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ELECTROSTATIQUE

Chapitre 1: Champ et potentiel électrostatiques


1
L’observation de phénomènes de «type électrique » remonte très loin dans l’histoire de l’humanité.
Les premières traces d’observations auraient été laissées par Thalès de Milet, au VIIème siècle avant J.C.
et concerne les propriétés de l’ambre jaune frotté, aux vertus attractives envers des corps légers
(plumes, brins de paille, …). Le nom grec de l’ambre jaune, êlektron, a été retenu comme racine des
phénomènes que l’on range aujourd’hui sous la rubrique « électricité ».
Les expériences sur les phénomènes électriques commencèrent véritablement au 17ème siècle. Leur
analyse scientifique entre 1785 (loi de Coulomb) et 1875 (équations de Maxwell) a conduit à
l’élaboration d’une théorie de l’électricité.

Propriétés de la charge électrique :

Elles existent deux formes : charges ( + ) et charges ( - ).


 Par convention, on attribue la charge ( - ) aux électrons (THOMSON).
 C’est une grandeur : extensive (Q   q i ), conservative, quantifiée (Millikan : 1913)
i
[𝑄 = 𝑛𝑒, 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑒 = 1,6021. 10−19 𝐶 𝑒𝑡 𝑛 ∈ ℕ] et invariante par changement de référentiel.
Cadre de l'électrostatique : Tous les champs et les densités de charges sont indépendants du temps

0.
t

1. La loi de force de Coulomb


1.1. Loi de Coulomb dans le vide

Soient deux charges ponctuelles q1 et q2 en M1 et M2.

⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑀1 𝑀2
𝑢12 =
⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑀1 𝑀2

L'interaction électrique entre ces deux charges dans le vide est décrite par la loi de Coulomb:
q1q 2
F 12  k u 12
M 1M 2 2
k : constante caractéristique de l'attraction électrique (k > 0).
1
k   9.109 SI .
4 0
 0 : permittivité diélectrique du vide.
Remarque : La loi de Coulomb reste valable dans un matériau isolant à condition de replacer  0 par  ,
permittivité diélectrique du milieu.
   r  0 (  r : permittivité relative du milieu, sans dimension)
Ordre de grandeur :

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1.2. Champ électrostatique 2


1.2.1. Définition

1 qQ Q
F A M  u AM  q u AM
4 0 AM 2
4 0 AM 2
Q
On pose : E Q  M   u AM .
4 0 AM 2
E Q  M  est défini en tout point de l'espace. On l'appelle le champ électrique crée en M par la charge Q
située en A.
Ainsi , F A M  q E Q  M  .
Interprétation :
Indépendamment de la présence de q en M, les propriétés de l'espace en M sont modifiées puisqu'une autre
charge q' placée en ce point serait également soumise à une force du même type de la part de Q.
1.2.2. Modélisation d’une répartition de charges – Principe de superposition
La notion de charge électrique ne s’applique qu’à des particules ponctuelles (extension spatiale de l’ordre de
10−15 m). L’observation de la matière se faisant à plus grande échelle on va donc comme en
thermodynamique s’intéresser à des grandeurs moyennes ce qui conduit à considérer des charges
«continues» bien que la charge électrique soit quantifiée.
1.2.2.1. Distribution discrète
On considère un ensemble de charge qi en Mi . avec i ={1,2,….,n}
n
La charge totale de cet ensemble de charge est : Qtot   q i
i 1

1 qi q M M
F qi q   Fq q   u M i M avec : u M i M  i
i 4 0 M i M
2
i
i
MiM
1 qi
F qi q  q  u MiM
i 4 0 M i M
2

Définition :
Le champ E
qi 
 M  crée par q i  en M est défini par : F q q  q E q   M  .
i i

1 qi
Ainsi E q  M    u MiM   E q M 
 i i 4 0 M i M
2
i
i

Ainsi, le champ crée par les n charge est la superposition des champs crées par chacun des champs agissant
seul.
1.2.2.2. Densité volumique de charge

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On considère des charges réparties en volume.


Pour un volume chargé V , on définit la densité volumique de charges en un point P, notée   P  , telle que 3
la charge élémentaire dq contenue dans un volume élémentaire dV  P  au voisinage de P soit donnée par :
dq
dq    P  .dV  P  , soit   P   (  s’exprime en C.m-3).
dV P 

La charge totale contenue dans le volume V s’obtient en sommant l’ensemble des volumes élémentaires :
Q     P  .dV  P  .
P V

dV  P  peut être considéré comme ponctuelle de charge : dq    P  .dV  P 


1 dq
Cette charge, située en P, crée en M un champ électrique : d E  M   u PM
4 0 PM 2
Le champ total crée par le volume chargé V en M est :
1 dq 1   P  .dV
E V  M    d E  M    u PM   u PM
V V 4 PM 2 V 4 PM 2
0 0
Ce champ existe en l'absence de charge en M, mais si on ajoute une charge q en M, elle va subir la force :
F V q  M   q E V  M 
Remarque : La distribution volumique de charge correspond à la réalité physique.
1.2.2.3. Densité surfacique de charge
Lorsqu’une des trois dimensions d’un corps chargé est très faible devant les deux autres, on l’assimile à une
surface chargée S. On définit alors une densité surfacique de charges en un point P, notée   P  telle que la
charge élémentaire dq porté par un élément de surface dS au voisinage du point P soit donné par :
dq
dq    P  .dS soit   P   (  s’exprime en C.m-2).
dS

La charge totale contenue sur la surface S s’obtient en sommant l’ensemble des surfaces élémentaires:
Q   dq     P  .dS .
S P S

L'élément dS  P  est une charge ponctuelle dq    P  .dS  P  en P, qui crée un champ en M :


1 dq 1   P  .dS  P 
d E M   u  u PM
4 0 PM 2 4 0
PM
PM 2
1   P  .dS  P 
D'où : E S  M    u PM
S 4 PM 2
0
Remarque : La distribution surfacique correspond à la modélisation de la distribution de charges des
milieux conducteurs : on peut montrer que la charge est nulle à l’intérieur d’un conducteur et qu’elle se
répartit en surface.
1.2.2.4. Densité linéique de charge

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Si maintenant deux des trois dimensions d’un corps chargé sont très faibles devant la troisième, on peut
modéliser ce corps par un fil. On définit alors une densité linéique de charges en un point P, notée   P  4
telle que la charge élémentaire dq porté par un élément de longueur dl au voisinage du point P soit donné par
dq
: dq    P  .dl  P  soit :   P   (  s’exprime en C.m-1).
dl  P 

La charge totale contenue sur le fil AB s’obtient en sommant l’ensemble des portions élémentaires :
Q     P  .dl P  .
P  AB 

L'élément dl  P  est une charge ponctuelle dq    P  .dl  P  en P, qui crée un champ en M :


1 dq 1   P  .dl  P 
d E M   u  u PM
4 0 PM 2 4 0 PM 2
PM

1   P  .dl  P 
D'où : E AB  M    d E  M    4 u PM
AB AB 0 PM 2
Remarque : Cette distribution est une modélisation des conducteurs filiformes.

1.2.3. Symétrie en électrostatique : direction du champ


Considérons une distribution (D), de densité locale (δ). Soient (π) et (π*) respectivement plan de symétrie et
d’antisymétrie.
1.2.3.1. Distribution de charges ayant un plan de symétrie
Un plan π est un plan de symétrie d’une distribution de charges si, quels que soient les points P et P'
symétriques par rapport à π : δ (P) = δ (P').
On suppose un cas particulier où la distribution (D) est volumique : δ ≡ ρ
ρ (P) = ρ (P').

Les contributions de dqP et dqP' symétrique par rapport à (π ) ,en M :


1 dq P 1 dq P 
d E tot  M   d E  M   d E   M   u  u2
4 0 PM 2 1
4 0 P M 2
1   P  .d   P  1   P   .d   P 
 u1  u2
4 0 PM 2
4 0 P M 2

Or :   P     P    ; d   P   d   P   d  et PM  P M  r .
.d  .d 
 d E tot  M  
1
4 0 r 2 u 1 u2  1
4 0 r 2
e .

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Conclusion: En tout point du plan de symétrie, le champ électrique est contenu dans ce plan.
1.2.3.2. Distribution de charges ayant un plan d’antisymétrie 5
Un plan π* est un plan d'antisymétrie d’une distribution de charges si , quels que soient les points P et P'
symétriques par rapport à π : δ (P) = - δ (P').
On suppose un cas particulier où la distribution (D) est volumique : δ ≡ ρ .
ρ (P) = - ρ (P') .

Les contributions de dqP et dqP' symétrique par rapport à (π*) ,en M :


1 .d  1 .d 
d E tot  M   d E  M   d E   M  
4 0 r
2 
u1  u 2 
4 0 r 2
e  *

Avec   P      P     ; d   P   d   P   d  et PM  P M  r
Conclusion: En tout point du plan d’antisymétrie, le champ électrique est perpendiculaire à ce plan.
Remarque : Si la distribution de charges présente un axe de symétrie, alors le champ électrostatique est
automatiquement porté par cet axe.
En effet : un axe de symétrie s’obtient par l’intersection d’au moins deux plans de symétrie.

1.2.4. Invariance par symétrie : dépendance avec les variables d'espace


1.2.4.1. Invariance par translation
Une distribution de charges est invariante par translation si on retrouve la même distribution après avoir
effectué la translation. Ce la suppose une distribution infinie : (fil infini, nappe infinie. . .). Si la distribution
est invariante par translation suivant e z alors: δ(P) ne dépend pas de z.
1.2.4.2. Invariance par rotation
Soit P appartenant à une distribution de charge et P0 le point obtenu en effectuant une rotation d’angle θ
autour d’un axe fixe . Si δ(P0) = δ(P) alors la distribution est invariante par rotation d’angle θ et δ(P) ne
dépend pas de θ.
Remarque : Les invariances des distributions de charges impliquent un choix adapté des coordonnées à
employer.
2. Applications
2.1. Segment fini uniformément chargé
On considère un segment AB de longueur L, contenant une charge Q uniformément répartie le long
du segment. On cherche à calculer le champ électrique créé dans un plan médiateur du segment à la
distance r.
dq Q
Ici la densité de charge est constante :    .Le plan médiateur est un plan de symétrie et le
dl L
plan contenant le fil également de telle sorte que le champ est radial dirigé suivant u r .

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Tout d’abord, nous savons que : E  M   E r u r .


Il suffit donc de calculer la composante radiale du champ en sommant la composante radiale de d E
: E r   dE r .Attention il ne faut pas écrire E   dE car la somme d’une norme n’est pas égale, en
1 dz
général, à la norme de la somme. D’après la loi de Coulomb, on : dE  .
4 0 PM 2

1  cos  
Ainsi : dE r  dE cos    E r   dz
4 0 PM 2
Les variables PM , z et  sont liés. Il faut choisir une variable d’intégration. Choisissons l’angle 
.
r d
Sachant que: cos    et z  r tan    dz  r
PM cos 2  
1  cos  
0

cela donne : E r   d  2sin 0  .
 0
4 0 r 4 0 r
L L
L L 2 2
Avec : sin  0   2  2 et Q   dz    dz   L .
AM L 
2
L L
  r
2  
2 2
2
On peut finalement écrire le champ électrique :
1 Q
E M   ur
4 0 r  L 2
  r
2

2
Remarques :
On remarque que le champ est invariant par rotation autour du fil.
Q
Pour r L on retrouve E  M   u r ce qui est cohérent avec le fait qu’à grande
4 0 r 2
distance le segment est assimilable à un point.
 
Pour un segment infini : 0   E M   ur .
2 2 0 r
Pour le point O appartenant au segment (la source) le champ n'est pas défini (car r=0).
2.2. Disque uniformément chargé
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On considère un disque d'axe (Oz), de rayon R, ayant une distribution uniforme de charge constante  0 .
7
On cherche le champ en M  Oz  .

Symétries :
xOz est un plan de symétrie pour , et M est dans ce plan, donc : Ey(M)=0.
De même avec yOz, Ex(M)=0.
Donc : E  M   E z  M  k  E z  z  k .
Calcul de Ez :
Découpage de la distribution de charges :
On considère un élément infinitésimal repéré par P  r ,  et de longueur dr et rd  .
Cet élément a pour aire dS  rdrd  ( en assimilant les arcs à la corde correspondante, de longueur rd  ).

Il porte la charge : dq    P  dS   0 rdrd  .


 0 rdrd 
d E M   u PM .
4 0 PM 2
Donc : E  M    d E M  et E M   E z z  k .
D  0, R 

Alors : E z  z   E  M  .k   d E  M .k
D  0, R 

PM z z
Or : u PM .k  .k   .
PM PM r2 z 2
2 R
z  0 rdrd  z  0 rdr
Donc : E z  z    3
   3
d
D  0, R 

4 0 r  z
2 2 2 0 0

4 0 r  z
2

2 2

Ainsi, en intégrant tout d'abord par rapport à θ :

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z  0r z 0
R R
r
E z  z   2  dr   dr 8
3
2 0 3
0
4 0  r  z2 2
 2 0
r 2
z 
2 2

r 1
Une primitive de 3
est 1
:
r 2
z 
2 2
r 2
z 2 2

 
z 0  1 1 
Donc : E z  z     1 
.
2 0 z

  R  z  
2 2 2

Soit Q la charge totale du disque :


2 R R
Q
Q 
D  0, R 
 0dS   0   rdrd   2 0  rdr  R 2 0   0 
0 0 0
R 2
 
zQ  1 1 
D'où : E z  z   2 
 1 
2 0 R z

  R 2  z 2  2 
 
zQ  1 1 
Soit : E  M   2 
 1 
k
2 0 R z

  R  z  
2 2 2

Remarques :
 Lorsque : z R (et z  0 )
 
   
zQ  1 1  zQ  1 1 
E M   2 
 1 
k  2 
 1 
k
2 0 R z 2 0 R  z

  R  z  
2 2 2

 R  2 2 
z 1  2  
  z  
 2 2 
1
Q   R   Q   1 R 2 
 E M   1  1  2  k  1  1   k
2 0 R 2   z   2 0 R 2   2 z 2  
 
Q
 E M   k ce qui est cohérent avec le fait qu’à grande distance le disque est assimilable à un
4 0 z 2
point.
 Cas d'un plan infini uniformément chargé  R    :
 0
E   M   2 k ; z  0
 z 
E z z   0 
0

2 0 z E  M     0 k ; z  0
  2 0

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Nous constatons qu'il y a discontinuité du champ électrostatique E à la traversée de la surface chargée :


0 9
E  M   E  M   k.
0
3. Le potentiel électrostatique
3.1. Circulation du vecteur champ électrostatique
3.1.1. Cas d’une charge ponctuelle
3.1.1.1. Conservation de la circulation du champ
Le champ E crée par une charge ponctuelle q placée au point O que nous prendrons pour origine, est en
coordonnées sphériques : E r 
q

4 0 r 2
e r . La circulation élémentaire E .d r associée à un déplacement

élémentaire d r est :
E .d r 
q
4 0 r 2
e r .d r 
q
4 0 r 2  
e r dre r  rd  e  r sin d e 
q
4 0 r 2
dr

 1 q
 E .d r 
d  
4 0  r 
La circulation de A à B sur la courbe Γ ne passant pas par O s’écrit :
q 1 1
B
C AB      E .d r    
A 
4 0  rA rB 
Elle ne dépend pas du choix du chemin Γ suivi pour aller de A à B. La circulation du champ électrostatique
pour aller d’un point A à un point B se conserve si on emprunte un autre chemin Γ' reliant ces deux points.
On dit que la circulation du champ créé par une charge est conservative : C AB    C AB   .
3.1.1.2. Champ de gradient et potentiel électrostatique
Etant donné que pour une charge ponctuelle, la circulation élémentaire du champ électrique s’écrit :


E .d r  dV r , avec V r  q
4 0 r
 cte , nous pouvons identifier le champ créé par la charge ponctuelle

à un champ de gradient.
En effet, la variation élémentaire du potentiel s’écrit (dans le système de coordonnées cartésiennes par
V x V y V
exemple) : dV r  x
dx 
y
dy  z dz  V r .d r .
z


Par identification , on obtient : E r  V r   gradV r  

Avec : V r 
q
4 0 r
 cte .


Où V r est le potentiel électrostatique créé par la charge q placée en O. Il est défini à une constante près.
On en déduit que la circulation de A à B du champ E créé par une charge ponctuelle q est égal à la
différence de potentiel entre ces deux points :
q 1 1
B
C AB      E .d r     V  A  V  B 
A 
4 0  rA rB 
3.1.2. Cas d’une distribution de charge
3.1.2.1. Circulation du champ d’une distribution
Le principe de superposition nous permet d’obtenir le champ créé par une distribution en effectuant
l’addition des champs créés par chacune des parties élémentaires de la distribution. Par conséquent, la
circulation du champ électrostatique d’un point A à un point B ne dépend pas du chemin suivi entre A et B
. Cette propriété du champ électrostatique a pour corollaire :
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La circulation du champ électrostatique créé par une distribution de charges est conservative. On en déduit
que la circulation du champ électrostatique sur un contour (courbe fermée) est nulle :  E .d l  0 10
Ce résultat est indépendant du contour choisi.
3.1.2.2. Expression du potentiel V crée par une distribution de charges
L’opérateur gradient étant un opérateur linéaire, il est possible d’obtenir le potentiel électrostatique d’une
distribution, par superposition des potentiels créés par les charges élémentaires de la distribution dq P situées

au point P : dV r  dq P
4 0 PM
.

1 qi
Ensemble de charges ponctuelles : V  M     V0
i 4 0 M i M

1   P  .d
Distribution volumique de charges : V  M     V0
Volume 4 0 PM
1   P  .dS
Distribution surfacique de charges : V  M     V0
S 4 PM
0

1   P  .dl
Distribution linéique de charges : V  M    4 0 PM  V0
AB
Le potentiel électrostatique est toujours défini à une constante près. Pour obtenir le champ électrostatique
créé par une distribution de charges, il est préférable de calculer le potentiel électrostatique V (M) lorsque
cela est possible et de dériver en suite le champ électrostatique en utilisant la relation : E  M   V  M  .
Remarque :
Dans le cas de distributions d’extension infinies (plan, fil...), ces intégrales ne convergent pas
nécessairement. On calculera alors le champ électrostatique en premier lieu, et ensuite le potentiel V
. Un autre problème de convergence de l’intégrale apparaît si nous nous intéressons au calcul du
potentiel en un point de la distribution, c'est-à-dire en un point tel que PM=0.
Dans le cas d’une distribution volumique, l’intégrale converge s’il n’y a pas de charges à l’infini. Si
la distribution de charges est de taille finie, on peut poser V     0 car il n’y a pas de charges à
l’infini. Ceci permet d’annuler la constante d’intégration. En revanche, du fait de la présence de
charges à l’infini, il n’est plus possible de poser V     0 si la distribution est de taille infinie.
3.1.3. Exemples de calcul de potentiel
3.1.3.1. Segment fini uniformément chargé
Pour l'énoncé et la figure voir 2.1.
L L

1   P  .dl     2 2 
1
2
ln  z   r  z   
2
dz
V M       2

4 0 PM 4 0 1
4 0  
AB 
L
2 r 2
 z 2 2   L
2

  1
  1

    2 L2  L   L2  L
 ln   r 2     
2 2
V  r   ln  r   
4 0    4  2    4  2  
     


Or : E r  V  r   
dV
dr
ur .

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 r r 
 1 1  11
  2 L2  2  2 L2  2 
r   r   
   4 
  L L
 
dV 4  r 1
 
dr 4 0  1 1
 4 0 1
r 2
4 0 r 1

 r 2  L   L  r 2  L   L   2 L2  2  2 L2  2
2 2 2 2
 r  
      
r
4  2  4  2  4   4 
 
 
Alors, on retrouve la même expression du champ, trouvée en 2.1.,
L

E r 
4 0 r
1
u 
1 r
Q
4 0 r
1
u
1 r
 2 L  2 2
 2 L  2 2

r    r    
 4 
 2 
Remarque :
L'expression du gradient en coordonnées cylindriques :
V 1 V V
V  ur  u  uz
r r  z
dV
Et du fait que V ne dépend que de r, il s'est réduit en : V  ur .
dr

3.1.3.2. Disque uniformément chargé


Pour l'énoncé et la figure voir 2.2.
1   P  .dS  2 R 0 R
rdr rdr
V  M     0  d   2 
D  0, R  4 4 0 0 0 2 1
4 0 1
0 PM
r  z 
2 2 0
r  z 
2 2 2

R
0  2 2 2
1
0  2 1

V  M    r  z     R  z   z 
2 2

2 0   0 2 0  
Du fait que V ne dépend que de z alors :
 dV dV 

E r  V  r    
 dx
i
dV
dy
j k 
dz 
dV
dz
k

   
dV 0  z z   0z  1 1 
Avec :      E M     1 
k
2 0 1
2 0 z
R  z   R  z  
dz z
2 2 2
  2 2 2
  
Alors on retrouve la même expression du champ établie en 2.2.
3.2. Travail de la force électrostatique
Le travail de la force f  q E exercée sur la charge lors d’un déplacement élémentaire d l de celle-ci est :
W  f .d l  q E .d l  qdV  d qV  .
Le travail de cette force correspondant à un déplacement de la charge q d’un point A à un point B est :
W A B  q V B V A   qC AB   .
Ce travail ne dépend pas du chemin suivi et s’identifie à une fonction d’état qui ne dépend que de la position
de la particule.
L’énergie potentielle d’interaction entre une charge q et un champ électrostatique E créant le potentiel V
est : Ep = qV.
3.3. Notion de tension électrique

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La tension électrique est par définition une différence de potentiel électrique (d.d.p) entre deux points A et B
: U AB V A V B 12
Cette tension s'exprime comme le potentiel électrique en Volt. A remarquer que la tension est indépendante
de l'origine des potentiels de la même façon qu'une durée est indépendante du choix de l'origine des temps.
La connaissance du champ électrique en tout point d'une région de l'espace permet de calculer la tension
entre deux points de cette région par un calcul intégral :
B B

 E .dl    dV V A V B  U AB
A A
3.4. Topographie du potentiel électrostatique
3.4.1. Lignes de champ
 
Définition : soit un champ vectoriel a r , t à un instant t donné, on appelle ligne de champ une courbe

tangente en chaque point M au vecteur a  r , t  .

 
Si d l est le vecteur déplacement en M à la ligne de champ, on a colinéarité entre a r , t et d l :

 
a r ,t  d l  0 .

dx dy dz
En coordonnées cartésiennes : d l dx , dy , dz  :  
ax ay az
d  d  dz
En coordonnées cylindriques : d l d  , d  , dz  :  
a a az
dr rd  r sin  d 
En coordonnées sphériques : d l dr , rd  , r sin  d   :  
ar a a
Remarques :
 Une ligne de champ ne peut pas avoir la forme d’une boucle fermée sur elle même. En effet, la
circulation du champ sur une telle boucle ne pourrait avoir qu’une valeur finie (sauf si le champ est
nul sur toute la boucle ou non défini en certains points, ce qui interdirait de la définir comme étant
une ligne de champ). Ce serait en contradiction avec la relation  E .d l  0 . Cette propriété est à
retenir lors du tracé des lignes de champ.
 On oriente chaque ligne de champ dans le sens du vecteur . Les lignes de champ s'éloignent des
sources chargées positivement et se dirigent vers les sources chargées négativement.

 Les lignes de champ ne se croisent jamais, sauf :


o Là où le champ est nul ;
o Là où le champ n'est pas défini (par exemple sur les charges).

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3.4.2.Tube de champ
On appelle tube de champ la surface engendrée par l'ensemble des lignes de champ qui s'appuient sur un 13
même contour fermé.

3.4.3. Surfaces équipotentielles


Considérons la surface équipotentielle (figure ci-après) de potentiel V0 ; M et N sont deux points très
proches de cette surface. N est obtenu à partir de M par un déplacement élémentaire dr .

Le vecteur dr est contenu dans le plan tangent en M à la surface équipotentielle. Par définition du potentiel,
V N V M  E .dr . La surface considérée étant une surface équipotentielle, on a V N V M . On en déduit que
E .dr  0 et que le champ électrostatique en M est normal à la surface équipotentielle. Plus généralement,
 
une surface définie par f r  cte admet le vecteur f r comme vecteur normal.
Soit une ligne de champ traversant deux surfaces équipotentielles de potentiels V1 et V2 aux points M1 et
M2. Supposons que le champ E soit orienté de M1 vers M2.

La définition du potentiel nous permet d’écrire:


M2

V 2 V 1 V  M 2  V  M 1    E .dr  0
M1

On a donc V2 < V1. Le champ est donc orienté du potentiel le plus élevé vers le potentiel le moins élevé.
Conclusion : Le champ électrostatique est perpendiculaire aux surfaces équipotentielles et les lignes de
champ sont orientées dans le sens des potentiels décroissants.
3.4.4. Exemples de cartes de champ
Voici quelques cartes de champ présentées sur la figure suivante pour des distributions de
charges ponctuelles. Les lignes de champ sont en lignes continues et les équipotentielles en pointillés.

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14

3.5. Symétrie et invariance du champ et du potentiel électrostatique


3.5.1. principe de curie
Les effets et causes présentent les mêmes invariances et les mêmes symétries.
Conséquences : Lors d’une opération de symétrie appliquées à la distribution de charges, le champ
électrostatique subit la même opération. On dit que le vecteur champ électrique est un vecteur polaire ou
“vrai” vecteur. Ce vecteur a les mêmes propriétés de symétrie que ses sources.
3.5.2. Cas particuliers
3.5.2.1. Distribution invariante par toute translation selon un axe
Cette distribution étant invariante par translation selon Oz, le potentiel électrostatique V ne dépend pas de z.
On obtient :
V  x , y  V  x , y  V  x , y 
E x , y , z    ex  ey  e z  E x  x , y e x  E y  x , y e y
x y z

3.5.2.2. Distribution possédant la symétrie de révolution par rapport à l’axe Oz


Cette distribution étant invariante par rotation autour de l’axe Oz, le potentiel électrostatique V ne dépend
pas de θ. On obtient :
V  r , z  1 V  r , z  V  r , z 
E  r , , z    er  e  e z  E r  r , z e r  E z  r , z e z
r r  z

3.5.2.3. Distribution possédant la symétrie cylindrique d’axe Oz


Cette distribution étant invariante par translation selon Oz et rotation autour de l’axe Oz, le potentiel
électrostatique V ne dépend pas ni de θ ni de z. On obtient :
V  r  1 V  r  V  r 
E  r , , z    er  e  e z  E r  r e r
r r  z

KINANI
ELECTROSTATIQUE

15

3.5.2.4. Distribution possédant la symétrie sphérique de centre O


Cette distribution étant invariante par rotation autour de l’origine, le potentiel électrostatique V ne dépend
ni des angles θ et ϕ. On obtient :
V  r  1 V  r  1 V  r 
E  r , ,     er  e  e  E r  r  e r
r r  r sin  

4. Théorème de Gauss
4.1. Flux du champ électrostatique
4.1.1. Orientation d'une surface
Un élément de S d'aire dS situé autour d'un point M sera caractérisé par le vecteur dS  dS e n où e n est un
vecteur unitaire normal en M à la surface S et dirigé comme suit :

4.1.2. Flux du champ E

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Le flux du champ E à travers l'élément de surface dS est par définition : d   E  M  .dS


16
dS étant le vecteur surface élémentaire entourant le point M.
pour l'ensemble de la surface (S) :    E  M  .dS
S 

4.2. Théorème de Gauss


Le flux du champ électrostatique créé par une distribution de charge, à travers une surface fermée
quelconque, est égal à la charge totale intérieure à cette surface divisé par  0 .
Q
 E / S   E  M  .dS  int
  0
S 
Attention : le théorème de Gauss exprime le flux du champ électrostatique à travers une surface fermée.
Résumé : Pour appliquer le théorème de Gauss au calcul d’un champ électrostatique, en un point M de
l’espace, choisir une surface fermée (S) :
 Passant par le point M.
 Telle que la norme E  M   E  M  , soit identique en tout point de (S).
 Telle que E  M  soit normal à (S) en tout points de cette surface, donc colinéaire à la normale
extérieur dS : (S) est, donc, une équipotentielle.
Q int Q int
  E .dS   E .dS  E .S 
S S
0
E 
 0 .S
4.3. Applications
4.3.1. Fil infini uniformément chargé

La distribution de charge est invariante par rotation autour du fil et par


translation parallèle au fil : le potentiel et le champ ne peuvent donc dépendre
dV
des coordonnées cylindriques ϕ et z : V  r  et E  r    gradV   e r . Le
dr
champ électrique est donc radial.
Pour calculer le champ en M, on peut alors choisir comme surface fermée
d’intégration (S) un cylindre de révolution autour du fil, de rayon r et de hauteur
h (surface de Gauss).
Le flux sortant par les bases de (S) étant nul, on a :
Q int h
  E .dS   E .dS   E .dS  E  dS  2 rhE et
0

0
S S S lat  S lat 

h  
Le théorème de Gauss s’écrit donc : 2 rhE  E   E r   er
0 2 r  0 2 r  0
dV  
Le potentiel en M se déduit de E par :   V  r    ln r  cte .
dr 2 r  0 2 0

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ELECTROSTATIQUE

Les lignes de champ sont des droites radiales, et les surfaces équipotentielles des cylindres coaxiaux, de
révolution autour du fil. 17
Notez qu’il n’est pas possible ici de choisir la constante de sorte que le potentiel soit nul à l’infini : ceci est
dû à la présence de charges à l’infini.
4.3.2. Plan infini uniformément chargé
Soit un plan P infini portant une charge surfacique  uniforme sur tout le plan. On rappelle qu’un plan peut
être considéré comme infini si la distance du point considéré au plan est petite devant les dimensions du
plan.

La distribution de charge est invariante par translation selon Ox et Oy :


E M   E z 
L'axe Oz est un axe de symétrie : E  M   E  z  e z
En M' symétrique de M par rapport au plan P , E  M   est symétrique de
E M  par rapport à P: E  M    E  M  et E  M    E  M  .
Pour calculer le champ en M, on peut alors choisir comme surface fermée
d’intégration (S) un cylindre de révolution autour de l'axe contenant M et perpendiculaire à P et admettant
ce dernier comme plan se symétrie.
Le flux du champ électrostatique s'écrit :
   E .dS   E .dS   E .dS   E .dS  0  E  z  S 1  E  z  S 2
S S lat  S1  S 2 
Avec : E  z   E  z  et S 1  S 2  S
Q int S
Alors :  .
0 0
Le théorème de Gauss s'écrit donc :
S 
2E  z  .S    E  M   ez
0 2 0

Cylindre infini uniformément chargé en surface


4.3.3.
La distribution de charge est invariante par translation suivant Oz, et par rotation
autour de cet axe : E  M   E  r  .

 
Le plan M , e r , e : plan de symétrie de la distribution de charge .

Le plan  M , e , e  : plan de symétrie de la distribution de charge .


r z

Par conséquent , E  M   E  r  e r .

 Champ à l’extérieur : r  R
Soit (S1) la surface de Gauss passant par le point M extérieur (cylindre de rayon r).
Q 1
On a :    E ext .dS   E ext .dS  E ext . dS  2 rhE ext et int  2 Rh
S2 SL SL
0 0
1 R
Le théorème de Gauss donne donc : 2 rhE ext  2 Rh  E ext   e
0  0r r
 Champ à l'intérieur: r  R
Soit (S2) la surface de Gauss passant par le point P intérieur (sphère de rayon r).

KINANI
ELECTROSTATIQUE

Q int
On a :    E
S1
int .dS   E int .dS  E int  dS  2 rhE int et
SL SL
0
0 18
Le théorème de Gauss s'écrit donc : 2 rhE int  0  E int  0 .

Cylindre infini uniformément chargé en volume


4.3.4.
La symétrie est la même que précédemment, soit : E  M   E  r  e r .
 Champ à l’extérieur : r  R
Soit (S1) la surface de Gauss passant par le point M extérieur (cylindre de rayon r).
Q 1
On a :    E ext .dS   E ext .dS  E ext . dS  2 rhE ext et int   R 2 h 
S2 SL SL
0 0
1 R2
Le théorème de Gauss donne donc : 2 rhE ext   R 2 h   E ext   er
0 2 0 r
 Champ à l'intérieur: r  R
Soit (S2) la surface de Gauss passant par le point P intérieur (sphère de
rayon r).
On a :    E int .dS   E int .dS  E int  dS  2 rhE int et
S1 SL SL

Q int 1
  r 2h 
0 0
1 r
Le théorème de Gauss s'écrit donc : 2 rhE int   r 2 h   E int  e r .
0 2 0
Sphère uniformément chargé en surface
4.3.5.
Par suite de la symétrie sphérique, on peut considérer que V = V(r ) et par conséquent que
dV
E  r    gradV   e r est radial d’une part, et ne dépend que de r d’autre part.
dr

 Champ à l’extérieur : OM  R
Soit (S1) la surface de Gauss passant par le point M extérieur (sphère de rayon r).
Q 1
On a :    E ext .dS   E ext .dS  E ext  dS  4 r 2 E ext et int  4 R 2
S2 S2 S2
0 0
1 R2
Le théorème de Gauss donne donc : 4 r 2 E ext  4 R 2  E ext   e
0  0r 2 r
 Champ à l'intérieur: OP  R
Soit (S2) la surface de Gauss passant par le point P intérieur (sphère de rayon r).
On a :    E int .dS   E int .dS  E int  dS  4 r 2E int et
S1 S1 S1

Q int
0
0
Le théorème de Gauss s'écrit donc : 4 r 2 E int  0  E int  0 .

KINANI
ELECTROSTATIQUE

4.3.6. Sphère uniformément chargé en volume


Par suite de la symétrie sphérique, on peut considérer que V = V(r) et par conséquent que 19
dV
E  r    gradV   e r est radial d’une part, et ne dépend que de r d’autre part.
dr

 Champ à l’extérieur : OM  R
Soit (S1) la surface de Gauss passant par le point M extérieur (sphère de rayon r).
Q 1 4
On a :    E ext .dS   E ext .dS  E ext  dS  4 r 2 E ext et int   R 3
S2 S2 S2
0 0 3
1 4 R3
Le théorème de Gauss donne donc : 4 r 2 E ext   R 3   E ext   er
0 3 3 0 r 2
 Champ à l'intérieur: OP  R
Soit (S2) la surface de Gauss passant par le point P intérieur (sphère de rayon r).
Q 1 4 3
On a :    E int .dS   E int .dS  E int  dS  4 r 2E int et int  r 
S1 S1 S1
 0  0 3
Le théorème de Gauss s'écrit donc :
1 4 3 r
4 r 2 E int   r   E int   er .
0 3 3 0

KINANI
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4.4. Analogie avec la gravitation 20

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