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Documentation et recherche en

linguistique allemande
contemporain - Vincennes

Le sujet dans la théorie énonciative d'Antoine Culioli : Quelques


repères
Catherine Fuchs

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Fuchs Catherine. Le sujet dans la théorie énonciative d'Antoine Culioli : Quelques repères. In: Documentation et
recherche en linguistique allemande contemporain - Vincennes, n°30, 1984. La ronde ses sujets. pp. 45-53;

doi : https://doi.org/10.3406/drlav.1984.1000

https://www.persee.fr/doc/drlav_0754-9296_1984_num_30_1_1000

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CATHERINE FUCHS

LE SUJET DANS LA THEORIE ENONCIATIVE D'ANTOINE CULIOLI :

QUELQUES REPERES.

Nous proposons ici quelques points de repère pour appréhender les


lieux d'émergence et les modes d'intervention de la notion de "sujet" dans la
théorie énonciative de A. Culioli1 . Notre réflexion s'articule autour du
refus, central pour cette théorie, de trois grandes oppositions classiques :
refus de l'opposition langue /discours (au profit d'une problématique du
langage et des langues), refus de l'opposition syntaxe /sémantique /pragmatique
(au profit d'une problématique des opérations prédicatives et énonciatives) ,
refus enfin de l'opposition fonction référentielle /fonctions intersubjectives
(au profit d'une problématique de la co-énonciation ) .

1. LE LANGAGE ET LES LANGUES.

L'opposition langue /discours est récusée par Culioli, au profit d'une


problématique du langage et des langues. On sait que l'hypothèse de base
de toute théorie énonciative est l'inscription du sujet au sein même du
système linguistique, manifestée en particulier par l'existence de certaines
catégories grammaticales spécialisées, qui marquent le rapport du sujet à
son énoncé (personnes, modalités, temporalité, deixis, etc...) - cf.
l'"appareil formel de l'énonciation" de Benveniste. Cette hypothèse oblige à
revenir sur le concept de "langue" et à redéfinir doublement l'objet d'étude
du linguiste.

En premier lieu, il devient impossible de se référer à la langue


entendue comme un système totalement distinct de son utilisateur et de ses
conditions d'utilisation, et de l'opposer radicalement à un "extérieur" de la
langue, qu'il s'agisse de "parole" individuelle, de "performance" ou de
"discours". Aux conceptions instrumentales du langage comme "outil", se
trouve ainsi substituée une approche plus souple, qui cherche précisément à
travailler au point d'articulation entre la langue et le discours, celui de la
"mise en discours", c'est-à-dire de la mise en oeuvre des opérations
constructrices de la signification des énoncés. Par voie de conséquence, le
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système linguistique n'est plus un espace neutre et homogène, un ensemble


de règles intériorisé par tout locuteur d'une communauté linguistique, mais
un espace lui-même traversé par l'opposition entre le stable et l'instable
(cf. infra, §2), lieu d'ajustements et de glissements (cf. infra, §3).

En second lieu, l'opposition entre le stable et l'instable se retrouve, au


niveau de chaque langue (idiome) particulière : "les règles sont toujours,
pour une langue donnée, pour une partie des règles spécifiques et pour
une autre partie des règles généralisables" (A.C., 1975, p. 223). Or c'est
précisément dans le domaine du "généralisable" (en tant que distinct de
l'"universel") que Culioli situe les opérations constructrices de l'énoncé :
"le généralisable, c'est ce qui peut être construit ou reconstruit à la
demande selon les relations impliquées, par exemple lorsqu'il s'agit de
construire certaines opérations concernant la relation qui existe entre la
quantification, la qualification, l'aspect,... ; tandis que l'universel, c'est ce
qu'on est obligé de poser, soit comme axiome, soit comme principe pour
pouvoir rendre compte d'un certain nombre de phénomènes, par exemple
lorsqu'il s'agit de certaines conditions sur l'énonciation comme la nécessité
d'avoir deux énonciateurs" (A.C., op. cit. , p. 224). Nous reviendrons au
§2 sur les opérations généralisables, et au §3 sur les conditions même de
l'énonciation.

Cette re-définition de l'objet d'étude du linguiste ("le langage


appréhendé à travers la diversité des langues") entraîne des conséquences

du point une
propose de vue
"théorie
de cedes
queobservables"
l'on entend2 par
où il"données
oppose linguistiques".
à trois autres ordres
Culioli

de données (respectivement les données d'ordre "classificatoire", les


"méta-textes" artificiels, et les "corpus contraints") un quatrième ordre de
données, qui fait très clairement intervenir le sujet : il s'agit de ce qu'il
appelle les "gloses épilinguistiques" et les "paraphrases métalinguistiques",
c'est-à-dire des équivalences entre énoncés produites, selon le cas, de
façon non-consciente ou consciente, par les sujets, et qui nécessitent d'être
décrites en termes d'opérations (cf. infra, §2, les opérations constructrices
de l'énoncé).

On le voit, le sujet est fondamentalement inscrit tant dans l'objet


d'étude que dans le type de données linguistiques auxquels s'attache la
théorie de Culioli.

2. OPERATIONS PREDICATIVES ET OPERATIONS ENONCIATI VES.

Venue d'un horizon logique, la distinction syntaxe /sémantique /pragmati-


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que est explicitement rejetée par Culioli ("Tout vaudra mieux que la
séparation essentielle de syntaxe et de sémantique, qui ramène,
inéluctablement, à une syntaxe avec un lexique muni de règles projectives",
A.C., 1968c, p. 113) ; à cette hiérarchie des niveaux d'analyse, Culioli
substitue une "sémantique formelle" mettant en jeu une double série
d'opérations : prédicatives et énonciatives .

C'est en effet en termes d'opérations prédicatives et d'opérations


énonciatives étroitement enchevêtrées qu'il entend rendre compte de la

construction
la "lexis" 3 . deLes
l'énoncé
opérations
à partirprédicatives
de cet être métalinguistique
sont celles grâceabstrait
auxquelles
qu'est

s'organise la relation prédicative ; ce sont des règles de dérivation,


responsables de la "bonne formation des phrases", qui construisent le
"sens", et sont stables du point de vue intersubjectif. Les opérations
énonciatives quant à elles sont celles qui ancrent la relation prédicative par
rapport à la situation d'énonciation ; elles sont responsables de la
"constitution des énoncés", construisent la "signification" (par l'assignation

de
intersubjectif
"valeurs , du
référentielles"),
fait qu'elles mettent
et sont
en jeu
instables
des "modulations"
du point 4 variables
de vue

selon les énonciateurs : "si le second énonciateur (= le récepteur) possède


les mêmes règles de dérivation, il ne possède pas nécessairement les mêmes
règles de modulation" (A.C. , 1973, p. 87). Disons, pour être brefs, que
ces opérations se caractérisent respectivement par le choix d'un "terme de
départ", puis d'un "repère constitutif pour la relation prédicative, et

par
"focalisation"
la sélection
7 et de toute
"quantification
une série /qualification"
de valeurs8 , énonciatives
puis valeurs
(valeurs
modales,
de

aspectuo-temporelles et de personne). Dans le calcul de ces valeurs


énonciatives, les paramètres constitutifs de la situation d'énonciation (sujet
et moment de l'énonciation) interviennent de façon explicite et opératoire,
permettant la construction de formules métalinguistiques représentant les
opérations en jeu.

A première vue , on pourrait être tenté de penser que seules les


opérations énonciatives (par opposition aux opérations prédicatives) feraient
intervenir le sujet, tant du point de vue de la construction de l'énoncé
(seules les opérations énonciatives se "calculent" par rapport au sujet
énonciateur) que du point de vue de l'échange discursif (seules les
opérations énonciatives sont postulées donner lieu à des variations
intersubjectives dans l'établissement des valeurs résultantes). Si tel était le
cas, il en découlerait une séparation tranchée entre les deux types
d'opérations. Or une telle séparation semble récusée dans la perspective de
Culioli : les opérations prédicatives et les opérations énonciatives sont
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étroitement imbriquées les unes dans les autres, et leur parenté est telle
qu'elles se ramènent, en définitive, à un seul et unique type d'opération
formelle .

Reprenons ce point. Tout d'abord, "les opérations énonciatives sont


difficilement dissociables des opérations prédicatives ; c'est parce qu'il y a
des énonciateurs qu'il y a des énoncés ; les énoncés n'ont pas de
signification en dehors de l'activité des énonciateurs et ce sont les
énonciateurs qui construisent les valeurs référentielles de l'énoncé" (A.C.,
1975-76, p. 91). L'extrême intrication entre opérations prédicatives et
opérations énonciatives se manifeste par l'interdépendance des catégories
grammaticales ; il est impossible d'étudier une catégorie grammaticale, quelle
qu'elle soit (temps, détermination, diathèse, modalité,...) sans tenir compte
en même temps de ce qui se passe dans les catégories voisines : ainsi, par
exemple, "dans les tournures impersonnelles, il se produit des déformations
au niveau aspectuel, au niveau de la détermination, et d'une façon générale
au niveau de la quantification" (A.C., op. с/t., p. 151). Par ailleurs, les
opérations prédicatives et les opérations énonciatives constituent toutes
deux des opérations de "repérage", c'est-à-dire mettent en oeuvre des
relations (respectivement prédicatives et énonciatives) qui s'organisent
autour d'un certain élément appelé "repère" (A.C., op. c/'t. , p. 107). Pour
représenter, au niveau métalinguistique , ces repérages successifs, un seul

nombre
et même limité
métaopérateur
de valeurs
est deutilisé
base g: , l'opérateur
mais conduisant
e, susceptible
à une multiplicité
de prendre de
un

valeurs en contexte ; qui plus est, dans une même formule métalinguistique,
repérages énonciatifs et repérages prédicatifs se substituent les uns aux
autres, les paramètres constitutifs de la situation d'énonciation commutant
avec les repères prédicatifs (dit en d'autres termes : les actants
apparaissent ainsi comme des traces, des images ou des substituts de
l'énonciateur) .

On le voit, le sujet n'a pas de domaine réservé : s'il intervient de


façon privilégiée au niveau des opérations énonciatives, il n'est pas pour
autant exclu ou absent des opérations prédicatives.

3. LA CO-ENONCIATION.

Troisième type d'opposition récusée par Culioli : celle entre fonction


référentielle et fonctions interSubjectives. S'il part bien du classique
"schéma de la communication" (cf. A.C., 1967), on notera d'une part que
Culioli complexifie ce schéma en posant que les deux rôles d'émetteur et de
récepteur sont assumés simultanément par les deux interlocuteurs - d'où les
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notions de "co-énonciation" et de "co-énonciateurs" - ("Il est bien entendu


que, au cours d'une conversation, le locuteur devient auditeur et l'auditeur
locuteur. Bien plus, au moment où il parle, le locuteur est son propre
auditeur et l'auditeur un locuteur virtuel qui n'a pas encore extériorisé sa
réponse" (A.C., op. cit. , p. 2), et d'autre part qu'il se démarque de
l'assimilation du langage à un code extérieur aux sujets, assurant une
communication optimale .

La co-énonciation est l'ensemble des rapports complexes que tissent les


deux interlocuteurs au moyen du langage. La référenciation n'est ni neutre
ni objective, c'est un processus, médiatisé par les sujets, de construction
et de reconstruction de la signification ; elle est indissociable des deux
protagonistes de l'échange verbal ainsi que des représentations, images et
visées de l'un par l'autre : "la signification d'un énoncé, par-delà son
sens, provient de l'accomodation intersubjective" (A.C., 1973, p. 87). La
co-énonciation met donc en jeu une série d'opérations de production et de
reconnaissance interprétative dont rien n'autorise à poser qu'elles soient
totalement symétriques ou réversibles. La co-énonciation est précisément le
lieu du "jeu" (au double sens de ce terme), c'est-à-dire des ajustements,
voulus ou non, réussis ou non ; glissements, lapsus, malentendus,
ambiguïtés, ne sont pas des "parasites" de la communication, ou des
"bruits" sur un fond informatif clair, mais font partie intégrante de
l'activité de langage.

C'est ici l'occasion de revenir sur la notion de "modulation" évoquée


plus haut (cf. supra, §2, à propos des opérations énonciatives ) . En effet,
si la co-énonciation repose sur le travail d'ajustement entre les "systèmes de
coordonnées" des deux interlocuteurs, ces systèmes sont pour une partie
stables et pour une autre "faits de déplacements et de translations" (A.C.,
1975-76, p. 216). On notera tout d'abord que la modulation est constitutive
des opérations constructrices de l'énoncé® : il est impossible de parler, de
produire ou reconnaître un énoncé sans moduler, et l'absence de modulation
serait encore une modulation. La modulation est conçue comme la modification
qualitative du domaine sur lequel elle porte (A.C., 1968a, p. 334), comme
la surimposition d'une signification sur une autre signification (A.C.,
1971b, p. 73). Elle est la manifestation du "mouvement qui est au coeur du
langage" (A.C., 1973, p. 85), et concrétise le passage du "signe" au
"symbole", c'est-à-dire du domaine du discontinu, du stable et de
l'arbitraire au domaine du continu, de l'analogique, de l'instable et du
motivé (A.C., 1968c, pp. 112-113 ; et 1971b, pp. 68-69). Elle entraîne la
mise en valeur de certains traits ou éléments, et aboutit à "pondérer" de
façon variable les divers constituants de l'énoncé.
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Culioli distingue deux types de modulations (cf. A.C., 1968c, pp.


112-113 ; 1969, p. 3 ; 1971b, p. 73) : à un niveau profond (celui des
"relations primitives" entre "notions"), la modulation dite "rhétorique"
produit les glissements de sens de type métaphorique, selon la situation
d’énonciation, les présupposés (idéologiques, socio-culturels ,... ) des
énonciateurs (A.C., 1971a, p. 9 ; 1975-76, p. 56) ; à un niveau plus
proche de la surface (celui des opérations énonciatives) , la modulation dite
"stylistique" produit des permutations des éléments sur la chaîne, ainsi que
des modifications prosodiques induisant des valeurs nouvelles, comme par
exemple des effets de "relief" caractéristiques de certaines focalisations
( A. C . , 1975-76, p. 37 et 67).

Quelques exemples de modulations :


a) en anglais, la reprise d'un objet technique inanimé par it ou she
selon la connotation affective indifférente, négative ou au contraire positive
( A. C . , 1968a, p. 334),
3) en français, les connotations amplifiantes du pluriel : cf. par
exemple les sables du désert, les eaux du lac, les lointains bleutés donnant
une idée d'espaces illimités, ou encore les usages honorifiques ou de
politesse du pluriel sur la catégorie de la personne (A.C., 1971b, p. 68 ;
1975a, p. 8) ; cf. également les divers types de modulations correspondant
à l'emploi du singulier, comme dans la tripe ; y a de la voiture ; il a l'oeil
fourbe ; du livre (A.C., 1975a, p. 8 ; 1975-76, p. 37),
y) la modulation qui permet de jouer sur les deux valeurs polaires de
l'assertion (positif /négatif) en les articulant au lieu de les opposer, ainsi
dans II est venu et il n'est pas venu (A.C., 1975-76, p. 81),
<5 ) les connotations favorables , défavorables ou neutres associées à
certains prédicats, comme en latin venit (neutre), contingit (positif),
accidit (négatif) (A.C., 1975-76, p. 50),
c) les connotations neutre, méliorative et péjorative dues à l'ordre des
éléments sur la chaîne, ainsi dans Moi, j'aime les films japonais ; Les films
japonais, moi je les aime ; Moi, les films japonais,... (A.C., 1975-76, p.
67).

A travers la modulation, le sujet se trouve donc introduit de façon


essentielle dans la théorie, puisqu'il n'existe pas d'énoncé non modulé, et
que les modulations sont précisément le vecteur des variations
intersubjectives ; la notion de "grammaire subjective" proposée par Culioli
est ici très révélatrice : c'est au coeur même du fonctionnement grammatical
(et non à sa périphérie, ou comme supplément facultatif) que se manifeste
l'espace du jeu intersubjectif, avec ses décalages indépassables. Pour ne
prendre qu'un exemple, chacun pondère à sa façon le dosage entre quantité
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et qualité dans un énoncé comme T u ne peux pas savoir ce qu'il peut fumer
comme cigarettes (A.C., 1974, p. 10), et le dosage entre particularisation
et généralisation dans les deux titres suivants : La femme mariée /Une femme
mariée.

En définitive, si le sujet se trouve inscrit au coeur même de la théorie


de Culioli, c'est parce que celle-ci s'attache à l'articulation entre le stable
et le variable , au triple plan de la description-comparaison des langues , des
opérations constructrices de l'énoncé et de l'échange interlocutif.

NOTES
1. Nous supposons ici cette théorie connue du lecteur (cf. infra, la
bibliographie). Pour une présentation d'ensemble du modèle, nous
renvoyons à A.C., 1975-1976 ; voir aussi C. Fuchs, et P. Le Goffic,
1975, Initiation aux problèmes des linguistiques contemporaines , Paris,
Hachette, ch. 13, pp. 120-127, et C. Fuchs, 1980, Paraphrase et
théories
273-291. du langage, thèse de doctorat d'Etat, Université Paris VII, pp.

2. cf. A.C., 1975-76, pp. 224-229 ; 1978a, pp. 485-486 ; 1979a, pp.
205-206 ; 1979b, pp. 94-97 et 102-103 ; et Culioli-Desclés , 1981, pp.
1-5.

3. La "lexis" résulte elle-même d'opérations d'"instanciation" par lesquelles


un triplet ordonné de "notions" (dit "relation primitive") dotées de
propriétés (dites "primitives") se trouve inséré diversement dans un
moule canonique à trois places (le "schéma de lexis"). Voir les
présentations générales du modèle (cf . note 1) .
4. Les modulations intervenant au niveau des opérations énonciatives sont
dites "stylistiques", et se distinguent des modulations "rhétoriques",
qui jouent au niveau des "relations primitives" ; sur la distinction entre
les deux, voir Culioli-Fuchs-Pêcheux, 1970, p. 8 et pp. 18-19 ; voir
aussi infra, §3.

5. Le terme de départ fonctionne comme un premier repère par rapport


auquel le reste de la relation prédicative se trouve repéré. Ce peut être :
(i) la "source" de la relation primitive (d'où l'actif), (ii) le "but" de la
relation primitive (d'où le passif), (iii) la source coïncidant avec le but
de la relation primitive (d'où une relation "bouclée" de type intransitif
ou réfléchi), (iv) ni la source ni le but, mais un autre terme (d'où une
relation complexe de type prédicat à plus de deux actants). Voir les
présentations générales du modèle.
6. Le repère constitutif fonctionne comme un second repère par rapport
auquel s'organise l'énoncé. Ce peut être : (a) le terme de départ (d'où
les tournures actives ou passives), (b) un autre terme (d'où les
tournures factitives, causatives,...), (c) un représentant de la situation
d'énonciation (d'où, par exemple, les tournures impersonnelles). Voir
les présentations d'ensemble du modèle.

7. La valeur résultant de l'opération de focalisation dépend de ce que le


terme de départ est vu comme seul et unique vérifiant la relation (d'où
une valeur d'identification, comme dans C'est Pierre qui...), ou comme
la vérifiant parmi d'autres (d'où une valeur de localisation, comme dans
Il y a Pierre (entre autres) qui...), ou encore comme neutre de ce
point de vue. Voir les présentations d'ensemble du modèle.
52

8. L'opération de quantification /qualification contribue à construire, entre


autres, les déterminants (au sens large) des substantifs. Cf. A.C.,
1975a, et Culioli et al., 1980.

9. L'opérateur de repérage est susceptible de prendre l'une des quatre


valeurs de base suivantes : (a) identification, (b) localisation
(abstraite) - dans le cas de cette valeur, l'opérateur a un dual, noté
3 , (c) ni identification ni localisation, ou bien identification ou localisation
(valeur "composée"). Cf. A.C., 1980b, pp. 3-4.
10. Quelques citations : "Il n'y a pas d'énonciation sans modulation" (A.C.,
1968a, p. 334, note 19) ; "La modulation du discours est inhérente au
système même, et non un luxe surajouté" (A.C., 1968c, p. 108) ; "Tout
énonciateur est à la fois émetteur et récepteur. On comprendra donc
que la modulation fasse partie intégrante de l'activité langagière"
(A.C., 1971b, p. 73) ; "Il n'existe pas d'énoncé qui ne soit modulé,
c'est-à-dire un phénomène unique (même si, par ailleurs, il est membre
d'une famille paraphrastique") (A.C., 1973, p. 86).

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