiquement tous les anciens Territoires sur lesquels
avait régné son grand‐père, et reconstitués, pour la dernière fois de son Histoire, en un seul
Royaume Juif unifié.
‐24‐ Le nouveau Roi de tous ces Territoires Juifs, Agrippa I, était un personnage
totalement dichotomique, comme si son sang Hasmonéen ne sʹétait jamais mélangé avec son
sang Hérodien (Iduméen).
‐ A Jérusalem, Agrippa prit lʹapparence dʹun Roi Juif Hasmonéen, comme en rêvaient les
Pharisiens, et son règne, avec ses apparences illusoires, put leur rappeler, fugitivement, le
bref âge dʹor de la Reine Salomé Alexandra.
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‐ Dans le même temps, et par contre, à Césarée, Capitale administrative et militaire de la
Judée sous lʹoccupation Romaine, Agrippa I tendit à devenir un Souverain Païen dʹordre
Divin, tel que lʹavait rêvé son ami et protecteur, Caligula.
‐25‐ Arrivé à Jérusalem, Agrippa I suspendit la lourde chaîne en or, que lui avait
offert Caligula, au Portique du Temple, et, selon un Midrash Aggadique (Vayyikra Rabba III), il
y aurait offert, en un seul jour, mille Sacrifices.
Et Agrippa, au Temple de Jérusalem, fait tout pour rappeler au Peuple Juif, ses Ancêtres, les
Macchabées.
Par exemple, le premier Jour de la Fête des Tabernacles, Agrippa I reçoit du Grand‐Prêtre, le
Rouleau de la Loi, et il procède, selon le Culte, à la Lecture publique du Deutéronome.
Lorsquʹil arrive à un passage qui prescrit aux Juifs de ne se choisir un Roi que parmi leurs
frères de sang, Agrippa I, fait jaillir de ses yeux des larmes si réussies, quʹelles feront oublier
ses origines Hérodiennes aux Juifs, émus par une performance aussi efficace :
Mishnah : Ordre Nachim : Traité Sotah :VII : 8 :
Agrippa, debout, reçut du grand Prêtre, le Rouleau de la Loi, pour faire la
lecture de Deutéronome 17 : 14‐20 , sans sʹasseoir, ce dont les Maîtres de la Loi le
louèrent.
Arrivé au Verset : ʺVous nʹaccepterez pas comme Roi, un étranger qui nʹest pas votre
frèreʺ, ses yeux débordèrent de larmes ; mais lʹAssistance lui cria : ʺNe crains
rien, Agrippa, tu es notre frère, tu es bien notre frère !ʺ
Mais, même parmi les Juifs, Agrippa demeurait un Roi dichotomique, et il semble avoir eu, à
côté de ses démonstrations de piété populiste, les aspects cruels hérités de ses aïeux
Herodiens, et de certains de ses aïeux Hasmonéens, comme Hyrcan ou Jannée.
Des passages Aggadiques de la Littérature Rabbinique en restituent quelques échos
légendaires et anachroniques, dont il faut, comme la plupart du temps, décrypter
lʹinterprétation historique éventuelle :
Talmud de Babylone : Ordre Moed : Traité Pesahim : 57a :
Le Roi (Agrippa I ?) et la Reine étaient assis ensemble, et le Roi déclara que le
chevreau était préférable tandis que la Reine soutint que lʹagneau méritait la
préférence. Qui décidera, se demandèrent‐ils. On décida :
ʺLe Grand‐Prêtre, puisquʹil sacrifie tous les jours des victimes.ʺ
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Lorsque (le Grand‐Prêtre) Issachar de Kefar‐Barkaï vint, il fit un signe de la
main au Roi, ce qui est un manque de respect, et trancha en disant (en défaveur
pour le Roi) : ʺSi le chevreau valait mieux on sʹen servirait pour le Sacrifice
quotidien (au lieu de lʹagneau).ʺ
Le Roi ayant trouvé lʹattitude dʹIssachar impudente, ordonna quʹon lui coupât
la main droite. Mais Issachar parvint à corrompre le bourreau afin quʹil lui
enlevât la main gauche. Le Roi lʹapprit et lui fit aussi couper la main gauche.
On pourrait, peut‐être, interpréter cette anecdote Aggadique, comme un transposition dʹun
règlement de comptes entre Pharisiens et Sadducéens, à lʹoccasion de lʹaccession au Trône
dʹAgrippa, une personne mutilée étant, selon la Loi, disqualifiée pour la Grande‐Prêtrise, ce
qui permettait à Agrippa de récupérer le privilège de nommer le Grand‐Prêtre des Juifs.
Dans cette perspective interprétative, en éliminant, de la sorte et à sa guise, un Grand‐Prêtre
Sadducéen, Agrippa, aurait, à la fois, satisfait à ses penchants cruels, tout en offrant, par
démagogie et au détriment de la Hiérarchie Sacerdotale, des gages aux Pharisiens, afin de se
conquérir les faveurs de la Population Juive, très influencée par ses Docteurs de la Loi et par
les Rabbins.
‐26‐ Césarée est la Capitale administrative, militaire et commerciale du grand
Royaume dʹAgrippa I. Une partie importante de cette Ville est Païenne avec une Population
Grecque et Syrienne principalement.
La Garnison Militaire y est très importante, et le Port est lʹun des premiers de la Région, en
particulier pour les nombreuses exportations vers lʹItalie.
Lʹurbanisme, conçu par Hérode le Grand, y est de type Gréco‐Romain, et offre tous les
accommodements possible pour les Cultes et plaisirs que peut offrir aux Païens, le mode de
vie Gréco‐Romain: Temples, Thermes, Théâtre, Amphithéâtre colossal, Cirque, Hippodrome,
etc.
Or, lorsquʹil quitte Jérusalem, Agrippa I devient un Souverain Païen, tout à fait Caligulien.
En fait, ce que son grand‐père, Hérode le Grand, recherchait, plus ou moins, secrètement,
Agrippa I a décidé de lʹaccomplir ouvertement, une fois sorti de Jérusalem :
Cʹest ainsi quʹAgrippa I organise des Jeux Sacrés dédiés aux Dieux Païens, quʹil fait réaliser
des Statues de sa famille, dont il espère quʹelles seront bientôt révérées, et que, finalement, il
aspire publiquement, tel Caligula, à être reconnu comme un Dieu vivant.
Et, à lʹexemple dʹHérode le Grand, Agrippa I étend ses largesses à toutes les Régions
avoisinantes, afin de se forger, comme son grand‐père, Hérode le Grand, une réputation de
grand Souverain.
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Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 19 : 7 :
Entre tant de Villes qui ressentirent les effets de la magnificence de ce Prince
(Agrippa I), il nʹépargna aucune dépense pour faire construire dans Beryte, un
superbe Théâtre, un Amphithéâtre, des Thermes, et des Galères, qui, tous,
rivalisaient de beauté. Divers concerts de musique et autres divertissements
furent donnés, pour la première fois, dans ces lieux.
Et, afin de donner au Peuple le plaisir de voir, en temps de paix, une Image de
la Guerre, on fit venir dans lʹAmphithéâtre, 1.400 hommes, condamnés à mort,
que lʹon sépara en deux troupes ; et leur combat fut si opiniâtre et si sanglant
que, de tout ce grand nombre de coupables, il nʹen resta pas un seul en vie.
‐27‐ Agrippa I, ayant repris la Tétrarchie de Philippe, avait continué de frapper la
monnaie, avec le Portrait de lʹEmpereur Romain dʹun côté, et le Temple de Panion (et peut‐
être de Jérusalem) de lʹautre.
Devenu Roi de Judée, grâce à Claude, Agrippa I frappe, cette fois, monnaie avec sa propre
tête, ainsi que lʹimage de son fils, violant de la sorte, une Prescription rigoureuse de la Loi
Juive. Mais surtout, Agrippa I nʹhésite pas à frapper monnaie, le représentant, en diverses
occasions, offrant des Sacrifices dans un Temple Païen, sur une face de la Pièce, tandis que
lʹautre face représente lʹEmpereur Romain.
Par ailleurs, Agrippa I fait réaliser des Statues de sa famille, dont en particulier, des
Sculptures de ses filles, dont il est assez probable quʹil souhaitait quʹun Culte leur serait
rendu, comme cʹétait le cas pour Drusilla, la soeur très‐aimée de Caligula.
Et cette quête Païenne dʹune Souveraineté dʹordre Divin entraîne Agrippa I vers un
Épilogue, inspiré directement de lʹobsession dʹun Caligula.
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 19 : 7 :
Agrippa I ôta la Grande‐Prêtrise à Mathias pour la donner à Élionée, fils de
Cithéus. Et, en la troisième année de son Règne, il célébra dans la Ville de
Césarée, que lʹon appelait autrefois la Tour‐de‐Straton, des Jeux Sacrés en
lʹhonneur de lʹEmpereur Romain (Claude).
Tous les Dignitaires et toute la Noblesse se rendirent à cette Fête. Le second jour
de ces spectacles, Agrippa vint, dès le grand matin, au Théâtre, avec un
costume dont le fond était dʹargent, et travaillé avec tant dʹart que lorsque le
soleil le frappa de ses rayons, il éclata dʹune si vive lumière quʹon ne pouvait le
contempler sans être touché dʹun respect mêlé de crainte.
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Alors ces lâches courtisans, dont les discours empoisonnés répandent le venin
mortel dans le coeur des Souverains, commencèrent à sʹécrier que, jusquʹalors,
ils avaient considéré leur Roi comme un homme, mais quʹils voyaient bien
maintenant quʹils devaient le révérer comme un Dieu, et le prier de leur être
favorable, puisquʹil était évident quʹil nʹétait pas comme les autres dʹune
condition mortelle. Agrippa souffrit cette impiété quʹil aurait dû châtier
rigoureusement.
Si lʹon considère que Flavius Josèphe, lorsquʹil écrit son oeuvre à Rome, après la destruction
du Temple, sʹefforce dʹoffrir la meilleure image possible dʹAgrippa I à son fils Agrippa II, qui
est, alors, lʹami de lʹEmpereur Titus, et le frère incestueux de Bérénice que Titus a
passionnément aimé, on peut convenir que le délire dʹAgrippa I, tel quʹon peut le déduire
des descriptions de Flavius Josèphe et des Pièces de monnaie de son règne, constitua un
mélange, assez unique, de Judaïsme contrefait, de Paganisme Impérial en quête du Divin, et
de faste de Souverain oriental aux aspirations Célestes.
Et cʹest au comble de cette extase quasi‐mystique, relatée par Flavius Josèphe, quʹAgrippa I
ressent, en pleine gloire, et dans ce Théâtre‐même, les douleurs lancinantes dʹune maladie
qui va lʹemporter en cinq jours.
Les Actes des Apôtres de Luc rendent également compte de cette fin tragique, en la plaçant
dans un autre contexte, et en lui conférant une exégèse chrétienne :
Luc : Actes des Apôtres : 12: 23 :
Hérode (Agrippa I) était très en colère contre les habitants de Tyr et de Sidon.
Ceux‐ci se mirent dʹaccord pour se présenter devant lui. Ils gagnèrent à leur
cause Blastus, lʹOfficier de la Chambre du Roi, puis ils allèrent demander à
Agrippa I de faire la paix, car leur Pays sʹapprovisionnait dans celui du Roi.
Au jour fixé, Agrippa I mit son Vêtement Royal, sʹassit sur son Trône, et leur
adressa publiquement un Discours. Le Peuple sʹécria :
‐ Cʹest un Dieu qui parle, et non pas un homme !
Mais, au même moment, un Ange du Seigneur frappa Agrippa, parce quʹil avait
accaparé lʹhonneur dû à Dieu : il fut rongé par les vers et mourut.
Cette mort fut, peut‐être, en réalité, causée par un empoisonnement commandité par des
éléments Romains :
En effet, Agrippa I, comme grisé par le Pouvoir, avait, dʹune part, décidé de renforcer la
troisième Muraille de Jérusalem, et dʹautre part, avait tenté de regrouper sous sa direction,
une sorte de coalition constitué de divers Souverains des Régions voisines.
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Aussi, toutes ces initiatives visant à conforter et à élargir le Pouvoir dʹAgrippa I, nʹavaient
pas été du goût du Légat Romain de Syrie, qui les avait, aussitôt, interdites sans
ménagement, en avertissant lʹEmpereur Claude.
En tout état de cause, la mort dʹAgrippa I allait brutalement remettre en place tous les
problèmes réels, que lʹillusionniste Agrippa avait réussi à escamoter durant son très court
règne.
‐28‐ En effet, à lʹoccasion de la mort dʹAgrippa I, et, comme à Alexandrie, la haine
des Païens à lʹencontre des Juifs va sʹexercer sur la mémoire de ce Roi qui avait été lʹami de la
Famille Impériale, et qui, en même temps, revendiquait la Souveraineté Juive.
Cette haine Païenne va prendre, dans le Royaume du défunt Agrippa, une tournure
menaçante, sous lʹinfluence de la Classe Militaire Romaine et Auxiliaire, pour laquelle le
Paganisme Polythéiste, avec ses puissants Dieux Protecteurs, et la Déification de lʹEmpereur,
constituent lʹessence‐même et la base de toutes les Valeurs Militaires, dans une Armée
disciplinée. Aussi, cette Classe militaire Romaine et Païenne, toute puissante, ressent
intimement la Religion Juive, tout à la fois, comme menaçante et méprisable.
Et son esprit de Caste sʹétait senti, pour cette raison, comme foncièrement trahi par
lʹEmpereur Romain, Caligula, puis par Claude, chaque fois que ceux‐ci avaient accordé leurs
faveurs à Agrippa I, ce Prince Juif, fût‐il Iduméen, ou bien lorsque les Empereurs avaient
concédé, dʹune façon incompréhensible, des privilèges à la minorité Juive, honnie et
inférieure.
Aussi, lorsque un Roi Juif, comme Agrippa I, sʹest avisé dʹimiter les Empereurs Romains, la
haine des Païens et des Militaires se manifeste, dès que lʹoccasion sʹen présente, avec un
mépris et une violence haineuse :
Flavius Josèphe : Antiquités Juives : 19 : 7 :
Lorsque la nouvelle de la mort du roi Agrippa I fut rendue publique, les
habitants de Césarée et ceux de Sébaste oublièrent tous les bienfaits quʹils
avaient reçus de lui. Et leur horrible ingratitude alla jusquʹà vouloir noircir sa
mémoire par des injures si outrageantes que je nʹoserais les rapporter.
Les vauriens qui se trouvèrent alors en grand nombre dans le Peuple eurent
aussi lʹinsolence dʹarracher du Palais les Statues des Princesses, ses filles, pour
les porter dans des lieux immondes où une honteuse prostitution rassemble les
malheureuses victimes de la luxure publique, et, après avoir exposé ces Statues
à la vue de tout le monde, ils ajoutèrent à cet outrage toutes les indignités
imaginables.
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Ces habitants perfides firent même des festins dans les rues, où, avec des
couronnes de fleurs sur leurs têtes, et ayant les cheveux parfumés, ils offrirent
des sacrifices à Charon (Nocher des Enfers) et burent à la santé les uns des
autres pour témoigner de leur extrême joie de la mort de ce Prince Juif.
LʹEmpereur Claude, auprès de qui le jeune Agrippa (Agrippa II, fils dʹAgrippa
I) était alors élevé à Rome, fut fort touché de la mort de son père, et très irrité
contre ceux de Césarée et de Sébaste. Claude voulait, pour satisfaire à son
serment, envoyer immédiatement ce jeune Prince prendre possession de son
Royaume.
Mais ses amis et affranchis, qui avaient grand crédit auprès de Claude, le firent
changer de décision, en lui représentant quʹun homme avancé en âge pourrait
gouverner un si grand État, mais que la jeunesse dʹAgrippa II lʹen rendait
encore incapable. Aussi, Claude décida dʹenvoyer en Judée un Gouverneur qui
commanderait dans tout le Royaume....
Ainsi, il nomma Cuspius Fadus, et il lui recommanda, avant toutes choses, de
châtier très sévèrement ceux de Césarée et de Sébaste des outrages quʹils
avaient faits à la mémoire dʹAgrippa, et aux Princesses ses filles.
Claude lui ordonna donc dʹenvoyer dans le Pont, les cinq Cohortes et le reste
des gens de guerre, qui étaient en garnison dans ces deux Villes, et de les
remplacer par un corps qui serait tiré des Légions Romaines de la Syrie.
Mais ce dernier Ordre ne fut pas exécuté : en effet, ayant envoyé des Députés à
lʹEmpereur, ces gens de guerre de Césarée et de Sébaste réussirent à adoucir son
esprit, et obtinrent de lui de pouvoir demeurer en Judée :
Ce qui fut, en fait, le commencement de tous les maux dont ce Pays fut, depuis
lors, affligé, et constitua les semences de la terrible Guerre qui allait se
déclencher sous le gouvernement de Florus.
‐29‐ Si, selon Flavius Josèphe, lʹEmpereur Claude, ainsi que certains membres de la
Famille Impériale, pouvaient nouer des relations privilégiées avec des membres de la
Famille Hérodienne, dont il avaient pu mesurer, au fil du temps et des générations
successives, la fidélité et lʹentière conformité à lʹIdéologie Romaine, on ne peut nullement en
déduire que lʹEmpereur Romain étendait cette amitié aux Juifs dans leur ensemble, en vue
de les placer sur un pied dʹégalité avec les autres Peuples Polythéistes de lʹEmpire.
Bien au contraire :
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On sait, par exemple, que sous le règne de Claude, a eu lieu une nouvelle Expulsion des Juifs
de Rome, ceux‐ci étant toujours attirés, comme des papillons, par la flamme incandescente
de la Capitale du Monde, ou bien, y étant envoyés en esclavage.
Parmi ces Juifs, qui furent expulsés de Rome par Claude, figuraient, peut‐être, également,
des Chrétiens venus évangéliser, et qui étaient, alors, considérés, encore, comme une Secte
Juive, aussi nocive, sinon plus nocive, de par son activisme missionnaire déterminé, que la
Religion originelle dont cette Secte était issue.
Suétone fait état de cette Expulsion, et la classe, une fois encore, parmi les faits positifs
accomplis par lʹEmpereur Claude durant son règne :
Et le contexte, dans lequel Suétone rapporte cette Expulsion, brosse un tableau évocateur de
lʹIdéologie Païenne de cette époque, extrêmement attachée aux traditionnelles Valeurs
Gréco‐Romaines, héritées de la Mythologie Antique :
Suétone : Vie des Douze Césars : Claude : 25 :
Claude déclara les Troyens exempts pour jamais de tout tribut, au motif quʹils
étaient les Auteurs de la race Romaine ; et, à cette occasion, il donna lecture
dʹune ancienne Lettre Grecque du Sénat et du Peuple Romain au Roi Séleucus,
Lettre par laquelle les Romains lui promettaient leur Alliance et leur amitié, à la
condition toutefois que le Souverain Séleucide affranchirait de tout impôt les
Troyens, qui sont frères de race des Romains.
Claude chassa de Rome les Juifs qui excitaient des troubles à lʹinstigation de
Chrestus (des adeptes du Christ ?)...
Claude abolit entièrement dans les Gaules la cruelle et atroce Religion des
Druides quʹAuguste avait seulement interdite aux Citoyens Romains.
Et Claude tacha, au contraire, de faire venir, de Grèce à Rome, les Mystères
dʹÉleusis ; et il proposa de reconstruire, en Sicile, aux frais du Trésor Public, le
Temple de Venus Erycine qui était tombé en ruines.
Claude fit Alliance avec des Rois en immolant dans le Forum une truie, et en
faisant lire par les Prêtres, lʹAntique Formule des Serments.
De la même façon, Luc, dans les Actes des Apôtres, rend compte de cette Expulsion des Juifs,
sous le règne de Claude, lorsquʹil raconte la mission de Paul se rendant dʹAthènes à
Corinthe.
Toutefois Luc ne mentionne pas que cette Expulsion de Rome ait concerné les Chrétiens :
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Luc : Actes des Apôtres : 18 : 1‐4 :
Après cela, Paul partit dʹAthènes et se rendit à Corinthe. Il y rencontra un Juif
nommé Aquilas, né dans la province du Pont : il venait dʹarriver dʹItalie avec sa
femme Priscilla, parce que lʹEmpereur Claude avait ordonné à tous les Juifs de
quitter Rome. Paul alla les trouver et comme il avait le même métier quʹeux (ils
fabriquaient des tentes) il demeura chez eux et ils travaillèrent ensemble.
Chaque Sabbat, Paul prenait la parole dans la Synagogue et il cherchait à
convaincre aussi bien les Juifs que les Grecs.
‐30‐ Mais le Document où lʹon peut le mieux apprécier le véritable point de vue de
lʹEmpereur Claude sur les Juifs, est la transcription authentique dʹune Lettre, adressée par
Claude au Préfet dʹÉgypte, après que lʹEmpereur Romain ait reçu en audience les
Ambassades Juives et Grecques dʹAlexandrie.
En effet, après le pogrome organisé, sous Caligula, par les Grecs dʹAlexandrie contre les
Juifs, ceux‐ci avaient progressivement réagi et leurs coreligionnaires étaient accourus de
toute Égypte et de la Palestine, pour se porter à leur secours.
Il sʹen était résulté de nouveaux troubles en Alexandrie, et lʹArmée Romaine était intervenue
pour rétablir lʹordre.
Il était donc important que lʹEmpereur tranche cette incessante querelle intestine qui
nʹarrêtait pas de perturber lʹéconomie‐même de la Capitale Romaine et lʹapprovisionnement
en vivres de toute lʹItalie.
Les Ambassades des deux factions, qui furent entendues par Claude, étaient probablement
les mêmes que celles que Caligula avait, lui‐même, reçues, mais auxquelles, semble‐t‐il,
étaient venus sʹajouter de nouveaux Envoyés, venus porter témoignage des troubles les plus
récents.
Pour ce qui concerne plus particulièrement les Juifs, il semblerait que les derniers Envoyés
dʹAlexandrie, ne sʹétaient pas joints à lʹAmbassade préexistante, mais quʹils avaient voulu
présenter, avec une Ambassade distincte, les points de vue dʹune Population Juive, plus
orthodoxe, plus populaire, et plus revendicative que les points de vue, pragmatiques,
accommodants et diplomatiques, qui étaient présentés par les membres de la première
Ambassade, composée, vraisemblablement, des seuls Notables et Représentants des Classes
aisées.
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Cette Lettre de lʹEmpereur Claude, ami dʹAgrippa I, aux Alexandrins est assez importante,
car ce nʹest pas un témoignage dʹHistorien, soumis à une interprétation préalable, mais un
Document brut qui rend compte de plusieurs points importants :
‐A‐/ Cette Lettre met en valeur les modalités du processus de Déification des Empereurs
Romains, processus qui est engagé de leur vivant‐même, et auquel ils se conforment avec
modestie, mais dont ils savent pertinemment, ou espèrent avec force, que leur mort en
constituera le total accomplissement avec la mise en place définitive de leur Culte.
‐B‐/ Cette Lettre de Claude indique bien la différence qui existe entre les Droits des Grecs
qui sont Alexandrins, et donc Citoyens à part entière, et ceux des Juifs qui ne sont que Juifs,
cʹest à dire que leurs privilèges et spécificités sont garantis, mais quʹils ne disposent pas des
Droits héréditaires de ʺCitoyensʺ, et quʹils ne sauraient y aspirer.
‐C‐/ Cette Lettre de Claude est adressée plus spécifiquement aux Citoyens Grecs
dʹAlexandrie, et, accessoirement, aux Juifs de cette même Ville.
‐D‐/ Dans cette Lettre, lʹEmpereur Romain, ami dʹAgrippa I, emploie lʹexpression ʺconjureʺ,
lorsquʹil sʹadresse aux Citoyens Grecs, mais utilise lʹexpression ʺordonneʺ, lorsquʹil sʹadresse
aux Juifs.
‐E‐/ Outre sa différence de traitement envers les Grecs (Citoyens oeuvrant pour la Gloire de
lʹEmpereur) et envers les Juifs (au statut particulier et quasi‐parasitaire) cette Lettre rend
compte de la méfiance que suscite à lʹEmpereur Romain, la Spécificité Juive, qui est
considérée comme contenant les germes dʹune épidémie, dont il faudrait, si cela sʹavérait
nécessaire, éliminer sans pitié, le foyer originel dʹinfection :
Empereur Claude : Lettre aux Alexandrins : Extraits :
Proclamation de Lucius Aemilius Rectus :
Comme, à cause de son nombre, toute la Population dʹAlexandrie nʹa pas été en
mesure dʹêtre présente, lors de la lecture de la plus Sacrée des Lettres (de
lʹEmpereur Claude), qui est si magnanime à lʹégard de notre Cité, jʹai jugé
nécessaire de publier cette Lettre, afin que chacun dʹentre vous puisse la lire,
sʹémerveiller de la Grandeur de notre Dieu César (Claude), et lui être
reconnaissant de sa bienveillance à lʹégard de notre Cité.
(Après avoir remercié les Envoyés Grecs dʹAlexandrie de leurs témoignages de fidélité à la
Famille Impériale, Claude écrit ce qui suit :)
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Pour toutes ces raisons, jʹai reçu avec plaisir les honneurs que vous mʹavez
attribués, bien que je n’aie aucun goût particulier pour ce genre de choses.
Aussi, premièrement, je vous autorise à célébrer la date anniversaire de ma
naissance comme un Jour Sacré, ainsi que vous me avez demandé.
Et je vous autorise également à ériger, en plusieurs endroits, des Statues de moi
et de ma Famille ; car je vois que vous tenez beaucoup à établir, partout, des
Monuments commémoratifs de votre Piété envers ma Famille.
Pour ce qui concerne les deux Statues en or, celle de la Pax Augusta Claudiana
(la Paix de lʹAuguste Claude), que jʹétais dʹabord enclin à refuser, car elle me
semblait vraiment excessive, elle sera finalement érigée à Rome (et non à
Alexandrie), ainsi que mon très estimé Barbillus lʹa suggéré en me suppliant.
Lʹautre Statue en or sera montrée en procession, les Jours de Fêtes (Religieuses),
dans votre Cité, de la manière que vous estimerez la plus adaptée, et un Trône
(Impérial) sera également montré lors de cette même Procession, conformément
à votre Supplique. Il serait probablement absurde dʹautoriser de tels Honneurs,
et, dans le même temps, de refuser la création dʹun Ordre Claudien (Confrérie
mi‐religieuse, mi‐politique) et la Dédicace, à mon nom, de Bosquets Sacrés selon
la coutume Égyptienne ; aussi je les autorise également.
Si vous le souhaitez, vous pouvez aussi ériger une Statue de lʹordre équestre à
Vitrasius Pollio, mon Procurateur.
Je vous autorise également à ériger les Chars à quatre chevaux (quadriges), que
vous souhaitez établir aux entrées de votre Pays, au lieu appelé Taposiris en
Libye, à lʹîle de Pharos en Alexandrie, et le troisième à Pelouse en Égypte.
Mais, pour ce qui concerne la création dʹune Grande‐Prêtrise et lʹédification de
Temples qui me seraient consacrés, je décline cette proposition, car je ne désire
pas choquer mes contemporains, et, parce que je crois que ces Temples et ces
Sanctuaires ont été conçus, de tous temps, pour les Dieux seulement
(lʹEmpereur ne devenant Dieu quʹaprès sa mort).
En ce qui concerne les Requêtes que vous mʹavez formulées, voici ma Décision :
Pour tous ceux qui ont été enregistrés comme ʺÉphèbesʺ (Citoyens des Cités
Grecques) jusquʹà mon Avènement, je confirme leur Citoyenneté Alexandrine
avec tous les privilèges et les prérogatives dont bénéficie cette Cité (avantages
fiscaux, statut honorifique, droit de fréquenter le ʺGymnaseʺ, lieu central de
lʹéducation et de la vie sociale, etc.) à lʹexception de ceux qui, bien que nés de
parents esclaves, avaient réussi à sʹinfiltrer dans la catégorie des Éphèbes (classe
qui doit être réservée aux Hommes nés libres et dʹorigine Grecque).
Cʹest également ma volonté que tous les privilèges qui vous ont été accordés
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par les Empereurs, les Rois, et les Préfets, avant mon règne, vous soient
confirmés, de la même façon que le Dieu Auguste vous les avait confirmés.
Cʹest également ma volonté que le corps des Prêtres, Servants du Temple du
Dieu Auguste, qui se trouve en Alexandrie, soit désigné (avec tous les
avantages dʹune telle fonction) par tirage au sort, de la même façon que cela se
pratique pour le Temple du Dieu Auguste qui se trouve à Kanopos (Canope)...
En ce qui concerne la responsabilité des troubles et des émeutes, ou plutôt, à
dire vrai, de la guerre menée contre les Juifs, et bien que vos Ambassadeurs, en
particulier Dionysos, le fils de Theon, aient argumenté avec vigueur, lors de
cette confrontation, je nʹai néanmoins pas souhaité diligenter une enquête
approfondie. Mais je garde, emmagasinée dans ma mémoire, une immuable
indignation à lʹencontre de ceux qui ont relancé ce conflit.
Aussi, je dirai simplement que si vous ne faites pas cesser cette hostilité
réciproque, destructive et obstinée, je me verrai forcé de vous montrer ce quʹun
Souverain bienveillant peut devenir lorsquʹil est poussé par une indignation
justifiée. Aussi, encore maintenant, je conjure les Alexandrins de se comporter
aimablement avec les Juifs qui ont habité la même Ville depuis de nombreuses
années (en fait depuis des siècles) et de ne pas profaner leurs coutumes et les
Cultes quʹils rendent à leur Dieu, mais de les laisser vivre selon leurs usages,
ainsi que le Dieu Auguste les y avait autorisés, et ainsi que moi‐même, après
avoir entendu les deux Parties en présence, leur avais confirmés.
Quant aux Juifs, je leur ordonne de ne pas sʹefforcer dʹobtenir plus que ce quʹils
avaient auparavant (cʹest à dire de ne pas essayer de se mettre sur un plan
dʹégalité avec les Citoyens Alexandrins).
Et, pour lʹavenir, jʹordonne aux Juifs de sʹabstenir de mʹenvoyer deux
Ambassades, comme sʹils vivaient dans deux Villes différentes, chose qui ne
sʹest jamais vue auparavant. Je leur ordonne également de ne pas essayer de
sʹintroduire dans les Jeux, présidés par le Directeur du Gymnase (Jeux mi‐
sociaux, mi‐religieux, réservés aux Citoyens Grecs) puisquʹils peuvent jouir de
leurs propres prérogatives spécifiques, tout en profitant, néanmoins, de tous les
avantages que leur offre une Cité qui nʹest pas la leur.
De plus, je leur interdis, formellement, de faire venir en Alexandrie dʹautres
Juifs dʹÉgypte ou de Syrie (qui avaient été appelés à la rescousse après le
pogrome), ou, alors, je me verrai contraint de concevoir de graves soupçons.
Et sʹils désobéissaient de cette façon à mes Ordres, je sévirais alors, en jugeant
que les Juifs fomentent, par ce genre de comportement, une véritable épidémie,
destinée à infecter la Terre entière...