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Langages

Constructions relatives et articulations discursives


Paul Henry

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Henry Paul. Constructions relatives et articulations discursives. In: Langages, 9ᵉ année, n°37, 1975. Analyse du discours,
langue et idéologies. pp. 81-98.

http://www.persee.fr/doc/lgge_0458-726x_1975_num_9_37_2613

Document généré le 08/09/2015


P. HENRY
E. P. H. E.-C. N. R. S., Paris.

Constructions relatives

et articulations discursives

1 . Relatives et détermination.

La description du fonctionnement des relatives dans les grammaires


classiques apparaît comme une pure distinction classificatoire ; il y aurait
des relatives determinatives et des relatives appositives, comme il y a des
terres et des océans. Or cette classification recouvre en fait deux conceptions
rivales de la détermination qui engagent une prise de position à l'égard
du rapport de la pensée et du discours. Commençons par les évidences clas-
sificatoires. Ce qui distinguerait les deux types de relatives, selon les
grammaires, ce serait que la determinative spécifie une particularité de ce dont
il est question dans l'énoncé, particularité qui rendrait possible son
identification pratique dans l'ordre des choses ou celui de la pensée. La
determinative interviendrait donc, comme d'autres formes de détermination, dans
la fonction désignative ou référentielle ; elle contribuerait à constituer
l'objet du discours en objet extérieur au discours. Au contraire, la relative dite
appositive énoncerait bien une particularité de ce qui est en question dans
le discours, mais cette particularité serait supposée ne pas intervenir dans
l'identification pratique de ce qui est en question dans le discours
pratiquement de manière complètement indépendante de cette relative, à partir
du substantif, ou plus généralement du groupe nominal, qui en est ce qu'on
appelle l'antécédent. En un sens donc, dans ce cas, c'est le substantif — ou
le groupe nominal — antécédent qui déterminerait en réalité la relative
appositive en permettant de rapporter celle-ci à un objet déjà pratiquement
identifié dans l'ordre des choses ou des pensées. On a donc non une pure
classification, mais deux conceptions antagonistes de la détermination.
Dans l'une, l'identification pratique de l'objet du discours dépend de la mise
en rapport des unités dans la chaîne, et, dans ce cas, le déterminant est la
relative et le déterminé l'antécédent dont la relative particularise la
désignation. Dans l'autre cas, l'identification pratique est indépendante de la mise
en rapport des unités dans la chaîne, et le déterminé est alors la relative et
le déterminant l'antécédent qui spécifie la désignation de la relative. A ces
deux conceptions de la détermination correspondent deux conceptions

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contradictoires du rapport de Tordre du discours avec celui des choses ou de
la pensée. Dans le premier cas ce sont les besoins de l'identification pratique
qui justifient la nécessité d'une détermination — c'est parce que les
déterminés ne sont pas assez déterminés pour les besoins de l'identification
pratique qu'il faut des déterminants pour les spécifier. C'est donc alors Tordre
des choses ou de la pensée qui explique Tordre du discours et le fondement du
rapport déterminant-déterminé. Dans le second cas, Tordre du discours peut
être conçu indépendamment de Tordre des choses et de la pensée parce que
les besoins de l'identification pratique sont assurés par ailleurs. Le
déterminant se rapporte alors au déterminé dans Tordre du discours et non plus
dans celui des choses ou de la pensée. En fait, dans toute la grammaire
classique, il y a un va-et-vient constant entre ces deux conceptions de la
détermination, ce qui explique qu'elles puissent coexister sans apparaître
contradictoires comme on vient de le voir avec la description des deux types
de relatives. Cette oscillation est le reflet d'une démarche que nous allons voir
à l'œuvre dans la Grammaire de Port-Royal, démarche qui consiste à partir de
Tordre de la pensée, à établir Tordre du discours comme n'étant pas un pur
reflet de celui de la pensée mais pour finalement faire retour à Tordre de la
pensée. L'ordre du discours n'étant jamais confronté qu'à celui des choses
ou des pensées tel qu'il peut apparaître à un sujet, la notion de discours dont
il est ici question est antérieure à toute distinction théorique entre langue
et discours. Quant à nous, lorsque nous parlerons, dans la suite, de discours,
c'est en un sens tout différent, qui ne le rapporte pas à un sujet (et en cela
cette notion de discours ne se réduit pas à celle de parole) et qui se fonde
justement sur une analyse des rapports de la langue et du discours. Le
recours à un sujet (universel et rationnel) pour concevoir les rapports de la
pensée, des choses et du discours, fait que la grammaire classique, de même
que les conceptions modernes de la linguistique qui s'en réclament, tendent
nécessairement à résorber entièrement le discours, au sens où nous
l'entendons, dans la langue.

Il nous semble qu'on peut maintenant saisir toute la portée de la


question de la détermination et de celle de la théorie des constructions relatives
qui nous paraît particulièrement propice à l'illustrer. Le fait que la théorie de
la grammaire dans la linguistique moderne emprunte la plupart de ses
catégories à la grammaire classique « sans leur assurer un statut théorique
justifié linguistiquement » 1 nous oblige à faire un détour par cette grammaire.
Dans la Logique de Port-Royal 2, les deux conceptions de la détermination
que nous avons caractérisées sont respectivement désignées par
détermination et explication (Logique, p. 95). De là viennent les noms de relative
determinative et relative explicative (appelée ici appositive) qui sont donnés
aux deux types de relatives. On sait l'importance qui est accordée à leur
distinction dans la Grammaire et surtout dans la Logique de Port-Royal,
mais celle-ci est en fait réglée dès que l'opposition des noms substantifs et des
noms adjectifs est posée. C'est de là qu'il nous faut partir.

1. Fuchs, C. et Milner, J. (1974), p. 17.


2. Arnauld, A. et Nicole P. (1662). Les références se rapportent à l'édition
Flammarion, Paris, 1970.

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Dans la Grammaire de Port-Royal 1, l'opposition entre noms substantifs
et noms adjectifs est d'abord fondée sur celle des choses ou substances et des
manières des choses ou accidents : « il y a cette différence entre les choses et
les substances, et les manières des choses ou des accidents, que les substances
subsistent par elles-mêmes, au lieu que les accidents ne sont que par les
substances » (Grammaire, p. 25). Mais Arnauld et Lancelot ne réduisent pas
l'opposition des noms substantifs et des noms adjectifs à celle des choses
et des manières des choses car, écrivent-ils, « parce que la substance est ce
qui subsiste par soi-même, on a appelé noms substantifs tous ceux qui
subsistent par eux-mêmes dans le discours sans avoir besoin d'un autre nom,
encore même qu'ils signifient des accidents ; et au contraire on a appelé
adjectifs ceux mêmes qui signifient des substances, lorsque par leur manière
de signifier ils doivent être joints à d'autres noms dans le discours » (ibid.).
Par là, Arnauld et Lancelot substituent l'ordre du discours à celui des
choses ou de la pensée. Dès lors est un substantif tout nom qui peut
apparaître dans le discours sans devoir y être joint à un autre nom, est au contraire
un adjectif tout nom qui ne peut pas apparaître dans le discours sans devoir
y être joint à un autre nom. Pour bien mesurer la portée du renversement
qui est ainsi opéré, signalons que dans les manuels de mathématiques de nos
lycées, il est question des nombres réels et des réels, des nombres entiers et des
entiers, des nombres naturels et des naturels, des nombres rationnels et des
rationnels, etc., mais dans toute une série de manuels actuellement à l'étude,
le mot nombre sans détermination n'a jamais été rencontré. De la sorte, en
s'en tenant à la caractérisation d' Arnauld et Lancelot et en se limitant à
ce corpus, on pourrait dire que le mot nombre y fonctionne comme un
adjectif alors que les mots entier, rationnel, réel, etc., y fonctionnent eux
comme des substantifs. Evidemment une telle conclusion a quelque chose
de paradoxal dans la mesure où l'on sait très bien que lorsqu'on parle d'un
nombre réel, on entend qu'il s'agit d'une espèce de nombre et non pas d'une
espèce de réel. Le même genre de remarque pourrait être fait à propos
d'expressions telles que : du beurre fermier ou la rose Louise dans la mesure où il
ne peut s'agir que d'une espèce de beurre et non d'une espèce de fermier ainsi
que probablement d'une espèce de rose et non d'une espèce de Louise (car
il peut y avoir une ambiguïté). La question est de savoir sur quoi se fonde
cet effet de sens puisque des critères purement distributionnels ou
statistiques ne peuvent que s'avérer insuffisants. Formulée d'une autre manière,
la^question revient à savoir ce qui « subsiste par soi-même dans le discours ».
A cette question, Arnauld et Lancelot ont tenté de répondre en écrivant
quel* ce qui fait qu'un nom peut subsister par soi-même, est quand, outre sa
signification distincte, il en a encore une confuse qu'on peut appeler
connotation d'une chose à laquelle convient ce qui est marqué par la signification
distincte » (pp. 25-26). On retrouve la même idée développée par Marmon-
tel dans sa Grammaire, lequel écrivait : « L'adjectif est ce qu'on appelle un
nom concret, en terme de logique. Il réunit l'idée d'une qualité distincte,
avec l'idée confuse et vague d'un être auquel appartient cette qualité.
Lorsque vous entendez les mots, bon, juste, beau, solide, rond, vous n'avez

1. Arnauld, A. et Lancelot, C. (1660). Les références se rapportent à la


republication Paulet, Paris, 1969.

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pas seulement l'idée de bonté, de justice, de solidité, de rondeur, mais celle
encore d'un être dans lequel réside la qualité que ce mot énonce. Cet être,
quel est-il ? L'adjectif ne vous le dit pas, mais le substantif va vous le dire ;
et alors à l'idée vague et confuse d'un être indéfini quelconque, va succéder
l'idée nette et précise de tel être individuel, ou de tel genre, de telle espèce
d'être x ». Telle est la réponse classique à la question de savoir ce qui en
définitive «subsiste par soi-même dans le discours», réponse dont nous avons
déjà signalé le caractère équivoque dans la mesure où elle fait en définitive
retour à l'ordre de la pensée.

Si maintenant nous revenons à ce qui est dit des relatives dans la


Grammaire et la Logique de Port-Royal, on constate que l'opposition entre
les deux formes de relatives y est déduite de l'opposition entre détermination
et explication, termes qui désignent en l'occurrence, comme nous l'avons
déjà dit, les deux conceptions de la détermination que nous avons opposées.
Le fait que la détermination soit liée à l'identification pratique explique
que l'on pose que le jugement exprimé par la relative determinative soit
considéré comme non affirmé de manière générale (« en disant que les hommes
qui sont pieux sont charitables, on n'affirme ni des hommes en général, ni
d'aucun homme en particulier qu'il soit pieux », Logique, p. 167) : il ne sert
qu'à restreindre l'idée exprimée par l'antécédent de manière à ce que lui
convienne l'idée exprimée par l'attribut dans la principale. Par contre,
dans le cas de l'apposition, le jugement est considéré comme affirmé. La
dominance de l'ordre de la pensée sur celui du discours se trouve encore
confirmée par le fait qu'il est dit par ailleurs que « pour savoir si le qui
est déterminatif ou explicatif, il faut souvent avoir plus d'égard au sens et à
l'intention de celui qui parle, qu'à la seule expression » (p. 162). Précisons
que, contrairement à certains grammairiens, Arnauld et Nicole ne
marquent pas la différence entre les deux fonctionnements de la relative par la
présence ou l'absence de virgule de sorte qu'ici il s'agit bien des cas où
l'interprétation peut être ambiguë 2. La forme des deux relatives étant
identique, il y a là deux problèmes qui se trouvent mêlés : l'un est celui de la
définition des deux types de relatives et l'autre est celui de l'affectation de telle
ou telle relative particulière à l'un ou à l'autre type. Cette question n'est pas
de nature distincte de celle qui concerne le rapport entre la définition des
catégories syntaxiques (Qu'est-ce qu'un substantif ? Qu'est-ce qu'un
adjectif ?) et la catégorisation des unités lexicales (A combien de catégories et
auxquelles faut-il attribuer une même forme de surface prise hors contexte,
et comment, dans un contexte donné, spécifier la catégorie ?). Ces deux
problèmes concernent eux aussi le rapport entre ordre du discours et ordre
de la pensée. La définition des catégories syntaxiques peut être faite en
substance (par rapport à l'ordre de la pensée ou des choses) ou par
différenciation des comportements des unités dans le discours (ordre du discours,
ce qu'exprimait l'idée de subsistance par soi-même dans le discours). De
même, la catégorisation des unités lexicales peut se faire sur la base de leur
désignation (ordre des choses ou de la pensée, ce qu'exprime la remarque

1. Marmontel (1806), pp. 8-9.


2. Cf. dans ce même numéro Grésillon (1974).

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sur l'identification des relatives) ou sur la base de leur comportement dans
le discours. Enfin, la conception de la détermination est elle aussi liée au
double problème de la définition des catégories et de la catégorisation des
unités, la détermination étant soit définie en tant que relation grammaticale
liant dans la chaîne des catégories comme Substantif et Adjectif, soit définie
en substance comme dans la Grammaire de Port-Royal.

Or on sait que Chomsky s'est efforcé notamment dans Aspects (1965) de


reformuler dans le cadre des grammaires génératives la définition des
catégories et des relations grammaticales qu'il a reprises à la grammaire
classique. Bien que le problème de la catégorisation des unités ne soit pas posé
explicitement, il est réglé au niveau des symboles complexes attachés à
chaque formant lexical. On pourrait donc croire que les problèmes que nous
soulevons ici sont entièrement dépassés. Nous allons maintenant voir qu'il
n'en est rien en nous reportant à la manière dont ils sont traités dans Aspects.
Nous reviendrons sur le traitement des relatives par les grammaires
génératives dans la deuxième partie de cette étude.

La tentative de caractérisation des catégories lexicales ébauchée par


Chomsky dans Aspects repose sur la théorie des contraintes de sélection qui
limitent les possibilités de sélection des unités lexicales. Cette théorie (des
contraintes de sélection) conduit à attacher à chaque formant lexical un
symbole complexe C formé d'un ensemble de traits dits syntaxiques (tels
que par exemple pour un substantif, Commun, Dénombrable, Animé,
Humain, etc.). Les règles de dérivation sont supposées engendrer des
séquences préterminales constituées de formants grammaticaux à chacun
desquels est attaché un symbole complexe Q analogue aux précédents. Le
passage d'une séquence préterminale à une séquence terminale est assuré
par une règle lexicale qui spécifie qu'un formant lexical ne peut être inséré
dans la chaîne, si l'on veut respecter la grammaticalité, qu'à la place d'un
formant grammatical dont le symbole complexe Q est identique au symbole
complexe C de ce formant lexical. Dans ce cadre, Chomsky a montré qu'on
est conduit à choisir les Verbes et les Adjectifs sur la base des Substantifs
ce qui lui permet de caractériser la catégorie du substantif comme étant la
catégorie dominante du point de vue de la sélection en ce sens que sa
composition en traits pourrait être déterminée par une règle non contextuelle et
que ses traits pourraient être transférés par des règles sélectionnelles sur
d'autres catégories lexicales notamment celle de l'Adjectif (et du Verbe).
De la sorte, la théorie des contraintes de sélection semble avoir permis de
dépasser la contradiction entre ces deux conceptions de la détermination
puisqu'elle tente de formaliser la dépendance ou l'autonomie relative des
unités les unes par rapport aux autres dans la combinaison à l'intérieur de la
chaîne. Par ailleurs, elle donne un sens précis à ce que l'on peut entendre par
« subsiste par soi-même dans le discours » en faisant du Substantif une
catégorie autonome par rapport à l'Adjectif (ou au Verbe). Cependant, c'est
précisément à propos de la détermination que cette théorie a rencontré le
plus de difficultés. En particulier, la détermination intervient lorsqu'une
unité est reprise par exemple sous forme pronominale soit à l'intérieur d'une
même phrase, soit même d'une phrase à une autre dans le contexte
postérieur. On sait que différentes solutions techniques ont été proposées pour

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résoudre ce problème (notamment l'utilisation d'indices) mais que ces
solutions se sont révélées insuffisantes tant du point de vue théorique que
pratique. Par ailleurs, la théorie des contraintes de sélection s'est trouvée en
difficulté sur d'autres plans que ceux qui concernent directement la
détermination, notamment pour rendre compte de la grammaticalité d'énoncés
comme : le professeur a épousé Pierre et de l'agrammaticalité de : le curé a
épousé Pierre. De plus en plus, on est amené à faire appel à des traits qu'on
ne peut plus considérer comme syntaxiques et donc à recourir à une
sémantique universelle qui cesse ainsi d'être simplement une hypothèse contenue
dans le modèle génératif, pour devenir un présupposé absolument
indispensable. Que dans cette voie les difficultés s'accumulent, on ne peut s'en
étonner, pour des raisons qui seront exposés plus loin. Mais voyons d'abord
comment la grammaire chomskyenne a tenté, pour trouver une solution au
problème du rapport entre les différentes parties du discours qui se co-déter-
minent syntactico-sémantiquement, d'effectuer une sorte de « retour aux
sources » en recourant aux notions de référence, de co-référence, et
d'autonomie référentielle.

Ces notions peuvent en particulier être appliquées aux relatives et ceci


de diverses manières, par exemple en posant que ce qui différencie la
determinative de l'appositive c'est que la référence de l'antécédent de la
determinative est dépendante de cette relative alors que la référence de
l'antécédent de l'appositive est indépendante de celle-ci. Enfin, dire qu'une unité
est référentiellement autonome, cela peut n'être qu'une manière de dire
qu'elle « subsiste par elle-même dans le discours ». Tout en reconnaissant
que « la nature exacte de ce qu'on désigne par référence soit extrêmement
mal établie » 1 et que « dans la théorie linguistique il n'est pas de notion plus
confuse que celle de référence, J.-C. Milner est l'un de ceux qui nous
semblent avoir tiré le meilleur parti de cette notion. S'il est légitime, comme il
le propose, de différencier pour certains substantifs (ceux qu'il appelle des
« noms de qualité ») des unités dont l'une serait référentiellement autonome
et pas l'autre, on ne voit pas pourquoi on devrait s'interdire d'avoir recours
à cette notion ailleurs, notamment pour caractériser les deux formes de
relatives. Le travail de Milner mérite donc que l'on s'y arrête.

Malgré les réserves que nous avons rappelées, Milner croit pouvoir
caractériser intrinsèquement les substantifs par rapport àd'autres catégories,
notamment les pronoms par leur autonomie référentielle, en ce sens que bien
qu'un substantif « puisse désigner des individus totalement distincts suivant
les énoncés, il reste cependant possible de définir de manière générale la
classe des êtres dont il est la désignation et inversement d'exclure a priori
des êtres qui ne pourront jamais être désignés par lui » 2. Sur ce point il se
réfère à l'équivalence entre référence et extension que l'on trouve, entre
autres, chez Carnap. Selon Milner il serait possible de définir hors contexte
la référence d'un substantif, alors que cela serait impossible pour un pronom.
Il reprend donc à son compte le critère de Frege selon lequel dire qu'un

1. Milner (1973), p. 130.


2. Ibid., p. 131.

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nom N est définissable hors contexte, c'est dire qu'il peut apparaître en
position d'attribut dans des énoncés interprétables du type GN est un N. Il
est intéressant ici de voir ce qu'il en est des adjectifs, dans la mesure où leur
statut peut paraître proche de celui des relatives. Si nous revenons alors à
la Grammaire de Port-Royal on pourrait dire que les substantifs y sont
caractérisés comme référentiellement autonomes et les adjectifs comme
non référentiellement autonomes. Pourtant, pour ce qui concerne les
adjectifs, c'est exactement le contraire que pose Milner en arguant du fait que
les énoncés du type GN est rouge sont toujours interprétables. Nous ne
comprenons pas pourquoi il a omis dans ce cas l'article indéfini qui selon
nous joue pourtant un rôle essentiel en l'affaire. Il reste que, en tout état de
cause, les pronoms personnels ne peuvent pas apparaître en position X
dans — est un X. Milner a utilisé la notion d'autonomie référentielle à
propos des substantifs de qualité qui, dans certains de leurs emplois (en
position NI dans un syntagme de type NI de N2 comme imbécile dans
l'imbécile de Jean, ou en « incise qualitative » comme imbécile dans Jean,
l'imbécile, a cassé la tasse) ne seraient pas référentiellement autonomes. Ceci
le conduit à poser qu'il y a deux unités imbécile substantifs, l'un ayant le
statut de substantif ordinaire avec toute son autonomie référentielle (par
exemple en apposition nominale vraie comme dans Jean, un imbécile, a
cassé la tasse) et l'autre qui ne serait pas référentiellement autonome et
devrait nécessairement être couplé à un substantif ordinaire. Ces deux unités
se différencieraient en outre de la manière suivante : l'une posséderait des
substituts synonymiques et serait indépendante des actes d'énonciation,
l'autre ne posséderait pas de substitut synonymique et serait
intrinsèquement liée à la « situation de parole » 1 (Jean serait dit imbécile en ce qu'il a
cassé le vase, mais par ailleurs, il pourrait ne pas être un imbécile, ce qui
expliquerait le caractère apparemment non contradictoire de Jean,
l'imbécile, a cassé le vase et pourtant ce n'est pas un imbécile, où l'on trouverait les
deux unités. Si la notion de référentiel et de non référentiel avait cette
importance, il serait légitime de vouloir caractériser les relatives sur cette base
comme on l'a déjà dit. Toutefois quelque chose fait problème dans le
raisonnement qui conduit Milner à caractériser de la sorte les deux unités qu'il
distingue. En effet, dans les exemples qu'il cite à l'appui de son raisonnement,
le N2 du groupe NI de N2 ou le N des groupes N + incise qualitative est
une unité qui fonctionne contextuellement comme un nom propre, soit que
ce soit effectivement un nom propre, soit que dans le contexte de la phrase
il ne puisse fonctionner autrement, comme c'est le cas avec par exemple :
«n imbécile de gendarme m'a dressé une contravention. En reprenant ces
critères on pourrait, nous semble-t-il, considérer animal comme pouvant
être un substantif de qualité (l'animal de chien m'a mordu : ce chien est dit
animal parce qu'il a mordu et non en soi parce que c'est un animal). Or,
nous semble-t-il, * un chien, l'animal, est un carnivore est pour le moins
bizarre, tandis que le chien, un animal, est un carnivore, est acceptable, de
même que un chien, l'animal, m'a mordu. Or, ce qui distingue * un chien,
l'animal est un carnivore, de ce dernier exemple, c'est que est un carnivore
n'identifie pas un chien comme un certain chien bien déterminé comme le fait

1. Milner (1973), pp. 134-135.

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m'a mordu. En conséquence, on est en droit de se demander si les propriétés
attribuées aux substantifs non ordinaires ne sont pas un effet de sens lié au
fait qu'ils sont, pour être tels, nécessairement couplés à un N qui, pour une
raison ne dépendant pas de leur présence ou de leur absence, fonctionne
comme un nom propre. A cela il faut ajouter que, dans tous les exemples
utilisés par Milner, le contenu de la phrase peut apparaître comme une
justification de la qualification attribuée à ce que désigne ce nom propre.
Ainsi, dans Pierre, l'idiot, est un enfant, on a une appositive vraie (sauf si le
fait d'être un enfant justifie le fait que l'on soit dit idiot). En conclusion, les
propriétés de la classe des substantifs non ordinaires définie par Milner
nous semblent être des propriétés contextuelles et non des propriétés
intrinsèques de ces unités et la question du dédoublement des substantifs difs de
qualité s'en trouve posée. Il resterait à expliquer la différence entre un
imbécile de gendarme et un revolver de gendarme. Il nous semble que cette
différence tient seulement à ce qu'un gendarme peut être un imbécile et
réciproquement alors qu'un revolver ne peut pas être un gendarme ni
l'inverse, sinon dans un sens métaphorique 1. En d'autres termes, dans un
groupe NI de N2, si on peut avoir NI est un N2 et N2 est un NI, alors c'est
NI qui détermine (au premier sens du terme) N2, et si on ne peut pas avoir
NI est un N2 alors c'est N2 qui détermine NI (toujours au premier sens du
terme). Dans ces conditions, la notion d'autonomie référentielle conçue
comme une caractéristique de certaines catégories d'unités lexicales perd
une bonne partie de sa valeur explicative. Si on ajoute à cela que la
formulation pratique d'une définition précise de la classe des êtres dont un substantif
pourrait être la désignation semble pour le moins problématique en même
temps qu'elle pose des problèmes théoriques sérieux, on est conduit à
considérer le caractère référentiel ou non référentiel d'une unité non comme une
caractéristique intrinsèque de cette unité, mais comme un effet de sens où
interviennent conjointement la syntaxe et des facteurs sémantiques.
Abandonner, pour rendre compte de la détermination, la référentialité et faire
appel à des facteurs sémantiques peut sembler une gageure et il nous faut
maintenant préciser de quels facteurs sémantiques nous voulons parler.

Sur ce point, Milner nous fournit une indication intéressante lorsqu'il


présente comme une caractéristique de la référentialité le fait d'accepter des
substituts synonymiques. Par substituts synonymiques, Milner entend
une expression qui puisse être considérée comme une définition de type
dictionnaire, c'est-à-dire une définition qui se veut non contextuelle. Toute la
question est de savoir si la référentialité est un effet de sens produit par la
possibilité de substitution ou bien si, au contraire, la substituabilité est un
effet de la référentialité considérée comme une caractéristique de l'unité.
La première hypothèse implique que ne peuvent désigner quelque chose que
les unités qui peuvent être remplacées par d'autres expressions dans une
paraphrase et cette hypothèse nous semble quant à nous théoriquement
beaucoup plus satisfaisante que la seconde. Elle pose en effet, comme le font
Pêcheux et Fuchs (1973, p. 12) que la relation de paraphrase est
constitutive de l'effet de sens et de la relation à un réfèrent qu'implique cet effet.

1. Pêcheux, Fuchs (1973), dans ce numéro p. 73.

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L'effet de sens n'est pas dans les unités mais dans leur rapport et c'est,
en d'autres termes, la substituabilité de l'unité qui constituerait l'objet du
discours en objet extérieur au discours, précisément parce qu'il est
susceptible d'y être figuré par des formes différentes de celle qui l'y représente
sans que le sens du discours en soit modifié. On doit donc considérer que
c'est la substituabilité d'une unité dans un discours donné qui lui confère
dans ce discours un caractère référentiel et non le fait qu'on puisse définir
hors contexte la classe des êtres susceptibles d'être désignés par cette unité.
Précisons que la notion de paraphrase dont il est ici question est une notion
discursive et qu'elle renvoie à celle de formation discursive en tant que
détermination de ce qui peut, dans une conjoncture donnée et à partir d'une
position donnée, être substitué à une unité donnée. On pose donc que les
substituts effectifs possibles d'une unité ne peuvent pas être définis de manière
non contextuelle en un double sens, à la fois hors du discours où elle
apparaît et sans tenir compte de ce que la ou les formations discursives qui
peuvent déterminer les relations de paraphrase effectives, par lesquelles
le sens de ce discours peut être matériellement produit, sont liées à des
formations idéologiques dont elles représentent un des aspects de la
matérialité. Dans ces conditions, on conçoit qu'une unité ne puisse jamais être
remplaçable par n'importe quelle unité mais seulement par des expressions
bien déterminées et que, par conséquent, cette unité ne puisse pas désigner
n'importe quoi. Il ne s'agit cependant pas d'une caractéristique intrinsèque
de l'unité mais de ses possibilités de fonctionnement déterminées par telle
ou telle formation discursive, liée à des conditions précises de production
et d'interprétation du discours.

Si on admet ce qui précède, il faut abandonner une conception de la


détermination qui consisterait en une sélection, à l'intérieur de la classe des
êtres désignés par un substantif définie hors de tout contexte, d'une sous-
classe voire d'un être unique. On doit, nous semble-t-il, considérer la
détermination comme une relation où interviennent à la fois des effets syntaxiques
et des effets sémantiques au sens où nous l'avons défini ci-dessus. Nous
développerons ce point dans la troisième partie de cette étude après avoir
examiné le traitement des constructions relatives par les grammaires
génératives du point de vue qui nous intéresse, c'est-à-dire celui de
l'opposition déterminative-appositive qui met en jeu la détermination. Au préalable,
il nous faut conclure ces remarques sur le problème de la détermination en
revenant sur la question de la sémantique universelle et sur l'opposition
langue-discours.

Nous ferons simplement remarquer qu'il n'y a pas de différence


fondamentale entre la théorie des contraintes de sélection développée par Chomsky
et les théories qui font appel à la notion de référence, notion qui pourtant
a été utilisée pour tenter de contourner certaines difficultés soulevées par
l'utilisation des traits de composition et de sélection. En effet, bien que
considérés comme des traits syntaxiques, les traits qui doivent être placés
dans le symbole complexe attaché à un formant lexical susceptible de prendre
la place d'un formant grammatical substantif dans une séquence
préterminale caractérisent, au moins partiellement, la classe des êtres qui peuvent
pratiquement être identifiés comme faisant partie de sa désignation. Deux

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questions se posent alors. D'une part, il faut s'interroger sur ce qui permet
de définir ces traits. Leur choix est en fait inséparable de l'idée d'une
sémantique universelle en tant qu'ensemble de traits universels fixés permettant
de caractériser du point de vue de la compétence linguistique toutes les
significations. D'autre part, il n'est pas du tout évident qu'il y ait une
limite théorique assignable au nombre de traits qu'il faudrait faire entrer dans
les symboles complexes pour rendre compte de la grammaticalité ou de la
déviance par rapport à la grammaticalité. Selon nous, les difficultés
soulevées par la théorie des contraintes de sélection sont le symptôme de
l'absence, dans la perspective des grammaires génératives, de toute référence à
une élaboration théorique de la notion de discours, car, là où Chomsky parle
de langage, la Grammaire de Port-Royal parle de discours et de toute manière
langue et discours ne sont pas différenciés. La théorie des contraintes de
sélection est une tentative pour faire rentrer de force le discours dans la
langue en niant l'intervention de processus discursifs dans le domaine des
significations.

2. Le traitement des constructions relatives dans les


grammaires génératives.

Les grammaires génératives cherchent à traiter les phrases auxquelles


on peut donner une double interprétation sémantique en essayant de
montrer qu'à chacune de ces interprétations correspond une structure
syntaxique différente. Considérons la phrase Les syndicats qui défendent les
travailleurs sont démocratiques. Elle peut recevoir deux interprétations
distinctes selon que l'on entend que tous les syndicats défendent les
travailleurs, et alors la phrase énonce qu'ils sont (tous) démocratiques
(interprétation appositive), ou au contraire que seuls certains syndicats
défendent les travailleurs, et alors la phrase énonce que ces syndicats sont
démocratiques — et elle ne dit rien des autres — (interprétation determinative).
Une grammaire generative devrait expliquer cette différence
d'interprétation en donnant deux dérivations distinctes de la phrase. On peut donc dire
qu'une grammaire generative est un dispositif propre à répondre à la
question de savoir s'il y a lieu de différencier les deux types de relatives du point
de vue syntaxique. S'il en était ainsi, l'effet de sens propre à chacune des
deux relatives aurait une base linguistique et relèverait de la langue. Dans
la troisième partie de cette étude, on proposera un traitement de la question
des relatives qui fait de leur effet de sens propre un effet de nature
discursive et non exclusivement syntaxique. Au préalable, voyons ce que l'on
peut dire des différentes solutions proposées dans le cadre du transformatio-
nalisme de Chomsky.

Une synthèse des travaux sur les relatives dans la perspective


generative a été récemment publiée (Stockwell, Schacter, Partee (1973)), ce qui
nous évitera d'avoir à développer ici un grand nombre de détails techniques.
Cependant, il se trouve que cette synthèse ne fait guère que des allusions
à la question des appositives en n'abordant que le problème des
determinatives. D'une manière globale, il faut signaler que les travaux concernant

90
l'appositive sont sensiblement moins nombreux que ceux qui portent sur la
determinative. Par ailleurs la question de savoir s'il y a seulement deux
types de relatives peut être posée, de sorte qu'on peut se demander si
l'on peut traiter valablement des deux premiers types sans parler des autres.
C'est pourtant le point de vue que nous adopterons ici car nous nous
centrerons sur l'opposition déterminative-appositive qui est celle qui touche le
plus directement à la question de la détermination. Ajoutons encore que
l'ambiguïté que nous avons rencontrée avec la phrase ci-dessus se retrouve
avec pratiquement toutes les formes de détermination faisant intervenir le
substantif, en particulier avec l'ambiguïté que présentent les articles définis
et indéfinis (générique et particulier) en français. On pourrait donc tout aussi
bien poser la question de savoir s'il est possible de traiter l'opposition
déterminative-appositive sans aborder celle de ces autres formes d'ambiguïté.
Là encore, nous nous en tiendrons aux relatives qui présentent l'intérêt
de comporter un verbe, donc de contenir des marques d'assertion. Enfin il
faut préciser que nous ne nous intéresserons aux traitements des relatives
que pour ce qui concerne la manière dont est rendue l'opposition des deux
types.

Dans le traitement des relatives dans les grammaires génératives, on a


eu recours à deux types de transformations qui toutes les deux opèrent sur
deux phrases, matrice et constituante, pour former la principale et la
relative. Les deux types de transformation en question sont des transformations
de conjonction (correspondant entre autre à la coordination en surface) ou
d'imbrication (correspondant en particulier à la subordination). Etant donné
que dans le cas de l'appositive on a souvent tendance à voir deux assertions
indépendantes distinctes liées par une relation proche de la coordination
(mais aussi éventuellement un rapport de type circonstanciel), alors qu'avec
la determinative on fait souvent un rapprochement avec la subordination,
on aurait pu penser qu'il y avait là une base de distinction entre les deux
relatives. Le plus étrange est que, sauf exception (en particulier Fuchs, C.
(1970) et Barbault, M. C. et Desclée, J. P. (1972)) on a en général utilisé
le même type de transformation, soit imbrication, soit conjonction, pour
dériver les deux types de relatives. Cependant, il faut signaler que la
tendance à définir les transformations de manière de plus en plus abstraite tend
à effacer la distinction entre imbrication et conjonction \

En reprenant la classification de Stockwell, Schachter et Partee


(1973), il y a trois types de solutions utilisant une transformation
d'imbrication. La première a été proposée par Smith (1964) ; elle a été baptisée
analyse Art-S par Stockwell, Schachter et Partee. Elle consiste dans son
principe à rattacher la constituante au constituant Det de la phrase matrice
ce qui fait de la relative un modificateur du déterminant du groupe nominal
de son antécédent. Au constituant Det sont attachés deux marqueurs dans la

1. Ceci s'explique du fait que dans ces travaux on s'appuie de plus en plus sur des
représentations logiques de la « structure sémantique » considérée comme la plus
profonde, ce qui conduit à prétendre tout réduire à des concaténations (cf. entre autres
Annear-Thompson (1971)).

91
structure profonde, respectivement D (pour déterminatif) et A (pour appo-
sitif). Ceci mis à part la dérivation des deux relatives est identique sauf pour
ce qui concerne les contraintes auxquelles elle est soumise. Il est bien clair
que cette solution n'explique en aucune manière la différence entre les deux
relatives puisque l'introduction de marqueur dans le constituant Det reste
ad hoc. Les autres solutions faisant intervenir une transformation
d'imbrication ont été respectivement baptisées NP-S et NOM-S par Stockwell,
Schachter et Partee et sont très proches l'une de l'autre dans leur
principe. La première fait de la relative un modificateur de tout le groupe
nominal antécédent et non plus seulement de son déterminant ; la seconde va
encore plus loin dans ce sens puisqu'elle laisse, en dehors du constituant
du groupe nominal modifié par la relative, son déterminant. Il faut
reconnaître là encore que, lorsqu'on traite par de telles transformations les deux
relatives, les solutions proposées pour les différencier restent aussi ad hoc
que dans le cas précédent. C'est ainsi par exemple que Lees (1964) se contente
d'introduire un symbole de virgule optionnel et d'empêcher dans le cas de
l'appositive la réduction du relatif à that (puisque après that en anglais on ne
peut en principe avoir qu'une determinative) ou son effacement pur et
simple. La solution n'est donc pas dans son principe fondamentalement
différente de celle proposée par Smith.

Une des principales objections à rencontre d'un traitement de


l'appositive par une transformation de conjonction tient à ce que, alors qu'on ne
peut pas lier par coordination une déclarative et une interrogative ou une
imperative, on peut avoir une relative enchâssée dans une déclarative ou une
imperative. Le traitement des relatives par une transformation de
conjonction semble donc supposer que la définition de la transformation soit faite
à un niveau suffisamment abstrait pour que cela autorise des constructions
telles que celles qui précèdent. Mais alors la différence entre conjonction et
imbrication s'estompe et l'on en arrive à traiter les deux relatives par
conjonction. Parmi les traitements de ce type proposés, celui dû à Dru-
big (1972) présente l'intérêt d'introduire une différence entre les deux
relatives du point de vue de l'assertion et de faire pour la determinative
une hypothèse contextuelle. Dans la solution de Drubig, les deux relatives
sont donc dérivées par une transformation de conjonction de deux structures
profondes ; la différenciation des deux types est déterminée par le contenu
de ces deux structures profondes. Dans le cas de l'appositive, l'assertion
doit comprendre un performatif quelconque pour la phrase matrice (d'où
la possibilité de l'interrogative ou de l'impérative) alors que pour la
constituante, elle doit comporter un performatif de type déclaratif seulement
(affirmation ou négation). Cette dernière précision peut paraître un peu
trop restrictive dans la mesure où des adverbes peuvent être insérés dans la
relative appositive et qu'ils apparaissent alors comme des modificateurs de
l'assertion. Dans le cas de la determinative, il y a une hypothèse «
contextuelle » qui est que la phrase constituante doit nécessairement apparaître à
gauche de la phrase matrice dans la structure profonde avant application de
la transformation de conjonction. Cette hypothèse tend à rendre compte de
l'effet de « présupposition », qu'on observe avec le fonctionnement
déterminatif de la relative, et de l'idée d'antériorité du présupposé. En outre, dans
la constituante, l'article devant le groupe nominal correspondant à l'antécé-

92
dent doit être indéfini et il y aurait une opération de défmisatition. Par
exemple pour aboutir à La fille que le garçon a épousée attend un bébé, on partirait de
structures correspondant à, dans cet ordre, Un garçon a épousé une fille + La
fille attend un bébé. Cette solution ne rend pas compte du cas des relatives
determinatives précédées d'un substantif avec article indéfini telle que :
J'ai vu une maison qui a des volets verts.

Avec ce traitement, nous avons donc une différenciation effective du


fonctionnement de la relative ; cette différenciation ne repose plus alors sur
des facteurs proprement syntaxiques, mais sur le contenu des structures
profondes et l'ordre séquentiel de ces structures. La solution repose sur
l'intervention des performatifs dont, par ailleurs, le statut théorique reste à
élaborer. On verra que la solution discursive que nous proposons reprend
certains éléments de celle-ci, mais sans faire intervenir la théorie des
performatifs avec les présupposés théoriques à notre avis discutables qu'elle
comporte.

Il nous reste encore à examiner une dernière solution qui est celle
proposée par Dubois (1970). Celle-ci présente un intérêt particulier du fait que,
tout en ayant recours à des transformations d'imbrication, elle suggère des
dérivations fondamentalement différentes pour les types de relatives. En
fait l'originalité de cette solution provient d'une particularité du type de
grammaire generative que Dubois a développé. Au lieu de la règle de base
P -*■ SN + SV classique (fondée sur le modèle Sujet + Attribut de la
grammaire classique et de la logique), Dubois pose qu'on peut développer
d'emblée P en SN + SV + (SP), SP étant ce qu'il appelle un syntagme
prépositionnel et étant optionnel. Globalement, la différence entre les deux
types de relatives est attribuée par Dubois au fait que la determinative est
rattachée à un SN de la phrase matrice alors que l'appositive est rattachée
à un SP directement dominé par le P de la matrice. Ce procédé explique en
particulier la formation des relatifs du type lequel, laquelle, lesquels, propres
au français, relatifs après lesquels on ne peut avoir en principe sans
préposition qu'un fonctionnement déterminatif. Pour ce qui concerne les appositives,
on notera que Dubois considère que la relative dans Je cherche une maison
qui ait des volets verts est une apposition, sans que l'on voie très bien sur
quel critère il se fonde, si ce n'est que dans sa grammaire elle devrait être
dérivée d'un syntagme prépositionnel à cause de la présence du subjonctif.
Or on sait que de telles constructions ne sont possibles qu'avec certains
verbes, alors n'est-ce pas accorder trop d'importance au procédé de
dérivation d'autant plus que, comme il le reconnaît lui-même, une telle relative a
en général une interprétation très proche de celle d'une determinative ?

La principale objection que l'on peut faire à la solution de Dubois


tient au fait qu'elle fait éclater le modèle génératif classique en introduisant
un constituant SP directement dominé par le nœud principal P. Quelles que
soient par ailleurs les justifications données à l'appui de cette modification du
modèle génératif, bien que tout fétichisme en la matièie ne soit pas de mise
et que les arguments de simplicité du modèle ne soient que des
faux-semblants, ce traitement pose en fin de compte le problème de la portée
théorique du modèle génératif. Il est clair en effet qu'on peut de cette manière

93
simplifier considérablement la grammaire dans la mesure où toute une série
de problèmes autrement délicats trouvent une solution relativement simple.
Il faut ajouter en outre que pour ce qui concerne spécialement les relatives,
la solution explique assez bien la valçur circonstancielle de l'appositive,
laquelle n'est guère explicable dans les autres solutions, y compris celle de
Drubig. Le risque que comporte une telle façon de procéder, si elle est
généralisée, est de conduire à des représentations purement ad hoc. Car en
fin de compte ce qui est en jeu dans l'introduction d'un constituant de base
SP c'est aussi un problème de définition des catégories syntaxiques et de
rapport entre ces catégories. On fait place en introduisant SP à cette
catégorie intermédiaire entre les verbes et les substantifs dans laquelle se rangent
les adjectifs, entre autres. De ce fait, le problème de la détermination est
formellement réglé, mais d'une manière qui n'est pas fondamentalement
différente quant à sa nature de celle qu'on a vu utiliser par Smith pour
différencier les deux types de relatives : au niveau de l'écriture. Par ce biais on
évite d'avoir à faire vraiment une théorie de la détermination. Dans le sens
de la conclusion de ce que nous avons dit dans la première partie de ce
travail, il nous semble qu'on peut poser la question de savoir si cette théorie
peut être faite d'un point de vue purement linguistique, en ne faisant pas
intervenir la théorie des paraphrases discursives à laquelle nous avons lié
l'effet de référence.

3. Relatives, paraphrases et articulations discursives.

Nous allons maintenant développer, à propos des constructions


relatives, une conception de la détermination qui en fait une relation mettant
en jeu à la fois des facteurs sémantiques et syntaxiques. Par facteurs
syntaxiques, nous entendons des effets de sens de la syntaxe en tant que celle-ci
est l'une des manifestations de ce qu'on peut appeler l'autonomie relative
de la langue. La notion d'autonomie relative de la langue caractérise
l'indépendance d'un niveau de fonctionnement du discours par rapport aux
formations idéologiques qui s'y trouvent articulées, niveau de fonctionnement
relativement autonome dont la linguistique fait la théorie. Le concept qui
permet de penser ce niveau de fonctionnement est celui de langue.
L'autonomie est relative, car dans la production et l'interprétation de ce qu'on
appellera séquences discursives, c'est-à-dire des discours « concrets », les frontières
entre ce qui sépare ce qui relève de l'autonomie relative de la langue et ce
qui relève de la détermination de ces discours « concrets » par des
formations discursives, au sens où nous l'avons défini ci-dessus, ne peut être assignée
a priori. En d'autres termes, nous posons que tout discours « concret » est
doublement déterminé, d'une part par des formations idéologiques qui
rapportent ce discours à des formations discursives définies, d'autre part par
l'autonomie relative de la langue, mais nous posons qu'il n'est pas possible
de tracer a priori une ligne de démarcation entre ce qui relève de l'une ou de
l'autre de ces déterminations. La langue étant, pour reprendre les termes de
Pêcheux et Fuchs 1, le lieu matériel où se réalisent les effets de sens, la

1. Pêcheux et Fuchs (1973). Dans ce même numéro p. 16.

94
détermination, qui relève de la langue, est toujours présente et elle s'exerce,
par exemple, sous la forme de ce que les linguistes appellent des règles
syntaxiques. Mais d'un point de vue théorique, on ne peut pas décider a
priori si, dans la production et l'interprétation de surfaces discursives
données, telle ou telle règle particulière intervient ; la seule chose que l'on
puisse dire c'est que de telles règles interviennent nécessairement x.

Du rapport entre les deux types de déterminations du discours découle


la notion de paraphrase discursive. En effet, si le discours était entièrement
déterminé du point de sa production et de son interprétation par la langue,
il n'y aurait pas de place pour la notion de paraphrase discursive. Nous avons
posé plus haut qu'il fallait considérer la paraphrase discursive comme étant
constitutive des effets de sens. On peut alors expliquer que des formulations
différentes quant à leur matérialité puissent être liées à un même effet de
sens sans pour autant que ces différentes formulations puissent être
considérées comme entretenant les unes avec les autres des rapports qui
relèveraient de l'autonomie relative de la langue (comme ce qu'on appelle «
paraphrase » au sens linguistique du terme). Il faut être clair sur ce point, la
notion de paraphrase discursive est une notion « contextuelle » en ce sens
que les paraphrases discursives dépendent des conditions de production et
d'interprétation, c'est-à-dire des formations discursives diverses auxquelles
le discours peut être rapporté pour en produire le sens. Des formulations
différentes ne peuvent donc jamais être dites liées par une relation de
paraphrase discursive, sinon à partir du rapprochement entre des séquences
discursives effectivement produites dans les mêmes conditions, séquences
dans lesquelles elles apparaissent dans les mêmes environnements. Ce
rapprochement ne peut se faire que sur la base de l'autonomie relative de la
langue à laquelle, on peut le dire maintenant, se réduit l'ordre du discours
au sens des grammaires classiques.

Ceci étant posé, il existe un cas particulier de la mise en rapport de


surfaces discursives entre elles, c'est le cas où une séquence est rapportée à
elle-même. C'est en particulier ce qui se produit dans tous les phénomènes
de reprise et de reformulation. Nous allons voir maintenant que la
distinction fonctionnement déterminatif/fonctionnement appositif pour les
relatives est liée à cette possibilité de mettre en rapport une séquence avec elle-
même sur la base de l'autonomie relative de la langue et en particulier de la
syntaxe. Pour cela il nous faut introduire la notion de saturation.

1. Quand nous posons ainsi qu'aucune règle linguistique, fut-elle la plus


fondamentale en apparence, n'échappe à la possibilité d'être mise hors jeu, nous nous référons
en particulier à l'expérience du fonctionnement du discours dans le travail de l'analyse
psychanalytique. Nous posons donc qu'il y a toujours « de la langue » comme base
matérielle du discours, mais que ce qui de la langue est effectivement à l'œuvre dans tel ou
tel processus discursif « concret » ne peut jamais en principe être défini a priori. La
ligne de démarcation qui sépare effectivement dans tout processus discursif « concret »
langue et discours est en principe toujours à définir. Cependant pratiquement on doit
faire une hypothèse sur la place de cette ligne de partage pour pouvoir procéder à une
analyse syntaxique d'abord et discursive ensuite.

95
La notion de saturation a trait à la dimension et à la délimitation des
formulations qui, dans des conditions de production et d'interprétation
données, peuvent entrer en rapport de paraphrase discursive. Une
formulation (nous employons à dessein un terme vague pour indiquer que ces
« unités > de paraphrase discursive ne coïncident pas nécessairement avec les
unités que l'on peut définir sur la base de l'autonomie relative de la langue)
sera dite saturée si elle peut être mise globalement en rapport avec une
autre formulation, soit d'une autre séquence discursive où elle est liée aux
mêmes formulations saturées, soit de la même séquence discursive. Or, et
c'est ce qui fait la particularité de la mise en rapport d'une séquence
discursive avec elle-même, deux formulations matériellement distinctes
peuvent à l'intérieur d'une même séquence discursive être liées par une
relation de paraphrase discursive sans que, pour autant, comme lorsqu'il
s'agit de la mise en rapport de séquences discursives distinctes, elles y
apparaissent dans le contexte des mêmes formulations saturées. Cette mise
en rapport spécifique d'une séquence discursive avec elle-même sera désignée
par la suite par les termes de rapport intra-séquence (il représente l'un des
phénomènes que Pêcheux et Fuchs (1973) ont appelé « zone d'oubli n° 2 »).
On rencontre le rapport intra-séquence en particulier avec les pronoms et
la règle qu'énonce Milner (1973, pp. 138-139) selon laquelle « un pronom ne
peut pas précéder l'élément qui lui donne sa référence » est, bien qu'elle ne
soit pas stricte 1, un des aspects de ce qui règle la mise en rapport d'une
séquence avec elle-même. La spécificité de la mise en rapport d'une séquence
discursive avec elle-même dans la production de son sens fait intervenir en
particulier des critères de position du type antériorité-postériorité dans la
chaîne. En dehors de cette mise en rapport de forme spécifique, la mise en
rapport d'une séquence discursive avec elle-même, celle-ci peut être mise
en rapport avec elle-même selon la même modalité qu'avec toute autre
séquence. On appellera rapport inter-séquence la modalité de mise en
rapport de deux séquences discursives distinctes, que celle-ci s'exerce sur la
séquence elle-même ou sur une autre séquence. Les rapports interséquences
peuvent correspondre aussi bien, selon qu'ils s'exercent sur la séquence où
sur une autre séquence, aux « zones d'oubli n° 2 » ou « d'oubli n°l » définies
par Pêcheux et Fuchs (1973).

Maintenant, quand nous disons que la production d'un sens d'une


séquence discursive repose sur la possibilité de rapporter cette séquence à
une formation discursive, il est bien évident que nous ne voulons pas dire
que dans la lecture d'un texte, il soit nécessaire de le confronter
matériellement avec un autre texte. C'est là un problème d'analyse du discours. Pour
le reste, ce n'est pas le lieu de développer ici ce point, mais disons simplement
que le processus fait intervenir ce qu'on appelle la « mémoire » et que si l'on
ne veut pas s'en tenir à cette notion vague, il faudrait chercher une réponse
plus satisfaisante à cette question dans l'analyse des rapports entre
l'idéologie, l'inconscient et le langage. La relation de paraphrase peut opérer sans

1. Il existe un certain nombre de cas inventoriâmes où l'ordre entre référence et


pronom est inversé comme par exemple dans Quand il arrivera, dis à ton père de me
téléphoner !

96
que, pour autant, elle soit réalisée matériellement sous la forme d'une mise
en rapport matérielle de séquences effectives. Elle peut opérer en dehors de
la conscience de celui qui parle, écrit, écoute ou lit, et dans cet * oubli »
réside, comme l'ont montré Pêcheux et Fuchs, le fondement de l'illusion
d'être à la source de ses propres paroles ou de son discours. En d'autres
termes, la matérialité des formations discursives ne se réduit pas à la
matérialité des séquences discursives. Dans ces conditions on peut concevoir qu'il
puisse exister une ambiguïté lorsqu'on se penche sur l'interprétation d'une
séquence donnée (comme le font constamment les linguistes) quant à savoir
si l'effet de sens dérive de la mise en rapport de la séquence avec elle-même,
ou bien si les relations de paraphrase qui sont en jeu supposent la possibilité
de produire d'autres surfaces qui matérialiseraient ces relations de
paraphrases et qui constituent le fond de déjà dit ou de dit autrement sur lequel
se déploie la séquence.

Il est donc possible, du fait que sur une séquence donnée les rapports
intra et inter-séquences peuvent simultanément jouer sans qu'ils puissent
être consciemment discriminés, qu'une formulation puisse paraître saturée
comme si sa saturation était liée à un rapport intra-séquence alors qu'en
réalité, sur la base de l'autonomie relative de la langue, un rapport
interséquence doit nécessairement jouer. Cela produit l'effet subjectif
d'antériorité, d'implicitement admis, etc. que nous avons désigné ailleurs sous le
terme de préconstruit. Cet effet est caractéristique du fonctionnement
déterminatif de la relative. Compte tenu de ce qui précède, on ne peut parler
que du fonctionnement déterminatif ou appositif d'une relative et non parler
d'une relative comme étant en soi determinative ou appositive K

Pour résumer les caractéristiques des deux fonctionnements des


relatives, on peut tout d'abord dire que la présence du pronom relatif, en tant
que c'est un pronom, présente le rapport entre l'antécédent et la relative
comme un rapport intra-séquence même si ce rapport n'est pas explicité
ailleurs à l'intérieur de la séquence. Alors ce qui sépare le fonctionnement
déterminatif du fonctionnement appositif, c'est que l'autre modalité de la
mise en rapport de deux séquences, le rapport inter-séquences, est effacé
par le rapport intra-séquence. Au contraire, avec le fonctionnement
appositif, le rapport inter-séquence n'est pas effacé. De manière condensée, nous
dirons que le fonctionnement déterminatif de la relative présente un
rapport inter-séquence comme s'il s'agissait d'un rapport intra-séquence. Il en
est de même de tous les rapports de détermination dans lesquels les marques
de l'assertion peuvent être effacées. Enfin cet effet trouve son origine dans
l'illusion que le sujet a d'être à la source de ses propres paroles.

1. Notons toutefois que certaines constructions imposent un fonctionnement soit


déterminatif (pronoms démonstratifs, certains pronoms indéfinis, etc. dont la liste
fermée peut être dressée), soit un fonctionnement appositif (noms propres sans
déterminant en particulier). Pour ce qu'il en est du critère de la virgule (et il en va de même
de celui de l'intonation), on remarquera à la suite de Fuchs et J. Milner (1974,
p. 26 : « II se trouve que l'usage de la virgule tend à disparaître si tant est qu'il ait
jamais fonctionné ».

97
LANGAGES N° 37 7
Sur cette base, on peut expliquer que le fonctionnement appositif de la
relative ne soit possible que dans deux cas :
(a) : Le rapport entre l'antécédent et la relative fait partie de l'ordre
des évidences générales parce que, par exemple, la relative renvoie à des
« propriétés de nature » de ce qui peut être identifié comme sa désignation
(exemple : le chien, qui est un animal, est carnivore) ;
(b) Le rapport entre l'antécédent et la relative est effectivement
explicité dans le contexte antérieur de la séquence. Dans le cas (a) le rapport
interphrase joue sur séquence distincte de la séquence considérée : le discours
où les évidences en question peuvent être énoncées comme telles. Dans le
cas (b) le rapport inter-séquence joue sur la séquence elle-même.

La possibilité d'un effacement du rapport interséquence par le rapport


intraséquence est liée aux conditions de production et d'interprétation
comme le manifestent les cas d'ambiguïté comme celui que nous avons
mentionné au début de la 2e partie de cet article.

La caractérisation des deux modes de fonctionnement des relatives


conduit à considérer qu'il n'y a pas lieu de différencier celles-ci du point de
vue syntaxique. On serait donc amené à poser que du point de vue de la
langue il n'y a qu'une seule structure, et que ce n'est que du point de vue
discursif qu'il y a une différenciation. Cette conclusion n'est pas très éloignée
de celle à laquelle avait abouti Drubig (ou Annear Thompson théoriques4dans une
étude que nous avons mentionnée). Toutefois les présupposés
sont fondamentalement différents, car, dans l'un et l'autre cas, l'effet de
sens particulier qui correspond à chacun des fonctionnements est rapporté
à la langue et non à des processus discursifs. C'est à notre avis dans le
développement d'une sémantique discursive que notre analyse trouvera sa
justification en l'intégrant dans une théorie plus vaste. Nous pensons
néanmoins que la base que nous avons esquissée ici devrait permettre de
rendre compte de l'ensemble des phénomènes de détermination.

98

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