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Eduquer, c est l affaire de tous : vers une «Cité de l Education»

Philippe Meirieu Université Lumière-Lyon 2

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Transcription:

Eduquer, c est l affaire de tous : vers une «Cité de l Education» Philippe Meirieu
Université Lumière-Lyon 2 1

ü Nous savions que la vie était fragile, que l'humain c'était par moments et que la
démocratie était menacée par les forces archaïques qui habitent encore le monde.
Nous savions que, face à la vacuité de nos modèles économiques fondés sur la
consommation compulsive, notre occident peinait à offrir un autre idéal que
l'assujettissement aux intégrismes. Nous savions que tout ce qui nous tient à coeur
est mortel et que l'obscurité absolue peut, un jour, faire oublier l'espoir de toute
lumière... 2

ü Que cette nuit terrible où nous avons éprouvé la terreur de la pénombre, nous
rappelle notre fragilité et notre finitude. Qu'elle renforce ainsi notre détermination à
prendre soin de toute vie, de toute pensée libre, de toute ébauche de solidarité, de
toute joie possible. ü Prendre soin de la vie et de l'humain, avec une infinie
tendresse et une obstination sans faille, est, aujourd'hui, la condition de toute
espérance. Sachons qu'un seul sourire échangé, un seul geste d'apaisement, aussi
ténu soit-il, peut encore, contre tous les fatalismes, contribuer à nous sauver de la
barbarie... 3
«Il n y a pas de lumière au bout du tunnel, seulement une boite d allumettes
transmise d une génération à l autre. L humanité ne dispose pas d une longue mèche
et cette génération-là détient la dernière allumette.» Jonarno Lawson, The Nooon
Whistle 4

Introduction: L éducation, ce n est pas seulement l enseignement Dans une société


«tout» éduque : - Les parents - L environnement familial et socio-culturel - L école
- Les «tiers-lieux» - Les médias - La ville, etc La co-éducation n est pas d abord
une valeur, c est un fait! Mettons là en œuvre pour le meilleur et non pour le pire! 5

Sommaire I - La modernité et la «crise de l éducation» II En quoi la pédagogie


peut-elle nous apporter aujourd hui des repères pour une co-éducation authentique?
6

I - La modernité et la «crise de l éducation» ü La faillite des théocraties dans les


sociétés occidentales. ü L émergence de l individualisme social. ü La démocratie
tâtonnante ü Le «bien commun» introuvable. ü La verticalité improbable. 7

La sortie de l hétéronomie. ü «Nul ne peut plus se concevoir, en tant que citoyen,


commandé par l au-delà. La Cité de l homme est l œuvre de l homme. ( ) Nous
sommes devenus, en un mot, métaphysiquement démocrates.» Marcel Gauchet, La
religion dans la démocratie, 1988. ü «La démocratie est une forme de société dans
laquelle les hommes reconnaissent qu il n y a pas de garant ultime de l ordre social
dans laquelle les hommes consentent à vivre dans l épreuve de l incertitude. ( )
Dans ces conditions, le lieu du pouvoir est reconnu comme un lieu vide. ( ) Là où s
indique un lieu vide, il n y a pas de condensation entre le pouvoir, la loi et le savoir,
ni d assurance possible de leurs fondements. L exercice du pouvoir est matière à un
débat interminable. ( ) Les aventures totalitaires nous ont appris quel attrait exerçait
la domination, du haut en bas de la bureaucratie À présent, c est l expansion du
marché, supposé auto-régulateur à l échelle de la planète, qui porte un défi au
pouvoir démocratique.» Claude Lefort, Le temps présent, Belin, 2007. 8

I - La modernité et la «crise de l éducation» ü De l enfant désiré à «l enfant du


désir». ü Le brouillage des relations de filiation et de transmission. ü La solitude et
le clan. ü La «destruction systématique de l appareil psychique juvénile» (Bernard
Stiegler) ü Sur-attention / inattention ü Virtualisation des autres et du monde ü La
pulsion aux commandes. 9

I - La modernité et la «crise de l éducation» ü Dans ces conditions, l éducation se


trouve face à de nouveaux défis, très largement inédits et a, plus que jamais, besoin
de revenir aux fondamentaux de la pédagogie comme «accompagnement du
passage» ü ü ü ü ü du privé au public, de l individu pulsionnel au sujet réflexif, de l
individuel au collectif, de l expression spontanée à l inscription dans une culture, du
chaos des ego au lien social. 10
I - La modernité et la «crise de l éducation» Défi n 1 : Accompagner le passage de l
espace privé à l espace public. - par l attention à ce qui les sépare et les articule à la
fois, - par la mise en place de rites de passages, - par le travail sans cesse à remettre
en chantier de désintrication du «savoir» et du «croire» 11

I - La modernité et la «crise de l éducation» Défi n 2 : Accompagner le passage de l


individu pulsionnel au sujet réflexif. - par un travail systématique sur «le sursis» :
«Je ne refuse pas de t entendre mais je te demande de surseoir à ton expression
pulsionnelle» En articulant le «droit à l expression» le «devoir d éducation». - par
la mise en place de situations permettant «l inversion de la dispersion» (Gabriel
Madinier). - par le développement systématique des démarches de métacognition :
«Qu est ce que tu as compris à travers ce que tu as fait?». 12

I - La modernité et la «crise de l éducation» Défi n 3 : Accompagner le passage de l


individuel au collectif. - par le travail sur des médiations qui permettent de se
«mettre en jeu» «à propos de». - par la mise en place d institutions qui médiatisent
les relations et permettent de sortir des coagulations fusionnelles. - par l
organisation de rôles qui permettent de parler «en tant que» (et de sortir de la toute-
puissance). - par la rotation des tâches qui permet d explorer les configurations
possibles du collectif 13

I - La modernité et la «crise de l éducation» Défi n 4 : Accompagner le passage de l


expression spontanée à l inscription dans une culture. - par la mise en situation des
savoirs scolaires. - par l accès à l intelligence des enjeux historiques et
épistémologiques des savoirs : raconter les savoirs (Jérôme Bruner), les inscrire
dans l histoire, en restituer la dramaturgie. - par le travail sur les œuvres, qui relient
ce que chacun a de plus intime avec ce qui peut être universel 14

I - La modernité et la «crise de l éducation» Défi n 5 : Accompagner le passage du


chaos à la parole. - en faisant exister une parole qui ne s abolit pas dans l échange
de signaux, mais ouvre à une interlocution dans laquelle nul ne peut avoir le dernier
mot. - en opérant obstinément des «distinctions» qui permettent de penser le réel. -
en restaurant sans cesse l inquiétude au cœur de la parole : pour que la parole soit
quête de précision, justesse et vérité et interpelle l autre et même temps qu elle
permet l expression de soi. 15

I - La modernité et la «crise de l éducation» Crise de l éducation ou chance pour la


pédagogie? «La sagesse de Pestalozzi est celle d'un homme qui a pris son parti de
l'effondrement moral, spirituel et politique de ce monde, mais qui voit dans cet
effondrement, dès lors qu'il en articule le constat avec une foi sauvegardée de
l'homme en son sens, la chance de l'éducation, la chance de la formation à
l'humanité, la chance de la formation de l'homme. (...) Pestalozzi, c'est, en
définitive, un monde qui bascule. Dans l'éducation. Le nôtre?» Michel Soëtard,
conclusion de la traduction de l'oeuvre de Pestalozzi : Mes recherches sur la marche
de la nature dans l'évolution du genre humain, Lausanne, Payot, 1995. A condition
que nous sachions mettre en place 1. Une pédagogie de la laïcité pour accompagner
le passage du privé au public. 2. Une pédagogie du sujet pour accompagner le
passage de l individu pulsionnel au sujet réflexif. 3. Une pédagogie institutionnelle
pour accompagner le passage de l individuel au collectif. 4. Une pédagogie
culturelle pour accompagner le passage de l expression spontanée à l inscription
dans une culture. 5. Une pédagogie de la parole pour sortir du chaos et entrer en
relation pacifique avec l Autre. 16

II - Que nous dit vraiment la pédagogie pour nous aider à co-éduquer? La


pédagogie est identifiée à une nébuleuse théorique où se côtoient des notions
générales et généreuses Respect de l enfant Méthodes actives Apprendre à
apprendre Compétences Pédagogie différenciée Évaluation formative Intérêts de l
élève Motivation Enfant-sujet Projet Formation à la citoyenneté 17

II - Que nous dit vraiment la pédagogie pour nous aider à co-éduquer? Qu il faut se
méfier des «mots-valises» et des lieux communs générateurs d ambiguïtés 1)
PRATIQUER DES «METHODES ACTIVES» MAIS INTELLECTUELLEMENT
ACTIVES! Un élève n apprend que lorsqu il est actif mais les «méthodes actives» n
ont rien à voir avec un bricolage nondirectif : elles consistent à rendre possible une
activité mentale de l élève dans une situation d apprentissage (où le sujet peut
travailler sur des matériaux à partir de consignes qui lui permettent d effectuer une
tâche et, par là, d atteindre un objectif qu il doit pouvoir transférer ) 18

II - Que nous dit vraiment la pédagogie pour nous aider à co-éduquer? 2) S


APPUYER SUR L INTERÊT DE L ENFANT, MAIS NE SURTOUT PAS S
INTERDIRE DE LE MOBILISER SUR DES INTERÊTS NOUVEAUX! Il faut
prendre en compte la question du «désir» Cela ne veut pas dire enfermer l élève
dans des intérêts préexistants, mais le mobiliser sur des savoirs dont on est capable
de montrer les enjeux. Rendre les savoirs «vivants», montrer qu ils ont été
construits dans une aventure des hommes luttant pour leur émancipation. 19

II - Que nous dit vraiment la pédagogie pour nous aider à co-éduquer? 3)


MOBILISER SUR DES TÂCHES MAIS EN GARDANT TOUJOURS A L
ESPRIT QUE L OBJECTIF DE L ECOLE, C EST DE «COMPRENDRE» ET
NON DE «REUSSIR»! Il ne faut jamais confondre la tâche et l objectif. La
première peut être appréhendée plus facilement par celui qui apprend, mais c est le
second qui est visé et doit être évalué. Le «faire» est au service du «comprendre». Il
ne suffit pas de trouver du plaisir dans une activité ou de l effectuer minutieusement
pour garantir un apprentissage : ce dernier nécessite la stabilisation d une habileté
mentale dont la maîtrise n est garantie que par le transfert. 20

II - Que nous dit vraiment la pédagogie pour nous aider à co-éduquer? 4)


DIFFERENCIER LA PEDAGOGIE, MAIS SANS ENFERMER CHACUN DANS
UNE STRATEGIE D APPRENTISSAGE! Il faut «s adapter aux élèves» et mettre
en place une «pédagogie différenciée». Mais cela ne veut pas dire : ü mettre en
place des systèmes de conditionnement strictement individualisés, ü enfermer les
individus dans leurs stratégies d apprentissage, ü pratiquer le diagnostic préalable et
la classification systématique des personnes pour leur imposer des «remédiations
adaptées» Cela signifie qu il faut : ü ouvrir des perspectives en proposant une
palette de possibilités, ü accompagner chacun pour qu il puisse identifier
progressivement ce qui lui convient le mieux, ü pratiquer la métacognition. 21

II - Que nous dit vraiment la pédagogie pour nous aider à co-éduquer? 5) FAIRE
ACQUERIR DES COMPETENCES MAIS SANS REDUIRE L
APPRENTISSAGE A LEUR JUXTAPOSITION! Il ne faut pas réduire un «savoir
«à la somme des techniques et/ou des compétences nécessaires pour le mettre en
œuvre Mais chercher ce qui «fait projet» dans ce savoir. C est à partir de là qu il
faut créer des situations qui permettent de s inscrire dans «l intention d apprendre».
22

II - Que nous dit vraiment la pédagogie pour nous aider à co-éduquer? 6) METTRE
EN PROJET MAIS SANS EVACUER LES ENTRAÎNEMENTS
SYSTEMATIQUES! Il ne faut pas croire, pour autant, que l identification d un
«projet» et la volonté de le mettre en œuvre exonèrent d apprentissages techniques.
L intention d apprendre ne peut se concrétiser qu accompagnée d entraînements
systématiques Pratiquer une «pédagogie de la découverte» n interdit pas, bien au
contraire, de mettre en place des moments rigoureux de formalisation,
mentalisation et restitution. 23

II - Que nous dit vraiment la pédagogie pour nous aider à co-éduquer? 7)


«APPRENDRE A APPRENDRE» MAIS PAS EN N APPRENANT RIEN! Le
développement du sujet et de ses capacités d apprentissage est, évidemment, une
finalité essentielle de l éducation, surtout dans un monde où les connaissances se
renouvellent vite et où l apprentissage tout au long de la vie s impose Pour autant,
les «capacités transversales» ne fonctionnent jamais à vide; de plus, les contenus
disciplinaires «donnent forme à l esprit» qui ne peut être réduit à un «segment
hypothético-déductif». 24

II - Que nous dit vraiment la pédagogie pour nous aider à co-éduquer? 8) METTRE
EN PLACE UNE «EVALUATION FORMATIVE» MAIS SANS
ABANDONNER LA MOINDRE EXIGENCE! Il ne faut pas confondre évaluation
et notation. Une véritable évaluation pédagogique n est pas d abord destinée à situer
l individu par rapport aux autres, mais à le faire progresser en se donnant des défis
à lui-même. Cette évaluation pédagogique est l expression d une «exigence
solidaire» qui permet «l alliance» du maître et de l élève. 25

II - Que nous dit vraiment la pédagogie pour nous aider à co-éduquer? 9)


RESPECTER LA PERSONNE MAIS EN ANTICIPANT SA LIBERTE AFIN QU
ELLE PUISSE PROGRESSIVEMENT S IMPUTER SES PROPRES ACTES! Il
ne faut pas confondre «chercher à comprendre» un élève et l excuser
systématiquement Il faut, en revanche, avoir toujours présent à l esprit que : ü c est
la faute qui exclut et la sanction qui intègre ü la parole éducative doit être
«tripolaire» : ü Comprendre le «moi accidenté», ü Ne jamais perdre de vue le cadre
collectif et ses exigences, ü Identifier les ressources permettant au sujet de s
exhausser au-dessus de toutes les fatalités. 26

II - Que nous dit vraiment la pédagogie pour nous aider à co-éduquer? 10)
PROMOUVOIR LE SUJET MAIS SANS CONFONDRE LES STATUTS! L
enfant n est pas un adulte C est un être qui a besoin d être éduqué. A ce titre, il faut
toujours distinguer : ü Le sujet politique qui correspond à la majorité légale qui
permet d être citoyen de plein exercice dans la Cité. ü Le sujet psychologique dont
le développement est très différencié selon les personnes et qui requiert des
accompagnements spécifiques, voire des «interventions», si l humain en lui est mis
en danger. ü Le sujet éthique qui doit être reconnu et promu sans conditions, celui
qui est interpellé pour se mettre en jeu dans tout apprentissage. 27

II - Que nous dit vraiment la pédagogie pour nous aider à co-éduquer? 11)
EDUQUER A LA CITOYENNETE MAIS SANS PRESUPPOSER CE QUE L ON
DOIT PRECISEMENT FORMER! La formation à la citoyenneté n est pas la mise
en place risquée de caricatures de démocratie C est : ü l identification des sujets et
des cadres dans lesquels l élève peut exprimer son avis, ü la mise en place de rituels
permettant de passer de la parole pulsionnelle à la parole réfléchie, ü la mise à
disposition de ressources permettant d éclairer progressivement les avis des sujets,
ü la distinction, jamais achevée mais qui soit sous-tendre tout enseignement entre
«le savoir» et «le croire». 28

II - Que nous dit vraiment la pédagogie pour nous aider à co-éduquer? 12)
FORMER DES CITOYENS EN DEVENIR MAIS EN LES IMPLIQUANT DANS
DES SITUATIONS CONCRETES! L Ecole doit apprendre aux élèves à «entrer en
politique», au sens le plus noble du terme : permettre aux hommes de se constituer
en «collectifs» capables de débattre du «bien commun» organiser des
«configurations» plutôt que de s enfermer dans des «coagulations» fusionnelles. 29

II - Que nous dit vraiment la pédagogie pour nous aider à co-éduquer? 13)
REPONDRE A DES DEMANDES SOCIALES PRECISES MAIS SANS
ABANDONNER LA PERSPECTIVE DE L UNIVERSALITE! L «humaine
condition» requiert que nous assumions la TRANSMISSION D UNE CULTURE
comme «monde commun» qui permet aux hommes de se relier et de se différencier
à la fois Dans cette perspective, la culture est ce qui peut relier L INTIME à L
UNIVERSEL. Et tout savoir doit être enseigné comme culture. 30

Conclusion La co-éducation : une mise en cohérence fondée sur la convergence des


finalités et la complémentarité des approches plutôt que sur l organisation du
«contrôle permanent» de l enfance et de la jeunesse. 31
Et, surtout, ne jamais oublier 32

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