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Collection « Cybercultures »
dirigée par Lise Haddouk et Xanthie Vlachopoulou
L’entretien clinique
à distance
Manuel de visioconsultation
ISBN : 978-2-7492-5253-7
CF - 1500
© Éditions érès 2016
33, avenue Marcel-Dassault, 31500 Toulouse
www.editions-eres.com
Yolande Govindama
Psychologue clinicienne, docteur en psychologie,
professeur des universités,
université de Rouen, Sciences humaines et sociales
Introduction
3. Les phonophiles (qui aiment les voix) sont des appelants mani-
pulateurs qui ont un usage excessif et parfois sexuel des plateformes
de téléphonie sociale.
Introduction 17
4. http ://www.ipsy.fr
5. Je suis titulaire d’une licence d’anthropologie et d’un DESS de
psychologie clinique et psychopathologique interculturelle.
Introduction 19
13. C’est dans cette approche que j’ai fait le choix de ne pas utiliser
de majuscule pour écrire le mot « internet », qui en bénéficie sou-
vent alors qu’il ne s’agit pas d’un nom propre.
14. Ces deux approches antagonistes révèlent une « fausse alter-
native » (Breton, 2000) très visible à la fin des années 1990, qui
se résumait à être pour ou contre internet. Les technophiles sont
les militants du « nouveau culte » et du « tout internet », les
technophobes expriment quant à eux des résistances face à la
vague des TIC, pour différentes raisons.
15. Cf. Colloque de l’Institut du virtuel Seine Ouest : « Les média-
tions numériques », juin 2013, Boulogne.
26 L’entretien clinique à distance
18. Deux termes que l’on trouvait déjà dans le titre de l’ouvrage
de Missonnier et Lisandre (2003) ; voir également Haddouk
(2015).
19. Celui de la consultation chez le psychologue ; voir Haddouk
(2013).
28 L’entretien clinique à distance
7. http ://ict.usc.edu/prototypes/simsensei/
Cyberpsychologie et entretien clinique 39
LE CHOIX DE LA VISIOCONFÉRENCE
COMME OUTIL
17. Ibid.
18. Voir à ce propos les travaux de Chanoni (2013) sur l’interaction
des enfants avec des avatars.
Cyberpsychologie et entretien clinique 53
2. Dictionnaire Le Robert.
Transfert virtuel et réalité psychique 57
La relation digitale
L’adaptation du cadre de l’entretien clinique en
ligne pourrait ainsi aider à trouver une « distance psy-
chique suffisamment bonne » dans les interactions
médiatisées par l’écran. Cela permettrait à la relation
intersubjective d’émerger et d’avoir une vraie réalité
psychique pour les sujets impliqués. L’une des ques-
tions soulevée par les usages des TIC dans nos sociétés
postmodernes concerne les caractéristiques de la rela-
tion intersubjective, lorsqu’elle se joue dans la distance
des corps et qu’elle est médiatisée par un outil numé-
rique. L’expérience en visioconsultation peut apporter
des éléments quant à cette réflexion sur ce que j’appelle
« la relation digitale ».
Le « culte de l’internet » (Breton, 2000) prend ses
racines dans le culte de l’information, créé par la cyber-
68 L’entretien clinique à distance
La présence
Le sentiment de présence est évoqué dans de
nombreux travaux en cyberpsychologie et il représente
l’un des vecteurs par lesquels on pourrait évaluer la
qualité de la relation digitale.
Le sentiment de présence et l’immersion sont deux
concepts qui intéressent de plus en plus de chercheurs
en « réalité virtuelle ». La « présence » évoque souvent
un sentiment associé à l’immersion en « réalité vir-
tuelle » et encouragé par cet environnement (Winnicott
et Singer, 1998). La capacité de la personne à se sentir
« enveloppée » ou « présente » dans un « environnement
virtuel » semble être nécessaire, particulièrement en
psychologie, afin d’offrir des services thérapeutiques de
qualité par l’entremise de la « réalité virtuelle ». La pré-
sence est traditionnellement définie par la perception
psychologique d’être « là », à l’intérieur de l’environne-
ment virtuel dans lequel la personne est immergée. Mais
bien que les chercheurs s’entendent sur cette définition,
chacun ajoute des nuances quelque peu différentes à
celle-ci.
Pour certains (Jouvent, 2009), la découverte des
bases neurales de la simulation, grâce à des techniques
d’imagerie cérébrale, a montré que l’être humain active
Transfert virtuel et réalité psychique 73
Transitionnalité en visioconsultation
Pour définir le concept de transitionnalité, rap-
pelons que l’un des apports majeurs de la théorie de
Winnicott est que la relation d’objet implique la
notion de perte et celle de manque. Dès 1951, il
« introduit les expressions “objet transitionnel” et
“phénomènes transitionnels” pour désigner la zone
d’expérience qui est intermédiaire entre le pouce et
l’ours en peluche, entre l’érotisme oral et la relation
objectale vraie, entre l’activité créatrice primaire et la
projection de ce qui a déjà été introjecté, entre l’igno-
rance primaire de la dette et la reconnaissance de cette
dette (dis “merci”) » (Winnicott, 1951, p. 170). Les
phénomènes transitionnels désignent des activités ou
des objets qui ne font pas partie du corps du nour-
risson et qu’il ne reconnaît pas encore comme appar-
tenant à la réalité extérieure. Dans cette « aire
intermédiaire […] la réalité intérieure et la vie exté-
rieure contribuent l’une et l’autre au vécu » (ibid.,
p. 171).
Winnicott distingue l’objet transitionnel de
l’objet interne (Klein, 1937, 1957), car l’objet transi-
tionnel serait une possession, bien que n’étant pas un
objet externe. Cette première possession du « non-
moi » permet à l’enfant d’affronter sa réalité intérieure,
76 L’entretien clinique à distance
LE CORPS EN VISIOCONSULTATION
L’IMPORTANCE DU REGARD
L’ACCÈS À L’INTERSUBJECTIVITÉ
La subjectivité
Les nombreux auteurs ayant réfléchi au concept
de subjectivité semblent situer l’accès au statut de sujet
psychique dans la continuité du processus de sépara-
tion. Même si Freud n’a pas utilisé directement le
terme de subjectivité, on peut supposer qu’il en traite
malgré tout, de par l’importance accordée aux élé-
ments personnels de l’histoire du sujet, subjectivité qui
s’illustre par exemple dans l’interprétation des rêves.
Pour Lacan, la notion de sujet est centrale. Elle
est liée à sa conception de l’Œdipe qui permet l’accès
au symbolique. « L’objet humain se constitue toujours
par l’intermédiaire d’une première perte ; rien de
fécond n’a lieu sinon par l’intermédiaire d’une perte
d’objet » (Mijolla, 1996, p. 186). Ce manque laisse
donc de la place pour autre chose : « Avec Lacan, la
dimension du désir apparaît comme intrinsèquement
liée à un manque qui ne peut être comblé par aucun
objet réel, le désir n’a pas d’objet dans la réalité, ce
serait imaginairement que se produit le désir » (ibid.).
Le symbolique serait produit par le psychique et le réel
serait difficilement accessible à la symbolisation.
La conception du « Je » chez Lacan est liée au
miroir. L’enfant s’identifie à l’image qu’il perçoit dans
le miroir, jusqu’à ce que son moi parvienne à se dégager
de ce reflet spéculaire. Mais ce moi demeure à jamais lié
à son origine imaginaire, inaccessible au sujet, et il est
donc bien différent du « moi » considéré comme une
instance régulatrice, adaptatrice de la personne dans des
théories comme l’egopsychology. Le stade du miroir
La place du corps et celle du regard en visioconsultation 107
Intersubjectivité et cyberpsychologie
Dans le champ de la cyberpsychologie, on trouve
le concept d’intersubjectivité dans différents travaux
portant sur les relations digitales.
En psychologie sociale, des recherches (Galim-
berti et coll., 2010) éclairent la notion d’intersubjec-
tivité dans le contexte de communautés en ligne ou de
« cyber-lieux » construits par les utilisateurs. Ici, la sub-
jectivité est façonnée comme une image proposée au
monde extérieur par les sujets, en fonction du lieu
investi. L’usage d’un avatar est possible dans les inter-
actions, mais pas la visioconférence. Chaque interac-
tion sociale est caractérisée par une combinaison
unique de subjectivités créées dans un contexte spéci-
fique à un moment, une combinaison qui génère
l’intersubjectivité. L’intersubjectivité se réfère à un
cadre spécifique d’interaction, constituant un monde
partagé pour les sujets, dans lequel jouer. La coréfé-
rence à des mondes partagés serait un signal pour une
référence aux acteurs eux mêmes (Jacques, 1985),
c’est-à-dire que quand les acteurs parlent des objets
présents dans leur monde, ils donnent toujours de l’in-
formation sur eux-mêmes, laissant des indices, des
signes de la subjectivité qui est élaborée durant l’inter-
action (Cantamesse, 2008). Les micro-chaînes inter-
actives seraient utilisées dans un environnement virtuel
(EV) pour collaborer avec succès et pour construire une
représentation partagée du monde, des objets et de
leur position : l’intersubjectivité résulte du sens réci-
proque de la présence sociale des acteurs, de ce qu’ils
font, leurs façons d’agir négociées et des issues de telles
actions. Les interactions dans l’EV sont centrées sur la
112 L’entretien clinique à distance
TRANSFERT - CONTRE-TRANSFERT
EN VISIOCONSULTATION
Le transfert
Le concept de transfert a évolué tout au long de
l’œuvre freudienne. Il a d’abord été désigné comme ne
faisant pas partie de l’essence de la relation thérapeu-
tique (Freud, 1895). Il est par la suite apparu comme
un mécanisme du rêve illustrant le « principe associa-
tioniste » dans le fonctionnement psychique en
général 18.
L’intégration progressive de la découverte du
complexe d’Œdipe a retenti sur la façon dont Freud
comprenait le transfert, le patient faisant inconsciem-
ment jouer au médecin le rôle des figures parentales,
aimées ou craintes. Ainsi, les imagos paternelles,
maternelles ou encore fraternelles, influencent la
forme que prend le transfert. Ce qui caractérise le
transfert et lui donne « son aspect particulier, c’est le
Le contre-transfert
C’est en 1910 que Freud publie pour la première
fois sur le contre-transfert. Dans « Perspectives d’avenir
de la thérapeutique analytique », il note une innovation
d’ordre technique : « Le “contre-transfert” s’établit chez
le médecin par suite de l’influence qu’exerce le patient
sur les sentiments inconscients de son analyste » (Freud,
1910, p. 27). Il remarque que « tout analyste ne peut
mener à bien ses traitements qu’autant que ses propres
complexes et ses résistances intérieures le lui permet-
tent » (ibid.). C’est pourquoi l’analyste doit commencer
par subir une analyse et ne cesse jamais d’approfondir
celle-ci, même lorsqu’il applique des traitements à autrui
(Freud, 1912a). Pour cela, l’analyste doit se soumettre
à une certaine « condition psychologique » (ibid., p. 66)
qui lui permet de se servir de son propre inconscient
comme d’un « instrument ». Ses propres résistances et
complexes risqueraient sinon d’introduire une défor-
mation dans l’analyse et de gêner sa compréhension
des propos de l’analysé. Cette nécessaire « purifica-
tion psychanalytique » (ibid., p. 67), s’articule avec
le contre-transfert en tant qu’« ensemble des réac-
tions inconscientes de l’analyste à la personne de
l’analysé et plus particulièrement au transfert de
celui-ci » (Laplanche et Pontalis, 1967, p. 103). L’ana-
lyse préalable doit ainsi permettre au professionnel de
repérer et d’analyser ces réactions inconscientes, afin
qu’elles ne soient pas dommageables au bon déroule-
ment de la cure.
128 L’entretien clinique à distance
LA PLATEFORME iPSY
De l’expérimentation à la recherche-action
L’objectif de ma recherche a été d’évaluer dans
quelle mesure les principes de l’entretien clinique pou-
vaient être adaptés en ligne, dans le cadre de la visio-
consultation. Cela a nécessité la création d’un outil,
puis son expérimentation avec des sujets. Le travail
d’élaboration de l’outil a été influencé par des facteurs
théoriques, tels que la prise en compte d’une dimen-
sion socio-anthropologique dans l’analyse des usages
actuels des TIC et des valeurs de la cyberculture, et
d’une dimension psychologique, sur les plans théo-
rique et méthodologique.
Ma réflexion théorique sur les usages des TIC dans
nos sociétés postmodernes et leurs liens avec des dyna-
miques psychiques allant du narcissisme à la subjecti-
vité, s’est conjuguée à la mise en place, en référence au
cadre d’inspiration psychanalytique, d’un outil qui
proposerait une alternative différente quant aux usages
que nous connaissions des TIC.
La particularité de cette étude, qui impliquait la
création d’un nouvel outil sans véritables repères préa-
lables ainsi que son essai avec des participants, m’a
amenée à combiner l’action et la réflexion, la théorie
et la pratique. Ce projet comportait donc un double
objectif : transformer la réalité et produire des connais-
sances concernant ces transformations.
152 L’entretien clinique à distance
14. Cette page est celle vers laquelle sont dirigés les utilisateurs ins-
crits, après avoir indiqué leurs identifiant et mot de passe.
15. Le vert représente le côté patient du site et le violet le côté
psychothérapeute.
166 L’entretien clinique à distance
L’éthique en psychologie
Le but d’une recherche en général et de cette
recherche en particulier est d’enrichir et d’étendre le
savoir généralisable avec des renseignements qui se
fondent et sont vérifiables par une méthode scienti-
fique d’observation (Bourguignon, 1995), de type
inductif dans notre cas. Pour éviter les risques de
déshumanisation et d’instrumentalisation du sujet,
certaines précautions ont été prises dans l’élaboration
de ce projet, en référence aux recommandations du
Code de déontologie des psychologues et à celles de
Bourguignon 25.
Il semblait important de réfléchir à la place que
peut occuper le psychologue dans l’univers des TIC de
MÉTHODOLOGIE
Échantillon de population
1. www.ipsy.fr
208 L’entretien clinique à distance
Premier groupe
Pour la constitution du premier groupe, ma pra-
tique en cabinet libéral m’a permis de proposer le cadre
de la visioconsultation à des personnes que j’avais déjà
rencontrées dans un contexte clinique « classique ».
Ces personnes étaient informées de l’étude et du fait
que nous pouvions utiliser le logiciel iPSY pour nous
rencontrer, si elles le souhaitaient.
Des situations particulières ont favorisé l’accep-
tation de certains sujets d’expérimenter ce cadre nou-
veau. Ainsi, des situations d’éloignement géographique
temporaire, ou encore des motifs liés à l’état de santé
des personnes sur le plan somatique, ont contribué au
choix de la visioconsultation. Notons que ces facteurs
provoquant l’éloignement sont intervenus tant de mon
côté que de celui des sujets.
Le premier groupe est constitué de quatre sujets
déjà « connus » : quatre femmes, âgées de 18 à 40 ans.
Leur demande était liée à une situation d’éloignement
prolongé intervenant au cours d’un suivi en cabinet. Ces
quatre sujets n’avaient pas un rapport à la réalité altéré.
Deuxième groupe
Le deuxième groupe est composé de sujets ayant
souhaité bénéficier d’un conseil psychologique via
iPSY, mais que je ne connaissais pas auparavant.
212 L’entretien clinique à distance
Méthodologie qualitative
Afin de pouvoir analyser l’émergence des phéno-
mènes transféro-contre-transférentiels aux différents
niveaux d’interaction en visioconsultation, des outils
spécifiques ont été développés.
La visioconsultation
L’outil central utilisé dans la recherche est l’entre-
tien clinique réalisé en visioconférence via le dispositif
Intersubjectivité en visioconsultation 213
L’observation et le non-verbal
La méthode de l’observation a souvent été utilisée
par des psychanalystes intéressés par les interactions
précoces du bébé avec son environnement (Bick,
1948 ; Lebovici, 1989, 1994). Mais la place centrale
de l’enregistrement filmé en visioconsultation renvoie
à la question plus générale de l’utilisation de la caméra
et du film en psychologie et en sciences humaines.
Ainsi, l’apport complémentaire de l’observation fil-
mique en anthropologie et du concept d’« auto-mise
en scène » (France, 1982, p. 32) a été utile, notamment
pour l’analyse des phénomènes transférentiels.
Intersubjectivité en visioconsultation 215
– Caméra-cadrage
L’utilisation de la caméra fut un élément essentiel
à considérer au cours des entretiens en visioconsul-
tation (ibid.). Ainsi, la caméra constitue un instrument
tiers dans l’espace de la vie privée (Rouch, 1968,
1979). L’enregistrement vidéo permet l’analyse appro-
fondie du contenu du discours et l’analyse partielle de
la communication non verbale, le cadrage ne permet-
tant de voir qu’une partie du corps. C’est pourquoi
l’usage du dispositif m’a également amenée à être
attentive à la question du cadrage et de ses effets. Je
me suis présentée durant les entretiens devant un fond
blanc, avec un cadrage allant du visage aux épaules, ce
qui représentait selon moi une forme de neutralité.
Cela a ainsi fait partie de l’élaboration de mon cadre
de travail et aussi probablement, de mes réactions
contre-transférentielles, non pas aux sujets participants,
mais au cadre de la visioconsultation en lui-même. J’ai
donc considéré les éventuels effets de cadrage observés
durant les entretiens en visioconférence comme une
variable pouvant éclairer les phénomènes liés au trans-
fert et au contre-transfert.
Dans sa vision futuriste de la visioconférence,
Azimov (1957), évoque le fait de « visionner » l’autre
plutôt que de le voir, ce qui rappelle le phénomène
d’« auto-mise en scène » (France, 1982) en anthropo-
logie filmique. Le fait que les personnes filmées souli-
gnent d’elles-mêmes certains aspects ou certaines
phases de leurs actions fut intégré à l’analyse des don-
nées, en résonance avec les phénomènes transféro-
contre-transférentiels.
220 L’entretien clinique à distance
– Gestion de la distance
En référence au principe d’abstinence, l’une des
recommandations importantes définissant le cadre
psychothérapeutique est la distance physique séparant
le psychologue de son patient. Le fait de se trouver
« à distance » ne semble donc pas être une contre-
indication à la réalisation d’un entretien clinique. La
visioconsultation implique une distance géographique
qui peut donner l’illusion d’une distance psychique et
d’une mise à distance de la relation duelle.
Mais au-delà de la distance physique, qui est
médiatisée par l’outil, il s’agit probablement de trouver
la bonne distance psychique. Cette « distance suffi-
samment bonne » doit être trouvée dans un cadre cli-
nique classique, comme en visioconsultation.
Toutefois, la distance implicite au cadre de la visio-
consultation est à interroger en tant qu’élément pou-
vant amener du sens et éclairer certains phénomènes
transférentiels et contre-transférentiels. Au cours du tra-
vail d’analyse des données, j’ai observé qu’un ensemble
de réactions pouvait parfois émerger face au cadre par-
ticulier proposé, et à la distance des corps qu’il
implique. Mais cela pouvait aussi entrer en résonance
avec une problématique psychique individuelle, tant
du côté du patient que de celui du clinicien. Ainsi,
en visioconsultation, la distance des corps ne signifie
pas leur absence totale ou leur déni, car l’image des
corps permet de créer une relation entre ceux-ci. L’ob-
jectif sur iPSY a été au contraire, de favoriser une forme
de « réalité » au travers de l’engagement des partenaires
dans une relation qui soit la plus similaire possible à
celle établie dans un entretien clinique classique.
Intersubjectivité en visioconsultation 221
Méthodologie quantitative
Apport complémentaire
du recueil de données quantitatives
(Social Avoidance and Distress Scale)
Dans la configuration du site iPSY pendant la
recherche de doctorat, l’utilisateur qui validait le
AUTRES RÉSULTATS
Scores individuels
– Premier groupe
Anne = 20/28 : score très élevé. En considérant
que les auteurs du SADS pensent pouvoir évaluer un
aspect schizoïde de la personnalité avec les scores
élevés, on peut donc intégrer cet élément supplémen-
taire dans le cas de Anne. On note également que l’évi-
tement social et la détresse semblent être élevés. Ce
résultat est bien supérieur à la moyenne du premier
Intersubjectivité en visioconsultation 245
Analyse comparative
L’analyse comparative des données quantitatives
obtenues pour les deux groupes de sujets ne semble
pas assez significative pour la présenter ici, au vu du
faible nombre de sujets dans l’échantillon.
Passons donc à la présentation des résultats obtenus
par l’analyse comparative des données qualitatives, avec
une analyse comparative des sujets des deux groupes en
fonction des différents thèmes de la grille.
Concernant la demande, pour le premier groupe,
le passage à la visioconsultation s’est fait pour différents
motifs en fonction des sujets. On retient l’éloignement
géographique et les problèmes somatiques comme rai-
sons pratiques majeures justifiant ce passage. Mais,
notamment pour Anne, le passage du cabinet à la visio-
246 L’entretien clinique à distance
DISCUSSION
à http://www.scienceshumaines.com/index.php?
controller
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288 L’entretien clinique à distance
INTRODUCTION ........................................................................................... 15
CONCLUSION.................................................................................................. 265