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1141TA

STRUCTURE
ET ÉTAT PHYSIQUE DU SOL
Seconde partie
par
Gérard MONNIER
Directeur de Recherches à l’INRA – Station de Science du Sol d’Avignon
Pierre STENGEL
Chargé de Recherches à l’INRA – Station de Science du Sol d’Avignon

Liste
SOMMAIRE ANALYTIQUE

IV. Genèse et évolution de la structure – Comportements structuraux (50 à 83)


A. Fragmentation par fissuration (50 à 56)
Ta b l e
1. Manifestations in-situ (50)
2. Gonflement et retrait (51 à 54)
3. Effet du gel (55)
Index 4. Notion d’activité structurale - Prévision (56)

B. Évolution de la structure par désagrégation (57 à 68)


1. Manifestations in-situ (58 à 60)

Glossaire 2. Mécanismes de la désagrégation par l’eau - Facteurs de stabilité (61 à 64)


3. Méthodes dévaluation de la stabilité structurale (65 à 68)

C. Phénomènes de prise en masse et de tassement (69 à 83)


1. Prise en masse à la dessiccation (70)
2. Comportement des sols au tassement (71 à 83)

V. Correction des comportements structuraux (84 à 99)


A. Correction de la texture (85 à 89)
1. L’épierrage (86)
2. Le sablage (87)
3. Le limonage : colmatage et warping (88)
4. Les marnages (89)

B. Correction de la composition ionique du sol (90 à 92)


1. Chaulage et surchaulage (91)
2. Correction des sols salés et sodiques (92)

C. Amélioration des propriétés des sols par les matières organiques (93 à 99)
1. Action des fractions des matières organiques et de leur évolution sur les propriétés physiques du sol (94 à 97)
2. Les principaux amendements organiques (98 et 99)

©Techniques Agricoles 1141

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STRUCTURE ET ÉTAT PHYSIQUE DU SOL
TA 1141
INDEX ALPHABÉTIQUE

Activité structurale, 56. Engrais vert, 96, 98. Phyllites, 28, 52.
Aération, 17, 34, 38 à 42. Epierrage, 86. Plasticité (limite de), 97.
Albedo, 43. Érosion (hydraulique, éolienne), 60, 94. Plâtrage, 42.
Alcool éthylique, 66. Porosité (totale, texturale, structurale, sys-
Fissuration, 6, 50 à 56.
Assemblage élémentaire, 1. tème de, micro, macro), 1, 16 à 32.
Fluage, 74, 82.
Portance, 49, 74.
Battance (croûte de), 56. Fragmentation, 50.
Prise en masse, 59, 69, 70.
Benzène, 66, 67. Fumier, 16, 98.
Proctor (test de), 75, 82.
Capacité de rétention, 29, 35, 41, 82, 97. Gley, 16, 12. Profil cultural, 1, 4 à 14, 32.
Capillarité, 2, 61, 62, 63. Gonflement (potentiel), 2, 28, 50, 52, 53, Profil pédologique, 4.
Chaulage - surchaulage, 68, 90, 91. 56.
Résidus (de récolte), 98.
Cohésion, 58, 59, 61, 62, 65, 72.
Hydromorphie, 10. Retrait (normal, résiduel) 2, 43, 50 à 54, 70.
Colmatage, 88.
Hydrophobe, 63, 66. Roulage, 11, 28, 72, 77.
Compacité, 37.
Compactage (dynamique-statique), 75 à Indice des vides, 16, 82. Sablage, 87.
83. Instabilité (indice d’), 67, 68. Saturation, 17.
Composition ionique, 90, 91, 92. Itinéraire technique, 4, 14. Self-mulching, 37.
Compost, 98. Stabilité structurale, 61 à 68, 91, 97, 98.
Limonage, 88.
Conductivité hydraulique, 72. Stockage de l’eau, 35. Liste
Liquidité (limite de), 97.
Contraintes (hydriques, mécaniques), 2, Structure (sur, sous), 7.
Lisiers, 98.
30, 54, 82. Substances humiques, 96, 97.
Marnage, 89. Substances préhumiques, 96, 97.
Densité, 20 à 25, 75 à 82.
Matières organiques, 6, 10, 12, 14, 27, 32, Substances transitoires, 96, 97.
Densitomètre (à membrane, à transmis-
35, 53, 54, 56, 63, 79, 80, 81, 93 à 99. Ta b l e
sion y), 24, 26. Tassement, 10, 39, 71 à 83.
Microstructure, 1.
Désagrégation, 2, 57 à 68, 96. Taux de saturation, 13.
Milieu poreux, 1, 2.
Diffusion, 42, 44, 72. Texture, 8, 37, 68, 85 à 89.
Mouillabilité, 63.
Diffusivité thermique, 44. Transfert de l’eau, 34 à 37, 73.
Mulch, 86, 94.
Drainage, 36, 49, 92.
Oedométrie, 75.
Électrolyte, 62, 65, 68, 91. I n dex

Glossaire

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IV. GENÈSE ET ÉVOLUTION DE LA STRUCTURE ;


V
COMPORTEMENTS STRUCTURAUX cm3 / 100g

A. Fragmentation par fissuration 1

1. Manifestation “in situ” 2 retrait normal


50.– L’observation du fond d’une mare, d’une vase lacustre ou
marine, exondée montrent que le dessèchement provoque
l’apparition d’un réseau polygonal de fissures. Des réseaux du retrait résiduel
même type apparaissent dans les sols argileux desséchés par la
végétation au cours de l’été. De même, des mottes continues de
sol argileux, abandonnées à la surface par le travail du sol, peu-
vent se fissurer en séchant, puis à mesure qu’alternent les
humectations et les dessiccations se résoudre progressivement
en agrégats de plus en plus fins.
Tous ces processus de fragmentation ont une origine limite de point d'entrée W%
retrait d'air
commune : la variation de volume des argiles avec leur
teneur en eau (cf. fasc. 1130), c’est-à-dire les phénomè- Fig. 15. – Courbe de retrait 1 et de gonflement 2 d’un
Liste nes de gonflement et retrait. Pour ne considérer provisoi- échantillon initialement malaxé et saturé
rement que le retrait, on conçoit aisément que celui-ci
provoque une fissuration. Si le volume total d’une cou- « du retrait résiduel ». Dans ce domaine, une partie du
che de sol diminue, et si ce retrait affecte les trois dimen- volume d’eau perdu est remplacée par de l’air. Le point
sions, la diminution des deux dimensions horizontales de transition du retrait normal au retrait résiduel est
Ta b l e ne peut que se traduire par l’apparition de fissures. pour cette raison appelé point d’entrée d’air.
Nous verrons qu’on peut rapprocher de l’effet des chan- Enfin, la dessiccation se poursuivant, le volume de
gements d’humidité l’effet de division du gel, qui est bien l’échantillon devient indépendant de la teneur en eau (la
connu et mis à profit pour provoquer la division des courbe est une horizontale). Le point correspondant à la
mottes de labour, tout particulièrement en terre argi- fin du retrait résiduel est appelé limite de retrait.
Index
leuse. De même, l’action de fragmentation des racines,
On peut grossièrement admettre que cette description est
qui conduit à la formation des structures granulaires
adéquate pour des échantillons contenant au moins 20 %
sous les prairies d’un âge suffisant, dépend de la capacité
d’une argile moyenne pour les sols français dont la capacité
de gonflement et de retrait du sol.
d’échange (voir fasc. 1130) est de l’ordre de 50 meq/100 g.
Glossaire Dans le cas de sols plus riches en squelette (limon ou sable)
2. Gonflement et retrait et/ou contenant une argile non gonflante (kaolinite) le com-
a) Phénomène général portement est plus simple : le domaine du retrait résiduel
disparaît, point d’entrée d’air et limite de retrait sont con-
• Retrait
fondus (fig. 16). Ce sont les matériaux dits non gonflants.
51.– Le phénomène peut être décrit en laboratoire de la
façon suivante : on part d’un échantillon de sol suffisam- Il faut bien noter que si nous n’avons pas considéré dans
ment riche en argile gonflante et on le malaxe en présence cette description l’apparition de fissures, cela résulte des
d’une quantité d’eau suffisante pour obtenir une boue conditions expérimentales. En effet, l’expérience dont nous
homogène. Puis on le laisse sécher progressivement en venons de parler est réalisée sur de petits volumes de sol :
mesurant périodiquement son volume et la masse d’eau dans ces conditions, le retrait ne provoque généralement pas
perdue. On a porté sur la figure 15 le volume de 100 g de de fissure interne à l’échantillon. Il se traduit par une dimi-
sol en fonction du volume d’eau contenu dans ces 100 g, nution de sa hauteur et, s’il est cylindrique, de son diamètre.
ou (la densité de l’eau étant très voisine de 1 g/cm3) de la Cette dernière conduit à un décollement des parois du réci-
teneur en eau massique en % de la masse de sol sec. pient qui le contient, ou fissure annulaire (fig. 17) que nous
avons considéré comme extérieur à l’échantillon. Si nous
Dans une première phase, la perte de volume est égale au accroissons les dimensions de l’échantillon pour nous
volume d’eau perdue. C’est le domaine dit « du retrait normal ramener au cas d’une couche de sol en place, cette fissure
». L’échantillon qui était au départ saturé, toute sa porosité annulaire est remplacée par un volume équivalent de fissu-
étant remplie d’eau, reste saturé. La courbe de variation de res qui font partie de la porosité du sol.
son volume est une droite, parallèle à la première bissectrice,
appelée droite de saturation. Elle exprime l’équation : • Succession gonflement-retrait
Volume Total = Volume de Solide + Volume d’Eau 52.– Si postérieurement nous soumettons l’échantillon
Son ordonnée à l’origine correspond donc au volume de desséché à une réhumectation progressive, on constate
solide des 100 g de sol. L’humidité continuant à décroî- généralement (fig. 14) que la courbe obtenue ne se super-
tre, à partir d’une certaine valeur ce comportement pose pas à la précédente. Au delà de la limite de retrait, le
change : la variation de volume de l’échantillon devient volume en humectation est supérieur au volume en pre-
inférieure au volume d’eau perdu. C’est le domaine dit mière dessiccation.

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réduisent, toutes choses égales par ailleurs, les possibilités
v de fragmentation par retrait-gonflement.
cm3/ 100g
Si l’on répète les opérations d’humectation et dessicca-
tion, on obtient la succession des courbes dessinées
figure 18. L’accroissement de volume correspond au
développement progressif des fissures. Cet accroissement
ne pouvant se poursuivre indéfiniment doit nécessaire-
ment conduire à une courbe, ou à une boucle humecta-
tion-dessiccation, d’équilibre. Dans ce faisceau de cour-
bes, celle qui correspond au gonflement-retrait d’un
échantillon non fissuré, ne contenant donc que des pores
texturaux, a une ordonnée à l’origine généralement très
voisine de la courbe I (fig. 14). A l’état sec, l’écart entre
cette courbe 1 et les suivantes représente donc différentes
valeurs du volume des pores structuraux.
53.– Transposition au sol en place - Influence de la constitu-
tion.– Prenons l’exemple d’une couche de surface d’un sol
gonflant non travaillé. On peut définir pour l’ensemble de
cette couche (voir n. 14-31) une courbe de retrait-
gonflement qui est assimilable à la courbe d’équilibre dont Liste
w%
nous venons de parler. Cette courbe traduit les variations
d’épaisseur de la courbe étudiée avec son humidité. Con-
Fig. 16. – Courbe de retrait d’un échantillon de sol naissant la courbe de retrait à l’échelle texturale on peut
dit non gonflant définir par différence le volume poral fissural à chaque
Ta b l e
humidité. On a obtenu par cette méthode, en sol limono-
argileux non travaillé, la corrélation suivante :
fissure nF = 0,25 A + 0,32 (Wcr – W)
annulaire n : porosité fissurale
A : teneur en argile %
I n dex
a b Wcr : teneur en eau à la capacité de rétention w : teneur en
eau du sol à un instant donné. On voit qu’à une humidité
Fig. 17. – Retrait d’un échantillon cylindrique
donnée le volume poral fissural croît avec la teneur en
a) État initial de la boue saturée — b) État après séchage
argile, c’est-à-dire avec l’amplitude du retrait-gonflement
possible. La persistance d’une porosité fissurale à la capacité Glossaire
Ce phénomène s’explique par deux causes : de rétention, c’est-à-dire dans l’état de gonflement maxi-
mal probable en place, indique que les alternances
– la succession dessiccation-humectation provoque l’appari- d’humectation et de dessiccation ont un effet cumulatif qui
tion d’un volume poral supplémentaire dû à la fissuration; correspond à l’évolution décrite précédemment (fig. 18).
–l’humectation emprisonne à l’intérieur de l’échantillon v
cm3 / 100g
un volume d’air (air dit piégé) dont la présence expli-
que en particulier qu’on rejoigne rarement, sans pré-
caution particulière, la droite de saturation. Aux humi-
dités élevées la courbe de gonflement est une droite,
parallèle à la droite de saturation théorique. On a affaire
à un comportement pseudo-saturé.

Enfin l’échantillon n’absorbe qu’une quantité limitée


d’eau. Même en présence d’eau libre, c’est-à-dire à poten-
tiel de l’eau nul (voir fasc. 1160), le gonflement est limité
et la courbe représentative présente un point d’arrêt. Ce
point d’arrêt se situe fréquemment, pour les matériaux
riches en squelette, avant l’apparition du comportement
saturé ou pseudo- saturé. Dans les conditions naturelles,
l’amplitude du gonflement-retrait va être déterminée par
l’écart entre ce point d’arrêt et l’état de siccité maximum
atteint par le sol. Ce dernier dépend bien sûr des condi-
tions climatiques (déficit hydrique estival), de la profon- W%
deur et de la culture (profondeur d’enracinement, cycle
végétatif ). Les conditions conduisant à des variations Fig. 18. – Évolution des courbes de retrait Gonflement au cours
d’humidité de faible amplitude et/ou peu fréquentes d’une succession de dessications -humectations

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Très globalement, on peut dire que, conformément à ces


résultats très partiels, plus l’amplitude de gonflement du
matériau à l’échelle texturale est grande, plus sa porosité
fissurale à une teneur en eau donnée a des chances d’être
grande (les effets propres de travail du sol étant éliminés).
Elle tend donc à croître avec la teneur en argile. Mais elle
varie également avec la nature de l’argile (cf. fasc. 1130), et
elle apparaît de ce fait plus liée à la capacité d’échange du
sol qu’à la teneur en argile elle-même. Elle dépend égale-
ment de la nature des cations saturant cette capacité
d’échange. Toutefois, si l’effet considérable de ces cations
sur le gonflement possible (Na+ > Ca++ par exemple) est
bien connu, ses conséquences pour la porosité fissurale ne
peuvent en être déduites sans tenir compte de leurs effets
sur la stabilité structurale. L’aspect cumulatif des processus
de fissuration risque d’être fortement réduit lorsque cette
stabilité décroit (cas du cation Na+).
L’effet de la teneur en argile sur la fragmentation par fis-
suration n’est pas linéaire. Tri (1973) a montré en étu-
Liste diant la granulation des sols sous prairie qu’une structure
granulaire n’apparaît que lorsque l’amplitude de gonfle-
ment possible au niveau textural dépasse 15 % du
volume sec. Ce seuil correspond à une teneur en argile de
l’ordre de 20 %. Ce n’est qu’au-delà que la porosité fissu-
Ta b l e rale croît avec la teneur en argile.
Quant à la matière organique, des relations statistiques
obtenues par différents auteurs indiquent qu’elle aurait Fig. 19. – Influence de l’épaisseur d’une croûte superficielle sur
pour effet de réduire l’amplitude du gonflement et limi- la maille de fissuration – a : épaisseur moyenne 3,3 mm
terait par conséquent la fragmentation. – b : épaisseur moyenne 7,7 mm (échelle approximative 1/4)
Index
b) Formation des fissures Morphologie structurale
54.– De façon générale, on peut relier l’apparition de fis- fasc. 1160-1165 ). Le retrait et la fissuration affectant
sures aux contraintes mécaniques qui se développent cette épaisseur réduite, il en résulterait la formation
lorsque le volume du matériau varie. Le mécanisme est d’éléments structuraux de petite taille.
Glossaire analogue à celui des effets de la dilatation dans des corps Dans les conditions naturelles cependant la présence de
élastiques : acier, verre. Mais le comportement mécani- discontinuités induites par des éléments grossiers : gra-
que du sol est beaucoup plus complexe, il est hétérogène viers, débris organiques, modifie ce comportement. C’est
et ses propriétés varient en même temps que l’humidité. très souvent au contact de ces hétérogénéités que s’amor-
Il en résulte que les processus de formation des fissures et cent les fissures. Leur fréquence est donc déterminante
des éléments structuraux qu’elles définissent sont extrê- pour la maille fissurale. Cet effet est bien vérifié dans le
mement mal connus. cas des racines, particulièrement étudié vis-à-vis de la
Dans le cas de la fissuration par retrait d’un matériau ini- granulation des sols sous prairie (n. 53). Il est apparu que
tialement homogène et saturé, on peut admettre que seule si l’apparition d’une structure granulaire dépend uni-
la composante horizontale du retrait engendre des ten- quement de l’amplitude du gonflement textural, la maille
sions qui vont provoquer la rupture. L’étude schématique de granulation (dimension moyenne des agrégats for-
des forces qui se développent montre qu’il existe alors une més) est proportionnelle à la maille racinaire (volume
relation linéaire entre la maille de fissuration et l’épaisseur élémentaire délimité par le réseau des racines).
de la couche fissurée : plus cette épaisseur est grande plus L’observation montre enfin que la fragmentation, lors de
la maille est grande. Cette relation est bien vérifiée dans le la réhumectation est beaucoup plus fine que lors de la
cas de la fissuration de croûtes superficielles (fig. 19). Elle dessiccation, au moins à proximité de la surface du sol.
peut s’interpréter à partir de caractéristiques mécaniques Ce fait peut s’expliquer par deux mécanismes :
(cohésion, résistance à la traction) de la couche concernée.
Elle implique qu’une croûte formée par l’action des pluies – d’une part les variations de teneur en eau sont très intenses
se fissurera en morceaux d’autant plus grands qu’elle est et sur des distances très faibles dans le cas d’une pluie tom-
plus épaisse et mécaniquement plus résistante. bant sur des mottes sèches par exemple. Les contraintes
engendrées par le gonflement sont très fortes et agissent sur
Cette constatation peut grossièrement rendre compte de
de petites épaisseurs, ce qui peut expliquer, comme pour
l’effet souvent mentionné de la vitesse de dessiccation sur
l’effet de la vitesse de dessèchement, une fragmentation fine ;
la maille de fissuration. Un dessèchement rapide condui-
rait à une fissuration plus fine qu’un dessèchement lent. – d’autre part, on peut imaginer que le dessèchement a
On peut penser en effet que dans ce cas les variations de créé des amorces de fissures qui bien qu’invisibles à l’état
teneur en eau sont intenses sur une faible épaisseur (voir sec, se révèlent à l’humectation.

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3. Effet du gel
55.– L’effet de fragmentation du gel peut être très V
cm3 / 100g
intense. Il provoque un accroissement de la porosité
observable par l’exhaussement de la surface du sol, dont
1
on connaît les conséquences négatives : déchaussement
des plantes cultivées. Les mécanismes d’action sont com-
plexes : 2 retrait normal

– d’une part le grossissement des cristaux de glace provo-


que un foisonnement. Il a pour cause la différence de
retrait résiduel
densité entre l’eau liquide et la glace et surtout la migra-
tion de l’eau des zones profondes, plus chaudes, vers la
couche gelée ;
– d’autre part, le changement d’état de l’eau et sa migra-
tion provoquent un dessèchement dont les effets de fis-
suration sont analogues à ceux décrits précédemment.
limite de point d'entrée W%
Le résultat de l’action du gel dépend de l’état du sol lors retrait d'air
du refroidissement. Il semble qu’on obtienne un grand
degré d’affinement plutôt dans des terres motteuses et
Fig. 20 a. – Triangle textural d’aptitude à la fissuration
relativement sèches. Mais, surtout si le gel se produit Liste
dans un sol très humide, l’eau accumulée dans les cou-
– de la teneur en matière organique liée : celle-ci tendrait
ches supérieures risque de causer une nouvelle dégrada-
en effet à limiter l’amplitude du gonflement et par consé-
tion de la structure. Ce risque est accru si le dégel a lieu
quent la fissuration (fig. 20b) ;
par temps pluvieux et si la perméabilité insuffisante du
profil empêche un ressuyage rapide. Au contraire, si un – de la nature de la fraction argile granulométrique (par- Ta b l e
ressuyage rapide est possible, et si le dégel se produit par ticules et dimensions < 2 µm).
temps sec, l’amélioration structurale sera maintenue. La classification est établie pour les argiles moyennes les
plus fréquentes en France dont la capacité d’échange est
4. Notion d’activité structurale - Prévision de l’ordre de 40 à 60 meq/100 g. Elle dépend de la capa-
cité de gonflement de cette fraction colloïdale. En parti- I n dex
56.– Il est actuellement impossible de prévoir de façon
précise quelle structure va acquérir un matériau, dans un culier, L’aptitude à la fissuration est très limitée lorsque
état initial donné, sous l’effet des conditions climatiques l’argile granulométrique comporte des minéraux qui ne
et culturales. Cela constitue un objectif important de sont pas des argiles : calcaire fin ou silice.
nombreux travaux de recherche en cours. Glossaire
CLASSES D’APTITUDE A LA FISSURATION
Néanmoins, les résultats exposés précédemment, combi- INTERPRÉTATION
nés à l’expérience des agronomes, permettent de propo-
Classe I Excellente aptitude à la fissuration par gonflement et retrait,
ser une classification de l’activité structurale des maté- MO aussi bien dans les couches labourées (100 – > 7)
riaux en fonction de leur structure. On peut définir MO que dans les sous-sols (100 –£ 7)
l’activité structurale comme étant l’aptitude du matériau Classe II Aptitude à la fissuration,
à se fragmenter sous l’effet des alternances d’humecta- moyenne en présence de Matières Organiques
bonne en l’absence de Matières Organiques
tion et dessiccation. Compte tenu de ce que nous avons
dit plus haut, on comprend qu’il s’agit plus d’une estima- Classe III Aptitude à la hssuration
MO faible et incertaine dans les sols (100 – > 7)
tion du volume de fissures probable et de leur rapidité de MO moyenne en l’absence de MO (100 – ~ 7)
développement (nombre et amplitude des cycles humec- Classe IV Aucune aptitude à la fissuration, même en l’absence de Matières
tation-dessiccation nécessaires) que de la finesse de la Organiques.
structure qui dépend d’autres facteurs que la constitu- Classe V Effritement à la dessiccation en l’absence de Matières Organiques.
tion du sol. D’un point de vue très pratique, on peut Comportement non étudié en présence de Matières Organiques.
exprimer cette notion comme la capacité de récupération Fig. 20 b
du matériau après une action de dégradation de la struc-
ture : tassement du fond de travail, formation de mottes B. Évolution de la structure par désagrégation
compactes par exemple..
57.– L’édifice structural formé par les divers éléments
Remarquons également que cette classification concerne primaires (particules élémentaires) et secondaires (élé-
le comportement intrinsèque du matériau, et que sa ments structuraux de niveaux divers) est soumis à de
valeur comparative suppose que l’on reste dans un con- nombreuses agressions qui tendent à le désorganiser.
texte pédo-climatique donné. La transposition aux com- L’un des processus principaux de désorganisation résulte
portements en place doit tenir compte du climat, des de l’action de l’eau. Dans certaines conditions et pour
conditions culturales et de la profondeur qui détermi- certains sols, l’eau en excès (pluie engorgement) provo-
nent la fréquence et l’amplitude des cycles hydriques. que une désagrégation plus ou moins poussée des assem-
La classification présentée à la figure 20 (a et b) est à modu- blages, accompagnée ou non de phénomènes de trans-
ler en fonction : port et de ségrégation des éléments qui en résultent.

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1. Les manitestations « in situ » – parallèlement, la cohésion des assemblages diminue,


a) La battance passant d’une valeur à l’état sec à une valeur à l’état
humide beaucoup plus faible, voire négligeable pour cer-
58.– C’est une des manifestations de la désagrégation pro- taines textures et en présence d’ions alcalins adsorbés sur
voquée par l’impact des gouttes de pluies tombant sur des les minéraux argileux.
matériaux à organisation fragile (on dira que leur structure
est instable). On constate une usure et un délitement des La conjonction de ces deux mécanismes, permet de
mottes allant jusqu’à l’apparition de particules élémentaires. représenter schématiquement la stabilité structurale S
Parallèlement, par effet « d’éclaboussure » (splash) (cf. fasc. d’un matériau, c’est-à-dire sa résistance à la désagréga-
1385) et de transport en suspension par l’eau à travers le tion par l’eau, par la relation suivante :
micro-relief, on voit apparaître des dépôts de particules
simples ou complexes ségrégées par taille, en fonction de la Stabilité ~ Cohésion à l’état humide
succession des épisodes pluvieux. On tend donc vers la subs- – Pression interne
titution, à la surface motteuse d’origine, d’une surface lisse
présentant sur une épaisseur pouvant atteindre plusieurs
centimètres, une structure schisteuse. Cette croûte de bat- On peut, à partir de ce schéma, étudier les facteurs et
tance peut, après dessiccation, acquérir une cohésion élevée ; conditions de la stabilité structurale, selon qu’ils agissent
aux conséquences générales sur les transferts d’eau, les principalement à travers l’un ou l’autre des deux termes
échanges gazeux et thermiques, vont alors s’ajouter dans le de la stabilité.
cas où le phénomène intervient entre le semis et la levée
Liste d’une culture, la création d’un obstacle mécanique au déve-
b) Les facteurs à l’origine de la cohésion à l’état humide
loppement et à l’émergence des plantules. 62.– Précisons tout d’abord qu’il s’agit là d’une consé-
b) La prise en masse quence particulière de la grandeur mécanique désignée
par le terme « cohésion ». Telle qu’elle, elle n’est pas
59.– Elle a lieu généralement au cours des périodes hiver- mesurable ; tout au plus, peut-on l’évaluer par des tests.
Ta b l e nales à excédent pluviométrique et touche particulière-
ment la partie inférieure des couches labourées fréquem- Plusieurs facteurs influent sur le niveau de la cohésion à
ment engorgées dans les conditions climatiques citées. l’état humide :
En sol instable, on observe un délitement des mottes avec – la composition granulométrique et plus précisément la
disparition progressive de la porosité structurale. Lors- teneur en argile, en interaction avec la distribution
Index que la dessiccation intervient, les éléments se ressoudent dimensionnelle du squelette limono-sableux. Toutes
en donnant une structure continue qui peut être très choses égales par ailleurs et de façon très générale, la
compacte et présenter une cohésion élevée. Ces inconvé- stabilité structurale augmente avec la teneur en argile
nients agronomiques sont analogues à ceux qui sont cités (fig. 21) ;
à propos des conséquences du tassement. – la nature minéralogique de l’argile et la nature des
Glossaire
c) L’action du gel cations qui saturent ses déficits de charge. C’est ainsi
60.– Couramment considérées comme bénéfiques pour la que les smectites calciques confèrent aux agrégats ter-
structure du sol les successions de gel et de dégel sont cepen- reux une cohésion à l’état humide supérieure à une
dant à l’origine de phénomènes de désagrégation souvent argile granulométrique associant à une phyllite des
spectaculaires. Pendant la période de gel, on assiste à une grains de calcite très fins (cas de certains sols calcaires)
remontée de l’eau, encore à l’état liquide dans les couches ou du quartz très divisé (exemple des terres de Boulbè-
sousjacentes, vers les couches superficielles gelées. La quan- nes du Sud-Ouest de la France). C’est ainsi, d’autre
tité de glace présente, de ce fait, dans les couches gelées, part, qu’on peut classer les cations fixés sur l’argile par
pour un sol initialement humide, peut correspondre à une ordre décroissant de cohésion à l’état humide corres-
teneur en eau double de la capacité de rétention. Par dégel, pondante :
et surtout par dégel humide, le sol est brutalement trans- Ca++; H+ ; Mg++; K+ ; Na+ ;
formé en une boue constituée d’éléments fortement désa- – certains types de molécules à longue chaîne de la
grégés, et ceci parfois sur une épaisseur considérable. matière organique du sol qui se forment dans les phases
En sol en pente et lors de dégels fortement pluvieux, les mani- transitoires de l’humification (cf. fasc. 1360) accroîs-
festations d’érosion hydrique sont graves et spectaculaires. sent la cohésion humide des assemblages. D’une façon
plus générale et sans que le fait ait été rigoureusement
2. Mécanismes de la désagrégation par l’eau établi, on peut admettre que la formation de complexes
Facteurs de stabilité divers argiles-matières organiques humifiées, a des con-
séquences analogues ;
a) Mécanismes de désagrégation
– enfin, la présence dans la solution du sol d’une quantité
61.– Deux mécanismes interviennent simultanément : suffisante d’électrolytes, en limitant le gonflement des
– lorsqu’un sol sec est brutalement imbibé par de l’eau, phyllites, accroît la cohésion à l’état humide. C’est, par
celle-ci tend à pénétrer par capillarité dans les pores. L’air exemple, vérifié dans le cas des terres sodiques et salées
qui est piégé au sein des assemblages est comprimé exer- pour lesquelles la baisse de cohésion due à la présence
çant une pression qui, si elle dépasse leur cohésion, pro- d’ions sodium est en partie compensée par les chlorures
voque leur éclatement ; de la solution du sol.

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TA 1141
80 Age % Dans le cas de terres très peu mouillables (matériaux très
organiques et fortement desséchés par exemple), L’angle
de raccordement peut atteindre, voire dépasser 90°; Cosα
s’annule ou devient négatif. L’eau ne peut plus pénétrer
dans les pores sans que soit exercée sur elle une pression
hydrostatique élevée, la stabilité est alors maxima.
60
d) Les conditions générales de stabilité
64.– La connaissance des mécanismes de désagrégation
suggère des conditions générales de stabilité dont
l’influence peut être vérifiée expérimentalement :
40 – si l’humectation est réalisée, non pas à partir d’eau
« libre » à potentiel nul, mais à partir d’une partie voisine
du sol humide (cas de l’infiltration en profondeur) mais
où le potentiel de l’eau reste élevé en valeur absolue, la
pénétration de l’eau s’effectue par des pores d’autant plus
fins que ce potentiel est plus élevé. La vitesse de pénétra-
20
tion est alors plus lente et la stabilité effective augmente.
C’est pourquoi, par exemple, la désagrégation de grosses
mottes sous l’effet d’une pluie brutale de courte durée
Liste
peut être totale dans les parties périphériques et beau-
Argile coup moins poussée dans la partie centrale ;
0 – si une motte préalablement saturée avec ménagement est
0 20 40 60 80 100 %
mise en contact avec de l’eau libre, sa désagrégation est
Argile + Sables grossiers (S) beaucoup moins importante que dans le cas où elle est Ta b l e
Argile + Sables fins (s)
Argile + Limons grossiers (L) initialement sèche. Ceci tient à l’absence d’air susceptible
Argile + Limons fins (l) d’être comprimé. Le résultat est corroboré par l’augmen-
tation massive de stabilité d’agrégats humectés sous vide ;
Fig. 21. – Influence de la teneur en argile sur la stabilité
– dans le cas des phénomènes de battance superficielle, à
I n dex
structurale en l’absence de matières organiques : rôle du l’action de désagrégation proprement dite, vient
squelette limono-sableux (d’après D. Kheyrabi et G. Monnier) s’ajouter l’effet de l’énergie cinétique des gouttes de
pluie. On conçoit alors qu’une pluie battante se défi-
c) Les facteurs agissant sur la pression interne nisse aussi par la taille des gouttes et la vitesse limite de
63.– Rappelons que celle-ci a pour origine les forces chute qui lui est liée.
Glossaire
capillaires qui s’exercent au niveau du ménisque lors de
la pénétration de l’eau dans les pores du sol. Par applica- 3. Méthode d’évaluation de la stabilité structurale
tion de la loi de Jurin, la pression exercée peut s’écrire :
65.– Contrairement à la plupart des méthodes utilisées à
2T Cosα l’étranger, la méthode très généralement employée en
P = ---------------------
r France vise à évaluer la stabilité intrinsèque des matériaux
où T est la tension superficielle de l’eau ; testés. Pour cela, elle standardise les conditions de la désa-
α l’angle de raccordement sol-eau ; grégation à leur niveau le plus sévère : les agrégats soumis au
test sont de petite taille et calibrés (< 2 mm) ; ils sont initia-
r le rayon des plus gros pores capillaires du système lement séchés à l’air et mis brutalement au contact de l’eau.
poreux concerné : c’est en effet dans ces pores que l’eau
Par contre, les conditions de l’humectation sont modu-
pénètre le plus rapidement.
lées de façon à faire apparaître l’importance relative des
Nous verrons comment le paramètre r peut être modifié deux mécanismes principaux de désagrégation : baisse de
par les conditions de l’humectation. cohésion à l’état humide ; action de la pression exercée
Le principal facteur à l’origine de variations de pression aux ménisques.
interne reste l’angle a de raccordement qui mesure l’affi- Enfin un test réalisé en milieu concentré (rapport terre/
nité de la terre pour l’eau. eau élevée) a dû être mis au point pour tenir compte du
Lorsque cet angle est faible, la pression exercée au niveau rôle de la concentration en électrolyte de la solution du sol.
des ménisques est maxima. C’est le cas des matériaux a) Tests principaux dits « analyses d’agrégats »
dépourvus de matières organiques peu affines pour l’eau. 66.– A partir de prises d’essais constituées d’agrégats
En présence de matières organiques, très généralement < 2 mm, on mesure par tamisage dans des conditions
hydrophobes, soit parce que leur molécule comporte des standard la proportion de particules qui conservent après
fonctions chimiques peu affines pour l’eau, soit parce action de l’eau, plus ou moins nuancée dans le but indi-
qu’elles sont associées à des cations (Fe+++, Al+++, H+) qui qué plus haut, une dimension supérieure à 200 µm. On
leur confèrent cette propriété, l’angle de raccordement mesure également par sédimentométrie du filtrat, la
augmente et la pression interne correspondante diminue. quantité d’éléments inférieurs à 20 µm dispersés.

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1141TA STRUCTURE ET ÉTAT PHYSIQUE DU SOL

Trois tests sont pratiqués : accrus. Mais d’autre part, la fixation du benzène sur les
– le premier par action directe de l’eau fournit un taux substances organiques hydrophobes, éventuellement pré-
d’agrégats stable sans prétraitement Age ; sentes, augmentera ce caractère hydrophobe, limitant,
dans des proportions variables selon la nature et la quan-
– dans le second, la terre est, préalablement à son contact tité de substances hydrophobes affines pour le benzène, la
avec l’eau, saturée par de l’alcool éthylique. Ce prétraite- pression maximale. On conçoit alors que ce test privilégie
ment permet d’éliminer l’air sans conduire à une baisse le rôle de la mouillabilité dans la désagrégation. Le taux
de cohésion significative vis-à-vis de la désagrégation. d’agrégats stables après prétraitement benzène, Agb %, qui
L’eau, miscible à l’alcool en toutes proportions, pénètre en résulte, est un indicateur très sensible à cet égard
alors sans provoquer d’accroissement de pression interne notamment vis-à-vis du rôle des matières organiques.
; son action se limite à provoquer la baisse normale de
cohésion. C’est donc ce mécanisme dont l’action sera La double comparaison qui figure au tableau de la figure 22
privilégiée et dont rendra principalement compte le taux illustre le parti que l’on peut tirer de la confrontation de
d’agrégats stables après prétraitement à l’alcool, Aga % ; ces trois tests. La comparaison du sol et du sous-sol du
– dans le troisième test, le prétraitement est réalisé par du premier profil, qui ne diffèrent que par leurs teneurs en
benzène. Deux modifications de l’action ultérieure de matières organiques, démontre l’efficacité de l’indicateur
l’eau interviennent concurremment. D’une part, l’air est Agb, alors que celle des deux sous-sols également pauvres
remplacé par un liquide incompressible et non miscible à en matières organiques, mais différents par la texture,
l’eau. Lors de la pénétration de l’eau, la pression interne illustre l’intérêt du prétraitement à l’alcool. Dans les deux
atteindra brutalement de ce fait, sa valeur maximale : les cas, l’action sous-nuancée de l’eau accuse un comporte-
Liste risques de désagrégation en seront considérablement ment intermédiaire sensiblement moins discriminant.

MO. liée
Échantillon A% Texture M. O. % tot. 100 × ---------------
A
- Aga % Agb %

Ta b l e
Sol n° 1, 0 - 25 cm 20 limoneuse 3,05 13,0 20,5 5,8
Ss-Sol n° 1,30 - 40 cm 21 limoneuse 0,7 2,9 19,0 0,5
Ss-Sol n° 2,30 - 40 cm 55 argileuse 1,8 2,9 59,0 1,1

Index Fig. 22. – Influence des facteurs de stabilité sur les différents tests

b) Présentation d’un indice global de stabilité c) Test de percolation en milieu concentré


67.– On voit que chacun de ces tests permet une inter- 68.– L’indice Is d’instabilité précédent, malgré ses perfor-
Glossaire prétation particulière. Pour l’appréciation du comporte- mances de jugement global et d’interprétation particulière,
ment global d’un sol, on peut les intégrer dans un indice est inadapté, en raison des conditions de son obtention, à
unique Is dont la forme et les normes d’interprétation rendre compte de variations de stabilité liées à la concentra-
ont été mises au point empiriquement. tion d’électrolytes floculants dans la solution du sol. On
Il est de la forme : peut dans ce cas recourir à un test en milieu concentré.
(A + 1) max %
L’évaluation de la stabilité des agrégats par tamisage sous
I s = -------------------------------------------------------------------------- l’eau devenant impossible, on lui substitue la mesure d’une
Ag a + Ag b + Ag e
---------------------------------------- – ( 0, 9SG % ) de ses conséquences : la vitesse de percolation à travers une
3 colonne de sol ayant subi la désagrégation.
Dans lequel (A + 1) % représente le taux d’éléments fins
Le résultat est exprimé dans les dimensions d’une con-
mesuré à l’issue du prétraitement le plus dispersant (le
ductivité K en cm/heure, qui varie de valeurs voisines de
benzène le plus souvent). La correction de la moyenne
0 pour les terres très instables à environ 50 cm/h pour les
des taux d’agrégats stables par le terme 0,9 SG (sables
terres les plus stables. Ce test a pour principal intérêt de
grossiers) a pour but de ne conserver au dénominateur
rendre compte avec sensibilité de l’action stabilisante du
que des agrégats vrais (particules complexes agrégées)
surchaulage (n. 91) et des propriétés structurales des sols
tout en évitant les valeurs indéterminées dans le cas des
salés et gypseux.
terres très instables.
Tel quel, cet indice d’instabilité varie de valeur de l’ordre
de 0,1 pour les terres les plus stables à plus de 100 pour C. Phénomènes de prise en masse
les matériaux les plus instables, la plupart des sols culti- et de tassement
vés présentant des valeurs comprises entre 1 et 10.
Aussi exprime-t-on le plus couramment l’instabilité 1. Prise en masse à la dessiccation
structurale par log 10 10 Is qui varie de 0 à 3, avec une
a) Description et conséquences
majorité de sols dans l’intervalle l< log10 10 Is < 2. Le
tableau de la figure 23 présente une norme empirique 69.– Ce phénomène, dont le processus d’élaboration
d’interprétation de cet indice en termes de comporte- n’est pas entièrement élucidé, a été décrit de la façon sui-
ments in situ. vante par A. Es Sifaoui :

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TA 1141
Stabilité log 10 S Évolution structurale probable

Très stables <1 - Aucune manifestation de désagrégation.


- Effet durable des sous solages et labours profonds réalisés en conditions sèches.

- Battance peu probable et peu intense.


Stables 1,0 - 1,3 - Prise en masse hivernale rare.
- Sensibilité à l’érosion faible, même sur pentes fortes.

- Battance fréquente et accentuée en conditions pluvieuses.


Stabilité médiocre 1,3 - 1,7 - Prise en masse lors d’excédents hydriques prolongés.
- Érosion en rigole sur pentes fortes (> 3 %).

Instables 1,7 - 2,0 - Battance et prise en masse fréquentes en conditions climatiques normales.
- Érosion fréquente sur pentes moyennes.

- Battance et prise en masse généralisées.


Très instables >2 - Imperméabilité totale en fin d’hiver.
- Érosion sur pentes très faibles.

Fig. 23. – Classes de stabilité structurale d’après log 10 S

« A la sortie de l’hiver, le sol étant humide et présentant La mécanisation de l’agriculture moderne et l’utilisation
une structure fragmentaire, de petites dimensions, de matériels de culture et de récolte de plus en plus
quand survient une période de sécheresse certains sols lourds, combinés à l’évolution des systèmes de culture, Liste
présentent de nombreuses fentes de retrait de plus en ont contribué à rendre le problème des tassements acci-
plus larges et profondes au fur et à mesure que la dessic- dentels de plus en plus aigu, que ce soit le tassement par
cation se poursuit. Elles délimitent alors des prismes de les roues, qui peut affecter la quasi totalité de la surface
grande taille, dont l’intérieur présente une structure d’une parcelle cultivée dans certains cas, ou le tassement
devenue continue et compacte. Les « mottes » massives et par les outils : fond de labour, fond de travail du cover- Ta b l e
fortement cohérentes constituent un obstacle au travail crop... Par ailleurs, la réalisation volontaire d’opération
du sol et à l’installation de nouvelles cultures ». de tassement, pour enfoncer ou briser des mottes, amé-
b) Conditions d’apparition et facteurs de prise en masse liorer le contact terre-graine ou éviter les inconvénients
des terres « creuses », a toujours justifié l’intérêt porté par
70.– Elles peuvent être précisées comme suit : les agronomes au comportement des sols soumis au I n dex
– la terre doit être de texture argileuse ; roulage. Cependant, la majorité des études sur le tasse-
– le terrain doit être nu et donc soumis à l’évaporation ment et la quasi-totalité de celles qui cherchent à en éla-
directe ; borer une théorie, ont été conduites par les mécaniciens
du Génie Civil et ne résolvent que très partiellement les
– l’évolution vers la prise en masse est d’autant plus typi- problèmes posés dans les conditions agricoles. On a Glossaire
que que le régime d’évaporation s’installe brutalement affaire dans ce dernier cas à des matériaux hétérogènes,
sur un sol humide et finement fragmentaire. discontinus, souvent anisotropes, dont l’humidité et la
L’analyse des variations de porosité texturale et structurale porosité varient dans l’espace et dans le temps, ce qui
dans les différentes parties du prisme au cours du déroule- rend les phénomènes très complexes.
ment du phénomène et leur reproduction expérimentale D’autre part, le problème posé est lui-même plus
ont montré qu’il s’agit là d’un processus complexe impli- complexe : il ne s’agit pas d’atteindre au moindre coût le
quant de forts gradients d’humidité à partir de surfaces tassement le plus intense mais d’aboutir à un état struc-
d’évaporation, et le développement de contraintes de tural le plus favorable possible aux différentes phases de
retrait entraînant le tassement et la coalescence des élé- développement des organes souterrains (n. 45-48).
ments fragmentaires initiaux dans les parties du sol où,
encore humides, ils sont restés à l’état plastique. b) Conséquences du tassement
L’insuffisance de nos connaissances en ce qui concerne 72.– Les conséquences négatives du tassement sont bien
les mécanismes plus élémentaires intervenant dans ce connues et de nature diverse. Les unes résultent de la
processus général nous interdit encore de préciser les ris- diminution du volume poral : il s’agit de la diminution,
ques d’apparition de cette évolution structurale, agrono- ou de la disparition, de la porosité libre à l’air qui
miquement très dommageable, et a fortiori d’envisager entraîne un ralentissement important de la diffusion de
les moyens techniques de la prévenir. l’oxygène (n. 39). Il s’en suit un risque d’asphyxie pour
les organes souterrains des plantes cultivées. Il s’agit éga-
lement de la diminution de la conductivité hydraulique
2. Comportement des sols au tassement
(perméabilité) pour l’eau gravitaire par suite de la ferme-
a) Définitions ture des pores les plus grossiers qui ont un très grand
71.– Le tassement est une diminution de volume de débit. Elle entraîne des phénomènes de stagnation d’eau
l’espace poral. Il s’exprime donc par une diminution de impliquant également un risque d’asphyxie.
la porosité ou de l’indice des vides (n. 16) ou par un Les autres sont liées de façon indirecte au tassement par
accroissement de la densité sèche, dont se déduisent les l’intermédiaire des variations de propriétés mécaniques
deux variables précédentes. du matériau : résistance à la rupture par cisaillement

10

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1141TA STRUCTURE ET ÉTAT PHYSIQUE DU SOL

(cohésion, angle de frottement interne), résistance à la varie suivant l’importance relative du fluage. On peut, sui-
pénétration. Elles sont importantes vis-à-vis de la forma- vant la nature du sol et sa teneur en eau, avoir d’importan-
tion d’obstacles au développement des organes souter- tes déformations de surface sans tassement ou la situation
rains, mais aussi vis-à-vis de la difficulté de reprise posté- inverse. L’allure de la surface du sol après roulage n’est
rieure par les outils de travail du sol. A cet égard, la donc pas un bon indicateur des dégâts qu’il a subi.
traduction des effets d’un roulage, par exemple, en seuls En sens inverse, il existe également une relation entre tas-
termes de volume poral reste insuffisante quels que sement et portance, qui constitue une conséquence favo-
soient les perfectionnements qu’on en propose. La per- rable de celui-ci. Un sol tassé est moins déformable et sa
sistance après tassement de discontinuités mécaniques portance est accrue. C’est par exemple un des avantages
(fissures), même si elles n’ont qu’un volume infime, peut important des techniques d’implantation d’une culture
avoir des effets bénéfiques très importants. Il serait donc sans travail du sol ou semis direction.
nécessaire de prendre en compte le degré de coalescence
des éléments structuraux.
73.– Parmi les raisons qui conduisent à rechercher le tas- d) Techniques d’études des phénomènes de tassement
sement, la plus générale est l’établissement du contact 75.– Les études expérimentales du tassement sont fon-
terre-graine, indispensable pour assurer l’humectation dées sur l’emploi de tests. Ceux-ci consistent à appliquer
des semences en condition sèche. On accélère alors les sur un échantillon de sol placé dans un moule un effort,
transferts d’eau à l’interface sol-graine, mais aussi en ou charge, connu et à mesurer sa porosité, ou son indice
conditions éloignées de la saturation, les mouvements de des vides. Suivant la technique d’application de la charge,
Liste l’eau dans le sol au voisinage de la graine (remontée de on distingue (fig. 24) :
l’eau des couches sousjacentes au lit de semence). Quant
à l’intérêt du tassement pour la croissance racinaire, on
sait que les racines développées dans des pores grossiers
sont inefficaces pour extraire l’eau et les éléments miné-
Ta b l e raux du sol. Or très souvent, faute d’appui, elles sont
F
incapables de pénétrer des volumes plus compacts. De ce
fait, les couches tassées profondes (fond de labour), sur- Comparateur
montées de couches très poreuses, sont souvent plus
dangereuses pour l’enracinement qu’un profil uniformé- pierres
Index ment compact (n. 47). Les tassements volontaires ont Echantillon poreuses
donc également pour but d’assurer dès la proximité de la de sol
surface du sol, un « contact terre racines » satisfaisant.
c) Tassement et portance Compactage dynamique : Proctor C. statique : Œdomètre

Glossaire 74.– En matière de roulage par le matériel agricole, la pre-


Fig. 24. – Appareillage utilisé pour les tests de compactage
mière préoccupation des praticiens est la traficabilité. C’est
la possibilité pour un matériel donné de circuler sur une
parcelle. Elle dépend d’une interaction complexe entre les – le compactage dynamique (test de Proctor) : L’échantillon
caractéristiques de l’engin (puissance, poids, type de broyé et tamisé est amené à une humidité donnée, placé
roues, de pneus, etc.) et les propriétés mécaniques du sol à dans un moule, et reçoit un nombre constant de coups
un instant donné. Elle fait intervenir un nombre de varia- d’une dame de masse donnée, tombant d’une hauteur
bles plus grand que la portance qui n’en est qu’une com- constante. L’opération est répétée pour une série de teneurs
posante. Bien qu’elle ne soit pas définie avec précision, en eau différentes. On obtient alors une courbe donnant la
cette notion concerne surtout la profondeur d’enfonce- densité atteinte après compactage en fonction de l’humi-
ment de l’engin et dépend en premier lieu : dité (courbe de Proctor). Remarquons que le moule est
fermé et ne permet pas l’évacuation de l’eau libre apparais-
– des propriétés de déformation du sol sous l’effet d’une sant éventuellement en cours de manipulation. D’autre
pression appliquée à sa surface ; part, les contraintes développées en cours de compactage
– de la pression exercée par l’engin et de l’aire sur laquelle sont inconnues. Un état de tassement obtenu ne peut être
elle s’exerce (c’est-à-dire du poids de l’engin). référé qu’à une énergie de compactage égale à l’énergie
On peut donc considérer qu’elle se déduit d’une relation cinétique apportée par les chutes successives de la dame ;
poids-pression-déformation-caractéristique du sol dans – le compactage statique (essais œdométriques) : un
un état donné. échantillon naturel ou remanié est placé dans un cylin-
La déformation subie par la surface du sol peut être ana- dre fermé par deux plaques poreuses. Sur ce cylindre est
lysée comme la résultante de deux composantes : appliqué un piston qui supporte une force dont on fixe
– le tassement : déformation liée à la diminution du l’intensité. On connaît donc la pression appliquée à
volume des pores ; l’échantillon. On mesure les déplacements du piston
c’est-à-dire la diminution de hauteur ou de porosité de
– le fluage : déplacement d’une certaine masse de sol sans l’échantillon sous L’effet de cette pression. Les pierres
changement de volume. poreuses permettent si on le souhaite d’évacuer l’eau
Il existe donc une relation entre la portance – déformation libre. On parle alors d’essai drainé, et le tassement
de la surface du sol – et le tassement. Mais cette relation obtenu avec perte d’eau est appelé consolidation.

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STRUCTURE ET ÉTAT PHYSIQUE DU SOL
TA 1141
e) Influence de l’humidité (Faure, 1978) Pd
76.– L’allure des courbes de compactage réalisées par la énergie E0 - 590
1,9 de E2 -2360 kj/m3
technique de Proctor est présentée à la figure 25 : on peut compactage
y distinguer trois gammes de teneur en eau w bornées 1,8
par deux teneurs en eau particulières wp et wm.
E2
1,7
Pd
1,6

Hyperbole de saturation
1,5 E0

Pm 1,4

5 Wp 10Wp Wm 15 Wm 20 25 W

Fig. 26. – Influence de l’énergie de compactage


(d’après A. Faure)
Si nous transposons ces résultats au sol en place, ils indi-
quent qu’il sera ou non sensible au tassement suivant les
contraintes développées par le roulage, c’est-à-dire le
Wp Wm W%
poids et la pression développés par l’engin qui roule. Liste

Fig. 25. – Courbe de compactage C’est ce que montrent les résultats présentés à la figure 27
où sont représentés les effets du roulage par une remor-
– w < wp : la densité atteinte reste faible et peu variable que sur la densité d’un sol argileux, comparés aux don-
avec la teneur en eau. Le tassement résulte du réarrange- nées du test Proctor. Ta b l e
ment et éventuellement du concassage des agrégats pla-
cés dans le moule. g) Influence de la constitution du matériau
– wp < w < wm au seuil de teneur en eau wp la pente de la • Constitution minérale
courbe s’accroît brusquement. Les agrégats deviennent 78.– En soumettant au compactage des mélanges en pro-
déformables sous L’effet des contraintes qu’ils subissent portions variées d’argile et de sable, Faure a obtenu les I n dex
et ceci d’autant plus qu’ils sont plus humides. La porosité résultats présentés à la figure 28. On voit que les courbes
qui existait entre eux disparaît progressivement. Pour ont une allure générale identique, qui correspond à celle
certains matériaux, si l’énergie appliquée est suffisante, décrite précédemment. Mais on constate de fortes varia-
on peut observer un tassement textural. Faure a qualifié tions dans les positions des limites wp et wm et les valeurs
ce comportement de plastique et assimile le seuil de sen- de densité atteintes à une humidité donnée. Glossaire
sibilité au compactage wp à un seuil d’entrée en plasticité.
– variation de wp : les courbes montrent que wp croît
– w > wm la fin du domaine plastique est marquée par quand la teneur en argile A augmente. Faure a montré
l’existence d’un maximum de densité, appelé optimum que la relation entre wp et A est linéaire. On a :
Proctor. Au delà de ce maximum, la densité décroît. A
très peu près l’échantillon est saturé. L’eau étant incom- w p = αA
pressible, on ne peut le tasser davantage, et plus la teneur α étant une constante pour une argile donnée. Ceci
en eau est grande moins on peut le tasser. La relation revient à dire qu’un matériau devient sensible au com-
teneur en eau-densité est hyperbolique et la courbe pactage quand l’argile qu’il contient atteint une teneur en
représentative est appelée hyperbole de saturation. eau constante Wa = α (pour une énergie donnée). A cette
Dans le cas où la courbe de compactage est obtenue par teneur en eau, et sous l’effet de l’énergie qu’elle reçoit,
un essai œdométrique, son allure est identique jusqu’à l’argile devient plastique. Elle rend ainsi possibles les
wm mais si le drainage est possible, elle rejoint l’hyper- mouvements relatifs des grains du squelette, dont résulte
bole de saturation. Si l’humidité initiale est supérieure à le tassement. Ce résultat a été confirmé par l’analyse sta-
w m une partie de l’eau draine et à l’équilibre on est tistique des courbes de compactage obtenues sur échan-
ramené à wm et à la densité correspondante sur l’hyper- tillons de sols naturels (fig. 29).
bole de saturation. Le point wm, γm est un point d’arrêt de D’un point de vue pratique, on peut en conclure qu’une
la courbe de compactage. terre aura un domaine de faible sensibilité au compac-
f) Influence de l’énergie ou de la pression de compactage tage d’autant plus étendu qu’elle est plus argileuse.
77.– Si l’on accroît l’énergie de compactage dynamique ou – coordonnées du maximum : On constate (fig. 28) que
la pression statique appliquée à l’échantillon la courbe se la teneur en eau au maximum croît également avec la
modifie de façon indiquée à la figure 26. On enregistre un teneur en argile. Faure et Guérif (1979) ont obtenu statis-
accroissement de la densité, c’est-à-dire un déplacement tiquement une relation linéaire entre wm et A (fig. 29).
de la courbe vers le haut, et une diminution de l’humidité On voit également que la densité au maximum de la
des deux points singuliers. Le matériau devient sensible au courbe atteint sa valeur la plus élevée pour des teneurs en
compactage pour des teneurs en eau plus faibles. argile de l’ordre de 20 %.

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1141TA STRUCTURE ET ÉTAT PHYSIQUE DU SOL

Pd

1,5
3
j/ m
K
90
1,4 : 5
E0
3
j/ m
K
8
1,3 14
E1 :

1,2 R3

1,1 R2
R1 - 1 passage de remorque vide
R2 - 2 passages de remorque vide R1
Liste 1,0 R3 - 1 passage de remorque chargée (1 tonne)

Ta b l e 5 10 15 20 25 W%

Fig. 27. – Influence de l’énergie de compactage : Comparaison de résultats de laboratoire et de terrain – Compactage Proctor (Eo – E1)

Pd
En deçà de ce seuil, les densités atteintes peuvent être
Index croissantes avec la teneur en argile. Toutefois, l’effet pro-
pre des caractéristiques du squelette (granulométrie,
1,9 forme des limons et des sables) devient très important et
la seule connaissance de la teneur en argile perd toute
1,8 valeur pour prévoir la compacité.
Glossaire
% • Constitution organique
1,7 5,5
%
79.– Il est généralement admis que les matières organi-
7,1 ques ont vis-à-vis du tassement un effet protecteur. On
1,6 18,2 %
24 % attribue souvent l’aggravation des problèmes de tasse-
27,8 % ment constatée par les agriculteurs à la diminution des
1,5
39,9 %
teneurs organiques consécutives aux changements de
systèmes de culture.
5 10 15 20 W % Les relations statistiques présentées à la figure 29 mon-
Fig. 28. – Courbes de compactage : influence de la teneur en trent qu’effectivement les matières organiques :
argile (d’après A. FAURE) – accroissent l’humidité du seuil de sensibilité au com-
pactage wp et de l’optimum wm ;
Au-delà, cette densité diminue (relation statistique à la – diminuent la densité du sol à l’optimum.
figure 29), ce phénomène étant lié aux propriétés de gon-
flement de l’argile : l’augmentation du volume de l’argile 1 wp = 0,27 A + 1,52 MO r = 0,84 N = 45
hydratée s’oppose à l’accroissement de densité du 2. wm = 0,25 A + 1,64 MO + 0,090 r = 0,90 N = 91
mélange argile-squelette. 3. 100 r = 0,87 n = 91
---------- = 0, 20A + 2, 65MO + 0, 50
ρ dm
Cet effet doit se manifester d’autant plus intensément
que l’argile est plus gonflante (voir n. 53). Fig. 29. – Résultats de l’analyse statistique de courbes de
compactage de matériaux naturels : influence de la teneur en
On est ainsi amené à conclure qu’au delà d’un seuil de argile (A %) et en matières organiques (M. O. %)
teneur en argile de l’ordre de 20 %, les sols sont d’autant
moins sensibles au tassement qu’ils sont plus argileux. On peut donc bien qualifier leur effet de protecteur. Il
Nous verrons cependant qu’il est nécessaire d’affiner convient cependant de distinguer dans cet effet le rôle des
cette assertion avant de l’appliquer au comportement du matières organiques libres (débris peu évolués) de celui
sol en place. des matières organiques liées (voir fasc. 1130) :

13

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STRUCTURE ET ÉTAT PHYSIQUE DU SOL
TA 1141
• Matières organiques libres cas, avec possibilité de mouvement dans les trois dimen-
80.– Elles diminuent la densité atteinte dans toute la sions dans le second. C’est le problème du fluage de
gamme d’humidité (fig. 30) et déplacent vers des teneurs l’extension de la zone tassée en profondeur ou latérale-
en eau plus fortes le seuil de sensibilité au compactage. ment, qui constitue un élément essentiel d’appréciation
To u t s e p a s s e co m m e s i e l l e s j o u a i e n t u n r ô l e de l’importance du tassement. Il convient en particulier
d’« amortisseur », absorbant une part de l’énergie des d’insister sur les aspects suivants :
chocs appliqués au matériau. – la largeur de la zone déformée en surface est fréquem-
ment très inférieure à celle de la zone tassée ;
Pd
Témoin minéral Mélange à 2 % d'acide humique ...
– L’extension vers la profondeur détermine le coût voire
Mélange à 2 % de paille la possibilité matérielle des opérations mécaniques de
1,9
récupération du tassement.
• d’autre part les variables choisies pour caractériser la sen-
1,8 sibilité au compactage, humidité et densité, si elles ont un
intérêt analytique évident, ne sont pas adéquates pour
1,7 comparer les comportements des matériaux en place.
Quant à la teneur en eau, il est insuffisant de comparer
1,6
les compacités atteintes par deux matériaux à une même
humidité si l’on ne tient pas compte de la probabilité
1,5
qu’ils ont de se trouver à cette humidité. Indépendam-
ment des aspects climatiques qui ne concernent pas la Liste
5 10 15 20
W% comparaison des matériaux, ceci revient à dire qu’il faut
comparer les compacités pour des états de l’eau voisins,
Fig. 30. – Influence des matières organiques libre et liée sur la ou en schématisant pour un même potentiel (voir fasc.
courbe de compactage (d’après Guérif, 1979) 1160). On peut par exemple exprimer l’humidité non pas Ta b l e
en % de la masse sèche, mais en % de la capacité de
• Matières organiques liées rétention. Ainsi exprimé, l’effet de la teneur en argile sur
81.– Elles semblent également diminuer la compacité l’humidité au seuil de sensibilité au compactage par
mais n’ont pas d’effet sur la localisation du seuil wp exemple apparaît beaucoup moins intense, puisque la
(fig. 30). Il convient d’ajouter que dans des sols très pau- capacité de rétention est elle-même liée linéairement à la
I n dex
vres en argile, les matières organiques liées peuvent jouer teneur en argile (voir fasc. 1130).
un rôle de lubrifiant analogue à celui de l’argile et, au Au sujet de la densité, nous avons montré précédemment
contraire de ce qui vient d’être dit, favoriser le tassement. (n. 17) que cette variable, ou la porosité totale, est insuffi-
Excepté ce dernier cas, l’utilisation raisonnée des résidus sante pour caractériser l’état physique du sol. Ceci est par-
de récolte (profondeur d’enfouissement en particulier), ticulièrement vrai dans le cas des sols gonflants où la den- Glossaire
ou l’apport d’amendements organiques, constituent sité ne peut être interprétée indépendamment de l’état de
donc des moyens efficaces, et souvent seuls disponibles, gonflement du matériau. Il est donc nécessaire d’exprimer
de réduire la sensibilité au tassement du sol. On devra le résultat du compactage en termes de porosité, (ou
compter davantage sur l’accumulation de débris possé- d’indices des vides) structurale. On voit ainsi (fig. 31)
dant une certaine rigidité (paille, tourbe) que sur l’effet qu’un sol argileux, bien que n’atteignant pas des densités
moins intense des matières humifiées. élevées, peut perdre au compactage toute sa porosité struc-
h) Prévision agronomique turale, c’est-à-dire se tasser autant que le lui permet sa
teneur en eau. Un séchage ultérieur risque de lui conférer
82.– On peut à partir de ces résultats tenter d’établir une par le jeu du retrait une densité très forte.
classification de la sensibilité des sols au compactage,
dans les conditions standard des tests que nous avons
Vs -
décrits. Toutefois, la transposition d’une telle classifica- cm3 / g
tion au comportement du sol en place requiert l’acquisi- 0,3
tion d’un ensemble de connaissances complémentaires
dont l’insuffisance actuelle rendrait les conclusions
hasardeuses. 0,2

Ces insuffisances sont de deux types :


• d’une part les effets de variables intervenant de façon
0,1
importante sur le tassement d’un sol en place n’ont été
étudiés que de façon très partielle, et ne permettant pas la
prévision : état structural initial, profil hydrique, varia-
W%
tion des contraintes en fonction des pressions exercées et
10 15 20
du poids des engins.
Une des difficultés majeures provient des conditions dif- Fig. 31. – Fig. 31.– Variation du volume des pores structuraux
férentes de réalisation du tassement en laboratoire et in- (V’) de massifs d’agrégats argileux soumis à une pression de
situ : entièrement confinées ou frettées dans le premier 3 bars (d’après J. Guérif)

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1141TA STRUCTURE ET ÉTAT PHYSIQUE DU SOL

83.– Finalement la mise au point d’une classification de 1. L’épierrage


la sensibilité au tassement passe par l’établissement de 86.– L’épierrage, de moins en moins pratiqué en raison
relations permettant de connaître la pression qu’il faut de son coût, vise à augmenter le volume utile du sol par
exercer pour descendre en dessous de valeurs seuil de la élimination d’éléments grossiers peu actifs, et à éliminer
porosité structurale, pour différents potentiels de l’eau une gêne à la réalisation de certaines opérations de travail
dans le matériau. Ces valeurs seuils elles mêmes doivent du sol et aux semis.
être classées en fonction des valeurs de la teneur en air ou
de la conductivité hydraulique jugées nécessaires. La On doit toutefois se garder de méconnaître les rôles posi-
figure 32 constitue un premier exemple de ce type tifs des éléments grossiers dans certaines conditions :
d’approche. Elle est fondée sur les résultats du test Proc- – certains cailloux très poreux comme des fragments de grès
tor standard. Le sol est supposé compacté à l’optimum et altérés et surtout la craie apportent une contribution très
sa teneur en eau égale à la capacité de rétention. Les clas- importante à la réserve en eau facilement utilisable du sol ;
ses établies sont des classes de teneur en air dont on a – le plus souvent concentrés à la surface du sol, suite au
déduit la classification des risques d’asphyxie. tri réalisé par les instruments de travail du sol à dents, les
cailloux peuvent constituer un “mulch” limitant les per-
tes d’eau par évaporation directe du sol nu, et réduire le
développement de la végétation adventice. Cette action
ARGILE
%
est appréciée en verger et vignoble (ex. du vignoble de
80 Châteauneuf du Pape);
– l’épierrage est, enfin, peu judicieux dans le cas de
Liste 70
cailloux gélifs qui sont progressivement fragmentés par le
60 gel et perdent ainsi leur caractère génant.

50
0% 2. Le sablage
très grand risque d'asphyxie
Ta b l e 40 87.– Le sablage peut être réalisé :
– soit par des apports massifs incorporés à l’ensemble de
30
la couche arable : c’est le cas de la « fabrication » des sols
22
20 18
maraîchers de la région de Nantes ;
risque moyen à élevé 0-10 %
Index 10-20 % risque faible à moyen
10-20 % 13,5
– soit par des apports localisés en bandes ou en taches à
10
>20 % pas de risque d'asphyxie
8
LIMONS
la surface du sol pour faciliter la levée de semis de cultu-
>20 %
% res fragiles en terres très battantes.
10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Dans le premier cas, le but est d’alléger la terre de façon
Fig. 32. – Évaluation du risque d’asphyxie suivant la texture durable. On doit alors savoir qu’un apport de sable insuf-
Glossaire fisant par rapport à la texture initiale que l’on souhaite
V. CORRECTION DES COMPORTEMENTS corriger peut conduire à des effets opposés à ceux que
STRUCTURAUX l’on recherche : on diminue la teneur en argile sans pour
autant parvenir à générer une porosité texturale de
84.– Nous aborderons ici le problème par groupes de grande dimension.
techniques d’amendements minéraux et organiques, en
Dans les deux cas, il s’agit de techniques coûteuses réser-
passant en revue au fur et à mesure les conséquences de
vées à des cultures spéciales à haut revenu (zones maraî-
leur mise en œuvre sur les principaux comportements
chères ou cultures sous serre).
que nous venons de décrire.
Il est clair que la plupart des comportements physiques et
3. Le limonage : colmatage et warping
mécaniques des sols dépendent étroitement de leur cons-
titution minérale et organique. On appelle amendement 88.– On profite de la disponibilité d’eau fortement char-
toute opération qui tend à corriger les défauts physiques gée en éléments fins (argile et limon) pour procéder à des
ou physico-chimiques d’un sol par le biais d’un apport modifications progressives de texture tout en assurant un
susceptible de modifier sa constitution. Par extension, on exhaussement des terrains.
désigne par le même terme les produits utilisés eux C’est ainsi, qu’ont été constitués les terrains fertiles d’une
mêmes (fumier, chaux, conditionneurs de sols, etc.). partie de la Crau à partir des eaux de la Durance et ceux
de la vallée du Nil.
A. Correction de la texture
85.– Une remarque préliminaire s’impose : la couche 4. Les marnages
labourée d’un terrain agricole pèse suivant la profondeur 89.– Les marnages consistent en l’apport au sol, après
maximale de labour de 3 à 5 000 t/ha. Modifier la texture de broyage, de marnes qui sont des roches meubles conte-
façon significative par des apports exige donc des doses nant des proportions variables de calcaire fin et d’argiles
considérables d’amendement : augmenter par exemple de 1 phylliteuses. C’est un amendement à double fin :
% la teneur en argile correspond à des apports équivalents à – correction de texture (cf. n. 85) ;
60 à 100 t d’argile pure soit en pratique 120 à 200 t/ha d’une – correction de la composition ionique par apport de cal-
marne argilo-calcaire moyenne. caire très divisé à action rapide (cf. n. 91).

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STRUCTURE ET ÉTAT PHYSIQUE DU SOL
TA 1141
Dans le cas des sols de limons battants acides, ces eux Lorsqu’on élimine ce sel, par lessivage, sans précaution,
types d’effets corrigent, L’un et l’autre, leur instabilité le sol reste sodique et extériorise alors tous les caractères
structurale. défavorables liés à la présence de sodium en position
Il reste qu’il s’agit d’une pratique coûteuse qui n’est plus échangeable.
guère utilisée de nos jours. On doit donc, lors de la mise en valeur des sols salés,
chercher à éliminer le sodium échangeable en le rempla-
B. Correction de la composition ionique çant par du calcium, dans le même temps que l’on dessale
du sol par lessivage les chlorures en solution.
Pour cela, on doit réaliser de façon coordonnée un cer-
90– Elle peut porter soit sur la nature et la proportion des
tain nombre d’opérations :
cations adsorbés sur les surfaces des argiles, soit sur les
ions présents dans la solution des sols. • établissement d’un système de drainage efficace de la
parcelle ;
On a vu son influence sur la stabilité structurale ; sans
que cela ait été encore ainsi précisément montré, il est • apport de plâtre, sel de calcium dont le niveau de solu-
vraisemblable qu’elle modifie l’ensemble des propriétés bilité intermédiaire permet de réaliser l’échange Na
physiques et mécaniques. échangeable – Ca en solution sans que l’amendement
lui-même soit lessivé, mis en place avant l’apport d’eau
1. Chaulage et surchaulage (cf. fasc. 1220) douce. L’échange est facilité par les bonnes propriétés
initiales des sols salés (perméabilité élevée). Il faut donc
91– Ces deux techniques consistent en l’apport amende- provoquer les processus d’amélioration dès que les ter- Liste
ments calcaires. rains sont exondés. Si l’on tarde, les pluies lessivent le
L’objectif du chaulage est la correction du pH des sols sol et l’on se trouve face au cas des sols sodiques beau-
acides jusqu’au voisinage de la neutralité dans le but coup plus difficile à traiter. En effet, il faut alors assurer
améliorer leur fonctionnement physicochimique. Les simultanément trois processus :
conséquences vis-à-vis des comportements physiques et Ta b l e
– amélioration structurale momentanée par travail du
structuraux du sol sont, contrairement à une opinion sol et repos sous prairie ;
répandue, le plus souvent inexistantes, voire légèrement
négatives. – plâtrage de fond de 5 à 6 t/ha ;
Le surchaulage fait appel à des doses sensiblement lus – assainissement et évacuation des sels de sodium résul-
élevées ; le pH est élevé jusqu’aux environs de 8 il tant de l’échange. I n dex
demeure du Carbonate de Calcium libre dans la solution Dans les deux cas, on doit prolonger l’effet obtenu par les
du sol. De nombreux comportements strucuraux, techniques de correction en surveillant l’écoulement dans
influencés par les modifications de gonflement et de dis- les exutoires (entretien des fossés), en contrôlant d’éven-
persion partielle de l’argile en présence d’une pression tuelles remontées de sel par des irrigations si c’est possible,
d’électrolyte permanente et suffisante, ont alors amélio- et en pratiquant régulièrement des plâtrages d’entretien. Glossaire
rés. C’est le cas particulièrement de stabilité structurale
évaluée ici, comme nous en avons vu l’intérêt plus haut, C. Amélioration des propriétés des sols
par le test de percolation en milieu concentré : par les matières organiques
K (cm/heure)
93.– Le lecteur pourra se reporter au fascicule 1130 con-
sol acide (pH 5,0) ............................................... 3,1 sacré aux constituants du sol pour ce qui concerne la
sol témoin (pH 6,5)............................................ 2,9 caractérisation et l’évolution des matières organiques et
pour les principes généraux de leurs modalités d’action.
sol surchauffé (pH 8,2) ...................................... 3,9
Le surchaulage, indispensable à l’amélioration physique, 1. Action des différentes fractions
risque par ailleurs d’entraîner, surtout dans le cas où il des matières organiques et de leur évolution
est mis en œuvre brutalement, des blocages par solubili- sur les propriétés physiques du sol
sation de l’acide phosphorique et de certains oligo-élé-
ments (voir fasc. 1220). a) Actions liées à la présence de matières organiques
libres à la surface du sol
2. Correction des sols salés et sodiques 94.– Épandues de façon continue (pailles de céréales en
92.– Un sol salé, généralement sous influence marine l’absence de déchaumage), les matières organiques ont
actuelle ou récente, contient une solution à concentra- un rôle de « mulch » qui se traduit par une limitation de
tion élevée en sels solubles de sodium et de magnésum l’évaporation du sol particulièrement nette dans les
(chlorure de sodium principalement), au moins à certai- périodes chaudes à pluies ou irrigations fréquentes.
nes périodes de l’année. Par suite des équilibres échanges L’économie d’eau peut atteindre, par exemple, 150 mm
entre cations adsorbés et cations en solution, la capacité de mars à septembre dans la région parisienne.
d’échange en cations est partiellement saturée en Du point de vue mécanique, la présence de matière
sodium. Ce dernier caractère lui confère des propriétés organique en surface ou incorporée à une faible épaisseur
structurales défavorables, en partie compensées par la de sol, augmente la portance du terrain tout en limitant
présence de chlorure de sodium en solution. sa sensibilité au tassement par roulage.

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1141TA STRUCTURE ET ÉTAT PHYSIQUE DU SOL

Ces deux types d’action peuvent être valorisés à travers vent avoir (cf. n. 12) des conséquences déterminantes sur
certaines techniques d’entretien des sols de vigne ou de le fonctionnement physique (conductivité en milieu
verger. On peut y ajouter, pour les terrains en pente, une saturé, aération) des couches de sol intéressées.
protection certaine contre l’érosion, hydrique ou éolienne c) L’évolution souvent rapide
(cf. fasc. 1380 et 1385). qui suit l’incorporation des matières organiques
En contre partie, les risques de gel printanier sont accrus 96.– Elle peut avoir des conséquences favorables ou défa-
aux bas des pentes ainsi aménagées (cf. n 44). vorables. On verra par ailleurs (fasc. 1230) le rôle sur le
b) Incorporées au sol, les matières organiques libres cycle de l’azote (« faims » d’azote après incorporation
conservent une action mécanique sans compensation azotée des pailles de céréales). On a
95.– Elles limitent les phénomènes de coalescence aussi vu également le rôle de ce premier stade d’évolution
bien lors de la prise en masse des terres instables en pré- rapide sur l’aération (cf. n 41).
sence d’excès d’eau que lors de la prise en masse à la des- Par contre, au cours de cette phase se forment des com-
siccation des terres argileuses, en induisant un réseau de posés préhumiques transitoires qui agissent particulière-
fissures d’autant plus serrées et régulières que la réparti- ment sur la protection des sols vis-à-vis des phénomènes
tion dans la couche travaillée est plus homogène. de désagrégation. Cette influence qui provient essentiel-
A contrario, localisées en couche continue en fond de lement d’une diminution de la mouillabilité des parois
labour, les matières organiques constituent un obstacle à des pores du sol peut être précisée :
l’enracinement de la culture implantée après leur incor- – l’efficacité spécifique des produits actifs apparaît
Liste poration, avec des conséquences parfois sévères sur le d’autant plus élevée que l’évolution qui leur donne
rendement dans le cas de cultures de printemps à cycle naissance est plus rapide : lL’enfouissement d’un
court (orge et colza de printemps par exemple). engrais vert jeune sera plus efficace que l’apport d’un
Enfin, qu’elles soient situées en surface ou incorporées au fumier “bien fait” à décomposition lente ;
sol les matières organiques servent de nourriture à la –l’effet enregistré est de courte durée : quelques semaines
Ta b l e mésofaune (vers de terre notamment) dont elles accrois- pour un engrais vert, quelques mois pour une paille. La
sent ainsi le volume et l’activité. Les remaniements struc- figure 33 illustre cette dualité efficacité spécifique-durée
turaux plus ou moins importants qui en résultent peu- d’action.

Zone A B C
Index
Prairie type
CORPS
Ray grass

type
Glossaire
MI

Dactyle Engrais R
C

vert O
BI
EN
S
SU
BS
TA
NC
ES
PR
É HUM
IQUE
S
HUMUS
Paille bien STABLE
enfouie
Fumier
très décomposé

Date de l'incorporation Semaines Mois Années

Fig. 33. – Présentation schématique des différents types de stabilisation du sol par les matières organiques (d’après G. Monnier)

D’une façon plus générale, la présence de ces produits d) Les actions propres aux substances humiques « pseudo-
transitoires fréquemment localisés à la périphérie des élé- stables » des derniers stades de l’évolution
ments structuraux ou à la surface des plus gros pores tex-
97.– Elles sont plus difficiles à rattacher à un apport
turaux entraînent des conséquences sur l’ensemble de
déterminé. Elles sont davantage liées au niveau organi-
relations sol-eau. Bien qu’encore mal connus, ces effets
que général du sol auquel chaque apport considéré isolé-
sont certainement très importants aussi bien sur la dyna-
ment ne participe que de façon très limitée.
mique de l’eau (hystérésis à l’humectation des couches de
surface organiques et sèches) que sur la plupart des com- C’est à leur sujet que les bilans (cf. fasc. 1340) prennent
portements structuraux et mécaniques des sols. toute leur importance.

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STRUCTURE ET ÉTAT PHYSIQUE DU SOL
TA 1141
Dans leurs grandes lignes, ces actions sont de deux types : – les matières végétales produites sur la parcelle à seule
fin de les incorporer au sol (engrais verts).
– des actions analogues à celles qui sont connues pour les
colloïdes argileux et qui leur sont, en première approxima- Bien que toutes susceptibles de jouer les différents rôles
tion additives. C’est le cas par exemple de la contribution présentés au paragraphe précédent, elles le font de façon
de l’humus aux caractéristiques hydriques qui bornent la diversifiée en fonction de leurs caractéristiques histochi-
gamme des teneurs en eau « utile » du sol (capacité de miques propres, et des conditions de leur apport (locali-
rétention-point de flétrissement permanent). Bien que les sation, quantité, période d’incorporation dans l’année
coefficients d’efficacité des matières organiques vis-à-vis climatique et culturale) ; ajoutons, bien entendu, que
de ces propriétés soient sensiblement plus élevés que ceux leur efficacité agronomique réelle dépend également des
d’une argile moyenne de sol, c’est seulement dans le cas propriétés initiales du sol.
des matériaux pauvres en argile que les conséquences pra- C’est ainsi que les engrais verts agissent surtout, outre
tiques en sont appréciables. C’est ce type d’action qui justi- l’action mécanique de leurs racines et leur rôle sur le bilan de
fie le dicton « l’humus renforce les terres légères »; l’eau du sol en végétation, par l’intermédiaire des produits
– un deuxième groupe d’actions se manifeste en interaction transitoires auxquels leur évolution rapide donne naissance.
cette fois avec les minéraux argileux. Leurs lois plus com- Leur action sur la stabilité structurale est de courte durée,
plexes que des lois d’additivité sont plus difficiles à formu- elle doit être obtenue à une époque où elle a des chances
ler. On sait seulement qu’elles peuvent s’appliquer à des d’être utile agronomiquement à un titre ou un autre.
comportements physiques et mécaniques aussi divers que A l’opposé, les fumiers ou compost bien décomposés
la stabilité structurale, les limites de consistance mécani- participent essentiellement au niveau humique général.
Liste
ques (plasticité, liquidité) et très vraisemblablement, Leur action est à long terme et exige pour être efficace du
comme dans le cas des substances transitoires, tous les point de vue physique des apports importants et répétés.
comportements traduisant les relations sol-eau.
Les résidus de récolte se placent en position intermé-
On sait aussi que le paramètre qui rend le mieux compte diaire, agissant de façons très diverses tout au long de la
chaîne des transformations. Leur efficacité agronomique Ta b l e
matière organique liée
de ces actions est le rapport ----------------------------------------------------- et non dépend surtout de leur masse globale, de sa répartition
arg ile
plus le seul taux de matières organiques. entre parties aériennes et racines et des techniques
d’incorporation au sol. Il y a peu de rapports entre
Enfin, ces lois d’action ne sont généralement pas mono- l’action des résidus d’une culture de pommes de terre
tones mais présentent des seuils et des maxima et d’un volume négligeable et celle d’une prairie temporaire I n dex
minima. Elles correspondent à la deuxième partie du dic- convenablement exploitée qui constitue l’enveloppe
ton cité plus haut : l’humus allège les terres argileuses. supérieure des différentes actions physiques que l’on
peut attendre des matières organiques.
2. Les principaux amendements organiques 99.– On voit, en conclusion, qu’une politique des matiè- Glossaire
98.– On peut les classer en trois principales catégories res organiques ne peut être définie et exécutée que dans
selon leur origine : le cadre d’un système de culture. Le principe reste vrai,
qu’il s’agisse des aspects à long terme : bilan organique et
– les résidus de récolte (parties aériennes et racines), res- niveau général de fertilité physique des sols et de ceux qui
titution directe ; touchent le court terme : valorisation immédiate des
– les amendements importés sur la parcelle (conditionneurs apports organiques et prévention contre les accidents
organiques de sol, composts d’ordures ménagères, qu’ils sont susceptibles de provoquer, en fonction du
gadoues, etc.) auxquels on peut ajouter les résidus de calendrier cultural imposé par le milieu physique et
récolte transformés (fumiers artificiels, lisiers, fumiers l’assolement et à l’aide d’un choix judicieux des itinérai-
d’élevage) ; res techniques pratiqués.

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