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Café, cash et alcool : au cœur du système

Wagner, de Douala à Bangui


Présent en Centrafrique depuis quatre ans, le groupe de mercenaires russe s’est peu
à peu implanté dans nombre de secteurs économiques locaux et régionaux, au point
d’avoir développé des ramifications au Cameroun. Plongée, en exclusivité, dans une
organisation qui ne demande qu’à s’étendre.

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11 août 2022 à 17:04
Par Mathieu Olivier
Mis à jour le 11 août 2022 à 17:04

Les forces de sécurité russes et rwandaises pendant le meeting électoral du président centrafricain Faustin-Archange Touadéra à Bangui, le 25
décembre 2020. © Nacer Talel/Anadolu Agency via AFP

Le centre-ville de Bangui n’a plus de secret pour eux. Dans leur pick-up, un véhicule blindé de couleur
grise qui n’affiche aucune immatriculation, Dimitri Sytyi et Vitali Perfilev ne passent d’ailleurs pas
inaperçus aux yeux des plus attentifs. Certes, les deux hommes changent régulièrement de moyen de
transport et de marque de 4×4, mais leurs visages sont bien connus des initiés. L’un, Perfilev, un
grand blond, est le chef opérationnel des mercenaires du groupe Wagner en Centrafrique. L’autre,
Sytyi, jeune homme aux cheveux bruns ondulés qui vit à Bangui depuis quatre années, en est le
maître propagandiste et la tête de pont politique.

Dimitri Sytyi, qui a longtemps été l’assistant de Valery Zakharov, le premier patron de Wagner en
terres centrafricaines, est comme chez lui au palais présidentiel. Selon nos informations, il y dirige
toujours officieusement une cellule de communication qui se charge de promouvoir les actions
du président Faustin-Archange Touadéra, de valoriser la coopération avec la Russie et de mettre à
mal les intérêts français ou les effectifs de la mission de l’ONU en Centrafrique (Minusca). Sytyi est
aujourd’hui le numéro un « civil » de Wagner à Bangui.

Vitali Perfilev, quant à lui, s’occupe officiellement des questions de sécurité, en liaison avec l’état-major
centrafricain, Faustin-Archange Touadéra et son ministre de la Défense, Jean-Claude Rameaux-
Bireau. Conseiller à la présidence, comme l’a été Zakharov avant lui, il dispose d’un bureau non loin
du palais, même s’il préfère recevoir dans ses locaux situés au camp de Roux, espace où est stockée
une partie du matériel de Wagner. Côté loisirs, le commandant est un habitué du bar-restaurant Le
Casablanca et de ses karaokés, ainsi qu’un amateur de vin rouge. À eux deux, Perfilev et Sytyi
contrôlent l’appareil de Wagner, qui s’étend aujourd’hui de Bangui à Douala.
Café, sucre et mercenaires peuls

Depuis 2018, les mercenaires de Wagner sont implantés dans le secteur minier, notamment dans l’or
et le diamant, en particulier à travers la société Lobaye Invest, qui dispose de permis d’exploitation
dans plusieurs régions du pays. À partir de cette « maison mère », contrôlée financièrement par une
nébuleuse d’entreprises rattachées à l’oligarque Evgueni Prigojine, ils se sont progressivement
introduits dans d’autres pans de l’économie locale. Cette année, Wagner a ainsi investi le domaine
forestier centrafricain via la société Bois Rouge. Selon nos informations, le groupe travaille également
à développer des filiales dans d’autres secteurs.

WAGNER CHERCHE À EXPORTER DU CAFÉ ET, À


TERME, DU SUCRE DE CENTRAFRIQUE

Le groupe de mercenariat a ainsi créé, il y a environ un an, la First Industrial Company, une entreprise
liée à Lobaye Invest qui déploie des activités dans l’agroalimentaire. Vitali Perfilev et ses hommes –
notamment un certain Roman, chargé de cet aspect de l’activité wagnérienne – lorgnent ainsi la
production locale de café dans la préfecture de la Lobaye et ambitionnent surtout d’intégrer le business
du sucre, en se substituant à l’occasion à la Sucaf, filiale du groupe Somdiaa et du français Castel.
Dans certaines zones du nord du pays, Wagner profiterait notamment des attaques d’anciens rebelles
de l’Union pour la paix en Centrafrique (UPC) d’Ali Darassa contre les sites de la compagnie sucrière
pour se poser en second terme d’une alternative.

D’après nos informations, Wagner aurait passé des accords avec le ministre de l’Élevage, Hassan
Bouba, ancien bras droit d’Ali Darassa. Bouba a conservé des contacts précieux chez les combattants
peuls et il est en mesure de recruter parmi ceux ayant récemment quitté l’UPC. Depuis l’enlisement de
la guerre en Ukraine et l’implantation du groupe au Mali, Wagner aurait ainsi engagé par son
intermédiaire et celui de ses bras droits, Idriss Maloum et Hamadou Tanga, environ
300 ex-upécistes pour remplacer des mercenaires redéployés au Sahel ou dans le
Donbass ukrainien. Hassan Bouba est l’une des personnalités qui profitent le plus de
la protection des Russes de Wagner à Bangui, alors même qu’il est sous le coup d’une
enquête de la justice centrafricaine pour des soupçons de crimes de guerre. Quant à
Maloum et Tanga, ils accompagnent fréquemment Perfilev sur le terrain.

Douala, plaque tournante

Comment Wagner parvient-il à toucher les rentes de ce business tentaculaire ? Selon


nos informations, les marchandises transitent par le port de Douala. Wagner y a ainsi
pris le contrôle d’une société baptisée International Global Logistic (IGL). Fondée par
le Centrafricain Anour Madjido, celle-ci a d’abord eu comme « simple » client le
groupe de mercenaires, avant de se voir phagocytée par ce dernier plus récemment.
À l’heure actuelle, IGL est contrôlée officieusement par un dénommé Nikolaï, qui
travaille depuis la capitale économique camerounaise en étroite relation avec Roman
et Vitali Perfilev à Bangui. Selon nos sources, l’entreprise assure le transit des
marchandises et des conteneurs via le port autonome de Douala, Anour Madjido
s’acquittant de toutes les formalités administratives.

Fonctionnant exclusivement avec un système basé sur l’argent liquide, qui transite via
des réseaux opaques entre les marchés du PK5 à Bangui et Congo à Douala,
l’intermédiaire centrafricain rend compte à Nikolaï. C’est ce dernier qui chapeaute
l’organisation au nom de Vitali Perfilev et organise l’approvisionnement. Roman et
Nikolaï ont notamment supervisé l’installation, dans la capitale économique
camerounaise, d’une usine de torréfaction du café centrafricain. La marchandise
transformée devra ensuite être expédiée à l’étranger – notamment en Russie – via le
port autonome de Douala.

Cette dernière sert également de plaque tournante pour l’importation de matières


premières et de matériel. Outre les engins nécessaires à l’exploitation du bois ou des
minerais, Wagner achète ainsi à partir de Douala des produits tels que de l’alcool à
bas prix venu du Nigeria. Une fois passé entre les mains de la First Industrial
Company et avoir été transformé, celui-ci est ensuite vendu comme de la « vodka »
en Centrafrique, notamment dans les rues de Bangui. Sous la forme d’un sachet de
200 millilitres, cette boisson aux effets potentiellement néfastes coûte 200 F CFA
(0,30 euro), tandis que la bouteille de 75 centilitres en vaut 7 500. De quoi participer,
sans que les consommateurs peu soucieux de leur santé le sachent, à remplir les
caisses de Wagner.

Centrafrique – Dologuélé : avec Wagner ou le


bitcoin, « Touadéra veut alimenter le chaos
pour se maintenir au pouvoir »
L’ACTU VUE PAR. Chaque samedi, Jeune Afrique invite une personnalité à décrypter
des sujets d’actualité. Inquiet de la volonté de Faustin-Archange Touadéra de modifier
la Constitution et de se maintenir au pouvoir, l’opposant espère encore bloquer le
processus. Mercenaires, bras de fer franco-russe, cryptomonnaie… Anicet-Georges
Dologuélé ne mâche pas ses mots.

18 juin 2022 à 10:39


Par Mathieu Olivier
Mis à jour le 23 juin 2022 à 14:34

Anicet-Georges Dologuélé, ancien Premier ministre centrafricain, à Paris, le 12 septembre 2016. © Vincent Fournier/JA

Sera-t-il bientôt de retour à Bangui ? Anicet-Georges Dologuélé l’affirme : si Faustin-Archange


Touadéra convoque prochainement une session extraordinaire de l’Assemblée nationale pour voter une
modification de la Constitution, il quittera aussitôt Paris pour la capitale centrafricaine afin de faire son
devoir de député. L’ancien Premier ministre centrafricain s’opposera alors, sans doute en vain, dans
l’hémicycle à la réforme constitutionnelle et à l’ambition sous-jacente du président de s’affranchir de
l’actuelle limitation des mandats.
Celui qui a officiellement terminé deuxième de la présidentielle de 2020 fait encore l’objet de menaces
de la part de proches du chef de l’État. Le président de la Galaxie nationale, Blaise-Didacien
Kossimatchi, lui a même récemment demandé, dans une énième menace de représailles, de venir « se
rendre à la justice ». Sans minimiser les risques, Dologuélé préfère en rire. Le même « Didacien »
avait menacé les « troupes françaises » de représailles mystiques des hommes-caïmans quelques jours
plus tôt. Wagner, bitcoin, troisième mandat… Le président de l’Union pour le renouveau centrafricain
répond, depuis Paris, aux questions de Jeune Afrique.

Jeune Afrique : Le président Faustin-Archange Touadéra pourrait rapidement convoquer


l’Assemblée nationale afin qu’elle entérine un projet de révision de la Constitution qui
supprimerait la limitation des mandats du chef d’État. Que vous inspire cette ambition ?

Anicet-Georges Dologuélé : D’abord, je remarque que le timing est surprenant. Faustin-Archange


Touadéra n’a été proclamé vainqueur de son deuxième mandat que depuis à peine un an. Il lui reste
donc cinq années. Pourquoi aller si vite ? Souvent, quand les chefs d’État veulent modifier leur
Constitution, c’est qu’ils sont lancés dans un projet de transformation de leur pays et qu’ils souhaitent
aller au bout de leur œuvre.

Ce n’est absolument pas le cas avec Touadéra. Il ne cherche même pas à renverser la vapeur de son
premier mandat et à emmener le pays dans la bonne direction, il veut juste pouvoir profiter plus
longtemps des avantages de la fonction. D’ailleurs, la modification de la Constitution était déjà le
principal objectif du dialogue qu’il a organisé à Bangui en mars, mais nous l’avions compris et nous
avions réussi, avec l’appui de la société civile et de la communauté internationale, à lui barrer la route.

SI LA COUR CONSTITUTIONNELLE LAISSE FAIRE


TOUADÉRA, JE NE SAIS PLUS À QUOI ELLE SERT

Comment comptez-vous vous opposer au projet actuel, lequel devrait cette fois passer par
l’Assemblée ?

S’opposer au sein de l’Assemblée est symbolique mais ne servira à rien. Touadéra y a une majorité et
a les moyens d’acheter les votes. Cela dit, au-delà de cette situation, les textes centrafricains sont
clairs. L’Assemblée n’a pas le pouvoir de modifier seule la Constitution. Il faut théoriquement un vote
des députés et aussi des sénateurs. Or, le Sénat n’a pas été mis en place. Ensuite, même si
l’Assemblée avait ce pouvoir, il faudrait encore que le projet soit validé par la Cour constitutionnelle.

Mais l’actuelle Constitution dit clairement que certains de ses articles ne sont pas modifiables. C’est
notamment le cas de la limitation des mandats et des modalités d’élection du chef de l’État. Nous
avions mis en place ces verrous car nous savions que les volontés de modification menaient à des
coups d’État. Nous l’avons vu avec François Bozizé. Touadéra tente de faire sauter ces verrous mais la
Cour ne devrait pas l’y autoriser. Si elle laisse faire, je ne sais plus à quoi elle sert.

L’un des arguments des partisans de la suppression de la limitation du nombre de mandats


est qu’elle n’existe plus non plus dans les pays voisins. Est-ce pertinent ?

C’est stupide. C’est un peu comme si on disait : “Il n’y a aucun pays riche dans la sous-région, donc
nous devons rester pauvres”. Cela n’a pas de sens. Cela dit, le fait que nombre de chefs d’État aient
fait sauter leurs propres verrous explique sans doute que Touadéra se sente autorisé à le faire.

On observe le retour de ces coups de force constitutionnels, notamment en Afrique de


l’Ouest, de la part de pouvoirs militaires. Pourquoi pas en Centrafrique ?
En Centrafrique, nous pouvons encore moins nous permettre ce genre de choses. Sur quoi repose le
pouvoir d’un État ? Sur une armée et sur des institutions. Or, la Centrafrique n’a pas d’armée
nationale. Nous avons des soldats qui font ce qu’ils peuvent, mais l’exercice de la force repose
aujourd’hui chez nous sur des soldats rwandais ou des mercenaires russes. S’ils partent, s’ils arrêtent
de donner à Touadéra l’illusion d’être fort, que lui reste-t-il ? En Centrafrique, il est encore plus
indispensable que le pouvoir du président repose sur la légitimité constitutionnelle. Sinon il ne nous
restera plus rien.

TOUADÉRA MULTIPLIE LES ACTES DE HAUTE


TRAHISON ENVERS NOTRE PAYS

Vous faites régulièrement l’objet de menaces, y compris physiques, de la part d’une frange
de la société civile. Cela vous inquiète-t-il ?

Ces gens ne font pas partie de la société civile. L’opposition travaille main dans la main avec la vraie
société civile. Ces groupuscules qui menacent les opposants sont en réalité les appendices les plus
obscurs et les plus tordus du pouvoir de Faustin-Archange Touadéra. Avec sa bénédiction, ils opèrent
sous le couvert d’associations pour prôner la haine et la destruction.

Tout cela est un signe de plus que Touadéra multiplie les actes de haute trahison envers notre pays. Il
a juré sur la Constitution de la défendre et de ne pas chercher à violer ses articles. Nous voyons le
résultat. Il se sent invulnérable car il a mis toutes les institutions à sa botte, de la Cour
constitutionnelle à l’Agence nationale des élections. Comment un professeur, titre qu’il revendique,
peut-il accepter que des jeunes gens prônent ainsi la haine en son nom ? En tant qu’éducateur, père
de famille et chef de l’État, comment peut-il le cautionner ?

On constate un rapprochement de plus en plus important entre Bangui et Moscou, en


particulier depuis 2020. Que pensez-vous de cette stratégie assumée par le président ?

Du temps de l’URSS, Moscou avait des relations fortes avec l’Afrique. Et elles n’avaient pas la forme
que cela prend en Centrafrique avec Wagner. Même aujourd’hui, un pays comme l’Algérie entretient
des liens très forts avec la Russie. Mais Alger n’a pas pour autant délégué tout son pouvoir à des
mercenaires. L’armée algérienne a conservé son identité et est opérationnelle. C’est cela l’objectif que
la Centrafrique et le président devraient poursuivre.

L’intérêt du pays est de se servir d’amis qui viendraient pour former nos troupes et non pas pour
les remplacer en étant rémunérés ou en pillant nos ressources. D’ailleurs, initialement, les Russes – et
je parle là des forces conventionnelles et non de mercenaires – devaient compléter l’offre européenne
de formation. C’est ce qui avait été présenté à l’Assemblée. Mais ce n’est pas du tout la réalité
aujourd’hui. Visiblement, Faustin-Archange Touadéra n’a rien compris des besoins de l’État.

Ce possible rapprochement avec la Russie ne permet-il pas à l’Afrique de se replacer sur


l’échiquier diplomatique mondial et de s’affranchir des restes d’une tutelle coloniale ?

Que la Russie se serve de la Centrafrique et de l’Afrique pour mettre en place une propagande contre
des pays occidentaux, c’est peut-être de bonne guerre. Mais je crois que notre intérêt n’est pas de
rentrer dans ce jeu. Transposer une espèce de nouvelle guerre froide dans ce qui est aujourd’hui le
pays le plus pauvre au monde est une énorme erreur. Cela ne permet pas à notre armée d’exister.
Touadéra, plutôt que de multiplier les partenaires dans l’intérêt du pays, veut alimenter le chaos et en
profiter pour se maintenir au pouvoir.
TOUADÉRA EST AU MILIEU D’UNE FORÊT SÈCHE ET
ALLUME DES FEUX TOUT AUTOUR DE LUI…

Lors du dernier sommet de l’Union africaine (UA), le président Touadéra a adopté une
déclaration finale des chefs d’État condamnant les coups de force constitutionnels et parlant
des mercenaires étrangers comme d’une menace pour la paix. N’est-ce pas paradoxal ?

L’UA est dans son rôle quand elle rappelle ces grands principes et tente de faire réagir les chefs d’État.
Maintenant, je ne m’étonne absolument pas de voir Faustin-Archange Touadéra prendre un
engagement complètement contraire à ses actes. Depuis qu’il est au pouvoir, il n’a jamais respecté sa
parole. Vous pouvez lui faire signer ce que vous voulez, il ne se sentira pas engagé.

En cas de modification de la constitution, l’UA devrait-elle alors sanctionner la Centrafrique


?

Oui, même si j’espère que nous n’en arriverons pas là. Ce n’est dans l’intérêt de personne. Nous avons
suffisamment de problèmes à résoudre, notamment avec des groupes armés qui gagnent à nouveau
du terrain dans le pays. J’entends le gouvernement s’enorgueillir d’avoir sécurisé la quasi-totalité du
territoire. Rien n’est plus faux.

Touadéra doit faire attention. Il a des problèmes avec l’opposition, avec la société civile, avec les
Occidentaux, avec les institutions internationales, avec les pays de la sous-région depuis son pari de la
cryptomonnaie… Il donne aujourd’hui l’image de quelqu’un qui est au milieu d’une forêt sèche et qui
allume des feux tout autour de lui.

Vous abordez le sujet de la cryptomonnaie. Que pensez-vous de l’adoption du bitcoin comme


monnaie centrafricaine ?

C’est désespérant. Dans un pays où plus de 90 % de la population n’a pas accès à internet, cela a-t-il
du sens ? Allez expliquer à une vendeuse de beignets que si elle n’utilise pas la cryptomonnaie elle
s’expose à une amende allant jusqu’à 1 milliard de F CFA ! Cet épisode prouve une fois de plus qu’une
certaine pègre a beaucoup d’influence sur Faustin-Archange Touadéra, qui semble avoir de l’admiration
pour ce milieu. Si, dans le monde entier, seul le Salvador a tenté l’aventure – et que cela ne marche
pas très bien –, c’est peut-être que ce n’est pas une si bonne idée…

Le gouvernement estime tout de même que le bitcoin est « une révolution qui va
repositionner l’économie, améliorer les perspectives et changer le destin des citoyens » en
Centrafrique…

C’est surréaliste. Les communiqués qui revendiquent cela et qui sont prétendument rédigés par la
présidence sont hallucinants. Touadéra aurait pu prendre le temps de se faire expliquer ce qu’est la
cryptomonnaie. Il aurait pu consulter la Banque des États de l’Afrique centrale. Il aurait pu discuter
avec les autres présidents de la zone F CFA. Mais il ne l’a pas fait. Il a préféré écouter un Camerounais
qui est aujourd’hui recherché par la justice de son pays. Par sa faute, la Centrafrique se retrouve
sanctionnée et dans une impasse. Contrairement au Salvador, qui utilise le bitcoin et le dollar, la
Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cemac) interdit à ses membres de cumuler
deux monnaies et donc d’avoir à la fois le bitcoin et le F CFA. Visiblement, Touadéra ne le savait même
pas. Quand je lis cette loi, j’ai vraiment l’impression qu’elle n’a pas été rédigée par un Centrafricain.

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