Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Autres ouvrages
Le développement affectif et intellectuel de l’enfant, par B. Golse.
Collection « Médecine et Psychothérapie ». 2008, 4e édition, 400 pages.
Manuel de psychologie et de psychopathologie clinique générale,
par R. Roussillon et al. Collection « Psychologie ». 2007, 720 pages.
L’angoisse de séparation, par D. Bailly. Collection « Médecine
et Psychothérapie ». 2004, 2e édition, 160 pages.
Collection Les âges de la vie
Dirigée par Pr D. Marcelli
L’attachement : approche
théorique
Du bébé à la personne âgée
4e édition
Ce logo a pour objet d’alerter le lecteur sur la menace que repré-
sente pour l’avenir de l’écrit, tout particulièrement dans le domaine
universitaire, le développement massif du « photocopillage ».
Cette pratique qui s’est généralisée, notamment dans les établis-
sements d’enseignement, provoque une baisse brutale des achats
de livres, au point que la possibilité même pour les auteurs de
créer des œuvres nouvelles et de les faire éditer correctement est
aujourd’hui menacée.
Nous rappelons donc que la reproduction et la vente sans autorisa-
tion, ainsi que le recel, sont passibles de poursuites. Les demandes
d’autorisation de photocopier doivent être adressées à l’éditeur
ou au Centre français d’exploitation du droit de copie : 20, rue des
Grands-Augustins, 75006 Paris.
Tél. 01 44 07 47 70.
ISBN : 978-2-294-74520-1
e-ISBN : 978-2-294-74579-9
Saisir les mécanismes en même temps que les différents niveaux d’obser-
vation où ils interviennent semble être une tâche impossible en l’état
actuel des connaissances. Si nous visualisons le domaine de l’attachement
comme étant une grille dans laquelle les capacités ou les fonctions sont des
colonnes, et les niveaux d’observations des rangs, nous ne percevons une
matrice que bien peu remplie. Par exemple, la régulation émotionnelle
peut être un aspect essentiel du domaine de l’attachement — et on en
connaît de fait beaucoup sur le plan psychométrique, et sans doute un
peu sur le plan comportemental. Cependant, son impact sur les systèmes
sociaux et encore moins son niveau moléculaire sont bien moins clairs.
De la même façon, les observations du comportement comme la Situation
étrange s’adressent seulement à la qualité des interactions parent-enfant ;
elles échouent à se généraliser à d’autres contextes ; attendre d’elles qu’elles
le fassent comporte le risque d’un coup fatal à toute attente monolithique
de systématisation.
Heureusement, la complexité du concept d’attachement a été mise en
relief de façon vive, à mesure que le champ maturait. Nous n’attendons
plus de trouver de simples relations linéaires entre les capacités liées à l’atta-
chement et les différents systèmes dans lesquels ces différentes capacités
sont observables. Nous n’attendons plus non plus un système chronolo-
gique par trop simplifié, dans lequel on pourrait décrire une ligne temporale
directe entre les capacités et les niveaux d’observation. L’avènement de la
théorie de l’attachement a pour conséquence que nous parlons maintenant
d’une interaction complexe de systèmes et de capacités, et non plus d’un
modèle explicatif simple, pas plus simple que ne le sont les concepts simi-
laires de santé, de travail ou d’éducation. Toute tentative de localiser la santé
dans un organe, ou même dans plusieurs systèmes, ou même encore dans
un seul niveau comportemental, anatomique ou physiologique donnerait
lieu à un modèle singulier et biaisé. Il n’y a aucune raison de considérer
l’attachement comme un modèle qui soit d’aucune façon moins simple que
celui de ces concepts généraux.
Ce que ce livre réalise de façon brillante et, de mon point de vue, d’une
manière extraordinairement utile est de tenter de rendre compte de
façon véridique, de représenter le travail sur l’attachement dans toute sa
complexité. Il ne procure pas une réponse simple à la question de savoir
où « situer » le concept, mais peut-être cela n’est-il pas plus possible que de
chercher à localiser le gouvernement à Paris. C’est un traitement équilibré
et intelligent d’une question en cours d’élaboration. Il contient un grand
nombre d’informations, à même de corriger les erreurs, les préjugés et les
appréhensions à propos de l’attachement. Les auteurs sont parmi les plus
avertis dans ce domaine, et leur connaissance de la littérature est impres-
sionnante. Ce livre est à jour, mais contient beaucoup de ce qui est devant
nous ; à cet égard, il est visionnaire.
X
A. Guédeney
John Bowlby
John Bowlby naît en 1907, dans un milieu aisé mais peu attentif affective-
ment. Il interrompt ses études de médecine pendant un an pour travailler
dans une institution du type de Summer Hill, dans le Norfolk, où, sous
l’influence du directeur, John Alford, un vétéran de la Première Guerre
mondiale ayant aussi fait l’expérience de la psychanalyse, il observe les liens
entre les troubles du comportement et l’histoire des enfants. Il commence
en 1929 une analyse de sept années avec Joan Rivière, proche de Mélanie
Klein, mais qui ne semble pas avoir exercé une profonde influence sur lui
(Holmes, 1993). En 1938, une supervision avec Mélanie Klein elle-même
tourne court, la mère du jeune patient étant hospitalisée pour dépression.
L’absence d’intérêt de Klein pour l’état de la mère et son rôle possible dans
les troubles du garçon scandalise Bowlby. À la même période, Mélanie
Klein lui demande alors d’analyser son fils, ce que Bowlby acceptera mais
en résistant à l’insistance de Klein pour superviser cette analyse. La guerre
survient, qui évite une confrontation directe, laquelle n’en sera ensuite que
plus dure. Bowlby s’occupe, avec Winnicott, du suivi des enfants placés à la
campagne. En 1944, il publie son étude sur « 44 jeunes voleurs, leur person-
nalité et leur vie de famille ». En 1951, l’Organisation mondiale de la santé
(OMS) lui demande un rapport sur les enfants sans famille, un problème
majeur dans l’Europe de l’après-guerre. Bowlby part pour le continent et les
États-Unis. Il visite et rencontre entre autres Myriam David et Geneviève
Appel, seules Françaises avec Jenny Aubry à être citées dans son rapport
Maternal Care and Mental Health. Il y insiste sur l’abondance des faits étayant
La théorie de l’attachement : l’histoire et les personnages 5
Développements et polémiques
La théorie de l’attachement est dès lors sortie de l’espace géographique de
l’Angleterre et des États-Unis. Elle va également puiser dans d’autres théories
scientifiques, se dégageant de ses liens initiaux avec l’éthologie, les sciences
cognitives et la théorie de l’information. Elle se développe remarquablement
en pays de culture anglo-saxonne et beaucoup moins en pays de culture latine,
du moins dans ceux où l’influence psychanalytique est forte, sauf peut-être en
Italie. Mais ce développement n’est pas facile et s’émaille de remises en ques-
tions, de retours en arrière et de polémiques. Il est également pour Bowlby
et sa théorie l’occasion de nouvelles v alidations, de développements et aussi
de reconnaissance par ses pairs. Ce fut le cas avec la revue exhaustive et cri-
tique de Michael Rutter (1972) sur la théorie de l’attachement et le concept
de carence maternelle, qui conclut à sa validité. La Société britannique de
psychanalyse offre à Bowlby un hommage posthume et reconnaît et regrette,
dans une séance émouvante mais encore conflictuelle, son attitude d’exclu-
sion face à la théorie de l’attachement (Rayner, 1990). En France, le débat
s’ouvre grâce au « Colloque imaginaire », organisé par René Zazzo (1979),
auquel participent, parmi les psychanalystes, Daniel Widlöcher, plutôt parti-
san des thèses de Bowlby et qui proposera plus tard lui aussi un abandon de
la théorie des pulsions, Serge Lebovici, plus ambivalent mais qui reconnaît le
caractère novateur de la théorie et l’intérêt des modèles éthologiques, et Didier
Anzieu qui proposera sa théorie du moi-peau et l’idée d’une pulsion d’atta-
chement. Aux États-Unis, cependant, le débat est vif, avec des critiques sur la
validité de la Situation étrange (Lamb, Kagan), avec les milieux féministes sur
la question de la place de la mère et enfin à propos des effets de la crèche
sur la sécurité de l’attachement des enfants. Ce débat oppose vivement Jay
Belsky (2001) et Sandra Scarr. Il s’apaise, de façon relative, après une large
étude du National Institute of Mental Health (NIMH) qui va dans le sens de
l’innocuité du mode de garde collectif vis-à-vis de la sécurité de l’attachement ;
mais l’étude ne concerne évidemment que les crèches de bonne qualité. Un
autre débat concerne la validité transculturelle du concept d’attachement,
la valeur adaptative de l’attachement et l’empreinte de la culture sur ses systèmes
d’attachement, et sur les soins qui lui sont donnés (caregiving environment).
8 Grands concepts de la théorie de l’attachement
Références
Belsky, J. (2001). Developemental risks (still) associated with early child care. Journal
of Child Psychology and Psychiatry, 42, 845-860.
Bowlby, J. (1944). Fourty-four juvenile thieves: their character and home life. Inter-
national Journal of Psychoanalysis, 25, 107-127.
Bowlby, J. (1951). Maternal care and mental health. Genève: World Health Organization
monograph series.
Bowlby, J. (1988). Developmental psychiatry comes of ages. American Journal of Psychiatry,
145, 1-10 (Traduction: Pollack-Cornillot, M. Devenir, 1992, 4, 7-31).
Bretherton, I. (1995). The origins of attachment theory: John Bowlby and Mary
Ainsworth. In S. Goldberg, R. Muir, & J. Kerr (Eds.), Attachment theory. Social,
developmental and clinical perspectives. New York: The Analytic Press.
Hermann, H. (1972). Les instincts archaïques de l’homme. Paris: Denoël.
Holmes, J. (1993). John Bowlby & Attachment Theory. Londres: Routledge.
Karen, R. (1998). Becoming attached. New York: Oxford University Press.
Rayner, E. (1990). The independent mind in British psychoanalysis. Londres: Free Association
Books (Traduction: Wieder, C. (éd.). Paris: PUF; 1994).
Rutter, M. (1972). Maternal deprivation reassessed (2e édition). Londres: Penguin Books.
Zazzo, R. (1979). Le colloque sur l’attachement (2e édition). Neuchatel, Paris: Delachaux
& Niestlé.
2 Le concept de système
motivationnel : les
systèmes impliqués
dans le phénomène
de base de sécurité
N. Guédeney, C. Lamas
Le système motivationnel
Bowlby et Ainsworth ont bâti la théorie de l’attachement sur l’importance
des liens affectifs entre les êtres humains, en particulier entre le bébé et ceux
qui l’élèvent. Le développement prend place dans le contexte d’un réseau
complexe de « liens affectifs » dont fait partie le lien enfant-mère.
Ainsworth (1991) définit un lien affectif comme un lien durable avec un parte-
naire qui prend une importance particulière du fait qu’il devient unique et
non interchangeable. Bowlby (1969) s’appuie sur les travaux de Harlow qui
montre qu’il existe différents types de liens affectifs ayant des objectifs et
des issues différents. Il distingue ces liens affectifs par leur fonction biolo-
gique spécifique et décrit pour chacun d’eux un système comportemental
(ou système motivationnel ; Marvin et Britner, 2008).
La perspective évolutionniste
Pour Bowlby, sous l’influence de l’éthologie et de la théorie darwinienne
de l’évolution, les comportements associés à chacun des systèmes moti-
vationnels ont été sélectionnés sous la pression de l’évolution parce qu’ils
remplissaient une fonction biologique : celle d’assurer la survie de l’indi-
vidu jusqu’à l’âge adulte. L’environnement d’adaptétude évolutionniste est
celui dans lequel l’espèce humaine s’est développée : un bébé humain
est élevé par d’autres adultes, et en particulier sa mère. Cette perspective
évolutionniste est évidente dans les théorisations initiales de Bowlby. Le
système d’attachement a un avantage sélectif : la proximité qu’il permet
de garder auprès des figures adultes protectrices sert dans la lutte contre
les dangers de l’environnement. La perspective évolutionniste moderne a
complexifié l’approche initiale : ce qui est favorisé par l’évolution est la
survie des gènes sur deux générations. Comme nous le verrons dans le
chapitre 9, la qualité des liens d’attachement joue non seulement un rôle
dans la protection du petit mais aussi dans le développement optimal de ses
capacités de régulation psychophysiologique ainsi que dans le développe-
ment de la mentalisation.
Système exploratoire
Le deuxième système motivationnel, étroitement lié au système d’atta-
chement proprement dit, est le système exploratoire. Ces deux systèmes,
attachement et exploration, sont activés et désactivés par des signaux
antagonistes.
Ce système motivationnel a été particulièrement étudié par Bowlby
(1969). Grâce au système inné de l’exploration, l’enfant apprend sur son
environnement et développe des capacités qui seront importantes pour les
stades ultérieurs du développement. Ce système est lié à la maîtrise et à
la curiosité : le bébé est fortement attiré par la nouveauté ou par les traits
complexes de l’environnement, que celui-ci soit animé ou inanimé. Ce sys-
tème permet d’extraire l’information de l’environnement. Il se développe
surtout à partir de 7 mois, période qui correspond à la mise en place du
système d’attachement et à la constitution de figures d’attachement
spécifiques. Le système de l’exploration est légèrement décalé dans le temps
12 Grands concepts de la théorie de l’attachement
par rapport à l’attachement : si l’enfant va trop loin, soit la mère soit lui-
même concourent à rétablir la distance compatible avec un sentiment de
sécurité. L’enfant acquiert un système d’exploration plus élaboré du fait des
changements dans ses capacités de locomotion et dans ses processus cogni-
tifs : l’enfant acquiert la permanence de l’objet et la compréhension de la
fin et des moyens, sa capacité d’imitation se développe considérablement
ainsi que le registre conversationnel. La locomotion joue un rôle capital :
le bébé peut s’éloigner pour explorer et étendre ainsi considérablement
son horizon (Marvin et Britner, 2008). L’enfant risque alors davantage de
se placer en situation de danger, de frustration ou d’impuissance, liées en
particulier à l’apprentissage. Il peut aussi prendre à son propre compte le
contrôle de la proximité par rapport à sa figure d’attachement.
Ce système est immédiatement activé quand les systèmes d’attachement
et de vigilance sont désactivés et s’éteint quand ces derniers sont activés
trop intensément. La curiosité et l’exploration ont été particulièrement
étudiées comme constituant un des systèmes motivationnels qui parti-
cipent aux exigences de l’adaptétude évolutionniste. Elles permettent au
petit d’acquérir les compétences nécessaires pour améliorer ses chances de
survie. Il s’agit en particulier de développer sa capacité à compter sur soi,
de manière autonome et individuelle : la curiosité aide l’enfant à apprendre
et à comprendre son environnement.
Système peur-angoisse
Le système peur-angoisse correspond à la capacité à identifier et à s’adapter
à tout indice signalant la présence de choses effrayantes. Il s’agit donc de la
perception et de la réaction de l’enfant à une situation de danger. Avoir peur
de certains stimuli constitue un avantage pour la survie. Bowlby (1973)
décrit des indices naturels de danger qui, par leur présence, signalent un
risque accru de danger, même s’ils ne sont pas par eux-mêmes dangereux. Ce
sont par exemple les mouvements d’approche soudaine et excessive, le noir,
les bruits forts ou la solitude. Ces stimuli sont immédiats. D’autres apparais-
sent secondairement. Le système de vigilance partage avec le système d’atta-
chement les mêmes signaux activateurs, présents à la fin de la première
année, comme l’absence de la figure d’attachement, l’inconnu et le non
familier. Des stimuli environnementaux (les animaux, l’eau, l’obscurité)
contribuent au contrôle constant par l’enfant de la qualité sécurisante ou
effrayante de l’environnement. On revisite ainsi les phobies infantiles qui
devraient être plutôt considérées comme la trace de signaux universels
de danger. En activant le système d’alarme et, de manière simultanée, le
système d’attachement, ils provoquent chez l’enfant des réactions de sau-
vegarde et de recherche de protection qui donnent un avantage pour sa
survie. Ce système est lui aussi au service de la protection de l’enfant et en
lien étroit avec celui de l’attachement.
Le concept de système motivationnel... 13
Peur
La peur est au cœur de la théorie de l’attachement (Lyons-Ruth et
Spielman, 2004). Le vécu de peur traduit l’exposition du bébé à une menace
pour sa survie physique ou psychologique, que cette menace soit interne
ou environnementale. La peur constitue une des menaces maximales pour
l’homéostasie physiologique et psychologique du bébé : sa régulation est
donc une priorité dans le développement de celui-ci. Cela explique pourquoi
l’activation du système d’alarme-vigilance et du système d’attachement est
préemptive sur tous les autres systèmes, et la dynamique de l’attachement si
essentielle dans les premières années de la vie (Liotti, 2004).
Colère
La colère joue également un rôle important dans la réponse à une rupture
du lien d’attachement. Bowlby suggère que, lors d’une séparation tempo-
raire, la colère peut servir à motiver un enfant à surmonter les obstacles à la
réunion avec la figure d’attachement. Par sa colère, l’enfant communique
ses reproches et cherche à décourager sa figure d’attachement de recom-
mencer.
Tristesse
La tristesse accompagne le fait de réaliser que la figure d’attachement n’est
pas disponible et que les efforts pour tenter de rétablir cette accessibilité
ont échoué. La tristesse peut conduire au retrait et au désengagement, qui
peuvent avoir des effets de réorganisation sur les modèles internes opérants
(MIO).
Émotions positives
Les émotions positives les plus spécifiques de la théorie de l’attachement
sont le sentiment de sécurité (safety) lié à la proximité de la figure d’atta-
chement : c’est un état de détente, de bien-être et de confort, où tout est
sous contrôle. La proximité dans l’attachement est un indice externe spatial
qui renvoie à l’état intérieur de sécurité, qui est, lui, un état émotionnel
subjectif interne. C’est la double notion de proximité et de sécurité qui
définit l’objectif externe et interne du système d’attachement (Sroufe et
Waters, 1977).
Conclusion
La théorie de l’attachement se focalise sur le paradigme de la sécurité en
cas de détresse ou d’alarme. Elle apporte une vision développementale et
contextuelle du fonctionnement du sujet : quelles représentations mentales
l’être humain a-t-il constituées, tout au long de la vie, sur la façon dont
les figures importantes et proches autour de lui se comportent en cas de
besoin ? comment lui-même se perçoit-il comme suscitant l’attention et
l’aide et le réconfort de la part des autres en cas de détresse ? La théorie
Le concept de système motivationnel... 15
Références
Ainsworth, M. D. (1991). Attachments and other affectional bonds across the life
cycle. In C. M. Parkes, L. Stevenson-Hinde, & P. Marris (Eds.), Attachment across
the life cycle (pp. 33-51). London: Routledge.
Bowlby, J. (1969/1982). Attachment and loss. Vol. 1: Attachment. New York: Basic
Books.(Traduction: J. Kalmanovitch. Attachement et perte. Vol. 1: L’attachement.
Paris: PUF; 1978).
Bowlby, J. (1973). Attachment and loss. In Separation: anxiety and danger (Vol. 2).
New York: Basic Books (Traduction: B. de Panafieu. Attachement et perte. Vol. 2:
La Séparation. Angoisse et colère. Paris: PUF; 1978).
Bowlby, J. (1980). Attachment and loss. In Loss: sadness and depression (Vol. 3).
New York: Basic Books (Traduction: D. Weill, Attachement et perte. Vol. 3: La
Perte. Tristesse et dépression. Paris: PUF; 1984).
Bretherton, I. (1995). The origins of attachment theory. John Bowlby and Mary
Ainsworth. In S. Goldberg, R. Muir, & J. Kerr (Eds.), Attachment theory: social,
developmental and clinical perspectives (pp. 45-84). London: The Analytic Press.
Hilburn-Cobb, C. (2004). Adolescent psychopathology in terms of multiple beha-
vioral systems: The role of attachment and controlling strategies and frankly
disorganized behavior. In L. Atkinson, & S. Goldberg (Eds.), Attachment issues
in psychopathology and intervention (pp. 95-134). New Jersey: Lawrence Erlbaum
Associates.
Hinde, R. A. (2005). Ethology and attachment theory. In K. E. Grossmann,
K. Grossmann, & E. Waters (Eds.), Attachment from infancy to adulthood, the
major longitudinal studies (pp. 1-12). New York: The Guilford Press.
Lichtenberg, J. D., Lachmann, F. M., & Fosshage, J. L. (1992). Self and motivational
systems. Toward a theory of psychoanalytic technique. London: The Analytic Press.
Liotti, G. (2004). Trauma, dissociation and disorganized attachment: Three strands
of a single braid. Psychotherapy : Theory, Research, Practice, Training, 41, 472-486.
Lyons-Ruth, K., & Spielman, E. (2004). Disorganized infant attachment strategies
and helpless-fearful profiles of parenting: Integrating attachment research with
clinical intervention. Infant Mental Health Journal, 25, 318-335.
Marvin, R. S., & Britner, P. A. (2008). Normative development. The ontogeny of
attachement. In J. Cassidy, & P. R. Shaver (Eds.), Handbook of attachment: theory,
research and clinical applications (2nd edition, pp. 269-294). New York: Routledge.
Solomon, J., & George, C. (1999). The place of disorganization in attachment theory:
linking classic observations with contemporary findings. In J. Solomon, & C.
George (Eds.), Attachment disorganization (pp. 3-32). New York: The Guildford
Press.
Sroufe, L. A., & Waters, E. (1977). Attachment as an organizational construct. Child
Development, 48, 1184-1199.
3 Le système
des soins parentaux
pour les jeunes enfants,
le caregiving
Ontogenèse du caregiving
Le développement du système de caregiving est le produit d’une transaction
complexe entre de nombreux éléments biologiques et environnementaux
(Belsky, 1999). Nous nous appuierons sur la description détaillée de George
et Solomon (1999, 2008).
Le système de caregiving se manifeste à partir de 2-3 ans sous des formes
immatures et non fonctionnelles : jouer à la maman (surtout chez les filles),
s’occuper de petits animaux, de bébés, de poupées. Ces jeux sont influencés
par l’expérience des soins parentaux, qui aident l’enfant à développer un
sens du soin et des représentations de donner des soins. Les modèles fami-
liaux jouent un rôle crucial dans le développement du caregiving pendant
la petite enfance et l’enfance. Le déclenchement de la puberté semble
jouer un rôle dans le développement du système de caregiving : la poussée
hormonale pourrait initier la transition chez l’être humain vers un sys-
tème de caregiving mature. Sur le plan des représentations, cette transition
implique une évolution de la perspective de l’enfance (« être attaché à »)
vers la perspective adulte (« protéger l’autre »). Cette transition est aussi
influencée par l’expérience antérieure et le contexte culturel. Solomon et
George (1996) suggèrent que la construction des MIO du système du caregiving
22 Grands concepts de la théorie de l’attachement
de danger ; cela même lorsque la mère travaille et n’est pas plus présente
que le père (Lamb, 1996). Ainsworth avait déjà remarqué que l’attachement
des enfants au père n’était pas proportionnel au temps passé ensemble, et pen-
sait que l’interaction avec lui avait quelque chose de spécifique (Grossmann
et al., 2008). Dans la recherche sur l’attachement, les comportements
associés à la sensibilité, telle qu’elle a été définie pour les mères, n’ont pas
prédit la sécurité de l’attachement vis-à-vis des pères lors de la S ituation
étrange. Mais on sait que les instruments de mesure de la sécurité de
l’attachement ont été d’abord construits autour de la relation mère-enfant
(voir chapitre 21).
Sans caricaturer les rôles parentaux, il semble que la mère — souvent
la figure d’attachement principale du fait de sa présence plus continue
et plus proche physiquement auprès de l’enfant dans les premiers mois
(Ainsworth, 1978) — puisse favoriser le développement d’un sentiment de
sécurité chez l’enfant en encourageant la proximité en cas de détresse. De
son côté, le père, à travers les jeux stimulants souvent excitants et plus
physiques qu’il pratique avec son enfant, soutient celui-ci à se risquer vers
l’inconnu, et joue ainsi un rôle déterminant dans le développement de
ses capacités à explorer : les échanges avec le père favorisent également chez
l’enfant le développement du sentiment de sécurité, mais préférentielle-
ment lors de l’exploration, en soutenant l’apprentissage de la résolution
de problèmes, le développement d’aptitudes à la compétition et à faire face
aux conflits de manière socialisée. L’enfant pourrait alors acquérir une cer-
taine affirmation de soi qui favorise l’adaptation (Grossmann et al., 2008).
Parke et al. (2004), cités par Grossmann et al. (2008), soulignent aussi le rôle
capital du père dans les jeux plus excités avec son enfant, à la fois soutenant
son exploration et l’aidant à réguler cette « désorganisation » introduite par
l’abord de l’inconnu.
Le caregiving paternel semble moins jouer sur le développement émotion-
nel de l’enfant que le caregiving maternel (Steele et al., 1996), qui favorise
la compréhension et la résolution des conflits internes, mais il aurait plus
d’influence sur le contrôle des émotions, et la régulation et la résolution des
conflits émotionnels liés aux échanges interpersonnels, notamment avec
les pairs et la fratrie (Steele et Steele, 2005).
Les caractéristiques de la sensibilité du père pourraient concerner le
soutien émotionnel de l’enfant, les encouragements, la prévenance, les
éloges, la non-intrusivité dans l’exploration (voir la SCIP au chapitre 21, et
Grossmann et al., 2008).
L’implication des pères dans le caregiving est associée au souvenir de leurs
propres expériences d’attachement comme enfants et à l’importance qu’ils
prêtent à ces expériences : on constate alors plus de chaleur, de sensibilité
lors des jeux, de proximité, de responsabilité dans le soin, d’attention à la
sécurité, et plus de mises au défi sensibles chez les pères quand l’enfant a
26 Grands concepts de la théorie de l’attachement
Conclusion
Le système motivationnel du caregiving est de mieux en mieux connu.
Prendre soin de l’autre dans les dimensions de protection, de consolation et
de soutien à l’exploration est une tâche extrêmement complexe qui est bien
différente du simple fait d’aimer son enfant. Si les signaux exprimant la
détresse de l’enfant activent le système de caregiving, ce qui se passe ensuite
reste fortement influencé par les représentations mentales du parent. La
dynamique complexe du caregiving (facteurs biologiques, facteurs psycholo-
giques, facteurs environnementaux et culturels) ainsi que ses relations avec
les autres systèmes motivationnels ouvrent la voie à de nombreuses appli-
cations cliniques et à une meilleure compréhension de certaines difficultés
de la parentalité.
Références
Ainsworth, M. S., Blehar, M. C., Waters, E., et al. (1978). Patterns of attachment.
Hillsdale: Erlbaum.
Belsky, J. (1999). Interactional and contextual determinants of attachment security.
In J. Cassidy, & P. R. Shaver (Eds.), Handbook of attachment: theory, research and
clinical applications (pp. 151-173). New York: The Guilford Press.
Bowlby, J. (1988). A secure base. London: Routledge.
Le système des soins parentaux pour les jeunes enfants, le caregiving 27
Britner, P. A., Marvin, R. S., & Pianta, R. C. (2005). Development and preliminary
validation of the caregiving behavior system: Association with child attach-
ment classification in the preschool strange situation. Attachment & Human
Development, 7, 83-102.
Carter, C. S. (2005). Biological perspectives on social attachment and bonding. In
C. S. Carter, L. Ahnert, K. E. Grossmann et al.,(Eds.), Attachment and bonding:
A new synthesis (pp. 85-100). Cambridge, London: The MIT Press & Dalhem
University Press.
Cassidy, J., Woodhouse, S. S., Cooper, G., et al. (2005). Examination of the pre-
cursors of infant attachment security. In L. J. Berlin, Y. Ziv, L. Amaya-Jackson
et al.,(Eds.), Enhancing early attachment theory, research, intervention and policy (pp.
34-60). New York: The Guildford Press.
Cassidy, J. (1999). The nature of the child ties. In J. Cassidy, & P. R. Shaver (Eds.),
Handbook of attachment: theory, research and clinical applications (pp. 3-20).
New York: The Guilford Press.
Cohn, D. A., Cowan, P. A., Cowan, C. P., et al. (1992). Mothers’ and fathers’
working models of childhood attachment relationships, parenting styles and
child behaviour. Development and Psychopathology, 4, 417-431.
Cowan, P. A., & Pape Cowan, C. (2009). Couple relationships. A missing link between
adult attachment and children’s outcomes. Attachment & Human Development,
11, 1-4.
Debiec, J. (2005). Peptides of love and fear, vasopressin and oxytocin modulate the
integration of information in amygdala. Bioessays, 27, 869-873.
Dozier, M., & Lindhiem, O. (2006). This is my child: Differences among foster parents
in commitment to their young children. Child Maltreatment, 11, 338-345.
Fonagy, P., Gergely, G., Jurst, M., et al. (2002). Affect regulation, mentalisation and
the development of the self. New York: Other Press.
George, C., & Solomon, J. (1996). Representational models of relationships, links
between caregiving and attachment. Infant Mental Health Journal, 17, 198-216.
George, C., & Solomon, J. (1999). Attachment and caregiving: The caregiving
behavioral system. In J. Cassidy, & P. R. Shaver (Eds.), Handbook of attachment:
theory, research and clinical applications (pp. 649-670). New York: The Guilford
Press.
George, C., & Solomon, J. (2008). The caregiving system: a behavioral systems
approach to parenting. In J. Cassidy, & P. R. Shaver (Eds.), Handbook of attach-
ment: theory, research and clinical applications (2nd edition, pp. 833-856).
New York: The Guilford Press.
Grossmann, K., Grossmann, K. E., Fremmer-Bombik, E., et al. (2002). The uniqueness of
the child-father attachment relationship: Fathers’ sensitive and challenging play as
a pivotal variable in a 16-year longitudinal study. Social Development, 11, 307-331.
Grossmann, K., Grossmann, K. E., & Kindler, H. (2005). Early care and the roots
of attachment and partnership representations. In K. E. Grossmann, K. Gross-
mann, & E. Waters (Eds.), Attachment from infancy to adulthood, the major longitu-
dinal studies (pp. 98-136). New York: The Guilford Press.
Grossmann, K., Grossmann, K. E., Kindler, H., et al. (2008). A new view of attach-
ment and exploration. The influence of mothers and fathers on the develop-
ment of psychological security from infancy to young childhood. In J. Cassidy,
& P. Shaver (Eds.), Handbook of attachment: theory, research and clinical applications
(2nd edition, pp. 857-879). New York: The Guilford Press.
28 Grands concepts de la théorie de l’attachement
Schoppe-Sullivan, S. J., Diener, M. L., Mangelsdorf, S. C., et al. (2006). Attachment and
sensitivity in family context: The roles of parent and infant gender. Infant
and Child Development, 15, 367-385.
Schuengel, C., Bakermans-Kranenburg, M. J., & Van IJzendoorn, M. H. (1999).
Frightening maternal behavior linking unresolved loss and disorganized infant
attachment. Journal of Consulting and Clinical Psychology, 67, 54-63.
Sears, W., & Sears, M. (2001). The attachment parenting book. A commonsense guide to
understanding and nurturing your baby. New York: Little, Brown And Company.
Slade, A. (2005). Parental reflective functioning: an introduction. Attachment &
Human Development, 7, 269-281.
Solomon, J., & George, C. (1996). Defining the caregiving system. Toward a theory of
caregiving. Infant Mental Health Journal, 17, 183-197.
Steele, H., Steele, M., & Fonagy, P. (1996). Associations among attachment classifi-
cations of mothers, fathers, and their infants. Child Development, 67, 541-555.
Steele, H., & Steele, M. (2005). Understanding and resolving emotional conflict. In
K. E. Grossmann, K. Grossmann, & E. Waters (Eds.), Attachment from infancy
to adulthood, the major longitudinal studies (pp. 137-164). The Guilford Press:
New York.
Tops, M., Van Peer, J. M., Korf, J., et al. (2007). Anxiety, cortisol, and attachment
predict plasma oxytocin. Psychophysiology, 44, 444-449.
Van IJzendoorn, M. H., & DeWolff, M. S. (1997). In search of the absent father:
meta analyses on infant father attachment. A rejoinder to our discussants.
Child Development, 63, 840-858.
4 Attachement et système
affiliatif : les liens d’amitié
L’homme est destiné à nouer des liens avec son entourage ; c’est un animal
social et ceci depuis les premiers temps de son évolution. Très tôt, les
êtres humains se sont associés pour chasser et se sont rassemblés en petits
groupes sur un même territoire, ce qui avait comme vertu de leur donner
plus de chances de survie dans un monde hostile. Constituer des groupes
sociaux est donc une caractéristique commune à l’ensemble des êtres
humains, même si certains sont plus aptes que d’autres à instaurer des
relations sociales satisfaisantes. Le tempérament joue probablement un
rôle dans cette propension à nouer des liens, mais cette aptitude dépend
aussi de l’environnement dans lequel l’individu a grandi.
Ces relations de compagnonnage deviennent alors l’occasion pour les
individus de moments de jeux, de partage, d’altruisme et de mutualité. Les
amis se reconnaissent d’ailleurs à leur familiarité, aux plaisanteries parta-
gées et à tout un langage infraverbal qui leur est propre.
Bowlby (1973) comme Ainsworth (1989) postulent ainsi que les relations
avec les pairs reflètent le style d’attachement élaboré lors des premiers
échanges avec les parents, distinguant bien, malgré leur intrication, les
liens d’attachement des liens affiliatifs.
Stratégies de minimalisation
et de maximisation (Main, 1990) :
leurs influences sur les relations
affiliatives
On peut comprendre aussi l’influence de la qualité de l’attachement sur les
relations avec les pairs à partir des stratégies relationnelles. Ces stratégies se
sont constituées en fonction de la sensibilité du caregiver aux besoins de son
enfant et elles affectent les relations de l’enfant avec ses pairs.
Les enfants ambivalents-résistants usent de stratégies de maximalisation
qui reflètent de façon exacerbée leur besoin de soin et d’attention, leur vul-
nérabilité et leur désir de trouver des amis. Cette attitude engendre souvent
en retour rejet et négligence de la part des pairs.
Les enfants évitants, quant à eux, peuvent se montrer hostiles, agres-
sifs, refusant les échanges positifs avec les pairs (Cassidy et Berlin, 1994 ;
Sroufe et al., 2005). Ils usent alors de stratégies de minimalisation de
l’attachement ; ils se présentent comme indépendants, imbus d’eux-
mêmes. Cette attitude aussi occasionne du rejet ; ce sont des enfants qui
s’aliènent fréquemment leurs pairs.
Ces considérations sont étayées par l’étude longitudinale auprès des
1 060 participants du NICHD (Mc Elwain et al., 2003) sur les liens entre
attachement mère-enfant précoce et amitié à 3 ans :
• les enfants évitants usent plus facilement de comportements agressifs
(tels qu’arracher un jouet) que les sécures ou les ambivalents ;
• les amis des enfants désorganisés (en réponse au manque de stratégie
de ces enfants ?) sont plus péremptoires ou contrôlants que les amis des
enfants sécures ou insécures évitants et ambivalents.
Un certain nombre d’études reposant sur les autoévaluations par les
enfants de leurs relations avec leurs amis et leurs pairs étayent ces résultats.
Ainsi, deux recherches longitudinales du lien entre attachement et solitude
mettent en évidence une association entre le fait d’avoir un style d’atta-
chement ambivalent et un sentiment de solitude chez les enfants de 5 ans
(Berlin et al., 1995 ; Raikes et Thompson, 2008).
Dans l’étude sur les enfants allemands (Grossmann et Grossmann, 1991),
à 10 ans, ceux préalablement identifiés comme sécures nommaient un
certain nombre d’amis tandis que les enfants insécures (essentiellement
évitants, 83 %) arguaient avoir beaucoup d’amis sans pouvoir les nommer.
Ce décalage entre les allégations et l’absence de corroboration de leurs
dires ressemble au discours idéalisant de certains adultes reconnus comme
« dismissing » à l’Adult Attachment Interview (état d’esprit actuel « déta-
ché »). Ces adultes décrivent leurs expériences en généralisations positives
mais ne parviennent pas à donner d’exemples spécifiques, et donnent
36 Grands concepts de la théorie de l’attachement
Conclusion
Ainsi, l’amitié apparaît comme un besoin fondamental pour tout être
humain. Ces relations reposent sur le bon vouloir de chacun et, à ce titre,
nécessitent une grande capacité de négociation pour être maintenues. Si
Attachement et système affiliatif : les liens d’amitié 41
ces conditions ne sont pas réunies, libre à chacun alors de mettre fin à
cette relation, ce qui n’est évidemment pas vrai des liens d’attachement. Il
reste encore de nombreuses pistes à explorer pour mieux comprendre les
mécanismes en jeu et leurs intrications avec divers aspects de la psychopa-
thologie, tels que la psychopathie (Bora et al., 2009).
Références
Ainsworth, M. D. (1989). Attachements beyond infancy. American Psychologist,
44, 709-716.
Ainsworth, M. (1991). Attachments and others affectional bonds across the life cycle.
In C. Murray Parkes, J. Stevenson-Hinde, & P. Marris (Eds.), Attachment across the
life cycle. (2007). Routledge.
Bandura, A. (1976). Social learning theory. Englewood Cliffs, NJ: Prentice Hall.
Bowlby, J. (1973). Attachment and loss. In Separation: anxiety and danger (Vol. 2).
New York: Basic Books (Traduction: B. de Panafieu. Attachement et perte. Vol. 2:
La Séparation. Angoisse et colère. Paris: PUF; 1978).
Belsky, J., & Fearon, R. M. (2002). Infant-mother attachment security, contextual risk,
and early development: a moderation analysis. Development and Psychopathology,
14, 293-310.
Belsky, J., & Volling, B. (1992). The contribution of mother child and father child
relationships to the quality of sibling interaction. A longitudinal study. Child
Development, 63, 1209-2122.
Berlin, L., & Cassidy, J. (1999). Relations among relationships. Contribution from
attachment theory and research. In J. Cassidy, & P. Schavers (Eds.), Handbook
of attachment: theory, research and clinical applications (pp. 688-712). New York:
Guilford Press.
Berlin, L. J., Cassidy, J., & Appleyard, K. (2008). The influence of early attachments on
other relationships. In J. Cassidy, & P. Schavers (Eds.), Handbook of attachment:
theory, research and clinical applications (pp. 333-347). New York: Guilford Press.
Berlin, L. J., Cassidy, J., & Belsky, J. (1995). Loneliness in young children and infant-
mother attachment: a longitudinal study. Merrill-Palmer Quarterly, 41, 91-103.
Booth, C. L., Rubin, K. H., & Rose-Krasnor, L. (1998). Perceptions of emotional sup-
port from mother and friend in middle childhood: links with social-emotional
adaptation and preschool attachment security. Child Development, 69, 427-442.
Bora, E., Murat, Y., & Allen, N. (2009). Neurobiology of human affiliative behaviour:
implications for psychiatric disorders. Current Opinion in Psychiatry, 22, 320-325.
Bost, K. K., Vaughn, B. E., Newell Washington, W., et al. (1998). Social competence, social
support and attachment: demarcation of construct domains, measurement, and
paths of influence for preschool children attending Head Start. Child Development,
69, 192-218.
Brody, G. (1998). Sibling relationship quality: its causes and consequences. Annual
Review of Psychology, 1.
Buhrmester, D., & Furman, W. (1986). The changing functions of friends in childhood.
In V. J. Derlega, & B. A. Winstead (Eds.), Friendship and social interaction (pp. 41-62).
New York: Springler-Verly.
Buhrmester, D., & Furman, W. (1987). The development of companionship and inti-
macy. Child Development, 58, 1101-1113.
42 Grands concepts de la théorie de l’attachement
Buhrmester, D., & Prager, K. (1995). Patterns and functions of self disclosure during
childhood and adolescence. In K. J. Rotenberg (Ed.), Disclosure processes in chil-
dren and adolescents (pp. 10-56). New York: Cambridge University Press.
Carlson, E. A., Sroufe, L. A., & Egeland, B. (2004). The construction of experience: A
longitudinal study of representation and behavior. Child Development, 75, 66-83.
Cassidy, J., & Berlin, L. J. (1994). The insecure ambivalent pattern of attachment:
theory and research. Child Development, 65, 971-991.
Cassidy, J., & Berlin, L. J. (1999). Understanding the origins of childhood lone-
liness: contributions of attachment theory. In K. J. Rotenberg, & S. Hymel
(Eds.), Loneliness in childhood and adolescence (pp. 34-55). New York: Cambridge
University Press.
Cassidy, J., Kirsh, S., Scolton, K. L., et al. (1996). Attachment and representation of
peers. Developmental Psychology, 32, 892-904.
Cicirelli, V. (1982). Sibling influence throughout lifespan. In M. E. Lamb, & B.
Sutton-Smith (Eds.), Sibling relationships: Their nature and significance across the
lifespan (pp. 267-284). Hillsdale, NJ: Lawrence Erlbaum Associates.
Dunn, J. (1985). Brothers and sisters (p. 182). Massachusetts: Harvard University Press.
Elicker, J., Englund, M., & Sroufe, L. A. (1992). Predicting peer competence and peer
relationships in childhood from early parent-child relationships. In R. D. Parke,
& G. W. Ladd (Eds.), Family-peer relationships: Modes of linkages (pp. 77-106).
Hillsdale, NJ: Erlbaum.
Feldman, R (2012). Oxytocin and social affiliation in humans. Hormones and
Behavior, 61, 380-391.
Fonagy, P. (2004). Théorie de l’attachement et psychanalyse. Ramonville Saint-Agne:
Érès.
Fonagy, P., Gergely, G., & Target, M. (2008). Psychoanalitic constructs and attach-
ment theory and research. In J. Cassidy, & P. R. Shaver (Eds.), Handbook of
attachment (2nd edition, pp. 783-810). New York: The Gilford Press.
Furman, W. (1999). Friends and lovers: the role of peer relationships in adoles-
cent romantic relationships. In W., Collins, B., Laursen, (Eds.), Relationships as
developmental contexts (Vol.30; pp. 133-154). The 30th Minnesotta Symposia on
child development. Hillsdale, NJ: Erlbaum.
Furman, W., & Buhrmester, D. (2009). The network of relationships inventory:
Behavioral systems version. International Journal of Behavioral Development,
33(5), 470-478.
Gottman, J. M. (1983). How children become friends. Monographs of the Society for
Research in Child Development, 48, 1-82.
Grossmann, K. E., & Grossmann, K. (1991). Attachment quality as an organizer of
emotional and behavioral responses in a longitudinal perspective. In C. M.
Parkes, J. Stevenson-Hide, & P. Marris (Eds.), Attachment across the life cycle
(pp. 93-114). New York: Routledge.
Howe, N., et al. (2001). Siblings as confidents: Emotional understanding, relations-
hip warmth and sibling self disclosure. Social Development, 10, 439-454.
Kerns, K. A. (1994). A longitudinal examination of links between mother-child
attachment and children’s friendships in early childhood. Journal of Social and
Personal Relationships, 11, 379-381.
Lewis, M., & Feiring, C. (1989). Early predictors of children’s friendships. In T. J.
Berndt, & G. W. Ladd (Eds.), Peer relationships in child development (pp. 246-273).
New York: Wiley.
Attachement et système affiliatif : les liens d’amitié 43
Lewis, M., Young, G., Brooks, J., et al. (1975). The beginning of friendship. In R.
Lewis, & A. Nash (Eds.), Friendships and peer relations (pp. 27-66). New York: The
Guilford Press.
Lieberman, A. F. (1977). Preschoolers’ competence with a peer: Relations with attachment
and peer experience. Child Development, 48, 1277-1287.
Lyons-Ruth, K. (1999). The two person unconscious: Intersubjective dialogue, enac-
tive relational representation, and the emergence of new forms of relational
organization. Psychoanalitic Inquiry, 19, 576-617.
Main, M. (1990). Cross-cultural studies of attachment organization: Recent studies,
changing methodologies, and the concept of conditional strategies. Human
Development, 33, 48-61.
Marrone, M. (2003). Attachment and intersubjectivity. London: WHURR Publishers Ltd.
Mc Elwain, N. L., Cox, M. J., Burchinal, M. R., et al. (2003). Differentiating among
insecure mother-infant attachment classifications: a focus on child-friend inter-
actions and exploration during solitary play at 36 months. Attachment and
Human Development, 5, 136-164.
Milevsky, A. (2011). Sibling relationships in childhood and adolescence. Predictors and
outcomes. Columbia University Press.
Nash, A. (1988). Ontogeny, phylogeny, and relationships. In J. Cassidy, & P. Schavers
(Eds.), Handbook of attachment: theory, research and clinical applications (pp. 121-
141). New York: Guilford Press.
National Research Council – Youth and Families Board on Children, Committee on
Integrating the Science of Early Childhood Development. (2000). From neurons
to neighbourhoods: the science of early childhood development. Washington DC:
National Academic Press.
NICHD Early Child Care Research Network. (2006). Child-care effect sizes for the
NICHD study of early child care and youth development. American Psychologist,
61, 99-116.
Pallini, S., Baiocco, R., Schneider, B., et al. (2014). Early child-parent attachment and
peer relations: A meta-analysis of recent research. Journal of Family Psychology,
28, 118-123.
Panish, J. B., & Sticker, G. (2001). Parental marital conflict in chilhodd and influence
on adult sibling relationships. Journal of Psychotherapy in Independent Practice, 2,
3-16.
Pierrehumbert, B., Iannotti, R. J., Cummings, E. M., et al. (1989). Social functio-
ning with mother and peers at 2 and 5 years: the influence of attachment.
International Journal of Behavioral Development, 12, 85-100.
Raikes, H. A., & Thompson, R. A. (2008). Attachment security and parenting qua-
lity predict children’s problem-solving, attributions, and loneliness with peers.
Attachment and Human Development, 10, 19-44.
Recchia, H., & Howe, N. (2009). Associations between social understanding, sibling
relationship quality and siblings’ conflict strategies and outcomes. Child
Development, 80, 1564-1578.
Rosenthal, N., & Kobak, R. (2010). Assessing adolescents’ attachment hierarchies:
Differences across developmental periods and associations with individual
adaptation. Journal of Research on Adolescence, 20, 678-706.
Rubin, Z. (1973). Liking and loving. New York: Holt, Rinehart & Winston.
Schneider, B. H., Atkinson, L., & Tardif, C. (2001). Child-parent attachment and children’s
peer relations: a quantitative review. Developmental Psychology, 37, 86-100.
44 Grands concepts de la théorie de l’attachement
Sroufe, L.A., Egeland, B., Carlson, E.A. (1999). One social world: The integrated deve-
lopment of parent-child and peer relationships. In W. Collins, B. Laursen (Eds).
Relationships as developmental contexts (Vol. 30). 30th Minnesota symposium on
child psychology. (p. 241-61). Hillsdale, NJ: Erlbaum.
Sroufe, L. A., Egeland, B., Carlson, E. A., et al. (2005). The development of the person:
The Minnesota study of risk and adaptation from birth to adulthood. New York:
Guilford Press.
Steinberg, L., & Silverberg, S. B. (1986). The vicissitudes of autonomy in early
adolescence. Child Development, 57, 841-851.
Stewart, R., & Marvin, R. (1984). Sibling relations: The role of conceptual perspective-
taking in the onogeny of sibling caregiving. Child Development, 55, 1322-1332.
Youngblade, L. M., & Belsky, J. (1992). Parent-child antecedents of 5 year olds’ close
friendships: a longitudinal analysis. Developmental Psychology, 28, 700-713.
Youngblade, L. M., Park, K., & Belsky, J. (1993). Measurement of young children’s
close friendships: A comparison of two independent assessment systems and
their associations with attachment security. International Journal of Behavioral
Development, 16, 563-587.
Zeifman, D., & Hazan, C. (2008). Pair bonds as attachments. Reevaluating the
evidence. In J. Cassidy, & P. Shaver (Eds.), Handbook of attachment: theory, research
and clinical applications (2nd edition, pp. 436-455). New York: Guilford Press.
Ziv, Y., Oppenheim, D., & Sagi-Schwartz, A. (2004). Social information processing
in middle childhood: Relations to infant-mother attachment. Attachment and
Human Development, 6, 327-348.
5 Les modèles internes
opérants dans la théorie
de l’attachement : le niveau
des représentations
Pour Main (Main et al., 1985), les MIO dirigent les sentiments, les compor-
tements, l’attention, la mémoire et l’activité cognitive en général, dès lors
que les informations ou les expériences qui sont vécues se rapportent
directement ou indirectement au système d’attachement. Il s’agit donc
de toute situation de détresse ou de danger, réel ou imaginaire, interne ou
externe. Ces schémas cognitivo-affectifs sont un ensemble de « règles »
conscientes et inconscientes qui fournissent au bébé une base d’inter-
prétation des événements relationnels et qui guideront la vie affective du
sujet avec ses proches, y compris ses propres enfants, dès que le contexte
est une situation sollicitant le système d’attachement. Un MIO représente
un patron (template) de ce que l’enfant pense qu’il faut raisonnablement
attendre des autres et ce qu’on peut leur montrer en situation attachement-
pertinente.
Le contenu des modèles internes représente ce que la personne sait sur les
relations. Il s’agit d’un savoir factuel — information actuelle relative à son
propre comportement d’attachement ou à ceux des autres — et d’un savoir
émotionnel — sentiments liés aux relations (Crittenden, 1990).
Pour Collins et Read (1994), les MIO ont quatre composantes en inter-
action :
• les souvenirs des expériences de la relation d’attachement ;
• les croyances, attitudes et attentes à propos du soi et des autres dans la
relation d’attachement ;
• les objectifs, stratégies et besoins liés à l’attachement ;
• les plans en lien avec les objectifs de la relation d’attachement.
Les caregivers jouent un rôle très important sur le développement pré-
coce de ces modèles internes (Oppenheim et Waters, 1995). La qualité
du soin fourni et celle de l’interprétation des expériences proposées lors
des échanges verbaux avec l’enfant jouent un rôle essentiel. Dans la
suite des intuitions de Bowlby, Bretherton et Munholland (1999) insis-
tent sur l’importance de la communication verbale et non verbale des
figures d’attachement sur l’organisation et le maintien des représentations
d’une relation d’attachement, qu’elle soit sécure ou insécure. La qualité
de la relation de l’enfant avec son caregiver et la nature de ses modèles
internes sont déterminées par l’évaluation émotionnelle de ce caregiver et
par sa capacité de réponse aux besoins de l’enfant (Collins et Read, 1994).
Un modèle dynamique du soi comme digne de valeur et d’intérêt et
compétent est construit sur base d’un modèle dynamique de l’autre (la
figure d’attachement) comme étant émotionnellement disponible, et éga-
lement comme soutenant l’activité exploratoire. Un modèle interne de
soi comme sans valeur et incompétent se construit dans le contexte d’un
modèle dynamique de l’autre (la figure d’attachement) comme rejetant ou
ignorant les besoins d’attachement et/ou en interférant dans l’exploration
(Sroufe et Feeson, 1986).
Les modèles internes opérants dans la théorie de l’attachement... 47
La question de la stabilité
Le modèle de Bowlby
À partir des travaux en embryologie développementale, Bowlby (1973)
développe sa théorie de l’attachement comme pouvant prédire et la stabilité
et le changement. Dans le contexte du développement de la personnalité,
une fois qu’une trajectoire a été établie, un certain nombre de processus dits
homéorhétiques maintiennent le sujet sur cette trajectoire. Pour Bowlby
(1973), trois classes de mécanismes homéorhétiques poussent à la stabilité :
• les transactions personne-environnement se contraignent mutuelle-
ment ; il y a donc peu de risque que les modèles soient mis au défi dans le
développement ;
• il y a une diminution de la sensibilité des modèles de travail aux influences
environnementales dans le temps (perspective épigénétique) ;
• l’établissement de représentations stables des expériences d’attachement
(les prototypes) sert de fondation aux expériences ultérieures (assimilation).
Pour Bowlby (1979), plus les émotions étaient intenses, plus il y avait de
risques que les modèles de travail les plus anciens et les plus automatiques
dominent. Bowlby (1969/1982) évoque aussi une ouverture des représenta-
tions d’attachement à la révision, en fonction des expériences vécues par
le sujet. Les périodes de changement qui impactent le caregiving obligent le
sujet à changer de trajectoire (accommodation).
chez l’adulte dont l’accessibilité est variable selon le contexte, entraîne des
changements temporaires des patterns d’attachement captés.
Actuellement, deux approches principales tentent d’expliquer à la fois la
stabilité et le changement :
• la théorie prototypique développe la position de Bowlby sur les trajec-
toires de développement et se fonde sur les travaux de Fraley (2004). Deux
types de MIO déterminent le pattern d’attachement d’un individu à une
période donnée du développement : les modèles actuels de travail et les
modèles précoces prototypiques. Les modèles actuels de travail peuvent être
révisés et actualisés tout au long du développement grâce aux expériences
pertinentes quant à l’attachement vécues par le sujet et qui peuvent être
différentes des expériences antérieures et du savoir existant. Cependant, le
modèle de travail prototypique qui s’est construit dans les premières années
continue d’exister et d’exercer une influence qui modèle les patterns d’atta-
chement tout au long de la vie ;
• la théorie révisionniste de Fraley et Brumbaugh (2004) prône le chan-
gement continu avec un changement permanent en fonction de l’adapta-
tion à un nouveau contexte. Elle est appuyée par la récente méta-analyse
de Pinkart (2013), que nous détaillerons, qui a cependant une limitation
majeure : les mesures se font uniquement sur les modèles accessibles lin-
guistiquement, en situation de stress léger.
Ce qui est actuellement certain c’est la complexité de la trajectoire
développementale de l’attachement, depuis la petite enfance jusqu’à l’âge
adulte, qui n’est jamais simple ni directe. L’attachement chez l’adulte
s’enracine dans les expériences précoces de l’enfance avec les parents et
dans les modèles prototypiques précoces. Il est aussi affecté par les expé-
riences pertinentes quant à l’attachement vécues tout au long de la vie ainsi
que par un large spectre de facteurs contextuels qui modèrent les effets
des expériences internalisées. Cette vision intégrative explique pourquoi
la stabilité est possible mais n’affirme aucunement que cette stabilité serait
plutôt la règle que l’exception. Pour Fraley et Brumbaugh, (2004), les idées
de Bowlby sur la stabilité et le changement nécessitent d’être nuancées et
complexifiées. Les patterns d’attachement précoces ont des effets durables
tout au long de la vie tout en ne montrant qu’un faible degré de stabilité
sur le temps.
Deux études récentes sont particulièrement intéressantes. L’étude longi-
tudinale de Fraley et al. (2013) trouve une association relativement faible
entre la qualité de la relation parent-enfant et le style d’attachement (à
peu près r = 0,10). Les antécédents tels que la sensibilité maternelle pré-
coce, les changements dans la sensibilité maternelle, l’absence du père, les
compétences sociales précoces et changeantes, et la qualité de la relation
au meilleur ami ne comptent que pour 29 % de la variance lorsqu’on étu-
die l’évitement global, ce qui plaide pour d’autres influences tout au long
52 Grands concepts de la théorie de l’attachement
La question de la prédictivité
Elle s’inscrit dans une perspective développementale : le développe-
ment est considéré comme non linéaire, hiérarchisé et à multifacettes
(Thompson, 2008). L’attachement n’est pas la seule influence vitale sur
le développement, même dans le domaine des relations sociales. Même
lorsqu’elles sont liées aux devenirs, les variations de l’attachement ne sont
pas des causes linéaires et inévitables. S’il y a une prédictivité de l’atta-
chement précoce, elle est de nature probabilistique, c’est-à-dire en termes
de facteur de risque ou de protection. Le développement de la personna-
lité doit être aussi compris dans une perspective organisationnelle (Sroufe
et al., 2005). C’est une succession de défis développementaux, en fonction
de l’âge, autour desquels s’organisent les aspects cruciaux du développe-
ment de la personnalité. Si l’attachement est fondamental dans la première
année, d’autres dimensions deviennent, plus tard, tout aussi importantes :
en particulier les relations de socialisation avec les pairs, la réussite aux
défis de l’école et la construction de l’identité à l’adolescence. Les étapes
antérieures du développement jouent sur les étapes ultérieures mais elles
ne font pas tout : la réussite adaptative aux nouveaux défis donne place au
changement.
Les études longitudinales doivent donc répondre à ces questions
(Thomson, 2008) : Dans quels domaines du développement, la sécurité
précoce est la plus importante et à quels âges ? À quoi peut-on s’attendre
à propos de l’effet durable de l’attachement précoce ? Quels médiateurs
peuvent influencer cette influence durable ? Quelles sont les conditions
dans lesquelles l’attachement précoce influencera le développement ulté-
rieur ? L’étude la plus célèbre est probablement celle du Minnesota (Sroufe
et al., 2005) qui donne les résultats suivants. Il existe une association indirecte
entre l’attachement mère-enfant et la relation au partenaire à 23 ans via une
double médiation : la compétence sociale dans l’enfance, la réussite à l’école et
les représentations sécures des amis à 16 ans. Il existe aussi une certaine dis-
continuité puisque ce qui prédit le mieux la relation c’est l’AAI à 19 ans. Si
les relations sont directes entre Situation étrange et fonctionnement dans
la petite enfance, plus l’enfant grandit et plus il faut considérer la variable
sécurité précoce comme une variable indirecte, médiatisée ou modérée par
54 Grands concepts de la théorie de l’attachement
Conclusion
La conceptualisation des MIO est au cœur de la théorie de l’attachement.
Son intérêt reste inégalé mais a probablement contribué à une utilisa-
tion trop large, un « parapluie conceptuel » qui sert à expliquer toutes
les implications développementales de la théorie de l’attachement. Nous
sommes maintenant à une étape où des études empiriques fondées sur une
conceptualisation théorique précise et modernisée sont indispensables.
Elles permettront en retour d’approfondir la théorie de l’attachement et de
mieux adapter les projets thérapeutiques.
Références
Ainsworth, M. D. S., Blehar, M. C., Waters, E., & Wall, S. (1978). Patterns of attachment:
A psychological study of the SS. Hillsdale, NJ: Erlbaum.
Allen, J. P. (2008). The attachment system in adolescence. In T. Cassidy, & P. R.
Shaver (Eds.), Handbook of attachment theory: Research and clinical applications
(2nd edition, pp. 419-435). New York: the Guilford Press.
Baldwin, M. W., & Fehr, B. (1995). On the instability of attachment style ratings.
Personal Relationships, 2, 247-261.
Bowlby, J. (1969/1982). Attachment and loss. Vol. 1: Attachment. New York: Basic
Books (Traduction: J. Kalmanovitch. Attachement et perte. Vol. 1 : L’attachement.
Paris: PUF; 1978).
Les modèles internes opérants dans la théorie de l’attachement... 55
Bowlby, J. (1973). Attachment and loss. Vol. 2: Separation: anxiety and danger.
New York: Basic Books (Traduction : B. de Panafieu. Attachement et perte.
Vol. 2 : La Séparation. Angoisse et colère. Paris: PUF; 1978).
Bretherton, I. (1990). Communication patterns, internal working models and the
intergenerational transmission of attachment relationships. Infant Mental Health
Journal, 11, 237-252.
Bretherton, I., & Munholland, K. A. (1999). Internal working models in attachment
relationships: A construct revisited. In J. Cassidy, & P. R. Shaver (Eds.), Handbook
of attachment: Theory, research, and clinical applications (pp. 89-111). New York:
Guilford Press.
Bretherton, I., Ridgeway, D., & Cassidy, J. (1990). Assessing internal working models of
the attachment relationship: An attachment story completion task for 3-year-olds.
In M. Greenberg, D. Cicchetti, & E. M. Cummings (Eds.), Attachment in the pre-
school years: Theory, research and intervention (pp. 273-308). Chicago: The University
of Chicago Press.
Bridges, L. J., Connell, J. P., & Belsky, J. (1988). Similarities and differences in infant-
mother and infant-father interaction in strange situation: A component process
analysis. Development Psychology, 24, 92-100.
Collins, N. L., & Read, S. J. (1994). Cognitive representations of attachment: The
structure and function of working models. In K. Bartholomew, & D. Pearl-
man (Eds.), Attachment processes in adulthood: Advances in personal relationships
(pp. 53-90). London: Jessica Kingsley Publishers.
Crittenden, P. M. (1990). Internal representational models of attachment
relationships. Infant Mental Health Journal, 11, 259-277.
Dinero, R., Conger, R. D., Shaver, P. R., et al. (2008). Influence of family of origin
and adult romantic partners on romantic attachment security. Journal of Family
Psychology, 22, 622-632.
Fraley, R. C., & Brumbaugh, C. C. (2004). A dynamic systems approach to conceptua-
lizing and studying stability and change in attachment security. In W. S. Rholes,
& J. A. Simpson (Eds.), Adult attachment: Theory, research and clinical implications
(pp. 86-132). New York: the Guilford Press.
Fraley, R. C. (2002). Attachment stability from infancy to adulthood. meta-analysis
and dynamic modelling of developmental mechanisms. Personality and Social
Psychology Review, 6, 123-151.
Fraley, R. C., Roisman, G. I., Booth-Laforce, C., et al. (2013). Interpersonal and
genetic origins of adult attachment styles: a longitudinal study from infancy to
early adulthood. Journal of Personality and Social Psychology, 104, 817-838.
Grossmann, K. E., Grossmann, K., & Waters, E. (2005). Attachment from infancy to
adulthood. The major longitudinal studies. New York: The Guildford Press.
Main, M., & Weston, D. R. (1981). The quality of the toddler’s relationship to mother
and to father: Related to conflict behaviour and the readiness to establish
new relationship. Child Development, 52, 932-940.
Main, M., Kaplan, N., Cassidy, J. (1985). Security in infancy, childhood and
adulthood: A move to the level of representation. In I. Bretherton, E. Waters
(Eds). Growing points of attachment theory and research. Monographs of the
Society for the Research in the Child Development, 50, 66-104.
Oppenheim, D., Waters, H.S. (1995). Narrative processes and attachment
representations: Issues of development an assessment. In E. Waters, B.E. Vaughn,
56 Grands concepts de la théorie de l’attachement
S. Tereno, N. Guédeney
Transmission de l’attachement
et perspective évolutionniste
Dans les circonstances habituelles, le caregiver applique le modèle de ses
relations d’attachement, formé au sein de sa famille d’origine, aux inter-
actions avec son enfant. C’est sur la base de ce modèle d’assimilation du
parenting que la qualité des liens sociaux se transmet au long des généra-
tions entre les parents et leur enfant.
La transmission générationnelle de l’attachement prend sens du point de
vue évolutionniste si les conditions écologiques et le contexte relationnel
restent stables. Cependant, même dans de telles circonstances, il est plus
avantageux, du point de vue de l’évolution, que l’information liée à l’atta-
chement ne soit pas biologiquement et directement transmissible d’une
façon inévitable (Belsky, 2005) : l’environnement, en règle générale,
ne reste pas longtemps stable et il est donc logique que la transmission
de l’attachement tienne plus de l’expérience relationnelle que de l’effet
direct des gènes. Plusieurs études montrent un effet très limité de la
contribution génétique directe (Ricciuti, 1992 ; O’Connor et Croft, 2001 ;
Bokhorst et al., 2004 ; méta-analyse de Fearon). En d’autres termes, bien
que la transmission intergénérationnelle « fonctionne » dans la plupart des
et Miljkovitch, 2009). Il faut aussi souligner que dans 25 % des cas, on
constate une discontinuité dans la transmission. Des mères sécures peuvent
en effet avoir des enfants insécures, et des mères insécures peuvent avoir
des enfants sécures. Les concordances de l’attachement parent-enfant sont
également plus faibles dans les échantillons de bas statut socioéconomique.
Les études portant plus spécifiquement sur la transmission de l’attachement
désorganisé sont développées dans le chapitre 25.
Le processus de la transmission
Bowlby propose que les modèles de sécurité/insécurité de l’adulte influen-
cent de façon spécifique le comportement parental en particulier et les rela-
tions familiales en général, et rendent ainsi compte de la sécurité/insécurité
de l’attachement des enfants (Belsky, 2005). Le mode d’attachement qui
s’établit dans les premières années tend à rester plus ou moins stable, sauf si
les conditions extérieures changent de façon importante, conduisant alors
à un style d’attachement sécure ou insécure chez l’adulte (Bowlby, 1973).
Plusieurs modèles théoriques sont actuellement proposés pour expliquer ce
processus de la transmission.
de couple satisfaisante au moment où les parents sont engagés dans des soins
au jeune enfant contribue au développement d’une relation d’attachement
sécure chez l’enfant (Collins, 1996). De fait, comme l’indique Isabella (1994),
les difficultés de relations dans le couple vont rendre plus difficile et moins
stable l’établissement d’un attachement sécure chez l’enfant. C’est le sens de
l’hypothèse de la « sécurité émotionnelle » de Davies et Cummings (1994),
dans laquelle le sens de la sécurité de l’enfant n’est pas seulement défini
par ses interactions avec ses parents, comme l’indique traditionnellement
la théorie de l’attachement, mais se développe aussi dans le contexte de la
relation du couple parental. Ceci nous renvoie à l’affirmation bien connue
de Bowlby (1953) : « en procurant amour et soutien (companionship), le mari
aide émotionnellement la mère et lui permet de maintenir une atmosphère
d’harmonie dont profite le développement de l’enfant » (p. 13), qui souligne
ainsi que la qualité de l’harmonie du couple contribue indirectement à la
qualité de l’attachement entre l’enfant et son caregiver (principal). Un aspect
critique de la qualité de la relation maritale pour le développement de l’atta-
chement sécure semble être lié à la perception de la qualité du support émo-
tionnel offert par le partenaire : quelle base de sécurité offre-t-il ? D’autre
part, ce sentiment de base de sécurité dans le couple peut avoir deux signifi-
cations : il reflète les représentations d’attachement des parents vis-à-vis de
leurs propres figures d’attachement mais il est aussi l’expression d’une révi-
sion des MIO du parent grâce aux relations actuelles. Cette modalité possible
de l’interruption du cycle de la transmission de l’insécurité, qui fournit l’occa-
sion d’une modification du comportement parental, est détaillée plus loin.
Cette position, qui fait de la qualité de la relation de couple parental un
marqueur de la sécurité de l’attachement de l’enfant a été renforcée par
un ensemble croissant de travaux qui montrent l’impact du conflit conju-
gal sur les enfants, en particulier lorsque ce conflit est fréquent, intense et
permanent (voir revues par : Davies et Cummings, 1994 ; Guédeney et al.,
2012). Au contraire, un nombre croissant de recherches récentes montre
que père et mère sont plus susceptibles d’apporter des soins plus sensibles,
réactifs et adéquats quand leur relation est plus harmonieuse et plus satis-
faisante (Owen et Cox, 1997 ; Stevenson-Hinde et Shouldice, 1995 ; Belsky
et Jaffee, 2004). De fait, la qualité de la relation maritale semble affecter la
sécurité de l’enfant de deux manières : l’une directe, par le biais de l’atmo-
sphère émotionnelle familiale, et l’autre indirecte par les comportements
parentaux. À notre avis, l’étude la plus éloquente sur le sujet est celle de
Cowan et Cowan (2005) ; ils montrent que le couple joue un rôle dans la
transmission de l’attachement de trois façons différentes :
• chaque parent contribue indépendamment à la dynamique globale du
système familial ;
• l’attachement du couple, autant que celui des individus, joue un rôle
dans les relations familiales ;
Transmission intergénérationnelle de l’attachement 65
Facteurs culturels
L’étude de Sagi-Schwartz et al. (1997) montre que la correspondance entre
l’AAI chez la mère et l’enfant à la Situation étrange est de seulement 40 %
dans les kibboutz israéliens. Dans ce mode de vie communautaire, l’enfant
est gardé selon des responsabilités partagées entre les adultes. Les enfants
sont ainsi exposés à de multiples donneurs de soins très tôt après leur nais-
sance. Entre autres, ils sont séparés de leurs parents durant la nuit. Ces
arrangements réduiraient les possibilités que la mère transmette son type
Transmission intergénérationnelle de l’attachement 67
Implications cliniques
Dans la population de communautés, la transmission de l’attachement
apparaît comme un mécanisme original qui permet la transmission de la
sécurité de l’attachement dans plus de 60 % des cas. Sur le plan clinique,
nous devrions nous centrer sur les facteurs de diminution de l’insécurité
d’une génération à l’autre. Quelles sont les compétences parentales à déve-
lopper pour atteindre ce but ? Les individus développent des stratégies nom-
breuses face à la peur de la séparation et de la perte ou face aux menaces
vis-à-vis des relations proches. Ce que nous avons appris des interventions
sur les interactions de couple et sur les comportements parentaux est qu’ils
sont tous liés à la capacité d’adaptation de l’enfant.
Dès lors, il semble judicieux de considérer la transmission de l’attache-
ment comme un processus réellement multifactoriel et d’y appliquer des
68 Grands concepts de la théorie de l’attachement
Conclusion
Le processus de transmission de l’attachement est un des concepts clés de
la théorie de l’attachement. L’étude de la continuité ou de la discontinuité
permet d’appréhender la complexité des facteurs en jeu et d’affiner la
théorie de Bowlby, en prenant en compte des facteurs plus élargis que
la simple dyade parent-enfant. Ce processus, de nature probabiliste et non
déterministe, laisse ouvert tout le champ des possibles en ouvrant la voie à
de multiples pistes d’intervention.
Références
Ainsworth, M., et al. (1978). Patterns of attachment: A psychological study of the strange
situation. Hillsdale: Lawrence Erlbaum.
Atkinson, L., Goldberg, S., Raval, V., et al. (2005). On the relation between maternal
state of mind and sensitivity in the prediction of infant attachment security.
Developmental Psychology, 41, 42-53.
Bailey, H. N., Moran, G., David, R., et al. (2007). Understanding the transmission of
attachment using variable- and relationship-centered approaches. Development
and Psychopathology, 19, 313-343.
Béliveau, M. -J., & Moss, E. (2009). Le rôle joué par les événements stressants sur
la transmission intergénérationnelle de l’attachement. Revue Européenne de
Psychologie Appliqué, 59, 47-58.
Belsky, J. (1999). Interactional and contextual determinants of attachment security.
In J. Cassidy, & P. Shaver (Eds.), Handbook of attachment. Theory, research and
clinical applications. New York, London: The Guilford Press.
Transmission intergénérationnelle de l’attachement 69
Cowan, C., & Cowan, P. (2005). Two central roles for couple relationships : breaking
negative intergenerational patterns and enhancing children’s adaptation. Sexual
and Relationship Therapy, 20, 275-288.
Das Eiden, R., & Leonard, K. (1996). Paternal alcohol use and the mother-infant
relationship. Development and Psychopathology, 8, 307-323.
Davies, P., & Cummings, E. M. (1994). Marital conflict and child adjustment: An
emotional security hypothesis. Psychology Bulletin, 116, 387-411.
De Wolff, M., & Van IJzendoorn, M. (1997). Sensitivity and attachment: A meta-
analysis on parental antecedents of infant attachment. Child Development, 68,
571-591.
Eiden, R. D., Teti, D. M., & Corns, K. M. (1995). Maternal working models of attach-
ment, marital adjustment, and the parent-child relationship. Child Development,
66, 1504-1518.
Fearon, R. M. P., Van IJzendoorn, M. H., Fonagy, P., et al. (2006). In search of shared
and non shared environmental factors in security of attachment: a behaviour-
genetic study of the association between sensitivity and attachment security.
Developmental Psychology, 42, 1026-1040.
Fonagy, P., Steele, M., Steele, H., Moran, G., & Higgitt, A. C. (1991). The capacity
for understanding mental states: The reflective self in parent and child and its
significance for security of attachment. Infant Mental Health Journal, 12, 201-218.
Fonagy, P., Steele, M., Moran, G., Steele, H., & Higgit, A. (1993). Measuring the
ghost in the nursery: an empirical study of the relation between parents’
mental representations of childhood experiences and their infant security of
attachment. Journal of American Psychoanalytic Association, 41, 957-989.
Fonagy, P. (1993). Reflective self function in early attachment and borderline states.
Tavistock: Routledge.
George, C., & Solomon, J. (1999). The caregiving behavioral system. In J. Cassidy, &
P. Shaver (Eds.), Handbook of attachment. Theory, research, and clinical implications
(pp. 649-670). New York, London: Guilford Press.
Gloger-Tippelt, G., Gomille, B., Koenig, L., & Vetter, J. (2002). Attachment represen-
tations in 6-year-olds: Related longitudinally to the quality of attachment in
infancy and mothers’ attachment representations. Attachment & Human Deve-
lopment, 4, 318-339.
Grienenberger, J., Kelly, K., & Slade, A. (2005). Maternal reflective functioning,
mother-infant affective communication, and infant attachment: Exploring
the link between mental states and observed caregiving behaviour in the inter-
generational transmission of attachment. Attachment & Human D evelopment,
7, 299-311.
Guédeney, N., Guédeney, A., & Rabouam, C. (2013). Violences conjugales et
attachement des jeunes enfants. Une revue de la littérature. Perspectives Psychiatriques,
52, 222-230.
Isabella, R. (1994). Origins of maternal role satisfaction and its influences upon
maternal interactive behavior and infant-mother attachment. Infant Behavior
and Development, 17, 381-388.
Kobak, R., & Mandelbaum, T. (2003). Caring for the caregiver. An attachement
approach to assessment and treatment of child problems. In M. Johnson, &
V. E. Whiffen (Eds.), Attachment processes in couple and family therapy (pp. 144-
164). New York: The Guildford Press.
Transmission intergénérationnelle de l’attachement 71
A. Guédeney
sont remplies. L’enfant peut être alors triste mais sans dissociation de sa per-
sonnalité. En cas d’échec de ce processus se développent des phobies, des
symptômes hystériques, la dépression, des troubles mentaux majeurs,
des troubles du comportement, en particulier antisociaux, un sentiment
de colère contre le parent survivant, avec enfin les difficultés à former de
nouvelles relations. Avec le premier volet de la trilogie, Attachment and loss
(Bowlby, 1969), Bowlby propose un nouveau mécanisme intrapsychique de
défense : celui d’exclusion défensive. Il propose aussi et surtout la notion
de modèle interne de travail, ou modèles internes opérants (MIO), et donc un
processus permettant de comprendre la genèse des représentations internes
issues des relations avec chacun des parents et fondé sur l’intériorisation et
la généralisation de celles-ci. Bowlby propose donc un modèle « construc-
tiviste » du fonctionnement et du développement mental, fondé sur les
relations réelles avec les parents, qui s’oppose à un modèle « structural »,
fondé sur la conflictualité interne.
La théorie de Bowlby est comparable avec les termes de Kohut aux États-
Unis, avec la notion d’empathie, d’estime de soi et leur développement. Les
points de convergence sont très importants entre le groupe des Indépen-
dants britanniques et Bowlby, qui est d’ailleurs inclus dans ce groupe par
Rayner (1995). Ce qui est décrit en termes d’attachement chez Bowlby l’est
en termes d’amour primaire chez Balint, en termes de recherche d’objet
chez Fairbairn et de capacité à la relation chez Winnicott. Les concepts de
maternage sensible, de holding et de handling, l’importance donnée à l’expé-
rience précoce dans la psychopathologie du développement sont cohérents
avec la théorie de l’attachement. Parmi les théoriciens se situant dans la
suite de Bowlby mais sans référence directe à lui, on peut citer Daniel Stern
et sa « constellation maternelle » ou ses représentations d’interactions géné-
ralisées (RIG), bien proches du modèle interne de travail de Bowlby, mais
aussi Selma Fraiberg et son insistance sur la sécurité et son impact sur le
développement, Peter Fonagy dans son concept de mentalisation et d’auto-
réflexion, appuyé explicitement quant à lui sur la théorie de l’attachement.
Cette insistance sur la capacité de la mère à prêter des états mentaux à
son bébé et à agir en fonction de cela n’est pas sans rappeler le concept
de capacité de rêverie maternelle de Bion. Jeremy Holmes développe dès
1993 le modèle psychothérapeutique de l’attachement. En France, Daniel
Widlöcher (2000) a le premier osé mettre en cause la nécessité du modèle
de la pulsion, en s’appuyant sur des concepts cognitivistes. Jacques Lacan
avait initialement porté un grand intérêt aux travaux de Harlow et publié
un article célèbre sur le développement du sens de soi (« Le stade du miroir
dans la formation du je », 1949). Mais ses conceptions théoriques ultérieures
vont s’éloigner de tout point de vue génétique. L’essentiel du développe-
ment se situe pour lui dans les systèmes symboliques, réels et imaginaires,
et c’est au sujet de se dégager de ce qui l’a précédé, désirs et positions mater-
nels et paternels, articulés dans le concept de Nom-du-Père. La perspec-
tive lacanienne, si elle se trouve parfois compatible avec certains concepts
winnicottiens, n’offre guère de théorie des affects, du développement, ni
de la place des relations parents-enfant réelles dans le développement de
l’intersubjectivité. Récemment, des psychanalystes et des attachementistes
se sont rapprochés pour décrire les interactions entre sexualité et attache-
ment, et proposer que l’attachement ait une influence clef sur la résolution
de l’Œdipe (cf. chapitre 20).
Références
Bowlby, J. (1940). The influence of early environment in the development of neurosis
and neurotic character. International Journal of Psycho-Analysis, 21, 154-178.
Bowlby, J. (1944). Forty-four juvenile thieves: their characters and home life.
International Journal of Psychoanalysis, 25, 1-57, 207–8. Republished as a
monograph by Baillière, Tindall, Cox, London, 1946. Traduction française,
2006 : La Psychiatrie de l’enfant, 49, 7-123.
Bowlby, J. (1958). The nature of the child’s tie to his mother. International Journal of
Psycho-Analysis, 39, 350-373.
Bowlby, J. (1960). Grief and mourning in infancy and early childhood. The Psychoanalytic
Study of the Child, 15, 9-52.
Bowlby, J. (1969/1982). Attachment and loss. Vol. 1: Attachment. New York: Basic Books
(Traduction : J. Kalmanovitch. Attachement et perte. Vol. 1 : L’attachement. Paris:
PUF; 1978).
Bowlby, J. (1988). Developmental psychiatry comes of ages. American Journal of
Psychiatry, 145, 10, Traduction : Pollack-Cornillot, M. (1992). Devenir, 4, 7–33.
Attachement et psychanalyse 81
Études transculturelles
sur l’attachement chez l’enfant
Les études transculturelles démontrent l’universalité de la théorie de
l’attachement avec la sélection d’une figure d’attachement principale et le
principe de normativité, même dans des contextes où les attentes sociales
par rapport à l’enfant paraissent différentes (l’amae au Japon ou la politique
de l’enfant unique en Chine). Les multiples modalités éducatives cultu-
relles rencontrées (individuelles et/ou collectives) sont autant d’éléments
permettant d’affirmer le rôle primordial de la sensibilité maternelle pour
favoriser l’émergence d’un attachement sécure chez l’enfant (études alle-
mandes et israéliennes). Certaines démontrent l’importance des réponses
de la figure d’attachement pendant la nuit pour favoriser un attachement
sécure (études ougandaises et israéliennes).
Études allemandes
Grossmann et al. (1981) sont les premiers à mettre en évidence l’influence
de normes éducatives culturelles sur la sélection de patterns d’attachement
chez l’enfant à partir de deux études réalisées dans le Nord et dans le Sud de
l’Allemagne. Dans la première, deux tiers des enfants sont insécures, dont la
moitié est de type évitant ; dans la deuxième, la distribution des attachements
est proche de celle des études américaines. Le mode d’éducation et la norme
Aspects transculturels du concept d’attachement 85
Études africaines
L’éducation des enfants par un environnement non parental représente
la norme, voire est extrêmement fréquente. Certaines études menées en
Afrique ont permis de vérifier qu’un environnement à caregivers multiples
est compatible avec un attachement unique et préférentiel entre l’enfant et
sa mère. Elles démontrent aussi le rôle majeur de la sensibilité maternelle,
que l’éducation soit collective ou plus individualisée.
Études japonaises
Les critiques les plus sévères de la théorie de l’attachement trouvent leur
source dans le contre-exemple que semblait être la culture japonaise :
incompatibilité de son principe culturel de l’amae défini par l’« être
ensemble » (très proche de la dépendance telle que définie dans le Q-Sort)
et incompatibilité de la Situation étrange avec la manière d’être de la dyade
88 Grands concepts de la théorie de l’attachement
Études indonésiennes
Les familles musulmanes de l’Ouest de l’île de Java sont caractérisées par une
grande proximité mère-enfant — allaitement prolongé jusqu’à 2-3 ans, portage
permanent jusqu’à 1 an, coucher dans le même lit que la mère jusqu’à 4 ans,
réponses rapides à la détresse de l’enfant —, mais la dyade mère-enfant reste vul-
nérable du fait d’un haut taux de divorce, du très jeune âge des mères et d’une
mortalité infantile élevée dans cette société (Zevalkink et al., 1999). L’évaluation
d’enfants entre 12 et 30 mois associée à l’observation à domicile de la sensibilité
et de la capacité de soutien des mères lors de jeux structurés a confirmé les
hypothèses d’universalité, de normativité et de sensibilité maternelle.
Attachement et immigration
Existants depuis toujours, les flux migratoires ont considérablement aug-
menté au cours des dernières décennies. Quels qu’en soient les motifs et
la durée, il y aurait aujourd’hui plus d’immigrants dans le monde qu’à
n’importe quelle autre période de l’histoire. La question de l’attachement
est apparue dans la littérature sur l’immigration dans les années 1980 et
dans une perspective attachementiste, ce mouvement de populations est
considéré à un niveau individuel comme une rupture vis-à-vis de la famille,
un déracinement avec le pays d’origine entraînant une situation de stress
difficile à gérer.
Les concepts centraux de la théorie de Bowlby que sont l’exploration, la
sécurité, la séparation et la perte apportent des éléments de compréhension
importants. Aussi longtemps que nous avons le sentiment d’avoir une base
solide vers laquelle revenir, nous sommes en mesure d’explorer le monde
dans les limites de ce qui est familier. Voyager à l’étranger apparaît un
comportement des plus sécures (Van Ecke et al., 2005). Ces pays nous sont
certes souvent inconnus, mais les films ou les brochures touristiques nous
les rendent moins étranges. Partir ailleurs devient dès lors possible, d’autant
plus que nous savons que nous rentrerons à la maison dans quelques jours
ou semaines… Qu’en est-il cependant sur du plus long terme ou sur du
permanent ? Y a-t-il toujours cette possibilité de retour ? À quel point est-ce
que le nouvel environnement est familier ? Les immigrants sortent claire-
ment du cadre. Aussi enrichissante que soit l’expérience, il en résulte une
vie marquée de séparations et de pertes. Celles-ci peuvent concerner les
repères culturels, tels que les traditions, ou les normes et les valeurs sur la
Aspects transculturels du concept d’attachement 91
Les individus qui ont appris à aborder les autres en toute confiance ont
généralisé ce comportement à des situations interculturelles. Le style d’atta-
chement détaché apparaît associé à la séparation et à l’assimilation, deux
stratégies d’acculturation qui impliquent une nette préférence pour l’une
ou l’autre des cultures de référence. Les immigrants détachés évitent ainsi le
double engagement inhérent à l’intégration. Ceux de type préoccupé consi-
dèrent davantage la séparation et la marginalisation. La peur d’être rejetés
par les membres de la culture d’accueil les inciterait à ne pas interagir avec
ces derniers. Quant aux immigrants de type craintif, ils semblent préférer
la séparation. Elle leur permettrait d’éviter d’être en contact avec la société
d’accueil mais de l’être avec des personnes de même origine. Cette recherche
montre les bénéfices d’un attachement sécure dans l’immigration et, plus
précisément, dans les interactions entre immigrants et membres de la culture
d’accueil. L’influence des dimensions apparaît toutefois moins claire.
Conclusion
Les études transculturelles ont clairement démontré l’universalité de l’atta-
chement à travers les cultures et la présence des trois patterns d’attache-
ment de base chez les enfants, avec une surreprésentation de l’attachement
sécure et le lien avec une sensibilité maternelle de qualité. Elles soulignent
l’équilibre entre les aspects universels de la théorie de l’attachement et
les déterminants culturels qui permettent aux enfants une meilleure
adaptation au milieu environnemental. Elles insistent néanmoins sur les
modulations expressives de la sensibilité maternelle en fonction des codes
culturels et sur leur impact dans la transmission transgénérationnelle de
l’attachement. La théorie de l’attachement apporte un éclairage nouveau
sur l’impact émotionnel et relationnel de l’expérience de l’immigration et
sur la nécessité d’adaptations thérapeutiques dans ce contexte.
Aspects transculturels du concept d’attachement 93
Références
Ainsworth, M. D. (1967). Infancy in Uganda. Baltimore: John Hopkins University
Press.
Behrens, K. (2004). A multifaceted view of the concept of amae: reconsidering the
indigenous Japanese concept of relatedness. Human Development, 47, 1-27.
Behrens, K. (2011). Japanese children’s amae and motherss’attachment status as
assessed by the Adult Attachment Interview. International Journal of Psychology,
5, 368-376.
Cowan, P. A., & Cowan, C. P. (2007). Attachment theory: seven unresolved issues
and questions for future research. Research in Human Development, 4, 181-201.
Carlson, V. J., & Harwood, R. L. (2003). Attachment, culture, and the caregiving sys-
tem: the cultural patterning of everyday experiences among Anglo and Puerto
Rican mother-infant pairs. Infant Mental Health Journal, 24, 53-73.
Durrett, M. E., Otaki, M., & Richards, P. (1984). Attachment and the mother’s percep-
tion of support from the father. International Journal of Behavioral Development, 7,
161-176.
Grossmann, K. E., Grossmann, K., Huber, F., & Wartner, U. (1981). German
children’s behaviour towards their mothers at 12 months and their fathers at
18 months in Ainsworth’s strange situation. International Journal of Behavioral
Development, 4, 157-181.
Henry, H. M., Stiles, W. B., & Biran, M. W. (2005). Loss and mourning in immi-
gration : Using the assimilation model to assess continuing bonds with native
culture. Counselling Psychology Quarterly, 18, 109-119.
Hu, P., Meng, Z. (1996). An examination of infant-mother attachment in China. Pos-
ter presented at the meeting of International Society for the Study of Behavioral
Development. Québec City, Québec.
Jin, M. K., Jacobvitz, D., Hazen, N., & Jung, S. H. (2012). Maternal sensitivity and
infant attachment security in Korea: crosscultural validation of the strange
situation. Attachment and Human Development, 14, 33-44.
Jung, M. -J., & Fouts, H. N. (2011). Multiple caregivers’touch interactions with young
children among the Bofi foragers in Central Africa. Intenational of Psychology, 1,
24-32.
Kermoian, R., & Leiderman, P. H. (1986). Infant attachment to mother and child care-
taker in an East African community. International Journal of Behavioral Development,
9, 455-469.
Konner, M. (1977). Infancy among the Kalahari Desert SAN. In P. H. Leiderman, S.
R. Tulkin, & A. Rosenfeld (Eds.), Culture and infancy: Variations in the human
experience (pp. 287-328). New York: Academic Press.
Marvin, R. S., Van Devender, T. L., Iwanaga, M. I., et al. (1977). Infant-caregiver
attachment among the Hausa of Nigeria. In H. McGurk (Ed.), Ecological factors
in human development (pp. 247-529). North-Holland, Amsterdam: Lawrence Erl-
baum Associates.
Merecki, R. M., & Chou, J. L. (2013). A multicultural application of attachment
theory with immigrant families: Contextual and developmental adaptations.
Contemporary Family Therapy, 35, 508-515.
Mikulincer, M., & Shaver, P. R. (2001). Attachment theory and intergroup bias: Evidence
that priming the secure base schema attenuates negative reactions to out-groups.
Journal of Personality and Social Psychology, 81, 97-115.
94 Grands concepts de la théorie de l’attachement
Morelli, G. A., & Tronick, E. Z. (1991). Efé multiple caretaking and attachment. In
J. L. Gewirtz, & W. M. Kurtines (Eds.), Intersections with attachment (pp. 41-52).
Hillsdale: Lawrence Erlbaum Associates.
Murray, J. (2001). Loss as a universal concept. A review of the literature to identify
common aspects of loss in adverse situations. Journal of Loss and Trauma, 6,
219-241.
Nakagawa, M., Lamb, M. E., & Mikaye, K. (1992). Antecedents and correlates of the
strange situation behaviour of Japanese infants. Journal of Cross-Cultural Psy-
chology, 23, 300-310.
Peterson, N. J., Drotar, D., Olness, K., et al. (2001). The relationship of maternal and
child HIV infection to security of attachment among Ugandan infants. Child
Psychiatry and Human Development, 32, 3-17.
Posada, G., Gao, Y., Wu, F., et al. (1995). The secure-base phenomenon across
cultures: Children’s behavior, mothers’ preferences, and experts’ concepts. In :
E. Waters, B.E. Vaughn, G. Posada, et al. (eds). Caregiving, cultural, and cognitive
perspectives on secure-base behavior and working models: New growing points
of attachment theory and research. Monographs of the Society for Research in Child
Development, 60, 27-48.
Posada, G., Lu, T., Trumbell, J., Kaloustian, G., et al. (2013). Is the secure base phe-
nomenon evident here, there, and anywhere? A cross-cultural study of child
behavior and experts’ definitions. Child Development, 84, 1896-1905.
Rothbaum, F., Weisz, J., Pott, M., Miyake, K., & Morelli, G. (2000). Attachment and
culture: Security in the United States and Japan. American Psychologist, 55,
1093-1104.
Sagi, A., Lamb, M.E., Lewkowicz, K.S., et al. (1985). Security of infant-mother,
-father, and -metapelet attachments among kibbutz-reared Israeli children. In I.
Bretherton, E. Waters (eds). Growing points of attachment theory and research.
Monographs of the Society for Research in Child Development, 50, 257-75.
Sagi, A., Van IJzendoorn, M. H., Aviezer, O., et al. (1994). Sleeping out of home in a
kibbutz communal arrangement: It makes a difference for infant-mother attach-
ment. Child Development, 65, 992-1004.
Sochos, A., & Diniz, M. (2012). The role of attachment in immigrant sociocultural
adaptation and psychological distress. Journal of Community & Applied Social
Psychology, 22, 75-91.
Tomlinson, M., Cooper, P., & Murray, L. (2005). The mother-infant relationship and
infant attachment in a South African peri-urban settlement. Child Development,
5, 1044-1054.
True, M. M., Pisani, L., & Oumar, F. (2001). Infant-mother attachment among the
Dogon of Mali. Child Development, 72, 1451-1466.
Van Ecke, Y., Chope, R. C., & Emmelkamp, P. M. G. (2005). Immigrant and attache-
ment status : Research findings with Dutch and Belgian immigrants in California.
Social, Behavior and Personality, 33, 657-674.
Van IJzendoorn, M. H., & Kroonenberg, P. M. (1988). Cross-cultural patterns of
attachment: A meta-analysis of the strange situation. Child Development, 59,
147-156.
Van IJzendoorn, M. H. (1990). Developments in cross-cultural research on attach-
ment: Some methodological notes. Human Development, 33, 3-9.
Aspects transculturels du concept d’attachement 95
Van Oudenhoven, J. P., & Hofstra, J. (2006). Personal reactions to ‘strange’ situations:
Attachment styles and acculturation attitudes of immigrants and majority mem-
bers. International Journal of Intercultural Relations, 30, 783-798.
Wang, C. C. D. C., & Mallinckrodt, B. (2006). Acculturation, attachment, and
psychosocial adjustment of Chinese/Taiwanese international students. Journal
of Counseling Psychology, 53, 422-433.
Zevalkink, J., Riksen-Walraven, J. M., & Van Lieshout, C. F. M. (1999). Attachment in
the Indonesia caregiving context. Social Development, 8, 21-40.
9 Évolution, éthologie,
caregiving et attachement
A. Guédeney, M. Darnaudéry
(Van der Hosrt et al., 2007). Entre 1953 et 1956, Bowlby participe à Genève à
un séminaire sur l’approche éthologique dans la recherche sur le développe-
ment de l’enfant. Y participent les éthologues Konrad Lorenz et Robert Hinde,
des psychologues du développement comme Julian Huxley, Jean Piaget, René
Zazzo, Herik Ericson, une anthropologue, Margaret Mead, et Ludvig von
Bertalanffly, théoricien des systèmes et de l’information.
En juillet 1959, le 21e Congrès de psychanalyse a lieu à Copenhague sur
le thème des relations entre l’éthologie et la psychanalyse. La psychanalyse,
née au xixe siècle, se rattache aux modèles issus de la physique, de l’élec-
tricité, de l’hydraulique et de la thermodynamique. La théorie de l’attache-
ment se réfère à l’éthologie, à la théorie de l’évolution, déjà ancienne mais
peu prise en compte par la psychanalyse, à la cybernétique avec la notion
de rétrocontrôle et de régulation quant au but, à l’informatique avec la
notion de programme et celle de script (Shank et Adelson), à la théorie
des systèmes (von Bertallanfly) et à celle de l’information (programme,
rétrocontrôle). Bowlby a ainsi établi la théorie de l’attachement avant les
développements récents de la théorie de l’évolution. Dans la droite ligne
de Darwin, Bowlby propose que l’attachement soit une théorie du compor-
tement social humain et de son évolution « du berceau à la tombe ».
Le processus d’attachement est essentiel d’un point de vue évolutif dans la
mesure où, en favorisant la protection par les parents, il permet à l’enfant
de survivre de grandir et de se reproduire.
La théorie de l’attachement a profondément modifié notre approche du
développement humain. Cinq concepts constituent les pierres angulaires
de cette théorie :
• les liens sociaux émotionnels sont la base du développement ;
• le lien d’attachement est une construction psychologique unique indépen-
dante des processus de réduction de la pulsion (théories psychanalytiques) et
des circuits de renforcements (théories de l’apprentissage) ;
• les fonctions adaptatives des liens ont évoluées au cours de l’histoire de
l’humanité ;
• il y a des interactions entre le lien d’attachement et d’autres construc-
tions développementales (le développement psychomoteur, par exemple) ;
• il existe des liens conceptuels entre développement normal et psychopa-
thologie du développement.
au long de la vie et sur la façon dont il peut avoir évolué pour augmenter
la capacité reproductive (inclusive fitness) dans certains environnements, en
particulier par le développement de la capacité sociale de mentalisation et de
réflexion sur les intentions et émotions de l’autre.
La théorie de l’attachement est de fait l’une des théories majeures de
l’évolution, théorie dite de second niveau, les théories du premier niveau
étant celles de l’évolution des espèces sous la pression de la sélection et
celle de la différenciation sexuelle. Elle commence par l’observation de
Bowlby que tous les bébés humains et la majorité des primates montrent la
même séquence de réactions à la suite de la séparation d’avec un caregiver
plus fort, plus sage et plus âgé. Bowlby pense que les cris initiaux permet-
tent la m eilleure chance de survie initiale, et qu’ensuite le retrait réalise
la meilleure stratégie. Le détachement permet de changer de figure d’atta-
chement, si les circonstances l’exigent. Mais Bowlby insiste initialement
sur l’effet de l’attachement sur la capacité de reproduction des espèces, et
non sur l’individu. Bowlby se centre sur la fonction de l’attachement sur
la survie et peu à ses effets sur la reproduction. Hamilton (1964, in Belsky
et al., 1991) introduit la notion d’inclusive fitness, ou d’aptitude inclusive —
c’est-à-dire d’inclure ses gènes dans la génération suivante — qui traduit
la capacité d’un individu à transmettre ses gènes (Hamilton, in Simpson et
Belsky, 2008). Ainsi, on peut rendre compte des comportements altruistes.
En 1972, Trivers dévoile sa théorie de l’investissement parental et les
causes du conflit parent-enfant du point de vue de l’investissement, qui
peut conduire, par exemple, au sevrage précoce d’un premier né du fait
de la grossesse du second. La théorie de l’inclusive fitness représente ainsi
la théorie générale de l’évolution, d’où dérivent les théories secondaires
qui expliquent les problèmes adaptatifs spécifiques qu’ont rencontrés les
humains dans leur histoire évolutive. La théorie dite du gène égoïste
(Dawkins, 1989) en est le corollaire : c’est le gène, ou un pool de gènes, qui est
à la fois l’élément de stabilité et de variation, avec une mutation spontanée
qui peut être sélectionnée du fait de son avantage dans un environnement
donné. L’unité de sélection est l’individu, par sa survie et sa capacité à se
reproduire, l’unité d’évolution étant la population. La théorie de l’histoire
de vie (Life History Theory, Charnov, 1993, in Belsky et al., 1991) décrit les
différents choix et compromis de l’individu au long de sa vie, avec des
effets sur son inclusive fitness : investir dans la reproduction immédiate
ou plutôt différée, dans une reproduction de qualité ou de quantité, et
enfin choisir de répartir son effort pour rechercher un compagnon (mating)
ou investir dans le soin parental (parenting). Belsky et al. (1991) montrent
le lien entre milieu hostile et un mode de reproduction rapide, à faible
qualité de parenting et avec une maturation sexuelle rapide des filles. Pour
ce qui concerne les fonctions de l’attachement chez l’adulte du point de
vue évolutif, Chris-Fraley et al. (2005), utilisant une méthode comparative
102 Grands concepts de la théorie de l’attachement
Références
Belsky, J., Steinberg, L., & Draper, P. (1991). Childhood experience, interpersonal
development, and reproductive strategy: an evolutionary theory of socializa-
tion. Child Development, 63, 647-670.
Blaffer Hrdy, S. (1999). Mother nature, A history of mothers, infants and natural selection.
New York: Pantheon Books.
Cole, S.W., Conti, G., Arevalo, J.M.G., Ruggiero, A.M., Heckman, J.J., Suomi, S.J.
(2012). Transcriptional modulation of the developing immune system by early
life social adversity. Proceedings of the National Academy of Sciences of the United
States of America, 109, 20578-83.
Conti, G., Hansman, C., Heckman, J.J., Novak, M.F.X., Ruggiero, A., Suomi, S.J.
(2012). Primate evidence on the late health effects of early-life adversity.
Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America,
109, 8866-71.
Chris-Fraley, R., Brumbaugh, C., & Marks, M. J. (2005). The evolution and
function of adult attachment: A comparative and phylogenetic analysis.
Journal of Personality and Social Psychology, 89, 731-746.
Darwin, C. R. (1877). A biographical sketch of an infant. Mind, 2, 285-294,
Traduction : L’expression des émotions chez l’homme et les animaux. Rivages
poches, Payot ; 2001.
Darnaudéry, M., Koehl, M., Barbazanges, A., Cabib, S., Le Moal, M., & Maccari, S.
(2004). Early and later adoptions differently modify mother-pup interactions.
Behavioral Neuroscience, 118, 590-596.
Dawkins, R. (1989). The Selfish Gene (2nd edition). Oxford: Oxford University Press,
Traduction : Le Gène égoiste. Paris : Odile Jacob ; 1996.
Decety, J., & Grèzes, J. (2006). The power of simulation: imagining one’s own and
others behavior. Brain Research, 29, 350-395.
104 Grands concepts de la théorie de l’attachement
L. Vulliez-Coady, M. Darnaudéry
Neurobiologie de l’attachement
L’attachement met en jeu des processus multisensoriels et des réponses
motrices complexes (recherche de la proximité, réponse de nutrition, compor-
tements défensifs). Il requiert de nombreux processus cognitifs, tels que
l’attention, la mémoire, la reconnaissance sociale et la motivation. De ce fait,
les systèmes neurobiologiques sous-tendant l’attachement sont multiples.
Les études démontrent le rôle prépondérant de l’aire préoptique médiane
de l’hypothalamus, du noyau accumbens, du noyau de la strie terminale, de
l’amygdale, des bulbes olfactifs et du cortex pariétal. Ces structures impliquées,
entre autres, dans la reconnaissance olfactive, l’apprentissage, l’émotion et la
motivation contrôlent directement ou indirectement l’établissement du lien
(Fleming et al., 1999).
Conséquences neurobiologiques
des atteintes de l’attachement précoce
Pour la majorité des mammifères, le soin parental est crucial au dévelop-
pement cérébral de la descendance. Chez les primates, comme chez les
rongeurs, la carence maternelle augmente la réactivité au stress, altère
les capacités cognitives et perturbe le comportement social chez la des-
cendance. L’environnement précoce influence durablement l’expression
de certains gènes via la mise en jeu de processus épigénétiques (Lutz et
Turecki, 2014). Les mécanismes épigénétiques ne touchent pas la séquence
des gènes de l’ADN, mais impliquent des modifications chimiques
(méthylation, acétylation, etc.) de certaines parties de l’ADN ou des his-
tones (protéines qui compactent l’ADN), qui influencent l’accessibilité des
gènes à la machinerie transcriptionnelle, l’expression des gènes et, in fine,
la synthèse de certaines protéines. Ces processus, même s’ils sont réver-
sibles, sont relativement stables et peuvent être hérités d’une génération à
l’autre (Provencal et Binder, 2015).
La femelle rat materne (allaitement actif en position arc-boutée, léchage
ano-génital) de façon non spécifique ses petits et des petits inconnus placés
dans son nid. Il a été montré que les descendants des mères à faible mater-
nage présentent des réponses comportementales et de l’axe corticotrope
exacerbées face à un stress et une diminution des récepteurs aux gluco
corticoïdes dans l’hippocampe. De plus, l’adoption de ratons issus de mères
biologiques à fort maternage, par les mères à faible maternage produit chez
la descendance un phénotype semblable à celui observé chez les rats de
mères à faible maternage (Hackman et al., 2010). Les ratons femelles soumis
à ces procédures présentent à l’âge adulte le même comportement maternel
que leurs mères adoptives (Francis et al., 1999). Ces effets mettent en jeu
des régulations épigénétiques de la région promotrice du gène des récep-
teurs glucocorticoïdes dans l’hippocampe. Le faible maternage est asso-
cié à une augmentation des niveaux de méthylation de l’ADN au niveau
110 Grands concepts de la théorie de l’attachement
Conclusion
Les recherches sur la biologie de l’attachement connaissent un essor
considérable et s’inscrivent dans ce mouvement intégratif inné-acquis,
biologie-mentalisation qui caractérise la compréhension des phénomènes
sociaux animaux et humains. Elles apportent un enrichissement à la théo-
risation de l’attachement tout au long de la vie et ouvrent des perspectives
thérapeutiques certes encore lointaines mais prometteuses.
Références
Barr, C.S., Schwandt, M.L., Lindell, S.G., Higley, J.D., Maestripieri, D., Goldman,
D, et al. (2008). Variation at the mu-opioid receptor gene (OPRM1) influences
attachment behavior in infant primates. Proceedings of the National Academy of
Sciences of the United States of America, 105, 5277-81.
Bartels, A., & Zeki, S. (2004). The neural correlates of maternal and romantic love.
NeuroImage, 21, 1155-1166.
Bartz, J.A., Zaki, J., Ochsner, K.N., Bolger, N., Kolevzon, A., Ludwig, N., Lydon, J.E.
(2010). Effects of oxytocin on recollections of maternal care and closeness.
Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America,
107, 21371-5.
Belsky, J., & de Haan, M. (2011). Annual Research Review: Parenting and children’s
brain development: the end of the beginning. Journal of Child Psychology and
Psychiatry, 52, 409-428.
Coan, J. A., Schaefer, H. S., & Davidson, R. J. (2006). Lending a hand social regulation
of the neural response to threat. Psychological science, 17, 1032-1039.
Diamond, L. M., Hicks, A. M., & Otter-Henderson, K. D. (2008). Every time you go
away: Changes in affect, behavior, and physiology associated with travel-related
separations from romantic partners. Journal of Personality and Social Psychology,
95, 385-403.
Donovan, W. L., & Leavitt, L. A. (1985). Physiologic assessment of mother-infant
attachment. Journal of the American Academy of Child Psychiatry, 24, 65-70.
Neurosciences et attachement 113
Feldman, R., Gordon, I., Schneiderman, I., Weisman, O., & Zagoory-Sharon, O. (2010).
Natural variations in maternal and paternal care are associated with systematic
changes in oxytocin following parent-infant contact. Psychoneuroendocrinology,
35, 1133-1141.
Feldman, R., Gordon, I., Influs, M., Gutbir, T., & Ebstein, R. P. (2013). Parental oxy-
tocin and early caregiving jointly shape children’s oxytocin response and social
reciprocity. Neuropsychopharmacology, 38, 1154-1162.
Fleming, A. S., O’Day, D. H., & Kraemer, G. W. (1999). Neurobiology of mother-infant
interactions: experience and central nervous system plasticity across development
and generations. Neuroscience and Biobehavioral Reviews, 23, 673-685.
Francis, D., Diorio, J., Liu, D., & Meaney, M. J. (1999). Nongenomic transmission
across generations of maternal behavior and stress responses in the rat. Science,
286, 1155-1158.
Gordon, I., Zagoory-Sharon, O., Leckman, J. F., & Feldman, R. (2010). Oxytocin and
the development of parenting in humans. Biological Psychiatry, 68, 377-382.
Gunnar, M. R. (1992). Reactivity of the hypothalamic-pituitary-adrenocortical system
to stressors in normal infants and children. Pediatrics, 90, 491-497.
Gunnar, M. R., & Cheatham, C. L. (2003). Brain and behavior interface: Stress and
the developing brain. Infant Mental Health Journal, 24, 195-211.
Hackman, D. A., Farah, M. J., & Meaney, M. J. (2010). Socioeconomic status and the
brain: mechanistic insights from human and animal research. Nature Reviews.
Neuroscience, 11, 651-659.
Horn, G. (1998). Visual imprinting and the neural mechanisms of recognition
memory. Trends in Neurosciences, 21, 300-305.
Insel, T. R., & Young, L. J. (2001). The neurobiology of attachment. Nature Reviews.
Neuroscience, 2, 129-136.
Kaitz, M., Good, A., Rokem, A. M., & Eidelman, A. I. (1987). Mothers’ recognition
of their newborns by olfactory cues. Developmental Psychobiology, 20, 587-591.
Kendrick, K. M., Da Costa, A. P., Broad, K. D., Ohkura, S., Guevara, R., Lévy, F., &
Keverne, E. B. (1997). Neural control of maternal behaviour and olfactory
recognition of offspring. Brain Research Bulletin, 44, 383-395.
Kidd, T., Poole, L., Leigh, E., Ronaldson, A., Jahangiri, M., & Steptoe, A. (2014).
Attachment anxiety predicts IL-6 and length of hospital stay in coronary artery
bypass graft surgery (CABG) patients. J Psychosom Res, 77, 155-157.
Kochanska, G., Philibert, R. A., & Barry, R. A. (2009). Interplay of genes and early
mother–child relationship in the development of self-regulation from toddler to
preschool age. Journal of Child Psychology and Psychiatry, 50, 1331-1338.
Lévy, F., Keller, M., Cornilleau, F., Moussu, C., & Ferreira, G. (2010). Vaginocervical
stimulation of Ewes induces the rapid formation of a new bond with an alien
young without interfering with a previous bond. Developmental Psychobiology,
52, 537-544.
Love, T. M., Enoch, M. -A., Hodgkinson, C. A., Peciña, M., Mickey, B., Koeppe, R. A.,
et al. (2012). Oxytocin gene polymorphisms influence human dopaminergic
function in a sex-dependent manner. Biological Psychiatry, 72, 198-206.
Lutz, P. -E., & Turecki, G. (2014). DNA methylation and childhood maltreatment:
from animal models to human studies. Neuroscience, 264, 142-156.
Marlier, L., Schaal, B., & Soussignan, R. (1998). Neonatal responsiveness to the odor
of amniotic and lacteal fluids: a test of perinatal chemosensory continuity.
Child Development, 69, 611-623.
114 Grands concepts de la théorie de l’attachement
Mehta, D., Klengel, T., Conneely, K.N., Smith, A.K., Altmann, A., Pace, T.W., et al.
(2013). Childhood maltreatment is associated with distinct genomic and epige-
netic profiles in posttraumatic stress disorder. Proceedings of the National Academy
of Sciences of the United States of America, 110, 8302-7.
Moriceau, S., & Sullivan, R. M. (2005). Neurobiology of infant attachment. Develop
mental Psychobiology, 47, 230-242.
Moriceau, S., & Sullivan, R. M. (2006). Maternal presence serves as a switch between
learning fear and attraction in infancy. Nature Neuroscience, 9, 1004-1006.
Moutsiana, C., Johnstone, T., Murray, L., Fearon, P., Cooper, P. J., Pliatsikas, C., et al.
(2014). Insecure attachment during infancy predicts greater amygdala volumes
in early adulthood. Journal of Child Psychology and Psychiatry, 56, 540-548.
Nelson, E. E., & Panksepp, J. (1998). Brain substrates of infant-mother attachment:
contributions of opioids, oxytocin, and norepinephrine. Neuroscience and
Biobehavioral Reviews, 22, 437-452.
Noriuchi, M., Kikuchi, Y., & Senoo, A. (2008). The functional neuroanatomy
of maternal love: mother’s response to infant’s attachment behaviors. Biol
Psychiatry, 63, 415-423.
Pierrehumbert, B., Torrisi, R., Ansermet, F., Borghini, A., & Halfon, O. (2012). Adult
attachment representations predict cortisol and oxytocin responses to stress.
Attach Hum Dev, 14, 453-476.
Porter, R. H., Cernoch, J. M., & McLaughlin, F. J. (1983). Maternal recognition of
neonates through olfactory cues. Physiology & Behavior, 30, 151-154.
Provencal, N., & Binder, E. B. (2015). The neurobiological effects of stress as contri-
butors to psychiatric disorders: focus on epigenetics. Current Opinion in Neuro
biology, 30, 31-37.
Provençal, N., Suderman, M. J., Guillemin, C., Massart, R., Ruggiero, A., Wang,
D., et al. (2012). The signature of maternal rearing in the methylome in
rhesus macaque prefrontal cortex and T cells. The Journal of Neuroscience, 32,
15626-15642.
Powers, S. I., Pietromonaco, P. R., Gunlicks, M., & Sayer, A. (2006). Dating couples’
attachment styles and patterns of cortisol reactivity and recovery in response to
a relationship conflict. Journal of Personality and Social Psychology, 90, 613-628.
Saive, A. -L., & Guédeney, N. (2010). Le rôle de l’ocytocine dans les comportements
maternels de caregiving auprès de très jeunes enfants. Devenir, 22, 321-338.
Schieche, M., & Spangler, G. (2005). Individual differences in biobehavioral organi-
zation during problem-solving in toddlers: The influence of maternal behavior,
infant-mother attachment, and behavioral inhibition on the attachment-
exploration balance. Developmental Psychobiology, 46, 293-306.
Sheridan, M.A., Fox, N.A., Zeanah, C.H., McLaughlin, K.A., Nelson, C.A. (2012).
Variation in neural development as a result of exposure to institutionalization
early in childhood. Proceedings of the National Academy of Sciences of the United
States of America, 109, 12927-32.
Spangler, G., & Grossmann, K. E. (1993). Biobehavioral organization in securely and
insecurely attached infants. Child development, 64, 1439-1450.
Teicher, M. H., Andersen, S. L., Polcari, A., Anderson, C. M., Navalta, C. P., & Kim,
D. M. (2003). The neurobiological consequences of early stress and childhood
maltreatment. Neuroscience & Biobehavioral Reviews, 27, 33-44.
Neurosciences et attachement 115
Weaver, I. C. G., Cervoni, N., Champagne, F. A., D’Alessio, A. C., Sharma, S., Seckl, J.
R., et al. (2004). Epigenetic programming by maternal behavior. Nature Neuros
cience, 7, 847-854.
Weisman, O., Zagoory-Sharon, O., & Feldman, R. (2012). Oxytocin administration to
parent enhances infant physiological and behavioral readiness for social enga-
gement. Biological Psychiatry, 72, 982-983.
Young, L. J., & Wang, Z. (2004). The neurobiology of pair bonding. Nature Neuro
science, 7, 1048-1054.
11 Attachement entre
0 et 4 ans : concepts
généraux et ontogenèse
« choisir » dans son répertoire comportemental les actions qui vont lui
permettre d’obtenir ce qu’il souhaite et peut communiquer avec sa figure
d’attachement. L’enfant est devenu capable de manipuler mentalement
des représentations qu’il a intériorisées (chapitre 5). À ce stade, l’enfant
a une représentation interne des buts qu’il veut atteindre (par exemple,
avoir un contact physique avec sa figure d’attachement) et peut élaborer
une planification en sélectionnant ses comportements pour atteindre son
but, en ayant conscience que celui-ci peut être différent de celui de l’adulte
(Bowlby, 1969).
Grâce à l’ensemble de ces acquisitions, l’enfant passe du besoin de proxi-
mité avec sa figure d’attachement à celui de sa disponibilité, puis juste de
son accessibilité en cas de détresse ou d’alarme. Il peut maintenir l’atten-
tion de sa figure d’attachement sur lui et activer ses comportements d’atta-
chement s’il perd cette attention. Il est par exemple très difficile pour les
enfants de cet âge de supporter que leur figure d’attachement téléphone
ou s’isole pour lire. L’enfant peut poursuivre une exploration dans un lieu
familier si sa figure d’attachement s’éloigne mais ne pourra pas le faire s’il
est dans un lieu étranger.
À ce stade du développement, l’organisation des patterns de comporte-
ment d’attachement est stable et évaluable par l’utilisation de la Situation
étrange (voir chapitre 21). Si l’enfant a fait des expériences relationnelles de
qualité, il va garder ses stratégies primaires qui lui permettent d’approcher
la figure d’attachement en cas de détresse : on dit qu’il a un attachement
sécure. Si l’enfant a fait l’expérience de réponses environnementales moins
satisfaisantes à ses besoins de réconfort, il va avoir recours à des stratégies
conditionnelles ou stratégies adaptatives. Les stratégies d’inhibition amène
ront à la construction de patterns comportementaux d’attachement de
type insécure-évitant ; les stratégies conditionnelles de type hyperactiva-
tion amèneront l’enfant à construire des patterns comportementaux d’atta-
chement de type insécure-ambivalent. Il est important de préciser que ces
stratégies conditionnelles ou adaptatives ne sont pas synonymes de psycho-
pathologie mais restent dans une construction normale bien qu’adaptative
du lien d’attachement (voir chapitres 5 et 21).
Conclusion
Les premières années sont essentielles pour le développement de l’attache-
ment et montrent le rôle de l’environnement dans la forme que prendra cet
attachement. Les concepts élaborés à cette période par Bowlby et Ainsworth
sont à la base de tous les développements théoriques et cliniques de l’atta-
chement.
Références
Ainworth, M. D. (1967). Infancy in Uganda. Infant care and the growth of attachment.
Baltimore: John Hopkins University Press.
Bowlby, J. (1969/1982). Attachment and loss. Vol. 1: Attachment. New York: Basic Books
(Traduction: J. Kalmanovitch. Attachement et perte. Vol. 1: L’attachement. Paris:
PUF; 1978).
126 Évolution et description de l’attachement tout au long de la vie
Bowlby, J. (1973). Attachment and loss. Vol. 2: Separation: anxiety and danger. New York:
Basic Books (Traduction: B. de Panafieu. Attachement et perte. Vol. 2: La Séparation.
Angoisse et colère. Paris: PUF ; 1978).
Greenberg, M. T., Speltz, M. L., DeKlyen, M., et al. (2001). Correlates of clinic
referral for early conduct problems: Variable-and person-oriented approaches.
Development and Psychopathology, 13, 255-276.
Howes, C. (1999). Attachment relationships in the context of multiple caregivers. In
J. Cassidy, & P. Shaver (Eds.), Handbook of attachment: Theory, research, and clinical
implications (2nd edition., pp. 671-687). New York: Guilford Press.
Leckman, J. F., Carter, C. S., Hennessy, M. B., et al. (2005). Biobehavioral processes in
attachment and bonding. In C. S. Carter, L. Ahnert, K. E. Grossmann et al.,(Eds.),
Attachment and bonding: A new synthesis (pp. 301-347). Cambridge, London: The
MIT Press, Dalhem University Press.
Marvin, R. S., & Britner, P. A. (1999). Normative development. The ontogeny of
attachment.. In J. Cassidy, & P. Shaver (Eds.), Handbook of attachment: Theory,
research, and clinical implications (2nd edition., pp. 44-67). New York: Guilford
Press.
Polan, H. J., & Hofer, M. A. (1999). Psychobiological origins of infant attachment and
separation responses. In J. Cassidy, & P. Shaver (Eds.), Handbook of attachment:
Theory, research, and clinical implications (2nd edition., pp. 162-180). New York:
Guilford Press.
Sroufe, L. A., & Waters, E. (1977). Attachment as an organizational construct. Child
Development, 48, 1184-1199.
Zeanah, C. H., & Boris, N. W. (2000). Disturbances and Disorders of attachment in
early childhood. In C. H. Zeanah (Ed.), Handbook of infant mental health (2nd
edition., pp. 353-368). New York: The Guildford Press.
12 Attachement
entre 4 et 12 ans
A.-S. Mintz
Caractéristiques de l’attachement
entre 4 et 12 ans
Un équilibre entre les différents systèmes motivationnels apparaît à cet
âge. Le système d’attachement n’est plus au premier plan comme lors
des années précédentes : le système exploratoire du monde externe et du
monde psychique interne se développe et s’autonomise, le système affiliatif
avec les relations aux pairs a une place croissante, le système peur-alarme
est plus sollicité au cours de l’exploration et, en fin d’enfance, l’arrivée de la
puberté éveille la sexualité.
Le développement de l’enfant, à la fois sur le plan cognitif, langagier et
affectif, change totalement son rapport aux autres et au monde, en particu-
lier à ses figures d’attachement. Le système comportemental d’attachement
se complexifie : il devient un système davantage représentationnel dans
lequel les comportements ne sont plus liés prioritairement au contexte mais
à son évaluation par l’enfant (Raikes et Thompson, 2005). L’enfant connaît
un développement significatif de ses capacités de penser au sujet des
autres, de lui-même et du fonctionnement des personnes et des relations
interhumaines. Ces capacités influencent la façon dont il se voit, voit
les autres, perçoit et comprend les situations. Il apprend que les comporte-
ments ne sont pas uniquement liés à un contexte mais sous-tendus par des
pas et qui p euvent être très différents d’eux : en particulier, ils peuvent
avoir des orientations d’attachement différentes. Ces adultes (instituteurs,
professeurs, animateurs, par exemple), par leurs exigences, vont solliciter
le système d’attachement de l’enfant et peuvent en influencer l’évolution
car certains vont devenir des figures d’attachement auxiliaires. Ces adultes
auront cette place s’ils servent de base de sécurité à l’enfant, lui permettant
d’explorer ou de relever un défi, et de havre de sécurité quand il est en
situation de détresse en l’absence de ses figures d’attachement principales.
Celles-ci restent, pendant l’enfance, les parents (Kerns et al., 2006). C’est au
niveau des figures auxiliaires que se diversifient les relations d’attachement.
L’enfant pourra ainsi aller vers l’une ou l’autre selon la nature du problème
ou du besoin : par exemple, l’instituteur pour un problème scolaire, les
grands-parents pour un souci familial non abordable avec les parents.
De par cette ouverture sur le monde extérieur, les relations aux pairs pren-
nent de l’importance durant cette période. Ces derniers ne représentent pas
cependant des figures d’attachement au sens strict du terme. Les relations
entre pairs sont sous-tendues par le système affiliatif (voir chapitre 4).
La sécurité de l’attachement commence à être caractéristique d’un enfant
et moins spécifique d’une relation : elle peut aussi influencer son lien avec
ces différentes personnes.
Ces changements entraînent une complexification des modèles internes
opérants (MIO) de l’enfant (voir chapitre 5).
À la fin de l’enfance, le sujet aura construit un modèle interne de repré-
sentations des relations d’attachement d’autant plus cohérent que l’ensem-
ble de ses relations auront été congruentes au cours de son développement
(Kerns et al., 2005).
Du fait de l’évolution du système d’attachement pendant l’enfance,
quelles seront les conditions de son activation ?
elles ont lieu pour des raisons inquiétantes comme une hospitalisation de
la figure d’attachement. Les situations de confits, d’abandon ou de ruptures
du lien mettent l’enfant dans cette situation, comme Bowlby l’a montré
(1973). Le rôle de l’entourage est alors primordial pour assurer à l’enfant le
réconfort dont il a besoin et lui servir de base de sécurité.
Enfin, l’activation du système exploratoire va activer le système d’attache-
ment avec une moindre intensité. Pour que l’exploration puisse se faire, le
système d’attachement ne doit pas être trop activé, mais l’enfant a besoin de
savoir sa figure d’attachement disponible en cas de besoin pour se « lancer »
dans cette activité. L’évaluation par l’enfant du défi qu’il a mené et l’incerti-
tude que cela génère activent son système d’attachement (Ainsworth, 1991).
Il utilise alors sa figure d’attachement comme une « base de sécurité ».
Le développement global de l’enfant lui permet de s’appuyer sur ses capa-
cités de réflexion et de représentations et d’ainsi pouvoir faire face à un
certain nombre de situations sans avoir recours à la présence physique de
ses figures d’attachement. La question de la continuité et du changement
dans l’attachement durant l’enfance est abordée dans le chapitre 5.
fait que les enfants sécures rapportent une meilleure qualité de la coopéra-
tion avec leurs parents dans les situations de négociation, ayant des parents
qui respectent mieux leurs préférences tout en gardant le contrôle de la
négociation, que les enfants insécures (Kerns et al., 2000). Ils expérimentent
ensemble la liberté d’explorer différentes perspectives et de développer des
idées créatives pour concilier les différents « agendas », celui de l’enfant et
celui du parent, dans les différents domaines (projets, priorités, obligations,
envies…). Dans les situations d’autorité, de frustration ou de séparation,
on insiste sur la capacité de négociation flexible. Les parents et l’enfant
doivent pouvoir exprimer leurs propres points de vue et préoccupations,
reconnaître celui de l’autre et pouvoir établir un échange permettant de
trouver un compromis satisfaisant pour tout le monde (Kobak et al., 1993 ;
Greenberg et al., 1991). Cette capacité est également sollicitée par toutes
les situations dans lesquelles l’enfant doit relever un défi qui nécessite le
soutien de ses parents. Sa capacité à partager ses doutes et ses craintes et
celle de ses parents à les recevoir vont leur permettre un échange adapté
aux besoins émotionnels de l’enfant. Ainsi, les enfants avec un attachement
sécure pouvant partager leurs émotions négocieront mieux ces situations
que les enfants qui ont un attachement insécure (Howe, 2011).
Malgré le nombre encore restreint d’études, on constate que la sécurité
d’attachement dans l’enfance reste liée à la réponse sensible et adaptée des
parents aux signaux de l’enfant ainsi qu’à l’adaptation de leur rôle aux nou-
veaux besoins, de même qu’à leur état d’esprit concernant l’attachement.
C’est ainsi que l’existence de conflits conjugaux qui entrave la qualité du
caregiving entraîne que les enfants qui vivent dans ces familles marquées
par des conflits importants rapportent des scores de sécurité bas dans leur
relation avec leurs parents (Harold et al., 2004 ; Davies et al., 2004).
Les autres aspects de la relation d’attachement dans l’enfance restent à
étudier plus avant, comme la place de la socialisation et de l’exploration. À
cet âge, le rôle des parents se diversifie beaucoup et la dimension de l’atta-
chement n’est qu’un des nombreux aspects de la relation parent-enfant.
Conclusion
Pendant l’enfance, la sécurité de l’attachement garde une certaine stabilité
et permet à l’enfant de poursuivre un développement harmonieux en
faisant face aux différents défis propres à cette période de vie. Le maintien
de la sécurité de la relation à ses figures d’attachement reste important, mais
un mouvement d’autonomisation se fait progressivement pour l’amener,
grâce au développement de ses capacités à penser, à explorer tranquille-
ment le monde. L’enfant pourrait dire à ses figures d’attachement : « Restez
disponibles et sensibles quand j’en ai besoin, mais laissez-moi commencer
à explorer le monde, je vous appellerai si ça ne va pas ! »
Références
Ainsworth, M. D., & Bowlby, J. (1991). An ethological approach to personality deve-
lopment. American Psychologist, 46, 333-341.
Berlin, L. J., & Cassidy, J. (1999). Relations among relationships. Contribution from
attachment theory and research. In J. Cassidy, & P. Shaver (Eds.), Handbook of
attachment. Theory, research, and clinical implications (2nd edition., pp. 688-712).
New York: Guilford Press.
Bowlby, J. (1969/1982). Attachment and loss. Vol. 1: Attachment. New York: Basic Books
(Traduction: J. Kalmanovitch. Attachement et perte. Vol. 1: L’attachement. Paris:
PUF; 1978).
Bowlby, J. (1973). Attachment and loss. Vol. 2: Separation: anxiety and danger. New York:
Basic Books (Traduction: B. de Panafieu. Attachement et perte. Vol. 2: La Séparation.
Angoisse et colère. Paris: PUF; 1978).
Cassidy, J. (1988). Child-mother attachment and the self in six year olds. Child deve-
lopment, 59, 121-134.
Cassidy, J., Ziv, Y., Mehta, T. G., et al. (2003). Feedback seeking in children and
adolescents: association with self-perceptions, attachment representations,
and depression. Child Development, 74, 612-628.
Contreras, J. M., Kerns, K. A., Weimer, B. L., et al. (2000). Emotion regulation as a
mediator of associations between mother-child attachment and peer relations-
hips in middle childhood. Journal of Family Psychology, 14, 111-124.
Crittenden, P. M., & Dallos, R. (2009). All in the family: integrating attachment and
family systems theories. Clinic Child Psychology Psychiatry, 14, 389-409.
Davis, D., Shaver, P. R., & Vernon, M. L. (2004). Attachment style and subjective
motivations for sex. PSPB, 8, 1076-1090.
Greenberg, M. T., Speltz, M. L., Deklyen, M., & Endriga, M. C. (1991). Attachment
security in preschoolers with and without externalizing problems. A replication.
Developmental Pschopathology, 3, 413-430.
136 Évolution et description de l’attachement tout au long de la vie
Grossmann, K. E., Grossmann, K., & Zimmermann, P. (1999). A wider view of attach-
ment and exploration. Stability and change during the years of immaturity. In J.
Cassidy, & P. Shaver (Eds.), Handbook of attachment. Theory, research, and clinical
implications (2nd edition, pp. 760-786). New York: Guilford Press.
Harold, G. T., Shelton, K. H., Goeke-Mourey, M. C., et al. (2004). Marital conflict,
child emotional security about family relationships, and child adjustment.
Social Development, 13, 350-376.
Howe, D. (2011). Attachment across the live course. New York: Palgrave, Mac Millan.
Jacobsen, T., Edelstein, W., & Hofmann, V. (1994). A longitudinal study of the
relation between representation of attachment in middle childhood and cog-
nitive functioning in childhood and adolescence. Developmental Psychology,
30, 112-124.
Kerns, K. A., Abraham, M. M., Schlelmilch, A., et al. (2007). Mother-child attachment
in later middle childhood: assessment approaches and associations with mood
and emotion regulation. Attachment & Human Development, 9, 33-53.
Kerns, K. A., Schlegelmilch, A., Morgan, T. A., et al. (2005). Assessing attachment in
middle childhood. In K. A. Kerns, & R. A. Richardson (Eds.), Attachment in middle
childhood (pp. 46-70). New York: Guildford Press.
Kerns, K. A., Tomick, P. L., Aspelmier, J. E., & Contreras, J. M. (2000). Attachment
based assessment of parent-child relationships in middle childhood. Develop-
mental Psychopathology, 36, 614-626.
Kerns, K. A., Tomich, P. L., & Kim, P. (2006). Normative trends in children’s percep-
tions of availability and utilization of attachment figures in middle childhood.
Social Development, 15, 1-22.
Kobak, R., Cole, R., & Ferrenz, E. (1993). Attachment and emotion regulation during
mother-teen problem solving: A control theory analysis. Child Development, 64,
231-245.
Kobak, R., Rosenthal, N., & Serwik, A. (2005). The attachment hierarchy in mid-
dle childhood: conceptual and methodological issues. In K. A. Kerns, & R.
A. Richardson (Eds.), Attachment in middle childhood (pp. 71-88). New York:
Guilford Press.
Macoby, E. (1984). Middle childhood in the context of the family. In W. A. Collins
(Ed.), Development during middle childhood (pp. 184-239). Washington: National
Academy Press.
Marvin, R. S., & Britner, P. A. (1999). Normative development: The ontogeny of
attachment. In J. Cassidy, & P. Shaver (Eds.), Handbook of attachment. Theory,
research, and clinical implications (2nd edition., pp. 44-67). New York: Guilford
Press.
Mayeseless, O. (2005). Ontogeny of attachment in middle childhood: Conceptualization
of normative changes. In K. A. Kerns, & R. A. Richardson (Eds.), Attachment in Middle
Childhood (pp. 1-23). New York: Guildford Press.
Moss, E., & St.-Laurent, D. (2001). Attachment at school age and academic performance.
Developmental Psychology, 37, 863-874.
Oppenheim, D., Koren-Karie, N., & Sagi-Schwartz, A. (2006). Emotions dialogues bet-
ween mothers and children at 4.5 years to 7.5 years: Relations with children’s
attachment at 1 year. Child development, 78, 38-52.
Raikes, H. A., & Thompson, R. A. (2005). Relationships past, present, and future: reflec-
tions on attachment in middle childhood. In K. A. Kerns, & R. A. Richardson
(Eds.), Attachment in Middle Childhood (pp. 225-282). New York: Guildford Press.
Attachement entre 4 et 12 ans 137
Sroufe, L. A., Egeland, B., & Carlson, E. A. (1999). One social world: The integra-
ted development of parent-child and peer relationships. In W. A. Collins, & B.
Laursen (Eds.), Relationships as developmental contexts (pp. 241-261). Hillsdale:
Erlbaum.
Steele, H., Steele, M., Croft, C., et al. (1999). Infant-mother attachment at one year
predicts children’s understanding of mixed emotions at six years. Social develop-
ment, 8, 161-178.
Ziv, Y., Oppenheim, D., & Sagi-Schartz, A. (2004). Social information processing
in middle childhood: Relation to infant-mother attachment. Attachment and
Human Development, 6, 327-348.
13 Attachement
et adolescence
F. Atger, C. Lamas
Relations amoureuses
L’un des aspects les plus importants des relations avec les pairs à l’adoles-
cence est représenté par les relations amoureuses. Ces relations ne relèvent
pas uniquement de l’attachement ; il est évident que le système sexuel
en est une composante essentielle. Ce système émerge au début de l’ado-
lescence, en lien avec les changements hormonaux et il est tout aussi
biologiquement ancré que le système d’attachement ; il a comme lui un rôle
essentiel dans la survie de l’espèce. Le système d’attachement et le système
sexuel poussent tous les deux à l’établissement de relations amoureuses
(Allen et al., 2008). La composante sexuelle de ces relations représente sans
aucun doute un facteur déterminant dans la création d’un nouveau lien
144 Évolution et description de l’attachement tout au long de la vie
Adolescents sécures
Un adolescent sécure dispose de ressources optimales pour faire face aux
multiples changements de cette période.
Il existe une relation entre la sensibilité des parents et la sécurité de l’atta-
chement de l’adolescent (Allen et al., 2003). Mais si la sensibilité des parents
favorise la sécurité, réciproquement les adolescents sécures permettent à
leurs parents d’être plus sensibles parce qu’ils communiquent plus facile-
ment sur leurs états émotionnels.
La sécurité de l’attachement est associée à un équilibre entre autonomie
et maintien de la qualité des échanges avec les parents (Allen et al., 2003).
Elle est positivement corrélée avec la désidéalisation de la mère, le soutien
et l’accordage avec elle. Les adolescents sécures (Kobak et al., 1993), sont
capables de discuter de manière plus constructive de sujets difficiles, en
rapport avec l’attachement, avec leurs parents. Ils évitent moins de s’enga-
ger dans le conflit et montrent moins de colères dysfonctionnelles. Ce qui
est caractéristique est qu’ils tempèrent les moments conflictuels par des
comportements qui visent à maintenir et à préserver la relation avec leurs
parents.
Une étude longitudinale (Becker-Stoll et Fremmer-Bombik, 1997, cité in
Allen, 2008) a montré que la sécurité de l’attachement évaluée à un an
dans la Situation étrange est plus prédictive à l’adolescence de la qualité
de l’interaction avec la mère que de l’état d’esprit évalué avec l’AAI. La
sécurité de la relation parents-adolescent est distincte de la sécurité de l’état
d’esprit de l’adolescent et ces deux aspects doivent probablement être pris
en compte pour évaluer la sécurité de l’attachement à l’adolescence.
Les relations avec les pairs des adolescents sécures se caractérisent égale-
ment par leurs aspects positifs : aisance vis-à-vis de l’intimité émotionnelle,
capacité de régulation des émotions lors des conflits (Zimmermann, 2004).
146 Évolution et description de l’attachement tout au long de la vie
Adolescents insécures
Les adolescents insécures, et surtout les préoccupés, sont plus en difficulté
pour affronter l’adolescence (Scharf et Mayseless, 2007). Ils ont plus de mal
à communiquer sur leurs émotions avec leurs parents, que ce soit de leur
fait ou du fait du manque de sensibilité de leurs parents.
Les adolescents préoccupés sont le plus souvent empêtrés dans des
conflits avec leurs parents qui sapent leur autonomie. Ils ont plus de dif-
ficultés à quitter la maison pour l’université (Bernier et al., 2005). La cris-
pation des interactions familiales peut retentir sur le degré de sécurité de
l’attachement. Dans les relations avec les pairs, les adolescents préoccupés
apparaissent peu sûrs d’eux, anxieux.
Les adolescents détachés sont ceux qui montrent le moins d’autonomie
mais aussi de connexion dans l’interaction avec leurs parents. On peut pen-
ser qu’un retrait vis-à-vis des expériences d’attachement peut notablement
altérer le processus de renégociation des relations avec les parents. De plus,
les familles d’adolescents détachés ont tendance à être moins réactives à
leurs adolescents que les familles d’adolescents préoccupées.
Dans les relations avec les pairs, le malaise par rapport aux affects entraîne
leur mise à distance, particulièrement de ceux qui pourraient devenir des
amis proches (Kobak et Sceery, 1988). Ce sont l’hostilité et le manque de
compétence sociale qui dominent dans l’image qu’ils donnent à des tiers,
beaucoup plus que l’anxiété (Kobak et Sceery, 1988).
Enfin, dans l’étude de Moore (1997), les adolescents ayant des stratégies
détachées étaient ceux qui avaient les relations sexuelles les plus précoces.
Conclusion
L’étude de l’attachement chez l’adolescent en est à son tout début. Elle
donne une nouvelle signification aux nouvelles tâches du développement
que doit surmonter l’adolescent et revisite le dilemme attachement/
éloignement.
Références
Ainsworth, M. S. (1989). Attachments beyond infancy. American Psychologist, 44,
709-716.
Allen, J. P. (2008). Attachment in adolescence. In J. Cassidy, & P. Shaver (Eds.),
Handbook of attachment. Theory, research, and clinical implications (2nd edition,
pp. 419-435). New York: Guilford Press.
Allen, J. P., Hauser, S. T., Bell, K. L., et al. (1994). Longitudinal assessment of
autonomy and relatedness in adolescent-family interactions as predictors
of adolescent ego development and self-esteem. Child Development, 65, 179-194.
Allen, J. P., McElhaney, K. B., Land, D. J., et al. (2003). A secure base in adolescence:
Markers of attachment security in the mother-adolescent relationship. Child
Development, 74, 292-307.
Allen, J. P., McElhaney, K. B., Kuperminc, et al. (2004). Stability and change in attachment
security across adolescence. Child Development, 75, 1792-1805.
Allen, J. P., Moore, C., Kuperminc, G., Bell, K., et al. (1998). Attachment and adolescent
psychosocial functionning. Child Development, 69, 1406-1419.
Ammaniti, M., Van IJzendoorn, M. H., Speranza, A. M., et al. (2000). Internal working
models of attachment during late childhood and early adolescence: An explo-
ration of stability and change. Attachment and Human Development, 2, 328-346.
Belsky, J., & Fearon, R. M. (2002). Early attachment security, subsequent maternal
sensitivity, and later child development: Does continuity in development
depend upon continuity of caregiving? Attachment and Human Development,
4, 361-387.
Bernier, A., Larose, S., & Whipple, N. (2005). Leaving home for college: A potentially
stressful event for adolescents with preoccupied attachment patterns. Attachment
and Human Development, 7, 171-185.
Bowlby, J. (1969/1982). Attachment and loss. Vol. 1: Attachment. New York: Basic
Books.(Traduction: J. Kalmanovitch. Attachement et perte. Vol. 1: L’attachement.
Paris: PUF; 1978).
Crittenden, P. M. (1990). Internal representational models of attachment relation
ships. Infant Mental Health Journal, 11, 259-277.
Hazan, C., & Zeifman, D. (1994). Sex and the psychological tether. In K. Bartholomew,
& D. Perlman (Eds.), Advances in personal relationships (pp. 151-178). (Vol. 5).
London: Jessica Kingsley, Attachment processes in adulthood.
Kobak, R., & Sceery, A. (1988). Attachment in late adolescence. Working models,
affect regulation, and representation of self and others. Child Development, 59,
135-146.
Kobak, R., Cole, H. E., Ferenz-Gillies, R., Fleming, W. S., Gamble, S., et al. (1993).
Attachment and emotion regulation during mother-teen problem solving: a
control theory analysis. Child Development, 64, 231-245.
Attachement et adolescence 149
Kobak, R., & Duemmler, S. (1994). Attachment and conversation: Toward a discourse
analysis of adolescent and adult security. In K. Bartholomew, & D. Perlman
(Eds.), Advances in personal relationships (pp. 121-149). (Vol. 5). London: Jessica
Kingsley, Attachment processes in adulthood.
Larose, S., Bernier, A., & Tarabulsy, G. M. (2005). Attachment state of mind, learning
dispositions, and academic performance during the college transition. Develop-
mental Psychology, 41, 281-289.
Main, M. (1991). Metacognitive knowledge, metacognitive monitoring, and singu-
lar (coherent) versus multiple (incoherent) model of attachment: findings and
directions for future research. In C. M. Parkes, J. Stevenson-Hinde, & P. Marris
(Eds.), Attachment across the life cycle (pp. 127-159). London, Tavistok: Routledge.
Main, M., Goldwin, R., Hesse, E. (2003). Adult attachment scoring classification sys-
tem. Unpublished manuscript, University of California, Berkeley.
Moore, C.W. (1997). Models of attachment, relationships with parents, and sexual
behavior in at-risk adolescents. Unpublished doctoral dissertation, University
of Virginia.
Scharf, M., & Mayseless, O. (2007). Putting eggs in more than one basket: a new
look at developmental processes of attachment in adolescence. New Directions
for Child and Adolescent Development, 117, 1-22.
Weinfield, N. S., Whaley, G. J. L., & Egeland, B. (2004). Continuity, discontinuity and
coherence in attachment from infancy to late adolescence: Sequelae of organisa-
tion and disorganization. Attachment and Human Development, 6, 73-97.
Zimmermann, P. (2004). Attachment representations and characteristics of friends-
hip relations during adolescence. Journal of Experimental Child Psychology,
88, 83-101.
14 Attachement
chez l’adulte :
l’Adult Attachment
Interview et l’approche
développementale
S. Tereno, F. Atger
Concepts théoriques
La notion de sécurité pour Mary Main
D’un point de vue représentationnel, Main et al. (1985) définissent la sécu-
rité comme la capacité du sujet à avoir accès à l’information pertinente du
point de vue de l’attachement et la possibilité d’intégrer ses expériences
personnelles de façon cohérente, en termes d’aspects positifs et négatifs et
en termes de dimensions émotionnelle et cognitive. L’insécurité est définie
par l’absence d’une telle capacité d’intégration, qui peut être relevée au
cours de l’entretien à différents niveaux :
• par des contradictions entre les épisodes décrits et les évaluations ou les
opinions à propos des relations en général avec les parents ;
• par des fluctuations répétées entre deux points de vue positifs et néga-
tifs ;
• par un dénigrement extrême des parents sans justification valable ;
• par le refus ou l’incapacité à rester sur le sujet sur lequel porte l’entretien.
Un examen attentif et complet du texte de l’entretien a permis de mettre
en évidence quatre patterns de réponse reflétant les différences individuelles
chez l’adulte dans les représentations d’attachement.
Présentation de l’outil
L’AAI est un entretien semi-structuré destiné aux adultes. Il comporte vingt
questions qui portent sur l’état d’esprit actuel vis-à-vis des expériences
d’attachement de la personne interrogée, ainsi que sur les effets et les
influences de ces expériences sur la personnalité et les relations de l’adulte.
Même si cet adulte est principalement invité à parler de son enfance, l’outil
ne vise pas à évaluer rétrospectivement l’attachement de cette personne
lorsqu’elle était enfant, mais bien son état d’esprit actuel.
Tout d’abord, le sujet est interrogé sur sa relation avec chacun de ses
parents. Il lui est demandé de donner cinq adjectifs décrivant sa relation
avec chacun d’entre eux, puis de trouver un souvenir illustrant chacun des
qualificatifs. Ces questions concernant les souvenirs permettent d’explorer
la cohérence entre mémoire sémantique (telle qu’elle apparaît à travers les
adjectifs) et mémoire épisodique (les souvenirs) et jouent un rôle crucial
dans l’analyse du discours. La sollicitation de souvenirs revient sous diffé-
rentes formes tout au long de l’entretien. La seconde et la troisième partie
de l’AAI s’intéressent aux expériences de séparation, aux éventuels abus
ou aux rejets que le sujet aurait subis ainsi qu’aux expériences de deuil. Il
est invité ensuite à réfléchir sur l’évolution de ses relations avec ses figures
d’attachement. On lui demande enfin d’explorer les expériences qu’il a avec
ses propres enfants (Main, 1991).
L’entretien a été décrit comme une tentative de surprendre l’inconscient
(George et al., 1985). Son format offre de larges opportunités au narrateur
de se contredire, de ne pas étayer ce qu’il a dit juste auparavant ou un
peu plus tard, dans ses propos. Le codage est fondé sur l’évaluation de la
cohérence de la transcription et sur d’autres aspects de la « représentation
mentale » actuelle, et non sur l’évocation rétrospective d’événements de vie
(Main, 1991).
Initialement, les auteurs ont conçu trois catégories correspondant à celles
de la SSP. Aux enfants classés « évitants » correspondent des figures paren-
tales à l’état d’esprit « détaché » ; aux enfants classés « insécures-ambivalents/
résistants » correspondent des figures parentales « préoccupées » ; aux enfants
« sécures » des figures parentales « libres/autonomes ». Secondairement, un
quatrième pattern, « désorganisé », chez les enfants a été associé, chez les
adultes, à la catégorie « non résolu/désorganisé » en lien avec un deuil ou un
traumatisme.
La bonne concordance entre les catégories déterminées à l’AAI (parents)
et les catégories déterminées à la SSP (enfant) a été maintes fois répliquée.
Cotation
L’intégralité de l’interview est retranscrite sous forme de verbatim pour
permettre la cotation. Celle-ci se fera sur le texte sans prendre en compte
154 Évolution et description de l’attachement tout au long de la vie
émotions liées à leurs souvenirs semblent les déborder. Ils peuvent mon-
trer un sentiment de colère encore actuel et mal contenu vis-à-vis de leurs
parents ou osciller entre des positions diamétralement opposées concernant
l’appréciation de leurs relations avec leurs parents.
La catégorie « non résolu/désorganisé » (U/d, Unresolved/disorganized) a
été individualisée plus tardivement, elle regroupe les sujets dont le discours
se désorganise dans sa forme ou dans son contenu lorsque sont évoquées
des expériences traumatiques (perte, séparation, abus). Pour cette catégorie,
le cotateur devra en premier lieu chercher à déterminer s’il y a eu abus
ou non (psychique, physique ou sexuel) avant de mesurer l’intensité de
celui-ci, permettant d’aboutir à la classification finale. Cette catégorie peut
compléter une classification dans les catégories F, Ds ou E.
Enfin, certains narratifs sont considérés comme « non classifiables »
quand la transcription montre des patterns distincts d’état d’esprit ou
d’autres signes majeurs d’incohérence qui ne permettent pas de repérer une
stratégie organisée (Hesse et Main, 1999).
55 % sont autonomes, 16 % détachées, 9 % préoccupées and 19 % non
résolus ;
– 62 % des pères (n = 286) sont sécures/autonomes, 22 % détachés et 16 %
préoccupés ; si l’on considère les quatre catégories, il y a 57 % de pères
autonomes, 15 % de détachés, 11 % de préoccupés et 17 % de non résolus ;
• échantillons non cliniques d’adolescents et de jeunes adultes sans enfants
(n = 277 et n = 225) : 56 % des sujets étaient classés sécures/autonomes,
27 % détachés et 17 % préoccupés ; si l’on considère les quatre catégories,
48 % étaient classés sécures/autonomes, 21 % détachés, 12 % comme
préoccupées et 20 % non résolus ;
• échantillons de bas niveau socio-économique : 48 % des mères (n = 411) sont
sécures/autonomes, 33 % détachées et 18 % préoccupées ; si l’on considère
les quatre catégories (n = 350), 39 % on une organisation sécure/autonome,
25 % détachée, 8 % préoccupées et 28 % sont non résolues ;
• échantillons cliniques, comportant des gens jeunes et des adultes souffrant de
troubles psychologiques (n = 411) : une surreprésentation statistiquement très
significative d’organisation insécures était observée (D et E). Une surrepré-
sentation de classifications U et E quand on prenait en compte les quatre
organisations (n = 165) a aussi été trouvée ;
• échantillons comprenant des parents dont les enfants présentaient des troubles
psychologiques : 14 % des parents étaient sécures/autonomes, 41 % détachés
et 45 % préoccupés ;
• échantillons de parents dont les enfants sont hospitalisés pour une maladie
somatique sévère ou chronique : ils ne différaient pas des échantillons contrôles,
suggérant que l’insécurité des parents est associée seulement aux troubles
émotionnels et comportementaux de leurs enfants et non avec leurs pro-
blèmes somatiques.
Dans une méta-analyse plus récente de plus des trente études ayant
utilisé l’AAI depuis vingt-cinq ans, Bakermans-Kranenburg et Van
IJzendoorn (2009) rapportent sur un échantillon de 748 mères issues
de population non clinique la distribution suivante : 23 % de déta-
chées, 58 % de sécures, 19 % de préoccupées ; quand les quatre catégo-
ries sont considérées, cette distribution évolue en 16 % de détachées,
56 % de sécures, 9 % de préoccupées et 18 % de non résolu ou de non
classifiables (sur 700 sujets). La grande majorité des sujets non résolus
faisaient partie du groupe de « préoccupés ». Chez 482 pères, eux aussi
issus de populations non cliniques de treize études, les distributions
deviennent respectivement : 58 % de sécures, 28 % de détachés, 15 %
de préoccupés ; si quatre catégories sont considérées, 50 % de sécures,
24 % de détachés, 11 % de préoccupés et 15 % de non résolu ou de non
classifiables. Seule la distribution à quatre catégories montre une dif-
férence significative entre les hommes et les femmes, avec plus d’état
d’esprit détaché chez les pères.
158 Évolution et description de l’attachement tout au long de la vie
colère vis-à-vis des parents et/ou lorsque le discours est confus, erratique,
induisant un score élevé à l’échelle de passivité. Un état d’esprit sécure, dit
« libre/autonome », à l’inverse est souvent caractérisé par des scores bas sur
les échelles évoquées jusqu’ici et des scores élevés aux échelles repérant la
cohérence de l’esprit et la cohérence du transcript. Les plus sécures auront
également un score élevé à l’échelle de monitoring métacognitif qui est un
indicateur de la capacité du sujet non seulement à évoquer librement ses
souvenirs mais également à les commenter et en modifier l’appréciation
pendant le temps de l’entretien.
Dans un deuxième temps, l’analyse est réalisée selon la méthode dite
« top-down » qui consiste à utiliser une description détaillée de chacun des
trois états d’esprit en regardant dans quelle mesure le discours correspond
à ces descripteurs.
Lorsque les deux méthodes convergent, il est alors possible d’attribuer le
transcript à une catégorie.
Ce travail est ensuite complété par la cotation de l’échelle qui repère
spécifiquement les signes de désorganisation dans le discours et qui per-
met de déterminer si un transcript, qu’il soit « détaché », « préoccupé » ou
« sécure », correspond à un état d’esprit « non résolu » par rapport à une
perte ou un abus.
Contributions de Crittenden
Modèle dynamique maturationnel
de l’attachement
Dans son « modèle dynamique maturationnel de l’attachement », Crittenden
(1999) met au contraire l’accent sur la non-stabilité des MIO. Son modèle
est structuré autour de deux processus, transformations cognitives et
transformations affectives, qui transforment les stimuli sensoriels externes
en information pertinente pour le sujet ; cette information est alors utilisée
pour identifier les dangers externes et s’en protéger. Dans des environne-
ments cohérents, l’information cognitive est un outil utile de prédiction des
événements, ce qui n’est pas le cas dans les environnements imprévisibles.
Les transformations affectives de l’information portent sur les sentiments
d’anxiété et de réconfort, provoqués par certains stimuli, qui surviennent
en dehors d’un apprentissage contextuel ou sans expérience préalable. En
fonction du degré de sécurité et de l’accès à la figure d’attachement, l’affect
peut être expliqué adéquatement, inhibé, falsifié ou omis dans le processus
représentationnel. Chacune des stratégies d’attachement reflète un style
particulier de traitement de l’information cognitive et affective. La stratégie
dite « A » repose sur l’information cognitive : elle omet, inhibe, distord ou
falsifie l’affect. La stratégie dite « C » est une stratégie « émotionnelle » : elle
repose sur une exagération de l’exposition émotionnelle et sur l’omission
de l’information affective. La stratégie « B » se réfère à une utilisation équili-
brée des deux sources d’information (Crittenden, 1999).
Selon Crittenden (2000, 2011), l’interaction entre maturité et expérience
se traduit par des changements dans les MIO tout au long de la vie. Théo-
riquement, seule une proposition comme celle qui vient d’être évoquée est
compatible avec un raisonnement systémique et avec les caractéristiques
des systèmes vivants, plus particulièrement avec les notions de feedback
et d’auto-organisation (Capra, 1997). Spécifiquement, les formes vivantes
existent d’une façon stable et dans un équilibre particulier. Ces états peu-
vent rester stables pendant de longues périodes, indépendamment des feed-
back négatifs extérieurs au système. Cependant, les systèmes vivants sont
auto-organisés, c’est-à-dire qu’ils tendent à s’organiser eux-mêmes d’une
162 Évolution et description de l’attachement tout au long de la vie
Conclusion
L’AAI est un outil d’une richesse théorique et clinique qui a inspiré de nom-
breux développements dans la théorie de l’attachement. Sa complexité
d’analyse en est une limitation. Il symbolise l’approche dite développemen-
tale de l’attachement chez l’adulte et est particulièrement pertinent pour les
études sur la parentalité.
Références
Ammaniti, M., Van IJzendoorn, M. H., Speranza, A. M., & Tambelli, R. (2000). Inter-
nal working models of attachment during late childhood and early adolescence:
An exploration of stability and change. Attachment and Human Development, 2,
328-346.
Attachement chez l’adulte... 165
Bakermans-Kranenburg, M. J., & Van IJzendoorn, M. H. (2009). The first 10,000 Adult
Attachment Interviews: Distributions of adult attachment representations in
clinical and non-clinical groups. Attachment & Human Development, 11, 223-263.
Bakermans-Kranenburg, M. J., & Van IJzendoorn, M. H. (1993). A psychometric study
of the Adult Attachment Interview reliability and discriminant validity. Develop-
mental Psychology, 29, 870-879.
Benoit, D., Zeanah, C., Boucher, C., et al. (1992). Sleep disorders in early childhood:
association with insecure maternal attachment. J Am Acad Child Adolesc Psychia-
try, 31, 86-93.
Bowlby, J. (1973/1979). Attachment and loss. Vol. 2: Separation: anxiety and danger.
New York: Basic Books.(Traduction: B. de Panafieu. Attachement et perte. Vol. 2:
La Séparation. Angoisse et colère. Paris: PUF; 1978).
Capra, F. (1997). The web of life: A new synthesis of mind and matter. London: Flamingo.
Crittenden, P. (1999). Danger and development: The organization of self-protective
strategies. In J. Vondra, D. Barnett (eds). Monographs for the Society for Research on
Child Development, 64, 145-71.
Crittenden, P. (2000). A dynamic-maturational approach to continuity and change
in patterns of attachment. In P. M. Critenden, & A. H. Clausson (Eds.), The
organization of attachment relationships: Maturation, culture and context (pp. 343-357).
New York: Cambridge University Press.
Crittenden, P. M., & Landini, A. (2011). Assessing adult attachment. A dynamic-
maturational approach to discourse analysis. New York, London: W.W. Norton et
Company.
Crowell, J., O’Conner, E., Wollmers, G., Sprafkin, J., & Rao, U. (1992). Mothers’ concep-
tualizations of parent-child relationships: Relation to mother-child interaction
and child behaviour problems. Development and Psychopathology, 3, 431-444.
Crowell, J., Owens, G. (1996). Current Relationship Interview and scoring system.
Unpublished manuscript. University of New York at Stony Brook.
Fonagy, P., Steele, M., Steele, H., et al. (1991). The capacity for understanding men-
tal states. The reflective self in parent and child and its significance for security of
attachment. Infant Mental Health Journal, 12, 201-218.
Fonagy, P., Leigh, T., Steele, M., Steele, H., Kennedy, R., Mattoon, G., Target, M., &
Gerber, A. (1996). The relation of attachment status, psychiatric classification,
and response to psychotherapy. Journal of Consulting and Clinical Psychology,
64, 22-31.
Fraley, R. C., & Roisman, G. I. (2014). Categories or dimensions? A taxometric
analysis of the adult attachment interview. Monographs of the Society for Research
in Child Development, 79, 36-50.
George, C., Kaplan, N., Main, M. (1984, 1985, 1996). Attachment interview for adults.
Unpublished manuscript.
Greenberg, M., DeLyen, M., Speltz, M., & Endriga, M. (1997). The role of attachement
processes in externalizing psychopathology in young children. In L. Atkinson,
& K. Zucker (Eds.), Attachment and psychopathology (pp. 196-222). New York: The
Guildford Press.
Kobak, R. (1993). The Attachment Q-Sort. Unpublished manuscript. University of
Delaware.
Kobak, R., & Sceery, A. (1988). Attachment in late adolescence: working models,
affect regulation, and representations of self and others. Child Development, 59,
135-146.
166 Évolution et description de l’attachement tout au long de la vie
N. Guédeney, S. Tereno
stressante,
l’évocation consciente ou automatique (techniques de pri-
ming), en dehors de sa présence, d’une figure d’attachement soutenante
a un effet calmant et apaisant (McGowan, 2002). Feeney (2007) mon-
tre que le phénomène de base de sécurité est source d’autonomie : une
relation sécure donne au sujet soutenu plus de capacités à réaliser ses
objectifs personnels et plus de volonté de résoudre des tâches concrètes
avec ses seules compétences.
Les MIO jouent un rôle sur la manière dont les sujets pensent à propos
d’eux-mêmes et de leurs relations, au travers des processus d’attention,
de mémoire, d’adaptabilité et de sociabilité. Ils guident le sujet dans la
construction de ses expériences interpersonnelles, en donnant sens à ses
relations. Les réponses émotionnelles sont particulièrement importantes.
Lorsque des événements pertinents quant à l’attachement surviennent, les
MIO initient une réponse émotionnelle immédiate et largement automa-
tique (processus d’évaluation primaire). Le type spécifique d’émotion qui
sera éveillé et choisi est déterminé par l’évaluation secondaire des options
possibles en réponse à l’événement déclenchant. Des réactions émotion-
nelles intenses vont conduire les individus à s’appuyer sur des schémas déjà
appris et non pas à traiter l’information de manière maîtrisée et ouverte
(Mallinckrodt et al., 2009). Chaque fois que les MIO sont activés, ils sont à
l’origine de projets et de tendances à l’action, jouant le rôle de « patrons »
automatiquement activés. Ils fournissent des sortes de « kits » de stratégies
comportementales qui fonctionnent selon les règles « si…, alors… » pour
atteindre les objectifs pertinents quant à l’attachement. Ainsi, une fois la
situation sociale évaluée, la réponse comportementale du sujet peut être
surdéterminée, particulièrement dans les conditions de stress et d’éveil.
La question de l’intégration des multiples représentations liées à l’atta-
chement chez l’adulte est encore à l’état d’hypothèse. Le modèle actuel
le plus consensuel est le modèle bi-hiérarchique emboîté (nested model ;
Collins et al., 2004). Au sommet de la hiérarchie, on trouve le modèle par
défaut (default model), qui correspond aux représentations les plus générales
au sujet de soi et des autres, une sorte de résumé de l’histoire des expé-
riences avec les figures d’attachement clés. Ce niveau général d’intégration
des MIO s’applique à une large gamme de situations pertinentes quant à
l’attachement : on le désigne sous les termes de méta-représentation, style
général d’attachement ou style primaire d’attachement. Plus bas dans la
hiérarchie, on trouve les modèles « domaines-spécifiques » qui correspon-
dent à des types particuliers de relations (parent-enfant, amoureuses, etc.).
À un niveau plus inférieur se trouvent des modèles « relations-spécifiques »
qui correspondent aux relations particulières. Ces niveaux hiérarchiques
peuvent être dénommés qualité d’attachement ou style d’attachement
secondaire. Ce modèle est encore complexifié par la probable existence,
au sein d’un même niveau hiérarchique, d’une autre division « modèle
général/modèle spécifique » : par exemple au sein du modèle général « les
amis », le modèle d’un ami particulier. Au sein de ce modèle existerait un
autre niveau de complexité lié au contexte. Ces contextes spécifiques varie-
raient selon la figure relationnelle concernée, le niveau de stress contextuel,
le domaine spécifique sur lequel porte la demande d’aide et activeraient dif-
férents modèles de travail à l’origine de différents comportements du phé-
nomène de base de sécurité (Hazan et al., 2004). Enfin, il faut différencier,
Attachement chez l’adulte... 177
Conclusion
La théorie de l’attachement met l’accent sur l’importance d’une lecture déve-
loppementale, contextuelle et interpersonnelle du fonctionnement adulte,
qui ne peut qu’enrichir la pratique en santé mentale de l’adulte. Chercher
la proximité et le soutien a une fonction adaptative et de régulation, en
178 Évolution et description de l’attachement tout au long de la vie
particulier sur les émotions négatives ; avoir des figures d’attachement dis-
ponibles et qui répondent de manière sensible et rapide a un effet bénéfique
sur l’état émotionnel, l’image de soi, le comportement dans les relations
proches et l’engagement dans les activités qui contribuent au développe-
ment du soi.
Références
Ainsworth, M. D., Blehar, D. S., Waters, E., & Walls, S. (1978). Patterns of attachment.
Hillsdale, NJ: Erlbaum.
Ainsworth, M. D. (1991). Attachments and other affectional bonds across the life
cycle. In C. Murray, J. S. Parkes, J. Stevenson-Hinde et al.,(Eds.), Attachment
across the life cycle (pp. 33-51). London: Routledge.
Belsky, J. (1999). Interactional and contextual determinants of attachment security.
In J. Cassidy, & P. Shaver (Eds.), Handbook of attachment. Theory, research, and
clinical implications (pp. 151-173). New York: Guilford Press.
Bowlby, J. (1969/1982). Attachment and loss. Vol. 1: Attachment. New York: Basic
Books.(Traduction : J. Kalmanovitch. Attachement et perte. Vol. 1 : L’attachement.
Paris: PUF; 1978).
Bowlby, J. (1988). A secure base. New York: Basic Books.
Cassidy, J., & Kobak, R. R. (1988). Avoidance and its relation to other defensive
processes. In J. Belski, & T. Nezworski (Eds.), Clinical implications of attachment
(pp. 300-319). Hillsdale, NJ: Erlbaum.
Coan, J. A., Schaefer, H. S., & Davidson, R. J. (2006). Lending a hand. Social regulation
of the neural response to threat. Psychological Science, 17, 1032-1039.
Collins, N. L., & Feeney, B. C. (2000). A safe haven: An attachment theory pers-
pective on support seeking and caregiving in intimate relationships. Journal of
Personality and Social Psychology, 78, 1053-1073.
Collins, N. L., & Feeney, B. C. (2004). Working models of attachment shape percep-
tions of social support: Evidence from experimental and observational studies.
Journal of Personality and Social Psychology, 87, 363-383.
Collins, N. L., & Read, S. J. (1994). Cognitive representations of attachment: The
structure and function of working models. In K. Bartholomew, & D. Pearl-
man (Eds.), Attachment processes in adulthood: Advances in personal relations-
hips (pp. 53-90). London: Jessica Kingsley Publishers.
Dornes, M. (2000). Psychanalyse et développement précoce. Paris: PUF.
Feeney, B. C., & Collins, N. L. (2004). Interpersonal safe haven and secure base caregi-
ving processes in adulthood. In W. S. Rholes, & J. A. Simpson (Eds.), Adult attach-
ment: Theory, research and implications (pp. 300-338). New York: Guildford Press.
Feeney, J. A., & Hohaus, L. (2001). Attachment and spousal caregiving. Personal
Relationships, 8, 21-39.
Feeney, J. A. (2004). Adult attachment and relationship functioning under stressful
conditions. In W. S. Rholes, & J. A. Simpson (Eds.), Adult attachment: Theory,
research and implications (pp. 339-364). New York: Guildford Press.
Feeney, B. C. (2007). The dependency paradox in close relationships: Accepting
dependence promotes independence. Journal of Personality and Social Psychology,
92, 268-285.
Attachement chez l’adulte... 179
Fraley, R. C., & Shaver, P. R. (1998). Airport separations: a naturalistic study of adult
attachment dynamics in separating couples. Journal of Personality and Social Psy-
chology, 75, 1198-1212.
Grossmann, K. E., Grossmann, K., & Zimmermann, P. (1999). A wider view of attach-
ment and exploration. Stability and change during the years of immaturity. In J.
Cassidy, & P. Shaver (Eds.), Handbook of attachment. Theory, research, and clinical
implications (pp. 760-786). New York: Guilford Press.
Guédeney, N. (2011). Les racines de l’estime de soi : apports de la théorie de l’atta-
chement. Devenir, 23, 129-144.
Hazan, C., Gur-Yaish, N., & Campa, M. (2004). What does it mean to be attached?
In W. S. Rholes, & J. A. Simpson (Eds.), Adult attachment: Theory, research and
implications (pp. 55-85). New York: Guildford Press.
Hazan, C., & Shaver, P. R. (1990). Love and work: an attachment theoretical pers-
pective. Journal of Personality and Social Psychology, 52, 270-280.
Hazan, C., & Shaver, P. R. (1994). Attachment as an organizational framework for
research on close relationships. Psychological Inquiry, 5, 1-22.
Holmes, J. (2001). The search for a secure base. Attachment theory and psychotherapy.
New York: Routledge.
Howe, D. (2011). Attachment across the live course. New York: Palgrave, Mac Millan.
Kobak, R. R., Cole, H. E., Ferenz-Gillies, R., et al. (1993). Attachment and emotion
regulation during mother-teen problem solving: A control theory analysis.
Child Development, 64, 231-245.
Liotti, G. (2004). Trauma, dissociation and disorganized attachement: three strands
of a single Braid. Psychotherapy: Theory, Research, Practice, Training, 41, 472-486.
Mac Gowan, S. (2002). Mental representations in stressfull situations: the calming
and distressing effects of significant others. Journal of Experimental Social
Psychology, 38, 152-161.
Mallinckrodt, B., Daly, K., & Wang, C. C. (2009). An attachment approach to adult
psychotherapy. In J. H. Obeji, & E. Berant (Eds.), Attachment theory and research in
clinical work with adults (pp. 234-268). New York: The Guildford Press.
Mikulincer, M., Gillath, O., & Shaver, P. R. (2002). Activation of the attachment
system in adulthood: threat-related primes increase the accessibility of mental
representations of attachment figures. Journal of Personality and Social Psychology,
83, 881-895.
Mikulincer, M., & Shaver, P. R. (2007). Attachment in Adulthood: Structure, Dynamics,
and Change. New York: The Guildford Press.
Mikulincer, M., & Shaver, P. R. (2008). Adult attachment and affect regulation. In J.
Cassidy, & P. Shaver (Eds.), Handbook of attachment. Theory, research, and clinical
implications (2nd edition, pp. 503-531). New York: Guilford Press.
Pietromonaco, P. R., Greenwood, D., & Barrett, L. F. (2004). Conflict in Adult Close
Relationships. In W. S. Rholes, & J. A. Simpson (Eds.), Adult attachment: Theory,
research and implications (pp. 267-299). New York: Guildford Press.
Shaver, P. R., & Mikulincer, M. (2004). What do self-report attachment measures
assess? In W. S. Rholes, & J. A. Simpson (Eds.), Adult attachment: Theory, research
and implications (pp. 17-54). New York: Guildford Press.
Simpson, J. A., & Rholes, W. S. (1998). Attachment in Adulthood. In J. A. impson, &
W. S. holes (Eds.), Attachment theory and close relationships (pp. 3-21). New York:
Guildford Press.
180 Évolution et description de l’attachement tout au long de la vie
Stratégies d’attachement
Les sujets détachés utilisent des stratégies secondaires qui visent à maintenir
la disponibilité de la figure d’attachement malgré sa distance et son rejet.
Il en découle des MIO distordus et contraignants, contenant des scripts
conditionnels de type « si…, si… », plus restreints, moins flexibles et peu
184 Évolution et description de l’attachement tout au long de la vie
Stratégies d’attachement
Les sujets préoccupés utilisent eux aussi des stratégies secondaires. Ils sont
hypersensibles au moindre indice de séparation, de perte et d’abandon et
hyperactivent leur système d’attachement en utilisant des stratégies secon-
daires, conditionnelles, avec besoin répété de réassurance, dramatisation du
moindre souci, débordement émotionnel, relation de « tout ou rien ». Ils
priorisent la proximité au détriment de l’autonomie. Les sentiments sont
agis plutôt que pensés, avec difficulté de mentalisation et biais de perception
négatifs des émotions et des comportements des autres : style cognitif sans
espoir avec passivité, impuissance, inutilité, traduisant des MIO distordus
(Howe, 2011). Ces adultes ont un profond sentiment de manque d’amour,
d’insatisfaction, avec des besoins émotionnels à combler sans cesse.
Demande d’aide et support social
Les sujets préoccupés se vivent plus ou moins vulnérables, faibles, impuis-
sants et incompétents. De fait, ils recherchent immédiatement et constam-
ment du soutien de la part de leur entourage. Ils ont appris à maximiser
leurs demandes et ont tendance à se dévoiler, entraînant des relations
compliquées avec leur entourage. Leur niveau d’insatisfaction est élevé.
Stratégies d’attachement
Les sujets craintifs sont hyperréactifs au stress, particulièrement avec leurs
proches, stress qui est susceptible d’aboutir à la désorganisation et à l’effon-
drement de la cohérence psychologique et comportementale ainsi qu’à une
défaillance des capacités de mentalisation (chapitre 26).
Néanmoins, si le niveau de stress est plus bas, ces adultes peuvent se
réorganiser autour de stratégies sécures ou insécures, s’ils ont pu bénéfi-
cier d’expériences positives sur le plan attachementiste au cours de leur vie
(Mallinkrodt, 2009).
styles d’attachement adulte selon les pays d’origine, les ethnies, la dimension
collectiviste ou individualiste des cultures d’origine. Ils mettent également
en évidence des associations entre identité culturelle et attachement, entre
religion, religiosité et attachement. Les répartitions de styles d’attachement
varient aussi en fonction de la version idéale et désirée des comportements
d’attachement de la culture observée. Agishtein et Brumbaugh, (2013) sug-
gèrent que les résultats des répartitions de styles d’attachement nous aident
à prendre en compte les difficultés potentielles et les problèmes sociaux de
chaque culture dans les sujets ou les situations attachement-pertinents.
Conclusion
La dynamique des styles d’attachement colorie le fonctionnement de la per-
sonnalité sous forme de traits spécifiques qui façonnent le comportement
de façon significative. Mieux cerner les modalités des styles d’attachement
adulte peut aider à repérer les points forts et les points de vulnérabilité du
sujet dans les rencontres significatives (privées ou thérapeutiques) et dans
sa capacité à faire face aux défis de la vie.
Références
Agishtein, P., & Brumbaugh, C. (2013). Cultural variation in adult attachment:
The impact of ethnicity, collectivism, and country of origin. Journal of Social,
Evolutionary, and Cultural Psychology, 7, 384-405.
Bartholomew, K., & Horowitz, M. L. (1991). Attachment styles among young adults: a
test of four-category model. Journal of Personality and Social Psychology, 61, 226-244.
Bartholomew, K., Cobb, R. J., & Poole, J. A. (1997). Adult attachment patterns and
social support processes. In G. R. Pierce, B. Lakey, I. G. Sarason, & B. R. Sara-
son (Eds.), Sourcebook of social support and personality (pp. 359-377). New York:
Plenum Press.
Bifulco, A., & Thomas, G. (2013). Understanding adult attachment in family relationships.
Research, assessment and interventions. New York: Routledge.
Crawshaw, J. R., & Game, A. M. (2010). Organisational career management: The role of
line manager caregiving and employee relational models. Academy of Management
Annual Meeting, Montreal (Unpublished).
Diehl, M., Elnick, A. B., Bourbeau, L. S., & Labouvie-Vief, G. (1998). Adult attachment
styles: Their relations to family context and personality. Journal of Personality and
Social Psychology, 74, 1656-1669.
Eliott, A. J., & Mac Gregor, H. A. (2001). A 2x2 achievement goal framework. Journal
of Personality and Social Psychology, 80, 501-519.
Elliot, A. J., & Reis, H. T. (2003). Attachment and exploration in adulthood. Journal of
Personality and Social Psychology, 85, 1-25.
Feeney, J. A. (1999). Implications of attachment style for patterns of health and illness.
Child Care Health Development, 26, 277-288.
Feeney, J. A., & Hohaus, L. (2001). Attachment and spousal caregiving. Personal
Relationships, 8, 21-39.
190 Évolution et description de l’attachement tout au long de la vie
Gilliath, O., Bunge, S. A., Shaver, P. R., Wendelken, C., & Mikulincer, M. (2005).
Attachment style differences in the ability to suppress negative thoughts:
Exploring the neural correlates. Neuroimage, 28, 835-847.
Harms, P. D. (2011). Adult attachment styles in the workplace. Human Resource
Management Review, 21, 285-296.
Hazan, C., & Shaver, P. R. (1990). Love and work: an attachment theoretical p erspective.
Journal of Personality and Social Psychology, 52, 270-280.
Howe, D. (2011). Attachment across the live course. New York: Palgrave, Mac Millan.
Levy, K. N., Ellison, W. D., Scott, L. N., & Bernecker, S. L. (2011). Attachment Style.
Journal of Clinical Psychology, 67, 193-203.
Mallinckrodt, B., Daly, K. D., & Wang, C. C. (2009). An attachment approach to
adult therapy. In J. H. Obeji, & E. Berant (Eds.), Attachment theory and research in
clinical work with adults (pp. 234-268). New York: Guilford Press.
Maunder, M. D., & Hunter, J. (2001). Attachment and psychosomatic medicine:
Developmental contributions to stress and disease. Psychosomatic Medicine, 63,
556-567.
Mikulincer, M., Gillath, O., Halevy, V., Avihou, N., Avidan, S., & Eshkoli, N. (2001).
Attachment theory and reactions to other’s needs: Evidence that activation of the
sense of attachment security promotes empathic responses. Journal of Personality
and Social Psychology, 81, 1205-1224.
Mikulincer, M., Shaver, P. R., & Perge, D. (2003). Attachment theory and affect regulation:
the dynamics, development, and cognitive consequences of attachment–related
strategies. Motivation and Emotion, 27, 77-101.
Mikulincer, M., Shaver, P. R., Gillath, O., & Nitzberg, R. A. (2005). Attachment, care-
giving, and altruism: Boosting attachment security increases compassion and
helping. Journal of Personnality and Social Psychology, 89, 817-839.
Mikulincer, M., & Shaver, P. R. (2007). Attachment in adulthood, structure, dynamics and
change. New York: Guilford Press.
Ognibene, T.C., Collins N.L. Adult attachment styles, perceived social support and
coping strategies. Journal of Social and Personal Relationships, 15, 323-45.
Pistole, M. C. (2003). Linking work, love individual and family issues in counselling.
An attachment theory perspective. In Erdman, & Caffery (Eds.), Attachment and
family systems (pp. 117-137). New York: Routledge.
Raskin, P. M., Kummel, P., & Bannister, T. (1998). The relationship between coping
styles, attachment, and career salience in partnered working women with children.
Journal of Career Assessment, 6, 403-416.
Shaver, P., & Brennan, K. A. (1992). Attachment styles and the “Big Five” personality
traits: their connections with each other and with romantic relationship out-
comes. Personality and Social Psychology Bulletin, 18, 536-545.
Shaver, P. R., & Mikulincer, M. (2009). An Overview of adult attachment theory. In
J. H. Obeji, & E. Berant (Eds.), Attachment theory and research in clinical work with
adults (pp. 17-45). New York: The Guildford Press.
Stein, H., Jacobs, N. J., Ferguson, K. S., Allen, J. G., & Fonagy, P. (1998). What do adult
attachment scales measure? Bulletin of Menninger Clinic, 62, 33-82.
Waters, E., Crowell, J., Elliott, M., Corcoran, D., & Treboux, D. (2002). Bowlby’s
secure base theory and the social/personality psychology of attachment styles:
Work(s) in Progress. Attachment and Human Development, 4, 230-242.
17 Relations d’attachement
chez l’adulte
Dans ce chapitre, nous décrivons l’état actuel des connaissances sur les
relations d’attachement chez l’adulte au sein des relations privées. Nous
présentons également une synthèse des données de la recherche actuelle
en insistant sur l’étude de la relation de couple qui constitue le contexte
privilégié pour le développement de relations d’attachement adulte.
par exemple, les thérapeutes dans une relation thérapeutique, les soi-
gnants à l’hôpital (voir tome « Approche clinique »). Les leaders dans une
organisation, un groupe en tant que tel, une institution, des personnages
symboliques (comme Dieu) peuvent représenter des figures d’attachement
« symboliques » (voir chapitre 18).
Au sein de ces différentes figures d’attachement, les parents gardent une
place particulière dans le cercle relationnel privé. En effet, le lien d’attache-
ment persiste avec eux tout au long de la vie (Ainsworth, 1991) ; en témoi-
gnent les réactions des adultes à la perte de leurs parents. En revanche, leur
place dans la hiérarchie des figures d’attachement change naturellement, du
fait de l’apparition de nouvelles figures d’attachement spécifiques de l’âge
adulte (Kobak et al., 2005). Les parents semblent servir de « figures d’atta-
chement de réserve » : ils sont réutilisés activement chaque fois que l’enfant
adulte franchit une étape du développement (parentalité) ou rencontre de
sérieuses difficultés (divorce, maladie ; Mikulincer et Shaver, 2007).
Bartholomew (1997) souligne qu’il est probablement avantageux, à l’âge
adulte, de pouvoir se tourner vers différentes figures d’attachement selon
la nature de la situation stressante et/ou la forme de soutien désiré. Hazan
et Zeifman (1999) ont créé le Who To, qui demande aux sujets interrogés
de nommer les personnes qu’ils considèrent comme l’objet principal des
quatre comportements suivants :
• maintien de la proximité : la personne dont ils veulent le plus être proches
et passer du temps avec ;
• le havre de sécurité : vers qui ils se tournent en cas de détresse ou quand
ils n’ont pas le moral ;
• la détresse à la séparation : détester être éloigné, sentiment de manque en
cas d’éloignement ;
• la base de sécurité : compter sur l’autre pour être là en cas de besoin.
Conclusion
La théorisation des relations d’attachement chez l’adulte ouvre des pers-
pectives enrichissantes pour comprendre quelques facettes des relations
proches et intimes de l’adulte, en particulier la relation de couple. Cette
198 Évolution et description de l’attachement tout au long de la vie
Références
Ainsworth, M. (1979). Infant-Mother attachment. American Psychology, 34, 932-937.
Ainsworth, M. (1991). Attachment and other affectional bonds across the life cycle.
In C. Parkes, J. Stevenson-Hinde, & P. Marris (Eds.), Attachment across the life cycle
(pp. 33-51). New York: Routledge.
Bartholomew, K. (1997). Adult attachment processes: individual and couple pers-
pectives. British Journal of Medical Psychology, 70, 249-263.
Berscheid, E., & Reis, H. T. (1998). Attraction and close relationships. In S. Fiske,
D. Gilbert, & G. Lindzey (Eds.), Handbook of social psychology (4th edition,
pp. 193-281). New York: McGraw-Hill.
Blom, T., & Van Dijk, L. (2007). The role of attachment in couple relationships des-
cribed as social systems. Journal of Family Therapy, 29, 69-87.
Bowlby, J. (1969/1982). Attachment and loss. Vol. 1: Attachment. New York: Basic
Books.(Traduction : J. Kalmanovitch. Attachement et perte. Vol. 1: L’attachement.
Paris: PUF; 1978).
Bowlby, J. (1988). A secure base. New York: Basic Books.
Byng-Hall, J. (1999). Family and couple therapy: Thoward greater security. In J.
Cassidy, & P. Shaver (Eds.), Handbook of attachment. Theory, research, and clinical
implications (pp. 625-648). New York: Guilford Press.
Chon, D., Silver, C., Cowan, C., et al. (1992). Working models of childhood attachment
and couple relationships. Journal of Family Issues, 13, 432-449.
Collins, N., & Feeney, B. (2000). A safe haven: An attachment theory perspective on
support-seeking and caregiving in intimate relationships. Journal of Personality
and Social Psychology, 78, 1053-1073.
Crowell, J., & Treboux, D. (2001). Attachment security in adult partnerships. In
C. Clulow (Ed.), Adult attachment and couple psychotherapy: The ‘secure base’ in
practice and research (pp. 28-42). Philadelphia: Brunner-Routledge.
Feeney, J. (2003). The systemic nature of couple relationships. An attachment
perspective. In P. Erdman, & T. Caffery (Eds.), Attachment and family systems
(pp. 139-163). New York: Brunner Routledge.
Hazan, C., & Shaver, P. (1994). Attachment as an organizational framework for
research on close relationships. Psychological Inquiry, 5, 1-22.
Hazan, C., & Zeifman, D. (1999). Pair bonds as attachment: Evaluating the evidence.
In J. Cassidy, & P. Shaver (Eds.), Handbook of attachment. Theory, research, and
clinical implications (pp. 355-377). New York: Guilford Press.
Hazan, C., & Shaver, P. (1987). Romantic love conceptualized as an attachment
process. Journal of Personality and Social Psychology, 52, 511-524.
Holmes, J. (2001). John Bowlby. Perspective in Psychiatric Care, 37.
Howe, D. (2011). Attachment across the live course. New York: Palgrave, Mac Millan.
Johnson, S., & Best, M. (2003). A systemic approach to restructuring attachment :
The EFT model of couple therapy. In P. Erdman, & T. Cafferty (Eds.), Attachment
and family systems: conceptual empirical, and therapeutic relatedness (pp. 165-192).
New York: Guilford Press.
Kenrick, D. T., Groth, G. E., Trost, M. R., et al. (1993). Integrating evolutionary and
social exchange perspectives on relationships: Effects of gender, self-appraisal,
Relations d’attachement chez l’adulte 199
and involvement level on mate selection criteria. Journal of Personality and Social
Psychology, 64, 951-969.
Kirkpatrick, L. (1998). Evolution, pair-bonding, and reproductive strategies. In
J. A. Simpson, & W. S. Rholes (Eds.), Attachment theory and close relationships
(pp. 353-441). New York: Guilford Press.
Kirkpatrick, L., & Shaver, P. (1992). An attachment approach to romantic love and
religious belief. Personality and Social Psychology Bulletin, 18, 266-275.
Kobak, R., Rosenthal, N., & Serwik, A. (2005). The attachment hierarchy in middle
childhood. In K. A. Kerns, & R. A. Richardson (Eds.), Attachment in Middle
Childhood (pp. 71-88). New York: Guildford Press.
Mackie, A. J. (1981). Attachment theory: its relevance to the therapeutic alliance.
British Journal of Psychology, 54, 203-212.
Mikulincer, M., & Shaver, P. R. (2007). Attachment in adulthood: Structure, dynamics,
and change. New York: The Guildford Press.
Mikulincer, M., Florian, V., Cowan, P., et al. (2002). Attachment in couple relations-
hips: A systemic model and its implications for family dynamics. Family Process,
4, 405-434.
Miljkowitch, R. (2009). Les blessures amoureuses. Paris: PUF.
Rothebard, J., & Shaver, P. (1994). Continuity of attachment across the life span.
In M. B. Sperling, & W. H. Berman (Eds.), Attachment in adults – Clinical and
developmental perspectives (pp. 31-71). New York: Guilford Press.
Schachner, D., Shaver, P., & Mikulincer, M. (2003). Adult attachment theory, psychody-
namics, and couple relationships. In S. Johnson, & V. Whiffen (Eds.), Attachment
Processes in couple and family therapy (pp. 18-42). New York: Guilford Press.
Shaver, P., & Hazan, C. (1993). Adult romantic attachment: theory and evidence. In
D. Perlman, & W. Jones (Eds.), Advances in personnal relationships (pp. 29-70).
(4). London: Jessica Kingsley.
Sheldon, A. E., & West, M. (1989). The fonctional discriimination of attchment and
affiliation. Theory and empirical demonstration. British Journal of Psychiatry,
155, 18-23.
Simpson, J. (1999). Attachment theory in modern evolutionary perspective. In J.
Cassidy, & P. Shaver (Eds.), Handbook of attachment. Theory, research, and clinical
implications (pp. 115-140). New York: Guilford Press.
Weis, R. (1982). The attachment bond in childhood and adulthood. In M. Parkes,
J. S. Hinde, & P. Marris (Eds.), Attachment across the life cycle (2006) (pp. 66-76).
New York: Routledge.
West, M., & Sheldon-Keller, A. (1994). Patterns of relating – An adult attachment
perspective. NewYork: Guilford Press.
West, M., Sheldon, A., & Reiffer, L. (1987). An approach to the delineation of adult
attachement: scale development and reliability. Journal of Nervous and Mental
Disease, 175, 738-741.
18 Attachement et société :
travail, organisations
sociétales, religion
N. Guédeney
Le monde du travail
et la théorie de l’attachement :
le domaine de l’exploration ; illustration
du phénomène de base de sécurité
Hazan et Shaver, dans leur article pionnier de 1990, mettent en relation
les deux domaines si importants de la vie de l’adulte que sont le travail et
la vie privée. L’activité professionnelle serait, en partie, le reflet du fonc-
tionnement du système motivationnel de l’exploration du sujet. Krausz
et al., (2001) développent ces postulats : un environnement professionnel
demande de faire face à des situations nouvelles et de s’adapter aux chan-
gements. Le monde du travail est une des sources majeures du sentiment de
compétence chez l’adulte ; il donne les opportunités de résoudre des
défis, de faire face à l’inconnu et à l’échec, de créer et de maintenir
des relations interpersonnelles durables, en particulier lorsque l’on
commence un nouveau travail. Les modèles de travail habituels du sujet
influencent les stratégies du sujet, ses cognitions et se manifestent dans
ses compétences à faire face (exploration, sentiment de compétence per-
sonnelle même dans l’échec) ou dans son sentiment de valeur personnelle
même lorsqu’il n’y arrive pas.
Le monde du travail est aussi un lieu où peut s’activer l’attachement du
sujet. Le travail comporte des stress sociaux interpersonnels et de perfor-
mance. Il comporte la création de liens interpersonnels qui peuvent devenir
des liens d’attachement. Il suscite des contextes dynamiques d’activation
du système d’attachement du sujet au travail, c’est-à-dire une dynamique
contextuelle d’attachement (Mikulincer et Shaver, 2007a) : demander de
l’aide, se dévoiler. Les modèles de travail liés à l’attachement joueront sur la
qualité de l’adaptation aux exigences de l’environnement (précarité, stress,
changements) qui demandent une grande flexibilité.
Hazan et Shaver (1990) sont les premiers à avoir considéré l’équilibre
activité professionnelle/vie privée comme un équivalent, chez l’adulte, de
l’équilibre exploration/attachement dans le phénomène de base de sécurité
chez l’enfant. L’investissement du travail peut être un investissement explo-
ratoire d’autant plus efficient que le sujet peut se tourner vers son réseau
privé pour y trouver un soutien en cas de problème. En cas de stratégies
d’évitement, l’hyperinvestissement professionnel est un élément de diver-
sion car il se fait au détriment des relations proches. Il permet d’éviter une
Attachement et société : travail, organisations sociétales, religion 205
que sont les fraternités, les communautés, les équipes ou clubs de sports et
les groupes d’étudiants. Dans une perspective évolutionniste, Smith sou-
ligne que l’attachement individuel et l’attachement au groupe sont deux
éléments complémentaires mais tout aussi essentiels à la survie de l’espèce
humaine. Il postule qu’on peut aussi développer un modèle de soi en tant
que membre d’un groupe et un modèle des autres en tant que groupe comme
source d’identité et d’estime de soi. Ces modèles affecteraient les pensées, les
émotions et les comportements associés au fait d’être membre du groupe. Si
les relations d’attachement individuelles et les relations d’attachement au
groupe ne sont pas superposables, elles sont liées du fait de la construction
des MIO (voir chapitres 5 et 15). Les modèles mentaux de soi (en tant que
membre du groupe) et ceux du groupe se développent dans les interactions
répétées entre les membres du groupe au sein de ce groupe. Ces inter-
actions sont elles-mêmes interprétées, perçues et filtrées en fonction des
modèles préexistants chez chaque sujet. Il existe donc, à côté des modèles
de relations dyadiques d’attachement, des modèles d’attachement au groupe
avec des croyances de base sur soi et les autres, dans le contexte de ce groupe.
Smith et al., (1999) intègrent les recherches de Collins et Read (1994) dans
un modèle complexe de MIO liés au groupe. Les représentations généralisées
fondées sur les expériences avec un groupe spécifique vont gouverner
les interactions et les sentiments à propos de ce groupe. Par exemple, les mem-
bres du groupe peuvent projeter leurs modèles de travail les plus accessibles
du soi et des autres sur le groupe, en particulier lors d’activités exigeantes,
menaçantes ou qui mettent au défi. Ceci peut alors biaiser leur évaluation
du fonctionnement propre du groupe, de ses réponses et de ses demandes De
même, les orientations plus générales — qui se construisent en généralisant
et en intégrant les expériences successives avec différents groupes — vont
modeler les attentes générales a priori sur un nouveau groupe ou sur un type
inconnu de groupe (Mikulincer et Shaver, 2007a).
Ces MIO du groupe influencent les émotions : par exemple, la cha-
leur et la sécurité liées au fait d’être accepté par le groupe ; l’anxiété et la
honte quand le sujet doute de cette acceptation ou qu’il se sent rejeté. Ces
modèles influencent les tendances comportementales, comme être émo-
tionnellement ouvert, rechercher du soutien et, de manière générale, éviter
le ou se rapprocher du groupe. Smith et al., (1999) décrivent, comme dans
l’attachement dyadique, deux dimensions sous-jacentes à l’attachement
au groupe. L’évitement et l’anxiété quant à l’attachement sont retrouvés
dans la structure de leur outil de mesure de l’attachement au groupe (Social
Group Attachment Scale-Most Important Group Version ; Smith et al., 1999).
L’attachement au groupe prédit quelques variables importantes quant au
fonctionnement groupal : les émotions liées au groupe ; l’identification au
groupe en tant que désir d’être proche du groupe et de s’en servir comme
d’une source de soutien et d’identité ; le temps et les activités partagées au
Attachement et société : travail, organisations sociétales, religion 207
et ceux qui les suivent ou sont sous leur responsabilité ou leur pou-
voir. L’attachement joue-t-il de la même manière ? Kraemer et Roberts
(1996) sont les premiers à avoir proposé d’appliquer les découvertes de
la théorie de l’attachement au contexte général, social ou politique, dans
leur livre intitulé Les politiques de l’attachement : vers une société sécure.
Holmes (1996) souligne que la théorie de l’attachement apporte un nou-
vel éclairage aux processus de la vie citoyenne. Dans tout contexte de
recherche d’aide ou de sécurité auprès d’une figure spécifique, dans les
moments de détresse, qu’en est-il des processus de négociation, de mar-
chandage, de prise de pouvoir, de prise de décisions par les responsables
et des questions plus larges de société, d’économie et de politique ? Il
insiste sur le fait que les politiques devraient inscrire la sécurité au sein
des valeurs majeures de respect de la personne. Marris (1996) va dans
le même sens : une « bonne » société devrait cultiver les qualités de
prévisibilité, de capacité à répondre aussi rapidement que nécessaire
et de manière sensible, d’intelligibilité, de soutien et d’engagement.
Davidovitz et al. (2007) postulent que l’effet de leadership est d’autant
plus important que le leader a un pouvoir accru et que le contexte est
stressant. Cette dimension est particulièrement importante pour l’étude
théorique des grands leaders politiques et de leur effet positif ou négatif
sur leur peuple. Il n’y a toutefois pas encore de données empiriques sur
cette thématique.
rappellent que dans les périodes de grande crise personnelle ou générale, les
gens se tournent davantage vers Dieu. Dans leurs prières, ils demandent aide,
réconfort, réassurance et soulagement. Les gens même non pratiquants ou
qui ne sont plus croyants ont plus de probabilité de se tourner vers Dieu
ou vers toute autre figure surnaturelle quand ils doivent faire face à des
situations qui activent fortement leur système d’attachement (Granqvist
et al., 2010). Ils éprouvent alors un sentiment de sécurité dans la relation
avec Dieu et, en particulier, ressentent moins de sentiment de solitude. Les
situations particulièrement associées à un rapprochement d’avec Dieu sont
les suivantes : souffrir d’une maladie sévère ou chronique, vivre une situa-
tion de handicap, être soumis à un événement négatif de vie qui entraîne
à la fois une détresse physique et psychique. Il y a aussi les événements
stressants ou sources de dangers (guerres, catastrophe naturelle, accident
etc.), les séparations ou menaces de séparation, en particulier de proches
(famille, amis). La croyance religieuse (qui se manifeste davantage dans
le fait de prier que d’aller dans un lieu de culte) augmente après le deuil
d’un proche aimé. Cette perte signifie qu’on a perdu la disponibilité de la
personne vers qui on se tournait habituellement pour trouver du réconfort
dans une situation de stress ; il en est de même chez les personnes âgées
(voir chapitre 19). Dieu peut alors représenter une « figure d’attachement
alternative » (Granqvist et Kirkpatrick, 2008).
La relation à Dieu en tant que base de sécurité est moins étudiée. La revue de
la littérature de Granqvist et al., (2010) montre que de nombreuses formes
de pratique religieuse ou de spiritualité sont associées à une approche de
la vie confiante, plus sûre de soi et pleine d’espoir. Granqvist et al., (2012)
montrent qu’une technique de priming avec un symbole religieux éveille
automatiquement un affect positif. Il y a également un lien significatif
entre le degré d’évitement et des réactions émotionnelles moins positives.
Conclusion
La théorie de l’attachement apporte un éclairage très enrichissant sur la
valeur fonctionnelle de dimensions plus sociétales bien que nous ne soyons
qu’au début des études. Ce domaine a un double intérêt : approfondis-
sement de la théorie en élargissant son domaine d’application aux relations
non dyadiques et en dehors du réseau privé ; intérêt clinique et psycholo-
gique dans son application aux domaines du management et du fonctionne-
ment des organisations. Ce domaine encore largement inexploré rappelle la
valeur essentielle de la sécurité en cas de détresse et de l’autonomie dans
la connexion aux autres.
Références
Ainsworth, M. D. (1991). Attachments and other affectional bonds across the life
cycle. In C. Murray, J. S. Parkes, J. Stevenson-Hinde et al.,(Eds.), Attachment
across the life cycle (pp. 33-51). London: Routledge.
Berson, Y., Dan, O., & Yammarino, F. J. (2006). Attachment Style and individual diffe-
rences in leadership perceptions and emergence. The Journal of Social Psychology,
146, 165-182.
Birgegard, A., & Granqvist, P. (2004). The correspondence between attachment to
parents and God: three experiments using subliminal separations cues. Personality
and Social Psychology Bulletin, 30, 1122-1135.
Bowlby, J. (1969/1982). Attachment and loss. Vol. 1: Attachment. New York: Basic
Books.(Traduction : J. Kalmanovitch. Attachement et perte. Vol. 1 : L’attachement.
Paris: PUF; 1978).
Cassiba, R., Granqvist, P., Costantini, A., et al. (2008). Attachment and God
representations among lay Catholics, priests, and religious: a matched comparison
study based on the Adult Attachment Interview. Developmental Psychology, 44,
1753-1763.
Collins, N. L., & Read, S. J. (1994). Cognitive representations of attachment: The
structure and function of working models. In K. Bartholomew, & D. Pearlman
(Eds.), Attachment processes in adulthood: Advances in personal relationships (pp.
53-90). London: Jessica Kingsley Publishers.
Davidovitz, R., Mikulincer, M., Shaver, P. R., et al. (2007). Leaders as attachment
figures: leaders’ attachment orientations predict leadership-related mental repre-
sentations and followers’ performance and mental health. Journal of P ersonality
and Social Psychology, 93, 632-650.
Granqvist, P., & Hagekull, B. (2003). Longitudinal predictions of religious change in
adolescence: contributions from the interaction of attachment ad relationship
status. Journal of Social and personal Relationships, 20, 793-817.
Granqvist, P., & Kirkpatrick, L. A. (2004). Religious conversion and perceived
childhood attachment. International Journal of for the Psychology of Religion, 14,
223-250.
Granqvist, P., Ivarsson, T., Broberg, A. G., & Hagekull, B. (2007). Examining r elations
between attachment, religiosity, and New Age spirituality using the Adult
Attachment interview. Developmental Psychology, 43, 590-620.
Attachement et société : travail, organisations sociétales, religion 213
Popper, M., & Amit, K. (2009). Influence of attachment style on major psychologi-
cal capacities to lead. The Journal of Genetic Psychology: Research and Theory on
Human Development, 170, 244-267.
Richards, D. A., & Schat, A. C. H. (2011). Attachment at (not) work: applying
attachment theory to explain individual behaviour in organizations. Journal of
Applied psychology, 96, 169-182.
Rom, E., & Mikulincer, M. (2003). Attachment theory and group processes: The
association between attachment style and group-related representations,
goals, memories, and functioning. Journal of Personality and Social Psychology,
84, 1220-1235.
Sahdra, B. K., Shaver, P. R., & Brown, K. W. (2010). A scale to measure nonatta-
chement: a Buddhist complement to Western research on attachment and
adaptative functionning. Journal of Personality Assessment, 92, 116-127.
Simmons, B. R., Gooty, J., Nelson, D. L., et al. (2009). Secure attachment:
implications for hope, trust, burn out and performance. Journal of Organizatio-
nal Behavior, 30, 233-247.
Smith, E. R., Murphy, J., & Coats, S. (1999). Attachment to groups: Theory and
measurement. Journal of Personality and Social Psychology, 77, 94-110.
Towler, A. J., & Stuhlmacher, A. (2013). Attachment styles, relationship satisfaction
and well being in working women. The Journal of Social Psychology, 153, 279-298.
19 Attachement
et vieillissement :
perspectives
développementales
et cliniques
C. Sabatier, N. Guédeney
Attachement et vieillissement
Le vieillissement s’accompagne des changements physiques et sociaux inéluc-
tables susceptibles de modifier les styles d’attachement et de réveiller de nou-
veaux besoins de sécurité (Ainsworth, 1991). Wright et al. (1995) notent que
la perte de la capacité à s’assumer soi-même est accompagnée d’un sentiment
croissant de crainte, de vulnérabilité et d’insécurité chez le sujet âgé, plus parti-
culièrement chez ceux qui sont malades. On observe un déclin des ressources
physiques qui conduit à une augmentation de la dépendance effective. En
général, les personnes âgées expriment une nette préférence pour conserver
un maximum d’autonomie, mais certains contextes sont susceptibles de met-
tre à mal cette préférence et agissent comme des activateurs potentiels de la
recherche d’attention et de proximité. Magai (2008) en repère trois :
• le contexte d’impuissance lié à la limitation des activités et la dépendance
physique croissantes liées à toutes les atteintes fonctionnelles, comme les
rhumatismes, la perte de la force musculaire ;
• les émotions complexes négatives (anxiété et dépression) liées aux pertes
et aux deuils qui frappent les personnes âgées, ainsi que la perspective pour
le sujet de sa propre mort ;
• les différentes formes de maladies chroniques qui touchent les personnes
âgées qui impliquent une surveillance et/ou des soins constants.
La dépendance et les limitations physiques entraînent une réactivation ou
une intensification chez la personne âgée des comportements de recherche
de proximité destinés à obtenir ou maintenir la proximité et/ou la dis-
ponibilité de ses figures d’attachement et une stimulation des stratégies
conditionnelles habituelles du sujet (Shaver et Mikulincer, 2004).
Cependant, il est particulièrement important, à cet âge de la vie, de
distinguer la conscience de sa dépendance fonctionnelle (objectivement
observable), qui est une évaluation réaliste du sujet de ses pertes d’auto-
nomie, et les besoins d’attachement du sujet, c’est-à-dire la croyance que
ce même sujet a en la disponibilité des autres pour lui fournir soutien et
assistance en cas de besoin (Bradley et Cafferty, 2001). Magai (2008) insiste
sur la réapparition, après des années d’autonomie réussie, d’une dépen-
dance qui peut apparaître aux sujets comme un véritable empiétement sur
leur vie et être ressentie comme un dénouement douloureux. La mise au
défi de l’équilibre autonomie/dépendance qui apparaît progressivement
semble éveiller un combat intérieur de type approche et évitement.
Selon les types d’attachement antérieurs au déclin des capacités physiques,
ce réajustement est plus ou moins harmonieux. Le combat est probablement
Attachement et vieillissement : perspectives développementales et cliniques 217
plus facile pour les sujets ayant un attachement sécure que ceux qui ont l’un
des types d’attachement non sécures. Les sujets avec un attachement anxieux
risquent, par leurs trop grandes demandes de soin et de réassurance à leurs
figures d’attachement, d’enclencher chez elles l’envie de s’éloigner. Le besoin
permanent, jamais satisfait et empreint d’une forte tonalité émotionnelle
faite d’exigence, de colère et de plaintes peut, en effet, rebuter les caregivers
et engager le cercle vicieux bien connu de demandes et d’éloignement. Les
sujets évitants auront tendance, quant à eux, à nier leurs difficultés ; en consé-
quence, ils rechercheront moins à recevoir d’aide (Long et Martin, 2000).
La théorie de l’attachement permet de comprendre que ces « nouveaux »
besoins d’attachement de la personne âgée, loin d’être l’expression d’une
régression plus ou moins acceptable pour la société, l’entourage et les indi-
vidus eux-mêmes, sont une réponse adaptative. Ils sont essentiellement
l’expression des stratégies habituelles pour retrouver un sentiment de sécu-
rité (Shaver et Mikulincer, 2004). Toutefois, bien des zones d’ombre subsis-
tent dans notre compréhension du fonctionnement de l’attachement chez
les personnes âgées. Par exemple, la place des autres systèmes motivation-
nels et les ressources qu’ils apportent pour faire face aux défis du vieillis-
sement, restent encore très mal étudiée (Shaver et Mikulincer, 2004). Le
système d’attachement reprend-il une place prépondérante, à l’instar des
premières années de la vie, en tant que moyen préférentiel d’aide au sujet
âgé pour faire face aux signaux de danger, de vulnérabilité ou de conflits
(Cookman, 2005) ? Le rôle des transformations biologiques, hormonales
et neuronales liées au vieillissement dans les processus de l’attachement
reste encore une inconnue, même si quelques chercheurs soulèvent cette
question. Ainsi, Huffmeijer et al. (2013) suggèrent que les modifications des
connexions synaptiques pourraient être responsables d’une lecture erronée
des informations émotionnelles, d’où des sentiments d’insécurité accrus.
Ces auteurs s’interrogent aussi sur le rôle de l’ocytocine et de son évolution
chez les personnes très âgées.
âgées sont plus sélectives dans leur choix des personnes soutien ; elles ini-
tient moins et terminent plus vite les relations (Gillath et al., 2011).
Le deuil chez les adultes a été particulièrement étudié chez les veuves
(voir tome « Approche clinique »). La réaction au deuil du conjoint est une
source de détresse d’autant plus intense que la perte a été soudaine et que
le sujet est âgé et isolé socialement. Magai (2008) évoque le rôle d’une dés-
organisation psychophysiologique brutale chez le conjoint survivant, sem-
blable à une dépression anaclitique dans le phénomène si souvent constaté,
pour les couples de très longue date, du décès du conjoint survivant, peu de
temps après la mort de son partenaire.
Epstein et al. (2006) distinguent différentes façons de composer avec la
personne disparue : communiquer avec elle en imaginant des conversa-
tions, sentir sa présence et en rêver. La communication avec le disparu est
banale. Sentir la présence du défunt et en rêver ont une distribution normale
chez les personnes âgées. Mais seuls les rêves sont liés à une mauvaise santé
mentale, plus particulièrement à l’anxiété et aux difficultés de séparation.
Conclusion
Les études de l’attachement des personnes âgées présentent un double intérêt.
D’une part, la période du vieillissement est une période clé pour comprendre
le fonctionnement de l’attachement tout au long de la vie, même si elle reste
encore très peu explorée. D’autre part, la théorie de l’attachement est deve-
nue un élément clé pour mieux organiser les soins aux personnes âgées et
comprendre les interactions avec leur entourage. On peut se demander si elle
ne présente pas la même révolution scientifique qu’elle a entraînée concer-
nant les questions du lien, de la maltraitance et de la carence chez les jeunes
enfants, que cela soit au sein des familles ou des institutions.
Références
Ainsworth, M. D. (1991). Attachments and other affectional bonds across the life
cycle. In C. M. Parkes, J. Stevenson-Hinde, & P. Marris (Eds.), Attachment across
life cycle (pp. 33-51). London: Routledge.
Antonucci, T. C., Akiyama, H., & Takahaschi, K. (2004). Attachment and close
relationships across the life span. Attachment & Human Development, 6, 353-370.
Baltes, P. B., & Smith, J. (2004). Lifespan psychology: From developmental contextualism
to developmental biocultural co-constructivism. Research in Human Development, 1,
123-144.
Barker, M. (2011). Ageing and attachment. In P. Ryan, & B. J. Coughlan (Eds.), Ageing
and older adult mental health: Issues and implications for practice (pp. 176-191).
New York, NY: Routledge/Taylor & Francis Group.
Bengtson, V. L. (2001). Beyond the nuclear family: The increasing importance of
multigenerational bonds (The Burgess Award Lecture). Journal of Marriage & the
Family, 63, 1-16.
Attachement et vieillissement : perspectives développementales et cliniques 227
Fontaine, R., Gramain, A., & Wittwer, J. (2007). Les configurations d’aide familiales
mobilisées autour des personnes âgées dépendantes en Europe. Economie et
statistique, 403-404.
Gillath, O., Johnson, D. K., Selcuk, E., & Teel, C. (2011). Comparing old and young
adults as they cope with life transitions: The links between social network
management skills and attachment style to depression. Clinical Gerontologist:
The Journal of Aging and Mental Health, 34, 251-265.
Havighurst, R. J. (1948). Developmental tasks and education. New York: Longman.
Huffmeijer, R., Van IJzendoorn, M. H., & Bakermans-Kranenburg, M. J. (2013).
Ageing and oxytocin: A call for extending human oxytocin research to ageing
populations – A mini-review. Gerontology, 59, 32-39.
Ingebretsen, R., & Solem, P. E. (1998). Spouses of persons with dementia: Attachment,
loss and coping. Norsk epidemiologi, 8, 149-156.
Jain, E., & Labouvie-Vief, G. (2010). Compensatory effects of emotion avoidance in
adult development. Biological Psychology, 84, 497-513.
Kirchmann, H., Nolte, T., Runkewitz, K., Bayerle, L., Becker, S., Blasczyk, V., et al.
(2013). Associations between adult attachment characteristics, medical burden,
and life satisfaction among older primary care patients. Psychology and Aging,
28, 1108-1114.
Klug, G., Lacruz, M. E., Emeny, R. T., Häfner, S., Ladwig, K. H., & Huber, D. (2014).
Aging without depression: a cross-sectional study. Psychodyn Psychiatry, 42, 5-22.
Löfqvist, C., Granbom, M., Himmelsbach, I., Iwarsson, S., Oswald, F., & Haak, M.
(2013). Voices on relocation and aging in place in very old age. A complex and
ambivalent matter. The Gerontologist, 53, 919-927.
Long, M. V., & Martin, P. (2000). Personality, relationship closeness, and loneliness
of oldest old adults and their children. The Journals of Gerontology: Series B:
Psychological Sciences and Social Sciences, 55B, 311-319.
Merz, E. -M., & Consedine, N. S. (2009). The association of family support and
wellbeing in later life depends on adult attachment style. Attachment & Human
Development, 11, 203-221.
Magai, C. (2008). Attachment in middle and later life. In J. Cassidy, & P. R. Shaver
(Eds.), Handbook of Attachment: theory, research and clinical applications (2nd
edition, pp. 533-551). New York: the Guildford Press.
Merz, E. -M., & Consedine, N. S. (2012). Ethnic group moderates the association
between attachment and well-being in later life. Cultural Diversity and Ethnic
Minority Psychology, 18, 404-415.
Merz, E. -M., Schuengel, C., & Schulze, H. -J. (2007). Intergenerational solidarity: An
attachment perspective. Journal of Aging Studies, 21, 175-186.
Miltiades, H., & Shearer, J. (2011). Attachment to pet dogs and depression in rural
older adults. Anthrozoös, 24, 147-154.
Mongillo, P., Pitteri, E., Carnier, P., Gabai, G., Adamelli, S., & Marinelli, L. (2013).
Does the attachment system towards owners change in aged dogs? Physiology &
Behavior, 120, 64-69.
Morse, J. Q., Shaffer, D. R., Williamson, G. M., Dooley, W. K., & Schulz, R. (2012).
Models of self and others and their relation to positive and negative caregiving
responses. Psychology and Aging, 27, 211-218.
Murray, P. D., Lowe, J. D., & Horne, H. L. (1995). Assessing filial maturity through the
use of the Filial Anxiety Scale. Journal of Psychology: Interdisciplinary and Applied,
129, 519-529.
Attachement et vieillissement : perspectives développementales et cliniques 229
Perren, S., Schmid, R., Herrmann, S., & Wettstein, A. (2007). The impact of attach-
ment on dementia-related problem behavior and spousal caregivers’ well-being.
Attachment & Human Development, 9, 163-178.
Ross, L. R., & Spinner, B. (2001). General and specific attachment representations in
adulthood: Is there a relationship? Journal of Social and Personal Relationships,
18, 747-766.
Sabatier, C., & Lannegrand-Willems, L. (2005). Transmission of family values and
attachment: A French three-generation study. Applied Psychology: An I nternational
Review, 54, 378-395.
Sahdra, B. K., Shaver, P. R., & Brown, K. W. (2010). A scale to measure nonattachment:
A Buddhist complement to western research on attachment and adaptive func-
tioning. Journal of Personality Assessment, 92, 116-127.
Schwarz, B., Trommsdorff, G., Albert, I., & Mayer, B. (2005). Adult parent-child
relationships: Relationship quality, support, and reciprocity. Applied Psychology:
An International Review, 54, 396-417.
Segal, D. L., Needham, T. N., & Coolidge, F. L. (2009). Age differences in attachment
orientations among younger and older adults: Evidence from two self-report
measures of attachment. The International Journal of Aging & Human Development,
69, 119-132.
Shaver, P. R., & Mikulincer, M. (2004). Attachment in the later years: A commentary.
Attachment & Human Development, 6, 451-464.
Sörensen, S., Webster, J. D., & Roggman, L. A. (2002). Adult attachment and preparing
to provide care for older relatives. Attachment & Human Development, 4, 84-106.
St.Clair, M. (2000). An unfortunate family. American Journal of Psychotherapy, 54,
512-518.
Son, G. -R., & Kim, H. -R. (2006). Culturally familiar environment among immigrant
Korean elders. Research and Theory for Nursing Practice: An International Journal,
20, 159-171.
Suitor, J. J., Sechrist, J., & Pillemer, K. (2007). When mothers have favourites: Conditions
under which mothers differentiate among their adult children. Canadian Journal on
Aging, 85-100.
Tiikkainen, P., & Heikkinen, R. L. (2005). Associations between loneliness, depressive
symptoms and perceived togetherness in older people. Aging & Mental Health,
9, 526-534.
Turan, B., Goldstein, M. K., Garber, A. M., & Carstensen, L. L. (2011). Knowing loved
ones’ end-of-life health care wishes: Attachment security predicts caregivers’
accuracy. Health Psychology, 30, 814-818.
Van Assche, L., Luyten, P., Bruffaerts, R., Persoons, P., Van de Ven, L., & Vandenbulcke,
M. (2013). Attachment in old age: Theoretical assumptions, empirical findings
and implications for clinical practice. Clinical Psychology Review, 33, 67-81.
Verdecias, R. N., Jean-Louis, G., Zizi, F., Casimir, G. J., & Browne, R. C. (2009).
Attachment styles and sleep measures in a community-based sample of older
adults. Sleep Medicine, 10, 664-667.
Webster, J. D. (1997). Attachment style and well-being in elderly adults: A preliminary
investigation. Canadian Journal on Aging, 16, 101-111.
Wells, Y. D., & Johnson, T. M. (2001). Impact of parental divorce on willingness of
young adults to provide care for parents in the future. Journal of Family Studies,
7, 160-170.
230 Évolution et description de l’attachement tout au long de la vie
A. Guédeney
Psychodynamique de l’attachement
et de la sexualité
Hazan et Shaver ont, dès 1987, ouvert la voie à l’étude des sentiments amou-
reux (romantic love) à la lumière de l’attachement, par leur article princeps
sur Romantic love conceptualized as an attachment process (voir chapitre 17). Ils y
Sexualité de l’adulte et attachement 233
Un modèle à (re)construire
de l’homosexualité et de l’Œdipe
Les contributions sur les relations amoureuses homosexuelles du point
de vue de l’attachement sont rares. Jonathan Mohr (2008) rappelle que la
littérature scientifique montre que les ressemblances sont plus nombreuses
que les différences entre relations homo- et hétérosexuelles. Il souligne que
les études longitudinales sont nécessaires pour établir le sens des liens entre
insécurité de l’attachement et destin de l’identité sexuelle. L’homosexualité
pose bien un problème à la théorie de l’attachement, dans la mesure où
Bowlby fait de la procréation le but essentiel de la sexualité. Mais la levée,
encore très relative et non généralisée, de l’interdit social sur l’homosexua-
lité permet d’observer le désir des couples homosexuels de se marier, et
d’accéder à la parentalité de façon légale et visible, par l’adoption ou le don
de gamètes. Les théories récentes de l’évolution indiquent le gain apporté
par les couples homosexuels pour la transmission des gènes du groupe
humain, en rappelant l’altruisme, le souci de l’éducation des neveux et
nièces ou des apparentés et, en général, l’activité bénéfique pour le groupe
social des homosexuels (voir chapitre 9).
Des études longitudinales sont nécessaires pour comprendre les déter-
minants du choix d’objet sexuel, homosexuel ou hétérosexuel, et l’inter-
action des différents facteurs, susceptibilité génétique, interactions sen-
suelles précoces avec l’un des parents et non pas avec l’autre, identifications
œdipiennes et styles d’attachement, événements traumatiques, influences
sociales et culturelles. Une première interaction déterminante a sans doute
lieu très tôt, mais sans doute pas pour tous les cas, sous l’influence des
expositions du cerveau fœtal aux hormones maternelles, puisque la mas-
culinisation dépend de l’activité de l’X maternel. Une seconde intervient
sans doute entre attachement et sortie de phase œdipienne (4-5 ans), quand
l’insécurité de l’attachement peut conduire à une fixation œdipienne. La
notion de sexualité infantile (cf. chapitre 7) permet de comprendre les
expériences homosexuelles exploratoires ou transgressives de l’adoles-
cence ; celles-ci sont autorisées dans certaines cultures traditionnelles,
parallèlement à l’activité hétérosexuelle, avant le mariage ou avant la céré-
monie de l’initiation.
Le développement de l’identité de genre est long ; il débute par la recon-
naissance de la différence des sexes, mais ce n’est pas avant l’âge de 7 ans
que le genre est reconnu comme définitif et stable, non dépendant de l’acti-
vité ou de l’apparence vestimentaire (Goguikian-Ratcliff, 2002). On sait que
le sentiment d’appartenance à l’un ou l’autre sexe est très dépendant du
choix des parents, comme le montre le devenir des enfants intersexués ou
ambigus à la naissance. C’est le sexe attribué par les parents à l’enfant qui
détermine son identité de genre. Les premières études observationnelles du
Sexualité de l’adulte et attachement 235
Conclusion
Un chapitre nouveau s’ouvre avec l’étude des liens de la sexualité infantile,
de la sécurité de l’attachement et de la sortie de l’Œdipe d’une part, et avec
l’étude plus précise des liens entre styles d’attachement de l’adulte et modes
de recherche du plaisir sexuel, qu’il soit hétérosexuel ou homosexuel.
Références
Eagle, M. (2014). Attachment and sexuality. In D. Diamond, S. Blatt, & J. Lichtenberg
(Eds.), Attachment & Sexuality (pp. 27-50). London: Routledge.
Fisher, H. (2000). Lust, attraction, attachment: biology and evolution of the three
primary emotion systems for mating, reproduction, and parenting. Journal of
Sex and Therapy, 25, 96-103.
Goguikian-Ratcliff, B. (2002). Le développement de l’identité sexuée : du lien familial au
lien social (2e édition). Bern: Peter Lang.
Hazan, C., & Shaver, P. R. (1987). Romantic love conceptualized as an attachment
process. Journal of Personality and Social Psychology, 52, 511-524.
Holmes, J. (2014). Sense and sensuality. Hedonic intersubjectivity and the erotic
imagination. In D. Diamond, S. Blatt, & J. Lichtenberg (Eds.), Attachment &
Sexuality (pp. 137-159). London: Routledge.
Lichtenberg, J. (2014). A discussion of eight essays that propel attachment and sexual
theories into the 21 st century. In D. Diamond, S. Blatt, & J. Lichtenberg (Eds.),
Attachment & Sexuality (pp. 237-262). London: Routledge.
Mikulincer, M., & Shaver, P. R. (2014). A behavioral system perspective on the
psychodynamics of attachment and sexuality. In D. Diamond, S. Blatt, & J.
Lichtenberg (Eds.), Attachment & Sexuality (pp. 51-78). London: Routledge.
Mohr, J. J. (2008). Same-sex romantic attachment. In Handbook of Attachment. Theory,
research, and clinical applications (pp. 482-502). New York: Guilford Press.
Roiphe, H., & Galenson, E. (1987). La naissance de l’identité sexuelle. Paris: PUF.
Sherwin, B. B., & Gelfand, M. M. (1987). The role of androgen in the maintenance
of sexual functioning in oophorectomized women. Psychosomatic Medicine, 7,
339-351.
21 Évaluation
de l’attachement
et du caregiving
dans les familles
avec jeunes enfants
Évaluation de l’attachement
chez le très jeune enfant
La Situation étrange (Strange Situation
Procedure, SSP ; Ainsworth, 1978)
Mary Ainsworth et ses collègues ont traduit les efforts d’évaluation de la
sécurité de l’attachement à travers l’élaboration d’une procédure d’évalua-
tion expérimentale, la Situation étrange. À partir de ses observations en
Ouganda puis à Baltimore et de sa connaissance des travaux d’une psycho-
logue, Jean Arsenian, elle a imaginé cette procédure pour décrire la capa-
cité de l’enfant à utiliser sa figure d’attachement comme base de sécurité
(Ainsworth et Wittis, 1969 ; Ainsworth et al., 1978). Considérée au départ
comme une épreuve standardisée pour explorer les modalités normales de
l’interaction mère-enfant, la SSP s’est révélée utile dans l’investigation des
différences individuelles. Véritable paradigme, elle est la procédure la plus
utilisée pour évaluer la qualité des attachements d’un enfant aux personnes
qui s’occupent de lui.
La SSP a été mise au point pour des enfants de 12 et 18 mois, observés avec
leur figure d’attachement en laboratoire. On note les réactions de l’enfant
durant huit épisodes de trois minutes impliquant des séparations et des
sont classifiés selon trois types : sous-activé, activé, suractivé. Un enfant qui
présente un pattern activé apparaît confiant, autonome dans son exploration
et respectueux des limites. Deux procédures ont été validées, l’une pour les
12-18 mois, l’autre pour les 2-5 ans. Elles sont utilisables tant en recherche
qu’en clinique. L’évaluation des qualités psychométriques de cet outil récent
est encore à développer.
Mesures de caregiving
Les mesures de caregiving sont en plein développement et nous ne décrivons
que les plus utilisées actuellement.
L’entretien est coté selon quatorze dimensions (sur une échelle de Likert)
qui évaluent plusieurs éléments des représentations maternelles de l’enfant :
la qualité (par exemple, cohérence, intensité de l’investissement), le
contenu (par exemple, peur qu’il arrive quelque chose à l’enfant) et l’affec-
tivité (par exemple, joie, indifférence). Le WMCI distingue trois catégories
fondées sur ces représentations : la catégorie « équilibrée » se caractérise par
l’intégration d’affects négatifs et positifs, la richesse de détails et l’accepta-
tion de la place prise par la relation avec l’enfant dans sa vie ; la catégorie
« détachée-non équilibrée » se caractérise par une communication distante
avec l’enfant et un manque d’investissement personnel et émotionnel ; la
catégorie « déformée-non équilibrée » est caractérisée par l’inconsistance
des représentations avec des affects peu définis et contradictoires.
Conclusion
L’évaluation de l’attachement chez l’enfant jeune est une des forces de la
théorie de l’attachement. Celle du caregiving se développe de plus en plus
et est devenue un focus important d’attention pour beaucoup de cliniciens
qui utilisent ces outils dans leurs pratiques d’intervention attachement-
informées ; ils nécessitent une formation rigoureuse qui garantit la validité
des résultats des études sur l’attachement.
Références
Aber, J., Slade, A., Berger, B., et al. (1985). The Parent Development Interview. Manuscrit
non publié. The City University of New York.
Ainsworth, M., & Wittig, B. (1969). Attachment and the exploratory behavior of
one-year-olds in a strange situation. In B. M. Foss (Ed.), Determinants of infants
behavior (4). London: Methuen.
Ainsworth, M., Blehar, M., & Waters, E. (1978). Patterns of attachment, a psychological
study of the Strange Situation. Hillsdale: Erlbaum.
Benoit, D., Zeanah, C., & Parker, K. (1997). Working model of the child interview:
infant clinical status related to maternal perceptions. Infant Mental Health
Journal, 18, 107-121.
Britner, P. A., Marvin, R. S., & Pianta, R. (2005). Development and preliminary
validation of the caregiving behaviour system: association with child attach-
ment classification in the preschool Strange Situation. Attachment & Human
Development, 7, 83-102.
Bronfman, E., Parsons, E., & Lyons-Ruth, K. (1999). Atypical Maternal Behavior
Instrument for Assessment and Classification. Manuscrit non publié, Harvard
University Medical School.
252 Outils d’évaluation
Cassidy, J., Marvin, R. S., & with the Mac Arthur Working Group (1992). Attachment
organisation in preschool children. Procedures and coding manual (4th edition).
Unpublished manuscript, University of Virginia.
Crittenden, P. (1992). The quality of attachment in the pre-school years. Developmental
Psychopathology, 4, 209-241.
Crittenden, P. (1979-2004), CARE-Index: Coding Manual. Unpubished manuscript.
Miami, FL. Available from the author.
Crittenden, P. (2005). English version. « Using the CARE-Index for sreening inter-
vention and research ». Accessed July 2006 from www.patcrittenden.com.
Crowell, J. A., & Feldman, S. S. (1988). Mothers’ internal models of relationships
and children’s behavioral and developmental status: A study of mother-child
interaction. Child Development, 59, 1273-1285.
Dubeau, D., & Moss, E. (1998). La théorie de l’attachement résiste-t-elle au charme
des pères ? Enfance, 3, 82-102.
Feldman, R. (1998). Coding interactive behavioral manual. Ramat-Gan, Israel: Bar
Ilan University. Unpublished.
Forbes, L., Bento, S., & De Oliveira, C. (2003). Classifying mother-toddler attach-
ment relationships in the interesting-but-scary paradigm: Scoring system for
interactive behaviour. Psychology Publications. Department of Psychology,
University of Western Ontario.
Fraley, R., & Spieker, S. (2003). Are infant attachment patterns continuously
distributed? A taxometric analysis of Strange Situation behavior. Developmental
Psychology, 39, 387-404.
George, C., & Solomon, J. (1996). Representational models of relationships: links
between caregiving and attachment. Infant Mental Heatlh Journal, 17, 198-216.
Grossmann, K., Grossmann, K. E., Kindler, H., & Zimmermann, P. (2008). The
uniqueness of the child-father attachment relationship. Social Developement, 11,
307-331.
Grossmann, K., Grossmann, K. E., Fremmer-Bombik, E., Kindler, H., Scheuerer-
English, H., & Zimmermann, P. (2002). A wider view of attachment and
exploration. In J. Cassidy, & P. Shaver (Eds.), Handbook of attachment. Theory,
research, and clinical implications (2nd edition, pp. 857-879). New York: Guilford
Press.
Keren, M., Feldman, R., & Tyano, S. (2001). Diagnoses and interactive patterns of
infants referred to a community-based infant mental health clinic. Journal of
American Academy of Child and Adolescent Psychiatry, 40, 27-35.
Main, M., & Solomon, J. (1986). Discovery of an insecure disorganized-desoriented
attachment pattern. In T. B. Brazelton, & M. W. Yogman (Eds.), Affective Development
in infancy (pp. 95-124). Norwood, NJ: Ablex.
Main, M., & Cassidy, J. (1988). Categories of response to reunion with the parent
at age six: Predictable from infant attachment classifications and stable over a
1-month period. Developmental Psychology, 24, 415-426.
Massie, H. N., & Campbell, B. K. (1983). The Massie-Campbell scale of mother-infant
attachment indicators during stress. In J. Call, E. Galenson, & R. Tyson (Eds.),
Frontiers of infant psychiatry (pp. 394-412). New York: Basic Books.
Oppenheim, D., & Koren-Karie, N. (2002). Mothers’ insightfulness regarding
their children’s internal worlds: the capacity underlying secure child-mother
relationships. Infant Mental Health Journal, 23, 593-605.
Évaluation de l’attachement et du caregiving dans les familles avec jeunes enfants 253
S. Gandillot, I. Matos
Principaux outils
Incomplet Stories With Doll Family (Cassidy, 1988)
En créant cet ensemble de six histoires, Cassidy souhaite distinguer les
attachements de nature sécure, insécure-évitant et désorganisé chez des
enfants d’âges préscolaires. Les histoires explorent la manière dont l’enfant
se voit lorsqu’il est en interaction avec une figure d’attachement. Est-
il accepté et valorisé ? La relation est-elle reconnue comme importante ?
Se sent-il en sécurité et protégé ? Les situations de conflits ou stressantes
sont-elles reconnues et résolues de manière positive en prenant appui sur
la relation ? Deux des histoires évoquent des situations potentiellement
éprouvantes au niveau émotionnel pour l’enfant, deux autres mettent en
scène un conflit intrafamilial et les deux dernières concernent un conflit ou
menace extérieur à la famille. L’outil propose une échelle de sécurité et une
classification en trois patterns : sécure, évitant, hostile/négatif. Une bonne
correspondance existe avec l’évaluation à la procédure de séparation-
réunion (Main et Cassidy, 1988) pour les catégories A et D (particulièrement
pour les enfants contrôlants).
Attachment Story Completion Task (ASCT ; Bretherton et al., 1990)
L’ASCT est un sous-test du MacArthur Story Stem Battery (Bretherton,
Oppenheim et al., 1990), un ensemble d’histoires à compléter permettant
l’évaluation de l’attachement mais aussi de la cognition sociale et du déve-
loppement moral. Les cinq histoires de l’ASCT sont susceptibles d’activer
progressivement le système d’attachement et sont applicables aux enfants à
partir de 3 ans. Les thèmes successifs introduits par les amorces d’histoires
sont : une bêtise (« Le jus de fruit renversé »), la douleur (« Genou blessé »),
la peur (« Monstre dans la chambre »), la séparation et les retrouvailles
avec les figures d’attachement. L’enfant se voit proposer de jouer avec cinq
figurines (mère, père, frère, sœur et grand-mère) et de continuer les histoires
introduites par l’amorce. Plusieurs systèmes d’évaluation et de codage exis-
tent pour la procédure de l’ASCT.
260 Outils d’évaluation
Seules les deux dernières histoires (séparation et réunion d’avec les figures
d’attachement) sont évaluées. Analysant le contenu des histoires aussi bien
que la structure des narratifs, les auteurs décrivent quatre groupes diffé-
rents : sécure (B), décontracté (A), préoccupé (C) et effrayé (D). À chacun
correspond une stratégie, respectivement : intégration flexible (B), désacti-
vation (A), déconnexion cognitive (C) et dysrégulation (D). Un manuel de
codage supplémentaire propose les marqueurs spécifiques de la désorgani-
sation (Solomon, George et al., 1995).
Maia et al. (2009) proposent une évaluation de l’échelle de sécurité à
partir de trois aspects : la résolution, la cohérence et la sécurité. Les critères
portent à la fois sur le contenu et sur la forme du récit aussi bien que sur des
comportements de l’enfant pour chaque histoire. On obtient pour chacune,
un score continu de 1 : désorganisé à 8 : très sécure.
Manchester Child Attachment Story Task (Green et al., 2000)
Cet outil peut être proposé aux enfants âgés de 5 à 7 ans. La procédure
est celle des histoires à compléter mais avec uniquement deux figurines
(l’enfant et sa figure d’attachement principal). L’accent est mis sur la mise
en condition lors des amorces par le clinicien et sur l’aspect conversationnel
qui vient compléter le récit de l’enfant. L’enfant est davantage invité que
dans les autres procédures à s’identifier à la figurine enfant. Sont ensuite
présentés à l’enfant cinq débuts d’histoire dont les thèmes (solitude, dou-
leur physique, rejet par les pairs, abandon) sont susceptibles d’activer son
système d’attachement. Le codage se fait selon quatre dimensions : compor-
tements d’attachement, cohérence du narratif, manifestations de désorga-
nisation, capacités de mentalisation. Cet outil permet une classification
catégorielle (sécure, insécure-ambivalent, insécure-évitant et désorganisé).
Il propose un système de codage complexe qui s’étaye sur les concepts de
la théorie de l’attachement et sur les principes de codage de la SSP et de
l’AAI. Il existe pour chaque histoire trente-trois codages qui sont réalisés
sur des échelles en 9 points. L’évaluation concerne plusieurs domaines :
les comportements d’attachement, la cohérence narrative, les phénomènes
de désorganisation, le caractère bizarre du narratif, l’affect prédominant, la
capacité de mentalisation, la métacognition. Les quatre principales catégo-
ries d’attachement (A, B, C, D) sont complétées par la catégorie CC (Can-not
Classified). Green et al. (2000) ont montré la validité de construit, la fidélité
et la stabilité de leur outil. À leur suite, Goldwyn et al. (2000) établissent une
concordance significative avec le SAT (pour la dichotomie sécure/insécure).
Secure Base Script Test (SBST ; Psouni et Apetroia, 2014)
Cet outil s’inspire de l’ASA (Attachment Script Assessment) de Waters et
Rodrigues (2004) ; ce dernier permet une évaluation des représentations
d’attachement de l’adulte à partir de narratifs produits à l’aide d’une série
de mots « amorce » suggérant des situations prototypiques d’activation du
262 Outils d’évaluation
système d’attachement. Les auteurs ont adapté l’épreuve pour les enfants
entre 7 et 12 ans. Quatre séries de douze mots sont proposées à l’enfant. Les
récits sont évalués sur une échelle de 1 à 7 en les comparant au prototype
du script de base sécure proposé par les auteurs. Les résultats au SBST sont
prédicteurs de sécurité et de cohérence du transcript dans d’autres méthodes
d’évaluation de l’enfance comme le Friends and Family Interview (Steele et
Steele, 2005 ; voir chapitre 23).
Intérêt des procédures d’histoires d’attachement à compléter
Très utilisées en recherche, elles peuvent également être utiles dans les
contextes cliniques. Facile d’utilisation, la tâche est bien acceptée et d’aspect
ludique. Les représentations spatiales et temporelles sont comprises sans le
langage grâce à la manipulation de figurines. Cette dernière limite l’inci-
dence des compétences langagières et cognitives. Ces techniques montrent
une grande sensibilité à l’évaluation de la sécurité et de la désorganisation.
Elles discriminent bien entre la sécurité et l’insécurité mais la discrimi-
nation est moins bonne au sein des patterns insécure. La multiplicité des
procédures et des systèmes de codage rend difficile en recherche les études
comparatives.
attribuent à cette échelle une bonne validité convergente avec les narratifs
d’attachement et une bonne fidélité test-retest à 2 semaines. Elle a égale-
ment une bonne validité prédictive de l’ajustement scolaire et social (Kerns
et al., 2011). Une version française modifiée (dix items) a été validée par
Bacro et al. (2011). L’autoquestionnaire est d’un abord attrayant, il est facile
à mettre en œuvre. Cependant, certaines limites sont à souligner : il force
à une position dichotomique et se prête, comme tout autoquestionnaire,
au biais de désirabilité. Tout comme les autres instruments d’évaluation de
l’attachement concernant cette tranche d’âges, la question se pose de savoir
ce qui est vraiment évalué avec cette technique d’autoquestionnaire : s’agit-
il vraiment des modèles internes opérants spécifiques de l’attachement ou
de structures cognitivo-affectives plus larges concernant une relation ?
Children Attachment Interview (CAI ; Target et al., 2003)
Il s’agit d’un entretien semi-structuré destiné aux enfants de 7 à 12 ans.
Le CAI s’inspire de l’AAI : le discours est considéré comme indicatif des
modalités d’attachement à travers son style et sa qualité. Les réponses
comportementales ont également leur importance : la communication
non verbale informe sur les réponses émotionnelles et cognitives aux ques-
tions concernant l’attachement. Le protocole propose dix-sept questions
directes portant sur des événements de vie récents avec les figures d’atta-
chement dans des situations où le système d’attachement est habituelle-
ment activé. Une évaluation séparée de l’attachement à la mère et au père
est prévue. Le codage (Schmueli-Goetz et al., 2004) est réalisé à partir de
l’enregistrement vidéo de l’entretien. Les huit échelles de cotation (0 à 9)
sont les suivantes : ouverture émotionnelle, colère préoccupée, idéalisa-
tion, détachement, auto-organisation, références positives et négatives aux
figures d’attachement, utilisation d’exemples, résolution de conflit. Une
neuvième échelle permet une mesure de cohérence globale qui donne, en
plus de l’évaluation catégorielle, une mesure dimensionnelle de la sécurité
de l’attachement. L’évaluation catégorielle propose une classification en
quatre catégories : sécure, détaché, préoccupé, désorganisé. Dans leur étude
de validation du CAI, Shmueli-Goetz et al. (2008) concluent aux bonnes
propriétés psychométriques (fiabilité, stabilité et validité) de l’outil pour
population clinique et non clinique. Plus particulièrement, la consistance
interne est élevée et la stabilité à 1 an est très bonne pour la dichotomie
sécure/insécure. Les validités discriminante et prédictive sont également
très bonnes. D’autres qualités sont attachées à cet entretien : les questions
sont bien acceptées par les enfants ; elles sont moins directes que dans les
autoquestionnaires. Cependant, il convient pour cet entretien que l’enfant
ait un bon niveau cognitif et une bonne fonction réflexive. Le CAI ouvre un
large champ de recherches. Les futurs travaux concerneront, entre autres,
l’élaboration d’un Q-Sort qui permettrait d’affiner l’évaluation de la dés-
organisation (Shuemli-Goetz et al., 2008). Les implications au plan clinique
264 Outils d’évaluation
Techniques de dessin
Le système de Kaplan et Main (1986)
Ce sont les premiers à avoir proposé l’analyse du dessin de famille pour
évaluer l’attachement de l’enfant. Ils suggèrent que l’organisation de l’atta-
chement peut se refléter dans les représentations des relations familiales
révélées dans le dessin de famille. Ce système a été proposé pour les enfants
de 5 à 6 ans. L’analyse du dessin se fait sur la base de huit dimensions aux-
quelles sont reliés des éléments du dessin qui sont regroupés en patterns.
Ainsi ont été identifiées des spécificités dans le dessin de famille selon les
quatre principales catégories d’attachement. Par exemple, la position écar-
tée des bras serait signe de sécurité, en revanche l’absence d’individuation
des personnages signalerait un attachement évitant. L’enfant à l’attache-
ment ambivalent à tendance à encercler les figures d’attachement, tandis
qu’un personnage gribouillé serait le signe de la désorganisation. Les auteurs
montrent que les catégories de leur système sont corrélées significativement
avec les classifications à la SSP à 12-18 mois. Madigan et al. (2003) mon-
trent que les indices proposés par Kaplan et Main peuvent discriminer entre
attachement sécure et insécure de l’enfant mais sont peu fiables pour la
définition de patterns plus précis.
Le système de Fury et al. (1997)
Ils réalisent la première réplication de l’étude de Kaplan et Main (1986)
auprès d’enfants de 8-9 ans et réaffirment la convergence avec la SSP. Ils
proposent de compléter l’évaluation en établissant huit échelles globales
en sept points évoquant des aspects pouvant être liés à l’attachement (par
exemple, vitalité, tension/colère, inversion de rôle). Les échelles ont été éla-
borées dans le but de coder les dessins d’une manière plus intégrative et glo-
bale ainsi que de proposer une mesure continue. L’ensemble des recherches
sur le dessin d’enfant en général (Naglieri et al., 1991) et sur l’évaluation
de l’attachement à partir du dessin de famille en particulier (Fury, 1997 ;
Madigan, 2003) insiste sur le caractère plus valide des analyses globales du
dessin. Une recherche de Behrens et Kaplan (2011) permet d’affirmer que
les échelles globales du système de Fury établissent une différence signifi-
cative entre la sécurité et l’insécurité de l’attachement mais qu’il n’existe
pas de corrélation significative avec les épreuves concurrentes (procédures
de séparation-réunion). L’évaluation de la représentation d’attachement de
l’enfant à partir du dessin de famille ne peut se réaliser qu’à partir de 6 ans
car elle est tributaire du niveau de dessin. Cette technique généralement
bien acceptée est facilement utilisable en clinique. Madigan et al. (2003)
Évaluation de l’attachement durant l’enfance 265
Conclusion
Il existe une grande diversité des outils d’évaluation de l’attachement pro-
posés pour les enfants d’âges préscolaires et scolaires : techniques, focus,
dimensions étudiées. Cette diversité est une force : elle permet de coupler
plusieurs approches pour une évaluation plus fiable. C’est aussi une faiblesse :
les différences théoriques et méthodologiques rendent difficiles les travaux
de validation convergente des outils d’évaluation de l’attachement d’enfants
d’âges préscolaires et scolaires avec la Situation étrange (12-18 mois). Ils
peinent à établir une validation satisfaisante en dehors de la dichotomie
sécure/insécure. Les difficultés rencontrées dans l’évaluation de l’attache-
ment aux âges préscolaires et scolaires sont à la mesure de la complexifica-
tion du système d’attachement. De nombreuses questions se posent encore :
Comment activer le système d’attachement à cet âge où l’autonomie s’ins-
talle ? Comment distinguer dans le matériel à analyser l’effet du système
d’attachement des effets d’autres systèmes motivationnels ? Comment
savoir ce qui est réellement évalué ? Ces méthodes ouvrent cependant un
large champ de recherches afin de comprendre comment l’attachement et
les autres aspects du développement de l’enfant peuvent opérer ensemble.
Références
Bacro, F. (2011). Validation francophone de l’échelle de sécurité des perceptions
d’attachement au père et à la mère (Kerns, et al., 1996). Revue Européenne de
Psychologie appliquée, 61, 213-221.
Beyrens, K. Y., & Kaplan, N. (2011). Japenese children’s family drawings and their
links to attachment. Attachment and Human Development, 13, 437-450.
Bretherton, I., Ridgeway, D., & Cassidy, J. (1990). Assessing the internal working
models of the attachment relationship: An attachment story completion task
for 3-year-olds. In M. T. Greenberg, D. Cicchetti, & E. M. Cummings (Eds.),
Attachment in the preschool years: Theory, research, and intervention (pp. 273-308).
Chicago: University of Chicago Press.
Bretherton, I., & Oppenheim, D. (2003). The MacArthur Story Stem Battery:
Development, administration, reliability, validity, and reflections about
meaning. In R. N. Emde, D. P. Wolf, & D. Oppenheim (Eds.), Revealing the
inner worlds of young children: The MacArthur Story Stem Battery and parent child
narratives (pp. 55-89). New York: Oxford University Press.
Cassidy, J. (1988). Child-mother attachment and the self in six-year-olds. Child
Development, 59, 121-134.
266 Outils d’évaluation
Cassidy, J., Marvin, R.S. with the Mac Arthur attachement working group. (1992).
Attachment organisation in preschool children. Coding guidelines. 4th edition.
University of Virginia, Unpublished manuscript.
Crittenden, P. (1992). Preschool assessment of attachment. Miami F1: Family
Relations Institute. Unpublished manuscript.
Fury, G., Carlson, E. A., & Sroufe, L. A. (1997). Children’s representation of attachment
relationships in family drawings. Child Development, 68, 1154-1164.
Gloger-Tippelt, G., Gomille, B., Koenig, L., & Vetter, J. (2002). Attachment repre-
sentations in 6-year-olds: Related longitudinally to the quality of attachment
in infancy and mothers’ attachment representations. Attachment & Human
Development, 4, 318-339.
George, C., Solomon, J. (1990/1996/2000). Six-year attachment doll play classification
system. Unpublished manuscript, Mills College, Oakland, CA.
Goldwyn, R., Stanley, C., Smith, V., & Green, J. (2000). The Manchester Child Attachment
Story Task: Relationship with parental AAI, SAT, and child behaviour. Attachment and
Human Development, 2, 71-84.
Green, J., Stanley, C., Smith, V., & Goldwyn, R. (2000). A new method of evaluating
attachment representations in young school-age children: The Manchester
Child Attachment Story Task. Attachment & Human Development, 2, 48-70.
Klagsbrun, M., & Bowlby, J. (1976). Responses to separation from parents: A clinical
test for young children. British Journal of Projective Psychology, 21, 7-21.
Kaplan, N., & Main, M. (1986). Instructions for classification of children’s family drawings
in terms of representation of attachment. Berkeley: University of California.
Kerns, K. A. (2005). Assessing attachment in middle childhood. In K. A. Kerns, & R.
A. Richardson (Eds.), Attachment in Middle Childhood (pp. 46-70). New York: The
Guilford Press.
Kerns, K. A., Klepac, L., & Cole, A. K. (1996). Peer relationships and preadolescents’
perceptions of security in the child-mother relationship. Developmental Psychology,
32, 457-466.
Kerns, K. A., Brumariu, L. E., & Seibert, A. (2011). Multi-method assessment of
mother-child attachment: Links to parenting and depressive symptoms in mid-
dle childhood. Attachment and Human Development, 1, 315-333.
Koppitz, E. M. (1984). Psychological evaluation of children’s human drawings by middle
school pupils. New York: Grune & Startton.
Madigan, S., Ladd, M., & Goldberg, S. (2003). A picture is worth a thousand words:
Children’s representations of family as indicators of early attachments. Attachment
and Human Development, 5, 19-37.
Maia, J., Veríssimo, M., Ferreira, B., Silva, F., & Fernandes, M. (2009). Adaptação por-
tuguesa do Attachment Story Completion Task – Manual de aplicação e cotação:
Dimensão Contínua de Segurança. Manuscrito não publicado. Lisboa: Instituto
Superior de Psicologia Aplicada.
Main, M., Kaplan, N., & Cassidy, J. (1985). Security in infancy, childhood and adul-
thood: A move to the level of representation. In I. Bretherton, & E. Waters
(Eds.), Growing points of attachment theory and research (pp. 66-104). (50). Mono-
graphs of the Society for Research in Child Development.
Main, M., & Cassidy, J. (1988). Categories of responses to reunion with the parent
at age 6: predictable from infant attachment classifications and stable over a
1-month period. Developmental Psychology, 24, 415-426.
Évaluation de l’attachement durant l’enfance 267
Miljkovitch, R., Pierrehumbert, B., Karmaniola, A., & Halfon, O. (2003). Les représen-
tations d’attachement du jeune enfant. Développement d’un codage pour les
histoires à compléter. Devenir, 15, 143-177.
Naglieri, J. A., McNeish, T. J., & Bardos, A. N. (1991). Draw-a Person: Screening proce-
dure for emotional disturbance. Austin, TX: PRO-ED.
Psouni, E., & Apetroaia, A. (2014). Measuring scripted attachment-related knowledge in
middle childhood: the Secure Base Script Test. Attachment & Human Development,
16, 22-41.
Schuemli-Goetz, Y., Target, M., Fonagy, P., Datta, A. (2004). Child Attachment Inter-
view (CAI): Coding and classification manuel version V. The Sub-Departement
of Clinical Health Pychology, University College London, UK. Unpublished
manual.
Schmueli-Goetz, Y., Target, M., Fonagy, P., & Datta, A. (2008). The Child Attachment Inter-
view: A psychometric study of reliability and discriminant validity. Developmental
Psychology, 44, 939-956.
Solomon, J., George, C., & De Jong, A. (1995). Children as controlling at age six:
Evidence of disorganized representational strategies and aggression at home and
at school. Development and Psychopathology, 7, 447-463.
Solomon, J., & George, C. (2008). The measurement of attachment security and
related constructs in infancy and early childhood. In J. Cassidy, & P. R. Shaver
(Eds.), Handbook of attachment. New York: The Guilford Press.
Slough, N. M., & Greenberg, M. T. (1990). Five-year olds’ representation of sepa-
ration from parents: responses from the perspective of self and other. In M.
W. Bretherton, & Watson (Eds.), New directions for child development: No. 48.
Children’s perspectives on the family (pp. 67-84). San Francisco: Jossey Bass.
Spieker, S., & Crittenden, P. (2010). Comparing two attachment methods applied to
preschool strange situations. Clinical Child Psychology and Psychiatry, 25, 97-120.
Steele, H., & Steele, M. (2005). The construct of coherence as an indicator of attach-
ment security in middle childhood: The Friends and Family Interview. In K. A.
Kerns, & R. A. Richardson (Eds.), Attachment in middle childhood (pp. 137-155).
New York: The Guildford Press.
Target, M., Fonagy, P., & Shmueli-Goetz, Y. (2003). Attachment representations in
school-age children: the development of the child attachment interview (CAI).
Journal of Child Psychotherapy, 29, 171-186.
Waters, H.S., Rodrigues-Doolabh, L. (2004). Manual for decoding secure base narra-
tives. Unpublished manuscript, State University of New York at Stony Brook.
23 Mesures d’attachement
à l’adolescence
Cependant, l’IPPA et ses variations ont montré une forte corrélation avec le
degré d’adaptation et le devenir de ces adolescents (Armsden et Greenberg,
1987 ; Wilkinson, 2006).
Principes généraux
Les outils évaluant l’interaction de la dyade parent-adolescent sont récents.
Le parent et l’adolescent sont placés dans une situation stressante et les stra-
tégies de chacun ainsi que celles de la dyade sont observées. Le plus souvent,
il est demandé à l’adolescent et à son parent de trouver un sujet de désaccord
et de le discuter pendant 10 minutes, après un temps de discussion libre
(Lyons-Ruth et al., 2005). Zimmermann et al. (2009) et Becker et al. (2008)
proposent un autre contexte : on demande à la dyade de jouer à un jeu vidéo
sur le même clavier et les observateurs font terminer la partie brutalement en
disant aux joueurs qu’un des deux a appuyé sur la touche interdite.
Ces outils reposent tous plus ou moins sur les mêmes paradigmes et
observations :
• observer comment la communication autour de sujets qui menace
l’estime de soi — un des aspects centraux de la relation d’attachement à
l’adolescence — va s’engager dans la dyade ;
276 Outils d’évaluation
Codages
Les comportements et les expressions non verbales des deux partici-
pants ainsi que leur discours sont observés et codés de façon très minu-
tieuse. Le système de codage de l’équipe de Karlen Lyons-Ruth, le GPACS
(Goal-Corrected Partnership Adolescent Scale) est particulièrement illustratif
de la méthode (Obsuth et al., 2014). Le GPACS permet de classer les dyades
selon quatre types : collaborative, punitive, désorientée, avec confusion
des rôles (Lyons-Ruth et al., 2005). Par exemple, la collaboration corres-
pond à la validation de la voix de l’adolescent : le parent est sensible à ce
que l’adolescent amène et il prend en compte ses potentielles difficultés à
dire ses émotions ; elle note également la présence d’affection et de cha-
leur mutuelle. L’interaction punitive est caractérisée par la présence, chez
l’un ou les deux partenaires, de remarques humiliantes, de tentatives de
contrôle sur la contribution de l’un, tandis que l’autre capitule soit de façon
impuissante, soit de façon déplacée. La désorientation correspond à la pré-
sence de comportements bizarres et hors contexte du parent et du jeune
adulte : par exemple, un jeune se lève soudainement alors qu’il est en train
de parler, ou s’immobilise totalement pendant quelques secondes dans une
position qui peut être inconfortable ; une mère qui se met à chanter lorsque
le jeune aborde le conflit, change soudainement de sujet ou dit quelque
chose d’incompréhensible ; on note également très peu de possibilités pour
l’adolescent d’affirmer son point de vue. Enfin, on parle de confusion des
rôles lorsque l’on observe des comportements de caregiving de l’adolescent ;
par exemple, l’adolescent a un rôle de régulateur, de modérateur et semble
très vigilant à l’état émotionnel du parent ; le parent ne montre qu’une
attention inconstante voire aucune à l’état émotionnel de son enfant ;
le parent se présente de façon immature, séductrice ; il semble stressé et
impuissant face à la tâche demandée ; l’adolescent y répond en le dis-
trayant, en posant lui-même les questions et en structurant la discussion.
Mesures d’attachement à l’adolescence 277
Conclusion
L’évaluation de l’attachement à l’adolescence est complexe, tant quant aux
modalités d’attachement en mouvement propres à l’adolescence qu’à l’hété-
rogénéité des mesures d’attachement. Une réflexion commune entre cher-
cheurs et cliniciens est nécessaire pour enrichir la pertinence de ces outils.
Références
Ammaniti, M., Candelori, C, Dazzi, N., De Coro, A., Muscetta, S., et al. (1990). IAL:
Intervistasull’Attaccamento nella Latenza (AICA, Attachment Interview for
Childhood and Adolescence). Université “La Sapienza” Roma.
Armsden, G. C., & Greenberg, M. T. (1987). The Inventory of Parent and Peer Attach-
ment: Individual differences and their relationship to psychological well-being
in adolescence. Journal of Youth and Adolescence, 16, 427-454.
Bartholomew, K., & Horowitz, L. M. (1991). Attachment styles among young adults:
A test of a four-category model. Journal of Personality and Social Psychology, 61,
226-244.
Becker-Stoll, F., Fremmer-Bombik, E., Wartner, U., Zimmermann, P., & Grossmann,
K. E. (2008). Is attachment at ages 1, 6 and 16 related to autonomy and related-
ness behavior of adolescents in interaction towards their mothers? International
Journal of Behavioral Development, 32, 372-380.
278 Outils d’évaluation
Autoquestionnaires définissant
des styles d’attachement
Description des principaux instruments
Le modèle de Hazan et Shaver (1987) étudie le système d’attachement à tra-
vers les relations de couple. L’Attachment Style Questionnaire (ASQ) comporte
trois paragraphes décrivant brièvement les comportements et les sentiments
concernant sa façon de se percevoir dans ses relations amoureuses et inter-
personnelles, qui correspondent aux trois catégories de la Situation étrange.
Le sujet doit choisir parmi ces trois propositions celle lui correspondant le
plus, ce qui définit son pattern d’attachement. L’intérêt majeur de cet outil
est son extrême brièveté et son administration facile. En revanche, certaines
qualités psychométriques sont médiocres, en particulier sa mauvaise stabi-
lité temporelle. Pour y remédier, l’utilisation des trois propositions initiales
de Hazan et Shaver a été modifiée : soit en demandant au sujet d’évaluer
pour chacune des trois propositions la ressemblance avec sa façon de res-
sentir ses relations aux autres, soit en décomposant les trois propositions en
autant d’items nécessaires.
L’Adult Attachement Scale Questionnaire a été créé par Simpson (1990) dans
cet esprit, en convertissant les trois descriptions des prototypes de Hazan
et Shaver en un questionnaire à treize items cotés sur une échelle visuelle
analogue de Likert en 7 points. Le questionnaire traite l’attachement selon
deux dimensions (évitement et ambivalence) ou sous forme de catégories
correspondant à celles de Hazan et Shaver. Les sujets sont interrogés sur
leurs relations avec leurs partenaires amoureux en général. Une version
franco-canadienne a été validée par Bouthillier et al. (1996).
Bartholomew et Horowitz (1991) ont conceptualisé un modèle de l’atta-
chement chez l’adulte en considérant deux dimensions : « le modèle de soi »
et « le modèle des autres », en reprenant les hypothèses de Bowlby sur les
modèles internes opérants (MIO) qui comportent des schémas intériorisés
de soi et des autres. Chacune de ces deux dimensions peut être positive ou
négative. La positivité du modèle de soi est le degré d’intériorisation d’un
Évaluation de l’attachement chez l’adulte 283
sécure. L’ECR-R a ainsi été mis au point, comportant de nouveaux items par
rapport à l’ECR. Ses qualités métrologiques sont aussi bonnes que celles de
l’ECR original (Sibley, Fisher, Liu, 2005). L’apport de cette nouvelle version
est discuté (Mikulincer, Shaver, 2007) mais elle a été également largement
utilisée pour évaluer l’attachement chez l’adulte.
vingt-trois items et explore les relations avec les proches considérés comme
confidents. Ce modèle se veut prédictif d’une vulnérabilité psychopatho-
logique. On peut trouver cet autoquestionnaire et une documentation sur
l’ASI sur www.attachmentstyleinterview.com.
2. www.psych.uiuc.edu/-rcfraley/measures/ecrr.htm
Évaluation de l’attachement chez l’adulte 289
la fenêtre, le départ (un homme et une femme avec des valises sont face à
face), le banc (un jeune est assis seul sur un banc), le lit (un enfant et
une femme assis se font face aux deux extrémités du lit), l’ambulance (une
femme âgée et un enfant regardent un brancard monté dans une ambu-
lance), le cimetière (un homme se tient debout devant une tombe), l’enfant
au coin (dont les bras sont en avant comme s’il vouait se protéger). Sont
ainsi évoqués : maladie, solitude, séparation, perte et abus. Pour chaque
image, on demande dans un premier temps au sujet de raconter une his-
toire, puis une enquête par des questions permet d’approfondir les récits.
Cette méthode permet de combiner techniques projectives et techniques
d’interview. Le récit est enregistré avec un magnétophone et le codage
porte sur le transcript verbatim.
Trois dimensions (style narratif, contenu du récit, processus défensif)
permettent de classer le sujet selon les quatre catégories (sécure, détaché,
préoccupé, non résolu) qui correspondent à celles de l’AAI. Les processus
défensifs recherchés sont les deux formes d’exclusion défensive (la désacti-
vation et la déconnexion cognitive) et les systèmes ségrégés. Les systèmes
ségrégés sont recherchés en premier : les sujets dont les récits sont dérégulés
par des événements effrayants, étranges ou inquiétants sont considérés
comme non résolus. Ceux dont les récits ne comportent pas de tels événe-
ments ou qui montrent une capacité narrative de réorganisation sont consi-
dérés comme organisés. Pour la forme du discours, deux dimensions sont
prises en compte : la cohérence mais aussi les références que le sujet fait
à une expérience personnelle. En ce qui concerne le contenu, l’attention
porte sur l’agentivité et la connexion pour les images où le personnage est
seul, la synchronie pour ceux où apparaissent deux personnages.
La validité convergente, la fiabilité test-retest et la fiabilité interjuges
de l’AAP ont été établies dans une étude de validation récente (George
et West, 2012). La validité convergente a été établie entre l’AAP et l’Adult
Attachment Interview pour classer les individus : pour les catégories orga-
nisées et la catégorie « non résolu », elle était de 97 % (kappa = 0,88,
p < 000, n = 130) ; pour les quatre principales catégories, elle était de 94 %
(kappa = 0,86, p < 000). Ainsi, cet outil a l’intérêt de permettre une évalua-
tion fine de l’attachement de l’adulte tout en étant un peu moins lourd à
utiliser dans des protocoles de recherche que l’AAI. Il nécessite néanmoins
une formation spécifique ; la passation du test dure environ 25 minutes ;
le transcript comporte deux ou trois pages ; son codage prend entre une
demi-heure et deux heures. Il est intéressant de noter que l’activation crois-
sante du système d’attachement par le stress au cours de la passation a été
confirmée par une étude en neuro-imagerie utilisant l’IRM fonctionnelle
(Buchheim et al., 2006).
Cet outil a déjà été utilisé dans un grand nombre d’études, dont on peut
trouver les références sur le site : http ://attachmentprojective.com/.
292 Outils d’évaluation
Évaluation de l’attachement
chez les personnes âgées
Globalement, les chercheurs utilisent les mêmes outils que pour les
adultes avec parfois des adaptations pour les personnes âgées (Van Assche
et al., 2013). Parfois, plusieurs méthodes sont utilisées conjointement ;
parfois, les modifications consistent en une réduction du nombre de
dimensions après une analyse factorielle. Toutefois, deux types d’approches
plus originales peuvent être proposés aux personnes âgées. :
• l’analyse des figures potentielles d’attachement et des types d’attache-
ment pour chacune des figures avec éventuellement une hiérarchie entre
les figures (Cicirelli, 2010) ;
• des méthodes comportementales qui s’apparentent plus ou moins à celles
utilisées avec les jeunes enfants (Tiikkainen et Heikkinen, 2005).
Conclusion
Les outils d’évaluation de l’attachement chez l’adulte sont nombreux et
continuent à se multiplier. Ils répondent à diverses approches et le choix
des instruments sera guidé par la nature et les objectifs de l’étude envi-
sagée. Leur utilité en recherche et maintenant en clinique est reconnue.
L’étape actuelle est d’améliorer la compréhension de ce qu’ils captent « réel-
lement » du fonctionnement du système d’attachement chez l’adulte, ce
qui en retour contribuera à enrichir la théorie de l’attachement.
Références
Ainsworth, M. S., Blehar, M. C., Waters, E., et al. (1978). Patterns of attachment.
Hillsdale: Erlbaum.
Bartholomew, K., & Horowitz, L. M. (1991). Attachment styles among young Adults:
A test of a Four-Category Model. Journal of Personality and Social Psychology, 61,
226-244.
Berry, K., Band, R., Corcoran, R., et al. (2007). Attachment styles, earlier interpersonal
relationships and schizotypy in a non-clinical sample. Psychology and Psycho-
therapy, 80, 563-576.
Bifulco, A., Mahon, J., Kwon, J. H., et al. (2003). The vulnerable attachment style
questionnaire (VASQ): an interview based measure of attachment styles that
predict depressive disorder. Psychological Medicine, 33, 1099-1110.
294 Outils d’évaluation
Bifulco, A., Moran, P. M., Ball, C., & Bernazzani, O. (2002). Adult attachment style:
I. Its relationship to clinical depression. Social Psychiatry and Psychiatric Epide-
miology, 37, 50-59.
Bifulco, A., & Thomas, G. (2013). Understanding adult attachment in family relations-
hips. Research, assessment and intervention. London: Routledge.
Bouthillier, D., Tremblay, N., Hamelin, F., et al. (1996). Traduction et validation
canadienne française d’un questionnaire évaluant l’attachement chez l’adulte.
Canadian Journal of Behavioural Science, 28, 1-5.
Brennan, K. A., Clark, C. L., & Shaver, P. R. (1998). Self report measurement of adult
attachment: an integrative review. In J. A. Simpson, & W. S. Rholes (Eds.),
Attachment theory and close relationships (pp. 46-76). New York: Guilford Press.
Buchheim, A., Erk, S., George, C., Kächele, H., Ruchsow, M., Spitzer, M., Kircher, T.,
& Walter, H. (2006). Measuring attachment representation in an fMRI environ-
ment: A pilot study. Psychopathology, 39, 144-152.
Cicirelli, V. G. (2010). Attachment relationships in old age. Journal of Social and Perso-
nal Relationships, 27, 191-199.
Collins, N. L., & Read, S. J. (1990). Adult attachment, working models and relations-
hip quality in dating couples. Journal of Personality and Social Psychology, 58,
644-663.
Collins, W.A., Hennighausen, K.H., Madsen, S.D., Roisman, G.I. (1998). Dyadic
coding of couple interactions: rating qualitative features of close relationships.
University of Minnesota: Institute of Child Develeopment. Unpublished Coding
Manual.
Crowell, J.A., Owens, G. (1996). Current Relationship Interview and scoring system.
State University of New York Stony Brook (non publié).
Crowell, J. A., Treboux, D., Pan, H., et al. (2002). Assessing secure base behaviour in
adulthood : development of a measure, link to adult attachment representations
and relation to couple’s communication and report of relationships. Develop-
mental Psychology, 38, 679-693.
Crowell, J. A., Fraley, R. C., & Shaver, P. R. (2008). Meadsurement of individuela
differences in adolescent and adult attachement. In J. Cassidy, & P. Shaver (Eds.),
Handbook of attachment. Theory, research, and clinical implications (2nd edition,
pp. 599-634). New York: Guilford Press.
Ehrenthal, J. C., Dinger, U., Lamla, A., et al. (2009). Evaluation of the german version
of the attachment questionnaire “Experiences in Close Relationships - Revised”
(ECR-RD). Psychotherapie, Psychosomatik. Medizinische Psychologie, 59, 215-223.
Feeney, J. A., Noller, P., & Hanrahan, M. (1994). Assessing adult attachment. In M. B.
Sperling, & W. H. Berman (Eds.), Attachment in adults (pp. 128-152). New York:
Guildford Press.
Fraley, R. C., & Waller, N. G. (1998). Adult attachment patterns: A test of the typolo-
gical model. In J. A. Simpson, & W. S. Rholes (Eds.), Attachment theory and close
relationships (pp. 77-114). New York: Guilford Press.
Fraley, R. C., Waller, N. G., & Brennan, K. A. (2000). An item response theory analysis
of self-report measures of adult attachment. J Pers Soc Psychol, 78, 350-365.
Fraley, R. C., & Phillips, R. L. (2009). Self report measures of adult attachment in
clinical practice. In J. H. Obegi, & E. Berant (Eds.), Attachment theory and research
in clinical work with adults (pp. 153-180). New York: the Guildford Press.
Évaluation de l’attachement chez l’adulte 295
Fraley, R. C., & Spieker, S. J. (2003). Are infant attachment patterns continuously
orcategorically distributed? A taxometric analysis of strange situation behavior.
Developmental Psychology, 39, 387-404.
Fraley, R. C., Roisman, G. I., & Haltigan, J. D. (2013). The legacy of early experiences
in development: Formalizing alternative models of how early experiences are
carried forward over time. Developmental Psychology, 49, 109-126.
George, C., & West, N. (2012). The Adult Attachment Projective: A new assessment of
adult attachment. New York: Guilford.
Guédeney, N. (2005). Apport de la théorie de l’attachement à la compréhension de la
relation d’aide. Illustration : Liens entre le système d’Attachement et l’Alliance
de travail, initiale et 4 mois plus tard, sur un échantillon de 130 sujets adultes
recourant à une demande d’aide sociale. Paris VI: Thèse de doctorat d’université.
Hazan, C, & Shaver, P. (1987). Romantic love conceptualized as an attachment pro-
cess. Journal of Personality and Social Psychology, 52, 511-524.
Hazan, C., & Shaver, P. R. (1990). Love and work: An attachment theoretical pers-
pective. Journal of Personality and Social Psychology, 59, 270-280.
Holmes, B. M., & Lyons-Ruth, K. (2006). The relationship questionnaire-clinical
version (RQ-CV): Introducing a profoundly-distrustful attachment style. Infant
Ment Health J, 27, 310-325.
Lafontaine, M. -F., & Lussier, Y. (2003). Structure bidimensionnelle de l’attachement
amoureux : anxiété face à l’abandon et évitement de l’intimité. Revue Cana-
dienne des Sciences du Comportement, 35, 56-60.
Lo, C., Walsh, A., Mikulincer, M., Gagliese, L., Zimmermann, C., & Rodin, G. (2009).
Measuring attachment security in patients with advanced cancer: psychometric
properties of a modified and brief Experiences in Close Relationships scale. Psy-
chooncology, 18, 490-499.
Mikulincer, M., & Shaver, P. R. (2007). Measurement of attachment-related constructs
in adulthood. In Attachment in adulthood: structure, dynamics, and change
(pp. 81-115). New York: Guilford Press.
Miljkovitch, R. (2009). Les fondations du lien amoureux. Paris: Presses Universitaires
de France.
Miljkovitch, R., Moss, E., Bernier, A., Pascuzzo, K. (en préparation). Reconceptua-
lizing the assessment of internal working models: The Attachment Multiple
Model Interview.
Nakao, T., & Kato, K. (2004). Developing the Japanese version of the Adult Attach-
ment Style Scale (ECR). Shinrigaku Kenkyu, 75, 154-159.
Paquette, D., Bigras, M., & Parent, S. (2001). La validation du QSA et la prévalence
d’attachement adulte dans un échantillon francophone de Montréal. Revue
Canadienne des Sciences du Comportement, 33, 88-96.
Pierrehumbert, B., Karmaniola, A., Sieye, A., Meister, C., Miljkovitch, R., & Halfon,
O. (1996). Les modèles de relations : Développement d’un auto-questionnaire
d’attachement pour adultes. Psychiatrie de l’Enfant, 1, 161-206.
Roisman, G. I., Holland, A., Fortuna, K., et al. (2007). The Adult Attachment Inter-
view and self-reports of attachment style: an empirical rapprochement. Journal
of Personality and Social Psychology, 92, 678-697.
Shaver, P. R., & Mikulincer, M. (2002). Attachment-related psychodynamics. Attach-
ment and Human Development, 4, 133-161.
296 Outils d’évaluation
N. Guédeney, S. Leblanc
Interactions caregiver-enfant
dans l’attachement désorganisé :
la transmission transgénérationnelle
Main et Hesse (1990) trouvent une correspondance entre l’état d’esprit du
parent à l’Adult Attachment Interview (AAI), caractérisé par un traumatisme
non résolu touchant aux besoins de l’attachement et le comportement
désorganisé/désorienté de l’enfant. Ils évoquent une transmission trans-
générationnelle de l’attachement désorganisé.
Conclusion
Le concept d’attachement désorganisé est probablement un des concepts
les plus révolutionnaires de la théorie de l’attachement. Ses apports théo-
riques (la question de la transmission, du rôle de la peur), cliniques (revisi-
ter le concept de fantôme de la chambre d’enfant) et thérapeutiques sont
capitaux. Il montre la portée majeure du stress et l’importance des inter-
actions pour aider l’enfant jeune à réguler la peur dans la compréhension
du fonctionnement humain.
Références
Abrams, K., Rifkin, A., & Hesse, E. (2006). Examining the role of parental frightened/
frightening subtypes in predicting disorganized attachment within a brief obser-
vation procedure. Development and Psychopathology, 18, 345-361.
308 Deux concepts récents de la théorie de l’attachement
Bowlby, J. (1973). Attachment and loss. Vol. 2: Separation: anxiety and danger.
New York: Basic Books.(Traduction : B. de Panafieu. Attachement et perte. Vol. 2 :
La Séparation. Angoisse et colère. Paris: PUF; 1978).
Bowlby, J. (1988). A secure base. New York: Basic Books.
Carlson, E. (1998). A prospective longitudinal study of attachment disorganization/
disorientation. Child Development, 69, 1107-1128.
Carlson, V., Cicchetti, D., Barnett, D., et al. (1989). Disorganized/disoriented attach-
ment relationships in maltreated infants. Developmental Psychology, 25, 525-531.
Cicchetti, D., Rogosch, F. A., & Toth, S. L. (2006). Fostering sécure attachment in
infants in maltreating families through preventive interventions. Development
and Psychopathology, 18, 623-649.
David, D. H., & Lyons-Ruth, K. (2005). Differential attachment responses of male and
female infants to frightening maternal behaviour, tend or befriend versus fight
or flight. Infant Mental Health Journal, 26, 1-18.
Forbes, L. M., Evans, M., Moran, G., et al. (2007). Change in atypical maternal beha-
vior predicts change in attachment disorganization from 12 to 24 months in a
high-risk sample. Child Development, 78, 955-971.
Gervai, J., Novak, A., Lakatos, K., et al. (2007). Infant genotype may moderate sensiti-
vity to maternal affective communications: attachment disorganisation, quality
of care, and the DRD4 polymorphism. Social Neuro Science, 2, 1-13.
Goldberg, S., Benoit, D., Blokland, K., et al. (2003). Atypical maternal behaviour,
maternal representations, and infant disorganized attachment. Development and
Psychopathology, 15, 239-257.
Grienenberger, J., Kelly, K., & Slade, A. (2005). Maternal reflective functioning,
mother-infant affective communication, and infant attachment. Exploring
the link between mental states and observed caregiving behaviour in the inter-
generational transmission of attachment. Attachment & Human Development, 7,
299-311.
Gunnar, M. R. (2003). Attachment and stress in early development Does attach-
ment add to the potency of social regulators of infant stress. In C. S. Carter, L.
Ahnert, K. E. Grossmann et al.,(Eds.), Attachment and bonding: A new synthesis
(pp. 245-255). Cambridge, London: The MIT Press & Dalhem University Press.
Hesse, E., & Main, M. (2006). Frightening, threatening and dissociative parental
behaviour in low risk samples, description, discussion and interpretations.
Development and Psychopathology, 18, 309-343.
Hesse, E., & Main, M. (2000). Disorganized infant, child, and adult attachment,
collapse in behavioural and attention strategies. American Psychoanalytic Asso-
ciation, 48, 1097-1127.
Hillburn-Cobb, C. (2004). Adolescent psychopathology in terms of multiple beha-
vioral systems: The role of attachment and controlling strategies and frankly
disorganized behavior. In L. Atkinson, & S. Goldberg (Eds.), Attachment issues
in psychopathology and intervention (pp. 95-134). New Jersey: Lawrence Erlbaum
Associates.
Jacobvitz, D., Leon, K., & Hazen, N. (2006). Does expectant mothers’ unresolved
trauma predict frightening/frightened maternal behaviour? Risk and protective
factors. Development and Psychopathology, 18, 363-379.
Lakatos, K., Toth, I., Nemoda, Z., et al. (2005). Dopamine D4 receptor (DRD4)
gene polymorphism is associated with attachment disorganization in infants.
Molecular Psychiatry, 5, 633-637.
Attachement désorganisé chez l’enfant 309
Définition de la mentalisation
Mentalisation
La « mentalisation » est définie comme la capacité à comprendre son propre
comportement et celui de l’autre en termes d’états mentaux sous-jacents
(Allen et al., 2008). C’est une capacité humaine fondamentale, intrinsèque
à la régulation des affects et aux relations sociales fructueuses. Située au car-
refour de l’attachement, de la psychanalyse et des neurosciences cognitives,
cette notion représente un progrès significatif dans la compréhension du
développement des capacités relationnelles de base et d’autorégulation à
partir de la petite enfance. Elle offre un nouveau cadre aux cliniciens pour
envisager le développement et la fonction interpersonnelle de différents
troubles psychopathologiques, notamment les troubles borderline.
Mentaliser, c’est « percevoir ou interpréter le comportement en l’imagi-
nant comme conjoint à des états mentaux intentionnels » (idem). Le travail
de mentalisation consiste à inférer les états mentaux qui sous-tendent un
comportement visible, comme si « le comportement » et « les états men-
taux » étaient toujours séparables. Souvent, cependant, les états mentaux
et le comportement sont conjoints de façon inséparable, ils sont si étroite-
ment liés que l’un ne peut être démêlé de l’autre.
Les états mentaux sont intrinsèquement intentionnels et représentation-
nels, c’est-à-dire « à propos » de quelque chose. Un sentiment est éprouvé
« à propos » de quelque chose, alors qu’un objet matériel, par exemple une
pierre, n’est « à propos » de rien. La compréhension de l’esprit inclut l’attri-
bution d’états représentationnels, tels que des désirs ou des croyances, dont
la relation à ce qu’ils représentent est enregistrée d’une certaine manière.
Nous avons un sens du caractère représentatif des états mentaux, une
conscience implicite qu’un état mental est une prise en compte particulière
d’une situation. La capacité à réfléchir sur les sens variés des états mentaux,
que l’on encourage chez les patients, dépend de ce sens de la « représenta-
tivité ». Plus concrètement, la pratique clinique nécessite une mentalisa-
tion continuelle de la part du patient aussi bien que du clinicien. Donner
une signification aux états mentaux sert des fonctions interpersonnelles
Concepts associés
Mary Main (1991) a été l’un des premiers auteurs à proposer l’idée selon
laquelle les différences dans la qualité de l’attachement pendant l’enfance
étaient fortement corrélées à la qualité de la métacognition et à la qualité
des récits d’attachement des adultes, en montrant que les modèles d’attache-
ment pouvaient contribuer à la sécurité de l’enfant, et ainsi, à la transmission
intergénérationnelle de l’attachement. Selon Main (idem), il en est ainsi parce
que l’enfant qui doit contrôler l’accessibilité physique et psychologique des
figures d’attachements primaires, risque d’avoir des capacités attentionnelles
(ou de mémoire de travail) diminuées par rapport à un autre enfant.
Cette capacité métacognitive est-elle suffisante pour rendre le compor-
tement du caregiver cohérent ? Plusieurs auteurs ont essayé de répondre à
Mentalisation et attachement 313
Méthodes et mesures
Fonction réflexive
Au cours de leurs recherches, Fonagy et al. (1991) ont été amenés à analy-
ser les données des entretiens de l’Adult Attachment Interview (AAI) qu’ils
avaient recueillis avec l’idée de comprendre les processus sous-tendant
la transmission transgénérationnelle de l’attachement et en partant du
concept de monitoring métacognitif développé par Main (1991). Ces auteurs,
suivis par d’autres, ont également cherché à développer des instruments
mesurant la fonction réflexive afin de pouvoir l’étudier et tester leurs hypo-
thèses théoriques.
Initialement, Fonagy et al. (1998) ont conçu une échelle permettant de
mesurer le degré de fonction réflexive du discours d’un individu adulte à
partir de l’entretien de l’Adult Attachment Interview (AAI). Leur échelle
s’applique aux questions de l’AAI qui requièrent de la part du sujet une
certaine réflexion sur des états mentaux complexes et inobservables (par
exemple : « Pourquoi pensez-vous que vos parents se sont comportés de la
sorte ? »). Il s’agit ici d’évaluer comment le sujet adulte est capable de réflé-
chir sur les expériences affectives avec ses parents et comment il conçoit
leur impact sur sa propre expérience subjective. Ainsi, pour déterminer le
degré de fonction réflexive, on observe :
• le degré de conscience qu’a l’individu de la nature des états mentaux ;
• l’existence d’efforts explicites de sa part pour relever les états mentaux
derrière les comportements ;
314 Deux concepts récents de la théorie de l’attachement
Ontogenèse de la mentalisation
L’enfant ne naît pas avec la capacité de reconnaître les états mentaux
primaires comme des états ayant un sens pour lui. C’est plutôt l’« affect
mirroring » (c’est-à-dire la réflexion contingente des affects) par le parent
qui permet à l’enfant d’accéder progressivement à une compréhension de
ses propres états mentaux. Le mirroring est défini par Gergely et Watson
(1996) comme la capacité de la mère à produire une version exagérée des
expressions émotionnelles réalistes (positives et négatives) grâce à laquelle
l’état mental de l’enfant lui est reflété (« re-présentation »). C’est par là que
l’enfant commence à reconnaître ses propres états internes.
Durant la première année de la vie se développe la capacité de grouper et
de représenter les états affectifs primaires et de faire l’expérience de l’exis-
tence d’un lien entre affect, comportement, corps et expérience person-
nelle. Tout ceci est important pour l’émergence ultérieure des capacités de
mentalisation.
Une autre étape de l’acquisition de la fonction réflexive va consister pour
l’enfant à comprendre que ce qu’il a à l’esprit est seulement une représenta-
tion possible de pensées ou de sentiments, et que la réalité, la sienne et celle
des autres, peut être interprétée de multiples façons. Ce qui est subjective-
ment réel pour lui ne l’est pas forcément pour l’autre ; il doit être capable
d’imaginer ce qu’il y a dans l’esprit de l’autre.
Ainsi, le développement de la capacité réflexive pendant l’enfance
dépend de la capacité du parent à imaginer et à distinguer l’apparence et
la réalité. Ceci est favorisé par le jeu et le dialogue, soutenus par la capacité
du parent à entrer dans l’espace transitionnel entre jeu et réalité et de faire
continuellement la jonction entre ces deux mondes grâce au langage et aux
symboles. L’état mental de l’enfant doit être représenté suffisamment claire-
ment pour que l’enfant le reconnaisse, mais de façon suffisamment ludique
pour que sa réalité ne submerge pas l’enfant. De cette façon, l’enfant pourra
finalement utiliser la représentation parentale de sa réalité interne comme
base de sa pensée symbolique, une représentation de ses propres représen-
tations (Allen et al., 2008).
La fonction réflexive est le reflet dans le discours des capacités de men-
talisation de l’individu. L’expérience interne n’est pas organisée seulement
pour améliorer la connaissance de soi et la régulation, mais aussi pour
316 Deux concepts récents de la théorie de l’attachement
Influences de l’attachement
sur la mentalisation
Activation du système d’attachement
et désactivation de la capacité de mentalisation :
réciprocité
Des études récentes en neuro-imagerie ont permis de confirmer les liens
entre activation de l’attachement et désactivation de la mentalisation. Dans
deux études distinctes, Bartels et Zeki (2000, 2004) ont montré que l’acti-
vation de régions cérébrales intervenant dans l’attachement maternel et/ou
amoureux entraîne concomitamment la suppression de l’activité cérébrale
dans plusieurs régions jouant un rôle dans différents aspects du contrôle
cognitif, dont celle associée au jugement social et à la mentalisation. Ces
auteurs proposent de regrouper ces deux « construits » en deux systèmes
fonctionnels.
Le premier de ces systèmes inclut les cortex préfrontal médian, pariétal
inférieur et temporal médian, principalement dans l’hémisphère droit, ainsi
que le cortex cingulaire postérieur. Ces régions font partie de circuits spécia-
lisés dans l’attention et la mémoire à long terme (Cabeza et Nyberg, 2000),
mais également dans les émotions positives (Maddock, 1999) et négatives
(Mayberg et al., 1999). Ces régions pourraient être spécifiquement respon-
sables de l’intégration des émotions et des cognitions (par exemple, enco-
dage émotionnel des souvenirs épisodiques ; Maddock, 1999).
Le second système, dont on observe la désactivation lors de l’activation
de l’attachement inclut les pôles temporaux, la jonction pariétotemporale,
l’amygdale et le cortex préfrontal médian. Les auteurs soulignent que l’acti-
vation de ces régions est reliée aux affects négatifs, aux jugements sociaux
moraux et de confiance (liés à la capacité de jugement moral), aux tâches
portant sur la théorie de l’esprit (qui évaluent spécifiquement les dimen-
sions cognitives) et à l’attention à ses propres émotions. Ce système consti-
tue probablement une partie du réseau neuronal primaire qui sous-tend la
capacité à identifier et interpréter les états mentaux (les pensées comme les
émotions) chez l’autre (Frith et Frith, 2003 ; Gallagher et Frith, 2003) aussi
bien que chez soi (Gusnard et al., 2001). Ces ruptures sont également pro-
bablement associées aux jugements sociaux intuitifs de convenance morale
(Greene et Haidt, 2002) et de confiance reposant sur les expressions faciales
(Winston et al., 2002).
Mentalisation et attachement 317
Mentalisation et psychopathologie
L’absence de capacité parentale à contenir l’expérience de l’enfant est pro-
pice au développement de différents troubles psychopathologiques car elle
risque de se traduire pour l’enfant par un échec à développer une capacité
rudimentaire à entrer pleinement dans sa propre expérience subjective et
dans celle des autres, sans dépendre de mécanismes primitifs de défense.
Allen et al. (2008) décrivent différentes défaillances dans l’« affect mirro-
ring » parental survenant durant la petite enfance.
Lorsque le mirroring est trop proche de l’affect de l’enfant — par exem-
ple, si la mère répond à la peur de l’enfant par sa propre peur à elle —, sa
Mentalisation et attachement 319
Références
Allen, J. G., Fonagy, P., & Bateman, A. W. (2008). Mentalizing in Clinical Practice.
Arlington: American Psychiatric Publishing.
Arnsten, A. F. T., Mathew, R., Ubriani, R., et al. (1999). Alpha-1 noradrenergic receptor
stimulation impairs prefrontal cortical cognitive function. Biological Psychiatry,
45, 26-31.
Bartels, A., & Zeki, S. (2000). The neural basis of romantic love. Neuroreport, 11,
3829-3834.
Bartels, A., & Zeki, S. (2004). The neural correlates of maternal and romantic love.
Neuroimage, 21, 1155-1166.
Bowlby, J. (1969/1982). Attachment and loss. Vol. 1: Attachment. New York: Basic
Books.(Traduction : J. Kalmanovitch. Attachement et perte. Vol. 1 : L’attachement.
Paris: PUF; 1978).
Bowlby, J. (1973/1979). Attachment and loss. Vol. 2: Separation: anxiety and danger.
New York: Basic Books. (Traduction: B. de Panafieu. Attachement et perte. Vol. 2 :
La Séparation. Angoisse et colère. Paris: PUF; 1978).
Bretherthon, I., McNew, S., & Beeghly-Smith, M. (1981). Early person knowledge as
expressed in verbal and gestural communication: When do infants acquire a
“theory of mind”. In M. E. Lamb, & L. R. Sherrod (Eds.), Infant social cognition
(pp. 333-373). Hillsdale, NJ: Earlbaum.
Cabeza, R., & Nyberg, L. (2000). Neural bases of learning and memory: Functional
neuroimaging evidence. Current Opinion in Neurology, 13, 415-421.
De Villiers, J. (2005). Can language acquisition give children a point of view? In
J. W. Astington, & J. A. Baird (Eds.), Why language matters for theory of mind
(pp. 186-219). Oxford: Oxford University Press.
Dunn, J., & Cutting, A. L. (1999). Understanding others, and individual differences
in friendship interactions in young children. Social Development, 8, 202-219.
Fonagy, P., Gergely, G., & Target, M. (2007). The parent–infant dyad and the construc-
tion of the subjective self. Journal of Child Psychology and Psychiatry, 48, 288-328.
Fonagy, P., Steel, H., & Steel, M. (1991). Maternal representations of attachment
during pregnancy predict the organization of infant mother attachment at one
year of age. Child Development, 62, 891-905.
Fonagy, P., Steele, M., Steele, H., et al. (1995). Attachment, the reflective self and bor-
derline states. In S. Goldberg, R. Muir, & J. Kerr (Eds.), Attachment theory: Social,
developmental, and clinical perspectives (pp. 233-277). London: The Analytic Press.
Fonagy, P., Target, M., Steele, H., et al. (1998). Reflective-Functioning Manuel, version
5.0, for Application to Adult Attachment Interviews. London: University College
London.
Frith, U, & Frith, C. D. (2003). Development and neurophysiology of mentalizing.
Biological Sciences, 358, 459-473.
Gallagher, H. L., & Frith, C. D. (2003). Functional imaging of ‘theory of mind’. Trends
in Cognitive Sciences, 7, 77-83.
Gergely, G., & Watson, J. (1996). The social biofeedback model of parental affect-
mirroring. International Journal of Psycho-Analysis, 77, 1181-1212.
Gillath, O., Bunge, S. A., Shaver, P. R., et al. (2005). Attachment-style differences
in the ability to suppress negative thoughts: Exploring the neural correlates.
NeuroImage, 28, 835-847.
Mentalisation et attachement 321
Greene, J., & Haidt, J. (2002). How (and where) does moral judgment work? Trends in
cognitive Sciences, 6, 517-523.
Gusnard, D. A., Akbudak, E., Shulman, G. L., et al. (2001). Medial prefrontal cortex
and self-referential mental activity: Relation to a default mode of brain function.
Proceedings of the National Academy of Sciences USA, 98, 4259-4264.
James, W. (1890). The principles of psychology. (Vol. 1). New York: Henry Holt.
Jenkins, J. M., & Astington, J. W. (1996). Cognitive factors and family structure
associated with theory of mind development in young children. Developmental
Psychology, 32, 70-78.
Jenkins, J. M., & Astington, J. W. (2000). Theory of mind and social behavior: Causal
models tested in a longitudinal study. Merrill-Palmer Quarterly, 46, 203-220.
Lewis, C., Freeman, N. H., Kyriakidou, C., et al. (1996). Social influences on false belief
access: Specific sibling influences or general apprenticeship? Child Development,
67, 2930-2947.
Maddock, R. J. (1999). The retrosplenial cortex and emotion: New insights from func-
tional neuroimaging of the human brain. Trends in NeuroScience, 22, 310-316.
Main, M. (1991). Metacognitive knowledge, metacognitive monitoring, and singular
(coherent) versus multiple (incoherent) models of attachment: Findings and
directions for future research. In C. Parkes, J. Stevenson-Hinde, & P. Marris
(Eds.), Attachment across the life cycle (pp. 27-159). London: Routledge.
Mayberg, H. S., Liotti, M., Brannan, S. K., et al. (1999). Reciprocal limbic-cortical
function and negative mood: Converging PET findings in depression and nor-
mal sadness. American Journal of Psychiatry, 156, 675-682.
Mayes, L. C. (2000). A developmental perspective on the regulation of arousal states.
Seminars in Perinatology, 24, 267-279.
Meins, E., Fernyhough, C., Fradley, E., et al. (2001). Rethinking maternal sensitivity:
mothers’ comments on infants’ mental processes predict security of attachment
at 12 months. Child Psychology Psychiatry, 42, 637-648.
Oppenheim, D., & Koren-Karie, N. (2002). Mothers’ insightfulness regarding their
children’s internal worlds: the capacity underlying secure child-mother rela-
tionships. Infant Mental Health Journal, 23, 593-605.
Perner, J., Ruffman, T., & Leekman, S. R. (1994). Theory of mind is contagious: You
catch it from your sibs. Child Development, 6, 1228-1238.
Peterson, C. C. (2000). Kindred spirits-influences of siblings’ perspectives on theory
of mind. Cognitive Development, 15, 435-445.
Ruffman, T., Perner, J., Naito, M., Parkin, L., & Clement, W. (1998). Older (but not
younger) siblings facilitate false belief understanding. Developmental Psychology,
34, 161-174.
Slade, A., Grienenberger, J., Bernbach, E., et al. (2005). Maternal reflective functio-
ning, attachment and the transmission gap: A preliminary study. Attachment
and Human Development, 7, 283-298.
Sroufe, L. A. (1996). Emotional development: The organization of emotional life in the
early years. New York: Cambridge University Press.
Winston, J. S., Strange, B. A., O’Doherty, J., et al. (2002). Automatic and intentional
brain responses during evaluation of trustworthiness of faces. Nature Neuro
Science, 5, 277-283.
Glossaire1
A Amae, 87
A Two Years Old Goes to Nursery, 5 AMBIANCE, 250, 302
Abus, 153 Ambivalent, 132, 256, 257
Accessibilité des MIO, 177 Ambivalent-résistant, 35, 241
Accommodation, 49 Ambulatoire, 162
Activation, 152 Amitié, 33, 142
Adaptation, 132 Amour
Adaptétude évolutionniste, 103, 134 ––primaire, 4, 79
Adjectifs, 153, 154 ––romantique, 193
Adolescence, 139, 163, 269 Ampleur d'effet, 34
Adolescent, 157 Amygdale, 23, 105, 316
Adolescent Attachment Questionnaire (AAQ), Analyse
272 ––catégorielle, 155
Adolescent Relationship Questionnaire (ARQ), ––dimensionnelle, 155
271 ––du discours, 153, 154, 158
Adult Attachement Scale de Collins et Read, ––Q, 245
283 ––taxométrique, 155
Adult Attachement Scale Questionnaire, Angoisse, 13
282 Animaux domestiques, 221
Adult Attachment at Work (AAW), 205 Anxiété, 129, 160, 161, 284–286
Adult Attachment Interview (AAI), 3, 6, 35, ––postnatale, 24
80, 151, 281, 289, 300 Anxieux, 233, 317
––adolescent, 140 ––adolescent, 271
––applications cliniques, 164 Anxieux/déprimé, 257
––cotation, 158 Anxieux-ambivalent, 284
––limites, 156 Apprentissage, 161
––versions modifiées, 273 Approche etic, 89
Adult Attachment Projective Picture System Assimilation, 57, 91
(AAP), 59, 290
Attachement
Adult Multiple Model Interview (AMMI), 292
––à Dieu, 209, 221
Adulte, 51, 153, 171, 181, 191, 281
––à l'adolescence, 269
Affect mirroring, 315, 318
––au groupe, 206
Affirmation de soi, 25
––au père, 244
Agendas, 131
––chez l'adulte, 151, 169, 191, 281
Agoraphobie, 78
––chez l'animal, 98
Agressif/impuissance feinte, 163
––comme état, 173
Agrippement, 100
––contrôlant, 304
Alarme, 10, 14
––désorganisé, 87, 132, 173, 241, 250,
Alimentation, 10 256, 299
Allaitement, 23, 122 ––en voie de constitution, 194
Allèles de DRD4, 304 ––entre 0 et 4 ans, 119
Alliance thérapeutique, 80 ––entre 4 et 12 ans, 127
Altruisme, 187 ––et adolescence, 139
––et contextes culturels, 83 Base de sécurité, 6, 32, 38, 78, 84, 92, 123,
––et évolution, 97 130, 141, 169, 173, 193, 204, 274
––et liens d'amitié, 31 ––au travail, 205
––et mentalisation, 311 ––dans le couple, 64
––et neurosciences, 105 Besoins d'attachement, 217
––et personnalité chez l'adulte, 181 Biais, 156
––et psychanalyse, 73 Bien-être, 174, 220
––et sexualité, 231 Bonding, 22
––et sexualité de l'adulte, 231 Borderline, 300, 311, 319
––et société, 201 Bottom-up, 158
––et vieillissement, 216 Burn-out, 184, 205
––évaluation, 255, 269, 281
C
––symbolique, 221
––transmission intergénérationnelle, 57 CaMIR, 288
Attachment Doll Play Assessment (ADPA), Can-not Classified, 261
260 Capacité(s)
Attachment During Stress (ADS), 243 ––autoréflexives, 102
Attachment Interview for Chilhood and ––cognitives, 141
Adolescence (AICA), 273 ––d'apprentissage, 120
Attachment Q-Sort (AQS), 245 ––d'autonomie, 134
Attachment Script Assessment (ASA), 261 ––d’exploration, 134
Attachment Story Completion Task (ASCT), ––de négociation flexible, 131
259 ––métacognitive, 312
Attachment Style Interview (ASI), 286 ––motrices, 99, 123
Attachment Style Questionnaire (ASQ), 271, ––narratives, 258
272, 282, 287 ––précoces, 103
Attention, 134, 152, 171, 216 ––réflexives, 20, 249
Atypical Maternal Behaviour Instrument ––reproductive, 101
for Assessment and Classification Caractère primaire de l'attachement, 3
(AMBIANCE), 250, 302 Caregiver(s), 11, 35, 57, 120, 201, 221, 299,
Atypique, 163 304
Autonome, 302 ––d'adulte plus âgé, 224
Autonome/sécure, 154 ––multiples, 85
Autonomie, 128, 130, 133, 142 Caregiving, 17, 18, 22, 24, 66, 139, 171,
Autonomisation, 127, 139, 144 215, 223, 232
Auto-organisation, 161 ––compliant, 162
Autoquestionnaire(s), 132, 282, 287, 289 ––compulsif, 162, 222
Autoréflexion, 79 ––contrôlant, 306
Autorégulation de la distance, 125 Caregiving Behaviour Classification System
Avantage adaptatif, 33 (CBCS), 250
Avoidant Attachement Questionnaire Caregiving Helplessness Questionnaire
for Adults, 287 (CHQ), 248
Axe Caregiving system, 250
––corticotrope, 106, 110 CARE-Index, 250
––hypothalamo-hypophyso-cortico- Carences
surrénalien, 23 ––maternelles, 7, 109
––précoces, 8
B Catalyseur psychologique, 174
Balance entre l'attachement Catégorielle (analyse –), 155
et l'exploration, 247 Catégories, 154, 155, 249, 285
Bande, 143 Chaos, 162
Index 327