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LA NOUVELLE REGLEMENTATION SUR LES

SOCIETES DES PRESTATIONS DE PAIEMENT LOI


COBAC (DECEMBRE 2018)

Rédigé par :
PATHE
TCHOUMI
Ghislain
OWONA Jack
Dylan
SOMMAIRE :

INTRODUCTION

I- REGLEMENT PORTANT SUR LES SERVICES DE


PAIEMENT (LOI COBAC 2018)

II- LES RISQUES LIES AU SERVICE DE PAIEMENT

III- CAS PRATIQUE : ORANGE MONEY

CONCLUSION
INTRODUCTION :

La possibilité offerte à chacun des acteurs d’avoir son propre système de paiement participe de la
volonté de la CEMAC d’accroître l’inclusion financière. Mais il y a encore des réglages à faire
pour rendre l’interopérabilité effective à l’échelle de la sous-région. Le règlement
014/CEMAC/UMAC/COBAC du 21 décembre 2018 relatif aux services de paiement dans la
communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, vient justement répondre à cette
problématique. Pour un meilleur suivi de l’activité des prestataires de paiements par le législateur,
il convient d’dentier les risques liés aux services de paiement et de mettre en œuvre les méthodes
de contrôle et de maîtrise desdits risques. Avant de présenter les risques sus évoqués (II), il nous
paraît judicieux de faire d’abord le point sur la loi COBAC 2018 portant sur les services de
paiement (I) pour déboucher sur un cas pratique qui mettra en lumière les méthodes de contrôle
éventuelle d’un service de paiement (III)
I. RESUME DU
REGLEMENT CEMAC
RELATIF AUX
SERVICES DE
PAIEMENT :

Titre 1 : Dispositions générales (article 1 et article 2)


Ce titre détermine avec précision le domaine d’application du règlement relatif aux services
de paiement dans la zone CEMAC et définit les mots et expressions du règlement. Il est applicable
aux prestataires de services de paiement qui exercent dans la CEMAC, à leurs partenaires
techniques et à leurs distributeurs. Les termes et expressions clés sont les suivants :
- Bénéficiaire : personne physique ou morale destinataire des fonds
faisant L’objet d’une opération de paiement ;
- Client : personne physique ou morale qui, en vertu d’un contrat conclu avec un prestataire
de services de paiement, utilise un service de paiement
- Commission Bancaire ou COBAC : la Commission Bancaire de l’Afrique Centrale ;
- Communauté ou CEMAC : la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique
Centrale ;
- Compte bancaire : compte ouvert et tenu dans les livres d’un établissement de crédit ou de
microfinance au nom d’une personne physique ou morale pour la réalisation d’opérations de
banque ou opérations connexes.
- Compte de paiement : compte détenu au nom d’un ou plusieurs clients, dans les livres
d’un prestataire de services de paiement, aux fins de l’exécution d’opérations de paiement ;
- Distributeur et sous-distributeur : toute personne physique ou morale proposant des
services de paiement à sa clientèle, au nom et pour le compte d’un ou plusieurs prestataires
de service de paiement agréé ;
- Fonds : la monnaie fiduciaire (billets de banque et les pièces), la monnaie scripturale et la
monnaie électronique ;
- Instrument de paiement : tout dispositif personnalisé ou l’ensemble de procédures qui
permettent à un client de donner un ordre de paiement ;
- Ordre de paiement : instruction d’un payeur ou d’un bénéficiaire à un prestataire de
services de paiement ordonnant l’exécution d’une opération de paiement ;
- Opération de paiement : action consistant à verser, transférer ou retirer des fonds entre le
payeur et le bénéficiaire, ordonnée par le payeur ou le bénéficiaire ;
- Partenaire technique : personne morale qui fournit à un prestataire de services de
paiement les services techniques ainsi que les conditions matérielles et logicielles pour le
traitement des opérations liées aux services de paiement ;
- Payeur : personne physique ou morale qui ordonne ou autorise l’exécution d’une opération
de paiement ;
- Prestataire de service de paiement : établissement agréé qui fournit à titre de profession
habituelle des services de paiement.
- Services de paiement : l’émission, la mise à disposition ou la gestion d’instruments ou
moyens de paiement ou l’exécution d’ordres de paiement, tel que défini à l’article 3 du
présent règlement.

Titre 2 : Services de paiement (article 3 et article 4)


Une opération de paiement peut être ordonnée soit par le payeur qui donne un ordre de
paiement à son prestataire de services de paiement soit par le bénéficiaire qui transmet l’ordre de
paiement reçu du payeur à son prestataire de service de paiement.

Sont des services de paiement, les activités liées à la mise à disposition ou à la gestion des moyens
de paiement. Nous pouvons citer :
- les services permettant le versement et le retrait d'espèces sur un compte de paiement et les
opérations de gestion y afférentes ;
- les opérations de paiement effectuées avec une carte de paiement ou un dispositif similaire
permettant de réaliser ces opérations ;
- la mise à disposition d’instruments de paiement ou l’acquisition d'ordres de paiement ;
- l’émission et la gestion de la monnaie électronique.

Titre 3 : Prestataires de services de paiement et activités (article 5 à article 12)


Seuls les établissements de crédit, les établissements de microfinance et les établissements
de paiement agréés sont habilités à exercer en qualité de prestataire de services de paiement. Ces
établissements fournissent des services de paiement conformément à la règlementation en vigueur.
De ce fait, ils ne sont pas autorisés de mettre à disposition de leurs clients, ni même de gérer les
moyens de paiement cambiaires (moyen de paiement pouvant être négocié ou échangé) comme le
billet à ordre, la lettre de change, le chèque ainsi que le crédit documentaire.

Il faut préciser que les fonds reçus par les prestataires de service de paiement de la part des
clients restent la propriété des clients ; ils ne constituent pas des dépôts pouvant faire l’objet de
crédit. D’ailleurs, les prestataires de services de paiement n’ont pas qualité pour octroyer des
crédits dans le cadre de leurs fonctions sauf en optant pour des « découverts ». Il serait légal de
prendre un découvert à condition qu’il n’excède pas 100 000 francs et qu’il soit remboursé dans un
délai de 3 mois.

Titre 4 : Règlementation, supervision et surveillance (article 13 à article 22)


Ce titre concerne le cadre règlement des prestataires de services de paiement, entre autres,
leurs conditions fonctionnelles et leur supervision. La Commission Bancaire est chargée de veiller
au respect par les prestataires de services de paiement des dispositions législatives et
réglementaires. Cette supervision s’exerce à travers des contrôles sur pièces et sur place de la
COBAC. La Commission Bancaire et la Banque Centrale déterminent les modalités de
transmission des documents que les prestataires de services de paiement sont tenus de leur
adresser.

Lorsque la COBAC constate des dysfonctionnements lors du contrôle d’un prestataire de


services de paiement, elle prend toutes les mesures d’assainissement, de restructuration ou
disciplinaires prévues. La Banque Centrale vérifie la conformité, la sécurité et la disponibilité des
solutions techniques de fourniture des services de paiement et de l’utilisation des moyens de
paiement.

Elles sont habilitées à demander aux prestataires de services de paiement, à leurs


commissaires aux comptes, partenaires techniques, distributeurs, sous-distributeurs et à toute autre
personne ou organisme pouvant détenir des informations nécessaires pour le contrôle. Les
intéressés sont tenus de satisfaire aux demandes qui leur sont adressées.
La Commission Bancaire et la Banque Centrale déterminent, chacune en ce qui la concerne, la
liste, la teneur, les modèles, la périodicité, les modalités et les délais de transmission des
documents que les prestataires de services de paiement sont tenus de leur adresser.

Titre 5 : Agrément des prestataires de services de paiement (article 23 à article 28)


L’agrément donnant la possibilité d’exercer en qualité de prestataire de service de paiement
est délivré par la COBAC. La composition du dossier de demande d’agrément est fixée par
règlement de la COBAC et si l’agrément est autorisé, il précisera le(s) service(s) de paiement
autorisés au prestataire.
L’exercice en qualité de prestataire de services de paiement sur le territoire de l’un des
Etats de la CEMAC est subordonné à l’agrément de l’Autorité Monétaire Nationale, délivré après
avis conforme de la Commission Bancaire. L’arrêté d’agrément définit le ou les services de
paiement que le prestataire est habilité à fournir.
Les conditions et modalités d’octroi d’agrément des prestataires de services de paiement, de
leurs dirigeants et commissaires aux comptes sont fixées par la COBAC.
La COBAC a le pouvoir d’émettre un avis défavorable lorsque le requérant ne respecte pas
les conditions et modalités d’octroi d’agrément.
Lorsque la fourniture d’un service de paiement est envisagée via une solution de téléphonie
mobile, la BEAC s’assure que l’établissement ou son partenaire technique justifie d’une
autorisation de l’organisme public chargé des missions de régulation, de contrôle et de suivi des
activités des télécommunications et des technologies de l’information et de la communication de
l’Etat d’implantation.

Titre 6 : Approbation de l’offre et de l’extension des activités des


prestataires de services de paiement (article 29 à article 36)

L’information doit être soumise au préalable à la COBAC ou à la BEAC en cas


d’utilisation d’une nouvelle solution technique pour un service de paiement. Le prestataire de
service de paiement ne peut utiliser la solution technique qu’à compter de la date de délivrance de
l’avis de non objection de la COBAC ou de la BEAC. A compter de la date de réception du dossier
complet, la COBAC dispose d’un délai de trois mois et la BEAC de deux mois pour statuer et
notifier sa décision ou son avis à l’établissement. L’absence de décision ou avis à l’expiration de
ce délai vaut autorisation préalable ou avis de non-objection.

Titre 7 : Obligations d’information et conditions d’exécution des


opérations de paiement (article 38 à article 44)
L’ouverture d’un compte de paiement ou la souscription à un service de paiement est
subordonnée à un contrat entre le prestataire de services de paiement ou son distributeur, le cas
échéant, et le client. Ce contrat doit porter les informations (voir article 38) des deux parties. Ce
contrat stipule que le prestataire de services de paiement est responsable, vis-à-vis du client, du
bon dénouement des opérations réalisées par un distributeur ou un sous distributeur.

Toute modification des informations et conditions du contrat prévues à l’article38 du


présent règlement est proposée par le prestataire de services de paiement à un client, par écrit
laissant trace de sa réception. Le client a le droit d’accepter ou de rejeter la modification avant la
date proposée pour son entrée en vigueur. Le prestataire de services de paiement informe le client
qu’au cas où il rejette la modification, il a le droit de résilier le contrat sans frais et avec effet à tout
moment jusqu’à la date à laquelle la modification aurait été appliquée.

Toute opération de paiement ordonnée par un client donne lieu à la mise à disposition,
immédiate des informations détaillées de l’opération :
- le nom du prestataire de services de paiement;
- le numéro de référence du distributeur ou du sous-distributeur, le cas échéant ;
- la nature de l’opération et du service de paiement y afférent;
- le montant et les frais de l’opération;
- la date, l’heure et le numéro de référence de l’opération;
- l’identité du payeur, du bénéficiaire et, le cas échéant, de l’initiateur de l’opération
- la confirmation de la réussite de l’initiation de l’ordre de paiement.

Le prestataire de services de paiement a l’obligation de mettre en place un dispositif


permanent de veille, de réception et de traitement des réclamations des clients. Ce dispositif doit
être accessible par divers canaux à tout moment et assurer la traçabilité des réclamations reçues et
traitées.

Titre 8 : Exigences techniques, de traçabilité, de conservation des


informations et de reporting (article 45 à article 51)
Dans le cadre des opérations et services de paiement prévus par le présent règlement, l’écrit
sous forme électronique, notamment les documents et transmissions électroniques, peut se
substituer à l’écrit sur support papier et est reconnu comme équivalent.

Toute solution technique utilisée pour la fourniture d’un service de paiement doit satisfaire
aux spécifications ou exigences visant à :
- assurer l’enregistrement et le traitement des opérations de paiement en temps réel;
- assurer une haute disponibilité de la plateforme;
- assurer l’intégrité des messages;
- maintenir la confidentialité des informations;
- garantir l’authenticité des transactions;
- assurer la non-répudiation des transactions.

Le prestataire de services de paiement assure la conservation des documents liés à


l’identification et à la traçabilité des opérations de paiement sur une période de dix ans, à compter
de la date de leur enregistrement ou de leur réalisation.

Les fonds reçus par un prestataire de services de paiement de la part de clients en vue de la
prestation de services de paiement sont distinctement identifiés dans la comptabilité de
l’établissement, ainsi que dans celle de la banque domiciliataire pour les établissements de
paiement.
Les fonds reçus par un établissement de paiement de la part de clients doivent faire l’objet
d’une réconciliation quotidienne avec l’encours du compte de cantonnement.

Il faut noter que les établissements de paiement sont astreints aux mêmes obligations de
reporting à la Commission Bancaire que les établissements financiers.

Titre 9 : Protection des fonds et normes prudentielles applicables aux


établissements de paiement (article 52 à article 58)

Tout établissement de paiement dispose en permanence d’une trésorerie suffisante pour


couvrir les besoins en liquidité de ses clients. Les fonds reçus par un établissement de paiement de
la part des clients en vue de la prestation de services de paiement ne doivent pas être utilisés pour
le financement des besoins de l’exploitation dudit établissement ou des crédits consentis aux
clients. Ils ne peuvent être utilisés qu’aux fins de réalisation d’opérations de paiement.
Les établissements de paiement se dotent d’un dispositif adéquat de lutte contre le
blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme en Afrique Centrale.
Pour toute souscription à un compte de paiement ou opération de paiement, le prestataire de
services de paiement, le distributeur ou sous-distributeur accomplit les diligences relatives à la
connaissance de la clientèle, notamment l’identification certaine du donneur d’ordre et du
bénéficiaire, la connaissance de ses activités, ainsi que l’origine des fonds. Ils sont tenus, en cas de
doute, d’effectuer une déclaration de soupçons aux autorités compétentes.

Titre 10 : Externalisation des fonctions opérationnelles essentielles (article


59 à article 62)

Au sens du présent règlement, une fonction opérationnelle est considérée comme


essentielle lorsqu’une anomalie en son sein est susceptible de nuire sérieusement à la capacité du
prestataire de services de paiement.
L’externalisation d’une fonction opérationnelle consiste, pour un prestataire de services de
paiement, à confier à un tiers, personne physique ou morale de manière durable la réalisation de
prestations de par sous-traitance ou mandat. Il faut préciser que le prestataire de services de
paiement qui externalise la réalisation d’une fonction opérationnelle essentielle s’assure que son
système de contrôle interne inclut les activités externalisées.
Les prestataires de services de paiement transmettent à la COBAC, les informations
relatives à la réalisation des fonctions opérationnelles essentielles externalisées.
La COBAC peut s’opposer ou ordonner la suspension ou l’arrêt d’une externalisation ou
d’une assistance technique auprès d’un partenaire technique lorsqu’elle estime que l’activité de ce
partenaire technique met en péril la pérennité du prestataire de services de paiement.

Titre 11 : Contrôle des distributeurs des services de paiement. (article 63


à article 66)
Le prestataire de services de paiement est habilité à recourir aux services d’une ou de
plusieurs distributeurs ou sous- distributeurs, en vue de commercialiser les services de paiement.
Le distributeur ou sous- distributeur agit au nom et pour le compte du prestataire de services de
paiement.
La fourniture de services de versement et de retrait, dans le cadre d’un service de paiement,
au nom et pour le compte d’un prestataire de service de paiement, n’est autorisée qu’aux
distributeurs et sous-distributeurs dûment habilités conformément au présent règlement.
Le distributeur commercialise les contrats et services de paiement dans les conditions
suivantes pour l’ouverture d’un compte de paiement : le distributeur collecte les documents et
informations afférents du client, établit un contrat conformément aux dispositions du présent
règlement, puis communique ces documents et informations au prestataire de service de paiement
pour la création du compte.
Le prestataire de services de paiement s’assure que les informations sur son établissement
soient affichées au sein des distributeurs et des sous-distributeurs
Les distributeurs et sous-distributeurs appliquent, tout comme le prestataire de service de
paiement ; les mesures relatives à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du
terrorisme.

En cas de constat de défaillance chez un distributeur ou chez un sous-distributeur, le


prestataire de service de paiement peut prend les mesures de redressement qui s’imposent. Il est
responsable de l’intégrité, de la fiabilité, de la sécurité, de la confidentialité et de la traçabilité des
transactions réalisées par chacun de ses distributeurs et sous-distributeurs.

Les distributeurs et sous-distributeurs apportent le concours nécessaire au Prestataire de


services de paiement pour assurer la traçabilité des transactions.

Dans le cadre de la mise en œuvre des mesures relatives à la lutte contre le blanchiment de
capitaux et le financement du terrorisme, les distributeurs et sous-distributeurs informent le
prestataire de service de paiement des opérations suspectes qui ont un lien avec les services de
paiement.

Titre 12 : Cessation de l’activité (article 67 à article 73)

Ce titre met l’accent sur les conditions de retrait d’agrément de renonciation et de révocation,
lesquelles se déclinent comme suit :

- Les conditions et modalités de retrait de l’agrément sont fixées par le règlement n°


02/15/CEMAC/UMAC/COBAC du 27 mars 2015. La renonciation de l’agrément est
prononcée par la COBAC de 3 façons : d’office, soit à la demande de la banque centrale,
soit à la demande du prestataire de service de paiement. Avant de prendre l’initiative de la
révocation, la COBAC sollicite l’avis de la banque centrale. Elle dispose d’un délai d’un
mois pour se prononcer. L’absence de décision à l’expiration de ce délai vaut avis
favorable.

- La révocation d’office intervient lorsque l’établissement ne fournit plus le service de


paiement ou n’utilise plus la solution technique depuis au moins six mois, ou encore s’il est
établi que les informations sur la base desquelles l’autorisation préalable ou de l’avis de
non- objection a été délivrée sont fausses ou inexactes. La décision de révocation est
prononcée par la COBAC dans un délai d’un mois à compter de la notification à la
COBAC de l’avis
de la banque centrale ou de la réception de la demande du gouverneur ou de l’établissement
lorsque l’autorisation est sollicitée par ceux-ci.

- Notification de la révocation : elle est notifiée à l’établissement concerné avec ampliation à


l’autorité monétaire, à la direction nationale de la BEAC et conseil national du crédit.

Titre 13 : Restitution des fonds (Article 74 à article 78)

Ce titre met en exergue les dispositions relatives au traitement des fonds par les services de
paiement lesquelles dispositions se résument en quelques les points.

- Restitution des fonds est faite à la demande du client, à tout moment et à la valeur
nominale. Lorsque la restitution est effectuée par un distributeur, le prestataire de service
de paiement assume l’entière responsabilité du bon déroulement de l’opération. Le
prestataire de services dispose d’un délai de deux mois pour mettre à disposition des clients
leur restitution sans frais. A l’expiration d’un délai de six mois les fonds non réclamés
doivent être transférés au trésor public.

- La restitution des fonds peut donner lieu aux prélèvements de frais si la demande de
restitution intervient avant le terme du contrat ou alors plus d’un mois après l’expiration du
contrat.

Titre 14 : Interdictions (article 79 à article 82)

Ici on distingue :
• Interdiction d’exercer sans agrément
• Interdiction d’exercer en utilisant un prêt non : dénomination, raison sociale,
• Interdiction de publicité sans agrément :
• Sanctions applicables : prévue à l’article 45 de l’annexe à la convention du 17 janvier 1992

Titre 15 : Dispositions transitoires et finales (Articles 83 à 88)

Ce titre est consacré aux dispositions transitoires et à la mise en application de la loi


relative aux services de paiement. Nous avons entre autres les microfinances de la CEMAC qui
doivent se conformer à cette loi dans un délai de régularisation de douze mois.
L’application de la loi relative à la monnaie électronique doit être appliquée à tous les
prestataires offrant cet instrument de paiement. La monnaie électronique est une valeur monétaire
stockée sous une forme électronique, y compris informatique ou numérique, représentant une
créance sur l’émetteur, qui est émise à la valeur nominale contre remise de fonds, aux fins
d'opérations de paiement et qui est acceptée par une personne physique ou morale autre que son
émetteur, sans faire intervenir de compte bancaire dans la transaction.

II. RISQUES LIES AUX SERVICES DE PAIEMENT :


A. RISQUES RELATIFS AUX DEFAILLANCES DU DISPOSITIF
REGLEMENTAIRE :

Bien que d’introduction relativement récente, la réglementation sur le fonctionnement de


l’activité d’émission de la monnaie électronique et sur l’utilisation des services de paiement
semble prendre en compte les possibles dérapages pouvant conduire au blanchiment des capitaux
et au financement du terrorisme.

Toutefois, il subsiste encore des vides réglementaires qui pourraient favoriser l’occurrence
de ces phénomènes. En effet, le dispositif régissant l’utilisation des NMP dans la zone CEMAC
présente une certaine vacuité sur les aspects relatifs à la lutte anti blanchiment d’argent et contre le
financement du terrorisme. Notamment sur les aspects ci-après :

 L’absence d’un dispositif réglementaire spécifique aux services de paiement et à la


régulation des risques que leur utilisation peut engendrer ;
 Le contrôle sur l’origine des fonds déposés en contrepartie de l’émission de monnaie
électronique, sur l’objet des transactions, ainsi que sur la destination des fonds. Des
dispositions dans ce sens contribueraient à une meilleure traçabilité des opérations ;
 Le contrôle des transactions en temps réel dans le but de réduire les risques liés au
caractère rapide de la circulation de la monnaie électronique via les NMP ;
 Le niveau des seuils sur les volumes de transaction qui restent trop élevés
 La supervision des nouveaux acteurs du marché, notamment les intervenants dans le circuit
de distribution du mobile money. Ce dernier peut en effet présenter de nombreuses
vulnérabilités liées à la faible formation des agents ou distributeurs, souvent non
professionnels

A ces défaillances réglementaires quant à l’utilisation des services de paiement à des fins
de blanchiment ou de financement du terrorisme, s’ajoutent les limites reconductibles aux facteurs
de risque relatifs à la conduite de l’activité d’émission de la monnaie électronique, et des services
de paiement qui la véhiculent.

B. RISQUES LIES A LA VARIETE DES ACTEURS ET A LA RAPIDITE


DES EVOLUTIONS TECHNOLOGIQUES :

Les risques propres à la monnaie électronique proviennent de ceux liés aux différents
intervenants dans l’émission, la gestion et la distribution des produits, ainsi qu’aux évolutions
rapides de technologie qui devancent le plus souvent l’adaptation nécessaire des pouvoirs publics.

A titre d’exemple, cinq catégories d’acteurs interviennent dans la chaîne de valeur de la


carte prépayée : l’émetteur de la carte, le réseau (Visa, Master Card, American Express…), le
processeur, le « program manager » et le distributeur. Il apparaît que si l’émetteur est responsable
juridiquement de la vigilance en matière de blanchiment et de financement du terrorisme, les
éléments constitutifs de la connaissance-client ne peuvent être collectés que par le biais du «
program manager » et du distributeur.
Les acteurs du secteur de la monnaie électronique, en tout cas pour ce qui concerne
essentiellement les distributeurs, sont issus d’une culture non-bancaire dont l’expertise et
l’expérience (« know how ») en matière de connaissance-client est plus limitée que dans le secteur
financier traditionnel.

I) Risques liés aux cartes prépayées :

1. Opacité des banques

Tous les établissements bancaires de la sous-région ont été conviés à participer à l’exercice
de typologies objet du rapport. Cependant, seuls ceux représentant les grands groupes
internationaux et une banque à capitaux camerounais ont accepté de jouer le jeu. Or il est revenu
aux membres du groupe de travail que les établissements de crédit qui n’ont pas accepté de
collaborer à l’exercice seraient impliqués dans des enquêtes relatives aux transferts de fonds à
grande échelle à destination de pays d’Afrique de l’Ouest touchés par le terrorisme et au change
manuel au profit de personnes concernées par le blanchiment d’argent dans les pays où ils sont
implantés. Et enfin, font de la surenchère aux plafonds de chargement des cartes prépayées.

2. Risques liés à l’anonymat des porteurs

Les cartes prépayées peuvent être nominatives ou anonymes selon les options. Généralement, la
carte est vendue à une clientèle occasionnelle qui n’est pas systématiquement identifiée et qui règle
son achat ou ses recharges en espèces.

Sans identification formelle par contre, l’établissement assujetti ou le distributeur ne sont pas
capables de déterminer l’identité du porteur et l’origine des fonds qui servent à l’achat de la carte
et à son chargement.

3. Non-respect des plafonds prescrits par la Banque Centrale

Les plafonds de chargement, retrait, paiement, transfert ou par transaction, qui laissent croire que
la mise à disposition des cartes prépayée s’est détournée de son objectif d’inclusion financière,
peuvent entrainer des abus de toutes sortes. Sans compter que, faute d’un dispositif de
centralisation des informations sur les transactions par les cartes prépayées, un client titulaire ou
non de comptes bancaires peut, tout en respectant les plafonds réglementaires définis par chacune
des banques, contourner les plafonds et procéder à des rechargements itératifs dans autant de
banques de son choix dans son pays de résidence et dans la sous-région. (Exemple : carte total,
tradex, etc pour consommation à la pompe et à la boutique)

4. Risques de blanchiment des produits de la fraude fiscalo douanière

Les cartes prépayées sont majoritairement utilisées par des opérateurs en lien avec le commerce
international. Comme en ce qui concerne les cartes les cartes de débit, les cartes prépayées leur
donnent la faculté non seulement de contourner la réglementation communautaire en matière de
change, mais également, de procéder à la minoration des valeurs déclarées en douane et donc des
droits et taxes y afférents. De même que la base taxable des impôts intérieurs dont ils sont
redevables. Les profits frauduleusement acquis étant investis dans divers secteurs (immobilier,
projet agricole de grande envergure, distribution des produits pétroliers…).
5. Blanchiment par le contournement des seuils de déclaration automatique

La plupart des pays de la sous-région ont pris des actes réglementaires qui, sous certaines
conditions, obligent les établissements financiers à systématiquement déclarer aux cellules de
renseignement financier toutes les opérations de dépôts en espèces de FCFA 5.000.000 et plus.
Dans le cadre de la première étape du blanchiment (placement), des opérateurs pourraient
recharger leurs cartes prépayées de manière itératives avec des montants chaque fois inférieurs aux
seuils de déclarations automatiques. Introduisant ainsi dans le circuit financier, l’argent qui
pourraient provenir par exemple, de la corruption et/ou des détournements de fonds, de la vente de
drogue, de la vente illicite des pierres et métaux précieux ou de tout autre produit du crime.

6. Risques liés à la réalisation des opérations

La maîtrise des flux monétiques constitue le principal facteur de risque lié à la réalisation
des transactions par l’entremise des NMP. Dans la Sous-région, les banques n’ont pas la maîtrise
de leurs plateformes monétiques, qui sont localisées hors de leurs juridictions d’activités. Ceci peut
encourager une manipulation des informations relatives aux transactions effectuées au moyen de
cartes prépayées depuis les services du prestataire et favoriser la réalisation d’opérations
douteuses. Ce risque est renforcé par le fait que dans ces institutions il n’existe pas de dispositif
électronique d’alerte qui identifie les indices de soupçon de blanchiment d’argent et de
financement du terrorisme.

7. Risques de blanchiment des produits de la cybercriminalité et de


financement du terrorisme par les produits de la cybercriminalité

Les produits des fraudes suivantes peuvent servir au blanchiment et/ou au financement du
terrorisme : produits de la fraude physique et produits de la fraude en ligne

II) Risques liés au paiement par le mobile money

Les risques de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme attachés à l’exécution


d’opérations via le mobile money peuvent être classés en deux groupes : ceux liés à l’identification
de la clientèle et ceux afférents à la réalisation des opérations à chacun des maillons de la chaîne
des acteurs.

a) Risques liés à l’identification de la clientèle

 Risques liés à l’authenticité des documents d’identification

L’absence d’un dispositif efficace de vérification de l’authenticité des pièces d’identité par les
opérateurs de téléphonie mobile constitue une forte limite à la prévention des risques de
blanchiment d’argent et de financement du terrorisme. D’autant que, chez plusieurs opérateurs de
téléphonie mobile, l’utilisation du mobile money est possible dès l’identification du client et non
après vérification de l’authenticité de sa pièce d’identité. Dans ces structures, c’est même souvent
la copie de cette pièce qui est présentée et la vérification de l’authenticité du document d’identité
d’origine est alors impossible à réaliser.
 Risques de blanchiment d’argent et de financement de terrorisme liés à la
clientèle

Ce risque peut se produire sous la forme d’un virement classique ayant une origine ou une
destination criminelle (par exemple, financement du terrorisme). Les opérations peuvent servir à
transférer des fonds entre complices, ou à les transférer vers d’autres pays dont les juridictions ont
des réglementations en matière de LAB/CFT moins lourdes, où les fonds peuvent être utilisés pour
financer d’autres activités criminelles.

b) Risques afférents à la réalisation des opérations :

 Risques liés aux commerçants

Ces personnes peuvent recevoir des montants substantiels de paiements et les faire
apparaître comme le produit légitime de leur activité (cela pouvant comprendre l’intégration de
fonds). Les commerçants peuvent être des criminels eux-mêmes, escroquant leur clientèle, ou
servant de façade pour le blanchiment du produit des activités de leurs complices, se faisant passer
eux-mêmes pour des clients.

 Risques aux agents, intermédiaires et partenaires de détail


Ils se situent à un emplacement stratégique dans le cycle de paiement des services d’argent
mobile : le chargement de sommes en espèces, le point de rachat ou retrait, et également la vente
des appareils téléphoniques susceptibles d’être utilisés pour les opérations. Ces personnes ont donc
la possibilité de falsifier leurs registres, d’ignorer des soupçons qui devraient sinon être signalés,
ou simplement de constituer un point de faiblesse en n’exerçant pas leur fonction avec toute la
vigilance nécessaire.

 Risques par le biais de paiements transfrontaliers

Les paiements transfrontaliers peuvent servir à déplacer des fonds d’origine criminelle de
leur juridiction d’origine vers une autre juridiction dans laquelle ils peuvent servir à d’autres
activités criminelles, être extraits ou à nouveau déplacés vers une autre juridiction. Les
mouvements de fonds transfrontaliers rendent les recherches des autorités plus difficiles et
permettent de camoufler l’objet du transfert. Ils constituent par conséquent une source
supplémentaire de risque.

 Risques de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme via


les transferts internationaux

L’évolution des activités des opérateurs de la téléphonie mobile vers l’émission de la


monnaie électronique au travers des cartes de paiement type « VISA », pour régler des transactions
et pour retirer des espèces dans les guichets automatiques des banques, pourrait ouvrir la porte aux
transferts internationaux à des fins de blanchiment d’argent de financement du terrorisme.

III. CAS PRATIQUE : PRESTATAIRE DE SERVICE DE PAIEMENT


(ORANGEMONEY CAMEROUN)

A. Présentation du prestataire de service de paiement :

Orange Money est déployé pour la première fois en Côte d'Ivoire en décembre 2008. Le
service permet à tout utilisateur d’avoir accès aux services de paiement d’orange à travers son
téléphone. Orange Money est le porte-monnaie électronique (instrument de paiement) que le Groupe
Orange offre à tous ses clients pour effectuer des transactions financières de diverses natures.
Ce service est disponible dans 17 pays en Afrique et au Moyen-Orient, Orange Money compte
plus de 40 Millions de clients aujourd’hui. Au Cameroun, le service a été lancé en septembre 2011, en
partenariat avec la BICEC qui en assure le contrôle réglementaire. Les avantages d'Orange Money
sont uniques :
 La rapidité : Orange Money est un service qui s’effectue en temps réel.
 La simplicité : un simple code à compose et laissez-vous guider par votre téléphone mobile. Le
service est compatible avec tous les mobiles.
 L'économie : avec Orange Money, le service ne génère aucun frais de gestion de portemonnaie
électronique et il n’y a pas d’obligation de solde minimum.

En novembre 2019, orange Cameroun a créé orange money Cameroun S.A. une filiale
nommée orange money Cameroun, dédiée exclusivement au mobile money. Cette nouvelle société
a pour objet « la mise à disposition de services de paiement ; la mise à disposition et la gestion des
comptes de paiement ; l’émission, la distribution et la gestion des moyens de paiement sous forme
de monnaie électronique et le stockage des données correspondantes.
Il a le statut d’établissement de paiement consacré par le règlement de décembre 2018
relatif aux services de paiement en CEMAC. Il ne pourra pas collecter les dépôts du public comme
une banque classique. Il effectuera les services de paiement énumérés par son agrément. Il pourra
néanmoins octroyer un crédit à condition que le montant n’excède pas 100 000 FCFA; ledit crédit
devra être autorisé exclusivement dans le cadre d’une opération de paiement d’un bien ou de
service. Son délai de remboursement n’excède pas une durée de trois mois.

B. Risques liés aux services de paiement et procédures de contrôle des


risques :

a- Risque d’identification de la clientèle

Dans le cadre d’une opération de retrait/d’envoi d’argent les distributeurs ne se rassurent


pas de l’identité du client ainsi que de l’origine des fonds transférés. En général
transactions sont effectuées sans aucune mesure permettant d’encadrer ce risque.
b- Risques afférents à la réalisation des opérations

 Les distributeurs peuvent se faire en effet passer pour des clients, ou même se faire
tromper par des clients frauduleux, pour faire du blanchiment avec l’activité
d’orange money et se permettre des malversations dans les transactions puisque
aucun contrôle en vue de couvrir le risque ni aucun suivi ne sont menés.
 De plus avec les facilitations et liens crées entre les comptes bancaires et les
comptes de paiements mobiles en l’occurrence orange money, les
approvisionnements des comptes se font d’un compte à l’autre de façon directe sans
aucun justificatif des sommes versées notamment lors d’un transfert du compte
orange money vers le compte bancaire : ceci permettrait d’accroitre les risques par
le biais de paiements transfrontaliers et celui de blanchiment d’argent et de
financement du terrorisme via les transferts internationaux.

 Procédures de contrôle des risques :

 Mise à disposition du rapport sur les données moyennes de transaction,


question d’identifier toutes activités suspecte à l’instar des transactions au-
dessus du seuil fixé.
 Contrôle de la tenue de l’enregistrement des transactions pour vérifications
ultérieure ;
 Surveillance des plateformes des agents mobile : contrôle de l’existence des
informations sur les clients ainsi que l’origine des fonds, question de déceler
les cas de blanchiment d’argent et ou de financement du terrorisme.
 Contrôle de la solvabilité du prestataire de service de paiement : s’assurer
que les dépôts des clients sont protégés via par exemple les comptes de
cantonnement. Une diversification des dépôts des clients entre différentes
banques permet aussi de réduire le risque d’insolvabilité.
CONCLUSION
Parvenu au terme de notre travail, il ressort que la nouvelle réglementation COBAC sur les société
de prestation de paiement met en exergue au travers de 15 titres spécifiques un certain nombre
d’exigences (agrément, extension de l’activité, obligation d’information, exigence technique,
gestion des fonds) à l’égard des prestataires de services de paiement en vue d’un meilleur suivi de
l’activité de ces derniers, laquelle activité comporte bon nombre de risques notamment : le risque
lié à la variabilité des acteurs et le développement technologique ainsi que le risque de défaillance
du dispositif réglementaire.
Le cas pratique portant sur le prestataire Orange Money, a permis au regard des services qu’il offre
de déceler les risques y relatifs assortis des procédures de contrôles éventuelles, qui s’articulent
autour du rapport sur les données moyennes de transactions, l’enregistrement desdites transactions,
le contrôle de la solvabilité et la surveillance des plates formes du prestataire.

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