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Réseaux

A propos de la structure de l'interaction : la réciprocité des


motivations
Pierre Bange

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Bange Pierre. A propos de la structure de l'interaction : la réciprocité des motivations. In: Réseaux, Hors Série 8, n°1, 1990.
Les formes de la conversation volume 1. pp. 51-68;

doi : https://doi.org/10.3406/reso.1990.3530

https://www.persee.fr/doc/reso_0984-5372_1990_hos_8_1_3530

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A PROPOS DE LA STRUCTURE

DE L'INTERACTION :

LA RECIPROCITE DES MOTIVATIONS.

Pierre Bange

Université de Lyon

Dans la perspective de la pragmalinguistique, parler n'est pas


seulement la mise en fonctionnement d'un système linguistique, mais
une forme essentielle d'action sociale. Cette perspective me paraît
impliquer que les comportements verbaux ne doivent pas être séparés
des autres formes de comportements, qu'ils doivent être traités dans le
même cadre.
C'est dans cette perspective que j'essaierai d'expliquer certains aspects
du concept d'interaction. Je partirai d'une définition de l'interaction
(qui, à la fois correspond à l'intuition spontanée et

(c) Pierre Bange


52 La réciprocité des motivations

est introduite à titre de postulat dans une théorie psychosociale de


l'action) comme un "système de comportements de différents
partenaires qui s'influencent réciproquement dans des actions
concrètes" (Cranach et al. 1980 : 78).
Vinfluence"
est, selon le dictionnaire de Robert, l'"action
qu'exerce une personne sur une autre", en vue de déclencher une
réaction comportementale, verbale ou cognitive. C'est une action qui a
pour objet une autre personne, une action sociale. Une interaction est
donc une action sociale réciproque, c'est à dire qui s'exerce à la fois
dans le sens de A à В et dans celui de В à A.
Mon objectif est d'essayer de répondre à la question : Comment
les comportements verbaux des partenaires dans la conversation se
constituent-ils en système d'influence réciproque ? ou : Comment
s'effectuent dans les conversations les actions sociales de A sur В et
de В sur A et comment se constituent-elles en système ? *

Distinctions analytiques

La notion de "pertinence conditionnelle" ou "dépendance


conditionnelle" (conditional relevance) est l'outil à l'aide duquel
l'analyse conversationnelle ethnométhodologique explique l'engrenage
des activités verbales des participants et la structure interactive des
conversations. Schegloff (1972) note que, dans les conversations à
deux partenaires, "la sequenciation (sequencing) est alternative a b a b
a b" et que "la séquence a b a b a b rend chaque tour de parole
successif séquentiellement dépendant de celui qui précède"
((350)(souligné par moi)). Que signifie "séquentiellement
dépendant" ?
Schegloff (1972) examine des "séquences à deux parties"
obligatoires, summons-answer (S-A), qui servent spécifiquement de
préambule ou préliminaire à une autre activité (conversationnelle ou
corporelle). Il s'attache à montrer que la relation entre les deux "turns"
de la séquence aussi bien que la relation entre la séquence et l'activité
qui lui fait obligatoirement suite, est gérée par la "propriété de
dépendance conditionnelle" (363) qui intervient donc au niveau des
tours de parole et également à un niveau conçu implicitement comme
hiérarchiquement supérieur, celui des relations entre séquences.
Schegloff (1972) ne va pas au-delà de l'introduction du terme de
"conditional relevance" : il se contente de constater sur des cas
Pierre Bange 53

particuliers l'existence de cette obligation dont la nature n'est pas


analysée. "Par dépendance conditionnelle d'un item sur l'autre, nous
entendons ceci : la réalisation du premier rend le second exigible"
(364).
Pomerantz (1978) introduit comme une distinction
fondamentale "paire adjacente" et "chaîne d'actions". Elle donne
comme "règle de base" de la paire adjacente la dépendance
conditionnelle : "Une fois réalisée de manière reconnaissable la
première partie, à son premier point de completion possible, le
locuteur doit stopper et un locuteur suivant doit démarrer et produire
une seconde partie du même type de paire que la première partie"
(109). Mais, dit-elle, dans la chaîne d'actions, l'action 2 peut, mais ne
doit pas, être réalisée par le récepteur de l'action 1.
Cette distinction fait apparaître, à mon avis, une imprécision de
la notion de dépendance conditionnelle : Pomerantz semble
l'interpréter comme instaurant une relation de condition suffisante,
voire une relation causale, entre le premier et le second énoncé alors
qu'une liberté de choix plus grande existerait dans la chaîne d'actions ;
en particulier, c'est la seconde partie qui, parfois, fait réinterpréter la
première (110). Mais rien n'est dit sur la nature de la relation entre
l'action 1 et l'action 2 dans la chaîne d'actions.
La même notion de dépendance conditionnelle est reprise dans
Kallmeyer (1977), et Kallmeyer et Schutze (1979). Elle y apparaît
comme "principe de fixation de l'activité par anticipation" (1977 : 55).
"Il est essentiel pour la constitution de la communication comme
ensemble ordonné d'activités de tenir compte du principe de fixation
de l'activité par anticipation ; c'est à dire qu'en exécutant certaines
activités, les participants fixent pour leurs partenaires et pour eux-
mêmes certaines activités consécutives" (1977 : 55). La continuité
avec Schegloff est évidente. Mais on ne sait pas quelle est la nature de
ce "principe", ni ce que signifie exactement : "les participants fixent
(...) certaines activités consécutives". Une question de A appelle
comme "réaction appropriée" de В une réponse. В peut se dérober ou
refuser de répondre, mais l'attente d'une réponse est cependant
présente et "co-déterminante pour la réaction de B" (55). C'est cette
attente (qui doit être visiblement ancrée dans un savoir) qui permet de
parler de l'éventuelle "absence officielle" d'une réponse, d'une absence
notable par rapport à laquelle la réaction de В sera interprétée. Selon
Kallmeyer et Schutze (1979), le terme de "dépendance conditionnelle"
54 La réciprocité des motivations

"désigne les conditions que l'un des acteurs pose, au moyen d'une
activité ou d'un ensemble d'activités, à son partenaire pour le
déroulement des activités de celui-ci". Et il existe un "principe de
suspensibilité des dépendances conditionnelles" (1977 : 59) qui joue
un grand rôle pour la constitution d'ensemble de l'interaction. "En
particulier, ce principe donne la possibilité de traiter les perturbations
et d'assurer les présuppositions nécessaires pour réaliser des
dépendances conditionnelles". Comme chez Schegloff, le principe de
fixation par anticipation des activités et le principe de suspensibilité
des dépendances conditionnelles doivent pouvoir être appliqués non
seulement aux paires adjacentes, c'est à dire au niveau de
l'organisation locale, mais aussi à l'analyse des connexions entre blocs
plus importants d'activités.
Kallmeyer et Schiitze (1979) suggèrent aussi de distinguer
entre des dépendances conditionnelles "plus interactives" et d'autres
"plus monologiques". Par là, le principe de fixation par anticipation
des activités devient un principe général de cohésion du discours,
puisqu'il est efficient même à l'intérieur d'un discours monologique.
Ces explications font apparaître qu'il faut distinguer de la
"dépendance conditionnelle" la dépendance séquentielle des actions,
qui fait entrer le résultat d'une action dans l'action suivante comme
une condition réalisée, et explique la succession des séquences. On
sait, par exemple, que les ouvertures de conversations téléphoniques
comportent le traitement successif de tâches telles que :
a - manifestation de l'intention de communiquer et de la disposition à
communiquer ;
b - identification mutuelle ;
с - introduction et acceptation d'un premier thème.

"Dépendance conditionnelle" et "dépendance séquentielle"


appartiennent au savoir-faire partagé des interactants. Ce savoir
commun rend possible le déroulement interactif et en fixe les règles.
Mais il convient de faire une seconde distinction : le déroulement
interactif se constitue effectivement à partir d'une décision réciproque
des interactants. A la distinction proposée par Pomerantz (1978) entre
"paire adjacente" et "chaîne d'actions", je substituerai donc une
distinction d'une autre nature. En effet, le choix plus ou moins large
entre des possibilités de réalisation plus ou moins nombreuses ne
change rien à la nature de la relation entre Al et A2 dans la paire
Pierre Bange 55

adjacente et dans la chaîne d'actions. Le récepteur peut, dans les deux


cas, s'affranchir des "obligations/possibilités" de la même manière et
avec les mêmes conséquences. La distinction que je propose est une
distinction entre un niveau du savoir et un niveau de la décision : entre
Al et A2 existe une contrainte sur des interprétations ; parmi les
possibles plus ou moins nombreux pour A2, une instance de décision
intervient Cette distinction correspond à celle qu'introduit Schiitz
entre réciprocité des perspectives et réciprocité des motivations.
Je montrerai également que, si l'on admet une conception
hiérarchique de l'action, la même réciprocité des motivations permet
de rendre compte de la structuration de l'interaction du niveau local au
niveau global ou plutôt : des niveaux opérationnels aux niveaux
stratégiques et finaux, bien que les formes de réalisation de cette
réciprocité des motivations soient différentes : plus contraignantes et
plus implicites au niveau des routines opérationnelles ; laissant plus de
choix, donc nécessitant une négociation plus explicite au niveau des
comportements tournés vers l'extérieur.
Enfin, je voudrais montrer que le concept de réciprocité des
motivations permet d'intégrer à tous les niveaux de constitution de
l'interaction les phénomènes relationnels (naturellement sous des
formes diverses qui vont des "phénomènes de politesse" jusqu'aux
rôles sociaux). Dans l'interaction se manifestent et se construisent des
actions sociales, se constitue l'ordre social, disent les
ethnométhodologues. Une composante de cet ordre social est la
rationalité de l'interaction en vue d'un but (M. Weber :
Zweckrationalitât) qui guide la réalisation d'un schéma d'adaptation
aux conditions extérieures. En même temps, (et aussi pour la
rationalité même de l'interaction), les participants doivent tenir
compte l'un pour l'autre dans l'exécution de leurs tâches du fait qu'ils
sont des individus dans une situation biographiquement déterminée,
avec des valeurs et des affects ; de ce que, en conséquence,
l'accomplissement des rôles et l'exécution des tâches doivent être
équilibrés avec les besoins intérieurs de l' individu, ce qui guide ses
choix et entraîne, par exemple, la nécessité de ménager l'image de
l'autre et de donner de soi la meilleure image et aussi explique la
possibilité de réactions imprévisibles.
56 La réciprocité des motivations

Mécanisme de l'interaction

Je voudrais d'abord montrer comment on peut rendre compte


de l'engrenage des actions individuelles dans l'interaction en faisant
intervenir l'articulation des raisons et des buts, que Schiitz a lui même
dénommé "principe de réciprocité des motivations" (1962 : 23) ; en
précisant que l'engrenage n'a rien d'automatique, que la réciprocité
doit à chaque étape être respectée et construite au cours d'un processus
d'évaluation et de détermination de l'attitude à adopter. Mais il est
nécessaire au préalable de dire quelques mots sur
l'intercompréhension.

L'intercompréhension.

Schiitz : "Mon acte social est orienté non seulement vers


l'existence physique d'un alter ego, mais vers l'acte de l'Autre que je
m'attends à provoquer par ma propre action" (1964 : 14) . Cela veut
dire que, dans le projet d'action et dans l'intention de A, la réaction
qu'il attend de son partenaire В est inscrite comme le moyen de
réaliser son but. Cela veut dire qu'une action verbale ne peut être
considérée comme complète qu'après cette réaction, qu'elle n'en est
pas separable et doit intégrer sinon le contenu de cette réaction, au
moins le fait qu'elle se produit.
Mais les choses se compliquent du fait que les actions doivent
être comprises. La réaction de В manifeste (aux yeux de A) comment
В a compris son intention. Il y a un sens intentionnel de l'action de A
pour A. П y a un sens interprété de l'action de A pour B. Le premier
problème qui doit être résolu par les partenaires pour qu'ils puissent
interagir est celui d'une attribution de sens suffisamment analogue
pour les besoins de l'interaction. C'est le problème de
l'intercompréhension qu'on peut définir, avec Kindt et Weingarten
(1984) comme : "Les activités déployées par les interlocuteurs pour
parvenir à une similitude dans l'attribution des significations qui
corresponde à leurs intérêts du moment"(l). Le terme
ď"intercompréhension" désigne les activités de coordination
déployées par les interlocuteurs au niveau opérationnel de
l'organisation de l'action, c'est à dire au niveau où l'action est
organisée dans le détail des mécanismes internes de son déroulement ;
il désigne les processus de régulation réciproque des attributions de
Pierre Bange 57

signification. Normalement, cette régulation se caractérise par son


caractère automatique (on ne peut pas choisir de ne pas comprendre).
Ce n'est qu'en cas de perception par l'un des interlocuteurs d'une
difficulté jugée gênante pour le déroulement de l'interaction que, par
l'effet d'un processus de focalisation de l'attention, des activités
conscientes de réparation, c'est à dire d'ajustement négocié des
significations attribuées , sont mises en oeuvre. La relation de ces
activités avec l'activité principale a été décrite par Jefferson (1972)
comme "shifting relationship". Le caractère de suspension de l'activité
principale et d'orientation vers les structures opérationnelles peut être
plus ou moins marqué, la réparation / reformulation / clarification plus
ou moins nettement constituée en "séquence latérale" (side sequence),
plus ou moins "enchâssée" ou "exposée", la focalisation provisoire des
activités des interlocuteurs sur une composante linguistique
normalement utilisée de manière automatique ne fait cependant pas de
doute. Ces phénomènes ont été étudiés, particulièrement pour les
situations de communication exolingue où ils tiennent une grande
place, dans Giilich et Kotchi (1985), Gulich (1986 a, 1986 b) et Bange
(1987).
Le résultat des processus d'intercompréhension, qui peuvent
ainsi revêtir une forme interactive ouverte, est de créer les conditions
du déroulement de l'interaction aux niveaux supérieurs et de
déboucher sur l'attribution réciproque de motivations. C'est ce que je
voudrais essayer de faire apparaître.
Kayser (1987) distingue deux formes d'interprétation qu'il
caractérise comme :
1- l'identification des buts communicatifs du locuteur par le
récepteur ;
2- l'assignation d'un sens aux objets linguistiques.
Une telle présentation a pour inconvénient de présenter comme
étrangères l'une à l'autre des activités analogues, mais qui
interviennent à des niveaux différents. On pourrait aussi bien
caractériser la première forme d'interprétation comme l'assignation
d'un sens aux actes du locuteur, et la seconde comme Videntification
par le récepteur des instructions que lui communique le locuteur
quant à la façon de comprendre les objets linguistiques, quant au sens
que le locuteur a voulu leur donner. La différence entre les deux
interprétations est une différence du niveau d'application : la première
s'applique au niveau stratégique autonome ; la seconde au niveau
58 La réciprocité des motivations

opérationnel qui n'est pas autonome, qui n'a de fonction que par
rapport à la première, comme moyen à son service.
Les deux types d'interprétation peuvent être empiriquement
séparés, dit Kayser, et les buts communicatifs peuvent être compris
sans que le contenu propositionnel de renonciation l'ait été. Si cela
était, cela reviendrait à dire que la seconde interprétation n'est pas la
condition de la première. En réalité, ce qui permet de comprendre les
buts sans comprendre la signification, c'est le contexte et l'intervention
d'autres codes que le code verbal et cette compréhension est limitée à
ce que ces codes et le contexte peuvent permettre de comprendre.
La seconde interprétation concerne l'aspect sémantique de la
communication, si on définit, avec Winograd (1976), comme le fait
Kayser, la sémantique comme : "l'étude des relations entre les objets
linguistiques et les états et processus mentaux impliqués dans leur
production et leur compréhension". Les états mentaux impliqués sont
constitués notamment par un savoir sur le monde représenté par des
"frames" ou des "scripts" stéréotypés, par des concepts typifies, c'est à
dire socialement partagés. La communication repose sur la
supposition réciproque diffuse que le partenaire dans l'interlocution
dispose des mêmes connaissances que le premier ou de connaissances
comparables et qu'il sait que celui-ci le sait et sur la supposition que
chacun dispose d'hypothèses concernant les différences de leurs
savoirs. Les partenaires font également des suppositions réciproques
chacun sur l'interprétation de la situation par l'autre et sur le degré de
conformité de leurs interprétations ; sur la personnalité de l'autre, sur
son rôle et sur la façon qu'il a de considérer ego ; sur les buts qui
guident l'autre et sur les buts qu'alter prête à ego, ainsi que sur leur
degré de communauté et de divergence. C'est cela que Schutz désigne
comme "la thèse générale des perspectives réciproques" (1962 : 12) à
partir de laquelle les partenaires construisent leurs interprétations.
L'intercompréhension, dit Kayser, "consiste fondamentalement
dans les activités d'interprétation des interlocuteurs. A travers les
processus de compréhension, les interlocuteurs interprètent les
occurrences linguistiques qu'ils perçoivent ; à travers les processus de
production, ils anticipent l'interprétation de leurs occurrences, c'est à
dire qu'ils conçoivent leurs occurrences de manière qu'elles soient
interprétables par les récepteurs et même qu'elles le soient selon
l'interprétation qu'ils visent" (15). Mais l'intercompréhension, c'est à
dire la similitude dans l'attribution des significations, n'est manifestée
Pierre Bange 59

d'un partenaire de la communication à l'autre que dans l'adéquation de


la relation de la réaction de В (aux yeux de A) à l'action de A. Cest
dans la réalisation des buts communicatifs que l'intercompréhension
est contrôlée. La "bonne compréhension" par В de l'intention de A ne
peut être évaluée que par A ; elle réside dans une adéquation
suffisante aux yeux de A entre ce que A prévoyait que В ferait
(anticipation par A de la réaction de B) et ce que A comprend que В
fait (interprétation par A de l'action actuelle de B). La "mauvaise
compréhension" est une adéquation insuffisante, eu égard aux attentes
de A. La compréhension n'est pas une catégorie objective, mais une
catégorie du partenaire A face à la réaction de B.

La réciprocité des motivations

"Si j'imagine, en projetant mon acte, que tu comprendras mon


acte (i.e. que tu reconnaîtras mon intention) et que cette
compréhension t'induira à réagir, de ton côté, d'une certaine manière,
j'anticipe que les motivations en-vue-de de ma propre activité
deviendront les motivations à-cause-de de ta réaction, et vice-versa"
(14). C'est cela que Schutz appelle "principe de réciprocité des
motivations" : c'est l'anticipation par A que son projet, une fois
compris, sera accepté par В comme la raison et la motivation à-cause-
de du projet et de l'action de B. Schutz prend comme exemple la paire
adjacente question/réponse (1962 : 23 sqq. ; 1964 : 14 sqq.). Je
reprends ici cet exemple dans ma propre présentation et avec mes
propres commentaires.
Lorsque l'acteur A pose une question, la motivation en-vue-de
de son action n'est pas seulement l'attente que В comprendra la
question, mais principalement l'attente d'obtenir une réponse. La
réalisation du but de A passe par la compréhension de 1'énonciation
comme un moyen qui crée la condition de la réalisation du but.
Schutz : "J'anticipe en projetant mon acte (...) que tu auras répondu à
ma question d'une manière ou de l'autre et cela veut dire que je pense
qu'il y a une bonne chance que la compréhension de ma question
deviendra une motivation à-cause-de de ta réponse"((14) souligné par
moi). Beaucoup de choses se jouent autour de l'expression "il y a une
bonne chance", qui est vague et que Schutz ne commente pas.
Comment peut-on la comprendre ? Je l'interprète comme pointant
l'existence d'un moment entre l'action initiatrice de A et la réaction de
60 La réciprocité des motivations

В où se déroule un processus d'évaluation par B. Ce processus


d'évaluation fait partie de l'action de В comme une phase cognitive de
contrôle indispensable au déclenchement de la réaction proprement
dite (cf. Miller/Galanter/Pribram, 1960).
Le locuteur A (initiateur) ne peut prédire avec nécessité ce que
son partenaire В (réacteur) fera de son énonciation. Il n'y a pas d'effet
mécanique de causalité, pas de schéma stimulus-réponse. Il y a, au
contraire, entre S et R, une étape cognitive, une phase de contrôle. A
peut seulement projeter une séquence possible conformément à une
intention et en prévoyant l'agencement de ses moyens communicatifs
(verbaux et non verbaux) de telle sorte que la réaction de В ait "une
bonne chance" de correspondre à ce qu'il souhaite. Conformément à
une attente typifiée, A sait qu'à une énonciation E, ayant une valeur
de, c'est à dire interprétée habituellement dans le cadre d'une
convention sociale, comme une question, fait habituellement suite une
réaction ayant valeur de réponse ; A présuppose que В a le même
savoir et que В présuppose que A a le même savoir. A sait qu'une
"réponse" est conventionnellement dépendante d'une "question", c'est
à dire que l'action du type "réponse" est connue de chacun dans un
groupe social, communément acceptée et socialement contrôlée par le
jeu des règles qui gouvernent les comportements. La séquentialité
apparaît comme directement liée à l'intercompréhension et à la
réciprocité des perspectives. Mais la réponse ne sera réalisée par В
qu'au terme d'un processus d'évaluation de la question de A. La
réciprocité des motivations (l'interaction) se constitue sur la base des
divers savoirs partagés par les interactants (savoir sur le monde, savoir
sur la langue, etc..) sur la réciprocité présupposée des perspectives,
mais elle ne s'identifie pas avec elle.
Dans ces conditions, il paraît un peu inexact de dire, comme le
fait Schutz (1964) : "La question est la motivation à-cause de de la
réponse comme la réponse est la motivation en-vue-de de la question"
(14).
La réponse est bien la motivation en-vue-de de la question ;
mais la question peut seulement entrer dans les motivations à-cause-
de de la réponse au terme du processus d'évaluation. Il semble que В а
les possibilités suivantes :
A - II peut accepter la dépendance conditionnelle de la réponse
par rapport à la question, c'est à dire accepter que son action (c'est à
dire en quelque sorte lui-même) devienne pour A le moyen de réaliser
Pierre Bange 61

son but immédiat et, comme une question s'inscrit toujours dans un
système plus vaste de motivations, de réaliser aussi d'autres buts ; il
peut accepter la motivation en-vue-de du questionneur A, son projet
d'action, comme motivation à-cause-de pour son acte de répondeur et
y réagir en-vue-de donner satisfaction à A et en vue de réaliser
d'autres buts supérieurs qui passent par cette satisfaction de A. La
séquence se déroule alors selon le scénario typique connu et accepté.
Ayant réalisé à travers la réponse de В un premier but
subordonné, A est arrivé au terme d'une étape d'action et va procéder
lui-même à une évaluation avant de choisir la prochaine étape à
réaliser. C'est une étape d'action initiée par A, acceptée par В et
réalisée coopérativement sur la base d'une réciprocité de motivations.
Le résultat de l'action de A réside dans le fait que В réagit, non dans
le contenu de sa réaction, bien que celui-ci influe évidemment sur la
suite du déroulement C'est à dire sur le processus d'interprétation et
d'évaluation de A qui ouvre pour lui l'étape suivante. Pour la plupart
des séquences, deux types de réactions peuvent être envisagés :
- la réaction de type "préférentiel", par exemple
l'acceptation d'une requête ;
- la réaction de type "non-préférentiel", par exemple le
refus d'une requête. Les dénominations "préférentiel" et
"non-préférentiel" se justifient par les problèmes de
"figuration"
(Goffman) qui sont impliqués par le type de
réaction.

В - La seconde possibilité pour В est de refuser la dépendance,


ce qui peut se faire de deux manières :
- soit en suspendant l'engrenage des motivations par un
glissement (shifting) occasionné par un "problème" ; В
cesse alors d'être réacteur et devient l'initiateur d'une
séquence latérale (side sequence) plus ou moins nettement
structurée (cf. supra).
- soit en refusant définitivement d'accepter l'action de A
comme sa propre motivation à-cause-de, au risque de
provoquer une crise dans l'interaction.

Qu'est-ce qui va faire que В réagit de telle manière ou de telle


autre ? C'est une décision de В intervenant au terme du processus
d'évaluation, au cours duquel le but de l'action de В est déterminé :
62 La réciprocité des motivations

1 - d'une part, l'objet (c'est à dire renonciation de A) est évalué,


sur la base d'une interprétation en conformité avec les règles qui
régissent l'usage de la langue et selon les règles de comportement qui
organisent la conversation ; c'est une évaluation selon des règles
appartenant aux niveaux opérationnels portant sur l'organisation
interne des moyens ;
2 - d'autre part, la situation est évaluée, sur la base de
l'appréciation par В de l'adéquation entre le projet de A tel qu'il résulte
pour В de renonciation de A et la situation. Cela présuppose de la part
de В une interprétation de la situation actuelle et future et notamment
une appréciation de la place respective de A et de В dans la situation.
Car la réalisation d'un but de A passe par l'utilisation de В comme
moyen. Il est nécessaire que В accepte ce rôle, qu'il y ait compatibilité
entre le rôle que A veut faire jouer à В (et la façon dont il le lui
propose) et l'image que В a de lui-même.
Dans les critères d'évaluation de В entrent donc notamment les
règles concernant le respect de l'image de l'autre et de soi (la
composante cérémonielle) et les règles concernant l'emboîtement des
buts manifestés par les partenaires. La motivation en-vue-de de A
entre dans la "situation biographique" nouvelle de B, à partir de
laquelle se constituent les motivations à-cause-de de В au moment où
il projette une réaction à A. L'interprétation que B, en application des
théories naïves du comportement et en fonction de ses valeurs et de
ses besoins internes, fait des motivations en-vue-de de A, c'est à dire
ce que В pense que A veut obtenir de lui B, détermine (en partie au
moins) les propres motivations en-vue-de de B, qui s'inscrivent à leur
tour dans le cadre d'un projet plus vaste par lequel est assurée la
dynamique de la conversation.

La dynamique de la conversation dans une structure hiérarchique.

Ce qui a pu être découpé comme une étape d'action pour A,


dans laquelle A a l'initiative d'un projet où В fait fonction d'un moyen
de réalisation de ce projet, n'a pas le même caractère pour B. Le
découpage de ce qu'est une étape d'action pour В commence avec sa
propre évaluation précédant sa réponse, qui s'inscrit elle-même dans
un projet de B.
Le turn I par lequel A pose une question en vue d'obtenir une
réponse de B, est la réalisation par des moyens linguistiques et
Pierre Bange 63

conversationnels d'un projet partiel de A inscrit dans un projet plus


vaste. Cette action initiatrice de A est comprise par В et comparée à
d'autres éléments de sa situation biographique ; la (ré)action de B, qui
doit donner satisfaction à A, est appréciée par l'acteur potentiel В dans
le cadre de ses propres projets plus vastes. Le turn 2, par lequel В
donne une réponse à A a donc le caractère d'une action,
rétrospectivement tournée vers la réalisation du projet de A, par
laquelle В veut s'assurer la coopération de A en vue de réaliser son
propre objectif. Et c'est à cause de ce projet de B, qu'il accepte comme
un moyen de réaliser son propre projet plus vaste, que A va
(éventuellement ) réagir par un turn 3.
La compréhension d'un turn par son récepteur n'est donc pas
suffisante pour assurer la dynamique de la conversation. La phase
d'interprétation des moyens linguistiques et conversationnels doit être
suivie d'une phase d'évaluation-comparaison dans le cadre de la
situation biographique du récepteur qui assure la transformation du
tura initial en source d'action. On voit donc que la dynamique de la
conversation est inséparable de la conception hiérarchique de l'action
et de ce qu'on pourrait appeler la polyfonctionalité des tours de parole.
Par ce terme, je voudrais caractériser le fait que les interactants
interprètent chaque tour de parole en le subsumant sous plusieurs
descriptions qui se hiérarchisent selon le niveau de l'action qui est pris
en considération. Chaque action verbale n'est pas désignée par un
terme qui reflète sa nature intrinsèque, objective, mais par un terme
qui est attaché par un descripteur (naïf ou scientifique) à un niveau de
description où il juge pertinent de la prendre en compte. On peut dire
(en paraphrasant Anscombe (1957), reprise dans v. Wright (1974 :
87)) que le comportement de l'acteur est interprété par les descripteurs
comme "intentionnel par rapport à une description" ou plutôt par
rapport à plusieurs descriptions simultanées, car un tour de parole est
pris en compte par un participant simultanément sur plusieurs
niveaux, opérationnels et stratégiques. Ainsi dans l'exemple suivant :

Karl/Maria 12.10.81 (CRLS/P.B.)

24 К ôh sag mal hast du schon was gegessen


25 M ôh ne:
26 К ôh wie wârs wenn wir ôh zusammen was essen wurden
27 M ja 00 aber 00 ich wflrde nur ne kleinigkeit essen
64 La réciprocité des motivations

28 К ja ich wiirde auch nichts grosses essen


29 M achjagutja hast du eine 0 einen vorschlag

La question en (24) est le premier élément d'une paire


adjacente Q-R ; elle peut aussi être considérée comme le premier tour
de parole d'une préséquence ; c'est à dire qu'elle entre aussi dans une
séquence plus vaste d'invitation comme un premier élément ; et cette
invitation est elle-même la première phase dans la réalisation d'un
projet commun.
Cette structure hiérarchique des actions et la polyfonctionalité
des tours de parole qui en découle, permettent l'orientation des
participants dans les interactions en cours. "Les motivations ne sont
jamais des éléments isolés, mais sont groupées en grands systèmes
consistants hiérarchisés. Quand j'ai saisi un nombre suffisant
d'éléments d'un tel système, j'ai une bonne chance de compléter les
positions vides du système par des conjectures correctes. Fondant mon
hypothèse sur la structure logique interne de ce système de
motivations, je suis capable de faire, avec de bonnes chances d'avoir
raison, des inferences concernant les parties qui restent cachées"
(Schiitz, 1964 :16).
En outre la réciprocité des motivations ne doit pas seulement
être considérée comme la structure que j'ai essayé de décrire mais
aussi comme une activité, un but à réaliser qui présuppose lui-même
une stratégie de moyens à mettre en oeuvre. On peut observer les
processus de constitution de la réciprocité par exemple dans les
préséquences dont l'importance et l'ampleur ont été souvent soulignées,
notamment dans Levinson (1983).

Les niveaux supérieurs d'organisation de l'interaction.

La conception hiérarchique de l'action est liée à l'idée d'une


structure isomorphe à tous les niveaux d'organisation de l'action (cf.
Miller/Galanter/Pribram, 1960). L'introduction d'une structure
isomorphe à tous les niveaux d'organisation de l'action permet
l'extension du principe de la réciprocité des motivations depuis le
niveau stratégique élémentaire jusqu'au niveau le plus élevé où
l'épisode social se structure. Le principe de la réciprocité des
motivations devient alors le principe général de la constitution de
l'interaction.
Pierre Bange 65

La paire adjacente constitue l'unité interactive élémentaire (au


plan stratégique) réalisée dans deux tours de parole comme couplage
de motivations (en-vue-de, à-cause-de) (chaque tour de parole
pouvant être lui-même regardé comme une réalisation interactive au
sens de la réciprocité des perspectives, ou plutôt comme une
"réalisation intercompréhensive"). La paire adjacente se construit sur
la base de règles conventionnelles contraignantes et les choix sont
restreints.
Il en va différemment aux niveaux supérieurs. Par hypothèse,
la structure est analogue ; mais les formes de réalisation en sont
différentes. On peut ainsi considérer que le même couplage de
motivations se réalise aux niveaux supérieurs, mais la différence
consiste en ce qu'il ne s'agit plus d'une succession action-réaction par
laquelle se réalise l'interaction, mais d'une complémentarité ou d'une
symétrie de rôles (qui doit être négociée si elle n'est pas implicitement
donnée par la situation et acceptée comme telle) qui joue un rôle de
guidage des niveaux d'exécution. La réciprocité des motivations se
constitue à partir de la négociation (proposition et acceptation) d'un
accord sur les "pertinences de motivation" (Schutz). La réalisation
d'un but de A (la solution effective d'un problème dans le monde
social) passe par l'utilisation de В dans un rôle que celui-ci accepte ou
refuse selon sa compatibilité avec ses propres buts à lui В (pour ne
parler ici que de la relation but-moyens, sans tenir compte des facteurs
individuels évidemment liés à la notion de rôle social et qui prennent
des formes différentes selon le degré d'anonymité de la relation).
Il n'y a donc pas lieu de parler ďun but de l'interaction comme
on le fait souvent implicitement de manière erronée : le seul but
commun des interactants est d'interagir, de communiquer, c'est un but
formel. Il convient de parler de l'accord négocié entre les acteurs sur
les buts individuels de chacun et sur le degré de compatibilité entre les
buts. L'interaction n'est pas une harmonie, mais un compromis, c'est à
dire toujours plus ou moins un conflit
L'accord de A et de В sur les buts se traduit par une répartition
de leurs activités en rôles sociaux complémentaires ou symétriques,
c'est à dire en des ensembles, réciproquement connus, d'attentes de
comportements typiques (schémas d'activités de Bartlett, "frames" et
"scripts") qui constituent les moyens de la réalisation des buts. Ces
schémas généraux d'activités laissent place à des choix plus
nombreux, à des variantes. Les séquences sont plus larges et plus
66 La réciprocité des motivations

imprévisibles (des séquences larges peuvent être prévisibles dans les


situations stéréotypées institutionnelles). Elles sont exécutées plus
délibérément et doivent donc être abondamment commentées et
négociées dans le cours de l'interaction, même si la réflexion qui les
accompagne et les guide est souvent confuse et guidée par des
intérêts, préférences, valeurs subjectives.
Cette conception de l'interaction comme réciprocité de
motivations dans le cadre d'une structure hiérarchique de l'action peut,
appliquée aux macrostructures des épisodes sociaux, rendre compte, je
pense, des mêmes phénomènes que le schéma d'action proposé par
Kallmeyer (cf. notamment Kallmeyer, 1983), schéma de composantes
et schéma de déroulement relativement figé et rendant difficilement
compte de l'adaptabilité du déroulement des interactions à la
multiplicité imprévisible des situations. Dans le modèle proposé ici, la
réalisation d'un sous-but est renvoyée au niveau inférieur, si la
réalisation du but suivant exige la réalisation d'une condition
préalable. Ce qui peut être le cas ou ne pas être le cas. Il n'est donc pas
nécessaire (ni même d'ailleurs possible) de fixer a priori le nombre de
niveaux de l'action (en fait l'idée de niveau change même de sens), ni
de prévoir l'ordre de succession des séquences : ce sont les besoins de
l'épisode social en cours qui déterminent les choix des interactants
dans le cadre de buts plus ou moins clairement définis et plus ou
moins contraignants.
Je voudrais conclure en citant encore une phrase de Schtitz qui
résume bien tout mon propos : "Le prototype de toute relation sociale
est une connexion intersubjective de motivations" (1964 : 14).

Notes

1. Ce papier est une version abrégée de la communication faite au


colloque Analyse de l'action et Analyse de conversation. Pour des
raisons de place, je me suis résolu à supprimer la partie Analyse de
l'action dans laquelle j'esquissais, sur la base des recherches actuelles
en psychologie de l'action, psychologie cognitive et psychologie
naïve du comportement, une théorie plus adéquate aux besoins de
l'analyse des interactions verbales. J'espère que cette suppression ne
Pierre Bange 67

rendra pas totalement incompréhensibles ou abstraites les hypothèses


que je formule sur la structure de l'interaction.

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