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Section 1 – Module 4

LES ROCHES (DU MINÉRAL À LA ROCHE)


Le cycle de formation des roches (figure 1.4.1)
Les roches ignées
Les grands types et la classification (figures 1.4.2 et 1.4.3)
La fusion partielle (figure 1.4.4)
Le magmatisme de dorsale et la séquence ophiolitique (figure 1.4.5)
Le magmatisme de point chaud (figure 1.4.6)
L'activité magmatique des zones de subduction (figures 1.4.7 et 1.4.8)
Les volcans (figure 1.4.9)
Les produits magmatiques (figure 1.4.10)
Les roches sédimentaires
Les processus sédimentaires (figure 1.4.11)
Les processus diagenétiques (figure 1.4.12)
La classification des roches sédimentaires (figure 1.4.13)
La sédimentation dans le domaine océanique (figure 1.4.14)
Les roches métamorphiques
Les types de métamorphisme en fonction des conditions P et T (figure 1.4.15)
Le métamorphisme de contact (figure 1.4.16)
Le métamorphisme régional (figure 1.4.17)
Le nom des roches métamorphiques (figure 1.4.18)
Le métamorphisme de choc (ou d'impact) (figure 1.4.19)
L’âge relatif des roches par les relations de terrain
Le principe de la superposition (figure 1.4.20)
La règle des recoupements (figure 1.4.21)
La discordance d’érosion (figure 1.4.22)
La discordance angulaire (figure 1.4.23)
Les secrets d’une séquence stratigraphique (figure 1.4.24)
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Figure 1.4.1 - Le cycle de formation des roches.


Ce schéma présente les trois grands types de roches qui forment la croûte terrestre, ainsi que les
processus qui conduisent à leur formation. Ainsi présenté, il véhicule l'idée de la cyclicité des processus.
Le magma est à l'origine de la formation de la croûte terrestre, d'abord au niveau des dorsales océaniques,
puis, par addition, aux niveaux des points chauds et des zones de subduction. Il constitue donc le point
central de ce diagramme; il en est le point de départ et le point d'arrivée. La première phase du cycle est
constituée par la cristallisation du magma, un processus qui conduit à la formation d'un cortège de
minéraux silicatés et non silicatés. C'est ce premier processus de cristallisation qui forme les roches
ignées (les roches qui viennent du feu de la Terre !). Lorsqu'elles sont amenées à la surface du globe par
les processus dynamiques de la tectonique des plaques, lors de la formation de chaînes de montagnes par
exemple, et qu'elles sont exposées aux intempéries de la surface, ces roches ignées se désagrègent en
particules de tailles variées. L'érosion par l'eau, la glace et le vent transporte les particules qui
s’accumulent ultimement pour former un dépôt meuble, c’est-à-dire un dépôt sédimentaire (gravier,
sable, boue). C'est la seconde phase du cycle. La troisième phase consiste à transformer ces sédiments en
roche qui évidemment s'appelle une roche sédimentaire. Cette transformation se fait selon un ensemble
de processus qu'on appelle la diagenèse, le principal processus étant la cimentation des particules entre
elles. Une fois formée, toute roche, peu importe sa nature, est ultimement soumise à des conditions de
température et de pression très variables. Ces changements de condition transforment alors la roche
initiale en une roche métamorphique, littéralement une roche ayant acquis une autre forme. Ce processus
de transformation sous l'effet de température et/ou de pression est le métamorphisme. Toutes les roches
(sédimentaire, ignée, métamorphique) peuvent être soumises aux processus métamorphiques. De plus,
l’érosion de n’importe quels types de roches, suivie du transport des particules formées par ce processus,
mène à la déposition de sédiments.

Pour boucler le cycle en revenant au magma (flèches grises), on sait qu'au niveau des zones de
subduction, il y a enfoncement dans l'asthénosphère de plaques lithosphériques océaniques, soit de roches
ignées, avec des quantités mineures de sédiments, de roches sédimentaires et de roches métamorphiques.
Une partie de ce matériel passe en fusion pour fournir les magmas des zones de subduction, alors qu'une
autre partie est digérée et recyclée dans l'asthénosphère, et est alors susceptible d'être fondue
ultérieurement pour former du magma.
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Figure 1.4.2 - Les grands types de roches ignées.


La cristallisation fractionnée des silicates, c.-à-d. le fait que la cristallisation des silicates dans un
magma se fait dans un ordre bien défini (= suite réactionnelle de Bowen), produit des assemblages
minéralogiques différents : ultramafique, mafique, intermédiaire et felsique. Ces quatre grands groupes
définissent donc quatre grands types de roches ignées. L'assemblage ultramafique donne une roche
particulière composée d'olivine et de pyroxène qui caractérisent les péridotites, les pyroxénites et les
komatiites. Ce type d’assemblage est le constituant principal du manteau mais est très peu abondant à la
surface de la Terre. L'assemblage mafique donne des basaltes ou des gabbros, soit des roches qui sont
riches en pyroxène et en plagioclase calcique, avec parfois une petite quantité d'olivine ou d'amphibole.
L'assemblage intermédiaire constitue les andésites et les diorites. Ce sont des roches composées
d'amphibole, de plagioclase avec parfois un peu de quartz et de biotite. Le contenu en calcium et sodium
du plagioclase est intermédiaire entre les deux pôles. Pour sa part, l'assemblage felsique fournit des
rhyolites et des granites dont la composition principale est le quartz, le feldspath potassique et le
plagioclase sodique, avec un peu de mica comme la biotite et la muscovite.

Les roches ignées (aussi appelées magmatiques) se forment soit par la cristallisation du magma à
l’intérieur de la lithosphère, soit suite à la mise en place du magma en surface lors de l’écoulement des
coulées volcaniques. Dans le premier cas, les roches sont dites intrusives (noms écrits en italique dans la
figure) et incluent notamment les péridotites, les pyroxénites, les gabbros, les diorites et les granites
(depuis les assemblages ultramafiques jusqu’à felsiques). Dans le second cas, c.-à-d. lorsque les roches
cristallisent en surface à partir du refroidissement de la lave, les roches sont dites extrusives. Dans le
même ordre que précédemment, on retrouve les komatiites, les basaltes, les andésites et les rhyolites.
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Figure 1.4.3 – Une classification des roches ignées basée sur la minéralogie.
Ce tableau présente de façon un peu plus précise que la figure précédente la composition des roches
ignées. L’échelle verticale donne le pourcentage cumulé des minéraux constituant chacun des types de
roches. Un basalte, comme un gabbro, contient des pyroxènes et des plagioclases calciques avec, dans
certains cas, des olivines ou des amphiboles. La différence entre komatiite et péridotite/pyroxénite, entre
basalte et gabbro, entre andésite et diorite, et entre rhyolite et granite ne se situe donc pas au niveau des
minéraux présents ni au niveau de la composition chimique [les minéraux et la composition chimique sont
identiques pour chacune des paires de roches mentionnées dans la phrase précédente mais diffèrent
évidemment d’une paire à l’autre]. La différence se situe au niveau de la cristallinité, soit dans la taille de
leurs cristaux. Un magma qui s'introduit dans la croûte terrestre peut se frayer un chemin jusqu'à la
surface et former alors des coulées de laves qui, en cristallisant, forment des corps extrusifs : volcans
sous-marins ou volcans continentaux. Le magma peut aussi rester coincé dans la croûte et y cristalliser
pour former des corps intrusifs. La cristallisation des laves est rapide, ce qui produit de très petits cristaux;
la roche résultante sera une roche à fins cristaux qu'on ne distingue généralement pas à l'oeil nu, même à
l'aide d'une loupe. Sa texture est dite aphanitique. Par contre, lorsque le magma cristallise à l'intérieur de
la croûte terrestre sous forme de corps intrusifs, l'abaissement de sa température sera lent. Pour simplifier,
plus la cristallisation sera lente, plus les cristaux seront gros. Dans ce cas, on parle d’une texture
phanéritique. On a donc deux grands groupes de roches ignées : les roches ignées extrusives à fins
cristaux (souvent <1 mm) et les roches ignées intrusives à cristaux plus grossiers (>1 mm).

À titre informatif, une péridotite contient plus d’olivine que de pyroxène alors que la proportion est
inversée pour une pyroxénite 1. Par contre, comme ces deux roches (péridotite et pyroxénite) sont
seulement composées d’olivine et de pyroxène, elles sont toutes deux formées d’un assemblage
ultramafique de minéraux.

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Une pyroxénite est une roche et un pyroxène est un minéral.
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Figure 1.4.4 – La fusion partielle.


Le processus de fusion partielle est en quelque sorte l'inverse du processus de cristallisation fractionnée
(figure 1.4.2). (A) Si on augmente progressivement la température d'un matériel solide composé d'un
assemblage de minéraux silicatés (p. ex. minéraux A et B), cet assemblage passe partiellement de la phase
solide à la phase liquide. Pourquoi partiellement? Parce que, comme dans le cas du refroidissement d'un
magma où tous les minéraux ne cristallisent pas tous en même temps, ceux-ci ne fondent pas tous en même
temps lorsqu'ils sont chauffés. À une pression donnée, le point où un minéral passe de sa phase solide à sa
phase liquide est sa température de fusion (qui est la même que la température de cristallisation; une
question de point de vue). Si on augmente progressivement la température d'un assemblage solide de
silicates, les premiers minéraux à fondre sont les minéraux de basse température, ceux qui se situent au bas
de la suite de Bowen, c.-à-d. le quartz, le feldspath potassique, le plagioclase sodique et la muscovite. La
fusion n'est alors que partielle, puisqu'on obtient un mélange de solide et de liquide, une sorte de «sloche»
dans laquelle des cristaux (solides) baignent dans un liquide (magma). La partie solide concentre plutôt les
minéraux de haute température. Les premières gouttelettes de magmas à se former s’accumulent à
l’intersection des cristaux mais comme la porosité initiale de la roche est très faible la migration du liquide
n’est pas possible à ce stade. Lorsque la fusion progresse, la partie solide devient moins importante ce qui
augmente la porosité de la roche permettant ainsi au magma de circuler dans des fractures et de remonter
vers la surface. Dans des conditions naturelles, la fusion des roches dans l’asthénosphère ou la partie
profonde de la lithosphère n’est jamais totale.

(B) Ce graphique met en relation le pourcentage de silice (SiO2) contenu dans un magma et la température
des roches qui subissent la fusion. Avec une température relativement basse de l’ordre de 800°C, le taux de
fusion d’une roche comme un granite, par exemple, est faible et le magma produit est riche en silice (>70%).
Il y a alors formation d’un magma felsique qui permettra la cristallisation d’un granite ou d’une rhyolite
selon que le magma cristallise à l’intérieur ou à la surface de la croûte. À l’extrême droite du graphique, les
températures très élevées (~1600°C) forcent un taux de fusion plus élevé. C’est dans ces conditions qu’il est
possible de former des roches ultramafiques (péridotite/pyroxénite ou komatiite) avec des teneurs de silice
plutôt faible (<50%). La composition des cristaux et du magma changent au fur et à mesure que la fusion
progresse. Les magmas peuvent s’extraire de la roche en fusion à tout moment si la perméabilité le permet, si
bien qu’un type de roche bien précis (p. ex. une péridotite) peut aussi bien former un magma mafique qu’un
magma ultramafique. Ce dernier magma étant le produit d’une fusion partielle plus élevée que celui de
composition mafique. Les figures 1.4.5 à 1.4.8 montrent comment tout cela s'applique dans les principales
zones où il y a du magmatisme, soit aux dorsales océaniques, dans les zones de subduction et aux points
chauds.
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Figure 1.4.5 - Le magmatisme de dorsale et la séquence ophiolitique.


Les dorsales océaniques sont des zones très importantes où agit le magmatisme; la lithosphère océanique
s'y régénère perpétuellement. Il se fait une fusion partielle du manteau sous la dorsale à cause de la
concentration de chaleur due à la convection dans l’asthénosphère (non représentée sur la figure). Il s'agit
d'une fusion partielle de péridotite à des taux estimés de 15 à 25% qui a permis la formation de magmas
mafiques qui ont pu s’accumuler dans des chambres magmatiques localisées à quelques kilomètres de
profondeurs sous la surface du fond marin. Les minéraux silicatés les plus communs dans le contexte des
dorsales sont le pyroxène, le plagioclase et l’olivine. Ce magma a commencé à cristalliser et des cristaux
se sont accumulés à la base et sur les parois de la chambre magmatique. L’accumulation des minéraux a
permis une certaine stratification qui est à l’origine du terme cumulats lités. Une certaine portion du
magma cristallise aussi de manière in situ sans qu’il y ait accumulation de cristaux. Cette cristallisation in
situ forme des gabbros massifs. Comme les dorsales sont soumises à des contraintes en extension, il y a
beaucoup de fractures et de failles qui permettent au magma de remonter vers la surface pour former les
coulées volcaniques de composition mafique. Ces coulées s’épanchent dans la vallée (rift) central des
dorsales. La solidification des laves mène à la formation des basaltes. Tout magma qui cristallisera lors
de son déplacement entre la chambre magmatique et son épanchement à la surface contribuera au
développement du complexe filonien, soit un niveau de la lithosphère océanique qui contient une
multitude des dykes (filons) mafiques qui sont les vestiges d’anciens conduits magmatiques. L’étalement
des planchers océaniques explique le développement continu du complexe filonien; autrement, si ces
planchers étaient fixes, les dykes se mettraient toujours en place au même endroit. La croûte océanique,
recouverte par des sédiments marins, a une épaisseur variant entre 5 et 15 km, ce qui exclut le manteau
solide sous le MOHO qui fait plutôt partie de la lithosphère (référez-vous à la figure 1.1.3).

Lors de la formation des chaînes de montagnes, il arrive dans de rares situations que des portions de
lithosphère océanique évitent la subduction et soient plutôt remontées sur le continent. On dit alors
qu’elles ont été obductées sur le continent. De telles lithosphères océaniques coincées dans les chaînes de
montagnes sont nommées des ophiolites. Par exemple, on retrouve une séquence ophiolitique dans la
région de Thetford Mines; cette séquence ayant été formée dans l’océan Iapetus 2 au début du Paléozoïque,
il y a environ 500 Ma. Le matériel accumulé dans cet ancien océan a ultérieurement formé une grande
partie des Appalaches.

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L’océan Iapetus est disparu lors de la formation de la Pangée; il précédait donc l’océan Atlantique.
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Figure 1.4.6 - Le magmatisme de point chaud.


Le magmatisme de point chaud est responsable de la formation des volcans intraplaques, particulièrement
en milieu océanique, comme ceux qu'on retrouve nombreux dans le Pacifique. Le magma de composition
mafique produit des volcans à partir desquels s’écoulent des laves basaltiques, comme celles des îles
d’Hawaii ou de la Polynésie. La composition des roches magmatiques intrusives sont également mafiques
et correspondent à des gabbros.

Quoique plus rares, il existe aussi des points chauds en milieu continental comme celui de Yellowstone,
au Wyoming 3. Les roches formant les collines montérégiennes du sud du Québec sont aussi le résultat de
l’activité magmatique d’un ancien point chaud qui était actif il y a un peu plus de 100 Ma mais qui, selon
les études actuelles, n’a jamais fait éruption. Comme pour le cas du magmatisme de dorsale, ce
magmatisme provient de la fusion partielle de la péridotite du manteau mais à des profondeurs bien plus
importantes, peut-être aussi loin que l’interface noyau-manteau.

Les éruptions volcaniques associées aux points chauds sont caractérisées par d’abondantes coulées
volcaniques relativement fluides qui peuvent s’écouler sur plusieurs dizaines de kilomètres. Même si les
éruptions sont accompagnées d’émanations gazeuses, ces volcans produisent peu de matériel explosif
d’aspect fragmentaire. On dit que les volcans des points chauds sont du type bouclier (figure 1.4.9). À
4 205 m d’altitude, le volcan dormant Mauna Kea (île d’Hawaii) est la plus haute montagne sur la planète
(10 210 m contre 8 848 m pour l’Everest). C’est donc dire que plus de la moitié du Mauna Kea est
immergée sous les eaux du Pacifique.

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Les éruptions volcaniques comme celles du point chaud de Yellowstone comportent une plus grande variété de
roches que les points chauds en milieu océanique étant donné que le magma traverse une épaisse croûte continentale
riche en roches felsiques avant de faire éruption. Le magma se « contamine » en assimilant de la croûte continentale
et devient plus felsique et plus visqueux ce qui produit des rhyolites et des roches pyroclastiques à caractère explosif.
Des basaltes se sont aussi mis en place dans les anciennes éruptions à Yellowstone.
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Figure 1.4.7 - Le magmatisme de zone de subduction : cas de l'arc insulaire.


Il y a aussi du magmatisme associé aux zones de subduction qui s'exprime par la formation d'arcs
volcaniques insulaires 4 dans les cas de collision entre deux plaques lithosphériques océaniques (figure
1.2.7). L'enfoncement d'une plaque sous l'autre entraîne, grâce au tapis roulant, des sédiments riches en
minéraux de basses températures comme le quartz (SiO2) mais aussi les feldspaths et les argiles (micas).
En profondeur, il y a fusion partielle et le matériel fondu est un mélange entre des portions fondues de la
lithosphère subductée (sédiments, croûte basaltique-gabbroïque, péridotite) et de l’asthénosphère située
au-dessus de cette lithosphère. Contrairement aux zones de dorsales où la fusion partielle de péridotite ne
peut donner qu'un magma mafique, ici la fusion partielle est plus complexe et les magmas ont des
compositions variées. Il peut se faire une ségrégation des magmas intermédiaires lorsque les températures
atteintes seront intermédiaires, ce qui produit les volcans andésitiques des arcs insulaires, ou encore, si les
températures de fusion atteignent des niveaux plus élevées, il y a production de magmas mafiques
alimentant des coulées de laves basaltiques en surface. Rappelez-vous que plus la fusion partielle est
élevée pour un type de roche donnée, plus le magma formé cristallisera des minéraux de hautes
températures et donc des assemblages plus mafiques.

Les volcans formés dans ce type de contexte sont de nature plus explosive que ceux des dorsales ou des
points chauds. D’abord, leur contenu en silice est plus élevé ce qui est le principal facteur de
l’augmentation de la viscosité des magmas. Et, comme la viscosité est plus élevée, les gaz (p. ex. H2O,
CO2, H2S) restent piégés dans les magmas provoquant ainsi une hausse du caractère explosif. La viscosité
élevée fait en sorte que les coulées volcaniques, plus rares, s’écoulent plus difficilement. En revanche, les
dépôts volcaniques de nature explosive, comme les cendres, les bombes, les blocs et les coulées
pyroclastiques 5, dominent. Ces volcans correspondent à des stratovolcans.

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Portez une attention particulière à l’utilisation des termes « arc insulaire » et « arc continental »; le premier fait
référence à des volcans qui se développent sur la lithosphère océanique, alors que le second désigne des volcans
développés sur la lithosphère continentale.
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Les coulées pyroclastiques sont des dépôts de débris volcaniques de toute dimension produits par le caractère
explosif de certains magmas. Le terme « pyroclastique » vient de « fragments du feu ».
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Figure 1.4.8 - Le magmatisme de zone de subduction : cas de l'arc continental.


Lorsqu'il y a collision entre une lithosphère océanique et une lithosphère continentale (figure 1.2.8), il se
forme un arc volcanique continental (p. ex. la chaîne des Cascades dans l'Ouest américain, figure
1.2.23). Le magmatisme s'apparente à celui des arcs insulaires, mais avec des variantes plus felsiques,
plus visqueuses et plus explosives. Les volcans sont ici aussi considérés comme des stratovolcans. La
quantité de sédiments sur le plancher océanique en bordure des continents est plus volumineuse ce qui
mène à la construction d’un important prisme d'accrétion. Une plus grande quantité de silicates de basses
températures est entraînée dans la subduction. La fusion partielle affecte ici aussi la lithosphère océanique
subductée et l’asthénosphère sus-jacente. Dans les premières phases de la fusion partielle, on pourra
produire des magmas intermédiaires et même, par endroits, des magmas felsiques. Dans les phases plus
chaudes, on produira les magmas mafiques. Dans ces croûtes continentales épaisses s’accumuleront aussi
de grandes chambres magmatiques granitiques qui peuvent correspondre aux fusions de basses
températures (800-900°C) et qui pourront refroidir et cristalliser dans la croûte avant d’atteindre la
surface.
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Figure 1.4.9 - Les deux grands types de volcans.


Il existe plusieurs catégories de volcans, mais on se limite ici à ne considérer que les deux extrêmes : les
volcans qui crachent des laves très fluides, pauvres en silice (les volcans boucliers) et ceux qui ont toutes
les peines du monde à cracher la moindre lave parce que l'alimentation magmatique est riche en silice (les
stratovolcans). Il y a évidemment des intermédiaires entre ces deux extrêmes. (A) Pour le volcan
bouclier, l'alimentation magmatique est mafique, produisant des laves basaltiques. Ce genre de
volcanisme se manifeste aux dorsales océaniques, aux points chauds et rarement dans certaines zones de
subduction. À cause de la grande fluidité des laves, les volcans sont des édifices composés surtout de
laves cristallisées et dont les flancs ont des pentes peu prononcées, généralement inférieures à 15˚ près du
sommet. Il y a souvent des éruptions de flancs ou fissurales accompagnant celles du cratère central. Les
volcans de l'Islande sur la dorsale médio-Atlantique ou ceux des îles d’Hawaii sont de bons exemples de
volcans boucliers. Les laves de ces volcans peuvent atteindre des vitesses d'écoulement de 30 km/h (faible
viscosité), mais en général leur vitesse est de 10 à 300 m/h. (B) Pour le stratovolcan, le magma est si riche
en silice qu'il a peine à s'écouler hors du volcan. Ces volcans vont surtout cracher des gaz et du matériel
pyroclastique. Ce sont de véritables terreurs. Puisque la lave ne parvient pas à s'écouler, les gaz qu'elle
contient y construisent une pression qui ne cesse de croître, jusqu'à l'explosion. Le matériel y est alors
pulvérisé et, mélangé aux gaz, crée un nuage dense très chaud (jusqu'à 800°C) qui s'écoule très
rapidement sur les flancs du volcan, à des vitesses dépassant les 150 km/h. C'est la nuée ardente qui sème
la destruction. Il y a aussi des cendres qui sont éjectées dans la haute atmosphère, jusqu'à des altitudes
d'une vingtaine de kilomètres et qui ensuite sont dispersées tout autour de la planète. Ce sont ces cendres
qui causent des effets de voile et qui peuvent amener des abaissements de la température moyenne de
l’atmosphère terrestre. Par exemple, 1816 a été l'année sans été en Amérique, à cause de l'éruption du
Tambora, en Indonésie, qui est considéré comme le volcan ayant émis le plus de cendres volcaniques.
Celles-ci sont demeurées en suspension dans l'atmosphère pendant plusieurs années. Les journaux de
l'époque nous disent qu'il y a eu du gel en juin, juillet et août au Québec, et que toutes les récoltes furent
perdues. Le stratovolcan est stratifié en raison des dépôts pyroclastiques successifs et ses flancs ont des
pentes plutôt abruptes. Des petits volcans de cendres y sont souvent associés. On retrouve souvent ces
volcans associés aux zones de subduction, principalement dans les arcs volcaniques continentaux (p. ex.
Cascades, Andes), mais aussi dans les arcs insulaires.
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Figure 1.4.10 - L'activité magmatique et ses produits.


Ces blocs-diagramme résument les principaux éléments géologiques que l’on est susceptible de retrouver
dans une région affectée par le magmatisme. (A) L'expression en surface du magmatisme est
généralement minime en volume par rapport au magma sous-jacent qui lui donne naissance et qui formera
les grands corps intrusifs. En surface, le magmatisme se traduit par des volcans qui peuvent produire des
champs de laves et de produits pyroclastiques. Certains grands champs de laves sont aussi issus de
longues fissures au lieu d’avoir été générés depuis un cratère circulaire au sommet d’un volcan. Pour
former des champs de laves, il faut que la lave puisse s'écouler aisément; en d'autres termes, il faut qu'elle
soit fluide. Un facteur très important qui contrôle la fluidité d'un magma est son contenu en silice (SiO2).
Un faible contenu en silice donne des magmas fluides, alors, qu'à l'autre extrême, un contenu élevé en
silice donne des magmas très visqueux qui ont peine à s'écouler. Ceci a une grande importance sur le
comportement des volcans. (B) En surface, on aura divers corps extrusifs (ou volcaniques; du dieu du feu
Vulcain) : volcans ou plateaux de basaltes. L'érosion contribuera à mettre à nu divers corps intrusifs (ou
plutoniques; du dieu des enfers Pluton) : laccolites, dykes, necks volcaniques. (C) Une érosion plus
poussée découvrira les grands batholites, souvent granitiques, qui représentent les anciennes chambres
magmatiques. Dans les régions géologiques anciennes, comme au Québec, il est relativement commun de
trouver de tels batholites en raison de l’importante érosion qu’a subi le socle rocheux.
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Figure 1.4.11 - Les processus sédimentaires et leurs produits : les sédiments et les roches
sédimentaires.
Si les roches ignées forment le gros du volume de la croûte terrestre, les roches sédimentaires forment la
majeure partie de la surface de la croûte. Quatre processus conduisent à la formation des roches
sédimentaires : l'altération superficielle des matériaux qui produit des particules, le transport de ces
particules par les cours d'eau, le vent ou la glace qui les amène dans le milieu de dépôt, la sédimentation
qui fait que ces particules se déposent dans un milieu donné pour former un sédiment et, finalement, la
diagenèse qui transforme le sédiment en roche sédimentaire.

L'altération superficielle : Les processus de l'altération superficielle, que l’on nomme aussi la
météorisation, sont de trois types : mécanique, chimique et biologique. Les processus mécaniques (ou
physiques) sont ceux qui désagrègent mécaniquement la roche, comme l'action du gel et du dégel, qui à
cause de l'expansion de l'eau qui gèle dans les fractures, ouvre progressivement ces fractures. L'action
mécanique des racines des arbres ouvre aussi les fractures. L'altération chimique est très importante.
Plusieurs silicates, comme les feldspaths souvent abondants dans les roches ignées, sont facilement
attaquables par les eaux de pluie et transformés en minéraux des argiles (phyllosilicates) pour former des
boues. Certains organismes ont la possibilité d'attaquer biochimiquement les minéraux. Certains lichens
vont chercher dans les minéraux des éléments chimiques dont ils ont besoin. L'action combinée de ces
trois mécanismes produit des particules de toutes tailles.

Les fractions sédimentaires : Le matériel sédimentaire peut provenir de trois sources : une source
terrigène, lorsque les particules proviennent de l'érosion du continent (p. ex. grains de quartz arrachés du
socle rocheux); une source allochimique, lorsque les particules proviennent du bassin de sédimentation
(principalement des coquilles ou fragments de coquilles des organismes); une source orthochimique qui
correspond aux précipités chimiques dans le bassin de sédimentation (p. ex. les évaporites) ou à l'intérieur
d’un sédiment durant la diagenèse.

Le transport : Outre le vent et la glace, c'est surtout l'eau qui assure le transport des particules par
ruissellement dans des cours d’eau. Selon le mode et l'énergie du transport, le sédiment résultant
comportera des structures sédimentaires variées : stratification en lamines planaires, parallèles, obliques
ou entrecroisées, granoclassement (classement des particules en fonction de leur taille), marques diverses
au sommet des couches, etc. Les roches sédimentaires hériteront de ces structures. Le transport des
particules peut être très long. En fait, ultimement toutes les particules devront se retrouver dans le bassin
océanique.

La sédimentation : Tout le matériel transporté s'accumule dans un bassin de sédimentation, le plus


souvent le bassin marin, pour former un dépôt. Les sédiments se déposent en couches successives dont la
composition, la taille des particules, la couleur, etc. varient dans le temps selon la nature des sédiments
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apportés. C'est ce qui fait que les dépôts sédimentaires sont stratifiés et que les roches sédimentaires issues
de ces dépôts composent les paysages stratifiés comme ceux du Grand Canyon, en Arizona, par exemple.

La diagenèse : L'obtention d'une roche sédimentaire se fait par la transformation du sédiment en roche
sous l'effet des processus de la diagenèse. La diagenèse englobe tous les processus chimiques, physiques
et même biologiques qui affectent un dépôt sédimentaire après sa formation. La diagenèse commence sur
le fond marin, dans le cas d'un sédiment marin, et se poursuit tout au long de son enfouissement, c.-à-d. à
mesure que d'autres sédiments viennent recouvrir le dépôt et l'amènent progressivement sous plusieurs
dizaines, centaines ou même milliers de mètres de matériel. Les processus de diagenèse sont variés et
complexes : ils vont de la compaction du sédiment à sa cimentation, en passant par des phases de
dissolution, de recristallisation ou de remplacement de certains minéraux. Le processus principalement
responsable du passage d'un sédiment à une roche est la cimentation (figure 1.4.12). Il s'agit d'un
processus relativement simple : si l'eau qui circule dans un sédiment, par exemple un sable, est sursaturée
par rapport à certains minéraux, elle précipite ces minéraux dans les pores du sable et ceux-ci viennent
souder ensemble les particules du sable. On obtient alors une roche sédimentaire qu'on appelle un grès
(figure 1.4.13). Le degré de cimentation peut être faible, et on a alors une roche friable, ou il peut être très
poussé, et on a dans ce cas une roche très résistante. La cimentation peut très bien se faire sur le fond
marin (diagenèse précoce), mais le plus souvent il faut attendre que le sédiment soit enfoui sous plusieurs
centaines ou même quelques milliers de mètres de matériel (diagenèse tardive).

Figure 1.4.12 - La transformation d'un sédiment en roche sédimentaire (diagenèse).


La transformation d’un sédiment en roche (ou induration d'un sédiment) se fait par la cimentation de ses
particules. Cette transformation se nomme la diagenèse. (A) Les fluides qui circulent dans le sédiment
peuvent précipiter des produits chimiques qui viennent souder ensemble les particules. Exemple: la calcite
(ciment) qui précipite sur les particules (p. ex. quartz) d'un sable et qui les soudent ensemble. (B) La
compaction d'un sédiment peut conduire à sa cimentation. Ainsi, la pression exercée aux points de contact
entre les particules de quartz d'un sable amène une dissolution locale du quartz, une sursaturation des
fluides ambiants par rapport à la silice et, conséquemment, une précipitation de silice sur les parois des
particules ce qui provoque la cimentation.
14

Figure 1.4.13 - Classification pratique des sédiments et des roches sédimentaires.


La classification des sédiments et des roches sédimentaires se fait en deux temps : d'abord selon les trois
fractions qui les composent, soit terrigène, allochimique et orthochimique (figure 1.4.11). Ensuite, à
l'intérieur des terrigènes et des allochimiques, selon la taille des particules (la granulométrie). La
granulométrie n'intervient pas dans le cas des orthochimiques puisqu'il s'agit de précipités chimiques et
non de particules transportées. La composition minéralogique des particules des roches sédimentaires
terrigènes se résume essentiellement au quartz, aux feldspaths, aux fragments de roches (morceaux
d'anciennes roches qui ont été dégagés par l'érosion) et aux minéraux des argiles. Quant aux roches
sédimentaires allochimiques, ce sont principalement des calcaires. Les particules sont formées en grande
partie par les coquilles ou morceaux de coquilles des organismes. Ces restes fossilisés sont faits de calcite
ou d’aragonite. Les sédiments des zones tropicales sont surtout formés de ces coquilles, comme par
exemple les sables blancs des plages du Sud. Les plages du Québec sont, quant à elles, composées de
particules riches en quartz, feldspaths, fragments de roches et argiles. Ce sont donc des plages constituées
de sédiments terrigènes.
15

Figure 1.4.14 - La sédimentation dans le domaine océanique proprement dit.


La sédimentation à la marge continentale est principalement terrigène, c.-à-d. les matériaux proviennent
de l'érosion des continents (voir le module sur la géodynamique externe). Mais l'océan contribue aussi à
produire ses propres sédiments. Le plancton, un élément essentiel des océans, correspond à l'ensemble des
microorganismes qui vivent à la surface du plan d’eau, dans une couche qui fait jusqu'à plusieurs dizaines
de mètres d'épaisseur et qui dépasse même les 100 m par endroits. C'est une véritable soupe organique.
Une grande proportion de ces microorganismes possède un squelette minéralisé en carbonate de calcium
(CaCO3; soit calcite ou aragonite), comme par exemple les foraminifères ou certaines microalgues du
nannoplancton. D’autres microorganismes ont un squelette plutôt fait de silice (SiO2), comme les
diatomées et les radiolaires. Après la mort d'un individu, son squelette devient une particule sédimentaire
qui se déposera dans les fonds marins. Il s'ensuit que la surface des océans produit une pluie continuelle de
très fines particules. Cette pluie, composée de matière organique (M.O.) non encore oxydée, de
calcite/aragonite (CaCO3), de silice (SiO2), ainsi que de poussières atmosphériques et d’argiles,
produit une couche sédimentaire sur le plancher océanique. Durant la sédimentation de ce matériel, une
partie de la matière organique est oxydée par l'oxygène libre de l'eau marine, mais une autre partie atteint
le fond sans être oxydée.

Il existe une limite naturelle en milieu océanique qu'on appelle la CCD (carbonate compensation depth =
niveau de compensation des carbonates) et qui a une influence importante sur la composition des
sédiments des fonds océaniques. Le plancher océanique est, en certains endroits, sous ce niveau et, en
d'autres, au-dessus de ce niveau. Au-dessus de la CCD, les sédiments du fond océanique ont la même
composition que la pluie originelle, moins une certaine quantité de matière organique qui a été oxydée. On
retrouve d’importants dépôts de sédiments carbonatés dans les régions relativement chaudes et de faibles
profondeurs. Sous la CCD, les carbonates sont dissouts dans la colonne d'eau. Il en découle, qu'en général,
les particules d'aragonite et de calcite n'atteignent pas le fond situé sous ce niveau de compensation. Les
océans profonds sous la CCD, comme les abysses, sont plutôt riches en sédiments siliceux (plancton à
base de silice et argiles). La profondeur de la CCD dans les océans actuels varie entre 4 à 5 km.

En somme, le gros des sédiments au large des marges continentales est produit par l'océan lui-même par
des processus biologiques. Ces sédiments forment, à la grandeur des plaines abyssales et des zones de
dorsales, une couche composée d'un mélange de matière organique, de silice et possiblement de
carbonates, avec des proportions variables d'argiles et de poussières atmosphériques.
16

Figure 1.4.15 – Les conditions pression-température des roches métamorphiques.


Comme il a été spécifié auparavant n’importe quel type de roches (sédimentaire, ignée, métamorphique)
peut subir des changements de pression et/ou de température au fil des temps géologiques. Ces
changements modifient les minéraux présents dans les roches tout en transformant la texture de celles-ci.
Les conditions typiques du métamorphisme retrouvées dans la lithosphère terrestre sont limitées à des
pressions inférieures à 50 kbars (pour les lithosphères les plus épaisses) et à des températures comprises
entre 100-200 et 600-900°C (la limite supérieure étant contrainte par la température de fusion de la roche).
Grosso modo, les conditions métamorphiques peuvent évoluer selon trois tendances qui définissent le
métamorphisme de contact (figure 1.4.16), de chaînes de montagnes (ou régional) et de zones de
subduction. Dans le premier cas, les variations sont essentiellement contrôlées par des changements de la
température ambiante. Dans le second cas, il y a des variations dans les deux paramètres alors que pour le
troisième cas le facteur pression domaine largement. Le métamorphisme de contact et de chaînes de
montagnes peut évoluer de très faible à élevé; celui associé aux zones de subduction est connu sous le
terme de schiste bleu-éclogite. Lorsque des conditions de température élevée règnent dans la lithosphère,
les roches peuvent passer en fusion partielle. Si les roches ont la composition d’un granite hydraté 6, elles
commenceront à fondre à une température de l’ordre de 600°C (selon la courbe 2) pour des pressions
supérieures à 4 kbars (ou ~12 km de profondeur). Les roches qui s’apparentent à des basaltes hydratés
fondent à plus haute température (selon la courbe 3). Les roches anhydres, qui ne contiennent pas de
minéraux hydratés, fondent à plus haute température.

Les géologues utilisent des termes spécifiques pour qualifier l’intensité du métamorphisme en fonction de
la température. Les faciès métamorphiques sont désignés ainsi : zéolite (très faible), schiste vert (faible),
amphibolite (intermédiaire ou moyen), granulite (élevé). Les faciès du schiste bleu et de l’éclogite sont
limités au métamorphisme de haute pression et basse température.

6
Une roche hydratée contient de l’eau soit dans ses pores ou ses fractures, soit en tant que radical OH ou H2O dans
la structure cristalline des minéraux. Les micas et les amphiboles sont des exemples de minéraux hydratés.
17

Figure 1.4.16 - Le métamorphisme de contact.


Le métamorphisme de contact est celui qui se produit dans la roche encaissante au contact de masses
intrusives. Lorsque le magma encore très chaud est introduit dans une séquence de roches froides, il y a
transfert de chaleur (conduction) et cuisson de la roche encaissante aux bordures 7. Les minéraux de cette
roche sont transformés par la chaleur et on obtient une roche métamorphique habituellement non déformée
parce que les contraintes de pression sont inexistantes. Ainsi, les calcaires argileux de la Plate-forme du
Saint-Laurent dans lesquels s'est introduit le magma qui forme aujourd'hui le Mont-Royal (colline
montérégienne), au centre de l’île de Montréal, ont été transformés tout autour de la masse intrusive, en
une roche dure et cassante, qu'on nomme une cornéenne. La cornéenne est donc une roche
métamorphique produite par le métamorphisme de contact. On appelle cette bordure transformée une
auréole métamorphique. Sa largeur est essentiellement fonction de la dimension de la masse intrusive et
de la température du magma, et elle varie de quelques millimètres à plusieurs centaines de mètres, voire
même à quelques kilomètres.

7
Lorsqu’on se brûle la main en prenant un objet très chaud il y a transfert de chaleur et le risque potentiel de se
brûler au 1er, 2e ou 3e degré. De façon imagée, les traces de la brûlure correspondent à l’auréole métamorphique. Plus
le contact avec l’objet perdure et plus sa température est élevée, plus « l’auréole » risque d’être répandue.
18

Figure 1.4.17 - Le métamorphisme régional et la foliation métamorphique.


Le métamorphisme régional (aussi appelé le métamorphisme de chaînes de montagnes) est celui qui
affecte de grandes régions (plusieurs milliers de km2). Il est à la fois contrôlé par des augmentations
importantes de pression et de température. C'est le métamorphisme qui se produit à l’échelle de la
lithosphère, depuis sa surface jusqu’à sa base. Il est aussi caractéristique des racines de chaînes de
montagnes. Le métamorphisme régional produit trois grands types de transformation : une déformation
souvent très poussée de la roche, le développement de minéraux dits métamorphiques et le développement
de la foliation métamorphique. Dans ce dernier cas, les minéraux des roches ignées ou sédimentaires
seront transformés en minéraux métamorphiques tout en étant aplatis et/ou étirés sous l’influence de la
pression et sous des températures parfois très élevées, aux limites de la fusion partielle. Ces minéraux
s'aligneront pour définir une foliation. La foliation est caractéristique de ce type de métamorphisme ainsi
que celui associé aux zones de subduction (schiste bleu et éclogite) mais elle est inexistante lors du
métamorphisme de contact.

Figure 1.4.18 – Le nom des roches soumises au métamorphisme régional.


Selon l’intensité du métamorphisme régional, il se développe une suite bien spécifique de minéraux. Ces
minéraux deviennent donc, pour une roche métamorphique donnée, des indicateurs du degré de
métamorphisme qu'a subi la roche. À partir des assemblages minéralogiques, on peut établir les conditions
de pression et de température auxquelles la roche a été soumise. Ainsi, il est possible d’évaluer sa
profondeur d'enfouissement dans les racines d'une chaîne de montagnes. Comme pour les roches ignées et
sédimentaires, il existe une nomenclature pour les roches métamorphiques. Ce tableau présente les noms
les plus couramment utilisés en fonction de l’intensité du métamorphisme régional. Par exemple, un
mudstone (roche sédimentaire à grains très fins formée lors de la diagenèse de la boue) se changera en
ardoise, puis en schiste et en gneiss avec l’augmentation des conditions métamorphiques. À noter que
cette figure ne donne le nom que de quelques roches formées lors du métamorphisme régional; il existe
aussi d’autres noms pour les roches formées lors du métamorphisme de contact ou de zones de subduction.
19

Figure 1.4.19 - Les roches produites par le métamorphisme de choc (ou d’impact).
Il existe un autre type de métamorphisme, très rare, qui n’est pas représenté dans la figure 1.4.15 étant
donné que les conditions de température et de pression dépassent largement celles du métamorphisme
typiquement retrouvé dans les lithosphères (métamorphisme « normal »). Il s’agit du métamorphisme de
choc qui est produit par la chute d'une météorite de taille appréciable à la surface de la planète. Le
choc d’un tel impact génère des pressions et des températures très élevées pouvant atteindre plus de
1000 kbars et plus de 3000°C. À ces conditions, les roches impactées de la croûte terrestre sont vaporisées
dans l’atmosphère. Sous des conditions moins extrêmes, mais tout de même supérieures au régime
métamorphique typique de la lithosphère, la chute des météorites transforme les minéraux de la roche
choquée en provoquant des dislocations planaires de leur structure cristalline et en formant du verre
diaplectique (verre de haute densité formé à l’état solide par friction à de très haute pression) et du magma
(par fusion). Les shatter cones sont des structures géologiques, habituellement décimétriques, en forme
de cônes retrouvés dans les roches choquées qui sont caractéristiques de la proximité d’un impact
météoritique. Ces structures coniques marquent les conditions de pression minimales (50-100 kbars) du
métamorphisme de choc. Lorsque du graphite (minéral de carbone) présent dans la croûte terrestre est
soumis à un métamorphisme de choc, la pression est suffisante pour provoquer sa transformation en
diamant (autre minéral de carbone) 8.

8
Le graphite et le diamant sont deux minéraux exclusivement composés de carbone mais ils différent selon leur
structure cristalline. On dit qu’ils sont des polymorphes.
20

Figure 1.4.20 - L'horizontalité primaire et le principe de superposition.


Le concept de Steno (1669) (Nicolas Steno, géologue danois) qui présente deux principes intimement liés
apparaît simpliste, mais il est fondamental pour établir des âges relatifs 9 entre différentes roches : (1) les
couches sédimentaires se sont d'abord déposées à l'horizontal (principe de l'horizontalité primaire) et
(2) les couches se sont superposées les unes sur les autres, ce qui implique que celle qui est en-dessous
d'une autre est plus vieille que cette dernière (principe de la superposition). Simpliste, peut-être, mais il
n'est pas toujours évident de déterminer dans des couches plissées quel est le sens de la superposition
originelle et, par conséquent, quelles couches sont les plus vieilles. Il est évident que ce concept s’applique
seulement aux roches sédimentaires ou volcaniques (coulées de laves ou dépôts pyroclastiques). Il ne peut
être utilisé pour les roches intrusives cristallisées lors du refroidissement du magma dans une chambre
magmatique qui s’est mise en place dans une séquence rocheuse plus vieille. Le roche intrusive est plus
jeune que la roche qui l’encaisse (voir figure 1.4.21) et le principe d’horizontalité ne s’applique pas dans
ce cas.

Figure 1.4.21 - La règle des recoupements.


Un corps rocheux qui en recoupe un autre est nécessairement plus jeune que celui qu'il recoupe. Sur ce
schéma, l'âge relatif des couches 1, 2 et 3 est fourni par le principe de superposition. Les roches intrusives
4, 5 et 6 sont plus jeunes que les couches sédimentaires horizontales dans lesquelles elles se sont
introduites. De plus, comme le dyke 5 recoupe le dyke 4 et que l'intrusion 6 recoupe le dyke 5, on sait que
6 est plus jeune que 4, même si ces deux dykes ne se recoupent pas. L’ordre d'intrusion est donc 4, 5 et
finalement 6. Ces observations se font à toutes les échelles, au niveau d'un petit affleurement de quelques
mètres carrés, jusqu'au niveau d'une région de plusieurs dizaines de kilomètres carrés.

9
L’âge relatif permet de comparer l’ordre chronologique de la mise en place de certaines roches ou d’interpréter
différents événements géologiques. Il est aussi possible d’obtenir des âges absolus et précis pour certaines roches
et/ou minéraux en analysant certains éléments chimiques soumis à la désintégration radioactive (p. U/Pb, Re/Os,
carbone 14).
21

Figure 1.4.22 - La discordance d'érosion.


On a ici un contact irrégulier (discordant) entre une masse intrusive (granite) et des couches sédimentaires.
Normalement, on serait enclin à conclure que l'intrusion granitique est plus jeune que les couches qui
l'entourent ou la recouvrent (selon le principe énoncé à la figure 1.4.20). Mais ici il faut voir que la roche
sédimentaire qui représente un ancien sédiment contient des fragments du granite. Cette situation implique
que le granite a été exposé un jour à l'action de l'érosion et que les particules de granite arrachées au
massif par l'érosion ont été incorporées dans le sédiment qui a recouvert le massif. Nécessairement,
l'intrusion est plus vieille que les couches sédimentaires sus-jacentes. Cette surface dans cet exemple entre
roche ignée et roche sédimentaire est une discordance d'érosion. Dans les exemples précédents (figures
1.4.20 et 1.4.21), le temps géologique est représenté par le temps de dépôt des couches et/ou par la mise
en place d'intrusions. Le dépôt de différentes couches sédimentaires représente un temps géologique
relativement long alors que les intrusions représentent des événements courts, voire ponctuels. Ici, la
discordance d'érosion représente aussi du temps géologique, mais du temps où non seulement il n'y a pas
eu de dépôt, mais où il y a eu érosion, c'est-à-dire suppression des dépôts préexistants.
22

Figure 1.4.23 - La discordance angulaire.


(A) Supposons une succession de sédiments déposés à l’horizontal sur le fond marin. (B) Il est fréquent
que les forces tectoniques de compression plissent des couches déposées originellement à l'horizontal, les
soulèvent et les amènent en situation où (C) elles sont érodées (l’érosion est représentée ici par les lignes
brisées) et le relief aplani. Bien souvent, mais ce n’est pas toujours le cas, le dépôt des sédiments se fait en
milieu marin alors que l’érosion se fait plutôt en milieu continental ou du moins lorsque les séquences
sédimentaires sont émergées. (D) Si d'autres couches de sédiments se déposent au-dessus, par exemple à
la faveur d'un envahissement par la mer, il en résulte une relation d'angularité entre les deux ensembles.
La surface qui sépare les deux ensembles est une discordance angulaire. Comme dans le cas précédent,
elle représente du temps géologique qui s’est écoulé; ici tout le temps du plissement et de l'érosion. Dans
cet exemple, il s’agit aussi d’une discordance d’érosion en plus d’être angulaire.
23

Figure 1.4.24 – Les secrets d’une séquence stratigraphique.


Le temps, en géologie, est le plus souvent matérialisé par une séquence de roches, comme cet
empilement de couches bien visibles sur les parois du Grand Canyon dans le Plateau du Colorado, en
Arizona. Les roches sédimentaires témoignent du temps de déposition de sédiments, alors que les roches
intrusives représentent des événements plus ponctuels. Les surfaces de ravinement (discordances
d’érosion) représentent aussi du temps, mais une période de temps d'érosion des dépôts. Cette succession
représente ici 2,5 Ga d'histoire, soit l’âge des roches métamorphiques au bas de cette séquence
stratigraphique. Aujourd'hui, on peut avancer ce chiffre avec certitude, mais il a fallu passablement de
temps avant que l'on mette au point, puis que l’on raffine les méthodes de datations et qu'on développe
finalement un calendrier géologique fiable sur lequel on puisse greffer les événements décryptés dans les
roches. Les méthodes de datation ont d'abord été relatives (recoupements, discordances, fossiles) avant
d'être « absolues » (radiométrie).

Pour l'historien de la Terre qu'est le géologue, une telle séquence stratigraphique constitue les archives
d’une partie de l’histoire de notre planète. À la vue d’une séquence comme celle-ci, il comprend assez
rapidement que certaines unités sédimentaires se sont déposées à différentes profondeurs en milieu marin
alors que d’autres unités se sont accumulées sur le continent. Il réalise aussi qu’à quelques reprises, cet
empilement de roches a subi de l’érosion en milieu aérien. Par l’étude des fossiles, il est en mesure
d’apprécier l’évolution des organismes marins et terrestres à travers les périodes géologiques. La
présence des roches intrusives témoignent aussi d’un passé marqué par de l’activité magmatique. Bref, le
géologue réussit, au moins partiellement, à découvrir certains secrets de la planète.
24

Liste des références

Mises à part les références citées ci-dessous, toutes les images proviennent du cours Planète Terre (GLG-
1000).

Figure 1.4.4 – Marshak, S., 2010, Terre, portrait d’une planète. Groupe De Boeck, 833 p. (traduit de la 3e
édition américaine par Olivier Evrard).
Figure 1.4.14 – Marshak, S., 2010, Terre, portrait d’une planète. Groupe De Boeck, 833 p. (traduit de la 3e
édition américaine par Olivier Evrard).
Figure 1.4.18 – French, B.M., 1998, Traces of catastrophe: a handbook of shock-metamorphic effects in
terrestrial meteorite impact structures (image modifiée).

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