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Résumé : Cet article présente les premiers résultats d’un projet de 3 ans visant à étudier, comprendre et caractériser
l’évolution du risque d’inondation au Québec. Dans le cadre de cette étude, le risque d’inondation est défini comme le
produit du risque hydrologique d’un événement donné et des dommages résultant pour le même événement. Il importe
donc d’évaluer les variations historiques des deux composantes du risque d’inondation. Ces deux composantes ont été
étudiées pour un tronçon de 32 km de la rivière Châteauguay, entre la frontière canado-américaine et la ville
d’Ormstown. À partir des données de deux stations hydrométriques, les fonctions de répartition des débits de la loi
log-Pearson type III ont été calculées. Suite à l’établissement des fonctions de répartition, le calcul du risque
d’inondation est défini par une méthodologie en trois étapes. La première consiste à relier les débits avec les niveaux
d’eau à l’aide d’un simulateur d’écoulement. Les niveaux d’eau calculés sont par la suite utilisés en conjonction avec
un logiciel qui définit la zone inondable et calcule les dommages engendrés aux propriétés. La dernière étape consiste
à établir le risque global d’inondation qui tient compte de la fonction de répartition complète. Pour tous les sites
choisis le long du tronçon à l’étude, le risque global d’inondation a augmenté au cours des 60 dernières années.
Lorsque le risque global est normalisé par l’ensemble des populations, on observe que l’évolution du risque diffère
grandement d’un site à l’autre. Pour l’un des sites à l’étude, le risque global normalisé a augmenté d’un ordre de
magnitude au cours de la période étudiée. Les résultats montrent aussi que plus de 75% du risque global est dû aux
crues ayant une période de retour de 4 ans et moins.
Abstract: This article presents the first results of a three-year study that aimed at studying, understanding, and
characterizing the evolution of flood risk in Quebec. In this study, flood risk is defined as the product of the return
period of an event and the damages caused by this event. It is therefore important that both these components of the
flood risk be assessed historically. The two components have been evaluated for a 32 km reach of the Châteauguay
River located between the Canadian–American border and Ormstown, Quebec. A flood frequency analysis was
undertaken on historical flow data for two gauging stations on the river and the data fitted with a log-Pearson type III
distribution. The flood risk was then established using a three-step methodology. The first step was to establish flood
levels over a range of discharges using a hydraulic model. Then the computed water levels were processed to define
the flooded area and determine the property damage. The last step established the global flood risk, taking into account
the complete flood distribution function. The results show that over the last 60 years, the global flood risk has
increased for all of the study sites along the reach of interest. When the global flood risk is standardized based on
population, the evolution of the risk differs greatly between study sites. For one site, the standardized global flood risk
has increased by one order of magnitude over the period studied. The results also demonstrate that 75% of the global
flood risk is due to floods having a return period of 4 years or less.
qui nous tient de mieux en mieux informé de toutes les ca- Le risque particulier à une inondation est donc évalué par
tastrophes. une formule simple du type :
Le but de cet article est de présenter l’état du risque
[1] Ri = piDi
d’inondation sur un secteur précis de la rivière Châteauguay.
On se concentre sur le risque d’inondation qui touche les pi étant la probabilité d’occurrence d’une crue d’amplitude i
propriétés privées et leurs contenus. Les dommages causés et Di étant le montant des dommages matériels imputable à
aux infrastructures comme les routes, les ponts, ainsi que les la crue d’amplitude i.
pertes industrielles et agricoles nécessitent une évaluation Le risque global d’inondation est calculé à partir des ris-
cas par cas et n’ont pas été considérés. Les dommages sont ques particuliers de différentes inondations. La formule sui-
évalués en eau libre et excluent les conséquences des glaces, vante permet d’obtenir ce risque :
sur lesquelles les interventions locales ont beaucoup d’effet.
L’état du risque d’inondation résume les résultats d’un projet [2] R = ∑ Ri
de recherche mené en 1998 à l’École Polytechnique de i
Montréal en collaboration avec les municipalités concernées. La probabilité d’occurrence d’une crue d’amplitude donnée
Il vise trois objectifs : (i) définir le risque d’inondation et les (de débit local donné) est habituellement définie par les
méthodes nécessaires à son évaluation sur un terrain précis; études hydrologiques. Elle est égale à l’inverse de la période
(ii) établir à plusieurs moments de l’histoire récente de ce de récurrence ou de retour de la crue.
territoire, la valeur concrète de ce risque et le fardeau qu’il On voit donc que le risque global d’inondation d’un terri-
représente sur la communauté locale; (iii) discuter de toire peut changer, soit parce que la période de retour des
l’évolution de ce risque au cours des années et de celle des crues change, soit parce que les dommages rattachés à chaque
charges financières qu’il impliquerait sur chaque citoyen si crue changent. À titre d’exemple, les dommages peuvent
la communauté locale seule devait prendre les coûts à sa changer suite à des modifications au lit de la rivière et à un
charge. changement de la relation niveau–débit à la station hydro-
Les trois objectifs sont abordés successivement ci-dessous métrique ou en fonction d’une modification de l’utilisation
et les analyses effectuées conduisent à deux conclusions du territoire inondé.
simples. (i) Le risque global d’inondation augmente avec le Pour évaluer le risque global d’inondation sur un terri-
temps dans les cinq sites étudiés. (ii) Lorsqu’il est réparti sur toire, il faut, si l’on retient la définition [2] procéder en
l’ensemble des populations locales touchées, il évolue diffé- quatre étapes.
remment dans les zones rurales ou urbaines. La première étape consiste à déterminer l’historique des
Ces conclusions ne sont applicables que localement. Elles débits de crue sur le cours d’eau, la fonction de répartition
devront être confirmées ou précisées lorsque l’analyse d’un des débits de crue et les probabilités associées aux inonda-
plus grand nombre de sites et de rivières sera complétée. tions à l’étude.
Depuis toujours, la rivière Châteauguay subit des crues
importantes aux conséquences notables. La figure 1 présente
le bassin versant, quelques municipalités et la localisation de
la rivière Châteauguay. Certaines des crues qui se sont pro-
duites depuis une cinquantaine d’années ont été répertoriées
Le terme « risque » fait partie du vocabulaire courant, afin d’obtenir une séquence historique intéressante. Dans le
mais ses nombreuses utilisations montrent que le sens qui lui cadre de ce projet, nous avons analysé les données disponi-
est attribué diffère selon le contexte dans lequel il est bles pour chaque événement et avons retenu cinq inonda-
employé. Pour la suite de ce texte, la définition du risque qui tions intéressantes et documentées. Les événements de mars
figure dans les normes canadiennes sera retenue. 1944 et d’avril 1971 correspondent aux inondations qui ont
« Le risque est une mesure de la probabilité et de la sévé- causé le plus de dommages dans la région d’Huntingdon, se-
rité d’un effet défavorable pour la santé, pour les biens ou lon les responsables de la Municipalité Régionale de Comté
pour l’environnement. Le risque est souvent estimé par (MRC) Le Haut-St-Laurent (Daoust 1997). L’inondation
l’espérance mathématique des conséquences de l’occurrence d’avril 1963 est aussi dans la mémoire des gens, car Ho-
d’un événement défavorable sur une période de temps déter- wick, une ville en aval d’Huntingdon, a été coupée du reste
minée (e.g., risque = probabilité × conséquences). Néan- du monde pendant une semaine. La station météorologique
moins, une interprétation plus globale du risque incorpore la de St-Paul-de-Châteauguay le confirme en ayant enregistré
probabilité et les conséquences sous une forme non mul- les plus hauts débits à ces dates. L’événement de novembre
tipliée. » (Canadian Standard Association 1991) 1996 a surpris la population et les météorologues, car les
Simonovic (1996) a repris la notion de risque proposée stations hydrologiques ont enregistré la plus grande quantité
par Niwa (1989) et l’applique à la gestion des ressources de pluie tombée dans la même journée depuis le début des
hydriques. « Le risque est défini comme étant la chance de mesures. Finalement, en janvier 1996, le temps s’est telle-
certaines occurrences défavorables qui affectent les objectifs ment adouci que la fonte des neiges a provoqué de fortes
du projet. Il est le degré de l’exposition à ces événements inondations sur la rivière Châteauguay.
négatifs, et leurs conséquences probables. Donc, le risque est Les débits de la rivière Châteauguay et de ses affluents
caractérisé par un vecteur à trois éléments : (i) l’événement ont été estimés à partir des débits enregistrés en aval de
qui cause le risque ou l’occurrence risquée (danger, Huntingdon à St-Paul-de-Châteauguay (no de station du Mi-
défaillance); (ii) la probabilité de ce risque (quantification de nistère de l’Environnement et de la Faune (MEF) 030901)
l’incertitude); et (iii) la sévérité du risque (une mesure des pour les événements précédents 1971 et à Mercier (no de sta-
conséquences). » tion du MEF 030905) pour les événements les plus récents.
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Fig. 1. Schéma du bassin versant et situation géographique (source : Ministère de l’Environnement et de la Faune 1981b., p. 6.)
Les deux stations sont assez voisines l’une de l’autre et pro- duire la fonction de répartition de la loi log-Pearson type III
curent une année de données concomitantes. Les écarts entre (El-Jabi et Rousselle 1990). L’analyse de fréquence utilise la
ces données concomitantes sont quelquefois appréciables, méthode des moments. La figure 2 présente l’ajustement de
mais les tests d’homogénéité effectués permettent de consi- la loi log-Pearson type III. Cette courbe donne les périodes
dérer la série des données comme unique. de retour des débits des cinq événements historiques et elle
Les débits journaliers maximums annuels enregistrés entre fournit les débits de périodes de retour spécifiques comme
1971 et 1990 à la station 030905 à Mercier ont servi à pro- 20 et 100 ans utilisés aussi dans la recherche.
Fig. 2. Ajustement de la loi log-Pearson type III sur la rivière Châteauguay à la station hydrométrique n o 030905.
Probabilité qu’un
Période de retour Probabilité de Intervalle événement survienne
Date de l’événement (années) dépassement (années) dans l’intervalle
1 1,0000 1–2 0,5000
Avril 1971 2 0,5000 2–3 0,1667
Novembre 1996 3 0,3333 3–4 0,0833
Avril 1963, janvier 1996 4 0,2500 4–20 0,2000
20 0,0500 20–100 0,0400
100 0,0100 100–400 0,0075
Mars 1944 400 0,0025 400–∞ 0,0025
∞ 0,0000
L’étude statistique des crues a été basée sur les débits Cette probabilité pourrait changer si l’on constatait des
maximums enregistrés chaque année sans égard à l’époque modifications climatiques sensibles, une urbanisation notoire
de l’année où ce débit était enregistré. Il était logique en ou un contrôle du ruissellement sur le territoire. La méthode
effet d’utiliser une étude statistique non saisonnière, puisque pourrait donc servir à long terme pour vérifier l’efficacité
l’étude de risque devait être réalisée sans égard à la saison. des politiques de gestion du territoire à ce chapitre.
Ce facteur pourrait expliquer en partie la qualité d’ajustement La deuxième étape consiste à relier le débit d’inondation
visible sur la figure 2. au niveau d’eau atteint par la rivière dans le secteur à
L’inverse de la période de retour d’un événement fournit l’étude. Cette étape est confiée à un simulateur numé-
la probabilité que cet événement ou un événement plus rare rique d’écoulement comprenant un modèle unidimensionnel
se produise. Pour trouver la probabilité d’un événement dont non permanent dérivé de DAMBRK (Fread 1984).
la période de récurrence se situerait entre T1 et T2, il faut La partie de la rivière Châteauguay située entre la fron-
soustraire à la probabilité que l’événement se produise en T1 tière américaine et l’ancien barrage à Ormstown correspond
la probabilité que l’événement se produise en T2. Un exemple au tronçon confié au simulateur. Sur ces 32 km, le débit ob-
de ces calculs est donné au tableau 1. Pour couvrir le risque servé tient compte du débit à la frontière américaine et de
global d’inondation, la somme des probabilités est 1. De ceux des cinq cours d’eau principaux qui se jettent dans la
plus, les dommages encourus sont considérés nuls lors d’une rivière. Des sections du lit du cours d’eau définissent la ri-
crue normale annuelle. vière en milieu rural et en milieu urbain. Les sections sont
Une étude détaillée, période par période, des récurrences déduites à partir de cartes topographiques à l’échelle 1 :
de crues sur le territoire permet alors de juger de l’évolution 10 000 avec des courbes à équidistance de 2,5 m en zone ru-
temporelle du risque hydrologique. En d’autres termes, elle rale et des cartes du risque d’inondation 1 : 2000 avec des
renseigne sur la probabilité d’occurrence d’une crue donnée courbes à équidistance de 0,5 m en zone urbaine. Le modèle
et montre si au fil des années, cette probabilité a changé. a besoin des coefficients de Manning, des coefficients de
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contraction et de tous les paramètres habituellement néces- époque, un risque d’inondation peut donc être calculé, et
saires aux calculs numériques. Sa calibration est assurée à l’ensemble des valeurs produites permet d’analyser l’évolution
partir des trois calculs réalisés pour le débit moyen, le débit historique du risque.
de crue 1/20 ans et le débit de crue 1/100 ans. Pour ces deux Le travail a été fait pour cinq secteurs situés dans les mu-
dernières crues, les ajustements se sont fait sur les limites nicipalités de Huntingdon (deux secteurs), Hinchinbrooke,
d’inondation de récurrence 20 et 100 ans cartographiées par Godmanchester et Ormstown. Les acquis majeurs sont résu-
les autorités responsables et ne peuvent pas être véritable- més ci-dessous.
ment considérés comme des calibrations précises.
Les inondations historiques de 2, 3, 4, 20, 100 et 400 ans Localisation des zones étudiées
de récurrence ont été reproduites avec le simulateur. Pour La rivière Châteauguay prend sa source dans le lac Upper
chacune des six inondations historiques, les débits estimés Chateaugay, situé dans l’état de New York aux États-Unis.
ont été introduits dans le logiciel, et la simulation a fourni le Après un parcours de 53 km dans ce pays, elle pénètre au
niveau des eaux et leurs vitesses à toutes les sections et aux Québec par la MRC Le Haut Saint-Laurent, traverse la MRC
temps demandés. Beauharnois-Salaberry puis la MRC Le Roussillon pour se
La troisième étape consiste à établir pour chaque crue, la jeter dans le fleuve Saint-Laurent à Châteauguay. Elle coule
zone inondable ainsi que l’ensemble des propriétés et des in- sur 68 km au Québec (Ministère de l’Environnement et de la
frastructures se trouvant dans la zone inondable (Hydrocosme Faune 1981a). La rivière Châteauguay draine un bassin
Inc. 1996). hydrographique de 2543 km2 dont plus de 43% est situé aux
Un nouveau logiciel spécifiquement développé pour ce États-Unis. La figure 1 donne le schéma du bassin versant et
travail par Hydro-Québec, DOMINO (dommage d’inondation, son réseau hydrométrique.
Sobek Technologies Inc. 1998), définit la zone inondée et Le bassin de la Châteauguay est marqué par deux ensem-
évalue les dommages aux propriétés lors des inondations. bles physiographiques : les Basses-Terres du Saint-Laurent
Après lui avoir transmis les données nécessaires à la repro- et les Appalaches. Les Basses-Terres sont une plaine uniforme
duction du terrain et des bâtiments de la municipalité, il cal- formée des meilleures terres arables du Québec. Elles occupent
cule la zone inondée à partir des résultats hydrauliques. Le presque toute la partie québécoise du bassin, à des altitudes
logiciel recherche ensuite les bâtiments touchés et évalue le inférieures à 30 m le long des rives du Saint-Laurent,
coût des dommages reliés au scénario d’inondation simulé. augmentant graduellement de pente vers le sud-est pour
Les données économiques de chaque propriété sont celles atteindre le plateau appalachien. Une colline s’élève au-delà
fournies par les rôles d’évaluation foncière de chaque muni- de 335 m au-dessus du niveau de la mer près de la frontière
cipalité. Pour un matricule donné, la valeur du bâtiment américaine et constitue le point culminant du côté québécois.
comprend tous les biens immeubles sauf la valeur du terrain (Ministère de l’Environnement et de la Faune 1981b).
qui est mentionnée à part. On retrouve la valeur des com- Du côté américain, le relief très varié des Appalaches,
merces, des résidences, des garages, des cabanons, des bâti- plus spécifiquement celui des monts Adirondaks, domine le
ments de fermes, etc. bassin. En fait, le relief passe de vallonné à montagneux au
Le coût des dommages est évalué à partir de critères de fur et à mesure qu’on se dirige vers le sud, pour atteindre en
pondération des impacts fournis à DOMINO. Dans le cadre général des sommets d’environ 900 m. La figure 3 montre le
de ce projet, les critères correspondent à ceux d’une norme profil en long de la rivière.
généralisée maintenant (American Society of Civil Enginee- Dans le cadre de cette recherche, seule la partie de la
ring 1988) qui définit la loi de pondération des dommages rivière Châteauguay située entre la frontière américaine et
des inondations selon les principes actuariels. l’ancien barrage d’Ormstown est étudiée afin d’identifier ses
Les résultats des six scénarios d’inondations étudiés par le risques d’inondations. La figure 4 présente les cinq sites à
simulateur ont donc été introduits dans DOMINO afin qu’il l’étude. Les sites 1 et 2 sont situés à Huntingdon, le site 4
évalue le coût des dommages pour chacune des six inonda- est situé à Ormstown et les sites 3 et 5 sont en milieu rural,
tions historiques et à chaque époque. soit à Hinchinbrooke et à Godmanchester.
La quatrième étape conduit finalement à l’établissement
du risque global d’inondation. Elle consiste à calculer en
premier lieu le risque particulier de chaque inondation, à Résultats obtenus sur le risque hydrologique
chaque époque, avec [1]. Puis, [2] permet de calculer la Le caractère stable du risque hydrologique sur le bassin
valeur du risque global d’inondation à différents moments de versant de la rivière Châteauguay a été démontré dans
l’histoire et pour chaque site. Le risque global d’inondation un autre article issu des travaux réalisés dans le cadre du
pour une année spécifique tient compte des événements qui même projet. Les résultats de l’analyse sont concluants. Ils
peuvent survenir pour des périodes de retour de 2, 3, 4, 20, montrent qu’aucune tendance à la hausse ou à la baisse
100 et 400 ans. C’est sur ces résultats qu’ont été établies les n’est observée dans le risque hydrologique évalué sur plus
principales conclusions de cette étude. de 60 années de données (Awadallah et al. 1998). Le risque
hydrologique ne peut donc être retenu comme facteur
d’explication aux variations actuellement perçues dans le
risque d’inondation.
Le risque global d’inondation, calculé selon la méthode Exemples de définition de zone d’inondation et
précédente, donne une image instantanée de la situation, va- d’identification des propriétés touchées
lable au moment où se situe l’évaluation hydrologique du En ce qui a trait à l’évaluation des dommages, DOMINO
cours d’eau et l’évaluation économique des impacts. À chaque fournit pour chaque écoulement simulé la carte des zones
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Fig. 5. Zones inondées et propriétés touchées lors de l’inondation d’avril 1963 sur le site 1 (Huntingdon).
inondées et l’emplacement des unités d’évaluation. Il liste bâtiments et du coût au contenu des bâtiments. Le tableau 3
dans un rapport détaillé les unités d’évaluation inondées, la présente le rapport d’analyse des impacts causés par
profondeur d’inondation à chaque unité et les dommages l’inondation du 10 novembre 1996 sur le site 2 (Hunting-
estimés encourus durant l’événement. don) et correspond à la zone inondée de la figure 6.
Comme exemple, la figure 5 illustre la zone maximale
inondée et les propriétés touchées sur le site 1 (Huntingdon)
lors de l’inondation du 1er avril 1963 et la figure 6 montre
l’extension de l’inondation du 10 novembre 1996 sur le site Les calculs d’inondation et d’impacts économiques définis
2 (Huntingdon). et illustrés ci-dessus peuvent être répétés en variant le
contexte et les prémisses de calculs, pour établir d’une part
l’évolution historique du risque global d’inondation et
Évaluation des dommages d’autre part la progression de ce risque en fonction de la
L’évaluation des dommages aux propriétés causés par période de retour.
chaque inondation est fournie dans un rapport détaillé à la Les données économiques des propriétés telles qu’elles
fin de chaque simulation. Par exemple, le tableau 2 donne le apparaissent dans les rôles d’évaluation foncière des munici-
rapport des dommages causés par l’inondation du 1er avril palités concernées sont disponibles et publiques. Les rôles
1963 sur le site 1 (Huntingdon) correspondant à la figure 5 utilisés dans cette recherche sont ceux de 1997 pour chaque
présentée précédemment. Les matricules ont été supprimés municipalité concernée. Le rôle de 1997 a été utilisé pour
pour assurer la confidentialité des informations sur les estimer les dommages et les risques à toutes les époques et
résidents touchés. On retrouve d’autres informations les rendre comparables en dollars constants.
pertinentes qui ont été tronquées ici telles les adresses, les
positions Easting et Northing, les profondeurs et les vitesses Évolution historique du risque global d’inondation
moyennes d’écoulement ainsi que les facteurs de pondération. Les années 1963, 1971 et 1996 ont été l’occasion
En plus de fournir les dommages à chaque unité d’évaluation, d’événements exceptionnels et sont utilisées pour décrire
le rapport indique le nombre de personnes susceptibles l’évolution historique du risque d’inondation. Les probabili-
d’être sinistrées, le nombre de bâtiments touchés, le total des tés de leurs crue sont similaires et les périodes de retour va-
dommages aux bâtiments et le total des dommages aux rient de 2 à 4 ans. On peut donc qualifier ces événements de
contenus des bâtiments pour le site en entier. presque courants hydrologiquement.
Pour l’étude, le montant des dommages utilisés dans Les données ont été triées tout d’abord sur la date de
[1] correspond à la somme du coût des dommages aux construction apparente pour obtenir l’ensemble des construc-
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Fig. 6. Zones inondées et propriétés touchées lors de l’inondation de novembre 1996 sur le site 2 (Huntingdon).
tions existantes en 1963, 1971 et 1996. L’hypothèse de base les deux sites d’Huntingdon, il a évolué de façon similaire et
sous-jacente à ce tri est qu’une unité dont la date de cons- a plus que doublé depuis 1960. Mais à Ormstown, la pro-
truction apparente est 1942, par exemple, n’existait pas gression est beaucoup plus rapide, et le risque actuel est en-
avant 1942 ou avait avant 1942, une valeur négligeable. Les viron 40 fois plus élevé qu’en 1960. En milieu rural, la
calculs ont été faits en regroupant les sites par municipalité, progression semble se stabiliser à Godmanchester, et les ris-
et le tableau 4 montre l’évolution du nombre total d’unités ques à Hinchinbrooke augmentent mais ils restent négligea-
d’évaluation à Huntingdon, à Hinchinbrooke et à Ormstown bles. Rappelons que durant la même période, il a été
entre 1963 et 1996. Les données sur le nombre d’unités démontré que le risque hydrologique n’avait pas changé
d’évaluation sur le site 5 (Godmanchester) n’étaient pas dis- (Awadallah et al. 1998) et que la progression historique
ponibles. constatée ne peut être que le résultat d’un changement dans
Pour chacune des 3 années et pour chacun des sites, la l’occupation du territoire ou dans la valeur des propriétés
zone inondable et les coûts des dommages associés à chaque touchées.
inondation de récurrence 2, 3, 4, 20, 100 et 400 ans sont
évalués en introduisant successivement les rôles Évolution historique du risque global d’inondation
d’évaluations appropriés dans le logiciel d’évaluation des normalisé
impacts. [2] permet ensuite de calculer la valeur du risque Parallèlement à l’augmentation du risque global d’inondation
global d’inondation à différents moments de l’histoire, soit dans chaque municipalité, s’opère une variation de la popu-
en 1963, 1971 et 1996. lation sur laquelle le fardeau économique pourrait peser si
La figure 7 montre une représentation de l’évolution his- les dommages étaient à la charge de la communauté locale.
torique du risque global d’inondation aux sites retenus. Le risque global a donc été divisé, année par année, par le
L’analyse montre tout d’abord que le risque est différent nombre total de propriétés pour étudier l’évolution histo-
d’un site à l’autre, mais qu’il est en progression partout. Sur rique du fardeau individuel local. Cette opération conduit au
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Tableau 2. Rapport d’analyse des impacts causés par l’inondation du 1er avril 1963 sur le site 1 (Huntingdon).
Région : RICHELIEU
Site : st01
Rivière : Chateauguay
Calculs du : 1998/02/17 - 20h:45
Temps d’analyse : 3600
Variante d’analyse : 8
Temps de référence : 0
Variante de référence : 3
Impact sur les occupants : 22 personnes
Impact aux bâtiments : 61 620 $ sur 31 bâtiments
Impact au contenu des bâtiments : 168 790 $
Tableau 3. Rapport d’analyse des impacts causés par l’inondation du 10 novembre 1996 sur le site 2 (Huntingdon).
Région : RICHELIEU
Site : st03
Rivière : Chateauguay
Calculs du : 1998/02/87 - 17h:03
Temps d’analyse : 3600
Variante d’analyse : 4
Temps de référence : 0
Variante de référence : 3
risque global d’inondation normalisé. D’une façon concrète, moment. Le marché immobilier joue donc un rôle dans cette
un risque global d’inondation normalisé de 200 $ signifie estimation. La figure 8 montre les résultats obtenus à ce cha-
pour le contribuable local qu’à long terme, il lui en coûterait pitre.
200 $ par année pour participer au dédommagement des pro- En 1963, vivre à Huntingdon supposait que l’on acceptait
priétaires affectés sur le territoire, si la facture était répartie un risque de l’ordre de 500 $ relié aux inondations sur les
localement. deux sites. La situation a peu changé et le risque y est stable
L’évolution historique du risque global d’inondation nor- ou tend à diminuer avec les années. Il est donc sous con-
malisé dépend donc de celle du risque global calculé pour le trôle. À Hinchinbrooke il était négligeable et il l’est resté.
site et du nombre de propriétés recensées sur le site à chaque Mais à Ormstown, il était presque inexistant dans les années
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Tableau 4. Nombre d’unités d’évaluation par époque. Fig. 9. Variation du risque d’inondation en fonction de la
période de retour.
Année Huntingdon Hinchinbrooke Ormstown
1963 544 602 328
1971 882 788 402
1996 1230 995 568