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Mathématiques générales

Pr. MOHAMMADI Ahlam


Plan du cours

Chapitre 1: Chapitre 2: Chapitre 3:


Logique, ensembles et Fonctions numériques Les suites réelles
raisonnements • Étude d’une fonction réelle • Propriétés générales de
• Assertions d’une variable réelle suites réelles
• Quantificateurs • Fonctions usuelles • Limites d’une suite
• Raisonnements • Limites et comparaison des • Suites récurrentes
fonctions numériques
• Dérivées partielles
Chapitre 1:
Logique, ensembles et
raisonnements
I. Les assertions:

Dans l’imaginaire collectif, les mathématiques sont souvent considérées comme la


science des nombres et du calcul. Ce n’est pas complètement faux, mais il manque
l’essentiel. Les mathématiques, ce sont avant tout des raisonnements. Il s’agit, à
partir d’hypothèses bien précises et en progressant grâce à des liens logiques, de
déterminer ce qui est vrai et ce qui est faux.
Ainsi, plus que des nombres ou des équations, le mathématicien manipule des
assertions :
Définition:
Une assertion est une phrase soit vraie, soit fausse, mais pas les deux en même temps.
I. Les assertions:

Une assertion est donc une phrase syntaxiquement correcte, ayant un sens, et dont on
peut dire sans ambiguïté si elle est vraie ou fausse. Elle peut s’exprimer en langage courant
(en français par ex) ou en symboles mathématiques (on introduira les plus fréquents dans
ce chapitre, d’autres viendront au fur et à mesure des besoins).
Exemples:
• « Le carré de tout réel est un réel positif »
•«2x3=7»
• « Pour tout 𝑥 𝜖 ℝ, on a x2 ≥ 0. »

Si 𝑃 est une assertion et 𝑄 est une autre assertion, nous allons définir de nouvelles
assertions construites à partir de 𝑃 et de 𝑄.
I. Les assertions:

1. l’opérateur logique « et »:
L’opérateur logique « 𝑒𝑡 » permet d’exprimer le fait que deux expressions sont
vraies simultanément :

L’assertion « P et Q » est vraie si P est vraie et Q est vraie. L’assertion « P et Q » est fausse
sinon.

On résume ceci en une table de vérité :


𝑷|𝑸 V F
V V F
F F F
I. Les assertions:

2. L’opérateur logique « ou »:
L’opérateur logique « 𝑜𝑢 » permet d’exprimer le fait que l’une (au moins) des deux
expressions est vraies :

L’assertion « P ou Q » est vraie si l’une (au moins) des deux assertions P ou Q est vraie.
L’assertion « P ou Q » est fausse si les deux assertions P et Q sont fausses.

On résume ceci en une table de vérité :


𝑷|𝑸 V F
V V V
F V F
I. Les assertions:

3. La négation « non »:
La négation (𝑛𝑜𝑛 𝑃) d’une assertion 𝑃 est l’assertion qui est vraie si 𝑃 est fausse et
fausse si 𝑃 est vraie:
L’assertion « non P » est vraie si P est fausse, et fausse si P est vraie.

On résume ceci en une table de vérité :


𝐏 V F
𝒏𝒐𝒏 𝐏 F V
I. Les assertions:

4. L’implication « ⇒ »:
L'implication logique est une opération binaire qui a deux arguments : l'argument
de gauche est l’impliquant et l'argument de droite est l’impliqué. Sa définition
mathématique est la suivante:
L’assertion « (non P) ou Q » est notée « 𝑃 ⇒ 𝑄 ».

On résume ceci en une table de vérité :

𝑷|𝑸 V F
V V F
F V V
I. Les assertions:

4. L’implication « ⇒ »:

Exemples:
• « 0 ≤ 𝑥 ≤ 25 ⇒ 𝑥 ≤ 5» est vraie (prendre la racine carrée).
• « 𝑥 ∈ −∞; −4 ⇒ 𝑥 2 + 3𝑥 − 4 > 0 » est vraie (étudier le binôme).

• « 2 + 2 = 5 ⇒ 2 = 2 » est vraie! Eh oui, si 𝑃 est fausse alors l’assertion « 𝑃 ⟹


𝑄» est toujours vraie.
I. Les assertions:

4. L’ équivalence «⇔»:
L’équivalence est définie par:
« 𝑃 ⇔ 𝑄 » est l’assertion « (𝑃 ⇒ 𝑄) et (𝑄 ⇒ 𝑃) »

Cette assertion est vraie lorsque P et Q sont vraies ou lorsque P et Q sont fausses.
On résume ceci en une table de vérité :
𝑷|𝑸 V F
V V F
F F V
I. Les assertions:

4. L’ équivalence «⇔»:
Exemples:
• Pour 𝑥. 𝑥 ′ 𝜖 ℝ, l’équivalence « 𝑥. 𝑥 ′ = 0 ⇔ (𝑥 = 0 ou 𝑥′ = 0) est vraie.
• Voici une équivalence toujours fausse (quelque soit l’assertion 𝑃):«P ⇔ non(P)»

On s’intéresse davantage aux assertions vraies qu’aux fausses; Ceci veut dire que
l’on écrira « P ⇔ Q» ou « P ⇒ Q » uniquement lorsque ce sont des assertions
vraies. Par exemple si l’on écrit «P ⇔ Q» cela sous-entend «P ⇔ Q» est vraie.
I. Les assertions:

4. L’ équivalence «⇔»:
Propositions:
Soient 𝑃,𝑄,𝑅 trois assertions.
Nous avons les équivalences (vraies) suivantes :
1. P ⇔ non non P 5. non P ou Q ⇔ non P et non Q
2. P et Q ⇔ Q et P 6. P et Q ou R ⇔ P et Q ou P et R
3. P ou Q ⇔ Q ou P 7. P ou Q et R ⇔ P ou Q et P ou R
4. non P et Q ⇔ non P ou non Q 8. « P ⇒ Q » ⇔ « non(Q) ⇒ non(P)»
II. Les quantificateurs:

1. Le quantificateur ∀:
∀𝐱𝛜𝐄 𝐏(𝐱)
Cette phrase formelle affirme que la propriété 𝑃 est vraie pour tous les
éléments 𝑥 de l'ensemble 𝐸, ou encore qu'il n'y a pas dans 𝐸 de contre-exemple à
la propriété 𝑃.
Pour traduire le caractère universel d'une propriété dans l'ensemble E, on utilisera
des expressions comme: pour tout x, pour n'importe quel x, quelque soit x, pour
chaque x, pour un x quelconque.
On remarquera que le quantificateur ∀ est placé avant la propriété qu'il quantifie.
II. Les quantificateurs:

1. Le quantificateur universelle ∀:

Exemples:
• « ∀𝑥 ∈ 1; +∞ , 𝑥 2 ≥ 1 » est une assertion vraie
• « ∀𝑥 ∈ ℝ, 𝑥 2 ≥ 1 » est une assertion fausse
• « ∀𝑛 ∈ ℕ, 𝑛(𝑛 + 1) est divisible par 2 » est vraie
• « ∀𝑝 ∈ ℕ, ∀𝑛 ∈ ℕ, 𝑝 ≥ −𝑛 » est une assertion vraie
II. Les quantificateurs:

2. La quantification existentielle ∃:
∃𝐱𝛜𝐄 𝐏(𝐱)
Cette phrase formelle affirme que dans 𝐸 il existe au moins un élément 𝑥 qui
vérifie la propriété "𝑃". Attention, il peut aussi en exister plusieurs! La seule
affirmation faite est la suivante : l'ensemble des éléments de 𝐸 qui vérifie la
propriété "𝑃" est non vide. Ceci est différent du langage courant souvent plus
ambigu.
Il y a un x qui vérifie "𝑃" peut vouloir dire un seul 𝑥, alors que dans le langage
mathématique le sens est précis : au moins un 𝒙, éventuellement plusieurs.
II. Les quantificateurs:

2. Le quantificateur existentielle ∃:
Exemples:
1
• « ∃𝑥 ∈ ℝ , 𝑥 𝑥 − 1 < 0 » est vraie (par exemple 𝑥 = vérifie bien la
2
propriété »
• « ∃𝑛 ∈ ℕ, 𝑛2 − 𝑛 > 𝑛 » est vraie (il y a plein de choix, par exemple 𝑛 = 3
convient, mais aussi 𝑛 = 10 ou même 𝑛 = 100, un seul suffit pour dire que
l’assertion est vraie.
• « ∃𝑥 ∈ ℝ, 𝑥 2 = −1 » est fausse (aucun réel au carré ne donnera un nombre
négatif »
II. Les quantificateurs:

3. La négation des quantificateurs:


Comment prendre la négation d'une phrase formelle écrite avec des
quantificateurs ?
Avec l’utilisation du quantificateur universelle, par exemple en écriviant (∀𝑥 ∈
𝐸, 𝑃 𝑥 ), on affirme qu’une propriété 𝑃 est universelle sur 𝐸. Ceci étant, pour nier
cette propriété, il suffit de trouver un contre-exemple.
Autrement dit:

𝒏𝒐𝒏 ∀𝒙 ∈ 𝑬, 𝑷 𝒙 ⇔ (∃𝒙 ∈ 𝑬, 𝒏𝒐𝒏 𝑷 𝒙 )


II. Les quantificateurs:

3. La négation des quantificateurs:


Si on utilise le quantificateur existentielle, par exemple en écrivant (∃𝑥 ∈ 𝐸, 𝑃(𝑥)),
on affirme que pour un 𝑥 au moins, « 𝑃 » est vrai, ou encore que l’ensemble des 𝑥
pour lesquels 𝑃 est vrai n’est pas vide.
Le contraire est évidemment que l'ensemble des 𝑥 pour lesquels « 𝑃 » est vide ou
encore que «(non P) » est universelle.
Autrement dit:

(𝑛𝑜𝑛 ∃𝑥 ∈ 𝐸, 𝑃 𝑥 ) ⇔ (∀𝑥 ∈ 𝐸, 𝑛𝑜𝑛 𝑃 𝑥 )


II. Les quantificateurs:

3. La négation des quantificateurs:

Pour nier une phrase formelle commençant par plusieurs


quantificateurs, on conserve l'ordre d'écriture des variables,
on change les "∀" en "∃", et les "∃" en "∀", puis on remplace
la propriété "𝑃" par sa négation, "𝑛𝑜𝑛 𝑃".
II. Les quantificateurs:

3. La négation des quantificateurs:


Exemples:
• La négation de « ∃𝑧 ∈ ℂ, 𝑧 2 + 𝑧 + 1 = 0 » est « ∀𝑧 ∈ ℂ, 𝑧 2 + 𝑧 + 1 ≠ 0 »
• La négation de « ∀𝑥 ∈ ℝ, (𝑥 + 1) ∈ ℤ » est « ∃ 𝑥 ∈ ℝ, (𝑥 + 1) ∉ ℤ » .
• Ce n’est pas plus difficile d’écrire la négation de phrases complexes.
Pour l’assertion:
∀𝑥 ∈ ℝ ∃𝑦 > 0 𝑥 + 𝑦 > 10
Sa négation est
∃𝑥 ∈ ℝ ∀𝑦 > 0 𝑥 + 𝑦 ≤ 10
II. Les quantificateurs:

3. La négation des quantificateurs:


Il est à noter que:
L’ordre des quantificateurs est très important.

Par exemple les deux phrases logiques:


∀𝑥 ∈ ℝ ∃𝑦 ∈ ℝ (𝑥 + 𝑦 > 0)
Et
∃𝑦 ∈ ℝ ∀𝑥 ∈ ℝ (𝑥 + 𝑦 > 0)
sont différentes. La première est vraie, la seconde est fausse.
II. Les quantificateurs:

3. La négation des quantificateurs:


Remarques:
• Quand on écrit « ∃𝑥 ∈ ℝ, 𝑓 𝑥 = 0 », cela signifie juste qu’il existe un réel pour
lequel la fonction f s’annule. Rien ne dit que ce x est unique. Afin de préciser que
𝐟 s’annule en une unique valeur, on rajoute un point d’exclamation:
∃! 𝑥 ∈ ℝ , 𝑓 𝑥 =0
• Pour la négation d’une phrase logique, il n’est pas nécessaire de savoir si la
phrase est fausse ou vraie. Le procédé est algorithmique : on change le « pour
tout » en « il existe » et inversement, puis on prend la négation de l’assertion
𝑷.
II. Les quantificateurs:

3. La négation des quantificateurs:

Remarques: (suite)
• Pour la négation d’une proposition, il faut être précis : la négation de l’inégalité
stricte «<» est l’inégalité large « ≥ », et inversement.
• Les quantificateurs ne sont pas des abréviations. Soit vous écrivez une phrase en
français : « Pour tout réel x, si f x = 1 alors x ≥ 0 » , soit vous écrivez la
phrase logique : ∀𝑥𝜖ℝ (𝑓 𝑥 = 1 ⇒ 𝑥 ≥ 0)
III. Les raisonnements:

1. Raisonnement direct:
Comment démontrer une implication par raisonnement direct?
Pour montrer directement l’implication « 𝑃 ⇒ 𝑄 », on suppose que 𝑃 est vraie et
on démontre que 𝑄 est vraie. La démonstration commence par « supposons que P
est vraie» et se termine par « Q est vraie ».
Exemple:
1. Montrer que si 𝑎 et 𝑏 ∈ ℚ, alors 𝑎 + 𝑏 ∈ ℚ
2. Montrer que, pour 𝑥 et 𝑦 réels, 𝑥 2 = 𝑦 2 ⇒ 𝑥 = 𝑦
III. Les raisonnements:

2. Le raisonnement par disjonction de cas:


Si l’on souhaite vérifier une assertion 𝑃(𝑥) pour tous les 𝑥 dans un ensemble 𝐸, on
montre l’assertion pour les 𝑥 dans une partie 𝐴 de 𝐸, puis pour les 𝑥 n’appartenant
pas à 𝐴. C’est la méthode de disjonction ou du cas par cas.
Il s’agit d’une forme de raisonnement mathématique qui consiste à décomposer la
proposition que l'on cherche à démontrer en un nombre fini de cas (sous-
propositions) vérifiés indépendamment.
Exemple:
1. Montrer que ∀𝑥𝜖ℝ, 𝑥 − 1 ≤ 𝑥 2 − 𝑥 + 1
III. Les raisonnements:

3. Le raisonnement par contraposée:


Le raisonnement par contraposition est basé sur l’équivalence suivante:
L’assertion « 𝑃 ⇒ 𝑄 » est équivalente à « non(𝑄) ⟹ 𝑛𝑜𝑛(𝑃) »
Donc si l’on souhaite montrer l’assertion « 𝑃 ⇒ 𝑄 », on montre en fait que si
𝑛𝑜𝑛(𝑄) est vraie alors 𝑛𝑜𝑛(𝑃) est vraie (c’est-à-dire que 𝑛𝑜𝑛 𝑄 implique 𝑛𝑜𝑛 𝑃).
On note que « non(𝑄) ⟹ 𝑛𝑜𝑛(𝑃) » est appelée la contraposée de « 𝑃 ⇒ 𝑄 » .
Exemple:
1. Soit 𝑛 ∈ ℕ. Montrer que si 𝑛2 est pair alors 𝑛 est pair.
III. Les raisonnements:

4. Le raisonnement par absurde:


Le raisonnement par l’absurde pour montrer « 𝑃 ⇒ 𝑄 » repose sur le principe
suivant : on suppose à la fois que 𝑃 est vraie et que 𝑄 est fausse et on cherche une
contradiction. Ainsi si 𝑃 est vraie alors 𝑄 doit être vraie et donc « 𝑃 ⇒ 𝑄 » est
vraie.
Exemple:
1. Montrer que ∀𝑥𝜖ℕ, 𝑥 + 1 ≠ 0
𝑎 𝑏
2. Soient 𝑎, 𝑏 ≥ 0. Montrer que si: = alors 𝑎 = 𝑏
1+𝑏 1+𝑎
III. Les raisonnements:

5. Le raisonnement par production d’un contre-exemple:


Si l’on veut montrer qu’une assertion du type « ∀𝑥 ∈ 𝐸 𝑃(𝑥) » est vraie pour
chaque 𝑥 de 𝐸, il faut montrer que 𝑃(𝑥) est vraie. Par contre, pour montrer que
cette assertion est fausse, alors il suffit de trouver 𝑥 ∈ 𝐸 tel que 𝑃(𝑥) soit fausse.
(Rappelez-vous la négation de « ∀𝑥 ∈ 𝐸, 𝑃(𝑥) » est « ∃𝑥 ∈ 𝐸, 𝑛𝑜𝑛 𝑃(𝑥) ».)
Trouver un tel 𝑥 c’est trouver un contre-exemple à l’assertion « ∀𝑥 ∈ 𝐸 𝑃(𝑥) ».
Exemple:
Montrer que l’assertion suivante est fausse « Tout entier positif est somme de trois
carrés ».
III. Les raisonnements:

6. Le raisonnement par récurrence:


Le principe de récurrence permet de montrer qu’une assertion 𝑃(𝑛), dépendant
de 𝑛, est vraie pour tout 𝑛 ∈ 𝑁. La démonstration par récurrence se déroule en
trois étapes : lors de l’initialisation on prouve P(0). Pour l’étape d’hérédité, on
suppose 𝑛 > 0 donné avec 𝑃(𝑛) vraie, et on démontre alors que l’assertion
𝑃(𝑛 + 1) au rang suivant est vraie. Enfin dans la conclusion, on rappelle que par le
principe de récurrence 𝑃(𝑛) est vraie pour tout 𝑛 ∈ 𝑁.
Exemple:
1. Montrer que ∀𝑛 ∈ ℕ, 2𝑛 > 𝑛
2. Montrer que ∀𝑛 ∈ ℕ∗ , 2𝑛−1 ≤ 𝑛! ≤ 𝑛𝑛 .

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