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Les

7 sphères
de
l’Anthropocène
Remerciements

Eternelle reconnaissance, pour leurs travaux d’intérêt général qui m’ont inspiré ce document :
• Arthur Keller
• Jean-Marc Jancovici
• Pablo Servigne, Raphaël Stevens et Gauthier Chapelle
• Philippe Bihouix
• Bruno Latour
• Dominique Bourg
• François Gemenne et Aleksandar Rankovic (« Atlas de l'Anthropocène »)
• Jérôme François (Jérôme François, « Analyses des risques systémiques liés au système Terre – économie
des ressources naturelles », décembre 2020)
Nota bene

Décrire l’Anthropocène est une tâche extrêmement ardue :


• Par la diversité des phénomènes : liés au changement climatique, à l’effondrement de la biodiversité, aux pollutions et
déchets, à l’épuisement des ressources, etc.
• Par la multiplication des points d’impacts : sous-sols, sols, terres, glaces, océans et cours d’eau, animaux et végétaux,
atmosphère, etc.
• Parce que la Terre est un système complexe : des conséquences peuvent devenir causes d’autres phénomènes, des
boucles de rétroaction positives peuvent créer de l’emballement, plusieurs causes peuvent entraîner une conséquence,
plusieurs conséquences peuvent être entraînées par une cause, etc.
• Parce que la science progresse quotidiennement : chaque jour/semaine de nouvelles études viennent éclairer ou
préciser certains domaines d’analyse. Ce document, rédigé en janvier-mars 2021 tente d’utiliser les sources les plus
actuelles possible et sera complété autant que possible à mesure que de nouvelles analyses nous parviendront.

J’ai fait le choix de présenter les impacts de l’Anthropocène en prolongeant l’allégorie des 7 sphères utilisée par Arthur
Keller dans ses présentations.
Une représentation du lien entre les impacts est proposée sous forme de cartographie (p. 125)

Je ne prétends pas être un expert de tous les sujets traités ici (je doute que quiconque puisse prétendre l’être d’ailleurs).
Je me fonde sur les publications et organismes scientifiques de référence. Je suis bien évidemment ouvert à toute
remarque, clarification, objection et réfutation qui m’aidera à améliorer ce travail.
N’hésitez pas à me contacter sur cette adresse mail : loicmarce84@gmail.com
I Anthropo… quoi ?
Si l’histoire de l’Univers se déroulait en un an, Homo Sapiens arriverait à 23h48
le 31 décembre et l’Anthropocène débuterait pendant la dernière seconde…
En 1977, l'astronome américain Carl Sagan crée un calendrier cosmique. Sur
une année, il place les événements majeurs qui ont conduit à la naissance de
la Terre et, bien plus tard, à l'apparition de l'homme. Si le Cosmos est né un
1er janvier, notre galaxie, la Voie Lactée, n’apparaît que le 12 mai, et notre
système solaire, en son sein, le 2 septembre.
La vie survient rapidement après, le 9 septembre.
Les dinosaures arrivent pour Noël, le 25 décembre.
Le 31 décembre, pendant la soirée du réveillon, vers 20h, la lignée
humaine se sépare des autres grands singes, et Homo Sapiens arrive
vers 23h48.
Athènes et Rome sont fondées à 23h 59min et 53s.
Pendant la toute dernière seconde de l’année, nous comptons les
Lumières, l’industrialisation, les nouvelles vagues de colonisation, les
guerres mondiales, la conquête de la Lune… Et avec elles toutes les
modifications qui marquent l’entrée dans l’Anthropocène.
La Terre a déjà connu des modifications profondes, mais elles se sont
déroulées sur des temps bien plus longs.
La Grande Oxygénation, par exemple, qui correspond au relâchement massif et continu d’oxygène dans l’atmosphère après l’apparition de la photosynthèse
chez des micro-organismes et qui a donné l’atmosphère telle que nous la connaissons dans ses grandes lignes, a pris des centaines de millions d’années.
La période qui a vu l’accroissement de l’humanité, l’Holocène, s’est étendue sur les 10 000 dernières années : elle était particulièrement clémente, du
point de vue climatique comme du point de vue de sa stabilité.

L’intensité des changements en cours sur la planète est inquiétante, car elle lui fait brutalement quitter ces conditions et se diriger vers un environnement +
hostile, ne serait-ce qu’en termes de climat. La Terre n’a semble-t-il jamais connu un tel ensemble de changements dans une période aussi courte : sans
base de comparaison, il est très difficile de prédire sa trajectoire future. L’Anthropocène est un saut dans l’inconnu.

Source : « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po,
http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300 ; https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/9/99/Cosmic_Calendar.png/550px-Cosmic_Calendar.png
L’Anthropocène, naissance d’un concept
En 2000, lors d’une conférence scientifique à Mexico, Paul Crutzen, chimiste néerlandais et Prix
Nobel de chimie pour ses travaux sur la destruction de la couche d’ozone introduit pour la première
fois le concept d’Anthropocène. Il publiera ensuite plusieurs articles où il développe l’idée que la
Terre est entrée dans une nouvelle ère géologique. L’un d’eux, Geology of Mankind, paru dans la
revue Nature en 2002, aura une grande influence. *
La proposition de Crutzen s’inscrit dans une lignée ancienne. Platon s’inquiétait déjà des
conséquences de la déforestation de l’Attique, Buffon soulignait en 1778 que les humains altèrent
la température et les précipitations en modifiant la végétation et en brûlant du charbon. En 1864 aux
États-Unis, George Perkins Marsh publie Man and Nature, Physical Geography as Modified by Paul Crutzen (Wikipedia)
Human Action. Peu après, l’Italien Antonio Stoppani proposait de définir une ère
« anthropozoïque ». D’autres auteurs comme le géologue russe Vladimir Vernadski ou le Suédois
Arrhenius, un des découvreurs de l’effet de serre associé au CO2, ont prolongé ces réflexions. Les
conférences et rapports se sont succédés depuis les années 1950 pour analyser l’ampleur du
phénomène : la conférence internationale Man’s Role in Changing the Face of the Earth
(Princeton 1955), le rapport Meadows d’une équipe du MIT (1972), le dossier The Human Epoch
de la revue Nature (2015)…

Désormais, grâce aux immenses progrès scientifiques, en particulier sur la quantité et la


qualité des données issues des observations partout dans le monde, nous sommes en
mesure de documenter, analyser et tenter d’enrayer ce qui se passe sous nos yeux : l’impact
d’une espèce parmi des centaines de milliers, l’homo sapiens, qui a acquis le pouvoir
terrifiant de modifier les paramètres fondamentaux qui régissent l’équilibre du système Terre
(son climat, sa biodiversité, ses ressources naturelles, etc.).

* NB : L’Anthropocène est l’appellation la + connue, mais + de 100 propositions de noms alternatifs ont été formulées pour qualifier l’époque dans laquelle nous vivons :
Capitalocène pour signifier que c’est le développement du capitalisme industriel qui est à l’origine des dérèglements planétaires (et rappeler que le monde développé a une
responsabilité écrasante), le Plantationocène qui insiste sur le développement des plantations intensives, le Thanatocène qui postule que ce que la planète subit est une
destruction intense, source de mort y compris pour les humains, le Phagocène qui insiste sur la surconsommation, son désir et son plaisir, comme cause centrale, le
Polémocène qui montre que nos atteintes à l’environnement ont toujours été l’objet de disputes, ou encore le Thermocène pour lequel tout est d’abord une question d’énergie.
Par ailleurs la date de début de l’Anthropocène fait toujours débat même si celle qui semble emporter les suffrages des géologues se situe autour de 1950.

Source : « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po,
http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300, https://desispeaks.com/wp-content/uploads/anthropocene1.jpg
La Grande Accélération
L’Anthropocène permet de nommer un phénomène qui a lieu depuis les années 1950. Les transformations de la Terre ont augmenté au fil des siècles
mais on n’a pris conscience que récemment de leur ampleur et leur rapidité avec l’observation de tendances spectaculaires. Cette montée en régime a été
nommée la Grande Accélération.
Au début des années 2000, emboîtant le pas à Paul Crutzen et à sa proposition de reconnaître que nous étions entrés dans une nouvelle époque géologique,
le Programme international géosphère-Biosphère (IGBP en anglais) a entrepris de synthétiser les données disponibles sur l’influence humaine sur la Terre.
Les chercheurs ont découvert à leur grande surprise qu’à côté de phénomènes longs et bien visibles, la plupart des valeurs observées ont connu une très
forte accélération de leur évolution depuis les années 1950. En les croisant avec différents indicateurs socio-économiques, ils mettent en évidence que les
modifications du fonctionnement du système Terre sont le fait d’évolutions propres aux sociétés humaines : l’augmentation de la population et de la
consommation en ressources naturelles par tête.
Cette Grande Accélération, nommée ainsi en
références à l’ouvrage de Karl Polanyi, la Grande
Transformation, justifie à leurs yeux de faire
commencer l’Anthropocène plutôt au milieu du
XXème siècle.

Un travail postérieur montre que si la croissance


démographique mondiale depuis 1950 provient
principalement de l’activité des pays en développement,
l’essentiel de l’influence humaine sur la planète
émane toujours des pays de l’OCDE.
Les humains n’ont donc pas (du tout) la même
responsabilité, ne jouissent pas des mêmes
bénéfices ni ne souffrent des mêmes conséquences
de la Grande Accélération. Néanmoins avec la
conversion d’un très grand nombre d’individus au
consumérisme, elle gagne progressivement le
monde entier.

Source : « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po,
http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300, http://www.igbp.net/globalchange/greatacceleration.4.1b8ae20512db692f2a680001630.html
Toute activité humaine consomme des ressources naturelles et rejette des
pollutions, déchets, émissions de gaz à effet de serre en générant des
impacts sur la biodiversité.
Intrants Extrants

Energie
Energie humaine, animale,
Pollutions
issue de sources fossiles ou Eau Corps (santé)
renouvelables, transformée Air Sonores
en électricité… Sols Etc.

Matières
Métaux, minerais, etc.
Déchets
Plastiques
Activité humaine Électroniques
Eau Etc.
Entropie
Biodiversité Émissions de gaz à
Animale et végétale effet de serre

Travail & machines


Impacts sur la
Croissance Croissance biodiversité
Capital démographique économique
Choix
Modes de vie
technologiques
Les 7 sphères de
II l’Anthropocène
Résumé des impacts humains : les 7 sphères de l’Anthropocène

L’atmosphère : l’air

La cryosphère : l’ensemble des glaces de la planète


(banquise, glacier, permafrost)

L’hydrosphère : l’ensemble de l’eau sur Terre L’anthroposphère


(océans, mers, lacs, cours d’eau, nappes phréatiques)

La pédosphère : les sols


les objets et constructions
des humains
La lithosphère : l’enveloppe rigide de la
terre, la croûte terrestre, le sous-sol

La biosphère : l’ensemble du vivant (animaux,


végétaux, champignons, bactéries…)
Les 7 sphères de l’Anthropocène
II
L’atmosphère
Pollution de l’air
De nombreuses activités humaines émettent des particules fines qui polluent l’air : incinérateurs,
ciment, épandage engrais agriculture conventionnelle, élevage, transport routier (plaquettes de frein,
usure pneus), fumées cigarettes, combustion industrielle…
Les principaux polluants de l’atmosphère sont l’ozone (automobile et industrie), le dioxyde de soufre
(industrie), particules fines PM 2,5 dont le diamètre est inférieur à 2,5 microns (automobile et chauffage à
bois). En milieu urbain, le trafic automobile est le principal responsable de cette pollution,
particulièrement alarmante pour les crèches et les écoles.
En 2016, 91% de la population mondiale vivait dans des endroits où les lignes directrices de
l’OMS relatives à la qualité de l’air n’étaient pas respectées (toutes les zones non vertes sur la carte).
La pollution atmosphérique réduit l’espérance de vie mondiale de 2,6 ans, mais la situation est très
différente selon les pays et de nombreuses grandes villes (dont Paris et Marseille) sont très polluées.
L’OMS estimait à 4,2 millions en 2016 le nombre de décès prématurés provoqués dans le monde par la
pollution ambiante dans les zones urbaines, périurbaines et rurales. Quelque 91% de ces décès
prématurés sont survenus dans des pays à revenu faible ou intermédiaire, la plus grand nombre
étant enregistré dans les Régions OMS de l’Asie du Sud-Est et du Pacifique occidental.
Une étude d’une équipe d’Harvard publiée le 9 février 2021 dans Environmental Research livre des résultats encore plus dramatiques :
• 8,7 millions de personnes seraient mortes
prématurément à cause de la pollution de l’air liée à la
combustion des énergies fossiles en 2018, + que les décès
provoqués par le tabac (7 millions).
• Ce chiffre, qui représente environ 20% des décès dans le
monde, est donc 2 fois + élevé que la précédente étude de
référence pour l’OMS, qui incluait en plus les émissions de
l’agriculture et des feux de forêt.
• En France, ce nombre de décès prématurés est évalué à
près de 100.000 selon cette étude, soit 17% des morts
recensés en 2018, contre 48.000 morts recensés par Santé
Publique France. Et cela sans prendre en compte les autres
sources de pollution de l’air, comme les particules fines liées
à l’usure des freins et des pneus des véhicules, ou encore
aux cheminées.
Sources : OMS, http://www.epivf.fr/pollution_air_sante.html, https://www.businessinsider.com/countries-with-the-worst-air-pollution-2016-9?IR=T, https://www.seas.harvard.edu/news/2021/02/deaths-fossil-fuel-emissions-higher-previously-thought, « Atlas de
l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300
Émissions de gaz à effet de serre
Les gaz à effet de serre (GES) ont la particularité d'être pratiquement
transparents au rayonnement solaire et opaques au rayonnement infrarouge
émis par la terre. L'énergie est piégée.
Ce phénomène a été baptisé « effet de serre » par analogie avec la serre du jardinier.
On estime que sans cet effet de serre de l’atmosphère, la température moyenne à la
surface de la terre serait au plus de -18°C au lieu des 15°C que nous connaissons.
Quels sont les gaz à effet de serre ?
La vapeur d’eau est responsable à elle seule de la grande majorité de l’effet de serre
naturel. Elle a également un effet de rétroaction important sur le changement
climatique : lorsque la température augmente, l’évaporation augmente et la quantité de
vapeur d’eau relâchée dans l’atmosphère aussi, accélérant encore le réchauffement.
Mais ce sont les activités humaines qui sont responsables de l’essentiel de
l’augmentation de la concentration des GES depuis 1750. On parle d’effet de serre
additionnel pour distinguer la part attribuée à l’homme de l’effet de serre naturel.
Parmi les GES, le plus connu est le dioxyde de carbone (CO2) qui
concentre + de 74% des émissions mondiales. Viennent ensuite le méthane
(17%), le protoxyde d’azote (6%), et les gaz fluorés.
• Le CO2 pèse 74% des émissions mondiales de GES. Il est libéré par la combustion d’énergies fossiles (par ordre de pollution :
charbon, pétrole, bois, gaz) utilisées pour la construction, les transports, la production industrielle, une part majeure de l’électricité.
• Le méthane représente 17% des émissions de GES. Il provient de l’agriculture et élevage indus (pets et rots des ruminants),
de l’extraction / combustion d’énergies fossiles et des rizières. Il a un pouvoir réchauffant 25x + important que celui du CO2 et
une durée dans l’atmosphère de 12 ans.
• Le protoxyde d’azote représente 6% des émissions de GES. Il est issu des engrais azotés, fumier, lisier, résidus de récolte.
Les rizières émettent autant de N2O que 200 centrales charbon. Il a un pouvoir réchauffant 300x + important que celui du CO2 et
une durée dans l’atmosphère de 120 ans.
• Les gaz fluorés sont créés par l’homme et utilisés pour la réfrigération et la climatisation et mousses isolantes du bâtiment.
Très polluants, ils ont un pouvoir réchauffant 1300x à 24000x > à celui du CO2 selon les gaz. Et une durée de séjour variable dans
l’atmosphère : courte (HFC), 1000ers d’années (PFC), 3200 ans (SF6).

Source : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/gaz-a-effet-de-serre/
Émissions de gaz à effet de serre
Les émissions de GES ont connu une augmentation extrêmement marquée depuis les années 1950.
Une personne de 85 ans aujourd’hui a vécu pendant la période où ont eu lieu 90% des émissions de GES issues des énergies fossiles relâchées depuis 1871.
Pendant des millénaires, le taux de
concentration du CO2 dans l’atmosphère,
mesuré en parties par millions (ppm) qui
correspond au nombre de molécules de CO2 dans
un million de molécules d’air, n’avait jamais
dépassé 300 ppm. Il est au 16/03/2021 à 416,8
ppm, et ce taux augmente chaque année, à un
rythme qui s’accélère, de 2,5 ppm en moyenne
dans les années 2010 à 3 ppm entre 2018 et
2019…

Sources : « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, https://climate.nasa.gov/vital-signs/carbon-dioxide/, https://keelingcurve.ucsd.edu/
Émissions de gaz à effet de serre – un impact très différent selon les pays
C’est la Chine qui émet aujourd’hui le + de CO2 : l’
équivalent de 10,2 gigatonnes (GtCO2) en 2016, soit un quart
des émissions mondiales. Elle est suivie par les
Etats-Unis, bien loin derrière avec 5,3 GtCO2, de l’Inde avec
2,4, de la Russie (1,6) et du Japon (1,2).
Mais une toute autre carte se dessine si l’on prend en
compte les émissions par habitant : le Qatar est alors le 1er
émetteur (48t/hab), suivi de Curaçao (39), Trinidad & Tobago
(30), Koweit et Arabie Saoudite (26 chacun). Les Etats-Unis
apparaissent à la 13ème place (17) au même niveau que le
Canada, l’Australie et le Luxembourg. La Chine est au
même niveau que l’Union Européenne.

Les différences entre pays s’expliquent d’abord à cause du


développement économique (le lien entre croissance économique et
émissions de GES est très clair), ensuite pour des raisons politiques
(mesures de réduction des émissions + ou - volontaristes), géographiques
(pays + ou - froids, + ou - grands) et historiques (conflits qui ont augmenté
ou diminué drastiquement les émissions). La démographie est aussi un
facteur mais n’explique pas tout : la Chine émet 4x + de GES que l’Inde.
Les pays riches ont une responsabilité très importante sur le total des
émissions mondiales cumulées depuis 1870 (cf. carte).
Sources : « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300,
https://medias.liberation.fr/photo/1186127-evolution-des-emissions-de-gaz-a-effet-de-serre-infographie.png,
https://www.connaissancedesenergies.org/sites/default/files/album_images/emission-mondiale-co2-pays-par-habitant_zoom.png, https://medias.liberation.fr/photo/1273672-infographie-les-emissions-de-co2-dans-le-monde.png
Émissions de gaz à effet de serre – + on est riches, + on émet
Un rapport d’Oxfam publié en 2020 présente une
analyse des émissions liées à la consommation
de différents groupes de revenus entre 1990 et
2015 – 25 années au cours desquelles l’humanité
a doublé la quantité de CO2 émise dans
l’atmosphère. Voici les résultats :
• Les 10% les + riches de l’humanité étaient à
l’origine de plus de la moitié (52%) des émissions
cumulées entre 1990 et 2015. Les 1% les plus riches
représentaient à eux seuls plus de 15% des émissions
cumulées pendant cette période, soit + que les
émissions totales cumulées de l’ensemble des
citoyen-ne-s de l’Union européenne (UE) et 2x + que
la moitié la plus pauvre de l’humanité (7%).
• Au cours de ces 25 années, les 10% les + riches de
la planète ont consommé 1/3 du budget carbone
mondial encore disponible pour limiter le
réchauffement à 1,5°C, alors que les 50% les +
pauvres n’avaient consommé que 4% du budget
carbone. Le budget carbone mondial définit la quantité
maximale de dioxyde de carbone pouvant être émise
dans l’atmosphère afin de limiter la hausse de la
température moyenne dans le monde à 1,5°C, objectif
défini dans l’Accord de Paris, et ainsi d’éviter les pires
impacts d’une crise climatique non contrôlée.
• La période comprise entre 1990 et 2015 a connu
une croissance annuelle de près de 60% des
émissions mondiales de CO2. Les 5% les plus
riches étaient responsables de plus d’1/3 (37%) de
la croissance totale des émissions, tandis que la
croissance totale des 1% les plus riches était 3x +
élevée que celle des 50 % les plus pauvres.

Source : https://oxfamilibrary.openrepository.com/handle/10546/621052
Émissions de gaz à effet de serre – un impact considérable des multinationales
Selon un rapport de l'ONG internationale Carbon Disclosure Project publié en 2017, 100
entreprises productrices d’énergies fossiles ont émis 923 milliards de tonnes d’équivalent-CO2
de 1854 à 2015, soit + de la moitié (52%) des émissions de gaz à effet de serre mondiales (CO2
et méthane) depuis 1751.

Depuis 1988, la
concentration des
émissions est
encore + forte :
25 entreprises
représentent 51%
des émissions
mondiales
1988-2015 et 100
entreprises ont
émis 71%.

L’impact des grandes entreprises est colossal. L’ONG Notre Affaire à Tous révélait
que l’empreinte carbone cumulée des 27 + grandes multinationales françaises s’
élève, selon leurs propres communications, à 1 854,82 Mt CO2e en 2019, soit + de 4x
les émissions territoriales de la France. Mais cet impact est sous-évalué comme le
montre Oxfam, car 12/27 ne reportent pas ou de manière très incomplète leur empreinte
carbone. + précisément, l’évaluation des émissions indirectes (dites du scope 3) liées à la
production et la consommation des biens, est souvent négligée.
Correctement retracée, l’empreinte carbone des 27 entreprises dépasserait 4 889 Mt
CO2e et représenterait donc plus de 11x fois les émissions territoriales françaises !
Sources : https://6fefcbb86e61af1b2fc4-c70d8ead6ced550b4d987d7c03fcdd1d.ssl.cf3.rackcdn.com/cms/reports/documents/000/002/327/original/Carbon-Majors-Report-2017.pdf?1501833772,
https://notreaffaireatous.org/wp-content/uploads/2021/03/Benchmark-Vigilance-climatique-NAAT-6.3.21-compresse%CC%81.pdf,
https://www.theguardian.com/environment/interactive/2013/nov/20/which-fossil-fuel-companies-responsible-climate-change-interactive, https://www.theguardian.com/environment/2019/oct/09/revealed-20-firms-third-carbon-emissions
Émissions de gaz à effet de serre et réchauffement climatique
Les émissions de GES provoquent un réchauffement de la
température de la Terre.
Un réchauffement moyen global de +5 °C pourrait sembler
anodin mais :
• Pensez à votre température corporelle, à 37 °C tout va bien, à 42 °C
vous êtes mort.e… C’est du même ordre de grandeur et une échelle
tout aussi exponentielle pour les effets du réchauffement climatique.
• A titre d’exemple, pendant la dernière ère glaciaire il y a 20 000 ans,
le Nord de l’Europe était sous 3 km de glace et l’océan était plus bas
de 120 m… et la température moyenne mondiale n’était que de 5°C
inférieure à celle d’aujourd’hui…

Monde Afrique Asie

Europe Arabie Saoudite USA

Océan Arctique Océan Pacifique N. Amérique du S.

Groenland France Chine


Chaque ligne de couleur représente la variation de temperature entre
-/+ 2,6°C de chaque année de 1901 à 2019 vs la moyenne 1901-2000.
Dans toutes les regions du monde, le réchauffement est très marqué. => https://showyourstripes.info/
Sources : Jean-Marc Jancovici: https://livestream.com/accounts/16919114/events/9300001/videos/211069644, « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de
cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300, https://climate.nasa.gov/climate_resources/139/video-global-warming-from-1880-to-2020/
Conséquences du réchauffement climatique

En 2100, les zones où habite actuellement 75% de l’humanité


pourraient devenir inhabitables
• Le nombre de jours avec une chaleur mortelle (35°C et 100% d’humidité
ce qui est la garantie certaine de mourir d’hyperthermie) y rendrait la vie
impossible.
Le réchauffement climatique pourrait entraîner des catastrophes
multiples :
• + la température moyenne augmente, + les risques (symbolisés par la
couleur violette) augmenteront.

Sources : https://www.dw.com/image/39353185_7.png
Conséquences du réchauffement sur divers composantes du monde et des terres, GIEC 2018 et 2019, issu de présentation de Jean-Marc Jancovici
Pour en apprendre plus sur les causes et conséquences du réchauffement
climatique, découvrez la Fresque du climat !
Ozone

Le problème de la couche d’ozone est un motif d’espoir quant à la possibilité d’un


accord international permettant de tendre à la résolution d’un enjeu
environnemental majeur.
Dès 1974, Mario Molina, Frank Sherwood Rowland et Paul Crutzen alertent sur les
risques que la concentration accrue de gaz chlorofluorocarbonés (CFC) font peser
sur la couche d’ozone de l’atmosphère (ils obtiendront le Prix Nobel de chimie pour
leur travail en 1995).
La présence d’un trou dans la couche d’ozone est confirmée en 1985 par une équipe de
chercheurs britanniques. Le trou s’agrandit régulièrement. Au début des années
2000, il atteint une taille de près de 30 000 km². En 2011, on découvre un autre trou +
petit au-dessus de l’Arctique.
La déplétion de la couche d’ozone est un problème de santé publique mondial,
sans cette couche protectrice qui entoure la Terre à une altitude moyenne de 20km, la
Terre est directement exposée aux rayons ultraviolets du Soleil, ce qui provoque
notamment chez les humains cancers de la peau, cataractes et dégénérescences
maculaires.
Les efforts entrepris depuis la signature du protocole de Montréal en 1987 ont
permis de réduire drastiquement les émissions de gaz CFC et, à partir des années
2000 constater une diminution progressive de la taille du trou au-dessus de
l’Antarctique. Capture d’écran d’une vidéo de la NASA : The Ozone Hole: closing the gap
Cliquez sur l’image pour voir la vidéo
A noter que les gaz promus comme gaz de substitution aux CFC, les
hydrofluorocarbures (HFC) sont loin d’être inoffensifs dans un autre domaine puisqu’ils
ont un pouvoir réchauffant jusqu’à 15 000 fois + important que le CO2. L’Accord de
Kigali en 2016 a pour but de réduire les émissions de HFC de 80-85% d’ici 2036 à 2047
selon les pays.
Les HFC seront progressivement remplacés par des hydrofluoroléfines (HFO) sans
impact sur la couche d’ozone et aux effets de serre beaucoup + limités.

Source : « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po,
http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300, https://earthobservatory.nasa.gov/images/147913/tracing-changes-in-ozone-depleting-chemicals
Les 7 sphères de l’Anthropocène
II
La cryosphère
Fonte de la banquise et des calottes glaciaires
Les pôles sont les régions du monde où les impacts du changement
climatique sont les plus visibles, les températures s'y réchauffent plus
vite et la fonte des glaces s'y accélère.
Depuis 2009, l’Antarctique (90% des glaces terrestres, la plus grande
réserve d’eau douce de la planète) perd chaque année + de 250 milliards
de tonnes de glace (dans les années 1980, c’était 40). Des scientifiques
estiment maintenant que la fonte des calottes glaciaires du Groenland ont
atteint un point de non-retour. Si toute la masse de glace de l’Antarctique
fondait (ce qui n’est plus considéré comme impossible), le niveau des
océans monterait de 57 mètres.
L’Arctique se réchauffe environ 2 fois plus vite que la moyenne
mondiale. Même si les Accords de Paris étaient respectés (et nous n’en
prenons pas le chemin), la température de l’Arctique augmenterait de 3°C
d’ici 2050 et 5 à 9°C d’ici 2100. Son volume de glace est bien inférieur à
celui de l’Antarctique mais si la totalité des glaces fondait, le niveau de
la mer s’élèverait de 6m.
Plusieurs modèles suggèrent désormais que la hausse du niveau de la
mer pourrait atteindre 2m d’ici à 2100.

Source : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/banquise-et-calottes-glaciaires-fonte/, https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/sites/3/2020/07/SROCC_SPM_fr.pdf,


https://climate.nasa.gov/vital-signs/ice-sheets/
Evolution du bilan de masse de
Fonte des glaciers plusieurs glaciers des Alpes suivis
depuis plusieurs décennies.
Beniston et al., 2018, The
Depuis la fin du 19ème siècle, dans le monde entier, les glaciers ont perdu de leur Cryosphere, 12, 759–794, 2018
masse et reculé. De nombreuses études scientifiques analysées par le GIEC permettent
de considérer, avec un degré de confiance élevé, qu’au cours des deux dernières
décennies, les glaciers de presque toutes les régions du globe ont continué à se réduire.
Evolution observée des bilans de masse des glaciers du
Les glaciers ont varié de tout temps de manière naturelle au cours des derniers siècles et
monde entier depuis 1950 (source : GIEC SROCC, Figure 2.4)
millénaires et il est probable que des taux de perte de volume aient, par le passé, été du
même ordre. Mais les échelles de temps et l’amplitude des fluctuations observées
actuellement n’ont rien à voir avec le reste de l’Holocène. Le recul observé des
glaciers depuis plusieurs décennies est imputable, avec un très haut niveau de confiance,
au réchauffement climatique.
Quel que soit le scénario climatique considéré, l’évolution des glaciers dans les prochaines
décennies est en partie déjà actée du fait de l’inertie du système climatique et du temps de
réponse très lent des glaciers aux changements climatiques. Leur diminution va donc se
poursuivre de façon irréversible d’ici la moitié du 21ème siècle. Pour la seconde moitié
du siècle, l’évolution climatique dépendra de la trajectoire d’émissions de gaz à effet
de serre qui sera suivie dès à présent.
La fonte des glaciers représente un risque majeur parce qu’elle contribue à la
montée des eaux, à des inondations et à la diminution à terme des ressources en
eau douce. L’eau douce ne représente que 2% de la masse totale d’eau présente sur la
planète (le reste est de l’eau salée). L’essentiel des ressources mondiales, jusqu’à 70%
selon les estimations, sont contenues dans les glaces de l’Arctique, de l’Antarctique et des
glaciers de montagne.
On observe un recul spectaculaire de plusieurs glaciers des Alpes, d’Islande et de
Patagonie, et c’est encore + vrai pour les glaciers de l’Hindou Kouch et l’Himalaya
qui fournissent de l’eau potable à 250 millions de personnes réparties dans 8 pays
du monde. D’ici 2100, ils pourraient avoir fondu pour plus des 2/3 ce qui provoquera
des inondations puis des pénuries d’eau douce : les grands fleuves que sont le Huang
Hue (fleuve Jaune), le Yang-Tsé, le Brahmapoutre, L’Indus et le Gange ne charrieront plus
beaucoup d’eau en été, eux qui alimentent le Bangladesh, le Pakistan et le nord de l’Inde.

Sources : https://bonpote.com/glaciers-et-changement-climatique/, « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po,
http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300, https://bonpote.com/glaciers-et-changement-climatique/
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Fonte du permafrost

Le permafrost (terme anglais) ou pergélisol (terme français) est formé des sols gelés qui occupent de 15 à 20 millions de km², soit 25% des terres de
l’Hémisphère Nord (Russie, Canada, Alaska, Groenland).
Il contient 1600 milliards de carbone qui partira dans l’atmosphère sous forme de CO2 ou de méthane s’il fond (ce qui commence à se produire beaucoup
plus vite que prévu).

La fonte totale du permafrost libèrerait une quantité de gaz à effet de serre équivalente à :
•Tout que ce que notre civilisation a émis pendant TOUT le XXème siècle.
•La quantité dégagée si on brûlait TOUTES les forêts du monde… 2 fois.
Par ailleurs la fonte du permafrost est la boucle de rétroaction positive (un cercle vicieux)
la plus menaçante : plus il fond, plus il libère de GES et de matière organique absorbée par les
bactéries qui rejettent des GES, plus le réchauffement s’accélère et plus la fonte s’accélère…
Et malheureusement, la fonte du permafrost qui ne devait se produire que dans des dizaines
d’années si le réchauffement dépassait les 2°C a déjà commencé dans certaines régions.
Les stocks de mercure qu’il contient seraient 2x plus importants que sur le reste de la
Terre selon une étude publiée dans le National Snow and Ice Data Center.
Il contient en outre des virus parfois oubliés qui pourraient déclencher des épidémies.

Source : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/permafrost-pergelisol/, https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/sites/3/2020/07/SROCC_SPM_fr.pdf


Les 7 sphères de l’Anthropocène
II
L’hydrosphère
Activités humaines dans les océans

On pourrait croire les géants océans immunisés de l’activité


humaine, et pourtant ils sont intensément impactés par les
activités humaines.
+ de 90% des biens consommés dans le monde sont transportés
par la mer dans des navires porte-conteneurs, moyen de transport
apparu dans les années 1970 et peu coûteux pour les produits et
matières premières.

L’impact du transport maritime sur les océans est multiple :


réchauffement climatique et acidification par les émissions de CO2 des
navires, pollutions sonores qui perturbent la communication des cétacés et
peuvent provoquer des collisions, pollutions par fuites de carburant,
relâchement des eaux de ballast provoquant des invasions biologiques
d’organismes déplacés dans des habitats lointains

Source : « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po,
http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300, https://www.ipcc.ch/srocc/chapter/chapter-5/, https://www.nature.com/articles/ncomms8615/figures/4
Réchauffement et acidification des océans
Depuis les années 1970, les océans ont déjà absorbé plus de 90% de l’excès de chaleur produit
par les activités humaines. Depuis 1993, le taux de réchauffement des océans a plus que doublé.
Entre 2013 et 2015, le Pacifique Nord-Ouest a ainsi vu sa température augmenter de plus de 6°C… D’ici
2100, ils devraient en capter de 5 à 7 fois plus encore !
Cela donne lieu à un phénomène de vagues de chaleur océaniques, dont la fréquence a doublé depuis
1982. L’impact sur la biodiversité marine est encore mal connu. L’océan profond au-dessous de 2000m
s’est lui-même réchauffé depuis 1992, en particulier dans l’océan Austral.
L’acidification de l’océan se produit lorsque le CO2 atmosphérique est absorbé par l’eau. Depuis
le début de l’ère industrielle, l’océan a englouti 525 milliards de tonnes de CO2. Si les émissions
de GES se poursuivent au rythme actuel, l’augmentation de l’acidité sera considérable en 2100, à
des niveaux jamais observés depuis 14 millions d’années. Selon le GIEC, l’océan a absorbé entre
20 et 30% des émissions anthropiques totales de CO2 depuis les années 1980 provoquant une
acidification accrue de 95% des eaux de surface, un phénomène irréversible, même si nous arrêtions
dès aujourd’hui d’émettre du CO2. Cela provoquera de forts changements et un déclin de la biodiversité
marine dès 2050 et plus encore d’ici 2100.
Selon le rapport du GIEC sur les océans, le
réchauffement de l’océan se poursuivra sur toute sa
profondeur pendant des siècles ainsi que son
acidification. Son pH pourrait baisser, en cas de fortes
émissions, de 0,3 unité en 2081-2100 par rapport à
2006-2015, et devenir ainsi inférieur à 7,8 en 2100, ce qui
correspond à plus d’un doublement de son acidité par
rapport à 1850. Le taux d’oxygène de la mer pourrait
diminuer de 3-4% en 2081-2100 par rapport à 2006-2015.
L’acidification altèrent les processus de calcification qui
limitent le développement des coraux, des animaux à
coquilles et du plancton qui est à la base de la chaîne
alimentaire marine. Toute la biodiversité marine s’en trouve
ainsi menacée.

Source : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/oceans/
« Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300
Eutrophisation, désoxygénation des océans, zones mortes hypoxiques
L’eutrophisation de l’océan est l’enrichissement excessif de l’eau par des nutriments tels que l’azote et le phosphore. C’est l’une des principales causes de la
dégradation de la qualité de l’eau. Les 2 symptômes les plus aigus de l’eutrophisation sont l’hypoxie (ou épuisement de l’oxygène) et les proliférations d’algues nuisibles.
La désoxygénation des océans dans certaines zones entre la surface et 1000m de profondeur, aggravée au niveau des côtes : les eaux polluées déversent des
nutriments qui multiplient en surface phytoplancton et algues vertes qui, en mourant viennent nourrir les bactéries aérobies des profondeurs qui absorbent l’oxygène. Par
ailleurs la diminution de la solubilité de l’oxygène dans l’eau a pour effet négatif que les organismes marins doivent respirer + rapidement, utilisant + d’oxygène….
Ce phénomène de désoxygénation, provoqué naturellement par des phénomènes météorologiques extrêmes ou des courants océaniques particuliers, a toujours existé
dans l’histoire de l’océan moderne. Cependant, la situation s’empire depuis les années 1980. En 2003, un rapport de l’ONU estimait à 150 le nombre de zones mortes
dans les océans, cinq ans plus tard, une étude publiée par l’Institut de sciences marines de Virginie en dénombrait plus de 400. Réparties sur 245 000 km2, celles-ci se
trouvent principalement dans le Pacifique du sud, la mer Baltique, les côtes de Namibie ou encore dans le golfe de Mexico.

« Le nombre de zones mortes est en train d’augmenter, aussi bien


Graphique
sur les côtes qu’en plein océan, explique Laura Bristow. Les représentant le %
zones hypoxiques côtières s’agrandissent principalement à d'oxygénation des
cause de l’accumulation des nutriments issus de l’agriculture, océans à 100m de
comme les fertilisants. » En effet, la pollution industrielle et le profondeur.
NATIONAL
déversement des phosphates et des nitrates issus des engrais
OCEANIC AND
dans les eaux de ruissellements provoquent une accumulation de ATMOSPHERIC
matières organiques. Les algues prolifèrent alors et se ADMINISTRATION
décomposent ensuite en microbes qui consument l’oxygène. « (NOAA)
Dans les régions où les populations explosent, comme l’Inde, on
peut s’attendre à une augmentation de l’utilisation des fertilisants,
et donc une diminution continue de l’oxygène dans les océans
environnants », continue la chercheuse.
Dans ces régions, nombre d’espèces ne peuvent survivre. Selon le
GIEC, la désoxygénation pourrait mener à une perte de 15% de la
biomasse globale des animaux marins d’ici 2100. Depuis 1950, de
nombreuses espèces marines ont déjà subi des changements
dans leur répartition géographique et leurs activités saisonnières
en réponse au réchauffement des océans, à la disparition de la
glace de mer ou à la perte de leurs habitats.
Source : https://www.lemonde.fr/planete/article/2016/12/05/les-zones-mortes-se-multiplient-dans-les-oceans_5043712_3244.html, « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne,
Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300
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Tiré du Arctic Monitoring
Montée des eaux, risques de submersion et crues Assessment Program, Snow,
Water, Ice and Permafrost in
the Arctic, Norway, 2017.
La montée des eaux est due à la fonte des glaciers et calottes
glaciaires.
Selon le rapport du GIEC sur les océans, l’élévation moyenne
du niveau de la mer pourrait atteindre, en cas de fortes
émissions, 0,71 m en moyenne en 2081-2100 et, dans le pire
des cas 1,10 m en 2100 par rapport à 1986-2005, la fonte de
certaines parties de l’Antarctique de l’ouest, alors irréversible, y
contribuant de plusieurs dizaines de cm. Certaines organisations
comme la NOAA américaine sont même + pessimistes et tablent
sur +2m.
La hausse du niveau marin pourrait alors atteindre la vitesse d’1,5
cm par an en 2100. Cette hypothèse, la plus pessimiste, pourrait,
dans le pire des cas, aboutir à une élévation de 5,4m en 2300,
principalement du fait de la fonte de certaines zones de
l’Antarctique.
Le réchauffement de l’eau a un impact sur la montée des eaux, car
plus l’eau est chaude, plus son volume augmente. Cette dilatation
thermique ne s’observe pas dans un verre d’eau, mais contribue à
hauteur d’un tiers à l’augmentation du niveau de la mer. Depuis 25
ans, une hausse de 7 cm du niveau des eaux lui est attribuée.
Les populations installées dans de grandes métropoles côtières,
dans des deltas, ou bien sur des îles, soit plus de 10% de la
population mondiale, seront exposées à ce phénomène. 8 des
10 + grandes villes du monde se trouvent en zone côtière, et 40%
de la population US vit près d’une côte. Au risque submersion
s’ajoute celui d’inondations passagères qui menacent les
infrastructures de villes comme New-York, Tokyo, Jakarta, Mumbai,
Lagos ou Shanghai, très proches du niveau de la mer.

Sources : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/oceans/, https://blog.mondediplo.net/IMG/jpg/menace.jpg, https://www.lemonde.fr/blog/oceanclimat/2019/04/26/la-fonte-des-glaces-ou-comment-et-pourquoi/


« Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300,
https://climate.nasa.gov/vital-signs/sea-level/
Perturbation du cycle de l’eau

Le changement climatique est étroitement lié au cycle de l’eau avec lequel il interagit
à plusieurs niveaux :
•L’évaporation, qui se produit sous l’action du soleil : +1°C de réchauffement de l’air
représente jusqu’à 7% d’humidité supplémentaire transportée par l’air. Cela signifie
localement davantage de nuages et des précipitations plus concentrées.
•Les précipitations, que l’on prévoit moins fréquentes mais plus intenses impactent de
ce fait le taux d’humidité des sols, les réseaux d’eau urbains ainsi que les phénomènes
de ruissellement et d’infiltration de l’eau.
•Le ruissellement : des pluies plus denses, face à des sols de plus en plus artificialisés
(bétonnées par exemple et ne permettant pas l’infiltration), peuvent engorger les
réseaux hydrographiques et provoquer des inondations.
•L’infiltration n’est donc pas favorisée par les phénomènes de pluies plus denses, qui
ne rechargent plus suffisamment les nappes phréatiques.
•S’y ajoute la fonte des glaces qui alimente les différents processus décrits ci-dessus et
contribue notamment à l’élévation du niveau de la mer.
Il faut enfin rappeler que les océans et eaux superficielles, au même titre que les végétaux,
absorbent une partie du dioxyde de carbone (CO2) émis par les activités humaines ce qui
les rend de plus en plus corrosives ou acides (le pH de l’eau diminue), entrainant
d’importantes conséquences pour la biodiversité marine (coraux et mollusques en première
ligne) d’ici la fin du siècle.
Ces impacts sur le cycle de l’eau se répercutent sur la gestion de l’eau organisée pour
répondre aux différents usages socio-économiques : alimentation en eau potable,
assainissement, notamment.

Source : https://www.valdemarne.fr/newsletters/plan-bleu-du-val-de-marne/les-impacts-du-dereglement-climatique-sur-le-cycle-de-leau
Pollutions des cours d’eau

Les émissions de mercure représentent près 8 900 tonnes chaque année. Elles peuvent être émises naturellement par
l’érosion des roches, les feux de forêts et les éruptions volcaniques. Néanmoins, les émissions les plus significatives
viennent de procédés d’origines humaines comme la combustion de charbon et les activités d’extraction minière
artisanale et à petite échelle d’or. L’extraction minière expose à un risque d’intoxication 15 millions d’ouvriers dans 70 pays
y compris des enfants travaillant dans ces mines.

D’autres sources de pollution au mercure provoquée par l’homme


incluent la production de chlore et de certains plastiques,
l’incinération des déchets, et l’usage de mercure dans les produits
pharmaceutiques, les conservateurs, les peintures et les bijoux.
Selon le PNUE, au cours des 100 dernières années, la
quantité de mercure dans les 100 premiers mètres des
océans a doublé et augmenté de +25% dans les eaux +
profondes.
Le mercure est classé comme un des 10 produits chimiques les
plus dangereux pour la santé et l’environnement par l’ONU.

La consommation de poissons constitue la principale source


d'exposition alimentaire de l'homme au méthylmercure selon
l'Anses. Le niveau de contamination augmente chez les espèces
marines situées en haut de la chaîne alimentaire : requin, marlin,
espadon, lamproie, thon rouge du Pacifique, mais aussi le
homard, les petites baleines et les phoques.
Résultat : les poissons et les autres espèces aquatiques
consommées par l'Homme ont des concentration en mercure
qui dépassent souvent les niveaux de sécurité alimentaire
définis par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Sources : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/mercure-pollution-au/ ;
https://www.lemonde.fr/planete/article/2015/03/03/biodiversite-etat-des-sols-pollution-l-environnement-se-degrade-en-europe_4586006_3244.html ;
Stress hydrique

Le terme de stress hydrique est apparu relativement


récemment pour rendre compte d'une situation de plus en
plus fréquente. Ainsi, il est employé pour désigner ces
périodes durant lesquelles la demande dépasse la quantité
d'eau disponible. Ou lorsque sa qualité en limite l'usage.
La France offre entre 2.500 et 6.000 m3 d'eau par jour à
chacun de ses habitants. L'Organisation mondiale de la
santé (OMS) parle de stress hydrique lorsque la
disponibilité en eau, par an et par habitant, est inférieure
à 1.700 m3. Et le risque de stress hydrique ne plane pas que
sur les pays chauds. Il concerne également des pays froids
où le gel peut bloquer l'accès à l'eau liquide.
Selon les Nations Unies, près de 3 milliards de
personnes devraient avoir à faire face à un stress
hydrique d’ici 2025.
Le premier impact du stress hydrique s’observe sur la
végétation. Lorsque l’évapotranspiration n’est pas
compensée par des apports en eau douce. Le manque d’eau
se fait ressentir, les plantes mettent en œuvre des
mécanismes d’adaptation qui impactent par exemple leur
développement et leur croissance. Les risques de feux de
forêt augmentent alors. Les productions agricoles souffrent.
https://espace-mondial-atlas.scienc
Puis ce sont les ressources en eau douce qui sont espo.fr/media/map-5C33-large-full-
3x.jpeg
impactées. En effet, en période de manque d’eau, les
rivières s’assèchent et les eaux souterraines risquent la
surexploitation. La qualité des eaux est également dégradée
(eutrophisation, pollution, intrusions salines, etc.).

Source : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/stress-hydrique/
Épuisement et pollution des nappes phréatiques
Alors que 2 milliards d'hommes, soit un tiers de la population mondiale, dépendent des eaux souterraines, le niveau des nappes phréatiques est devenu
extrêmement préoccupant dans certaines parties du globe, comme l'Inde, la Chine ou la péninsule Arabique, ainsi que dans certaines régions de Russie ou
encore dans l'ouest des Etats-Unis.
La nappe phréatique Ogallala en Amérique du Nord dans laquelle de grandes quantités d’eau douce se sont accumulées pendant des millions d’années, est raccordée du
Texas au Dakota du Sud à des millions de pompes et, selon les prévisions, elle sera épuisée d’ici 20 ou 30 ans ; la question se pose de savoir comment l’Ouest des
Etats-Unis pourra alors s’approvisionner en eau potable. On pourrait en dire autant des grands aquifères du Mexique, d’Afrique du Nord et du Proche-Orient. En Chine, +
de la moitié des réserves d’eau sont souillées par des résidus de l’industrie et de l’agriculture et le gouvernement a lancé un projet pharaonique de pipelines et canaux
pour acheminer l’eau du Yang Tse sur des milliers de km vers le Nord, au risque de l’assécher à terme.
La réduction de la consommation doit inévitablement passer par une amélioration des techniques d'irrigation, mais la lutte contre le gaspillage sera difficile dans les pays
en développement.
Voici les principales menaces pour les nappes actuelles :
• La pollution de l'eau : elle est fréquente sous les zones urbaines et industrielles, et sous les zones d'agriculture intensive pour les nitrates (qui peuvent aussi provenir d'eaux usées,
dans les pays où les stations d'épuration ne les traitent pas, avec alors parfois aussi un risque de maladies infectieuses et parasitoses associé) et pesticides. Forêts naturelles et
prairies permanentes ont un effet protecteur sur les nappes sous-jacentes alors que le labour, l'urbanisation et l'industrialisation nuisent à la qualité et parfois à la recharge des nappes.
• La salinisation, dans certains contextes littoraux avec sous-sol salins.
• L'évaporation (dans le cas des nappes superficielles en zone aride, avec souvent un risque accru
de salinisation).
• La surexploitation : Dès 2001, l'expert américain Lester R. Brown alertait que le niveau des nappes
phréatiques chutait sur tous les continents, du fait que nous disposons de puissantes pompes diesel
ou électriques qui permettent de puiser l'eau des aquifères plus rapidement qu'elle n'est remplacée
par les précipitations. Il citait trois régions : la plaine de Chine du Nord, le Pendjab en Inde /
Pakistan, et le sud des grandes plaines des États-Unis. Or, il se trouve que la Chine, les États-Unis
et l'Inde sont les 3 + grandes régions productrices de céréales dans le monde, alors que les eaux
souterraines représentent la + grande partie des ressources en eau douce disponibles de la planète.
Sandra Postel estime le surpompage annuel des aquifères à 160 milliards de m3 d'eau à l'échelle de
la planète. Avec une équivalence approximative « mille tonnes d'eau pour produire une tonne de
céréales », ce déficit de 160 milliards de tonnes d'eau correspond à 160 Mt de céréales, soit la
moitié de la production US.
Étant donné l'énorme population chinoise, la chute du niveau des nappes phréatiques en Chine
pourrait perturber les marchés mondiaux de céréales et entraîner une hausse des prix de la
nourriture dans le monde entier
Source : https://www.lemonde.fr/planete/article/2005/03/20/l-epuisement-des-ressources-en-eau_626088_3244.html,
https://fr.wikipedia.org/wiki/Nappe_phr%C3%A9atique#Pollutions_des_nappes, https://images.lpcdn.ca/924x615/201208/09/576093.jpg
Clathrates ou hydrates de méthane : une bombe climatique à retardement

Les clathrates, également appelées hydrates de gaz ou de méthane sont des structures glacées qui renferment
du méthane, un combustible mais aussi un puissant gaz à effet de serre. Ils ressemblent à de la glace ; en fondant
ils libèrent à la fois de l'eau et du méthane qui peut s'enflammer. En effet, ils ont la particularité de stocker les gaz sous
une forme très concentrée. Cette source d'énergie des régions froides et abyssales pourrait être exploitée mais elle
présente également une sérieuse menace pour l'avenir climatique de notre planète.
Les hydrates de méthane sont stables dans les sédiments marins à plus de 300-600 m de profondeur. Mais lorsqu'ils
sont ramenés à la surface, la diminution de pression déstabilise la structure solide, le gaz est ainsi libéré et peut brûler si
on l'enflamme, d'où l'expression « glace qui brûle ».
Dans une étude publiée fin juillet 2020 dans Nature Communications, des chercheurs ont pu observer au large de Rio Grande (Brésil), un flux massif de
méthane composé de centaines de points d’échappements de gaz qui remontent dans la colonne d'eau. Cette découverte confirme, pour la première fois
dans l’hémisphère sud, "une déstabilisation des hydrates de gaz consécutive au réchauffement de la température de l’océan dans cette zone. Elle est la preuve
d’un déséquilibre thermodynamique entre la bordure de la zone de stabilité observée à partir des données sismiques et l’élévation de la température des eaux
profondes compatible avec un réchauffement de l’océan sur plusieurs décennies.
Ces sédiments forment le plus grand réservoir de carbone sur Terre, les réserves recensées en 2001 sont colossales : le double des réserves de gaz, de
charbon et de pétrole réunis ! C'est-à-dire près de 10 000 milliards de tonnes de carbone. Les hydrates de méthane représentent donc un enjeu majeur pour
le climat.
Le réchauffement climatique en cours entraîne notamment le dégel des permafrosts, ces sols normalement gelés en permanence. Ce phénomène
pourrait alors libérer des quantités importantes de méthane avec la fusion des hydrates de gaz. Or le méthane est un gaz à effet de serre majeur 28 fois
plus puissant que le dioxyde de carbone, même si sa durée de vie dans l'atmosphère n'est que d'une dizaine d'année contre des centaines pour le CO2.
Or, il y a 3 000 fois plus de méthane contenu dans les clathrates que dans l'atmosphère. Il s'en suivrait alors une accentuation très nette de l'effet de serre
comme en témoigneraient certains événements similaires du passé de la Terre qui inquiètent les scientifiques. En effet, il y a 55 millions d'années, l'injection d'une
masse colossale de méthane dans l'océan et l'atmosphère aurait entraîné l'augmentation de la température du fond des océans d'environ 4°C en 10 000 ans, un
phénomène qui se serait produit également il y a 12 500 ans...
Notons enfin que selon le climatologue Hervé le Treut, « les hydrates de méthane ne sont pas pour l'instant intégrés dans les modèles climatiques » qui
nous fournissent des prévisions sur l'ampleur du réchauffement climatique. Si la fusion venait à se généraliser, des impacts catastrophiques viendraient donc
s’ajouter aux modélisations actuelles...

Source : https://www.notre-planete.info/actualites/818-clathrates-hydrate-methane-energie-climat
Ressources en eau potable : l’agriculture/élevage productiviste réalise 70%
des prélèvements d’eau potable dans le monde !

Entre 1900 et 2010, les prélèvements d’eau au niveau mondial ont été multipliés par plus de 7 alors que la population n’a été multipliée sur la
même période « que » par 4,4. Certaines zones se retrouvent ainsi en état de fort stress hydrique, augurant des conflits d’usages croissants entre
l’agriculture, l’industrie et la population, voire des tensions au niveau international.
Entre la moitié et les deux tiers de l’humanité pourraient être en situation de stress hydrique en 2025 selon le dossier du CNRS consacré à l’eau :
•L’agriculture/élevage productiviste réalise 70% des prélèvements d’eau potable dans le monde (et jusqu’à 95% dans certains pays en
développement !), l’industrie (20%) et la consommation domestique 10%.
•Un régime alimentaire occidental consomme environ 4000 litres d’eau par jour contre 1000 litres pour un Indien ou un Chinois
•Selon le rapport du CNRS, la quantité moyenne d’eau douce disponible par habitant par an va baisser d’un tiers en 2025 de 6600 à 4800 m3 et 2/3 à 3/4
de l’humanité sera en situation de stress hydrique.
•La raison est l’irrigation gigantesque de nos cultures. Quelques exemples : 1kg de viande de bœuf = 13 500 litres d’eau ! 1 kg de coton = 5 263 litres ! 1
litre de lait = 1000 litres, 1 morceau de sucre blanc = 10 litres, 1 litre d’eau en bouteille = 7 litres
•En outre, une grande partie de l’eau d’irrigation est perdue par fuites et évaporation.
•Parmi les industriels les plus consommateurs : Nestlé (800 millions de litres par an) et Coca-Cola. La fabrication d’1 litre de Coca demande 2,5 à 6
litres d’eau, ce qui équivaut, pour la consommation mondiale de 350 milliards de litres de Coca / an, à 2100 milliards de litres d’eau / an pour cette seule
boisson ! Pour satisfaire ses besoins énormes, la firme vide les ressources aquifères du Mexique, d’Inde, Indonésie, Malaisie et de pays d’Afrique

Source : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/eau/
Ressources en eau potable : l’empreinte eau

L’enjeu de la consommation en eau devrait faire l’objet d’une


sensibilisation plus importante auprès des citoyens pour aller
dans le sens d’une plus grande sobriété. Il est notamment
incarné par la notion d’empreinte eau, qui pour une
population donnée correspond à la quantité d’eau utilisée
sur le territoire pour répondre à l’ensemble de ses besoins.
Elle incorpore ainsi, en plus de l’eau du robinet consommée,
celle nécessaire à la production des biens et des services
produits sur le territoire national mais également importés.
L’empreinte eau des citoyens des pays de l’OCDE est,
en moyenne, plus élevée que celle des pays hors-OCDE.
Celle d’un Français est par exemple supérieure à
200m3/habitant/an alors qu’elle est de
167m3/habitant/an au niveau mondial.
Plus encore, il s’avère que l’empreinte eau française est
environ trois fois supérieure au volume d’eau
consommé à l’échelle domestique. À l’instar de
l’empreinte carbone, une large portion du bilan en eau d’un
français vient du fait que la consommation d’eau pour
produire les biens et services importés en France est Comparaison internationale des volumes d’eau consommée par personne et de l’empreinte eau,
supérieure à celle des biens et services exportés de France. moyenne 1995–2016. D’après les données de base de données EXIOBASE3.7 ; MTES, 2020

Source : https://theconversation.com/les-pressions-sur-leau-face-ignoree-de-la-transition-energetique-154969
Ressources en eau potable : l’eau et les métaux de la transition
Les technologies de la transition énergétique consomment certains matériaux en grande quantité. Le lithium, le cobalt ou encore le nickel sont ainsi devenus les
métaux vedettes des batteries lithium-ion utilisées dans les véhicules électriques. Le cuivre, déjà omniprésent dans notre quotidien, pourrait voir sa demande exploser
en relation avec les nouvelles mobilités mais également avec le solaire photovoltaïque. De manière globale, la dynamique de transition énergétique mondiale ne
pourra se réaliser qu’à travers l’intensification des extractions minières à travers le monde et donc engendrer une augmentation de la consommation d’eau.
À l’échelle d’un pays, le secteur minier se trouve souvent bien loin derrière l’agriculture ou même d’autres secteurs industriels (au Pérou, par exemple, il pèse
pour environ 1% de la consommation en eau du pays contre 89% pour l’agriculture). Il n’en demeure pas moins un important consommateur, notamment lors des
phases d’extraction et de traitement des minerais et génère de nombreuses externalités sur l’eau (déversements de substances, drainages acides, etc.).
Très gourmande en eau, l’industrie des terres rares illustre bien cette problématique. Nos résultats révèlent en effet une pression accrue sur les ressources en
eau dans au moins deux pays déjà soumis à des épisodes de fort stress hydrique : la Chine et l’Australie. Dans un scénario climatique contraint, la consommation en
eau de l’industrie australienne des terres rares en 2050 représenterait plus de deux tiers (69,2%) du prélèvement en eau de l’ensemble des secteurs industriels en 2015
ou encore 11,2% de l’eau prélevée au total en 2015 dans le pays.
Or les terres rares ne sont pas les seuls éléments concernés par la
politique minière volontariste de l’Australie : celle-ci figure dans le top 5
des producteurs mondiaux pour le lithium, le nickel, le cuivre le cobalt
ou encore l’aluminium. On ne peut alors qu’imaginer l’empreinte eau du
secteur minier dans un pays où les épisodes de sécheresse
s’intensifient.
Bien que moins alarmant, le constat est similaire pour la Chine : la plus
grande réserve de terre rares au monde – Bayan Obo en Mongolie
intérieure – est située dans une zone de stress hydrique qualifié d’«
extrêmement élevé ».
L’empreinte environnementale relative à l’eau des minerais
recyclés est bien inférieure à celle des minerais directement
extraits du sous-sol. La consommation en eau peut être divisée par
5 dans le cas des terres rares, par 10 dans le cas du cuivre ou
même par 20 dans le cas du cobalt. Lorsque l’on sait que seulement
42,5% du total des déchets d’équipements électriques et électroniques
(DEEE) ont été recyclés au sein de l’UE-28 en 2019, la promotion de la
collecte et du recyclage apparaît être un levier intéressant à mobiliser.

Source : https://theconversation.com/les-pressions-sur-leau-face-ignoree-de-la-transition-energetique-154969
Ressources en eau potable : la boucle eau - énergie
L’eau est nécessaire pour produire l’énergie, en particulier l’électricité, directement dans les barrages
hydroélectriques, mais aussi dans toutes les centrales thermiques ou nucléaires qui ont besoin d’une bonne source
froide pour les condenseurs des turboalternateurs.
Inversement, pour rendre l’eau accessible, c’est-à-dire la pomper, la dessaler éventuellement, la transporter,
la distribuer, il faut de plus en plus d’énergie. On estime que 4% à 5% de l’électricité en France ou aux
États-Unis sont utilisés pour l’eau, et jusqu’à 20% en Jordanie. Et, pour fournir de l’énergie, il faut de l’eau,
beaucoup d’eau même : 600 Mds de m3 par an.
Le secteur de l’eau, lui, a besoin de plus en plus d’énergie. Ces deux ressources sont intrinsèquement liées « pour le
meilleur et pour le pire », prévient l’ONU dans son cinquième rapport mondial sur « La Mise en valeur des ressources
en eau », rendu public à l’occasion de la Journée mondiale de l’eau du 22 mars 2014.
Aujourd’hui, 768 millions d’êtres humains n’ont pas accès à une source d’eau améliorée, c’est-à-dire à un
point d’approvisionnement propre qui ne soit pas partagé avec des animaux. 3,5 milliards de personnes sont
privées du droit à l’eau et ne bénéficient pas d’une eau sûre, propre, accessible et abordable.
1,3 Md de personnes ne sont pas raccordées à l’électricité, souvent dans les mêmes régions. La carte
des personnes privées d’un accès satisfaisant à l’eau recoupe largement celle des exclus de l’électricité,
soulignant ainsi à quel point ces deux ressources sont aujourd’hui plus interdépendantes que jamais.
Or, les ressources énergétiques et les ressources en eau sont soumises à des pressions sans précédent et
font l’objet d’une concurrence croissante de la part des populations, des industries, des écosystèmes et des
économies en pleine expansion.
Quand la population mondiale atteindra les 9 Mds d’habitants, la production agricole devra avoir
augmenté de 50%, tandis que les prélèvements d’eau devront s’accroître de 15%. D’ici à 2035, la
consommation énergétique mondiale augmentera de 35%, ce qui déterminera une hausse de 15% de
l’utilisation d’eau, tandis que la consommation d’eau du secteur énergétique augmentera de 85% selon
les projections de l’Agence internationale de l’énergie.
La demande énergétique va peser de plus en plus lourd sur les ressources en eau, et les pays émergents
pourraient bientôt être confrontés à un double stress, hydrique et énergétique. Le changement climatique va
aggraver ce défi, par une plus grande variabilité de la disponibilité de la ressource en eau et l’intensification
des phénomènes météorologiques tels que les inondations graves et les sécheresses longues.
Sources : https://www.lajauneetlarouge.com/leau-et-lenergie-cles-du-developpement-durable/ ; Global Water Forum https://www.globalwaterforum.org/wp-content/uploads/2012/10/Spang-Figure-3.png ;
http://12.000.scripts.mit.edu/mission2017/social-solutions-to-energy-and-water-problems/
Les 7 sphères de l’Anthropocène
II
La pédosphère
Changement d’usage des terres : l’anthropisation des sols

En l’espace de 300 ans, l’humain a mis la main sur la majorité des terres disponibles de la planète.
En 1700, 95% des terres libres de glace n’étaient pas, ou très peu utilisées, contre seulement 45% en 2000.
Le développement massif de l’élevage, la multiplication par 6 des surfaces de pâturage entre 1800 et 2000 et l’installation des cultures dans les prairies sauvages en
ont été les moteurs principaux.
Le changement d’usage des terres influence considérablement le climat planétaire. Les modifications des couverts végétaux altèrent les cycles biogéochimiques
et d’autres variables climatiques comme l’albédo terrestre (pouvoir réfléchissant des rayons du Soleil). Elles contribuent à augmenter l’effet de serre en réduisant la
capacité des écosystèmes terrestres à jouer leur rôle de puits de carbone. L’impact direct sur la biodiversité est tout aussi considérable (dégradation et destruction
des habitats naturels).

Sources : http://ecotope.org/anthromes/images/ellis_et_al_2010_fig_http://ecotope.org/anthromes/v2/, « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie
de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300
Biodiversité des sols
Les sols sont composés approximativement pour moitié d’air et d’eau, pour
45% de minéraux et 5% de matière organique. Dans ces 5%, seuls 10% sont de
la matière organique vivante. Et pourtant ils contiennent une des formes les +
riches de la biodiversité terrestre. Selon une estimation, les sols contiennent
également 80% du carbone terrestre.
Les organismes vivant dans le sol sont très abondants et incluent des vers de
terre, des nématodes, des arthropodes, des protozoaires, des champignons et des
bactéries. Les champignons et bactéries sont de très loin les organismes les +
abondants et jouent un rôle capital dans les processus écosystémiques vitaux
dans les cycles de la matière, de l’énergie et des nutriments : séquestration du
carbone, stockage de l’azote, purification de l’eau… Leur relations symbiotiques
avec les végétaux favorisent la croissance des plantes et des arbres par
l’amélioration de leur nutrition et la protection contre les herbivores et pathogènes.
La biodiversité des sols est la + riche dans les forêts tropicales humides et la + faible dans les
déserts. Historiquement, les sols et forêts ont été le + grand puit de carbone du monde, mais
des études récentes suggèrent qu’ils pourraient devenir émetteurs nets de carbone.
Les sols fournissent également la plupart de l’eau nécessaire aux végétaux et à la biodiversité
terrestre, 65% de l’eau douce mondiale, 90% de l’eau utilisée pour la production agricole et pour la
production + de 99% de nos calories alimentaires.
La biodiversité des sols pourtant fondamentale, se réduit fortement. Le sol abrite l’un des plus
grands réservoirs de biodiversité sur Terre : selon plusieurs estimations, ils hébergent + d’un
quart des espèce de la planète et jusqu’à 90% des organismes vivants dans les écosystèmes
terrestres, y compris certains pollinisateurs passent une partie de leur cycle de vie dans les
habitats du sol.
La diminution de la biodiversité des sols contribue à aggraver de nombreux problèmes
environnementaux : eutrophisation (charge nutritive excessive) accrue des points d’eau douce,
réduction de la biodiversité à la surface et aggravation du réchauffement climatique. Sans la
biodiversité des sols, les écosystèmes terrestres risqueraient de s’effondrer.
Sources : https://esdac.jrc.ec.europa.eu/public_path/shared_folder/Atlases/JRC_global_soilbio_atlas_high_res-2019-06-13.pdf,
https://assets.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/957292/Dasgupta_Review_-_Abridged_Version.pdf, https://larbredesimaginaires.fr/tronc/biodiversite/
« Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300
Artificialisation des sols

Les sols artificialisés recouvrent les sols bâtis et les sols revêtus et stabilisés (routes, voies ferrées, parkings, chemins...), les chantiers, les terrains
vagues, et les espaces verts artificiels.
L’artificialisation des sols engendre une perte de ressources en sol pour l’usage agricole et pour les espaces naturels. Elle imperméabilise certains
sols, ce qui accroît la vulnérabilité aux inondations. Elle a également un impact sur la biodiversité et créé des îlots de chaleur urbain.
Selon l’analyse de l’Agence Européenne de l’Environnement, la surface moyenne annuelle dénaturée pour la France est de 470 m² / habitant, contre
410 m² / hab pour l’Allemagne ou encore 260 m² / hab pour l’Italie.
Les causes principales en France sont la croissance démographique, l’attrait des Français pour les logements individuels en périphérie des zones urbanisées,
l’augmentation du nombre de logements vacants (8.4% soit 3 millions de logements) et la dévaluation économique, toujours plus importante, des terres agricoles
françaises par rapport aux terres urbanisables (en moyenne, les terrains constructibles français valent donc 55 fois plus chers que les terres agricoles).

Les conséquences de l’artificialisation des sols sont dramatiques pour l’environnement et l’humain :
•Réchauffement climatique : un sol artificialisé n’absorbe quasiment plus de CO2 (taux d’absorption de
70 tonnes de carbone / ha pour les pairies contre 43 tonnes pour les terres arables et <1 tonne pour les
sols artificialisés (70 fois moins que les prairies). Par ailleurs, en absorbant les rayons du soleil, la
bétonisation participe grandement à l’augmentation de la température moyenne du globe (voir îlots de
chaleur).
•Perte de biodiversité : voyant leurs habitats considérablement modifiés, voire, dans certains cas,
détruits, la faune sauvage est obligée d’adapter son mode de vie, voire dans certains disparaître. La
biodiversité terrestre n’est pas la seule menacée, l’avifaune et la faune aquatique sont également
largement affectées par cette artificialisation. À titre d’exemple, on estime que 421 millions d’oiseaux
auraient disparu depuis 30 ans, soit en moyenne 14 millions par an… et l’artificialisation a grandement
sa part de responsabilité dans ce déclin !
•Menace sur la sécurité alimentaire du territoire : avec une disparition d’un quart de sa surface ces 50
dernières années, les terres arables représentent à elles seules plus de la moitié des zones
artificialisées.

Source : "Artificialisation des sols : état des lieux", Ecologie humaine, 02/11/2020, https://www.ecologiehumaine.eu/artificialisation-des-sols-etat-des-lieux/
https://larbredesimaginaires.fr/tronc/artificialisation-des-sols/
Salinisation des sols

La salinisation des sols désigne l’augmentation de la teneur en sel


dans les sols, diminuant leur rendement voire les rendant stériles et
infertiles.
La salinisation des sols progresse dans le monde et concerne 1/5
des terres irriguées. Selon une étude de l’Université des Nations
Unies, cela fait perdre 2000 ha de terres cultivées par jour !
En deux décennies (1994-2014), la superficie totale des terres
irriguées abîmées par le sel est passée de 40 millions d’ha à 62
millions d’ha (= superficie de la France). Au niveau économique,
ces pertes de productivité ont été estimées à environ 24 milliards de $
par an.
Elle résulte généralement d’un mauvais drainage. Parmi les plus
grandes zones confrontées à ce problème : la mer d’Aral, les
bassins du Gange et de l’Indus, du fleuve jaune et de l’Euphrate,
la vallée de San Joaquim.

Source : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/salinisation-des-sols/
Îlots de chaleur

L'îlot de chaleur est un effet de dôme thermique qui crée un microclimat urbain où les températures sont + élevées.
En cause ? Les matériaux de construction qui emmagasinent la chaleur, l’albédo de la ville plus important qu’en campagne, le manque d’eau et de
végétation (qui d’ordinaire rafraichissent l’atmosphère du fait de la chaleur latente de l’humidité dégagée), la stagnation des masses d’air à cause
du fait de la rugosité du sol en ville, les activités humaines qui dégagent de la chaleur, ...

Source : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/ilot-de-chaleur-urbain/
Les désastres de l’agriculture intensive
Entre 1850 et 1950, l’expansion massive de l’agriculture à grande échelle s’est surtout produite en Amérique du Nord et dans le sud et l’est de la Russie et de l’Union
soviétique. Au cours des 50 dernières années, elle s’est intensifiée dans ces région et s’est redirigée vers les tropiques (Amérique latine, Asie du Sud-Est, Afrique).
L’agriculture intensive repose sur 3 composantes : le développement de variétés à meilleur rendement, engrais azotés et mécanisation de l’agriculture (machines
agricoles et irrigation intensive).
Le système agricole a des impacts environnementaux considérables en raison de la destruction d’habitats, de l’usage massif de pesticides et d’engrais
ainsi que des émissions de GES qui lui sont associés.
La production agricole représente 20% des émissions territoriales françaises de gaz à effet de serre (GES). Ce chiffre comprend les GES liées à l’élevage, l’
épandage d’engrais azotés, les serres et engins agricoles, etc. émises sur le sol français. Tandis que les émissions de GES liées à l’alimentation des ménages français
représentent 24% de leur empreinte carbone (incluant, en plus des étapes de production agricole, la transformation alimentaire, le commerce des biens alimentaires,
la fabrication des emballages et la gestion des déchets, le transport et la réfrigération). Ces émissions proviennent de l’élevage (48%), des cultures (41%), ainsi
que des tracteurs, engins et chaudières agricoles (11%). Les émissions de l’agriculture sont avant tout liées à des processus biologiques : méthane émis par la
fermentation entérique des ruminants et les effluents d’élevage, protoxyde d’azote principalement émis par les sols agricoles après fertilisation azotée minérale ou
organique (engrais). Le système agricole et alimentaire industriel est fortement importateur et utilisateur d’intrants (produits phytosanitaires, engrais azotés de
synthèse, alimentation pour les animaux, etc.), ce qui accroît ses émissions de GES.
Au-delà des impacts en matière d’émissions de GES, l’agriculture intensive réalise 70% des prélèvements d’eau potable dans le monde (et jusqu’à 95% dans
certains pays en développement !).
L’influence de l’agriculture intensive sur le cycle des nutriments, en particulier l’azote, est lourde de conséquences. Il est estimé que les humains via les
engrais azotés, la plantation de légumineuses et différents processus de combustion, font entrer autant d’azote assimilable dans la biosphère que toutes les sources
naturelles combinées. Une grande part de cet azote, répandu dans les champs, n’est pas assimilé et se retrouve dans les masses d’eau douce, puis dans la mer.
Dans les milieux aquatiques, ces excès d’azote peuvent aboutir au phénomène d’eutrophisation (excès de nutriments qui entraîne une prolifération d’algues et
bactéries qui consomment l’oxygène disponible), ce qui peut engendrer la mort de nombreux organismes aquatiques (voir la page zones mortes hypotoxiques).
En outre, 90% du phosphore est utilisé comme engrais pour l’agriculture industrielle, ce qui menace d’épuisement cette ressource fondamentale à la vie.
L’utilisation massive des pesticides a un impact mortel prouvé sur la biodiversité, en particulier les insectes pollinisateurs, pourtant indispensables à la
perpétuation de la vie.
Par ailleurs l’agriculture industrielle a drastiquement diminué la diversité des cultures : plus de 6000 espèces de plantes ont été cultivées dans l’histoire, aujourd’hui
moins de 200 espèces contribuent substantiellement à l’alimentation mondiale et seules 9 d’entre elles* représentent les 2/3 de la production agricole totale en 2014.
Enfin, dans certaines régions du monde, de mauvais drainages ont salinisé et tué les sols, comme par exemple dans la mer d’Aral, les bassins du Gange et de
l’Indus, du fleuve jaune et de l’Euphrate, ou la vallée de San Joaquim.

Sources : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/agriculture-alimentation/, « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po,
http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300 / * betterave, blé, canne à sucre, maïs, manioc, palmier à huile, pommes de terre, riz, soja
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Pollutions des sols (pesticides, métaux lourds)
La famille des pesticides regroupe les insecticides, les fongicides et les herbicides (>600 variétés). L’expansion très rapide de l’agriculture intensive a entraîné une augmentation
exponentielle de leur utilisation. L’Asie est de loin le 1er utilisateur, elle consomme + de la moitié des substances (Chine principalement). La France est le 7ème utilisateur
mondial. A l’exception de l’Afrique subsaharienne et des pays scandinaves, la quasi-totalité des sols cultivés dans le monde sont chimiquement traités.
4 firmes mondiales détiennent 75% du marché mondial des pesticides et exercent un lobbying intense pour limiter les réglementations : Bayer-Monsanto, Dow DuPont,
Syngenta et BASF.
Plusieurs pesticides se sont révélés très nocifs pour la santé humaine et pour l’environnement, et ont été interdits dans de nombreux pays : atrazine (maïs), Gaucho
(semences), DDT (insecticide). Le + utilisé est de loin est le glyphosate, commercialisé par Monsanto sous le nom de Roundup puis par d’autres marques quand le brevet de la
molécule est tombé dans le domaine public. Le glyphosate a été classé par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) de l’OMS comme « probablement cancérigène »
en 2015. Depuis de nombreux procès d’agriculteurs atteints de cancers ont fait condamner Monsanto (et son propriétaire Bayer) dont le + retentissant a été celui de Dewayne Johnson
(290 millions de $ en août 2018). Pourtant à ce jour il n’est toujours pas interdit en Europe et en France en raison de l’opposition de certains agriculteurs et de l’industrie qui mettent en
avant l’absence d’alternatives et parfois contestent sa dangerosité.
Les pesticides ont un impact majeur sur la diminution de la
biodiversité.
Une méta-analyse de + de 800 publications scientifiques
sur les néonicotinoïdes, publiée en 2014 montre que ces
pesticides comportent un risque élevé de dommages
pour les abeilles mellifères et autres pollinisateurs
comme les papillons, ainsi que pour une large variété
d’autres invertébrés (vers de terre par exemple) et de
vertébrés tels que les oiseaux.
Selon l’association Générations Futures, près de 75%
des fruits et 41% des légumes non bio portent des
traces de pesticides quantifiables pouvant altérer notre
santé et celle des agriculteurs (étude février 2018).
L’agriculture intensive est au cœur du problème des
pesticides qui contaminent également les nappes
phréatiques : en France par exemple où on estime que la
moitié des nappes sont polluées, l’agriculture intensive
serait responsable de 75% de leur contamination aux
nitrates et aux pesticides. Par ailleurs, ce mode
d’agriculture est de très loin le 1er consommateur de
ressources en eau.
Sources : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/pesticides/, https://www.futura-sciences.com/planete/questions-reponses/agriculture-pesticides-pays-plus-gros-consommateurs-10757/
« Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300
Pollutions des sols (pesticides, métaux lourds)

Selon une étude de l’université de Sydney, publiée dans Nature Geosciences le 29 mars 2021, près d’un tiers des terres agricoles dans le monde sont
exposées à un risque élevé de pollution par les pesticides, pesticides qui peuvent se retrouver dans les nappes phréatiques et menacer la santé humaine et la
biodiversité.
Les chercheurs ont examiné l’utilisation de 92 herbicides, fongicides et insecticides dans 168 pays, afin de déterminer quelles substances dépassaient les niveaux
recommandés, en se basant sur des données de la FAO et de l’Institut américain de géophysique (USGS).

Soulignant le « risque de pollution par les pesticides à l’


échelle mondiale », les chercheurs ont constaté que 64%
des terres agricoles présentaient des niveaux de
pesticides chimiques supérieurs à ce que les normes
industrielles considèrent comme des « concentrations
sans effet », et que près de 31% des terres agricoles
mondiales, dont 60% des terres agricoles en Europe,
présentent un « risque élevé » de pollution par des
pesticides qui peuvent s’infiltrer dans les réserves
d’eau et avoir un impact sur la santé humaine.

L’étude classe une zone comme « à haut risque » quand


les niveaux de concentration d’un pesticide sont estimés à
au moins mille fois le niveau où ces concentrations n’ont
pas d’effet néfaste. C’est en Asie que l’on trouve le plus de
terres à haut risque, 4,9 millions de km², dont 2,9 millions
en Chine. En Europe, la Russie, l’Ukraine et l’Espagne
constituent l’essentiel (62%) des zones à haut risque.

Plus le niveau de risque est élevé, plus la probabilité que


des espèces non ciblées subissent un effet est grande, a
expliqué à l’AFP la chimiste Fiona Tang, autrice principale
de l’étude.

Source : https://reporterre.net/64-des-terres-agricoles-dans-le-monde-sont-contaminees-par-les-pesticides
Erosion des sols

75% de la surface de la Terre est dégradée. Selon l’IPBES, 3,2 milliards d’humains sont concernés soit près de la population mondiale actuelle. À ce
rythme, d’ici 30 ans, ce sont 90% des sols qui sont menacés d’érosion. Or, 95% des aliments que nous mangeons proviennent des sols.
Selon l’experte des sols Prof Jane Rickson de Cranfield University, « seul 3% de la surface de la Terre est propice à la production arable or nous
perdons 75 Mds de tonnes de sol fertile par an à cause de la dégradation des sols. ». A comparer avec le rythme de constitution de ces mêmes sols :
1cm en 300 ans ! Selon David Montgomery (Dirt. The erosion of civilizations), 1% de la terre arable est perdue en moyenne par an.
Le niveau exact de dégradation des sols reste incertain. Mais les zones les plus dégradées sont l’Amérique du Sud où les forêts sont abattues,
l’Afrique saharienne, l’Inde et la Chine. Dans ces deux pays, les experts des sols sont inquiets de la capacité à nourrir durablement la population.
Les pays développés ne sont pas non plus épargnés par le phénomène. En France, 60% des sols seraient ainsi frappés d’érosion.

La qualité des sols est fondamentale bien sûr pour


maintenir les rendements agricoles et permettre des
récoltes abondantes. Il est également capital pour le
changement climatique. Il y a trois fois plus de carbone
dans le sol que dans l’atmosphère. Si ce carbone était
relâché, l’emballement climatique serait considérable.
Pour conserver le carbone dans le sol, l’option la plus
simple est de laisser les forêts repousser. Et
transitionner massivement l’agriculture vers des
modèles permettant une préservation voire un
enrichissement des sols (agroécologie, agroforesterie,
permaculture, etc.)

Sources : https://www.bbc.com/news/science-environment-48043134 ; https://www.passerelleco.info/article.php?id_article=113,


https://www.novethic.fr/actualite/environnement/biodiversite/isr-rse/degradation-et-erosion-des-sols-cinq-chiffres-chocs-sur-un-danger-mondial-147976.html
Les 7 sphères de l’Anthropocène
II
La lithosphère
Minerais et métaux : ça nous mine le moral…

L’extractivisme a pour conséquence


de ponctionner en quelques dizaines
d’année des quantités de ressources
disponibles que la planète a mis des
centaines de milliers voire des millions
d’années à constituer.
Cela entraîne une diminution rapide
des stocks et menace d’extinction
la plupart des ressources
naturelles. Selon l’UNEP
(programme environnement de
l’ONU), le volume total de matériaux
utilisé pour l’économie mondiale
est passé de 22 (1970) à 70 milliards
de tonnes en 2010 !

Taux de recyclage des


métaux (UNEP 2011)

Sources : https://www.unep.org/resources/report/global-material-flows-and-resource-productivity-assessment-report-unep ; https://news.infomaniak.com/web-ecologique/ ;


https://www.encyclo-ecolo.com/Epuisement_des_ressources_naturelles ; https://www.euchems.eu/wp-content/uploads/2018/10/FRENCH-Periodic-Table-Element-Scarcity.pdf
Minerais et métaux : ça nous mine le moral…

Sources : http://www.informaction.info/sites/default/files/images/en6_-_penurie_matieres_premieres.jpg
Boucle minerais & métaux / énergie

Pour extraire toujours plus de matières nous devons forer toujours + Au fil du temps, le capital naturel s’épuise: il faut de plus en plus d’
profond ou dans des endroits + difficiles d’accès, ce qui nécessite + d’ énergie afin d’extraire de l’énergie de basse entropie et des
énergie par quantité de matière extraite. Or l’extraction d’énergie fossile matières. Quant au stock de haute entropie (déchets), son stock
elle aussi nécessite de + en + de matières extraites. augmente considérablement.

Source : Jérôme François, « Analyses des risques systémiques liés au système Terre – économie des ressources naturelles », décembre 2020
Le marchand de sable passe trop souvent…
Le sable est la deuxième ressource la plus utilisée après l’eau. Son rythme d’extraction est 9 fois
supérieur à celui du pétrole. L’épuisement de cette ressource est prévu vers 2100.
Le secteur de la construction est la principale cause de l’épuisement des ressources en sable.
Chaque année, 40 à 50 milliards de tonnes de sables sont extraites des fonds marins, des mines
et des lacs, afin de nourrir le secteur du bâtiment. Le béton est composé aux deux tiers de sable,
et malheureusement, nos ressources en sable ne sont pas infinies.
Seul le sable marin, donc issu de l’érosion de la pierre, est compatible à la création de béton. Sur
les quelques 120 milliards de millions de tonnes de sable présents sur la Terre, nous ne pouvons
donc en utiliser qu’une infime partie. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Dubaï, état désertique
– au sens premier du terme – est obligé d’importer du sable pour construire les Palm Islands ou
autre Burj Khalifa.
En France, la demande annuelle en sable s’élève à presque 400 millions de tonnes. La
quasi-totalité est destinée au secteur de la construction. De tels besoins expliquent pourquoi
l’Asie, en pleine transition urbaine, consomme 70% de la demande annuelle mondiale. La Chine,
notamment, a besoin de subvenir aux besoins de sa population, qui a presque doublé en 60 ans.
Voici quelques ordres de grandeur pour comprendre la consommation mondiale de sable :
•Centrale nucléaire : 12 millions de tonnes de sable
•1 km de route : 30 000 tonnes
•Maison individuelle : 200 tonnes
Les conséquences de l’extraction massive de sable des fonds marins sont nombreuses. Les
plages disparaissent : lorsque l’on extrait du sable marin, le sable des plages vient combler le vide
créé. Petit à petit, le sable des côtes, s’il n’est pas lui aussi dragué, va donc glisser vers les fonds
marins, pour finalement disparaître. En Floride, 9 plages sur 10 ont déjà disparues.
Le sable des côtes constitue également une barrière naturel contre les éléments. Il a été montré
que certains ouragans n’auraient pas été aussi dévastateurs il y a 100 ans. L’extraction massive
met enfin de nombreuses espèces sous-marines en danger. En bref, les conséquences
environnementales de notre surconsommation de sable sont désastreuses.

Sources : https://www.natura-sciences.com/environnement/penurie-sable.html,
https://information.tv5monde.com/info/penurie-de-sable-un-enjeu-planetaire-environnemental-et-economique-185813
Phosphore

Sans lui, la vie n’est pas possible. Le phosphore est un élément fondamental du vivant,
indispensable aux écosystèmes naturels : les phosphates sont solubilisés par l’altération des
roches par l’eau de pluie. Les végétaux les prélèvent sous cette forme et les utilisent pour
produire de la matière organique. Le phosphore est ensuite transféré le long de la chaîne
alimentaire par la consommation des plantes par les animaux. Il est de nouveau solubilisé
grâce à la décomposition de la matière morte par les micro-organismes.
Pourtant, il provient de mines de phosphates, ce n’est pas une ressource
renouvelable, certaines sources parlent d’épuisement dans 40 ans ou 90 ans au
rythme d’extraction minière actuel.
Son épuisement est dû à la surexploitation comme engrais dans l’agriculture
industrielle qui utilise 90% du phosphore extrait. Une utilisation démesurée de produits
fertilisants représente un frein à la prolifération de ces micro-organismes qui fonctionnent en
réseau et jouent un rôle essentiel dans le transport et la répartition du phosphore dans la
terre.
Le phosphore est malheureusement perdu :
•Depuis l’installation des toilettes humides (fèces et urines partent dans les eaux usées
et se concentrent dans les stations d’épuration)
•Lorsque les déchets alimentaires ne retournent pas à la nature (compostés)
•Depuis la « fin » du principe de polyculture-maraichage qui permettait de recycler le
fumier des animaux

Source : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/phosphore/, https://ecoloyolo.weebly.com/cycle-de-lazote.html


Énergies : la transition énergétique n’existe pas, il y a addition énergétique !

L’historien Jean-Baptiste Fressoz démontre que “l’histoire de l’énergie n’est pas celle de transitions, mais celle d’additions successives de
nouvelles sources d’énergie primaire.”

La mauvaise nouvelle c’est que l’histoire nous


apprend qu’il n’y a en fait jamais eu de transition
énergétique. On ne passe pas du bois au charbon,
puis du charbon au pétrole, puis du pétrole au
nucléaire.
L’histoire des énergies n’est pas celle de
transitions, mais d’additions successives de
nouvelles sources d’énergie primaire.
L’erreur de perspective tient à la confusion entre
relatif et absolu, entre local et global : si au XXème
siècle, l’usage du charbon décroit relativement au
pétrole, il reste que sa consommation augmente et
que, dans le monde, on n’en a jamais autant brûlé
qu’en 2019.
Pour l’instant, le nucléaire et les énergies
renouvelables n’ont fait qu’ajouter une fine couche
supplémentaire au mix énergétique qui demeure
fondamentalement carboné, à + de 80%.

Sources :”Le mythe de la transition énergétique”, Jean-Baptiste Fressoz, in Collapus ; http://www.columbia.edu/~mhs119/EnergyConsump/WorldEnergyConsumption.png


Énergies : les énergies fossiles restent prédominantes.
Le charbon a permis la première révolution industrielle puis le problème de la densité surfacique a été réglé par les hydrocarbures (pétrole et gaz). La densité
surfacique d'énergie est la quantité d’énergie associée à une unité de surface. Les énergies denses (hydrocarbures, uranium) se trouvent, par ailleurs, dans la
lithosphère, réglant ainsi le problème de la compétition qui prévalait sur la consommation de bois-énergie. La compétition alimentaire / « carburant » était aussi
importante: il fallait choisir entre nourrir les humains ou nourrir les chevaux (force de travail, moyen de mobilité)
Tous ces avantages des hydrocarbures et du charbon entraînent une augmentation constante de leur consommation.
Les énergies renouvelables voient leur part augmenter mais elles s’ajoutent aux énergies fossiles sans les remplacer.

« Renouvelable »: env 11%


(NB : le capteur n’est pas
renouvelable; toutes les énergies
se dégradent : c’est l’entropie

Non « renouvelable » :
env 89%

Sources : Jérôme François, « Analyses des risques systémiques liés au système Terre – économie des ressources naturelles », décembre 2020
http://www.columbia.edu/~mhs119/EnergyConsump/WorldEnergyConsumption.png, http://gidmodel.org/?p=582
Energies : l’économie actuelle est dopée au pétrole.

Si près de 60% du pétrole mondial est consommé par le


secteur des transports (fret routier, véhicules, navires, avions), il
est également destiné à d’autres usages.
• Les produits du quotidien : la plupart des matières plastiques,
des solvants ou des cosmétiques. Environ 99% des matières
plastiques et une majorité des textiles (nylons, polyesters, etc.)
sont issus de la pétrochimie. Par ailleurs, la pétrochimie permet
aussi de produire des détergents, des caoutchoucs, des adhésifs
et même des médicaments.
• L’habitat et les bâtiments publics : les GPL ou Gaz de Pétrole
Liquéfié (butane, propane), issus du raffinage du pétrole ou du
traitement de gaz naturel, sont utilisés en bouteilles pour la
cuisson des aliments ou le chauffage domestique. Le fioul, qui
est également issu du raffinage du pétrole, est encore beaucoup
utilisé pour le chauffage.
• La production d’électricité : les centrales thermiques à fioul
produisent environ 5% de l’électricité mondiale.
• Les travaux publics : le secteur de la construction routière
utilise 90% de la production mondiale de bitume, produit issu des
pétroles lourds. Par ailleurs, les engins de travaux publics
utilisent fréquemment du gazole.
• Les secteurs de l’agriculture et de la pêche : De nombreux
engrais et pesticides sont issus de transformations
pétrochimiques et les machines agricoles fonctionnent souvent
au fioul domestique (tracteurs, moissonneuses, etc.) tout comme
les bateaux de pêche.

Sources : https://pbs.twimg.com/media/CVXQuRCWwAA3syN.jpg ; http://files.cgerardphilipesvt.webnode.fr/system_preview_detail_200007371-58c4959bef-public/utilisations%20du%20p%C3%A9trole.jpg ;


https://www.connaissancedesenergies.org/en-dehors-du-transport-quels-sont-les-autres-usages-du-petrole
Energies : le pic de pétrole conventionnel a été atteint en 2008-2011, le pic
total en 2015-2019.
La dépendance de l’économie mondiale
au pétrole entraîne une consommation « En quelques années seulement, le taux de réussite des forages d'exploration à terre (pour
très importante qui nous ont fait trouver du pétrole) est passé de 50% à 10% : 5x moins de réussite ! En mer, la chute est moins
dépasser le pic de production. brutale, mais elle est régulière : ce taux de succès est passé de 40% à 25% sur les 10 dernières
années.
Le pic de production du pétrole La recherche des gisements de pétrole, c'est comme la chasse aux œufs de Pâques : ceux que
conventionnel (moins intense en énergie à l'on trouve en premier sont les plus gros et/ou les moins bien cachés. L'exploitation est alors
extraire, moins cher) a été atteint entre facile et le prix du pétrole produit est bas.
2008 et 2011 selon l’Agence Plus le temps passe, plus les découvertes de pétrole baissent en volume (elles baissent depuis
Internationale de l’Energie. les années 1960, et sont devenues inférieures à la production depuis 1980), et plus les gisements
L’exploitation de pétrole non découverts sont petits et/ou très bien cachés, donc chers à exploiter (et rapidement vidés).
conventionnel (sables bitumineux, pétrole Le pétrole, c'est la corne d'abondance du 20ème siècle. Sans pétrole, pas de mondialisation, pas
de civilisation urbaine (dépendante des transports longue distance pour tout ce qui y est
lourd, schiste bitumineux, en offshore
acheminé), pas de plastiques, d'huiles, de détergents et de vêtements synthétiques, pas de
profond, en conditions polaires…) a permis
routes (car pas de bitume !)...
de maintenir la croissance de la
Il n'y a pas que le climat qui va nous faire souffrir à l'avenir. L'autre mâchoire qui se referme
production mondiale. doucettement, c'est la contraction pétrolière. », Jean-Marc Jancovici
Mais ces pétroles demandent + d’énergie
pour être exploités. L’intensité Sans décroissance énergétique et
énergétique de l’extraction s'accroît développement massif d’énergies
(pétrole de schiste et sables bitumineux de substitution, la chute risque d’
demandent énormément d’énergie pour être brutale pour l’économie
obtenir du pétrole). Il y a 100 ans, on mondiale avec des conséquences
prélevait environ 100 barils avec un seul. imprévisibles sur les sociétés.
Aujourd’hui, le TRE (Taux de Retour Notons par ailleurs qu’au-delà des
Energétique, EROI en anglais) avoisine en questions de pic, il faudrait
moyenne 15:1 (15 barils extraits avec un laisser les réserves
baril consommé). Des physiciens estiment d’hydrocarbures dans le sol pour
qu’à 7:1, la civilisation limiter le réchauffement
thermo-industrielle entre en risque climatique à des niveaux
d’effondrement. compatibles avec les Accords de
Le pic de production total aurait été Paris et préserver l’habitabilité de
atteint entre 2015 et 2019. la planète !
Sources : Jérôme François, « Analyses des risques systémiques liés au système Terre – économie des ressources naturelles », décembre 2020, https://www.artberman.com/wp-content/uploads/Chart_World-Con-Uncon-1.jpg ;
https://insideevs.com/news/324422/tar-sands-eroi-for-ice-transportation-vs-evs/ ; https://comitemeac.com/dossiers-2/dossiers/capsules-energetiques-introduction/quest-ce-que-le-taux-de-retour-energetique-eroi/,
https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_chute-record-du-taux-de-r%C3%A9ussite-des-forages-activity-6775318094542868480-ZsGh
Énergies : les énergies de substitution sont beaucoup moins denses.

La combustion de l’hydrogène génère une forte quantité d’énergie (environ 3 Les énergies de substitution ne peuvent maintenir la civilisation
fois plus que l’essence à poids constant) mais sa densité est très faible vs les thermo-industrielle dont l’EROI (TRE) est estimé à 7:1. En deçà, la
hydrocarbures. civilisation (thermo-industrielle) basée sur des ressources énergétiques
denses (et gratuites puisque les ressources naturelles le sont) s’effondrera.

Mix
énergétique 0,5% 0,5% 1% 0% 20% 3,5% 3% 16%
slide issue du site de Nicolas Meilhan FR (2015)
* solaire à concentration ** centrale à gaz cycle combiné

Sources : Jérôme François, « Analyses des risques systémiques liés au système Terre – économie des ressources naturelles », décembre 2020 ; http://memepoliceman.com/are-windmills-idiot-power/
Énergie décarbonée et matières : risque de blocage systémique

Les énergies décarbonées et les véhicules électriques développés


pour se substituer aux hydrocarbures consomment de grandes
quantités de matériaux ce qui met en risque de tension voire de
pénurie l’approvisionnement pour nombre d’entre eux.

Sources : Jérôme François, « Analyses des risques systémiques liés au système Terre – économie des ressources naturelles », décembre 2020 ;
https://ree.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/focus_ressources_naturelles_version_complete.pdf
Energies : une efficacité énergétique en amélioration constante… mais
annihilée par les effets rebond.
L’efficacité énergétique s’améliore chaque année, ce qui Cela s’explique notamment par les effets rebond, ou paradoxe de Jevons.
permet de consommer moins d’énergie par unité
produite (l’intensité énergétique de l’économie se réduit)… L’économiste britannique W. Stanley Jevons a
mis en évidence le paradoxe que les gains en
efficacité énergétique de la machine à vapeur
n’ont pas permis de diminuer la consommation
globale de charbon, qui a au contraire augmenté.
Plus on améliore l’efficacité – courbe jaune
(consommation marginale d’énergie ou de
matière), plus on consomme- colonnes bleues
(consommation globale).
Les économies d’énergie initialement prévues
sont donc en partie perdues ; compensées par
une plus grande production de cet équipement et
une plus grande consommation d’énergie pour
faire fonctionner le total de ces équipements.
Les exemples contemporains sont nombreux : l’aviation low cost baisse le prix d’entrée et augmente le trafic aérien
global, les gains d’énergie par voiture sont gommés par des poids + élevés et une utilisation accrue, + sobres…
Pourtant, la consommation d’énergie par habitant Moins cela coûte par unité plus la consommation globale augmente.
continue à augmenter… Ainsi, si les mesures d’efficacité énergétiques, sont indispensables, elles ne sont pas suffisantes. Elles se doivent d’
être couplées à un changement profond de regard sur le consumérisme. Sachant que nombre de nos
comportements sont conditionnés par le contexte social dans lequel ils s’inscrivent, c’est une révolution culturelle sur
les méfaits et le non-sens de la surconsommation qui est à mener.

Dans une étude récente, + de la moitié des économies


d’énergie résultant d’une amélioration de l’efficacité
énergétique est effacée par les effets rebond.

En conséquence, la consommation d’énergie totale


continue à augmenter fortement ! (elle est toujours à
89% non renouvelable)

Sources : Jérôme François, « Analyses des risques systémiques liés au système Terre – économie des ressources naturelles », décembre 2020 ; https://i0.wp.com/mrmondialisation.org/wp-content/uploads/2016/05/03_jevons_paradoxes.jpg
; https://www.eia.gov/todayinenergy/images/2016.07.12/main.png ; https://ourfiniteworld.com/2020/11/09/energy-is-the-economy-shrinkage-in-energy-supply-leads-to-conflict/ ; https://larbredesimaginaires.fr/tronc/effet-rebond/ ;
https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1364032121000769?via%3Dihub
Énergies : Énergie grise et déchets cachés : un problème économique
structurel
L'énergie grise, ou énergie intrinsèque, est la quantité d'énergie consommée lors du cycle de vie d'un matériau ou d'un produit : la production, l'extraction, la
transformation, la fabrication, le transport, la mise en œuvre, l'entretien et enfin le recyclage, à l'exception notable de l'utilisation.
Les déchets cachés, aussi appelés « sac à dos écologique », sont tous les déchets qu’un objet « transporte » derrière lui. En moyenne, on peut estimer que
les 354 kg d’ordures ménagères que génère un Français chaque année représentent en réalité 2 500 kg de déchets industriels, 11 300 kg de matières premières
extraites et 35 000 kg de ressources naturelles exploitées. Ces déchets du quotidien ont donc un réel coût pour l’environnement.
Quelques exemples :

Objets Énergie grise Déchets cachés

▪ Micro-ondes ▪ …. ▪ 2 tonnes****
▪ Voiture (1,2-1,5to) ▪ 2/3 d’énergie grise vs 1/3 d’énergie embarquée ▪ Entre 15 et 30 to**
▪ Avion (100-250 to) ▪ … ▪ …
▪ Téléphone portable ▪ Env. 85% d’énergie grise vs 15% d’énergie embarquée ▪ 183 kgs ****
▪ Ordinateur portable ▪ … ▪ 800 kgs***
▪ Modem ▪ … ▪ 500 kgs***

Sources : Jérôme François, « Analyses des risques systémiques liés au système Terre – économie des ressources naturelles », décembre 2020, données issues de l’Ademe, du Ministère de
l’environnement et d’un MOOC de l’Université des Colibris
Les 7 sphères de l’Anthropocène
II
La biosphère
Espèces envahissantes

Les invasions biologiques sont une des principales causes de


perte de biodiversité. Elles sont aussi bien le fait d’animaux que
de plantes, voire de micro-organismes.
Par exemple, depuis les années 1990, un champignon,
possiblement originaire d’Afrique, décime les espèces
d’amphibiens sur tous les continents. La rascasse d’eau fait partie
des 100 espèces les + envahissantes du monde, si elle est
introduite sans ses consommateurs naturels, elle asphyxie les
cours d’eau.
Les espèces peuvent être déplacées de manière non
intentionnelle ou volontairement (ex : pour la chasse ou la pêche
sportive), parfois un mélange des deux.
Dans les 2 bases de données référençant les espèces
envahissantes (CABI ISC et GISD), 1517 espèces étaient
identifiées en 2016, dont 39% ont été introduites
intentionnellement, 26% non intentionnellement, 22% un mélange
des deux et 13% pour lesquelles on manque d’informations
Une fois qu’elles sont déclarées, il est très difficile et coûteux
de remédier aux invasions biologiques, il faut donc essayer à
tout prix de les éviter.

Nombre d’espèces envahissantes par pays


et nombre par km² selon le Global
Invasive Species Database (GISD) en
2016

Source : « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po,
http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300
Menaces sur le phytoplancton, à la base de toute la chaîne alimentaire marine

Le phytoplancton est le plancton végétal, c’est-à-dire l’ensemble des


organismes végétaux vivant en suspension dans l’eau. La plupart de ces
organismes sont trop petits pour être visibles à l’œil nu, mais s'ils sont en quantité
suffisante, ils apparaissent à la surface de l'eau comme des étendues colorées. Le
phytoplancton produit la moitié de l'oxygène que consomment l'ensemble des
êtres vivants hétérotrophes et les volcans (ces derniers consomment de
l'oxygène en brûlant le carbone organique des sédiments dans les zones de
subduction). Il capte l'énergie solaire grâce à la photosynthèse.
Il constitue 50% de la production primaire à l’échelle mondiale et est à la base
des réseaux trophiques océaniques et de l'alimentation des oiseaux marins. Il
joue un rôle essentiel dans le rétrocontrôle du climat global, notamment en
pompant le CO2 de l'air.
Son développement est fortement saisonnier et souvent constitué de successions
de populations dominantes. Le phytoplancton constitue à lui seul environ 50%
de la matière organique produite sur la planète Terre, mais il semble en
diminution régulière depuis la fin du XXe siècle.
Sa vulnérabilité n’est pas encore bien connue, mais la surpêche ou une pêche
ciblant des espèces consommant le plancton (dont certaines baleines par
exemple) peut modifier le réseau trophique et la composition planctonique de
l’océan, de même que le réchauffement climatique ou la pollution (acidification,
eutrophisation en particulier).

Source : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/phytoplancton/
La pêche industrielle, machine à vider les mers…
Selon la FAO, la production mondiale de la pêche de capture a atteint
en 2018 un niveau record de 96,4 millions de tonnes (Mt), soit +5,4%
par rapport à la moyenne des 3 années précédentes. Cette progression est
principalement due à la pêche de capture marine (84,4 Mt en 2018). En
2018, les captures de la pêche continentale ont atteint leur plus haut
niveau, avec 12 Mt.
7 premiers pays de la pêche mondiale de capture = 50% des captures
totales : Chine (15% du volume total des prises, Indonésie (7%), Pérou
(7%), de l’Inde (6%), Russie (5%), USA (5%) et Vietnam (3%). 20 premiers
pays producteurs = 74% de la production totale de la pêche de capture.

Ces chiffres sont considérés comme sous-estimés par la communauté


scientifique qui compte également les captures non déclarées (unreported
landings) et les poissons rejetés en mer (discards). Ainsi, les captures
annuelles de poissons ont été multipliées par 6 entre 1950 et 1996 où elles
ont atteint un pic à 130 millions de tonnes.

Dans le secteur de la pêche et de l’aquaculture, on estime qu’il est perdu


ou gaspillé, chaque année, 35% des quantités récoltées et capturées à
l’échelle mondiale.
Par ailleurs, pour faire face aux besoins en consommation de poissons,
l’aquaculture a été massivement développée à partir du début des
années 1990 et + de 25% des prises de poisson sauvage sont
désormais utilisées pour faire des farines de poissons données aux
poissons d’élevage et à du bétail.

Sources : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/surpeche/, Sea Around Us https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/faf.12233, FAO, « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar
Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300
… et ça marche !
Les bateaux vont toujours + loin, toujours + profond et un nombre
toujours + grand d’espèces est capturé.
L’industrialisation massive de la pêche a de lourdes conséquences.
Beaucoup de populations sont déjà très fragilisées. La situation des stocks
de poissons marins est dramatique : d’après l’évaluation réalisée par la FAO,
la part des stocks de poissons exploités à un niveau biologiquement
durable à l’échelle mondiale est passée de 90% en 1974 à 66% en 2017
(et la quasi-totalité de ces stocks sont à la limite maximale de la
durabilité). À l’inverse, le % des stocks exploités à un niveau
biologiquement non durable a augmenté, en particulier à la fin des années
1970 et dans les années 1980, passant de 10% en 1974 à 34% en 2017.
Sur les 600 espèces pêchées dans le monde, environ un tiers sont
menacées d’extinction totale, car le niveau de leurs stocks est descendu
trop bas. Parmi les plus connues, citons le cabillaud, la morue du Canada, le
saumon sauvage de l’Atlantique, le thon rouge, la sole...
Les poissons migrateurs ont vu leur population diminuer en moyenne de 76%
entre 1970 et 2016 en raison de la dégradation des habitats et la surpêche,
selon un rapport du WWF, l’UICN et de la World fish migration foundation % de variation de la biomasse des populations par
publié en juillet 2020. rapport à la période 1950-1954 dans les zones
maritimes mondiales

Sources : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/surpeche/, https://www.fishbase.de/rfroese/PalomaresGlobalBiomass.pdf, https://www.actu-environnement.com/ae/news/infographie-peche-france-exploitation-poissons-ifremer-37046.php, « Atlas


de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300
Biodiversité – la 6ème extinction de masse
Il y a eu 5 extinctions de masse dans l’histoire de notre planète au cours desquelles plus de la
moitié des créatures vivantes de la Terre ont disparu.
Toutes ces extinctions de masse ont été causées par des évènements externes aux actions du
vivant (climat, astéroïdes, activité volcanique…). Ces extinctions se sont étalées sur plusieurs siècles.
Nous sommes à présent entrés dans la 6ème extinction de masse. Pour la première fois dans
l’histoire, une seule espèce vivante (l’humain) en est responsable et le rythme d’extinction (quelques
dizaines d’années) est sans précédent.
L‘IPBES estime qu’entre 500 000 et 1 million d’espèces sont menacées d’extinction.
L’Indice Planète Vivante (IPV) 2020 mondial publié par WWF montre un déclin moyen de 68%
des 21 000 populations de mammifères, d’oiseaux, d’amphibiens, de reptiles et de poissons
suivies entre 1970 et 2016. Or les variations des populations d’espèces sont un indicateur majeur de
la santé globale des écosystèmes.

L’IPV mondial ne nous donne pas une image complète : il existe des différences dans les courbes d’abondance entre régions, les plus forts déclins étant
observés dans les zones tropicales. La baisse de 94 % de l’IPV pour les sous-régions tropicales des Amériques est le déclin le plus important jamais observé
dans une région. La conversion des prairies, des savanes, des forêts et des zones humides, la surexploitation des espèces, le changement climatique et l’introduction
d’espèces exotiques sont des facteurs clés de ce déclin.
La biomasse des insectes se réduirait de 2,5% par an selon les données disponibles. De 1970 à 2014, la taille des populations de vertébrés aurait diminué de
60%. Les populations de poissons auraient décru de moitié. L’UICN dénombre dans sa liste rouge 26 500 espèces menacées d’extinction, ce qui correspond à +
d’un quart des espèces suivies. Cela correspond à 40% des amphibiens, 25% des mammifères et 25% des espèces de conifères par ex.
Rappelons par ailleurs que nous sommes très loin de connaître toutes les espèces présentes sur Terre, 2 millions ont été répertoriées mais il y en aurait de 8,7 millions à
plusieurs milliards selon les estimations.
A tel point que l’astrophysicien et écologiste Aurélien Barrau parle d’« extermination délibérée des formes de vie sur Terre ».
Car même dans la majorité des espèces non menacées, le nombre d’individus s’effondre. Et nous savons que cette crise résulte de l’action délibérée d’une seule
espèce, la nôtre. Les causes majeures de cet effondrement sont connues : destruction et perte d’habitats (liées à l’agriculture non durable, l’exploitation forestière,
les transports, le développement résidentiel ou commercial, production d’énergie, exploitation minière…), pollutions, surexploitation directe (chasse, braconnage,
pêche, récolte non durable) ou indirecte (espèces tuées par inadvertance), invasions biologiques (espèces envahissantes et maladies), changement climatique
(conséquences multiples détaillées dans ce document).

Source : https://www.la-croix.com/Sciences-et-ethique/principales-extinctions-masse-Terre-2019-04-29-1301018606
« Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300
Biodiversité – la 6ème extinction de masse

Source : rapport WWF Planète Vivante 2020


Biodiversité – la 6ème extinction de masse

Source : rapport WWF Planète Vivante 2020


Biodiversité – la 6ème extinction de masse

Source : rapport WWF


Planète Vivante 2020
Biodiversité – la 6ème extinction de masse

Sources : https://www.la-croix.com/environnement/Biodiversite-68-vertebres-milieux-deau-douce-aneantis-50-ans-2020-09-10-1201113216,
https://ree.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/focus_ressources_naturelles_version_complete.pdf
« Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300
Effondrement de la biodiversité terrestre - pollinisateurs
Les abeilles et autres pollinisateurs sont
d’une importance capitale pour la
perpétuation du vivant.
75% de la production mondiale de
nourriture dépend des insectes
pollinisateurs.
•Entre 60 et 90% des plantes sauvages ont
besoin d’insectes pollinisateurs pour se
reproduire.
•Le volume de la production de cultures
dépendant des pollinisateurs a
augmenté de 300% au cours des cinq
dernières décennies, de sorte que les
moyens de subsistance sont de plus en
plus tributaires de la pollinisation.
•La pollinisation animale est directement
responsable de 5 à 8% de la production
agricole mondiale actuelle en volume
(en d’autres termes, cette partie de la
production serait perdue s’il n’y avait pas
de pollinisateurs), et inclut des aliments
qui apportent des proportions
importantes de micronutriments,
comme la vitamine A, le fer et le folate,
dans l’alimentation humaine à l’échelle
mondiale
•265 milliards de dollars : c’est la valeur
estimée du service rendu par la
pollinisation dans le monde.

Sources : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/biodiversite-terrestre-pollinisateurs/, https://www.ipbes.net/sites/default/files/downloads/2016_spm_pollination-fr.pdf


Effondrement de la biodiversité terrestre - pollinisateurs
Et pourtant, les pollinisateurs disparaissent. La
situation est dramatique :
• Les populations d’abeilles domestiques ont chuté de
25% en Europe entre 1985 et 2005.
• Les évaluations de la Liste rouge de l’Union
internationale pour la conservation de la nature (UICN)
indiquent que 16,5 % des pollinisateurs vertébrés sont
menacés d’extinction au niveau mondial (ce chiffre
atteignant 30 % pour les espèces insulaires).
• Il n’existe pas d’évaluation mondiale de la Liste rouge
concernant spécifiquement les insectes pollinisateurs.
• Toutefois, des évaluations régionales et nationales font état
de niveaux élevés de menace pesant sur certaines
espèces d’abeilles et de papillons. En Europe, 9% des
espèces d’abeilles et de papillons sont menacés et les
populations diminuent pour 37% des abeilles et 31%
des papillons.
• Lorsque des évaluations des Listes rouges nationales
existent, elles montrent que, souvent, plus de 40% des
espèces d’abeilles peuvent être menacées. Ces derniers
hivers, la mortalité de ces populations était de 20% en
moyenne en Europe, voire de 53% dans certains pays.
Un article de synthèse publié en février 2019 clarifie et
aggrave encore ce constat : 41% des espèces
d’insectes pour lesquelles on dispose de suivis de
long-terme dans le monde sont en déclin, et 31%
sont menacées d’extinction.
La baisse de la biomasse d’insectes serait de 2,5%
par an dans le monde.
Sources : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/biodiversite-terrestre-pollinisateurs/, https://www.ipbes.net/sites/default/files/downloads/2016_spm_pollination-fr.pdf,
https://insect-respect.org/fileadmin/images/insect-respect.org/Rueckgang_der_Insekten/2019_Sanchez-Bayo_Wyckhuys_Worldwide_decline_of_the_entomofauna_A_review_of_its_drivers.pdf,
https://fr.statista.com/infographie/16973/diminution-des-populations-insectes-extinction-animale/, « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po,
http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300
Effondrement de la biodiversité terrestre - pollinisateurs
Les raisons de la disparition des pollinisateurs sont
multiples et s’entretiennent les unes les autres :
dérèglements climatiques, nouveaux virus et agents
pathogènes, acariens, parasites, disparition des habitats
naturels en raison des monocultures et, bien évidemment,
traitements phytosanitaires (pesticides).
Le risque que présentent les pesticides pour les pollinisateurs est
déterminé par la combinaison de la toxicité et du niveau
d’exposition, qui varie géographiquement en fonction de la
composition des produits utilisés, de l’échelle de la gestion des
terres et de la dimension de l’habitat dans le paysage. Il a été
démontré que les pesticides, et en particulier les insecticides, ont
de nombreux effets létaux et sublétaux sur les pollinisateurs dans
des conditions expérimentales contrôlées.
Dans les années 1990, les ruches enregistraient une
mortalité de l’ordre de 3 à 5%, mais avec l’arrivée sur le
marché des néonicotinoïdes, en une quinzaine d’années ce
taux est monté à 30% et en 2018 les pertes sont montées à
60% voire 90% de la population ! En France, près de 30%
des colonies d’abeilles disparaissent chaque année.

Par ailleurs, + la fragmentation de l’habitat augmente et la


taille des parcelles se réduit, sous l’action de
l’intensification agricole et/ou l’urbanisation, moins la
population des pollinisateurs est riche et abondante.

Sources : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/biodiversite-terrestre-pollinisateurs/, https://www.ipbes.net/sites/default/files/downloads/pdf/pollination_chapters_final.pdf, « Atlas de


l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300
Effondrement de la biodiversité terrestre – biodiversité d’eau douce

Les écosystèmes d’eau douce sont menacés par un ensemble de


facteurs comprenant essentiellement les changements d’utilisation
des terres, y compris l’extraction de l’eau, l’exploitation, la pollution,
les changements climatiques et les espèces envahissantes.
La biodiversité d’eau douce diminue bien plus rapidement que celle
des océans ou des forêts. Sur la base des données disponibles, WWF
affirme que près de 90% des zones humides mondiales ont été
détruites depuis 1700, et une cartographie mondiale a récemment révélé
que des millions de kilomètres de rivières ont été modifiés par
l’homme.
Ces changements ont eu un impact sévère sur la biodiversité d’eau douce,
une forte baisse démographique a été constatée sur les espèces suivies.
Les 3741 populations suivies – représentant 944 espèces de
mammifères, oiseaux, amphibiens, reptiles et poissons – dans l’Indice
Planète Vivante Eau Douce ont diminué en moyenne de 84%, ce qui
équivaut à 4% par an depuis 1970 !
La plupart des déclins sont observés chez les amphibiens, les reptiles et les
poissons d’eau douce. Ils sont enregistrés dans toutes les régions, en
particulier en Amérique latine et dans les Caraïbes.

Source : rapport Planète Vivante 2020 du WWF, https://larbredesimaginaires.fr/tronc/biodiversite/


Effondrement de la biodiversité terrestre - végétaux

Chaque année, plus de 2 000 espèces de plantes en moyenne continuent d’être décrites comme nouvelles pour la science, ce qui s’ajoute au nombre
total des espèces de plantes vasculaires connues, estimé entre 340 000 et 390 000. Pourtant, malgré l’importance des plantes pour la vie sur Terre, leur
état et leurs évolutions restent mal compris, comparés à celles des vertébrés, et elles sont généralement absentes des analyses mondiales sur la
biodiversité. Les informations géographiques, génétiques et propres aux caractéristiques des plantes, y compris leurs utilisations par l’homme et leur fonction dans
les écosystèmes, sont encore + incomplètes. Par exemple, environ la moitié des espèces végétales du monde ne disposent pas de données détaillées sur leur
répartition, contrairement aux cartes de répartition disponibles pour la plupart des vertébrés.

La Liste Rouge mondiale de l’UICN n’a évalué que 10% des plantes et la couverture actuelle est biaisée, car ce sont les arbres et les espèces menacées
qui sont le plus susceptible d’avoir été évalués.

Cependant, l’évaluation d’un échantillon de milliers d’espèces représentant l’éventail taxonomique et géographique de la diversité végétale mondiale a
montré qu’une espèce sur cinq (22%) est menacée d’extinction, la plupart d’entre elles se trouvant sous les tropiques.

Le nombre d’extinctions connues de plantes est deux fois plus élevé que celui des mammifères, des oiseaux et des amphibiens réunis.

La moitié des extinctions de plantes signalées depuis 1750 ont été réfutées par la suite (en raison de la redécouverte ou de la redéfinition d’espèces), mais si l’on
se base sur celles qui ont été confirmées, les plantes à graines disparaissent jusqu’à 500 fois plus vite qu’à l’époque pré-industrielle.

Dans le cadre du Global Tree Assessment (GTA), plusieurs organisations internationales comme le Botanic Gardens Conservation International mènent
en 2021 un travail minutieux d’évaluation de l’ensemble des espèces d’arbres connues à travers le monde. Cette synthèse qui devrait être publiée en 2021,
devrait permettre de disposer d’une première « photographie » de leur état de conservation à l’échelle planétaire. Bien que demeurant partiel (70% des espèces
analysées à ce jour), le bilan provisoire s’avère déjà très préoccupant puisqu’il estime que près de 4 espèces d’arbres sur 10 sont menacées de
disparition. En Europe, continent que l’on aurait pu imaginer davantage épargné, la récente liste rouge européenne (septembre 2019) a révélé que plus du tiers
des essences étaient en forte régression. Dans d’autres régions du monde, la situation est encore plus alarmante. En Asie centrale, par exemple, ce sont plus
de la moitié des arbres qui ont rejoint la longue et funeste liste des espèces susceptibles de disparaître à court ou moyen terme.

L’agriculture, comprenant l’expansion ou l’intensification des cultures, de l’élevage, des plantations ou de l’aquaculture, est la menace la plus
fréquemment incriminée pour les plantes dans les évaluations de la Liste Rouge de l’UICN. Conformément à ces évaluations, la destruction des habitats et
les changements d’utilisation des terres, principalement liés à l’urbanisation et à l’agriculture, sont les principales causes d’extinction de plantes signalées.
Cependant, la cause de la plupart des extinctions de plantes reste inconnue.

Source : rapport Planète Vivante 2020 du WWF, https://reporterre.net/Quatre-especes-d-arbres-sur-dix-sont-menacees-de-disparition, https://larbredesimaginaires.fr/tronc/biodiversite/


Déforestation
Les forêts couvrent 4 milliards d’hectares et jouent un rôle capital pour la stabilité du climat, en
séquestrant 3 milliards de tonnes de carbone/an (30-37% du CO2). Elles constituent un des principaux puits
de carbone avec les océans. Pourtant, 13 millions d’hectares de forêts sont détruits chaque année,
entraînant le relâchement de 1,5 milliards de tonnes de carbone/an dans l’atmosphère. La déforestation
tropicale à elle seule représente entre 10 et 12% des émissions anthropiques de gaz à effet de serre.
Selon une étude scientifique publiée dans la revue Nature, en mars 2020, les forêts tropicales perdent leur
capacité à absorber le carbone, et la forêt amazonienne risque même dans les 15 prochaines années d’en
produire plus qu’elles n’en captent.
Actuellement, les forêts tropicales représentent 50% des capacités mondiales de l’absorption de
carbone (par des techniques de séquestration), mais approchent de la saturation, face notamment à
l’augmentation des émissions d’origine humaine. La capacité des forêts à capter le CO2 dans l’atmosphère par
la photosynthèse est aussi entamée par la disparition d’arbres, pour cause d’incendie, de sécheresse ou de
déforestation. Cette capacité chute bien plus vite en Amazonie que dans les forêts d’Afrique subsaharienne.
L’Amazonie s’étend sur 6,5 millions de km² (5% de la surface terrestre), abrite plus de 50% des espèces
animales et végétales terrestres, ravitaille 1/5 de l’humanité en eau douce et joue un rôle essentiel dans
la stabilisation du climat mondial en retenant aussi d’immenses masses d’eau par ses fleuves et ses
arbres. Selon la revue Science Advances, 17% de la forêt amazonienne a été détruit ces 50 dernières
années, et depuis Bolsonaro le rythme ne fait que s’accélérer.
En parallèle, la surface terrestre plantée en arbres a augmenté de
7% (2,2 millions de km²) entre 1982 et 2016, mais ce « gain en
forêts se produit en dehors des régions tropicales, dans les zones
tempérées et boréales, et résulte principalement de l’essor de
forêts plantées et d’exploitations de bois de construction ou
énergétique.
Les exploitations agricoles qui remplacent les forêts tropicales
sont en général pour des cultures et élevage de masse dédiés
à l’exportation. La responsabilité de la déforestation revient donc
aussi au pays importateur et au consommateur final du produit qui
en est issu.

Sources : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/deforestation/, https://research.wri.org/gfr/forest-pulse


Déforestation
Les causes de la déforestation sont multiples :
•Elevage (bovin)
•Cultures intensives de soja (pour nourrir le bétail)
•Plantations de palmiers pour l’huile de palme (biocarburants et additif agroalimentaire), de cannes à sucre,
cacaoyers et caféiers
•Industrie du bois

Sources : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/deforestation/, Our World in Data, https://research.wri.org/gfr/forest-pulse


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biodiversité et de la forêt !
Boucle agricole : le verrou agro-industriel

Destruction des ceintures Grande


maraichères: artificialisation Industrie distribution
du territoire / extension des
zones d’habitat,
agroalimentaire
« bitumisation »
Perte biodiversité (dont
Intrants insectes pollinisateurs)
chimiques Destruction biologique de la
pédosphère
monoculture intensité
énergétique de l’
Besoins énergie (EROI-TRE)
Épuisement énergétique
énergétiques

Surspécialisation
Besoins énergétiques spécifiques: chaine Saturation des
agricole du froid (transport + stockage), cuisson, exutoires: pollution
transport de l’air, des sols et
réchauffement
climatique
Intensification de la
Perte rendements à
mécanisation et des intrants
l’hectare
chimiques
Débouclage des
cycles naturels:
• Lecture: potassium, phosphore,
• boucle violette: l’industrie agroalimentaire mondialisée est étroitement liée à l’agriculture conventionnelle. azote, carbone
• Boucle grise: la surspécialisation agricole des territoires est par définition un modèle de monoculture nécessitant quantité d’intrants chimiques (compense l’absence d’auxiliaires de culture et de
revalorisation des déchets agricoles (compost animal et humain) et forte mécanisation (logique financière)

Sources : Jérôme François, « Analyses des risques systémiques liés au système Terre – économie des ressources naturelles », décembre 2020
Boucle agricole : le verrou agro-industriel

Production agricole: Modèle


ceintures Peu de Consommation
directe
agricole de
maraichères / vente transformation
proximité
de proximité

Transformation
Agriculture transport transport
industrielle
conventionnelle et
spécialisation Modèle
Grande surface:
agricole:
consommation d’
agroindustriel
monoculture, énergies (froid), Stockage (froid
intrants chimiques, transport positif, froid négatif
artifcialisation des
ultra-mécanisation sols

• Lecture: création de PIB…et de destruction naturelle (consommations énergétiques, CO2, artificialisation des sols,
consommation de matières pour le transport, l’architecture logistique). Plus les items sont nombreux, plus il y a de PIB
et donc de destruction naturelle

Sources : Jérôme François, « Analyses des risques systémiques liés au système Terre – économie des ressources naturelles », décembre 2020
Les 7 sphères de l’Anthropocène
II
L’anthroposphère
Démographie – Humains, trop d’humains ?
Le 1er milliard d’humains n’a été atteint que vers 1800. Aujourd’hui nous sommes 7,5 milliards. Depuis que nous avons
marché sur la Lune pour la 1ère fois en 1969 notre population a doublé.
Les personnes nées autour de 1930 auront vu la population mondiale doubler 2 fois de leur vivant ! De 2 Mds vers 1930 à 4
Mds dans les années 1970 et 8 Mds projetés dans les années 2020.
Selon l’hypothèse moyenne de l’ONU nous serons 9,8 Mds en 2050 et 11,2 Mds en 2100. + de la moitié de cette croissance se
concentrera sur 9 pays : Etats-Unis, Congo, Éthiopie, Inde, Indonésie, Nigeria, Ouganda, Pakistan et Tanzanie. Beaucoup d’entre
eux seront pauvres voire très pauvres. Certaines estimations prévoient 3 Mds de personnes dans des bidonvilles en 2050 (1/3
de la population mondiale). La fourniture de biens et services essentiels deviendra critique et posera des défis de durabilité majeurs.
La relation entre le nombre d’humains et leur niveau d’impact environnemental est complexe et l’équation de l’économiste
japonais Yoichi Kaya (connue sous le nom d’équation de Kaya) pour le seul problème des émissions de gaz à effet de serre (mais on
pourrait l’appliquer pour les ressources en matière, en eau, etc.) est utile pour l’appréhender. Outre la taille de la population
mondiale, il faut aussi prendre en compte la croissance du PIB par habitant, la quantité de ressources terrestres nécessaires pour
chaque point de cette croissance, et l’impact terrestre associé à la consommation de ces ressources.

L’interdépendance
de ces facteurs est
d’une très grande
diversité d’un pays à
l’autre, l’empreinte
environnementale
d’un Américain (et
dans une moindre
mesure d’un
Européen de l’Ouest
ou d’un Japonais)
est sans commune
mesure avec celle
d’un Africain.

Sources : « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300,
https://www.populationdata.net/wp-content/uploads/2017/08/population-mondiale-2100.jpg, https://ourworldindata.org/uploads/2018/11/Annual-World-Population-since-10-thousand-BCE-for-OWID.png,
https://assets.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/957292/Dasgupta_Review_-_Abridged_Version.pdf
Empreinte environnementale – la gloutonnerie incurable des humains

La croissance et la quête d’abondance matérielle qui lui est


associée s’appuient sur une extraction toujours + intense de
matériaux et d’énergie ; combinée à l’augmentation exponentielle
de la population, l’impact sur la planète est colossal.
Malgré le développement de l’hydroélectricité, du nucléaire et des
énergies renouvelables, nous restons à 90% dépendants des énergies
fossiles, les nouvelles énergies s’étant additionnées à la
consommation d’énergie sans se substituer aux énergies fossiles.
Entre 1800 et 2015, notre consommation d’énergie a été multipliée
par 25. Notons au passage que dans le même temps la population a
été multipliée par 7,5 ; on voit bien qu’elle n’explique pas toute cette
hausse gigantesque.
Selon l’OCDE, l’humanité consommait 79 gigatonnes de
matériaux (métaux, combustibles fossiles, biomasse, minéraux
non métalliques) en 2011 et en consommera 167 en 2060.
La multiplication du nombre d’appareils numériques, des réseaux
et centres de données pour connecter des milliards d’objets,
notre dépendance à la voiture… contribuent à nous garder sur
une trajectoire où chaque année notre consommation de
ressources excède au global largement la capacité de la planète à
les générer.
L’ONG Global Footprint Network estime ainsi que le jour où les
humains commencent à vivre à crédit (jour du dépassement = jour
où les ressources terrestres consommées sont > aux ressources que
la Terre peut créer en un an) est passé du 29 décembre en 1970 au
29 juillet en 2019 ! (NB : la forte baisse constatée en 2020 correspond
à l’impact du Covid-19 et ne peut être considérée comme pérenne)

Sources : WWF rapport Planète Vivante 2020, « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300,
http://blog.bio-ressources.com/wp-content/uploads/2020/01/Global-Primary-energy-consumption.png, https://smartcitiesmag.lu/web/wp-content/uploads/2020/06/2020_Past_Overshoot-Days-French-768x475.jpg,
http://www.oecd.org/environment/waste/highlights-global-material-resources-outlook-to-2060.pdf
Empreinte environnementale – + on est riche, + on pollue
Cette empreinte environnementale est très différente selon les pays et régions du monde.
Elle est très forte pour les Etats-Unis, la Chine et l’Inde ; forte pour le Canada, l’Australie, la Russie et
les pays européens (hors Scandinavie) ; très faible presque tous les pays africains (carte orangée).
L’empreinte par habitant est très forte aux Etats-Unis, au Canada, en Australie, en Mongolie, dans des
petits Etats pétroliers / gaziers (Koweït, Oman, Qatar, Emirats Arabes Unis) et des petits Etats
développés (Danemark, Luxembourg) ; forte en Russie, Scandinavie et Arabie Saoudite ;
moyenne-forte en Europe, Amérique centrale et du Sud, en Chine et Asie du Sud-est ; faible en Inde et
Afrique (carte beige).
En soustrayant cette empreinte à la biocapacité des pays, on constate que l’immense majorité des
pays les + riches (auxquels on peut ajouter les pays pétroliers), dont la Chine et l’Inde, sont en déficit
écologique. Les exceptions à cette règle (Canada, Brésil, Russie, Scandinavie, Australie) s’expliquent
leur très faible densité de population.

Sources : WWF rapport Planète Vivante 2020, « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po,
http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300, https://data.footprintnetwork.org/#/
Empreinte environnementale – + on est riche, + on pollue

Sources : https://www.footprintnetwork.org/,
https://assets.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/957292/Dasgupta_Review_-_Abridged_Version.pdf
Empreinte environnementale – + on est riche, + on pollue

Source : http://www.viewsoftheworld.net/
Empreinte environnementale – Explosion de la classe moyenne

Selon certaines estimations, la classe


moyenne, définie par une dépense
quotidienne située entre 11 et 110 $ par
jour, serait devenue majoritaire pour
la 1ère fois de l’histoire en 2018. La
sortie de centaines de millions
d’humains de la pauvreté, en Chine et
en Inde notamment, explique largement
cette tendance.
En 2030, le marché de consommation
des classes moyennes chinoise et
indienne pourrait représenter
respectivement 14 et 12 milliards de
$, une taille comparable aux 16
milliards de $ estimés pour les USA à
cette même date.
Un déterminant critique pour les
trajectoires environnementales de
notre planète sera l’allocation des
dépenses de cette classe moyenne
mondiale.

Sources : « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300, https://donnees.banquemondiale.org/indicator/SP.URB.TOTL.IN.ZS,
https://www.eea.europa.eu/signals/signals-2011/earth-2050-global-megatrends/changeinconsumption_FR.JPG/image_large, https://assets.weforum.org/editor/gD7_C1gKTOAU8vE7Jh_rV0ykI6eANMQt_OqVYU_4D3A.JPG,
http://econintersect.com/images/2013/11/83383500middle-class-population-global.JPG
Empreinte environnementale – Urbanisation
L’urbanisation s’est fortement développée depuis la 1ère révolution
industrielle et a connu une explosion à partir des années 1950.
Selon le Programme des Nations Unies pour le
Développement (PNUD), la population urbaine mondiale a été
multipliée par 5,5 entre 1950 et 2018, passant de 751 millions à
4,2 milliards. 55% de la population mondiale vit dans des villes
et la population urbaine pourrait encore gagner 2,5 à 3
milliards d’habitants d’ici à 2050.

Les villes sont des sources majeures d’impacts environnementaux directs : 80% des consommations
énergétiques et des émissions de GES correspondantes leur sont associées. Leur construction nécessite une
quantité colossale de matériaux : la production de ciment, principal constituant du béton avec le sable, a été
multipliée x40 depuis 1950, x4 depuis 1990. Sa fabrication serait responsable de 8% des émissions mondiales de
CO2. Les volumes de sable sont si énormes (2ème matériau le + consommé au monde) qu’une pénurie mondiale
se profile et que des marchés noirs se constituent. Au cours des années 2000, la Chine a bâti un nombre de m²
équivalant à l’ensemble du parc immobilier de l’UE. Entre 2011 et 2013, elle a utilisé + de béton (6,6 milliards de
tonnes) que les USA pendant tout le XXème siècle !

Le mode de vie urbain favorise la


(sur)consommation, notamment à cause de
l’abondance de biens à disposition. Toute
avancée dans le sens de la « ville durable »
est bonne à prendre mais il ne s’agit pas
uniquement de « verdir » les bâtiments, la
gestion de l’eau et les énergies, mais encore +
de revoir en profondeur les usages et les
modes de vie, ce qui est bien + complexe.

Sources : « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300,
https://ghsl.jrc.ec.europa.eu/documents/Atlas_2020.pdf?t=1608576520, https://www.temoignages.re/IMG/gif/info-population.gif, https://ghsl.jrc.ec.europa.eu/documents/Atlas_2020.pdf?t=1608576520
Nos modes de vie en question(s) – Marche pas dans la mode…
L'industrie textile pollue notre environnement. Aujourd’hui, l’industrie de la mode génère + d’1,2 milliard de tonnes équivalent CO2, soit 2,2% des
émissions globales de gaz à effet de serre (GES), + que les transports maritimes et aériens réunis. En 2050, le secteur textile émettrait même 26% des
émissions globales de GES si les tendances actuelles de consommation se poursuivent. L’Agence européenne de l’environnement classe en 2019 la filière
textile d’habillement et chaussures comme la 5ème pour les émissions de gaz à effet de serre, après le logement, l’impact direct des ménages, le transport
et l’alimentation. On estime actuellement que 4% de l’eau potable disponible dans le monde est utilisée pour produire nos vêtements. Le textile est le 3 ème
secteur consommateur d’eau dans le monde, après la culture de blé et de riz. Le polyester, issu du pétrole, non biodégradable et provoquant la diffusion de
microfibres dans les océans, est la fibre la + employée et son utilisation sera multipliée par 3 entre 2007 et 2025. 90% du coton est en culture OGM, représente 18%
de l’usage des pesticides et 25% des insecticides dans le monde et ses besoins colossaux en eau ont provoqué l’assèchement de la mer d’Aral.

Outre son impact majeur sur l'environnement, l'industrie du textile - qui


emploie directement au moins 60 millions de personnes - profite de la misère
sociale. + de 40 millions de personnes y sont employés comme des esclaves
modernes, dont 70% de femmes selon le Global Slavery Index.
La raison centrale de ces impacts croissants du secteur tient à la quantité
considérable et au renouvellement effréné de nos achats de vêtements.
Chaque année, c'est près de 150 milliards de vêtements et accessoires qui
sont vendus à travers le monde : une consommation qui a doublé en
seulement 15 ans et qui illustre le nouveau phénomène de la « mode jetable »
ou « fast fashion ». Cette surconsommation est bien entendu entretenue à
dessein par l’industrie à coup de nouvelles collections saisonnières, prix de plus en
plus bas, soldes et promotions, qualité moindre, événements nationaux et
internationaux du type Black Friday, etc.
Or + de 50% de notre garde-robe ne serait tout bonnement pas portée. Nous
achetons par envie, pour suivre la mode, sans même faire le point sur ce que nous
avons déjà, nous nous déculpabilisons en jetant ou en donnant notre ancien
surplus pour faire de la place aux nouveaux achats. Finalement, plusieurs millions
de tonnes de vêtements et autres textiles sont jetés dans nos décharges.
Aujourd'hui, la confection de vêtements et les 2ème secteur où l'esclavagisme
moderne est le + important, après la fabrication d'ordinateurs et de smartphones.

Sources : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/textile-habillement/, https://www.oxfamfrance.org/wp-content/uploads/2020/07/infographie-textile-900x594-768x507-1.png


Nos modes de vie en question(s) – une vie virtuelle aux impacts bien réels…
Le numérique, s’il jouit auprès du grand public d’une image propre et virtuelle a de multiples impacts écologiques.
La production des équipements électroniques nécessite de grandes quantités d’eau et l’extraction de ressources non renouvelables.

Elle génère de la pollution liée à l’extraction, à la fabrication mais surtout au recyclage des déchets de ces équipements, actuellement fait à la main dans des pays à bas coût de main
d’œuvre (Nigeria, Ghana, Bénin, Inde…). La pollution générée (au plomb, cadmium, mercure, arsenic) tue, en particulier dans les pays en développement, où 80% des 50 millions de tonnes
annuelles de Déchets électriques et électroniques (DEE) sont envoyés illégalement selon la Banque Mondiale. La production de ces équipements nécessite l’extraction massive de métaux
rares qui a des impacts environnementaux et géostratégiques colossaux. En outre, leur extraction alimente l’instabilité dans les zones où ils sont exploités : République Démocratique du
Congo, région des Grands Lacs Africains, Amérique Centrale, Birmanie.

L’empreinte carbone du numérique est très loin d’être négligeable, elle représente en 2019 près de 4% des émissions de GES annuelles dans le monde. Cela dépasse celle du secteur
aérien civil et c’est autant que ce qui est émis par la flotte de camions. Si Internet était un pays, il serait le 3 ème + gros consommateur d’électricité au monde, derrière la Chine et les USA.

Surtout, le sujet est majeur car ce qui est très inquiétant c’est la croissance de ces émissions : +8% par an ! Si nous suivions cette tendance, le numérique représenterait 8% des
émissions mondiales de GES en 2025, soit autant que le milliard de voitures actuellement en circulation.

Les émissions mondiales actuelles sont dues à 45% à la production (TV, ordinateurs, smartphones et autres appareils) et 55% à l’utilisation (terminaux, réseaux et datacenters).

L’impact de la production des équipements est massif, les 15 milliards d’objets connectés en 2018 qui passeront selon l’Ademe à 46 milliards en 2030, mettent sous tension l’extraction de
métaux et émettent des émissions de GES. Plusieurs causes alimentent le volume faramineux des ventes mondiales : la croissance démographique et l’accession d’une part plus
importante de la population à ces produits, mais aussi le taux de renouvellement élevé des modèles de smartphones. Ainsi, en France, les smartphones sont remplacés la plupart du
temps bien avant qu’ils ne tombent en panne. Et ce pour deux grandes catégories de raisons selon l’Ademe : la volonté d’être à la pointe de la mode, poussée par les publicités et offres
promotionnelles, et le fait que les smartphones ne sont souvent pas conçus pour être réparables, compatibles et évolutifs dans le temps. A ces deux catégories s’ajoute le cas du déploiement
d’une nouvelle technologie comme la 5G pour laquelle les téléphones portables actuels deviendraient obsolètes.

Aux impacts liés à la production des équipements s’ajoutent ceux liés aux usages du numérique. D’une part parce qu’ils déterminent le volume de production des équipements et d’autre
part parce qu’ils engendrent intrinsèquement un impact important. Et parmi les usages les plus énergivores et donc émetteurs de gaz à effet de serre, la vidéo est particulièrement
préoccupante. En effet, parmi les usages, 80% repose sur la vidéo, 20% sur les autres usages. La plus grande partie des flux vidéo peut être rangée sous la catégorie « vidéo en ligne ». qui
représente 60% du flux mondial de données en 2018 et 20 % du total des émissions totales de GES dues au numérique, soit près de 1% des émissions de GES mondiales.

Enfin, le numérique a des effets indirects qui peuvent être dévastateurs. Il a des effets induits en facilitant certains usages, eux-mêmes polluants. Il produit également des effets rebonds,
les gains de temps et d’efficacité étant réinvestis en de nouvelles activités (polluantes). Les économies réalisées sont ainsi vite compensées par une augmentation des usages. Par exemple,
étant donné que les microprocesseurs sont de plus en plus petits, chacun d’entre eux requiert en valeur absolue moins de matériaux pour être fabriqué. Par conséquent leur prix baisse… et
leur demande explose, de nouveaux modèles venant rapidement remplacer les plus lents, ce qui contribue aussi à accélérer l’obsolescence des ordinateurs. La miniaturisation des
technologies numériques peut également avoir un effet démultiplicateur sur leur demande : les économies de matières générées par la miniaturisation vont alors être absorbées par la
multiplication du nombre de petits appareils électroniques.

Sources : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/numerique/
Nos modes de vie en question(s) – Alerte (viande) rouge !

La production de viande a connu une La consommation de viande est très inégale selon les pays et on observe une corrélation
hausse effrénée dans le monde, nette entre consommation de viande par habitant et PIB par habitant. Autrement dit, + on est
passant de 71 à 341 millions de riche, + on mange de la viande…
tonnes (Mt) entre 1961 et 2018, soit
une multiplication par presque 5 !
Les chiffres sont à peine croyables :
en 2018, on estime que 69 Mds de
poulets, 1,5 Mds de porcs, 656
millions de dindes, 574 millions de
moutons, 479 millions de chèvres et
302 millions de bovins ont été tués
pour nous nourrir… Et c’est sans
compter les poissons et autres animaux
de la mer !

Sources : https://ourworldindata.org/land-use, https://www.notre-planete.info/actualites/images/elevage/consommation-viande-monde.png « Atlas de l'Anthropocène », François


Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300,
Nos modes de vie en question(s) – Alerte (viande) rouge !
Outre la souffrance animale, visible dans
les abattoirs, et perçue par la recherche sur
la culture et la sensibilité animales, la
surconsommation de viande a de
nombreux impacts sur la santé humaine,
sur le climat et sur la biodiversité.
Selon la FAO, les émissions directes
(méthane et N2O émis par les animaux et
effluents d’élevage) et indirectes (dont
production d’aliments pour les animaux et
transport de la viande, des œufs et du lait)
totalisent 7,1 gigatonnes de CO2-
équivalent par an, soit 1/7 (14,5%) de
toutes les émissions mondiales.

La production intensive de viande est aussi une cause majeure de déclin de la


biodiversité du fait de la conversion des écosystèmes en pâturages ou en cultures de grain et
de soja pour nourrir les bêtes : environ 71% de la conversion de la forêt tropicale en Amérique
du Sud serait liée à l’extension des pâturages et 14% à la culture commerciale, dont le soja
pour l’alimentation du bétail.
La FAO rapporte qu’au cours de la décennie 2010, la consommation de viande dans les
pays en développement d’Asie a augmenté d’environ 3% par an (soit x2 en 20 ans à
peine) et celle des produits laitiers d’environ 5% par an, montrant une convergence vers les
standards des pays industrialisés. En parallèle, la consommation de viande dans l’UE a
diminué de 17% depuis 2002 et 7,5% depuis 2011.
La production intensive de viande et produits laitiers prennent une place démesurée par
rapport à l’apport en protéines : 37% de l'apport mondial en protéines est d'origine animale
mais 77% des surfaces agricoles sont dédiées à l'élevage, ce qui entraîne des impacts sur la
déforestation et donc la biodiversité et le climat et génèrent des conflits d'usage des sols.

Source : https://ourworldindata.org/land-use, https://www.notre-planete.info/actualites/images/elevage/consommation-viande-monde.png « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne,


Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300,
Nos modes de vie en question(s) – Réduisons (très) vite nos déchets, ça déborde !
La production de déchets se concentre dans les villes. En 2018,
les citadins produisaient 2 milliards de tonnes (Mt) de déchets
par an. Ce chiffre a doublé en 10 ans et devrait continuer
d’augmenter considérablement (3,4 Mt en 2050) par le double effet
de la hausse de la population urbaine et de l’augmentation de la
production de déchets par habitant (0,74 kg/hab/jour en 2016 et
près du double, 1,4 projetés en 2025).

Sources : Banque Mondiale https://openknowledge.worldbank.org/handle/10986/30317, « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie
de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300
Nos modes de vie en question(s) – Réduisons (très) vite nos déchets, ça déborde !
+ du 1/3 de ces déchets ne sont pas
traités et c’est sans surprise dans
les pays pauvres que la situation
est la + critique. Le mauvais
traitement des déchets entraîne une
série de conséquences néfastes :
prolifération des maladies pour les
humains et les animaux, inondations
par accumulation dans les systèmes
d’évacuation, contamination des
océans, gaz à effet de serre émis par
leur décomposition (5% des
émissions de GES mondiales en
proviennent)…
Or la production de déchets dans
les pays pauvres devrait être
multipliée par + de 3 en 2050 selon
la Banque mondiale.
La gestion des déchets est une
illustration particulièrement
marquante des inégalités entre
pays riches et pays pauvres. Alors
que ces derniers produisent 4 fois
moins de déchets par habitant, seuls
39% de leurs ordures sont collectées
et la quasi-totalité s’y décompose
dans des décharges à ciel ouvert. De
+, une quantité importante de déchets
produits dans les pays riches est
exportée vers les pays pauvres.

Sources : Banque Mondiale https://openknowledge.worldbank.org/handle/10986/30317, « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie
de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300
Nous avons créé un 7ème continent ! … De plastique
L’Agence Internationale de l’Energie estime que le principal facteur de croissance de la demande
mondiale en pétrole dans les 10 à 15 prochaines années est la pétrochimie, principalement le plastique.
Depuis 1950, 7,8 milliards de tonnes de plastique ont été produites dans le monde, le rythme de
production a connu une croissance exponentielle, de 2 millions de tonnes (Mt) à 380 Mt en 2015,
soit 12 tonnes chaque seconde dans le monde ! La production des 15 dernières années représente
57% du total depuis 1950.
On estime à 1,4% du total la quantité de plastique présente dans l’océan, soit 110 millions de
tonnes. 500 000 tonnes flottent à la surface des océans tandis que le reste se répartit entre le littoral (29
Mt), le fond marin (37 Mt) et la haute mer (43 Mt). Chaque année, les rivières du monde charrient vers les
océans entre 1,15 et 2,4 Mt de plastique. Au rythme actuel, il y aura plus de plastique que de
poissons dans ces océans en 2050 !
Le plastique est présent sur 88% de la surface des océans et, poussé par les courants marins, ils vont
jusqu’à former le « septième continent » dans le Pacifique Nord, grand comme 3x la France (!), qui
mettra des siècles à disparaître (400-450 ans pour le plastique, 1000 ans pour le polystyrène).

Selon le rapport 2019 de l’IPBES, la pollution marine par les plastiques a été
multipliée par 10 depuis 1980, affectant au moins 267 espèces, dont 86% des
tortues marines, 44% des oiseaux marins et 43% des mammifères marins. Ceci peut
affecter les humains au travers des chaînes alimentaires.
Il provoque des étouffements et intoxications aussi bien pour les animaux (poissons,
oiseaux) que pour les hommes. Tous les ans, 100 000 mammifères marins et 1
million d’oiseaux meurent à cause du plastique.
Parmi les déchets de plastique particulièrement invasifs et dangereux, on
trouve les microbilles utilisées dans les produits cosmétique et d’hygiène, les
mégots, les pailles, cotons-tiges et bouteilles…

Sources : rapport 2019 IPBES, carte 1, carte 2, « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po,
http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300
Le poids des constructions humaines dépasse celui du monde vivant sur la Terre

Une étude scientifique (Weizmann Institute of Science, publiée le 09/12/2020 dans la revue Nature) indique
que la masse anthropique — le poids de ce qui est fabriqué par les humains — dépasse celle des
êtres vivants.
Elle ne constituait en 1900 que 3% de cette biomasse, explique l’article. Depuis, elle double tous les
vingt ans pour aujourd’hui atteindre, donc, les 100%, le même poids que la biomasse, 120 ans +
tard.
Premier responsable : le secteur de la construction. Le poids des bâtiments et des infrastructures
dépasse même celui des arbres. Selon une étude publiée dans The Anthropocene Review en 2017 (cf.
sources), la masse totale du bâti sur Terre est de 30 000 milliards de tonnes !
Et le plastique ? Il pèse deux fois plus que l’ensemble des animaux.

Sources : https://www.courrierinternational.com/article/planete-le-poids-des-constructions-humaines-depasse-celui-du-monde-vivant-sur-la-terre
https://reporterre.net/Batiments-routes-plastique-Ce-que-l-humain-fabrique-pese-desormais-plus-que-les-etres-vivants
https://repository.si.edu/bitstream/handle/10088/31889/Zalasiewicz%20et%20al%202016%20Anthropocene%20Rev%20Technosphere.pdf?sequence=1&isAllowed=y
La masse des mammifères sauvages ne représente plus que 4% de la masse
totale des mammifères vivant sur Terre.

L’étude menée par des scientifiques du Weizmann Institute of Science et publiée par le PNAS
démontre que les mammifères d’élevage représentent 60% de tous les mammifères sur
Terre et que les volailles d’élevage représentent 70% de tous les oiseaux.

En réalité, les mammifères sauvages ne représentent plus que 4% de tous les


mammifères sur Terre face aux 96% que le bétail et nous-mêmes représentons et les
oiseaux sauvages ne représentent plus que 30% de tous les volatiles…

Sources : https://www.bibliotecapleyades.net/archivos_pdf/biomass-distribution-earth.pdf,
https://envertetcontretout.ch/2018/08/19/4-de-mammiferes-sauvages-le-reste-nest-que-nourriture/, https://www.ecowatch.com/biomass-humans-animals-2571413930.html
L’humain impose ses lumières (pas celles de la raison) et ses bruits partout
sur la planète.
La pollution lumineuse, c’est-à-dire l’immixtion de lumière artificielle dans l’environnement nocturne, ne cesse de s’aggraver tant par l’intensité lumineuse
que par l’étendue des zones touchées. Ses causes tiennent essentiellement à l’éclairage public et l’illumination des bâtiments et des magasins.

L’atlas mondial de la luminosité artificielle du ciel nocturne, montre que + de 80% de la population mondiale et + de 99% de la population américaine et
européenne, vivent sous un ciel nocturne pollué par la lumière. Plus d'un tiers de l'humanité, 60% des Européens et près de 80% des Nord-Américains ne voient
plus la Voie lactée. De plus, 23% des surfaces émergées entre 75° N et 60° S à l’échelle mondiale, connaissent des nuits polluées par la lumière. Il est en de même
pour 88% des terres en Europe et pour près de la moitié aux Etats-Unis.

La lumière artificielle des humains est un facteur de


pression important sur la biodiversité, elle perturbe le
reste du vivant sur presque toute la surface de la planète.
Les animaux aussi bien nocturnes que diurnes voient leur
rythme biologique très perturbé, ce qui affecte durablement
leur croissance et leur reproduction. Les oiseaux migrateurs
sont particulièrement touchés, 2/3 d’entre eux migrent la nuit
et la lumière nocturne les désoriente voire provoque des
collisions sur les immeubles.

La pollution sonore est aussi d’apparence anodine, mais


elle peut avoir de graves conséquences sur la santé
humaine et animale. Les transports en constituent la
principale cause (en France ils représentent 80% des bruits
dans l’environnement). Chez les animaux, elle perturbe des
communications indispensables à la survie ou à la
reproduction ; chez les humains elle est cause d’insomnie, de
dépression, de troubles de l’audition et d’hypertension.

A en croire le bioacousticien Gordon Hempton, il n’existe presque plus aucun endroit sur Terre sans le moindre bruit d’origine humaine : la planète ne recèlerait
plus qu'une cinquantaine de zones à l'abri du bruit des hommes. Aucune en France.

Sources : https://www.nuitfrance.fr/fichiers/falchi_et_al_2016_fr.pdf, https://sciencepost.fr/terre-vue-de-nuit-lactivite-humaine-planete-mise-lumiere-nasa/,


https://nourrituresterrestres.substack.com/p/sauver-la-nuit-pour-que-plus-rien-ne-s-y-oppose, https://www.wedemain.fr/respirer/gordon-hempton-l-homme-qui-veut-sauver-le-silence_a4275-html/,
https://e360.yale.edu/features/listening-to-silence-why-we-must-protect-the-worlds-quiet-places
Autres pollutions – Déchets nucléaires radioactifs
Depuis les années 1990, le nombre des essais militaires nucléaires s’est beaucoup réduit, mais certaines régions ont été durablement contaminées par les
retombées radioactives des essais américains, britanniques, français et soviétiques : Bikini (Îles Marshall), Mururoa (Polynésie française), ou encore
Semi-palatinsk (Kazakhstan) où les tests auraient irradié près d’1,5 millions de personnes et développé des cancers et des anomalies génétiques.
En ce qui concerne le domaine civil, l’
énergie nucléaire émet beaucoup moins
de gaz à effet de serre, mais elle produit
des quantités non négligeables de
déchets radioactifs. Même s’ils ont
diminué très fortement au cours des
dernières années, la France continue à en
produire près de 25 000 m³ par an. Fin 2017
elle en comptait 1,6 millions sur son
territoire. La plupart sont stockés dans des
entrepôts ou à faible profondeur dans des
futs ou des caissons métalliques.

Les 10% les + radioactifs sont envoyés


dans l’usine de La Hague qui traite aussi
des déchets de la Belgique, de l’Allemagne
et du Japon, ce qui pose de gros enjeux de
sécurité et transport. L’Agence Nationale
pour la gestion des déchets radioactifs
(ANDRA) souhaite à terme les enfouir à
500 m de profondeur sous la commune
de Bure ce qui suscite une vive opposition
des riverains. Certains de ces déchets
peuvent rester radioactifs pendant 100
000 ans.

Sources : « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300,
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/e/ea/Dechets_nucleaires_par_types.svg/1200px-Dechets_nucleaires_par_types.svg.png,
https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-industriel/nucleaire/enjeux/dechets-radioactifs/edf-fileres_de_gestion.jpg
Autres pollutions – Marées noires
De nombreuses marées noires ont marqué les esprits et les littoraux proches, provoquées par des naufrages de pétroliers comme le Torrey Canyon
(1967), le Texaco Denmark (1971), l’Amoco Cadiz (1978), l’Atlantic Empress (1979), le Nowruz (1983), le Son Bong (1985), le Fortuneship (1987), l’ABT Summer
(1991) ou l’Erika (1999), ou les accidents sur les plateformes pétrolières : Ixtoc I (1979) et Deepwater Horizon (2010). Certaines ont aussi été déclenchées
intentionnellement, en particulier par l’armée irakienne qui a saboté les puits de pétrole du Koweit pendant la guerre du Golfe.

Malgré leur impact catastrophique, les marées noires ne représentent qu’environ 1/10 des quantités de pétrole qu’on retrouve en mer. Ainsi, entre 1976
et 2014, l’équivalent de + de 3 millions de barils de brut ont déversés dans les mangroves du delta du Niger, au Nigeria, en provenance de + de 12 000
différentes sources de pollutions. Aujourd’hui + de 40 millions de litres (+ de 250 000 barils) sont déversés chaque année dans le delta à cause de la vétusté des
pipelines, d’incidents opérationnels ou de sabotages.

Sources : « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300,
https://i.pinimg.com/originals/38/79/f6/3879f64b9094615339e36c90cd3a8885.png
Autres pollutions – Perturbateurs endocriniens
Bisphénol A, phtalates, parabènes… Les
perturbateurs endocriniens sont
omniprésents dans notre quotidien. On les
retrouve dans de nombreux aliments,
détergents, cosmétiques, revêtements de
sols, etc.
Ces substances perturbent notre processus
hormonal et provoquent de nombreux
troubles de la santé : sperme de moindre
qualité, puberté + précoce, cancers de la
thyroïde, effets sur le développement des bébés,
l’hyperactivité, le repli sur soi…
Certains de ces perturbateurs sont désormais
interdits dans plusieurs pays : bisphénol A en
France dans les contenants alimentaires depuis
2015, chlordécone (pesticide) pour les
bananeraies depuis 1980… Mais nombre de
perturbateurs endocriniens restent présents
dans de multiples produits de notre quotidien.
Une tentative de réglementation a été
proposée par la Commission européenne en
2016 mais très critiquée pour le laxisme de sa
définition.
L’Europe est accusée d’en faire trop peu ou d’agir
trop lentement et les lobbies sont régulièrement
accusés de ralentir ou de torpiller le processus.
Quant à une réglementation mondiale, cela
semble inconcevable à ce stade.

Sources : « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300,
http://www.ria.fr/ra/lowres/Publie/RIA/p1/Infographies/Dossier/2018-11-10/804%20dossier%20perturbateurs1.ai
Risques d’accidents industriels
L’accident de l’usine pétrochimique de Minamata au Japon dans les
années 1950, qui provoqua un empoisonnement au mercure de la région, est
considérée comme un début de prise de conscience des dangers
environnementaux liés à l’industrie.
Le début de la médiatisation de ces risques est intervenu dans les années
1970 où ce type d’accidents se multiplient : en juillet 1976, une usine
chimique près de Seveso (Italie) laisse échapper un grand nuage de dioxine
qui donnera lieu à la directive européenne Seveso en 1982 qui impose
désormais aux Etats européens d’identifier les sites industriels présentant
des risques d’accident ( les fameux sites classés Seveso).
En décembre 1984, une usine de pesticides explose à Bhopal qui rejette un
nuage toxique de 25 km² sur une zone où vivent 800 000 habitants. Bilan : 25
000 victimes et 300 000 malades.
En septembre 2001, l’usine chimique AZF, pourtant classée Seveso,
explose à Toulouse et fait 31 morts et plusieurs milliers de blessés.
Les accidents nucléaires sont extrêmement rares mais particulièrement
dramatiques. La catastrophe de Tchernobyl en avril 1986 entraîne le
déplacement tardif de 250 000 personnes mal informées des conséquences,
et le nuage s’étend sur toute l’Europe. L’accident de Fukushima au Japon en
mars 2011 est du même niveau de gravité que Tchernobyl (niveau 17). Il a
été provoqué par un tsunami et a provoqué l’évacuation de + de 300 000
personnes. Il a incité plusieurs pays à renoncer à leur programme nucléaire
et l’Allemagne à accélérer son plan de sortie. Les risques nucléaires (avec
les déchets) font partie des éléments à charge contre le nucléaire, par
ailleurs énergie permettant de fournir de l’électricité décarbonée.
L’International Disaster Database (EM-DAT) de l’Université Catholique
de Louvain recense 1 520 accidents industriels et nucléaires de 1901 à
2020 (dont un peu + de la moitié d’explosion), avec une très nette
accélération depuis les années 1980.

Sources : « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300,
International Disaster Database (EM-DAT) du Centre for Research on the Epidemiology of Disasters (CRED) de l’UC de Louvain https://emdat.be/
Maladies et pandémies
Le réchauffement climatique provoquera des vagues de chaleur + fréquentes
dans les régions tempérées et une augmentation des allergies : les pollens
par exemple seront produits en + grand nombre, et sur de + longues périodes.
Les impacts sanitaires les + graves se produiront dans les pays du Sud.
Les maladies infectieuses comme la malaria, la dengue, et le chikungunya
y sont déjà très meurtrières. Les variations de température modifieront la
distribution géographique des vecteurs de maladie, moustiques et tiques. En
2016, ces maladies ont touché 216 millions de personnes, en tuant 700 000. Le
paludisme est responsable de 57% de ces décès.
La hausse des températures aura également un effet sur les maladies liées à
l’eau et à la nourriture : hépatites, gastro-entérites, choléra.
La fonte du permafrost est un autre risque majeur, elle pourrait libérer des
maladies piégées, contre lesquels les organismes humains ne sont pas
protégés.
Enfin, l’IPBES (le « GIEC de la biodiversité ») a publié un rapport d’experts le
29/10/2020 faisant le lien entre les pandémies et la destruction de la
biodiversité.
Le Covid-19 est une zoonose (une maladie issue des animaux). L’IPBES
estime que l’actuel coronavirus est la 6ème grande épidémie mondiale
depuis la grippe espagnole de 1918. Le rapport de l’IPBES conclut
clairement que toutes les grandes épidémies (sida, Ebola, SRAS) sont des
zoonoses.
Les chercheurs estiment que 1,7 million de virus inconnus sont les hôtes de mammifères et d’oiseaux. Entre 540 000 et 850 000 d’entre eux sont
potentiellement dangereux pour l’Homme. Les mammifères (chauves-souris, rongeurs, grands singes) sont les « réservoirs » principaux devant les oiseaux
principalement aquatiques (canards, oies) et les animaux domestiques comme les porcs, les chameaux (SRAS-MERS) et les volailles.
Selon le Dr. Peter Daszak, président de EcoHealth Alliance et de l’atelier d’IPBES, « Il n’y a pas de grand mystère sur la cause de la pandémie de COVID-19, ou de toute
autre pandémie moderne. (…) Ce sont les mêmes activités humaines qui sont à l’origine du changement climatique, de la perte de biodiversité et, de par leurs impacts
sur notre environnement, du risque de pandémie. Les changements dans la manière dont nous utilisons les terres, l’expansion et l’intensification de l’agriculture, ainsi que
le commerce, la production et la consommation non durables perturbent la nature et augmentent les contacts entre la faune sauvage, le bétail, les agents pathogènes et
les êtres humains. C’est un chemin qui conduit droit aux pandémies. »
Sources : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/pandemies-et-biodiversite/, « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science
Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300, https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(18)32594-7/fulltext
Réfugiés environnementaux
Entre 2008 et 2017, près de 250 millions de personnes se sont
déplacées à la suite d’une catastrophe naturelle. Près de 214 millions
(87%) pour des catastrophes de type météorologique (inondation, tempête,
sécheresse, températures extrêmes, etc.). Près de 33 millions (13%) pour
des catastrophes de type géophysique (tremblement de terre, activité
volcanique, glissement de terrain, etc.).
En 2019, 1900 catastrophes naturelles ont déplacé 25 millions de
personnes dans 140 pays. C’est le plus grand nombre de déplacements
depuis 2012, trois fois + que le nombre cause par les conflits et la violence.
Au total, d’ici 2050 selon les scénarios et les estimations, 31 à 143 millions
de personnes pourraient être forcées de se déplacer à l’intérieur de leur pays
en raison du changement climatique.

Source : « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po,
http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300, https://www.internal-displacement.org/global-report/grid2020/
Guerres climatiques ?

Les milieux de la défense considèrent désormais le changement


climatique comme un risque important pour la sécurité et la stabilité
internationales. Plusieurs ministères de la Défense ont créé des structures
d’études prospectives sur cette question (observatoire dédié en France
depuis 2016). La question a été portée à l’agenda du Conseil de sécurité des
Nations unies à 4 reprises, à l’initiative notamment du Royaume-Uni et de
l’Allemagne.
Le lien entre changement climatique et conflits armés est controversé,
certains ont pu y voir une cause du conflit au Darfour en 2007 ou en Syrie de
2007 à 2011 (consécutif à une sécheresse), mais il n’y a pas de consensus
scientifique sur la question.
Selon le Comité international de la Croix Rouge (CICR), les scientifiques
s'accordent généralement à dire que le changement climatique ne provoque
pas directement de conflits, mais qu'il peut indirectement accroître le risque
de conflit en exacerbant les facteurs sociaux, économiques et
environnementaux existants. Sur les 20 pays considérés comme les +
vulnérables au changement climatique, 12 se trouvent en situation de conflit
En tout état de cause, il semble extrêmement probable que la multiplication
des évènements climatiques extrêmes, la chute des rendements agricoles et
des stocks de poissons, la raréfaction des ressources, les sécheresses,
inondations et crues, les migrations de population…ne seront pas sans
conséquence violente.
Un monde + chaud et avec - de ressources sera un monde + violent.

Sources : « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po,
http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300, https://shop.icrc.org/when-rain-turns-to-dust-pdf-en-1
Pour en apprendre plus, découvrez les Fresques !

Fresque des déchets, de la ville, de la mobilité, du


textile, de la construction, du plastique…
III Où sont les freins ?
« Pour marcher, la machine à accumuler a besoin d’un approvisionnement
toujours croissant en énergie et en matières premières ; à l’autre bout de la
chaîne, il en résulte une production de déchets et de gaz à effet de serre qui
augmente aussi de manière exponentielle. Le lien entre croissance
économique et destruction de la planète saute tellement aux yeux qu’il suffit
de nos cinq sens pour le saisir.
Quand on traverse les forêts saccagées de Bornéo ou d’Amazonie, les côtes
du Nigeria ou du golfe du Mexique souillées par des marées noires, les
régions irradiées de Fukushima et de Tchernobyl, les continents de déchets
à la dérive dans l’Océan Pacifique, les districts dévolus à l’exploitation des
gaz de schiste aux Etats-Unis, les paysages ravagés par les mines de
cuivre, d’or, de bauxite et d’uranium en Papouasie Nouvelle-Guinée, en Inde,
au Ghana ou au Chili ainsi que les îles des Caraïbes détruites par des
ouragans inouïs – pour ne donner qu’un aperçu sommaire et arbitraire de la
dévastation planétaire en cours –
, on n’a pas besoin de s’enfermer dans les bibliothèques où s’entassent les
études scientifiques sur la dégradation de la biosphère, pour saisir l’essentiel
: un système qui détruit ses propres conditions d’existence à un tempo si
rapide n’a aucun avenir. En outre, la fin du pétrole bon marché (le « pic
pétrolier ») et la raréfaction prévisible de matières premières stratégiques
comme le cuivre et l’uranium posent à l’expansion continue des limites
énergétiques et matérielles. »
Seuils de rupture, boucles de rétroaction positives et scénarios d’emballement
Dans le domaine du climat, un seuil de rupture est généralement défini comme un point où une petite altération suffit à faire brutalement basculer certains
éléments du climat et des écosystèmes dans un état radicalement et irréversiblement différents. En voici quelques exemples :
•La hausse de la température de l’Océan Atlantique combinée à la baisse de la salinité peuvent ralentir le Gulf Stream (dont la circulation est au + faible depuis
au moins un millénaire selon une étude publiée en 2021 dans Nature) qui permet à l’Europe de bénéficier d’un climat tempéré
•Une grande menace pèse sur la fonte des calottes glaciaires (la fonte complète de l’Arctique entraînerait une hausse de +6m du niveau des mers, celle de
l’Antarctique… 57m !)
Par ailleurs, nombre de ces seuils de rupture sont des boucles de rétroaction positive qui
ont pour particularité d’enclencher des cercles vicieux d’emballement du climat :
•Par exemple, à mesure que le réchauffement planétaire s’intensifie, le pergélisol des
hautes latitudes dégèle, ce qui entraîne la libération du dioxyde de carbone (CO2) et
du méthane (CH4) que le sol renferme, ce qui à son tour accentue le réchauffement
mondial.
•Autre exemple, la montée des températures aux pôles augmente la fonte des glaces,
qui perdent leur Albedo (pouvoir réfléchissant) ce qui réchauffe plus rapidement la
planète et accélère la fonte…
•Ce n’est malheureusement pas tout. On estime qu’un réchauffement global de 3°C
provoquerait l’effondrement de l’Amazonie, dont les arbres et les sols cesseraient
d’absorber du carbone, pour en libérer au contraire d’énormes quantités, ajoutant
250 ppm dans l’atmosphère.
•Au stade de 4 ou 5 degrés de réchauffement, les humains pourraient assister
impuissants au dégazage des hydrates de méthane, emprisonnés dans la glace des
fonds marins polaires.
A l’heure actuelle, il est impossible de savoir exactement quand de tels seuils de rupture
seront atteints, mais + on s’éloigne de l’objectif de ne pas dépasser +2 °C, + la
probabilité augmente.
Les impacts sociaux obéissent à la même logique : de faibles perturbations de
l’environnement (ex : variations de températures ou pluviométrie) peuvent entraîner des
transformations sociales majeures et brutales a fortiori si elles sont répétées.

Source : https://static.secure.website/wscfus/8154141/6845214/tipping-nov-17.png, Marie-Monique Robin, « Les « boucles de rétroaction positive » ou comment le dérèglement climatique
peut s’emballer », https://blog.m2rfilms.com/les-boucles-de-retroaction-positive/, « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de
Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300, https://www.nature.com/articles/s41561-021-00699-z.epdf
Risques globaux liés au changement climatique

Globally, the level of socioeconomic exposure to climate risk is alarming. We find that
flood and water stress may affect around 40% of both the global population and the
global economy by 2040.
Approximately 8% of the world’s economy is expected to be subject to coastal flooding
amplified by sea level rise, equivalent to $17 trillion USD.
Many of these areas are exposed to more than one risk, such that heat extremes and
drought-like conditions or sea level rise and hurricanes and typhoons tend to occur
together, increasing the likelihood of impacts for these regions.

Sources : http://427mt.com/wp-content/uploads/2020/12/Measuring-What-Matters-Sovereign-Climate-Risk-427_12.2020.pdf
https://www.nytimes.com/interactive/2021/01/28/opinion/climate-change-risks-by-country.html
Un monde à +4°C, c’est chaud

Source :
https://mymodernmet.com/wp/wp-c
ontent/uploads/2018/02/climate-ch
ange-map-HD.jpeg
Un monde à +4°C, c’est chaud

Source :
https://geoaweso
meness.com/top-1
1-maps-ultimately-
explain-climate-ch
ange-impact/
Circulaire, y a (presque) rien à voir !
Dans une étude publiée en décembre 2020 sur l'évolution de la "circularité" de l'économie de nos sociétés au cours du siècle qui vient de
passer, "Spaceship earth's odyssey to a circular economy - a century long perspective", les auteurs constatent avec peu de surprise que
l'économie de nos sociétés est devenue de moins en moins "circulaire" au cours du XXème siècle. De 1900 à 2015, le taux de recyclage
des intrants est passé de 43% (41-51%) à 27% (25-30%), et le recyclage des sortants [output] de 46% (44-54%) à 40% (37-44%).
Dans la discussion, les auteurs soulignent que l'économie circulaire ne pourrait pas permettre de régler le problème de la
croissance "physique" des flux :
"Tout d'abord, fermer complètement les boucles de matériaux [plus d'intrants et sortants] n'est pas compatible avec la croissance physique,
car la demande supplémentaire de matériaux ne peut pas être satisfaite par des rendements de matériaux plus faibles des années
précédentes, à moins que cette croissance ne soit basée sur des apports croissants de biomasse renouvelable, qui est cependant aussi une
ressource limitée. Comme nous l'avons vu dans la section précédente, même le niveau actuel de production de biomasse n'est pas durable,
de sorte que l'augmentation des apports de biomasse tout en respectant les limites écologiques n'est pas une option viable dans un avenir
proche. Dans la période de 1900 à 2015, l'extraction de minéraux primaires, de métaux et de matières fossiles a déjà été multipliée x30.
Jusqu'en 2050, même en tenant compte de la poursuite des gains d'efficacité, l'utilisation des ressources mondiales devrait doubler, voire
tripler. Si l'on considère les taux de croissance actuels, l'utilisation des ressources doublera en deux décennies seulement. Dans ces
conditions, même un recyclage complet à la sortie ne pourrait pas satisfaire la demande d'intrants en ressources et on peut s'attendre à ce
que les pressions et les impacts environnementaux augmentent encore, sapant les perspectives de durabilité mondiale."

Les auteurs finissent par une série de recommandations : « Nous concluons que pour
réaliser le potentiel de transformation de l'économie circulaire, la recherche et les
politiques doivent relever 4 grands défis : s'attaquer à la croissance des stocks de
matières premières, définir des critères clairs pour le cycle écologique et éliminer la
production non durable de biomasse, intégrer la décarbonation du système
énergétique à l'économie circulaire et donner la priorité aux réductions absolues des
flux non circulaires plutôt qu'à la maximisation des taux de (re)cyclage. »

Source : Commentaire de Loïc Giaccone sur l’étude : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0921344920303931


Circulaire, y a (presque) rien à voir !

🡺 Seulement 8,6% des ressources utilisées par l’économie mondiale chaque


année sont recyclées !
Sources : Circularity Gap Report 2020 https://shiftingparadigms.nl/projects/3rd-global-circularity-gap-report/ et 2021
https://drive.google.com/file/d/1MP7EhRU-N8n1S3zpzqlshNWxqFR2hznd/view
Circulaire, y a (presque) rien à voir !

🡺 Dans l’Union Européenne, ce n’est pas beaucoup mieux : 12% seulement des ressources
utilisées chaque année sont recyclées !
Source : European Environmental Agency, “Briefing no. 28/2020 - Growth without economic growth”, 11/01/2021
Les falaises (de Sénèque) approchent…

Depuis 1970, nous n’avons pas réussi le moindre « Ce serait une consolation pour notre
découplage entre notre empreinte matérielle (la faiblesse et nos œuvres si toutes choses
consommation mondiale de matériaux _ material footprint) et devaient périr aussi lentement qu’elles
notre croissance économique (le PIB mondial _ Global GDP). adviennent ; mais il est ainsi, la richesse est
lente, et le chemin de la ruine est rapide. »
Dans le même temps, le découplage entre les émissions de Sénèque
gaz à effet de serre (Global GHG emissions) et la croissance
économique n’a été que relatif, ne permettant en aucun cas
de répondre à l’impératif vital de baisser ces émissions.
Si nous continuons collectivement sur cette trajectoire (très
proches de celle prédite par le rapport Meadows en 1972), la
chute des courbes de production de biens et services, mais
surtout de ressources non renouvelables, de nourriture et
in fine de population pourraient être brutales.

Sources : European Environmental Agency, “Briefing no. 28/2020 - Growth without economic growth”, 11/01/2021, https://www.alternatives-economiques.fr/sites/default/files/public/media/20190201/A717071A.GIF
« Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300
Interactions entre les sphères naturelles : tout est lié !

Le système Terre fonctionne grâce


aux interactions entre les
différentes sphères naturelles :

une dégradation forte dans l’une


des sphères implique une
déstabilisation systémique des
cycles naturels

Sources : Jérôme François, « Analyses des risques systémiques liés au système Terre – économie des ressources naturelles », décembre 2020, https://www.pinterest.fr/pin/571816483921236699/
Nous avons déjà dépassé certaines limites planétaires, nous nous
approchons des autres : tout est lié !
TOUT Pour voir
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EST

LIÉ !
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Comment en
IV sommes-nous arrivés là ?
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V Sortir de l’Anthropocène

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