ENP 8008 Analyse de la politique de défense

du Canada

Cours #5 :
La culture stratégique au Canada

Stéphane Roussel, École nationale d’administration

publique
5 octobre 2023
CULTURE STRATÉGIQUE
Un ensemble, dominant, stable et cohérent d’idées (métaphores,
concepts, doctrines, lecture de l’histoire etc.) et de comportements
touchant à l’usage de la force et à la place des institutions militaires
dans une société donnée.
• Accent sur la spécificité de chaque société à l’égard de l’usage de la
force
• Accent sur la diversité des expériences nationales, sur les
particularités de chaque société, sur l’identité du groupe étudié
 La culture stratégique
• Peut s’appliquer à tous type de groupes (société, civilisation, États,
sous-groupes, y compris la bureaucratie)
• Facteurs idéels plus que matériels
• Stabilité des idées
• Cohérence avec la culture politique et l’identité générale du groupe
(culture, valeurs, idéologie)
• Importance des facteurs historiques et géographiques
• Concept « d’idée dominante »
La culture stratégique
• ENGLISH, Allan D., Understanding Military Culture. A Canadian
Perspective, Montréal, McGill-Queen’s University Press, 2004, 198p.
Études comparatives
• KIRCHNER, Emil J. et James SPERLING, dir., National Security Cultures.
Patterns of Global Governance, New York, Routledge, 2010, 308p.
• SONDHAUS, Lawrence, Strategic Culture and Ways of War, Londres,
Routledge, 2006, 192p
 Les cultures organisationnelles
• Entre dirigeants politiques et militaires (Texte de Doug Bland)
• Entre militaires et autres fonctionnaires

• Les consensus culturels chez les militaires canadiens (voir Allan

English)
• Une armée professionnelle
• Une armée apolitique
• Une approche rationnelle (technicienne) des missions
• Influences britanniques, puis américaines
 Les partis politiques
• Le consensus de la Guerre froide

• La domination de l’internationalisme libéral

• Les approches critiques (NPD) : neutralité et désarmement

• Le « néoconservatisme »
 Les élections
• La défense comme enjeux électoral? Élections de 1963
• Élections en temps de guerre
• 1917
• 1939 (Québec)
• 1940
• 2004, 2006, 2008, 2011
• 2003 (Québec)
• 2015
 Les « valeurs canadiennes »
• « Ordre, paix et bon gouvernement »
• La paix
Résolution pacifique des conflits
Le maintien de la paix
• Démocratie représentative
• Propriété privée et économie de marché
• Droits individuels et individualisme « modéré »
NB: la protection des valeurs peut être considérée comme la finalité de
la politique de défense
 Les intervenants de la société civile
• Les médias
• Les groupes pacifistes
• L’industrie de défense
• Les réservistes et vétérans
• Les experts (communautés épistémiques) et les liens difficiles avec les
praticiens
• Les consultations publiques
Tout cela traversé par les clivages linguistiques et régionaux
 Les clivages au sein de la société
canadienne

• Clivage géographique (Est vs Ouest)

• Genre
• Les groupes minoritaires: Première nations et Inuit, Néocanadiens
• Francophones et anglophones
Le plébiscite d’avril 1942 sur la conscription

Résultats par provinces Résultats selon la langue

90

80
• Les Canadiens anglais sont très
70
largement en faveur (environ
60 83%)
50
Quebec • Les Canadiens français y sont
40 CWQ
très largement opposés (jusqu’à
30 85%!)
20
• Ce résultat est souvent
10
transposé à la situation actuelle
0
Yes No
Opposition aux missions hors ONU (1994-2015)
et à la mission contre l’État islamique (2014-
2016)
(J.-C. Boucher, U. Calgary)
 Société
• Comment expliquer la différence entre l’opinion publique québécoise
et celle du Canada anglais à l’égard des enjeux militaires (ici résumé
par l’opposition aux missions outremers, bien que le constat
s’applique à d’autres thème, tels que les dépenses de la Défense ou
les grands projets d’infrastructures militaires)?

• Ce constat est observable dans la culture populaire, dans les prises de

position des partis souverainistes et des éditorialistes à l’égard des
enjeux de défense et dans les sondages d’opinion (sur lesquels je me
concentre ici)
Conclusions des observations:
1. Les sociétés québécoise est canadienne réagissent de la même
manière aux mêmes stimulus (phénomène de convergence)
2. Il y a un écart, mais il n’est pas aussi grand qu’on le croit (pas la
situation de 1942);
MAIS
3. Cet écart est persistant et va toujours dans la même direction (la
société québécoise est plus « critique » ou plus « réservée »).
LA TÂCHE CONSISTE DONC À EXPLIQUER, DE MANIÈRE COHÉRENTE,
CES TROIS CONSTATS
La pyramide de la culture stratégique
québécoise

Internationalisme
libéral
(depuis 1945)

Survivance et anti-impérialisme (1840-1945)

Défaites (1759-1840)
NouvelleFrance