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Sciences Géologiques.

Bulletin

Séparation solide-solide. / Separation between solids


Robert Houot

Abstract
Separation between solids
The concept of separation between solids includes two different notions : separation aims at producing several sets based either
upon the "size" criterion, or the mineralogical species criterion. A classification according to particle sizes will be carried on in the
first case and a concentration in the second one. In both the lines, various possible technologies are quickly described : *
screening, hydraulic or pneumatic classification, special devices for submicronic particles ; * magnetic separation (low and high
intensity, high field-high gradient possibilities), present trends in froth flotation (new cells, classical or column), gravimetry.

Résumé
Le concept de "séparation solide-solide" recouvre deux notions différentes : en effet la séparation peut vouloir créer plusieurs
ensembles en se basant soit sur le critère "dimension", soit sur le critère "espèce minérale". On réalisera dans le premier cas
une classification en dimension, et dans le second une concentration. Les diverses technologies envisageables dans ces deux
filières sont rapidement passées en revue : * criblage, classification hydraulique ou pneumatique, cas particuliers des particules
submicroniques ; * séparation magnétique (basse et haute intensité, haut gradient-haut champ), tendances actuelles en
flottation (nouvelles cellules, classiques ou colonnes), concentration gravimétrique.

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Houot Robert. Séparation solide-solide. / Separation between solids. In: Sciences Géologiques. Bulletin, tome 46, n°1-4, 1993.
Minéraux finement divisés. pp. 125-141;

doi : https://doi.org/10.3406/sgeol.1993.1900

https://www.persee.fr/doc/sgeol_0302-2692_1993_num_46_1_1900

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Sei. Géol., Bull., 46, 1-4, p. 125-141, Strasbourg, 1993

SÉPARATION SOLIDE-SOLIDE

Robert HOUOT1

RÉSUMÉ — Le concept de "séparation solide-solide" recouvre deux notions différentes : en effet la séparation
peut vouloir créer plusieurs ensembles en se basant soit sur le critère "dimension", soit sur le critère "espèce mi¬
nérale". On réalisera dans le premier cas une classification en dimension, et dans le second une concentration. Les
diverses technologies envisageables dans ces deux filières sont rapidement passées en revue : * criblage, classification
hydraulique ou pneumatique, cas particuliers des particules submicroniques ; * séparation magnétique (basse et haute
intensité, haut gradient-haut champ), tendances actuelles en flottation (nouvelles cellules, classiques ou colonnes),
concentration gravimétrique.
Solides, Séparation, Dimension, Criblage, Classification, Concentration, Magnétisme, Flottation, Gravimétrie

Separation between solids


ABSTRACT — The concept of separation between solids includes two different notions : separation aims at
producing several sets based either upon the "size" criterion, or the mineralogical species criterion. A classification
according to particle sizes will be carried on in the first case and a concentration in the second one. In both the lines,
various possible technologies are quickly described : * screening, hydraulic or pneumatic classification, special devices
for submicronic particles ; * magnetic separation (low and high intensity, high field-high gradient possibilities),
present trends in froth flotation (new cells, classical or column), gravimetry.
Solids, Separation, Size, Screening, Classification, Concentration, Magnetism, Flotation, Gravimetry

INTRODUCTION

La separation solide-solide présente deux volets différents, selon que l'on recherche une différenciation
uniquement par dimensions ou que l'on vise un fractionnement de la matière par espèce minérale. Dans
un cas, on parle de classification que l'on dénomme également, selon les techniques employées, criblage,
tamisage, classification hydraulique, cyclonage, etc. Dans l'autre, on parle de concentration ou d'épuration
selon que l'on désire augmenter la teneur en élément de valeur vis-à-vis des phases "stériles" ou "de gangue"
ou que l'on désire éliminer des impuretés pénalisantes et polluantes dans la phase minérale principale.
Ces opérations peuvent présenter un certain nombre de difficultés inhérentes à l'association minérale con¬
sidérée. Mais, en général, pour des granulométries supérieures à quelques centaines, voire quelques dizaines
de micromètres, ces problèmes ont le plus souvent trouvé des solutions.
Par contre, si les granulométries à traiter sont de valeurs inférieures, de nombreux problèmes apparaissent
liés à des questions de viscosité, de vitesse de sédimentation, de charges superficielles, de perturbation de
1 Laboratoire Environnement et Minéralurgie, CRVM, URA CNRS 235, BP 40, 54501 Vandoeuvre Cedex, France.
126 R. Houot

réseau cristallin, etc. Les limites de bonne marche des divers appareils de séparation, tant granulométriques
que de concentration, sont atteintes pour des tailles de quelques microns ou dizaines de microns. Il a fallu
imaginer et développer de nouveaux appareillages, compte tenu de l'importance croissante des fractions fines
à traiter.

I- SÉPARATION SOLIDE-SOLIDE PAR DIMENSIONS

La performance d'un classificateur est fonction, selon Luckie et aï. (1980) :


- de la matière alimentée (répartition granulométrique vis-à-vis de la maille de coupure, forme et masses
volumiques, propriétés rhéologiques),
- des caractéristiques du classificateur (type de classification, configurations géométriques, possibilités de
réglages, matières employées pour sa fabrication),
- des conditions opératoires (température et humidité ambiantes, concentration en solides, énergie dispo¬
nible, débit d'alimentation).
Ces paramètres peuvent être corrélés (la rhéologie de la pulpe sera fonction du matériau mais aussi du
pourcentage en solides et du taux de cisaillement dans le classificateur).

1. Criblage

Le criblage est une opération unitaire de classement dimensionnel de grains de matière de formes et de
dimensions variées, par présentation de ces grains sur des surfaces "perforées" qui laissent passer les grains
de dimensions inférieures aux dimensions de la perforation, tandis que les grains de dimensions supérieures
sont retenus et évacués séparément. De nombreux domaines d'activité font appel aux techniques de criblage
(ou tamisage). Les surfaces criblantes peuvent être réalisées avec des matériaux très divers, en fonction des
mailles de coupure envisagées ou des matières à séparer : barres, barreaux, fils métalliques tissés, toiles en
tissus naturels ou artificiels, mousses de matériau expansé, etc.

a) Choix des surfaces

Les critères de choix d'une surface criblante en fonction d'un service déterminé à assurer sont :
- la solidité (indéformabilité, résistance à l'usure...),
- la régularité des ouvertures,
- le pourcentage de surface de passage par rapport à la surface totale,
- la faible aptitude au colmatage (obstructions dues à l'humidité),
- la faible aptitude aux obstructions par goujonnage.

b) Rendement qualitatif et sélectivité

Rendement de passage : Ri = ÎOOT'/T où T est le total tamisable et T' le tamisat effectif.


Si D représente le pourcentage de déclassés par rapport au refus total (tamisable entraîné avec le refus),
Rx = 100 x 100(T — D)/T(100 — D). On appelle courbe de partage la courbe obtenue en portant en abscisse
la dimension d des grains et en ordonnée le % poids de la tranche granulométrique (d— e, d+e:) de l'alimen¬
tation (2t représente l'ampleur de la tranche granulométrique) qui passe dans le refus. La maille théorique
Séparation solide-solide 127

de coupure est celle pour laquelle les grains ont autant de chance d'aller dans le passant que dans le refus.
Elle est en général différente de la maille nominale.
Coefficient d'imperfection : I = djs — d25/2dso.

с) Principaux types d'appareils

La diversité des applications est telle que les constructeurs ont été obligés de créer une très grande variété
d'appareils pour pouvoir y répondre. La figure 1 indique la répartition des divers modèles en fonction des
granulométries de coupure à effectuer.

2. Classification hydraulique ou pneumatique

On désigne sous le nom de classification hydraulique (ou pneumatique) en dimensions l'ensemble des
procédés permettant de séparer les particules solides J'une suspension en milieu liquide ou gazeux en deux
ou plusieurs lots de granularités différentes par la seule action d'un champ d'accélération (gravitaire ou
centrifuge). Le tableau 1 résume les principaux paramètres et interactions entre particules et fluides qui
réagissent sur la classification hydraulique ou pneumatique.
Les principaux procédés de classification hydraulique sont : (1) la décantation gravitaire unique, (2) les
décantations successives, (3) la décantation en lit fluidisé, (4) la centrifugation.
Le tableau 2 rassemble les principales caractéristiques de fonctionnement des divers types de classifica-
teurs hydrauliques (Entât, 1983). On constate que pour les classifications des tranches fines, les hydrosépa¬
rateurs (décanteurs) et surtout les cyclones sont utilisés de préférence à tout autre appareillage. Les cyclones
(fig. 2) ont fait l'objet, ces dernières années, de nombreuses recherches et les résultats obtenus en matière
de modélisation d'appareils sont très importants. Smith et Gochin (1984) en énumèrent quelques-uns.
Chaque firme fabricante est susceptible de prévoir par le calcul, avec une bonne précision, les paramètres de
construction du ou des cyclones nécessaires à la réalisation de coupures granulométriques prédéfinies.
rassemblés
Quelquesdans
paramèties
le tableaud'emploi
3. et des éléments de comparaison entre classificateurs pneumatiques sont

Tableau 1 - Schéma des interactions entre particules et fluide.


Régime d'écoulement Laminaire Transitoire Turbulent
Nombre de Reynolds RP < 0,2 0,2 < Rp < 1000 1000 < Rp < 250000
Type de traînée Visqueuse, liée à la Visqueuse, avec traînée due à Dominée par la chute de
surface totale la pression pression normale au grain et
aux remous
Granul. type (quartz+eau) 0,06 mm - 3,0 mm
Formules théoriques Traînée = 3irr]dv ou Traînée = Cvxd'v'2 p/2 x 4 Traînée = C~oi:d2\2 pj2 x 4
équation de Stokes où où Cd = 0, 4
= CD7rd2v2p/2 x 4 CD = 21/RP + 6/(R°'5) + 0,28 (appelée équation de Newton)
où Cd = 24/Rp
Vitesse limite Vi — 2(6 - p)d2g/97?4 - V = {8d(<5-p)g/32CDp)}u
Influence de la forme Traînée augmentée par la Réaction de la particule vis à vis du courant très importante.
rugosité La rugosité peut réduire la traînée
Influence de la masse volum. Augmente la vitesse limite quelle que soit sa forme et sa taille
Influence d'autres particules Réduction de la vitesse limite selon l'équation : Vi = Vu(l — Cv)n
r = densité particule, h = viscosité du fluide, Cd = coefficient de traînée, d = diamètre des particules, v = vitesse
300
Syntron
Nordberg
Smith,
GRIZ LY (Sta ion aire ou
vibrant)
barres)

Deister,
A-C,
150
GRIZ LY
ROTATIFS
criblage.
de
Nordberg ...
SmiDeistehr, Nordberg CRIBLES
VIBRANTS
25,4 h(Ionriczolnitnauéxs)
ou
bar eaux)

CRIBLES
12,7 |
Hewit -Robins, Link-Belt,
A-C,
CRIBLE
4,7
..
FCB Zquones
-
1
Fig.
ditravai
éde ivpemersentls
(inclinés)
Smith,
2,2mm Styentdmraon,
Novib.rdber,g CGRIOURBL ES DSM,
ET
PLANES
PCRIREg.CBeSInL.IsOEeNn,S
MHAUTE
Mo- Wemco.,
FCB,
VIBRANTS DeTylister,r,
Link-Belt,
A-C, OSwervile-Sicmpo,son A-C,
Kason, CERNTIRBFLUEGS Nordberg
..
OSCIL ANTS
Universal FREQUENCE
HAUTE
300 CRIBLES ROTATIFS
vit -Robins,
Triple/S, CRIBLES
BTAMILUTAGSE
DE
TAMIS
Dor -Oliver,
150 VIBRANTS Prater, STATIQUES,
Deister Pat erson-Ludlow, Blaw-Knox, Bauer,
CRIBLES CRIBLES
Tyler, Ross,
74
NaDertioincakl,
Tyler,
44ц
Séparation solide-solide 129

Tableau 2 - Caractéristiques des principaux appareils de classification hydraulique en dimensions.


Separat. Class. Class, à Lavoflux Colonnes Hydrosé¬ Hydro-
Caractéristiques fluidisé Vis coupe Lavodune de lavage parateurs cvclones
"
Fahrenw. Rateau
800
600
400 -
Dimension de 200 - -
coupure 100 -
d fim 70 -
(quartz, eau 15°C) 40 - - -
20 _
2 à 7 -
Proportion de solides en vol nme (%)
Alimentation 30 à 40 10 à 40 5 à 35 10 à 35 10 à 40 5 à 30 5 a ju
Sousverse 30 à 40 50 à 57 45 à 55 25 à 45 25 à 45 25 à 45 35 à 45
Débit d'eau d'injection (m3/ t) rapporté au débit de la sousverse
3 à 4 2 à6 1,5 à 2
Imperfection 0,15 à 0,2 0,3 à 0,5 0,3 à 0,5 0,15 à 0,35 0,1 à 0,3 0,3 à 0,5 0,2 à 0,45
Sousverse transportable sur bande sans drainage complémentaire
non 1 oui oui non non non non
1

|
Diaphragme Apex
Vortex secondaire
Surverse
(eau + particules
plus petites que la Sousverse
coupure) (particules plus
grosses que la
Injection coupure + eau)
tangentielle Noyau
Vortex primaire
Alimentation

Fig. 2 - Coupe schématique d'un cyclone.

Tableau 3 - Comparaison de quelques classtficateurs pneumatiques.


Type d'appareil Zone d'utilisation Imperfection Avantages Inconvénients
Boîte de détente
Simple 100 fim. 0,6-0,8 Simplicité et
A reflux 100 fim 0,3 grande capacité Peu précis
Appareil à courant d'air asc sndant
Class. Zick Zack 80-300 цт 0,1-0,3 Précision Néant
et forte capacité
Appareils à centrifugation
Cyclones - multicyclones 2-50 цт 0,4-0,6 Forte capacité Peu précis
Whizzer 10-50 /im 0,25-0,35 Précision et Encombrement
forte capacité
Séparateur St Jacques 15-150 цт 0,15-0,3 Précision Energie, Encombrement
Sélecteur Mikroplex 8-60 цт. 0,1 Précision Faible capacité
130 R. Houot

3. Cas des particules submicroniques

Kourti et al. (1988) ont fait une revue aes possibilités d'étudier les répartitions granulométriques dans
des suspensions submicroniques. Ils montrent qu'un certain nombre de techniques sont susceptibles de fournir
ces répartitions, telles que microscopie électronique, turbidimétrie, centrifugation, dispersion dynamique de
la lumière (DLS), Chromatographie hydrodynamique (HDC) et fractionnement d'un flux de pulpe dans un
champ de sédimentation ("sedimentation field flow fractionation - SFFF").
Seules certaines permettent un fractionnement entre populations de particules comme la centrifugation.
la HDC ou la SFFF. Elles nécessitent donc un temps de réponse parfois non négligeable. Par contre les
techniques de dispersion de la lumière, bien que ne fournissant pas forcément une distribution complète,
sont souvent utilisées pour l'analyse en ligne car elles sont relativement simples, rapides, reproductibles et
applicables à une relativement large gamme. La détermination d'un diamètre moyen peut être suffisant pour
la conduite d'un procédé.

II - SÉPARATION SOLIDE-SOLIDE PAR ESPÈCES MINÉRALES

1. Séparation magnétique

a) Classification des séparateurs

De nombreux appareils sont disponibles chez les constructeurs. Plusieurs critères de classement peuvent
être utilisés intensité du champ magnétique, milieu de séparation (eau ou air), mode de fonctionnement
:

(extraction ou déviation), générateur de champ, etc.


Les relations de la force magnétique montrent que cette dernière dépend de deux facteurs principaux :
(1) la matière (ou la particule), par sa susceptibilité et son volume et (2) le séparateur magnétique, par le
produit ograd(H)2, c'est-à-dire par la forme de son champ magnétique, si H est le champ magnétique et /u0
la perméabilité magnétique du vide. Les séparateurs magnétiques peuvent donc se classer en trois grandes
familles (tabl. 4) :
- Séparateurs à "basse intensité" (aimant permanent) avec :

grad(H)2 ~ 2 x 104 à 106N/m3.

Ils conviennent pour les séparations (concentration ou épuration) de produits fortement magnétiques
(ferro ou ferrimagnétiques), les deux autres familles permettant de traiter des particules faiblement
magnétiques (paramagnétiques).
- Séparateurs à "haute intensité" (électroaimant ou aimant céramique) avec :

/i0grad(H)2 « 2 x 107 à 109N/m3.

- Séparateurs à "haut gradient" et/ou haut champ avec :

/i0grad(H)2 « 6 x 1010 à 1012N/m3.

Ce dernier type est plus particulièrement adapté aux traitements d'épuration d'ultrafines contenues dans
une dispersion solide ou un fluide.
Séparation solide-solide 131

Tableau 4 - Différents types de séparateurs magnétiques.


Appareils Générateurs Granulom, de Capacité t/h Densité de force
traitement (1) (2) magnétique
(mm) (Nm"3)
Basse intensité Aimant perm. 0,5-20 20-300* 2.104-2.10b
- Sép. à bande id. 10 60* 5.104
- Sép. à tamb.
voie sèche id. 20 300* 2.106
voie humide id. 5 150* 2.105
Haute intensité Aimant perm.
ou circuit 1-5 6-180 2.107-4.109
électromagnét.
- Sép. à tamb. Aimant céram. 5 10 2.107
- Sép. à rotor induit Circuit 3 8 2.109
électromagnét.
- Sép. type Jones Circuit 1 180 4.109
électromagnét.
Haut gradient Dipole ou
Haut champ solénoïde 0,05-0,1 10-800** 6.10n-6.1012
- Conventionnel Bobine cuivre 0,1 6.1011
Discontinu 100
Continu 200-800
- Supraconduct. Bobine supra. 0,05 60-100 4.1012

(1) Dimension du plus gros grain de l'alimentation.


(2) La capacité est donnée à titre indicatif ; elle dépend de nombreux facteurs, tels que granulométrie, pourcentage
du produit magnétique, dimension du séparateur (longueur et diamètre du rotor par ex.).
* Capacité donnée par mètre de largeur utile, ** suivant le nombre de têtes magnétiques sur le carrousel.

b) Séparateurs à " basse intensité "

Ils fonctionnent normalement à champ ouvert. La source de champ magnétique est maintenant toujours
constituée par des aimants permanents. Ils sont utilisés pour récupérer des minéraux de toutes granulométries
à très fortes susceptibilités magnétiques (dits ferromagnétiques, par exemple).

c) Séparateurs à "haute intensité"

Ils fonctionnent le plus souvent à champ fermé. Le tableau 4 rassemble quelques caractéristiques des
appareils disponibles sur le marché. Leur efficacité devient limitée au-dessous d'une maille fonction de la
susceptibilité magnétique de l'espèce à isoler. En général, en dessous de 10 ou 20mm, les possibilités d'éli¬
miner des particules paramagnétiques tendent vers zéro. Les nouveaux matériaux constituant les aimants
permanents modernes (samarium-cobalt ou fer-néodyme-bore) permettent d'obtenir des champs élevés sans
passer par un bobinage de type électro-aimant (fig. 3 et 4).

d) Séparateurs à haut gradient et haut champ

Il a fallu une nouvelle conception de la zone de capture des particules paramagnétiques pour qu'un progrès
décisif soit réalisé : l'entrefer (du type fig. 5) a été remplacé par un volume empli d'une matrice composée
en général de fils de fer doux ou d'inox magnétique (fig. 6 et 7), ce qui permet d'avoir des convergences de
132 R. Houot

Energie disponible (x 10)


40 I- PRESENT UEO OY M lu M
EARLT
NEOOTMIUMRE
SAMARIUM
RE
BH max

Ml SHMETAL
RE
А1Л1СО 9
NEW ALNICO 8 ALNICO S-r
ALNICO 5 ALNICO S DG
TUNGSTEN
ALNICO 2.3 »4
LODESTONE c/rB0N
STEEL COBALT
«vo ALNICO
STTFL
Fig.3 - Historique du dévelop¬
I

pement (a) des matières pre¬


I860 1880 1900 1920 1940 I960 1080 mières de fabrication des ai¬
mants permanents et (b) des al¬
Température de supraconductivité (T°K) liages superconducteurs (d'après
100
90 YBa2Cu307 q Mathieu et Sirois, 1988).

8 0 (— :ь)
70
60
50 ( LaSr )2Cu04
40 (La Ba)2Cu04
30 Nb(AIGe) NbjGe
V,SiNb.Sn
20 NbN n
Nb С „ V"

I860 1880 Année

RM RR

ШЖШ
I

DP DA
lRP

Fig. 4 - SMHI à sec avec le séparateur à haut champ "Permroll" .


(a) Rotor magnétique : A-axe, DA-disque aimanté, DP-disque perméable, N-pôle Nord, S-pôle Sud
(b) Détail d un module du Permroll : A-alimentateur vibrant, B-bande de Kaviar, C-produit magnétique concentré,
RM-rouleau
de coupure magnétique, RP-rejet de produit non magnétique, RR-rouleau de renvoi, SR-sens de rotation, V-volet
Séparation solide-solide 133

Fig. 5 - Schéma de principe de la SMHI voie


humide.
1-alimentation pulpe, 2-zone de lavage,
3-produits paramagnétiques, 4-matrice,
5-carrousel, 6-produits non magnétiques,
7-circuit magnétique, 8-bobine électroaimant

Fig. 6 - Séparateur "haut gradient" continu


type ".Sala ".
1-alimentation pulpe, 2-rinçage, 3-lavage,
4-solénoïde dipole, 5-produits magnétiques,
6-produits non magnétiques,
7-culasse magnétique, 8-canister,
9-boîte d'extraction avec matrice

champ maximales (puisque la force magnétique est proportionnelle au champ magnétique et au gradient du
champ).
Les nouvelles générations d'appareils font appel au haut gradient (mousse de fer) et aux très hauts
champs. L'arrivée sur le marché des fils supraconducteurs a permis de confectionner des bobines générant
des champs de plus de 5 teslas (le fer doux est saturé dans un circuit magnétique classique à partir de
3 teslas). Les figures 8 et 9 montrent les nouveaux horizons ouverts dans le domaine des supraconducteurs.
Le traitement magnétique des fines granulométries passe donc maintenant par cette voie nouvelle (kaolins
de Géorgie-Huber).

2. Tendances dans les séparations par flottation

Depuis un quart de siècle, on observe un développement des performances des matériels par plusieurs
approches complémentaires.
134 R. Houot

Fig. 7 - Quelques types de matrices.

jnal transfert hél i um manomètre échappement gaz


sorti es Й-
S "T./sondes
p connexions bobine
entree gaz
pour rinçage
vanne

Dewar

hel i um bobi ne pompe a vide

Fig. 8 - Séparateur à bobine supraconductrice.


Séparation solide-solide 135

al i mentati on
rinçage (sous champ)

boîte d'extraction
générateur
pui ssance
lavage
de (hors champ)

système de
ref roi di ssement

К
stériles concentrés

Fig. 9 - Principe de fonctionnement du séparateur à bobine supracondutrice.

Effet d'échelle

Les dimensions des matériels augmentent de façon continue. Les cellules, dans les circuits de concentration
minéraux du cuivre, sont ainsi passées de 1 à 2 m3 à plus de 80 m3.
Exemple : incidence du plan de modernisation sur les performances de la mine de Bingham (Utah
ipper)
• Travaux effectués de fin 85 à début 88.
• Objectifs de production annuelle : 170 000 t de cuivre, 5400 t de molybdène, 9 t d'or à partir d'un
brut composé de chalcopyrite, bornite, chalcocite, molybdenite et titrant de 0,6 à 0,8% Cu, 0,053%
Mo, 0,3 g/t Au et 3 g/t Ag. Les réserves estimées seraient de 1,1 milliards de tonnes.
• Cadence d'exploitation 100 000 t/j de minerai + près de 100 000 t/j de couverture (rapport 0,83/1 à
:

la carrière de 4 km de diamètre et 820 m de profondeur).


• Concassage primaire : Giratoire Allis-Chalmer 9000 t/h 18 x 32,4 m. Fragmentation secondaire et
rebroyage :
- 3 broyeurs semi-autogènes de 10 m (diamètre) x 4,5 m,
- 3 broyeurs à boulets de 5,5 m (diamètre) x 8,5 m,
- 3 broyeurs Rexnord 4,2 m (diamètre) x 6,6 m de rebroyage.
Ces 9 appareils remplacent 14 giratoires Symons cone, 50 broyeurs à barres, 50 broyeurs à boulets
primaires, 83 broyeurs à boulets secondaires.
• Flottation : Cellules de 13,8 - 27,7 et 83 m3 (total de 97 cellules) qui remplacent 2000 cellules plus
petites. La flottation sélective de la molybdénite par rapport aux minéraux du cuivre est restée la
même dépression du cuivre avec NaSH et flottation de M0S2 par de la "burner oil".
:

• Le prix de revient opératoire ne dépasse pas 35 cents/livre de cuivre («


4000 f/t)
.
136 R. Houot

b) Nouveaux matériels

Les cellules de flottation du type "auge et turbine" ne sont plus les seules : depuis une décennie, on
constate l'apparition progressive de cellules de type colonne de flottation, utilisées d'abord dans les minerais
sulfurés et au niveau des circuits de relavage, puis, de nos jours, une généralisation aux minéraux dits
"oxydés", comme les phosphates ou le talc.
La simplification des circuits est encore considérable : les deux relavages de Magma-San Manuel com¬
prenant 14 + 14 cellules au relavage 1, et 8 cellules au relavage 2 (toutes de 1200 1) sont remplacés par 2
colonnes de flottation de 1,8 m de diamètre et 11,7 m de haut (cf. fig. 10).

с) Flottation des ßnes particules

Les très fines particules sont, en règle générale, un handicap pour la sélectivité des flottations de minéraux
de type "oxydé". Elles consomment de grandes quantités de réactif et rendent les écumes difficilement
manipulables et moins sélectives. Fuerstenau (1980) a synthétisé les perturbations apportées au processus
de flottation (fig. 11).
Une partie des procédés récents qui peuvent être évoqués utilisent par ailleurs les propriétés particulières
des fines particules facilités de coagulation, d'agglomération, d'enrobement. Ceci permet d'envisager entre
autres :
:

- l'ultraflottation ou flottation par minéral porteur (Wang et Somasundaran, 1980),


- la floculation sélective dont la plus belle application est fournie par l'usine de Tilden (fig. 12),

Proposed column cell flotation section


Rougtiei concentiole
i aile* legending Concentrés de dégrossissage

Relavage 2
Mixtes
- 6 it 8 cell. xl200 1

i'
Concentré final
T Tails
fJouvoau circuit de relavage Ancien circuit de relavage

Fig. 10 - Modernisation de la flottation à Magma-San Manuel (USA).


Séparation solide-solide 137

Fines Particules

Consommation
réactifs élevée- Surface spécifique élevée Moment faible

_Energie de surface
homogénéisée Entraînement
Ecumes stables Masse faible
des fines (t)
\(t.R)

Adsorption
non sélectivecollecteur
(t) Agglomération
Coagulation haute
Suspension
stabilitéà Faible
de collision
probabilité

Oxydation rapide (R) Taux faible de Faible


d'adhésion
probabilité
Enrobement
Dissolution plus par les fines flottation (R)
grande (t,R)

Fig. 11 --Relations entre les propriétés physiques et chimiques des fines particules et leur comportement dans
la flottation.

T.V. (<200mm) T
-4 Symons cone Conditionneur - Amidon mais
Broyeur Rockcyl i
Epaississeur - Deschlammeur (<5цт)
stériles
Ultrafines
2-16mm Classement 16-32mm
Trémie I
<2mml 32-76mm Conditionneur Amidon maïs
Y Surverse Amine
Cyclone
Dégrossissage
UF
Amidon maïs
Broyeur à galets fr

4ème
2ème
3ème
1er relavage
relavage

Ecumes stériles Concentré Fer

Fig. 12 - Schéma de traitement à Tilden.

- Г agglomération ou la coagulation sélective avec, par exemple, emploi d'un Polyacrylamide faiblement
anionique (Baudet et Morio, 1976),
- la flottation à deux liquides (eau et huile non polaire).
138 R. Houot

Statique
Milieu
Dynamique dense
A eau seule
Jig [ Stratification
Sluice
Cône Reichert Nappe
Pinched sluice fluante
Spirale
Table à secous Avec
B.M.S. secousses
Crossbelt
Jig pneum. Fluide air
Table pneum.
Centrifugeuse [ Divers
0,01 0,1 1 10 mm
Fig. 13 - Limites d'utilisation des opérations unitaires en gravimétrie.

2527 x 1829 mm Cable de suspension


Vannes multi-voies Piston de
Eau de lavage basculement
Eau - pulpe
Alimentation
2 empilements de 20 plateaux
1,53x1, 22m
Cadre
principal
2134 mm

Stériles

Variable Goulottes Concentres

(a) Phase de collecte (b) Phase de nettoyage


Fig. 14 - Séparateur Bartles-Mozley (SBM).

3. Concentration gravimétrique

En dessous de 100 /im, la séparation gravimétrique devient délicate. On constate, sur la figure 13, que
les méthodes utilisables sont assez peu nombreuses. Elles sont surtout de débits relativement réduits, ce qui
fait qu'elles ne sont couramment employées que pour des valorisations de minéraux de masses volumiques
contrastées et de valeur ajoutée notable.
Séparation solide-solide

Sens de la progression de la bande sans fin

Boîte d'alimentation Zonedesde concentrés


et lavage

Zone d'écoulement des légers Zone des mixtes

Fig. 15 - Plan schématique du concentrateur Crossbelt-Bartles (X-B).

Tambours jumeaux

S-C

v:

Eau de lavage A1 im .

T3T
L-J
Sortie des lourds Sortie des légers
Fig. 16 - Séparateur Multi-Gravité (M. G. S .) ■
140 R. Houot

On peut citer les matériels suivants : les tables à secousses d'emploi éprouvé depuis le siècle dernier, et
depuis une vingtaine d'années le séparateur Bartles-Mozley couplé à la crossbelt, la table duplex et, depuis
1990, le séparateur multi-gravité (fig. 14, 15, 16). Le tableau 5 donne un ordre d'idée des performances
comparatives sur un minerai d'étain (cassitérite).

Tableau 5 - Comparaison des performances de divers équipements pour le traitement des fines.
Aliment. % Concentre % Récupération Taux
Sn Sn % d'enrichis
Vanner 0,58 4,95 19 8,53
Table circulaire 0,59 1,40 20 2,39
Spirale 0,41 2,40 30 5,85
Table basculan. 0,81 4,01 40 4,95
Bart-Mozley S. 0,46 1,19 52,3 2,59
Table à fines 0,35 13,37 55,4 38,2
Crossbelt 0,36 31,76 52,5 88,2
Duplex 0,34 10,51 51,25 30,64
Multi-gravité 1,20 55,2 36,4 46,6
Multi-gravité 1,40 8,1 74,40 5,79

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