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Introduction :
Doc 1 : Les relations entre Etats et religions, Pew Research Center et ONU, 2018.
Doc 2 : Oriane Huchon, « Les religions en Iran », in Les Clefs du Moyen-Orient, 2016.
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TEHERAN, 1er février (AFP) - Des millions et des millions d'Iraniens, visages épanouis, massés sur
trente-deux kilomètres, ont fait le 1er février un accueil triomphal à "l'Exilé", l'ayatollah Khomeiny,
dont la voiture a été engloutie pendant des heures dans une marée humaine en délire.
A peine sorti de l'aéroport de Téhéran, où son avion s'était posé à 09H00 locales, l'ayatollah
Khomeiny, visiblement ému mais serein, a été emporté par des millions de dèles.
Le chef religieux, en robe et turban noirs, a pris place dans un break américain, suivi d'une véritable
otte de minibus remplis de journalistes venus du monde entier.
Cinquante mille bénévoles devaient contenir la foule. Avec leurs brassards verts, ils s'étaient
baptisés les "policiers islamiques". Le gouvernement leur avait con é l'entière responsabilité de la
sécurité de l'ayatollah.
Mais ce service d'ordre des religieux a été immédiatement débordé. En quelques secondes, la
voiture de Khomeiny a disparu dans la foule, qui bloquait des dizaines d'ambulances chargées de
manifestants ayant perdu connaissance, étouffés par la pression de cette masse noire qui
s'étendait à perte de vue sur les longues avenues rectilignes de Téhéran.
Combien étaient-ils jeudi dans les rues ? Cinq millions peut-être... ou six, c'est impossible à dire.
Sans précédent, en tout cas.
A l'entrée de la capitale, l'imposant mémorial du chah, symbole de l'Iran moderne, a été rebaptisé
place Khomeiny.
Où se trouve à présent la voiture de l'ayatollah ? On l'ignore. Il a disparu quelque part dans cette
marée bruyante, dans cette vague grouillante, d'où surgissent des centaines de milliers de portraits
du leader de la "Révolution islamique".
Les femmes sont toutes venues en tchador, un oeillet rouge à la main. Depuis le lever du jour, elles
chantent: "Khomeiny est notre chef". Les banderoles disent: "Khomeiny, bienvenue dans ton pays".
Les hommes scandent: "Dieu est le plus grand".
Selon l’article 12 de la Constitution, la religion of cielle du pays est celle de l’école islamique du
chiisme. Les chrétiens, juifs et zoroastriens sont reconnus à l’article 13 comme des minorités
religieuses protégées ayant le droit de pratique leur culte et de former des sociétés religieuses. Au
Parlement Iranien, deux sièges sont réservés aux chrétiens Arméniens - la plus grand minorité
chrétienne du pays (300 000), de même qu’un siège aux chrétiens assyriens, aux juifs et aux
zoroastriens.
La primauté de l’islam touchant tous les secteurs de la société, les non-musulmans sont exclus des
postes politiques et militaires de haut niveau. Ils ne peuvent pas exercer des fonctions de
magistrature, les services de sécurité, ni être directeurs d’une école publique. En Iran, l’un des
principaux obstacles à la pleine liberté religieuse est l’apostasie. Même si se convertir de l’islam à
une autre religion n’est pas interdit par la Constitution, cela reste dif cile en raison des puissantes
traditions islamiques du pays et du système juridique fondé sur la loi islamique
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D’un coté, une « jeunesse dorée » qui s’est af rmée dans son rejet de la politique et qui constitue
une société du détournement et de la consommation ; cette jeunesse - deux iraniens sur trois ont
moins de 40 ans!- s’étourdit dans une « idée neuve du bonheur », à l’occidentale, une vie de
consommation assumée. De l’autre, une jeunesse qui a hérité des apports de feu le « mouvement
vert » ; émergence de la société civile par l’utilisation politisée des réseaux sociaux. La société
civile est un contre-pouvoir dont le régime ne peut plus faire l’économie. Si la République
islamique a su investir de 1979 à 1989 les moindres recoins des sphères publique et privée, la
théocratie iranienne est très hétérogène
Mais le plus intéressant réside dans le désenchantement de la population par rapport au modèle
théocratique : on voit émerger la question de la sécularisation à l’occidentale pour sauver la
politique de l’empire religieuse.
Doc 5 : A.M. Chelly, « La société iranienne n’a plus peur de Dieu », propos recueilli par G. Minassian,
lemonde.fr, 16 mai 2017.
1972 Référendum retirant la clause de la 2018 Loi autorisant l'avortement sans restriction
Constitution de 1937 reconnaissant la Référendum approuvant l’abrogation du délit
position spéciale de l’Eglise catholique de blasphème
romaine
Pour nombre d’Irlandaises, la victoire du oui au référendum sur le divorce est ainsi une étape
déterminante sur ce qu’elles appellent « la route vers la modernité ». En 10 ans en effet, dans un
pays que l’Eglise catholique a toujours marqué de son empreinte, on a vu tour à tour s’imposer la
légalisation des contraceptifs, la décriminalisation de l’homosexualité ou encore l’accès à
l’information sur l’avortement. Et à chaque fois, les femmes ont été à la pointe de cette révolution.
Dans l’île, personne ne nie plus l’in uence qu’a eu Mary Robinson, l’ancienne avocate élue
présidente en 1990, à la surprise générale. Là où la fonction présidentielle était jusqu’alors
considérée comme une agréable « préretraite politique », Mary Robinson a su, au contraire,
confronter les Irlandais à des sujets longtemps ignorés par le pouvoir politique : le viol, le droit des
enfants, l’homosexualité masculine et féminine
Doc 1 : d’après F. Rousselot, « Un oui primordial pour les femmes : le droit au divorce est perçu comme une
étape vers la modernité », Libération, 27 novembre 1995.
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Doc 4 : « La part de personnes se revendiquant catholiques en Irlande », BBC, 2017.
Selon les sondages de sortie des urnes, les campagnes (60%) ont approuvé la libéralisation
de l’IVG, presque autant que les villes (71%), les hommes (65%) presque autant que les
femmes (70%), les jeunes (87% des moins de 25 ans) nettement plus que leurs aînés (63%
des 50-64 ans)
En 1995, les Irlandais n’avaient approuvé la légalisation du divorce que par 50,3 % des
voix ; en 2015, ils ont dit « oui » au mariage homosexuel par 62,07% des voix et ils viennent
donc de légaliser l’avortement par 68%. Une progression qui re ète la disparition de
l’ascendant moral de l’Eglise catholique, qui a longtemps servi d’armature à l’Etat, après les
guerres civiles des années 1920, qui ont libéré l’Irlande de la tutelle britannique. En 1983, le
clergé, encore tout-puissant et craignant une jurisprudence libérale de la Cour suprême,
avait réussi à faire voter à 66,9% le 8e amendement à la Constitution qui interdisait
l’avortement, même encas de viol ou d’inceste, même si le foetus souffrait d’une
malformation. Cadenassée dans la loi suprême, la prohibition devenait impossible à annuler
par la loi. Certes, plus des trois quarts des Irlandais se disent encore catholiques , et la radio
publique sonne l’angélus, mais les messes sont moins fréquentées et les couvent ne
recrutent plus
Doc 5 : Philippe Bernard, « L’Irlande rompt catégoriquement avec des siècles de prohibition de
l’avortement », Le Monde, 16 mai 2018.
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Si l’Etat assure l’enseignement primaire gratuit, les écoles primaires d’Irlande sont dans leur
majorité gérées par des institutions chrétiennes (96%), l’Eglise catholique en possédant ou en
gérant près de 90%. Cette situation est de plus en plus source d’opposition politique et de
protestation sociale.
En juillet 2018, un projet de loi sur l’éducation a été adopté au Parlement Irlandais, annulant la
« barrière baptismale » initialement mise en place pour s’assurer que seules les personnes
professant l’éthique religieuse d’une école pouvaient s’y inscrire
A partir du mois de Septembre 2019, la plupart des écoles primaires ne sont plus en mesure
d’accorder un accès prioritaire à certains enfants sur la base de leur religion
Le projet de loi sur les admissions à l’école interdit à ces écoles d’inscrire prioritairement les enfants
baptisés, dans les cas où il y aurait trop de demandes. En revanche, les religions minoritaires
seront toujours autorisées à donner la priorité aux membres de leur religion pour protéger leur
éthique dans les cas d’excès de demandes
Doc 6 : D’après l’observatoire de la liberté religieuse, 2019.
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Article
La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules
restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public
Article
La République ne reconnait, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. En conséquence, à partir du 1er janvier
qui suivra la promulgation de la présente loi, seront supprimées des budgets de l’Etat, des départements et des
communes, toutes dépenses relatives à l’exercice des cultes
Pourront toutefois êtres inscrites auxdits budgets les dépenses relatives à des services d’aumônerie et
destinées à assurer le libre exercice des cultes dans les établissement publics tels que les lycées, collèges,
écoles, hospices, asiles et prisons
Les établissements publics du culte sont supprimés (…
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Une affaire, plus d'une décennie de débats. Tout commence le 18 septembre 1989, au moment où
paraissent les Versets sataniques de l'écrivain britannique Salman Rushdie et sur fond de
célébration du bicentenaire de la Révolution française. Ce jour-là, plusieurs journaux publient un
article relatant ce qui aurait pu rester un simple fait divers. À Creil, dans l'Oise, le proviseur du
collège Gabriel-Havez a décidé d'exclure Leila, Fatima et Samira, trois jeunes lles qui refusent
d'ôter le foulard qui leur couvre les cheveux en classe
En quelques jours, et contre toute attente, ce bout de tissu dont personne ne parlait jusque-là est
au centre de tous les débats, des journaux télévisés aux différents quotidiens et magazines
nationaux, en passant par des passes d'armes entre intellectuels et politiques. Des dizaines de
journalistes sont envoyés devant les grilles de ce collège de banlieue parisienne pour rapporter
images et témoignages des adolescentes
Dans un article du 9 octobre intitulé Les tchadors de la discorde, l'envoyé spécial du Figaro relate
les propos tenus par les jeunes femmes au cours d'un entretien dans le bureau du principal:
«Nous sommes des folles d'Allah, nous n'enlèverons jamais notre foulard, nous le garderons
jusqu'à notre mort». Le principal du collège de Creil, Ernest Chénière, justi e son acte dans une
lettre adressée aux parents dans laquelle il estime que le voile est une marque religieuse
incompatible avec le bon fonctionnement d'un établissement scolaire laïc
Doc 4 : Yohan Bavat, « L'affaire des «foulards de Creil» : la République laïque face au voile islamique », Le
Figaro, 2018
Cette école où personne, y compris le maitre, ne peut inciter un autre à penser comme lui s’appelle
l’école laïque
- Tu veux dire une école où le prof ne croit pas en Dieu
- Pas du tout. Laïque ne veut pas dire athée (…
- Pourquoi ne pas dire « tolérant » au lieu de laïque ? On comprendrait mieux
- Non, on comprendrait de travers. L’Edit de Nantes s’est appelé à bon escient édit de tolérance. C’était
encore le fait d’un prince, Henri IV. La liberté de conscience ne peut dépendre d’un bon plaisir d’un
puissant, ni même d’une Cour de Justice. En France, c’est un principe non seulement législatif mais
constitutionnel, situé encore plus haut qu’une simple loi
- Alors, on pourrait peut-être dire « neutre »
- En un sens, oui. Dans l’école laïque, le professeur se garde de manifester ses convictions privées. Il
s’impose le devoir de réserve pour ne pas in uencer ses élèves. (…) La laïcité consiste à bien séparer
le privé du public. (…) La laïcité met une frontière entre le « ce que je sais » et le « ce que je crois »,
entre le domaine de l’esprit et le domaine des âmes. (…) Elle se limite au premier, sans s’occuper des
croyances ; pas d’ordre moral, donc (…)C’est la différence qu’il y a entre instruction et l’éducation. La
République instruit, elle n’éduque pas. Elle ne cherche pas à modeler les âmes. C’est a n de couper le
lien historiquement établi entre une religion et un pouvoir qu’on a procédé, en 1905, à la séparation des
Eglises et de l’Etat. On a alors retiré les cruci x des salles de classe. Ce qui revenait bonnement à
remettre l’Eglise chez elle et l’Etat chez lui
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