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des vainqueurs
Le texte-racine du mahamoudra
selon la précieuse tradition orale de Gandèn
I. Préparation
Comme ils constituent la porte d’entrée des enseignements et le pilier
central du grand véhicule, commencez par prendre refuge et produire
l’esprit d’éveil avec sincérité sans que cela reste des paroles en l’air.
C’est par les accumulations [de mérites et de sagesse] et la purification
des fautes que l’on voit la nature de l’esprit, aussi récitez le mantra à cent
syllabes au moins cent mille fois et effectuez autant de prosternations que
vous le pouvez en récitant la Prière de confession1.
Puis, à maintes reprises, adressez de ferventes requêtes à votre maître
racine indissociable de tous les bouddhas des trois temps.
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La grande route des vainqueurs
II. Pratique
Il existe de nombreuses manières d’expliquer le mahamoudra, mais on le
divise en deux catégories : le mahamoudra des soutras et le mahamoudra
des tantras.
Le mahamoudra des tantras est le mahamoudra de Saraha, Nagarjouna,
Naropa et Maitripa. Diverses techniques, comme celle qui consiste
à pénétrer les points clés du corps de vajra, font apparaître la claire
lumière de grande félicité. Telle est la quintessence des tantras du yoga
insurpassable enseignée dans le Cycle-cœur des mahasiddhas2.
Le mahamoudra des soutras explique comment méditer sur la vacuité
enseignée explicitement dans les soutras abrégés, intermédiaires et
développés de la Perfection de la sagesse. Le sublime Nagarjouna a déclaré
qu’il n’existait pas d’autre voie de libération que celle-ci.
En harmonie avec sa pensée, le commentaire suivant montre comment
reconnaître la nature de l’esprit en s’appuyant sur les enseignements des
maîtres de la lignée.
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[Yoga du maître]
Cultivez la profonde voie du yoga du maître et, ayant prononcé de
puissantes prières d’aspiration par centaines, absorbez le maître en vous-
même.
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Inspiré par ces citations, détendez-vous sans vous laisser distraire. Lorsque
vous regardez la nature des pensées, celles-ci disparaissent d’elles-mêmes
et une vacuité apparaît. De même, quand vous examinez la tranquillité
[de l’esprit], pointe une clarté vide, lumineuse et sans entrave. C’est
« l’intégration de la tranquillité et du mouvement ».
Reconnaissez toutes les pensées qui s’élèvent comme mouvement [mental]
et, sans les bloquer, concentrez-vous sur leur nature.
Il en va comme dans l’exemple du corbeau qui s’envole d’un bateau et y
revient après avoir virevolté de-ci de-là.
Du fait de cette pratique, la méditation égale a pour nature un espace vide
qui ne bloque rien, clair, limpide, et que rien ne bloque. Comme tout peut
apparaître, il est lumineux.
Cette nature de l’esprit, la vue supérieure la perçoit directement, mais on
ne peut la décrire ou l’appréhender en tant que telle.
De nos jours, la plupart des grands méditants du Tibet admettent que
placer l’esprit détendu sur tout ce qui apparaît, sans rien saisir, est
« l’instruction qui place la bouddhéité [dans la paume de la main] ».
Je suis d’avis que, pour un débutant, c’est un moyen des plus habiles pour
calmer l’esprit et reconnaître l’esprit conventionnel.
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3 VIII, 101.
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III. Conclusion
Dédicace
Dédiez à l’éveil insurpassable toute racine de bien produite par cette
méditation du mahamoudra ainsi que tous les océans de vertus accumulés
dans le passé, le présent et le futur.
Grâce à cette familiarisation avec l’esprit chaque fois que vous examinerez
avec précision comment tel ou tel objet apparaît aux six consciences, son
mode d’existence vous apparaîtra limpide et nu. Reconnaissez ainsi tout
ce qui apparaît à votre esprit.
En bref, n’adhérez pas à la réalité de tout ce que vous percevez, notamment
de votre esprit, et gardez la certitude de leur mode d’existence. Cette
compréhension unit tous les phénomènes du samsara et du nirvana en une
seule essence. Dans l’une de ses Quatre cents stances4, Aryadéva déclare :
Qui voit une entité
Les voit toutes.
La vacuité de l’une
Est la vacuité de toutes.
Correctement établi en méditation égale sur le réel, [l’esprit] échappe à
toute élaboration conceptuelle liée au samsara et au nirvana, à l’être et
au non-être.
Lorsqu’au sortir de cette absorption vous examinez l’acte, l’agent et la
production interdépendante, qui sont de simples désignations, ils vous
4 VIII, 16
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[Colophon et dédicace]
Puissent les mérites de ce texte composé par le renonçant Losang
Tcheukyi Gyaltsèn, qui a entendu de nombreux enseignements, conduire
rapidement à l’état de vainqueur les êtres de toutes les destinées qui
empruntent cet unique accès à la libération.
Percevant les huit préoccupations mondaines comme un spectacle
insensé, Néchou Rabdjampa Guèndune Gyaltsèn, ainsi que Shérab Sengyé
de Hartong, expert dans les dix sujets difficiles, ont adopté la vie d’ermite
et, seuls dans les vallées montagneuses, ont fait de cette voie l’essence
de leur pratique. Maintes fois, ils m’ont sollicité pour que je leur présente
le mahamoudra de cette façon. De nombreux disciples qui aspirent à
pratiquer le mahamoudra – le sens ultime – m’en ont aussi fait la demande.
Par ailleurs, le grand Ènsapa, vainqueur omniscient, seigneur des maîtres
accomplis déclarait :
J’ai écrit un commentaire conforme aux lamrims des kadampas (depuis
la juste dévotion au maître spirituel jusqu’à la quiétude et à la vue
supérieure) dans un chant de réalisations instructif pour moi-même et
autrui, sans toutefois terminer par la voie que nous venons d’expliquer,
étant incapable de rédiger l’ultime instruction du mahamoudra, peu
répandue au Tibet.
Ce qui, par souci de concision, n’avait pas été écrit à ce moment-là devait
l’être plus tard. On le comprendra en s’appuyant, par exemple, sur cet
extrait du Soutra du lotus :
Celui qui naît de soi-même applique cette méthode
Pour qu’ils pénètrent la sagesse des bouddhas.
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