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INTRODUCTION

Leçon 1 : Le système-monde : des espaces interdépendants.

Introduction
Le système-monde se définit comme un ensemble complexe d’éléments
interdépendants. Il est caractérisé par la mondialisation, c'est-à-dire l’expansion et
l’articulation à l’échelle mondiale des échanges et des liens d’interdépendance entre nations
et espaces économiques, la multiplication des flux de toute sorte. La mondialisation permet
d’analyser les la configuration des différents espaces économiques au poids inégal. Quelles
sont les caractéristiques des différentes aires du système-monde ? Quels sont les facteurs
et les manifestations de l’interdépendance des espaces ? Quels sont les effets de la
mondialisation ?

I- L’ESPACE ÉCONOMIQUE MONDIAL : UN CENTRE DOMINANT ET DES


PÉRIPHÉRIES MULTIPLES
1- La triade : centre d’impulsion de l’économie mondiale
La triade désigne les trois pôles qui dominent l’économie mondiale et la conduite de la
politique internationale. Ces pôles détiennent les capitaux et maîtrisent les technologies et
l’information. Autrefois, le terme désignait les trois acteurs majeurs de l’économie à savoir
les Etats-Unis, l’Union européenne et le Japon. Avec 12,78% de la population mondiale, ces
pôles réalisent 50%1 du commerce mondial, 70% de la production agricole et industrielle, 80%
des opérations financières et des innovations technologiques et détiennent 52% du PIB
mondial en 20172. Ils constituent l’oligopole mondial ou archipel métropolitain mondial.
La triade constitue également une puissance militaire (81% des dépenses du budget
militaire mondial) , politique (droit de véto au CS et contrôle sur les institutions
internationales), diplomatique (réseaux d’ambassades et résolution des conflits mondiaux),
culturelle (siège des plus grandes universités3, technopoles4 et centres de recherche dans le
monde, l’anglais : langue des affaires privées et publiques, langue des échanges), financière
(elle détient les principales monnaies : dollar, euro, livre sterling, yen ; les principales réserves
d’or5 ; les plus grandes bourses, les plus grandes banques, l’émission et la réception de la
majorité des IDE, contrôle les grandes institutions financières du monde et abrite les sièges
sociaux des grandes multinationales, ce qui leur donne un pouvoir de décision économique).
Compte tenu des évolutions économiques, la notion de triade a évolué. La « nouvelle
triade » est constituée de l’Amérique du nord organisée au sein de l’ALENA, l’Union
Européenne intégrant l’Europe centrale et une partie de l’Europe orientale et l’Asie de l’Est
autour du Japon, de la Chine, de la Corée du sud et de Taïwan.

1 Part de la triade dans le commerce de marchandises en 2016 est de 48,3% des exportations et 52,2% des
importations.
2 Classement FMI 2017 : USA 1eme (19390,6 M$US), UE (17308,86 M$US), Japon 3ème (487214 M$US)
3 En 2017, 48 des 100 premières universités sont aux USA, 29 en UE, 3 au Japon, 4 au Canada, 6 en Australie, 5

en Suisse.
4 Sites réservés aux activités de recherche et d’innovation, d’affaires.
5 En 2015, la zone euro représente 33% des 31977 tonnes d’or en stock dans le monde, les USA 25%, et 6% pour

la Chine et le Japon.
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L’ALENA, l’UE et l’ASEAN6 ont représenté 58% du commerce mondial et contribué à
hauteur de 53% du PIB mondial en 2016, avec un taux de croissance de 1,9% et un marché
de 1,6 milliard de consommateurs7.
Toutefois, sa puissance est de plus en plus contestée par les mouvements
altermondialistes et certaines ONG écologistes8 mais aussi avec la montée en puissance des
BRICS qui tend à redistribuer le pouvoir économique et financier mondial.

2- Des périphéries plus ou moins intégrées


En fonction de leur niveau d’intégration à l’économie mondiale, les périphéries sont réparties
en trois types :

❖ La périphérie intégrée qui regroupe les pays émergents. Il s’agit des Dragons d’Asie
(Taïwan, Hong-Kong, Singapour, Corée du Sud), des Tigres d’Asie (Indonésie, Malaisie,
Philippines, Thaïlande), des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du sud), du
Mexique, de l’Argentine, de la Turquie. Ils se sont industrialisés grâce aux
délocalisations industrielles et aux IDE provenant des pays développés. Ils sont
intégrés grâce à leur extraversion et assurent essentiellement la production
manufacturière.

La place des BRICS dans l’économie ne cesse de croitre. Avec 3,1506 milliards d’habitants
en 2017 (soit 41,8% de la population mondiale), leur part dans le PIB est passée de 10% en
1990 à 23,23% en 20179. Ils ont assuré 18,2% des exportations (2904 M$) et 14,61% des
importations (2372 M$) en 2016. Ils représenteront selon les estimations 50% de l’économie
mondiale dès 2025.

❖ La périphérie exploitée : ce sont les pays en développement disposant d’une main


d’œuvre abondante ou riches en ressources minières, énergétiques ou agricoles mais
n’ayant pas des moyens financiers, technologiques et des ressources qualifiées pour
exploiter leurs ressources. On retrouve dans ce groupe les pétromonarchies du Golfe
persique et autres pays de l’OPEP, des pays d’Amérique latine, d’Afrique … Ils assurent
la fourniture de matières premières aux pays développés et aux pays émergents.
❖ La périphérie marginalisée : il s’agit de la grande majorité des pays d’Afrique, des
Caraïbes, du Pacifique, d’Asie centrale. Ils sont peu intégrés à l’économie mondiale et
intéressent peu les FMN. Ce sont les Pays les Moins Avancés (PMA) qualifiés souvent
« d’angles morts » du système-monde.

II- MONDIALISATION ET INTERDÉPENDANCE


A- Les facteurs et acteurs de la mondialisation.

6 Ces sont trois cadres d’intégration régionaux : l’Accord de Libre-échange Nord-Américain (ALENA), l’Union
Européenne (UE) et l’Association des Nations de l’Asie du Sud-est (ASEAN : créée en 1967 regroupe Brunei,
Birmanie, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande, Viet Nam ; la Chine, le Japon
et la Corée du sud sont associés depuis 2010). Ils ont représenté 56% des exportations (8730 milliards de
dollars US) et 60% des importations mondiales (9470 milliards de dollars US) en 2016.
7 Source : Examen statistique du commerce mondial 2017 ; p 51.
8 La triade est accusée d’être responsable du réchauffement climatique, de piller les ressources des pays

pauvres et de mépriser les cultures non occidentales.


9 18557,36 milliards de dollars Classement FMI 2017 : Chine 2ème (12014,61 M$US), Inde 6ème (2611,01 M$US),

Brésil 8ème (2054,97 M$US), Russie 12ème (152747 M$US), Afrique du sud 33ème (349,3 M$US).
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Plusieurs facteurs facilitent l’intensification des flux.
• Forte croissance démographique et l’amélioration du niveau de vie ;
• Le perfectionnement des moyens de transports et de télécommunication qui
permettent une circulation plus rapide et moins coûteuse des hommes et des
marchandises, des services, des capitaux et des informations ;
• Les richesses naturelles inégalement réparties, sont souvent éloignées des foyers de
transformation et de consommation, favorisant ainsi la circulation des matières
premières ;
• La croissance économique de certains pays a nécessité leur expansion à l’extérieur.

La mondialisation fait intervenir plusieurs acteurs dont :


• Les Etats qui négocient les accords commerciaux, les politiques macroéconomiques
et mettent en place des cadres d’intégration ;
• Les institutions à l’image de l’OMC (organisation mondiale du commerce) qui tentent
de favoriser le libre-échange ;
• Les firmes multinationales (FMN) ou transnationales qui délocalisent certaines
activités afin de tirer profit du coût inférieur des matières premières et de la main
d’œuvre (division internationale du travail), d’avantages fiscaux (zones franches) ou
d’un important marché de consommateurs ;
• Les mouvements altermondialistes qui mettent en place des réseaux internationaux
d’échange et tentent de promouvoir une mondialisation plus juste, plus équitable et
respectueuse de l’environnement.

B-LES MANIFESTATIONS DE LA MONDIALISATION


1- L’explosion des flux de marchandises
Le commerce mondial de marchandises a considérablement évolué depuis le
lendemain de la seconde guerre mondiale. Le volume des exportations est passé de 59
milliards de dollars en 1948 à 15955 milliards de dollars en 2016 et celui des importations
est passé de 62 milliards de dollars à 16225 milliards de dollars. Cette explosion est liée
surtout au perfectionnement des moyens de transport (surtout dans le transport maritime
avec la conteneurisation)10 et des technologies de l’information et de la communication11, la
réduction ou la suppression des droits de douane, à la mise en place d’espaces
économiques régionaux : zone de libre-échange (ALENA), union douanière et/ou monétaire
(zone économique préférentielle (UE).
Les marchandises sont constituées essentiellement de produits manufacturés, de
combustibles et autres produits des industries extractives.
Les flux les plus importants relient les pôles de la triade (50% du commerce de
marchandises en 2016) : c’est la triadisation12 du commerce mondial. Les pays de la triade
échange essentiellement entre eux ou avec leur proche périphérie. Les échanges restent
concentrés entre quelques pôles majeurs. En 2016, les principaux acteurs du commerce de

10 Usage de conteneurs dans le transport de marchandises, principalement dans le transport maritime. Elle
représente aujourd’hui 80% du trafic de marchandises.
11 Les TIC facilitent la mise en relation des différents acteurs et l’identification de nouvelles opportunités

d’affaires.
12 Renforcement des échanges commerciaux entre les trois pôles laissant peu de marge aux territoires dont les

échanges se développent moins vite.


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marchandises restent la Chine, les Etats-Unis, l’Allemagne, le Japon, la France … L’Afrique
n’a participé que pour 2,2% des exportations et 3,1% des importations mondiales à cause de
sa faible industrialisation et de la détérioration des termes de l’échange.

2- La mobilité croissante des hommes


Les flux humains ont connu un essor considérable grâce au perfectionnement des moyens
de transport. En 2013, l’ONU établissait à 232 millions le nombre de migrants internationaux,
soit 3,2 % de la population mondiale. Deux types de flux dominent :
- Les migrations économiques et politiques alimentées par les conflits et les inégalités
Nord/ Sud. Elles sont motivées par la recherche d’emploi, de meilleures conditions
de vie, de paix et de sécurité. Ces flux s’orientent principalement vers les pays du
Nord. Plus de 75% des migrants économiques quittent le sud. Cette migration permet
de satisfaire certains besoins économiques dans les pays de départ. Cependant ses
conséquences sont plus négatives : fuite des cerveaux, déficit de main d’œuvre qui
creusent davantage le fossé Nord/ Sud. Cette migration compense le déficit de main
d’œuvre et contribue à la croissance démographique des pays d’accueil. Toutefois,
avec la crise, la migration est devenue sélective. Les restrictions favorisent le
développement des flux Sud/ sud.
- Les flux touristiques sont favorisés par le développement des transports (avion,
voiture, train) et des moyens de communication (internet). Selon l’OMT, le nombre de
touristes internationaux a atteint 1, 322 milliard de personnes en 2017 et généré plus
de 1600 milliards d’euros de recettes. Le tourisme international représentait 9,8% du
PIB mondial en 2015 et fournissait 284 millions d’emplois à l’échelle mondiale. Les
flux concernent surtout les pays développés qui sont les principaux émetteurs et les
principaux récepteurs. Avec 671 millions de touristes, l’Europe demeure la première
région touristique mondiale suivie de l’Asie (324 millions) et des Amériques (207
millions). L’Afrique n’a enregistré que 62 millions d’arrivées internationales en 2017.
Toutefois des pays en développement comme la Chine (57 millions de touristes ; 114
milliards de dollars de recettes), la Turquie (40 millions de touristes ; 27 milliards de dollars
de recettes) se positionnent de plus en plus en tant qu’acteurs de premier plan.
Le tourisme crée des revenus dans les pays d’accueil. Mais ses conséquences sont
plus négatives pour les pays en développement : dépravation des mœurs, propagation de
maladies, problèmes de santé publique (MST), concurrence avec les activités agricoles.

3- Les flux de capitaux


Parallèlement aux flux de biens et de services, les flux de capitaux ont connu une forte
croissance. Ils prennent diverses formes : délocalisation industrielle, IDE, transferts de
devises, créations de filiales Aide Publique au Développement. Selon la CNUCED13, les flux
mondiaux d’investissement étranger direct ont atteint 1746 milliards de dollars en 2016. Les
prévisions prévoient une croissance des flux qui pourraient atteindre 1800 milliards de
dollars en 2017 puis 1850 milliards de dollars en 2018. Ils sont essentiellement orientés
vers les pays développés (qui ont reçu 1032 milliards de dollars d’IDE) ou les NPI. Les pays
en développement ont reçu 646 milliards de dollars d’IDE (dont seulement 59 milliards de

13 La Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement : Rapport sur l’investissement dans
le monde 2017.
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dollars pour l’Afrique et 443 milliards de dollars pour les pays d’Asie en développement en
2016).

4 - Les flux d’information


Le développement rapide des moyens de communication (télé et internet surtout) permet
une circulation rapide et continue des informations. Les différentes parties du monde sont
reliées par des réseaux de téléphones et de câbles à fibres optiques qui transportent à
grande vitesse d’énormes volumes d’informations numérisées. Ces moyens de
communication réduisent les distances et la durée de transmission et font du monde « un
village planétaire ». Les satellites et réseaux internet ont permis la création de véritables
autoroutes de l’information. Les flux transitent par des nœuds qui sont interconnectés
24h/24 : ce sont les villes-monde (New York, Chicago, Paris, Londres, Tokyo, Moscou,
Shanghai etc). Toutefois, ces réseaux n’atteignent pas toutes les parties du monde. On note
des disparités entre le centre et les périphéries : c’est le gap numérique ou fracture digitale.

III- LES EFFETS DE LA MONDIALISATION


Les conséquences de la mondialisation se lisent à plusieurs niveaux.
Au plan économique, elle favorise le processus de littoralisation. En ouvrant le marché
mondial, elle crée une concurrence non seulement entre les pays développés (les obligeant à
s’adapter) mais aussi entre pays développés et ceux du sud (concurrence déloyale à l’origine
de la faillite certaines industries et agricultures) mais aussi des conflits commerciaux entre
partenaires14. Elle provoque des restructurations sur les emplois.
La concurrence a favorisé une division internationale du travail en fonction des
avantages de chaque pays : la Triade riche et qualifiée est spécialisée dans les
investissements, la conception, la recherche et la conception ; les NPI assurent la production
manufacturière ; les autres périphéries fournissent les matières premières.
• Elle a conforté la position dominante des pays les plus riches vis-à-vis des plus
pauvres, de plus en plus marginalisés, a l’exception de certains qui ont profité de la
mondialisation : les Nouveaux pays Industrialisés (NPI), les pétromonarchies du Golfe
persique ;
• Elle a développé la commercialisation des semences transgéniques avec tous les
problèmes sanitaires qui en résultent.
• Elle a créé une forte interdépendance politique et économique entre les Etats. Ceux ci
sont contraints d’adopter une stratégie mondiale dans leurs politiques économiques
et sociales. Cela les rend plus vulnérables aux crises (exemple : crise financière en
Asie en 199715). Cette interdépendance économique oblige les Etats à exercer une
grande vigilance pour limiter l’extension des crises.
Au plan culturel, la mondialisation donne une visibilité à toutes les cultures. Mais favorise
parallèlement l’émergence d’une culture commune marquée par le recours aux valeurs
14 Exemples de conflits commerciaux : concurrence entre Boeing et AIRBUS, la dénonciation des subventions
agricoles des pays développés par ceux du sud, la dénonciation des APE par les PMA en 2007-2008, conflits
commerciaux entre les USA et la Chine sur l’acier et l’aluminium, conflits commerciaux entre USA et UE ou au
sein de l’ALENA.
15 Crise économique qui touche les pays d’Asie du sud-est à partir de juillet 1997, avant de se propager aux

autres pays émergents (Russie, Argentine, Brésil). Elle est liée à un afflux massifs de capitaux étrangers qui se
retirent ensuite, déstabilisant la monnaie puis l’économie des pays amenant la fin du système de change fixe
avec le dollar américain. La crise monétaire qui en découle entraine dépréciation des monnaies.
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culturelles occidentales (occidentalisation monde).
Du fait de la surexploitation des ressources renouvelables et non renouvelables, la
consommation énergétique accrue avec le développement des transports, la production de
déchets de toutes sortes, la mondialisation entraine une dégradation de l’environnement, une
perte de biodiversités et accentue le réchauffement climatique.
Elle permet aussi le développement de réseaux illicites organisés en bandes
criminelles. Ce sont les réseaux de trafics d’êtres humains, d’organes, de drogue, d’armes, de
produits de contrefaçon.

Conclusion
Amorcée depuis la fin de la seconde guerre, la mondialisation s’accélère de plus en plus. Elle
concerne de façon inégale les différents espaces. Au cœur du système les pays de la triade
qui échangent plus avec leurs proches périphéries, les autres restant à la marge. Elle
renforce les inégalités entre régions. En fonction des événements, la dynamique du système
est sans cesse renouvelée. Les crises, les bouleversements économiques, politiques et
environnementaux imposent aujourd’hui de chercher de nouveaux équilibres.

Structure du commerce mondial de marchandises en 2016 (en %)


Régions Exportations Importations
Amérique du nord 14,3 19,4
Amérique du sud, centrale et Caraïbes 3,3 3,4
Europe 38,4 37,5
Afrique 2,2 3,1
Asie 34 30,3
CEI 2,7 2,1
Moyen Orient 5 4,2
Source : examen statistique du commerce mondial 2017

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PREMIERE PARTIE : L’ESPACE NORD-AMÉRICAIN.
CHAPITRE I : PRÉSENTATION GÉNÉRALE

Introduction générale
Avec environ 21.558.000 km², l’espace nord-américain (ENA) est un espace d’envergure
continentale. Il s’étend du Nord au Sud approximativement entre les latitudes 80° Nord et
10° Nord et d’Est en Ouest entre les longitudes 60° Ouest et 170° Ouest. Cet ensemble est
limité à l’est par l’océan Atlantique, au nord par l’océan Glacial Arctique, à l’ouest par l’océan
Pacifique et au Sud par l’isthme de Tehuantepec, au Mexique, qui le sépare de l’Amérique
centrale. L’ENA comprend trois territoires fédéraux à savoir :
• Le canada au nord (10 provinces) 9.971.000 km² ;
• Les Etats-Unis au centre (50 Etats) 9.629.000 km² ;
• Le Mexique au sud (31 Etats) 1.958.000 km².
Il englobe aussi des territoires appartenant à des Etats européens. Il s’agit du Groenland
(Danemark), des îles Saint Pierre et Miquelon (France) et des îles Bermudes (Angleterre).

Leçon 2 : ATOUTS ET HANDICAPS DE LA NATURE

Introduction
L’Espace Nord-Américain se caractérise par son immensité. Il est marqué par la
massivité du relief, l’énormité des distances, la brutalité et la rigueur des manifestations
climatiques. Les conditions naturelles de l’espace nord-américain présentent à la fois de
nombreux atouts et des contraintes parfois difficiles à surmonter.

I- LES GRANDES UNITÉS DU RELIEF


Les éléments du relief présentent une disposition méridienne très simple. On distingue
quatre unités orographiques :
❖ Les massifs anciens à l’est : ce sont de vieilles montagnes qui s’étendent sur 1500
km de long et 300 km de large avec une altitude rarement supérieure à 2000 m. Elles
se localisent surtout aux USA avec un faible prolongement au Canada. Il s’agit des
Appalaches, des monts Ozark et Ouachita.
❖ Les plaines et les bassins : ils se situent essentiellement entre l’Atlantique et le
méridien 100° ouest. Il s’agit des plaines côtières, des grandes plaines centrales, des
bassins des fleuves tels que le Missouri, le Mississipi, le Rio Grande etc. Il existe
d’étroites plaines côtières sur la côte pacifique. Au Canada, les plaines et bassins sont
situés au Sud-est et autour du Saint-Laurent. Au Mexique, ils se localisent sur les
façades atlantiques et pacifique et aux abords du Golfe du Mexique.
❖ Les hautes plateaux : ils s’étendent du méridien 100° ouest jusqu’au pied des
Rocheuses. Ils sont très étendus au canada (environ 50% du territoire) : c’est le
Bouclier canadien. Au Mexique, les hauts plateaux prolongent les sierras mexicaines.
❖ Les montagnes jeunes à l’ouest : elles s’étendent de l’Alaska au Mexique. Les
éléments essentiels sont : les Rocheuses, le mont Mc Kinley, le mont Logan, la Sierra
Nevada, la chaine des Cascades, les Sierras mexicaines (sierra madre occidentale et
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sierra madre orientale). Ces montagnes enserrent parfois de vastes bassins, plateaux
et dépressions telle que la Death valley.

II- UNE GRANDE DIVERSITÉ DE CLIMATS ET DE VÉGÉTATION


L’immensité confère à l’ENA une grande variété climatique. Celle-ci s’explique par
plusieurs facteurs.
➢ La latitude qui soumet l’ENA aux influences polaires et tropicales. L’ENA est balayé
par les vents chauds venant de l’équateur en été et les vents froids polaires en hiver.
➢ La longitude ouvre l’ENA aux courants océaniques soufflant de l’Atlantique, du
Pacifique et du Golfe du Mexique.
➢ La disposition méridienne du relief facilite la circulation des vents venant du pôle et
de l’équateur. A l’est les vents soufflant de l’atlantique pénètrent facilement. Tandis
qu’à l’Ouest, les rocheuses limitent la circulation des courants marins sur la côte.

On distingue cinq grandes régions climatiques et végétales.


▪ Le nord du Canada et l’Alaska sont caractérisés par un climat polaire avec des hivers
longs et rigoureux et des étés courts et doux. Les pluies sont relativement rares. La
végétation est constituée de taïga16 et de toundra17.
▪ Le sud du Canada et l’Est des États-Unis présentent un climat tempéré océanique
avec des changements de temps fréquents. La végétation, constituée d’une forêt
mixte d’arbres caducs et de différentes espèces de pins, a été déboisée, exploitée et
remplacée par des cultures.
▪ Le centre-ouest des États-Unis et une grande partie du nord du Mexique est une zone
désertique, aux pluies rares. Les variations locales y sont importantes en fonction de
l’exposition et de l’altitude. La végétation est constituée d’herbes et d’arbustes.
▪ Le long de la façade Pacifique (du sud de l’Alaska au sud de la Californie) présente un
climat méditerranéen. Les hivers sont doux et humides et les pluies rares en été. Les
séquoias géants constituent l’espèce dominante.
▪ Enfin, le sud des USA la plus grande partie du Mexique présentent un climat tropical
chaud tout au long de l’année, avec de fortes précipitations, en particulier l’été. La
végétation est constituée de quelques rares variétés d’arbustes et de nombreuses
espèces de cactus.

III- UN RÉSEAU HYDROGRAPHIQUE DENSE


A coté des façades océaniques (Atlantique, Pacifique et Arctique), le réseau
hydrographique est articulé autour de nombreux fleuves tels que le Saint-Laurent, le
Mackenzie, le Mississippi, le Missouri, le Rio Grande, le Colorado, le Columbia, le Fraser, le
Yukon etc. Aux fleuves s’ajoutent les lacs : le grand lac salé, le grand lac des esclaves, le
grand lac de l’ours, les cinq Grands Lacs (Supérieur, Michigan, Huron, Érié et Ontario) etc.
Ces ressources sont importantes pour la consommation domestique, agricole et industrielle.

IV- D’ÉNORMES POTENTIALITÉS NATURELLES


16 La taïga ou forêt boréale : vaste étendue boisée principalement constituée de conifères essentiellement des
épicéas, des sapins et des mélèzes.
17 La toundra : végétation basse constituée de laîches, d’herbes, de mousses et de lichens

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Le sous-sol est riche en ressources énergétiques et minières (pétrole, gaz naturel,
charbon, minerai de fer, cuivre, de nickel, d’uranium, de zinc, cuivre, nickel, fluor, plomb, zinc,
manganèse, soufre, de roches phosphatées et d’uranium. Les trois pays possèdent
également d’importantes mines d’or et d’argent propices au développement de l’industrie.
La variété climatique, l’importance du réseau hydrographique et la disponibilité des
terres offrent des possibilités agricoles immenses.
La présence de forêts permet le développement d’activités industrielles liées à la
production de bois, de pâte à papier.
Le tourisme se développe sur les façades océaniques et sur le sommet des
montagnes où se pratiquent aussi les sports d’hiver.
Les façades maritimes et les cours d’eau favorisent le développement du commerce, de
la pêche, du transport et des sports nautiques. Les barrages installés sur certains fleuves
permettent la production d’hydroélectricité.
Sur les régions désertiques du centre-ouest se pratiquent l’agriculture irriguée et l’élevage
extensif.

V- LES CONTRAINTES LIÉES À LA NATURE


De fréquents tremblements de terre et de nombreux volcans rendent instable l’ouest de
l’espace nord-américain. Le volcanisme concerne plus particulièrement la chaîne des
Cascades où l’on a recensé plus d’une centaine de sommets volcaniques.
La massivité des montagnes jeunes à l’ouest expose le centre-ouest aux rigueurs de la
continentalité (d’où l’aridité du climat) et explique les fortes densités à l’Est du territoire.
Le jeu alterné des masses d’air polaire arctique en provenance du Nord, l’air tropical
humide originaire de l’équateur modifie les conditions climatiques habituelles avec des
manifestations extrêmes comme les vagues de chaleur ou les vagues de froid. Cette
alternance perturbe aussi le cycle végétatif des plantes et provoque la naissance de régions
marécageuses au nord avec la fonte des glaces en été. L’ENA souffre également des
cyclones tropicaux très fréquents dans le Golfe du Mexique.

Conclusion
L’immensité de l’espace nord-américain offre de nombreux avantages comme les
terres agricoles fertiles, un sous-sol riche, un gros potentiel hydrographique et d’importantes
ressources énergétiques. Toutefois les éléments naturels constituent parfois de réelles
contraintes. Grâce à leur ingéniosité, les hommes transforment certaines contraintes en
atouts. Les immenses potentialités ont permis aux pays de l’ENA d’être parmi les leaders
économiques mondiaux.

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Leçon 3 : Populations, villes et sociétés.

Introduction
Avec ses 491,3 millions d’habitants en 2017, l’espace nord-américain se caractérise
d’abord par son poids démographique colossal. La population, très hétérogène, et se
caractérise par ses disparités, ses contrastes sociodémographiques et économiques, ses
déséquilibres spatiaux et sa forte mobilité. Ces mêmes disparités apparaissent à l’échelle
des villes et de la société nord-américaines.

I- UNE POPULATION HÉTÉROGÈNE ET TRÈS MOBILE


1- Une forte diversité ethno-raciale
L’espace nord-américain apparait comme une véritable mosaïque raciale, un
microcosme avec des populations descendant de migrants de race et d’origine différentes.
Les premiers occupants de l’ENA sont les Amérindiens. Venus d’Asie par le détroit de Béring,
ils ont été victimes de maladies, de la traite et des persécutions des Blancs lors de guerres.
Ils constituent aujourd’hui le groupe plus faiblement représentée18 dans la population de l’ENA
(environ 3% de la population). Une partie de cette communauté vit dans des réserves aux
Etats-Unis.
Ensuite sont venus les Blancs arrivés d’Europe par vagues successives. Ils sont
appelés White Anglo-saxon protestants (WASP). Les premières vagues sont des migrants
anglo-saxons qui ont fui l’Europe avec les guerres de religions au XVI ème siècle. Ils sont
suivis par des migrants venus d’Europe de l’ouest et du centre au XIXème siècle et au début
du XXème. Ils constituent la majorité de la population et dominent surtout au Canada et aux
USA (63,4% de la population). Mais ils vieillissent et leur croissance démographique est
inférieure à celle des minorités. D’où leur poids démographique en diminution. On estime
qu'en 2040, les Blancs seront minoritaires aux États-Unis.
Les Noirs (Afro-américains), présents surtout aux USA (14% de la population) sont
pour l’essentiel des descendants d’anciens esclaves. A ceux-là s’ajoutent les migrants
récents venus des Caraïbes et d’Afrique noire.
Les asiatiques sont des migrants récents venus surtout à la fin du XIXème siècle et au
début du XXème siècle. Originaires de pays tels que la Chine, la Corée, le Japon …, on les
retrouve principalement aux USA (5,9%). En forte croissance grâce à l’immigration, ils
représentent environ 8% de la population de l’ENA.
Les latinos ou hispaniques constituent la majorité de la population mexicaine (60%).
Ce groupe dont le nombre a grimpé considérablement aux Etats-Unis sous l'effet de
l'immigration et d'une natalité plus forte est devenue la première minorité dans ce pays (16%)
devant les noirs.
La diversité ethno-raciale est complétée par une diversité de religions qui conforte la
vocation pluraliste et laïque de l’ENA. On y retrouve presque toutes les religions dans l’ENA.
La population est majoritairement chrétienne (plus de 80%) avec une domination des
confessions catholique et protestante. Les protestants sont plus nombreux aux USA (%),
18 Leur nombre est estimé à 5400000 aux USA en 2016.
GEOGRAPHIE Terminale / M. DIATTA /TS1 - LSED /Année scolaire : 2018-2019Page 10
alors qu’au Canada et au Mexique (90% de la population) c’est le catholicisme domine. Les
juifs (1% de la population de l’ENA) se rencontrent surtout aux USA où le judaïsme est la
deuxième religion pratiquée. On retrouve dans l’ENA d’autres religions telles que l’islam,
l’animisme, les religions asiatiques (Hindouisme, Bouddhisme, Sikhs…) dont la présence
s’explique par les migrations.

2- Des dynamiques démographiques différentes


Dans l’ensemble, la dynamique démographique de l’ENA est très faible. Les
indicateurs démographiques laissent apparaitre une société très évoluée. Toutefois, ils
cachent d’importantes disparités régionales liées aux inégalités de développement.
Aux USA et au Canada, la dynamique est très faible (TAN inférieur à 1%) et la
population est vielle (plus de 15% de personnes âgées). L’ISF inférieur à 2,1 témoigne des
problèmes de renouvellement des générations du fait des comportements démographiques
peu favorables à la natalité. La longévité est la mieux partagée avec une espérance de vie
partout supérieure à 75 ans.
Au Mexique, on note une dynamique démographique moyenne avec un TAN de 1,4% et
un ISF de 2,3. La population est vieillissante (8% de personnes âgées).
Au sein des pays, particulièrement aux Etats-Unis, on relève des dynamiques
différentes entre les communautés. La natalité est plus importante chez les minorités,
notamment celle hispanique.
Ces disparités apparaissent également au plan socioéconomique. Les indicateurs
économiques montrent les disparités Nord/sud. Dans les pays développés, les revenus et le
niveau de vie sont très élevés (PIB/habitant supérieur à 50000 dollars ; IDH : supérieur à 0,9).
Au Mexique, le niveau de vie est élevé (IDH de 0,762 en 2017) et les revenus moyens.
Au sein même des communautés américaine et mexicaine, on note des écarts entre
les Blancs et les minorités noire et amérindienne plus exposées à la pauvreté et à l’exclusion
sociale.

3- Une population inégalement répartie et mobile


La densité moyenne (23 habitants / km²) laisse apparaitre un espace faiblement
occupé. Toutefois, la répartition de la population montre de grands contrastes. Les densités
sont plus élevées au Mexique (65 habitants / km²), suivi des USA (35 habitants / km²). Au
Canada, elles sont très faibles, seulement 4 habitants /km².

A l’échelle de la région, les populations se concentrent sur quelques zones. Il s’agit :


• de la zone des grands lacs (Chicago, Detroit, Montréal, Toronto, Québec) ;
• les régions côtières et les pourtours des Appalaches, la zone de Dallas, le sud-est des
Etats-Unis ;
• le nord-ouest des USA (Seattle, Portland, Vancouver), la zone californienne
(Sacramento, San Francisco, Los Angeles, San Diego)
• la zone de Mexico.

L’inégale répartition de la population est liée aux conditions naturelles (relief, climat),
mais aussi au peuplement (les migrants ayant d’abord mis en valeur le nord-est) et aux
facteurs économiques.

GEOGRAPHIE Terminale / M. DIATTA /TS1 - LSED /Année scolaire : 2018-2019Page 11


La population de l’ENA est très mobile. Sa mobilité se lit à plusieurs niveaux.
▪ Les migrations internes :
Au Mexique, les migrations sont essentiellement économiques. Les flux sont dominés par
l’exode rural vers Mexico du fait des réformes agraires et de la pression sur le sol. D’où
l’étalement de la capitale avec le développement de bidonvilles (favelas). Les migrations
s’orientent également vers le Golfe du Mexique (où se développe l’exploitation pétrolière), le
nord avec les délocalisations industrielles et l’Ouest où se développe le tourisme.
Dans les pays développés, les facteurs sont économiques mais aussi sociaux et
culturels (tourisme, recherche de conditions climatiques favorables). Il s’agit d’une part d’un
exode urbain vers petites villes implantées aux alentours des grandes agglomérations à
cause des problèmes urbains. Concernant les migrations inter urbaines, aux USA, elles se
déroulent principalement du nord-est en déclin économique vers les régions plus
dynamiques du sud, du sud-ouest et de l’ouest. Au Canada, ces flux sont surtout orientés
vers le sud-est qui abrite les grandes villes et l’essentiel des activités et des pouvoirs.

▪ Les migrations régionales :


Ce sont principalement les migrations économiques du Mexique vers les USA alimentées
par les inégalités de développement. Elles sont orientées vers la frontière mexaméricaine ou
vers le Golfe du Mexique.

II- UNE FORTE URBANISATION


L’ENA est marqué par un taux d’urbanisation très élevé. Plus de 78% de la population vit
dans les villes. Presque 2/5 des citadins vivent dans les banlieues.

1- Les déséquilibres urbains


La distribution des villes épouse celle de la population et s’explique par les mêmes
facteurs naturels, historiques et économiques. Les villes sont essentiellement localisées
dans les régions de plaines, de bassins, sur les hauts plateaux et sur la frontière
mexaméricaine.
Au Canada, les villes sont concentrées le long de la frontière américaine et au sud-est
du pays.
Aux USA, elles se concentrent autour des Grands lacs, sur les littoraux pacifique et
atlantique (où se trouve la mégalopolis américaine de Boston à Washington) et au sud-est
en Floride.
Au Mexique, en dehors de la capitale qui polarise le développement urbain, les villes
se localisent au nord (avec l’implantation des maquilladoras), à l’Est et à l’ouest où se
développe le tourisme.

2- Des structures urbaines contrastées


La structure des villes laisse apparaitre les contrastes nord/sud.
Dans les pays développés, des villes étaient autrefois organisées sur un modèle
concentrique autour du Central business district (CBD) où l’on trouve les anciens quartiers
délabrés (dont certains sont réhabilités), des centres industriels et commerciaux,
d’immenses banlieues. Toutefois, cette organisation traditionnelle a cédé la place à un
modèle polycentrique. Autour du site traditionnel se créent plusieurs centres appelés edge

GEOGRAPHIE Terminale / M. DIATTA /TS1 - LSED /Année scolaire : 2018-2019Page 12


cities. Dans le centre-ville vivent les populations pauvres et les riches dans les cités
pavillonnaires des périphéries.
Au Mexique, les villes secondaires sont centrées autour du centre-ville qui polarise les
pouvoirs et les services, puis les quartiers des classes moyennes et dans les dernières
auréoles, résident les pauvres dans les banlieues. A Mexico, la ville est organisée autour de
« la place des trois cultures » (centre-ville abritant trois types architecturaux : les
constructions précolombiennes, les bâtiments coloniaux et les constructions modernes),
ensuite des quartiers résidentiels plus ou moins urbanisés et à la périphérie les bidonvilles
non viabilisés (les favélas).

3- Les problèmes urbains


Les villes nord-américaines sont confrontées à de nombreux problèmes :
➢ La pollution sonore, atmosphérique et environnementale qui pousse les riches à fuir le
centre-ville pour les banlieues ou les périphéries où les conditions de vie sont plus
favorables ;
➢ Les problèmes de mobilité et de gestion des déchets ;
➢ La pauvreté et l’exclusion sociale (qui caractérisent le centre-ville aux USA) :
aggravées par la réduction des dépenses sociales par les municipalités, elles génèrent
la délinquance et la criminalité dans le centre-ville appauvri par le départ des riches;
➢ L’aggravation du chômage qui frappe surtout les minorités noire et amérindienne ;
➢ La gentrification19 favorise une juxtaposition de quartiers disparates au plan social et
économique. D’où des frustrations parfois à l’origine d’émeutes. Exemple dans le
quartier de Watts à Los Angeles en 1992.

III- UNE SOCIÉTÉ FRAGMENTÉE


1- Des disparités sociales frappantes
Les fléaux sociaux sont marqués aux USA et au Mexique où l’on rencontre plus de
pauvres et d’exclus. En 2016, la pauvreté a concerné 15 % de la population des USA (soit
près de 50 millions de personnes) et 46,2% de la population mexicaine (plus de 60 millions
de personnes). Au Canada, la pauvreté et l’exclusion sont des phénomènes marginaux qui
frappent surtout les nouveaux migrants. Seulement 9,4% de la population vivaient sous le
seuil de pauvreté en 2016.
On note cependant des nuances au sein des communautés nationales. Les Blancs sont
en général socialement et économique intégrés. Ils se caractérisent par leur réussite
professionnelle. Les fléaux sociaux (prostitution, drogue, banditisme, criminalité) plus
manifestes aux USA et au Mexique, frappent plus les minorités hispanique, noire et
amérindienne. Les minorités ont développé des stratégies de lutte pour améliorer leurs
conditions de vie notamment chez les Noirs aux Etats-Unis. Par exemple :
- le gradualisme avec la National Association for the Advancement of Colored People20
19 Gentrification : processus par lequel le profil sociologique et social d’un quartier se transforme au profit d’une
couche sociale supérieure. Ce phénomène est favorisé par la réhabilitation de certains quartiers délabrés
entrainant ainsi la cohabitation entre quartiers luxueux avec toutes les commodités et quartiers pauvres
complètement délabrés.
20 En français Association nationale pour la promotion des gens de couleur ; organisation de défense des droits

civiques fondée en 1909. Sa mission : assurer l’égalité des droits politique, éducative, sociale et économique de
tous les citoyens et éliminer la haine raciale et la discrimination raciale.
GEOGRAPHIE Terminale / M. DIATTA /TS1 - LSED /Année scolaire : 2018-2019Page 13
(NAACP);
- l’intégrationnisme avec le Congress for Racial Equality21 (CORE) créé en 1942 par
Martin Luther King (né le 15 janvier 1929 à Atlanta – assassiné le 4 avril 1968 à
Memphis) ;
- le séparatisme prôné par Malcolm X (né en 1925 à Omaha dans le Nebraska –
assassiné le 21 février 1965 à New York).
Les minorités ont fait des conquêtes économiques et sociales importantes notamment
dans le business, la musique, le cinéma, le sport et des percées politiques avec des maires,
des congressistes22, des sénateurs noirs, hispaniques ou asiatiques23 et le premier président
noir avec Barack OBAMA.
La langue espagnole est devenue officiellement la deuxième en Floride, dans l’Etat de
New York ou de Californie.

2- La pluralité culturelle
Le multicultiralisme constitue l’un des atouts principaux de l’ENA à condition que les
différents groupes ethniques se tolèrent et s’acceptent mutuellement. Aussi, on peut parler
de cette société comme un melting-pot (c’est-à-dire la croyance à une culture civique
commune, à un projet d’intégration). Mais, avec l’aggravation des déséquilibres sociaux et
économiques (surtout aux USA)24, des pratiques discriminatoires, de la stigmatisation, du
racisme, le fossé se creuse entre les différents groupes ethniques. Ainsi, l’on s’identifie de
plus en plus à ses valeurs et croyances d’origine qu’à la culture américaine. Aujourd’hui, on
parle de cette société comme une « salad bowl » (la représentation d’une société composée
de communautés ethniques différentes et qui entreprennent tout pour le rester) que de
melting-pot.

3- Les populations dans l’intégration des marchés


Avec ses 491,3 millions d’habitants en 2017, la population de l’ENA constitue l’un des
plus vastes marchés de consommateurs au monde avec un niveau de vie très élevé. Elle
constitue aussi un vaste réservoir de main d’œuvre bon marché et très qualifié. Ces atouts
constituent la base de l’intégration économique en cours à travers l’accord de libre-échange
nord-américain.

Conclusion
La société nord-américaine se caractérise par son caractère pluriethnique, ses
structures urbaines et dynamiques sociodémographiques contrastées, par une forte mobilité
21 CORE : Congrès pour l’égalité des races : organisation de lutte pour les droits civiques créée en 1942 à
Chicago
22 Shirley CHRISHOLM est la première femme noire élue au Congrès des USA en 1968. En1970, elle fut candidate

malheureuses à l’investiture démocrate pour l’élection présidentielle. Le révérend Jesse JACKSON (militant noir
pour les droits civiques) a été le premier noir à remporter une primaire du parti démocrate. Le Général Colin
POWELL est le premier afro-américain nommé chef d’Etat-major des armées en 1989 et le premier noir à
présider le Conseil National de Sécurité. Il a été Secrétaire d’Etat, remplacé à ce poste par Condolezza RICE,
première femme noire à occuper ce poste.
23
Elaine Lan Chao (26 mars 1953 à Taipei ;Taïwan), femme politique taïwanaise naturalisée américaine.
Membre du Parti républicain, elle est secrétaire au Travail entre 2001 et 2009 puis secrétaire aux Transports
depuis 2017. Elle est la première femme d'origine asiatique et la première personne sino-américaine à occuper
un poste dans un gouvernement fédéral américain.
24 En 2016, 1 % des Américains détenaient 63 % de la richesse du pays selon le Boston Consulting Group, et ils

devraient continuer de voir cette proportion augmenter pour dépasser les 70 % en 2021.
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spatiale et par un niveau de vie parmi les plus élevés de la planète. Elle reste toujours
affectée par d’importants clivages sociaux et ethniques. Sa population très nombreuse, est
l’un des atouts à l’intégration économique des trois pays de l’espace nord-américain.

Leçon 4 : La construction de l’espace économique : Etats-Unis, Canada et Mexique.

Introduction
La mondialisation économique a favorisé la montée en puissance d’organisations régionales
et sous régionales intégrant des pays géographiquement proches et ayant des intérêts
communs. C’est dans ce cadre que les pays de l’Amérique du nord (Canada, Etats-Unis et
Mexique) ont institutionnalisé leurs échanges économiques par la signature de l’accord de
Libre-échange nord-américain (ALENA). L’accord a permis l’établissement d’un marché
commun entre des pays aux structures économiques différentes. Après vingt-quatre (24)
ans d’intégration, l’ALENA a été remplacé par un nouvel accord de libre-échange nommé
l’Accord Etats-Unis - Mexique - Canada (AEUMC)25. Quels sont les fondements de l’ALENA ?
Quel bilan peut-on dresser de cette intégration, vingt-quatre ans après entrée en vigueur ?
Quelles raisons expliquent son remplacement par l’AEUMC ?

I- LES FONDEMENTS DE L’ALENA


1- Historique de l’intégration économique en Amérique du Nord
L’idée de faire des Amériques une zone de libre-échange date des années 80. Ainsi, le
2 janvier 1988, est signé l’Accord de Libre-échange canado-américain (ALE ou ALECA) qui
entre en vigueur le 1er janvier 1989. En juin 1990, le Mexique et les Etats-Unis annoncent
l’ouverture de négociations bilatérales. Elles sont ouvertes au Canada et aboutissent le 12
août 1992 sur un accord de principe. Le 17 décembre 1992, l’ALENA est signé par les
dirigeants des trois pays. En début 1993, des négociations complémentaires sur le travail et
l’environnement s’ouvrent. Deux accords parallèles sont signés le 14 septembre 1993 et le
1er janvier 1994, l’ALENA et les accords complémentaires entrent en vigueur. Après
vingt-quatre ans, les trois pays sont parvenus, le 30 septembre 2018, à un nouvel accord de
libre-échange nommé l’Accord Etats-Unis - Mexique - Canada (AEUMC)26 en remplacement
d’un traité de 1994. Il est signé pour une durée de 16 ans avec la possibilité de le
réexaminer tous les six ans.

2- Les objectifs
L’ALENA répond aux exigences de la mondialisation avec la mise en place de grands
blocs économiques régionaux. Il vise à créer une vaste zone de libre-échange par la
suppression des barrières douanières et à favoriser la libre circulation des biens, des
services et des capitaux entre les trois partenaires. Il doit également permettre aux USA de
faire face à la concurrence européenne et asiatique, et aux mesures protectionnistes, de
contrebalancer leur poids économique de plus en plus important, de profiter des immenses

25 United States-Mexico-Canada Agreement (USMCA) en anglais


26 Il doit toutefois être ratifié par les différents parlements avant son entrée en vigueur.
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ressources de ses partenaires et réduire considérablement la migration clandestine
mexicaine.

Les objectifs spécifiques peuvent être résumés comme suit :


✓ Eliminer les barrières douanières et faciliter les échanges transfrontaliers de biens
et de services ;
✓ Assurer les conditions d’une concurrence équitable dans la zone de libre-échange ;
✓ Augmenter les occasions d’investissement au sein des trois pays ;
✓ Adopter des procédures efficaces de mise en œuvre, d’administration conjointe et
de résolution des litiges ;
✓ Approfondir la coopération trilatérale pour atteindre les bénéfices de l’accord.

Les objectifs visés par l’AEUMC sont d’offrir aux travailleurs, agriculteurs, éleveurs et
entreprises un accord commercial de grande qualité qui donnera lieu à des marchés plus
libres, à un commerce plus équitable et à une croissance économique solide dans notre
région.27

3- Des partenaires au poids économique inégal


L’ALENA réunit des partenaires au niveau de développement économique inégal.
➢ Les USA : première puissance régional avec un PIB de 19 377 milliards de dollars en
2017 (87,56 %du PIB régional). Ils disposent d’énormes potentialités économiques
(ressources naturelles, humaines, financières abondantes ; poids économique,
commercial et financier colossal) et constituent le moteur de cet espace. L’ALENA
leur permet de faire face aux divers protectionnismes, à la prolifération de barrières
non tarifaires, au cloisonnement du marché entre blocs régionaux, à la concurrence, à
la réticence de certains Etats d’Amérique latine à partager le même marché que les
USA.
➢ Le Canada : deuxième puissance régionale avec un PIB de 1627 milliards de dollars
en 2017 (7,35%du PIB régional), c’est un pays développé disposant d’importantes
ressources naturelles mais avec un marché très étroit. L’accord leur permet d’accéder
au vaste marché et à la main d’œuvre que constitue la population de leurs partenaires,
mais aussi aux capitaux et technologies américaines.
➢ Le Mexique : pays émergent avec d’immenses ressources naturelles, une population
nombreuse. Il ne représente que 5,09% du PIB régional soit un PIB de 1124 milliards
de dollars en 2017. Il a reçu d’importants investissements surtout dans l’exploitation
pétrolière et minière. C’est la première destination des IDE de ses partenaires. Ses
relations transfrontalières avec ses partenaires sont nombreuses :
− Développement des maquilladoras (entreprises industrielles de franchise
américaine ou asiatique bénéficiant de détaxation) ;
− Développement des twin plans (établissements industriels et commerciaux qui
se partagent les activités de part et d’autre de la frontière : conception, gestion,
recherche aux USA ; ateliers de production au Mexique) ;

27Une disposition de l’AEUMC tend à rendre impossible tout accord de libre-échange entre ces trois nations et
des pays n'ayant pas acquis le statut d'économie de marché. Une disposition qui cible particulièrement la Chine
GEOGRAPHIE Terminale / M. DIATTA /TS1 - LSED /Année scolaire : 2018-2019Page 16
− Développement des twin cities (villes jumelles) dont l’urbanisation se prolonge
de part et d’autre de la frontière). Exemples: Tijuana, Matamaros, Ciudad
Juarez, Laredo / El Paso, San Diego, Brownsville.

4- Atouts et handicaps de l’ALENA


L’ALENA a facilité aux entreprises des trois pays l’accès aux capitaux, aux matières
premières, aux technologies et aux compétences. L’accord les a rendues plus compétitives.
Il permet aux trois partenaires de disposer d’un vaste marché de consommateurs, des
ressources humaines abondantes, qualifiées et bon marché avec un niveau de vie très élevé,
d’un potentiel agricole, industriel et financier.
Toutefois, l’accord ne permet pas la libre circulation des personnes. Il regroupe aussi
des partenaires au niveau de développement inégal. Ce qui est défavorable au Mexique.

5- Les domaines de coopération


L’ALENA, n’est pas un marché commun, ni une union monétaire, c’est une zone de
libre-échange prévoyant portant sur l’élimination des droits de douane sur les échanges de
biens, de services et de capitaux avec des accords parallèles sur l’environnement et l’emploi.
Il porte sur cinq secteurs économiques spécifiques :
• Dans le domaine des transports, l’accord a permis la libre circulation entre les trois
pays ;
• Dans le domaine des investissements, l’ALENA permet la participation des banques
canadiennes et américaines dans le capital des institutions financières mexicaines. Le
Mexique a adopté une nouvelle législation permettant l’implantation des firmes venant
de ses deux partenaires ;
• Au plan agricole, l’accord a permis l’élimination de toutes les barrières tarifaires pour
libéraliser le marché ;
• Dans le domaine industriel, l’ALENA a permis une libéralisation plus importante du
marché mexicain des produits industriels et l’élimination des tarifs élevés sur les
produits textiles ;
• Dans le domaine énergétique, le canada et les USA participent dans l’exploitation
pétrolière mexicaine. Toutefois, le Mexique garde l’exclusivité de cette exploitation.
A ces domaines s’ajoutent deux accords parallèles. Il s’agit de
✓ l’accord nord-américain de coopération dans le domaine environnemental qui
encourage les trois pays à l’application efficace des lois environnementales. Il a
permis d’améliorer la gestion des questions environnementales.
✓ L’accord nord-américain de coopération dans le domaine du travail qui permet
d’améliorer les conditions de travail et le niveau de vie ainsi qu’à renforcer et à
appliquer les droits fondamentaux des travailleurs (sécurité des travailleurs, salaire
minimum, travail des enfants).

II- LES INSTITUTIONS DE L’ALENA


Plusieurs institutions assurent le fonctionnement et le suivi quotidien de l'ALENA.
❖ La Commission du libre-échange
Composée de représentants ministériels des trois pays membres de l'ALENA, elle

GEOGRAPHIE Terminale / M. DIATTA /TS1 - LSED /Année scolaire : 2018-2019Page 17


supervise l'application de l'Accord et la poursuite de son élaboration, et aide à régler les
différends que soulève son interprétation. Elle supervise aussi les travaux des autres
organes subsidiaires de l'ALENA.
❖ Les Coordonnateurs de l'ALENA
Ce sont les hauts fonctionnaires des ministères du Commerce désignés par chacun des
pays chargés de la gestion quotidienne de l'application de l'ALENA.
❖ Les Groupes de travail et comités de l'ALENA
Plus de 30 groupes de travail et comités ont été créés pour faciliter le commerce et
l'investissement et veiller à la bonne application et administration de l'ALENA.
❖ Le secrétariat de l'ALENA : composé d'une section nationale de chacun des pays
membres, il est chargé de l'administration des dispositions relatives au règlement des
différends et des mécanismes de règlement des
❖ La commission de coopération dans le domaine du travail : créée afin de promouvoir
la coopération en matière de travail entre les pays membres de l'ALENA et d'assurer
l'application efficace de leurs lois du travail respectives.
❖ La commission de coopération environnementale : créée pour renforcer la
coopération entre les partenaires de l'ALENA aux fins de l'application de l'accord
environnemental parallèle à l'ALENA.

III- UN BILAN MITIGÉ


1- Au plan économique
L’ALENA a permis une libéralisation des échanges28 et une plus grande intégration des
économies des trois pays. Les derniers droits de douane ont été supprimés en 2008.
L’accord a permis un triplement du volume commercial entre les partenaires. Entre 1993 et
2016, le commerce régional annuel est passé de 290 milliards de dollars à plus de 1100
milliards de dollars. Le Mexique et le Canada sont devenus les premiers partenaires
commerciaux des USA. De même 80% des exportations mexicaines et 76% de celles
canadiennes sont destinées aux USA. Le commerce intrazone a atteint 50% des
exportations et 33% des importations en 2016. L’ALENA a permis une plus grande
intégration du Canada et du Mexique à l’économie mondiale.
L’accord a créé un climat des affaires plus favorable et permis une augmentation des
investissements qui ont permis au Mexique de s’industrialiser29. Il a reçu 30,3 milliards de
dollars d’IDE en 2015 et 27 milliards de dollars en 201630.
L’ALENA a favorisé une croissance économique dans les trois pays. Selon la Banque
Mondiale, le PIB/habitant a été multiplié par 1,6 au Mexique entre 1993 et 2015 et par 2 aux
Etats-Unis et au Canada.
Toutefois, quelques aspects négatifs subsistent. L’accord n’a pas éliminé les
inégalités entre les trois pays. Avec un PIB/habitant de 9707$/habitant en 2017, le Mexique
reste loin derrière le Canada (44412 $/habitant) et les USA (59407 $/habitant). La balance
commerciale des Etats-Unis est devenue déficitaire vis-à-vis de ses partenaires. Son solde

28 Seuls quelques produits comme le bois de construction font exception à la libéralisation totale des échanges
commerciaux.
29 Le Mexique est la 15ème puissance économique en 2017.
30 IDE reçus 2015 et 2016 : Canada 11ème pays de destination : 42M$ / 34 M$ ; USA 1ère destination : 348 M$ /

391 M$.
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commercial avec le Mexique est passé d’un excédent de 1,6 milliard de dollars avant l’entrée
en vigueur de l’accord à un déficit de plus de 64 milliards de dollars en 2016. Ce déficit
colossal est un des arguments avancés par le Président américain pour remettre en question
l’accord et exiger sa renégociation. Aussi, l’ALENA a accru la dépendance du Canada et du
Mexique vis-à-vis des Etats-Unis et dévasté l’agriculture mexicaine.

2- Au plan social
Depuis son entrée en vigueur, l’ALENA a permis la création de près de 40 millions
d’emplois dans les trois pays (dont 25 millions aux Etats-Unis). Il a contribué à améliorer les
conditions de travail et à élever le niveau de vie (surtout au Mexique). Dans ce pays, l’accord
a favorisé des salaires plus élevés surtout dans les entreprises bénéficiant d’investissements
étrangers.
Toutefois, des millions d’emplois ont été détruits à cause des délocalisations (aux
Etats-Unis31 et au Canada) et de la concurrence déloyale ayant entrainé la faillite de
nombreuses entreprises mexicaines.

3- Au plan environnemental
Les conséquences sont plutôt négatives car le développement industriel et urbain le long de
la frontière a favorisé une forte dégradation de l’environnement et une surpression sur le sol.
Les USA et le Mexique ont créé des instituons offrant un soutien technique aux projets
d’infrastructures environnementaux de long de la frontière. Le gouvernement mexicain a
considérablement augmenté le budget fédéral du secteur de l’environnement.

Conclusion

Les réussites économiques de l’ALENA sont certes une réalité, mais les restrictions à la
circulation des personnes et de nombreux impacts négatifs subsistent. D’ailleurs c’est à
cause du déficit commercial et des milliers d’emplois détruits que le Président américain a
imposé la renégociation de l’accord. Depuis le 30 septembre 2018, les trois Etats sont
parvenus à un nouvel accord de libree-échange nommé l’accord Etats-Unis-Mexique-Canada
(AEUMC) en remplacement de l’ALENA.

Commerce extérieur des pays de l’ALENA en 2016 (en milliards de dollars)

Exportations Importations

Etats-Unis (2ème ; 1ère) 1455 (9,1%) 2251 (13,9%)

Canada (12ème, 9ème) 390 (2,4%) 417 (2,6%)

Mexique (13ème ;12ème) 374 (2,3%) 398 (2,5%)

Chapitre II : LES ETATS-UNIS D’AMÉRIQUE DU NORD.


31 Un rapport de mai 2017 des services de recherches du Congrès américain estime que 600.000 emplois
américains auraient été supprimés depuis l’entrée en vigueur de l’accord surtout dans le secteur de
l’automobile.
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Leçon 5 : Le modèle économique américain : caractéristiques et problèmes.

Introduction

Avec un PIB de 19377 milliards de dollars (environ 24,27 % du PIB mondial) soit un
PIB/habitant de 59407 en 2017, les États-Unis sont la première puissance économique
mondiale. Leur puissance est aussi politique, militaire, culturelle, technologique… La
puissance économique est attribuée au capitalisme libéral dont les USA incarnent le
dynamisme à travers un renouvellement permanant des structures et des attitudes et une
forte intervention de l’Etat. Malgré sa puissance, le modèle américain est confronté à des
problèmes qui semblent freiner sa dynamique.

I- LES FONDEMENTS DU SYSTÈME ÉCONOMIQUE AMÉRICAIN


1- Les fondements naturel, humain, idéologique et théorique
Le système américain se fonde sur plusieurs piliers qui lui ont permis de forger sa
puissance.
Le pays dispose d’importants atouts naturels : un territoire immense (9629000 km2),
des ressources énergétiques, minières, hydriques, pédologiques, végétales et animales
abondantes, une diversité climatique. Les cours d’eau sont aménagés et permettent la
production d’hydroélectricité, l’irrigation, le transport fluvial. Les façades océaniques leur
assurent une grande ouverture au monde.
Avec une population de 325,4 millions d’habitants en 2017 dont plus de 162 millions
de d’actifs32, les USA disposent d’un immense marché de consommateurs avec un niveau de
vie très élevé. La main d’œuvre très qualifiée offre au pays de grandes capacités d’initiative
et d’innovation.
Au plan idéologique, les États-Unis sont un pays capitaliste dans lequel la liberté
d'entreprendre est un droit fondamental. L’esprit de libre-entreprise qui découle du
libéralisme économique, et la libéralisation font de l’économie américaine une des plus
compétitives du monde. La liberté des échanges est encouragée par la signature d'accords
bilatéraux ou multilatéraux avec d'autres pays. Les droits de douane sont parmi les plus
faibles du monde33.
Le système américain s’appuie également sur des supports institutionnels inspirés de
la démocratie. C’est une fédération de 50 Etats dont chacun a ses propres lois en matière de
justice, de police, de santé, d’éducation. L’Etat fédéral intervient au niveau supérieur et
garantit la sécurité, la monnaie.
La puissance économique américaine repose en outre sur un réseau de transport
dense et performant, un réseau de communication moderne, des universités performantes et
réputées, des investissements massifs dans la recherche et l'innovation.

2- Une organisation technique remarquable


Les exigences d’efficacité, de rentabilité et de compétitivité obligent le système
américain à s’adapter aux nouvelles situations économiques et technologiques à travers la
32La population active est évaluée à 162846080 personnes en 2016.
33 Toutefois, l’arrivée de D TRUMP au pouvoir a sérieusement remis en cause cet état de fait, le président
américain jugeant ses accords défavorables à l’économie américaines a imposé des droits de douane sur de
nombreux produits européens, chinois, canadiens et mexicains notamment l’acier (10%) et l’aluminium (25%),
les machines à laver les panneaux solaires (30%) et contraint ses partenaires à la renégociation de l’ALENA.
GEOGRAPHIE Terminale / M. DIATTA /TS1 - LSED /Année scolaire : 2018-2019Page 20
taylorisation, la standardisation, l’automatisation, la robotisation, les délocalisations
industrielles.
Les américains qui sont très attachés à la liberté d’entreprendre se caractérisent par leur
mobilité professionnelle qui est une des raisons de leur capacité d’adaptation aux nouvelles
donnes économiques.

II- LES CARACTÉRISTIQUES ACTUELLES DU MODÈLE AMÉRICAIN


1- Technostructure, règne des conglomérats et des multinationales
Les multinationales américaines se caractérisent par la multiplicité des actionnaires.
Pour plus d’efficacité, ces firmes géantes sont gérées par une équipe de managers (cadres
spécialisés, techniciens, planificateurs) qui sont les véritables détenteurs du pouvoir : c’est la
technostructure.
La libre-entreprise permet la création chaque année de centaines de milliers de petites
et moyennes entreprises et de petites et moyennes industries. Ces PME/PMI participent à la
prospérité du pays : il en existe plus de 26 millions qui totalisent environ 1/3 des emplois aux
États-Unis. Toutefois, elles finissent par fusionner avec les grands groupes pour faire face à
la concurrence ou produire en masse.
Les multinationales constituent le fer de lance de l’économie américaine. Certaines
FMN absorbent des sociétés engagés dans d’autres secteurs : ainsi naissent des
conglomérats34. Ces grandes entreprises investissent beaucoup dans la recherche et
développement35, la haute technologie, la biotechnologie36.
Les multinationales américaines sont des leaders dans de nombreux secteurs
mondiaux : l'aéronautique (Boeing), les boissons (Coca-Cola), les logiciels (Microsoft), les
produits domestiques (Procter & Gamble), le pétrole (ExxonMobil), la pharmacie (Johnson &
Johnson), les semi-conducteurs (Intel), les télécommunications (AT&T), etc.

2- L’organisation financière, commerciale et recherche-développement


L’économie américaine bénéficie d’un système financier très souple. Il existe des
banques commerciales, industrielles et immobilières spécialisées. En 1971, l’Etat américain
a créé le NASDAQ37, un marché boursier réservé aux sociétés innovantes, de haute
technologie et aux entreprises en croissance. Ce système permet un accès facile aux
capitaux à investir.
Le système commercial repose sur le marketing (qui permet de dégager les besoins et
les produits) et la publicité. Cette dernière mobilise XXXX% du PIB pour vanter les mérites
des produits américains.
La recherche-développement est le résultat d’une étroite collaboration entre l’Etat, les
entreprises, les universités et les mécènes. Les investissements dans la recherche favorisent
l’innovation dans la haute technologie, les industries de pointe, l’agroalimentaire, l’exploration
de l’espace. Le Bureau de la Science et de la Technologie (Office of Science and Technology),

34 Groupe de sociétés industrielles et commerciales dont les activités sont très différentes.
35 Elle englobe les travaux menés dans la recherche fondamentale, la recherche appliquée et le développement
expérimental.
36 Biotechnologie : manipulation génétique des molécules des organismes transgéniques.
37 Signe de National Association of Securities Dealers Automated Quotations (ou cotations automatisées de la

NASD : Association nationale des agents de change) ; bourse de valeurs ouverte en 1971
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la National Science Foundation, le National Research Council, la NASA38 sont les principales
organisations publiques qui stimulent la recherche. Les dépenses publiques en matière de
recherche et développement se sont élevées à environ 509,604 milliards de dollars en 2016
soit 25,5% des dépenses mondiales en R & D).

3- Un Etat interventionniste
Depuis la crise économique des années 30, l'État fédéral et les pouvoirs publics
interviennent dans l'économie pour garantir la libre concurrence, soutenir les entreprises et
banques en difficulté et les individus au chômage, développer les exportations. L’Etat finance
les divers équipements et infrastructures, subventionne l’agriculture, gère la monnaie. Ses
commandes font vivre certains secteurs industriels tels que l’armement, électronique, la
haute technologie, l’aéronautique Le poids des États-Unis dans le monde, notamment à
l'OMC favorise les entreprises américaines.
III- LA PREMIÈRE PUISSANCE ÉCONOMIQUE MONDIALE
1- La première agriculture mondiale
L’agriculture américaine emploie 1,6 % des actifs et crée 1,1 % du PIB en 2017. Elle se
caractérise par l’usage de technologies modernes et sa haute productivité. C’est une
agriculture fortement intégrée bénéficiant en amont de l’aide de l’Etat (subvention, recherche,
informations météorologiques et économiques), des banques, de l’industrie (machines,
produits chimiques et phytosanitaires). En aval, l’industrie assure la transformation et les
services la commercialisation : on parle d’agrobusiness. Les USA sont la première
agriculture au monde. Premier producteur mondial de soja, de maïs, de coton, de viande
bovine, ils produisent également des fruits et légumes, des produits halieutiques.
La production énergétique (pétrole, gaz naturel, charbon) et minière (or, cuivre, zinc, plomb,
argent, sel, phosphate …) est aussi très importante.

2- Une industrielle moderne et diversifiée


Le secteur secondaire emploie 18,4 % de la population active et crée 20% du PIB.
Les principaux secteurs Industries sont : l’aéronautique et l’aérospatiale (Lockheed,
Boeing), l’automobile (Ford, General Motors…), la pharmacie, l’électronique, logiciel et
informatique  (IBM, Microsoft, Apple, Dell, Intel Corporation, etc), l’électricité (General
Electric), les biens de consommation  (Whirlpool, Nike), les industries Agro-Alimentaires 
(Coca-Cola, McDonald's, PepsiCo). Depuis 2010, les USA sont la deuxième puissance
industrielle mondiale derrière la Chine.

3- Une puissance commerciale, financière et touristique


Avec 80% des actifs et 79,9% du PIB, le tertiaire constitue le socle de l’économie
américaine. Premier importateur et second exportateur mondial de marchandises, et premier
exportateur de services, la puissance financière s’appuie sur une monnaie forte : le dollar et
sur la bourse. Les Etats-Unis sont les premiers investisseurs du monde (firmes ex Mc
Donald) ils dominent les échanges internationaux. Le New York Stock Exchange (Wall Street)
et le NASDAQ sont les plus importants marchés du monde en termes de flux financiers. La
bourse de Chicago est la première bourse au monde en nombre d'opérations traitées. Le

38 National Aeronautics and Space Administration


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pays a affiché une croissance économique de 2,43 % en 2017 et 4,1% en 2018.
En 2015, les Etats-Unis ont reçu 78 millions de touristes internationaux pour une recette
totale 205 milliards de dollars. Ils sont la deuxième puissance touristique mondiale.

IV- LES PROBLÈMES DU MODÈLE ÉCONOMIQUE AMÉRICAIN


1- Le poids des crises et l’endettement
Depuis le début du XXème siècle, l’économie américaine a connu de nombreuses
crises. La dernière est la crise des subprimes qui a découlé des prêts hypothécaires à
risques. Elle déclenche une crise financière de 2007 à 2011 qui a coûté plus de 2712
milliards de dollars à l’Etat américain investis dans les recapitalisations et nationalisation
des banques et entreprises. Pour faire face aux crises, l’Etat américain s’endette auprès des
asiatiques, des européens mais aussi des américains fortunés. La dette publique est évaluée
à 104 % du PIB en 2017.

2- La concurrence et le chômage

L’hégémonie économique des USA est de plus en plus contestée par ses nombreux
concurrents. En plus de l’UE, il doit faire face à la concurrence des pays émergents tels que
la Chine, le Brésil. Au plan industriel, les USA subissent la concurrence dans de nombreux
domaines (aéronautique avec AIRBUS. Le taux de chômage est évalué à 3,8% en 2017.

3- Les déficits commercial et budgétaire


Le déficit commercial est colossal. En 2017, il a atteint -554 milliards de dollars. Le
déficit s’explique par la surconsommation, la baisse de compétitivité, la concurrence qui
entraine une perte de parts de marché, les effets des délocalisations. Les USA sont
déficitaires vis-à-vis de leurs principaux partenaires commerciaux : Canada, Mexique, Chine,
UE, Japon.
Le déficit budgétaire est également énorme. Lié à la hausse des dépenses et à la
baisse des recettes39, il a atteint 3,2% du PIB en 2016 et 3,5 % du PIB en 201740.
Grace à la production de pétrole et du gaz de schiste, les États-Unis ont
considérablement réduit leur dépendance dans le domaine des hydrocarbures. Le pays
devrait être autosuffisant vers 2020.

Conclusion
Seule puissance complète au monde, les USA reste la première puissance
économique devant la Chine. Sorti de la récession issue de la crise des subprimes grâce à la
consommation des ménages, la faiblesse des taux d’intérêt et les effets des créations
d’emplois, le pays affiche une croissance économique positive depuis huit ans, croissance
qui a ainsi permis d’effacer les effets négatifs de la crise. Malgré cette reprise, certains
indicateurs suggèrent la persistance de fragilités de l’économie.

39La hausse des dépenses s’explique par le coût des charges sociales (indemnités de chômage, allocations
familiales, couverture maladie), des dépenses économiques (subventions) et militaires (coût des interventions
extérieures, subvention au budget de l’ONU) etc. parallèlement, les recettes baissent à causes de la réduction ou
de la suppression des taxes douanières, des impôts pour soutenir l’investissement.
40
Le déficit budgétaire devrait atteindre 4 % du PIB en 2018 puis 4,6 % en 2019 selon les prévisions.

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DEUXIEME PARTIE : L’espace européen.
Chapitre I : Présentation générale.
LEÇON 6 : MILIEUX NATURELS ET POPULATIONS.

Introduction
Avec une superficie de 10,5 millions de km², l’Europe est un petit contient considéré comme
un prolongement du bloc eurasiatique. Elle est limitée au nord par l’océan arctique, à l’ouest
par l’Atlantique, au sud par la mer méditerranée et à l’Est par le mont Oural et le Caucase.
C’est un espace carrefour caractérisé par des contrastes humains et naturels.

I- LE CADRE NATUREL
1- Le relief
Le relief de l’Europe se compose de trois ensembles.
- Au nord un socle ancien de plaines, de plateaux et de massifs aplanis. Ce sont des
massifs d’âge primaire fortement érodés par les glaciers.
- L’Europe médiane avec des massifs anciens (tels que le massifs central, les hautes
terres d’Ecosse), des plaines et des plateaux sédimentaires (bassin de Londres, le
bassin parisien, la plaine germano-polonaise, la plaine russe) des plaines alluviales.
- L’Europe du sud avec de jeunes chaines plissées d’âge quaternaire telles que les
Pyrénées, les Alpes, les Balkans, les Carpates, l’Etna. Entre ces montagnes, on trouve
quelques plaines et plateaux tels que la Plaine pannonienne, la plaine de Pô). Les
points culminants de l’Europe sont le Mont Elbrouz (5641m) et le Mont Blanc
(4807m).

2- Une variété climatique


Le climat présente une disposition d’Ouest en Est. On distingue trois zones
climatiques et végétales.
▪ A l’Ouest un climat océanique pluvieux avec des températures douces. La végétation
est constituée de prairie sur les façades océaniques et de forêts de chênes et de
hêtres à l’intérieur.
▪ A l’Est le climat continental aux hivers froids et aux étés chauds et orageux. A
l’extrême nord la végétation est constituée de Toundra et de Taïga.
▪ Au sud un climat méditerranéen avec une nuance océanique au niveau de la
péninsule ibérique et continentale vers le sud de l’Italie et de la Grèce. L’été est chaud
et sec et l’hiver doux et pluvieux. La végétation est formée de maquis et de garrigue.
▪ Au niveau des régions de montagne existe un climat étagé qui porte la marque de la
zone qui l’abrite.

3- Un réseau hydrographique dense


Le réseau est structuré autour des façades océaniques (atlantique et arctique) et
maritime (méditerranéenne) auxquelles s’ajoutent de nombreux fleuves : la Seine, la
Garonne, le Rhin, le Rhône, le Guadalquivir, la Volga, la Loire etc. L’Europe abrite également
quelques lacs tels que les lacs Léman (Suisse), Ladoga et Gorki (en Russie), Berre (en
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France), Mar Menor (Espagne) …

II- LES POPULATIONS EUROPÉENNES


Le peuplement de l’Europe est très ancien. La population présente diverses caractéristiques.

1- Une population hétérogène


Avec ses 745 millions d’habitants en 2017, l’Europe est le troisième foyer de peuplement.
La population européenne est majoritairement blanche. Les blancs se répartissent en trois
groupes principaux : les peuples de tradition latine, les peuples germaniques et les peuples
slaves.
A ceux-là s’ajoutent les migrants venus d’Asie et d’Afrique qui constituent des
minorités.
L’Europe est le principal foyer de la chrétienté. Les chrétiens représentent 76% de la
population. Ils se répartissent en trois groupes confessionnels : les catholiques (35%),
prédominent au Sud, à l’Ouest et au Centre ; les protestants au nord (14%) et orthodoxes à
l’Est (27%). On note la présence de communautés musulmane (6% de la population) et athée
(18%).
Aujourd’hui l’Europe tend vers un déclin démographique. Avec un taux
d’accroissement naturel nul et un ISF de 1,6, elle n’assure plus le renouvellement de sa
population qui est vielle. Ses problèmes démographiques sont atténués par l’immigration qui
est devenue le moteur principal de sa croissance démographique.

2- Une population inégalement répartie et fortement urbanisée.


La répartition de la population européenne est très contrastée. La densité moyenne est
de 32 habitants au km² (100 habitants au Km², si l'on exclut la Russie). Elle cache toutefois
d’importantes disparités. L’extrême nord du continent présente de faibles densités du fait
des rigueurs thermiques (moins de 50 habitants/ km²). En dehors de cette partie, tout le
reste du continent est favorable à l’implantation humaine. L’Europe médiane abrite les
densités les plus fortes (plus de 200 habitants/ km²) et les grands axes de peuplement : l’axe
Londres-Milan et l’axe Berlin-Kiev.
Le taux d’urbanisation est partout supérieur à 75%. Toutefois, les régions de plaines,
les grandes vallées, les littoraux et les bassins présentent une forte urbanisation. Alors que
les régions froides et les montagnes, sont des zones faiblement urbanisées. Les
mégalopoles se rencontrent dans les foyers de peuplement de l’Europe de l’Ouest.

Conclusion
L’espace européen présente des atouts physiques favorables à l’humanisation et à la
mise en valeur. C’est un espace de rencontre de différentes cultures. Ses nombreux atouts
naturels et humains ont permis à l’Europe de dominer le reste du monde pendant longtemps.
C’est pour perpétuer cette suprématie européenne que s’inscrit la création de l’UE.

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Leçon 7 : La construction européenne : réalités et perspectives

Introduction
Le projet de création d’une union européenne date du XIXème siècle. Mais l’union ne s’est
construite qu’au lendemain de la seconde guerre sur la volonté d’assurer la paix, la stabilité
politique, de favoriser la croissance économique et d’assurer une forme d’indépendance
vis-à-vis des USA. Après le traité de Paris de 1951 qui a créé la CECA, celui de Rome de 1951
marque la naissance de la Communauté Economique Européenne. En plus de soixante (60)
ans, cette zone de libre-échange s’est transformée en union économique, monétaire et
évolue vers une intégration politique. Toutefois, malgré ses nombreuses réalisations, l’UE est
confrontée à de nombreux défis dont celui de la consolidation après le vote du brexit par les
britanniques en 2016.

I- LES ÉTAPES DE LA CONSTRUCTION DE L’UNION EUROPÉENNE


1- La création et les élargissements
L’intégration en Europe est née de la volonté d’hommes politiques tels que Jean
MONNET, Robert SCHUMAN, Konrad ADENAUER, Alcide de GASPERI dans l’ambition de
préserver la paix et d’assurer la prospérité économique. Le premier cadre de coopération
entre européens est l’OECE créée en 1948. Pour marquer leur indépendance, les européens
créent leurs propres organisations. Le 18 avril 1951, le traité de Paris crée la Communauté
Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA) regroupant six Etats membres : la France, la
RFA, l’Italie, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas. Ce traité entre en vigueur en 1952.
Le 25 mai 1957, deux traités sont signés à Rome instituant la Communauté Economique
Européenne (CEE) et la Communauté Européenne de l’Energie Atomique (Euratom). En 1965,
ces trois institutions sont fusionnées. L’avancée vers l’union Européenne (UE) s’est faite par
des élargissements successifs.
On parle d’«élargissement» lorsque de nouveaux pays adhèrent à l'Union européenne.
Depuis sa création en 1957, l'UE est passée de 6 à 28 États membres. Le traité sur l'Union
européenne dispose que tout pays européen peut présenter une demande d'adhésion s'il
respecte les valeurs démocratiques de l'UE et s'engage à les promouvoir.
Toutefois, un pays n'est autorisé à adhérer que s'il remplit tous les critères d'adhésion:
• les critères politiques : disposer d'institutions stables garantissant la démocratie, l'État de
droit et le respect des droits de l'homme;
• les critères économiques: posséder une économie de marché viable, ainsi que la capacité
à faire face à la pression concurrentielle et aux forces du marché à l’intérieur de l’UE;
• les critères juridiques: mettre en œuvre la législation européenne et s'efforcer en
particulier d'atteindre les principaux objectifs de l'union politique, économique et
monétaire.

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Date d'adhésion Pays
25/5/1957 (CEE des 6) Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas

1/1/1973 (CEE des 9) Danemark, Irlande, Royaume-Uni


1/1/1981 (CEE des 10) Grèce

1/1/1986 (CEE des 12) Espagne, Portugal


3 /10/1990 (CEE des 12) Réunification allemande
1/1/1995 (UE des 15) Autriche, Finlande, Suède
1/5/2004 (UE des 25) Chypre, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Malte, Pologne,
République tchèque, Slovaquie, Slovénie,
1/1/2007 (UE des 27) Bulgarie et Roumanie
1/7/2013 (UE des 28) Croatie

Les négociations d’adhésion avec de nombreux pays des Balkans sont en cours.
Toutefois, pour le cas de la Turquie, les négociations sont gelées depuis 2006 pour des
raisons géographiques, politiques (non-respect des droits de l’homme et de minorités, non
reconnaissance du génocide arménien, différend avec Chypre et son éventuel poids dans le
parlement), culturelles (religion).
Ces cinquante dernières années, l'élargissement de l'Union européenne a permis de
stimuler la croissance économique et de consolider les forces démocratiques dans des
pays ayant connu la dictature.
2- Les avancées institutionnelles
Après le traité de Rome de 1957, de nombreuses avancées institutionnelles ont permis
l’évolution de l’UE. Les principaux traités sont :
✓ L’acte unique européen : signé en 1986 et entré en vigueur le 1èr juillet 1987. Il a
apporté les adaptations nécessaires à l’achèvement du marché intérieur.
✓ Le traité sur l’Union Européenne (traité de Maastricht) signé en février 1992 et entré
en vigueur le 1er novembre 1993. Avec ce traité, la CEE devient la « Communauté
européenne ». Le traité instaure également l’union monétaire et la coopération en
matière de justice et d’affaires intérieures41.
✓ Le traité constitutionnel signé à Rome le 29 octobre 2004. Il adopte le projet de
constitution européenne qui devait être ratifié avant son entrée en vigueur.
✓ Le traité de Lisbonne (23 juin 2007) initié pour modifier le traité constitutionnel après
son rejet. Il prévoit la création d’une présidence stable du conseil européen pour une
durée de deux ans et demi, d’un haut représentant pour les affaires étrangères.

II- LE FONCTIONNEMENT DE L’UNION EUROPÉENNE


Le fonctionnement de l’UE est assuré par six institutions et de nombreux autres organes.
Les institutions sont :
➢ Le Parlement européen est l'organe législatif, budgétaire et de contrôle de l’Union

41 La coopération en matière de justice et d’affaires intérieures suggère une coordination entre les États
membres  sur les mécanismes de contrôle aux frontières, dans la lutte contre le banditisme, dans l'octroi du
droit d'asile et la maîtrise des flux migratoires.

GEOGRAPHIE Terminale / M. DIATTA /TS1 - LSED /Année scolaire : 2018-2019Page 27


européenne. Il compte actuellement 751 députés élus au suffrage universel direct
pour un mandat de cinq ans. Il siège à Strasbourg, Bruxelles et Luxembourg.
➢ Le Conseil européen réunit les chefs d’État et de gouvernement des pays de l’UE, le
président de la Commission européenne, la haute représentante de l’Union pour les
affaires étrangères et la politique de sécurité afin de définir les grandes orientations
priorités politiques de l'UE.
Il est placé sous la direction d'un président permanent (actuellement Donald Tusk) élu par le
Conseil européen pour un mandat de deux ans et demi renouvelable une fois. Le président
représente l’UE vis-à-vis du reste du monde.

➢ Le Conseil des ministres de l'UE adopte la législation et coordonne les politiques de


l’UE. Il réunit les ministres nationaux de chaque pays en fonction des domaines
politiques traités. Chaque pays de l’UE exerce la présidence tournante pour une durée
de 6 mois.
➢ La Commission européenne est l’institution exécutive de l'Union européenne. Elle met
en œuvre les politiques et le budget de l'UE. La commission est une équipe de
28 commissaires européens (un par pays), dirigée par le président de la Commission
(actuellement Jean-Claude Juncker), qui décide de l'attribution des responsabilités.
➢ La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) comprend la Cour de justice
(un juge par État membre et 11 avocats généraux) et le Tribunal (47 juges). Elle crée le
droit européen et interprète la législation européenne afin d’en garantir l'application
uniforme dans tous les pays de l'UE. Elle statue sur les différends juridiques opposant
les gouvernements des États membres et les institutions de l'UE. Elle veille à ce que
les pays et les institutions de l'UE respectent la législation européenne.
Elle peut également, dans certaines circonstances, être saisie par des particuliers, des
entreprises ou des organisations souhaitant intenter une action contre une institution de l'UE
lorsqu’ils estiment qu'elle a porté atteinte à leurs droits.
A côté de ces cinq instituions, on trouve de nombreux organes dont : La Banque centrale
européenne (BCE) qui gère l'euro, élabore et met en œuvre la politique économique et
monétaire de l'UE ; la Cour des comptes européenne ; le Comité économique et social
européen (CESE) ; la Banque européenne d'investissement (BEI) etc.

III- LES RÉALISATIONS DE L’UE


1- La politique agricole commune
Elle est initiée en 1962 pour garantir l’autosuffisance alimentaire, augmenter les
revenus des agriculteurs et stabiliser les marchés. Pour réduire les excédents, l’UE a fixé des
quotas de production par pays. La PAC représente 40% du budget de l’UE. Elle subventionne
les exportations malgré les dénonciations de l’OMC. Grâce à la PAC, l’UE est la première
puissance agricole mondiale, première exportatrice de produits agricoles42. Les principales
productions sont les bovins, les céréales (10,7% de la production agricole totale), le
lait et les produits laitiers, les produits halieutiques… En 2016, la production agricole
européenne représente environ 405 milliards d'euros.
Les défis actuels de la PAC sont : atténuer sa part dans le budget de l’UE, assurer la

42Les boissons, vins et alcools représentent la principale valeur des exportations agricoles, suivis par le
lait et les produits laitiers et les préparations à base de céréales.
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dimension qualité par le respect de l’environnement et des normes sanitaires et de bien-être,
faire face aux maladies telles que la grippe aviaire, la vache folle.

2- La politique monétaire
Pour stabiliser les taux de change et maîtriser l’inflation, le Système Monétaire
Européen (SME) a été mise en place en mars 1979. Mais le SME n’a fonctionné qu’après le
traité de Maastricht qui a créé l’euro. L'Union économique et monétaire repose sur la
coordination des politiques économiques et budgétaires, la conduite d'une politique
monétaire commune et l'emploi d'une monnaie unique.43 L'euro a été introduit le
1er janvier 199944. Les billets et pièces en euro sont entrés en circulation le 1er janvier 2002.
L'euro (€) est actuellement la monnaie officielle de 19 des 28 pays membres de l'UE. Ils
forment la zone euro. 
L'adoption d'une monnaie unique offre de nombreux avantages : la fin de la fluctuation
des taux de change et l'élimination des frais de change. Elle facilite les échanges
commerciaux transfrontaliers entre entreprises et se traduit par une économie plus stable,
ce qui génère de la croissance. À l'échelle mondiale, l'euro donne plus de poids à l'Union
européenne, c'est la deuxième monnaie de réserve et de transaction après le dollar
américain.
Malgré ce poids économique considérable, l’efficacité de la politique économique de
l’UE est limitée par l’absence de réelle harmonisation des politiques budgétaires nationales,
par la faiblesse du budget européen : 157,9 milliards d’euros en 2017 et 160 milliards
d’euros en 2018.
3- Le poids commercial
Avec son marché unique de 511,2 millions de consommateurs en 2017, l'Union
européenne est l'une des principales puissances commerciales mondiales. Ses échanges
commerciaux avec le reste du monde représentent environ 15,6 % du volume total des
importations et exportations mondiales. Plus de 64 % du volume total des échanges
commerciaux des pays de l’UE sont réalisés à l’échelle communautaire. En 2017, l’UE est la
deuxième puissance commerciale mondiale avec 15,2% des exportations (2122 milliards de
dollars) et 14,7% des importations (2097 milliards de dollars) mondiales de marchandises.
Elle est la première exportatrice de produits agricoles, de produits
manufacturés et de services (1009 milliards de dollars d’exportations et 800 milliards
de dollars d’importations soit 25,2% des exportations et 20,4% des importations
mondiales) ; le premier pôle touristique mondial avec des pays comme la France,
l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne, le Royaume-Uni qui font parties des principales destinations
mondiales.
Ses principaux partenaires commerciaux sont les USA, la Chine, le Japon, la Suisse, la
Russie, la Turquie, le Mexique, les ACP, les pays du Moyen-Orient … Longtemps déficitaire à
cause de sa dépendance énergétique, la balance commerciale de l’UE est devenue
excédentaire.
4- Le poids économique

43 Elle s’accompagne d’un "pacte de stabilité et de croissance", qui impose aux Etats membres de
maintenir leurs niveaux de déficit et de dette publics en deçà de 3% et 60% du PIB.
44 Dans un premier temps uniquement comme monnaie «virtuelle», utilisée pour les paiements scripturaux et à

des fins comptables


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Par son PIB 16 782 milliards de $ en 2017, l’UE a la deuxième économie la plus
puissance derrière les USA. La création du marché commun, avec le traité de Maastricht, a
permis la mise en place de nombreuses autres politiques communes : ARIANE dans le
domaine de la recherche et de la conquête spatiale, AIRBUS dans l’aéronautique, AIM dans la
bio-informatique et l’informatique médicale, DELTA dans la technologie de pointe,
METEOSAT dans la météorologie.
L’UE est membre de la Triade, elle abrite 31% des FMN, des villes de dimensions
mondiales et des puissances économiques. Malgré ces réussites, le modèle européen
connait des difficultés.
IV- LES PERSPECTIVES DE LA CONSTRUCTION EUROPÉENNE
L’UE doit relever de nombreux défis.
❖ Au plan démographique, l’Union européenne est confrontée à un vieillissement de sa
population, un problème de renouvellement des générations.
❖ Au plan politique, depuis le rejet du projet de constitution européenne en 2005, elle
reste partagée entre les partisans et les adversaires de la supranationalité.
L’intégration politique est dans l’impasse. A cela s’ajoute le brexit avec le vote le 23
juin 2016, par les citoyens britanniques en faveur d’une sortie de l’Union européenne.
Le 29 mars 2017, le Royaume-Uni a notifié officiellement au Conseil européen son
intention de se retirer de l’Union. Faute d’un accord sur les modalités de sortie, le
brexit a été repoussé au mois d’avril ou de mai 2019. Les blocages sont liés à
plusieurs obstacles : la nature des relations commerciales, la question de la frontière
irlandaise, la question de la libre circulation entre la Grande-Bretagne et l’UE, la facture
du divorce fixée à 40 milliards d’Euros que la Grande-Bretagne doit verser à l’UE,
l’absence d’une position commune entre les britanniques sur les conditions du brexit.
On note opposition entre les partisans et les adversaires du brexit. Parmi les partisans
certains sont favorables à un accord de sortie alors d’autres prônent une sortie sans
accord.
❖ Au plan diplomatique, l’UE est incapable de s’exprimer d’une seule voix sur les
questions politiques et environnementales internationales. C’est pour relever ce défi
qu’a été créée la haute représentante pour les affaires étrangères et la politique de
sécurité. Cette fonction, actuellement occupée par Federica MOGHERINI, consiste à
présider le Conseil des affaires étrangères, diriger la politique étrangère et de sécurité
commune et assurer la cohérence et la coordination de l'action extérieure de l'UE.
❖ Au plan économique, en plus de la concurrence internationale, elle doit résoudre la
fracture entre les grands et les petits Etats, les disparités entre régions prospères et
périphéries que l’UE doit aider.45
➢ Avec les élargissements successifs, sa croissance (1,7% en 2017) est plus faible que
celle de ses principaux concurrents (USA : 2,43% ; Chine : 6,6%).
➢ Fortement touchée par la crise de la dette, l’UE a renoué avec la croissance en 2015.
La crise provoque une explosion de la dette, des déficits publics et du chômage.

45Au sein de l’UE, la richesse est inégalement répartie. Les cinq plus grandes économies (Allemagne, R.
Uni, France, Italie et Espagne) représentaient 68% du PIB européen en 2016 ; la zone euro en totalisait
près de 71%.
GEOGRAPHIE Terminale / M. DIATTA /TS1 - LSED /Année scolaire : 2018-2019Page 30
Conclusion
L’UE est la forme d’intégration la plus élaborée. Sa construction a suivi un long processus qui
est loin d’être terminé. Elle se positionne comme une concurrente sérieuse à l’hégémonie
des USA. Toutefois, de nombreux défis freinent sa dynamique et menace son intégrité.

Pour y faire face, plusieurs instruments ont ainsi été créés ou renforcés après la crise.
Pour n’en citer que quelques-uns, le Semestre européen permet à l’Union européenne
de mieux contrôler les comptes de chaque Etat, afin d’éviter tout dérapage budgétaire
de l’un d’entre eux qui pourrait mettre les autres en péril. Plusieurs pays du Sud, au
premier rang desquels la Grèce, ayant été fortement touchés par la crise, un
mécanisme européen de stabilité apporte, sous conditions, une aide financière aux
États et banques en difficulté. La Banque centrale européenne a quant à elle racheté
les dettes des Etats en difficulté, une mesure longtemps considérée comme taboue,
en particulier par l'Allemagne. L’Union bancaire, encore inachevée, renforce la
prévention et la gestion des éventuelles faillites bancaires. Enfin, le plan Juncker, tout
comme le projet d’union des marchés de capitaux, visent à relancer l’investissement
en Europe.

Chapitre II : ETUDE MONOGRAPHIQUE

Leçon 8 : Etude économique de la France.

Introduction

Avec un PIB global de 2570 milliards de dollars en 2017 soit un PIB par habitant de 39.621
dollars / habitant, la France est la 7ème puissance économique mondiale, troisième
puissance européenne46. Son économie est de plus en plus ouverte compte tenu du rôle
qu’elle joue dans les échanges mondiaux de biens et de services. Membre fondateur de l’UE
et de la zone euro, son économie bénéficie de la mise en place du marché commun
européen. Malgré la vague de privatisation des années 80, l’influence de l’Etat reste forte
dans l’économie. Economie de services avec un net recul des secteurs primaire et
secondaire, la France est aussi confrontée à certaines difficultés.

I- LA PREMIÈRE AGRICULTURE EUROPÉENNE


L’agriculture française bénéficie d’importants atouts naturels, humains et institutionnels.
Elle bénéficie d’une situation climatique favorable. Les grandes régions agricoles se trouvent
dans la zone tempérée drainée par d’importants cours d’eau. Elle bénéficie aussi des
subventions de l’Etat et de l’UE dans le cadre de la PAC47.
Le poids de l’agriculture diminue de plus en plus dans l’économie. Elle emploie 2,8% des
actifs en 2017 et crée 1,7% des richesses. La France est le premier producteur agricole de
l’UE avec 18% de la production agricole et le 2ème du monde derrière les USA. Les principales
productions agricoles sont les céréales (1er producteur de blé en Europe; 8ème producteur
46 Données FMI 2017.
47 Chaque année par la France reçoit 9 milliards d’euros de subventions de la PAC
GEOGRAPHIE Terminale / M. DIATTA /TS1 - LSED /Année scolaire : 2018-2019Page 31
mondial de maïs), le sucre (7ème producteur mondial), le vin (2ème producteur mondial), le
lait (3ème producteur mondial), les produits laitiers, les fruits et légumes, les produits
d’élevage…
La valeur de la production agricole en 2016 est évaluée à 70,7 milliards d’euros.
Malgré ces performances, l’agriculture est confrontée à de nombreuses difficultés telles
que l’urbanisation, la construction d’infrastructures, la reforestation, les jachères qui
réduisent les surfaces cultivables. Il y’a aussi la spéculation foncière, la concurrence, la
dégradation de l’environnement (liée à l’utilisation des produits chimiques). La PAC qui
devrait la renforcer est devenue aujourd’hui le support de politiques de plus en plus
environnementales et sociales et moins agricoles. Elle a également souffert des crises de la
vache folle et de la grippe aviaire qui ont entrainé la perte de millions de têtes dans le
cheptel. Avec les problèmes environnementaux et de santé qui se posent de plus en plus, les
agriculteurs s’orientent de plus en plus vers l’agriculture biologique.

II- UNE INDUSTRIE PERFORMANTE


Le secteur secondaire emploie 20,5% des actifs et représente 18,3% du PIB. C’est une
industrie diversifiée et performante. Avec 29 entreprises parmi les 500 premières au monde
en 201748, la France est la 5ème puissance industrielle. Les principaux secteurs industriels
sont : les machines, les industries chimiques (Sanofi 5ème compagnie pharmaceutique au
monde ; Total 6ème groupe pétrolier), l’automobile (Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi 3ème,
Peugeot-Citroën PSA), l’aéronautique, la construction navale (chantiers de Saint-Nazaire),
l’électronique, l’électricité (EDF ; 3ème, Engie) l’agroalimentaire (Danone 5ème au monde en
2017) Lactalis, vêtements, les cosmétiques et produits de luxe (l’Oréal, LVMH) …Elle abrite
de grands groupes qui jouent un rôle mondial tels que AXA (2ème dans l’assurance), Air
France-KLM (dans les transports aériens), Veolia Environnement, Michelin (3ème dans les
pneumatiques), EADS et Airbus dont la France est membre.
Toutefois, l’industrie française perd de plus en plus de part de marchés au plan mondial à
cause surtout de la concurrence. Elle souffre également de la dépendance énergétique de la
France.

III- UNE ECONOMIE DE SERVICES


Le tertiaire est le secteur le plus important. Il emploie 76,7% des actifs et crée 80% du
PIB. Les secteurs clés sont :
▪ Les banques, assurances et les marchés financiers : quelques banques et assureurs
français tels que BNP PARIBAS (8ème plus grosse banque en 2018), Crédit Agricole,
Société générale, AXA … occupent une place importante dans le secteur. La bourse de
Paris est l’une des places les plus importantes de l’UE et permet de financer les
investissements des sociétés cotés en bourse. La France a enregistré 50 milliards de
dollars d’IDE entrants en 2017.
▪ Les transports : les réseaux de transports français font partie des plus performants au
monde. Le pays dispose de 950 000 km de route, plus de 31900 km de voies ferrées,
14 900 km de voie navigable. A cela s’ajoutent les nombreux aéroports dont les plus
grands sont Paris-Orly et Roissy Charles De Gaulle.
▪ Le tourisme : c’est le premier pourvoyeur de devises de l’économie française. En 2015,

48 Fortune Global 500, 2017


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la France (première destination touristique au monde) a accueilli 85 millions de
touristes internationaux. Ce secteur a généré 46 milliards de dollars de recette en
2015.
▪ Le commerce : avec 625 milliards de dollars d’importations (3,5%) et 532 milliards de
dollars d’exportations (3%) en 2017, la France est le sixième importateur et huitième
exportateur mondial de marchandises et quatrième exportateur (248 milliards de
dollars soit 4,7% des exportations mondiales) et importateur (240 milliards de dollars
soit 4,7% des importations mondiales) de services. Elle exporte essentiellement des
machines, des équipements, des automobiles, des produits plastiques, chimiques et
aéronautiques. Quant aux importations, elles portent surtout sur le pétrole, les biens
d’équipement, des automobiles, des produits plastiques et chimiques, des vêtements
et équipements aéronautiques. C’est un commerce fortement tourné vers l’UE qui est
le principal partenaire commercial de la France (le commerce intrazone représente
59% des échanges). La balance commerciale est déficitaire ; un déficit en partie lié à
la hausse de la facture énergétique (39 milliards d’euros en 2017).

Commerce extérieur de la France en 2017 en %


Partenaires Exportations Importations
UE 59 58,6
Europe hors UE 7,1 7,3
Amérique du nord 8,7 7,5
Amérique du sud 1,6 1,1
Asie 13,8 17,1
Afrique 5,5 4,2
Proche et moyen 3,3 1,9
Orient
Autres pays 0,6 2,1
Total

Source : Douanes, Direction générale du Trésor ; février 201849

IV- LES PROBLÈMES DE L’ÉCONOMIE FRANÇAISE


L’économie française est confrontée à de nombreuses difficultés :
- Le chômage et la pauvreté : malgré les politiques d’aide à l’emploi, le taux chômage
continue à monter. Il a atteint 9,5% des actifs en 2017. On estime que la pauvreté
touche 14% de la population. La lutte contre le chômage accroit le niveau
d’endettement et le déficit budgétaire. La dette publique a atteint 98,9% du PIB en
2017 alors que le déficit public se chiffre à 2,9% du PIB.
- Comme tous les pays de l’UE, la France a été affectée par la crise financière mondiale
de 2008. Ce qui a poussé l’Etat à mettre en place un plan de 26 milliards d’euros
destinés à soutenir l’activité économique. Ce plan entraine une aggravation du déficit
public.
- Elle n’est pas épargnée par la crise de la dette qui frappe particulièrement les pays de
la zone euro. Elle est entrée en récession économique depuis fin 2012.
49 Source : Résultats 2017 du commerce extérieur
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- Elle souffre également d’une dépendance énergétique. Ses importations en produits
énergétiques ont atteint 92,5 milliards d’euros contre seulement 24,6 milliards
d’euros d’exportations.

Conclusion
Puissance régionale et mondiale, la France a une économie dans l’ensemble performante.
Elle occupe cette place grâce naturels et humains importants mais aussi au rôle que joue
l’Etat et de sa place dans l’UE. Cependant, elle montre des signes de faiblesse dans un
contexte de crise et de montée du chômage.

TROISIEME PARTIE : L’Asie – Pacifique.


Chapitre I : Présentation générale.
Leçon 9 : Les facteurs d’émergence et leurs limites.
Introduction
L’Asie-pacifique correspond à la façade asiatique de l’océan pacifique. C’est la région la plus
peuplée et l’une des zones économiques les plus dynamiques du monde. En trois décennies
(1960-1990), elle a connu une croissance exceptionnelle, partie du Japon pour s’étendre aux
NPIA, puis aux autres pays: c’est le miracle asiatique. Mais la crise qui a déstabilisé les
économies dans les années 1990 a rappelé au monde la vulnérabilité de cette région. Quels
facteurs sont à l’origine des performances de la région ? Quelles sont les contraintes à la
dynamique économique de l’Asie-pacifique ?

I- LES FACTEURS D’ÉMERGENCE DE L’ASIE-PACIFIQUE


1- Les facteurs naturels, historiques et culturels
L’Asie-pacifique dispose d’un cadre naturel favorable aux activités économiques et à
l’implantation humaine. Les plaines (20% de la superficie de la région) arrosées par les pluies
de mousson favorisent le développement des activités agro-pastorales. Les puissants
fleuves tels que Yang Tsé Kiang et le Mékong permettent l’implantation de barrages
hydro-électriques et hydro-agricoles. L’insuffisance des ressources naturelles a imposé
l’ouverture au monde facilitée par l’insularité. La région abrite des nombreux ports modernes
et multifonctionnels permettant de développer la pêche, les transports, le commerce et une
intégration dans l’économie mondiale50.
L’Asie-pacifique a connu une industrialisation précoce avec la révolution du Meiji.
Après la seconde guerre mondiale, le Japon devient l’allié principal des USA et bénéficie
d’importants capitaux américains. Les grandes entreprises sont à nouveau autorisées. Avec
la décolonisation, les pays ont hérité d’importantes infrastructures (entrepôts, routes, bases
navales et aériennes, etc.). Ces Etats ont pris très tôt en main leur propre destinée.
Au plan culturel, la tradition du confucianisme attribue un rôle fondamental à la
collectivité, au groupe plutôt qu’à l’individu. Partout l’asiatisme (système de valeur fondé sur
le travail, la discipline, le respect de la famille et des personnes âgées, la primauté du groupe
sur l’individu) est ancré dans les esprits. Le respect de ces valeurs, facteur de stabilité
sociale, a favorisé une société consensuelle qui transparait aussi dans l’entreprise où le

50En 2015, les 10 premiers ports au monde en fonctions du tonnage se situent en Asie de l’Est (Chine et
Singapour)
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salarié n’hésite pas à faire des heures supplémentaires.

2- Un poids démographique énorme et un Etat omniprésent


Estimée à 2.177.066.000 habitants en 2017, la population de l’Asie-pacifique est à la
fois un vaste marché de consommateurs et un grand réservoir de main d’œuvre docile, bon
marché et qualifiée. De nombreux pays (Chine, Japon dragons) ont terminé leur transition
démographique depuis longtemps.
L’Etat protège l’économie (dumping économique), encourage la formation et la
recherche, soutient le développement industriel (mesures fiscales destinées à attirer les
investisseurs, création de zones franches industrielles, dérèglement du système). Il facilite
également l’intégration des entreprises nationales et internationales ainsi que les petites et
moyennes entreprises privées.

3- Les facteurs économiques et le rôle du Japon


Au lendemain de la seconde guerre mondiale, les investissements américains ont
permis un développement rapide du Japon. Le Japon a développé un modèle extraverti
fondé sur des exportations massives51. Les coûts de production de plus en plus élevés et la
pauvreté en ressources naturelles poussent le Japon à délocaliser vers les pays voisins. Ce
modèle de développement est ensuite copié par les dragons qui ont bénéficié d’abord de la
croissance japonaise. Les tigres et la zone côtière de la Chine ont à leur tour bénéficié des
capitaux japonais et de ceux des Dragons.

Entre ces pays se développent d’importants échanges commerciaux et financiers. La


hiérarchie économique est organisée autour de deux puissances :
• la Chine (1ère puissance régionale ; puissance économique, commerciale, industrielle,
financière, politique, militaire, démographique, aéronautique, aérospatiale)
• le Japon (2ème puissance régionale ; puissance économique, commerciale, industrielle,
financière, technologique, démographique).
• Ensuite viennent les Dragons : centres financiers et industriels.
• Enfin les tigres : pays ateliers, ils ont bénéficié des investissements étrangers et
participent activement à la production industrielle mondiale. De nouveaux pays tels
que le Cambodge, le Vietnam, la Birmanie, le Bengladesh s’intègrent de plus en plus à
l’espace Asie-pacifique grâce à leur main d’œuvre bon marché et à leur ressources
naturelles.
II- L’ASIE-PACIFIQUE : UNE ZONE DE PROSPÉRITÉ ÉCONOMIQUE
Grâce à leur croissance économique, les pays de l’Asie-pacifique se sont intégrés à
l’économie mondiale. Les investissements étrangers et les délocalisations ont permis un
boom industriel et commercial. L’Asie orientale représente près du quart de la richesse et
des échanges mondiaux. La région abrite les 8 premiers ports mondiaux en trafic dans le
monde. On note un recul du secteur primaire au profit des activités industrielles et des
services.
La Chine est devenue le deuxième investisseur mondial avec 183 milliards de dollars

51Le modèle de développement du Japon est d’abord fondé sur l’utilisation d’une main d’œuvre à bas coût et sur
les exportations massives. A mesure que le niveau de vie augmente, on remonte vers les secteurs à haute
technologie nécessitant une main d’œuvre qualifiée et peu de matières premières. Enfin, le rôle d’atelier est
abandonné aux dragons bénéficiant d’une main d’œuvre meilleur marché.
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d’IDE sortants en 201652 et le yuan devenu depuis 2015 une monnaie de réserve
internationale.
L’expansion de la puissance asiatique s’illustre également par le développement de
grandes métropoles de dimension mondiale comme Tokyo, Shanghai, Singapour,
Hong-Kong, Séoul…

III-LES LIMITES DE LA RÉUSSITE ÉCONOMIQUE DE L’ASIE-PACIFIQUE


1- Les handicaps naturels
Les montagnes et les plateaux qui occupent 65% de la superficie de l’Asie-pacifique
entraient un déséquilibre dans la mise en valeur économique et l’occupation de l’espace. Les
très fortes densités dans les zones de plaines entrainent une surexploitation de fortes
pressions. Les jeunes montagnes sont marquées par de violents séismes tandis que les
pentes et la présence de roches dures limitent les possibilités de mise en valeur et la
construction d’infrastructures de communication. L’insularité soumet la région aux tsunamis
très fréquents (Indonésie 26 décembre 2004 ; Japon 11 mars 2011). Le climat est favorable
aux typhons et aux inondations.

2- Le poids démographique
L’immense poids démographique constitue un réel problème. La croissance rapide et
la jeunesse de la population de certains pays sont de véritables obstacles à la rentabilité des
retombées de la croissance économique. La demande sociale limite les capacités
d’investissement des Etats. Avec ce poids démographique, se posent des problèmes de prise
en charge des besoins sociaux et économiques. Le développement des régions littorales
entraine un exode rural massif.

3- Les effets pervers de l’influence occidentale


L’ouverture à l’Occident a provoqué de profondes mutations sociales et modifié les
rapports sociaux. L’émancipation des jeunes et des femmes qui aspirent au mieux-être a
entrainé une baisse de productivité. Avec l’élévation du niveau de vie et de l’instruction, les
populations aspirent de plus en plus à la démocratie et au respect des droits de l’homme. La
multiplication des revendications démocratiques et les répressions qui s’en suivent souvent
causent un frein à la croissance et découragent les investisseurs.

4- De fortes dépendances
L’Asie-pacifique présente de fortes dépendances dans les secteurs industriel (tels que
l’aéronautique, l’aérospatiale même si la Chine est la 3ème puissance53), financier,
technologique et commercial liée au haut niveau d’extraversion. Les économies sont
fortement dépendantes des prêts, des marchés internationaux et de la fluctuation des cours
des monnaies comme le dollar et l’euro. Cette dépendance expose les pays de
l’Asie-pacifique aux crises économiques. Les exportations sont à la merci des mesures
protectionnistes et soumises aux fluctuations du cours des matières premières. Leur baisse
provoque à son tour une baisse de production, des fermetures d’entreprises, des pertes
d’emplois et un ralentissement de l’activité économique.
La région est aussi dépendante en matières premières et au plan militaire notamment

52 Derrière les USA qui ont investi 299 milliards de dollars


53 La Chine a envoyé le premier taïkonaute le 15 octobre 2003
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pour le Japon, la Corée du sud et Taïwan (dont la sécurité est assurée par la 7ème flotte
américaine). Malgré sa puissance économique, le Japon reste un nain politique et militaire.
Depuis peu, il manifeste une volonté de revenir sur la scène internationale par l’envoi de
militaires en Irak en 2003 pour pacifier le pays. La grande puissance militaire et politique
régionale reste la Chine.

5- Le coût écologique du développement


Les fortes densités de population, en particulier sur les bandes côtières étroites, ont
conduit à une artificialisation des milieux ce qui pose des problèmes environnementaux avec
la forte pollution de l’air et de l’eau notamment dans les villes. Ces fortes densités sont un
facteur aggravant en cas d’épidémies comme en 2003 avec le Syndrome respiratoire aigu
sévère (SRAS) qui a frappé toute l’Asie du sud-est.
L’industrialisation et le développement économique de certains pays se sont
accompagnés d’importantes dégradations environnementales. La Chine est devenue le
premier émetteur de gaz à effet de serre. A cela s’ajoute les risques d’accidents industriels
comme celui den Fukushima au Japon en 2011.
La surexploitation des sols et la déforestation provoquent des crises
environnementales.

Conclusion
Moins d’un demi-siècle après les indépendances, l’Asie-pacifique est devenue l’un des
pôles majeurs dans le système-monde. Sous la houlette du Japon (aujourd’hui relayé par la
Chine), la région s’est développée de façon fulgurante passant d’une économie agraire à une
économie industrielle et de services. Mais cette croissance est limitée par de nombreux
facteurs endogènes et exogènes et les tensions qui opposent les pays de la région. C’est une
zone de croissance sans développement car à l’exception du Japon et des dragons, les pays
sont confrontés aux fléaux propres aux pays en développement.

Chapitre II : LE JAPON


Leçon 10 : LE MODELE ECONOMIQUE JAPONAIS : CARACTERISTIQUES ET PROBLEMES
Introduction
Le Japon est un archipel volcanique situé entre l’océan pacifique, la mer de Chine orientale et
la mer du Japon. Il est constitué de quatre îles principales (Hokkaido, Honshu, Shikoku et
Kyushu) ainsi que d’environ 3000 autres petites îles appartenant à la préfecture d’Okinawa. Le
pays s’étend sur 3000 km du nord au sud et couvre une superficie de 377829 km². La réussite
économique spectaculaire du Japon a été souvent qualifiée de miracle. En effet, entré
tardivement dans l’ère industrielle, écrasé en 1945, le Japon a rattrapé son retard avec une
rapidité impressionnante. Aujourd’hui, le Japon est la 3e puissance économique et membre
de la triade. Cependant, il révèle encore des signes de fragilité. Quels sont les fondements de
son économie ? Quels aspects caractérisent sa puissance ? Quelles sont les limites de son
économie ?

I. LES CARACTÉRISTIQUES DU MODÈLE ÉCONOMIQUE JAPONAIS


1- La population, premier atout du Japon
Avec une population de 126,7 millions d’habitants en 2017, soit une densité de 335 hab/km2,

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le Japon est la 11e puissance démographique du monde. La population constitue un vaste
marché intérieur avec un niveau de vie et de revenus élevé (PIB/ hbt : 43258 $/ hbt en 2017 ;
IDH : 0,903). Elle consomme une grande part de la production. La population active est
nombreuse (38,9 millions d’actifs en 2016) et très bien formée. La main-d’œuvre japonaise
se caractérise aussi par l’ardeur au travail (44 heures par semaine, de nombreuses heures
supplémentaires et seulement 20 jours de congé payés).
La quête du consensus et la solidarité demeurent les principaux fondements la
société japonaise. Presque partout, la priorité est donnée au consensus plutôt qu’aux
querelles, à l’intérêt collectif plutôt qu’à l’intérêt individuel. En plus, les Japonais accordent
une importance fondamentale aux liens communautaires (famille, entreprise, Etat) et au
respect de la hiérarchie hérités de la religion shintoïste et de l’influence confucéenne. Cette
soumission au groupe et au patron explique que les travailleurs n’hésitent pas à porter
l’uniforme de l’entreprise, à chanter l’hymne de l’entreprise ou à se plier aux séances de
gymnastique au sein de l’entreprise.

2- Une organisation économique originale et efficace


Le japon a un système économique dual reposant sur une division du travail. D’une
côté les firmes multinationales ou keiretsu (exemple Toyota, Nissan) organisées autour des
sociétés commerciales chargées de récolter et de repérer les meilleurs marchés ; d’un autre
côté un réseau de PME/ PMI qui servent de sous-traitants et d’amortisseurs au FMN. Les
conglomérats collaborent avec les PME. Celles –ci représentent près de 90% des
entreprises et assurent près de 75% des emplois et près de la moitié de la production. Ces
dernières sont à la pointe de l’innovation technologique et font preuve d’un dynamisme
remarquable.

3- Le rôle de l’Etat
L’Etat joue un rôle très actif dans l’organisation économique du Japon. Cette tradition
interventionniste remonte à l’ère Meiji (1868). L’intervention de l’Etat s’effectue par
l’intermédiaire du METI (Ministère de l’économie, du commerce et de l’industrie). Grâce à cet
organe, l’Eta planifie de façon souple l’économie, définit les objectifs prioritaires, oriente la
politique financière, etc.
La concertation s’effectue aussi entre les dirigeants des entreprises organisés dans le
Keïdanren (syndicat patronal), les milieux d’affaires (Zaïkaï) et le pouvoir politique.

II- LA TROISIÈME PUISSANCE ÉCONOMIQUE MONDIALE

Le japon a une économie tournée essentiellement vers le tertiaire avec une part importante
pour l’industrie. Le primaire ne représente que 3,5% des actifs et 1,1% du PIB du fait de
l’insuffisance des terres cultivables, de la mécanisation. La pêche est une activité importante
de ce secteur.

1- Une puissance industrielle et technologique


L’industrie représente 24,3% des actifs et 28,9% du PIB. Les principales industries
sont : l’automobile (Toyota, Nissan), les équipements électroniques, les machines-outils, la
sidérurgie (Nippon Steel), la métallurgie, la construction navale, la chimie, le textile,
l’agroalimentaire. Le Japon se spécialise dans les industries de haute technologie,
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notamment dans la robotique, la biotechnologie, la nanotechnologie, les matériels
électriques et électroniques avec de grands groupes de renom comme Sony, Toshiba,
Hitachi…. Cette orientation permet au pays de compenser les handicaps en exploitant les
qualités de sa main d’œuvre hautement qualifiée.
Le pays traine toutefois un retard dans les secteurs aéronautique, aérospatial, la
production de logiciels.
2- Une grande puissance commerciale et financière
Le tertiaire emploi 72,2 % des actifs et crée 70% du PIB.
Quatrième puissance commerciale mondiale 645 milliards de dollars (4%)
d’exportations et 607 milliards de dollars (3,7%) d’importations de marchandises en 2016, le
Japon fait reposer sa puissance économique sur la force de ses exportations. Le commerce
extérieur représente 31,3% du PIB. Les échanges portent essentiellement sur les
équipements de transport, automobiles, semi-conducteurs, machines électriques, produits
chimiques, les combustibles, biens alimentaires, textiles, matières premières. De 2011 à
2015, sa balance commerciale est déficitaire, un déficit qui s’est aggravé au fil des années
avec l’accident nucléaire de Fukushima et la récession économique qui a suivi. Toutefois,
grâce aux réformes initiées par le premier ministre, Shinzo ABE, le pays a retrouvé un
excédent commercial à partir de 2016 abénomics54.
Exportations Importations
Services 180,006 188,86
Source : OMC, 2017
Principaux partenaires commerciaux en 2017
Exportations Importations
États-Unis (19,3 %), Chine (19 %), Corée Chine (24,5 %), États-Unis (11 %), Australie
du Sud (7,6 %), Hong Kong (5,1 %), (5,8 %), Corée du Sud (4,2 %), Arabie saoudite
Thaïlande (4,2 %) AUTRES : 44,7% (4,1 %) AUTRES : 50,4%
Source : Comtrade

Le japon est aussi une puissance financière grâce au poids du Yen et de la bourse de Tokyo.

3. Le Japon dans la région Asie – Pacifique


Actuellement, le Japon effectue un recentrage sur la région Asie – Pacifique et tente
de structurer autour de lui l’activité économique de cet espace pour mieux faire face à
l’ALENA et à l’Union européenne. Ainsi, la création de l’Association Economique de
l’Asie-Pacifique (APEC) en 1989 et le projet de mise en place d’une Zone de Libre Echange
avec notamment la Corée du Sud et la Chine pour 2020 entrent dans le cadre de cette
stratégie. Dans l’Asie – Pacifique, le Japon intervient principalement par ses
investissements. Ainsi, 60 % de l’aide publique japonaise au développement sont réservés à
cette région.

III. LES LIMITES DE LA PUISSANCE ET DU MODÈLE ÉCONOMIQUE JAPONAIS

54Politique économique prônée par Shinzo Abe depuis décembre 2012. Reposent sur une politique fiscale
flexible (plan de relance budgétaire, maîtrise des dépenses publiques à moyen terme, une hausse de la TVA
assortie d’un plan de relance, une réforme énergétique, ouverture économique, réforme agricole, création de
zones économiques spéciales, réforme financières, réforme de l’immigration, baisse de l’impôt sur les sociétés)
GEOGRAPHIE Terminale / M. DIATTA /TS1 - LSED /Année scolaire : 2018-2019Page 39
1. Les contraintes naturelles
Le pays est confronté à plusieurs contraintes naturelles :
- le manque d’espace : plus de 70% du territoire est constitué de montagnes. Les
plaines intérieures sont très peu étendues. Elles se retrouvent surtout sur le littoral.
Avec l’urbanisation, la réduction des surfaces agricole réduit la production.
- L’insuffisance des ressources naturelles : le sous-sol est pauvre. Les minerais
existants ne peuvent faire l’objet d’une exploitation rentable à l’exception du charbon
et du fer. Avec la fermeture des centrales nucléaire depuis l’accident de Fukushima, le
pays importe massivement les ressources énergétiques.
- La récurrence des catastrophes naturelles : le Japon est fréquemment secoué par
des tremblements de terre. Celui du 11 mars 2011 suivi d’un tsunami a fait plus de
16000 morts. A cela s’ajoutent les volcans, cyclones, vagues de froids … qui font
parfois des ravages.

2 - Les contraintes humaines


Avec une population de 126,7 millions d’habitants, le Japon a l’un des taux de vieillissement
les plus élevés (28% de personnes âgées contre 12% de jeunes). Le pays souffre d’un déclin
démographique, d’un déficit de main d’œuvre. Avec la récession économique, le chômage
(3,14% des actifs en 2016 2,82% en 2017) et la pauvreté grimpent ; 16,10% de la population
vivaient sous le seuil de pauvreté en 2016.

3. La dépendance extérieure
Les insuffisantes ressources du sol et du sous-sol placent le Japon dans une situation de
dépendance énergétique, minière et alimentaire. Dans le domaine énergétique, plus de 85 %
de l’énergie consommée par le Japon sont importés. Pour les ressources minières, les
importations sont également massives : 100 % de la bauxite, 98 % du fer, 75 % du nickel, etc.
Sur le plan alimentaire, la production agricole ne couvre que 50 % des besoins du pays. Le
Japon est ainsi devenu le premier importateur mondial de produits alimentaires (blé, viande,
sucre, soja, etc.). Seules les productions de riz et de la pêche sont relativement suffisantes
Le marché intérieur est très étroit pour les capacités de production et d’investissement du
Japon. Du fait de l’extraversion de l’économie, le Japon dépend des marchés et des capitaux
extérieurs. Les fluctuations monétaires et celles du prix du pétrole ont un impact
considérable sur son économie.

Conclusion
Troisième puissance économique, le Japon est l’un des pays les plus touchés par la crise
économique du fait de sa forte dépendance et de son extraversion. Le séisme et tsunami de
mars 2011 ont plongé le pays dans une nouvelle récession économique. Puissance
économique, le Japon est aussi un nain politique, militaire et culturel qui entend jouer un rôle
plus important sur la scène internationale à la mesure de son poids économique.

GEOGRAPHIE Terminale / M. DIATTA /TS1 - LSED /Année scolaire : 2018-2019Page 40


Leçon 11 : La Chine : Les problèmes démographiques

Introduction
Pays le plus peuplé du monde, la question démographique a toujours constitué une
préoccupation en Chine. Elle a été au cœur de toutes les politiques de développement
menées dans le pays depuis l’arrivée des communistes au pouvoir en 1949. La forte
croissance de la population et les politiques démographiques mises en place pour y
répondre ont entrainé de nombreux problèmes démographiques qui font partie des défis
actuels pour les autorités chinoises.

I- LES PROBLÈMES DÉMOGRAPHIQUES


1- Un poids démographique considérable
Avec 1.386.800.000 habitants en 2017, soit 18,4 % de la population mondiale, la Chine est la
première puissance démographique du monde. Ce poids démographique énorme entraîne
des problèmes de logement, d’éducation, d’emploi, de transports, d’alimentation, etc. Il
explique largement la situation de pauvreté de millions de chinois55.

2- Une inégale répartition de la population chinoise


La population est inégalement répartie sur le territoire national. La majeure partie de la
population est concentrée dans les parties Sud et Est du pays. Dans ces régions, les
densités dépassent les 200 habitants/ km². Le Nord et l’Ouest sont peu peuplés avec des
densités allant de 1 à 50 habitants/ km².
Les facteurs de cette inégale répartition sont d’ordre naturel, historique et économique.
En effet, les plaines, les vallées alluviales et les zones pluvieuses (du fait de la mousson)
sont situées au Sud et à l’Est. Les infrastructures économiques, les grandes villes, les
centres de décision politique, les centres de la culture chinoise, en un mot la « Chine utile »
s’y localisent.
Le Nord et l’Ouest correspondent aux déserts, aux montagnes, aux hauts plateaux. C’est
là où l’on rencontre la plupart des minorités chinoises (Tibétains, mongols, …).

3- La question des minorités nationales


On trouve de nombreuses minorités nationales (officiellement 55 nationalités
minoritaires). En effet, aux côtés de la majorité Han qui représente 94 % de la population
totale, on a les Ouïgours, les Mongols, les Tibétains.
Les Ouïgours sont des musulmans sunnites d’origine turque, des éleveurs nomades ou
des agriculteurs d’oasis. Ils peuplent principalement les régions désertiques du nord-ouest
de la Chine.
Les Mongols sont aussi des nomades de religion lamaïste56 qui occupent leur territoire
historique, la Mongolie intérieure.
Les Tibétains sont installés sur les hauts plateaux du Tibet. Ils représentent la minorité
nationale qui manifeste le particularisme ethnique, linguistique et religieux le plus vivace
sous la direction de leur chef spirituel, le Dalaï Lama.

55La population vivant sous le seuil de pauvreté est estimée en 2015 à 3,3% de la population.
56 Le lamaïsme est une variété du culte bouddhique qui s’était développée au Tibet au contact de bön, ancienne
religion autochtone.
GEOGRAPHIE Terminale / M. DIATTA /TS1 - LSED /Année scolaire : 2018-2019Page 41
Les minorités forment des communautés qui s’intègrent difficilement à la société
chinoise.

Chef politique et spirituel du peuple tibétain, le Dalaï Lama est, selon la


religion bouddhique, l’incarnation du Bodhisattva. Tenzin Gyatso, de son vrai
nom Lhamo Dondump, est actuellement le quatorzième Dalaï Lama. Il est
déclaré Dalaï Lama à l’âge de 3 ans et est le témoin de l’invasion de son pays
par “l’armée de libération” chinoise en décembre 1950. L’échec de la révolte de
Lhassa, en 1959, contraint le Dalaï Lama et 80.000 Tibétains à l’exil en Inde.
Dès lors, Tenzin Gyatso ne cesse de prôner de façon pacifique la libération de
son pays, multipliant les conférences et les rencontres. Il est nommé prix Nobel
de la paix en 1989 pour son action. Le Dalaï Lama est aujourd’hui réfugié à
Dharamsala, siège du gouvernement tibétain dans l’Himalaya indien, d’où il
attend le départ des autorités chinoises. En 2008, il est au coeur de l’actualité
internationale à travers les violences inouïes faites aux moines tibétains se
rebellant contre l’armée chinoise et le blocage de leur pays.

II- LES POLITIQUES DÉMOGRAPHIQUES DE LA CHINE


1- De la politique de l’enfant unique à la politique de deux enfants
Pendant toute la période maoïste, la Chine a connu une forte croissance démographique,
malgré les innombrables politiques démographiques. Mais, à partir de 1979 le pays adopta
une politique de limitation des naissances stable après les tentatives de 1956 et au début
des années 1960. Cette politique avait pour objectif de stabiliser la fécondité à un bas niveau
afin de promouvoir un développement démographique équilibré sur le long terme,
d’encourager l’enfant unique et d’empêcher plus de deux naissances par famille. La politique
de l’enfant unique est l’une des politiques démographiques les plus contraignantes du
monde. Les couples qui respectent le principe de l’enfant unique se voient accorder des
privilèges ou avantages (bonus sur le salaire des parents, un congé de maternité de 6 mois,
la priorité dans les crèches et les magasins d’alimentation). Des sanctions sont prévues
(diminution des salaires des parents de 10 %, la suppression du congé de maternité, la
suppression des subventions) pour les couples récalcitrants. Cependant depuis 2013, le
gouvernement a annoncé l’assouplissement de la politique de l’enfant unique. Elle a été
définitivement abandonnée octobre 2015 à cause de ses nombreux effets négatifs. La
nouvelle politique, mise en place dans l’espoir de ralentir le vieillissement mais aussi de
remédier au déséquilibre des sexes à la naissance, permet désormais à chaque couple
d’avoir deux enfants. Mais, la forte hausse du coût de la vie, conjuguée à une précarité sur le
marché du travail, notamment pour les femmes, dissuade la majorité des couples de profiter
de ce droit

2- Les politiques migratoires


Les disparités régionales ont provoqué le développement des mouvements migratoires,
particulièrement l’exode rural. Pour les corriger, l’Etat chinois a développé des politiques
(ouverture de centres industriels, salaires incitatifs et développement des voies de
communication) pour inciter les populations à coloniser les terres vierges du Nord et de
l’ouest.
GEOGRAPHIE Terminale / M. DIATTA /TS1 - LSED /Année scolaire : 2018-2019Page 42
Conclusion
Les problèmes démographiques constituent la base du maintien de la Chine dans le
Tiers-Monde. Les efforts qui ont été faits pour atténuer les contraintes de la démographie
sur le développement ont porté leurs fruits car la croissance démographique est maîtrisée.
Toutefois, la politique rigoureuse qui a permis à la Chine de maîtriser sa croissance
démographique présente aujourd’hui des conséquences néfastes qui ont conduit à l’abandon
de la politique dite de l’enfant unique remplacée aujourd’hui par la politique des deux
enfants.

Leçon 12 : La Chine : Le modèle de développement économique et social

Introduction
D’un modèle communiste adopté à partir de 1949, la Chine s’est progressivement ouverte à
l’économie de marché. Grâce aux réformes initiées depuis 1978, le pays a connu le
développement économique le plus rapide au monde. Il s’est hissé au 2éme rang mondial sur
le plan économique depuis 2010. Son modèle de développement ne cesse d’inspirer des
pays en développement. L’« Empire du Milieu » œuvre également pour développement social.

I- LES CARACTÉRISTIQUES DU MODÈLE ÉCONOMIQUE CHINOIS


1- Une économie socialiste de marché
A partir de 1977, sous l’impulsion de Deng Xiaoping, la Chine devient un pays d’économie
mixte où planification et économie de marché cohabitent : c’est l’économie socialiste de
marché qui désigne le retour au capitalisme avec l’initiative privée comme moteur du
développement. En effet, le gouvernement encourage l’entreprise privée dans le domaine
agricole et industriel. L’économie s’ouvre au commerce international et aux investissements
étrangers. Dans cet élan, sont créées quatre zones franches d’exportation appelées Zones
Economiques Spéciales (ZES).

2- Une politique d’ouverture


Les réformes lancées par Deng Xiaoping ont ouvert la Chine à l’extérieur. Le pays s’est
transformé en atelier du monde en accueillant d’importants investissements étrangers. Le
pays est devenu le troisième destinataire mondial d’IDE en 2016 avec 134 milliards de
dollars et le deuxième en 2017 avec 136,32 milliards de dollars. On estime à 430.000 le
nombre d’entreprises étrangères implantées aujourd’hui en Chine. Les pays de l’Asie de l’Est
sont aussi les premiers investisseurs en Chine. Ces investissements ont permis la création
de zones économiques spécialisées (ZES)57.
Aujourd’hui, la Chine a l’un des taux de croissance du PIB les plus élevés au monde
(10,64% en 2010 ; 9,54% en 2011 ; 7,3% en 2014 ; 6,7 en 2016 et 6,6% en 2017). Elle est la
première puissance commerciale mondiale de biens (2263 milliards de dollars
d’exportations et 1842 milliards de dollars d’importations en 2017) et le deuxième
importateur de services commerciaux (464 milliards de dollars), le cinquième exportateur
(226 milliards de dollars).

II- LES FAIBLESSES DU MODÈLE ÉCONOMIQUE CHINOIS

57Les zones économiques spéciales (ZES) sont des zones bénéficiant d’une règlementation économique
spécifique, différente du reste du pays, dans le but d’attirer des entreprises et investisseurs étrangers.
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1- La persistance de la misère
Le développement social ne s’est pas encore généralisé. Le chômage demeure encore
important. La misère concerne essentiellement les paysans. Malgré les innombrables efforts
de développement, la pauvreté demeure persistante. Même si les chiffres officiels disent le
contraire : officiellement le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté est de
3,3% en 2016 et le taux de chômage de 4,1% en 2017. Le PIB/habitant reste encore faible
avec environ 8932 $ / habitant en 2017.

2- L’apparition de nouvelles disparités


De profondes disparités sont notées aussi bien sur le plan social que sur régional. Au
plan social, on remarque, l’apparition d’une nouvelle classe de riches ou de bourgeois et
d’une classe moyenne.
Au plan régional, la richesse et le dynamisme sont aujourd’hui concentrés sur le
littoral qui produit 61% du PIB chinois.
3- L’absence de démocratie
Depuis le début des années 1980, les chinois réclament la « Cinquième modernisation »
c’est-à-dire la démocratisation. Les manifestations pour la démocratie en juin 1989 ont subi
une brutale répression de la place Tian'anmen. Pour l’Etat chinois, la « liberté du corps »,
c’est-à-dire le bien-être, est plus importante que la « liberté d’esprit », c’est-à-dire la
démocratie.
III- LA POLITIQUE SOCIALE
Le premier défi que la Chine a été de maîtriser de la démographie. La nécessité d’un
contrôle des naissances s’est faite sentir dès le début des années 1960. Au cours des
années 1970, des politiques contraignantes pour limiter la fécondité sont mises en place :
sanctions financières, sanctions pénales, sanctions professionnelles pour les parents de
plus d’un ou deux enfants. Ces mesures autoritaires ont été plus inégalement appliquées et
se sont heurtées à des résistances, mais elles ont joué un rôle important dans la réduction
des taux de fécondité et de natalité. En raison de la jeunesse de la population, la croissance
démographique s’est maintenue jusque dans les années 2000. Alors que les Chinois étaient
environ 540 millions en 1949, leur nombre a atteint 1 386 800.000 habitants en 2017.  Le
pays risque de connaitre un déclin démographique. Les projections prévoient une population
de 1 314 millions à l’horizon 2050.
Entre 2004, la croissance démographique n’était que de 0,62 % tandis que la croissance
économique dépassait 12 %. En 2014, elle a chuté à 7,3%. Cette croissance économique a
des effets sur les niveaux de vie. Ce développement renforce les revendications en faveur
d’une libéralisation politique jusqu’alors très limitée. Un grand pas est franchi en ce sens en
mars 1999 par les modifications constitutionnelles mais qui n’ont pas encore fait de la Chine
un Etat de droit.
Face à la forte pression démographique dans les campagnes, les experts chinois ont
estimé qu’il fallait réduire la population agricole chinoise de 150 millions d’individus.
L’exode rural qui s’en est suivi a poussé les autorités à développer l’emploi dans les villes
surtout grâce aux industries de biens de consommation. Cette politique permet à la fois de
décongestionner les campagnes et de trouver une solution au chômage.
Dans le domaine sanitaire, les progrès sont sensibles : la Chine est passée d’un
médecin pour 2 000 habitants en 1975 à 1,5 médecin pour 1000 habitants en 2011 et les

GEOGRAPHIE Terminale / M. DIATTA /TS1 - LSED /Année scolaire : 2018-2019Page 44


dépenses de santé ont atteint 5,5% du PIB 2016. Dans le domaine de l’éducation, des efforts
sont également faits. Le taux d’alphabétisation des 15-24 ans est de 99,7% en 2016.
Conclusion
Premier pays industriel du Sud, la Chine réalise un développement économique stable
et durable. La stabilité politique, la hausse de la demande intérieure, l’urbanisation et la
libéralisation économique constituent les moteurs de ce dynamisme. Cependant, Son
modèle de développement doit relever certains défis.

QUATRIEME PARTIE : L’Amérique latine.


Chapitre I : Présentation générale.
Leçon 13 : L’Amérique Latine : Milieux naturels et populations
Introduction
Couvrant une superficie de 22,5 millions de km2, l’Amérique Latine s’étend du Mexique au
Nord au Cap Horn en Argentine au Sud. Sa position latitudinale (entre 30°N et 55°Sud) a
favorisé un milieu naturel riche et varié avec de nombreuses potentialités économiques.
Comptant 643 millions d’habitants en 2017, sa population, ancienne et très diversifiée, se
caractérise par une croissance naturelle moyenne, et par de grandes disparités spatiales et
sociales.
I- LES MILIEUX NATURELS DE L’AMÉRIQUE LATINE
1- Le relief
Le relief est disposé de façon méridienne (Est – Ouest).
A l’Ouest, on a des montagnes, de hauts plateaux et des volcans. Les montagnes sont
constitués par la Cordillère des Andes (7000km) qui est le prolongement des Rocheuses
(nord Amérique). Le point culminant dans ce système montagneux est le mont Aconcagua
(6959m).
La cordillère des Andes (grande chaîne de montagnes sur la côte occidentale de
l’Amérique du Sud) présentent encore des traces de volcanisme et les séismes sont souvent
fréquents.
A l’Est Les plaines sédimentaires occupent le tiers du territoire. Elles dépassent
rarement 200 mètres (plaines de l’Amazonie, du Chaco, de la Pampa argentine, etc.). A côté
des plaines, on a le plateau brésilien et celui de Guyanes.

2- Les climats et végétations


L’essentiel du territoire latino-américain se situe entre les tropiques. Seules les Andes et
l’extrémité Sud connaissent une saison froide.
On distingue les climats suivants :
Le climat tropical qui a deux formes : le climat tropical sec avec des températures élevées
(25 à 30°C) et le climat tropical humide. C’est le domaine de la forêt claire, de la savane
herbeuse ou campos sur le plateau brésilien, de la steppe au niveau du Chaco.
Le climat équatorial : il est constamment chaud et humide avec des températures élevées
(28°C en moyenne) et des pluies abondantes (supérieures ou égales à 2500mm par an).
C’est le domaine de la forêt dense ou Selva (forêt amazonienne)
GEOGRAPHIE Terminale / M. DIATTA /TS1 - LSED /Année scolaire : 2018-2019Page 45
le climat de montagne ou tempéré : il concerne les Andes et le sud de l’Amérique latine. La
végétation est une vaste prairie herbeuse dans la pampa. La prairie est remplacée par une
végétation de steppe froide dans la Patagonie (région du sud du Chili et de l’Argentine).
Le Nordeste (nord-est du Brésil) qui échappe aux effets humides des alizés du sud-est
souffre de sécheresse catastrophique.

3- L’hydrographie
L’Amérique latine dispose d’un réseau hydrographique très dense. On distingue des fleuves
tels que l’Orénoque (2 650 km), l’Amazone (6 400 km) et ses nombreux affluents (le
Madeira, le Rio Negro, etc.), le Sao Francisco (2 900 km), le Paraná (3 940 km) et le
Paraguay (2 550 km).
L’Amazone, dont la plus grande partie se trouve au Brésil, est le fleuve le plus important du
monde par l'étendue de son bassin (7 millions de km2), par le nombre d'affluents (plus de
100) et par son débit (120 000 m3/seconde).
Les fleuves offrent de grandes potentialités hydroélectriques et de larges possibilités
d’irrigation et de navigation.

II- LA POPULATION LATINO-AMÉRICAINE


1- Le peuplement de l’espace
Les indiens ont été les premières populations à occuper l’Amérique latine. Venus
d’Asie par le Détroit de Béring, ils ont créé les brillantes civilisations de l’Amérique
précolombienne (mayas, aztèques en Amérique centrale, incas sur les hauts plateaux
andins). Ces civilisations furent anéanties en moins d’un siècle par les conquérants
espagnols et portugais à partir du XVIème siècle. A côté des portugais et des espagnols,
Français, Italiens, Allemands ont afflué vers l’Amérique Latine surtout au XIXème siècle. Ils
se sont implantés dans les régions de plantations et dans les villes. La conquête s’est
accompagnée d’une forte évangélisation (missionnaires) et d’exploitation économique
(minière et agricole) qui a entraîné l’arrivée de plusieurs millions d’esclaves noirs entre le
XVIème et le XIXème siècle. Les Asiatiques sont arrivés tardivement.

2- Une population forte, métissée et inégalement répartie


La croissance démographique est moyenne. La population est estimée à plus de 643
millions d’habitants. Aujourd’hui, le rythme de croissance de la population connaît une
baisse. En effet, la fécondité a considérablement chuté. Cependant la population demeure
viellissante. Plus de la moitié des habitants ont moins de 20 ans. La population est
composée d’indiens, de blancs et de noirs. A côté de ces groupes humains, on note un
métissage très important sous trois formes :
- Les zambos : métissage entre indiens et noirs
- Les mulâtres : métissage entre blancs (européens) et noirs
Les ladinos : métissage entre indiens et européens (blancs).
La population est inégalement répartie. Les facteurs de la répartition sont essentiellement
physiques, historiques et économiques. D’immenses espaces ont des densités inférieures à
5 hab/km2 (forêt amazonienne, régions désertiques, hauts plateaux, hautes montagnes). La
population reste concentrée surtout sur les côtes, autour des plantations ou près
des mines. La population est fortement urbanisée. Le taux d’urbanisation varie entre 70 et
90 %. Les grandes villes sont nombreuses : Mexico, Sao Paulo, Rio de Janeiro, Buenos
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Aires, Bogota, Lima, La Paz, Santiago, Montevideo, etc.

3- Les problèmes sociaux


De fortes disparités sociales sont notées dans la population latino-américaine. En effet, les
richesses sont très inégalement réparties et les populations indiennes occupent le bas de
l’échelle sociale. Le chômage et la pauvreté sont le lot quotidien des populations. Cette
situation favorise des migrations internes vers les villes industrielles, minières, portuaires ou
de plantation mais aussi des migrations extérieures vers l’Amérique du Nord (USA).

Conclusion : L’Amérique latine est un territoire de diversité tant physique qu’humain.


L’Amérique latine se caractérise par une population forte, jeune, métissée et inégalement
répartie dans l’espace. Cependant, elle rencontre un certain nombre de problèmes sociaux.

CHAPITRE II : ETUDE MONOGRAPHIQUE


Leçon 14 : LE BRESIL : UNE PUISSANCE DU TIERS MONDE
Introduction
Avec un PIB de 2141 milliards de dollars, soit une PIB / habitant de 10135$/habitant, le
Brésil s’est placé au rang de 8e puissance mondiale en 2017. Cet immense pays d’Amérique
latine (plus de 8,5 millions de km2) à population importante (207,9 millions d’habitants en
2017), première puissance régionale, présente néanmoins beaucoup de caractéristiques
propres aux pays du Sud. Quels sont les fondements et les aspects de la puissance
brésilienne ? Quelles sont les limites de cette puissance.

I- LE BRESIL, UNE PUISSANCE ECONOMIQUE.


Le Brésil est la deuxième puissance émergente après la Chine, et la première d'Amérique
latine.
A- DE NOMBREUX ATOUTS
Le Brésil dispose d'une position géographique stratégique facilitant l’accès aux autres pays
sud-américains. Avec un immense territoire de 8.515.759 Km² (5ème territoire le plus vaste
au monde) et une grande diversité des milieux climatiques, la pays appartenant en majorité à
la zone chaude. Il possède la plus vaste réserve de terres disponibles du monde. Les sols
sont favorables aux cultures tropicales mais aussi tempérées dans la partie sud.
La forêt amazonienne avec ses immenses ressources et son potentiel économique est la
plus grande réserve biologique au monde.
Avec une longueur de 6500 Km, l’Amazone est le fleuve le plus long et le plus puissants.
Avec ses affluents, il permet la construction de barrages hydroélectriques.
Le pays est bordé à l’Est sur plus de 7360 km par l’Atlantique. Le littoral offre des plages et
des baies fascinantes telles que celle de Rio. Il favorise le développement du tourisme, du
commerce, de la pêche.
Les ressources minières sont abondamment exploitées, le Brésil étant le 2e exportateur
mondial et minerai de fer et le sous-sol regorgent de minerais (bauxite, or, manganèse,
nickel, phosphate, platine, étain, uranium, terres rares) auxquels s’ajoutent les réserves
pétrolières : selon l’Agence internationale de l’énergie, le Brésil est le 10e producteur mondial
d’or noir en 2016 et pourrait devenir le 6ème producteur en 2035 avec une production 6
GEOGRAPHIE Terminale / M. DIATTA /TS1 - LSED /Année scolaire : 2018-2019Page 47
millions de barils/jours. La production d'hydrocarbures est croissante.
A cela s’ajoutent des ressources humaines abondantes. Avec plus de 207,9 millions
d'habitants en 2017, le Brésil est la 5ème puissance démographique mondiale. La population
est toutefois vieillissante (23% de jeunes contre 8% de personnes âgées). La croissance
démographique a considérablement diminué (TAN de 0,7%). La densité est faible (24,6
habitants / Km² en 2016).
Cette population est mobile. Le creuset brésilien est réel (à l'exception des Indiens); il est
fondé sur une langue, le football et sur une culture commune ainsi que sur un fort sentiment
national.

A partir de 1960 et jusqu'à 1974, le Brésil a connu une forte croissance économique
avec des taux compris entre 5 et 10 % par an (miracle Brésilien).
Le pays a une économie extravertie, fondée sur de fortes exportations agricoles et une
industrie ouverte sur le monde.
Les trois (3) acteurs du décollage de l'économie sont l'Etat, le privé national, les
multinationales.
• L'Etat contrôle le 1/3 de la production et des banques. Sa place est prédominante
dans les domaines de l’énergie, des mines, des transports.
• Les entreprises nationales sont présentes dans les secteurs du bâtiment, du
commerce, des industries légères.
• Les multinationales contrôlent 90 % de la construction automobile (prédominance des
firmes américaines et Allemandes) et de l'industrie pharmaceutique, 70 % de la
construction électrique et l'électronique une grande partie de la production pétrolière,
agricole et agro-alimentaire (Neslè)

B- LES ASPECTS DE LA PUISSANCE BRESILIENNE


Le Brésil a connu une croissance rapide. Il est à la fois un géant agricole et un pays
émergent.
1- Le Brésil ; un géant agricole.
Avec 5,5% du PIB en 2017, le primaire emploie 10,3% des actifs. Le pays demeure le premier
producteur mondial de café (35% de la production mondiale et 31% des exportations), de
sucre (38,8 millions de tonnes soit 21,7% de la production et 47% des exportations
mondiales en 2016), de jus d’orange, de soja ; le 2e producteur de viande bovine et de
volaille58 ; le 4ème producteur de fèves de cacao (273,7 milliers de tonnes soit 6,1%). Le Brésil
est également un des plus importants producteurs mondiaux de bananes, de noix de cajou,
de maïs (3ème producteur avec 92 millions de tonnes et 2ème exportateur avec 31 millions de
tonnes en 2016-2017), de riz (9ème producteur avec 8 millions de tonnes), d’ananas, de
biocarburants, de bois. 
Il exporte de plus en plus de produits agricoles finis. Il est le second exportateur
agro-alimentaire après les Etats Unis. Les exportations de produits agricoles et
agroalimentaires ont rapporté 85 milliards de dollars en 2016.
La production minière et énergétique est aussi importante : 12ème producteur d’or
(avec 2,6% de la production mondiale) ; 7ème producteur de nickel (6,3% de la production);

58En 2016, le Brésil est le premier exportateur mondial de café, de sucre, de volaille ; le deuxième exportateur de
soja.
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8ème producteur sidérurgique avec 1,9% ; 10ème producteur de pétrole avec 136,7 millions de
tonnes (3,1%) ; 3ème producteur d’électricité hydraulique (384,3 Térawatt.heure) ; 4ème
producteur d’énergies renouvelables (19 millions tep) en 2016. Le pays envisage de devenir
à terme auto-suffisant en énergie.
Les matières premières agricoles et minérales, les hydrocarbures ont contribué à hauteur
de 60 % des exportations du pays en 201659.

2- La première puissance industrielle d'Amérique latine.


Le secteur secondaire compte pour 21,2% du PIB et emploie 22,2% des actifs. Le tissu
industriel est diversifié et couvre tous les secteurs de production. Le pays compte de plus en
plus sur la scène internationale pour les secteurs du textile, de l’automobile, de
l’aéronautique et de l’aérospatial, de la sidérurgie, de l’industrie chimique et de la pharmacie. 
Pour de nombreuses productions, les industries se classent parmi les 10 premières
mondiales (Automobiles60, armement, électronique...) Les industries à forte valeur ajoutée
sont particulièrement performantes (ordinateurs, satellites de communication, avions civils
et militaires...)61. L’industrie était l’un des secteurs les plus durement touchés par la
récession. Toutefois, la production est repartie à la hausse en 2017, signe d’une reprise du
secteur.
3- La première puissance commerciale du MERCOSUR.
Le tertiaire contribue pour 73,3% dans le PIB et 67,5% des actifs. Le pays s’est lancé ces
dernières années dans la production de services à haute valeur ajoutée, notamment dans les
domaines de l’aéronautique et des télécommunications.  
Les produits agricoles représentent 42,7% des exportations. Des sociétés brésiliennes
exportent des équipements industriels et techniques "clé en main" en Afrique et au Moyen
Orient.62 En 2017, les exportations de marchandises s’élevaient à 218 milliards de dollars et
les services à 34 milliards contre 157 milliards d’importations de marchandises et 66
milliards pour les services. Les principaux partenaires commerciaux sont l’UE, la Chine, les
USA, l’Argentine, le Japon.
Le Brésil est le premier pays de destination des IDE pour l’Amérique latine. En 2014, il
a reçu 73 milliards de dollars63 d’IDE et 65 milliards en 2015.
C’est est une puissance régionale qui s'intègre de plus en plus dans l'économie mondiale.
Il est le principal artisan de l'intégration économique avec ses voisins, l'Argentine, l'Uruguay,
le Paraguay dans le cadre du MERCOSUR.
II- LES HANDICAPS DU DEVELOPPEMENT BRESILIEN.
1- Une situation forte de dépendances économiques
Le pays est très dépendant de ceux qui ont financé son industrialisation et qui sont ses
principaux clients (Etats Unis, Union Européenne, Japon...). Cette dépendance constitue un
handicap important à la réussite de la politique économique brésilienne. Après une
croissance fulgurante de + 7,5% en 2010, le pays a connu une croissance molle : 2,7% en

59 Selon les données de la Direction Générale du Trésor Français.


60 Le Brésil est 10ème producteur de voitures en 2016 avec une production de 2156356 voitures.
61 L’entreprise brésilienne Embraer est le troisième constructeur d’avions derrière Boeing et Airbus avec plus de

8000 avions livrés en 2016 (6,2 milliards de dollars).


62 Les produits manufacturés ont représenté 40% des exportations en 2016.
63 4ème destinataire des IDE en 2014.

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2011, à peine 1 % en 2012. Il est entré en récession économique en 2015 (baisse du PIB de
-3,8%) et 2016 (-3,6%)64. Ce ralentissement conjoncturel s’explique par le contexte
international morose, la stagnation économique et la fragilité financière en Europe et le
ralentissement du secteur industriel en Chine.
Le Brésil est un pays très endetté. En 2017, la dette publique a atteint 76% du PIB et le
chômage 10,3% des actifs. Les excédents importants du commerce extérieur servent à payer
les intérêts. Toutefois, la situation économique semble s’améliorer depuis le début de l’année
2017.

2- De grandes inégalités sociales


Première puissance démographique d’Amérique latine, sa croissance a considérablement
diminué. Grace aux réformes initiées par Lula, la classe moyenne s’est développée et la
pauvreté a diminué. Cependant les inégalités sociales sont très grandes. 21,4% de la
population vivaient sous le seuil de pauvreté en 2016.
La main d'œuvre abondante (107.563.800 actifs en 2016) est sous payée, le pouvoir d'achat
est très faible et ne permet pas toujours d'accéder à la nourriture essentielle: plus de 30
millions de personnes sont victimes de malnutrition.
L'explosion sociale est menaçante, elle revêt parfois l'aspect d'émeutes de la faim, voire de
guérilla urbaine.
C'est en ville que les inégalités sont les plus flagrantes. Les 84% de la population
vivent en ville, pour la moitié dans de très grandes agglomérations, telles celles de Sao Paulo
(15 millions d'habitants) ou Roi de Janeiro (10 millions). Ces cités géantes montrent un
grand contraste entre un centre urbain riche avec des gratte-ciel, des quartiers résidentiels
luxueux et d'immenses bidonvilles (Favelas). La grande pauvreté et la richesse se côtoient.
L'économie souterraine65 a une place importante, elle permet de subsister. Mais la
violence et la pauvreté urbaine augmentent; les enfants en sont les premières victimes:
enfants au travail ou enfants abandonnés, et parfois assassinés. 7 à 9 millions d'enfants
abandonnés vivent dans les rues
La société Brésilienne est caractérisée par un métissage culturel et historique. Les blancs
ont un niveau de vie supérieur aux métis et surtout aux noirs et Indiens, en bas de la
pyramide sociale. Actuellement, les inégalités sociales sont de plus en plus des inégalités
d'origine raciale.

3- Des forts déséquilibres régionaux.


A l'opposition historique entre l'intérieur vide, "le sertao", et les régions côtières peuplées,
s'ajoute aujourd'hui, une forte opposition entre un centre et des périphéries.
a- Le Centre.
Il est constitué par le Sudeste," cœur vital" ou "triangle de base" du Brésil. Ce sont les trois
états de Sao Paulo, de Rio de Janeiro et de Minas Gerais avec la ville de Belo Horizonte qui
forment le centre économique, financier et culturel du pays. Avec plus de 40 % de la
population, ils concentrent 80 % de la production et abrite la plupart des sièges sociaux des

64 La récession peut aussi expliquée par les dépenses colossales engagées par l’Etat pour l’organisation des jeux
olympiques et du mondial de football.
65 Partie de l’activité économique qui n’est pas déclarée officiellement. Il s’agit en particulier des activités

illégales ou du travail au noir.


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grandes entreprises. On y trouve les grandes villes, les meilleures infrastructures... Les
autres régions sont dépendantes de ce centre de décisions.
b- Les Périphéries.
o Le Nordeste, centre historique du Brésil, est resté à l'écart du développement.
Marqué par la sécheresse, cette région déshéritée, est le domaine de l'exode
rural et de la misère.
o Les marges intérieures de l'Ouest ont une occupation discontinue malgré la
volonté, en 1956, d'y créer la capitale politique: Brasilia.
o Les 3 états du Sud, au climat tempéré, sont devenus la seconde région
économique. L'agriculture fondée sur la production de soja et de céréales ainsi
que sur l'élevage bovin est très moderne. Des implantations récentes
d'industries de base contribuent à son dynamisme.
o L'Amazonie est le plus important espace pionnier du monde, la forêt a
considérablement reculé pour laisser place à quelques pôles de
développement isolés dont les exploitations agricoles géantes appartiennent à
des multinationales.
Malgré la réalisation de routes transamazoniennes, les résultats de la colonisation agricole
et de la mise en valeur sont plutôt décevants, les grands projets ont eu souvent des
conséquences néfastes, voire irréversibles sur l'environnement national et mondial ainsi que
sur la vie des Indiens.
De nombreux organismes ont été créés pour lutter contre ces déséquilibres et favoriser le
développement régional (SUDAM pour le Nordeste, SUDENE pour le Sudeste). Mais
n'obtiennent pas les résultats escomptés. La mise en valeur adéquate de l’ensemble du
territoire reste difficile car le pays manque d’infrastructures de transports et l’immensité rend
les investissements colossaux. Le "centre" continue à drainer les hommes et les richesses
des périphéries.
4- Les problèmes agraires.
Le Brésil a encouragé les cultures commerciales au détriment des cultures vivrières dans un
pays où le problème de la terre reste aigu et se traduit par des conflits agraires violents.
Beaucoup de paysans sont sans terre ou dans une situation précaire (les CABOCLOS) alors
que les vastes étendues ne sont pas mises en cultures.
Les structures foncières se caractérisent par la forte opposition entre les "Latifundios"66
(Fazendas) et les minifundios. Les exploitations de plus de 1000 Ha représentent 1 % des
exploitations et couvrent plus de 40 % de la SAU.
Toutes les tentatives de réformes agraires ont échoué; les conséquences sociales sont
l'exode massif vers les villes, l'occupation de la terre sans titre de propriété, sans oublier les
fortes menaces qui pèsent sur la vie des Indiens d'Amazonie. Ce qui engendre violences et
contestations.
 CONCLUSION
Le Brésil est une puissance moderne. Membre des BRICS et partenaire important de la

66
Grand domaine privé d'exploitation agricole extensive et archaïque ;

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Triade, il a fait le choix de s’ouvrir et s’intégrer dans le commerce international pour devenir
une puissance régionale. Cependant, le bilan de cette ouverture à la mondialisation reste
mitigé car, malgré le développement industriel et commercial, une partie importante des
Brésiliens ne peut se soigner, se nourrir, ou se loger dignement. Les richesses sont mal
exploitées et mal partagées. Les inégalités sociales et régionales restent criardes. Le pays
reste largement dépendant de la conjoncture mondial. Après trois années de récession, il a
renoué avec une croissance économique positive en 2017. Celle-ci devrait se confirmer en
2018
Baisse des exportations en 2016 liée à : la récession, au tassement du cours des matières
premières, ralentissement de la croissance chinoise (premier partenaire et premier client
commercial du Brésil), la panne de croissance en Amérique latine (autre partenaire majeur
du Brésil)
Baisse des importations due à l’ampleur de la récession, baisse du cours des matières
premières que Brésil continue à importer (pétrole et huiles raffinées)

L’essentiel des terres appartient à une poignée de grands propriétaires qui n’hésitent pas à
utiliser la violence contre les ligues paysannes (le "Mouvement des sans-terres") qui
réclament une réforme agraire. Le président LULA a préféré encourager les fronts pionniers
en Amazonie pour résoudre ces problèmes.

Le Brésil a connu une croissance économique sans développement social. La croissance a


laissé en marge une part importante de la population. Les richesses sont mal exploitées et
mal partagées. Le Brésil est, certes une puissance moderne, mais il continue à appartenir à
l'ensemble des pays du "Sud". Pays membre des BRICS, il reste largement dépendant de la
conjoncture mondial. Après trois années de récession, le pays a renoué avec une croissance
positive en 2017. Celle-ci devrait se confirmer en 2018

Du 17° siècle à nos jours, le Brésil est marqué par une série de cycles dont les produits ont,
l'un après l'autre, alimenté les exportations (sucre, café, cacao…).
Dès l'entre-deux guerres, le gouvernement a encouragé les industries de substitution des
importations, ce qui a donné naissance à des industries destinées au marché extérieur.
Ensuite, le Brésil a orienté sa production agricole, et industrielle vers l'exportation.

Introduction
Le Brésil était, il y a quelques décennies, un pays dépendant et pauvre. Aujourd’hui, il est la 2e
puissance du Tiers Monde derrière la Chine et figure au 11e rang mondial pour son PIB.
Grâce à son poids démographique et politique et à une forte croissance économique qui a
favorisé l’industrie et les exportations de produits agroalimentaires, le Brésil apparaît de plus
en plus comme un pays puissant et émergent, une puissance régionale à l’échelle du
continent sud-américain. Mais les fortes inégalités sociales, la dépendance et les difficultés
financières témoignent encore des faiblesses du Brésil.

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➢ I. Le Brésil : une grande puissance en devenir
1. Un géant territorial
Le Brésil a les dimensions d’un continent, avec 4 500 km d’Est en Ouest et du Nord au Sud et
une superficie de 8 547 400 km2 (5e rang mondial). Sa superficie fait 16 fois celle de la
France et plus de 40 fois celle du Sénégal. En outre, pour les habitants du pays, « Dieu est
brésilien » car il a doté le Brésil d’une nature généreuse. Le soleil et l’eau sont très souvent en
abondance. Frontalier avec dix pays de l’Amérique latine, le Brésil bénéficie d’une large
façade atlantique qui l’ouvre au commerce mondial. En plus, le Brésil occupe les premiers
rangs mondiaux pour toute une gamme de produits miniers (fer, bauxite, manganèse, étain,
or, etc.). Le Brésil apparaît donc comme un véritable eldorado minier. Il y a aussi la grande
réserve forestière de l’Amazonie qui constitue la première réserve de la biosphère mondiale.

2. Une superpuissance agricole


Disposant de surfaces cultivables énormes, le Brésil est un grand producteur agricole et le 3e
exportateur mondial de produits agroalimentaires. Santos est le plus grand port
d’exportation de grains de toute l’Amérique. Le Brésil occupe notamment le 1er rang mondial
pour le café, la canne à sucre, les oranges et l’élevage bovin, le 2e rang pour le soja, le 3e
rang pour le maïs et les porcins, le 5e rang pour le cacao, le coton, etc. Le Brésil a le plus
grand cheptel bovin du monde évalué à 192 millions de têtes. Grâce à cette production
agricole diversifiée, le Brésil a pu se doter d’un vaste complexe agro-industriel. Des firmes
étrangères interviennent dans ce secteur : c’est le cas de Danone (Italie), de Nestlé (Suisse),
etc.

3. La 10e puissance industrielle du monde


Désormais, le Brésil se range du côté des nouveaux pays industrialisés (N.P.I.). Le Brésil
dispose d’une puissance industrielle impressionnante et diversifiée. L’énergie
hydroélectrique est abondante car le Brésil est arrosé par des cours d’eau parmi les plus
puissants du monde. Les industries agroalimentaires et textiles représentent plus de 25 %
de la production industrielle. Les industries lourdes contrôlées par l’Etat figurent parmi les
plus modernes du monde. Par exemple, le Brésil est le 9e producteur mondial d’acier, le 8e
pour le caoutchouc, le 6e pour l’aluminium, etc. Le Brésil est également un grand producteur
d’éthanol, un alcool fabriqué à partir de la canne à sucre pour les automobiles (moteurs
Flex). Dans trois autres domaines également, le Brésil a enregistré des succès éclatants : la
construction automobile, l’armement et les constructions aéronautiques et aérospatiales.

4. Une grande puissance régionale


Sur le plan démographique, le Brésil compte 186 000 000 habitants (en 2006), d’où son rang
de 5e puissance démographique du monde (derrière la Chine, l’Inde, les Etats-Unis et
l’Indonésie). Ce poids démographique ainsi que la taille du pays permettent au Brésil de se
conduire comme le chef de file du continent sud-américain. D’ailleurs, le Brésil organise
l’espace économique de l’Amérique latine à son profit avec la mise sur pied, en 1991, du
MERCOSUR (Marché commun de l’Amérique du Sud).
Au total donc, le Brésil apparaît comme un pays puissant et riche voire comme une menace
économique potentielle pour les Etats-Unis. Pourtant, le Brésil doit encore faire à de grosses
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difficultés.

➢ II. Les faiblesses du Brésil


1. Des inégalités sociales criardes
Le Brésil est un des pays les plus inégalitaires et les plus injustes du monde. Fernando
Henrique Cardoso, ancien président de 1994 à 2002, a raison en disant que « le Brésil est un
pays injuste ». En effet, les 10 % des Brésiliens les plus riches possèdent 50 % du revenu
national, tandis que 37 % vivent en dessous du seuil de pauvreté (moins de 2 dollars par jour).
Dans cette catégorie des pauvres, il y a 20 % de pauvres absolus. Il s’agit de l’immense
masse des sous-prolétaires et de sans emploi qui vivent en marge de la croissance et du
« miracle » brésiliens (Indiens d’Amazonie, habitants des favelas, habitants du Sertão, etc.).
Pour ces derniers, la drogue, la prostitution, la criminalité et le travail des enfants sont des
phénomènes fréquents. Par ailleurs, pour le contrôle de la terre, les tensions sont également
aiguës car la question agraire n’est pas encore résolue. Depuis l’élection de Lula en 2002,
les réformes se font attendre.

2. De forts contrastes régionaux


On dit souvent qu’il y a plusieurs Brésil, tant les disparités régionales sont importantes. On
dit qu’il y aurait au Brésil « la Suisse, le Pakistan et le Far West réunis ». Cette formule
permet de désigner les régions riches, les régions pauvres et les régions pionnières du
Nordeste, ancien centre économique du Brésil et maintenant en crise. Par contre, le Sudeste
constitue le poumon économique du Brésil actuel, avec notamment le « triangle utile »
constitué par São Paulo, Belo Horizonte et Rio de Janeiro. L’Ouest intérieur, avec Brasilia
(devenue capitale en 1960), représente la zone des fronts pionniers vers l’Amazonie.

3. Une cruelle dépendance économique


L’économie brésilienne est dépendante et extravertie. En effet, 40 % des exportations de
produits manufacturés sont le fait des firmes étrangères implantées au Brésil. 500 sociétés
françaises emploient 200 000 Brésiliens. En plus, la situation financière du Brésil est
catastrophique, comme le prouve l’endettement colossal du pays, évalué à 151 milliards de
dollars en 1995. Le Brésil est l’un des pays les plus endettés de la planète. Le service de la
dette (remboursement de la dette) accapare une part importante des recettes, laissant les
autorités à la merci des créanciers privés et des institutions internationales. Pour asseoir sa
puissance économique, le Brésil est à la quête permanente de marchés et d’investisseurs.
C’est ce qui explique la campagne menée par le président Lula pour promouvoir la
coopération Sud-Sud.

➢ Conclusion
Le Brésil est, à coup sûr, une solide puissance intermédiaire et apparaît même en situation
de devenir une grande puissance. Mais le Brésil demeure une terre de contrastes,
d’injustices sociales et de déséquilibres régionaux. En réalité donc, le Brésil est un pays
contradictoire, un « géant aux pieds d’argiles » pour certains ou « un mendiant assis sur une
mine d’or ».

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Document.1. Les régions du Brésil

Document. 4. Le Nordeste, la région problème


Le Nordeste est aujourd'hui la région la plus pauvre du Brésil : c'est une zone de misère. 27%
des nordestins gagnent moins d'un "salaire minimum" par mois, c'est à dire 67 euros environ,
et 44% moins de trois salaires, seuil au-dessous duquel une famille est officiellement
considérée comme pauvre. Le taux d'analphabétisme est dans la région de près de
42%.Région traditionnelle d'émigration, le Nordeste a longtemps été la principale zone de
départ du pays, perdant par émigration près de 2 millions d'habitants. Déficitaires avec
toutes les régions du pays, et seul dans ce cas, il a alimenté à la fois un fort courant vers le
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sudeste, en particulier vers Rio De Janeiro et São Paulo et vers les zones pionnières.
Extrait de : "Le Brésil" Hervé Théry. Armand Colin. 2001.
Document .5. São Paulo : une Document.6. Une terre sans hommes
région attractive pour des hommes sans terre
Les activités commerciales et À partir de 1960 environ, l'Etat brésilien
bancaires se multiplient à São tenta d'ouvrir l'espace amazonien à un
Paulo. La mégapole devient le pole peuplement régulé et à une mise en
majeur des investissements valeur rationnelle. Des routes
brésiliens et des capitaux étrangers transamazoniennes furent hâtivement
des multinationales. La vielle percées et un plan de colonisation
compte aujourd'hui 80% des rigoureux élaboré. Mais [...] ce fut un
grandes entreprises industrielles et échec. Un million (?) d'immigrants
tertiaires du pays et la plus grande seulement s'installèrent en vingt ans, et
masse ouvrière du monde avec ils furent pratiquement abandonnés à
plus de 2 millions et demi eux-mêmes. Tout changea vers 1980.
d'emplois manufacturiers. Profitant des carences officielles, une
Extrait de "Géographie. L'espace nuée de clandestins, cultivateurs parfois,
mondial" Tles ES, L, S. Belin 2004. éleveurs le plus souvent, bûcherons,
mineurs, charbonniers, s'abattit sur
l'Amazonie; sans oublier de très grosses
sociétés, volontiers corruptrices.
Extrait de "Tropicalité. Géographie
physique intertropicale". Jean
Demangeot. Armand Colin, 1999

Document .8.

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5e Partie : L’AFRIQUE

Chapitre I : PRESENTATION GENERALE

Leçon 15 : LES PROBLEMES ET PERSPECTIVES DE DEVELOPPEMENT


DU CONTINENT AFRICAIN

• Introduction
Regroupant 53 pays, le continent africain est situé de part et d’autre de l’Equateur. Il est délimité
à l’est par l’océan Indien et la mer Rouge, au nord par la mer Méditerranée, à l’ouest par l’océan
Atlantique ; la pointe sud du continent marque la séparation entre les océans Indien et
Atlantique. L’Afrique est séparée de l’Asie par le canal de Suez et de l’Europe par le détroit de
Gibraltar. Le continent africain couvre une superficie d’environ 30 millions de km2 et comptait
(en 2004) une population d’environ 855 millions d’habitants (13,5 % de la population mondiale).
L’Afrique est à la traîne. Son poids dans l’économie mondiale est insignifiant. La traite négrière
atlantique et la colonisation européenne ont complètement désorganisé sa vie sociale et
économique. L’Afrique est aujourd’hui confrontée à de nombreux problèmes (chaos politiques
multiples, guerres nombreuses et meurtrières, agriculture extravertie, industrialisation
embryonnaire, endettement très lourd, pauvreté, pandémies, chocs de la mondialisation). Ces
lourds handicaps empêchent le décollage du continent. Ainsi, l’Afrique doit faire à de nombreux
défis et non des moindres.

• I. Les problèmes économiques

• 1. Les problèmes de l’agriculture


L’agriculture emploie environ 60 % de la population active africaine et fournit 35 % du PIB du
continent. La colonisation européenne a contribué au recul des cultures vivrières de
subsistance avec la monétarisation de l’économie africaine. Les cultures commerciales sont
pratiquées à outrance et les cultures de subsistance reléguées au second plan. Ce qui conduit
aux problèmes d’autosuffisance alimentaire. Le manque de moyens techniques et le faible
niveau de recherche agricole sont à l’origine de la médiocrité des rendements.

• 2. Une faible industrialisation


Le faible niveau technologique et l’équipement industriel vétuste empêchent toute possibilité
d’industrialisation. L’Afrique ne participe que pour moins de 1 % de la production industrielle
mondiale à cause de la faible compétitivité de ses produits, de l’étroitesse des marchés et de
la mauvaise gestion. Le taux de croissance industrielle a chuté de 14,6 % au début des années
1960 à 1,4 % dans les années 1980. De là, l’explication de la pauvreté et de la dépendance
extérieure. L’Afrique devient ainsi la consommatrice des produits conçus par l’Occident et la
principale pourvoyeuse de matières premières.

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• 3. Les problèmes des échanges
Le manque d’infrastructures routières, ferroviaires, portuaires et aéroportuaires empêche le
développement des échanges commerciaux. La détérioration des termes de l’échange, avec la
chute des cours des matières premières, a entraîné un véritable malaise économique. La part
de l’Afrique dans le commerce mondial n’est que de 2 %. L’organisation du système
commercial mondial est très défavorable pour l’Afrique. Le protectionnisme agricole dans les
pays industrialisés réduit l’accès aux marchés pour les produits des pays africains alors que
les subventions occidentales à l’agriculture font du tort aux producteurs du continent noir.
Ainsi, pour la période 1997-2001, on a noté une baisse de 53 % des exportations africaines par
rapports aux biens manufacturés importés. Cette dégradation des termes de l’échange
provoque une raréfaction des devises nécessaires aux investissements et pousse à
l’endettement.

• 4. Le fardeau de la dette
La régression économique a conduit à l’endettement. Le poids de la dette de l’Afrique est lourd.
Cette dette n’a pas toujours servi à l’investissement productif. Le service de la dette a englouti
l’essentiel des maigres recettes d’exportation. Quant à l’aide, elle est considérablement réduite.
Dans la décennie 1990-2000, l’aide publique au développement (APD) octroyée par les pays de
l’OCDE a chuté de 29 %. L’aide reçue par l’Afrique, elle, est passée de 32 $/hab à 19 $/hab
pendant la même période. La situation est rendue plus difficile par le choc de la mondialisation.
• 5. Les problèmes contextuels : l’Afrique et la mondialisation
Avec une certaine ouverture sur l’économie de marché mondiale, l’économie africaine a pris du
plomb dans l’aile. Elle traîne un handicap de plus de 350 milliards de dollars en l’an 2000, soit
près de 230 000 milliards de francs CFA, ce qui est l’équivalent du produit intérieur brut (PIB)
du continent africain, et qui s’accroît de 12 % par an. Son équipement industriel demeure le plus
archaïque et ne participe que pour moins de 1 % de la production mondiale, au moment où ses
transactions commerciales font seulement 2 % des échanges mondiaux alors qu’elle n’attire
que 1,2 % des flux d’investissements mondiaux. Parmi les méfaits de la mondialisation pour
l’Afrique, on peut citer un chapelet de maux endémiques tels les famines, maladies, trafics
d’armes et de munitions, commerce de la drogue, etc. La plupart des pays africains sont exclus
des bénéfices de la mondialisation.
• II. Les problèmes politiques et sociaux
• 1. Les problèmes politiques
Le premier problème est la « balkanisation » du continent, avec des Etats souvent très petits et
aux frontières artificielles. Au sortir des indépendances, la plupart des pays d’Afrique
connaissent des régimes politiques dictatoriaux. Ce manque de tradition démocratique est
souvent à l’origine d’une grande instabilité (coups d’Etat à répétition, guerres civiles et
interétatiques réelles ou larvées, etc.). Cette instabilité entraîne des déplacements massifs de
populations (les réfugiés). Au début des années 1990, les fortes aspirations démocratiques ont
donné naissance à un grand mouvement de contestation qui prit souvent la forme de rébellions
entretenues pour la plupart des cas par les grandes puissances. Dans cette situation, les
activités économiques sont ralenties et les ressources du sous-sol sont utilisées pour
l’armement. C’est le cas dans plusieurs pays : Sierra Leone, Soudan, RD Congo, Liberia, etc.

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• 2. Les problèmes sociaux
Ils sont très nombreux et sont repérables dans plusieurs domaines : la santé, l’éducation,
l’alimentation, la criminalité, le chômage, etc. Le taux de scolarisation est le plus bas du monde
(71 % dans le primaire). Aucun pays africain n’a encore réussi à généraliser l’enseignement
primaire. En plus, l’enseignement et la formation ne sont pas de qualité en raison des difficultés
financières des Etats et des choix souvent mal faits. Face à la nudité scientifique et technique
du continent, les gens bien formés préfèrent aller grossir les rangs de l’élite intellectuelle
occidentale.
Par ailleurs, l’Afrique doit faire face à des problèmes au niveau de la santé. On note un nombre
important de maux endémiques : les maladies récurrentes, l’abandon d’une bonne politique
médicale, la propagation du paludisme et du Sida, etc. Sur les 40 millions de personnes vivant
avec le VIH/Sida dans le monde, 26,6 millions habitent en Afrique d’après l’ONUSIDA.
L’autosuffisance alimentaire n’est pas assuré ; d’où les nombreuses famines et l’élargissement
de la pauvreté. La croissance démographique très rapide aggrave les problèmes de couverture
des besoins des besoins alimentaires. A cela, il faut ajouter les problèmes des villes africaines
(logement, sécurité, assainissement, emploi, électricité, eau potable, pollution, etc.).

• III. Que faire pour sortir l’Afrique du sous-développement ?


En ce début de 3e millénaire, l’Afrique, pourtant très riche en ressources agricoles, minières et
énergétiques, cherche encore sa voie. Les Programmes d’Ajustement Structurel et le Plan de
Lagos (pour répondre aux problèmes de croissance au début des années 1980) n(ont pas
donné des résultats probants. Quelles sont alors les solutions ? Il y a de multiples voies de salut
pour l’Afrique. Il faut :
- promouvoir l’autonomie intellectuelle permettant aux Africains de prendre en charge leur
propre destin ;
- rechercher la paix et la stabilité à l’intérieur des pays et au niveau des frontières, en luttant
contre les rébellions, guerres, tensions ethnoclaniques et religieuses ;
- consolider et protéger les axes prioritaires du développement (agriculture, industrie,
éducation, santé) pour atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD)
avant 2015 ;
- obtenir l’annulation de la dette, voire son allègement ;
- développer la coopération Nord-Sud mais également la coopération Sud-Sud ;
- concrétiser l’Union africaine en renforçant l’intégration régionale déjà existante (UEMOA,
CEDEAO, UDEAC, CEMAC, SADC, UMA, etc.).
L’intégration n’est pas une solution, mais elle est la solution pour sortir l’Afrique de sa situation
économique difficile. En effet, comme l’affirmait le Professeur Cheikh Anta Diop, « même
l’égoïsme le plus lucide milite pour une fédération des peuples ». Aujourd’hui, les dirigeants
africains ont compris la nécessité de promouvoir l’intégration. C’est que le président Abdoulaye
Wade considère que « le développement séparé ne peut plus marcher ». Ainsi, il propose, en
2001, le plan Oméga, qui vise surtout à « gommer les différentiels dans les secteurs
stratégiques que sont les infrastructures routières, l’éducation, la santé, l’agriculture et la bonne
gouvernance, en vue d’une gestion globale en lieu et place des gestions nationales ». De son
côté, le président sud-africain, Thabo Mbeki, propose le Millenium African Recovery Plan
(MAP), qualifié de « Plan Marshall » pour l’Afrique, qui prévoit le prévention des conflits et la

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lutte contre les maladies comme le Sida dans une dimension continentale et le développement
économique au niveau régional. Ces deux plans, présentés au Forum économique mondial de
Davos (Suisse), en février 2001, sont à l’origine du Nouveau Partenariat pour le Développement
de l’Afrique ou NEPAD (New Partnership for Africa’s Development), associant les présidents
Abdelaziz Bouteflika (Algérie), Olusegun Obasanjo (Nigeria) et Hosni Moubarak (Egypte).
Cependant la mise en œuvre du NEPAD pose problème.

• Conclusion
L’Afrique semble croule sous les problèmes : pauvreté, dépendance, guerres, massacres, coups
d’état, crises politiques et sociales, dictatures, maladies, exodes... Les défis que l’Afrique doit
relever sont nombreux. Et pourtant, la comme ailleurs, des femmes et des hommes luttent pour
leurs droits et leur dignité, des associations à caractère civique se multiplient, des expériences
démocratiques se prolongent, les sociétés de plus en plus urbanisées bougent, se transforment
et se projettent avec confiance vers l’avenir.

CINQUIEME PARTIE : L’Afrique.


Chapitre I : Présentation générale.
LEÇON 15: LES PROBLÈMES ET LES PERSPECTIVES DE DÉVELOPPEMENT DU CONTINENT AFRICAIN

Introduction
Avec une superficie de 30 310 000 km2 et une population de 1 250.000.000 habitants en 2017,
l’Afrique est constituée de 54 pays en développement. C’est le continent le plus pauvre, avec un
PIB de 2253,62 milliards de dollars soit un PIB moyen / habitant de 5795 $/habitant en 2017.
Elle fait face à de nombreux problèmes de développement. Cependant, de nombreuses
initiatives sont mises en place pour relancer le processus de développement du continent
africain.

I- LES PROBLÈMES DE DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE


1- Les problèmes économiques
Ils concernent les secteurs agricole, industriel et les services.
Le primaire emploie environ 52 % de la population active africaine et fournit 22 % du PIB
du continent. L’agriculture bénéficie d’énormes potentialités. En effet, l’Afrique possède 16,5%
des terres arables. De nombreux obstacles freinent le développement de l’agriculture : les aléas
du climat, la pauvreté des sols, la faible mécanisation et la faible irrigation, la question des
droits de propriété sur les terres, les terres étant essentiellement détenues par des
communautés ou par l’État. Ceci limite l’accès des agriculteurs aux prêts nécessaires à la
modernisation de leur production. A cela s’ajoute le manque de capitaux pour investir dans les
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semences, les engrais et les machines. Tous ces obstacles constituent un frein majeur à la
croissance.
Les faibles rendements (en moyenne 1 tonne /ha contre 5 ou 6 tonnes/ ha en Europe et en
Amérique du N) entraînent une dépendance alimentaire chronique (autosuffisance alimentaire
non atteinte). Par ailleurs, l’élevage et la pêche sont dominés par le système traditionnel.
Le secondaire crée 30% des richesses et emploie 15% des actifs. Le secteur industriel
est dominé par des industries extractives, alimentaires, textiles, de montage et de
transformation des matières premières. Les industries pétrochimiques, de transformation du
caoutchouc et du métal sont les principaux secteurs de l’industrie lourde. Alors que les
industries de haute technologie sont presque absentes du continent.
La part de l’Afrique dans a production manufacturière est passée d’environ 3% en 1970 à
moins de 1 % actuellement. Elle ne représente qu’environ 1,1% de la valeur ajoutée
manufacturière et 1,3% des exportations manufacturières mondiales. L’industrie africaine
connaît de nombreuses difficultés dont l'insuffisance des infrastructures (essentiellement sur le
plan de l’approvisionnement électrique et des transports), la faiblesse des investissements, la
faible qualification de la main d’œuvre, la dépendance technologique, la petite taille des
marchés et le mauvais fonctionnement des institutions.
Le tertiaire polarise 33% des actifs et crée 48% du PIB. Les principaux domaines
générateurs de croissance économique sont les transports, les télécommunications, les
services financiers67 et le tourisme. Toutefois ce dernier secteur pâtit des conflits et de
l’insécurité, de la prolifération des mouvements djihadistes : AQMI, Boko Haram... L’Afrique n’a
reçu que 62 millions de touristes internationaux en 2017.
En 2015, les investissements étrangers directs en Afrique ont représenté 54 milliards de
dollars et 41,8 milliards de dollars en 2017.

L’Afrique n’a représenté que 2,4% des exportations et 3% des importations dans le
commerce international en 2017 (412,752 milliards de dollars d’importations  contre 527,16
milliards de dollars d’exportations). Le continent exporte des matières premières agricoles,
minières et énergétiques (à faible valeur ajoutée) et importe des produits manufacturés et
alimentaires. Les échanges entre africains représentent environ 20% de leurs commerces
extérieurs en 2018. Ce faible niveau d’intégration s’explique par la multiplicité des monnaies, les
barrières douanières, la faiblesse des moyens de communication, les économies
concurrentielles.
De plus, la dégradation des termes de l’échange entraîne la dépendance qui
s’accompagne d’un endettement considérable.
2- Les problèmes sociaux
Sur le plan social, l’Afrique a les niveaux de développement les plus faibles de la planète.
Elle occupe les derniers rangs dans le classement mondial de l’Indice de Développement
Humain (l’IDH de 0,537 pour l’Afrique subsaharienne en 2017).
Au plan démographique, elle a le taux d’accroissement très élevé (2,6% en 2017). Avec cette
forte croissance, le poids démographique devient un frein à la croissance. Les problèmes de
scolarisation, de prise en charge sanitaire, de famine, de malnutrition, de chômage,
67Les envois de fonds représentent 69 milliards de dollars en 2017 et l’aide publique au développement à l’Afrique
45 milliards.
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d’environnement68 etc. se posent avec acuité.
L’explosion urbaine renforce les problèmes d’infrastructures, de réseaux de transports, de
fourniture d’eau potable, électricité, etc.
52% des actifs travaillent dans le primaire mais une part importante de la population souffre
de malnutrition et de sous-alimentation avec l’apparition de la famine dans la corne de l’Afrique
et au nord du Kenya.
3- Les problèmes politiques
Le morcellement territorial de l’Afrique dont les frontières sont héritées de la colonisation a
divisé les peuples et les richesses naturelles. L’Etat ne correspond pas toujours à une nation69,
d’où sa remise en cause par des courants irrédentistes (mouvement de revendication
territoriale) et séparatistes. Les Etats africains sont souvent confrontés à des trucages
d’élections, des coups d’Etat, des guerres civiles, des rebellions, la corruption, les mouvements
djihadistes etc. Cette instabilité politique et sociale freine les investissements et le
développement du continent.

II- LES PERSPECTIVES DE DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE


Plusieurs solutions peuvent être adoptées  pour faire face aux nombreux problèmes de
développement :
- La promotion de la paix et la stabilité à l’intérieur des pays et au niveau des frontières,
en luttant contre les rebellions, les guerres, les coups d’Etat, les conflits ethniques et
religieux, les mouvements djihadistes ; 
- Le développement des secteurs sanitaire, éducatif (formation de qualité des ressources
humaines), agricole et industriel et des infrastructures de transport (routes, ports,
aéroports, rails) des pays africains ;
- La mise en place d’une réelle politique énergétique avec notamment le développement
des énergies renouvelables ;
- La concrétisation de l’Union africaine par le renforcement de l’intégration régionale déjà
existante avec des cadres tels que l’UEMOA, la CEDEAO, la CEMAC, la SADC
(Communauté de développement de l’Afrique australe), l’UMA (Union du Maghreb
Arabe), la CEAC (Communauté Economique des Etats de l’Afrique centrale) ;
- Le développement de la coopération Nord-Sud mais aussi la coopération Sud-Sud ; 
- La concrétisation des objectifs du NEPAD (Nouveau Partenariat pour le Développement
de l’Afrique : 2001) issu de la Nouvelle Initiative africaine(NIA), qui est une synthèse des
plans Oméga du président sénégalais Abdoulaye Wade et du Millenium African Plan
(MAP) des présidents Tabo Mbéki (Afrique du Sud), Olesegun Obasanjo (Nigéria) et
Abdoul Aziz Bouteflika (Algérie).

Conclusion
Si la croissance a été rapide, l’Afrique demeure un continent présentant tous les aspects du
sous-développement. Le retard criard du continent en général, et de l’Afrique subsaharienne en
particulier en termes de rythme de développement, devient de plus en plus inquiétant dans le
contexte de la mondialisation. Toutefois, des solutions sont mises en œuvre pour pallier les

68 Surpêche, pollution, surexploitation des ressources


69 Communauté humaine qui possède une unité historique, linguistique, culturelle, économique plus ou moins forte.
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innombrables problèmes de développement. Pour une transformation véritable et profonde de
l’économie, il est nécessaire de développer la base industrielle, de moderniser la production
agricole, d’offrir à la main-d’œuvre les compétences supérieures requises ainsi que la présence
d’un climat de stabilité politique, les conflits constituant une menace importante pour la
croissance économique africaine.

Leçon 16: Le Sénégal : Milieux naturels et Populations

Introduction
Situé à l’extrémité Ouest du continent africain, le Sénégal s’étend sur 196.722 km2 (entre 12°
et 17° de latitude Nord et 11° et 18° de longitude Ouest) et compte 15.800.000 habitants en
2017. Limité au Nord et au Nord-Est par la Mauritanie, au Sud par la République de Guinée et la
Guinée Bissau, à l’Ouest par l’océan Atlantique et au Sud-Est par le Mali, le Sénégal présente
un relief essentiellement plat, un climat tropical et une population hétérogène.

I- LES MILIEUX NATURELS


1- Le relief
Le Sénégal est un pays plat au relief peu élevé, constitué essentiellement de plaines et de
plateaux entaillés par des vallées mortes du Ferlo, du Sine et du Saloum. Les altitudes sont
inférieures à 130 m dans tout le bassin sédimentaire et décroissent de l’Est vers l’Ouest. Les
points les plus élevés se localisent :
- Au Sud-est : c’est la zone la plus accidentée du pays avec des massifs et des plateaux
qui culminent à 581 m sur les monts Bassari
- Dans la presqu’île du Cap-Vert où les Mamelles culminent à 105 m
- Dans la région de Thiès où le massif de Ndiass est à 104 m et le plateau de Thiès à 70m.

2- Le climat
Le Sénégal appartient à la zone intertropicale. Son climat tropical (avec une saison sèche70
et une saison pluvieuse) est influencé par la situation géographique du pays et par trois
principales masses d’air :
- L’harmattan ou alizé continental, chaud et sec, en provenance de l’anticyclone
maghrébin (Sahara)
- L’alizé maritime, frais et humide, venant de l’anticyclone des Açores (Nord Océan
Atlantique)
- La mousson, vent très humide et relativement chaud, venant de l’anticyclone de
Sainte-Hélène (Sud Océan Atlantique), responsable des pluies d’Eté (hivernage).
Les températures présentent de grandes différences entre les régions côtières (23,8 °C en
moyenne à Dakar) et l’intérieur (29 °C à Matam). L’amplitude thermique, assez faible sur la
façade maritime, est très forte dans le reste du pays.
Les précipitations, qui tombent durant l’hivernage, diminuent du sud vers le nord : Ziguinchor :
1 500 mm/an, Kaolack : 800 mm, Thiès : 600 mm, Dakar : 500 mm, Saint-Louis : 300 mm.

3- Sols et végétation

70 La saison sèche dure de novembre à mai et la saison chaude et humide de juin à octobre
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Les sols qui se dégradent de plus en plus sont tributaires de la pluviométrie. On peut distinguer
du Sud au Nord les 3 grands domaines suivants :
- Le domaine sub-guinéen au Sud avec des sols ferralitiques (sols rouges), souvent
argileux, occupés par une végétation importante de forêt et de savane arborée.
- Le domaine soudanien occupe la majeure partie du pays avec des sols ferrugineux
lessivés ou non lessivés (sols Dior). Du Sud au Nord, nous avons une savane boisée ou
arborée, une savane herbeuse ou herbacée et une savane arbustive.
- Le domaine sahélien avec des sols bruns très pauvres au Nord, dominés par la steppe.
On note également les sols hydromorphes71 le long des fleuves et dans la cuvette des Niayes
(végétation de palmiers), les sols halomorphes le long des estuaires qui portent une végétation
de mangrove, les sols calcaires sur la Petite Côte.

4- L’hydrographie
Le réseau hydrographique sénégalais comprend :
- Une façade océanique longue de 700 km
- des fleuves qui se jettent dans l’Atlantique : le Sénégal long de 1 750 km avec un bassin
versant de 350 000 km2 et un débit moyen de 780 m3/s, la Gambie avec 1 150 km et un
bassin versant de 80 000 km2, la Casamance avec 350 km ;
- des bras de mer comme le Sine et le Saloum ;
- des lacs qui ont tendance à se dessécher (lac de Guiers, lac Tanma, lac Rose ou lac
Retba).

II- LA POPULATION SÉNÉGALAISE


1- Composition de la population
Du point de vue ethnique, la population est composée de plusieurs ethnies :
- les Wolofs majoritaires (44 % de la population), répartis sur tout le territoire ;
- les Sérères (13 %) dans les régions de Thiès, Kaolack, Fatick et Diourbel ;
- le groupe Halpulaar (23 %) dans toutes les régions, mais surtout présent au Ferlo, au
Fouladou et le long de la vallée du fleuve Sénégal ;
- les Diolas (5%) en Basse-Casamance ;
- les Mandingues (4%) dans les départements de Sédhiou et de Kolda ;
- les autres ethnies (6 %) sont les Soninkés, les Mandjacks, les Bambaras, les Balantes,
les Bassaris, les Baïnouks, les Mancagnes, etc.
Il y a aussi la présence de la population non sénégalaise, composée d’africains,
d’européens, de libano-syriens, etc. estimée à 1,8 ou à 2% de la population.
Sur le plan religieux, près de 94% des sénégalais sont des musulmans. Les chrétiens font
5% et les adeptes des religions traditionnelles (animistes) près de 1%. La principale langue
parlée est le Wolof. Plus de 70% de la population l’utilise comme première ou deuxième langue.
Le Français reste la langue officielle et la principale langue écrite.

2- Une inégale répartition de la population


La population sénégalaise est inégalement répartie. La densité moyenne est de 73
habitants/km². Elle cache toutefois d’importantes disparités régionales. Les fortes densités

71 Sols soumis à un excès d’eau


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sont enregistrées dans les régions de Dakar (6089 hab/km2), de Diourbel (330 hab/km2) de
Thiès (283 hab/km2), Fatick (111 hab/km2), Kaolack (191 hab/km2), Ziguinchor (79 hab/km2).
Les plus faibles densités sont enregistrées dans les régions de Saint-Louis (50 hab/km2),
Louga (37 hab/km2), Matam (21 hab/km2) et surtout Tambacounda (17 hab/km2) et Kédougou
(10 hab/km²).
La population réside essentiellement dans les campagnes (54%), et les villes concentrent 46 %
de la population totale. L’Ouest, avec l’essentiel des activités économiques, les villes les plus
importantes et le climat plus accueillant, concentre environ 75% de la population sur un quart
du territoire. L’Est et le Nord-est affichent les plus faibles densités avec moins de 10 hbts/km2
dans le Ferlo et la région de Tambacounda.

3- Les mouvements naturels et les migrations


La croissance démographique est rapide. Elle résulte d’un taux de natalité encore élevé,
(37 ‰) et d’un taux de mortalité en baisse (6 ‰) soit un taux d’accroissement naturel élevé
(3,1% en 2017), d’où un doublement tous les 26 ans.
Les sénégalais sont très mobiles. L’exode rural est le principal mouvement interne. Les
migrations interrégionales sont également importantes (transhumance, migration interurbaine,
déplacements saisonniers des paysans vers les terres riches).
Les migrations internationales touchent aujourd’hui toutes les régions du pays. Les pays
d’accueil sont les pays africains (Côte d’Ivoire, Gabon, Maroc, Afrique du Sud, Mauritanie,
Libye, etc.), européens (la France, l’Italie, l’Espagne, le Portugal, l’Allemagne, etc.) et
américains (les Etats-Unis, le Canada, le Brésil, l’Argentine). De nouvelles destinations
intéressent les émigrés sénégalais telles que la Turquie, la Chine. Les migrations sont motivées
par des raisons essentiellement économiques et sociales.

4- Les structures démographiques


La population sénégalaise est caractérisée par son extrême jeunesse (43% de la population
contre 3% de personnes âgées). Cette jeunesse de la population pose d’énormes difficultés :
pauvreté, chômage, éducation, emploi, délinquance juvénile, prostitution, etc.
La structure par sexe laisse apparaître une légère supériorité numérique des femmes avec
un rapport de masculinité de 99 hommes pour 100 femmes (soit une population féminine de
50,17% en 2015).
La structure socioprofessionnelle est dominée par les activités du secteur primaire (53,43%
des actifs). L’industrie reste embryonnaire avec seulement 20,12% des actifs. Par contre, le
secteur tertiaire (26,45%) ne cesse de se développer avec une explosion de l’informel avec les
petits métiers et le commerce de détail.
Par ailleurs, le Sénégal est un pays essentiellement rural avec un taux d’urbanisation de
46%. Dakar est, de loin, la région la plus urbanisée, avec un taux de 96,4 %, suivie de Thiès (50,1
%), Ziguinchor (46,9 %) et Saint-Louis (46,9 %). A l’opposé, les régions de Sédhiou (21%),
Kaffrine (16,6%), Fatick (16,5%) et Diourbel (16,1%) constituent les localités les moins
urbanisées du pays.
Conclusion
Le Sénégal dispose de milieux naturels présentant de nombreux atouts de développement. Sa
population est caractérisée par une croissance rapide, par une répartition inégale, par une

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extrême jeunesse et une grande mobilité.
………………………………………………………………………………………………………………
Leçon 17 : la question de l’eau
Introduction
Source de vie et moteur essentiel du développement, l’eau constitue un problème majeur dans
les pays en développement et de surcroît sahéliens comme le Sénégal où l’accès à l’eau
potable n’est pas encore généralisé. Le pays dispose d’énormes ressources hydriques mais,
plusieurs facteurs limitent l’exploitation et l’accès à l’eau. Néanmoins, l’Etat sénégalais
conscient des effets négatifs du déficit de l’eau sur son développement économique, a
entrepris depuis son indépendance, des tentatives pour pérenniser l’approvisionnement en eau
potable des populations.
I- LES RESSOURCES EN EAU
1- La pluviométrie
Pays tropical, le Sénégal connaît une longue saison sèche (possibilité d’y avoir des pluies de
Heug) et une courte saison des pluies (hivernage). Le pays reçoit entre 300 et 1500 mm d’eau
pour une durée de 20 à 85 jours par an. Les pluies diminuent du sud au nord en quantité et en
durée. Ainsi, nous avons une moyenne de 600 mm par an, soit un volume de 130 milliards de
m3, ce qui est très insuffisant si nous tenons compte de la nature des précipitations et de leur
absorption par le sol.

2- Les eaux de surface


Elles sont constituées des bassins du Sénégal (y compris le lac de Guiers), de la Gambie, et
de la Casamance. Ces bassins se caractérisent par une période de hautes eaux (crues) de
juillet à octobre et une période de basses eaux (étiage) de novembre à juin.
Le fleuve Sénégal (1750km) représente la plus importante source d'eau de surface. Le bassin
du fleuve Sénégal a un bassin de 350.000km2 dont 60.000km2 sur le territoire national. Le
fleuve Gambie (1150km) s’étend sur 7550km2 sur le territoire sénégalais. La Casamance
(350km) a un bassin de 20150km2. Le lac de Guiers a une superficie de 250km2 et contient 400
millions m3.

3- Les eaux souterraines


Le Sénégal renferme de nombreuses nappes souterraines utilisables réparties en trois
catégories :
- les nappes phréatiques, peu profondes localisées au Cap-Vert, sur le littoral Nord, au niveau
des bassins des fleuves et dans les Niayes. Les potentialités sont estimées à 270 000 m3 par
jour ;
- Les nappes du Continental terminal  plus ou moins profondes avec des puits villageois de 30
à 100 m.
- la nappe maëstrichtienne, très profonde, dans tout le bassin sédimentaire qui couvre la quasi-
totalité du territoire. Elle est atteinte par forage entre 100 et 400 m de profondeur et l’eau
remonte jusqu’à quelques mètres de la surface. Son volume théorique est de 100 milliards de
m3 de réserve d’eau douce, soit environ 500 000 m3 par jour.

Globalement, le pays dispose de ressources en eau suffisantes pour l’alimentation des


populations. La diversité des ressources en eau permet d’exploiter les eaux de surface ou les
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eaux souterraines, même si par endroits leur mobilisation nécessite des forages profonds.

II- LES PROBLÈMES DE L’EAU AU SÉNÉGAL


1- Les problèmes liés à la quantité et à la qualité
Bien que les ressources en eau souterraine soient importantes (2.600.000m3 /jour pour
2000 ans) et les écoulements des fleuves réguliers, le Sénégal est confronté à des problèmes
de disponibilité en ressources hydriques liés à plusieurs facteurs négatifs. En effet, la
sécheresse de 1968 à 1998 a entraîné le tarissement des écoulements dans les vallées fossiles
du Ferlo, du Sine et du Saloum et l’abaissement du niveau des nappes souterraines.
L’exode rural qui s’est traduit par une forte concentration urbaine entraîne une
surexploitation des nappes souterraines alors que le réseau de la SDE ne parvient pas à
satisfaire la demande. Bien que recevant 70% de la production de la SDE, le système
d’approvisionnement en eau de Dakar souffre de nombreuses failles notamment le
sous-dimensionnement du réseau qui ne permet pas de couvrir les besoins d’une population
sans cesse croissante, le manque d’autonomie en pièces de rechanges de la SDE.
L’accès à l’eau reste une problématique en zone rurale72 et dans certaines zones urbaines
malgré un taux national d’accès par adduction d’eau potable de 74% en 2016.
Les ressources en eau connaissent aussi des problèmes liés à la qualité. En effet
certaines activités humaines entraînent la pollution des eaux. L’eau est polluée par les des
déchets domestiques et les activités économiques. Dans la vallée du fleuve Sénégal, ce sont
les résidus chimiques de fertilisation des sols et de traitement des plantes (Compagnie
Sucrière Sénégalaise et autres). Dans la région de Dakar, la décharge de Mbeubeuss, la station
d’épuration de Cambérène et les fosses septiques affectent les nappes phréatiques. D’autre
part, les nappes superficielles sont, par endroits (notamment dans la région de Dakar), polluées
par des rejets liés au déficit d’assainissement (bactéries, produits chimiques, métaux lourds,
nitrates).
Par ailleurs, la conservation des ressources en eau est rendue difficile par trois phénomènes :
l’évaporation, l’infiltration et le ruissellement.

L’accès à l’eau est limité aussi par des menaces environnementales telles que
l’envahissement de certaines sources d’alimentation par des plantes73 et algues. Le
développement de la Salvinia molesta constitue une réelle menace pour la biodiversité et
l'agriculture de la région
La péjoration climatique de ces dernières années, combinée à la surexploitation de la
ressource, a engendré à l’ouest du pays la baisse des nappes phréatiques (avec parfois des
prélèvements dépassant les capacités de renouvellement) et des intrusions salines marquées
72 On estime que seuls 4% des ruraux ont accès au réseau de la SDE. 70% de la production d’eau de la SDE est
consommée par la population dakaroise. La SDE privilégie Dakar car elle abrite 75% des activités, la majorité des
salariés capables de payer régulièrement, pour les besoins de rentabilité car les industries qui payent le m3 à 1200f
sont en majorité à Dakar, ce qui permet aux petits ménages de payer le m3 à 200f. Les centres ruraux et les petits
centres urbains incapables de de développer un système de distribution classique sont exclus d’un accès décent à
l’eau potable des services publiques. Pourtant l’eau revient plus chère aux ruraux (ne bassine à 50f) qu’aux
populations de Dakar (le m3 à 189f)
73
Le lac de Guiers est agressé par les nombreux aménagements agricoles sur ses rives Est et Ouest occasionnant
des rejets toxiques, mais aussi la prolifération des plantes aquatiques. Les typhas à perte de vue et les nénuphars
cachent même l’eau et empêchent aux populations riveraines de s’adonner à la pêche et à l’agriculture.

GEOGRAPHIE Terminale / M. DIATTA /TS1 - LSED /Année scolaire : 2018-2019Page 69


dans les basses vallées du Sine Saloum, au niveau des deltas des fleuves Casamance et
Sénégal, ainsi que de la Grande Côte (zone des Niayes).
Le problème de la qualité est renforcé par les niveaux de fluor et de salinité élevés dans
toute la partie centrale du pays.

2- Les problèmes techniques et financiers


La profondeur de certaines nappes (par exemple la nappe maestrichtienne) exige
d’importants moyens financiers et techniques pour leur exploitation. Dans tout le bassin
sédimentaire, la nappe maestrichtienne est atteinte par forage entre 100 et 400 m de
profondeur.
Les moyens financiers nécessaires pour exploiter les ressources hydriques sont énormes (un
forage vaut 20 à 30 millions voire plus ; le barrage de Diama a coûté environ 36 milliards de
francs CFA). Les projets du doublement de la conduite du lac de Guiers devait coûter 92
milliards et celui du canal de Cayor 220 milliards. La construction de la nouvelle usine de
traitement d’eau de Keur Momar Sarr 374 a nécessité un financement de 274 milliards de FCFA.
Enfin, la gestion commune des eaux dans le cadre de l’OMVS s’accompagne souvent de
blocages (protestation de la Mauritanie contre le projet sénégalais de revitalisation des vallées
fossiles).

III- LES POLITIQUES DE MAÎTRISE DE L’EAU


Le Sénégal a entrepris une série d’actions visant à trouver des solutions au problème de
l’eau. Pour rentabiliser le réseau hydrographique, la Société d’Aménagement et d’exploitation
des Eaux du Delta (SAED) développe l’agriculture irriguée sur le bassin du Sénégal. Des
barrages ont également été construits pour diminuer le déficit en eau. Il s’agit du barrage
anti-sel de Diama (mis en service en 1988) pour arrêter la langue salée et remplir le lac de
Guiers et les cuvettes. Il y a aussi le barrage de Manantali75 (au Mali) pour stocker les eaux de
crues et réguler le débit du fleuve, assurer la navigabilité du fleuve toute l’année et la production
de 800 GWH d’électricité par an. Il permet l’irrigation de 225.000 ha de terres dans la vallée.
Un vaste programme de réseau hydrographique national est lancé. Les principaux axes
de ce programme sont :
- l’aménagement des bassins de rétention d’eau (138 déjà mis au point) pour empêcher
l’écoulement et la perte des eaux et en même temps limiter les dégâts causés par les
inondations ;
- la désalinisation des eaux de Basse-Casamance, avec la construction de digues et de
barrages sur les fleuves Gambie et Casamance.
Concernant l’approvisionnement en eau potable des villes et des campagnes, outre les
efforts de la Société des Eaux (SDE), un réseau de puits et de forages a été édifié : 927 forages
motorisés, 1028 forages et puits à pompes manuelles, 74 forages à éolienne, 2100 par
exhaures traditionnelles.
Pour apporter une réponse durable aux problèmes d’alimentation en eau potable de
Dakar, Thiès, et de la Petite Côte, l’Etat du Sénégal a lancé la construction d’une nouvelle usine
dénommée Keur Momar sarr 3 et d’une usine de dessalement des eaux marines de Dakar qui

74 Usine de production d’eau potable d’une capacité de 200.000 m3 par jour devant alimenter 85000 ménages dans
les régions de Dakar et Thiès . Elle sera mis en service en 2020.
75 Construit au Mali sur le Bafing, principal affluent du Sénégal

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seront mises en place entre 2021 et 2022, la réalisation de forages76 pour approvisionner les
zones d’extension et celles en hauteur.
Les projets de revitalisation des vallées fossiles et du Canal du Cayor ne sont pas encore
réalisés à cause des blocages financiers et politiques.

Conclusion
Le Sénégal dispose d’un important potentiel en ressources en eau qui est mal réparti sur le
territoire. La quantité d’eau disponible ne constitue pas un problème en soi, mais la qualité de la
ressource et le coût de sa mobilisation constituent les préoccupations majeures.
Le vrai problème qui se pose est de maîtrise de l’eau, ressource indispensable à toute activité
humaine. Cependant, pour assurer son autosuffisance alimentaire dont le succès dépend de la
maîtrise de l’eau et du développement de l’agriculture irriguée, l'État sénégalais a mené depuis
plusieurs décennies, une politique de maîtrise de l'eau visant à mettre à la disposition des
divers utilisateurs une eau en quantité suffisante et de qualité appropriée selon les usages

………………………………………………………………………………………………………………
Leçon 18: Le Sénégal : les problèmes économiques et les politiques de développement

Introduction
Le Sénégal est confronté à de sérieux problèmes économiques. L’impact de ces difficultés
économiques se traduit par la persistance de la pauvreté et 46,7% de la population vit sous le
seuil de la pauvreté. Mais, à l’instar des pays les moins avancés (PMA), le Sénégal s’est
engagé dès son indépendance dans la voie du progrès économique. C’est dans ce sens que
plusieurs politiques de développement ont été successivement mises en place pour atteindre le
développement.
I- LES PROBLÈMES ÉCONOMIQUES
1- Les problèmes de l’agriculture et de la pêche
Il crée 53,76% des valeurs ajoutées suivi du secondaire (30,82% du PIB) et enfin le primaire
Avec 53,43% de la population active, l’Agriculture reste encore un pilier de l’économie. La
contribution de ce secteur dans le PIB baisse régulièrement, passant de 20% en 1965 à 15,42%
en 2017. Ce recul est dû à plusieurs facteurs :
- Les aléas climatiques : Le Sénégal est frappé depuis plusieurs décennies par la
sécheresse, malgré une reprise de la pluviométrie notée ces dernières années. Les
précipitations sont devenues très déficitaires et la saison des pluies est généralement
écourtée.
- La domination de la culture arachidière : L’agriculture sénégalaise a longtemps souffert
de la monoculture qui a régné en maître absolu, aussi bien pour les surfaces cultivées
que pour les productions et les exportations du pays. Cette situation est d’autant plus
grave que l’arachide est concurrencée sur le marché des oléagineux par le tournesol, le
colza et le soja ;
- Le déficit de la production vivrière : Il entraîne des importations massives de denrées
alimentaires qui débouchent à une balance commerciale déficitaire ;

76 La réalisation de ces forages pose certains problèmes : surexploitation de la nappe, qualité de l’eau avec
l’avancée de la mer dans le sous-sol avec les trous laissés par le pompage,
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- La dégradation des sols ou la pauvreté des sols liée aux activités humaines ; 
- Les difficultés d’accès aux crédits par le biais de la Caisse nationale de Crédit agricole
du Sénégal (CNCAS). Il s’y ajoute le manque d’infrastructures de stockage, la cherté des
facteurs de production (semences, engrais, machines, produits phytosanitaires etc.) ;
- L’utilisation de matériels agricoles rudimentaires.
L’élevage, pratiqué principalement dans le Ferlo et l’Est du pays, souffre du manque d’eau et de
l’insuffisance des pâturages, ce qui pousse le cheptel à la transhumance.
La pêche qui a pendant longtemps constitué le fleuron de l’économie est confrontée aux coûts
élevés des facteurs de production, à la faiblesse de la mécanisation, à la rareté des crédits, à la
surpêche et à la réduction sensible des ressources.
Ainsi, le pays fait face à un problème d’autosuffisance alimentaire et il est obligé d’importer
d’énormes quantités de produits alimentaires. Ces importations pèsent lourdes sur sa balance
commerciale.

2- Les problèmes industriels


Les difficultés de l’industrie sénégalaise sont nombreuses et diverses :
- le manque de capitaux et l’absence d’industries lourdes ;
- la domination d’industries légères de type alimentaire et de transformation de matières
premières
- l’insuffisance des ressources  minières et énergétiques ;
- l’inégale répartition des industries à l’échelle nationale traduit le déséquilibre entre Dakar
(qui concentre 90 % des industries) et le reste du pays ;
- la faible compétitivité des produits industriels sénégalais et la rude concurrence
internationale ;
- la cherté des coûts des facteurs de productions techniques (eau, électricité, téléphone,
transports, etc.) ;
- l’étroitesse du marché (population peu importante, faiblesse des revenus).
Par ailleurs,  le commerce extérieur du Sénégal n’est pas performant. La balance commerciale
est régulièrement déficitaire. Le commerce souffre de la détérioration des termes de l’échange
due à la baisse de la valeur des produits exportés et la hausse des prix des produits importés.
II- LES POLITIQUES DE DÉVELOPPEMENT
Le Sénégal a pratiqué un système économique que l’on peut qualifier de « mixte ». En effet, les
autorités tout en proclamant un « socialisme démocratique », n’ont jamais procédé à une
collectivisation à outrance des moyens de production (terres, entreprise, banques), laissant
cohabiter un secteur privé et un secteur public.
1- La politique interventionniste de l’Etat ou politique de développement planifié
Au lendemain des indépendances, l’Etat est le principal inspirateur, exécutant et évaluateur de
la politique économique. A partir de 1966 l’Office national de Coopération, d’Assistance au
Développement (ONCAD), encadre le monde rural, contrôle les coopératives, s’occupe de la
commercialisation de l’arachide et de son transport ainsi que de l’importation de riz. D’autres
structures économiques sont créées : la Société Nationale d’Aménagement et de
Développement des Terres du Delta (SAED), la Société de Développement de Vulgarisation
Agricole (SODEVA), la Société de Mise en Valeur Agricole de la Casamance (SOMIVAC), la
Société pour le Développement Agricole et Industriel (SODAGRI), la Société de Développement

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des Fibres Textiles (SODEFITEX).
Mais, l’absence de performances et de résultats concrets a poussé l’Etat à remettre en cause
officiellement sa politique fondée sur l’intervention. C’est ainsi que l’Etat tenta une autre
orientation en inaugurant au début des années 1980 une « Nouvelle Politique Economique »
(NEP) fondée sur le désengagement de l’Etat.
2- La « Nouvelle Politique Economique » : le désengagement de l’Etat
Le désengagement de l’Etat intervient dans une conjoncture internationale particulièrement
difficile.
La nouvelle politique économique est appliquée à partir de mars 1984.
- Au plan agricole, la Nouvelle Politique agricole (NPA) repose sur le désengagement de
l’Etat, la responsabilisation des paysans, la mise en place d’une politique de prix pour
encourager la culture des céréales locales, la prise en charge de l’approvisionnement par
les privés et la réadaptation du mode d’encadrement.
La NPA n’a pas atteint ses objectifs et l’Etat a mis en œuvre un Programme d’Investissement du
Secteur agricole (PISA), pour la période 1995-2000. Ce programme vise à assurer une
croissance agricole dans la vallée du fleuve Sénégal et à préserver les ressources.
Depuis 2000, le gouvernement libéral a mis en place un programme d’urgence visant à relancer
les cultures vivrières avec une dominance du maïs, suite aux difficultés rencontrées par la
culture de l’arachide. La Grande Offensive Agricole pour la Nourriture et l’Abondance : GOANA a
été lancée dans ce cadre.
- Au plan industriel, la Nouvelle Politique industrielle (NPI) a été initiée en 1986. Elle vise
la poursuite du désengagement de l’Etat, l’accroissement de la compétitivité des
entreprises industrielles, la promotion des PME-PMI, la réduction des coûts des facteurs
de productions techniques.
Le bilan de la NPI a été négatif. Cependant, l’Etat poursuit la politique de libéralisation à
outrance avec la privatisation des grandes entreprises, l’incitation à la création de PME-PMI, la
libéralisation du secteur commercial.
De nos jours le PSE (Projet Sénégal Emergent) évalué à un montant de 10 287, 6 milliards de
FCFA doit propulser le Sénégal vers le développement à l’horizon 2035.
Conclusion
Les problèmes économiques du Sénégal s’inscrivent dans le cadre général des problèmes de
tous les pays en voie de développement (sous-équipement, pauvreté, échec des politiques
économiques, etc.) .Il s’y ajoute un milieu physique caractérisé par beaucoup d’handicaps. En
plus, les politiques de développement adoptées se heurtent à d’innombrables obstacles ou
elles sont tout simplement mal adaptées. Enfin, la bataille du développement semble difficile
mais réalisable avec une bonne volonté politique.

Leçon 10 : L’Asie Pacifique : Le modèle économique japonais : caractéristiques et problèmes


Introduction
Archipel situé à l’Extrême-Est de l’Asie, le Japon est formé essentiellement de quatre îles et
couvre une superficie de 373000Km2.Ruiné à l’issue de la deuxième guerre mondiale, le Japon a

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connu une croissance économique exceptionnelle. Cette expansion économique repose sur
des critères qui caractérisent un modèle économique performant. Mais la réussite économique
spectaculaire du Japon connaît des limites.
I/ Les caractéristiques du modèle économique japonais
1/ Le potentiel humain
Avec une population de 127967000 habitants, le Japon est la 9e puissance démographique du
monde. Il dispose d’un vaste marché intérieur qui consomme les ¾ de la production et d’une
main d’œuvre importante et qualifiée.
L’importance et la qualification de la population active, la cohésion sociale, la discipline, le
patriotisme et l’ardeur au travail (44 heures par semaine contre 36 heures en France) ont
assuré le développement fulgurant de l’économie japonaise. Ainsi, on assiste à une « religion
du travail » et au « patriotisme d’entreprise » qui expliquent certainement le peu de grèves
enregistrées au niveau des entreprises.
2/ L’originalité et l’efficacité de l’organisation économique
La croissance économique du Japon repose d’abord sur la division du travail entre les grandes,
les petites et les moyennes entreprises. Les structures de l’économie sont largement
concertées entre les employés d’un même service ou entre les dirigeants des entreprises
réunis autour du Keïdanren (patronat), les milieux d’affaires (Zaïkaï) et le pouvoir politique pour
étudier collectivement les moyens d’améliorer la qualité du produit et de la productivité. Dans
l’organisation de la production, on observe une coexistence entre conglomérats géants
(Mitsubishi, Sumitomo, Nippon Steel, Honda, Toyota, etc.) et les PME – PMI. Ces dernières
représentent plus de 90% des entreprises, près de 75% des emplois et assurent plus de la
moitié de la production industrielle.
3/ Le rôle de l’Etat
L’Etat nippon, par l’intermédiaire du puissant MITI (Ministère du commerce international et de
l’industrie) devenu en 2001 METI (Ministère de l’économie, du commerce et de l’industrie),
contrôle très fortement la politique économique du pays. L’Etat apporte un soutien aux
entreprises en difficultés, facilite la création d’activités économiques basées sur l’innovation,
agit sur la parité monétaire entre le Yen et les autres devises. Il joue un rôle régulateur dans
l’économie, d’encouragement, de protection et facilite l’écoulement de la production à
l’étranger.
4/ L’essor industriel, technologique et commercial
Dans le domaine industriel, Le Japon fournit 15 % de la production industrielle mondiale. Il
dispose de puissantes industries lourdes comme la sidérurgie, classée au premier rang
mondial grâce à Nippon Steel. Le Japon occupe également les premiers rangs dans les
constructions navales, la chimie lourde et l’automobile grâce à Toyota et Nissan.
Sur le plan technologique, les industries de pointe et de haute technologie occupent une place
importante dans le marché mondial avec Les constructions électriques et électroniques,
l’informatique, la robotique, les biotechnologies. Dans ce domaine, on peut citer de grandes
industries technologiques comme Sony, Toshiba, Hitachi…
Dans le domaine commercial, Le Japon réalise le premier excédent commercial du monde. En
effet, sa balance commerciale est excédentaire. Les exportations portent essentiellement sur
les produits industriels comme les automobiles, les navires, les textiles, les produits électriques
et électroniques.

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Le Japon se présente comme un « vendeur surdoué et agressif » grâce à des sociétés de
commerce (les Sogo Shosha) qui collectent les informations et commercialisent les produits.
Ces Sogo Shosha constituent les fers de lance des exportations japonaises.
II/ Les limites du modèle économique japonais
1/ Les contraintes naturelles
Le pays est confronté à plusieurs contraintes naturelles :
Le manque d’espace : le Japon est un pays très montagneux (71 % du territoire). Les plaines
intérieures sont peu étendues limitant ainsi les possibilités agricoles.
L’insuffisance des ressources naturelles : le pays a un sous-sol pauvre. Les sources d’énergie
sont rares : 84% des besoins énergétiques du pays sont importés.
La fréquence des catastrophes naturelles : le Japon est fréquemment secoué par des
tremblements de terre, les cyclones et les vagues de froid.
2/ La dépendance extérieure
Le japon doit importer plus de 80% de son énergie, la quasi-totalité de ses matières premières
et une grande partie de ses besoins alimentaires. Sa puissance étant fondée sur les
exportations, il est dépendant du marché mondial et surtout du marché américain.
3/ Les problèmes sociaux
La population japonaise connaît un vieillissement. En effet, le taux d’accroissement (-0,06% en
2013) et l’indice de fécondité (1,39 en 2013) sont faibles. Le peuple japonais est le plus « vieux
du monde »(23,3% sont âgés de 65ans et plus en 2013). Cette situation entraîne une pénurie de
main d’œuvre.
Le chômage concerne plus de 5% de la population active. Les cas de suicide, la criminalité et la
xénophobie sont récurrents dans la société japonaise.
Conclusion
Le Japon est devenu en moins d’un demi-siècle une puissance économique mondiale et
régionale en Asie. Malgré sa réussite spectaculaire, le modèle économique japonais enregistre
des signes de faiblesses.

……………………………………………………………………………………………………………………………..

Leçon 14 : Le Brésil : une puissance du tiers monde

Introduction
Couvrant une superficie de 8512 000km2 et comptant une population de 196 millions habitants
(2013), le Brésil est la 2e puissance du Tiers Monde derrière la Chine et 7éme rang mondial.
Grâce à son poids démographique et à une forte croissance économique, le Brésil apparaît de
plus en plus comme un pays puissant et émergent. Mais le pays présente encore des
caractéristiques du sous-développement.
I/ Les facteurs de la puissance du Brésil
1/ L’importance des ressources naturelles

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Le Brésil dispose d’immenses ressources naturelles, des potentialités économiques énormes.
En effet, le pays possède le fleuve le plus puissant et le plus vaste du monde (Amazone) et la
forêt la plus étendue de la terre (Amazonie). Ses sols sont généralement riches et peuvent
porter des cultures tropicales comme tempérées. Les richesses minières (fer, bauxite,
manganèse, étain, or, plomb, nickel, diamant, etc.) sont considérables.
Les ressources énergétiques (charbon et pétrole) sont aussi importantes. Le pays dispose de
l’eau et du soleil en abondance. C’est pourquoi les brésiliens disent que : « Dieu est brésilien »
car il a doté le Brésil d’une nature généreuse.

2/ Une puissance agricole


Bénéficiant de conditions naturelles favorables, de grandes surfaces cultivables et d’importants
investissements, le Brésil est devenu un grand producteur agricole et le 3e exportateur mondial
de produits agroalimentaires. Le Brésil occupe le 1er rang mondial pour le café, la canne
àsucre, les oranges et l’élevage bovin, le 2e rang pour le soja, le 3e rang pour le maïs et les
porcins, le 5e rang pour le cacao, le coton, etc. Le Brésil a pu se doter d’un vaste complexe
agroalimentaire. Des firmes étrangères interviennent dans ce secteur : c’est le cas de Danone
(France), de Nestlé (Suisse), etc. L’agriculture concerne 60% des exportations brésiliennes et
occupe 16% de la population active.

3/ Une puissance industrielle


Classé parmi les NPI, le Brésil occupe le 10éme rang dans le classement mondial des pays
industriels. L’industrie occupe 23% de la population active. Les industries brésiliennes sont
parmi les premiers au monde. Ainsi, le Brésil est le 9e producteur mondial d’acier, le 8e pour le
caoutchouc, le 6e pour l’aluminium, le 10e pour l’automobile. Le Brésil a enregistré des avancées
significatives dans l’armement et les constructions aéronautiques et aérospatiales.

4/ Une puissance régionale


5e puissance démographique et territorial du monde, le Brésil est le chef de file du continent
sud-américain. Il organise l’espace économique de l’Amérique latine à son profit avec la mise
sur pied, en 1991, du MERCOSUR (Marché commun de l’Amérique du Sud).

II/ Les problèmes de développement


1/ Une pauvreté persistante

La population brésilienne est majoritairement pauvre. Plus de 37% des brésiliens vivent dans la
pauvreté (moins de 2 dollars par jour). Dans cette catégorie des pauvres, il y a 20 % de pauvres
absolus. Il s’agit des Indiens d’Amazonie, habitants des favelas (bidonville), habitants du
Sertão (zone semi-aride et peu peuplé du Nordeste).Selon l’UNICEF, plus de 50% des brésiliens
vivent en dessous du seuil de pauvreté, le ¼ dans la misère. La consommation de la drogue, la
prostitution, la criminalité et le travail des enfants sont des phénomènes fréquents chez les
pauvres.
Une fraction importante des ruraux souffrent de faim et de malnutrition tandis que le sort des
enfants de la rue est plus que désolant (plus de 3 millions d’enfants de 5 à 14 ans travaillent
bien que la loi l’interdit en dessous de 16 ans)

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2/ De fortes inégalités sociales
Le Brésil est marqué par de très fortes inégalités sociales. On assiste à une minorité de riches
(grands agriculteurs, industriels et commerçants, hauts fonctionnaires etc.) et une très forte
proportion de pauvres (habitants des favelas, chômeurs, ouvriers du secteur informel, paysans
sans terre, etc.). Les blancs sont plus riches que les noirs alors que métis et indiens sont au
bas de l’échelle sociale. Au cœur des inégalités, se trouve la question agraire source de
tensions sociales avec l’accaparement des meilleures terres par les riches.

3/ Des contrastes régionaux de développement


Le Brésil est caractérisé par de très forts contrastes régionaux de développement. On assiste à
des régions pauvres (Nordeste) et des régions riches (le Sudeste constitue le poumon
économique du Brésil actuel, avec notamment le « triangle utile » composé de São Paulo,
BeloHorizonte et Rio de Janeiro).

4/ Une forte dépendance de l’extérieur


L’économie brésilienne est dépendante et extravertie. En effet, le Brésil est dépendant des
importations pétrolières et des investissements étrangers. La dépendance industrielle est
grande à cause des investissements des firmes américaines européennes et japonaises qui
contrôlent une grande partie de l’industrie nationale. La croissance brésilienne a été largement
financée par l’emprunt. C’est pourquoi le Brésil est l’un des pays les plus endettés du tiers
monde.
Conclusion
Le Brésil, chef de file du Mercosur, est une puissance du Sud. Il cherche encore la solution à
l’immense pauvreté de la majorité de sa population. Son endettement et les inégalités
croissantes constituent des obstacles à son développement économique. Mais, avec le « Plan
d’Accélération de la Croissance », il espère atteindre le développement dans les meilleurs
délais.

CINQUIEME PARTIE : L’AFRIQUE

Leçon 15:Les problèmes et les perspectives de développement du continent africain

Introduction
Couvrant une superficie de 30310000 km2 et comptant une population de 1,101milliards
habitants en 2013, l’Afrique est constituée de 54 pays sous-développés. C’est un continent qui
fait face à de nombreux problèmes de développement.
Cependant, de nombreuses initiatives sont mises en place pour relancer le processus de
développement du continent africain.
I/ Les problèmes de développement de l’Afrique
1/ Les problèmes économiques
Ils concernent les secteurs agricole, industriel et commercial.
L’agriculture emploie environ 60 % de la population active africaine et fournit 35 % du PIB du
continent. Elle est confrontée à de nombreux problèmes : les aléas du climat, la pauvreté des

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sols et le sous-équipement des paysans. Les faibles rendements entraînent une dépendance
alimentaire chronique (autosuffisance alimentaire non atteinte). Par ailleurs, l’élevage et la
pêche sont dominés par le système traditionnel.
Le secteur industriel est dominé par des industries alimentaires, de montage et de
transformation des matières premières. L’industrie lourde ou de haute technologie est presque
absente du continent. L’Afrique ne participe que pour moins de 1 % de la production industrielle
mondiale. L’industrie africaine connaît de nombreuses difficultés : la faiblesse des
investissements, la faible qualification de la main d’œuvre, la dépendance technologique
Dans le commerce international, l’Afrique ne représente que moins de 3% des échanges
mondiaux. L’Afrique exporte des matières premières (à faible valeur ajoutée) et importe des
produits manufacturés et alimentaires. Les échanges entre africains représentent 7% de leurs
commerces extérieurs. Cette situation s’explique par la multiplicité des monnaies, les barrières
douanières, la faiblesse des moyens de communication, les économies concurrentielles.
De plus, la dégradation des termes de l’échange entraîne la dépendance qui s’accompagne
d’un endettement considérable.
2/ Les problèmes sociaux
Sur le plan social, l’Afrique a les niveaux de développement les plus faibles de la planète. Il
occupe les derniers rangs dans le classement mondial de l’IDH (indice de développement
humain) et de l’IPH (indicateur de pauvreté humaine).
Au plan démographique, il est aujourd’hui le continent dont la population s’accroît le plus
rapidement. La croissance annuelle qui est en baisse, dépasse 2% (TAN 2,5%. ISF 4,8 en
2013). Les problèmes de scolarisation, de prise en charge sanitaire, de famine, de malnutrition,
de chômage, d’environnement, d’urbanisation (explosion urbaine), etc. se posent avec acuité.
3/ Les problèmes politiques
Le morcellement territorial de l’Afrique dont les frontières sont héritées de la colonisation a
divisé les peuples et les richesses naturelles. L’Etat ne correspond pas toujours à une nation,
d’où sa remise en cause par des courants irrédentistes (mouvement de revendication
territoriale) et séparatistes. Les Etats africains sont souvent confrontés à des coups d’Etat, des
guerres civiles, des rebellions, etc. Cette instabilité politique et sociale freine le développement
du continent.
II/Les perspectives de développement de l’Afrique
Dans le cadre de la recherche de solutions aux nombreux problèmes de développement,
plusieurs solutions peuvent être adoptées :
Promouvoir la paix et la stabilité à l’intérieur des pays et au niveau des frontières, en luttant
contre les rebellions, les guerres, les coups d’Etat et les conflits ethniques et religieux. 
Développer les secteurs sanitaire, éducatif, agricole et industriel et les infrastructures de
transport (routes, ports, aéroports rails) des pays africains.
Concrétiser l’Union africaine en renforçant l’intégration régionale déjà existante : UEMOA,
CEDEAO, UDEAC, CEMAC, SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe), UMA
(Union du Maghreb Arabe), CEAC (Communauté Economique des Etats de l’Afrique centrale)
Développer la coopération Nord-Sud mais également la coopération Sud-Sud 
Concrétiser les objectifs du NEPAD (Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique :
2001) issu de la Nouvelle Initiative africaine(NIA), qui est une synthèse des plans Oméga du
président sénégalais Abdoulaye Wade et du Millenium African Plan (MAP) des présidents Tabo

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Mbéki (Afrique du Sud), Olesegun Obasanjo (Nigéria) et Abdoul Aziz Bouteflika (Algérie).
Conclusion
L’Afrique demeure un continent qui présente tous les aspects du sous-développement. Le
retard criard du continent en général, et de l’Afrique subsaharienne en particulier, devient de
plus en plus inquiétant dans le contexte de la mondialisation. Toutefois des solutions
existent pour palier aux innombrables problèmes de développement.

Leçon 16: Le Sénégal : Milieux naturels et Populations


Introduction
Situé à l’extrémité Ouest du continent africain, le Sénégal s’étend sur 196.712 km2et compte
environ 13.000.000 habitants. Présentant un relief essentiellement plat, un climat tropical et
une population hétérogène, le Sénégal est limité au Nord par la Mauritanie, au Sud par la
République de Guinée et la Guinée Bissau, à l’Ouest par l’océan Atlantique et à l’Est par le
Mali.
I/ Les milieux naturels
1/ Le relief
Le Sénégal est un pays plat au relief peu élevé, constitué essentiellement de plaines et de
palataux entaillés par des vallées mortes du Ferlo, du Sine et du Saloum. Les altitudes sont
inférieures à 130 m dans tout le bassin sédimentaire et décroissent de l’Est vers l’Ouest. Les
points les plus élevés se localisent :
Au Sud-est : c’est la zone la plus accidentée du pays avec des massifs et des plateaux qui
culminent à 581 m sur les monts Bassari
Dans la presqu’île du Cap-Vert où les Mamelles culminent à 105 m
Dans la région de Thiès où le massif de Ndiass est à 104m et le plateau de Thiès à 70m.
2/ Le climat
Le Sénégal appartient à l’espace intertropical. Son climat tropical (avec une saison sèche et
une saison pluvieuse) est influencé par la situation géographique du pays et par trois
principales masses d’air :
L’harmattan ou alizé continental, chaud et sec, en provenance de l’anticyclone maghrébin
(Sahara)
L’alizé maritime, frais et humide, venant de l’anticyclone des Açores (Nord Océan Atlantique)
La mousson, vent très humide et relativement chaud, venant de l’anticyclone de Sainte-Hélène
(Sud Océan Atlantique), responsable des pluies d’Eté (hivernage).
Les températures présentent de grandes différences entre les régions côtières et l’intérieur
(23,8 °C en moyenne à Dakar contre 29 °C à Matam). L’amplitude thermique, assez faible sur la
façade maritime, est très forte dans le reste du pays.
Les précipitations, qui tombent durant l’hivernage, diminuent du sud vers le nord : Ziguinchor :
1 500 mm/an, Kaolack : 800 mm, Thiès : 600 mm, Dakar : 500 mm, Saint-Louis : 300 mm.
3/ Sols et végétation
Les sols qui se dégradent de plus en plus sont tributaires de la pluviométrie. On peut distinguer
du Sud au Nord les 3 grands domaines suivants :
Le domaine sub-guinéen au Sud avec des sols ferralitiques (sols rouges), souvent argileux,

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occupés par une végétation importante de forêt et de savane arborée.
Le domaine soudanien occupe la majeure partie du pays avec des sols ferrugineux lessivés ou
non lessivés (sols Dior). Du Sud au Nord, nous avons une savane boisée ou arborée, une
savane herbeuse ou herbacée et une savane arbustive.
Le domaine sahélien avec des sols bruns très pauvres au Nord, dominés par la steppe.
On note également les sols hydromorphes le long des fleuves et dans la cuvette des Niayes
(végétation de palmiers), les sols halomorphes le long des estuaires qui portent une
végétation de mangrove, les sols calcaires sur la Petite Côte.
4/ L’hydrographie
Le réseau hydrographique sénégalais comprend :
des fleuves comme le Sénégal long de 1 750 km avec un bassin versant de 350 000 km2 et un
débit moyen de 780 m3/s, la Gambie avec 1 150 km et un bassin versant de 80 000 km2, la
Casamance avec 300km ;
des bras de mer comme le Sine et le Saloum ;
des lacs qui ont tendance à se dessécher (lac de Guiers, lac Tanma, lac Rose ou lac Retba).

II/ La population sénégalaise


1/ Composition de la population
Du point de vue ethnique, la population est composée de plusieurs ethnies :
lesWolofs majoritaires (44 % de la population), répartis sur tout le territoire ;
lesSérères (13 %) dans les régions de Thiès, Kaolack, Fatick et Diourbel ;
le groupe Halpulaar (23 %) dans toutes les régions, mais surtout présent au Ferlo, au Fouladou
et le long de la vallée du fleuve Sénégal ;
les Diolas (5%) en Basse-Casamance ;
les Mandingues (4%) dans les départements de Sédhiou et de Kolda ;
les autres ethnies (6 %) sont les Soninkés, les Manjacks, les Bambaras, les Balantes, les
Bassaris, les Baïnouks, les Mancagnes, etc.
Il y a aussi la présence de la population non sénégalaise, composée d’africains, d’européens, de
libano-syriens, etc. estimée à 1,8 ou à 2% de la population.
Sur le plan religieux, près de 94% des sénégalais sont des musulmans. Les chrétiens font 5% et
les adeptes des religions traditionnelles (animistes) près de 1%.La principale langue parlée est
le Wolof. Plus de 70% de la population l’utilise comme première ou deuxième langue. Le
Français reste la langue officielle et la principale langue écrite.
2/ Une inégale répartition de la population
La population sénégalaise est inégalement répartie. Les fortes densités sont enregistrées dans
les régions de Dakar (4 145 hab/km2), de Diourbel (214 hab/km2) de Thiès (208hab/km2),
Fatick (77 hab/km2), Kaolack (69 hab/km2), Ziguinchor (59 hab/km2). Les plus faibles densités
sont enregistrées dans les régions de Saint-Louis (36 hab/km2), Louga (27 hab/km2), Matam
(14 hab/km2) et surtout Tambacounda (10 hab/km2).
La population réside essentiellement dans les campagnes (58% en 2012), et les villes
concentrent 42% de la population totale. L’Ouest, avec l’essentiel des activités économiques,
les villes les plus importantes et le climat plus accueillant, concentre environ 75% de la
population sur un quart du territoire. L’Est et le Nord-est affichent les plus faibles densités avec
moins de 10 hbts/km2 dans le Ferlo et la région de Tambacounda.

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3/ les mouvements naturels et les migrations
La croissance démographique est rapide. Cette croissance résulte d’un taux de natalité encore
élevée mais en baisse, (32,78 ‰) et d’un taux de mortalité en baisse aussi (9,42 ‰) soit un taux
d’accroissement naturel élevé (2,3% par an), d’où un doublement tous les 26 ans. L’indice de
fécondité est de 4,74 et l’espérance de vie 57 ans en 2013.
Les sénégalais sont très mobiles. L’exode rural est le principal mouvement interne. Les
migrations interrégionales sont également importantes (transhumance, migration interurbaine,
déplacements saisonniers des paysans vers les terres riches).Les migrations internationales
touchent aujourd’hui toutes les régions du pays. Les pays d’accueil sont les pays africains (la
Côte d’Ivoire, le Gabon, le Nigeria, le Maroc, l’Afrique du Sud, la Mauritanie, la Libye, etc.),
européens (la France, l’Italie, l’Espagne, le Portugal, l’Allemagne, la Belgique, etc.) et
américains (les Etats-Unis et le Canada). Les migrations sont motivées par des raisons
essentiellement économiques et sociales.
4/ Les structures démographiques
La population sénégalaise est caractérisée par une extrême jeunesse de la population et
l’importance des femmes en nombre (54% de la population).
La structure par âge est dominée par les moins de 20 ans qui représentent 57,7% de la
population, viennent ensuite respectivement les adultes (37,3%) et les vieux (5%).Cette
jeunesse de la population pose d’énormes difficultés : pauvreté, chômage, délinquance juvénile,
prostitution, etc.
La structure par sexe laisse apparaître un déséquilibre en faveur des femmes (95 hommes
contre 100 femmes) tandis que la structure socioprofessionnelle est dominée par les activités
du secteur primaire (68% des actifs)Par conséquent, le secteur tertiaire (24%) ne cesse de se
développer avec une explosion de l’informel avec les petits métiers et le commerce de détail.
Par ailleurs, pays essentiellement rural, Le taux d’urbanisation du Sénégal est de 42 %. Dakar
est, de loin, la région la plus urbanisée, avec un taux de 97 %, suivie de Thiès (44 %), Ziguinchor
(44 %) et Saint-Louis (36 %). Les plus faibles taux d’urbanisation sont enregistrés dans les
régions de Kolda (12 %), Fatick (13 %), Matam (14 %), Diourbel (16 %) et Tambacounda (17 %).
Conclusion : Le Sénégal dispose de milieux naturels présentant des contraintes et d’atouts de
développement. Sa population est caractérisée par une croissance rapide, par une répartition
inégale, par une extrême jeunesse de la population, l’importance des femmes et une grande
mobilité.

Leçon 17 : la question de l’eau

Introduction
Source de vie et moteur essentiel du développement, l’eau constitue un problème majeur dans
les pays en développement et de surcroît sahéliens comme le Sénégal où l’accès à l’eau
potable n’est pas encore généralisé. Le pays dispose d’énormes ressources hydriques mais,
plusieurs facteurs limitent son exploitation. Néanmoins, l’Etat sénégalais conscient des effets
négatifs du déficit de l’eau sur son développement économique, a entrepris depuis son
indépendance, des tentatives pour pérenniser l’approvisionnement en eau potable des
populations.

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I/ LES RESSOURCES EN EAU
1/ La pluviométrie
Pays tropical, le Sénégal connaît une longue saison sèche (possibilité d’y avoir des pluies de
Heug) et une courte saison des pluies (hivernage). Le pays reçoit entre 800 et 1500 mm d’eau
pour une durée de 20 à 85 jours par an. Les pluies diminuent du sud au nord en quantité et en
durée. Ainsi, nous avons une moyenne de 600 mm par an, soit un volume de 130 milliards de
m3, ce qui est très insuffisant si nous tenons compte de la nature des précipitations et de leur
absorption par le sol.
2/ Les eaux de surface
Elles sont constituées des bassins du Sénégal (y compris le lac de Guiers), de la Gambie, et de
la Casamance. Ces bassins se caractérisent par une période de hautes eaux (crues) de juillet à
octobre et une période de basses eaux (étiage) de novembre à juin.
Le fleuve Sénégal (1750km) représente la plus importante source d'eau de surface. Le bassin
du fleuve Sénégal a un bassin de 337000km2 dont 60000km2 sur le territoire national. Le fleuve
Gambie (1130km) s’étend sur 7550km2 sur le territoire sénégalais. La Casamance (300km) a un
bassin de 20150km2. Le lac de Guiersa une superficie de 250km2.
3/ Les eaux souterraines
Le Sénégal renferme de nombreuses nappes souterraines utilisables réparties en trois
catégories :
- les nappes phréatiques, peu profondes localisées au Cap-Vert, sur le littoral Nord, au niveau
des bassins des fleuves et dans les Niayes. Les potentialités sont estimées à 270 000 m3 par
jour ;
- Les nappes du Continental terminal  plus ou moins profondes avec des puits villageois de 30
à 100 m.
- la nappe maëstrichtienne, très profonde, dans tout le bassin sédimentaire qui couvre la
quasi-totalité du territoire. Elle est atteinte par forage entre 100 et 400 m de profondeur et l’eau
remonte jusqu’à quelques mètres de la surface. Son volume théorique est de 100 milliards de
m3 de réserve d’eau douce, soit environ 500 000 m3 par jour.
II/ Les problèmes de l’eau au Sénégal
1/ Les problèmes liés à la quantité et à la qualité
3
Bien que les ressources en eau souterraine soient importantes (2.600.000m /jour pour 2000
ans) et les écoulements des fleuves réguliers, le Sénégal est confronté à des problèmes de
disponibilité en ressources hydriques liés à plusieurs facteurs négatifs. En effet, la sécheresse
de 1968 à 1998 a entraîné le tarissement des écoulements dans les vallées fossiles du Ferlo,
du Sine et du Saloum et l’abaissement du niveau des nappes souterraines.
L’exode rural qui s’est traduit par une forte concentration urbaine entraîne une surexploitation
des nappes souterraines alors que le réseau de la SDE ne parvient pas à satisfaire la demande.
Les ressources en eau connaissent aussi des problèmes liés à la qualité. En effet certaines
activités humaines entraînent La pollution des eaux. L’eau est polluée par les des déchets
domestiques et les activités économiques. Dans la vallée du fleuve Sénégal, ce sont les résidus
chimiques de fertilisation des sols et de traitement des plantes (Compagnie Sucrière
Sénégalaise et autres). Dans la région de Dakar, la décharge de Mbeubeuss, la station
d’épuration de Cambérène et les fosses septiques affectent les nappes phréatiques.
Par ailleurs, la conservation des ressources en eau est rendue difficile par trois phénomènes :

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l’évaporation, l’infiltration et le ruissellement.
2/ Les problèmes techniques et financiers
La profondeur de certaines nappes exige d’importants moyens financiers et techniques pour
leur exploitation. Par exemple, la nappe maestrichtienne a une profondeur très importante.
Dans tout le bassin sédimentaire, elle est atteinte par forage entre 100 et 400 m de profondeur.
Les moyens financiers nécessaires pour exploiter les ressources hydriques sont énormes (un
forage vaut 20 à 30 millions voire plus).Les projet du doublement de la conduite du lac de
Guiers devait coûter 92 milliards et celui du canal de Cayor 220 milliards.
Enfin, la gestion commune des eaux dans le cadre de l’OMVS s’accompagne souvent de
blocages (protestation de la Mauritanie contre le projet sénégalais de revitalisation des vallées
fossiles).
II/ Les politiques de maîtrise de l’eau
Le Sénégal a entrepris une série d’actions visant à trouver des solutions au problème de l’eau.
Pour rentabiliser le réseau hydrographique, la Société d’Aménagement et d’exploitation des
Eaux du Delta (SAED) développe l’agriculture irriguée sur le bassin du Sénégal. . Des barrages
ont également été construits pour diminuer le déficit en eau. Il s’agit du barrage anti-sel de
Diama pour arrêter la langue salée et remplir le lac de Guiers et les cuvettes. Il y a aussi le
barrage de Manantali (au Mali) pour stocker les eaux de crues et réguler le débit du fleuve,
assurer la navigabilité du fleuve toute l’année et la production de 800 GWH d’électricité par an.
Un vaste programme de réseau hydrographique national est lancé. Les principaux axes de ce
programme sont :
- l’aménagement des bassins de rétention d’eau (138 déjà mis au point) pour empêcher
l’écoulement et la perte des eaux et en même temps limiter les dégâts causés par les
inondations ;
- la désalinisation des eaux de Basse-Casamance, avec la construction de digues et de
barrages sur les fleuves Gambie et Casamance.
Concernant l’approvisionnement en eau potable des villes et des campagnes, des efforts sont
fournis. Outre les efforts de la Société des Eaux (SDE), un réseau de puits et de forages a été
édifié : 927 forages motorisés, 1028 forages et puits à pompes manuelles, 74 forages à
éolienne, 2100 par exhaures traditionnelles.
Les projets de revitalisation des vallées fossiles et du Canal du Cayor ne sont pas encore
réalisés à cause des blocages financiers et politiques.
Conclusion
Le Sénégal dispose d’un important potentiel en ressources en eau qui est mal réparti sur le
territoire. Le déficit en eau est réel au Nord de la ligne Thiès-Kaokack-Tamba. Ainsi, il se pose
un vrai problème de maîtrise de l’eau, ressource indispensable à toute activité humaine.
Cependant, pour assurer son autosuffisance alimentaire dont le succès dépend de la maîtrise
de l’eau et du développement de l’agriculture irriguée, le pays doit réussir ses politiques de
maîtrise de l’eau.

Leçon 18: Le Sénégal : les problèmes économiques et les politiques de développement

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Introduction
Le Sénégal est confronté à de sérieux problèmes économiques. L’impact de ces difficultés
économiques se traduit par la persistance de la pauvreté et plus de 50% de la population vit
sous le seuil de la pauvreté. Mais, à l’instar des pays les moins avancés (PMA), le Sénégal s’est
engagé dès son indépendance dans la voie du progrès économique. C’est dans ce sens que
plusieurs politiques de développement ont été successivement mises en place pour atteindre le
développement.
I/ Les problèmes économiques
1/ Les problèmes de l’agriculture et de la pêche
Avec plus de 60% de la population active, l’agriculture reste encore un pilier de l’économie. La
contribution de l’agriculture au PIB baisse régulièrement, passant de 20% en 1965 à 17,3 % en
1979 et 9% en 2004 à 7,1 en 2012. Ce recul est dû à plusieurs facteurs :
Les aléas climatiques : Le Sénégal est frappé depuis plusieurs décennies par la sécheresse,
malgré une reprise de la pluviométrie notée ces dernières années. Les précipitations sont
devenues très déficitaires et la saison des pluies est généralement écourtée.
La domination de la culture arachidière : L’agriculture sénégalaise a longtemps souffert de la
monoculture qui a régné en maître absolu, aussi bien pour les surfaces cultivées que pour les
productions et les exportations du pays. Cette situation est d’autant plus grave que l’arachide
est concurrencée sur le marché des oléagineux par le tournesol, le colza et le soja ;
Le déficit de la production vivrière : Il entraîne des importations massives de denrées
alimentaires qui débouchent à une balance commerciale déficitaire ;
La dégradation des sols ou la pauvreté des sols liée aux activités humaines ; 
Les difficultés d’accès aux crédits par le biais de la Caisse nationale de Crédit agricole (CNCA).
Il s’y ajoute le manque d’infrastructures de stockage, la cherté des facteurs de production
(semences, engrais, machines, etc.) ;
L’utilisation de matériels agricoles rudimentaires.
L’élevage, pratiqué principalement dans le Ferlo et l’Est du pays, souffre du manque d’eau et de
l’insuffisance des pâturages, ce qui pousse le cheptel à la transhumance.
La pêche qui a pendant longtemps constitué le fleuron de l’économie est confrontée aux coûts
élevés des facteurs de production, à la faiblesse de la mécanisation, à la rareté des crédits, à la
surpêche et à la réduction sensible des ressources.
Ainsi, le pays fait face à un problème d’autosuffisance alimentaire et il est obligé d’importer
d’énormes quantités de produits alimentaires. Ces importations pèsent lourdes sur sa balance
commerciale.
2/ Les problèmes industriels
Les difficultés de l’industrie sénégalaise sont nombreuses et diverses :
- le manque de capitaux et l’absence d’industries lourdes ;
- la domination d’industries légères de type alimentaire et de transformation de matières
premières
- l’insuffisance des ressources  minières et énergétiques ;
- l’inégale répartition des industries à l’échelle nationale traduit le déséquilibre entre Dakar (qui
concentre 90 % des industries) et le reste du pays ;
- la faible compétitivité des produits industriels sénégalais et la rude concurrence
internationale ;

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- la cherté des coûts des facteurs de productions techniques (eau, électricité, téléphone,
transports, etc.) ;
- l’étroitesse du marché (population peu importante, faiblesse des revenus).
Par ailleurs,  le commerce extérieur du Sénégal n’est pas performant. La balance commerciale
est régulièrement déficitaire. Le commerce souffre de la détérioration des termes de l’échange
due à la baisse de la valeur des produits exportés et la hausse des prix des produits importés.
II/ Les politiques de développement
Le Sénégal a pratiqué un système économique que l’on peut qualifier de « mixte ». En effet, les
autorités tout en proclamant un « socialisme démocratique », n’ont jamais procédé à une
collectivisation à outrance des moyens de production (terres, entreprise, banques), laissant
cohabiter un secteur privé et un secteur public.
1/ La politique interventionniste de l’Etat ou politique de développement planifié
Au lendemain des indépendances, l’Etat est le principal inspirateur, exécutant et évaluateur de
la politique économique. A partir de 1966 l’Office national de Coopération, d’Assistance au
Développement (ONCAD), encadre le monde rural, contrôle les coopératives, s’occupe de la
commercialisation de l’arachide et de son transport ainsi que de l’importation de riz.D’autres
structures économiques sont créées : la Société Nationale d’Aménagement et de
Développement des Terres du Delta (SAED), la Société de Développement de Vulgarisation
Agricole (SODEVA), la Société de Mise en Valeur Agricole de la Casamance (SOMIVAC), la
Société pour le Développement Agricole et Industriel (SODAGRI), la Société de Développement
des Fibres Textiles (SODEFITEX).
Mais, l’absence de performances et de résultats concrets a poussé l’Etat à remettre en cause
officiellement sa politique fondée sur l’intervention. C’est ainsi que l’Etat tenta une autre
orientation en inaugurant au début des années 1980 une « Nouvelle Politique Economique »
(NEP) fondée sur le désengagement de l’Etat.
2/ La « Nouvelle Politique Economique » : le désengagement de l’Etat
Le désengagement de l’Etat intervient dans une conjoncture internationale particulièrement
difficile.
La nouvelle politique économique est appliquée à partir de mars 1984.
Au plan agricole, la Nouvelle Politique agricole (NPA) repose sur le désengagement de l’Etat, la
responsabilisation des paysans, la mise en place d’une politique de prix pour encourager la
culture des céréales locales, la prise en charge de l’approvisionnement par les privés et la
réadaptation du mode d’encadrement.
La NPA n’a pas atteint ses objectifs et l’Etat a mis en œuvre un Programme d’Investissement du
Secteur agricole (PISA), pour la période 1995-2000. Ce programme vise à assurer une
croissance agricole dans la vallée du fleuve Sénégal et à préserver les ressources.
Depuis 2000, le gouvernement libéral a mis en place un programme d’urgence visant à relancer
les cultures vivrières avec une dominance du maïs, suite aux difficultés rencontrées par la
culture de l’arachide. La Grande Offensive Agricole pour la Nourriture et l’Abondance : GOANA a
été lancée dans ce cadre.
Au plan industriel, la Nouvelle Politique industrielle (NPI) a été initiée en 1986. Elle vise la
poursuite du désengagement de l’Etat, l’accroissement de la compétitivité des entreprises
industrielles, la promotion des PME-PMI, la réduction des coûts des facteurs de productions
techniques.

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Le bilan de la NPI a été négatif. Cependant, l’Etat poursuit la politique de libéralisation à
outrance avec la privatisation des grandes entreprises, l’incitation à la création de PME-PMI, la
libéralisation du secteur commercial.
De nos jours le PSE (Projet Sénégal Emergent) évalué à un montant de 10 287, 6 milliards de
FCFA doit propulser le Sénégal vers le développement à l’horizon 2035.
Conclusion
Les problèmes économiques du Sénégal s’inscrivent dans le cadre général des problèmes de
tous les pays en voie de développement (sous-équipement, pauvreté, échec des politiques
économiques, etc.) .Il s’y ajoute un milieu physique caractérisé par beaucoup d’handicaps. En
plus, les politiques de développement adoptées se heurtent à d’innombrables obstacles ou
elles sont tout simplement mal adaptées. Enfin, la bataille du développement semble difficile
mais réalisable avec une bonne volonté politique.

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