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RESUME
Il est à noter que l’approche HIMO ne s’emploie pas dans tous les projets d’entretien routier. Tout
dépend de la qualité de travail sollicitée, les normes techniques requises, et même de l’urgence du
projet. Suivant cela, la méthode HIMO est utilisée pour le déblai, le remblai, le décapage,
l’excavation, le reprofilage, l’assainissement, et bien d’autres activités.
La conclusion principale de cette étude est que malgré leur grande possibilité, les projets HIMO
ont montré les limites suivantes : manque d’expérience dû au défaut de formation sur les méthodes
de travaux des pistes HIMO, mauvaise optimisation géographique sur le choix des variantes,
manque de suivi et de supervision. Le document identifie des améliorations : meilleure
harmonisation et coordination des projets HIMO pour assurer la consistance des approches parmi
les interventions, meilleure organisation autour de la sélection des projets, amélioration des
conditions socio-économiques des populations, meilleure collection d'informations pour le suivi et
l'évaluation d'impacts des projets.
Ainsi, malgré quelques disfonctionnements enregistrés, les pistes HIMO réussissent à remplir les
attentes des populations en améliorant leurs conditions de vie, en améliorant l’accessibilité des
zones de production vers les zones de consommation ou de commercialisation, en améliorant
l’accessibilité vers les infrastructures de base. Cependant, il est possible d’améliorer les résultats
et cela doit passer par une formation bien appropriée des différentes parties prenantes.
ABSTRACT
An important resolution of the Copenhage World Summit for Development is about increasing
work opportunities and productivity in rural and urban sectors of developing countries. This
objective will have to be realized by investment in human resource development, the promotion of
technologies that generate productive employment, and the encouragement of self-employment,
entrepreneurship and small and medium-sized enterprises. The International Labour Organization
(ILO) set up a Labour-Intensive Program (HLI) in the mid-1970s to respond to the deteriorating
employment situation in developing countries. Most developing countries were, and still are,
experiencing high rates of unemployment and underemployment, and rapid population growth.
This socio-economic context has led to lower wage levels, especially for unskilled labour. Public
works programs, especially in the field of high labour intensity (HIMO) have been very popular in
recent years in developing countries. They have been one of the most common safety net programs
used in Africa to attack poverty and vulnerability. The objectives of these programs are to provide
income support for the poor and during the slack period of employment in seasonal agriculture by
improving local infrastructure. This paper examines the HIMO approach and road maintenance,
with particular reference to the case of Cameroon.
It should be noted that the HIMO approach is not used in all road maintenance projects. It all
depends on the quality of work requested, the technical standards required, and even the urgency
of the project. Following this, the HIMO method is used for excavation, backfilling, stripping,
excavation, reprofiling, sanitation, and many other activities.
The main conclusion of this study is that despite their great potential, HIMO projects have shown
the following limitations: lack of experience due to the lack of training on working methods of
HIMO tracks, poor geographical optimization on the choice of variants, lack of monitoring and
supervision. The document identifies improvements: better harmonization and coordination of HLI
projects to ensure the consistency of approaches among the interventions, better organization
around the selection of projects, improvement of the socio-economic conditions of the populations,
better collection of information for the follow-up and project impact assessment. Thus, despite
some recorded malfunctions, the HIMO tracks manage to fulfilling people's expectations by
improving their living conditions, by improving accessibility of production areas to areas of
consumption or marketing, by improving accessibility to basic infrastructure. However, it is
possible to improve the results and this must go through a very different stakeholder.
I.1.5- Organigramme de prise de décision en vue de la réalisation d’un projet avec la méthode
HIMO ..................................................................................................................................... 13
Pour atteindre cet objectif, il encourage à « chaque fois que c'est possible » le recours à des
techniques à Haute Intensité de Main d’Œuvre. Or, le secteur routier semble être un secteur offrant
de nombreuses possibilités à l’application de ces techniques à Haute Intensité de Main d’Œuvre,
notamment dans les travaux d’entretien routier.
Il est donc nécessaire pour nous, futurs ingénieurs de conception en génie civil, de faire
connaissance avec les techniques HIMO d’une part et avec les techniques d’entretien d’autre part.
Puis, Il nous nécessaire pour nous, de faire le rapprochement afin de faire ressortir des dispositions
préalables à prendre pour pouvoir mener à bien les travaux d’entretien routier par les HIMO dans
lesquels nous interviendrons avec quelques exemples sur le plan international en appui. Et enfin,
nous aurons à faire un état des lieux de l’application des techniques HIMO dans l’entretien routier
camerounais.
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Rédigé par : ABANDA, FOCHIVE, FOTSO 5GC ENSPY 2019-2020
HIMO ET ENTRETIEN ROUTIER.
Franco Olivier (1998) a étudié l'impact comparé des investissements HIMO et HIEQ sur les revenus
des ménages, la consommation et les emplois en zone rurale de Madagascar. Il tire les conclusions
suivantes :
➢ Un investissement de 50 Milliards de francs Malgaches pour l'entretien des routes
rurales sous forme HIMO engendre une création de valeur ajoutée de 58 Milliards,
alors qu'elle n'est que de 34 Milliards si ces investissements sont réalisés sous forme
HIEQ. L'impact différentiel des deux formes d'investissement est encore plus
marqué sur le revenu, la consommation des ménages ou l'emploi. Il varie du simple
au double selon qu'on adopte l'approche HIEQ ou HIMO.
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Rédigé par : ABANDA, FOCHIVE, FOTSO 5GC ENSPY 2019-2020
HIMO ET ENTRETIEN ROUTIER.
Une étude sur les infrastructures à haute intensité de main d’œuvre, conduite par la Commission
européenne, montre que les technologies à haute intensité de main d’œuvre ont été jusqu’à présent
largement utilisées dans le domaine des transports routiers. Les approches à haute intensité de main
d’œuvre sont particulièrement adaptées à la construction, réhabilitation et à l'entretien des routes
tertiaires et secondaires (en terre et en revêtement bitumineux), ainsi qu’à la construction de petits
ponts, de ponceaux et autres ouvrages connexes. Elles sont aussi appropriées pour l'exécution de
travaux de voiries urbaines, trottoirs et assainissement. Mais, en pratique, presque tous les projets
de construction contiennent au moins quelques ouvrages (travaux) auxquels on peut appliquer les
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Rédigé par : ABANDA, FOCHIVE, FOTSO 5GC ENSPY 2019-2020
HIMO ET ENTRETIEN ROUTIER.
approches à haute intensité de main d’œuvre, y compris les projets dans les secteurs sociaux tels
que la santé et l’éducation.
Il reste encore des possibilités dans le secteur des transports pour augmenter l’utilisation des
approches à haute intensité de main d’œuvre. Mais il existe également des limites car les contrôles
de qualité stricts sont primordiaux pour la production de biens durables et certaines spécifications
techniques peuvent requérir l’utilisation d’équipements afin d’obtenir la qualité souhaitée.
L’approche HIMO est particulièrement bien adaptée aux pays en développement qui ont encore
des salaires faibles, un taux de chômage ou de sous-emploi important et dont les infrastructures
accusent un retard important.
L’expérience montre que l’approche HIMO peut être utilisée non seulement dans le domaine
des routes, mais dans beaucoup de domaines différents. Ainsi comme domaine d’application de
l’approche HIMO, nous pouvons citer entre autres :
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Rédigé par : ABANDA, FOCHIVE, FOTSO 5GC ENSPY 2019-2020
HIMO ET ENTRETIEN ROUTIER.
DOMAINES DESCRIPTION
✓ Réhabilitation des routes rurales -
Construction des canaux d’irrigation
✓ Mise en place d’un mini-barrage
hydroélectrique
✓ Construction des ponts ruraux
Les ouvrages de construction et/ou ✓ Façonnage et pavage des pistes et ruelles
de réhabilitation des ✓ Construction des édifices publics
infrastructures de base (écoles, hangars, marchés, jardins
publics, stationnements)
✓ Construction de franchissements
✓ Cantonnage
✓ Construction d’ouvrages d’assainissement
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HIMO ET ENTRETIEN ROUTIER.
Dans des circonstances définies et pour des tâches définies, il a été prouvé que les méthodes à haute
intensité de main d’œuvre donnent des résultats de qualité satisfaisante dans une période de temps
et un budget convenu. De plus, si ces approches sont convenablement gérées et soutenues, elles
apportent des avantages supplémentaires dans le sens où :
➢ Elles créent de façon significative un plus grand nombre d’emplois non-qualifiés ou peu
qualifiés par rapport à l’utilisation seule des méthodes à haute intensité d’équipement ;
ces emplois seraient facilement accessibles à des personnes avec un bas niveau de
formation ou d’apprentissage, y compris les femmes ; s’ils sont convenablement ciblés,
les plus défavorisés en profitent directement grâce à l'obtention de revenus.
➢ Elles intensifient l’impact des investissements sur le développement grâce aux « effets
multiplicateurs ».
➢ Elles encouragent la responsabilité des biens au niveau local et facilitent le transfert de
compétences aux communautés locales, des connaissances utiles à la prise en charge
ultérieure de l'entretien.
➢ Elles permettent de réaliser des économies de devises étrangères considérables.
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Rédigé par : ABANDA, FOCHIVE, FOTSO 5GC ENSPY 2019-2020
HIMO ET ENTRETIEN ROUTIER.
Certains bénéficiaires qui, grâce au transfert, avaient amélioré leurs conditions de vie voient leur
situation se détériorer rapidement. Les études menées dans les pays asiatiques ont révélé
l'importance du soutien politique continu pour la réussite des programmes HIMO. Sans soutien
politique à long terme, le transfert fourni par les programmes HIMO n'offre qu'une assistance à
court terme. Lorsque les programmes s'arrêtent et recommencent fréquemment, la confiance du
public dans la sécurité des bénéfices futurs est affaiblie et décourage ainsi les électeurs à voter pour
des programmes de transfert existants financés par le budget (Grosh, 1994). Pour cet auteur,
maintenir un bon soutien politique pour les programmes de transfert en liquide est un véritable
challenge.
VAN DE WALLE et CRATTY (2002) estiment que lorsqu'un programme de réhabilitation de
route bénéficie d'un soutien politique continu, l'entretien des routes profite d'abord aux pauvres.
DEOLALIKAR (2002) a constaté au cours de ses recherches en Thaïlande que l'entretien
régulier et sans interruption des routes par les méthodes HIMO avait un effet positif sur la
productivité agricole et la croissance de la production industrielle des provinces les plus pauvres.
STOCK (1996) affirme que les méthodes HIMO se sont révélées moins chères au kilomètre et
plus compétitives que les méthodes HIEQ lorsque les travaux sont exécutés par des petites
entreprises HIMO à la seule condition que les payements se fassent dans les délais, car ces petites
entreprises sont plus sensibles aux retards de payements parce que les obligations auxquelles elles
font face diffèrent de celles des entreprises HIEQ. Lorsque les règlements accusent des retards, les
entreprises HIMO sont incapables de payer leurs ouvriers, ce qui provoque des grèves. Les
entreprises HIEQ peuvent payer avec retard les conducteurs d'engins et les fournisseurs si elles sont
elles-mêmes payées avec retard, ce qui n'est pas le cas avec les entreprises HIMO.
b) L’adéquation à la formation
Le succès des travaux HIMO passe par la maitrise des différentes méthodes utilisées aussi bien
par les entrepreneurs que par les travailleurs.
La formation des entrepreneurs, cadres et agents de maitrise
La formation des entrepreneurs, cadres et agents de maitrise est importante car permet de
recycler ceux-ci pour conduire avec efficacité les travaux, la plupart des cadres des travaux publics
ayant été formés dans des écoles privilégiant les méthodes HIEQ. Cette formation est encore plus
importante pour les agents de maitrise.
Les études de la Banque Mondiale en Inde sur la construction routière relèvent que les agents
de maitrise dans les activités HIMO sont des employés extrêmement importants par leur
implication à la supervision des travaux car les entrepreneurs vivent et ont souvent leurs bureaux
dans les villes, et parfois loin de leurs chantiers et de leurs employés. Les compétences de l'agent
de maitrise peuvent avoir des répercussions considérables sur la productivité d'un chantier HIMO.
Selon Tajgman et Jan de Veen, (2000 :123) entre une « bonne » supervision et une supervision «
équitable » la différence de productivité oscille de 33 à 125%, et entre une « bonne » et une «
médiocre » supervision, la différence de productivité est de 91%.
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HIMO ET ENTRETIEN ROUTIER.
➢ Egalité :
« Les hommes et les femmes devraient recevoir une rémunération égale pour un travail de
valeur égale. » D’après la convention (nº 100) sur l’égalité de rémunération, 1951.
« Les personnes devraient bénéficier de l’égalité des chances et de traitement en matière
d’emploi et de profession. Il ne devrait pas y avoir de discrimination à l’encontre des personnes
dans leur emploi ou leur profession fondées sur la race, la couleur, le sexe, la religion, l’opinion
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Rédigé par : ABANDA, FOCHIVE, FOTSO 5GC ENSPY 2019-2020
HIMO ET ENTRETIEN ROUTIER.
politique, l’ascendance nationale ou l’origine sociale, ou tout autre fondement spécifié dans la
législation nationale. » D’après la convention (nº 111) concernant la discrimination (emploi et
profession), 1958.
➢ Droit d’être à l’abri du travail forcé :
« Un travail ou un service ne devrait pas être imposé à une personne sous la menace d’une
sanction quelconque ou dans des circonstances où la personne ne s’est pas offerte de plein gré. »
d’après la convention (nº 29) sur le travail force, 1930.
« Un travail ou un service ne devrait pas être imposé à une personne :
• En tant que mesure de coercition politique ;
• En tant que méthode de mobilisation et d’utilisation de la main-d’œuvre à des
fins de développement économique ;
• En tant que mesure de discipline du travail ;
• En tant que mesure de discrimination raciale, sociale, nationale ou religieuse. »
D’après la convention (nº 105) sur l’abolition du travail forcé, 1957.
➢ Liberté syndicale :
« Les travailleurs et les employeurs devraient avoir le droit, sans autorisation préalable, de
constituer des organisations de leur choix, ainsi que celui de s’affilier à ces organisations. Ces
organisations devraient avoir le droit d’élaborer leurs statuts, d’élire librement leurs représentants,
et d’organiser leur gestion, leur activité, et leur programme d’action sans intervention des autorités
publiques. » D’après la convention (nº 87) sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical,
1948.
➢ Age minimum :
« Aucune personne de moins de 15 ans ne devrait travailler ou être employée. Aucune personne
de moins de 18 ans ne devrait être employée ou travailler dans des conditions dangereuses. »
D’après la convention (nº 138) sur l’âge minimum, 1973.
➢ Salaires minima :
« Des salaires minima devront être établis pour des groupes de salariés que, en accord avec les
organisations d’employeurs et de travailleurs, l’autorité nationale compétente déterminera. Les
salaires minima, lorsqu’ils existent, auront force de loi et ne pourront pas être abaissés ; leur non
application entraînera l’application de sanctions pénales ou autres. » D’après la convention (nº 131)
sur la fixation des salaires minima, 1970.
➢ Protection des salaires :
« Les salaires seront payés en espèces. Quand les salaires sont payés partiellement sous forme
d’allocations en nature, ces allocations devront servir à l’usage personnel du travailleur et de sa
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HIMO ET ENTRETIEN ROUTIER.
famille et être conformes à leurs intérêts, et une juste valeur devra leur être attribuée. L’employeur
ne pourra pas restreindre de quelque manière que ce soit la liberté du travailleur de disposer de son
salaire à son gré. Les travailleurs devront être informés de toutes retenues effectuées sur leurs
salaires, et la législation nationale devra fixer les conditions des retenues sur salaires. Les salaires
devront être payés à intervalles réguliers. Les salaires devront être payés pendant les jours
ouvrables, sur le lieu de travail ou à proximité. » D’après la convention (nº 95) sur la protection du
salaire, 1949.
➢ Sécurité et santé :
« Toutes les précautions appropriées doivent être prises pour faire en sorte que tous les lieux de
travail soient sûrs et exempts de risques pour la sécurité et la santé des travailleurs. Les travailleurs,
sur tous les lieux de travail, et dans la mesure où ils exercent un contrôle sur le matériel et les
méthodes de travail, doivent avoir le droit et le devoir de contribuer à la sécurité du travail et
d’exprimer des avis sur les procédés de travail adoptés pour autant qu’ils puissent affecter la
sécurité et la santé. » D’après la convention (nº 167) sur la sécurité et la santé dans la construction,
1988.
➢ Autres conditions d’emploi :
« En principe, la semaine de quarante heures est approuvée, et est applicable à des catégories
d’emplois prescrites. » D’après la convention (nº 47) des quarante heures, 1935.
« Les personnes employées auront droit à un congé payé d’une durée d’au moins trois semaines
pour une année de service. Un pays pourra fixer une période de service minimum pour ouvrir droit
à un congé (ainsi que son mode de calcul), mais celle-ci ne devra pas dépasser six mois. » D’après
la convention (nº 132) sur les congés payés (révisée), 1970.
« Avant d’être soumis à une action disciplinaire, le travailleur concerné devra avoir la possibilité
de se défendre. Un travailleur ne pourra être licencié que pour un motif fondé sur les nécessités de
fonctionnement de l’entreprise. Ne constituent pas des motifs de licenciement :
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HIMO ET ENTRETIEN ROUTIER.
« La durée du travail ne devra pas d’ordinaire dépasser huit heures par jour et 48 heures par
semaine. Les travailleurs devront d’ordinaire jouir, au cours de chaque période d’une semaine, d’un
repos comprenant au minimum vingt-quatre heures consécutives. » D’après les conventions :
convention (nº 1) sur la durée du travail (industrie), 1919 et convention (nº 14) sur le repos
hebdomadaire (industrie), 1921.
« Toute femme employée dans les entreprises industrielles, y compris celles du bâtiment et du
génie civil, aura droit à :
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HIMO ET ENTRETIEN ROUTIER.
programme malgré leur situation de dénuement. Par contre, un programme très généreux, accroit
des risques d'erreurs d'inclusion.
Olivier et al (2009) expliquent le taux élevé d'erreur d'inclusion des non pauvres dans certains
programmes HIMO par des taux de salaires qui sont fixés à des niveaux très élevés. Ainsi, le travail
offert dans le cadre du programme se substitue alors au travail qui aurait été offert sur le marché
local, limitant l'additionnalité des transferts effectués.
Grosh et al (2008) constatent que certains foyers non pauvres ont tendance à postuler pour effectuer
les travaux HIMO malgré le salaire bas fixé pour les exclure. Ils perçoivent alors ce transfert
comme un supplément qui est additionné aux revenus initiaux. Ces auteurs préconisent comme
solution l'utilisation d'un test de revenu ou de se baser sur la sélection faite par les communautés
villageoises pour cibler les véritables bénéficiaires.
Le payement du salaire
La littérature fait la distinction entre les payements en espèce ou en nature et à la tâche ou mensuels.
Pour Tajgman et al (2000 :79), il est préférable que la rémunération soit entièrement faite en
espèces.
Lorsqu'il est procédé à des payements partiels en nature, des précautions doivent être prises pour
assurer que leur caractère et leur qualité répondent bien aux critères acceptés.
Les normes de travail et les taux de rémunération devraient être fixés de telle manière que les
hommes et les femmes puissent percevoir un salaire identique pour un travail de même valeur.
Lorsque la rémunération est basée sur la productivité (c'est-à-dire, une unité de rémunération pour
une unité de production) une discrimination non souhaitable peut apparaitre si des mesures de
prévention ne sont pas prises.
Pour Samson et al (2006) il ne suffit pas de fixer les salaires, il est encore plus important dans les
travaux HIMO que les salaires soient payés de manière régulière sur la base des procédures
communiquées de façon transparente aux travailleurs. Tout retard et tout changement dans le
payement des salaires occasionnent la confusion et les tensions sociales.
Selon Grosh et al (2008), quel que soit le mode de payement des salaires et leur périodicité, les
programmes HIMO font souvent face aux tentatives de détournement des gestionnaires par
l'inclusion des travailleurs fantômes.
Dans les pays en développement, il est fréquent de constater une prolifération d'actions parfois
opposées dans la lutte contre la pauvreté. Les gouvernements à travers plusieurs ministères
(Education, Travail, Affaires Sociales, Travaux Publics, Santé etc....) mènent le plus souvent des
actions sans concertation et sans coordination. Les bailleurs de fonds et les organisations non
gouvernementales rivalisent d'ingéniosité dans la mise en place de différentes stratégies. La
conséquence est la multiplication de mini-projets et programmes HIMO et qui parfois disparaissent
au stade des projets pilotes. La nécessité de coordonner l'ensemble des actions de lutte contre la
pauvreté dans le cadre d'une stratégie de dialogue sociale prôné par le socle de protection sociale
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Rédigé par : ABANDA, FOCHIVE, FOTSO 5GC ENSPY 2019-2020
HIMO ET ENTRETIEN ROUTIER.
est nécessaire. Selon Cichon et al (2011), sans investissements coordonnés pour assurer à toute la
population un minimum de sécurité de revenus à travers un socle de protection sociale, beaucoup
de personnes ne pourraient atteindre le niveau de compétences et de productivité nécessaires pour
intégrer l'économie formelle et resteraient au contraire prisonniers du secteur informel.
I.1.5- Organigramme de prise de décision en vue de la réalisation d’un projet avec la méthode
HIMO
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Rédigé par : ABANDA, FOCHIVE, FOTSO 5GC ENSPY 2019-2020
HIMO ET ENTRETIEN ROUTIER
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Rédigé par ABANDA, FOCHIVE, FOTSO : élèves ingénieurs à l’ENSPY.
HIMO ET ENTRETIEN ROUTIER.
I.2.1- Définitions
La route est une infrastructure réalisée pour une certaine durée de vie permettant au meilleur
coût de déplacement d’un point à un autre des personnes et des biens à l’aide des divers moyens de
transport en tout temps et dans les meilleures conditions de confort et de sécurité. Ainsi, la
circulation des véhicules, la population et le vieillissement de matériaux appliqués pour sa
construction sont sources de nombreuses dégradations causant au fil des années des accidents, des
morts, des pertes en temps et en carburants, des dépenses plus considérables pour quitter d’un point
à l’autre. Afin de palier à ces éventualités, il est donc important d’effectuer un entretien routier
récurant.
On entend par entretien routier l’ensemble des techniques mises en œuvre afin d’offrir aux
usagers du réseau routier un niveau satisfaisant de confort et de sécurité, y compris grâce à un
entretien satisfaisant des dépendances et des équipements de signalisation et de sécurité et d’autre
part d’assurer la préservation du patrimoine routier (chaussées, ponts, tunnels, murs de
soutènement).
L’entretien routier, d’après Le Manuel d'entretien des routes des Nations Unies, est
définie comme un ensemble d'activités régulières et périodiques visant à maintenir les chaussées,
accotements, pentes, systèmes de drainage et tous les autres équipements et structures situées à
l'intérieur de l'emprise de la route dans un état aussi proche que possible de leur état initial.
L’entretien routier peut être préventif ou curatif. Dans le premier cas, il s’agit de trouver des
solutions dès l’apparition des premières dégradations et dans le second cas, afin de mobiliser des
fonds et des techniques pour son entretien, il est recommandé d’attendre que les dégradations
occupent une ampleur de grande importance.
➢ Entretien courant : Il concerne toutes les tâches sur chaussées et dépendances, qui
ne font pas l’objet d’une programmation. Il comprend toutes les opérations
effectuées au jour le jour par une équipe affectée en permanence à cette activité, et
faisant surtout appel à des procédés manuels utilisant des outils simples ;
➢ Entretien périodique : Il concerne toutes les opérations programmées. Il comprend
des interventions discontinues et moins fréquentes, et généralement mécanisées
avec une cadence annuelle ou semestrielle ;
➢ Entretien d’urgence : Il comprend les mesures à prendre dans les cas imprévisibles
et provoqués par le climat ou les accidents.
TECHNIQUES D’ENTRETIEN
DEGRADATIONS ASSOCIEES
ROUTIER
Applicable lors de l’apparition des fissures,
des ornières, des flaches, des affaissements,
Utilisation d’un enduit superficiel des épaufrures, les plumages-pelades, des
ressuages, des peignages et des bourrelets
• Reprofilage manuel :
Ce type de reprofilage est une option très souvent empruntée, du fait des coûts élevés ou de
la non disponibilité des matériels spécialisés. Elle fait partie des entretiens courant. Elle demande
un faible outillage léger et une main d’œuvre peu qualifiée et en fonction du nombre de la main
d’œuvre nous distinguerons :
- Le reprofilage léger en entretien courant ici un agent de travaux ou cantonnier
vivant à proximité de la route est chargé de l’entretien courant ;
- Le reprofilage important en entretien périodique exige une main-œuvre plus
importante.
❖ LE RECHARGEMENT :
C’est une action qui consiste à reconstituer la couche de roulement par apport et la mise en
œuvre de matériaux graveleux sélectionnés. Cette opération fait partie de l’entretien courant des
routes en terre. Elle se fait avec une épaisseur de 10 à 15 cm. Il a un caractère périodique et
l’intervalle entre deux rechargements dépend de nombreux facteurs ;
• Le rechargement mécanisé :
C’est un travail d’entretien périodique qui consiste à l’apport de matériau nouveau sur la
couche de roulement lorsqu’elle présente des pertes de matériaux du au trafic, au vent et à la pluie.
Elle se fait ici à l’aide d’engin lourds et une main d’œuvre qualifiée.
❖ LE GRATTAGE :
Il a pour but d’améliorer les routes en terre et empierrées en supprimant les défauts mineurs de
la surface de la route et de retirer de la chaussée les matériaux mobiles, afin d’offrir au trafic une
meilleure surface de roulement. Elle peut se faire mécaniquement à l’aide de niveleuses tractées
et des traîneaux (gratte-tôle) ou bien manuellement à l’aide des traineaux adaptés (petites
branches, vieux pneumatiques de tracteur ou de camion, des câbles, poutre métallique, cadre et
tolard).
❖ LE REPARATION LOCALISEE :
Cette technique s’impose souvent entre deux opérations de reprofilage, ou avant une
opération de nivellement en cas d’importants nids-de-poule ou flaches. Elle peut être exécutée par
une équipe mobile d’intervention ou par les méthodes manuelles locales.
❖ LES PURGES :
Les purges ont pour but de substituer tout (purges profondes) ou partie (purges superficielles)
des matériaux du corps de chaussée par des matériaux de meilleure qualité.
Cette opération « chirurgicale » dans des chaussées qui se sont stabilisées au cours des années
n'est pas sans danger. II convient en effet que la réparation, qui coûte très cher, soit particulièrement
bien réalisée pour qu'elle soit durable et n'engendre pas à nouveau des désordres sur la chaussée. Il
faut veiller particulièrement au choix des matériaux et au compactage efficace des couches et
pouvoir utiliser des matériels adaptés : la largeur de la purge doit donc être dans tous les cas d'au
moins un mètre.
Il faut surtout éviter de constituer un « piège à eau » en réalisant un drainage du fond de fouille.
❖ LE BOUCHAGE DES TROUS :
Son objectif est de rendre à la chaussée son état de surface initial. Dès que l'on constate qu'un
trou s'est formé, il faut le reboucher avec les matériaux disponibles afin d'éviter que la
responsabilité du service ne soit engagée en cas d'accident. Malgré ce caractère d'urgence, il est
souhaitable d'apporter un soin particulier à ce type de réparation afin d'éviter les interventions
ultérieures.
❖ SCELLEMENT DES FISSURES :
L’objectif ici est de prévenir l’intrusion d’eau et des matériaux incompressibles dans le pavage
et la structure de la chaussée.
Cette intervention est réalisée avec de l'émulsion de bitume adaptée à l'aide d'un matériel dit
« point à temps », elle est appelée plus généralement « emploi partiel à l'émulsion ». Cette technique
n'est en aucun cas une technique de reprofilage ou de bouchage. Elle ne doit pas conduire à un
élargissement « sauvage » de la partie revêtue de la chaussée.
b) Pour l’éclairage et sécurité
Une route est au sens littéral une voie terrestre (au niveau du sol ou sur viaduc) aménagée pour
permettre la circulation de véhicules à roues. Pour donc assurer la circulation de ces véhicules et
de leurs passagers en toute sécurité, le code de la route prévoit un mode de communication
principalement au travers d’images, qui permet de les avertir d’un danger ou de leur imposer une
attitude sécuritaire à prendre. C’est de la que nait la signalisation routière. Ainsi, garantir cette
Rédigé par ABANDA, FOCHIVE, FOTSO 5GC ENSPY 2019-2020 19
HIMO ET ENTRETIEN ROUTIER.
sécurité impose un entretien courant c'est-à-dire le maintien de cette signalisation routière au niveau
des points d’obstacles : carrefours, virages, points à forte densité (écoles, espace culturel : églises,
mosquées, parc, arrêts taxis, etc.), intersections. Il s’agit des :
Les dégradations les plus courantes qu’on rencontre dans le domaine routier sont :
➢ Panneau de signalisation boueux et/ou poussiéreux : Ceci est généralement dû au
passage des véhicules provoquant la formation des nuages de poussière ou des
projections de boue. La solution préconisée ici est un nettoyage courant.
➢ Peinture s’effaçant ou s’écaillant : Dû aux intempéries et au vieillissement, pour y
remédier, ceci nécessite la réfection de la peinture.
➢ Disparition des boulons d’un poteau, du poteau et destruction ou dégradation
d’un panneau : Ces dégâts sont le plus souvent la cause des accidents routiers des
actes de vandalisme. Ces constations doivent être suivies d’une maintenance sur place
ou en atelier.
➢ La non visibilité des poteaux ou des panneaux indicateurs : La végétation qui
pousse souvent autour de ces panneaux réduit leur visibilité et les rend parfois
imperceptibles par l’usager.
Pour ce qui est des délais, nous savons que les caractéristiques du site trop contraignantes sont
à l’origine des baisses de rendement ; par exemple, pour les problèmes d’excavation, les
rendements varient qu’on soit en terrain meuble, compact ou rocheux ;
La géologie du site quant à elle donne une idée sur la pénibilité des travaux et sur l’outillage ou
l’appareillage à utiliser ;
Dans toute activité d’entretien routier, il y a un volume déterminé de travail. Si le volume de
travail à effectuer devient très grand (grands volumes de déblais et de remblais à effectuer par
exemple) et que la norme exige l’utilisation d’engins sophistiqués, les méthodes HIMO ne sont
plus techniquement possibles. En partant de l’hypothèse que le travail est bien organisé et
productif, le volume de travail fixé sera effectué en un certain nombre de jours selon une
productivité journalière donnée. Si cette productivité est réduite, il faudrait alors davantage de
journées de travail. Il serait dès lors nécessaire soit de disposer d’une main-d’œuvre importante,
soit d’allonger la durée du projet. Si un budget a été fixé pour le projet, cette stratégie entraînera
une réduction du salaire journalier. Or, même avec des taux de rémunération relativement faibles,
les activités HIMO trouvent assez souvent de la main-d’œuvre en nombre suffisant permettant ainsi
à un plus grand nombre de personnes, d’avoir la possibilité de travailler.
Note : Les caractéristiques du site ne sont pas un critère comparatif ou quantitatif mais plutôt qualitatif
qui permet de donner une description et un bref aperçu de la faisabilité HIMO du projet.
II.1.3- La main d’œuvre et les modes de rémunération
Il existe des méthodes formelles et moins formelles pour déterminer si la main-d’œuvre est
suffisamment disponible. Ces méthodes consistent notamment à :
• Rechercher dans un rayon de 5 km² pris sur l’axe de la route une population entre 15 ans et 59
ans ;
• Faire des enquêtes formelles sur les ménages, en se concentrant sur les activités des membres
des ménages et sur leur disposition à accepter un emploi salarié à certains niveaux de
rémunération, à certaines époques ;
• Réaliser des évaluations participatives rapides fondées sur des réunions communautaires
visant à déterminer si un nombre de travailleurs suffisant peut être obtenu dans les
communautés intéressées ;
• Effectuer de simples visites sur le site permettant une observation informelle de la localité
intéressée, des caractéristiques de l’habitat, des niveaux et des types d’activités économiques
exercées (période de grands mouvements religieux, période scolaire, des vacances…).
Il est à noter qu’afin d’éviter d’entraver les droits du travailleur, un grand nombre de pays ont
adopté des mesures concernant la protection de la main-d’œuvre et les salaires suivant la
convention nº 111 concernant la discrimination (emploi et profession), de 1958, et la convention
nº 138 sur l’âge minimum, de 1973 et de la convention nº 132 sur les congés payés (révisée), de
1970. A Madagascar par exemple, des efforts sont entrepris pour instaurer des cartes
d’identification des travailleurs dans tous les projets HIMO. Ces documents indiqueront entre
autres l’âge du travailleur et contribueront à empêcher l’emploi de trop jeunes travailleurs. La
législation nationale sur l’âge minimum satisfait souvent aux normes internationales, mais n’est
pas toujours appliquée dans la pratique. En aucun cas, une personne dont l’âge est inférieur à l’âge
limite fixé par le pays ne devrait travailler. Et en aucun cas, une personne de moins de 14 ans ne
devrait travailler.
L’âge limite dépends de la législation en vigueur dans le pays concerné. Nous pouvons citer l’âge
limite pour quelques pays :
• 14 ans au Rwanda, au Togo, en Guinée équatoriale ;
• 15 ans en Allemagne, au Belgique, en Italie et au Cameroun ;
• 16 ans en Algérie, en France, en Tunisie, en Ukraine.
II.1.3.2 Les modes de rémunération
La rémunération est le montant d’argent qui sera donné aux travailleurs à la fin du service rendu
par ceux-ci. La valeur de ce montant influencera la qualité de travail fourni. Ainsi, nous pourrons
nous servir de cet instrument pour avoir de bons rendements pour les activités HIMO. Les délais
de payement courts sont une condition indispensable pour les méthodes HIMO et la disponibilité
des fonds de manière régulière est essentielle pour le fonctionnement de ce type de projet. Il existe
plusieurs modes de payement : basé sur la productivité et basé sur le temps de travail.
dans le secteur des routes, un entrepreneur HIMO moyen (150 ouvriers) peut réhabiliter 10 à 15
Km de routes rurales par ans.
Le coût du projet quant à lui permet de définir le nombre d’ouvriers HIMO que nous pouvons
engager et le matériel à utiliser dans le cadre de l’entretien avec la méthode HIMO.
Types Critères /
Travaux Sous activités Effets
d’entretien Fréquence
Débroussaillage
des accotements,
des talus et des
ouvrages
Déboisage et
dessouchage
Cantonnage,
Curages des
réparations
caniveaux, buses,
Entretien des nids de Ralentir la
Annuelle fossés et exutoires
courant poule, détérioration
traitement Remplacement
des fissures des panneaux de
signalisation et
des glissières de
sécurité
détériorées
Protection anti-
érosion en gabions
Sous activités
Entretien >30% de de l’entretien
courant + surface courant
resurfaçage + dégradée/ Maintenir l’état
Entretien Mise en place,
réparations des surfaces
périodique réglage et
utilisant les minimales
fréquence de 5 à compactage de la
enduits
7 ans couche de
superficiels
roulement
Renforcement Curage manuel
ou des fossés
reconstruction Reprofilage léger Remise en état
Quand
Réhabilitation en Opération de normal de la
IRI>5m/km
bicouche Remblai structure
(trafic bas) ou Opération de
BB (trafic haut) Déblai
Types Critères/
Travaux Sous activités Effets
d’entretien fréquence
Cantonnage,
Entretien reprofilage Epandage et Ralentir la
Annuelle
courant manuel de la compactage détérioration
chaussée
Entretien Bouchage des
courant + nids de poule Maintenir l’état
Entretien Fréquence
rechargement de la surface
périodique moyenne de 5 ans Nivellement de
manuel+ minimale
la route
réparations
Curage manuel
des fossés
Reprofilage
Renforcement Fréquence Remise en état
léger
Réhabilitation ou moyenne de 10-12 normal de la
Opération de
reconstruction ans structure
Remblai
Opération de
Déblai
stratégique qu’aura cette route sur l’amélioration des conditions de vie des populations et la
croissance économique de la zone.
• La faisabilité théorique : C’est une faisabilité qui ne tient pas en compte des
contraintes d’exécution des projets HIMO. Elle exprime l’aptitude de cette catégorie
de travaux à se réaliser avec les techniques HIMO en absence des contraintes du
milieu.
• La faisabilité réelle : c’est une faisabilité qui tient compte de l’environnement et des
contraintes d’exécution du projet.
II.4.2.2 Prise en compte de la main d’œuvre dans les différents types d’entretien routier
La participation massive des populations est un élément important dans la mise en œuvre des
travaux HIMO. Pour y parvenir des efforts importants en matière d’information, de sensibilisation
et de mobilisation de la communauté sont indispensables avant le démarrage des travaux.
Aussi, lors de la mise en œuvre du PDR, une incidence approximative du coût de la main
d’œuvre pour chaque catégorie des travaux a été établie afin de rédiger une estimation sommaire
des emplois crées. Nous avons alors :
➢ Entretien courant : le pourcentage est de l’ordre de 50% car la plupart du travail est
constitué par le cantonnage manuel fait par les riverains (main d’œuvre local) ;
➢ Entretien périodique : le pourcentage est inférieur car il y a plus de mécanisation : on
a retenu 40% ;
➢ Réhabilitations ou aménagements : la mécanisation est encore plus poussée et une
partie plus grande du personnel appartient à l’entreprise et, pour les gros travaux, est
expatrié : on a donc retenu 30% de main d’œuvre recrutée.
Le tableau ci-dessous récapitule les dépenses globales calculées par catégorie sur une période de 20
ans et les pourcentages qui y sont appliqués (incidence de la main d’œuvre) :
Tableau 7: Prise en compte de la main d’œuvre dans les différents types d’entretien routier
La main-d’œuvre est d’une importance fondamentale dans les activités à haute intensité de
main-d’œuvre, parce qu’il s’agit du principal moyen de production. De bonnes politiques et
pratiques du travail sont donc déterminantes pour obtenir un emploi productif et une production
de qualité.
• Régional ;
• Départemental ;
• Communal ;
• PNUD.
Le tableau ci-après présente l’ensemble de niveaux de supervision et de suivi défini dans le cadre
de la mise en œuvre des HIMO.
- Maires
- Représentant Bailleurs de
fonds
II.4.3- Gestion des défis majeurs de l’entretien routier à haute intensité de main d’œuvre
La mise en place des travaux d’entretien tenant en compte l’approche HIMO pose de nombreux
défis dont les plus importants sont :
II.4.3.1 Assurer un soutien politique et financier continus pour la réussite des entretiens routiers
à HIMO
Notons que la pérennité d'un programme HIMO est essentielle pour lutter efficacement contre
la pauvreté. Certains programmes financés par l'aide extérieure connaissent des difficultés lorsque
les bailleurs de fonds cessent leurs financements. Un arrêt brusque du transfert est souvent
préjudiciable aux pauvres. Certains bénéficiaires qui, grâce au transfert, avaient amélioré leurs
conditions de vie voient leur situation se détériorer rapidement. Lorsque les règlements accusent
des retards, les entreprises HIMO sont incapables de payer leurs ouvriers, ce qui provoque des
grèves. Les études menées dans les pays asiatiques ont révélé l'importance du soutien politique
continu pour la réussite des programmes HIMO. Sans soutien politique à long terme, le transfert
fourni par les programmes HIMO n'offre qu'une assistance à court terme. Ainsi donc, les chercheurs
suivants sont arrivés aux conclusions suivantes :
et décourage ainsi les électeurs à voter pour des programmes de transfert existants
financés par le budget.
• Van de Walle et Cratty en 2002 estiment que lorsqu'un programme de réhabilitation de
route bénéficie d'un soutien politique continu, l'entretien des routes profite d'abord aux
pauvres.
• Deolalikar en 2002 a constaté au cours de ses recherches en Thaïlande que l'entretien
régulier et sans interruption des routes par les méthodes HIMO avait un effet positif sur
la productivité agricole et la croissance de la production industrielle des provinces les
plus pauvres.
L'égalité : les hommes et les femmes devraient recevoir une rémunération égale pour un travail de
valeur égale (Convention 𝑁0100 sur l'égalité de rémunération, 1958) ;
Figure 3 : Des femmes effectuant des mêmes tâches que les hommes dans l’entretien des
routes non revêtues
➢ Le droit d'être à l'abri du travail forcé : un travail ou un service ne devrait pas être
imposé à une personne sous la menace d'une sanction quelconque ou dans les
circonstances ou la personne ne s'est pas offerte de plein gré (convention 𝑁029 sur le
travail forcé, 1930) ;
➢ L'âge minimum pour travailler : aucune personne de moins de 15 ans ne devrait
travailler ou être employée. Aucune personne de moins de 18 ans ne devrait être
employée où travailler dans les conditions dangereuses (convention 𝑁0138 sur l'âge
minimum, 1973) ;
➢ Sécurité et Santé : toutes les précautions appropriées doivent être prises pour faire en
sorte que tous les lieux de travail soient sûrs et exempts de risques pour la sécurité et
la santé des travailleurs (convention 𝑁0167 sur la sécurité et la santé dans la
construction ,1988). La photo suivante illustre cela.
F1 Liaison internationale
F2 Liaison CEMAC, transafricaine ou retenue au plan
consensuel CEA-AC
F3 Liaison entre la capitale et les chefs-lieux de province
ou entre deux chefs-lieux de provinces ou desservant un
centre international
F4 Autre route d’importance nationale ou stratégique ou
de contournement d’agglomération urbaine.
➢ Routes bitumées :
• L’entretien courant sur routes bitumées inclut la réparation des nids de poule, le
traitement des fissures, la réparation des rives et le cantonnage. Il peut être considéré
comme un entretien curatif.
• L’entretien périodique il consiste dans le renouvellement des couches de surface.
• La réhabilitation il consiste à restructurer les chaussées (par renforcement ou
reconstruction).
Puis en assurer l’entretien courant et périodique en réalisant des renouvellements de couche de
surface avec une fréquence adéquate à l’état de la chaussée.
➢ Routes en terre :
• L’entretien courant comprend différentes opérations parmi lesquels le reprofilage de
chaussée et le cantonnage.
• L’entretien périodique comprend l’entretien courant et les rechargements continus qui
consistent à reconstituer la couche de roulement par rajout une épaisseur moyenne de
grave de 12 cm à une fréquence de l’importance du trafic tous les 7 ans pour un TMJA
de 100 véhicules par jour, tous les 5 ans pour un TMJA de 300 véhicules par jour.
• La réhabilitation correspond à la remise état de la chaussée lorsque l’intensité du trafic
ne permet plus d’effectuer un rechargement continu.
Options HIMO
Travaux Activités Sous
fréquence Main Matériaux
routiers principales activités Effets
d’œuvre locaux
Sol
Opération
Bonne trouvé
de remblai
sur place
Renforcement Opération
Réhabilitation En Bonne Remise en
ou de déblai état normal
moyenne
reconstruction Fossés en de la
de 10-12 ans Piquets structure
terre et Bonne en bois,
maçonnés moellons
• La création d’emplois :
Les méthodes HIMO dans les travaux d’entretien routier ont créé de nombreux emplois surtout
pour la main d’œuvre peu qualifiée, contribuant ainsi à réduire le chômage dans les campagnes.
➢ L’accès aux écoles en zone rurale : les routes réhabilitées dans les villages reculés
permettent de relier facilement les domiciles des élèves aux centres d’études. Ceci
permet de limiter les absentéismes et les retards des élèves et enseignants.
➢ La réalisation des voies de circulation : les voies piétonnes sont en général réalisées
et entretenues à l’aide de la technique HIMO.
importante aux travaux publics HIMO comme moyen de créer des emplois ruraux et ainsi freiner
l'exode rural vers les villes.
La disponibilité des matériaux locaux : Les travaux HIMO font appel en grande partie
aux matériaux locaux pour leur réalisation. Ce qui contribue à la réduction sensible des coûts des
travaux compte tenu de la part relativement faible des dépenses en produits importés. Le Cameroun
dispose d'atouts indéniables en ce qui concerne la disponibilité en matériaux locaux. La latérite, le
sable, le gravier et autre sédiments couramment utilisés pour la création et l'entretien des routes
rurales sont disponibles.
QUELQUES EXPERIENCES
L'approche HIMO n'est pas nouvelle au Cameroun. Toutefois, elle ne connait jusque-là que des
applications ponctuelles ; Les premières applications systématiques de cette approche se
concrétisent par le PSU (Programme Social d'Urgence) et la mise en place des CER (Comités
d'Entretien Routier). Nous pouvons cependant citer :
➢ Le programme social d'urgence (PSU) : Le PSU est né suite à la dévaluation du franc
CFA en 1994. Dans le cadre de recherche des solutions pour atténuer les effets de cette
dévaluation au niveau des populations vulnérables, la stratégie de l'adoption des travaux
HIMO a été arrêtée notamment à travers l'enlèvement des ordures ménagères, le curage
des caniveaux, le balayage des rues et désherbages dans les villes de Douala et Yaoundé
uniquement. Ce programme a permis de recruter environ 3700 travailleurs mais notons
qu’il n'a pas été prévu un dispositif de reconversion des bénéficiaires dans d'autres
activités à la fin du projet (Tchana et al, 2009).
➢ Les comités d'entretien routier (CER) : Depuis 2001, le Ministère des Travaux Publics
inclut dans les contrats des entreprises chargées des travaux d'entretien des routes rurales
financés sur les crédits du Fonds Routier, des interventions manuelles réservées aux
populations riveraines. Ces interventions prennent forme à partir des contrats signés avec
l'entreprise et les CER préalablement formés par des agents de sensibilisation de la
mission de contrôle. Ces CER qui sont l'émanation des populations riveraines se voient
confier dans ce cadre 20% au maximum du contrat de l'entreprise et doivent prendre eux-
mêmes en suite les initiatives nécessaires pour assurer l'entretien routier. Ces travaux
d’entretien routier ont eux aussi recours aux techniques HIMO et aux ressources locales.
➢ Les projets d'assistance technique du BIT : Retenons ici que le BIT a prêté une
assistance technique dans le cadre de 4 projets HIMO au Cameroun. Ces projets sont :
✓ Le projet d'assainissement de Yaoundé (PADY) : c’est un projet d’assainissement
de la capitale camerounaise. Il est financé à hauteur de 90% (20 milliards de francs
CFA) par BAD (Banque Africaine de Développement) et 10% par le Cameroun
soit environ 2,3 milliards. La durée des travaux était 5 ans (2006-2010). L’objectif
a été la réduction de la pauvreté en milieu urbaine en contribuant à l’assainissement
de la ville de Yaoundé.
Il était question de créer des emplois par la technique HIMO pour certains travaux
d’entretien de la voirie, réduire les maladies hydriques en traitant l’insalubrité des quartiers
riverains et embellir le cadre de ville des populations.
✓ Le Projet d'Appui à la Promotion de l'Emploi et la Réduction de la Pauvreté
(APERP) phase 1, 2 : Ce projet a pour objectif d’améliorer les conditions de vie
des populations par la mise en œuvre de projets procurant un travail décent et vise
à court terme à appuyer le processus d’adoption de la stratégie HIMO et sa mise
en œuvre, à contribuer à sa prise en compte de l’emploi dans la formulation du
Document de Stratégie pour la Croissance et l’emploi ( DSCE) et à introduire dans
le code des marchés publics des dispositions favorable au HIMO. Il est financé par
le gouvernement Français. La première phase d’une durée de 3ans a débuté en
2006 et s’est achevée en 2009. La deuxième phase d’une durée de 4 années a
débuté en 2011 et s’est achevée en 2015. Au Cameroun, le projet à surtout consister
à sensibiliser les acteurs, les former à travers des séminaires et ateliers pour une
meilleure appropriation du concept HIMO.
✓ Le Programme National de Réhabilitation des Routes Rurales (PN2R) : La
programme de réhabilitation et de construction et de construction des routes rurales
au Cameroun vise à améliorer l’accessibilité des zones rurales, réduire le coût du
transport et stimuler le développement économique local. Pour cela, il contribuer
au renforcement des infrastructures en zone rurales en créant des emplois et en
consolidant la stratégie nationale d’entretien des routes adoptée en mars 2000 par
le gouvernement Camerounais. L’objectif de ce projet vise la réhabilitation ou la
construction de 6000 km dont 1000 km à être réalisé par la méthode HIMO.
✓ Le Projet Pilote d'Entretien des Routes Rurales par la technique HIMO (PERR-
HIMO) : Notons que ces projets entrant dans le cadre des projets pilotes du BIT
servent à démontrer l’importance de la méthode HIMO
CONCLUSION
Construire la route est une nécessité, toutefois la maintenir en bon état est très délicate et onéreuse
mais indispensable pour la durabilité et la pérennisation des avantages monétaires acquis.
Les projets HIMO constituent un instrument privilégié pour répondre à la double priorité des
pouvoirs publics, à savoir : retrouver le chemin d’une croissance économique rapide orientée vers
la réduction des inégalités et par conséquent de la pauvreté. Il s’agit effectivement d’une approche
qui crée des emplois, améliore les conditions de vie des communautés cibles. Non seulement la
HIMO est créatrice d'emplois, mais elle permet aussi la création, l'entretien et la réhabilitation des
infrastructures qui facilitent l'accès aux lieux de prestation de services sociaux. Les approches
HIMO ont aussi l’avantage d’être d’une utilisation flexible dans la mesure où elles sont appropriées
aussi bien pour l'exécution de travaux de voiries urbaines et d’assainissement, que pour la
construction, la réhabilitation et l'entretien des routes.
Nous ne saurions achever ce devoir sans se poser les questions suivantes : L’approche HIMO
est-elle une stratégie d'emploi de croissance intensive vraiment réalisable ? Les programmes de
travaux routiers à haute intensité de main-d'œuvre peuvent-ils être rentables et compétitifs en
termes de qualité et de taux de production ? Comment peut-on les améliorer ?
BIBLIOGRAPHIE
[1] Enjeux et problématiques des pistes HIMO : Cas du FICOD à GAOUA, Mémoire de fin
d’étude soutenu par M. ONGOLO ETEME Arsène en vue de l’obtention d’un master d’ingénierie
en Génie Civil, 2iE, juin 2010