Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Structure Et État Physique Du Sol: Seconde Partie
Structure Et État Physique Du Sol: Seconde Partie
STRUCTURE
ET ÉTAT PHYSIQUE DU SOL
Seconde partie
par
Gérard MONNIER
Directeur de Recherches à l’INRA – Station de Science du Sol d’Avignon
Pierre STENGEL
Chargé de Recherches à l’INRA – Station de Science du Sol d’Avignon
Liste
SOMMAIRE ANALYTIQUE
C. Amélioration des propriétés des sols par les matières organiques (93 à 99)
1. Action des fractions des matières organiques et de leur évolution sur les propriétés physiques du sol (94 à 97)
2. Les principaux amendements organiques (98 et 99)
Activité structurale, 56. Engrais vert, 96, 98. Phyllites, 28, 52.
Aération, 17, 34, 38 à 42. Epierrage, 86. Plasticité (limite de), 97.
Albedo, 43. Érosion (hydraulique, éolienne), 60, 94. Plâtrage, 42.
Alcool éthylique, 66. Porosité (totale, texturale, structurale, sys-
Fissuration, 6, 50 à 56.
Assemblage élémentaire, 1. tème de, micro, macro), 1, 16 à 32.
Fluage, 74, 82.
Portance, 49, 74.
Battance (croûte de), 56. Fragmentation, 50.
Prise en masse, 59, 69, 70.
Benzène, 66, 67. Fumier, 16, 98.
Proctor (test de), 75, 82.
Capacité de rétention, 29, 35, 41, 82, 97. Gley, 16, 12. Profil cultural, 1, 4 à 14, 32.
Capillarité, 2, 61, 62, 63. Gonflement (potentiel), 2, 28, 50, 52, 53, Profil pédologique, 4.
Chaulage - surchaulage, 68, 90, 91. 56.
Résidus (de récolte), 98.
Cohésion, 58, 59, 61, 62, 65, 72.
Hydromorphie, 10. Retrait (normal, résiduel) 2, 43, 50 à 54, 70.
Colmatage, 88.
Hydrophobe, 63, 66. Roulage, 11, 28, 72, 77.
Compacité, 37.
Compactage (dynamique-statique), 75 à Indice des vides, 16, 82. Sablage, 87.
83. Instabilité (indice d’), 67, 68. Saturation, 17.
Composition ionique, 90, 91, 92. Itinéraire technique, 4, 14. Self-mulching, 37.
Compost, 98. Stabilité structurale, 61 à 68, 91, 97, 98.
Limonage, 88.
Conductivité hydraulique, 72. Stockage de l’eau, 35. Liste
Liquidité (limite de), 97.
Contraintes (hydriques, mécaniques), 2, Structure (sur, sous), 7.
Lisiers, 98.
30, 54, 82. Substances humiques, 96, 97.
Marnage, 89. Substances préhumiques, 96, 97.
Densité, 20 à 25, 75 à 82.
Matières organiques, 6, 10, 12, 14, 27, 32, Substances transitoires, 96, 97.
Densitomètre (à membrane, à transmis-
35, 53, 54, 56, 63, 79, 80, 81, 93 à 99. Ta b l e
sion y), 24, 26. Tassement, 10, 39, 71 à 83.
Microstructure, 1.
Désagrégation, 2, 57 à 68, 96. Taux de saturation, 13.
Milieu poreux, 1, 2.
Diffusion, 42, 44, 72. Texture, 8, 37, 68, 85 à 89.
Mouillabilité, 63.
Diffusivité thermique, 44. Transfert de l’eau, 34 à 37, 73.
Mulch, 86, 94.
Drainage, 36, 49, 92.
Oedométrie, 75.
Électrolyte, 62, 65, 68, 91. I n dex
Glossaire
Trois tests sont pratiqués : accrus. Mais d’autre part, la fixation du benzène sur les
– le premier par action directe de l’eau fournit un taux substances organiques hydrophobes, éventuellement pré-
d’agrégats stable sans prétraitement Age ; sentes, augmentera ce caractère hydrophobe, limitant,
dans des proportions variables selon la nature et la quan-
– dans le second, la terre est, préalablement à son contact tité de substances hydrophobes affines pour le benzène, la
avec l’eau, saturée par de l’alcool éthylique. Ce prétraite- pression maximale. On conçoit alors que ce test privilégie
ment permet d’éliminer l’air sans conduire à une baisse le rôle de la mouillabilité dans la désagrégation. Le taux
de cohésion significative vis-à-vis de la désagrégation. d’agrégats stables après prétraitement benzène, Agb %, qui
L’eau, miscible à l’alcool en toutes proportions, pénètre en résulte, est un indicateur très sensible à cet égard
alors sans provoquer d’accroissement de pression interne notamment vis-à-vis du rôle des matières organiques.
; son action se limite à provoquer la baisse normale de
cohésion. C’est donc ce mécanisme dont l’action sera La double comparaison qui figure au tableau de la figure 22
privilégiée et dont rendra principalement compte le taux illustre le parti que l’on peut tirer de la confrontation de
d’agrégats stables après prétraitement à l’alcool, Aga % ; ces trois tests. La comparaison du sol et du sous-sol du
– dans le troisième test, le prétraitement est réalisé par du premier profil, qui ne diffèrent que par leurs teneurs en
benzène. Deux modifications de l’action ultérieure de matières organiques, démontre l’efficacité de l’indicateur
l’eau interviennent concurremment. D’une part, l’air est Agb, alors que celle des deux sous-sols également pauvres
remplacé par un liquide incompressible et non miscible à en matières organiques, mais différents par la texture,
l’eau. Lors de la pénétration de l’eau, la pression interne illustre l’intérêt du prétraitement à l’alcool. Dans les deux
atteindra brutalement de ce fait, sa valeur maximale : les cas, l’action sous-nuancée de l’eau accuse un comporte-
Liste risques de désagrégation en seront considérablement ment intermédiaire sensiblement moins discriminant.
MO. liée
Échantillon A% Texture M. O. % tot. 100 × ---------------
A
- Aga % Agb %
Ta b l e
Sol n° 1, 0 - 25 cm 20 limoneuse 3,05 13,0 20,5 5,8
Ss-Sol n° 1,30 - 40 cm 21 limoneuse 0,7 2,9 19,0 0,5
Ss-Sol n° 2,30 - 40 cm 55 argileuse 1,8 2,9 59,0 1,1
Index Fig. 22. – Influence des facteurs de stabilité sur les différents tests
Instables 1,7 - 2,0 - Battance et prise en masse fréquentes en conditions climatiques normales.
- Érosion fréquente sur pentes moyennes.
« A la sortie de l’hiver, le sol étant humide et présentant La mécanisation de l’agriculture moderne et l’utilisation
une structure fragmentaire, de petites dimensions, de matériels de culture et de récolte de plus en plus
quand survient une période de sécheresse certains sols lourds, combinés à l’évolution des systèmes de culture, Liste
présentent de nombreuses fentes de retrait de plus en ont contribué à rendre le problème des tassements acci-
plus larges et profondes au fur et à mesure que la dessic- dentels de plus en plus aigu, que ce soit le tassement par
cation se poursuit. Elles délimitent alors des prismes de les roues, qui peut affecter la quasi totalité de la surface
grande taille, dont l’intérieur présente une structure d’une parcelle cultivée dans certains cas, ou le tassement
devenue continue et compacte. Les « mottes » massives et par les outils : fond de labour, fond de travail du cover- Ta b l e
fortement cohérentes constituent un obstacle au travail crop... Par ailleurs, la réalisation volontaire d’opération
du sol et à l’installation de nouvelles cultures ». de tassement, pour enfoncer ou briser des mottes, amé-
b) Conditions d’apparition et facteurs de prise en masse liorer le contact terre-graine ou éviter les inconvénients
des terres « creuses », a toujours justifié l’intérêt porté par
70.– Elles peuvent être précisées comme suit : les agronomes au comportement des sols soumis au I n dex
– la terre doit être de texture argileuse ; roulage. Cependant, la majorité des études sur le tasse-
– le terrain doit être nu et donc soumis à l’évaporation ment et la quasi-totalité de celles qui cherchent à en éla-
directe ; borer une théorie, ont été conduites par les mécaniciens
du Génie Civil et ne résolvent que très partiellement les
– l’évolution vers la prise en masse est d’autant plus typi- problèmes posés dans les conditions agricoles. On a Glossaire
que que le régime d’évaporation s’installe brutalement affaire dans ce dernier cas à des matériaux hétérogènes,
sur un sol humide et finement fragmentaire. discontinus, souvent anisotropes, dont l’humidité et la
L’analyse des variations de porosité texturale et structurale porosité varient dans l’espace et dans le temps, ce qui
dans les différentes parties du prisme au cours du déroule- rend les phénomènes très complexes.
ment du phénomène et leur reproduction expérimentale D’autre part, le problème posé est lui-même plus
ont montré qu’il s’agit là d’un processus complexe impli- complexe : il ne s’agit pas d’atteindre au moindre coût le
quant de forts gradients d’humidité à partir de surfaces tassement le plus intense mais d’aboutir à un état struc-
d’évaporation, et le développement de contraintes de tural le plus favorable possible aux différentes phases de
retrait entraînant le tassement et la coalescence des élé- développement des organes souterrains (n. 45-48).
ments fragmentaires initiaux dans les parties du sol où,
encore humides, ils sont restés à l’état plastique. b) Conséquences du tassement
L’insuffisance de nos connaissances en ce qui concerne 72.– Les conséquences négatives du tassement sont bien
les mécanismes plus élémentaires intervenant dans ce connues et de nature diverse. Les unes résultent de la
processus général nous interdit encore de préciser les ris- diminution du volume poral : il s’agit de la diminution,
ques d’apparition de cette évolution structurale, agrono- ou de la disparition, de la porosité libre à l’air qui
miquement très dommageable, et a fortiori d’envisager entraîne un ralentissement important de la diffusion de
les moyens techniques de la prévenir. l’oxygène (n. 39). Il s’en suit un risque d’asphyxie pour
les organes souterrains des plantes cultivées. Il s’agit éga-
lement de la diminution de la conductivité hydraulique
2. Comportement des sols au tassement
(perméabilité) pour l’eau gravitaire par suite de la ferme-
a) Définitions ture des pores les plus grossiers qui ont un très grand
71.– Le tassement est une diminution de volume de débit. Elle entraîne des phénomènes de stagnation d’eau
l’espace poral. Il s’exprime donc par une diminution de impliquant également un risque d’asphyxie.
la porosité ou de l’indice des vides (n. 16) ou par un Les autres sont liées de façon indirecte au tassement par
accroissement de la densité sèche, dont se déduisent les l’intermédiaire des variations de propriétés mécaniques
deux variables précédentes. du matériau : résistance à la rupture par cisaillement
10
(cohésion, angle de frottement interne), résistance à la varie suivant l’importance relative du fluage. On peut, sui-
pénétration. Elles sont importantes vis-à-vis de la forma- vant la nature du sol et sa teneur en eau, avoir d’importan-
tion d’obstacles au développement des organes souter- tes déformations de surface sans tassement ou la situation
rains, mais aussi vis-à-vis de la difficulté de reprise posté- inverse. L’allure de la surface du sol après roulage n’est
rieure par les outils de travail du sol. A cet égard, la donc pas un bon indicateur des dégâts qu’il a subi.
traduction des effets d’un roulage, par exemple, en seuls En sens inverse, il existe également une relation entre tas-
termes de volume poral reste insuffisante quels que sement et portance, qui constitue une conséquence favo-
soient les perfectionnements qu’on en propose. La per- rable de celui-ci. Un sol tassé est moins déformable et sa
sistance après tassement de discontinuités mécaniques portance est accrue. C’est par exemple un des avantages
(fissures), même si elles n’ont qu’un volume infime, peut important des techniques d’implantation d’une culture
avoir des effets bénéfiques très importants. Il serait donc sans travail du sol ou semis direction.
nécessaire de prendre en compte le degré de coalescence
des éléments structuraux.
73.– Parmi les raisons qui conduisent à rechercher le tas- d) Techniques d’études des phénomènes de tassement
sement, la plus générale est l’établissement du contact 75.– Les études expérimentales du tassement sont fon-
terre-graine, indispensable pour assurer l’humectation dées sur l’emploi de tests. Ceux-ci consistent à appliquer
des semences en condition sèche. On accélère alors les sur un échantillon de sol placé dans un moule un effort,
transferts d’eau à l’interface sol-graine, mais aussi en ou charge, connu et à mesurer sa porosité, ou son indice
conditions éloignées de la saturation, les mouvements de des vides. Suivant la technique d’application de la charge,
Liste l’eau dans le sol au voisinage de la graine (remontée de on distingue (fig. 24) :
l’eau des couches sousjacentes au lit de semence). Quant
à l’intérêt du tassement pour la croissance racinaire, on
sait que les racines développées dans des pores grossiers
sont inefficaces pour extraire l’eau et les éléments miné-
Ta b l e raux du sol. Or très souvent, faute d’appui, elles sont
F
incapables de pénétrer des volumes plus compacts. De ce
fait, les couches tassées profondes (fond de labour), sur- Comparateur
montées de couches très poreuses, sont souvent plus
dangereuses pour l’enracinement qu’un profil uniformé- pierres
Index ment compact (n. 47). Les tassements volontaires ont Echantillon poreuses
donc également pour but d’assurer dès la proximité de la de sol
surface du sol, un « contact terre racines » satisfaisant.
c) Tassement et portance Compactage dynamique : Proctor C. statique : Œdomètre
11
Hyperbole de saturation
1,5 E0
Pm 1,4
5 Wp 10Wp Wm 15 Wm 20 25 W
Fig. 25. – Courbe de compactage C’est ce que montrent les résultats présentés à la figure 27
où sont représentés les effets du roulage par une remor-
– w < wp : la densité atteinte reste faible et peu variable que sur la densité d’un sol argileux, comparés aux don-
avec la teneur en eau. Le tassement résulte du réarrange- nées du test Proctor. Ta b l e
ment et éventuellement du concassage des agrégats pla-
cés dans le moule. g) Influence de la constitution du matériau
– wp < w < wm au seuil de teneur en eau wp la pente de la • Constitution minérale
courbe s’accroît brusquement. Les agrégats deviennent 78.– En soumettant au compactage des mélanges en pro-
déformables sous L’effet des contraintes qu’ils subissent portions variées d’argile et de sable, Faure a obtenu les I n dex
et ceci d’autant plus qu’ils sont plus humides. La porosité résultats présentés à la figure 28. On voit que les courbes
qui existait entre eux disparaît progressivement. Pour ont une allure générale identique, qui correspond à celle
certains matériaux, si l’énergie appliquée est suffisante, décrite précédemment. Mais on constate de fortes varia-
on peut observer un tassement textural. Faure a qualifié tions dans les positions des limites wp et wm et les valeurs
ce comportement de plastique et assimile le seuil de sen- de densité atteintes à une humidité donnée. Glossaire
sibilité au compactage wp à un seuil d’entrée en plasticité.
– variation de wp : les courbes montrent que wp croît
– w > wm la fin du domaine plastique est marquée par quand la teneur en argile A augmente. Faure a montré
l’existence d’un maximum de densité, appelé optimum que la relation entre wp et A est linéaire. On a :
Proctor. Au delà de ce maximum, la densité décroît. A
très peu près l’échantillon est saturé. L’eau étant incom- w p = αA
pressible, on ne peut le tasser davantage, et plus la teneur α étant une constante pour une argile donnée. Ceci
en eau est grande moins on peut le tasser. La relation revient à dire qu’un matériau devient sensible au com-
teneur en eau-densité est hyperbolique et la courbe pactage quand l’argile qu’il contient atteint une teneur en
représentative est appelée hyperbole de saturation. eau constante Wa = α (pour une énergie donnée). A cette
Dans le cas où la courbe de compactage est obtenue par teneur en eau, et sous l’effet de l’énergie qu’elle reçoit,
un essai œdométrique, son allure est identique jusqu’à l’argile devient plastique. Elle rend ainsi possibles les
wm mais si le drainage est possible, elle rejoint l’hyper- mouvements relatifs des grains du squelette, dont résulte
bole de saturation. Si l’humidité initiale est supérieure à le tassement. Ce résultat a été confirmé par l’analyse sta-
w m une partie de l’eau draine et à l’équilibre on est tistique des courbes de compactage obtenues sur échan-
ramené à wm et à la densité correspondante sur l’hyper- tillons de sols naturels (fig. 29).
bole de saturation. Le point wm, γm est un point d’arrêt de D’un point de vue pratique, on peut en conclure qu’une
la courbe de compactage. terre aura un domaine de faible sensibilité au compac-
f) Influence de l’énergie ou de la pression de compactage tage d’autant plus étendu qu’elle est plus argileuse.
77.– Si l’on accroît l’énergie de compactage dynamique ou – coordonnées du maximum : On constate (fig. 28) que
la pression statique appliquée à l’échantillon la courbe se la teneur en eau au maximum croît également avec la
modifie de façon indiquée à la figure 26. On enregistre un teneur en argile. Faure et Guérif (1979) ont obtenu statis-
accroissement de la densité, c’est-à-dire un déplacement tiquement une relation linéaire entre wm et A (fig. 29).
de la courbe vers le haut, et une diminution de l’humidité On voit également que la densité au maximum de la
des deux points singuliers. Le matériau devient sensible au courbe atteint sa valeur la plus élevée pour des teneurs en
compactage pour des teneurs en eau plus faibles. argile de l’ordre de 20 %.
12
Pd
1,5
3
j/ m
K
90
1,4 : 5
E0
3
j/ m
K
8
1,3 14
E1 :
1,2 R3
1,1 R2
R1 - 1 passage de remorque vide
R2 - 2 passages de remorque vide R1
Liste 1,0 R3 - 1 passage de remorque chargée (1 tonne)
Ta b l e 5 10 15 20 25 W%
Fig. 27. – Influence de l’énergie de compactage : Comparaison de résultats de laboratoire et de terrain – Compactage Proctor (Eo – E1)
Pd
En deçà de ce seuil, les densités atteintes peuvent être
Index croissantes avec la teneur en argile. Toutefois, l’effet pro-
pre des caractéristiques du squelette (granulométrie,
1,9 forme des limons et des sables) devient très important et
la seule connaissance de la teneur en argile perd toute
1,8 valeur pour prévoir la compacité.
Glossaire
% • Constitution organique
1,7 5,5
%
79.– Il est généralement admis que les matières organi-
7,1 ques ont vis-à-vis du tassement un effet protecteur. On
1,6 18,2 %
24 % attribue souvent l’aggravation des problèmes de tasse-
27,8 % ment constatée par les agriculteurs à la diminution des
1,5
39,9 %
teneurs organiques consécutives aux changements de
systèmes de culture.
5 10 15 20 W % Les relations statistiques présentées à la figure 29 mon-
Fig. 28. – Courbes de compactage : influence de la teneur en trent qu’effectivement les matières organiques :
argile (d’après A. FAURE) – accroissent l’humidité du seuil de sensibilité au com-
pactage wp et de l’optimum wm ;
Au-delà, cette densité diminue (relation statistique à la – diminuent la densité du sol à l’optimum.
figure 29), ce phénomène étant lié aux propriétés de gon-
flement de l’argile : l’augmentation du volume de l’argile 1 wp = 0,27 A + 1,52 MO r = 0,84 N = 45
hydratée s’oppose à l’accroissement de densité du 2. wm = 0,25 A + 1,64 MO + 0,090 r = 0,90 N = 91
mélange argile-squelette. 3. 100 r = 0,87 n = 91
---------- = 0, 20A + 2, 65MO + 0, 50
ρ dm
Cet effet doit se manifester d’autant plus intensément
que l’argile est plus gonflante (voir n. 53). Fig. 29. – Résultats de l’analyse statistique de courbes de
compactage de matériaux naturels : influence de la teneur en
On est ainsi amené à conclure qu’au delà d’un seuil de argile (A %) et en matières organiques (M. O. %)
teneur en argile de l’ordre de 20 %, les sols sont d’autant
moins sensibles au tassement qu’ils sont plus argileux. On peut donc bien qualifier leur effet de protecteur. Il
Nous verrons cependant qu’il est nécessaire d’affiner convient cependant de distinguer dans cet effet le rôle des
cette assertion avant de l’appliquer au comportement du matières organiques libres (débris peu évolués) de celui
sol en place. des matières organiques liées (voir fasc. 1130) :
13
14
50
0% 2. Le sablage
très grand risque d'asphyxie
Ta b l e 40 87.– Le sablage peut être réalisé :
– soit par des apports massifs incorporés à l’ensemble de
30
la couche arable : c’est le cas de la « fabrication » des sols
22
20 18
maraîchers de la région de Nantes ;
risque moyen à élevé 0-10 %
Index 10-20 % risque faible à moyen
10-20 % 13,5
– soit par des apports localisés en bandes ou en taches à
10
>20 % pas de risque d'asphyxie
8
LIMONS
la surface du sol pour faciliter la levée de semis de cultu-
>20 %
% res fragiles en terres très battantes.
10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Dans le premier cas, le but est d’alléger la terre de façon
Fig. 32. – Évaluation du risque d’asphyxie suivant la texture durable. On doit alors savoir qu’un apport de sable insuf-
Glossaire fisant par rapport à la texture initiale que l’on souhaite
V. CORRECTION DES COMPORTEMENTS corriger peut conduire à des effets opposés à ceux que
STRUCTURAUX l’on recherche : on diminue la teneur en argile sans pour
autant parvenir à générer une porosité texturale de
84.– Nous aborderons ici le problème par groupes de grande dimension.
techniques d’amendements minéraux et organiques, en
Dans les deux cas, il s’agit de techniques coûteuses réser-
passant en revue au fur et à mesure les conséquences de
vées à des cultures spéciales à haut revenu (zones maraî-
leur mise en œuvre sur les principaux comportements
chères ou cultures sous serre).
que nous venons de décrire.
Il est clair que la plupart des comportements physiques et
3. Le limonage : colmatage et warping
mécaniques des sols dépendent étroitement de leur cons-
titution minérale et organique. On appelle amendement 88.– On profite de la disponibilité d’eau fortement char-
toute opération qui tend à corriger les défauts physiques gée en éléments fins (argile et limon) pour procéder à des
ou physico-chimiques d’un sol par le biais d’un apport modifications progressives de texture tout en assurant un
susceptible de modifier sa constitution. Par extension, on exhaussement des terrains.
désigne par le même terme les produits utilisés eux C’est ainsi, qu’ont été constitués les terrains fertiles d’une
mêmes (fumier, chaux, conditionneurs de sols, etc.). partie de la Crau à partir des eaux de la Durance et ceux
de la vallée du Nil.
A. Correction de la texture
85.– Une remarque préliminaire s’impose : la couche 4. Les marnages
labourée d’un terrain agricole pèse suivant la profondeur 89.– Les marnages consistent en l’apport au sol, après
maximale de labour de 3 à 5 000 t/ha. Modifier la texture de broyage, de marnes qui sont des roches meubles conte-
façon significative par des apports exige donc des doses nant des proportions variables de calcaire fin et d’argiles
considérables d’amendement : augmenter par exemple de 1 phylliteuses. C’est un amendement à double fin :
% la teneur en argile correspond à des apports équivalents à – correction de texture (cf. n. 85) ;
60 à 100 t d’argile pure soit en pratique 120 à 200 t/ha d’une – correction de la composition ionique par apport de cal-
marne argilo-calcaire moyenne. caire très divisé à action rapide (cf. n. 91).
15
16
Ces deux types d’action peuvent être valorisés à travers vent avoir (cf. n. 12) des conséquences déterminantes sur
certaines techniques d’entretien des sols de vigne ou de le fonctionnement physique (conductivité en milieu
verger. On peut y ajouter, pour les terrains en pente, une saturé, aération) des couches de sol intéressées.
protection certaine contre l’érosion, hydrique ou éolienne c) L’évolution souvent rapide
(cf. fasc. 1380 et 1385). qui suit l’incorporation des matières organiques
En contre partie, les risques de gel printanier sont accrus 96.– Elle peut avoir des conséquences favorables ou défa-
aux bas des pentes ainsi aménagées (cf. n 44). vorables. On verra par ailleurs (fasc. 1230) le rôle sur le
b) Incorporées au sol, les matières organiques libres cycle de l’azote (« faims » d’azote après incorporation
conservent une action mécanique sans compensation azotée des pailles de céréales). On a
95.– Elles limitent les phénomènes de coalescence aussi vu également le rôle de ce premier stade d’évolution
bien lors de la prise en masse des terres instables en pré- rapide sur l’aération (cf. n 41).
sence d’excès d’eau que lors de la prise en masse à la des- Par contre, au cours de cette phase se forment des com-
siccation des terres argileuses, en induisant un réseau de posés préhumiques transitoires qui agissent particulière-
fissures d’autant plus serrées et régulières que la réparti- ment sur la protection des sols vis-à-vis des phénomènes
tion dans la couche travaillée est plus homogène. de désagrégation. Cette influence qui provient essentiel-
A contrario, localisées en couche continue en fond de lement d’une diminution de la mouillabilité des parois
labour, les matières organiques constituent un obstacle à des pores du sol peut être précisée :
l’enracinement de la culture implantée après leur incor- – l’efficacité spécifique des produits actifs apparaît
Liste poration, avec des conséquences parfois sévères sur le d’autant plus élevée que l’évolution qui leur donne
rendement dans le cas de cultures de printemps à cycle naissance est plus rapide : lL’enfouissement d’un
court (orge et colza de printemps par exemple). engrais vert jeune sera plus efficace que l’apport d’un
Enfin, qu’elles soient situées en surface ou incorporées au fumier “bien fait” à décomposition lente ;
sol les matières organiques servent de nourriture à la –l’effet enregistré est de courte durée : quelques semaines
Ta b l e mésofaune (vers de terre notamment) dont elles accrois- pour un engrais vert, quelques mois pour une paille. La
sent ainsi le volume et l’activité. Les remaniements struc- figure 33 illustre cette dualité efficacité spécifique-durée
turaux plus ou moins importants qui en résultent peu- d’action.
Zone A B C
Index
Prairie type
CORPS
Ray grass
type
Glossaire
MI
Dactyle Engrais R
C
vert O
BI
EN
S
SU
BS
TA
NC
ES
PR
É HUM
IQUE
S
HUMUS
Paille bien STABLE
enfouie
Fumier
très décomposé
Fig. 33. – Présentation schématique des différents types de stabilisation du sol par les matières organiques (d’après G. Monnier)
D’une façon plus générale, la présence de ces produits d) Les actions propres aux substances humiques « pseudo-
transitoires fréquemment localisés à la périphérie des élé- stables » des derniers stades de l’évolution
ments structuraux ou à la surface des plus gros pores tex-
97.– Elles sont plus difficiles à rattacher à un apport
turaux entraînent des conséquences sur l’ensemble de
déterminé. Elles sont davantage liées au niveau organi-
relations sol-eau. Bien qu’encore mal connus, ces effets
que général du sol auquel chaque apport considéré isolé-
sont certainement très importants aussi bien sur la dyna-
ment ne participe que de façon très limitée.
mique de l’eau (hystérésis à l’humectation des couches de
surface organiques et sèches) que sur la plupart des com- C’est à leur sujet que les bilans (cf. fasc. 1340) prennent
portements structuraux et mécaniques des sols. toute leur importance.
17
18