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Les documents d’analyse du troisième Chapitre

La place de l’UE dans l’échiquier mondial

Doc.1 La question de la puissance de l’Union européenne


Comment l'Union européenne se positionne-t-elle vis-à-vis du reste du monde ? A-t-elle la capacité de
s'affirmer comme une grande puissance politique, et en a-t-elle même la volonté ? Ou bien se résigne-t-elle à
demeurer un simple regroupement d'États à finalité économique et commerciale ? L’impératif de la
mondialisation et des crises successives ont fait naître des doutes sur sa capacité à maintenir son rang, ainsi
que des interrogations sur son éventuel déclin politique et économique. Car, bien qu'étant la première zone
commerciale mondiale, l'Union peine à s'imposer politiquement sur la scène internationale. La puissance
économique européenne a résulté, un peu, de l’addition des performances de chaque État membre, mais
surtout de la valeur ajoutée découlant de l’association des bénéfices communs. Mais, qu'en est-il du
politique ? Rétrospectivement, avec ses élargissements successifs, puis avec ses velléités, affirmées dans les
traités successifs, d'élaborer une politique étrangère commune et une Europe de la défense, on a pu assister à
la transition entre une on a pu assister à la transition entre une Europe introvertie, sans possibilité d'accéder
au statut de puissance, vers une Europe tentant d'acquérir une existence géopolitique. Et cela malgré les
symptômes d’une relative marginalisation dans la résolution des conflits internationaux (Syrie, Libye,
Ukraine). [...] Pendant la guerre froide, la raison d'être de la construction européenne reposait sur une idée
simple : contribuer, grâce à la prospérité économique, à préserver la paix et la démocratie, en tentant de
s'affirmer entre les Deux Grands. Depuis le tournant du XXIe siècle, la réalité du monde est devenue plus
complexe. Un monde multipolaire marqué par la montée des puissances émergentes et l’affirmation d’autres
idéologies contestant de plus en plus l’humanisme occidental et les valeurs portées par l’UE. Aujourd'hui, le
contraste est considérable entre son désir de faire reconnaître ses valeurs et l’instabilité du monde (avec la
résurgence de nouvelles menaces: terrorisme, cyberattaques, invasion russe, migrations). L'Union
européenne parviendra-t-elle à s'affirmer dans un monde qui ressemble de moins en moins à celui qu'elle
espérait voir émerger.

Doc.2 Les traits d’une puissance économique mondiale


L'UE à 27 est la 2e puissance économique dans le monde en 2022 avec 15 810 milliards de PIB (la première
entre 2011-2013). Elle représente 15% du PIB mondial (2022), derrière les États-Unis (25%) et devant la
Chine (18%), le Japon (9%), l’Inde (3%), le Brésil (1,5%) et la Russie (1,5%). Une région de plus haut
niveau de vie: le revenu national (RNB) à 27 s’élève en moyenne à 54248$ par personne en 2022 (données
PPA de la BM), loin derrière les États-Unis (76398$) et légèrement devant le Japon (45572$).

Doc.3 Une position forte dans les trois secteurs économiques


L’Union est la seconde agriculture mondiale (bien qu’elle reste dépendante des subventions de la PAC
politique agricole commune), et un géant industriel surtout dans le domaine des hautes technologies (mais en
retard pour les technologies de l'information et de la communication en comparaison avec ses concurrents:
EUA et Chine). Elle a aussi une économie post-industrielle avec un important secteur tertiaire (plus de 70%
des emplois et du PIB). Elle est la première région touristique mondiale (accueillant la moitié des arrivées
des touristes internationaux) avec une balance souvent excédentaire par rapport au reste du monde
(déficitaire ces dernières années en raison de la crise de covid-19 et la hausse des prix de l’énergie). De
même, grâce à un niveau de vie très élevé des pays européens et l'extension des congés payés, ils demeurent
les premiers émetteurs des flux internationaux touristiques.

Doc.4 Un pôle majeur d’émission et réception des IDE


L'UE demeure le deuxième émetteur (principale source) et récepteur (principale destination)
d’investissements directs à l’étranger (IDE) dans le monde, derrière les États-Unis. L’essentiel de ses
investissements sont réalisés entre les États membres (56% environ). Cette tendance est accentuée par
l’intégration progressive dans le marché unique, qui a facilité la suppression des barrières douanières et
réglementaires entre pays membres. L’Union compte l'un des régimes d’investissement les plus ouverts au
monde. En 2022, le stock des investissements directs étrangers entrant/sortant s’élevait à plus de
10.000 milliards de dollar, derrière les États-Unis avec 13.000 milliards de dollar.

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Doc.5 L’UE, une puissance numérique en perte de vitesse
L’UE est un pôle majeur de la mondialisation numérique avec une spécialisation dans les secteurs
stratégiques de pointe. C’est une puissance technologique qui investit massivement dans l’innovation et la
recherche et développement (3% du PIB consacré à la R&D depuis la stratégie de Lisbonne 2000 et stratégie
Europe 2020) et concentre des pôles d’excellence comme le CERN et l’ESA (agence européenne spatiale et
son système Galileo), des technopôles comme Sophia Antipolis et Cyber Valley et des fleurons de l’industrie
aéronautique comme Airbus, Safran et Thales ou numérique comme Spotify. Cependant, ce dynamisme
d’innovation européen accuse des retards par rapport aux États-Unis et la Chine qui dominent à deux la
course technologique mondiale. Les européens doivent consentir plus d'efforts pour ne pas rester à l'écart de
ces mutations décisives du monde.

Doc.6 L’UE, première puissance commerciale


L'Union européenne est l'un des trois pôles de la Triade avec l'Amérique du Nord (États-Unis) et l'Asie de
l'Est (Japon, Chine). Un géant commercial réalisant 40% du commerce mondial des marchandises et un tiers
des échanges mondiaux (16% des exportations et 18% des importations). Une position dominante de
première puissance commerciale (trafic total de 5575 milliards de dollar) devant la Chine (16% des échanges
mondiaux) et les États-Unis (13%). Mais, malgré son statut de leader mondial, l’UE reste deuxième
importatrice (derrière les États-Unis) et exportatrice (derrière la Chine). Avec le dynamisme de son marché
unique commun (le plus grand marché du monde) de plus de 500 millions de personnes à niveau de vie élevé,
plus de la moitié de ses échanges de commerce se font au sein de l’Union à 27 (62,5% des échanges
communautaires ou intra-UE). Dotée d’une politique commerciale volontariste, l’UE met l’accent sur la
multiplication des accords et échanges avec tous les pays: du TAFTA avec les États-Unis depuis 2013 ; le
CETA signé avec le Canada depuis 2016 ; le JEFTA avec le Japon depuis 2019 ; les accords de Lomé avec 45
pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique en 1975 et d’autres accords bilatéraux avec les émergents:
l’Inde, la Turquie, le Brésil ou la Russie...

Doc.7 Quel rayonnement mondial du réseau des villes européennes ?


Les géographes parlent de «Pentagone européen» pour désigner le cœur économique délimité par cinq
métropoles: Londres, Paris, Hambourg, Munich et Milan, qui pèse près d’un tiers de la population de l’Union
et concentre 45% des richesses. D'autres grandes villes européennes ont également un rayonnement
planétaire du point de vue politique (Bruxelles, siège de la commission européenne; Strasbourg, siège du
Parlement européen), économique, financier (l'Euronext à Amsterdam et Paris et la Bourse de Londres) ou
culturel (Paris, Prague, Milan, Berlin...). Ces grandes métropoles européennes jouent un rôle tout à fait
essentiel par leur capacité à polariser les fonctions essentielles de commandement et d’innovation de
l’économie mondialisée: la localisation des sièges de FTN et de grandes places financières, des laboratoires
de recherche, d’institutions internationales comme l’UNESCO à Paris et du pouvoir politique ; la
concentration très forte de services spécialisés leur permet d’attirer touristes, migrants, main-d’œuvre de
niveau international, européen et national ; elles jouent le rôle de nœuds dans l’organisation des grands
réseaux de transports et d’échanges (importance des fonctions logistiques et intermodales).

Doc.8 Pourquoi le choix d'une puissance par la norme ?


Contrairement à la vision fixiste d'une puissance qui passe par un rayonnement international s'appuyant sur
l'importance de la population, la richesse ou les forces militaires. L'UE européenne demeure confusément
classée comme une puissance optant pour le soft power en raison des prises de position de ses pays membres.
Loin des préjugés, le choix des pays européens implique un certain privilège à la régulation par les instances
(dialogue et négociation) des affaires du monde plutôt que le recours à toute forme de violence unilatérale.
Ayant subi le choc des deux guerres mondiales et perdu progressivement son leadership politique, militaire et
économique, une prise de conscience européenne, fondée sur un refus viscéral de la violence, semble
désormais préférer reposer sa puissance sur sa capacité à organiser le monde à travers des règles et des
normes, et à les faire accepter par le reste du monde.

Doc.9 Le pouvoir normatif dans les institutions internationales


Par son activisme dans les institutions internationales, l’UE possède un pouvoir normatif global: défenseur
des droits de l’homme, du développement durable, du commerce multilatéral et non discriminatoire... Elle

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assure par le biais de ses instances internationales la promotion de ses valeurs et ses intérêts à l’échelle
planétaire. Quatre de ses membres participent au G7 (anciennement G8 après exclusion de la Russie) tandis
que l’Union cumulée totalise plus de 40% du budget de l’ONU et du PNUD et 30% des droits de vote dans
les instances de direction du FMI et de la Banque mondiale; à l’OMC (où elle a un représentant unique: le
commissaire européen) l’Union mène la bataille pour faire respecter les droits de la concurrence et défendre
le multilatéralisme commercial (Bruxelles participe activement à la négociation de nouveaux accords
multilatéraux au sein des instances internationales, mais sans renoncer au bilatéralisme avec certains espaces
(comme celui du Mercosur), qu'elle considère comme une étape préalable et favorable à la préparation des
«négociations multilatérales de demain».

Doc.10 La normalisation dans le domaine commercial


L'UE se dote d'une forte capacité de normalisation au niveau commercial ce qui lui confère un atout majeur à
l'international. Le marché européen est un grand marché unique, régi par les mêmes règles, les mêmes
normes et la même politique commerciale. Les entreprises qui souhaitent pénétrer ce marché se voient
contraintes d’en respecter les normes sanitaires, fiscales, environnementales ou de concurrence imposées.
Microsoft a été ainsi accusée à deux reprises d’abus de position dominante: refus de l’entreprise de la
fourniture des informations relatives à l’interopérabilité de son système Windows avec les applications de ses
concurrents et d’en autoriser l’usage; subordination par l’entreprise de son système d’exploitation pour PC
portables clients à l’acquisition simultanée de son lecteur multimédia... La Commission européenne a
condamné Microsoft à une amende de 497 millions d'euros en 2004 et une amende de 2,42 milliards d'euros
en 2013. Apple a été condamnée à verser 13 milliards d’Euros à l’État irlandais pour des pratiques de sous-
déclaration fiscale. La Commission européenne a estimé qu'Apple avait bénéficié d'un traitement fiscal
préférentiel de la part de l'État irlandais, ce qui lui a permis d'économiser des milliards d'euros d'impôts.
Google a été condamnée en 2017 à payer une amende de 2,43 milliards d'euros pour avoir favorisé son
service de comparaison de prix, Google Shopping, sur son moteur de recherche. La Commission européenne
a estimé que Google avait abusé de sa position dominante en favorisant Google Shopping dans les résultats
de recherche de Google et en limitant l'accès des plateformes de ses concurrents à son moteur de recherche,
ce qui les empêchait de concurrencer Google...

Doc.11 Une diplomatie environnementale active


Le fort axe de la diplomatie européenne reste la préservation de l'environnement et la question du
changement climatique. Actuellement, l'UE joue un rôle très important dans l'élaboration des normes
environnementales qui suscitent un large consensus parmi les opinions publiques internationales. Une
suprématie de l'Union européenne dans les négociations multilatérales se fait sentir. Elle est appuyée par un
rôle actif de la commission communautaire et certaines diplomaties nationales des États membres (en
s’impliquant dans une grande diversité de partenariats pour favoriser l'insertion des questions
environnementales dans l’agenda onusien et celui de l’OCDE). Il s'agit de la protection d'un bien public
mondial qui est la qualité de l'environnement. L'action communautaire en faveur d'environnement a été
institutionnalisée avec le traité sur l'UE (de Maastricht 1992) qui lui confère le rang d'une politique à part
entière dans le cadre des politiques de développement durable. Une agence européenne pour l'environnement
vient de voir le jour en 1994 pour soutenir la prise de décision à l'intérieur de l'Union. Ensuite, les objectifs
de cette politique se font introduire dans les textes européens avec le traité d’Amsterdam (1997). Leur mise
en pratique débouche au conseil de Göteborg de juin 2001 pour établir une véritable stratégie de
développement durable. En 2005, la ratification par l'UE du Protocole de Kyoto (1997) pour la diminution
des émissions de gaz à effet de serre (CO2), fait de l'Union un ardent partisan de la défense écologique [...].
L'action européenne en faveur de l'environnement devient de plus en plus active (en ralliant des pays à ses
positions: Russie et Canada). Ceci a été confirmé dans une réunion de juin 2006, où l’Union se dit prête à
assumer ses responsabilités et s’engage dorénavant à ce que ses politiques soient compatibles avec le
développement durable global.

Doc.12 En quoi l'Europe est une puissance civile internationale ?


L'Europe communautaire est une machine à produire des principes et valeurs à portée universelle. Elle fait la
promotion d’un modèle universel de valeurs applicables et acceptables sur l'ensemble de son territoire, soit
directement (par des règlements) ou indirectement (par voie d’harmonisation qui résulte de la transposition

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des directives européennes dans les droits nationaux), soit à l’échelle internationale par le biais des instances
internationales et sa politique étrangère. Ces valeurs visent tout ce qui est humanitaire et environnemental
afin de combler l'apparent déficit démocratique de la construction européenne et de renforcer l'image et la
crédibilité de l’Union aux yeux des citoyens ou des différents partenaires. En effet, l’intérêt des européens
pour les droits de l’homme et les libertés fondamentales a émergé progressivement. Le Conseil européen de
Nice en décembre 2000 a validé un texte dénommé «Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne».
Cette charte s'inscrit dans une longue lignée de textes européens défendant les droits de l'homme, tels que la
Convention européenne des droits de l'homme (1950), élaborée après la Seconde Guerre mondiale. Par ladite
charte, l’UE essaie de faire des valeurs de l'Union, à savoir la dignité humaine, la liberté, la démocratie, l'État
de droit, l'égalité, la solidarité, la non-discrimination, le pluralisme, la coopération économique et politique et
le respect du droit international, un «patrimoine spirituel et moral» de la construction européenne et un
«modèle universel» pour le monde. Cependant, ce n'est qu'avec le traité de Lisbonne (2007) que la Charte a
acquis une valeur juridique contraignante.

Doc.13 Une Europe de défense impossible ?


L’Union, fondée sur le compromis et le dépassement de la guerre garde un rapport compliqué avec
l’ambition de puissance car, sur le vieux continent, l’exercice de la puissance a dans l’histoire souvent abouti
à la guerre. C’est la réalité qui explique sa préférence pour la norme et son absence souvent dans la gestion
des grandes crises internationales (Yougoslavie, Libye, Syrie...), même si ses membres les plus puissants y
restent individuellement actifs. Seuls le Royaume-Uni (membre anciennement) et la France ont développé un
réel complexe militaro-industriel, doté d’une capacité de projection militaire importante. Mais, face à la
faiblesse des moyens militaires du reste des pays européens, le défi est de construire une défense propre à
l’Europe-puissance, conforme à son statut de puissance économique et diplomatique mondiale. En effet,
malgré l’échec de la Communauté européenne de Défense (1954) en pleine Guerre froide, l’idée d’une
Europe de défense n’a jamais été abandonnée, comme en témoigne la décision du président De Gaulle de
quitter l'OTAN en 1966 pour contrer l’hégémonie atlantique étatsunienne. Toutefois, il faut attendre la chute
du mur de Berlin et la fin de la menace soviétique pour que le traité de Maastricht mette sur pied une
véritable politique étrangère et de sécurité commune (PESC) ; celle-ci ne relevant pas de la méthode
communautaire, les décisions continuent d’y être prises à l’unanimité, rendant ainsi difficile l’élaboration de
compromis (absence d'action entre 1991 à 1995 face aux conflits de l’ex-Yougoslavie). Cependant, d'autres
progrès importants sont réalisés. Avec le sommet franco-britannique de Saint-Malo en 1998 et au Conseil
d’Helsinki (1999): l’UE est désormais dotée d’une force de réaction rapide (EUFOR) de 60000 hommes
prête à être déployée dans le cadre de missions dites de Petersberg: rétablissement et maintien de la paix,
gestion de crises ou aides humanitaires. Pour l’UE, il s’agit de pouvoir réagir rapidement à des situations de
crise, se déroulant à ses portes ou ailleurs dans le monde, et de se doter d’un véritable rôle politique. Depuis
2003, elle a ainsi déployé plus d’une vingtaine de missions civiles et militaires, tant sur le continent européen
(Balkans, Kosovo, Caucase) qu’en dehors (opération Artémis en RDC 2003; opération Atalanta contre
piraterie dans l’océan indien 2008). De même, le traité de Lisbonne (2007) fait instaurer une politique de
sécurité et de défense commune qui remplace la PESC et crée un poste de Haut représentant de l'Union pour
les affaires étrangères et la politique de sécurité, chargé de proposer et de mettre en œuvre les décisions
concernant la défense commune. Mais, pour l'exécution opérationnelle des missions, les capacités civiles et
militaires requises sont mises à disposition par les États membres de l’UE. Chaque État membre demeure
souverain pour être d'accord ou non avec la mise en oeuvre (l'UE reste privée d'une armée propre !). [...] En
revanche, avec le nombre limité des interventions militaires et la faiblesse militaire des autres pays
européens (la France et anciennement le Royaume-Uni, deux États nucléaires, étaient les seuls à disposer
d'une capacité d'intervention mondiale), la PESC européenne est de plus en plus dénoncée face aux menaces
qui s'exercent autour et sur le continent: activisme russe à l’est, terrorisme, banditisme, piraterie...

Chronologie récapitulative des tentatives de l’Europe de défense


1952: adoption du traité instituant la Communauté européenne de défense (CED), qui prévoit la création
d'une armée européenne commune. Le traité est rejeté par la France en 1954.
1992: signature du traité de Maastricht, qui crée la Politique étrangère et de sécurité commune (PESC) de
l'Union européenne. La PESC comprend un volet militaire, mais celui-ci est limité.
1999: création de l'Eurocorps, une force militaire multinationale composée de troupes de plusieurs pays

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européens.
2003: lancement de la première opération militaire de l'Union européenne, l'opération Artemis en Somalie.
2004: création de l’EUFOR European Union Force pour être déployée à des missions de maintien de la paix,
d'intervention militaire ou d'évacuation de civils.
2007: Le traité de Lisbonne renforce la PESC et prévoit la création d'une capacité militaire de planification et
de conduite et le poste de Haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité
2013: lancement de l'opération EUTM Mali, une mission de formation de l'armée malienne.
2016: lancement de la Coopération structurée permanente (CSP), un cadre permettant à certains États
membres de l'Union européenne de coopérer plus étroitement en matière de défense.
2022: adoption de la boussole stratégique, un document qui définit les priorités de l'Union européenne en
matière de sécurité et de défense.
2023: lancement de la facilité européenne pour la paix, un fonds destiné à financer les opérations militaires et
civiles de l'Union européenne.

Doc.14 L’absence européenne sur le plan militaire renforce leur dépendance à l’OTAN
Le rôle de Bruxelles se limite souvent à l’appui administratif et à un bailleur de fonds tout en veillant à la
bonne application des accords de paix (Ex. accords de Dayton de 1995 en Bosnie-Herzégovine) et participant
à la reconstruction et à la démocratisation de pays touchés par la guerre (pacification en Macédoine à partir
de 2000 pour éviter une nouvelle crise balkanique; la mise sur pied de l’Autorité palestinienne après les
accords d’Oslo de 1993). Une réalité qui ne fait que ressortir au grand jour son absence sur les enjeux
militaires. Dans ce sens, la politique étrangère et de défense européenne constitue (comme l’APD) seulement
un moyen pour prolonger ses zones d'influence. Toutefois, la situation géopolitique sur son voisinage le plus
proche ‒ oriental et méridional ‒ devient de plus en plus complexe, surtout au lendemain des agressions
russes sur l'Europe de l'Est (Géorgie, Crimée et Ukraine) et la montée croissante du terrorisme. De ce fait,
Jean-Claude Juncker, lors de son discours en 2016 sur l’état de l’Union, a souligné la nécessité pour les
européens de se doter d’une véritable diplomatie et d’une défense crédibles. Mais le service européen
d’action extérieure, dirigée par le haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de
sécurité (depuis 2019 le commandement est sous Josep Borrell) reste paralysé par les divisions géopolitiques
entre les États membres. C’est pour cela, que la politique européenne de défense s’appuie davantage sur le
soutien logistique de l’OTAN, qu’elle ne cherche pas à le contrer. Le retour en 2009 (décision de Sarkozy) de
la France dans les structures militaires intégrées de l’Organisation (OTAN) et l’alignement des européens
dans une coalition atlantique de soutien militaire et financier contre l’invasion russe allant dans ce sens.

Doc.15 Pourquoi le divorce entre les EUA et l'UE ?


L'ambiguïté de la relation remonte aux origines de la construction européenne, que les États-Unis ont
soutenue surtout pour disposer d’un partenaire stable, fiable et solvable face à la menace soviétique. À partir
des années 1970, la Communauté européenne, tout en restant un partenaire indéfectible sur le plan
stratégique, devient un concurrent sur le plan économique. De même, la prise de conscience des européens
de la nécessité d'une politique étrangère et de défense autonome (hors de la tutelle de l'OTAN), multiplie
encore les divergences politiques entre les deux jusqu'à remettre en cause le leadership stratégique américain
(le refus du président De Gaulle du Partnership proposé par Kennedy en 1963, la sortie de la France de l'Otan
en 1966, le refus franco-allemand de participer à la guerre en Irak en 2003, le débat sur le protocole de Kyoto,
sur le tribunal pénal international, sur le pacte nucléaire avec l'Iran, la gestion de la pandémie de Covid-19...).
Au niveau économique la divergence est depuis toujours exacerbée: dumping américain sur les produits
pétroliers dans les années 1970, guerre de l’acier dans les années 1980-1990, rétorsions sur les produits
agricoles, conflit de la banane, rivalités aéronautiques (subventions à Airbus ou Boeing et taxations sur
l'aviation), la guerre des droits de douane entre la France et les États-Unis (la France envisageait une taxe sur
le numérique (GAFAMI concernées), les américains menaçaient d'appliquer une fiscalité sévère sur le
Champagne français et d'autres produits manufacturiers), le refus européen (surtout de la France et
l'Allemagne) de la cryptomonnaie Libra de Facebook, les droits de douane imposés par Donald Trump sur
l’aluminium et l’acier européen...

Doc.16 Les européens peuvent-ils se passer des américains (rapprochement nécessaire) ?


Malgré l’ambiguïté, les États-Unis restent un allié stratégique et incontournable des européens au niveau

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politique et commercial. D'ailleurs, les États-Unis sont depuis longtemps un premier partenaire commercial
de l’Union. Elles sont pour l'Europe la première destination des exportations et la deuxième origine des
importations. En plus, les deux géants économiques représentent, à eux seuls, à peu près la moitié de la
production mondiale des richesses (41% du PIB mondial) et des échanges commerciaux (43% du commerce
mondial). C'est ainsi, que pour faire face à la concurrence des émergents, des négociations ont été lancées
entre les deux parties pour apaiser la rivalité économique et renforcer leurs positions. Dans ce sens et compte
tenu du poids des relations commerciales, le président Obama a avancé dans son discours sur l’état de
l’Union, le 12 février 2013, sa volonté de faire avancer les négociations concernant la zone de libre-échange
envisagée avec l’Union européenne (traité de libre-échange transatlantique TAFTA ou partenariat
transatlantique de commerce et d'investissement PTCI). Une signature officielle du traité était prévue pour
2017. Mais par la voix du gouvernement allemand puis du gouvernement français, l’UE a mis fin (fin août
2016) au processus de négociation, constituant une très bonne nouvelle pour toutes les organisations
citoyennes politiques ou syndicales qui bataillaient depuis trois ans contre cette nouvelle libéralisation du
commerce: des craintes sur le risque de démantèlement des normes européennes plus strictes sur le plan
sanitaire, agricole ou environnemental au profit de normes américaines plus souples, et surtout la possibilité
de confier à des instances arbitrales internationales (et non plus à la justice européenne) le règlement des
conflits contre les multinationales américaines... telles sont les raisons pour lesquelles ce projet
transatlantique traîne en longueur.

Doc.17 La nature des relations avec les émergents: le cas de la Chine


Suite aux initiatives sino-européennes en 1975 pour la signature d'un traité commercial et 1994 pour le
rétablissement du dialogue bilatéral, un rapprochement entre les deux se fait sentir. En 1997, le premier
sommet UE-Chine envisage une certaine coopération pour l’intégration de la Chine dans l’économie
mondiale (et particulièrement dans l’OMC). Actuellement, la Chine est un pays membre de l'OMC (depuis
2001), deuxième partenaire commercial de l’UE (depuis 2007) et premier partenaire (depuis 2020). Sa
part a quasiment triplé dans le commerce de l'UE depuis 2000, passant de 5,5% à 16% en 2022. Ainsi, le
principal pays d’origine des biens importés reste la Chine qui représente 20% de l’ensemble des importations
extra-UE. Mais la Chine investit fortement en Europe par l’achat des entreprises européennes. En 2014,
14% du capital de Peugeot est acquis par le constructeur automobile chinois (Dong Feng), rivalisant de fait
l'Etat français et le groupe familial Peugeot. Ainsi, les IDE chinois en Europe atteignent leur pic en 2016: 35
milliards de dollars (à partir de 2018 les IDE chinois reculent à cause des tensions avec l’occident et après la
crise de covid-19). Les chinois sont à la recherche d’un savoir-faire par l’acquisition des marques
européennes. Alors, des différends surgissent entre les deux géants. L’UE accuse à la Chine: la contrefaçon
et le dumping pratiqué et elle envisage une surveillance des entrées des IDE chinois sur son territoire (par
un système de filtrage). Il semble bien que les Européens aient réalisé la dangerosité de la rivalité
économique avec les chinois. Dans une communication, publiée en mars 2019, la Commission européenne
décrit déjà la Chine comme un «concurrent économique dans la poursuite du leadership technologique» et
un «rival systémique qui promet des modèles alternatifs de gouvernance». De plus, la Chine s’associe le
plus souvent au veto russe et s’oppose à l’occident sur certaines affaires internationales dans le cadre du
multilatéralisme (Ex. la crise de la Syrie).

Doc.18 L'UE et l'Inde


L’Inde est la plus grande démocratie du Monde. Les relations diplomatiques entre l’UE et l’Inde datent
depuis 1960, et notamment par l’accord de 1994 sur le développement et la coopération au niveau politique,
économique et scientifique. L’UE est le principal partenaire commercial de l’Inde (qui bénéficie du système
des préférences généralisées SPG). A part le commerce et le politique, la collaboration se poursuit dans le
nucléaire civil avec Euratom (1957). En retour, l’Inde soutient les mesures européennes contraignantes au
sujet du nucléaire iranien. Pourtant, la relation entre les deux partenaires se montre ambivalente entre la
réticence et l’initiative, avec des échanges commerciaux très modestes (à peu près 77 milliards d’euros) et
des sommets politiques peu fréquents. L’Inde entretient des relations privilégiées avec la France en matière
des avions militaires et la construction des réacteurs nucléaires. En contrepartie, la France soutient la
demande indienne d’un siège au conseil de sécurité de l’ONU.

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