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« …Source de vie, l eau est plus que jamais menacée de rareté car, au fil du
temps, les besoins ne cessent de s accroître. De plus, cette ressource est
soumise aux bouleversements de l'écosystème qui provoquent des
inondations dévastatrices, engendrent des sécheresses et aggravent la
désertification.… »
Qu'un pays au climat semi-aride comme le Maroc subit de temps à autre les grands
méfaits des inondations, ce n'est guère un paradoxe. L'on est presque tenté
d'affirmer que l'aridité favorise l'apparition de crues violentes car l'absence de
couverture végétale soutient le ruissellement aux dépens de l'infiltration.
Une lecture attentive de l'histoire climatique du Maroc montre que les sécheresses
étaient certes fréquentes et que le pays a connu même des famines. Mais, une
sécheresse qui dure quatre années consécutives, le Maroc ne l'a pas connu depuis
le 17ème siècle. Ainsi, trois siècles durant et jusqu'au début des années 1980, le
Maroc y a été épargné, mais voilà qu'en 20 ans (de 1980 à 2000), deux sécheresses
de 4 années et une de 3 années consécutives ont lieu. Alors le doute n'est plus
permis, nous subissons bien les effets d'un changement climatique dont il convient
d'en étudier les conséquences.
Les sécheresses sont désormais plus longues, plus fréquentes et elles se succèdent.
Elle sont entrecoupées d'épisodes pluvieux parfois abondants à l'origine de crues
d'une rare violence. La neige devient rare et le ruissellement surpasse l'infiltration.
On ne finit pas de remarquer que des lits de rivière restés secs des années durant et
ayant de ce fait accueilli quelques habitats insalubres se transforment soudain en
torrents dévastateurs causant pertes humaines et dégâts matériels.
Des crues historiques hantent encore notre mémoire. Nous ne pouvons guère oublier
celle qui a dévasté Sefrou le 25/9/1950 lorsque la ville a été inondée avec une lame
d'eau de 6m de haut faisant une centaine de victimes et amenant Feu SA MAJESTE
MOHAMMED V à se rendre sur place pour marquer sa solidarité avec la population
sinistrée ; ou celle qui a ravagé la Vallée du Ziz le 5/11/1965 laissant 25000 habitants
sans abri et qui a permis à Feu SA MAJESTE HASSAN II grâce à un discours
émouvant de déclencher un élan de solidarité sans précédent entre le peuple
marocain tout entier et ses frères de Tafilalet et qui a, somme toute, accéléré la
réalisation du Barrage Hassan Addakhil ; ou encore celle de la Moulouya survenue le
23 mai 1963 et qui était d'une telle violence qu'elle a emporté l'assise rive gauche du
barrage Mohammed V (la crue avait un débit de pointe de 7200 m3/s et un volume
de 570 millions de m3 soit l'équivalent de la capacité de la retenue).
Peut-on oublier la désolation que laissaient derrière elles les violentes crues du
Sebou et qui mettaient à l'épreuve le Gharb une année sur deux, ou peut-on ignorer
le désarroi d'une population qui regarde impuissante le Sebou sortir de son lit tous
les deux ans ?
Il est par conséquent de notre devoir historique et moral de tirer les enseignements
qui s'imposent de ces évènements, de surcroît vécus. Il faut des générations d'efforts
pour édifier une ville comme Khénifra, en revanche, en un jour une crue de l'Oum Er
Rbia (qui la traverse) peut tout détruire. Pourtant, la solution existe, son coût est
certes élevé, mais il l'est beaucoup moins que celui des dégâts que causerait une
crue centennale qui peut hélas arriver demain.
Autant de données complexes qu'il n'est pas toujours aisé d'évaluer, de caractériser
et de régionaliser dans les détails mais que l'observation des crues aux exécutoires
permet de simplifier leur classification en crues :
Ce sont les crues générées par les grands cours d'eau (ayant un bassin versant
généralement supérieur à 10 000 km2), au moment où ils arrivent dans leurs plaines
alluviales. C'est notamment le cas des Oueds : Moulouya, Sebou, Oum Er Rbia,
Tensift, Souss, Drâa, Ziz.
Crues rapides des affluents principaux des grands cours d'eau
Il s'agit le plus souvent de sous bassins dont la superficie est comprise entre 3.000 et
10.000 km2, et qui sont adossés aux reliefs du Rif ou des massifs Atlasiques, tels
que : les affluents de la Moulouya: Melloulou, Za, du Sebou : Ouergha, Beht, de
l'Oum Er Rbia : El Abid, Tessaout, Lakhdar, du Tensift : N'Fis, du Souss : Issen, du
Drâa : Dadès, Ouarazazte, N'Ait Douchéne, du Ziz : Rhéris, Todgha.
Sont classés dans cette catégorie : les oueds côtiers méditerranéens (Kerte, Nekor,
Ghis, Ouringa, El Had, Lao, Emsa, Martil…), les oueds côtiers atlantiques (Mharhar,
El Hachef, Loukkos, M'da, Drader, Bou Regreg,Ykem, Cherrat, El Mellah, Nfifikh,
Tamdrost, Ksob, Tamri, Massa, Assaka, Chbeika,…).
L'annonce des crues, sauf, dans une moindre mesure pour les plus grands d'entre
eux (Loukkos, Bou Regreg, Massa) suffisamment équipés en stations de mesure, y
est très difficile en raison des temps très courts de réponse aux pluies, réduisant les
délais d'alerte.
Crues semi rapides des moyens bassins de plaine avec écoulement en nappe
Sur les plaines situées au piémont des grands reliefs du Rif et des Atlas, les pentes
s'atténuent brutalement et la capacité de transit des cours d'eau issus des hautes
montagnes ou de leurs piémonts, diminue alors fortement.
A la moindre crue, ces oueds débordent largement de leur lit mineur, souvent très
étroit, peu profond et encombré par la végétation ou les dépôts sauvages et
s'écoulent alors dans la plaine adjacente qui n'est pas un véritable lit majeur, au sens
où elle est le réceptacle commun des débordements de plusieurs oueds
sensiblement parallèles.
L'écoulement en nappe, sous des tirants d'eau en général compris entre 20 et 50 cm,
exceptionnellement un mètre, peut porter atteinte aux parcelles et sols agricoles, aux
habitations souvent précaires dans ces zones rurales, aux infrastructures (routes,
chemins, réseaux d'irrigation notamment).
Elles intéressent des bassins de taille réduite situés dans les grands reliefs Rifains et
Atlasiques, caractérisés par de fortes pentes, des terrains escarpés, ravinés,
dénudés, généralement imperméables et favorablement exposées aux perturbations
météorologiques et notamment propices au développement de cellules orageuses,
puisque c'est dans ces régions où on enregistre les plus fortes pluies maximales
journalières.
Contrairement aux autres catégories, ce sont souvent les crues d'été qui sont les
plus violentes dans ces bassins.
Les risques encourus dans ces bassins sont d'autant plus importants qu'il s'agit de
zones touristiques avec des vallées très étroites connaissant des affluences
importantes notamment en été quand les risques de forts orages sont très
importants.
Parmi les bassins sujets à de telles crues, on peut citer : les hautes vallées de
l'Ourika, du Rhéraya, Zat R'Dat, Nfis, Todgha, des oueds Fnideq, Charâa, ZegZel à
Berkane…
Dans cette catégorie de crues bien particulières qui concernent les communes
urbanisées, il y a lieu de distinguer entre :
Ces bassins périurbains présentent un réel danger pour les communes situées à
l'aval surtout quand certaines conditions sont réunies :
Ces bassins sont situés dans les zones à fortes précipitations (piémonts des
montagnes) ;
Ils présentent de fortes pentes favorisant à la fois le ruissellement et le transfert
rapide de forts débits;
Les lits mineurs et majeurs à la traversée de l'agglomération ont subi les méfaits
d'une urbanisation non contrôlée.
Il est communément admis que les priorités des populations ne sont pas immuables :
elles évoluent dans le temps à mesure que les conditions et les aspirations
individuelles changent. En outre, elles doivent être prises en considération
globalement, sans privilégier un des aspects aux dépens d'un autre. Dans ce
contexte, les citoyens trouvent beaucoup de mal à comprendre le paradoxe né de la
pénurie d'eau qu'ils endurent, tandis que leurs biens peuvent être anéantis en
quelques minutes par une crue non contrôlée.
Devant les pertes en vies humaines constatées ici et là, devant l'inquiétude exprimée
par les investisseurs notamment à Berrechid et Mohammedia, devant la menace qui
pèse sur des infrastructures de liaison internationale comme l'aéroport Mohammed
V, il est évident que le Maroc n'a guère le choix, il est condamné à protéger ses
habitants, son infrastructure et ses centres de production.
C'est principalement à ces égards que le Secrétariat d'Etat chargé de l'Eau (SEE) ne
souhaite jamais agir dans la précipitation sous l'effet de l'émotion que provoque
toujours une catastrophe et ce, bien évidemment, dans l'intérêt bien compris des
sinistrés. Les mauvais choix d'investissements et des caractéristiques du dispositif
de protection ne sont pas compensés, loin s'en faut, par l'obtention de succès dans
la lutte contre les inondations. De surcroît, un dispositif mal conçu et mal géré
représente une source majeure de nuisance.
Dans un souci d'efficacité, le SEE a élaboré une stratégie visant à contenir les effets
des inondations en proposant des solutions globales, rationnelles, radicales pour
autant que les périodes de retour soient raisonnables, et s'accommodant
parfaitement avec les impératifs de gestion de l'eau.
Dès que le SEE a remarqué que le changement climatique a exacerbé les extrêmes,
il a élaboré des plans de réaménagements, confortement et modernisation des
stations hydrologiques. Mais comme leur généralisation à tous les cours d'eau est
une opération coûteuse et somme toute superflue, il a décidé d'acquérir des unités
mobiles de mesure, ce qui donne à son intervention la souplesse qu'elle n'avait pas.
Moyennant ces mesures et l'interprétation qui s'en suit, le SEE réalise une
cartographie des zones à risque et renforce la surveillance pour que les zones
d'accumulation naturelle soient préservées.
En définitive, rares sont les cas où la prévention seule suffit, tandis que des espaces
inondables ont été délibérément occupés. Il est nécessaire de les protéger. Pour ce
faire, le SEE a adopté une approche participative et concertée pour l'établissement
du Plan National de Protection contre les Inondations (PNI). Le PNI a permis
d'identifier 390 centres prioritaires dont le traitement sera réalisé avant l'échéance
2020. Son coût élevé (25 milliards de DH) et l'inexistence encore de financement
approprié ne permettent guère d'aller plus vite. Ce plan traite de dispositions relatives
à la protection de l'habitat, des infrastructures, des équipements industriels…, il
consacre une part non négligeable à la restauration des cours d'eau par curage et
traitement des berges, à la sauvegarde des zones humides et des zones
d'épandage, au stockage des apports à l'amont à chaque fois que possible pour
préserver la ressource ou pour soutenir l'étiage ou encore pour restaurer les
écoulements originels.
Protection directe
La protection directe consiste à intervenir directement sur le site menacé par la mise
en œuvre des actions suivantes :
Curage qui permet une nette amélioration des conditions d'écoulement suite à
l'élimination de tous les obstacles et les dépôts entravant l'écoulement des eaux
dans le cours d'eau. Le débroussaillage est également nécessaire à la traversée
des agglomérations pour des raisons sanitaires et en sections courantes pour
diminuer la rugosité et accroître la débitance.
Recalibrage qui permet d'élargir et d'approfondir les sections des cours d'eau
pour augmenter leur capacité d'évacuation des eaux et assurer une section
mouillée répondant aux critères de protections désirées.
Renforcement des ouvrages de franchissements des Oueds et modification
de leurs caractéristiques et des systèmes existants en cas de leur insuffisance
(ponts, dalots, buses…).
Réalisation des canaux permettant de régénérer le couloir initial de l'oued.
Cette solution est indispensable dans le cas ou le lit de l'oued et son domaine
hydraulique ont été complètement occupé par des bâtiments ou par la voirie.
Protection des berges qui comprend tout ouvrage visant à maintenir la stabilité
des terres en dépit de l'action de l'eau. Les berges sont en effet attaquées par
des courants perturbateurs générés par les crues. De même, les terres glissent
par suite de l'infiltration de l'eau après le retrait de la crue. La protection des
berges est également nécessaire au voisinage de certains ouvrages tels que les
ponts.
Endiguement des oueds par la réalisation de digues qui longent le cours d'eau
sur ses deux berges. Cette opération est aisément réalisable par les ressources
locales en main-d'œuvre et en matériaux. Par ailleurs, ce type de protection
permet en outre de réaliser une protection sélective. Il peut en effet être établi
graduellement en commençant par mettre à l'abri, de la plupart des crues, la
partie la plus riche et la plus peuplée des zones exposées. En contrepartie on
notera que ce procédé de protection présente l'inconvénient de provoquer une
surélévation souvent notable du niveau des eaux et rend en outre plus difficile le
drainage des terrains bas.
Protection indirecte
La protection indirecte par contre, consiste à intervenir plus loin des sites menacés, à
l'extérieur du périmètre d'aménagement, en réalisant des ouvrages sur les oueds
responsables des inondations :
Création des canaux périphériques de dérivation des eaux vers les oueds
permettant de les restituer vers des zones situées en dehors des aires à
protéger. Cette déviation pourrait concerner une partie ou la totalité des eaux
d'un oued vers un autre.
Réalisation des barrages ou seuils pour stockage et laminage des crues à
l'amont des zones menacées. Le volume et la capacité de laminage du barrage
devront être optimisés de manière à répondre au-mieux à la protection
envisagée.
Aménagement des bassins versants contre l'érosion par des méthodes
biologiques et/ou par la construction de seuils en gabions qui permettent la
réduction des vitesses d'écoulement et le dépôt des sédiments en amont.
La protection des 390 sites identifiés par l'étude du Plan National de protection
contre les Inondations nécessite une enveloppe estimée à plus de 25 Milliards de Dh
que le budget de l'Etat ne peut, à lui seul, supporter.
à chaque inondation, des pertes en vies humaines et des dégâts matériels sont
enregistrés et dont la valeur dépasse largement le coût de la protection ;
la confiance des investisseurs se trouve altérée par les pertes subies à chaque
crue. Ceux-ci menacent de partir et demandent à l'Etat une protection contre les
inondations ;
des infrastructures vitales sont menacées et pour lesquelles l'Etat doit faire des
efforts pour leur protection. L'aéroport Mohammed V qui joue un rôle crucial en
fait partie.
Pour assurer le financement des ouvrages de protection contre les inondations, des
pistes méritent d'être explorées. Il s'agit notamment de :
Année
de mise Fonction Hauteur Capacité
Barrage Province Zone protégée
en principale m Mm3
service
Ben Ville de
MELLAH 1931 I, AEPI 33 8,80
Slimane Mohammedia
Périmètre du Beht
EL KANSERA Khémisset 1935 E, I, AEPI 68 266,00
et Moghrane
Zones à l'aval (y
compris les portd
MOHAMED V Oujda 1967 E, I, AEPI 64 410,00 de Saidia et son
futur complexe
touristique)
HASSAN
Errachidia 1971 I, PC 85 347,00 Vallée du Ziz
ADDAKHIL
MANSOUR
Ouarzazate 1972 E, I, EC 70 529,00 Vallée du Draa
EDDAHBI
IDRISS 1er Taounate 1973 E, l 72 1186,00 Plaine du Gharb
SIDI Med
BEN Rabat 1974 AEPI 99 486,00 Vallé du Bouregreg
ABDALLAH
Ville de Ksar El
OUED EL
Larache 1979 E, I, AEPI 67 773,00 Kébir et plaine du
MAKHAZINE
Loukkos
Agglomérations
SFA Agadir 1985 EC 17 0,60 riveraines de Oued
Sfa (Biougra)
TIZGUIT
Ifrane 1986 EC 18 0,12 Zones à l'aval
AVAL
AZIB Village Oulad
Marrakech 1987 I, AC, EC 16 0,60
DOUIRANI Brahim et RP 10
AMAN
Meknès 1987 I, EC 16 0,35 Village Boufekrane
SEYERNINE
MOUILLAH Khouribga 1987 I, EC 16 0,50 Ville de Boujaâd
Centre de
IMAOUENE Guelmim 1992 EC 23 0,23
Bouizakarne
Centre de
AGHERGHIS Guelmim 1992 EC 24 0,28
Bouizakarne
AGGAY Sefrou 1994 EC 40 1,25 Ville de Sefrou
SAQUIA EL Route Laayoune
Laayoune 1995 EC, EN 16 110,00
HAMRA Tarfaya
AL WAHDA Sidi Kacem 1997 I, E, EC 88 3800,00 Plaine du Gharb
BEN
Berkane 1997 EC 18 0,03 Ville de Berkane
YEKHLEF
EL MENZEL Berkane 1998 EC 18 0,16 Ville de Berkane
I, AEPI, Vallée de l'Oued
HASSAN II Taourirt 2000 91 275
EC Za
AHMED EL
Béni Mellal 2001 I, AEPI, E 101 740,00
HANSSALI