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1) LES INONDATIONS AU MAROC

« …Source de vie, l eau est plus que jamais menacée de rareté car, au fil du
temps, les besoins ne cessent de s accroître. De plus, cette ressource est
soumise aux bouleversements de l'écosystème qui provoquent des
inondations dévastatrices, engendrent des sécheresses et aggravent la
désertification.… »

Extrait du Discours de SA MAJESTE LE ROI MOHAMMED VI au 22ème Sommet


des Chefs d'Etat d'Afrique et de France (Le 20 février 2003 à Paris)

1.a. Le phénomène des inondations

Qu'un pays au climat semi-aride comme le Maroc subit de temps à autre les grands
méfaits des inondations, ce n'est guère un paradoxe. L'on est presque tenté
d'affirmer que l'aridité favorise l'apparition de crues violentes car l'absence de
couverture végétale soutient le ruissellement aux dépens de l'infiltration.

Une lecture attentive de l'histoire climatique du Maroc montre que les sécheresses
étaient certes fréquentes et que le pays a connu même des famines. Mais, une
sécheresse qui dure quatre années consécutives, le Maroc ne l'a pas connu depuis
le 17ème siècle. Ainsi, trois siècles durant et jusqu'au début des années 1980, le
Maroc y a été épargné, mais voilà qu'en 20 ans (de 1980 à 2000), deux sécheresses
de 4 années et une de 3 années consécutives ont lieu. Alors le doute n'est plus
permis, nous subissons bien les effets d'un changement climatique dont il convient
d'en étudier les conséquences.

Les sécheresses sont désormais plus longues, plus fréquentes et elles se succèdent.
Elle sont entrecoupées d'épisodes pluvieux parfois abondants à l'origine de crues
d'une rare violence. La neige devient rare et le ruissellement surpasse l'infiltration.
On ne finit pas de remarquer que des lits de rivière restés secs des années durant et
ayant de ce fait accueilli quelques habitats insalubres se transforment soudain en
torrents dévastateurs causant pertes humaines et dégâts matériels.

Des crues historiques hantent encore notre mémoire. Nous ne pouvons guère oublier
celle qui a dévasté Sefrou le 25/9/1950 lorsque la ville a été inondée avec une lame
d'eau de 6m de haut faisant une centaine de victimes et amenant Feu SA MAJESTE
MOHAMMED V à se rendre sur place pour marquer sa solidarité avec la population
sinistrée ; ou celle qui a ravagé la Vallée du Ziz le 5/11/1965 laissant 25000 habitants
sans abri et qui a permis à Feu SA MAJESTE HASSAN II grâce à un discours
émouvant de déclencher un élan de solidarité sans précédent entre le peuple
marocain tout entier et ses frères de Tafilalet et qui a, somme toute, accéléré la
réalisation du Barrage Hassan Addakhil ; ou encore celle de la Moulouya survenue le
23 mai 1963 et qui était d'une telle violence qu'elle a emporté l'assise rive gauche du
barrage Mohammed V (la crue avait un débit de pointe de 7200 m3/s et un volume
de 570 millions de m3 soit l'équivalent de la capacité de la retenue).

Peut-on oublier la désolation que laissaient derrière elles les violentes crues du
Sebou et qui mettaient à l'épreuve le Gharb une année sur deux, ou peut-on ignorer
le désarroi d'une population qui regarde impuissante le Sebou sortir de son lit tous
les deux ans ?

Il est par conséquent de notre devoir historique et moral de tirer les enseignements
qui s'imposent de ces évènements, de surcroît vécus. Il faut des générations d'efforts
pour édifier une ville comme Khénifra, en revanche, en un jour une crue de l'Oum Er
Rbia (qui la traverse) peut tout détruire. Pourtant, la solution existe, son coût est
certes élevé, mais il l'est beaucoup moins que celui des dégâts que causerait une
crue centennale qui peut hélas arriver demain.

Pourtant, la conjonction de deux évènements va réussir, pour un moment, à assoupir


cette mémoire :

 Le programme d'ajustement structurel adopté par le Maroc dans les années


1980 a quelque peu esquivé la réalisation d'une infrastructure, pensant, somme
toute, qu'on pouvait la différer sans conséquence notable.
 Trois décennies dominées par une sécheresse d'intensité telle que des lits
d'oueds, où l'écoulement était jadis pérenne, se sont asséchés. Alors, l'affluence
de ruraux vers la ville en quête d'emploi d'une part, l'indélicatesse des citadins
d'autre part a livré de grands espaces inondables, à la prolifération d'habitat le
plus souvent insalubre mettant, ainsi, en danger la vie de citoyens innocents.

Néanmoins, l'accalmie sera de courte durée, car le changement climatique ayant


ravivé la violence des crues et accentué leur fréquence, va ressusciter le phénomène
d'inondation et rappeler les pouvoirs publics à leur devoir originel, celui de garantir la
protection des citoyens.

Ainsi donc, le phénomène des inondations au Maroc a commencé à être ressenti


plus fortement durant les deux dernières décennies, en raison d'une part, de la
croissance démographique, de l'essor économique et du développement urbain,
agricole, industriel et touristique qui entraînent une occupation croissante des zones
vulnérables et d'autre part, de l'aggravation des phénomènes extrêmes (sécheresse
et crues) suite aux changements climatiques engendrant de forts orages localisés à
l'origine de crues rapides et violentes.

La mémoire collective retiendra à jamais les événements catastrophiques de l'Ourika


en 1995, d'El Hajeb en 1997, de Settat et Mohammedia en 2002 et de Tan Tan,
Nador, Al Hoceima et Khénifra en 2003. Il ne s'agit hélas pas de cas isolés, d'autres
zones ont été répertoriées comme fortement exposées au risque des inondations et
nécessitent que soient réalisés à l'avenir des dispositifs de protection.

SA MAJESTE LE ROI MOHAMMED VI, sensible à la souffrance des populations


touchées par les manifestations imprévisibles du climat (inondations et sécheresses)
a tenu à manifester sa solidarité avec son peuple en se déplaçant au plus près des
sinistrés comme Il l'a fait suite aux inondations en novembre 2002 de la région
Centre pour s'enquérir de plus près des dégâts occasionnés et exprimer sa solidarité
aux populations. Il a également tenu à présider Lui même deux réunions consacrées
à l'examen d'un important programme prioritaire pour la protection des zones
touchées. Il a, par la suite, donné le lancement des travaux du barrage Boukarkour,
pièce maîtresse du dispositif de protection de la ville de Mohammedia, ce qui a été
pour Lui l'occasion de s'enquérir de l'état d'avancement dudit programme.

1.b. Typologie des crues

Une crue est la résultante d'actions et réactions de plusieurs facteurs tous


dynamiques et aussi complexes les uns que les autres : d'abord les précipitations
généralement de la pluie, et ensuite le bassin versant qui collecte cette pluie, la
module et la restitue à son exutoire.

La connaissance de cette restitution intéresse les ingénieurs, les aménageurs, et tout


simplement le citoyen dans la mesure où elle peut influer le cours de son existence.

Selon le problème auquel on est confronté on s'intéressera à différents paramètres


de cette restitution : volume de la crue, débit (ou niveau d'eau correspondant)
maximum atteint, temps de montée pour atteindre le maximum de débit, temps de
descente (ou de décrue), durée totale…, autant de paramètres qui déterminent et
forment ce que l'on appelle l'hydrogramme de la crue. Les niveaux ainsi que les
volumes et durées des débordements sont des déterminants dans le cas où on
s'intéresse aux inondations.

De la forme de cet hydrogramme dépendra en grande partie une certaine typologie


des crues. En effet, la restitution que constitue l'hydrogramme, intègre :

 les caractéristiques de la pluie génératrice : intensité, durée, répartition spatiale


et degré de rapprochement dans le temps des pluies sur le bassin drainant,...
 et les caractéristiques du bassin notamment la taille de sa superficie drainante,
sa forme, son relief, le développement de son réseau hydrographique, sa
perméabilité et son état d'humidité, sa couverture végétale…,

Autant de données complexes qu'il n'est pas toujours aisé d'évaluer, de caractériser
et de régionaliser dans les détails mais que l'observation des crues aux exécutoires
permet de simplifier leur classification en crues :

 lentes des grands cours d'eau ;


 rapides des affluents principaux des grands cours d'eau ;
 rapides fleuves côtiers ;
 semi rapides des moyens bassins de plaine avec écoulements en nappe ;
 torrentielles des petits bassins de montagne ;
 pluviales périurbaines.

Crues lentes des grands cours d'eau

Ce sont les crues générées par les grands cours d'eau (ayant un bassin versant
généralement supérieur à 10 000 km2), au moment où ils arrivent dans leurs plaines
alluviales. C'est notamment le cas des Oueds : Moulouya, Sebou, Oum Er Rbia,
Tensift, Souss, Drâa, Ziz.
Crues rapides des affluents principaux des grands cours d'eau

Il s'agit le plus souvent de sous bassins dont la superficie est comprise entre 3.000 et
10.000 km2, et qui sont adossés aux reliefs du Rif ou des massifs Atlasiques, tels
que : les affluents de la Moulouya: Melloulou, Za, du Sebou : Ouergha, Beht, de
l'Oum Er Rbia : El Abid, Tessaout, Lakhdar, du Tensift : N'Fis, du Souss : Issen, du
Drâa : Dadès, Ouarazazte, N'Ait Douchéne, du Ziz : Rhéris, Todgha.

Crues rapides des oueds côtiers

Sont classés dans cette catégorie : les oueds côtiers méditerranéens (Kerte, Nekor,
Ghis, Ouringa, El Had, Lao, Emsa, Martil…), les oueds côtiers atlantiques (Mharhar,
El Hachef, Loukkos, M'da, Drader, Bou Regreg,Ykem, Cherrat, El Mellah, Nfifikh,
Tamdrost, Ksob, Tamri, Massa, Assaka, Chbeika,…).

Ces oueds côtiers, de moyenne importance (bassins versants généralement compris


entre 300 et 3000 km2), présentent une sensibilité à la vulnérabilité parfois plus
grande que certains grands bassins plus importants en superficie, d'autant plus que,
contrairement à ces derniers, ils sont plus rarement régularisés par de grands
barrages réservoirs (mis à part les cas des oueds Loukkos, Bou Regreg et Massa).

L'annonce des crues, sauf, dans une moindre mesure pour les plus grands d'entre
eux (Loukkos, Bou Regreg, Massa) suffisamment équipés en stations de mesure, y
est très difficile en raison des temps très courts de réponse aux pluies, réduisant les
délais d'alerte.

Crues semi rapides des moyens bassins de plaine avec écoulement en nappe

Sur les plaines situées au piémont des grands reliefs du Rif et des Atlas, les pentes
s'atténuent brutalement et la capacité de transit des cours d'eau issus des hautes
montagnes ou de leurs piémonts, diminue alors fortement.

A la moindre crue, ces oueds débordent largement de leur lit mineur, souvent très
étroit, peu profond et encombré par la végétation ou les dépôts sauvages et
s'écoulent alors dans la plaine adjacente qui n'est pas un véritable lit majeur, au sens
où elle est le réceptacle commun des débordements de plusieurs oueds
sensiblement parallèles.

L'écoulement en nappe, sous des tirants d'eau en général compris entre 20 et 50 cm,
exceptionnellement un mètre, peut porter atteinte aux parcelles et sols agricoles, aux
habitations souvent précaires dans ces zones rurales, aux infrastructures (routes,
chemins, réseaux d'irrigation notamment).

Crues torrentielles des petits bassins de montagne

Elles intéressent des bassins de taille réduite situés dans les grands reliefs Rifains et
Atlasiques, caractérisés par de fortes pentes, des terrains escarpés, ravinés,
dénudés, généralement imperméables et favorablement exposées aux perturbations
météorologiques et notamment propices au développement de cellules orageuses,
puisque c'est dans ces régions où on enregistre les plus fortes pluies maximales
journalières.

Contrairement aux autres catégories, ce sont souvent les crues d'été qui sont les
plus violentes dans ces bassins.

Les risques encourus dans ces bassins sont d'autant plus importants qu'il s'agit de
zones touristiques avec des vallées très étroites connaissant des affluences
importantes notamment en été quand les risques de forts orages sont très
importants.

Parmi les bassins sujets à de telles crues, on peut citer : les hautes vallées de
l'Ourika, du Rhéraya, Zat R'Dat, Nfis, Todgha, des oueds Fnideq, Charâa, ZegZel à
Berkane…

Malheureusement ce type d'inondation concerne souvent des villages ou villes


parfois très importantes (Marrakech, Mohammedia, Settat, Berrechid, Béni Mellal,
Errachidia, Oujda …) installés au bord de ces cours d'eau.

Crues pluviales «urbaines»

Dans cette catégorie de crues bien particulières qui concernent les communes
urbanisées, il y a lieu de distinguer entre :

 le ruissellement pluvial proprement dit résultant directement des pluies tombées


sur le périmètre urbain et qui relève pour son contrôle du réseau
d'assainissement pluvial de l'agglomération ;
 et le ruissellement pluvial périurbain généré par les précipitations sur les petits
bassins versants dominant ces centres urbains et généralement d'une taille de
5 à 50 Km2.

Ces bassins périurbains présentent un réel danger pour les communes situées à
l'aval surtout quand certaines conditions sont réunies :

 Ces bassins sont situés dans les zones à fortes précipitations (piémonts des
montagnes) ;
 Ils présentent de fortes pentes favorisant à la fois le ruissellement et le transfert
rapide de forts débits;
 Les lits mineurs et majeurs à la traversée de l'agglomération ont subi les méfaits
d'une urbanisation non contrôlée.

2) LA PROTECTION CONTRE LES INONDATIONS

Planifier pour Prévenir

Veiller pour Prévoir

Aménager Pour protéger


……telles sont les clés de la démarche préconisée par le Secrétariat d'Etat Chargé
de l'Eau dans sa lutte contre les inondations

2.a. Une revendication légitime

Il est communément admis que les priorités des populations ne sont pas immuables :
elles évoluent dans le temps à mesure que les conditions et les aspirations
individuelles changent. En outre, elles doivent être prises en considération
globalement, sans privilégier un des aspects aux dépens d'un autre. Dans ce
contexte, les citoyens trouvent beaucoup de mal à comprendre le paradoxe né de la
pénurie d'eau qu'ils endurent, tandis que leurs biens peuvent être anéantis en
quelques minutes par une crue non contrôlée.

Certes les besoins en infrastructure, notamment en milieu rural, sont considérables,


et qui plus est, il s'agit de besoins vitaux, cependant, après les inondations qui ont
touché Mohammedia, Settat, Berrechid, Ben Ahmed et Tan Tan, après le séisme
qu'a subi la province d'Al Hoceima, l'urgence qui se manifeste maintenant, c'est bien
dans le domaine de la prévention des risques naturels et dans celui de la protection
contre leurs effets qu'on la rencontre.

Devant les pertes en vies humaines constatées ici et là, devant l'inquiétude exprimée
par les investisseurs notamment à Berrechid et Mohammedia, devant la menace qui
pèse sur des infrastructures de liaison internationale comme l'aéroport Mohammed
V, il est évident que le Maroc n'a guère le choix, il est condamné à protéger ses
habitants, son infrastructure et ses centres de production.

2.b. Approche méthodologique

Il y a lieu de rappeler tout d'abord que la mauvaise affectation des investissements,


l'inattention aux besoins véritables de l'usager et les inefficacités d'ordre technique
sont des problèmes qui présentent de redoutables défis aux aménageurs. Les
solutions se trouvent, en somme, dans les succès et les échecs de l'action des
pouvoirs publics, ainsi que dans les leçons à tirer des innovations techniques et de la
continuelle recherche de leur adaptation aux spécificités locales.

C'est principalement à ces égards que le Secrétariat d'Etat chargé de l'Eau (SEE) ne
souhaite jamais agir dans la précipitation sous l'effet de l'émotion que provoque
toujours une catastrophe et ce, bien évidemment, dans l'intérêt bien compris des
sinistrés. Les mauvais choix d'investissements et des caractéristiques du dispositif
de protection ne sont pas compensés, loin s'en faut, par l'obtention de succès dans
la lutte contre les inondations. De surcroît, un dispositif mal conçu et mal géré
représente une source majeure de nuisance.

Dans un souci d'efficacité, le SEE a élaboré une stratégie visant à contenir les effets
des inondations en proposant des solutions globales, rationnelles, radicales pour
autant que les périodes de retour soient raisonnables, et s'accommodant
parfaitement avec les impératifs de gestion de l'eau.

Ainsi, une importance sans cesse croissante est-elle réservée à l'évaluation de la


ressource. Il y a lieu de signaler à cet égard que le débit maximum d'une crue ou
encore le niveau atteint par l'eau de crue ne suffisent pas pour caractériser celle-ci,
la durée de la crue et de ses principales phases (temps de montée, durée de la
décrue…), son volume et son hydrogramme sont indispensables pour l'établissement
des projets de protection contre les inondations. Malheureusement, il est assez rare
que l'on dispose de données très précises dès lors qu'il s'agit de crues
catastrophiques.

Dès que le SEE a remarqué que le changement climatique a exacerbé les extrêmes,
il a élaboré des plans de réaménagements, confortement et modernisation des
stations hydrologiques. Mais comme leur généralisation à tous les cours d'eau est
une opération coûteuse et somme toute superflue, il a décidé d'acquérir des unités
mobiles de mesure, ce qui donne à son intervention la souplesse qu'elle n'avait pas.

Moyennant ces mesures et l'interprétation qui s'en suit, le SEE réalise une
cartographie des zones à risque et renforce la surveillance pour que les zones
d'accumulation naturelle soient préservées.

En mettant ces cartes à la dispositions des aménageurs et des élus, on les


responsabilise. Cela fait partie de son action de prévention pour contenir les
débordements de l'urbanisation et d'éviter les errements du passé. Car toutes nos
villes ont connu une croissance rapide de sorte que l'expansion de l'infrastructure a
pris du retard sur la démographie. Or la protection coûte excessivement cher, elle
devrait venir, par conséquent, en dernier recours tandis qu'il est plus avantageux de
privilégier la prévention.

Parallèlement, le SEE a entrepris de renforcer la prévision afin de régler deux type


de problèmes :

 · Il y a en premier lieu les zones où la protection ne peut pas suffire à elle


seule, et ce même pour les crues les plus fréquentes. C'est notamment le cas
de l'Ourika où la population locale vit dans la Vallée, des produits de cette vallée
et elle n'envisage guère de la quitter tandis qu'elle est parfaitement consciente
du danger qui la guette. Dans ce cas un dispositif d'alerte a été réalisé et un
système d'alarme fonctionne déjà et permet d'évacuer la Vallée en cas de crue
ce qui permet d'épargner des pertes de vies humaines. Un tel dispositif est très
coûteux (60 Millions de DH pour l'Ourika), ce qui limite sa généralisation. Il n'a
été d'ailleurs possible de le réaliser que grâce à l'aide du gouvernement
japonais.
 · Il y a en second lieu, un peu partout dans nos villes, des quartiers
surpeuplés qui s'étendent aux abords d'oueds et qui ne sont le plus souvent pas
protégés ou ne le sont plus pour des crues somme toute rares mais violentes.
Pour aider les collectivités concernées à prévenir le risque de crue, le SEE
organise l'annonce de crues. Ainsi 12 à 24 heures avant l'arrivée de la crue,
celle-ci est annoncée – ce qui permet d'évacuer la population menacée et
atténuer par conséquent les conséquences du sinistre.

En définitive, rares sont les cas où la prévention seule suffit, tandis que des espaces
inondables ont été délibérément occupés. Il est nécessaire de les protéger. Pour ce
faire, le SEE a adopté une approche participative et concertée pour l'établissement
du Plan National de Protection contre les Inondations (PNI). Le PNI a permis
d'identifier 390 centres prioritaires dont le traitement sera réalisé avant l'échéance
2020. Son coût élevé (25 milliards de DH) et l'inexistence encore de financement
approprié ne permettent guère d'aller plus vite. Ce plan traite de dispositions relatives
à la protection de l'habitat, des infrastructures, des équipements industriels…, il
consacre une part non négligeable à la restauration des cours d'eau par curage et
traitement des berges, à la sauvegarde des zones humides et des zones
d'épandage, au stockage des apports à l'amont à chaque fois que possible pour
préserver la ressource ou pour soutenir l'étiage ou encore pour restaurer les
écoulements originels.

2.c. Différents types de protection

Ne pouvant empêcher ces inondations de se produire, il est cependant possible d'en


atténuer les effets ou d'en diminuer la fréquence en priorité au niveau des zones les
plus sensibles et les plus exposées. Ces protections peuvent être réparties en deux
groupes : directes et indirectes.

Protection directe

La protection directe consiste à intervenir directement sur le site menacé par la mise
en œuvre des actions suivantes :

 Curage qui permet une nette amélioration des conditions d'écoulement suite à
l'élimination de tous les obstacles et les dépôts entravant l'écoulement des eaux
dans le cours d'eau. Le débroussaillage est également nécessaire à la traversée
des agglomérations pour des raisons sanitaires et en sections courantes pour
diminuer la rugosité et accroître la débitance.
 Recalibrage qui permet d'élargir et d'approfondir les sections des cours d'eau
pour augmenter leur capacité d'évacuation des eaux et assurer une section
mouillée répondant aux critères de protections désirées.
 Renforcement des ouvrages de franchissements des Oueds et modification
de leurs caractéristiques et des systèmes existants en cas de leur insuffisance
(ponts, dalots, buses…).
 Réalisation des canaux permettant de régénérer le couloir initial de l'oued.
Cette solution est indispensable dans le cas ou le lit de l'oued et son domaine
hydraulique ont été complètement occupé par des bâtiments ou par la voirie.
 Protection des berges qui comprend tout ouvrage visant à maintenir la stabilité
des terres en dépit de l'action de l'eau. Les berges sont en effet attaquées par
des courants perturbateurs générés par les crues. De même, les terres glissent
par suite de l'infiltration de l'eau après le retrait de la crue. La protection des
berges est également nécessaire au voisinage de certains ouvrages tels que les
ponts.
 Endiguement des oueds par la réalisation de digues qui longent le cours d'eau
sur ses deux berges. Cette opération est aisément réalisable par les ressources
locales en main-d'œuvre et en matériaux. Par ailleurs, ce type de protection
permet en outre de réaliser une protection sélective. Il peut en effet être établi
graduellement en commençant par mettre à l'abri, de la plupart des crues, la
partie la plus riche et la plus peuplée des zones exposées. En contrepartie on
notera que ce procédé de protection présente l'inconvénient de provoquer une
surélévation souvent notable du niveau des eaux et rend en outre plus difficile le
drainage des terrains bas.

Protection indirecte

La protection indirecte par contre, consiste à intervenir plus loin des sites menacés, à
l'extérieur du périmètre d'aménagement, en réalisant des ouvrages sur les oueds
responsables des inondations :

 Création des canaux périphériques de dérivation des eaux vers les oueds
permettant de les restituer vers des zones situées en dehors des aires à
protéger. Cette déviation pourrait concerner une partie ou la totalité des eaux
d'un oued vers un autre.
 Réalisation des barrages ou seuils pour stockage et laminage des crues à
l'amont des zones menacées. Le volume et la capacité de laminage du barrage
devront être optimisés de manière à répondre au-mieux à la protection
envisagée.
 Aménagement des bassins versants contre l'érosion par des méthodes
biologiques et/ou par la construction de seuils en gabions qui permettent la
réduction des vitesses d'écoulement et le dépôt des sédiments en amont.

2.d. L'effort de financement

La protection des 390 sites identifiés par l'étude du Plan National de protection
contre les Inondations nécessite une enveloppe estimée à plus de 25 Milliards de Dh
que le budget de l'Etat ne peut, à lui seul, supporter.

Il est indispensable de rechercher d'autres formes de financement pour réaliser les


projets de protection devenus inéluctables pour diverses raisons :

 à chaque inondation, des pertes en vies humaines et des dégâts matériels sont
enregistrés et dont la valeur dépasse largement le coût de la protection ;
 la confiance des investisseurs se trouve altérée par les pertes subies à chaque
crue. Ceux-ci menacent de partir et demandent à l'Etat une protection contre les
inondations ;
 des infrastructures vitales sont menacées et pour lesquelles l'Etat doit faire des
efforts pour leur protection. L'aéroport Mohammed V qui joue un rôle crucial en
fait partie.

Pour assurer le financement des ouvrages de protection contre les inondations, des
pistes méritent d'être explorées. Il s'agit notamment de :

 la revalorisation de la taxe parafiscale de solidarité pour l'eau potable pour


permettre à l'ONEP de financer le PAGER sans recourir à la subvention de
l'Etat. Le budget alloué aux subventions pourrait être orienté vers les projets de
protection contre les inondations ;
 l'instauration d'un impôt communal dans les villes exposées aux inondations
pour alimenter un fonds spécial dédié à leur protection ;
 la réactivation du partenariat avec la Promotion Nationale pour la réalisation des
projets d'infrastructure de protection contre les inondations ;
 le redéploiement de dons vers les projets de protection contre les inondations
qui respectent d'ailleurs, les priorités des Bailleurs de Fonds.

3) DES BARRAGES qui protEgent

Barrages jouant un rôle contre l'inondation

Année
de mise Fonction Hauteur Capacité
Barrage Province Zone protégée
en principale m Mm3
service
Ben Ville de
MELLAH 1931 I, AEPI 33 8,80
Slimane Mohammedia
Périmètre du Beht
EL KANSERA Khémisset 1935 E, I, AEPI 68 266,00
et Moghrane
Zones à l'aval (y
compris les portd
MOHAMED V Oujda 1967 E, I, AEPI 64 410,00 de Saidia et son
futur complexe
touristique)
HASSAN
Errachidia 1971 I, PC 85 347,00 Vallée du Ziz
ADDAKHIL
MANSOUR
Ouarzazate 1972 E, I, EC 70 529,00 Vallée du Draa
EDDAHBI
IDRISS 1er Taounate 1973 E, l 72 1186,00 Plaine du Gharb
SIDI Med
BEN Rabat 1974 AEPI 99 486,00 Vallé du Bouregreg
ABDALLAH
Ville de Ksar El
OUED EL
Larache 1979 E, I, AEPI 67 773,00 Kébir et plaine du
MAKHAZINE
Loukkos
Agglomérations
SFA Agadir 1985 EC 17 0,60 riveraines de Oued
Sfa (Biougra)
TIZGUIT
Ifrane 1986 EC 18 0,12 Zones à l'aval
AVAL
AZIB Village Oulad
Marrakech 1987 I, AC, EC 16 0,60
DOUIRANI Brahim et RP 10
AMAN
Meknès 1987 I, EC 16 0,35 Village Boufekrane
SEYERNINE
MOUILLAH Khouribga 1987 I, EC 16 0,50 Ville de Boujaâd
Centre de
IMAOUENE Guelmim 1992 EC 23 0,23
Bouizakarne
Centre de
AGHERGHIS Guelmim 1992 EC 24 0,28
Bouizakarne
AGGAY Sefrou 1994 EC 40 1,25 Ville de Sefrou
SAQUIA EL Route Laayoune
Laayoune 1995 EC, EN 16 110,00
HAMRA Tarfaya
AL WAHDA Sidi Kacem 1997 I, E, EC 88 3800,00 Plaine du Gharb
BEN
Berkane 1997 EC 18 0,03 Ville de Berkane
YEKHLEF
EL MENZEL Berkane 1998 EC 18 0,16 Ville de Berkane
I, AEPI, Vallée de l'Oued
HASSAN II Taourirt 2000 91 275
EC Za
AHMED EL
Béni Mellal 2001 I, AEPI, E 101 740,00
HANSSALI

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