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Chapitre 1

Logique et raisonnements

I. Logique

1. Assertions ou propositions

Définition. Une assertion ou proposition est un énoncé au quel on peut attribuer une valeur de
vérité vrai (V) ou faux (F), mais jamais les deux à la fois c’est la loi du tiers-exclu.

Exemple :

« 8 est un entier pair » est une assertion vraie

« 1 / 3 est un nombre décimal » est une assertion fausse

« Il va pleuvoir à Casablanca le premier décembre 2030 » n’est pas une assertion

« 𝑛 est un entier pair » n’est pas une assertion car il contient la variable 𝑛, il devient une
assertion lorsqu’on donne une valeur à l’entier 𝑛

2. Prédicat

Un prédicat est un énoncé mathématique contenant des lettres appelées "variables" tel que,
quand on remplace chacune des lettres par un élément donné d’un ensemble, on obtient une
assertion.

Exemple

𝑃 (𝑥, 𝐴) = " 𝑥 ∈ 𝐴" est un prédicat à deux variables. Il devient une assertion quand on donne
une valeur aux deux variables. Par exemple, 𝑃(1, ℕ) est une assertion vraie, 𝑃(√2, ℚ) est une
assertion fausse.

3. Connecteurs logiques

3.1 Négation

La négation d’une proposition 𝑃 notée ¬𝑃 ou 𝑃̅ est définie de la manière suivante :

Si la proposition 𝑃 est vraie alors 𝑃̅ est fausse

Si la proposition 𝑃 est fausse 𝑃̅ est vraie

En résumé on a la table de vérité suivante :

𝑃 ¬𝑃
V F
F V

1
3.2 Conjonction

La conjonction de deux propositions 𝑃 et 𝑄 notée symboliquement par 𝑃 ∧ 𝑄 est vraie si les


deux propositions 𝑃 et 𝑄 sont vraies simultanément et elle est fausse dans les autres cas.
D’où la table de vérité suivante :

𝑃 𝑄 « P 𝑒𝑡 𝑄»
V V V
V F F
F V F
F F F
3.3 Disjonction

La disjonction de deux propositions 𝑃 et 𝑄 notée symboliquement par 𝑃 ∨ 𝑄 est fausse si les


deux propositions 𝑃 et 𝑄 sont fausses simultanément et elle est vraie dans les autres cas. D’où
la table de vérité suivante :

𝑃 𝑄 « P 𝑜𝑢 𝑄»
V V V
V F V
F V V
F F F
3.4 Implication

Le connecteur " ⇒ " est appelé le connecteur d’implication.

Soient 𝑃 et 𝑄 deux propositions, la proposition « 𝑃 ⇒ 𝑄 » est fausse dans le cas où 𝑃 est vraie
et 𝑄 est fausse et elle est vraie dans les autres cas, elle est définie par le tableau suivant :

𝑃 𝑄 «𝑃 ⇒ 𝑄»
V V V
V F F
F V V
F F V

La proposition « 𝑃 ⇒ 𝑄 » se lit « 𝑃 implique 𝑄 », 𝑃 est appelée l’hypothèse ou antécédent et


𝑄 la conclusion ou conséquence.

« 𝑄 ⇒ 𝑃 » est l’implication réciproque de « 𝑃 ⇒ 𝑄 »

« 𝑄̅ ⇒ 𝑃̅ » est l’implication contraposée de « 𝑃 ⇒ 𝑄 »

Pour exprimer que la proposition « 𝑃 ⇒ 𝑄 » est vraie on peut, selon l’usage utiliser l’une des
expressions suivantes :

𝑃 ⇒ 𝑄 ; 𝑃 implique 𝑄 ; 𝑃 entraine 𝑄

Si on a 𝑃, alors on a 𝑄 ; 𝑄 est conséquence de 𝑃

2
𝑃 est une condition suffisante pour 𝑄.

Pour qu’on ait Q, il suffit (il est suffisant) qu’on ait 𝑃

𝑄 est une condition nécessaire pour 𝑃.

Pour qu’on ait 𝑃, il faut qu’on ait 𝑄.

3.5 Equivalence

Le connecteur « ⟺ » est appelé le connecteur d’équivalence.

La proposition « P ⟺ 𝑄 » est vraie seulement dans le cas où 𝑃 et 𝑄 ont la même valeur de


vérité. Elle est définie par le tableau suivant :

𝑃 𝑄 «𝑃 ⟺ 𝑄»
V V V
V F F
F V F
F F V
Pour traduire que la proposition « 𝑃 ⟺ 𝑄 » est vraie, on peut utiliser l’une des expressions
suivantes :

𝑃 ⟺ 𝑄 , 𝑃 est équivaut à 𝑄, 𝑃 est équivalente à 𝑄,

𝑃 est une condition nécessaire et suffisante pour 𝑄,

Pour qu’on ait 𝑄 il faut et il suffit qu’on ait 𝑃,

On a 𝑄 si et seulement si on a 𝑃.

Propositions composées

Soient 𝑃1 , 𝑃2 , … , 𝑃𝑛 𝑛 propositions, on peut construire d’autres propositions en utilisant les


connecteurs logiques suivants: ¬ , ∧ ,∨ , "⇒" et " ⟺ "

Exemples : (𝑃 ∧ 𝑄) ⇒ 𝑅

(𝑃 ∧ 𝑄 ⟹ 𝑅) est une proposition composée de 𝑃, 𝑄, 𝑅 et les connecteurs " ∧ " et " ⟹ " sa
table de vérité est :

𝑃 𝑄 𝑅 𝑃 𝑒𝑡 𝑄 (𝑃 𝑒𝑡 𝑄) ⟹ R
V V V V V
V V F V F
V F V F V
V F F F V
F V V F V
F V F F V
F F V F V
F F F F V
4. Tautologie
3
Une proposition composée 𝛼 est une tautologie si et seulement si 𝛼 est vraie sur toutes les
lignes de sa table de vérité, c'est-à-dire que 𝛼 est vraie quel que soient les valeurs de vérité
des propositions qui la composent.

Exemples : 𝑃 ⟹ (𝑄 ⟹ 𝑃) ; (𝑃𝑜𝑢 𝑄) ⟺ (𝑛𝑜𝑛 𝑃 ⟹ 𝑄)

𝑃 𝑄 𝑄⇒ 𝑃 𝑃 ⟹ (𝑄 ⟹ 𝑃)
V V V V
V F V V
F V F V
F F V V

𝑃 𝑄 𝑛𝑜𝑛𝑃 𝑃𝑜𝑢 𝑄 𝑛𝑜𝑛 𝑃 ⇒ 𝑄 (𝑃𝑜𝑢 𝑄) ⟺ (𝑛𝑜𝑛 𝑃 ⟹ 𝑄)


V V F V V V
V F F V V V
F V V V V V
F F V F F V
5. Règles logiques

Théorème (Quelques règles logiques)

Pour toute assertion 𝑃, (𝑃 ∧ ¬𝑃) est une assertion fausse, c’est la loi de non contradiction.

Soient 𝑃, 𝑄, 𝑅 des propositions alors toutes les propositions suivantes sont des tautologies
qu’on appelle des règles logiques

(1) 𝑃𝑜𝑢 𝑃̅ Loi du tiers-exclu


(2) 𝑃 ⟺ 𝑃̿ Loi de la double négation
(3) 𝑃 ∧ 𝑃 ⇔ 𝑃, 𝑃 ∨ 𝑃 ⟺ 𝑃 Idempotence de ∧ et ∨
̅̅̅̅̅̅̅̅
(4) 𝑃 ∧ 𝑄 ⇔ 𝑃̅ ∨ 𝑄̅ , 𝑃
̅̅̅̅̅̅̅̅̅
∨ 𝑄 ⇔ 𝑃̅ ∧ 𝑄̅ Loi de Morgan
(5) (𝑃 ⟹ 𝑄) ⟺ ( 𝑄̅ ⟹ 𝑃̅) Loi de contraposition
(6) (𝑃 ∧ 𝑄) ⟺ (𝑄 ∧ 𝑃) Commutativité de ∧
(7) (𝑃 ∨ 𝑄) ⟺ (𝑄 ∨ 𝑃 ) Commutativité de ∨
(8) (𝑃 ∧ 𝑄) ∧ 𝑅 ⟺ 𝑃 ∧ (𝑄 ∧ 𝑅) Associativité de ∧
(9) (𝑃 ∨ 𝑄) ∨ 𝑅 ⟺ 𝑃 ∨ (𝑄 ∨ 𝑅) Associativité de ∨
(10) 𝑃 ∧ (𝑄 ∨ 𝑅) ⟺ (𝑃 ∧ 𝑄) ∨ ( 𝑃 ∧ 𝑅) Distributivité de ∧ / ∨
(11) 𝑃 ∨ (𝑄 ∧ 𝑅) ⟺ (𝑃 ∨ 𝑄) ∧ (𝑃 ∨ 𝑅) Distributivité de ∨/∧
(12) (𝑃 ⟹ 𝑄) ⇔(𝑄̅ ⇒ 𝑃̅) Loi de contraposition
(13) ((𝑃 ⇒ 𝑄) 𝑒𝑡 ( 𝑄 ⟹ 𝑅)) ⟹ (𝑃 ⟹ 𝑅) Transitivité de " ⇒ "
(14) (𝑃 ∧ (𝑃 ⇒ 𝑄)) ⇒ 𝑄 Règle du modus ponens
(15) (𝑃 ⟹ 𝑄) ⟺ (𝑃̅ ∨ 𝑄)
(16) (𝑃 ⟺ 𝑄) ⟺ (𝑃 ⇒ 𝑄) ∧ (𝑄 ⇒ 𝑃)
(17) ¬((𝑃 ⟹ 𝑄) ⇔ (𝑃 ∧ ¬𝑄)
(18) (𝑃 ⟺ 𝑄) ⟺ (𝑃 ⇒ 𝑄) ∧ (𝑄 ⇒ 𝑃)
(19) ((𝑃 ⟺ 𝑄) 𝑒𝑡 (𝑄 ⟺ 𝑅)) ⇔ ((𝑃 ⇒ 𝑄) 𝑒𝑡 ( 𝑄 ⟹ 𝑅) 𝑒𝑡 (𝑅 ⟹ 𝑃))

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(20) (𝑃𝑜𝑢 𝑄) ⟺ (𝑛𝑜𝑛 𝑃 ⟹ 𝑄)
(21) (𝑃 ⇒ (𝑄 ⇒ 𝑅)) ⟺ ((𝑃 ∧ 𝑄) ⇒ 𝑅)
(22) (𝑃 ⇒ 𝑄) ∧ (𝑃 ⟹ 𝑅) ⟺ (𝑃 ⟹ 𝑄 ∧ 𝑅)
(23) (¬𝑃 ⇒ 𝑄) ∧ (¬𝑃 ⇒ ¬𝑄) ⇔ 𝑃
(24) (𝑃 ⇒ 𝑄) ∧ (¬𝑃 ⇒ 𝑄) ⇔ 𝑄
(25) (𝑃 ⇒ 𝑅 ) ∧ (𝑄 ⇒ 𝑅) ⟺ ((𝑃 ∨ 𝑄) ⇒ 𝑅)
(26) (𝑃 ⇒ 𝑄) et (𝑃 ⟹ 𝑅) ⟺ (𝑃 ⟹ 𝑄 ∧ 𝑅)

Toutes ces règles peuvent se démontrer en utilisant la table de vérité, voir les exemples du
paragraphe précédent.

6. Quantificateurs

Soit 𝑃(𝑥) un énoncé tel que pour tout 𝑥 appartenant à un ensemble donné 𝐷, 𝑃(𝑥) est une
assertion. 𝐷 est le domaine de définition du prédicat 𝑃.

Pour tout 𝑥 appartenant à 𝐷, l’assertion 𝑃(𝑥) est vraie ou fausse.

Soit 𝐴 une partie 𝐷. Si pour tout 𝑥 dans 𝐴 l’assertion 𝑃(𝑥) est vraie, on écrit :

Pour tout 𝑥 ∈ 𝐴 on a 𝑃(𝑥) ou Pour tout 𝑥 ∈ 𝐴 , 𝑃(𝑥)

L’assertion 𝑄 ∶ « Pour tout 𝑥 ∈ 𝐴 , 𝑃(𝑥) » est notée

∀ 𝑥 ∈ 𝐴 , 𝑃(𝑥) ou ∀𝑥 ∈ 𝐴 , 𝑃

Le symbole "∀" est appelé quantificateur universel.

∀ … , … se lit pour tout … on a …

La négation de la proposition « Pour tout 𝑥 ∈ 𝐴, 𝑃(𝑥) » est l’assertion

«Il existe (au moins un) 𝑥 ∈ 𝐴 tel qu’on a ̅̅̅̅̅̅


𝑃(𝑥) » elle est notée :

∃𝑥 ∈ 𝐴, ̅̅̅̅̅̅̅
𝑃(𝑥) ou simplement ∃𝑥 ∈ 𝐴 , 𝑃̅

Le symbole "∃" est le quantificateur existentiel

Soit 𝑃(𝑥) un prédicat, l’assertion 𝑄 : Il existe 𝑥 dans 𝐴 tel qu’on a 𝑃(𝑥) est notée :

∃𝑥 ∈ 𝐴, 𝑃(𝑥) ou simplement ∃𝑥 ∈ 𝐴, 𝑃

Proposition.

Soit 𝑃 un prédicat défini sur un ensemble 𝐴. Alors :

¬( ∀𝑥 ∈ 𝐴 , 𝑃) ⟺ (𝑥 ∈ 𝐴 , ¬𝑃)

L’assertion « il existe un unique 𝑥 de 𝐴 tel que tel qu’on a 𝑃(𝑥) » se note

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∃! 𝑥 ∈ 𝐴 , 𝑃(𝑥)

Exemples :

- Pour toute proposition 𝑃 on a : ∀𝑥 ∈ ∅ , 𝑃(𝑥) (axiome de la théorie des ensembles)

- « ∀𝑛 ∈ ℕ, (𝑛 − 3)𝑛 ≥ 0 » est une assertion fausse.

- « ∀𝑛 ∈ ℕ, (𝑛2 pair ⟹ 𝑛 pair) » est une assertion vraie, sa négation est :

« ∃𝑛 ∈ ℕ , 𝑛 est pair et 𝑛2 impair » qui est une assertion fausse

- « ∃𝑥 ∈ ℝ , 𝑥 2 = −1 » est une assertion fausse

- « ∃! 𝑥 ∈ ℕ , 𝑥 2 = 4 » est une assertion vraie

Prédicat à deux variables

Soit 𝑃(𝑥, 𝑦) un prédicat à deux variables défini sur 𝐸 × 𝐹

Si pour tout (𝑥, 𝑦) dans 𝐸 × 𝐹 on a 𝑃(𝑥, 𝑦) on écrit

∀𝑥 ∈ 𝐸, ∀𝑦 ∈ 𝐹 , 𝑃(𝑥, 𝑦)

S’il existe (𝑥, 𝑦) dans 𝐸 × 𝐹 tel qu’on a 𝑃(𝑥, 𝑦) on écrit

∃𝑥 ∈ 𝐸 , ∃𝑦 ∈ 𝐹 , 𝑃(𝑥, 𝑦)

Si pour tout 𝑥 dans 𝐸 l’assertion « ∃𝑦 ∈ 𝐹 , 𝑃(𝑥, 𝑦) » est vraie on écrit

∀𝑥 ∈ 𝐸, ∃𝑦 ∈ 𝐹 , 𝑃(𝑥, 𝑦)

Si pour tout 𝑦 dans 𝐹 l’assertion « ∃𝑥 ∈ 𝐸 , 𝑃(𝑥, 𝑦) » est vraie on écrit

∀𝑦 ∈ 𝐹, ∃𝑥 ∈ 𝐸, 𝑃(𝑥, 𝑦)

Remarque. On peut changer l’ordre d’apparition de deux quantificateurs de même espèce,


mais on ne doit pas changer l’ordre de "∀" et "∃".

Exemple

« ∀𝑛 ∈ ℕ , ∃𝑚 ∈ ℕ , 𝑚 > 𝑛 » c’est une proposition vraie (on prend 𝑚 = 𝑛 + 1), elle traduit
que l’ensemble ℕ n’est pas majoré.

« ∃𝑚 ∈ ℕ , ∀𝑛 ∈ ℕ , 𝑚 > 𝑛 » c’est une proposition fausse.

Mais on peut remarquer qu’on a l’implication suivante :

(∃𝑥 ∈ 𝐸, ∀𝑦 ∈ 𝐹 , 𝑃(𝑥, 𝑦)) ⇒ (∀𝑦 ∈ 𝐹, ∃𝑥 ∈ 𝐸 , 𝑃(𝑥, 𝑦))

II. Raisonnement Mathématique : Méthodes usuelles de démonstration

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1. Démonstration directe

L’énoncé d’un Théorème est souvent de la forme 𝐻 ⟹ 𝐶 , l’hypothèse 𝐻 implique la


conclusion 𝐶. Une démonstration directe de cette implication est une suite finie de
propositions 𝑃0 , 𝑃1 , … , 𝑃𝑛+1 telles que

𝐻 ⟺ 𝑃0 , 𝐶 ⟺ 𝑃𝑛+1 et 𝑃𝑖 ⟹ 𝑃𝑖+1 ; 0≤ 𝑖 ≤ 𝑛.

Par la transitivité de l’implication logique, la donnée d’une telle suite est une démonstration
de 𝐻 ⟹ 𝐶.

Exemple 1.

𝑛 impair ⟹ 𝑛2 impair

𝑛 impair ⟺ ∃𝑘 ∈ ℤ , 𝑛 = 2𝑘 + 1 et 𝑛2 est impair ⟺ ∃𝑞 ∈ ℤ , 𝑛2 = 2𝑞 + 1

𝑛 = 2𝑘 + 1 ⟹ 𝑛2 = 4𝑘 2 + 4𝑘 + 1

𝑛2 = 4𝑘 2 + 4𝑘 + 1 ⟹ 𝑛2 = 2(2𝑘 2 +2k) +1

2. Démonstration par contraposition

La démonstration par contraposition est basée sur la loi de contraposition

(𝐻 ⟹ 𝐶) ⟺ (𝐶̅ ⟹ 𝐻
̅)

Ainsi pour démontrer 𝐻 ⟹ 𝐶 il est commode de démontrer 𝐶̅ ⟹ 𝐻


̅

Exemple 2

𝑛2 est impair ⟹ 𝑛 est impair

𝑛 pair ⟺ ∃𝑘 ∈ ℤ , 𝑛 = 2𝑘 et 𝑛2 est pair ⟺ ∃𝑞 ∈ ℤ , 𝑛2 = 2𝑞

𝑛 = 2𝑘 ⇒ 𝑛2 = 4𝑘 2 = 2(2𝑘 2 )

𝑛2 = 4𝑘 2 ⇒ 𝑛2 = 2(2𝑘 2 )

𝑛2 =2(2𝑘 2 ) ⟹ ∃𝑞 ∈ ℤ , 𝑛2 = 2𝑞

3. Démonstration par absurde

La démonstration par absurde est basée la loi logique suivante :

(¬𝑃 ⇒ 𝑄) ∧ (¬𝑃 ⇒ ¬𝑄) ⇔ 𝑃

Pour montrer qu’une proposition 𝑃 est vraie, on montre que ¬𝑃 ⇒ 𝑄 et ¬𝑃 ⇒ ¬𝑄 pour une
certaine proposition 𝑄.

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Pour cela, on suppose 𝑃 fausse et on recherche une proposition 𝑄 telle qu’on ait à la fois 𝑄 et
¬𝑄 ; on aboutit donc à la contradiction (𝑄 et ¬𝑄 ). On dit que l’hypothèse "𝑃 fausse" est
absurde et par suite 𝑃est vraie.

On écrit lors de la rédaction :

Raisonnons par l’absurde ; supposons qu’on a ¬𝑃 et montrons qu’on obtient une


contradiction …

Pour montrer que (𝐻 ⟹ 𝐶) est vraie par absurde, on suppose que l’on a 𝐻 ∧ 𝐶̅ et on cherche
une proposition 𝑄 telle qu’on ait à la fois 𝑄 et ¬𝑄.

Exemple 3. Soit 𝑥 ∈ ℝ. Montrons par absurde que : (∀𝜀 > 0 , |𝑥| < 𝜀) ⟹ 𝑥 = 0

Supposons que (∀𝜀 > 0 , |𝑥| < 𝜀) et 𝑥 ≠ 0 , alors en prenant 𝜀 = |𝑥| on obtient 𝜀 < 𝜀

On obtient donc une contradiction

4. Démonstration par disjonction des cas

Ce raisonnement est basé sur la règle logique suivante :

(𝑃 ⟹ 𝑅) 𝑒𝑡 (𝑄 ⟹ 𝑅) ⟺ (𝑃 𝑜𝑢 𝑄 ⟹ 𝑅)

Exemple 4.

𝑛 est un entier ⟹ 𝑛(𝑛 + 1) est un entier pair

𝑛 est un entier ⟺ 𝑛 est un enlier pair ou 𝑛 est un entier impair

𝑛 est un enlier pair ⟺ ∃𝑘 ∈ ℤ , 𝑛 = 2𝑘

𝑛 = 2𝑘 ⟹ 𝑛(𝑛 + 1) = 2𝑘(2𝑘 + 1)

Donc , 𝑛 est un entier pair ⟹ 𝑛(𝑛 + 1) est un entier pair

𝑛 est un enlier impair ⟺ ∃𝑘 ∈ ℤ , 𝑛 = 2𝑘 + 1

𝑛 = 2𝑘 + 1 ⟹ 𝑛(𝑛 + 1) = (2𝑘 + 1)(2𝑘 + 2)

𝑛(𝑛 + 1) = (2𝑘 + 1)(2𝑘 + 2) ⟹ 𝑛(𝑛 + 1) = 2(𝑘 + 1)(2𝑘 + 1)

Donc , 𝑛 est un entier impair ⟹ 𝑛(𝑛 + 1) est un entier pair

On conclut donc que pour tout entier 𝑛 on a

(𝑛 est un entier pair ou 𝑛 est un entier impair) ⟹ 𝑛(𝑛 + 1) est un entier pair

Soit 𝑃(𝑥) un prédicat défini sur un ensemble 𝐷. Soit 𝐸 = 𝐸1 ∪ 𝐸2 ∪ … ∪ 𝐸𝑛 une partie de 𝐷.


Pour démontrer que ∀𝑥 ∈ 𝐸 , 𝑃(𝑥) ; on montre que pour tout 𝑖; 1 ≤ 𝑖 ≤ 𝑛 l’assertion (∀𝑥 ∈
𝐸𝑖 , 𝑃(𝑥) ) est vraie

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Exemple. Soit 𝑎 un nombre réel < 0. Montrer que ∀(𝑥, 𝑦) ∈ ℝ2 𝑀𝑎𝑥(𝑎𝑥, 𝑎𝑦) = 𝑎𝑀𝑖𝑛(𝑥, 𝑦)

Soient 𝑥, 𝑦 deux nombres réels fixés on a (𝑥 ≤ 𝑦 𝑜𝑢 𝑦 ≤ 𝑥)

Supposons 𝑥 ≤ 𝑦, alors 𝑎𝑥 ≥ 𝑎𝑦 et 𝑀𝑎𝑥(𝑎𝑥, 𝑎𝑦) = 𝑎𝑥 = 𝑎𝑀𝑖𝑛(𝑥, 𝑦)

Supposons 𝑥 ≥ 𝑦, alors 𝑎𝑥 ≤ 𝑎𝑦 et 𝑀𝑎𝑥(𝑎𝑥, 𝑎𝑦) = 𝑎𝑦 = 𝑎𝑀𝑖𝑛(𝑥, 𝑦)

D’où le résultat.

4. Démonstration de 𝑷 ∨ 𝑸

On utilise la règle logique suivante : (𝑃 𝑜𝑢 𝑄) ⟺ (¬𝑃 ⟹ 𝑄) ⟺ (¬𝑄 ⟹ 𝑃)

Pour montrer que la proposition 𝑃 ∨ 𝑄 est vraie, on montre ¬𝑃 ⟹ 𝑄 ou ¬𝑄 ⟹ 𝑃.

Exemple 4 : ∀𝑛 ∈ ℕ, 2 divise 𝑛2 ou 8 divise (𝑛2 − 1)

En effet supposons que 2 ne divise pas 𝑛2 alors 𝑛 est impair (voir exemple 2), il existe donc
un entier 𝑘 tel que 𝑛 = 2𝑘 + 1 et donc 𝑛2 − 1 = 4𝑘(𝑘 + 1) , or 𝑘(𝑘 + 1) est pair (voir
exemple 5), donc 8 divise 𝑛2 − 1.

6. Raisonnement par contre exemple.

Pour montrer qu’une assertion du type (∀𝑥 ∈ 𝐸, 𝑃(𝑥)) est fausse, il suffit de montrer que sa
négation (∃𝑥 ∈ 𝐸 , ̅̅̅̅̅̅
𝑃(𝑥) ) est vraie. Il suffit donc de trouver un élément 𝑥 dans 𝐸 tel qu’on a
̅̅̅̅̅̅
𝑃(𝑥) est vraie : on dit qu’on a trouvé un contre-exemple.

Ce raisonnement est basé sur l’équivalence logique

¬(∀𝑥 ∈ 𝐸, 𝑃(𝑥)) ⟺ (∃𝑥 ∈ 𝐸 , ̅̅̅̅̅̅


𝑃(𝑥))

Exemple.

Montrer que « ∀𝑥 ∈ ℝ, ∀𝜀 > 0, (|𝑥| < 𝜀 ⟹ 𝑥 = 0) » est une assertion fausse

La négation de cette assertion est : « ∃𝑥 ∈ ℝ, ∃𝜀 > 0, (|𝑥| < 𝜀 𝑒𝑡 𝑥 ≠ 0) »

Si 𝑥 = 1 et 𝜀 = 2, nous avons |𝑥| < 𝜀 𝑒𝑡 𝑥 ≠ 0, la négation de l’assertion est vraie, donc


l’assertion est fausse.

7. Démonstration par récurrence

Propriété de récurrence. Soit 𝑃(𝑛) un prédicat définit sur ℕ et soit 𝑛0 un entier naturel.
Supposons que l’on ait les propriétés suivantes :

1) 𝑃(𝑛0 ) est vraie


2) Pour tout entier naturel 𝑛 ≥ 𝑛0 , 𝑃(𝑛) ⟹ 𝑃(𝑛 + 1)

Alors pour tout entier naturel 𝑛 ≥ 𝑛0 , 𝑃(𝑛) est vraie.

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Cette Propriété s’appuie sur le théorème d’arithmétique suivant :

Soit 𝐴 une partie de ℕ qui vérifie

1) 0∈ 𝐴
2) ∀𝑛 ∈ ℕ ; 𝑛 ∈ 𝐴 ⇒ 𝑛 + 1 ∈ 𝐴

Alors 𝐴 = ℕ

Nous donnons ici d’autres variantes de la propriété de récurrence

Propriété de récurrence multiple (d’ordre 𝑚; 𝑚 ∈ ℕ∗ )

Soit 𝑃(𝑛) un prédicat définit sur ℕ et soit 𝑛0 un entier naturel. Supposons que

l’on ait les propriétés suivantes :

1) 𝑃(𝑛0 ) ∧ 𝑃(𝑛0 + 1) ∧ … ∧ 𝑃(𝑛0 + 𝑚 − 1) est vraie


2) ∀ 𝑛 ≥ 𝑛0 , 𝑃(𝑛) ∧ 𝑃(𝑛 + 1) ∧ … ∧ 𝑃(𝑛 + 𝑚 − 1) ⟹ 𝑃(𝑛 + 𝑚)

Alors pour tout entier naturel 𝑛 ≥ 𝑛0 , 𝑃(𝑛) est vraie.

Cette propriété n’est autre que la propriété e la récurrence simple appliquée au prédicat
(𝑃(𝑛) ∧ 𝑃(𝑛 + 1) ∧ … ∧ 𝑃(𝑛 + 𝑚 − 1))

Propriété de récurrence forte

Soit 𝑃(𝑛) un prédicat définit sur ℕ et soit 𝑛0 un entier naturel. Supposons que

l’on ait les propriétés suivantes :

1) 𝑃(𝑛0 ) est vraie


2) ∀ 𝑛 ≥ 𝑛0 , 𝑃(𝑛0 ) ∧ 𝑃(𝑛0 + 1) ∧ … ∧ 𝑃(𝑛) ⟹ 𝑃(𝑛 + 1)

Alors pour tout entier naturel 𝑛 ≥ 𝑛0 , 𝑃(𝑛) est vraie.

La récurrence forte s’obtient en appliquant la récurrence simple au prédicat

(𝑃(𝑛0 ) ∧ 𝑃(𝑛0 + 1) ∧ … ∧ 𝑃(𝑛))

Exemple. On définit une suite (𝑣𝑛 ) par :

𝑣0 = 1 et, pour tout entier 𝑛 ≥ 1 , 𝑣𝑛 = 𝑣0 + ⋯ + 𝑣𝑛−1 = ∑𝑖=𝑛−1


𝑖=0 𝑣𝑖 .

Montrer que pour tout entier 𝑛 ≥ 1 , 𝑣𝑛 = 2𝑛−1. Notons 𝑃(𝑛): 𝑣𝑛 = 2𝑛−1 ; 𝑛 ≥ 1

On a 𝑃(1) est vraie

Supposons que 𝑃(1) ∧ … ∧ 𝑃(𝑛) est vraie pour un entier 𝑛 ≥ 1 et montrons que 𝑃(𝑛 + 1) est
vraie. Par définition on a 𝑣𝑛+1 = 𝑣0 + 𝑣1 + ⋯ + 𝑣𝑛 , 𝑣0 = 1 et par hypothèse de
récurrence 𝑣1 + ⋯ + 𝑣𝑛 = 1 + 2 + ⋯ + 2𝑛−1

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𝑞 𝑛 −1
Or pour tout nombre réel 𝑞 ≠ 1, 𝑆𝑛 = 1 + 𝑞 + ⋯ + 𝑞 𝑛−1 = , donc
𝑞−1

2𝑛 −1
𝑣𝑛+1 = 1 + = 2𝑛 , donc 𝑃(𝑛 + 1) est vraie.
2−1

Conclusion : ∀𝑛 ≥ 1 , 𝑣𝑛 = 2𝑛−1

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Chapitre 2

Ensembles- Applications- Relations binaires

I. Ensembles

1. Définitions

Un ensemble est une collection d’objets satisfaisant un certain nombre de propriétés et


chacun de ces objets est appelé élément de cet ensemble.

Un ensemble est bien déterminé si l’on peut répondre par oui ou par non à la question : tel
objet appartient t-il à cet ensemble et ceci quelque soit l’objet considéré.

Un ensemble particulier est l’ensemble vide, noté ∅ qui est l’ensemble ne contenant aucun
élément.

On note 𝑥 ∈ 𝐸 si 𝑥 est un élément de E, et 𝑥 ∉ 𝐸 dans le cas contraire.

Exemples d’ensembles :

ℕ L’ensemble des entiers naturels, ℤ l’ensemble des entiers relatifs, ℚ l’ensemble des
nombres rationnels, ℝ l’ensemble des nombres réels, ℂ l’ensemble des nombres complexes.

ℕ∗ désigne l’ensemble des entiers naturels non nuls, ℤ∗ l’ensemble des entiers non nuls, ℚ∗
l’ensemble des rationnels non nuls, ℝ∗ l’ensemble des nombres réels non nuls.

Ensemble défini en extension

On définit un ensemble en extension en présentant la liste des éléments qui le forment entre
accolades { }, les éléments étant séparés par une virgule ou un point-virgule. L’ordre de
présentation des éléments n’intervient pas et chaque élément ne peut figurer qu’une seule fois.

Exemples :

L’ensemble 𝐸 dont les éléments sont les chiffres de la base décimale est noté

𝐸 = {0, 1,2,3,4,5,6,7,8,9}

L’ensemble des lettres qui forment le mot ALGEBRE est noté

𝐸 = {𝐴, 𝐿, 𝐺, 𝐸, 𝐵, 𝑅} ou 𝐸 = {𝐴, 𝐵, 𝐸, 𝐺, 𝐿, 𝑅}

Un ensemble ayant un seul élément 𝑥 est noté {𝑥} et on l’appelle le singleton {𝑥}. On a 𝑥 ∈
{𝑥} mais pas 𝑥 = {𝑥}.

Un ensemble qui contient deux éléments s’appelle une paire.

Un ensemble fini est un ensemble ayant un nombre fini d’éléments

Le nombre d’éléments d’un ensemble fini 𝐹 s’appelle cardinal de 𝐹 et se note 𝐶𝑎𝑟𝑑𝐹

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Ensemble défini en compréhension

Soit 𝑃 une propriété qui porte sur les éléments d’un ensemble donné 𝐸, on peut définir
l’ensemble 𝐹 des éléments de 𝐸 qui possède la propriété 𝑃.

On note de la manière suivante 𝐹 = {𝑥 ∈ 𝐸; 𝑃(𝑥)} = {𝑥 ∈ 𝐸 | 𝑃(𝑥)}

𝐹 est un ensemble défini en compréhension.

Exemples :

𝐹 = {𝑛 ∈ ℕ∗ ; 𝑛 < 5} , on a aussi 𝐹 = {1, 2,3, 4}.

La définition en compréhension de l’intervalle ]0, 1] est {𝑥 ∈ ℝ ; 0 < 𝑥 ≤ 1}

Relation d’inclusion

Soient 𝐸 et 𝐹 deux ensembles, on dit que 𝐹 est inclus dans 𝐸 si chaque élément de 𝐹 est aussi
élément de 𝐸 (∀ 𝑥 , 𝑥 ∈ 𝐹 ⟹ 𝑥 ∈ 𝐸 ). On dit aussi que 𝐹 est une partie de 𝐸 ou 𝐹 est un
sous-ensemble 𝑑𝑒 𝐸 ou encore 𝐹 est contenu dans 𝐸.

ℕ⊂ℤ⊂ℚ⊂ℝ⊂ℂ

Egalité de deux ensembles

Deux ensembles 𝐸 et 𝐹 sont égaux si et seulement si 𝐸 ⊂ 𝐹 et 𝐹 ⊂ 𝐸

2. Ensembles de Parties d’un ensemble

Soit 𝐸 un ensemble donné, l’ensemble des parties de 𝐸 est l’ensemble de toutes les parties de
E, on le note 𝒫(𝐸).

Un élément de 𝒫(𝐸) est une partie de 𝐸, on a 𝐸 ∈ 𝒫(𝐸) et ∅ ∈ 𝒫(𝐸)

Exemple

𝐸 = {0, 1} ; 𝒫(𝐸) = {∅, {0}, {1}, {0,1}}

3. Relations et opérations dans l’ensemble des parties d’un ensemble

Soit E un ensemble. Soient 𝐴, 𝐵 deux éléments de 𝒫(𝐸).

1) Inclusion

𝐴 ⊂ 𝐵 ⟺ (∀ 𝑥 ∈ 𝐸 𝑥 ∈ 𝐴 ⟹ 𝑥 ∈ 𝐵)

2) Egalité

𝐴 = 𝐵 ⇔ 𝐴 ⊂ 𝐵 𝑒𝑡 𝐵 ⊂ 𝐴

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3) Intersection

𝐴 ∩ 𝐵 ={𝑥 ∈ 𝐸 ; 𝑥 ∈ 𝐴 et 𝑥 ∈ 𝐵 } est l’intersection de 𝐴 et 𝐵

Si 𝐴 ∩ 𝐵 = ∅, on dit que 𝐴 et 𝐵 sont disjoints

4) Réunion

𝐴 ∪ 𝐵 ={𝑥 ∈ 𝐸 ; 𝑥 ∈ 𝐴 ou 𝑥 ∈ 𝐵 } est l’union des ensembles 𝐴 et 𝐵

5) Complémentaire d’un ensemble

Le complémentaire de 𝐴 dans 𝐸 est l’ensemble {𝑥 ∈ 𝐸 ; 𝑥 ∉ 𝐴}, on le note 𝐶𝐸𝐴 ou 𝐴𝑐

6) Différence

𝐴 ∖ 𝐵 ={𝑥 ∈ 𝐸 ; 𝑥 ∈ 𝐴 et 𝑥 ∉ 𝐵} = 𝐴 ∩ 𝐵 𝑐 est la différence de 𝐴 et 𝐵

7) Différence symétrique

𝐴𝛥𝐵 = (𝐴 ∖ 𝐵) ∪ (𝐵 ∖ 𝐴) est la différence symétrique de 𝐴 et 𝐵

4. Propriétés des opérations dans l’ensemble des parties d’un ensemble

Soient 𝐴, 𝐵, 𝐶 des parties d’un ensemble E. Alors on a les propriétés suivantes:

(1) 𝐴 ∩ 𝐵 = 𝐵 ∩ 𝐴 , 𝐴 ∩ 𝐴 = 𝐴 , 𝐴 ∩ 𝐸 = 𝐴 , 𝐴 ∩ ∅ = ∅

(2) 𝐴 ∩ (𝐵 ∩ 𝐶) = (𝐴 ∩ 𝐵) ∩ 𝐶

(3) 𝐴 ∪ 𝐵 = 𝐵 ∪ 𝐴 , 𝐴 ∪ 𝐴 = 𝐴 , 𝐴 ∪ ∅ = 𝐴 , 𝐴 ∪ 𝐸 = 𝐸

(4) 𝐴 ∪ (𝐵 ∪ 𝐶) = (𝐴 ∪ 𝐵) ∪ 𝐶

(5) 𝐴 ∩ (𝐵 ∪ 𝐶) = (𝐴 ∩ 𝐵) ∪ (𝐴 ∩ 𝐶)

(6) 𝐴 ∪ (𝐵 ∩ 𝐶) = (𝐴 ∪ 𝐵) ∩ (𝐴 ∪ 𝐶)

(7) (𝐴𝑐 )𝑐 = 𝐴 , (𝐴 ∩ 𝐵)𝑐 = 𝐴𝑐 ∪ 𝐵 𝑐 et (𝐴 ∪ 𝐵)𝑐 = 𝐴𝑐 ∩ 𝐵 𝑐

(8) 𝐴𝛥𝐵 = 𝐵𝛥𝐴 , 𝐴𝛥𝐴 = ∅ , 𝐴𝛥∅ = 𝐴 , 𝐴𝛥𝐸 = 𝐴𝑐

Preuve.

Toutes ces propriétés est une reformulation des lois logiques vues au chapitre 1

On va montrer à titre d’exemple (7). Soit 𝑥 ∈ 𝐸

𝑥 ∈ 𝐴𝑐 ⟺ 𝑥 ∉ 𝐴 ⟺ 𝑛𝑜𝑛(𝑥 ∈ 𝐴)

𝑥 ∈ (𝐴𝑐 )𝑐 ⟺ 𝑛𝑜𝑛(𝑥 ∈ 𝐴𝑐 ) ⟺ 𝑛𝑜𝑛(𝑛𝑜𝑛 (𝑥 ∈ 𝐴)) ⟺ 𝑥 ∈ 𝐴

On a utilisé la loi logique de la double négation : 𝑛𝑜𝑛 (𝑛𝑜𝑛 𝑃) ⟺ 𝑃

14
𝑥 ∈ (𝐴 ∩ 𝐵)𝑐 ⟺ 𝑛𝑜𝑛(𝑥 ∈ 𝐴 ∩ 𝐵) ⟺ 𝑛𝑜𝑛 (𝑥 ∈ 𝐴 et 𝑥 ∈ 𝐵)

En utilisant la loi Morgan, on obtient :

𝑥 ∈ (𝐴 ∩ 𝐵)𝑐 ⟺ 𝑛𝑜𝑛 (𝑥 ∈ 𝐴 ) ou (𝑛𝑜𝑛 𝑥 ∈ 𝐵)⟺ 𝑥 ∈ 𝐴𝑐 ou 𝑥 ∈ 𝐵 𝑐 ⟺ 𝑥 ∈ 𝐴𝑐 ∪ 𝐵 𝑐

De même on obtient

𝑥 ∈ (𝐴 ∪ 𝐵)𝑐 ⟺ 𝑥 ∈ 𝐴𝑐 et 𝑥 ∈ 𝐵 𝑐

5. Produit cartésien

Soient 𝐸 𝑒𝑡 𝐹 deux ensembles. Le produit cartésien, noté 𝐸 × 𝐹, est l’ensemble des couples
(𝑥, 𝑦) où 𝑥 ∈ 𝐸 et 𝑦 ∈ 𝐹.

Soient 𝐸𝑖 ; 1 ≤ 𝑖 ≤ 𝑛 , 𝑛 ensembles. Le produit cartésien, noté 𝐸1 × 𝐸2 × … × 𝐸𝑛 ,

est l’ensemble des 𝑛-uplets (𝑥1 , 𝑥2 , … , 𝑥𝑛 ) où 𝑥𝑖 ∈ 𝐸𝑖 ; 1 ≤ 𝑖 ≤ 𝑛.

Exemples :

𝐸 2 = 𝐸 × 𝐸 = {(𝑥, 𝑦); 𝑥 ∈ 𝐸 𝑒𝑡 𝑦 ∈ 𝐸} , ℝ2 = {(𝑥, 𝑦); 𝑥, 𝑦 ∈ ℝ}

[0,1] × [0,1] = {(𝑥, 𝑦) ∈ ℝ2 ; 0 ≤ 𝑥 ≤ 1 𝑒𝑡 0 ≤ 𝑦 ≤ 1}

𝐸 𝑛 = {(𝑥1 , 𝑥2 , … , 𝑥𝑛 ); 𝑥𝑖 ∈ 𝐸; 1 ≤ 𝑖 ≤ 𝑛}

ℝ𝑛 = {(𝑥1 , 𝑥2 , … , 𝑥𝑛 ); 𝑥𝑖 ∈ ℝ; 1 ≤ 𝑖 ≤ 𝑛}

6. Partition

Soit ℱ = {𝐹𝑖 ; 𝑖 ∈ 𝐼} un ensemble de parties non vides d’un ensemble 𝐸, 𝐹𝑖 ⊂ 𝐸 pour tout 𝑖
appartenant à un ensemble d’indices 𝐼.

On dit que l’ensemble ℱ est une partition de 𝐸 si

∀ 𝑖, 𝑗 ∈ 𝐼, 𝑖 ≠ 𝑗 ⟹ 𝐹𝑖 ∩ 𝐹𝑗 = ∅ , et 𝐸 = ⋃𝑖∈𝐼 𝐹𝑖

Exemple {[𝑛, 𝑛 + 1[ ; 𝑛 ∈ 𝑍} est une partition de ℝ

II. Applications

Soient 𝐸, 𝐹 et 𝐺 des ensembles

1. Définitions

- Une application 𝑓 de 𝐸 dans 𝐹 , 𝑓 ∶ 𝐸 → 𝐹, c’est la donnée pour chaque élément 𝑥 de


𝐸 d’un unique élément de 𝐹 noté 𝑓(𝑥) et appelé l’image de 𝑥 par l’application 𝑓.

Notation 𝑓 ∶ 𝐸 → 𝐹

𝑥 ↦ 𝑓(𝑥)

15
-Deux applications 𝑓 et 𝑔 définies de 𝐸 dans 𝐹 sont dites égales si

∀ 𝑥 ∈ 𝐸, 𝑓(𝑥) = 𝑔(𝑥)

- Composition des applications

Soient 𝑓 une application de 𝐸 dans 𝐹 et 𝑔 une application de 𝐹 dans 𝐺.

L’application de 𝐸 dans 𝐺 qui à tout 𝑥 dans 𝐸 fait correspondre 𝑔(𝑓(𝑥))

s’appelle la composée de 𝑔 et 𝑓 et se note 𝑔 ∘ 𝑓 .

𝑔∘𝑓 ∶ 𝐸 ⟶ 𝐹 ⟶𝐺

𝑥 ↦ 𝑓(𝑥) ↦ 𝑔(𝑓𝑥))

- L’identité de 𝐸 est l’application de 𝐸 dans 𝐸 qui à tout élément 𝑥 de 𝐸 fait correspondre lui-
même, elle est notée 𝐼𝑑𝐸 : ∀𝑥 ∈ 𝐸 , 𝐼𝑑𝐸 (𝑥) = 𝑥

Pour toute application de 𝐸 dans 𝐹, 𝑓 ∘ 𝐼𝑑𝐸 = 𝑓 et 𝐼𝑑𝐹 ∘ 𝑓 = 𝑓

- Restriction et prolongement

Soit 𝐴 une partie de 𝐸.

Soient 𝑓 une application de 𝐸 dans 𝐹 et 𝑔 une application de 𝐴 dans 𝐹 telles que

∀𝑥 ∈ 𝐴 , 𝑓(𝑥) = 𝑔(𝑥)

On dit que 𝑔 est la restriction de 𝑓 à l’ensemble 𝐴 et que 𝑓 est un prolongement de 𝑔 à


l’ensemble 𝐸.

2. Image directe- Image réciproque- Antécédents

Définition 1

Soit 𝐴 une partie de 𝐸 et 𝑓 une application de 𝐸 dans 𝐹. L’image de 𝐴 par 𝑓 est l’ensemble
𝑓(𝐴) = {𝑓(𝑥); 𝑥 ∈ 𝐴}

Définition 2

Soit 𝑓 une application de 𝐸 dans 𝐹 et 𝐵 une partie de 𝐹. L’image réciproque de 𝐵 par 𝑓 est
l’ensemble 𝑓 −1 (𝐵) = {𝑥 ∈ 𝐸; 𝑓(𝑥) ∈ 𝐵}

Définition 3

Soit 𝑓 une application de 𝐸 dans 𝐹. Fixons 𝑦 dans 𝐹.

Un élément 𝑥 appartenant à 𝐸 est dit un antécédent de 𝑦 si 𝑓(𝑥) = 𝑦

L’ensemble des antécédents de 𝑦 par 𝑓 n’est autre que l’image réciproque du singleton {𝑦}
par l’application 𝑓 : 𝑓 −1 ({𝑦})

16
3. Injection- Surjection- Bijection

Soit 𝑓 une application de 𝐸 dans F

Définition 1

𝑓 est dite injective si ∀𝑥, 𝑥’ ∈ 𝐸 , 𝑥 ≠ 𝑥 ′ ⟹ 𝑓(𝑥) ≠ 𝑓(𝑥 ′ ); ou si

∀𝑥, 𝑥’ ∈ 𝐸 , 𝑓(𝑥) = 𝑓(𝑥’) ⟹ 𝑥 = 𝑥’

Autrement dit si tout élément de 𝐹 admet au plus un antécédent par 𝑓, c'est-à-dire que pour
tout 𝑦 de 𝐹 l’équation 𝑓(𝑥) = 𝑦 admet au plus une solution dans 𝐸

Définition 2

𝑓 est dite surjective si tout élément de 𝐹 admet au mois un antécédent par 𝑓 :

∀𝑦 ∈ 𝐹, ∃𝑥 ∈ 𝐸 ; 𝑦 = 𝑓(𝑥)

Autrement dit, si pour tout 𝑦 dans 𝐹 l’équation 𝑓(𝑥) = 𝑦 admet au moins une solution dans 𝐸

Définition 3

𝑓 est dite bijective si tout élément de 𝐹 admet un antécédent et un seul par 𝑓 :

∀𝑦 ∈ 𝐹 ∃! 𝑥 ∈ 𝐸 ; 𝑦 = 𝑓(𝑥)

Autrement dit, si pour tout 𝑦 dans 𝐹 l’équation 𝑓(𝑥) = 𝑦 admet une solution unique dans 𝐸

4. Application réciproque

Définition. Soit 𝑓 une application bijective de 𝐸 dans 𝐹. L’application qui à tout élément 𝑦 de
𝐹 fait correspondre son unique antécédent par 𝑓 s’appelle l’application réciproque de 𝑓 et est
notée 𝑓 −1 .

On a 𝑓 ∘ 𝑓 −1 = 𝐼𝑑𝐹 et 𝑓 −1 ∘ 𝑓 = 𝐼𝑑𝐸

Théorème.

Soit 𝑓 une application de 𝐸 dans 𝐹. L’application 𝑓 est bijective si et seulement si il existe


une application 𝑔 de 𝐹 dans 𝐸 telle que 𝑓 ∘ 𝑔 = 𝐼𝑑𝐹 et 𝑔 ∘ 𝑓 = 𝐼𝑑𝐸

Preuve.

Si 𝑓 est bijective, alors 𝑓 ∘ 𝑓 −1 = 𝐼𝑑𝐹 et 𝑓 −1 ∘ 𝑓 = 𝐼𝑑𝐸 , on prend 𝑔 = 𝑓 −1 .

Réciproquement supposons qu’i existe 𝑔 de 𝐹 dans 𝐸 telle que 𝑓 ∘ 𝑔 = 𝐼𝑑𝐹 et 𝑔 ∘ 𝑓 = 𝐼𝑑𝐸

Soient 𝑥, 𝑥′ deux éléments de 𝐸. 𝑓(𝑥) = 𝑓(𝑥 ′ ) ⟹ 𝑔 ∘ 𝑓(𝑥) = 𝑔 ∘ 𝑓(𝑥 ′ )

Or 𝑔 ∘ 𝑓 = 𝐼𝑑𝐸 donc 𝑓(𝑥) = 𝑓(𝑥 ′ ) ⟹ 𝑥 = 𝑥′ . Donc 𝑓 est injective.

17
Soit 𝑦 un élément de 𝐹 alors 𝑓(𝑔(𝑦)) = 𝑦 car 𝑓 ∘ 𝑔 = 𝐼𝑑𝐹 , et donc 𝑔(𝑦) est un antécédent
de 𝑦. Ceci montre que 𝑓 est surjective.

On a montré que 𝑓 est injective et surjective donc 𝑓 est bijective.

III. Relations binaires

1. Définitions

Définition 1. Une relation binaire ℛ sur un ensemble 𝐸 c’est la donnée d’un sous-ensemble Γℛ
de 𝐸 × 𝐸. Si (𝑥, 𝑦) ∈ 𝐸 × 𝐸, on dit que 𝑥 est en relation avec 𝑦 et on note 𝑥 ℛ𝑦 si et
seulement si (𝑥, 𝑦) ∈ Γℛ .

Γℛ ={(𝑥, 𝑦) ∈ 𝐸 2 ; 𝑥 ℛ𝑦}

Définition 2. Une relation binaire ℛ sur un ensemble 𝐸 est dite :

1) Réflexive si ∀𝑥 ∈ 𝐸 , 𝑥ℛ𝑥
2) Symétrique si ∀𝑥, 𝑦 ∈ 𝐸 , 𝑥ℛ𝑦 ⟹ 𝑦ℛ𝑥
3) Antisymétrique si ∀𝑥, 𝑦 ∈ 𝐸 , 𝑥ℛ𝑦 𝑒𝑡 𝑦ℛ𝑥 ⇒ 𝑥 = 𝑦
4) Transitive si ∀𝑥, 𝑦, 𝑧 ∈ 𝐸 , 𝑥ℛ𝑦 𝑒𝑡 𝑦ℛ𝑧 ⇒ 𝑥ℛ𝑧

2. Relation d’ordre

2.1 Définitions

Définition 3. Une relation binaire ℛ sur un ensemble 𝐸 qui est réflexive, antisymétrique et
transitive est dite une relation d’ordre.

Un ensemble muni d’une relation d’ordre est dit un ensemble ordonné

Notation : Une relation d’ordre est souvent notée ≤ ou ≼

Définition 4. Deux éléments 𝑎 et 𝑏 d’un ensemble ordonné par une relation ℛ sont dit
comparables si 𝑎ℛ𝑏 ou 𝑏ℛ𝑎

Définition 5 .Soit ℛ une relation d’ordre sur un ensemble 𝐸.

Si tous les éléments de 𝐸 sont deux à deux comparables on dit que ℛ est une relation d’ordre
total et que 𝐸 est totalement ordonné. Dans le cas contraire on dit que la relation ℛ est une
relation d’ordre partiel et que l’ensemble 𝐸 est partiellement ordonné.

Exemples

1) La relation ≤ d’ordre usuel dans ℝ est une relation d’ordre total

2) La relation de divisibilité dans ℕ est une relation d’ordre partiel

∀(𝑛, 𝑚) ∈ ℕ2 𝑛ℛ𝑚 ⟺ 𝑛|𝑚 ⟺ ∃𝑞 ∈ ℕ ; 𝑚 = 𝑞𝑛


3 et 5 ne sont pas comparables
18
3) Soit 𝐸 un ensemble qui contient au moins deux éléments, la relation d’inclusion dans 𝒫(𝐸)
est une relation d’ordre partiel.

Soient 𝑎, 𝑏 deux éléments distincts de 𝐸 , alors {𝑎} 𝑒𝑡 {𝑏} ne sont pas comparables.

4) La relation de divisibilité dans ℤ est une relation réflexive et transitive mais non
antisymétrique. On a ∀(𝑎, 𝑏) ∈ ℤ2 𝑎|𝑏 𝑒𝑡 𝑏|𝑎 ⟺ 𝑏 = 𝑎 𝑜𝑢 𝑏 = −𝑎

2.2. Éléments remarquables dans un ensemble ordonné

Dans ce paragraphe ≼ une relation d’ordre quelconque dans 𝐸.

2.2.1 Maximum et Minimum

Proposition définition

Soit 𝐴 une partie de 𝐸. S’il existe un élément 𝑎 de 𝐴 tel que ∀𝑥 ∈ 𝐴, 𝑥 ≼ 𝑎 , alors il en existe
qu’un seul, on l’appelle le maximum de 𝐴 ou le plus grand élément de 𝐴 et on le note
Max(A). S’il existe un élément 𝑏 de 𝐴 tel que ∀𝑥 ∈ 𝐴, 𝑏 ≼ 𝑥 , alors il en existe qu’un seul, on
l’appelle le minimum de 𝐴 ou le plus petit élément de 𝐴 et on le note Min (𝐴)

Remarque : Il n’y a pas nécessairement existence

Pour la relation ≤ dans ℝ , 𝐴 = ]0,1[ n’a ni plus petit élément ni plus grand élément

Pour la relation de divisibilité dans ℕ, on a : ∀𝑛 ∈ ℕ, 1|𝑛 et 𝑛|0 donc

Min (ℕ) = 1 , Max (ℕ) = 0 , Min (ℕ∗ ) = 1.

Il est clair que ℕ∗ n’a pas de plus grand élément.

2.2.2 Majorants, minorants

Définition. Soit 𝐴 une partie de 𝐸 et soit 𝛼 ∈ 𝐸. On dit que 𝛼 est un majorant (respectivement
un minorant) de A si ∀𝑥 ∈ 𝐴, 𝑥 ≼ 𝛼 (respectivement ∀𝑥 ∈ 𝐴, 𝛼 ≼ 𝑥)

2 .2.3 Borne supérieure, borne inférieure

Définition

Soit 𝐴 une partie de 𝐸. Si 𝐴 est majorée (respectivement minorée), et si l’ensemble des


majorants (respectivement l’ensemble des minorants) admet un plus petit élément

(respectivement un plus grand élément), celui-ci est appelé borne supérieure (respectivement
borne inférieure) de𝐴 , notée Sup(A) (respectivement Inf (𝐴))

Remarque. Si 𝐴 admet un maximum alors il a une borne supérieure et Sup (𝐴) =Max (𝐴).

Si 𝐴 admet un minimum alors il a une borne inférieure et Inf (𝐴)=Min (𝐴)

Exemple

19
Pour la relation ≤ dans ℝ ,

Sup (]0,1[) = sup (]0,1]) = 1 et Inf (]0,1[) =inf([0,1[)=0

Pour la relation de divisibilité dans ℕ , on a :

Inf ({𝑛, 𝑚})= 𝑝𝑔𝑐𝑑(𝑛, 𝑚) et Sup ({𝑛, 𝑚}) = 𝑝𝑝𝑐𝑚(𝑛, 𝑚)

Sup (ℕ) = 0 et Inf (ℕ) = 1

Sup (2ℕ) = 0 et Inf (2ℕ) = 2

3. Relations d’équivalence

3.1 Définition

Une relation binaire ℛ sur un ensemble 𝐸 qui est réflexive, symétrique et transitive est dite
une relation d’équivalence

Exemples

1) 𝐸 = ℕ2 , (𝑎, 𝑏)𝑅(𝑐, 𝑑) ⟺ 𝑎 + 𝑑 = 𝑏 + 𝑐
2) 𝐸 = ℤ × ℕ∗ , (𝑎, 𝑏)ℛ(𝑐, 𝑑) ⟺ 𝑎𝑑 = 𝑏𝑐
3) 𝐸 = ℤ, 𝑎 ≡ 𝑏 (modulo 𝑛) ⟺ 𝑏 − 𝑎 est un multiple de 𝑛 ; 𝑛 ∈ ℕ∗

3.2 Classe d’équivalence et ensemble quotient

Définition. Soit 𝐸 un ensemble muni d’une relation d’équivalence ℛ

Soit 𝑥 ∈ 𝐸. On appelle classe d’équivalence de 𝑥 l’ensemble noté 𝑐𝑙(𝑥) = {𝑦 ∈ 𝐸, 𝑦ℛ𝑥} , on


le note aussi 𝑥̅ . L’ensemble {𝑐𝑙(𝑥), 𝑥 ∈ 𝐸} s’appelle l’ensemble quotient de 𝐸 par la relation
ℛ et se note 𝐸/ℛ .

Théorème. Soit 𝐸 un ensemble muni d’une relation d’équivalence ℛ, alors :

1) ∀𝑥, 𝑦 ∈ 𝐸 , 𝑐𝑙(𝑥) = 𝑐𝑙(𝑦) ⟺ 𝑥ℛ𝑦


2) ∀𝑥, 𝑦 ∈ 𝐸 , 𝑐𝑙(𝑥) = 𝑐𝑙(𝑦) ou 𝑐𝑙(𝑥) ∩ 𝑐𝑙(𝑦) = ∅
3) Soit 𝐹 une partie de 𝐸 telle que :
i) ∀𝑥 ∈ 𝐸 , 𝑐𝑙(𝑥) ∈ 𝐹
ii) si 𝑥 et 𝑦 sont deux éléments distincts de 𝐹 alors 𝑐𝑙(x)≠ 𝑐𝑙(𝑦)

Alors {𝑐𝑙(𝑥), 𝑥 ∈ 𝐹} est une partition de 𝐸. L’ensemble 𝐹 est un ensemble de


représentants de toutes les classe de l’ensemble 𝐸.

Exemple

L’ensemble quotient pour la relation de congruence modulo 𝑛 est noté ℤ/𝑛ℤ , on a

ℤ/𝑛ℤ = {0̅, 1̅, … , ̅̅̅̅̅̅̅


𝑛 − 1} et ℤ = 0̅ ∪ 1̅ ∪ … ∪ ̅̅̅̅̅̅̅
𝑛 − 1 = 𝑛̅ ∪ ̅̅̅̅̅̅̅
𝑛 + 1 ∪ … ∪ ̅̅̅̅̅̅̅̅̅
2𝑛 − 1

20
Chapitre 3

Arithmétique dans ℤ

Soit ℕ l’ensemble des entiers naturels et ℤ l’ensemble des entiers relatifs ou entiers on
dispose sur ℤ de deux lois de composition, qui à tout couple (𝑥, 𝑦) de ℤ × ℤ associent la
somme 𝑥 + 𝑦, et le produit 𝑥𝑦. Nous noterons comme il est d’usage ≤ la relation d’ordre
usuelle sur ℤ. Pour tout 𝑥, 𝑦 ∈ ℤ, si l’on a 𝑥 ≤ 𝑦, on dit que 𝑥 est plus petit que 𝑦 ou que
𝑥 est inférieur à 𝑦. La relation 𝑥 ≤ 𝑦 s’écrit aussi 𝑦 ≥ 𝑥. Si l’on a 𝑥 ≤ 𝑦 avec 𝑥 ≠ 𝑦, on écrira
parfois que l’on a 𝑥 < 𝑦 ou bien 𝑦 > 𝑥. Cette relation d’ordre, induite sur ℕ, munit ℕ d’une
structure d’ensemble ordonné, pour la quelle la propriété fondamentale suivante est vérifiée.

Propriété fondamentale

Toute partie non vide de ℕ a un plus petit élément.

I. Division euclidienne et divisibilité dans ℕ

Lemme d’Archimède : Soient 𝑎 et 𝑏 deux entiers avec 𝑏 non nul. Alors il existe 𝑘 un entier
tel que 𝑎 < 𝑘𝑏.

Preuve

Il suffit de prendre 𝑘 = 𝑎 + 1, on a (𝑎 + 1)𝑏 = 𝑎𝑏 + 𝑏 > 𝑎𝑏 ≥ 𝑎

Théorème (Division euclidienne dans ℕ) Soient 𝑎 et 𝑏 des entiers avec 𝑏 non nul. Alors il
existe (𝑞, 𝑟) un couple unique d’entiers tel que 𝑎 = 𝑞𝑏 + 𝑟 et 𝑟 < 𝑏.

Existence du couple (𝑞, 𝑟)

Soit 𝐸 = {𝑝 ∈ ℕ; 𝑎 < 𝑝𝑏}, d’après le lemme d’Archimède 𝐸 est non vide soit donc 𝑛 son
plus petit élément alors 𝑛 ≥ 1, car 0 n’appartient pas à 𝐸 et on a

(𝑛 − 1)𝑏 ≤ 𝑎 < 𝑛𝑏 = (𝑛 − 1)𝑏 + 𝑏 , donc 𝑞 = (𝑛 − 1)𝑏 et 𝑟 = 𝑎 − 𝑞𝑏

Unicité du couple (𝑞, 𝑟)

Soit 𝑎 = 𝑞𝑏 + 𝑟 = 𝑞’𝑏 + 𝑟’ avec 𝑟 < 𝑏 𝑒𝑡 𝑟’ < 𝑏

Si 𝑞 =q’ alors 𝑟 = 𝑟′

Supposons que 𝑞 > 𝑞′ alors 𝑟 ′ − 𝑟 ≥ 𝑏 ceci est en contradiction avec 𝑟 < 𝑏 𝑒𝑡 𝑟’ < 𝑏.
Donc (𝑞, 𝑟) = (𝑞’, 𝑟’)

21
Divisibilité dans ℕ

Soient 𝑎et 𝑏 deux entiers naturels

On dit que b divise 𝑎 ou 𝑏 est un diviseur de 𝑎 s’il existe un entier naturel 𝑞 tel que 𝑎 = 𝑞𝑏.

Lorsque b divise 𝑎 on dit que 𝑎 est divisible par 𝑏 ou 𝑎 est un multiple de 𝑏 et on note 𝑏|𝑎.

On vérifie facilement que La relation de divisibilité dans ℕ est une relation d’ordre partiel.

II. Division euclidienne et divisibilité dans ℤ

1. Division euclidienne dans ℤ

Théorème. Soient 𝑎 et 𝑏 des entiers relatifs avec 𝑏 non nul. Alors il existe (q, r) un couple
unique d’entiers relatifs tel que 𝑎 = 𝑞𝑏 + 𝑟 et 0 ≤ 𝑟 < |𝑏|

Preuve

Existence du couple (𝑞 , 𝑟)

Si 𝑎 > 0 et 𝑏 > 0 : on est ramené à la division euclidienne dans ℕ

Si 𝑎 > 0 et 𝑏 < 0 : en utilisant la division euclidienne dans ℕ de 𝑎 par – 𝑏,

𝑎 = 𝑞’(−𝑏) + 𝑟’ = (−𝑞 ′ )𝑏 + 𝑟′, le couple (𝑞, 𝑟) = (−𝑞′, 𝑟′) convient

Si 𝑎 < 0 𝑒𝑡 𝑏 > 0, en utilisant la division euclidienne dans ℕ de −𝑎 par 𝑏

– 𝑎 = 𝑞 ′ 𝑏 + 𝑟 ′ et donc 𝑎 = (−𝑞 ′ )𝑏 − 𝑟′ = (−𝑞’ − 1) 𝑏 + 𝑏 − 𝑟’

Si 𝑟′ = 0 le couple (𝑞, 𝑟) = (−𝑞’, 0) convient.

Si 𝑟′ > 0 le couple (𝑞, 𝑟) = (−𝑞’ − 1, 𝑏 − 𝑟’) convient.

Si 𝑎 < 0 et 𝑏 < 0, en utilisant la division euclidienne dans ℕ de – 𝑎 par – 𝑏,

– 𝑎 = 𝑞’(−𝑏) + 𝑟’ donc 𝑎 = 𝑞 ′ 𝑏 − 𝑟 ′ = (𝑞’ − 1)𝑏 + 𝑏 − 𝑟’

Si 𝑟’ = 0, le couple (𝑞, 𝑟) = (𝑞’, 0) convient

Si 𝑟′ > 0, le couple (𝑞, 𝑟) = (𝑞 ′ + 1, −𝑏 − 𝑟 ′ ) convient

Unicité du couple (𝑞, 𝑟)

Soient 𝑎 = 𝑞𝑏 + 𝑟 = 𝑞1 𝑏 + 𝑟1 avec 0 ≤ 𝑟 < |𝑏| 𝑒𝑡 0 ≤ 𝑟1 < |𝑏|

Si 𝑞 = 𝑞1 alors 𝑟 = 𝑟1

Si 𝑞 ≠ 𝑞1 alors 𝑟 – 𝑟1 = (𝑞1 − 𝑞)𝑏 et par suite |𝑟 – 𝑟1 | ≥ |𝑏|, on obtient une contradiction


avec 0 ≤ 𝑟 < |𝑏| 𝑒𝑡 0 ≤ 𝑟1 < |𝑏| . Donc (𝑞, 𝑟) = (𝑞1 , 𝑟1 ).

22
Divisibilité dans ℤ

Soient 𝑎, 𝑏 deux entiers

On dit que 𝑏 divise 𝑎 ou 𝑏 est un diviseur de 𝑎, s’il existe 𝑞 ∈ ℤ tel que 𝑎 = 𝑞𝑏.

Lorsque b divise 𝑎 on note 𝑏|𝑎 et on dit que 𝑎 est divisible par 𝑏 ou 𝑎 est un multiple de 𝑏.

On note 𝓓(a) l’ensemble des diviseurs de 𝑎 et 𝓜(𝑏) l’ensemble des multiples de 𝑏.

On note 𝓓+ (𝑎) l’ensemble des diviseurs positifs de 𝑎 et 𝓜+ (𝑏) l’ensemble des multiples
strictement positifs de 𝑏.

Propriétés. Soient 𝑎, 𝑏, 𝑐 des entiers alors on a

i) 𝑎|0 et ( 0|𝑏 ⟺ 𝑏 = 0 )
ii) 1|𝑎
iii) 𝑎|1 ⟺ 𝑎 = 1 𝑜𝑢 𝑎 = −1
iv) 𝑎|𝑏 et 𝑏|𝑎 ⟺ 𝑏 = 𝑎 ou 𝑏 = −𝑎
v) 𝑎|𝑏 et 𝑐|𝑑 ⟹ 𝑎𝑐|𝑏𝑑
vi) 𝑎|𝑏 et 𝑏|𝑐 ⟹ 𝑎|𝑐
vii) 𝑎|𝑏 et 𝑏 ≠ 0 ⟹ |𝑎| ≤ |𝑏|.
viii) Si 𝑎|𝑏 et 𝑎|𝑐 ; alors pour tout (𝑥, 𝑦) ∈ ℤ2 𝑎|𝑏𝑥 + 𝑐𝑦
ix) 𝓓(b) ⊂ 𝒟(a) ⟺ 𝑏|𝑎 et 𝓓(b)= 𝓓(a) ⟺ 𝑏 = 𝑎 ou 𝑏 = −𝑎
x) 𝓜(𝑏) ⊂ ℳ(𝑎) ⟺ 𝑎|𝑏 et 𝓜(𝑏) = 𝓜(𝑎) ⟺ 𝑏 = 𝑎 ou 𝑏 = −𝑎

Toutes ces propriétés résultent directement de la définition

Remarque : La relation de divisibilité dans ℤ est une relation réflexive, transitive mais non
antisymétrique donc elle n’est pas une relation d’ordre dans ℤ

III. Plus grand commun diviseur, Algorithme d’Euclide, Théorème de Bézout

Soient 𝑎, 𝑏 deux entiers et 𝓓 (𝑎, 𝑏) = 𝓓(𝑎) ∩ 𝓓(𝑏) l’ensemble des diviseurs communs à 𝑎 et
à 𝑏.

Si 𝑎 ou 𝑏 est non nul, alors 𝓓 (a, b) est un sous ensemble non vide et fini de ℤ, son plus grand
élément est le plus grand diviseur commun à 𝑎 et à 𝑏, on le note 𝑝𝑔𝑐𝑑(𝑎, 𝑏) ou 𝑎 ∧ 𝑏, c’est un
entier strictement positif.

Si 𝑎 et 𝑏 sont nuls alors 𝓓 (a, b) = ℤ , on pose 𝑝𝑔𝑐𝑑(0,0) = 0

Exemple. 𝑎 = −8 et 𝑏 = 12

𝓓(−8) = {−8, −4, −2, −1,1,2,4,8} , 𝓓(12) = {−12, −6, −4, −3, −2, −1,1,2,3,4,6,12}

𝓓(−8) ∩ 𝒟(12) = {−4, −2, −1,1,2,4} donc 𝑝𝑔𝑐𝑑(−8,12) = 4

23
Entiers premiers entre eux

Deux entiers 𝑎 et 𝑏 sont premiers entre eux si 𝓓 (𝑎, 𝑏) = {−1,1}, autrement dit si 𝑎 ∧ 𝑏 = 1,
ou encore si 𝒟 + (𝑎, 𝑏) = {1}

Exemple 𝑎 = 8 et 𝑏 = 15

𝓓+ (8) = 𝓓+ (−8) = {1,2,4,8} et 𝓓+ (15) = {1, ,3,5,15} , donc

𝑝𝑔𝑐𝑑(8,15) = 1

Propriétés

Soient 𝑎, 𝑏 et 𝑞 des entiers.

i) 𝑝𝑔𝑐𝑑(𝑎, 𝑏) = 𝑝𝑔𝑐𝑑(𝑏, 𝑎)
ii) 𝑝𝑔𝑐𝑑(𝑎, 0) = |𝑎|
iii) 𝑝𝑔𝑐𝑑(𝑎, 𝑏) = 𝑝𝑔𝑐𝑑(|𝑎|, |𝑏|)
iv) 𝑝𝑔𝑐𝑑(𝑎, 𝑏) = 𝑝𝑔𝑐𝑑(𝑎 − 𝑞𝑏, 𝑏)

Preuve

i) 𝓓(𝑎) ∩ 𝓓 (𝑏) = 𝓓(𝑏) ∩ 𝓓(𝑎), donc 𝑎 ∧ 𝑏 = 𝑏 ∧ 𝑎.

ii) 𝓓(𝑎) ∩ 𝓓(0) = 𝓓(𝑎) ∩ 𝑍 = 𝓓(𝑎) = 𝓓(|𝑎| ), donc 𝑎 ∧ 0 = |𝑎|.

iii) 𝓓(𝑎) = 𝓓(|𝑎|) donc 𝓓(𝑎) ∩ 𝓓(𝑏) = 𝓓(|𝑎|) ∩ 𝓓(|𝑏|), et par suite |𝑎| ∧ |𝑏| = 𝑎 ∧ 𝑏

iv) Soit 𝑑 un divieur commun à 𝑎 et à 𝑏, alors 𝑑 divise 𝑎 − 𝑞𝑏 et donc 𝑑 appartient à

𝒟(𝑎 − 𝑞𝑏, 𝑏)

Réciproquement, soit 𝑑 un diviseur commun à 𝑎 − 𝑞𝑏 et à 𝑏, alors 𝑎 divise 𝑞𝑏 et par suite 𝑑


divise 𝑎 − 𝑞𝑏 + 𝑞𝑏 = 𝑎, on en déduit que 𝑑 appartient 𝓓(𝑎, 𝑏)

On conclut que 𝓓(𝑎, 𝑏) = 𝓓(𝑎 − 𝑞𝑏, 𝑏) et par suite 𝑝𝑔𝑐𝑑(𝑎, 𝑏) = 𝑝𝑔𝑐𝑑(𝑎 − 𝑞𝑏, 𝑏)

C’est cette dernière relation qu’on utilise pour le calcul du 𝑝𝑔𝑐𝑑 de deux entiers non nuls.

Etudions un exemple simple : 𝑎 = 129 et 𝑏 = 69

On a 129 = 2 × 69 − 9, 69 = 8 × 9 − 3 et 9 = 3 × 3 + 0

Donc 𝑝𝑔𝑐𝑑(129,69) = 𝑝𝑔𝑐𝑑(69, −9) = 𝑝𝑔𝑐𝑑(69,9)

𝑝𝑔𝑐𝑑(69,9) = 𝑝𝑔𝑐𝑑(9, −3) = 𝑝𝑔𝑐𝑑(9,3) = 3

𝑝𝑔𝑐𝑑(129,69) = 3

On peut aussi faire la division euclidienne de 129 par 69

24
129 = 1 × 69 + 60 , donc 𝑝𝑔𝑐𝑑(129,69) = 𝑝𝑔𝑐𝑑(69,60)

69 = 1 × 60 + 9 , donc 𝑝𝑔𝑐𝑑(69,60) = 𝑝𝑔𝑐𝑑60,9)

60 = 6 × 9 + 6 , donc 𝑝𝑔𝑐𝑑60,9) = 𝑝𝑔𝑐𝑑(9,6)

9= 6× 1 + 3, donc 𝑝𝑔𝑐𝑑(9,6) = 𝑝𝑔𝑐𝑑(6,3)

6= 2 ×3+0, donc 𝑝𝑔𝑐𝑑(6,3) = 𝑝𝑔𝑐𝑑(3,0) = 3

𝑝𝑔𝑐𝑑(129,69) = 3

Calcul du pgcd de deux entiers 𝒂, 𝒃 par l’algorithme d’Euclide.

On a 𝑝𝑔𝑐𝑑(𝑎, 0) = |𝑎| et 𝑝𝑔𝑐𝑑(𝑎, 𝑏) = 𝑝𝑔𝑐𝑑(𝑏, 𝑎) = 𝑝𝑔𝑐𝑑(|𝑎|, |𝑏|)

On peut donc supposer que 𝑎 et 𝑏 sont deux entiers strictement positifs et que 𝑎 > 𝑏.

D’après la proposition précédente, étant donné deux entiers 𝑎 et 𝑏, alors pour tout entier 𝑞,
𝑝𝑔𝑐𝑑(𝑎, 𝑏) = 𝑝𝑔𝑐𝑑(𝑏, 𝑎 − 𝑏𝑞) , on obtient le lemme suivant

Lemme : Soient 𝑎 et 𝑏 deux entiers tels que 𝑎 > 𝑏 > 0. Alors

𝑝𝑔𝑐𝑑(𝑎, 𝑏) = 𝑝𝑔𝑐𝑑(𝑏, 𝑟1 ) ; où 𝑟1 est le reste de la division euclidienne de 𝑎 par 𝑏.

Algorithme d’Euclide :

Si 𝑟1 = 0 alors 𝑝𝑔𝑐𝑑(𝑎, 𝑏) = 𝑝𝑔𝑐𝑑(𝑏, 𝑟1 ) = 𝑏

Sinon on applique de nouveau le Lemme pour 𝑏 et 𝑟1 ( 𝑏 > 𝑟1 )

𝑝𝑔𝑐𝑑(𝑏, 𝑟1 ) = 𝑝𝑔𝑐𝑑( 𝑟1 , 𝑟2 ) où 𝑟2 est le reste de la division euclidienne de 𝑏 par 𝑟1 ;

0≤ 𝑟2 < 𝑟1 < 𝑏

Si 𝑟2 = 0 alors 𝑝𝑔𝑐𝑑(𝑎, 𝑏) = 𝑝𝑔𝑐𝑑( 𝑟1 , 𝑟2 )= 𝑟1

Sinon 𝑝𝑔𝑐𝑑(𝑎, 𝑏) = 𝑝𝑔𝑐𝑑( 𝑟2 , 𝑟3 ) où 𝑟3 est le reste de la division euclidienne de 𝑟1 par 𝑟2

On obtient ainsi une suite d’entiers naturels strictement décroissante

0 ≤ 𝑟𝑝 < 𝑟𝑝−1 < ⋯ < 𝑟1 < 𝑏

On s’arrête lorsqu’on obtient un entier 𝑛 , tel que 𝑟𝑛+1 = 0 , ce qui se produira


nécessairement car c’est impossible de construire une suite d’entiers naturels strictement
décroissante.

25
On a donc :

𝑝𝑔𝑐𝑑(𝑎, 𝑏) = 𝑝𝑔𝑐𝑑(𝑟𝑛−1 , 𝑟𝑛 ) = 𝑝𝑔𝑐𝑑(𝑟𝑛 , 𝑟𝑛+1 ) = 𝑟𝑛 qui est le dernier reste non nul obtenu
par ce procédé c’est le reste de la division euclidienne de 𝑟𝑛−2 par 𝑟𝑛−1 , on alors :

𝑟𝑛 = 𝑟𝑛−2 −𝑞𝑛−1 𝑟𝑛−1

En posant 𝑟−1 = 𝑎 et 𝑟0 = 𝑏 ; on obtient la relation

𝑟𝑛−𝑝 = 𝑟𝑛−𝑝−2 −𝑞𝑛−𝑝−1 𝑟𝑛−𝑝−1 ; 0≤ 𝑝 ≤ 𝑛 − 1

On peut donc écrire 𝑟𝑛 comme une combinaison linéaire de 𝑎 et 𝑏, autrement dit, , il existe 𝑢
et 𝑣 tels que 𝑝𝑔𝑐𝑑(𝑎, 𝑏) = 𝑢𝑎 + 𝑣𝑏 c’est la relation de Bézout , 𝑢 et 𝑣 s’appellent
coefficients de Bézout correspondant au 𝑝𝑔𝑐𝑑(𝑎, 𝑏)

On a donc montré le Théorème suivant

Théorème de Bézout

Soient 𝑎, 𝑏 deux entiers, alors il existe deux entiers 𝑢 et 𝑣 tels que

𝑎𝑢 + 𝑏𝑣 = 𝑎 ∧ 𝑏 (1)

Le couple (𝑢, 𝑣) n’est pas unique 𝑢, 𝑣 s’appellent des coefficients de Bézout de 𝑎, 𝑏 et


l’égalité (1) s’appelle identité de Bézout.

Détermination des coefficients de Bézout ave l’algorithme d’Euclide étendu.

Exemple : 𝑎= 1080, 𝑏 = 104

(1) 1080 = 10 × 104 + 40


⏟ , 40 = 1080 − 10 × 104
(2) 104 = 2 × 40 + 24
⏟ , 24 = 104 − 2 × 40
(3) 40=1 × 24 + 16
⏟ , 16 = 40 − 1 × 24
(4) 24=1× 16 + ⏟
8 , 8 = 24 − 1 × 16
(5) 16=2× 8+0

Donc 𝑝𝑔𝑐𝑑(1080,104) = 8

En remontant l’algorithme d’Euclide, on obtient les relations suivantes :

(4) 8 = 24 − 1 × 16

(3) 8 = 24 − 1 × (40 − 1 × 24) = 24 × 2 − 1 × 40

(2) 8 = (104-2× 40) × 2 − 1 × 40 = 104 × 2 − 5 × 40

(1) 8 = 104 × 2 − 5 × (1080 − 10 × 104) = −5 × 1080 + 52 × 104

On obtient l’identité de Bézout : 1080 × (−5) + 104 × 52 = 8

26
Corollaires du théorème de Bézout

Soient 𝑎 et b deux entiers

Corollaire1

Si 𝑛|𝑎 et 𝑛|𝑏 alors 𝑛|𝑎 ∧ 𝑏

Preuve

Si 𝑛|𝑎 et 𝑛|𝑏 alors 𝑛|𝑎𝑥 + 𝑏𝑦 pour tous 𝑥, 𝑦 ∈ ℤ , et par le théorème de Bézout 𝑛|𝑎 ∧ 𝑏

Remarque

Le corollaire 1 montre que Le 𝑝𝑔𝑐𝑑 de 𝑎 et 𝑏 est le plus grand élément au sens de la relation
de divisibilité dans ℕ de 𝓓+ (|𝑎|, |𝑏|).

Donc si 𝑎 ou 𝑏 est non nul, alors le 𝑝𝑔𝑐𝑑 de 𝑎 et 𝑏 est le plus grand élément de 𝓓+ (|𝑎|, |𝑏|)
au sens de la relation d’ordre usuel dans ℕ et aussi pour la relation de divisibilité dans ℕ

Le corollaire 1 permet de donner la caractérisation suivante du 𝑝𝑔𝑐𝑑 de deux entiers

Proposition (Caractérisation du 𝒑𝒈𝒄𝒅)

𝑑 = 𝑎 ∧ 𝑏 si et seulement si 𝑑|𝑎 et 𝑑|𝑏 et tout diviseur commun à 𝑎 et à 𝑏 est un diviseur de 𝑑

Entiers premiers entre eux

Définition. Deux entiers 𝑎 et 𝑏 sont dit premiers entre eux si 𝓓+ (𝑎, 𝑏) = {1} , autrement dit
si 𝑎 ∧ 𝑏 = 1 .

Corollaire 3

Deux entiers 𝑎 et 𝑏 sont premiers entre eux si et seulement si il existe 𝑢, 𝑣 deux entiers tels
que 𝑎𝑢 + 𝑏𝑣 = 1.

Preuve

Soient 𝑎 et 𝑏 deux entiers premiers entre eux le théorème de Bézout assure l’existence de
deux entiers 𝑢 et 𝑣 tels que 𝑎𝑢 + 𝑏𝑣 = 𝑎 ∧ 𝑏 = 1

Soient 𝑎, 𝑏 deux entiers et supposons qu’il deux entiers 𝑢 et 𝑣 tels que 𝑎𝑢 + 𝑏𝑣 = 1. Si 𝑛|𝑎
et 𝑛|𝑏 alors 𝑛|𝑎𝑢 + 𝑏𝑣 et donc 𝑛 = −1 𝑜𝑢 𝑛 = 1 ; ceci montre que 𝑎 et 𝑏 sont premiers
entre eux.

Remarque. Soient 𝑎 et 𝑏 deux entiers non tous nuls et 𝑑 = 𝑎 ∧ 𝑏 , alors

𝑎’ = 𝑎/𝑑 et 𝑏’ = 𝑏/𝑑 sont premiers entre eux. On peut donc écrire

𝑎 = 𝑎’𝑑 et 𝑏 = 𝑏’𝑑 avec 𝑎’ et 𝑏’ deux entiers premiers entre eux.

27
Corollaire 4 (Lemme de Gauss)

Soient 𝑎, 𝑏, 𝑐 des entiers tels que 𝑎 ∧ 𝑏 = 1 et 𝑎|𝑏𝑐 alors 𝑎 divise 𝑐

Preuve

𝑎 et 𝑏 sont premiers entre eux, il existe 𝑢, 𝑣 deux entiers tels que 𝑎𝑢 + 𝑏𝑣 = 1, en multipliant
par 𝑐 les deux membres de l’égalité on obtient 𝑎𝑐𝑢 + 𝑏𝑐𝑣 = 𝑐 . On a 𝑎|𝑎𝑐𝑢 et par hypothèse
𝑎|𝑏𝑐 donc 𝑎|𝑏𝑐𝑣 et par suite 𝑎|𝑎𝑐𝑢 + 𝑏𝑐𝑣 , donc 𝑎|𝑐.

IV. PPCM

Définition.

Soient 𝑎 et 𝑏 deux entiers non nuls alors ℳ + (𝑎, 𝑏) = ℳ + (𝑎) ∩ ℳ + (𝑏) est une partie non
vide de ℕ, son plus petit élément est le plus petit multiple commun à 𝑎 et à 𝑏 , on le note
𝑝𝑝𝑐𝑚(𝑎, 𝑏) ou 𝑎 ∨ 𝑏

Si 𝑎 ou 𝑏 est nul on pose 𝑝𝑝𝑐𝑚 (𝑎, 𝑏) = 0

Remarque : 𝑝𝑝𝑐𝑚(𝑎, 𝑏) = 𝑝𝑝𝑐𝑚(𝑏, 𝑎) = 𝑝𝑝𝑐𝑚(|𝑎|, |𝑏|)

On a la relation suivante qui lie le plus grand commun diviseur et le plus petit multiple
commun de deux entiers

Proposition

Pour tous 𝑎, 𝑏 ∈ ℤ, 𝑝𝑔𝑐𝑑(𝑎, 𝑏)𝑝𝑝𝑐𝑚(𝑎, 𝑏) = |𝑎||𝑏|

Preuve. On a 𝑝𝑔𝑐𝑑(𝑎, 𝑏) = 𝑝𝑔𝑐𝑑(|𝑎|, |𝑏|) et 𝑝𝑝𝑐𝑚 (𝑎, 𝑏)= 𝑝𝑝𝑐𝑚(|𝑎|, |𝑏|), il suffit donc de
démontrer la proposition pour des entiers naturels.

Si 𝑎 ou 𝑏 est nul la relation de la proposition est vérifiée.

Soient 𝑎, 𝑏 ∈ ℕ∗ , 𝑑 = 𝑝𝑔𝑐𝑑(𝑎, 𝑏) et 𝑚 = 𝑝𝑝𝑐𝑚(𝑎, 𝑏).

Posons 𝑎 = 𝑎’𝑑 et 𝑏 = 𝑏’𝑑 avec 𝑎’ et 𝑏 ′ premiers entre eux.


𝑑𝑚 = 𝑎𝑏 ⟺ 𝑚 = 𝑑𝑎′𝑏′

On a 𝑑𝑎’𝑏’ = 𝑏’𝑎 = 𝑎’𝑏 et donc 𝑑𝑎’𝑏’ est un multiple commun à 𝑎 et à 𝑏

Soit 𝑛 un multiple strictement positif de 𝑎 et de 𝑏 donc 𝑛 = 𝑘𝑎’𝑑 = 𝑙𝑏’𝑑 et par conséquent


𝑘𝑎’ = 𝑙𝑏′ donc 𝑏’|𝑘𝑎′ , or 𝑏’ et 𝑎’ sont premiers entre eux donc d’après le Lemme de Gauss
𝑏’|𝑘 ainsi 𝑏’𝑎’𝑑 |𝑘𝑎’𝑑 donc 𝑑𝑎’𝑏’|𝑛 et ainsi 𝑚 = 𝑑𝑎′𝑏′ .

Remarque

Si 𝑎 et 𝑏 sont premiers entre eux alors 𝑝𝑝𝑐𝑚(𝑎, 𝑏) = |𝑎||𝑏|

28
Proposition

Si 𝑎|𝑐 et 𝑏|c alors 𝑝𝑝𝑐𝑚(𝑎, 𝑏)| 𝑐

Remarque. Si 𝑎|𝑐 et 𝑏|c on n’a pas le produit 𝑎𝑏 divise c, mais si de plus 𝑎 et 𝑏 sont
premiers entre eux alors le produit 𝑎𝑏 divise 𝑐

On a 4 divise 36 et 18 divise 36 mais 72 ne divise pas 36, 𝑝𝑔𝑐𝑑(4,18) = 2

Démonstration de la proposition

Si 𝑎 ou 𝑏 est nul la proposition est vraie

Soient 𝑎 et 𝑏 deux entiers non nuls et 𝑐 un entier, il existe un couple d’entiers (𝑞, 𝑟) tel que

𝑐 = 𝑞(𝑝𝑝𝑐𝑚(𝑎, 𝑏)) + 𝑟 ; 0 ≤ 𝑟 < 𝑝𝑝𝑐𝑚(𝑎, 𝑏)

Si 𝑎|𝑐 et 𝑏|𝑐 alors 𝑎|𝑟 𝑒𝑡 𝑏|𝑟, or 0 ≤ 𝑟 < 𝑝𝑝𝑐𝑚(𝑎, 𝑏) donc 𝑟 = 0.

Ce qui montre que 𝑝𝑝𝑐𝑚(𝑎, 𝑏) divise c.

V. Equations diophantiennes 𝒂𝒙 + 𝒃 𝒚 = 𝒄

Proposition 1. Soient 𝑎, 𝑏, 𝑐 des entiers tels que 𝑑 = 𝑝𝑔𝑐𝑑(𝑎, 𝑏) ≠ 0.

Considérons l’équation

𝑎𝑥 + 𝑏 𝑦 = 𝑐 (𝐸)

L’équation (𝐸) possède des solutions (𝑥, 𝑦) ∈ ℤ2 si et seulement si 𝑑|𝑐

Si 𝑝𝑔𝑐𝑑(𝑎, 𝑏)|𝑐 alors il existe même une infinité de solutions entières (𝑥, 𝑦) données par :
𝑐 𝑏 𝑎
𝑥 = 𝑑 𝑢 + 𝑘 𝑑 , 𝑦 = 𝑐𝑣 − 𝑘 𝑑 ; 𝑢, 𝑣 sont des coefficients de Bézout de 𝑎, 𝑏 et 𝑘 un entier
parcourant ℤ.

Preuve.

i) Si l’équation (𝐸) possède une solution (𝑥, 𝑦) ∈ ℤ2 alors 𝑑 divise 𝑎𝑥 + 𝑏𝑦 donc d|𝑐.

Supposons que 𝑑 |𝑐 alors d’après le théorème de Bézout il existe 𝑢, 𝑣 deux entiers tels que
𝑐 𝑐
𝑎𝑢 + 𝑏𝑣 = 𝑑 et donc (𝑑 𝑢 , 𝑑 𝑣) est une solution de (𝐸)

𝑖𝑖) Supposons 𝑑 |𝑐
𝑎 𝑏 𝑐
L’équation (𝐸) est équivalente à 𝑥 +𝑑𝑦 = 𝑑
𝑑

𝑎 𝑏
Soit 𝑢, 𝑣 tels que 𝑎𝑢 + 𝑏𝑣 = 𝑑 donc 𝑢 +𝑑𝑣 = 1
𝑑

𝑎 𝑏 𝑐 𝑎 𝑏
L’équation (𝐸) peut s’écrire 𝑥 + 𝑑 𝑦 = 𝑑 (𝑑 𝑢 + 𝑑 𝑣)
𝑑

29
𝑎 𝑐 𝑏 𝑐
Ce qui est équivalent à (𝑥 − 𝑢) = ( 𝑣 − 𝑦) (F)
𝑑 𝑑 𝑑 𝑑

𝑏 𝑎 𝑐 𝑏 𝑎
Donc | (𝑥 − 𝑑 𝑢) comme et 𝑑 sont premiers entre eux, par le Lemme de Gauss on
𝑑 𝑑 𝑑
𝑏 𝑐 𝑐 𝑏
déduit que 𝑑 | (𝑥 − 𝑑 𝑢) , il existe donc un entier 𝑘 tel que 𝑥 − 𝑑 𝑢 = 𝑘 , en remplaçant dans
𝑑
𝑐 𝑏 𝑎
(𝐹) 𝑥 − 𝑑 𝑢 par 𝑘 𝑑 on obtient 𝑣 − 𝑦 = 𝑘 𝑑 .

𝑐 𝑏 𝑎
Finalement 𝑥 = 𝑑 𝑢 + 𝑘 𝑑 𝑒𝑡 𝑦 = 𝑐𝑣 − 𝑘 𝑑

VI. Nombres premiers

Définition 1. Un nombre premier 𝑝 est un entier ≥ 2 dont les seuls diviseurs positifs sont 1
et 𝑝.

Exemples : 2, 3, 5, 7, 11 sont premiers, 4 = 2 × 2, 6 = 2 × 3, 8 = 2 × 4, 9 = 3× 3,

10 = 2× 5 ne sont pas premiers.

Lemme 2. Tout entier 𝑛 ≥ 2 admet un diviseur qui est un nombre premier.

Démonstration.

Soit 𝐷 l’ensemble des diviseurs de 𝑛 qui sont ≥ 2 : 𝐷 = {𝑘 ≥ 2 ; 𝑘|𝑛 }. L’ensemble 𝐷 est une
partie non vide de ℕ (car 𝑛 ∈ 𝐷), notons alors 𝑝 le plus petit élément de 𝐷. Supposons, par
l’absurde, que 𝑝 ne soit pas un nombre premier alors 𝑝 admet un diviseur 𝑞 tel que 1 < 𝑞 <
𝑝 mais alors 𝑞 est aussi un diviseur de 𝑛 et donc 𝑞 ∈ 𝐷 avec 𝑞 < 𝑝. Ce qui donne une
contradiction car 𝑝 est le minimum. Conclusion : 𝑝 est un nombre premier. Et comme 𝑝 ∈ 𝐷
𝑝 divise 𝑛.

Théorème3. Il existe une infinité de nombres premiers.

Démonstration.

Par l’absurde, supposons qu’il n’y ait qu’un nombre fini de nombres premiers que l’on
note 𝑝1 = 2, 𝑝2 , 𝑝3 , … , 𝑝𝑛 .

Considérons l’entier 𝑁 = 𝑝1 × 𝑝2 × … × 𝑝𝑛 + 1. Le lemme précédent assure l’existence d’un


diviseur premier 𝑝 de 𝑁 alors d’une part 𝑝 est l’un des entiers 𝑝𝑖 donc 𝑝|𝑝1 × 𝑝2 × … × 𝑝𝑛 ,
d’autre part 𝑝|𝑁 donc 𝑝 divise la différence

𝑁 − 𝑝1 × 𝑝2 × … × 𝑝𝑛 = 1. Cela implique que 𝑝 = 1, ce qui contredit que 𝑝 soit un nombre


premier. Cette contradiction nous permet de conclure qu’il existe une infinité de nombres
premiers.

Proposition 4. (Lemme d’Euclide)

Soit 𝑝 un nombre premier. Si 𝑝|𝑎𝑏 alors 𝑝|𝑎 ou 𝑝|𝑏 .

30
Démonstration. Si 𝑝 ne divise pas 𝑎 alors 𝑝 et 𝑎 sont premiers entre eux car les diviseurs
positifs de 𝑝 sont 1 et 𝑝, mais seul 1 divise aussi 𝑎. Ainsi par le lemme de Gauss 𝑝|𝑏.

Théorème 3.

Soit 𝑛 ≥ 2 un entier. Il existe des nombres premiers 𝑝1 < 𝑝2 < ··· < 𝑝𝑟 et des exposants
entiers strictement positifs 𝛼1 , 𝛼2 ,… 𝛼𝑟 tels que

𝑛 = 𝑝1 𝛼1 𝑝2 𝛼2 … 𝑝𝑟 𝛼𝑟

De plus les 𝑝𝑖 et les 𝛼𝑖 (𝑖 = 1, . . . , 𝑟) sont uniques.

Démonstration.

Existence.

Nous allons démontrer l’existence de la décomposition par une récurrence sur 𝑛.

L’entier 𝑛 = 2 est déjà décomposé. Soit 𝑛 ≥ 2, supposons que tout entier ≤ 𝑛 admette une
décomposition en facteurs premiers. Notons 𝑝1 le plus petit nombre premier divisant 𝑛 + 1
(voir le lemme 2). Si 𝑛 + 1 est un nombre premier alors 𝑛 + 1 = 𝑝1 et c’est fini. Sinon on
𝑛+1
définit l’entier 𝑛′= ≤ 𝑛 et on applique l’hypothèse de récurrence à 𝑛′ qui admet une
𝑝1
décomposition en facteurs premiers. Alors 𝑛+1 = 𝑝1 𝑛′ admet aussi une décomposition.

Unicité.

Nous allons démontrer qu’une telle décomposition est unique en effectuant cette fois une
récurrence sur la somme des exposants 𝜎 = ∑𝑖=𝑟 1
𝑖=0 𝛼𝑖 . Si σ = 1 cela signifie 𝑛 = 𝑝 qui est
bien l’unique écriture possible. Soit 𝜎 ≥ 1. On suppose que les entiers dont la somme des
exposants est ≤ 𝜎 ont une unique décomposition. Soit 𝑛 un entier dont la somme des
exposants vaut σ+1. Écrivons-le avec deux décompositions :

𝑛 = 𝑝1 𝛼1 × 𝑝2 𝛼2 × … × 𝑝𝑟 𝛼𝑟 =𝑞1 𝛽1 × 𝑞2 𝛽2 …× 𝑞𝑠 𝛽𝑠

On a 𝑝1 < 𝑝2 < ···< 𝑝𝑟 et 𝑞1 < 𝑞2 < ···< 𝑞𝑠

Si 𝑝1 < 𝑞1 alors 𝑝1 < 𝑞𝑗 pour tous les 𝑗 = 1, . . . , 𝑠

Ainsi 𝑝1 divise 𝑝1 𝛼1 × 𝑝2 𝛼2 × … × 𝑝𝑟 𝛼𝑟 mais ne divise pas 𝑞1 𝛽1 × 𝑞2 𝛽2 …× 𝑞𝑠 𝛽𝑠 . Ce qui est

absurde. Donc 𝑝1 ≥ 𝑞1 . Si 𝑝1 > 𝑞1 un même raisonnement conduit aussi à une contradiction.

On conclut que 𝑝1 = 𝑞1.

31
𝑛
On pose alors 𝑛′ = = 𝑝1 𝛼1−1 × 𝑝2 𝛼2 × … × 𝑝𝑟 𝛼𝑟 = 𝑞1 𝛽1−1 × 𝑞2 𝛽2 …× 𝑞𝑠 𝛽𝑠 l’hypothèse
𝑝1

de récurrence qui s’applique à 𝑛′ implique que ces deux décompositions sont les mêmes.

Ainsi 𝑟 = 𝑠 , 𝑝𝑖 = 𝑞𝑖 , 𝛼𝑖 = 𝛽𝑖 , 𝑖 = 1, . . . , 𝑟.

Exemple. Décomposer en facteurs premiers les nombres 187 et 721

187 = 11 × 17 ; 721 = 7 × 103

Exercice utile. Soit 𝑛 un entier ≥ 2 et non premier (on dit que 𝑛 est un entier composé).

Montrer que 𝑛 a un diviseur premier ≤ √𝑛 .

Application au calcul du PGCD et PPCM

Soit 𝑝 un nombre premier. On définit une application 𝑣𝑝 de ℕ∗ dans ℕ par

𝑣𝑝 (𝑛 ) = 𝑚𝑎𝑥{𝑘 ∈ ℕ; 𝑝𝑘 |𝑛}

Propriétés

𝑣𝑝 (1 ) = 0 , 𝑣𝑝 (𝑝𝑘 ) = 𝑘 pour tout entier naturel 𝑘,

𝑣𝑝 (𝑞 ) = 0 pour tout nombre premier 𝑞 ≠ 𝑝,

Pour tous 𝑛, 𝑚 ∈ ℕ∗ , 𝑣𝑝 (𝑛𝑚 )=𝑣𝑝 (𝑛 ) + 𝑣𝑝 (𝑚 )

Si 𝑛 = 𝑝1 𝛼1 × 𝑝2 𝛼2 × … × 𝑝𝑟 𝛼𝑟 est la décomposition de 𝑛 en facteurs premiers

alors 𝑣𝑝𝑖 (𝑛) = 𝛼𝑖 ; 1 ≤ 𝑖 ≤ 𝑟 et 𝑣𝑝 (𝑛) = 0 si 𝑝 ∉ {𝑝𝑖 ; 1 ≤ 𝑖 ≤ 𝑟}

32
Proposition. Soient a et b deux entiers ≥ 2 , alors

1) 𝑝𝑔𝑐𝑑(𝑎, 𝑏) = ∏𝑝∈𝐼 𝑝min (𝑣𝑝 (𝑎),𝑣𝑝 (𝑏)) où 𝐼 est l’ensemble des diviseurs premiers

communs à a et à b.

2) 𝑝𝑝𝑐𝑚(𝑎, 𝑏) = ∏𝑝∈𝐽 𝑝max (𝑣𝑝 (𝑎),𝑣𝑝 (𝑏)) où 𝐽 est l’ensemble des nombres premiers

divisant 𝑎 ou 𝑏 .

Preuve.

1) Soit 𝑝 un nombre premier, alors 𝑝 divise 𝑎 ∧ 𝑏 ⟺ 𝑝|𝑎 et 𝑝|𝑏 ⟺ 𝑝 ∈ 𝐼. Il est clair

que 𝑣𝑝 (𝑎 ∧ 𝑏 ) = min (𝑣𝑝 (a),𝑣𝑝 (𝑏)).

2) On a (𝑎 ∧ 𝑏 )(𝑎 ∨ 𝑏) = 𝑎𝑏 , donc 𝑣𝑝 (𝑎 ∧ 𝑏 ) +𝑣𝑝 (𝑎 ∨ 𝑏) = 𝑣𝑝 (a)+𝑣𝑝 (𝑏) et par

conséquent 𝑣𝑝 (𝑎 ∨ 𝑏 ) = max (𝑣𝑝 (a),𝑣𝑝 (𝑏))

Exemple

𝑎 = 561 , 𝑏 = 693, 561 = 3 × 11 × 17, 693 = 32 × 7 × 11

𝑝𝑔𝑐𝑑(561,693) = 3 × 11 = 33 ; 𝑝𝑝𝑐𝑚 (561,693) = 32 × 7 × 11 × 17 = 11781

VII. Relation de congruence modulo 𝒏 et l’ anneau ℤ/𝒏ℤ . (𝑛 un entier ≥ 2)

Soient a et b deux entiers, on dit que 𝑎 est congru à 𝑏 modulo 𝑛 et on note 𝑎 ≡ 𝑏 [𝑛] si 𝑏 −

𝑎 ∈ 𝑛ℤ.

𝑎 ≡ 𝑏 [𝑛] ⟺ il existe 𝑘 ∈ ℤ ; 𝑏 = 𝑘𝑛 + 𝑎

La relation de congruence est une relation d’équivalence sur ℤ

L’ensemble quotient de ℤ par la relation de congruence modulo 𝑛 est noté ℤ/𝑛ℤ.

33
On a ℤ/𝑛ℤ = {𝑟̅ ; 0 ≤ 𝑟 < 𝑛}. En effet soit 𝑎 un entier, 𝑞 et 𝑟 respectivement le quotient et

le reste de la division euclidienne de 𝑎 par 𝑛, alors a ≡ 𝑟 modulo 𝑛 et 0 ≤ 𝑟 < 𝑛.

Propriétés Soient 𝑎, 𝑏, 𝑐, 𝑑 des entiers et 𝑝 un entier strictement positif, alors

i) a ≡ 𝑐 [𝑛] et b≡ 𝑑 [𝑛] ⇒ a+𝑏 ≡ 𝑐 + 𝑑 [𝑛] et a 𝑏 ≡ 𝑐𝑑 [𝑛]

ii) a ≡ 𝑏 [𝑛] ⇒ 𝑎𝑝 ≡ 𝑏 𝑝 [𝑛]

Ces propriétés sont faciles à vérifier, la première propriété permet de définir sur ℤ/𝑛ℤ deux

lois de compositions internes ; l’addition et la multiplication.

𝑥̅ + 𝑦̅ = ̅̅̅̅̅̅̅̅̅̅
(𝑥 + 𝑦) et 𝑥̅ 𝑦̅ = ̅̅̅̅̅̅.
𝑥. 𝑦 Ces deux lois sont bien définies et confèrent à ℤ/𝑛ℤ une

structure d’anneau unitaire commutatif.

En effet si ̅𝑎 = 𝑐̅ et 𝑏̅ = 𝑑̅ alors ̅̅̅̅̅̅̅


𝑎 + 𝑏 = ̅̅̅̅̅̅̅
𝑐 + 𝑑 et ̅̅̅
𝑎𝑏 = ̅̅̅
𝑐𝑑

Théorème

1) (ℤ/𝑛ℤ , + ,×) est un anneau unitaire et commutatif. 0̅ est l’élément nul et 1̅ est l’unité.

2) Un élément 𝑎̅ est inversible dans ℤ/𝑛ℤ si et seulement si 𝑝𝑔𝑐𝑑(𝑎, 𝑛) = 1

Preuve.

1) C’est facile à vérifier

2) Soit 𝑎 un entier.

𝑎̅ est inversible dans ℤ/𝑛ℤ ⟺ Il existe un entier u ; 𝑎̅𝑢̅ = 1

⟺ Il existe deux entiers 𝑢 et 𝑣 ; 𝑎𝑢 + 𝑛𝑣 = 1

Donc par le corollaire du théorème de Bézout 𝑎̅ est inversible dans ℤ/𝑛ℤ si et seulement si 𝑎

et 𝑛 sont premiers entre eux.

34
Déterminer l’inverse de 𝑎̅ dans ℤ/𝑛ℤ revient à trouver une solution dans ℤ de l’équation

𝑎𝑥 + 𝑛𝑦 = 1, qu’on peut chercher par l’algorithme d’Euclide étendu

Exemple. Montrer que 7 est inversible dans ℤ/187ℤ et déterminer son inverse

187 = 26 × 7 + 5 , 7 = 1 × 5 + 2 , 5= 2× 2 + 1

En remontant l’algorithme on obtient

1= 5−2×2

1 = 5 − 2 × (7 − 5) = 3 × 5 − 2 × 7

1 = 3(187 − 26 × 7) − 2 × 7 = 3 × 187 − 80 × 7

On a donc 3 × 187 − 80 × 7 = 1 , donc (7̅)−1 = −80


̅̅̅̅̅̅ = ̅̅̅̅̅
107

Théorème. (ℤ/𝑛ℤ , + ,×) est un corps si et seulement si 𝑛 est premier.

Indicateur d’Euler

Pour tout entier 𝑛 ≥ 1, on note 𝒰𝑛 = {𝑘 ∈ ℕ; 0 ≤ 𝑘 < 𝑛 𝑒𝑡 𝑘 ∧ 𝑛 = 1 } et 𝜑(𝑛) le nombre

d’éléments de 𝒰𝑛 . Si 𝑛 ≥ 2, 𝜑(𝑛) est le nombre d’éléments inversibles de ℤ/𝑛ℤ .

L’application 𝜑 c’est l’indicatrice d’Euler et 𝜑(𝑛) est l’indicateur d’Euler de l’entier 𝑛.

Propriétés de 𝝋

1) 𝜑(1) = 1

2) Pour tout nombre premier 𝑝, 𝜑(𝑝) = 𝑝 − 1

1
3) Pour tout nombre premier 𝑝 et tout entier 𝑘 ≥ 1, 𝜑(𝑝𝑘 ) = 𝑝𝑘 − 𝑝𝑘−1 = 𝑝𝑘 (1 − 𝑝)

4) Si 𝑛 et 𝑚 sont deux entiers premiers entre eux 𝜑(𝑛𝑚) = 𝜑(𝑛)𝜑(𝑚)

35
5) Si 𝑛 = 𝑝1 𝛼1 × 𝑝2 𝛼2 × … × 𝑝𝑟 𝛼𝑟 est la décomposition de 𝑛 en facteurs premiers alors

1 1 1
𝜑(𝑛) = 𝑛 (1 − 𝑝 ) (1 − 𝑝 ) … (1 − 𝑝 )
1 2 𝑘

1 1
Exemple. 𝜑(100) = 𝜑(22 × 52 ) = 100 (1 − 2) (1 − 5) = 40

Théorème D’Euler

Soient 𝑛 un entier ≥ 2 et 𝑎 un entier premier avec 𝑛 alors :

𝑎𝜑(𝑛) ≡ 1 (modulo 𝑛)

Le Théorème d’Euler est une généralisation du petit Théorème de Fermat

Si on prend 𝑛 un nombre premier alors 𝜑(𝑛) = 𝑛 − 1, et donc pour tout entier 𝑎 premier

avec 𝑛, 𝑎𝑛−1 ≡ 1 (modulo 𝑛). Donc pour tout entier 𝑎, 𝑎𝑛 ≡ 𝑎 (modulo 𝑛)

Exercice d’application :

1) Calculer 𝜑(100)

2) Montrer que 340 ≡ 1 (modulo 100)


34
3) En déduire les deux derniers chiffres en base 10 de 32043 et de 317

4) Résoudre dans ℤ l’équation de congruence 3𝑥 ≡ 1 (modulo 100)

5) Déduire des questions précédentes le reste de division euclidienne de 32039 par 100.

Solution :

1) On décompose 100 en facteurs premiers, 100= 22 52 . On applique les propriétés de 𝜑

1 1
𝜑(100) = 100 (1 − ) (1 − ) = 40
2 5

36
2) 𝑝𝑔𝑐𝑑(3,100) = 1 ; on applique le théorème d’Euler 3𝜑(100) ≡ 1 (modulo 100).

3) 𝑆𝑜𝑖𝑡 𝑛 = 𝑐𝑝 𝑐𝑝−1 … 𝑐1 𝑐0 l’écriture de l’entier naturel 𝑛 en base 10

𝑛 ≥ 10 ⟹ 𝑛 ≡ 𝑐1 𝑐0 (modulo 100)

On a 2043 = 51 × 40 + 3 donc 32043 = (340 )51 × 33 ; or 340 ≡ 1 (modulo 100), donc

32043 ≡ 27 (𝑚𝑜𝑑𝑢𝑙𝑜 𝑛) ; 𝑐1 𝑐0 = 27.

33
On a 340 ≡ 1 (modulo 100), donc pour déterminer le reste de la division euclidienne de 317

par 100, il est utile de déterminer le reste de la division euclidienne de 1733 par 40.

On a 𝑝𝑔𝑐𝑑(17,40) = 1, donc en appliquant le théorème d’Euler 17𝜑(40) ≡ 1 [40]

𝜑(40) = 𝜑(5 × 8) = 𝜑(5)𝜑(8) = 4 × 4 = 16 , d’où 1716 ≡ 1 [40]

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1734 = (1716 )2 × 172 ≡ 9 [40]. On obtient finalement 317 ≡ 39 ≡ 83 [100]

4) On peut remarquer que (−33) × 3 ≡ 1 [100]

Soit 𝑥 ∈ ℤ , 3𝑥 ≡ 1 (𝑚𝑜𝑑𝑢𝑙𝑜 100) ⟺ 𝑥 ≡ −33 ≡ 67 [100]

L’ensemble des solutions est 𝑆 = {67 + 100𝑘 ; 𝑘 ∈ ℤ}

5) Soit 𝑟 le reste de la division euclidienne par 100 de 32019

32039 ≡ 𝑟 [100] ⟺ 3× 32039 ≡ 3𝑟 [100] ⟺ 3𝑟 ≡ 1 [100]

D’après la question précédente 𝑟 = 67

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