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muriel Darmon

Une approche sociologique

Ambre Cimadure
De nos jours, l’apparence physique représente un facteur très important pour la
société. En effet, les êtres humains peuvent être des individus très influençables,
ce qui permet donc à la société de promouvoir des clichés et des stéréotypes
concernant le corps féminin. Cette image du corps parfait féminin est notamment
véhiculée par les entreprises de la mode et des médias. L’anorexie est un sujet
qui est très abordé au niveau de la littérature médicale, mais très peu d’un point
de vue sociologique. Muriel Darmon est directrice de recherche au CNRS
(Centre national de la recherche scientifique) à Paris. Elle publie en 2003 par la
maison d’édition La Découverte, sa thèse de doctorat en sociologie : « Devenir
anorexique. Une approche sociologique ». Dans cet ouvrage l’auteur aborde
comme sujet l’anorexie qui se caractérise par des troubles alimentaires. L’auteur
a décidé de séparer sa thèse en trois parties distinctes. La première partie
« Partir d’un diagnostic » se consacre aux enjeux méthodologiques de l’anorexie
depuis le début des temps jusqu’à aujourd’hui. La deuxième partie « La carrière
anorexique » nous explique chacune des étapes par lesquelles doivent passer
les patientes. Et pour finir, la troisième partie « L’espace social de la carrière
anorexique » qui montre l’espace social dans lequel évoluent les patientes et leur
transformation de soi. Dans un premier temps, nous procéderons à une analyse
plus approfondie des différentes parties de l’ouvrage. Dans un deuxième temps,
nous procéderons à une analyse plus critique de l’ouvrage. Et pour conclure
nous essaierons de répondre à la problématique de l’auteur qui est de
« s’intéresser au « comment » de l’anorexie plutôt qu’à son « pourquoi » ».

Dans la première partie de son ouvrage, Muriel Darmon nous fait voyager dans
le temps pour remonter à la source de la définition de l’anorexie. L’anorexie
n’étant pas un thème souvent étudié en sociologie l’auteur est obligée de revenir
aux sources mêmes de la définition de l’anorexie. « Anorexie « nerveuse » ou
« hystérique », c’est dans cette controverse que s’inscrit les débuts du diagnostic
médical d’anorexie ». C’est donc à l’aide du « médecin français Lasègue » et
du « médecin anglais Gull » du XIXe siècle, que les « premières formes du

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diagnostic médical » sont nées. Tout au long de sa thèse, l’auteur se base sur
les théories d’un sociologue très connu Émile Durkheim et de la sociologie de la
déviance, dans le but de renforcer son argumentation. Durkheim considérait que
l’anorexie était un « fait social » puisque c’est un problème qui est émis par la
société elle-même. Par la suite, l’auteur entame avec une présentation des
enjeux méthodologiques du diagnostic médical et psychiatrique de l’anorexie
mental. Muriel Darmon se construit son matériau empirique, grâce aux matériaux
qu’elle a collectés dans divers établissements comme l’hôpital H, la clinique C et
le lycée L. Ces matériaux se composent notamment d’entretien ethnographique
et d’observations du personnel comme des patientes. Pendant son enquête à
l’hôpital H, l’auteur a pu remarquer qu’ils utilisaient « la Bible du diagnostic
psychiatrique » le DSM (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders)
afin de « classées et diagnostiquées les anorexiques » qu’elle interrogeait. Lors
des visites de Muriel Darmon a la clinique C, elle a remarqué que la présence du
DSM n’était pas aussi présente que dans l’hôpital H. « L’explication des
positionnements différents de ces deux services sur la question du diagnostic est
simple : la clinique C s’inscrit dans une psychiatrie d’orientation psychanalytique
qui prend explicitement ses distances à l’égard de cet instrument. ». Néanmoins,
l’auteur décide de chercher plus loin, en interrogeant le personnel de l’hôpital H
et de la clinique C, pour savoir pourquoi il n’y a pas de diagnostic précis sur l’état
des patients. Elle découvre donc que tout est une question d’étiquetage, qui suit
des données subjectives comme l’apparence physique et l’interprétation des
discours des patientes. Par ailleurs, l’auteur montre que le discours médical
utilisé par les patientes cache une partie de la vérité. Par la suite nous verrons
que « on ne nait pas anorexique mais on le devient. »

Dans la deuxième partie de son ouvrage, Muriel Darmon s’intéresse à l’anorexie


comme une « carrière », autrement dit, le déroulement par lequel les patientes
passent pour devenir anorexique. Selon l’auteur « la carrière anorexique » est
constituée de quatre étapes. Le « commencement » ou « l’engagement », à

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savoir ce qui représente le début du procédé anorexique et la datation si possible
du début de ce procédé. Muriel Darmon a pu remarquer trois différents
comportements amenant au commencement. Premièrement, par un régime
simple et basic, les patientes cherchent à perdre du poids. Deuxièmement, par
une perte de poids sans régime, le régime n’est donc pas considéré comme
déclencheur. Troisièmement, par un régime mais pas que, le changement de la
façon de s’habiller ou encore faire du sport. Suite aux interviews avec les
patientes l’auteur a aussi remarqué que l’entourage joue aussi beaucoup dans le
début de « la carrière anorexique ». « Continuer » ou « le maintien de
l’engagement » c’est-à-dire la continuité pour les patientes de ce qu’elles sont
déjà commencées à entreprendre mais selon une période de temps plus long.
« Si la première phase était courte, de l’ordre de quelques semaines, et se
soldait par une perte de poids de quelques kilos, les deuxième et troisième
phases de la carrière s’étalent sur un temps plus long. » Cette étape ne
concerne pas seulement les patientes mais aussi l’entourage qui commence à
remarquer la perte de poids excessive de la patiente et qui cherche à l’arrêter.
Cependant, certaines patientes trouvent des stratégies que l’auteur appelle
« travail de discrétion » et le « travail de leurre » pour éviter cette surveillance
constante comme : mentir sur le fait que « j’ai déjà mangé chez une amie ce
soir » ou éviter la cantine au lycée ou même dissimuler de la nourriture. Les
patientes rentrent donc à ce moment dans un cadre déviant au fur et à mesure
que le diagnostic d’anorexique revendiquer. Pour finir « être prise en charge » ou
« la prise en charge par l’institution médicale » représente le moment où les
patientes sont hospitalisées soit à l’hôpital soit à la clinique ou on peut les forcer
à ne plus travailler ou à manger à table. Cette dernière phase de la « carrière
anorexique » va mener les patientes vers une guérison, qui est bien entendue
forcé au début mais qui peu à peu va mener vers un apprentissage de la
« remise en soi ». L’auteur a aussi pu remarquer que lors des réunions de
groupe déviant, qui représente les patientes anorexiques. Certains d’entre elles
se servent de ces réunions afin d’indure en erreur les surveillants de l’hôpital.

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Dans la troisième partie de son ouvrage Muriel Darmon s’intéresse au côté social
de la « carrière anorexique ». L’auteur montre que les procédés des patientes
sont des procédés de classes moyennes et supérieurs. La traversée de cette
« carrière » montre que ces procédés passent de la classe moyenne à la
supérieur. Muriel Darmon montre l’existence d’un « éthos anorexique » orienter
vers la compétition entre les patientes. Les interviews passées avec l’auteur
montrent un certain élitisme et une supériorité qu’il n’y aurait pas eu avant. Elle
présente aussi le fait que pour les patients la boulimie et l’anorexie sont deux
pratiques très différentes l’une de l’autre, malgré le fait qu’elles soient placées
sous la même étiquette. Dans son dernier chapitre l’auteur montre que la
situation familiale à énormément d’impact sur la « résistance » des patientes.
Pour finir nous allons continuer avec l’analyse critique de l’ouvrage de l’auteur.

La démarche que Muriel Darmon a utilisée pour comprendre le « pourquoi » de


l’anorexie est très original. On se serait attendu à la présentation des troubles qui
encercle l’anorexie et a une solution simple et net comme la plupart des
ouvrages. Mais non, Muriel Darmon a su nous garder captif du début à la fin. Le
fait qu’elle nous ai amené dans le passé pour savoir qui était « les pères
fondateur » de l’anorexie, a pu nous faire voir plus loin qu’une simple définition
trouvée dans un dictionnaire. Elle n’a pas eu honte de montrer que certaines
institutions ont refusé sa demande pour sa thèse lui disant que « la sociologie
devait rester à sa place ». Ce que de nombreux auteurs auraient omis de dire. Le
fait qu’elle est sue mettre en confiance les patients interviewés en leurs disant de
la tutoyer et que tout ce qui se disait entre ne serait pas répété au médecin. Elle
utilise aussi à bon escient les théories des différents sociologues ou auteurs afin
d’appuyer ces arguments. De plus, elle a respecté l’intimité et le désagrément de
nous détailler les corps des patientes. Les seuls points négatifs concernant cet
ouvrage sont, le fait qu’elle n’est pas assez situé là où se déroulaient les
événements. Le fait qu’elle n’ai pas prise en compte les sentiments des

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patientes. Dans tout l’ouvrage pas une seule fois elle ne fait référence aux
sentiments que ce soit des patientes de leur famille.

Pour conclure, la thèse de doctorat de Muriel Darmon nous montre des aspects
cachés que nous n’aurions jamais vus sans son approche sociologique. Une
approche particulière et peu commune. Elle a divisé son texte en trois parties,
pour nous permettre de mieux comprendre l’anorexie en partant du XIXe siècle à
aujourd’hui. Elle nous a présenté ces quatre étapes de la « carrière », qui passe
du « commencement » au « travail sur soi ». « On a ainsi pu montrer à travers un
cas extrême, comment la société ouvre dans l’ouvrage de soi. ». L’anorexie
ouvre donc les porte au « travail sur soi » et sur l’acceptation de soi que ce soit
physiquement ou mentalement, peu importe les clichés et stéréotypes de la
société.

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Bibliographie

 Muriel, Darmon. Devenir anorexique. Une approche sociologique, Paris,


La Découverte, 2003.

 Samuel, Lezé, « Muriel Darmon, Devenir anorexique. Une approche


sociologique », 2008, mis en ligne le 28 août 2018, consulté le 30
septembre 2019 URL : https://journals.openedition.org/lectures/651

 Séverine, Gojard, « Compte rendu d’ouvrage - Devenir anorexique. Une


approche sociologique », 2015, mis en ligne le 17 septembre 2015,
consulté le 30 septembre 2019 URL : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-
01201076/document

 Antoine, Bioy, « La psychopathologie est-elle soluble dans la


sociologie ? », 2003, mis en ligne le 29 septembre 2003, consulté le 30
septembre 2019 URL : https://www.parutions.com/pages/1-85-427-
3642.html

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