Vous êtes sur la page 1sur 25

Architecture de la Renaissance

Le Tempietto di San Pietro in Montorio (Rome, 1502-1510), chef-d'œuvre de Bramante.

Le temple de Vesta à Rome, édifié en 205 de notre ère. Ce temple, l'un des mieux conservés de la Rome antique,
sert de modèle au Tempietto de Bramante.

Château ducal de Szczecin, Pologne.


L'architecture de la Renaissance, née en Italie, gagne progressivement
tous les autres pays d'Europe entre le début du XV siècle et le début du XVII siècle.
e e

Elle procède d'une recherche consciente et de l'assimilation d'éléments


historiquement authentiques de la pensée et de la culture matérielle des Grecs et
des Romains.

En effet, l'époque antique apparaît aux cultivés italiens de cette période


comme l'apogée de tous les arts. Pourtant, ils ne cherchent pas à simplement
l'imiter, mais à la surpasser. Ce retour à l'Antiquité est appelé « hellénisme » (du
mot « hellène » qui désigne le peuple grec).

Du point de vue de l'esthétique, l'architecture de la Renaissance succède à


l'architecture gothique et sera suivie elle-même par l'architecture classique.
Apparu d'abord à Florence avec les innovations de Filippo Brunelleschi,

Le style Renaissance met en valeur les notions de symétrie, de proportion,


de régularité et d'équilibre des motifs, tels que Les ordres de colonnes (colonne
dorique, colonne ionique, colonne corinthienne), la position des pilastres et
des linteaux, de même que les voûtes en plein cintre, les dômes hémisphériques,
les niches.

Les artistes de cette époque sont polyvalents et cherchent à obtenir le savoir


absolu, aussi bien pour ce qui concerne l'ingénierie, les arts ou la philosophie.

Historiographie
Le mot « Renaissance » provient du mot italien rinascita, qui apparaît
d'abord dans Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes (1550–68),
dues à la plume du peintre et biographe Giorgio Vasari. Mais,
aux XVI et XVII siècles, ce style était plutôt évoqué comme celui des Anciens :
e e

« l’architecture à la manière des Anciens », ou « l’architecture à l'antique »


(all’antica).
Principales étapes

Château de Montsoreau, France (1443).

Les historiens reconnaissent volontiers trois phases dans la Renaissance


italienne

 Ces trois grandes phases sont :


o la Renaissance proprement dite (de 1400 à 1500), aussi
appelée Quattrocento et parfois « Renaissance florentine »
o la Haute Renaissance (vers 1500–1525)
o le Maniérisme (vers 1520–1600)

Quattrocento

Cette période voit la redécouverte et l'imitation encore partielle et maladroite


de l'architecture romaine antique (Traits distinctifs de l'architecture Renaissance),
à la fois à partir de l'observation des ruines romaines, et du déchiffrement du de
architectura de Vitruve.

( Vitruve, est un architecte romain qui vécut au I er siècle av. J.-C. (on situe sa naissance aux

alentours de 80 av. J.-C. et sa mort vers 15 av. J.-C.1).)

Les peintres italiens contemporains explorent, simultanément, les


possibilités de la perspective linéaire.
L'utilisation de l'espace connaît un bouleversement : à la conception
médiévale de la nature hostile et imparfaite se substitue une organisation
géométrique et logique du terrain disponible : forme et rythme des édifices sont
désormais de plus en plus dictés par des principes de symétrie et de proportion,
plutôt que par l'intuition et l'opportunisme des bâtisseurs médiévaux.

Le premier exemple de cette nouvelle attitude esthétique est la basilique San


Lorenzo de Florence exécutée par Filippo Brunelleschi (1377–1446) .

Haute Renaissance :

C'est au cours de la Haute Renaissance que les architectes et humanistes


conceptualisent l'architecture à l'ancienne. Le recours aux motifs à l'antique se fait
plus sûr.

L’architecte le plus significatif de cette période est Bramante (1444–1514)


qui, le premier, montre les possibilités pratiques des ordres anciens dans
l'architecture de son temps. Son église San Pietro in Montorio (1503) est
directement inspirée par le temple romain circulaire décrit chez Vitruve.

Pour autant, Bramante ne fut pas l'imitateur servile des Romains : ses choix
personnels devaient faire autorité dans l’architecture italienne jusqu'au XVI siècle. e

Maniérisme

La période maniériste est celle qui suit la mort de Raphaël (1520) ( Raffaello
Sanzio (aussi nommé Raffaello Santi, Raffaello da Urbino, Raffaello Sanzio da Urbino), est

un peintre et architecte italien de la Haute Renaissance,).

Au cours de cette période, les architectes expriment très librement avec les
motifs architecturaux : leur but n'est plus la conformité aux traditions, mais la
création, à partir des règles connues, de nouvelles tensions dans la matière et les
volumes.
L’idéal d’harmonie de la Renaissance donne cours à des modes
d'expression libres et variés. L'architecte emblématique du style maniériste est
certainement Michel-Ange (1475–1564), inventeur de l’Ordre colossal, caractérisé
par l’extension des pilastres du sol au dernier étage de la façade, qu’il employa
notamment pour le Campidoglio à Rome.

Ordre colossal pour la façade de la Basilique Saint-


Pierre à Rome.

Si jusqu’à l’aube du XX siècle, le terme de maniérisme était évoqué


e

négativement, on l’utilise aujourd’hui exclusivement pour désigner le mouvement


artistique de la dernière Renaissance.

Le maniérisme en architecture est marqué par les audaces artistiques de


quelques grands noms : Michel-Ange, Jules Romain, Baldassarre
Peruzzi et Andrea Palladio, qui marquent autant de repères vers le style baroque,
lequel sera pourtant d'une rhétorique toute différente de celle de la Renaissance.

De la Renaissance au Baroque

Alors que l’« architecture à l'antique » commençait à se diffuser hors d’Italie,


la plupart des autres pays d'Europe voyaient naître des modes d'expression
réellement post-médiévaux ; ces pays ont naturellement imprimé leur marque et
leurs traditions architecturales propres au nouveau style, si bien que les édifices
de la Renaissance présentent une grande variété à travers les régions d'Europe.

Traits distinctifs de l'architecture Renaissance

Plan (jamais mis en application) de Raphaël pour la basilique Saint-Pierre de Rome.

Les architectes de la Renaissance firent leur les motifs les plus apparents
de l'architecture romaine antique. Mais l’ornementation, les besoins, la géométrie
des édifices et l'ordonnance des villes avaient été bouleversés depuis l'Antiquité ;
aussi, parmi les premières églises de la Renaissance, il se trouve des
constructions présentant un caractère que les bâtisseurs romains auraient
certainement jugé composite ou hétérogène ; et l’on peut dire la même chose des
somptueux hôtels particuliers que les riches négociants du XV siècle se firent e

construire.

À l’inverse, les gymnases, les amphithéâtres, les grands stades et les bains
publics, indispensables à la ville antique, étaient des concepts pour les villes
chrétiennes de la Renaissance. On étudia donc les ordres anciens pour les
employer à de nouveaux types d'édifice.

Émergence de la notion de plan

Les édifices de la Renaissance sont généralement à plan carré, un parti-pris


de symétrie où les longueurs des côtés résultent généralement de calculs à partir
de la notion de module.

Pour une église, ce « module » est souvent la largeur d'une aile. On attribue
ordinairement à Filippo Brunelleschi la préoccupation de combiner les proportions
en plan avec celles de la façade, quoique ce savant artiste ne parvînt jamais
véritablement à appliquer pratiquement cette contrainte. Le premier édifice à la
satisfaire est la basilique Saint-André de Mantoue, l’un des chefs-d'œuvre de Leon
Battista Alberti.

Façade

Les façades de la Renaissance présentent un axe de symétrie vertical. Les


façades des églises sont fréquemment surmontées d'un fronton et divisées
régulièrement (« rythmées ») de pilastres, d’arcs et d’entablements.

Baies et colonnes dessinent une progression vers le centre. L'une des


premières façades authentiquement Renaissance fut la cathédrale
de Pienza (1459–62), attribuée à l’architecte florentin Bernardo Gambarelli
 Façades d'églises

Cathédrale de Pienza (1462).

Basilique Santa Maria Novella (Florence, 1470).

Basilique Sant'Agostino (Rome, 1483).


Les hôtels particuliers sont souvent surmontés d’une corniche. Les
ouvertures ponctuent régulièrement les différents étages, et la porte, au centre de
la façade, est surlignée par un balcon ou des ornements rustiques.

Les ordres classiques

Colonnes et pilastres

On utilise pour la conception des colonnes les trois ordres


grecs : dorique, ionique et corinthien, auxquels Sebastiano Serlio et ses
successeurs ajoutent deux autres ordres : le toscan et le composite.

Ces ordres peuvent avoir une fonction structurale, comme base d'une
arcade ou d’une architrave (linteau), ou être purement décoratifs, engagés dans
une muraille.
Voûtes et arcs

Les arcs sont soit en plein-cintre, soit (dans le style maniériste) surbaissés.
Ils se déclinent souvent en arcades, supportées par des murets ou colonnes.

Alberti fut l’un des premiers à employer les arcs à l'échelle monumentale,
comme à la basilique Saint-André de Mantoue. Les voûtes ne comportent plus de
nervure. Ce sont des voûtes (en plein-cintre ou surbaissées) à plan carré, à la
différence des voûtes gothiques, qui étaient le plus souvent à plan rectangulaire.
La voûte en berceau réintègre la grammaire architecturale (là encore, la basilique
Saint-André est caractéristique).

Voûte en berceau de la nef de l'abbatiale de Conques.


Cathédrales

Le dôme de la basilique Saint-Pierre de Rome.

Le dôme, rare au Moyen Âge, retrouve sa place dans l'architecture


européenne grâce à l’exploit de Brunelleschi sur la cathédrale Santa Maria del
Fiore et à l’usage qu’en a fait Bramante à la basilique Saint-Pierre de Rome
(1506).

Le recours au dôme devient fréquent pour les églises, non seulement parce
que c'est une structure immédiatement reconnaissable, mais aussi pour recouvrir
des espaces entièrement intérieurs à l'édifice. Plus tard, il trouve des applications
à l'architecture civile avec la Villa Rotonda de Palladio.
Portes

Les portes comportent des linteaux carrés. Elles peuvent s’inscrire dans une
arche ou être surmontées d’un fronton, triangulaire ou surbaissé. Les entrées
dépourvues de porte sont le plus souvent des arches dont le voussoir de clef est
mis en valeur par une pierre plus massive ou un ornement quelconque .

Baies

Les fenêtres vont par paire et s’inscrivent dans des arcs en plein-cintre. Elles
comportent des linteaux carrés et sont surmontées de frontons triangulaires ou
surbaissés, souvent en alternance. Le palais Farnèse de Rome, commencé en
1517, est caractéristique à cet égard.

Vue du palais Farnèse


La cour du palais Strozzi, à Florence.

Murs

Les murs extérieurs sont généralement en maçonnerie


de moellons soigneusement appareillée, par assises horizontales. Les angles de
l'immeuble sont fréquemment soulignés par un chaînage d'angle à bossage.

Urbanisme

La relation église-palais-place est placée au centre de la réflexion. Les rues


sont perçues non seulement comme un régulateur de flux, mais également comme
un moyen d’afficher son prestige, d’où l’élaboration de façades spécifiques.

La ville, en plus des églises et hôtels particuliers (palazzi), s’orne de villas


et de places publiques.
Les débuts de la Renaissance en Italie

Les grands architectes de la Renaissance florentine, le Quattrocento,


furent Brunelleschi, Michelozzo et Alberti.

Brunelleschi

L’Ospedale degli Innocenti à Florence.

On attribue généralement à Filippo Brunelleschi (1377–1446) le mérite


d'avoir inauguré la Renaissance en architecture. La ligne fondamentale de l’œuvre
de Brunelleschi peut se résumer au concept d’« ordre ».

Au début du XV siècle, Brunelleschi s'intéressa aux rapports entre la forme


e

d'un objet et à l'image que l’œil, depuis un certain endroit, en donne. À partir de
structures présentant des contours rectilignes comme le Baptistère de Florence et
les pavés qui l'entourent, il se convainquit que la règle donnant l'image vue par
l'œil répondait assez exactement à la perspective linéaire.

Il semblait aux curieux que, contrairement aux constructions gothiques


contemporaines, les vestiges de monuments de la Rome antique respectaient des
règles mathématiques simples. L'une semblait absolument irréfragable : l'emploi
systématique de voûtes en plein-cintre.
Les voûtes à arc brisé gothiques présentaient, elles, des rapports hauteur-
largeur très variables, et il n'était pas rare que les arcs d'une même église
présentent des angles dépareillés.

La cathédrale Santa Maria del Fiore de Florence.

La cathédrale de Florenc e
Le premier projet confié à Brunelleschi fut la réalisation de la couverture de
la croisée du transept de la cathédrale inachevée de Florence, commencée
au XIV siècle par Arnolfo di Cambio. Bien qu'on considère cette cathédrale comme
e

l'un des tout premiers édifices de la Renaissance, il faut signaler que Brunelleschi,
par-delà l'audace de son projet de dôme en brique, continua d'y employer l'arc
brisé et les nervures d'ogive, typiques de l'art gothique, et dont apparemment
Arnolfio avait envisagé l'emploi.

Il n’y a sans doute pas de meilleure illustration du nouveau credo


architectural qu'aux églises de San Lorenzo et Santo Spirito de Florence. Ces
deux églises, dessinées par Brunelleschi vers 1425 et 1428 respectivement, sont
toutes deux à plan en croix latine. Elles respectent la règle du module, c'est-à-dire
que chaque portion de l'édifice est un multiple du côté de l'aile à plan carré. Cette
longueur unité contrôle aussi les dimensions verticales de l'édifice.

Dans le cas de Santo Spirito, dont le plan est entièrement régulier, les
transepts et le chancel sont identiques, tandis que la nef en est une version étirée.
En 1434, avec l’église Santa Maria degli Angeli de Florence, Brunelleschi inaugura
le premier bâtiment de la Renaissance à plan centré. Elle s'articule autour
d'un octogone central, entouré de huit chapelles plus petites. Par la suite,
plusieurs églises adopteront des variantes de ce schéma.
Michelozzo Michelozzi

Le palais Medici-Riccardi de Michelozzo.

Michelozzo Michelozzi (1396–1472), autre architecte pensionné


des Médicis, reste comme le maître d’œuvre du palais Medici-Riccardi, qui lui fut
commandé par Cosme de Médicis en 1444. Une décennie plus tard, il édifiait la
Villa Médicis de Fiesole. Parmi les autres projets qu'il réalisa pour Cosme l'Ancien,
il convient de citer la bibliothèque du couvent San Marco, à Florence. Il suivit un
temps son mécène en exil à Venise, et fut l'un des premiers architectes à exporter
le style Renaissance hors d'Italie, avec la construction d'un palais à Dubrovnik

L’ornementation du Palais Medici-Riccardi, avec ses baies à fronton et ses


portes en renfoncement, reste classique mais, contrairement aux réalisations de
Brunelleschi et d’Alberti, les ordres de colonne ont l'air absents. Michelozzo a
plutôt répondu à la prédilection des Florentins pour l’appareil rustique. À chacun
des trois étages, il décline un appareil différent semblant répondre à une logique
vitruvienne d'ordre, le tout étant surmonté d'une énorme corniche romane en
surplomb de 2,50 m au-dessus de la rue.
Leon Battista Alberti

Le De re ædificatoria du théoricien Leon Battista Alberti, né à Gênes (1402–


1472), exerça une influence décisive sur l'histoire de l’architecture. Un des
principaux aspects de l’Humanisme était l’intérêt pour la nature, et en particulier
pour l’anatomie humaine, science déjà cultivée par les Grecs de l'Antiquité.
L'Humanisme mettant l'Homme au centre du Monde, Alberti considérait
l'architecte comme un acteur social majeur.

Il dressa les plans de plusieurs édifices, mais à la différence de Brunelleschi,


il dédaignait la pratique et délégua la direction des chantiers à ses assistants.
Miraculeusement, l'un de ses chefs-d’œuvre, la basilique Saint-André de
Mantoue, fut achevé sans dévier des intentions initiales du maître ; l'église Saint-
François de Rimini, destinée à remplacer une église gothique et qui aurait dû,
comme Saint-André de Mantoue, posséder une façade rappelant l'arc de triomphe
romain, connut un tout autre sort et resta inachevée.

Cette basilique Saint-André offre une architecture vivante tant à l'intérieur


qu'à l'extérieur. Sa façade triomphante présente les plus violents contrastes :
l'ornementation des pilastres, non-fonctionnelle, qui sert juste à en distinguer les
différentes parties, est peu protubérante, ce qui contraste avec l’arche
profondément encastrée dessinant un gigantesque portique autour de l’entrée. La
taille de cette arche s'oppose aux deux ouvertures surmontées d'un carré qui
l'encadrent.

Les jeux d'ombre et de lumière jouent à plein effet sur la façade grâce à
l'ornementation très plate et à ce porche au relief presque exagéré. Pour
l'architecture intérieure, Alberti a supprimé la nef et les collatéraux traditionnels
pour leur substituer une majestueuse progression alternant arches élevées et
berceaux à plan carré, qu'on peut voir comme un miroir du motif d’« arc de
triomphe » de sa façade.
Façade de Santa Maria Novella, 1456–1470.

Les deux plus célèbres réalisations d’Alberti se trouvent à Florence :


le Palais Rucellai (1446–51) et l'église Santa Maria Novella. Pour le premier,
Alberti a décliné les trois ordres classiques de colonne sur les trois niveaux de la
façade.

Baldassarre Peruzzi

Baldassarre Peruzzi, (1481-1536), architecte siennois actif à Rome, marque


la transition entre la Haute Renaissance et le maniérisme. Sa Villa
Farnesina (1509) est un cube monumental à deux niveaux égaux, dont les baies
sont soulignées par des pilastres respectant la hiérarchie des ordres. Cette
résidence se signale par l’abondance des fresques dans la décoration intérieure.

Mais le chef-d’œuvre de Peruzzi est sans doute le Palais Massimo alle


Colonne de Rome, dont la façade courbe épouse les contours de la voirie
attenante. Le rez-de-chaussée comporte un grand portique centré parallèle à la
rue, mais enchâssé dans un renfoncement, qui d'ailleurs servit longtemps d'abri
aux nécessiteux. Des trois étages supérieurs, les deux premiers comportent les
mêmes rangées de petites fenêtres délicatement encadrées de linteaux très
discrets, provoquant un contraste d'autant plus fort avec la masse sombre du
porche.
Le palais du Te.

Jules Romain

Giulio Romano (1499–1546), élève de Raphaël, l’assista pour de nombreux


édifices du Vatican. Romano était un architecte inventif et pluridisciplinaire :
le palais du Te, à Mantoue (1524–1534), qu'il exécuta pour Frédéric II de
Gonzague, témoigne de ses talents de sculpteur et de peintre.

Il y combina la construction d'une grotte, l'aménagement de jardins, de


pièces aux multiples fresques, où il joue sans cesse d’effets d’illusion, provoque
le visiteur par l’incongruité architecturale des thèmes, des formes et des textures,
et par une recherche voulue du déséquilibre et de l'invraisemblable. Ilan Rachum
voit dans Romano « l’un des pionniers du maniérisme. »

Michel-Ange

Michelangelo Buonarroti (1475–1564) est l'un des géants de la période ; ses


créations marquent la haute Renaissance. Il excellait tout à la fois en peinture,
sculpture et architecture et pour toutes ces disciplines, sa production a bouleversé
les conceptions traditionnelles. Il doit sa réputation d’architecte principalement à
trois chantiers : la décoration intérieure de la bibliothèque Laurentienne, le
vestibule du monastère San Lorenzo de Florence, et la basilique Saint-Pierre de
Rome.

Saint-Pierre fut « la plus grande création de la Renaissance », mais si


plusieurs grands noms de l'architecture s'y illustrèrent, son état abouti porte
davantage l'empreinte de Michel-Ange que celle d'aucun autre.
La basilique Saint-Pierre.

Saint-Pierre de Rome

Le plan retenu à la pose de la première pierre en 1506 était de Bramante ;


ensuite plusieurs changements furent introduits par les architectes postérieurs,
mais Michel-Ange, lorsqu'il se chargea du projet en 1546, décida de revenir au
plan en croix grecque de Bramante et redessina les piliers, les murs et le dôme,
donnant aux infrastructures basses des proportions plus massives et éliminant les
allées, identiques au transept, rayonnant autour du chancel. Helen
Gardner (en) résume ainsi le choix de l'artiste : « Michel-Ange, en quelques traits
de plume, l'a débarrassé d'une gangue floconneuse pour en faire un ensemble
massif et cohérent. »

Le dôme de Michel-Ange, véritable chef-d’œuvre d’invention, emploie une


double coque raidie sur nervures couronnée, comme le Duomo de Florence,
d'une tour-lanterne massive. Pour l’extérieur de l’édifice, il imagina un nouvel
ordre d'architecture : l’ordre colossal, où toutes les proportions des baies
extérieures sont définies, l'ensemble étant relié par une large corniche qui court
ininterrompue comme un ruban autour des toits.

Il existe une maquette du dôme, où l'on peut voir que sa coque externe aurait
dû être hémisphérique. À la mort de Michel-Ange, en 1564, le tambour d'appui de
la coupole de la basilique était tout juste terminé.
Le vestibule de la bibliothèque Laurentienne.

La bibliothèque laurentienne

La maniera de Michel-Ange n'apparaît nulle part mieux que dans le vestibule


de la bibliothèque Laurentienne. Il s'agissait d'y accueillir la collection de
manuscrits du couvent de San Lorenzo de Florence, l’église même
dont Brunelleschi avait bouleversé l'architecture et où il avait, le premier, édicté
les règles d'emploi des ordres classiques et de leurs différents ornements.
Précisément, Michel-Ange va s'emparer des règles de Brunelleschi et les plier à
son propre génie.

La bibliothèque proprement dite se trouve à l'étage : c'est une pièce très


allongée avec des plafonds décorés, auxquels répond un plancher carrelé que les
successeurs de Michel-Ange réaliseront dans l'esprit du créateur. Mais malgré sa
taille, cette pièce est gracieuse, illuminée par la lumière naturelle éclatant à travers
une
Giacomo della Porta

L'église du Gesù, conçue par Giacomo della Porta,

Andrea Palladio

La villa Rotonda à Vicence (Italie), 1566-1571, œuvre d’Andrea Palladio.

Andrea Palladio (1508–1580), que l'historien britannique B. Fletcher n'hésite pas


à qualifier d’« architecte le plus influent de toute la Renaissance », est un tailleur
de pierre qui découvrit l'humanisme par le poète Gian Giorgio Trissino. Le premier
projet qu'on lui confia fut la reconstruction de la basilique palladienne de Vicence,
en Vénétie, région où d'ailleurs il devait accomplir toute sa carrière par la suite.

Portant un regard de maçon sur les pratiques de l'Antiquité, Palladio


bouleversa les tendances architecturales dans la construction des palais comme
des églises. Tandis que les architectes, à Florence et à Rome, recherchaient des
modèles formels dans le Colisée ou l’Arc de Constantin, Palladio réduisait la
structure des temples romains à leur péristyle ; et chaque fois qu'il employa le
motif en “arc de triomphe” pour dégager une entrée encadrée par deux baies
rectangulaires, il en limitait la taille, contrairement aux arcs monumentaux d'Alberti
à l'église Saint-André : on parle ainsi d’arche palladienne.

De la Renaissance au Baroque
En Italie, la transition de l’architecture depuis la Renaissance florentine au
Baroque semble s’être faite sans à-coups : Pevsner n'écrit-il pas, évoquant le
vestibule de la bibliothèque Laurentienne, qu’ « on a souvent pu affirmer que les
motifs muraux font de Michel-Ange le père du Baroque » ?

Mais si la continuité a été de règle en Italie, cela n'a pas toujours été le cas
ailleurs. L’adoption du style Renaissance en architecture a été parfois très lente
puis s'est accomplie sur une période très brève, comme on peut le voir en
Angleterre.

En effet, au moment même où le pape Jules II faisait abattre l'ancienne


Basilique Saint-Pierre pour reconstruire un édifice à son goût, Henri VII adjoignait
une nouvelle chapelle de style gothique perpendiculaire à l’Abbaye de
Westminster ; puis lorsque le style qu'on allait appeler baroque naquit dans l'Italie
du début du XVII siècle, les premiers édifices de style authentiquement
e

Renaissance voyaient le jour à Greenwich et Whitehall, après une longue période


d’expérimentation avec les motifs à l'antique, combinés aux formes anglaises
traditionnelles, ou, réciproquement, après l’adoption de structures
« Renaissance » dans l'ignorance totale des règles qui président à leur emploi.

Et enfin, tandis que les Anglais commençaient à peine à découvrir les règles
du Classicisme, les Italiens essayaient de s'en libérer. Dans l'Angleterre post-
Restauration (celle des années 1660), la mode architecturale changea de
nouveau et le goût du Baroque s'affirma. Ainsi, plutôt qu'une évolution progressive
comme en Italie, le baroque arriva en Angleterre « armé et casqué ».

Pour plusieurs contrées d'Europe où les constructions classiques, inspirées par


exemple de l'église Santo Spirito de Brunelleschi ou du palais Medici-Riccardi de
Michelozzo, étaient sans exemple, l’architecture baroque prit racine sans
transition, à la suite d'un style post-médiéval local.

L'expansion du style baroque et l'éradication de l'architecture traditionnelle ou


Renaissance est particulièrement manifeste dans les pays gagnés à la Contre-
Réforme.

Vous aimerez peut-être aussi