Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
SEXAGÉNAIRE.
TOME QUATRIÈM E.
IMPRIMERIE LE l^ORWAIVT
rv Je Srinr n" R.
SOUVENIRS
DTN
SEXAGÉNAIRE,
PAR A. V. ARNAULT,
PARIS.
MltKUlUE «LTFÊy, RUE DES MARAIS- S -G. 17.
1833.
LIVRE XIII
DÉCEMBRE 1797 A MAI 1798.
CHAPITRE PREMIER.
CHAPITRE PREMIER.
CHAPITRE PREMIER.
LE DÉSERTEUR.
1.
I I.
Tri.
Ali quand pourrai-je retrouver,
Sur ta bouche amoureuse et tendre,
Ce bonheur que je viens te rendre
Et que nous saurons conserver?
Sous ma bouche qui les dévore
Je crois sentir couler tes pleurs;
Ce ne sont plus ceux des malheurs
Ah laisse-les couler encor e
IV.
Pleurs de reproche et de plaisir,
Baignez les yeux de mon amie;
Baignez ma paupière attendrie,
Pleurs de joie et de repentir;
Et tous deux, après tant d'alarmes,
Rendons encor grâce à l'amour.
Heureux ceux à qui le retour
Ne doit pas coûter d'autres larmes
« Que va faire ce
cette tète froide qu'un objet d'étonnement.
fou?» me disait-il à
propos de l'expédition d'Egypte. A ces mots
qui me semblaient articulés par une tète de
bois, je ne sus que répondre. C'est en 1799
que je fis connaissance avec ce philosophe ton-
suré, chez «,-NI. Rœderer.
Je me trouvai là plusieurs fois aussi avec
l'Iercier, l'auteur du Tableau de Paris, Mercier,
auteur de tant de drames, Mercier, auteur de
certaines théories dont on se moquait beau-
coup alors, et que depuis on a mises en pra-
tique, en exagérant leur extravagance. Malgré
la confiance avec laquelle il les débitait, il était
loin de croire qu'il deviendrait jamais chef
d'école. Il ne se formalisait en aucune façon
des plaisanteries que lui attirait le développe-
ment de ses doctrines; mais loin de se rendre
aux arçumens dont l'accablaient les défenseurs
de notre gloire dramatique « Si j'étais maître,
me disait-il, je ferais bâtir un grand théâtre sur
le fronton duquel on lirait en lettres d'or Ici
on ne joue ni Racine, ni Corneille, ni Voltaire.
Cette inscription conviendrait tout-à-fait au-
jourd'hui au Théâtre Français si elle n'eût pas
été terminée par ce trait Ici on ne joue que
Molière. Nos comédiens ordinaires daignent
jouer quelquefois encore du Molière, mais
c'est de telle manière qu'on ne peut pas trop
les accuser de vouloir prolonger son règne.
J'ai beaucoup de traits caractéristiques à ra-
conter sur cet homme chez qui la raison est
trop souvent alliée à la bouffonnerie, mais qui
avait souvent autant de raison que d'esprit.
J'y reviendrai.
CHAPITRE V.
CHAPITRE PREMIER.
Préliminaires du 18 brumaire.
« vous
dénonce ne vous effraient pas. Avec
« l'appui de mes frères d'armes, je saurai vous
cc
délivrer. Si quelque orateur payé par l'étran-
« ger parlait de me mettre
hors la loi qu'il
prenne garde de porter cet arrêt contre lui-
« même. Fort
de la justice de ma cause et de la
«droiture de mes intentions, je m'en remet-
« trai à mes amis,
à vous et à ma fortune. »
Après avoir parlé ainsi il sortit.
Ceux de ses adhérens qui ne faisaient pas
partie des conseils ou des troupes assemblées
à Saint-Cloud, attendaient cependant les dé-
crets qui devaientconfirmer et compléter ce qui
avait été fait la veille et les attendaient avec
quelque impatience. Réunis à M. de Talleyrand
dans une maison qui, louée pour un an par
M. Collot, ne devait être occupée qu'un jour,
ces conspirateurs civils, parmi lesquels se trou-
vaient plus d'un avocat, et même plus d'un
abb<», s'étonnaient de voir les heures se suc-
céder sans résultat; ils n'avaient pas appris sans
inquiétude le moyen dilatoire auquel le con-
seil des Cinq-Cents recourait; et comme je leur
avais fait part des avis donnés par Fouché,
frappés de leur justesse, ils m'avaient paressé
d'aller rejoindre le général et de les Iui porter.
Favorisé parle désordre qui règne en pareille
circonstance, je pénètre dans l'intérieur du
château de Saint-Cloud. Bonaparte sortait du
conseil des Anciens. Guidé par les renseigne-
mens de gens que je rencontre, de celui-ci qui
me connaît, de celui-là qui croit me connaître,
je le rejoins dans un petit escalier tournant,
qu'il descendait lentement avec Sieyès. Au
bruit de mes pas, il se retourne. « Quest-ce
Général j'ai vu Fouché. Eh bien ? Il
vous répond de Paris; mais c'est à vous, dit-il,
à vousde répondre de Saint-Cloud. Comment?
Il est d'avis qu'il faut brusquer les choses,
pour peu qu'on essaie de vous enlacer dans
des délais tel est aussi l'avis de vos amis les
plus dévoués, les plus sûrs, à commencer par le
citoyens Talleyrand; il n'y a pas de temps à per-
dre, disent-ils. Il n'y a pas de temps perdu,
me répondit-il en souriant; un peu de patience,
et tout s'arranbera. » Puis, continuant de des-
cendre, il me quitta au bas de l'escalier, et
j'allai rejoindre mes mandataires, à qui je portai
cette réponse. Elle ne les rassura guère.
L'abbé Desrenaude, aide de camp en cette
journée d'un héros dont il avait été grand-
vicaire, ne montrait pas autant de tranquillité
que lui, non plus que l'avocat Moreau de Saint
Méri qui pesait la gravité des circonstances
avec toute la prud'homie d'un bailli d'opéra-
comique. Les laissant discuter tout à l'aise, je
retournai dans la cour du palais attendre le
dénoûment de cette tragédie.
Il pouvait être sanglant. Les forcenés du
conseil des Cinq-Cents proposaient de mettre
Bonaparte hors la loi. Ils sommaient leur
président, c'était Lucien de mettre aux voix
cette proposition, quand Bonaparte lui-même
paraît. Laissant à la porte les militaires qui l'ac-
compagnaient, il s'avance en face du bureau,
vers la barre établie au milieu de la salle. A
peine a-t-il fait les deux tiers du chemin, que la
majeure partie des membres se lève en criant à
bas le dictateur! mort au tyan! Cent bras le
menaçaient; les poignards même étaient tirés;
César tombait au milieu du sénat. Se jetant le
sabre à la main à travers cette armée en toge,
des soldats enveloppent et enlèvent leur géné-
ral l'un d'eux, le brave Tomé, détourne même
à son propre péril un coup que le Corse Arena
destinait à son aventureux compatriote.
La retraite de Bonaparte ne calma pas le
tumulte. On enjoint derechef au président de.
mettre aux voix le décret de proscription. « Mi-
a sérables s'écrie Lucien, vous exigez que je
et mette
hors la loi mon frère, le sauveur de la
« patrie, celui dont le nom seul fait
trembler
« les rois Je dépose les marques
de la magis-
« trature
populaire, et je me présente à la tri-
ce
bune comme défenseur de celui que vous
« m'ordonnez d'immoler sans l'entendre. »
En effet, dépouillant les insignes de la pré-
sidence, Lucien s'était élancé du fauteuil à la
tribune, quand un détachement de grenadiers
qui, criant vive la république avait été ac-
cueilli en auxiliaire par l'opposition, s'empare
de lui, grâce à cette erreur, et le tire sans
violence de la position périlleuse où il était
engagé.
Lucien qui, dans cette journée, eut tous les
genres de courage comme tous les genres
d'éloquence, monte aussitôt à cheval, et s'adres-
sant à ceux qui l'entouraient « Général, et vous
«
soldats, le président du conseil des Cinq-Cents
a vous déclare que des factieux, le poignard à
« main, ont violé
les délibérations; il requiert
(J contre eux
la force publique. Le conseil des
« Cinq-Cents est
dissous.-Président, répondit
« le général, cela sera fait. »
Aussitôt le tambour se fait entendre; et l'en-
ceinte du conseil où Murat est entré l'épée à la
main n'est plus occupée que par des grenadiers.
Cela s'exécuta presque aussi rapidement
que je le raconte. A peine avons-nous eu le
temps de réfléchir aux conséquences que pou-
vait entraîner la mesure peu constitutionnelle
employée par le général et conseillée par la
force des choses plus impérieusement encore
que par Fouché.
Lavalette, qui me rappelle dans ses Mémoires
qu'alors je me trouvais sur le péristyle du pa-
lais entre lui et le citoyen Talleyrand, prétend
qu'à la nouvelle du décret qui mettait hors la
loi Bonaparte et ses partisans, je pâlis ainsi que
mon noble complice. Lavalette se trompe (20).
La pâleur subite eût été un signe d'effroi, et
sans cxagérer mon courage, je me sens autorisé
à le dire, ma confiance dans le génie de Bona-
parte était si absolue, que je n'ai pas douté un
seul moment, pendant cette journée, du succès
de son entreprise si incertain qu'il ait été.
Je le dis avec la franchise que j'ai mise à
rendre compte de mes émotions pendant le
comhat de lu Sensible. D'ailleurs, coinment
Lavalette a-t-il pu remarquer la moindre
altération dans le te'mî de deux hommes aussi
pâles habituellenlelit qu'il est possible de l'è-
tre ? Chacun sait que M. de Talleyrand n'a
jamais changé de couleur, positivement par-
lant chacun sait qu'aucune impression ne se
reproduit sur ce visage aussi imperturbahle que
celui du commandeur du Festira cle Pierre ou
de l'abbé de plâtre. J'étais dans ma jeunesse
presque aussi décoloré que lui et si mon teint
éprouvait quelque altération, ce n'était que pour
rougir; certes, je n'en avais pas alors l'occasion.
Lavaletteajoute, au reste, que nous ne fîmes
pas retraite. Cela est vrai; et c'eût été une
preuve de courage si nous avions eu peur, car
ce n'est pas à ne point éprouver la peur, nlais
à la surmonter que le courage consiste.
Je ne sortis de Saint-Cloud, l'affaire terminée,
que pour me rendre à Meudon où je retrouvai
M. de Talleyrand chez une femme aimable et
belle, Mœr Simons, grâce à laquelle nous dînâmes
aussi gaiement qu'on peut dîner un jour de
victoire et beaucoup lnieux qu'on ne dîne sur
le champ de bataille. MM. de Monteron et de
Sainte-Foix étaient des nôtres, mais non pas
•( 1) J'ai
consigné ce fait dans l'épitre dédicatoircdes Vénitiens.
A la catastrophe de cette tragédie, Joséphine éprouva la même
émotion que les dames sot lesquelles j'en avais fait à Lyon le
premier essai elle demanda la grâce du héros. Elle suivait
en cela son caractère, et il n'était pas nécessaire que l'homme en
péril fût un héros pour qu'elle s:obstinât à le sauver. M. de Po-
lignac (Armand) et M. de Rivière (ci-après duc) en font foi.
(7) Ceci est à moi ces mots, dès qu'on les prononçait, pro-
duisaient sur Dufalga l'effet du briquet sur la poudre. Il prenait
feu tout aussitôt, et partait de là pour développer les théories
les plus singulières qui soient jamais passées par la tête d'un
honnête homme. Que d'honnêtes gens se sont trompés comme
lui à l'époque de la révolution, époque où toutes les questions
sur lesquelles repose l'organisation sociale étaient remises en
discussion que d'honnêtes gens avec la meilleure intention du
monde, ont jeté alors de nouveaux fermens de discorde dans la
société qu'ils prétendaient régénérer Tel fut le tort de ce
pauvre Brissot. Les erreurs de l'esprit, en certaines circonstances,
sont pires que des crimes.
Rien de plus recommandable d'ailleurs que la mémoire de
Dufalga officier des plus distingués dans une arme où le courage
seul ne snffit pas à l'avancement, et où cet avancement ne
s'acquiert que par une intelligence supiâeure, il était parvenu
au grade de général de brigade dans'% génie, quand, après
avoir perdu une jambe sur le champ de bataille en Europe il
mourut en Asie des suites d'une blessure qu'il avait reçue an
siége de Saint- Jean-d'Acre.
(13) C'est dans une satire, intitulée les Arts, que se trouve
la substitution de noms qui donna lieu à ce duel qu'un erratum
pouvait prévenir. En parlant du Louvre à propos des tableaux
exposés cette année-là par l'école française, Despaze avait dit
A. CRISTO CRUCIFIADO.
SOKETO.
SONNET DE SAINTE-TIIÉRÉSE.
Anecdote
vivre. Il est nommé membre de l'Institut. Il assiste
à une séance générale. Vers de Chénier. Incidens.
Anecdotes.
paratifs pour l'expédition d'Egypte. Poëtes, artistes,
gens de lettres enrôlés. Denon, Parceval, etc.
flotte
l'esprit public à cette époque. Bonaparte sollicité de
se mettre à la tête d'une révolution. Sa réponse.
Il part pour Toulon. Je l'y rejoins. Anecdotes.
Départ de la
Première nuit à bord de l'Orient.
5o
Procédés plus mili-
mer.
taires que civils. Sévérité du général Bonaparte.
Sa manière de vivre à bord. Je suis chargé de la biblio-
thèque. Excursions en Corse. Homère et Ossian.
diversion
Dispute à ce sujet entre le général et l'auteur.
incident singulier y fait
Anecdotes sur le général Bonaparte.
Quel
6g
Institut en pleine
g8
Convoi égaré. Standelet est envoyé a la découverte-
Trait de dévouement d'un matelot. Vache prise
pour un homme. Convoi retrouvé. Arrivée de
Monge. Imprudence de Standelet. Trait de carac-
tère de Bonaparte. Un verre de punch sauve le vais-
France
seau amiral. Gantheaume
Siège et prise de Malte. Capitulation. Je trouve le
moyen d'exécuter l'article favorable aux chevaliers de la
langue de ]56
Ce qui se passa sur l'Orient pendant le siège. Ce qui se
passa dans Malte après le siège. Banquet chez le gé-
néral. Promotions. Villoteau, nolunt cantare
rogati. Conversation avec le général Dufalga.
Conversation avec le général en chef; à quel sujet.
pris
Déplorable position des chevaliers francais; j'y trouve un
remède.
pour le remplacer.
tourne en France et moi
Alexandre Berthier.
traires.
aussi
Regnauld tombe malade.
II se rétablit.
Trophées de Malte.
Mauvaise rencontre.
Je suis nommé
La Sensible re-
146
Vents con-
Combat, abordage.
:Nous manœuvrons pour prendre. Nous sommes
169
Gênes
Huit jours à bord du Sea-Horse.
Procédés généreux.
Cagliari.
conduit a
Les Sardes.
Le capitaine Footes.
Nous sommes échangés.
Un bâtiment ragusain nous
Paris.
191
Voyage de Gênes à Turin. Comme quoi je devins fabu-
liste. Marché singulier. Le général Brune. Lettre
au citoyen Talleyrand. Voyage de Turin à Lyon.
Retour a 212
Retour à mes vieilles habitudes. Je mets de l'ordre dans
mes affaires. Comptes rendus. Lycée Thélussoïi.
Guyot des Herbiers. -Sur plusieurs satiriques. Baour
Sébastien Mercier.
de Lormian. Joseph Despaze. Victor Campagne.
Chénier. Encore Beaumarchais. Sa maison.
Directoire
Journée du 19 brumaire.
dissous.
Sicyès appuie les projets de Bonaparte.
18 brumaire.
Journée du
Conseils de Fouché.
562
Le
Corps-Législatif s'assemble à Saip*=:CToû3T^>' Création du
consulat 582