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Sheckyna

MVUALA JOAO
Sheckyna
MVUALA JOAO

La Turquie D’Erdogan

La Turquie, dernier vestige de l'empire ottoman du XXe siècle, est pays du Moyen-Orient,
s’étendant de l'Europe de l'Est à l'Asie Mineure. Au cours des deux dernières décennies, la
Turquie s'est imposée de plus en plus comme une puissance régionale qui compte, comme un
pays incontournable au Proche-Orient et en Méditerranée orientale. Elle est depuis 2014 dirigée
par Tayyip Erdogan un homme d’état ,cofondateur du Parti de la justice et du développement
avec Abdullah Gül, il est Premier ministre de 2003 à 2014 et président de la république de Turquie
par la suite. Cet homme aux fâcheuses tendances Neo-ottoman a pour objectif de restaurer a la
Turquie sa puissance archaïque. Cependant en vu des nombreux changements politiques
mondiaux et ces récents évènements ( cf Guerre Ukraine-Russie) est il réellement possible pour
Erdogan de restaurer cette séculaire puissance ottomane ? Si oui par quels moyens peut-il
s’appuyer ? Dans un premier temps il est crucial de se demander quel est le réel but d’Erdogan à
restaurer cette puissance, pour ainsi voir sur quelles forces il peut s’appuyer et en découvrir ses
limites.

Projet de transformation de Sainte-Sophie en mosquée, interventions militaires en Syrie, en


Libye et en Irak, bras de fer juridique sur des explorations gazières contestées en Méditerranée
orientale, stratégies d'in uence en Afrique du nord... la Turquie du président Recep
Tayyip Erdoğan entend réaf rmer sa puissance dans ce qui fut l'ancien espace de l'empire
ottoman. Les références à l’Empire ottoman et à une forme de nostalgie impériale nourrissent sans
doute l’idée de cette ambition, qu'il faut cependant relier à des préoccupations stratégiques et
économiques très concrètes et très contemporaines. L'essor régional de la Turquie sous le règne
du Parti de la justice et du développement (AKP) et du président Erdogan est souvent compris
seulement comme le re et d'une "nouvelle politique étrangère ottomane" visant à restaurer la
Turquie devenue la puissance ottomane et à rétablir un univers d'in uence. Il y a de plus en plus
de références, dans le discours de l'AKP, à l'islam et à la civilisation islamique. De plus les
relations de coopération d'Ankara avec la Russie et l’Iran ainsi que les débordements violents
d'Erdogan contre les dirigeants européens, ont contribué à alimenter le doute sur ce "nouvel
ottomanisme". Le sentiment du déplacement diplomatique de la Turquie vers une révocation avec
l'Europe et l’Occident. Entre outre, la politique étrangère turque semble être guidée par des
dynamiques assez complexes. Au début du 21e siècle, la Turquie s'est hissée au rang de
puissance moyenne émergente. Menant ainsi une "diplomatie des puissances émergentes",
représentée par une forte af rmation de soi, la recherche d'un statut international, et une volonté
d'indépendance et d'autonomie dans la mise en œuvre de ses relations internationales. En tant
que puissance émergente, la Turquie suit la logique de polyvalence dans ses relations et dans ses
réseaux d'alliances pour agrandir ses intérêts dans un monde multipolaire. En créant des liens
avec des acteurs divergeant du système international. Ankara ambitionne de devenir un acteur
incontournable des relations internationales. La Turquie déploie sa stratégie de puissance d’abord
dans un premier cercle – le Moyen-Orient – pour rayonner, à partir de là, en Europe et dans le
monde. En ce sens, dans la ré exion stratégique turque, la dimension régionale de la diplomatie
est rendue à la dimension globale ; la politique arabe de la Turquie est étroitement liée à la quête
de statut et de puissance à l’échelle mondiale.

Malgré la disparition soudaine de l'empire après la première guerre mondiale, le président tente
par de nombreux moyens de forces diverses de faire réémerger cette puissance évanouie. L’une
des ses cartes les plus fortes : celle du hard power. Ce pouvoir autoritaire permettant d’imposer
aux autres ses volontés et ses opinions par des moyens de politique étrangère. La Turquie a en
réalité deux visages : alliée de la Russie et a la fois membre de l’Otan. Ces dualités lui permettent
d’adopter de nombreuses position stratégiques avantageuses. Son aspect énergétique est
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vraiment important pour comprendre le comportement d'Ankara sur la scène régionale et


internationale. Économie émergente en pleine expansion, la Turquie connaît une forte croissance
de sa demande énergétique malgré très peu de ressources sur son territoire. Le pays importe plus
de 90 % de sa consommation totale d'hydrocarbures, ce qui entraîne une forte augmentation des
factures énergétiques et une dépendance accrue vis-à-vis des principaux fournisseurs que sont
l'Iran et la Russie. Face à cette situation, la politique étrangère de la Turquie est sous-tendue par
un double objectif : d'une part, assurer la sécurité énergétique du pays en diversi ant les sources
d'importation et en renforçant les bonnes relations avec les voisins riches en hydrocarbures (Irak,
Qatar, Azerbaïdjan) ; d'autre part, renforcer la position de la Turquie en Méditerranée orientale, a n
qu'elle puisse y exploiter les ressources en hydrocarbures nouvellement découvertes, dans une
zone délimitée. Son embranchement aux deux mers essentiels au commerce international (la
Méditerranée et la mer noir ), 12e exportateur d’arme au monde, sa capacité de projection ainsi
que son af rmation croissante d'Ankara au Moyen-Orient et en Afrique du Nord font désormais
partie de cette diplomatie de puissance émergente. En adoptant une posture proactive et en
s'af rmant comme une puissance régionale dans cette région importante pour équilibrer la
géopolitique mondiale, Ankara entend renforcer son in uence sur la scène internationale pour
devenir un pays clé et un acteur incontournable de la gouvernance mondiale. En ce sens, le
Moyen-Orient est perçu comme une sphère d'in uence, arrière-cour et tremplin, nécessaire à
l'af rmation de la Turquie comme grande puissance sur la scène internationale. Cette aspiration à
la puissance se traduit aussi par l'expression corrélative d'une forme de soft power turc. La Turquie
est devenue l'un des premiers pays exportateurs au monde de séries télévisées. Ces dernières ont
une forte audience, non seulement au Moyen-Orient et en Afrique du nord, mais aussi en
Amérique latine. Les Turcs ont également beaucoup investi dans la réhabilitation du patrimoine
ottoman (ponts, mosquées, vieilles villes...) dans les Balkans (Albanie, Bosnie, Bulgarie,
Macédoine du nord...). La Turquie (et notamment son agence de développement, le TIKA) est
devenue un acteur important de l'aide au développement, en particulier en Afrique, où Recep
Tayyip Erdoğan se rend régulièrement pour des tournées of cielles. L'épidémie de Covid-19 a vu
Ankara se lancer signi cativement dans une sorte de diplomatie sanitaire tout azimut, en faisant
parvenir du matériel médical (masques, tenues hospitalières, respirateurs arti ciels...), non
seulement à des pays en développement, mais aussi à des pays européens (Espagne, Italie ou
Royaume-Uni...)

La diplomatie turque est confrontée à un problème commun à toutes les puissances


émergentes : le décalage entre ses ambitions et ses ressources et capacités réelles. Malgré le
grand volontarisme d'Ankara en matière de politique étrangère, il n'en reste pas moins que ses
ressources et moyens pour réaliser ses ambitions de leadership régional et d'in uence
internationale restent limités. En ce sens, elle ne peut s'imposer aux autres, ni agir seule : en tant
que puissance intermédiaire, elle est contrainte de suivre la voie du multilatéralisme, négociant
avec les autres acteurs du système international sur son statut et son rôle dans les relations
régionales et gouvernance mondiale. Malgré son volontarisme et sa position ferme, la Turquie est
confrontée à un certain nombre de problèmes qui pourraient limiter ses capacités de projection et
sa marge de manœuvre externe. Les opérations militaires actuelles d'Ankara dans la région ne
peuvent être maintenues pour un certain nombre de raisons. Tout d’abord, la Turquie est
aujourd’hui déployée en même temps sur plusieurs fronts (Irak, Syrie, Libye, Méditerranée
orientale). Cependant, cette situation de présence omniprésente partout est dif cile à maintenir,
risquant à tout moment de se retourner contre elle même. La politique étrangère turque manque
aujourd’hui de vision stratégique sur le long terme. Bien qu’ayant adopté une posture proactive,
Ankara ne semble pas avoir clairement dé ni ses objectifs stratégiques sur chacun des terrains où
elle s’engage. Trois observations éclairent donc les implications de la politique étrangère turque.
Sous l'AKP et le président Erdogan, une nouvelle Turquie a émergé, déterminée à s'af rmer
comme une grande puissance sur la scène internationale et à s'imposer comme un acteur
autonome et souverain dont les actions ne sont déterminées que par la poursuite des décisions
d'intérêt national. Tant qu'elle n'est pas dûment reconnue, la Turquie a tendance à adopter des
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politiques d'obstruction et à adopter des postures agressives. C'est à travers ce prisme que l'on
peut comprendre le comportement d'Ankara en Méditerranée orientale, elle recourt au hard power
pour imposer le respect. En n, depuis le passage à un régime présidentiel en juin 2018, on assiste
à un phénomène d'individualisation de la politique étrangère turque. De toute évidence, la politique
étrangère de la Turquie se re ète aujourd'hui dans le président qui « la tient en otage ». Mais
Erdogan a une vision particulière des relations internationales, qu'il considère comme une
confrontation personnelle entre l'équilibre des pouvoirs et le chef de l'Etat souverain. Cependant, il
faut dire que si Erdogan est un protestataire contre l'ordre international existant, c'est un politicien
terre-à-terre qui pro te de la situation. Ayant démontré le pouvoir d'imposer la volonté des nations,
il a toujours su par le passé faire triompher la voix de la raison en renversant les faux pas verbaux
et en privilégiant les négociations politiques à la guerre ouverte.

Pour pouvoir espérer un retour de cette puissance archaïque Erdogan devra user de toutes les
cartes qu'il a en main. Que ce soit par son hard Power ou son soft Power il devra néanmoins
prendre en compte les limites de cette réémergence. Heureusement pour lui une autre puissance
cette fois ci capable de dominée le monde elle aussi en pleine réémergence est à ses côtés : la
Chine. Elle soutient la Turquie dans sa poursuite d'une voie de développement adaptée à ses
propres conditions nationales et s'oppose aux forces extérieures qui s'immiscent dans les affaires
intérieures de la Turquie. Aux côtés de la Chine, Erdogan parviendra-t-il à ses ns ?
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